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Sauvagerie Diplomatique Affaire Khashoggi - Ferhat Ünlü, Abdurrahman Simsek, Nazif Karaman (2020)
Sauvagerie Diplomatique Affaire Khashoggi - Ferhat Ünlü, Abdurrahman Simsek, Nazif Karaman (2020)
Diplomatique
L'assassinat de Jamal Khashoggi
raconté par les journalistes
qui ont révélé le crime
des Saoudiens au monde entier
«Connaissez-vous un autre cas où
un escadron de la mort composé de
15 membres s'est rendu dans un
autre pays à bord d'un jet privé
enregistré auprès d'une compagnie
aérienne détenue par le
gouvernement –avec leurs véritables
papiers d'identité, rien que ça!– et
qui est rentré au bercail après avoir
tué et démembré une personne en
moins de deux heures?
Avez-vous entendu parler d'un
consulat devenu une scène de
crime?»
Ferhat Ünlü
Abdourrahman Şimşek
Nazif Karaman
Sauvagerie
Diplomatique
l'assassinat de Jamal Khashoggi raconté
par les journalistes qui ont révélé le crime
des Saoudiens au monde entier
Traduction Élisabeth Thomas
Toute reproduction, même partielle par quelque procédé que ce soit, est
interdite sans autorisation préalable. Une copie par Xérographie,
photographie, support magnétique, électronique ou autre constitue une
contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 et du 3
juillet 1995, sur la protection des droits d'auteur.
On entend Mohammed al-Otaibi, le
consul d'Arabie Saoudite, dire aux
assassins:
Réponse:
- Ferme-la, si tu veux vivre à ton
retour en Arabie Saoudite.
En plus des médias turcs, les sources ouvertes que nous avons
répertoriées comprenaient les principaux journaux et chaînes de télévision
américains, dont le Washington Post, pour lequel Khashoggi était
chroniqueur, le New York Times, CNN et ABC, des organismes
britanniques tels que The Guardian, The Times et la BBC, la chaîne de
télévision qatarienne Al Jazeera et d'autres médias internationaux. Au fil de
nos recherches pour ce livre, nous avons répertorié 899 articles et des
articles d'opinion du Washington Post, 567 articles et essais d'opinion du
New York Times, 212 articles et essais du Guardian, 237 articles et opinions
du Wall Street Journal, 213 articles et opinions de USA Today, 101 articles
et essais d'opinion du New York Daily News, 78 articles et essais de The
Independent et 90 articles de la BBC. Nous avons intégré dans les notes de
bas de page les quelques 1000+ sources que nous avons analysées.
1- Qui a ordonné le coup sur Jamal Khashoggi? Pourquoi a-t-il été tué?
2- Comment le meurtre a-t-il été planifié? Que s'est-il passé au consulat
saoudien dans les 7 minutes et 30 secondes où Khashoggi a perdu la vie?
3- Qui a mené l'opération sur le terrain?
4- De quelle manière le corps de Khashoggi a-t-il été démembré et a
disparu?
5- Quels outils ont été utilisés pour commettre le crime et démembrer le
corps? Quelles étaient les « armes de cryptage » utilisées pour
l'assassinat?
6- Que contiennent les enregistrements audio qui prouvent que c'est
l'escadron de la mort saoudien qui a commis le meurtre? De quoi ont
discuté les directeurs des services secrets au siège de l'Organisation
nationale du renseignement?
7- Comment les agents des services de renseignement saoudiens ont-ils
détruit les traces du meurtre?
8- Quelles sont les compétences professionnelles des 15 membres du
commando saoudien?
9- Qui sont les trois inconnus, qui ont joué un rôle dans cet assassinat, et
quelles sont leurs spécialités?
10- Où pourrait se trouver la dépouille de Khashoggi?
Dans cet article du 6 août 2020, le Daily Mail, sous la plume d'Ariel
Zilber, révèle que 15 jours après l'assassinat à Istanbul du journaliste du
Washington Post, le prince régnant saoudien avait également envoyé une
équipe de tueurs professionnels pour assassiner l'ancien directeur général
des services de renseignements d'Arabie Saoudite Saad Aljabri !
La voix vibrante de l'Imam Ali Tos, qui dirigeait une prière funèbre in
absentia, peut-être pour la première fois de sa vie, résonnait autour de la
mosquée Diyanet Center of America dans l'État du Maryland aux États-
Unis:
Dans ce cas particulier, cependant, il n'y avait pas de cercueil sur l'autel.
Il n'y avait donc pas non plus de lieu de sépulture. photo DR
Deux minutes plus tard, il s'est dirigé vers le contrôle douanier avec un
seul bagage. À 4h09 du matin, il a quitté le hall d'arrivée. Deux minutes
plus tard, il a pris un taxi jaune jusqu'à son appartement dans le quartier de
Topkapı[2]. Khashoggi l'avait acheté le 25 septembre, soit tout juste une
semaine avant son assassinat. Situé à l'intérieur du Kale, un lotissement
sécurisé à l'intérieur de l'Avrupa Konutları (Europe Résidences) cet
appartement était le foyer qu'il espérait partager avec Hatice Cengiz après
leur mariage.
Les membres les plus éminents de l'escadron de la mort qui a été envoyé
en Turquie ce matin-là étaient Maher Abdulaziz Mutreb et Salah
Muhammed al-Tubaigny. Ce dernier, al-Tubaigny, âgé de 47 ans, était à
la tête de l'Institut médico-légal d'Arabie Saoudite. Sa mission
consistait à faire disparaître le corps et détruire toutes les preuves du
consulat saoudien.
Maher Abdulaziz Mutreb, garde du corps en chef et principal confident du prince Mohammed Ben Salmane. Il est le
premier à arriver avec le médecin légiste. © MSNBC Screen Capture
Salah Muhammed al-Tubaigny, médecin légiste du ministère de l'intérieur saoudien, se présentant comme l'as du
découpage et président de l'institut Médico-Légal. DR
Ci-dessous, le Gulfstream G-450 KZSK2 de la compagnie SkyPrime qui a servi a amener une partie des tueurs
saoudiens.
Image: www.skyprimeav.com
UN THRILLER SAOUDIEN
Si Khashoggi n'avait pas été victime d'un crime si atroce, même selon les
critères des livres policiers, et conduit vivant dans un autre lieu, les
Saoudiens auraient cédé aux fortes pressions internationales et l'auraient
rapatrié en secret – même s'ils l'avaient emmené à Riyad. D'ailleurs, ils
auraient aussi pu le ramener brutalement. Après tout, l'information que
notre journal Sabah a diffusée et que plusieurs médias internationaux, dont
le New York Times et le Washington Post, ont relayé, révèle que tous les
membres de l'escadron de la mort saoudien ont été identifiés publiquement.
Aucun autre meurtre dans l'histoire n'a été aussi remarquable en matière
criminelle, aussi dédaigneux des règles des services de renseignement et
aussi dépourvu d'éthique diplomatique.
2- Les auteurs ont fourni un compte rendu détaillé des mouvements de Khashoggi à
l'aéroport sur la base des images de vidéosurveillance qu'ils ont obtenues. >>>
3- La police a pénétré dans l'appartement grâce à l'aide d'un serrurier et a cherché des
preuves pendant trois heures. Ils ont trouvé l'ADN de Khashoggi. Celui-ci avait laissé des
traces sur certains objets de l'appartement, où il était arrivé quelques heures avant son
assassinat. >>>
5-Le processus est décrit par les auteurs comme «surveillance électronique». >>>
7-125 Unknown Facts About Agatha Christie, CNN Türk Online, 21 octobre 2015. >>>
~2~
Coup de foudre
Main dans la main
au bureau des mariages
C'est Turan Kışlakçı, l'un des amis les plus proches de Khashoggi et le
président de l'Association des journalistes turco-arabes, qui a demandé au
père de Hatice Cengiz sa bénédiction pour le mariage de sa fille avec Jamal
Khashoggi. Quand Khashoggi a croisé les jambes lors de la rencontre avec
la famille de Hatice, c'est Kışlakçı qui l'a admonesté en arabe pour qu'il
décroise les jambes. Originaire de la province d'Erzurum, dans l'est de la
Turquie, la famille Cengiz habitait à Fatih dans la capitale Istanbul.
Le fait qu'il ait passé le contrôle des passeports à peu près à la même
heure que le 2 octobre indique qu'il a pris deux fois le même vol au départ
de Londres. Le 28 septembre, Khashoggi a pris un taxi jaune de l'aéroport
de Atatürk vers son appartement de Topkapi. Il a rencontré sa fiancée,
Hatice Cengiz, le matin et ils se sont rendus à la mairie du quartier de Fatih
pour les formalités de mariage. D'après les images vidéo obtenues par les
auteurs, Khashoggi et Cengiz sont entrés dans l'immeuble, main dans la
main, à 9h20.
LE DERNIER PETIT-DÉJEUNER
Plus tard dans la même interview, Hatice explique que Jamal Khashoggi
craignait de se rendre au consulat pour obtenir une "preuve de célibat".
- Il ne voulait pas que ses écrits provoquent des tensions au consulat. Il
redoutait d'être débouté, ajoute-t-elle, Il espérait de pas être obligé de
retourner [en Arabie Saoudite] ou soumis à un interrogatoire.
[Jamal] croyait que la Turquie était un pays sûr et que [les autorités]
feraient la lumière sur l'incident relativement facilement si quelque chose
devait lui arriver. Il estimait que la Turquie était un acteur puissant sur la
scène internationale et que l'Arabie Saoudite ne prendrait pas le risque
d'attiser les tensions avec la Turquie.
Lorsque nous avons réalisé, chez l'officier de l'état civil, que nous ne
pouvions rien faire, nous nous sommes demandés s'il fallait tenter le
coup [auprès du consulat]. Je lui ai dit que je pouvais l'accompagner,
car nous étions ensemble et que nous faisions tout à deux pendant tout le
temps de la préparation du mariage. Son vol était à 14 heures ce jour-là.
Nous avons pris un taxi dans les parages et nous avons pris la direction
du consulat.
Une heure s'est écoulée après son entrée, et je me suis dit que s'il
venait à s'attarder encore 10 ou 15 minutes, il me faudrait aller le
chercher [au consulat], car il allait manquer son vol. Jamal est sorti à ce
moment-là. Il m'avait laissé ses téléphones portables. À ma
connaissance, il était censé les laisser [à l'entrée] du consulat, mais il
pensait peut-être qu'il était plus prudent de me les confier. Il était ravi.
Cela m'a rendu très heureuse. Il avait foulé le sol de son pays natal pour
la première fois depuis 18 mois.
Il m'a dit que les employés du consulat étaient très attentionnés, qu'ils
étaient venus l'accueillir et l'avaient très bien traité. Le personnel lui a
dit que le document serait prêt dans quelques jours. [Jamal] leur a
répondu qu'il avait un avion à prendre et souhaitait repartir. J'ai cru
comprendre qu'ils lui avaient demandé quand il serait de retour. Il leur a
dit qu'il reviendrait mardi. Ils ont répondu que le papier serait prêt d'ici
là. Nous avons quitté le consulat de bonne humeur et il s'est envolé pour
Londres. photo DR
Hatice Cengiz se souvient que le 2 octobre, au contraire, a été une
journée très éprouvante car son fiancé est entré au consulat saoudien et n'en
est jamais ressorti. Elle précise que l'accueil chaleureux du personnel
consulaire le 28 septembre a ravivé leur confiance et qu'ils ne s'attendaient
pas à ce que les choses tournent mal lors du deuxième rendez-vous:
2-Transcription de l'entretien du 26 octobre 2018 avec Hatice Cengiz sur Habertürk. >>>
4-Transcription de l'entretien du 26 octobre 2018 avec Hatice Cengiz sur Habertürk. >>>
~3~
Les lourds secrets
derrière le meurtre
Assassins à bord de jets privés
Les autorités ont établi que les agents à bord du premier jet avec le
numéro d'immatriculation HZ SK2 sont descendus dans un hôtel près du
consulat général d'Arabie Saoudite le 2 octobre et se sont rendus au consulat
après y avoir déposé leurs bagages. Bien que leurs chambres aient été
réservées jusqu'au 5 octobre, ils ont récupéré leurs bagages et sont partis à
bord de ce jet le jour même. Les autres agents, qui sont arrivés [à Atatürk]
sur des vols commerciaux, se sont rendus au consulat [saoudien] le matin et
sont retournés à l'aéroport après le meurtre.
Nous avons également appris que les deux jets ont bénéficié de services
au sol, comme le stationnement, le nettoyage, le transport des passagers, le
carburant et les services de restauration, de la part de B Aviation Limited.
Selon certaines sources, la brigade d'enquête spéciale formée par la Turquie
pour enquêter sur l'affaire Khashoggi poursuit son investigation sur ces deux
mystérieux avions et est en train de passer en revue les vidéos de
surveillance de l'aéroport. En plus des manifestes des passagers des deux
vols, l'équipe serait en train d'examiner en détail des images vidéo du
comptoir de contrôle des passeports et d'autres sites également[3].
10– Sair Ghalib al-Harbi (né en 1979) est arrivé à l'aéroport de Atatürk à
bord du HZ SK2 et est entré en Turquie à 3h41. Il a séjourné au
Mövenpick Hotel et son passeport a été tamponné à 17h44 avant son
départ à 18h30.
13– Badr Lafi al-Otaiba (né en 1973) est arrivé à Ataturk International à
bord du HZ SK2 et est entré en Turquie à 3h41 du matin. Il faisait partie
des agents qui ont séjourné au Mövenpick Hotel. Il a validé le contrôle des
passeports à 17h44 pour embarquer sur le HZ SK1.
CHRONIQUE
DE L'ASSASSINAT DE KHASHOGGI
Mashal Saad al-Bostani est arrivé à 1h45 du matin et a séjourné au W.G. Hotel. Il a quitté la Turquie à bord du jet
HZSK2 à 22h45 après avoir passé le contrôle à 21h46. Lieutenant de l'armée de l'air saoudienne et officier de la
Garde Royale. Il a été curieusement retrouvé mort dans un accident de voiture dès son retour à Ryad !
Salah Mohammed al-Tubaigny est arrivé à Atatürk à 3h15 le 2 octobre à bord du jet HZSK2, a passé le contrôle à la
frontière à 3h38 du matin et est resté au Mövenpick Hotel. Son passeport a été estampillé à 20h29 et il est reparti à
bord du HZSK2 à 22h45. C'est le médecin légiste diplômé de l'Université de Glasgow avec 3 mois de stage à la
médecine légale du Victorian Institue d'Australie. Il a obtenu le grade de Lt Colonel dans les Forces Intérieures
saoudiennes. C'est lui qui a actionné la scie électrique pour découper le corps de Khashoggi.
Naif Hassan S. Alarifi a pris un vol commercial de Riyad à Istanbul le 1er octobre, la veille du meurtre et a été contrôlé
à 16h12. Il est resté à l'hôtel W.G., il est reparti à 21h45 le 2 octobre à bord du HZSK2 à 22h45. Membre des Forces
spéciales saoudiennes et secrétaire attaché au cabinet du prince Ben Salmane.
Mohammed Saad al-Zahrani est arrivé à Atatürk en provenance de Riyad le 1er octobre et a séjourné à l'hôtel W.G. Il a
passé le contrôle des passeports à 22h44 et est reparti à bord du HZSK2 à 22h45. Officier de la Garde Royale
Saoudienne
Mansour Othman Aba Hussein est arrivé par un vol commercial de Riyad le 1er octobre et a séjourné au W.G. Hotel.
Son passeport a été estampillé à 21h45. Il est reparti avec le HZSK2 à 22h45. Membre des services saoudiens,
colonel de la Défense Civile.
Khaled Aiz Al-Tabi a pris un vol commercial du Caire à Istanbul le 1er octobre et atterri après minuit à l'aéroport de
Atatürk. Il a passé le contrôle aux frontières à 1h44 le 2 octobre, est resté au W.G. Hotel et est reparti à bord du jet
privé numéro HZSK2. Garde du corps du prince Ben Salmane.
Abdelaziz Mohammed al-Hussawi est arrivé en Turquie le 2 octobre à 1h43 du matin à bord d'un vol commercial en
provenance d'Egypte. Il a séjourné au W.G. Hotel et a passé le controle des passeports à 20h28 pour quitter la Turquie
à bord du HZSK2 à 22h45. Les services occidentaux pensent que c'est un des gardes du corps de l'équipe
chargée de la protection du prince Ben Salmane.
Thaar Ghaleb Alharbi, officier (lieutenant) de la Garde Royale Saoudienne, décoré pour avoir sauvé le prince
Ben Salmane lors d'une tentative d'assassinat à Djeddah.
Maher Abdulaziz Mutreb est arrivé à Atatürk International à bord du HZ SK2 et est entré dans le pays à 3h38. Mutreb
est resté au Mövenpick Hotel et a passé le contrôle des passeports à 17h49 pour prendre le jet privé HZSK1 qui a
décollé à 18h30. Collaborateur du prince Ben Salmane, c'est un ancien espion-diplomate en poste à Londres en
tant que premier secrétaire. Il est le garde du corps principal et favori du prince. A le rang de colonel dans le
service de renseignement saoudien.
Fahd Shabib al-Balawi a pris le HZSK2 à Istanbul et a passé le contrôle à la frontière le 2 octobre à 3h41 du matin.
Son passeport a été estampillé à 17h46 et il a embarqué sur le HZSK1 pour quitter Istanbul à 18h30. Membre de la
Garde Royale.
Badr Lafi al-Otaiba ou al-Taibi ou al-otaibi est arrivé à Ataturk International à bord du HZ SK2 et est entré en Turquie à
3h41 du matin. Il faisait partie des agents qui ont séjourné au Mövenpick Hotel. Il a validé le contrôle des passeports à
17h44 pour embarquer sur le HZ SK1. Grade de Major des services saoudiens.
Turki Muserref Alsehri. Aucune information hormis ses heures d'arrivée et de départ. Il est reparti à bourd du jet
HZSK1.
Mustapha Mohammed al-Madani est arrivé à Istanbul par le HZSK2 à Istanbul et a passé la frontière à 3h41 du matin.
Il a séjourné au Mövenpick Hotel. Son passeport a été estampillé à 12h18. Il a ensuite embarqué sur le vol TK144 de la
Turkish Airlines le 3 octobre à 1h25. C'est lui qui a pris les lunettes ET les habits de Khashoggi pour faire croire
que ce dernier est bien ressorti de l'ambassade. La seule chose qu'il n'a pas pu changer, ce sont ses
chaussures. Membres des services saoudiens
Saif Saad al-Qahtani est arrivé à l'aéroport de Atatürk à bord du HZ SK2 et a passé le contrôle à la frontière à 3h41.
Après son séjour au Mövenpick Hotel, il est retourné à Riyad sur le vol TK144 de la Turkish Airlines à 1h25. Son
passport a été tamponné à 12h20. Garde du corps du prince Ben Salmane.
Abdulaziz Mohammed Alhawsawi, garde du corps de la famille royale saoudienne, et proche du prince Ben
Salmane.
Le jet privé numéro HZSK2 qui a atteri le 2 octobre 2018 à l'aéroport d'Istanbul photo DR
Quant au autres, Al-Madani et Al-Qahtani, ils ont pris le vol turc TK144
à destination de Riyad. À 22h26, ce groupe d'agents a pris un taxi jusqu'à
l'aéroport de Atatürk, a passé le contrôle des passeports à 12h18 et a quitté le
territoire à 1h25 le 3 octobre.
Des "armes crypto" ont été retrouvées dans les bagages enregistrés et les
bagages cabine des agents saoudiens ayant quitté la Turquie à bord du HZ
SK1, lequel avait fait une escale de 75 minutes à l'aéroport de Atatürk et
n'avait pas été fouillé avant son décollage à 18h30, mais aucune preuve du
meurtre. Les autorités ont décelé ces pièces lors de l'inspection rétroactive
des images radiographiques. Un rapport de police déposé par les autorités
turques après la perquisition de l'avion d'affaires saoudien indique que les
autorités ont pu voir si les effets personnels des agents avaient été scannés à
l'entrée du terminal de l'aviation générale:
Comme l'a souligné Sedat Ergin, la Turquie savait que les Saoudiens
avaient perpétré l'assassinat de Khashoggi selon un plan établi. En
conséquence, les autorités turques souhaitaient adopter une stratégie en
amont afin de recueillir des preuves criminelles. La demande turque de
procéder à l'inspection du consulat saoudien au moyen de luminol,
substance qui permet de détecter les traces de
sang, démontre l'existence de cette stratégie.
Les enquêteurs turcs ont utilisé du luminol et de la lumière infra-rouge
pour tenter de trouver les échantillons d'ADN de Khashoggi sur les lieux du
crime.
Pourtant, aucun résultat concret n'en est ressorti. À peu près à la même
période, un responsable turc a déclaré au site web d'actualité Middle East
Eye que la Turquie savait "quand et dans quelle pièce Khashoggi a été tué",
et "où son corps a été démembré". Selon la même source anonyme, le
consulat saoudien lui avait fixé rendez-vous à 13h le 2 octobre. Le
personnel turc du consulat, ont-ils dit, a été prié de quitter les lieux en
raison d'une réunion diplomatique de haut niveau[9]. Les agents saoudiens
avaient planifié le meurtre dans les moindres détails. En fait, les
enquêteurs turcs ont découvert que la camionnette, utilisée par les
assassins de Khashoggi pour conduire son corps démembré à la
résidence consulaire située en bas de la route, avait effectué le même
voyage à la résidence à l'occasion de ce qui ressemblait à une répétition.
Les forces de sécurité sont parvenues à cette conclusion après avoir
examiné de près les images de vidéosurveillance qui montraient les
manœuvres du véhicule. photo Mercedes-Benz
SURVEILLANCE ÉLECTRONIQUE
DE L'ESCADRON DE LA MORT
Ainsi, lorsque la police turque est revenue pour obtenir une seconde
copie du fichier, les Saoudiens avaient déjà chiffré le magnétoscope numé-
rique. Néanmoins, les autorités turques ont été en mesure de déchiffrer le
code et de visionner d'autres séquences vidéo. Le but des agents saoudiens
était de camoufler les preuves de l'entrée de Jamal Khashoggi dans le
bâtiment[13] . D'où leur déclaration initiale que les caméras de sécurité du
consulat ne fonctionnaient pas correctement au moment de l'assassinat de
Khashoggi[14] .
Les assassins saoudiens avaient emporté avec eux les instruments avec
lesquels ils allaient tuer Jamal Khashoggi sur le vol en partance de Riyad.
Certains de ces instruments se trouvaient dans des sacoches trans-portées
dans le premier jet privé, qui a ramené les agents en Arabie Saou-dite à
18h30. Sous immunité diplomatique, l'escadron de la mort a rap-porté ces
outils à Riyad. La police turque a inspecté non seulement des images de
vidéosurveillance, mais aussi des images de la machine à rayons X. Celles-
ci ont révélé que certains outils, qualifiés par la police de «armes
cryptographiques», avaient été embarqués dans l'avion privé qui a décollé à
18h30 avec à son bord les assassins de Khashoggi.
La police et le MIT ont confié aux auteurs de ce livre qu'ils avaient
soumis deux rapports au sujet de ces armes crypto. Selon ces rapports, les
agents saoudiens transportaient des outils et des instruments qui
comprenaient certains dispositifs que les services de renseignement
utilisaient à des fins de sur-veillance physique ainsi que des outils propres à
la profession d'assassins. Le matériel et les outils de l'escadron de la mort,
soumis aux rayons X, comptaient notamment les éléments suivants: 10
téléphones mobiles, 5 combinés radio et interphones compatibles, 2
seringues servant à injecter des produits chimiques, 2 dispositifs
d'électrochocs, un dispositif de blo-cage des signaux pour empêcher la
surveillance, 3 poinçonneuses et une sorte de scalpel.
Les agents du MIT ont indiqué dans leurs rapports officiels que ces
pièces et équipements étaient régulièrement utilisés dans des opérations
internationales d'espionnage. Ils ont émis l'hypothèse que les téléphones
mobiles et l'équipement radio étaient utilisés à des fins de surveillance,
alors que les électrochocs et les seringues auraient été utilisés pour endor-
mir et tuer la victime. Les agrafeuses, selon le rapport, auraient été utili-sées
pour éviter les fuites de liquide des sacs en plastique après le démem-
brement de Khashoggi.
Une inspection rétroactive des images de l'appa-reil à rayons X de
l'aéroport de Atatürk n'a révélé aucune trace des parties du corps de Jamal
Khashoggi. Le deuxième jet privé (qui a décollé d'Is-tanbul après que les
autorités turques eurent appris la disparition de Khashoggi) a été inspecté
par des agents du MIT avant son départ à 22h45. Cependant, les autorités
turques n'ont pas pu fouiller le premier avion, puisqu'il avait redecollé à 18
h 30, 40 minutes seulement après le signalement de la disparition de
Khashoggi par Hatice Cengiz. Avant ce meurtre de Khashoggi, les
Saoudiens avaient pour habitude de toujours se débarrasser des corps de
leurs victimes. Si leurs antécédents sont sans équivoque, aucun des
assassinats perpétrés par le passé n'a égalé l'atrocité de l'assassinat de
Khashoggi. Ce meurtre était une opération saoudienne unique en son genre.
Nous avons étudié l'histoire des opérations secrètes en Arabie Saoudite et
sommes arrivés à cette conclusion. Nous avons éga-lement passé en revue
des opérations de renseignement notables de l'His-toire et nous n'avons
trouvé aucun cas qui soit comparable à ce qui s'est passé au consulat
saoudien d'Istanbul.
Le SVR russe et le Mossad israélien comptent parmi les services les plus
illustres pour ce genre d'opé-rations. Les méthodes de l'escadron saoudien
étaient, certes, bien moins raffinées, pourtant il semble que leurs actions
aient été directement inspi-rées des opérations du Mossad[15] .
1- Nazif Karaman, Emir Somer et Kenan Kıran,'Sır perdesini camı film kaplı siyah minibüs
aralayacak' (La camionnette noire aux vitres teintées dévoilera le mystère), Sabah, 8
octobre 2018. >>>
2-L'autre jet privé portant le numéro d'immatriculation HZ SK1 a quitté Riyad le 2 octobre à
1h23 et est arrivé à Istanbul Atatürk à 17h15, heure locale. Après son départ à 18h30, il a
atterri au Caire à 23h31 avant de regagner Riyad. >>>
6-Pour plus de détails, voir la section intitulée "La fausse barbe", au chapitre IV. >>>
7-Abdurrahman Şimşek et Nazif Karaman,'İşte 15 kişilik suikast timi' [Voici l'équipe des 15
assassins], Sabah, le 10 octobre 2018. >>>
8- Sedat Ergin,'Suudi infaz ekibinin İstanbul planı böyle işledi' (Voici comment s'est déroulé
le plan de l'équipe saoudienne d'exécuteurs à Istanbul), Hürriyet, le 17 octobre 2018. >>>
9-Nazif Karaman, Suudi makamları neyi saklıyor (Que dissimulent les autorités
saoudiennes?), Sabah, le12 octobre 2018. >>>
10-Nazif Karaman, Konsoloslukta Kaşıkçı provası (Une répétition générale pour Khashoggi
au consulat), Sabah, le 15 octobre 2018. >>>
11-David Kirkpatrick, Malachy Browne, Ben Hubbard et David Botti. The Jamal Khashoggi
Case: Suspects Had Ties to Saudi Crown Prince (L'affaire Jamal Khashoggi: les suspects
avaient des liens avec le prince héritier saoudien), The New York Times, le 16 octobre
2018. >>>
14-Toygun Atilla, Kayıp gazeteci olayında kameralı kameralı ipucu [La caméra offre un
indice dans l'affaire du journaliste disparu], Hürriyet, le 8 octobre 2018. >>>
15-Abdurrahman Şimşek et Nazif Karaman, İnfaz timininin X-Ray'e takılan cinayet aletleri:
Telsiz, telefon, şırınga, şok cihazı cihazı [Les outils de meurtre de l'équipe d'exécution ont
été détectés aux rayons X: Radio, téléphones, seringues, appareils à électrochocs], Sabah,
le 13 novembre 2018. >>>
~4~
Des mystérieux assassinats
par les services secrets
Le Mossad: une source d'inspiration pour les
Saoudiens
Selon les médias, Skripal, 66 ans, était un agent double travaillant pour
les renseignements britanniques en Europe. Le gouvernement russe a
allégué que le MI6 avait payé 100.000 dollars en échange d'informations
divulguées aux services de renseignement britanniques, et cela depuis les
années 1990. En 2006, un tribunal russe a condamné Skripal à treize ans de
prison, mais 4 ans plus tard, celui-ci a été remis en liberté dans le con-texte
d'un échange d'espions entre Moscou et Londres, où il s'est installé.
Des années plus tard, certaines sources ont affirmé que Francesco
Gullani, un des agents italiens de la SD, n'était autre que l'homme au
manteau noir. Un autre écrivain dissident bulgare, Vladimir Kostov, a senti
le même type de piqûre dans son dos et a remarqué une éruption cutanée
peu après l'assassinat de Markov. Une granule, semblable à ce que les
médecins avaient découvert dans le mollet de Markov, a été retirée du dos
de Kostov qui a finalement survécu à la tentative d'assassinat[4] .
Ses révélations sur son séjour à Dimona ont retenu l'attention d'un
journaliste local. Lorsque la presse australienne s'est montrée indifférente
aux divulgations de Vanunu, l'ancien technicien nucléaire a contacté le
Sunday Times avec l'aide du journaliste australien. Il s'est envolé pour le
Royaume-Uni et a diffusé les secrets nucléaires d'Israël au cours d'un
entretien. Après être tombé victime de l'hirondelle, Vanunu a comparu
devant un tribunal israélien qui l'a condamné à 18 ans de prison. Il a été
libéré en 2004, mais on lui a interdit de quitter Tel Aviv. Il a été emprisonné
de nouveau en 2004, 2007 et 2010. Aujourd'hui, Vanunu est toujours dans
une «prison en plein air» dans la capitale israélienne.
Leurs voix n'ont pas pu être entendues sur l'enregistrement audio, qui
dure 7 minutes 30, de l'assassinat de Jamal Khashoggi. La raison en est
qu'ils ont supervisé les missions de reconnaissance plutôt que l'exécu-tion
elle-même. Selon les profileurs des services turcs, l'enregistrement audio
comportait un échange en arabe entre le chef d'équipe, Mutreb, et Al-
Tubaigny, le médecin légiste qui a démembré le corps de Khashoggi. Cette
conversation, qui a captivé aussi bien les Turcs que le reste du monde, s'est
déroulée sur la scène du crime – le consulat général d'Arabie Saoudite à
Istanbul.
Jamal Khashoggi, expliquant sur la télévision américaine qu'il ne voulait pas devenir un
dissident en Arabie Saoudite à cause de l'arrivée au pouvoir de MBS.
1-Au chapitre III, nous examinons en détail les opérations secrètes du régime saoudien
avant l'assassinat de Jamal Khashoggi. En outre, le chapitre II pose la question de savoir si
l'Arabie Saoudite a été soutenue par un ou plusieurs services de renseignement étrangers
dans le contexte de l'assassinat de Khashoggi. Le chapitre VI, quant à lui, donne un aperçu
du point de vue de la Central Intelligence Agency sur l'affaire Khashoggi. >>>
2- Boris Johnson: Suudi Arabistan Kaşıkçı cinayetinde Rusya'yı örnek almış olabilir [Boris
Johnson: Saudi Arabia May Have Been Inspired By Russia In The Khashoggi Murder], BBC
Turkish, le 22 octobre 2018. >>>
4-Pour plus de détails sur l'opération Dagger, voir: Ferhat Ünlü, Lazkiye'deki Hançer
Operasyonu'nun Şifreleri[Les codes de l'opération Dagger en Latakie], Sabah, 16
septembre 2018. >>>
5-Le rôle crucial d'Al Muzaini dans l'assassinat de Khashoggi est examiné plus en détail au
chapitre IV. >>>
~ Partie II ~
Quid - Quoi
L'un des articles de Khashoggi publié dans le Washington Post dans lequel
il a écrit par exemple "L'Arabie Saoudite n'a pas toujours été aussi répressive.
Mais maintenant c'est insupportable". C'est le genre de critique légère
que le prince MBS ne supportait plus !
~5~
L'enregistrement audio
Les coulisses de la diplomatie
des services de renseignements
Hakan Fidan, le puissant chef espion turc, s'est lentement tourné vers son
dernier homologue étranger qu'il a accueilli au siège du MIT dans le quartier
Yenimahalle de la capitale:
ARISTOTE
INVENTEUR DE LA MÉTHODE QQOQCCP
quis (qui), quid (quoi), quando (quand), ubi (où), cur (pour-quoi) et quem
ad modum (comment).
À Ankara, les Turcs ont également partagé avec l'homme de la CIA des
détails sur le rôle que chaque membre de l'escadron de la mort a joué dans le
complot meurtrier. Enfin, la note secrète de la Turquie indi-quait les services
pour lesquels les assassins de Khashoggi ont travaillé: la direction des
renseignements généraux, les forces armées saoudiennes, le ministère des
affaires étrangères et le ministère de l'intérieur. Les Turcs ont ajouté que
certains membres de l'équipe de sécurité du Prince héritier Mohammed ben
Salmane faisaient également partie des bourreaux du journaliste.
UN MESSAGE CRYPTÉ À LANGLEY
Les espions turcs n'ont pas joint au message à la CIA une transcrip-tion
officielle du tristement célèbre enregistrement audio, qui documentait les
derniers instants de Jamal Khashoggi. Pourtant, les auteurs ont expli-
citement déclaré que tout ce qu'ils ont inclus dans la note était étayé par des
renseignements crédibles.
Pour être clair, cette manœuvre était conforme à leur plan d'action initial.
De plus, il était logique que les espions turcs veuillent cacher leur jeu: dans
leur monde, l'information est le pouvoir. Par courtoisie, la Tur-quie a voulu
offrir aux Saoudiens l'occasion de dire la vérité avant de par-tager les
preuves avec la communauté internationale. C'est pourquoi Ha-kan Fidan a
dit à son homologue saoudien, Abdulaziz bin Mohammed Al-Hawairini, de
«trancher le bras gangrené» de l'appareil d'État du Royaume. En d'autres
termes, Ankara a donné à Riyad du temps pour réfléchir. Lorsqu'il est
devenu évident que les Saoudiens ne comptaient pas passer à l'acte, la
Turquie a décidé de jouer cartes sur table.
L'ENREGISTREMENT AUDIO
DU MEURTRE DE KHASHOGGI
Haspel et ses collègues ont pris un jet privé pour Ankara et Hakan Fidan
et ses collaborateurs ont accueilli la délégation américaine au siège du MIT.
Ce jour-là, les espions turcs ont partagé pour la première fois
l'enregistrement audio du meurtre avec un service secret étranger et ont
raconté à leurs invités ce qui s'était passé avant et après le meurtre. À ce
moment, même les services de renseignements saoudiens ne savaient pas
exactement ce que la bande contenait.
À l'époque, seuls les responsables du MIT savaient que l'homme qui avait
prononcé ces mots était Maher Abdulaziz Mutreb, le chef de l'escadron de la
mort. Les Turcs ont immédiatement partagé avec la délégation de la CIA la
conclusion à laquelle ils avaient abouti après un examen appro-fondi par les
experts du service «audio» du MIT. Les Américains ont alors appris quel
agent a dit quoi avant le meurtre de Khashoggi. Les mots de M. Mutreb ont
été adressés à Salah Muhammad Al-Tubaigny, qui était à la tête de l'institut
médico-légal d'Arabie Saoudite. Tubaigny était un membre clé de la bande
d'assassins parce que ceux-ci avaient besoin de lui pour découper le
chroniqueur du Washington Post en petits morceaux. Se-lon la bande,
l'expert en autopsie s'est tourné vers ses complices avant qu'ils ne tuent
Jamal Khashoggi et a dit:
Les tueurs n'avaient pas l'intention de supplier Khashoggi. Ils n'ont pas
non plus répondu à ses protestations. Sur ordre de Mutreb, les hommes ont
alors commencé à sortir leurs outils et à les placer sur le grand bureau. La
victime est restée assise. La vue des armes du crime ne semblait pas
l'intimider. Bien qu'étant sur le point de mourir, le chroni-queur du
Washington Post ne s'est pas incliné devant le régime saoudien. Il n'a pas
non plus tenté de quitter la pièce, alors même que les sbires al-laient le tuer.
Dans ces circonstances, peu de gens auraient montré autant de courage, de
calme et de dignité.
Tout à coup, cinq agents saoudiens ont alors tenté d'étrangler Ja-mal
Khashoggi - une fois de plus sur les ordres de Mutreb. L'un d'eux, peut-être
Al-Harby, a tenté de le bâillonner, mais le journaliste a réussi à s'échapper.
Quatre hommes l'ont attaqué, ensemble. L'un d'eux (ont con-clu les analystes
avec une certitude absolue) n'était autre que Al-Zahrani.
Le chroniqueur du Washington Post, qui allait mourir là, dans cette pièce,
à peine 7 minutes et 30 secondes plus tard, a résisté à ses ravisseurs avec une
volonté de vivre apparemment infinie. Mais les hommes de main étaient
physiquement plus forts que Khashoggi et formés à cet art mortel: plutôt que
de serrer les bras et les jambes, il n'a pas cessé d'essayer de se libérer de
l'emprise impitoyable de ses agresseurs.
LA TRONÇONNEUSE
Maintenant que leur victime était morte par étouffement, il était temps
pour les Saoudiens de découper son corps. Mais ils ont d'abord ôté les
vêtements du journaliste afin qu'un «double» puisse les porter. Deux agents,
Al-Madani et Al-Qahtani, ont pris ses vêtements. Puisque Khas-hoggi était
mort d'asphyxie, il n'y avait pas de sang sur ses effets person-nels. Al-
Madani a alors enfilé ses habits encore chauds.
Pour être clair, Tubaigny n'était pas bien placé pour dire à ses com-
pagnons assassins «d'écouter de la musique» - comme certains organes de
presse ont pu le rapporter. Il s'est pleinement concentré sur la tâche inouïe
qui l'attendait. Pourtant, sa déclaration, avant le meurtre, qu'il écoutait
habituellement de la musique au travail avait été enregistrée. Or, sa tâche
macabre n'avait rien à voir avec le découpage des cadavres. En effet, Tu-
baigny n'écoutait pas de musique au «travail» ce jour-là. À un moment
donné, les médias américains se sont mis à décrire les assassins de Jamal
Khashoggi comme des tueurs voyous. Ce terme a été attribué à des fonc-
tionnaires turcs[4] .
GINA HASPEL:
UNE PREMIÈRE DANS L'HISTOIRE DE L'ESPIONNAGE
Des sources anonymes ont déclaré au Washington Post qu'au cours de cet
échange, le prince Khaled avait avisé le journaliste de récupérer ses papiers
officiels au consulat saoudien à Istanbul et l'avait rassuré sur sa sécurité lors
de sa visite à la mission diplomatique. Fatimah Baeshen, porte-parole de
l'ambassade saoudienne à Washington, a rapidement nié l'affirmation selon
laquelle Khaled ben Salmane se serait entretenu avec Jamal Khashoggi et
déclaré que la CIA avait tort.
Hakan Fidan - que les Saoudiens appellent «docteur» - n'a pas évo-qué
les preuves dont dispose la Turquie lors de sa première rencontre avec le
chef des renseignements saoudiens Abdulaziz bin Mohammed Al-
Howeirani, après l'assassinat de Khashoggi. Pourtant, il a clairement fait
savoir à son homologue qu'Ankara avait des informations solides.
- Vous l'avez fait. Vous souffrez de gangrène. Vous devez couper le bras
gan-grené a déclaré le chef espion de la Turquie avant d'ajouter:
- Vous décidez quand et où vous allez couper. Mais si vous intervenez trop
tard, la maladie se propagera à toutes les parties du corps.
Soyons clairs, les Turcs connaissaient la vérité dès le début. Pour-tant, ils
voulaient que leurs homologues occidentaux, y compris les Amé-ricains,
comprennent la gravité de la situation et l'acceptent. La raison pour laquelle
l'Arabie Saoudite a envoyé 4 agents de renseignement en Turquie peu après
l'assassinat de Khashoggi consistait à déterminer si les Turcs étaient au
courant de l'implication de Mohammed ben Salmane, et ce que Ankara
pouvait réellement prouver. C'est pourquoi l'un des repré-sentants saoudiens
est resté dans la capitale turque pendant un certain temps et a suivi l'enquête
criminelle en cours.
Après avoir reçu une demande officielle des enquêteurs turcs de fouiller
le consulat, ainsi que la résidence consulaire (conformément à la Convention
de Vienne) les Saoudiens ont nettoyé les lieux du crime. Leurs actions
constituent - c'est le moins que l'on puisse dire - un grave abus du droit
international. Après que le ministère public d'Istanbul eut déposé sa
demande de perquisition le 10 octobre, l'Arabie Saoudite l'a reportée de... 10
jours. Les Turcs avaient demandé à chercher des preuves criminelles à l'aide
de luminol.
Les Saoudiens ont donc fait tout ce qui était en leur pouvoir pour retarder
la perquisition. Tout d'abord, ils ont exigé que les enquêteurs turcs scannent
les lieux visuellement et sans utiliser de luminol. Les auto-rités saoudiennes
ont soulevé cette question lors d'une réunion avec le procureur et les officiers
de police au quartier général de la police natio-nale à Istanbul. La Turquie a
réagi négativement. Les autorités saou-diennes ont ensuite demandé
d'indiquer à l'avance qui ferait partie de l'équipe de perquisition...
L'Arabie Saoudite n'a pas permis aux enquêteurs turcs de fouiller l'un ou
l'autre bâtiment avant que les deux agents n'aient terminé leur mission «faire
disparaître les preuves». Le 16 octobre, juste avant le début des recherches
dans la résidence, Riyad a rappelé son consul général, Mo-hammed Al-
Otaiba, de Turquie.
CINQ HOMMES
AU CŒUR DU COMPLOT
Juste avant que Khashoggi n'arrive, vers 13h02, l'équipe discutait sur la
manière dont le corps serait emporté
Mutreb - Est-ce qu'il serait possible de mettre le tronc et la hanche dans
une valise
Al Tubaigny - Non, trop lourd, les joints [du corps] seront séparés. Ce
n'est pas un problème. Son corps est lourd. C'est la première fois que je
découpe au sol. Si on prend des sacs plastique et qu'on découpe le corps en
morceaux, ce sera terminé. On les enveloppera individuellement et... dans
des sacs en cuir. Vous les sortirez du bâtiment.
X - ( Inaudible ) ...lui découper la peau.
Al Tubaigny - Mon patron direct n'est pas au courant de ce que je fais. Il
n'y a personne pour me protéger.
(ils attendent l'arrivée de Khashoggi )
Mutreb - Est-ce que l'animal sacrificiel est arrivé ?
- Il est arrivé (13h13)
Khashoggi est amené par un membre de l'équipe au 2e étage du consulat
et Khashoghi reconnaît Mutreb )
Khashoggi - Que faites vous là ?
Mutreb - Il faut qu'on te ramène, on a des ordres d'Interpol, on a un
mandat d'Interpol. On est là pour te ramener.
Khashoggi - Il n'y aucune affaire contre moi, vous ne pouvez pas faire
ça, des gens m'attendent dehors, un chauffeur m'attendent.
Bruits de l'équipe qui se jette sur lui cette partie de l'audio n'a pas été
révélée par les Turcs car ils l'ont passé à tabac pour savoir qui l'attendait
dehors )
Khashoggi - Il n'y a pas de chauffeur qui m'attend, il n'y a que ma
fiancée
Mutreb - Tu as combien de téléphones?
Khashoggi - Deux...
Mutreb - Quelles marques?
Khashoggi - Apple...
Mutreb - Envoie un SMS à ton fils...
Khashoggi - Quel fils? Et je lui dis quoi ?
( Silence )
Mutreb - Tu vas écrire, on va répéter, montre-nous...
Khashoggi - Je dis quoi? à bientôt ? Je peux pas lui dire que je suis
kidnappé...
Mutreb - C'est bon, enlève ta veste...
Khashoggi - Comment ça peut se passer dans une ambassade? Je
n'écrirai rien. Est-ce que je suis kidnappé?
Mutreb - C'est bon...
Khashoggi - Je n'écrirai rien.
Mutreb - Écris monsieur Jamal, dépêche toi... Aide-nous parce qu'à la
fin on va te ramener en Arabie Saoudite et si tu ne nous aides pas, tu sais ce
qui va se passer à la fin. Que cette situation se termine bien.
À 13h33 Khashoggi remarque une serviette de posée au sol )
Khashoggi - Il y a une serviette là... Vous allez me droguer?
X - Oui on va t'anesthésier...
(Bruits de bagarre, frottements, cris, souffles)
Khashoggi - Je ne peux pas respirer, je ne peux pas respirer, j'ai de
l'asthme... Vous allez m'étouffer!
A priori ils enfoncent une piqûre dans le cou de Khashoggi )
(Cris et bruits de suffocation )
X - Est-ce qu'il est endormi ?
Y - Lève sa tête... Continue à pousser... Pousse ici, n'enlève pas ta main,
pousse-le...
( Bruit bizarres de découpage, souffles lourds, on entend des bruits de
sacs plastique manipulés. Le MIT pense que Khashoggi a d'abord été
endormi avant de l'étouffer avec un sac plastique. L'équipe de tueurs parle
également d'une corde )
X - Laisse le découper... laisse le découper.
( Bruits de scie électrique à 13h39 )
X - C'est fini.... c'est fini.
X - Enlève-le... c'est un chien.
X - Emballe, emballe.
(Bruits de scie électrique )
Al Tubaigny - Si tu n'aimes pas le bruit, mets tes écouteurs et écoute de
la musique, comme moi, quand je découpe des cadavres... parfois j'ai une
tasse de café et un cigare à portée de main...
( Bruits divers )
( Mutreb passe trois appels téléphoniques à des officiels à la cour du
prince Ben Salmane )
Mutreb - Dites à votre patron que c'est fait!
( Plus tard )
Z - Ca ne craint pas un peu de porter les vêtements de quelqu'un qui vient
tout juste d'être tué?
( Vers 15h, les caméras dans la rue ont vu la camionnette Mercedes du
Consulat quitter le garage et arriver ensuite à la résidence privée du
Consul à 15h02. Trois hommes pénètrent dans la résidence avec trois
grands sacs poubelle et une grande valise à roulettes... À 15h53 les
caméras de la rue ont enregistré Almadani flanqué de Algathani -avec un
sac blanc- sortir par la porte arrière du Consulat. Almadani porte les
habits de Jamal Khashoggi! Après avoir fait un tour dans les lieux
touristiques d'Istanbul pour faire croire que c'est Khashoggi qui se promène
dans la ville, les deux hommes sont vus par les caméras de retour à leur
hôtel le Mövenpick, à 18h09)[8]
Ci-dessous le médecin légiste dans l'un de ses bureaux en Arabie Saoudite DR
La caméra de surveillance turque installée dans la rue a bien enregistré l'un
des membres de l'équipe emportant deux sacs + une valise à roulettes sortis
de la camionnette Mercedes, transportant d'un côté les bras et jambes et
de l'autre la tête; la valise était remplie du tronc comme l'avait demandé
le médecin légiste saoudien Tubagny. DR
Le Consul Al-Otaibi a expliqué en direct devant les caméras
du monde entier qu'il ne savait pas où se trouvait le "citoyen Jamal"
alors qu'il a supplié l'équipe de tueurs en leur demandant:
"Ne faites pas ça ici, autrement j'aurai des ennuis".
Réponse de l'un des assassins:
"Ferme-la, si tu veux vivre à ton retour en Arabie Saoudite". DR
2-Le 17 octobre, les autorités turques avaient confirmé oralement au secrétaire d'État
américain Mike Pompeo qu'elles étaient en possession de ces enregistrements audio. >>>
5-Serdar Turgut, CIA Başkanı Gina Haspel'in Türkiye dönüşünden sonraki ilk başkanlık
brifinginin konusu Türkiye'ydi[La Turquie était le sujet du premier Pdb après le retour de
Gina Haspel de Turquie], Habertürk, 26 octobre 2018. >>>
6-Beyaz Saray'dan Cemal Kaşıkçı açıklaması [White House Statement On Jamal Khas-
hoggi], Timeturk, 29 October 2018. >>>
8-
www..ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/Session41/Documents/A_HRC_41_C
RP.1.docx >>>
~6~
Où se trouve le corps
de Khashoggi ?
«Ce n'est pas une république bananière»
- Ce n'est pas une république bananière. Nous ne viendrons pas dans vos
locaux siroter du thé et déguster des pâtisseries. Une recherche visuelle
est hors de question. La seule façon d'effectuer la fouille est d'utiliser du
matériel médico-légal.
Bien que les autorités saoudiennes aient assuré la police, disant qu'elles
avaient demandé la permission de Riyad, les Turcs demeurent sans nouvelle.
Le puits, que les Saoudiens semblaient vouloir garder à l'abri des regards
indiscrets, était profond de 21 mètres. La profondeur de l'eau était estimée à
9 mètres. Il ressemblait d'ailleurs aux fameux puits des films d'horreur
hollywoodiens, mais il s'agissait en fait d'un des quelque 200 puits creusés
par les habitants d'Istanbul, dans le quartier du Levent, pendant la disette du
début des années 1990.
LE SECRET DU PUITS
À 20h, soit 2 heures après que le MIT eut obtenu la bande son, Fi-dan a
appris que Khashoggi avait été tué dans le consulat saoudien. Il a partagé
tout ce qu'il savait avec le président Erdogan. C'était le tout pre-mier rapport
du MIT à la présidence. Dans les jours qui ont suivi, Fidan a avisé Erdogan
que ses services étaient en possession d'un enregistrement audio de ce qui
s'était passé avant, pendant et après l'assassinant. Le di-recteur de
l'espionnage est arrivé à la réunion avec une clé USB contenant
l'enregistrement. Erdogan l'a écoutée en compagnie de Fidan et a obtenu une
copie de la transcription.
KHASHOGGI LE SIONISTE
- Jamal Khashoggi était Sioniste. Il travaillait pour eux. Hatice Cengiz est
un agent du Qatar. Ils essayaient de saper les relations de l'Arabie
Saoudite avec sa sœur la Turquie. (sic)
Les Turcs ont répondu qu'il n'existait aucune preuve pour étayer cette
affirmation, et que même dans cette hypothèse, cela ne justifiait pas que
Riyad missionne 15 agents pour tuer le journaliste. Pour information, les
services turcs ont pu mettre à l'épreuve l'allégation par les Saoudiens que
Hatice Cengiz entretenait des liens avec les services qataris. En fait, ils ont
enquêté sur les relations éventuelles entre la fiancée du journaliste décédé et
les bureaux de renseignement.
L'enquête turque a révélé que Cengiz avait pris contact avec des diplo-
mates d'un pays du Moyen-Orient dont le nom n'a pas été révélé et pour
lequel elle a travaillé en tant que traductrice. Pourtant, rien ne laissait
supposer qu'elle était un agent ou un informateur. Autrement dit, aucun
contact n'a été établi entre la fiancée de Khashoggi et un espion étranger
actif. Les Turcs en ont donc conclu que Cengiz n'était pas un espion pro-
fessionnel.
- Nous ne savons rien sur ces appareils, donc nous ne signerons rien. Vous
ne nous avez pas laissé fouiller le bâtiment pendant un mois entier.
Comment peut-on savoir que vous n'avez pas installé les micros vous-
mêmes?
Néanmoins, que les autorités aient utilisé des éléments de preuve fondés
sur le renseignement pour élucider l'affaire, il est tout à fait légitime d'at-
tribuer cette réussite au renseignement turc. Toutes les preuves disponibles
montrent que les espions du MIT n'ont reçu aucune aide des services de
renseignement étrangers, y compris de la CIA et du Mossad.
Hakan Fidan (à gauche, à côté du Ministre de la Défense turc pris en otage lors du Coup d'Etat) le directeur des
services d'espionnage turcs, le MIT. DR
Les Turcs sont pleinement conscients que cet axe émergent, dont l'ob-
jectif premier était de saper l'influence régionale de l'Iran, a également
travaillé contre les intérêts turcs. Pour mémoire, les États-Unis se sont
ouvertement rangés du côté de ces pays - tout comme la Turquie a pris des
précautions transfrontalières contre la menace à la sécurité nationale que
représente le PYD/YPG, l'organisation terroriste syrienne affiliée au PKK[11]
.
2-Yalova'da lüks villada Kaşıkçı'nın cesedi için arama yapılıyor[Recherche en cours pour
retrouver le corps de Khashoggi dans une villa de luxe à Yalova], Milliyet, 26 novembre
2018. >>>
3-On ne sait pas très bien pourquoi cet individu avait un nom de code. >>>
6-Ertuğrul Özkök, "CIA Başkanı'na o kaydı kim ve nerede dinletti?" [Qui a fait écouté
l'enregistrement à la directrice de la CIA, et où?], Hürriyet, 26 octobre 2018. >>>
7-Organisation ou plutôt confrérie présidée par l'imam Fethullah Gülen exilé aux Etats-Unis
et qui avait déclenché le Coup d'État de 2016 qui s'est terminé par une centaine de morts.
>>>
8-Note éditeur: depuis la publication de ce livre, on sait que le prince a ordonné lui-même le
meurtre, excédé par les critiques de son gouvernement rédigées par Khashoggi et publiées
dans le Washington Post. >>>
10-Burak Doğan, "Riyad birini susturdu"[Riyad a fait taire l'un d'eux], Yeni Safak, 18 octobre
2018. >>>
11-Note éditeur: Le PKK, Partiya Karkerên Kurdistan, parti kurde, a été historiquement
soutenu par l'URSS. Sous le mandat de Bill Clinton, la CIA et le MIT avaient travaillé
ensemble en 1999 pour en arrêter le dirigeant Abdullah Öcalan qui croupit toujours
aujourd'hui dans une prison turque. >>>
12-www.washingtonpost.com/news/global-opinions/wp/2018/02/07/saudi-arabias-crown-
prince- already- controlled-the-nations-media-now-hes-squeezing-it-even-further/ >>>
~7~
La diplomatie juridique
de la Turquie
«Une invitation déclinée»
Lorsque les responsables turcs ont pénétré dans le consulat qui compte 5
étages, chaque enquêteur était accompagné en permanence de 3 Saoudiens.
La recherche s'est donc déroulée dans une atmosphère tendue. Les
Saoudiens ont permis aux enquêteurs turcs d'examiner certaines par-ties du
bâtiment mais d'autres endroits, dont le puits, ont été déclarés zones
interdites.
À cet égard;
En conclusion;
ERDOGAN:
« NOUS LEUR AVONS REMIS LES BANDES SONORES»
«Nous avons donné les enregistrements relatifs à cet incident aux Etats-
Unis, à l'Allemagne, à l'Angleterre et à l'Arabie Saoudite[1] Les as-
sassins font certainement partie des 15 [agents saoudiens] et il ne sert à
rien de les chercher ailleurs. Ils savent qui sont le ou les auteurs du
crime et le gouvernement saoudien peut le révéler en faisant parler les
15 [hommes]."[2]
Pour être clair, il aurait été inutile que les Turcs fournissent une copie du
fichier audio, si les chefs espions des États-Unis, de l'Arabie Saoudite, du
Royaume-Uni, de la France, du Canada et de l'Allemagne ont déjà écouté
cet enregistrement.
LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION
DE LA PRÉSIDENCE TURQUE
«N'oublions pas que cette affaire aurait déjà été enterrée, sans les ef-
forts déterminés de la Turquie.»
LE LANGAGE CRYPTÉ
DE LA COMMUNAUTÉ DU RENSEIGNEMENT
«ASSASSINAT»
Pour bien saisir la nature de l'opération secrète qui a coûté la vie à Jamal
Khashoggi, il importe de connaître le langage secret et crypté des services
de renseignement. Les espions ont mené d'innombrables missions secrètes
tout au long de l'histoire, en particulier pendant la Guerre froide. Les
meurtres et même les actes de terrorisme peuvent servir de messages codés
entre services de renseignement rivaux.
OPÉRATION DAGGER:
AU CŒUR DU PARADIS DES ESPIONS
La majeure partie de ce livre prend appui sur des informations que les
auteurs ont obtenues de la part de sources gouvernementales fiables. Ici,
cependant, nous citerons directement un document officiel se rapportant à
l'escadron de la mort saoudien:
1) [En ce qui concerne] les personnes qui sont parties à bord des jets
privés portant les numéros HZ SK1 et HZ SK2, appartenant à une
compagnie aérienne saoudienne, il a été établi que l'avion portant le
numéro HZ SK1 a quitté le pays à 18h30 le 2 octobre 2018, avant que les
autorités n'aient été informées de cet inci-dent. L'examen des séquences
vidéo et des images radiographiques a permis de conclure que la
personne disparue n'était pas présente. Quant aux individus qui ont
décollé le 2 octobre 2018 à 22h50 à bord de l'avion immatriculé HZ SK2,
ils ont été contrôlés un à un par les agents, ainsi que leurs passeports, et
leurs effets person-nels ont été scannés aux rayons X, car les autorités
avaient, à ce moment-là, appris la disparation de Khashoggi et
soupçonnaient un enlèvement. Or, aucun signe du disparu n'a été trouvé.
www.middleeasteye.net/news/revealed-saudi-death-squad-mbs-uses-silence-dissent
www.mirror.co.uk/news/world-news/jamal-khashoggi-murdered-journalists-severed-13462845
1-Kaşıkçı tapelerini verdik"[Nous avons remis les bandes de Khashoggi], Sabah, 11
novembre 2018. >>>
3-"Fransa: Cemal Kaşıkçı'nın öldürülmesine ilişkin ses kayıtları kayıtları elimizde değil"
[France: Nous ne disposons pas d'enregistrements audio relatifs au meurtre de Jamal
Khashoggi], Al Sharq al Awsat Turkish, 13 novembre 2018. >>>
4-Altun: Eğer Fransa devletinin muhtelif kurumları arasında arasında iletişim iletişim
kopukluğu varsa bu sorunu..."[Altun: If there is a lack of communication among the various
institutions of the French state...], Habertürk, 12 novembre 2018. >>>
5-"Fransa Dışişleri: Kaşıkçı tapeleriyle ilgili açıklamamız yanlış yanlış anlaşıldı" [Ministère
français des Affaires étrangères: Notre déclaration sur les enregistrements de Khashoggi a
été mal comprise], Sputnik, 13 novembre 2018. >>>
7-Alman Hükümet Sözcüsü Seibert: Kaşıkçı olayında olayında Türkiye ile Almanya arasında
bilgi alışverişi oldu"[porte-parole du gouvernement allemand Seibert: Il y a eu échange
d'informations entre la Turquie et l'Allemagne dans l'affaire Khashoggi], Spoutnik, 12
novembre 2018. >>>
8-SDG Sözcüsü Sözcüsü ÖSO'ya teslim oldu"[Le porte-parole du SDF se rend à FSA],
Sabah, 16 novembre 2017. >>>
~9~
Les opérations secrètes
de la «Tigre Team»
Enlevé en plein jour dans une capitale européenne, le sultan ben Turki a
été assigné à résidence pendant les 6 années qui ont suivi. En 2010, lorsque
le gouvernement l'a autorisé à quitter le pays pour recevoir des soins
médicaux, le prince est revenu en Europe. Six ans plus tard, il a pris l'avion
à Paris pour rendre visite à son père au Caire, avant de retourner en Arabie
Saoudite. Il a depuis disparu.
Ces deux hommes n'étaient pas les seuls. On connaît le cas du prince
Saoud ben Saif al-Nasr, épris de luxe et du jeu. Il ne se souciait pas de
l'argent et a publié, depuis son domicile en Italie, des Tweets qui
reprochaient à la famille royale saoudienne de soutenir le meneur du coup
d'Etat égyptien Abdel Fattah el-Sisi.
Mishaal était la fille de Fahd, l'un des fils de Mohammed - le fils aîné
du roi Abdelaziz, fondateur de l'Arabie Saoudite. Bien que son grand-
père, le prince Mohammed fût l'un des fils survivants les plus âgés du roi
Abdelaziz, le conseil de famille s'est opposé à son cou-ronnement en
invoquant son amour de l'alcool et de la vie, jugé incom-patible avec la
couronne. Khaled, le frère cadet de Mohamed, qui ré-gna à sa place.
Une fois sortis de l'hôtel le lendemain matin, ils sont tombés sur les
hommes armés du Prince Mohammed. Les membres de l'équipage ont été
tués sur place, mais Mishaal et Khaled sont arrivés à l'aéroport et ont
réussi à prendre leur vol. Des hommes armés ont pris l'avion d'assaut
juste avant le décollage et ont traîné le couple, qui hurlait, hors du vol
sous le regard des passagers choqués.
Bien que le mariage de deux adultes ne fût illégal dans aucun système
juridique - y compris sans le consentement parental -, l'ordre du Prince
Mohammed devait être exécuté!
Ils ont décidé de les abattre. Mishaal et Khaled ont été emme-nés dans
un parking, et un homme armé a tiré une seule balle dans la nuque de
Mishaal. Khaled, qui venait de voir les tueurs exécuter sa femme et
n'était plus lui-même, n'a pas senti le coup d'épée que le bourreau lui
assénait à l'arrière du cou.
Ne nous étonnons donc pas que les Saoudiens aient osé com-mettre
un crime aussi abominable au sein de leur consulat!
Que ne feraient pas aux autres ceux qui sont capables de tuer leur
petite-fille?[3]
Dans tous les cas, la Turquie aurait découvert que Khashoggi était mort -
et même la manière et le moment de son exécution. Pour faire toute la
lumière sur cet horrible meurtre, les autorités n'auraient eu qu'à examiner
les images de vidéosurveillance des environs du consulat pour se rendre
compte que Khashoggi n'est jamais ressorti du bâtiment. Or, sans les
enregistrements audio à la disposition de la Turquie, il aurait été im-
possible de résoudre le meurtre en lui-même.
LA CHRONOLOGIE
Voici un résumé de ce qui s'est passé chaque jour après la mort de Jamal
Khashoggi:
Kışlakçı a fait cette déclaration le 7 octobre. Trois jours plus tard, l'Unité
spéciale des renseignements de Sabah a publié les noms et les pho-
tographies des agents saoudiens qu'il avait mentionnés. Le même jour, le 10
octobre, une source a affirmé que les services de renseignement améri-cains
avaient intercepté une conversation dans laquelle le prince héritier
Mohammed ben Salmane avait intimé l'ordre à ses hommes de convaincre
Khashoggi de retourner en Arabie Saoudite afin qu'il y soit arrêté dès son
retour[12] .
«Si nous avons perdu Jamal, la condamnation ne suffit pas. Ceux qui
nous l'ont enlevé, quelles que soient leurs posi-tions politiques, doivent
être tenues responsables et punis dans toute la mesure de la loi.»
Dimanche 28 octobre: les autorités turques ont établi que les véhicules
diplomatiques immatriculés au nom du con-sulat saoudien à Istanbul ont
été nettoyés après le meurtre de Khashoggi.
Le Wall Street Journal a déclaré que les enquêteurs turcs avaient re-
proché à l'Arabie Saoudite de ne pas avoir clarifié le sort qu'a subi le
corps de Jamal Khashoggi.
Médias européens
The Independent a noté que les autorités turques n'étaient pas satis-
faites de la visite du procureur général saoudien et a rappelé que la Tur-
quie continuait de poser des questions clés: qui a ordonné le meurtre de
Jamal Khashoggi? Qu'est-il arrivé au corps de la victime? Selon le jour-
nal, les Turcs n'ont toujours pas reçu de réponse satisfaisante de la part de
Riyad.
Le Financial Times a rapporté que les autorités turques ont accusé
leurs homologues saoudiens de ne pas coopérer à l'enquête sur le meurtre
d'Istanbul.
Médias du Moyen-Orient
La déclaration du procureur turc a provoqué une onde de choc au
Moyen-Orient, quoique de diverses manières. Les médias en Irak, au Li-
ban et dans les pays du Golfe, à l'exception notable du Qatar, n'a pas
commenté cette déclaration. Les médias dans d'autres coins de la région
ont inclus dans leurs reportages des extraits de la déclaration écrite de
l'accusation.
Le site web d'Al Jazeera, situé au Qatar, affirme que des agents de
renseignement turcs ont fait écouter à Saoud Al-Mujib l'enregistrement
audio des derniers instants du procès de Jamal Khashoggi[14] . Les
agences de presse officielles et semi-officielles de l'Iran, dont l'IRNA, la
FHA, Mehr et Tasnim, ont immédiatement communiqué la déclaration de
l'ac-cusation à leurs abonnés et aux adeptes des médias sociaux[15] .
1-Reda El Mawy, "Saudi Arabia's Missing Princes", BBC News, 15 août 2017. >>>
2-Victoria Bekiempis, "New York police investigate deaths of Saudi sisters found bound
together", The Guardian, 31 octobre 2018. >>>
3-Murat Bardakçı, "Kaşıkçı cinayetinden hayretteyiz, ama torunu olan 19 yaşındaki kızı bile
öldürtenlerle karşı karşıyayız"! Nous sommes choqués par l'assassinat de Khashoggi, mais
nous sommes confrontés à des gens qui ont tué leur propre petite-fille de 19 ans],
Habertürk, 22 octobre 2018 >>>
5- Nazif Karaman, Emir Somer et Kenan Kıran, "Sır perdesini camı film kaplı siyah minibüs
aralayacak"[La camionnette noire aux vitres teintées ouvre le rideau du mystère], Sabah, 8
octobre 2018. >>>
6-reuters.com/article/us-saudi-politics-dissident/exclusive-turk¬ish-police-believe-saudi-
journalist-khashoggi-was-killed-in-consulate-sources-idUSKCN¬1MG0HU >>>
10-Nazif Karaman, "Suudi gazeteteci Cemal Kaşıkçı'nın kaybolması ile ilgili soruşturma"
[L'enquête sur la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi), Sabah, 7 octobre
2018. >>>
11-"Turan Kışlakçı: Bize ulaşan bilgi öldürüldüğü bilgi öldürüldüğü yönünde" [Turan Kışlakçı:
Les informations que nous avons reçues portent à croire qu'il a été tué], Hürriyet, 7 octobre
2018. >>>
13-www.middleeasteye.net/news/saudi-prince-mansour-killed-helicop¬ter-crash-near-
yemen-border >>>
S'il s'avère que l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis étaient
directement ou indirectement impliqués dans l'assassinat de Khashoggi -
ce qui devrait être le cas -, vous pouvez être sûrs que le gendre du
président Trump, Jared Kushner, devra au moins répondre d'un jugement
politique, ce qui représenterait un risque énorme pour la Maison
Blanche lors des élections de novembre. C'est le facteur «Was-hington
Post»!
Après tout, il était curieux que le président américain ait évo-qué des
«éléments scélérats» visant à protéger tous les suspects[4].
Le New York Times figure aussi parmi les critiques les plus virulents de
l'administration Trump. Le 19 novembre, le journal libéral a publié un
article dans lequel Mark Landler accuse le président américain de se tenir
du côté du royaume malgré la conduite criminelle de ce dernier et sou-ligne
que Trump avait fait abstraction, avant même sa publication, d'un rapport de
la CIA qui reliait MBS à cet incident[22] . Un simple déni au téléphone par le
prince Mohammed suffisait pour la Maison-Blanche, selon le Times, qui a
aussi déploré le refus du président d'écouter l'enregistrement audio en raison
de son contenu explicite. Landler a ajouté:
Riyad a fini par lancer une contre-offensive et, pour la première fois
en 45 ans, a menacé d'utiliser le pétrole comme atout politique et de
privilégier le yuan chinois au dollar américain. Roger Diwan, un ob-
servateur de l'OPEP, affirme qu'en brandissant cette menace, les Saou-
diens ont «brisé un tabou essentiel du marché».
Après tout, le problème est bien plus grave que la mort d'un
journaliste saoudien ou une tentative de ternir la réputation du prince
héritier saoudien. Après avoir compris le jeu, la Turquie a décidé de
prendre les commandes et a asséné un dur coup à la dépendance de
Washington à vis-à-vis du despotisme saoudien, renforçant, de ce fait, sa
position simultanément contre Riyad, les États-Unis et Israël[24] .
Les démocrates, pour leur part, se sont plaints de la politique des deux
poids, deux mesures de Washington. Le 10 novembre, plusieurs organes de
presse ont rapporté que le représentant Brad Sherman prévoyait de présenter
un projet de loi pour empêcher la conclusion d'un accord nucléaire entre les
États-Unis et le royaume[27]. Dans une entrevue accordée à Fox News le
dimanche 18 novembre, Trump a accusé réception de l'enregistrement audio
du meurtre de Khashoggi. «Je ne veux pas écouter la bande», a-t-il ajouté,
parce qu'elle est «très violente, très brutale et terrible»[28].
Par ces commentaires, le président des États-Unis s'est attiré les foudres
des médias. Le 21 novembre, Fred Ryan, éditeur et directeur général du
Washington Post, et Karen Attiah, rédactrice en chef du journal Global
Opinions, ont vigoureusement dénoncé les propos tenus par Donald Trump
au sujet du meurtre de Khashoggi.
Pourtant, nous voulons savoir qui a dicté les ordres. Ils doivent nous
dire qui a donné l'ordre et ce que les suspects ont ré-vélé [dans leurs
déclarations à l'accusation]. J'ai aussi dit au pré-sident Trump qu'il
n'était pas nécessaire de chercher les tueurs partout. Ceux-ci se trouvent
parmi des 18 [détenus]. Les [agents saoudiens] arrivés avant vendredi
sont-ils venus pour effectuer les préparatifs? Après tout, Khashoggi
s'était rendu au consulat ven-dredi où il avait été reçu chaleureusement
et invité à revenir le mardi. Une équipe est arrivée mardi au petit matin.
Eux aussi se sont préparés pour le lendemain.
Immédiatement après le meurtre, les autorités [saou-diennes] ont
affirmé que Khashoggi avait quitté le consulat. Une telle chose est-elle
possible? Après tout, sa fiancée attendait à l'ex-térieur. Comment
Khashoggi a-t-il pu utiliser cette porte ou une autre pour sortir sans
emmener sa fiancée avec lui? Il est évident qu'il se passe quelque chose
de louche.
UN AVERTISSEMENT CLAIR
À L'ÉQUIPE DU TIGRE
Personne ne doit oser commettre de tels actes sur le sol d'un allié de
l'OTAN. Si quelqu'un choisit d'ignorer cet avertissement, il devra en
subir les lourdes conséquences[34] . Dans le monde de la diplomatie du
renseignement, les deux phrases citées plus haut si-gnifient une chose:
«Vous ne pourrez plus faire de telles choses ici à l'avenir». Si les Turcs
n'avaient pas résolu l'affaire Khashoggi et révélé la vérité, les autorités
saoudiennes n'auraient pas été en mesure de le faire.
L'équipe ''Tiger'' d'Arabie Saoudite aurait pu mener d'autres attaques
contre des dissidents à Istanbul. Le succès de la Turquie dans le domaine
du contre-espionnage a déjoué ses com-plots, du moins pour l'instant.
Vous trouverez des informations supplémentaires, jusqu'alors inconnues,
sur l'équipe ''Tiger'' et ses projets dans la section correspondante.
Voici un indice: le régime saoudien a créé 10 cellules en Turquie pour
mener des attaques qui s'apparentent aux agressions iraniennes des
dissidents dans les années 1980 et aux assassinats des dissidents
tchétchènes par les Russes en 2008-2015. Les ser-vices secrets turcs
surveillaient les cellules saoudiennes 24h/24. Les autorités turques
connaissaient le lieu de résidence des clan-destins et les dissidents qu'ils
surveillaient, et attendaient qu'ils agissent pour les arrêter, comme ce fut
le cas lorsque les Saoudiens ont tué Jamal Khashoggi sur «leur» sol et
tenté de faire porter le chapeau à la Turquie en faisant marcher une
doublure à Istan-bul.
2-Suudi Kral’dan Donald Trump’a 4 milyar dolar” [Le roi saoudien accorde 4 milliards de
dollars à Donald Trump], Sabah, 19 mars 2018. >>>
3-Taha Dağlı, "Kral Selman'ın sert hamlesininin ardından tehdide başladı"[Trump publie des
menaces après le coup dur du roi Salman], Haber7, 4 octobre 2018. >>>
6-www.washingtonpost.com/politics/president-says-he-is-concerned-about-missing-saudi-
jour nalist/ 2018/10/08/28a1a8c2-cb1a - 11e8-a360-85875bac0b1f_story.html >>>
7-thehill.com/homenews/administration/410716-pence-open-to-sending-fbi-team-to-turkey-
to- investigate-missing >>>
8-www.theguardian.com/world/2018/oct/11/jamal-khashoggi-saudi-arabia-under-pressure-
fro m -trump-administration >>>
9- www.defensenews.com/congress/2018/10/11/trump-doubles-down-hes-not-stopping-
saudi-arms-sales/ >>>
10-www.theguardian.com/us-news/video/2018/oct/12/trump-khashoggi-case-will-not-stop-
110b n-us-saudi-arms-trade-video >>>
12-www.usatoday.com/story/news/world/2018/10/13/jamal-khashoggi-trump-saudi-arms-
deal/16306 93002/ >>>
13-Trump, Selman ile Cemal Kaşıkçı’yı görüşecek" [Trump will talk to Salman about Jamal
Khashoggi], Posta, 13 October 2018. >>>
14-Suudi Arabistan'dan Trump'a Cemal Kaşıkçı resti!" [L'Arabie Saoudite double la mise sur
Jamal Khashoggi], Sabah, 14 octobre 2018. >>>
15-www.theguardian.com/us-news/video/2017/may/21/trump-joins-ceremonial-sword-
dance-in-saudi-arabia-video >>>
16-www.theguardian.com/world/2018/oct/17/jamal-khashoggi-pompeo-to-meet-erdogan-as-
gory-reports-of-killing-emerge >>>
17-Kaşıkçı'nın'nın katledilişinin 40. günü" 40e jour depuis le meurtre de Khashoggi], Agence
Anadolu, 10 novembre 2018. >>>
18-www.bbc.com/news/world-us-canada-45960865 >>>
19-www.bloomberg.com/news/articles/2018-10-23/trump-leaves-u-s-response-to-
khashoggi-killing-up-to-congress >>>
20-www.washingtonpost.com/world/national-security/cia-director-listens-to-audio-of-
journalists-alleged-murder/2018/10/24/b07af451-7422-4fea-b0cd-
ae9ad70df3e2_story.html >>>
21-edition.cnn.com/2018/10/29/opinions/trump-khashoggi-standoff-opinion-intl/index.html
>>>
22-ww.nytimes.com/2018/11/20/world/middleeast/trump-saudi-khashoggi.html >>>
23-www.nytimes.com/2018/11/18/us/politics/trump-khashoggi-saudis.html >>>
24-Bercan Tutar, "ABD'nin Suudi despotizminde kırılma noktası" (Un point de bascule dans
le despotisme saoudien des États-Unis), Sabah, 21 octobre 2018. >>>
25-www.washingtonpost.com/opinions/global-opinions/trump-has-given-every-despot-on-
the-planet-a-license-to-kill/2018/10/17/cf3d6ea2-d 2 11-11e8-8c22-
fa2ef74bd6d6_story.html >>>
26-www.washingtonpost.com/world/2018/10/19/world-has-question-white-house-when-do-
murders-
matter/ >>>
27-www.vox.com/2018/11/9/18072660/saudi-arabia-nuclear-deal-congress-123-agreement-
sherman >>>
28-www.theguardian.com/world/2018/nov/18/jamal-khashoggi-killers-may-have-taken-body-
parts-out-
of-turkey-in-luggage >>>
29-www.telegraph.co.uk/news/2018/11/20/trump-says-crown-prince-may-have-known-
khashoggi-killin
g-says/ >>>
30-www.washingtonpost.com/opinions/trumps-dangerous-message-to-tyrants-flash-money-
and-get-away-with-murder/2018/11/21/4202e69e-edc2-11e8-8679-
934a2b33be52_story.html >>>
31-www.timesofisrael.com/trump-israel-would-be-in-big-trouble-without-saudi-arabia/ >>>
32-www.independent.co.uk/news/world/americas/us-politics/trump-khashoggi-murder-
blame-vicious-world-saudi-journalist-a8647701.html >>>
33-www.middleeasteye.net/news/MBS-red-line-khashoggi-murder-probe-saudi-foreign-
minister-says-2 0 45123307 >>>
34-www.washingtonpost.com/news/global-opinions/wp/2018/11/02/recep-tayyip-erdogan-
saudi-arabia-still-has-many-questions-to-answer-a bout-jamal-khashoggis-killing/ >>>
~ Partie IV ~
Ubi - Où
La fameuse doublure qui a refusé ou n'a pas pu mettre les chaussures
de Khashoggi afin de lui "ressembler" de pied en cap.
DR
~11~
La doublure
LA FAUSSE BARBE
La doublure et ses complices ont tout pris en compte; ils ont travaillé
avec diligence sur tous les autres aspects du meurtre de Khashoggi, mais ils
ont oublié quelque chose: les chaussures de la doublure n'étaient pas celles
de Jamal Khashoggi! La police turque a découvert ce détail au cours d'une
inspection minutieuse des images de vidéosurveillance qui l'ont aidée à
identifier Al-Madani. L'homme responsable de cette décou-verte était
Mustafa Çalışkan, le chef de la police d'Istanbul qui a supervisé quelque
750 agents de la force publique travaillant sur cette affaire.
Çalışkan a chargé Ilker Küçükhidir, qui dirige le service de rensei-
gnement, de recruter 500 agents pour l'équipe d'enquête. En outre, 250
agents des forces de l'ordre de l'unité antiterroriste se sont joints à l'équipe.
Les spécialistes du renseignement ont joué un rôle déterminant dans
l'identification des suspects en regardant à plusieurs reprises des images de
vidéosurveillance des environs de Atatürk International et de diverses autres
parties de la ville.
Les policiers qui ont visionné l'enregistrement vidéo ont trouvé sus-pect
que la doublure ait quitté le consulat par la porte de derrière. Ils ont donc
procédé à un travail plus rigoureux sur les images. À la suite de cette
inspection minutieuse, la police turque a conclu qu'Al-Madani por-tait bien
les vêtements de Jamal Khashoggi.
Les éboueurs ont ramassé les ordures à 18h ce jour-là et ont tout
transporté dans un centre de recyclage à Kemerburgaz. Au centre de
recyclage, qui emploie une cinquantaine de femmes chargées de trier les
articles réutilisables des déchets, les vêtements de Khashoggi ont peut-
être été identifiés comme recyclables. Pour-tant, les enquêteurs n'ont pas
pu les retrouver dans l'entrepôt d'ar-ticles réutilisables. Tout le reste a été
acheminé vers un site d'en-fouissement près de Şile, dans la banlieue de
la ville, où il a été enfoui sous terre. Il était impossible d'y trouver les
effets personnels de Khashoggi.
2-Abdurrahman Şimşek et Nazif Karaman, "Cemal Kaşıkçı'nın dublörü böyle kaçtı" (C'est
ainsi que le corps de Jamal Khashoggi s'est doublement échappé), Sabah, 24 octobre
2018. >>>
~12~
A la résidence consulaire,
cinq sacs se volatilisent
3.500 heures de vidéosurveillance
LE VÉHICULE DIPLOMATIQUE
AU LAVAGE AUTOMATIQUE
Voici comment nous savons que les Saoudiens mentaient comme ils
respiraient: si ce collaborateur local existait, il était tout à fait inutile de
produire un portrait-robot. Maher Abdulaziz Mutreb, le général des ren-
seignements à la tête de l'escadron de la mort, serait en position de savoir à
qui son équipe a remis les restes de la victime. Il serait déraisonnable de
penser qu'un groupe d'assassins chevronnés ait pu confier des morceaux de
corps à un passant au hasard. On ne pouvait placer sa confiance en une
personne tirée au sort pour exécuter une tâche aussi délicate. En ce sens, les
déclarations du procureur saoudien se contredisent.
Après tout, ces trois hommes ont transporté les 5 valises contenant les
parties du corps de Khashoggi du Consulat à la résidence, où un deu-xième
groupe d'agents les attendait. Ces hommes étaient chargés de dépo-ser les
sacs dans la résidence consulaire et de faciliter l'élimination des restes du
journaliste assassiné.
Selon des enregistrements vidéo, le véhicule diplomatique immatricu-lé
34 CC 1865 s'est garé devant la résidence du consul saoudien à 15h05. Une
fois le véhicule arrivé sur les lieux, quelques membres de l'escadron ont
quitté la résidence. Il y avait, à ce moment-là, une affluence de pié-tons à
proximité de l'édifice. Avant que le véhicule n'entre dans le par-king,
plusieurs agents ont été aperçus en train d'y marcher. Après avoir passé 3
minutes sur le siège avant du véhicule, Mutreb est descendu du fourgon à
15h09, tel un chef de la pègre ou un trafiquant de drogue, et s'est rendu au
garage.
Les agents saoudiens qui ont transporté les sacs à l'intérieur de la ré-
sidence consulaire étaient manifestement anxieux et pressés. À ce mo-ment,
ils ignoraient l'existence de la caméra de vidéosurveillance, située au poste
de contrôle de police avoisinant, qui filmait leurs déplacements, tandis
qu'ils traînaient le corps démembré d'un journaliste mondialement connu
comme s'ils partaient en vacances.
Leur vol a atterri à 3h20 du matin... Ils étaient neuf - 3 dans chaque
véhicule. Maher Abdulaziz Mutreb a conduit ma voiture. Je l'ai emmené
dans un hôtel près du consulat à Levent.
Deux autres véhicules consulaires nous attendaient devant l'hôtel. Je suis
arrivé au consulat et les ai déposés devant les barri-cades. Ils ont ouvert
les portes et ont fait entrer mon véhicule dans le parking du consulat. Je
me suis assis près de la barrière de sé-curité et ils m'ont servi du thé.
Entre 22h et 23h, je leur ai an-noncé que je souhaitais sortir.
Tandis que nous attendions à l'extérieur, on nous a infor-més que [les
représentants] allaient sortir. Khashoggi a été infor-mé qu'il pouvait
entrer et a été fouillé avant son entrée. Sa fian-cée s'est mise à l'attendre
devant un supermarché.
Khashoggi est entré, mais n'est plus ressorti. En fait, voilà ce qui s'est
passé: d'autres invités saoudiens sont arrivés. Les agents de sécurité leur
ont dit qu'en raison d'une inspection en cours, ils ne pouvaient entrer et
leur ont demandé de revenir le lendemain. Environ deux heures après
l'entrée de Khashoggi, j'ai reçu un appel téléphonique.
[Les agents] m’ont dit qu'ils étaient à l'hôtel et m’ont de-mandé de venir
les chercher. On est allés à l'hôtel. Quatre indivi-dus sont apparus à la
porte qui n’étaient pas ceux que j'avais ré-cupérés à l'aéroport. « Nous
faisons partie de votre groupe. Nous voulons une voiture et un autre
véhicule pour les sacs. Nous allons prendre deux véhicules pour nous
rendre à l'aéroport», ont-ils dit. Sur le chemin de l'aéroport, ils m'ont
demandé où ils pouvaient manger, alors je les ai emmenés dans un bar à
kebab[4] .
Le conducteur a décrit comment le véhicule a quitté le consulat,
emportant à son bord cinq sacs chargés des morceaux du corps de Khas-
hoggi:
A peine une heure plus tard, trois véhicules sont sortis [du consu-lat].
Leurs plaques d'immatriculation étaient marquées CC. J'ai regardé
attentivement dans la camionnette pour voir si nos[passagers] allaient
partir. J'ai regardé longuement, mais je n'ai pas pu voir à l'intérieur du
fourgon. Les fenêtres étaient ex-trêmement sombres. Un véhicule a tourné
à gauche et les autres ont roulé tout droit. Avant cela, quelques invités
saoudiens étaient arrivés. Tout le monde est sorti en moins d'une demi-
heure. Pour-tant, la dame[Hatice Cengiz] a attiré mon attention, parce
qu'elle attendait depuis une ou deux heures .
2-Suudi başkonsolosu ülkesine döndü" [The Saudi consul general returned to his country],
TGRT Haber, 16 October 2018. >>>
3-Kaşıkçı cinayetinde adım adım adım inkârdan itirafa giden yol"[Le meurtre de Khashoggi:
l'itinéraire du déni à la confession], Sabah, 16 novembre 2018. >>>
4-"Cemal Kaşıkçı cinayetinde infaz timini taşıyan şoför A Haber'e konuştu" [Le conducteur
qui a emmené l'escadron de la mort parle à A Haber)], Sabah, 26 octobre 2018 >>>
LE BOURDONNEMENT INSIGNIFIANT
DES MOUCHES «TROLLS»
C'est en ces termes que Hatice Cengiz a décrit ce que Khashoggi re-
présentait pour elle et la raison pour laquelle elle avait décidé de l'épouser.
L'armée des trolls saoudiens, qui a essuyé un échec en prenant pour cible la
fiancée de Khashoggi, a lancé une nouvelle campagne de diffamation à
l'encontre du journaliste assassiné. Ces accusations ont été reprises dans le
monde arabe par des médias conventionnels anti-turcs .
Le 6 octobre, le journal libanais Al Akhbar a publié un article truffé de
mensonges. Il aurait cité une source arabe affirmant que l'Arabie Saoudite
avait informé la Turquie que Jamal Khashoggi se trouvait à Riyad. Le
journal libanais a affirmé que le chroniqueur avait été rapatrié par avion en
Arabie Saoudite le 2 octobre - et que les Turcs étaient au courant!
Loin de s'arrêter là, Al Akhbar a répandu le mensonge selon lequel les
Saoudiens, avec la complicité des autorités turques, avaient exfiltré
Khashoggi du consulat dans un véhicule blanc.
Ces tentatives de diffusion de fausses informations sont tombées à l'eau
lorsqu'il est devenu évident que Jamal Khashoggi était mort à l'inté-rieur du
consulat saoudien et que Riyad a été contraint de reconnaître sa culpabilité.
Avant que les Saoudiens ne propagent des mensonges par le biais des
réseaux sociaux destinés au médias traditionnels, Khashoggi était déjà mort.
Ayant annoncé que Khashoggi avait été tué à l'intérieur du consu-lat, Turan
Kışlakçı, un ami proche du chroniqueur et président de l'Asso-ciation des
médias turco-arabes, a comparé ce meurtre aux attaques de Daesh:
«Même Daesh n'a pas commis un tel acte. C'était en effet une opération
similaire à celles de Daesh. J'espère que la conscience du monde se
mobilisera contre cela.»[8]
Il est entré dans le consulat - voilà qui est bien vrai, mais il n'y a
aucune preuve qu'il en soit ressorti. Ces derniers jours, j'ai été témoin du
travail des autorités turques qui suivent la situation de près. J'ai
confiance dans les capacités des responsables du gou-vernement turc. En
ce moment, j'implore le président Trump et la première dame Melania
Trump de nous aider à faire la lumière sur la disparition de Jamal.
J'exhorte également l'Arabie Saou-dite, en particulier le roi Salmane et
le prince héritier Moham-med ben Salmane, à faire preuve de la même
sensibilité et à dif-fuser des images de vidéosurveillance du consulat.
Même si cet in-cident est susceptible de provoquer une crise politique
entre les deux nations, ne perdons pas de vue l'aspect humain de ce qui
s'est pas-sé. Jamal est une personne de valeur, un penseur exemplaire et
un homme courageux qui a combattu pour ses principes. Je ne sais pas
comment je pourrais continuer à vivre s'il était enlevé ou tué en Turquie.
Mes espoirs s'évanouissent lentement chaque jour, mais je reste
confiante que Jamal est toujours en vie. Peut-être que j'essaie
simplement de repousser l'idée que j'ai perdu un grand homme dont
j'avais gagné l'amour. En tant que personne qui croit que la vie et la
mort sont entre les mains de Dieu, je prie Dieu seul pour que Jamal
revienne sain et sauf .
2-Abdurrahman Şimşek et Nazif Karaman, "İşte Cemal Kaşıkçı'yı katleden min beyni" (Le cerveau
qui se cache derrière l'équipe qui a assassiné Jamal Khashoggi), Sabah, 23 octobre 2018. >>>
3-Abdurrahman Şimşek et Nazif Karaman, "Belgrad Ormanı'ndaki keşfi infaz timininin beyni
yaptı"[Les cerveaux de la Brigade de la mort ont mené une mission de reconnaissance à la
Forêt de Belgrade], Sabah, 28 octobre 2018. >>>
4-Abdurrahman Şimşek et Nazif Karaman, "İşte Cemal Kaşıkçı'yı katleden timin beyni"[Voici
le cerveau qui se cache derrière l'équipe qui a tué Jamal Khashoggi], Sabah, 23 octobre
2018. >>>
6-Cesedin nerede olduğunu bilmiyoruz" [Nous ne savons pas où se trouve le corps], Sabah,
20 octobre 2018. >>>
9-Turan Kışlakçı: Cemal Kaşıkçı öldürüldü" [Turan Kışlakçı: Jamal Khashoggi a été tué],
Milliyet, 7 octobre 2018. >>>
L'ÉCHANTILLON D'ADN
PROVENANT DE LA NUQUE DE LA VICTIME
Les autorités ont trouvé l'ADN de Jamal Khashoggi sur son rasoir, sa
brosse à dents, ses sous-vêtements, son peigne, son coupe-ongles et ses
boîtes à pilules, ainsi que sur les cols de ses chemises et d'autres objets, tels
que des vestes et des chemises, que sa famille a remis aux autorités. Celles-
ci ont tenté de rapprocher ces échantillons d'ADN des éléments de preuve
recueillis dans le consulat saoudien, la résidence consulaire, les hôtels et les
véhicules. Les enquêteurs ont fouillé lesdites chambres d'hôtel au cas où les
tueurs y auraient emmené Khashoggi. Pour les besoins de l'enquête, les
experts turcs ont comparé 273 échantillons d'ADN différents. Cette opé-
ration a été supervisée par Yalçın Büyük, le directeur de l'Institut de mé-
dico-légal de Turquie, et réalisée par un groupe de spécialistes en géné-
tique.
Les autorités ont conclu que certains échantillons d'ADN apparte-naient
à d'anciens clients ayant séjourné dans ces chambres d'hôtel. Néanmoins, ils
n'ont pas pu trouver l'ADN de Khashoggi. Cela dit, la police turque
maintient qu'«il n'y a pas de crime parfait» et continue à rechercher des
indices.
L'Institut médico-légal a également analysé des échantillons prove-nant
du puits situé sous la résidence du consul saoudien, mais n'a pu trouver
aucune trace de l'ADN de la victime. Une recherche ultérieure d'acide a
aussi abouti à une impasse. Les autorités n'ont pas non plus trouvé de
preuves à charge dans un véhicule Mercedes-Benz, qui a été retrouvé dans
le district de Sultangazi[2] et qui a donné à de nombreux observateurs
l'impression qu'il pouvait faire la lumière sur le meurtre. Ce véhicule
appartenait au sous-secrétaire du consulat chargé de la lutte contre le trafic
de stupéfiants, qui a déposé certains de ses effets personnels dans le coffre
de sa voiture lorsqu'il a été rappelé par Riyad. Lorsque ces articles se sont
avérés trop lourds pour le transport aérien, il les a replacés dans sa voiture
et a demandé à un chauffeur de retourner le véhicule. Les autorités n'ont pas
trouvé de traces d'ADN dans la camionnette Mer-cedes-Benz, que les tueurs
ont utilisée pour transporter les parties du corps de Jamal Khashoggi à la
résidence consulaire. Les Saoudiens avaient em-mené ce véhicule à la
station de lavage et l'avaient fait analyser par un expert en chimie avant que
l'enquêteur turc ne soit autorisé à y toucher.
LA THÉORIE DE L'ACIDE
EST UNE LÉGENDE URBAINE
L'un des résultats les plus significatifs de l'Institut médico-légal est que
la croyance populaire selon laquelle les Saoudiens auraient utilisé de l'acide
pour se débarrasser du corps de Jamal Khashoggi était déplacée. En d'autres
termes, le fait que le corps du chroniqueur du Washington Post ait été
dissous dans de l'acide était une énième fausse idée répandue au sujet de ce
meurtre. Cette affirmation a fait l'objet d'un débat animé dans les médias et
parmi le public en général durant deux mois. Trois articles, parus dans les
journaux turcs ces dernières semaines, attestent de la diffu-sion de cette
fausse information. La chronique du 13 novembre de Fatih Altaylı dans
Habertürk a été l'un des commentaires les plus notoires sur le meurtre de
Khashoggi. Soulignant plusieurs cas tirés de l'histoire de la criminologie,
l'auteur a invité ses lecteurs «à décider par eux-mêmes, à la lumière de ces
informations, si le corps de Khashoggi avait été dissous ou non à l'intérieur
du consulat.»[3] Le 6 novembre, le chroniqueur de Yeni Akit, Ab-
durrahman Dilipak, a examiné cette thèse et a établi des parallèles entre le
meurtre de Khashoggi et l'assassinat du politicien congolais Patrice
Lumumba en 1961[4] . Enfin, Mustafa Ozcan, un chroniqueur du site
d'information Fikriyat, a écrit le 3 novembre que le meurtre de Jamal
Khashoggi était comparable à celui de l'homme politique marocain Meh-di
Bin Barka le 29 octobre 1965[5] .
L'INJECTION DE COAGULANT
Bien que l'Arabie Saoudite ait déclaré que Jamal Khashoggi avait été tué
dans une bagarre et à cause d'une dose médicamen-teuse mortelle, les
responsables de la sécurité et du tribunal turcs soutiennent qu'une
substance coagulante a été injectée dans le corps de Khashoggi après sa
mort. Selon cette allégation, les tueurs ne voulaient laisser derrière eux
aucune preuve du démembrement de la victime[7] .
La manière dont les Saoudiens ont exécuté Jamal Khashoggi et traité son
corps a d'abord fait l'objet de fuites dans les médias internationaux par des
responsables turcs. CNN International a annoncé que le corps de Khashoggi
avait été démembré[8] le 16 octobre. Citant un officiel turc, la chaîne a
affirmé que le journaliste saoudien avait été tué à l'intérieur du consulat le 2
octobre et démembré . Le New York Times a avancé une thèse similaire
dans les premières phases de l'enquête et cité un fonctionnaire turc ayant
comparé le meurtre de Khashoggi à une scène du Pulp Fiction de Quentin
Tarantino[9] .
2-Suudi konsolosluğuna ait araçta iki bavul bulundu" [Deux sacs trouvés dans le véhicule
du consulat saoudien], Habertürk, 23 octobre 2018. >>>
3-Fatih Altaylı, " Eritsek de mi saklasak, eritmesek de mi saklasak " [Fondre ou ne pas
fondre], Habertürk, 13 novembre 2018. >>>
4-Abdurrahman Dilipak, " Kaşıkçı'dan Lumumba'ya " [De Khashoggi à Lumumba], Yeni Akit,
6 no-vembre 2018. >>>
5-Mustafa Özcan, " İkiz cinayet " [Double homicide], Fikriyat, 3 novembre 2018. >>>
6-Cesedi bulunamayan Kaşıkçı hakkında korkunç şüphe" [Le terrible soupçon concernant
Khashoggi, dont le corps est toujours porté disparu], TGRT Haber, 29 octobre 2018. >>>
7-Toygun Atilla, "Pıhtı ilacı verip parçaladılar" [Ils l'ont démembré après lui avoir administré
un médicament coagulant], Hürriyet, 17 novembre 2018. >>>
8-CNN: Cemal Kaşıkçı öldürüldü, cesedi parçalandı" [Cnn: Jamal Khashoggi a été
assassiné et démembré], Haberler.com, 16 octobre 2018 >>>
9-Cemal Kaşıkçı ile ilgili korkunç iddia: Özel testere ile geldiler" [L'horrible revendication sur
Jamal Khashoggi: ils sont arrivés avec une scie spéciale], Posta, 11 octobre 2018. >>>
10-Ve Suudi Arabistan itiraf etti" [Et l'Arabie Saoudite se confesse], Akşam, 20 octobre
2018. >>>
11-" Suudi Dışişleri Bakanı: Kaşıkçı'nın ölümü korkunç bir hata ve trajedi" [Ministre saoudien
des Affaires étrangères: La mort de Khashoggi est une terrible erreur et une tragédie], BBC
Turkish, 21 octobre 2018 >>>
~14~
La politique de la Turquie vis à vis
du prince Ben Salmane
Un roi en devenir
LE PRINCE AU CENTRE
LE ROI À LA PÉRIPHÉRIE
***
***
LE 11 SEPTEMBRE DE RIYAD
2-Bercan Tutar, "ABD'de Kaşıkçı depremi büyüyor" [La fissure de Khashoggi s'approfondit
aux États-Unis], Sabah, 24 octobre 2018. >>>
3-Saadet Oruç, "Katil ve itiraflar: Riyad'ın yeni 11 Eylül'ü" [Le meurtrier et les confessions: le
nouveau 11 septembre de Riyad], Star, 21 octobre 2018. >>>
4-Burhanettin Duran, "Kaşıkçı skandalında Ankara'nın dört seçeneği" [Les quatre options
dont dispose Ankara dans le scandale Khashoggi], Sabah, 20 octobre 2018. >>>
5-Carol E. Lee, Julia Ainsley et Courtney Kube, " Pour réduire la pression turque sur les
Saoudiens au lendemain du meurtre, la Maison Blanche considère l'expulsion de l'ennemi
d'Erdogan ", NBC News, 15 novembre 2018. >>>
6-Ibid. >>>
7-Bethan McKernan, " L'Arabie Saoudite prétend être un phare dans le combat contre
l'"obscur" Iran, The Guardian, 27 octobre 2018. >>>
8-Çağrı Özdemir, " ABD'deki güç çekişmeleri ve Türkiye " [La lutte acharnée aux États-Unis
et en Turquie], Deutsche Welle Turkish, 23 novembre 2018. >>>
~ 16 ~
Les cellules dormantes
de la Tiger Team
L'équipe de reconnaissance de 30 hommes
Il était bien connu que Téhéran éliminait les dissidents, qui trou-vaient
refuge en Turquie. De même, le pays a préparé le terrain pour une série
d'assassinats de rebelles tchétchènes par la Russie entre 2008 et 2015. Ces
attaques ont cessé depuis 2015, l'organisation terroriste dirigée par Fetullah
Gülen, le FETÖ, ayant progressivement perdu le contrôle de l'appareil
d'État.
Au lendemain de la proclamation de Mohammed ben Salmane comme
prince héritier en 2017, le Royaume a lui aussi décidé d'éliminer les
dissidents saoudiens en Turquie. Ce qu'ils n'ont pas voulu admettre,
toutefois, c'est que la Turquie avait changé. Ils n'ont pas non plus tenté de
diriger ces opérations selon les règles officieuses de l'espionnage. Tôt ou
tard, les Saoudiens allaient être pris en flagrant délit - ce qui est exacte-ment
ce qui s'est passé après l'assassinat de Jamal Khashoggi.
Plus encore, tous les agents secrets de la Tiger Team en Turquie, qui ont été
démasqués avant de pouvoir agir, ont finalement dû fuir le pays.
Pour information, les deux individus de Mardin n'ont rien à voir avec le
meurtre de Khashoggi. Ils ont pourtant aidé les cellules dormantes de la
Tiger Team à Istanbul, dont le but principal était de mener des mis-sions de
reconnaissance sur le terrain. Selon nos sources, les autorités turques ont
interrogé ces individus, mais ont conclu qu'ils n'étaient pas mêlés à
l'assassinat du chroniqueur.
Passons maintenant aux activités de la Tiger Team sur le sol turc. Les
cellules de renseignement saoudiennes, qui surveillaient les critiques de
Mohammed ben Salmane en Turquie et les filmaient ou photogra-phiaient
autant que leurs capacités techniques le permettaient, s'intéres-saient
particulièrement aux personnes qui pouvaient influencer la poli-tique
intérieure du pays par le biais, entre autres, de leurs relations eth-niques.
Les services de renseignements saoudiens ont découvert ce que les
dissidents faisaient en Turquie et ont rapporté leurs conclusions à Riyad. Le
Royaume aurait partagé ces informations avec les Émirats Arabes Unis,
dont le prince héritier, Mohammed ben Zayed, est le meilleur ami de
Mohammed ben Salmane.
2-Kaşıkçı soruşturmasında flaş gelişme: 5 zanlı için idam" [Dernières nouvelles sur l'affaire
Khashoggi: la partie civile réclame la peine de mort pour cinq suspects], Sabah, 15
novembre 2018. >>>
~ 17 ~
Assassinats planifiés
par des agences de renseignement en
Turquie
Un accord de gentilshommes
Lorsque les Saoudiens ont formé la Tiger Team, ils ont suivi les traces
du Mossad - une agence de renseignement pas très puissante qui s'est fait
connaître par ses opérations d'agression. Bien entendu, le Royaume a
également analysé les opérations internationales des services secrets russes
du SVR avant de planifier des missions pour enlever ou éliminer les dissi-
dents saoudiens à l'étranger. Comme nous l'avons mentionné au début de ce
livre, les Russes ont commis une série d'assassinats à peine voilés dans
divers pays occidentaux, dont le Royaume-Uni, où ils ont ciblé l'ancien
agent du renseignement militaire Sergei Skripal.
Moscou a entrepris des opérations du même style sur le sol turc entre
2008 et 2015. Pourtant, les assassinats planifiés ont pris fin subite-ment et
définitivement en 2015. La raison principale en était l'amitié personnelle
entre Erdogan et Poutine, laquelle a ouvert la voie à une coo-pération plus
étroite sur le théâtre syrien depuis 2016 ainsi qu'à un "gen-telmen
agreement" entre les services de renseignement turcs et russes, accord ayant
été conclu après la capture et l'interrogatoire par les Turcs de deux agents
russes en 2016 - une fois que les Russes ont constaté qu'ils ne pou-vaient
plus mener de missions potentiellement embarrassantes pour la Turquie.
Les Turcs ont estimé que les Russes avaient du mal à trouver un soutien
logistique pour les assassinats dans lesquels ils étaient directement
impliqués. Ainsi, dans le cas d'Edelgiriev, ils ont dû acheter un vieux pis-
tolet à un gang de voleurs. En revanche, ils ont renoncé à toute tentative
d'assassinat visant des Tchétchènes résidant dans des communautés fer-
mées. Pourtant, les dirigeants tchétchènes ayant ignoré les avertissements
de la police et des renseignements turcs, et se sont retrouvés à la merci des
assassins.
Poursuivons: Islam Dzhanibekov, qui a combattu dans la guerre
de Tchétchénie, a été tué de 3 balles à l'arrière de la tête au retour d'une vi-
site personnelle en compagnie de sa femme et de ses enfants le 9 décembre
2008. Il était chargé de recueillir les dons que les Tchétchènes envoyaient
au pays. Si le motif de l'attaque n'est pas clair, les autorités estiment que
Dzhanibekov a, lui aussi, été tué dans le cadre d'une lutte de pouvoir
interne. Le 27 février 2009, Ali Osaev, le chef adjoint des relations étran-
gères de l’émirat du Caucase, a été tué dans le quartier de Zeytinburnu à
Istanbul par un groupe d'hommes armés sortis d'une BMW. Medet Onlu,
consul honoraire de la République tchétchène d'Ichkeria et homme d'af-
faires qui a assisté les Tchétchènes au moment de leur arrivée en Turquie, a
perdu la vie dans une attaque armée sur son lieu de travail à Ankara le 22
mai 2013, attaque dont les services de renseignements russes étaient les
commanditaires. Pourtant, Moscou a confié le coup à des tueurs à gages
locaux ayant un casier judiciaire.
Les assassinats, perpétrés par les Russes en personne, sont connus depuis
lors en Turquie comme «les meurtres de Zeytinburnu». Le 16 sep-tembre
2011, Berg-Haj Musaev, qui a remplacé Osaev après sa mort, ainsi que
Rustam Altemirov et Zaurbek Amriev, ont été tués dans le quartier de
Zeytinburnu à Istanbul après la prière du vendredi. Les deux espions russes,
capturés par les Turcs 5 ans plus tard, étaient en contact avec les assaillants.
Les assassinats ciblés contre les dirigeants tchétchènes, tout comme les
attaques contre les dissidents iraniens dans les années 1980 et l'assassi-nat
de Khashoggi, ont donné l'apparence que la Turquie était une desti-nation
risquée pour les dissidents. L'assassinat de l'ambassadeur russe Andrei
Karlov, planifié et exécuté par l'organisation de Fetullah Gulen, visait
également à faire passer la Turquie pour un endroit périlleux et à creuser un
fossé entre Ankara et Moscou.
Khashoggi, qui a décliné l'offre du
prince, a fait des tas d'autres choses
pour «mettre en colère» Mohammed
ben Salmane.
~ 18 ~
La déconstruction
d'une scène de crime
Pourquoi avoir choisi la Turquie?
Nous avons dit et redit que le meurtre de Khashoggi était sans précédent
dans l'histoire pour diverses raisons. Le chroniqueur du Was-hington Post
est mort à l'intérieur du consulat de son pays natal - ce qui, nous l'espérons,
ne constituera pas un précédent. De plus, c'était la pre-mière fois qu'un
gouvernement se trouvait contraint d'admettre que ses agents avaient
commis un meurtre sur «leur» sol souverain et d'autoriser, sous la pression
juridique et diplomatique, des enquêteurs locaux à per-quisitionner leurs
locaux.
Tant que le prince héritier, qui a été pris en flagrant délit, restera au
pouvoir, les opposants au régime ne seront pas en sécuri-té.
LE BOOMERANG
Les préparatifs techniques et les détails ont pris 3-4 jours, mais les
plans avaient débuté plus tôt. De toute évidence, les Saoudiens ne
voulaient pas manquer cette occasion. Mais ils ne pouvaient pas prévoir
que [leurs actions] seraient exposées au grand jour.
C'est exactement ce que les Turcs avait à faire. Après tout, leur pays est
un refuge pour des millions de personnes originaires de Syrie et d'ail-leurs,
qui y ont trouvé refuge parce que leurs moyens de subsistance étaient
menacés. D'où les dommages potentiels de ce meurtre sur l'image de la
Turquie. Fort heureusement, les Saoudiens n'ont pas obtenu satisfaction.
Khashoggi, qui a décliné l'offre du prince, a fait des tas d'autres choses
pour «mettre en colère» Mohammed ben Salmane. Dans la mesure où il
était impliqué dans divers projets, dont l'Armée des abeilles, dont nous
parlerons plus en détail plus loin, il était clair que le régime saoudien avait
le journaliste en ligne de mire. À entendre Omar Abdelaziz, l'expert en
médias sociaux basé au Canada que Khashoggi contactait régulière-ment,
on en vient immédiatement à cette conclusion. Dans un entretien avec les
auteurs de ce livre, Abdelaziz a exposé les raisons qui lui faisaient croire
que Jamal Khashoggi avait été assassiné:
Selon Mark Perry, qui a livré un compte rendu détaillé des motifs de
l'assassinat de Jamal Khashoggi le 22 octobre au parti conservateur amé-
ricain, le journaliste a été tué parce qu'il était un farouche détracteur du
régime saoudien:
«Ben Salmane, disaient-ils, était un leader qui promettait de créer " une
société plus moderne, plus entrepreneuriale, moins coincée et plus tournée
vers la jeunesse ". Il semblerait que cette promesse soit maintenant noyée
sous les cris d'un journaliste qui a osé dire la vérité."[8]
Dans un article paru en août 2018 et cité par Perry, Khashoggi avait
affirmé que les États-Unis détestaient les Frères Musulmans et que les
problèmes que Washington avait avec ce groupe étaient à la base d'un
problème à l'échelle de la région. Éliminer les Frères Musulmans, a-t-il
averti, reviendrait à supprimer la démocratie et à maintenir les Arabes sous
le joug d'un régime autoritaire et corrompu. Khashoggi estimait que les
États-Unis étaient du mauvais côté et entretenaient les mauvaises amitiés:
LA CONNEXION AVEC
LES FRÈRES MUSULMANS
LA VAGUE MEXICAINE
S'ARRÊTE DANS LE GOLFE
Une tentative similaire de coup d'État a eu lieu en Turquie, qui n'est que
trop habituée aux attaques terroristes et aux putschs, par le biais d'une
opération sous fausse bannière portant la signature des forces ar-mées
turques. Le 15 juillet 2016, un groupe d'officiers militaires, autrefois
membres non identifiés du FETÖ, l'organisation dirigée par Fetullah Gulen,
a tenté de renverser le gouvernement élu du pays et a, heureuse-ment,
échoué. Le peuple turc a anéanti le «think» de Washington et le «tank» de
Gulen.
2-Entretien avec Yasin Aktay par Damla Kaya pour cet ouvrage >>>
3-"Veliaht Prens'in Kaşıkçı'nın vaatlerle Suudi Arabistan'a çekilip tutuklanmasını [Le prince
héri-tier aurait ordonné à ses responsables d'attirer Khashoggi en Arabie Saoudite avec la
promesse de le placer en détention], Bloomberg HT, 11 octobre 2018 >>>
4-Suudi Prens: CIA'e güvenmiyoruz" [prince saoudien: nous ne faisons pas confiance à la
CIA], Deutsche Welle Turkish, 24 novembre 2018. >>>
5-www.washingtonpost.com/opinions/saudia-arabias-crown-prince-went-a-ghastly-step-too-
far/2018/10/16/50d60f76-d16a-11e8-83d6-291fcead2ab1_sto-ry.html?
utm_term=.2874a5e092da >>>
6-www.washingtonpost.com/opinions/in-saudi-arabia-you-cant-separate-reform-from-
repression/201 8/10/08/6365ddf0-cb12-11e8-a3e6-44daa3d35ede_story.html >>>
7-www.washingtonpost.com/opinions/global-opinions/let-jamal-khashoggi-be-a-beacon-of-
light-even-in-death/2018/10/25/94249cce-d896-11e8-aeb7-ddcad4a0a54e_story.html >>>
8-www.theamericanconservative.com/articles/why-jamal-khashoggi-was-killed/ >>>
9-www.washingtonpost.com/news/global-opinions/wp/2018/08/28/the-u-s-is-wrong-about-
the-muslim-brotherhood-and-the-arab-world-is-suffering-for-it >>>
10-Remarques de Turan Kışlakçı le 5 octobre 2018 à l'auteur Ferhat Ünlü dans son
émission de télévision. >>>
11-Ibid. >>>
12-Abdullah Muradoglu, " İhvan-ı Müslimin'in ibret verici kısa tarihi " [Une brève histoire des
Frères musulmans], Yeni Safak, 1er juillet 2012. >>>
13-Onur Erem, "Suudi gazeteci Cemal Kaşıkçı kimdir?" [Qui est Jamal Khashoggi, le
journaliste saoudien?], BBC Turkish, 23 octobre 2018. >>>
14-Ibid. >>>
~ 19 ~
Les trois composantes
du meurtre de Khashoggi
L'accès aux fichiers cachés
Khashoggi: Je ne pense pas que je pourrai rentrer chez moi. J'ai entendu
parler de l'arrestation d'un ami qui n'a rien fait méritant la prison. ... Il
avait peut-être fait un commentaire critique lors d'un dîner. C'est ce que
nous sommes en train de de-venir en Arabie Saoudite. Nous n'avons
jamais connu [cela].
L'Arabie Saoudite doit faire face aux dommages causés par les trois
dernières années de guerre au Yémen. Le conflit a envenimé les relations
du royaume avec la communauté interna-tionale, altéré la dynamique de
la sécurité régionale et porté at-teinte à sa réputation dans le monde
islamique.
L'Arabie Saoudite est dans une position unique pour simultané-ment
maintenir l'Iran hors du Yémen et mettre fin à la guerre dans des termes
favorables si elle change son rôle de faiseur de guerre en faiseur de paix.
L'Arabie Saoudite pourrait user de son influence et de son autorité au
sein des cercles occidentaux et doter les institutions et les mécanismes
internationaux des moyens néces-saires pour résoudre le conflit.
Toutefois, la voie vers la résolution du conflit se referme rapidement.
Plus cette guerre cruelle durera au Yémen, plus les dom-mages seront
irrémédiables. Le peuple yéménite sera occupé à lut-ter contre la
pauvreté, le choléra et la disette de l'eau, et à recons-truire son pays. Le
prince héritier doit mettre fin à la violence et restaurer la dignité du
berceau de l'Islam[3] .
Un jour, cette nation, comme toutes les autres, devra mettre en place
des réformes. Nous aussi, nous avons besoin de liberté, de transparence,
d'un État de droit, d'un premier ministre élu et d'un vrai parlement.
En conséquence, les Arabes vivant dans ces pays sont soit non
informés ou mal informés. Ils ne sont pas en mesure de traiter de
manière adéquate, et encore moins de débattre publiquement, des
questions qui concernent la région et leur vie quotidienne. Un discours
étatique gouverne la psyché publique, et bien que beau-coup ne le
croient pas, une grande majorité de la population est victime de ces
mensonges. Malheureusement, il est peu probable que cette situation
change.
2-www.bbc.co.uk/sounds/play/p06n9vww >>>
3-www.washingtonpost.com/news/global-opinions/wp/2018/09/11/saudi-arabias-crown-
prince-must-restore-dignity-to-his-country-by-ending-yemens-cruel-war/ >>>
4-www.washingtonpost.com/news/global-opinions/wp/2017/11/05/saudi-arabias-crown-
prince-is-acting-like-putin/ >>>
5-www.theguardian.com/commentisfree/2018/nov/05/jamal-khashog¬gi-coverage-victim-
saudi >>>
6-www.express.co.uk/news/world/1037378/Khashoggi-murder-news-saudi-arabia-chemical-
weapons-use >>>
7-www.globaltimes.cn/content/1123266.shtml >>>
8-Ibid. >>>
9-www.washingtonpost.com/opinions/global-opinions/jamal-khashoggi-what-the-arab-world-
needs-most-is-free-expression/2018/10/17/adfc8c44-d21d-11e8-8c22-
fa2ef74bd6d6_story.html >>>
~ Partie VI ~
quem ad modum
comment
La "une" de France Culture du 24 décembre 2019 rapportant
le simulacre de procès des assassins de Jamal Khashoggi
www.franceculture.fr/emissions/revue-de-presse-internationale/
la-revue-de-presse-internationale-emission-du-mardi-24-decembre-2019
~ 20 ~
Le projet secret
de Jamal Khashoggi
L'armée d'abeilles qui a piqué le prince héritier
Ayant toujours trouvé un espace pour publier ses écrits durant ses trente
ans de carrière journalistique, le dernier port d'attache de Khas-hoggi était le
prestigieux Washington Post. Les auteurs de ce livre ont lu de nombreux
récits et commentaires parus dans divers médias depuis sa mort. Voici notre
conclusion: l'une des histoires les plus marquantes sur le meurtre de
Khashoggi est parue le 17 octobre dans le Post, accompagnée de la
signature de Loveday Morris et Farid Zakaria. C'était une publica-tion
importante, car elle renfermait des informations essentielles sur le projet
secret sur lequel Khashoggi travaillait jusqu'à sa mort.
Le projet était baptisé «L'Armée des abeilles». Nous en avons appris plus
sur cette armée Twitter qui allait contrebalancer l'armée de trolls que
Saud Al-Qahtani, propagandiste du prince héritier saoudien Mohammed
ben Salmane, avait formée sous les ordres du dirigeant de facto du
Royaume, lors d'un entretien avec l'activiste canadien Omar Abdelaziz.
Nous donnerons également un aperçu de la cyberguerre entre MBS et les
critiques du régime saoudien qui sont en exil.
Début août 2018, j'ai appris que deux de mes frères, dont celui qui
était venu avec les messagers, et un groupe de mes amis avaient été
placés en détention. C'était une manière pour l'Arabie Saoudite de me
sommer de me taire.
Je n'ai pas obtempéré. Je ne l'ai pas fait et je ne me tairai pas. J'ai le
droit de continuer à les critiquer. À l'époque, je ne sa-vais pas que mon
téléphone avait été piraté. J'ai reçu un appel de Citizen Lab qui m'ont
confirmé que mon téléphone avait été pira-té. Ils m'ont informé que les
pirates informatiques savaient tout ce qu'il y avait sur mon téléphone.
Pour être honnête, je n'étais pas sûr à 100 %. Si j'y étais allé, ils
m'auraient soit tué, soit embrassé! Je ne peux pas vous donner une
réponse claire. Jamal était un des amis à m'avoir pré-venu de ne pas y
aller seul. Il m'a dit de toujours rencontrer les messagers de MBS dans
les endroits bondés.
J'ai partagé mon idée avec Jamal: «Nous devons former notre propre
armée. Mais pour cela, il nous faut de l'argent. Nous devons arrêter ces
gens. S'ils ont une armée, nous devons en avoir une aussi.» Il m'a
répondu qu'il allait me donner 5.000 $ dans un premier temps, et plus
[d'argent] plus tard, sans toutefois men-tionner un homme d'affaires en
particulier. Il m'a dit qu'on par-lerait beaucoup plus lorsqu'il viendrait
au Canada. J'ai dit «OK» et je me suis mis à attendre.
Ils ont dépensé des milliards de dollars pour un homme comme [le
président égyptien Abdel Fattah] Sisi. En 2013, ils lui ont donné plus de
100 milliards de dollars pour détruire la révolution et empêcher les
Frères musulmans de diriger le pays - parce qu'ils étaient alliés avec la
Turquie et le Qatar. Si Erdogan était opposé à la souveraineté de notre
nation, je lui dirais qu'il se trompe, mais Erdogan soutenait la Ligue
arabe. Tout se rapporte à la liberté. L'Égypte a presque les mêmes
ressources que la Tur-quie, mais regardez où en sont les deux pays. Ils se
trouvent dans des positions très différentes.
Vous avez dit que Jamal Khashoggi avait prévu de visiter le Canada.
Était-ce votre dernière conversation? Dans ce cas, a-t-il mentionné
quelque chose en particu-lier?
Non. Je n'ai pas parlé à ma mère depuis 4 mois. Mes deux frères et
mes amis sont en garde à vue. Pourquoi? Parce que je critique le
gouvernement. On reproche à Erdogan d'avoir em-prisonné ceux qui ont
participé à la tentative de coup d'État de juillet 2016. N'est-ce pas
ironique? Je ne prépare aucun plan se-cret. Je n'ai pas non plus appelé à
un changement de régime. Je l'ai seulement critiqué. Imaginez seulement
ce qui pourrait arri-ver si je réclamais un changement de régime[3] .
Les remarques des sénateurs ont révélé que Mme Haspel avait soit
directement déclaré à son auditoire que le prince héritier était politique-
ment responsable, soit partagé avec eux des informations qui ont permis aux
sénateurs de conclure à la culpabilité de MBS. Le Washington Post a
rapporté le 4 décembre que les sénateurs en question ont interprété les liens
entre MBS et l'assassinat de Khashoggi comme suit:
Les sénateurs sont sortis d'un huis clos inhabituel avec la directrice de la
CIA mardi et ont accusé le prince héritier saoudien de complicité dans le
meurtre du journaliste. Dans certaines de leurs plus fermes décla-rations à
ce jour, les législateurs ont affirmé que les preuves présentées par l'agence
d'espionnage américaine démontraient de manière écrasante l'implication du
prince héritier Mohammed ben Salmane dans l'assassi-nat. «Il n'y a pas de
preuve irréfutable - il y a une scie fumante», a déclaré le sénateur
Bien que les deux pays aient collaboré à l'enquête sur l'af-faire
Khashoggi, la relation américano-turque a été entachée par des
désaccords sur un certain nombre de questions allant de la Sy-rie au
désir de la Turquie d'acheter des systèmes de défense russes.
LE MANDAT D'ARRÊT
France Culture
24 décembre 2019
1-Selon CNN International, ces personnes se sont présentées sous les noms de Malek et
Abdullah. Ils ont dit à Abdelaziz qu'ils étaient en visite sur ordre de Salmane et ont
contourné les circuits traditionnels pour lui proposer un emploi. >>>
3-Transcription des déclarations d'Omar Abdelaziz aux auteurs le 3 décembre 2018. >>>
4-Cemal Kaşıkçı'yı Kaplan Takımı öldürdü iddiası " [L'équipe du Tigre aurait tué Jamal
Khashoggi], CNN Türk, 7 novembre 2018 >>>
5-Prensi kurtarma hamlesi" [Le geste pour sauver le prince], Yeni Şafak, 16 novembre
2018. >>>
6-Qahtani est un nom de famille répandu en Arabie Saoudite. Quatre hommes portant le
même nom sont mentionnés dans ce livre: un membre de la brigade de la mort, le
conseiller en propagande de Mohammed ben Salmane, le général des renseignements qui
aurait enquêté sur le meurtre de Khashoggi. >>>
7-www.nytimes.com/2018/11/04/world/middleeast/mckinsey-bcg-booz-allen-saudi-
khashoggi.html >>>
8-www.nytimes.com/2018/10/20/us/politics/saudi-image-campaign-twitter.html >>>
9-www.washingtonpost.com/world/national-security/cia-director-briefs-senators-on-saudi-
role-in-khashoggi-killing/2018/12/04/e6d6498c-f7d5-11e8-8d64-4e79db33382f_story.html
>>>
10-www.washingtonpost.com/politics/2018/12/04/gop-senators-come-out-say-it-trump-
administration-is-covering-up-khashoggis-killing/ >>>
11-Serdar Turgut, “MİT Başkanı Hakan Fidan ABD Kongresi’nde” [MIT President Hakan
Fidan at the U.S. Congress], Habertürk, 6 December 2018. >>>
12-Time dergisi Cemal Kaşıkçı'yı yılın kişisi seçti" [Le magazine Time nomme Jamal
Khashoggi personne de l'année], CNN Türk, 11 décembre 2018. >>>
14-"Suudi Arabistan, Türkiye'nin 2 şüpheliyle ilgili iade talebini reddetti" [L'Arabie Saoudite
rejette la demande turque d'extradition de deux suspects], Habertürk, 10 octobre 2018.
>>>
Étonnamment, ces 52 jours sont loin d'être le séjour le plus bref que
Khashoggi ait jamais effectué au sein d'un organisme de presse. Il a été
rédacteur en chef d'Al Arab, une chaîne de télévision basée à Bahreïn que
les autorités ont fermée après 11 petites heures. C'est le milliardaire saou-
dien Al-Walid ben Talal qui lui avait proposé ce poste. Khashoggi est
également intervenu en tant que commentateur sur diverses chaînes de
télévision internationales, dont MBC, BBC, Al Jazeera et Dubai TV.
libyen et s'est distanciée de lui. Une fois de plus, il est regrettable que le
peuple libyen soit confronté à sa solitude. En définitive, la révolution
libyenne a échoué et s'est retrouvée au point où elle en est aujourd'hui.
Certains disent que «la Turquie est notre ennemi parce qu'elle nous
traite injustement et qu'elle va stationner des troupes sur l'île de
Sawakin». Tout d'abord, cette information est erronée. Même le Soudan a
annoncé qu'il n'y avait pas d'accord militaire sur Sawakin.
Les Turcs sont-ils nos ennemis? Les Turcs ont protégé la Mer Rouge
et les Saintes Mosquées pendant plus de trois cents ans. Qui a protégé la
Sainte Mosquée contre les Portugais? Au XVIIème siècle, les Portugais
ont tenté de fouler le sol de Médine. Le sultan Sélim a formé une marine
et a construit des ports le long de la mer Rouge. Les Turcs sont des
nôtres. Ils font partie des ahl al-sunna et de la communauté [islamique].
Notre destin et le leur ne font qu'un. Alors pourquoi toute cette hostilité
contre les Turcs?
Nous rêvions du retour de la Turquie dans le giron arabe. Maintenant
que cela s'est produit, en sommes-nous tout à coup mécontents? Cela n'a
aucun sens. Erdogan a un jour déclaré que ceux qui ont renoncé à
Jérusalem ont renoncé aux saintes mos-quées. Je crois que cette
affirmation est juste. Après tout, Jérusa-lem est complémentaire des
saintes mosquées. Personne ne doit se sentir offensé par cette
affirmation. Elle est vraie. L'émir Mo-hammed doit dire que nous voyons
Jérusalem comme nous voyons les saintes mosquées, qu'il est un fils du
serviteur des saintes mos-quées et que, pour lui, Jérusalem ne peut être
séparée des saintes mosquées. Il doit dire que sa légitimité ne peut être
entière sans Jérusalem.
Au fil des ans, de nombreux écrits ont vu le jour [en Tur-quie] sur la
famille de Jamal Khashoggi, mais la plupart d'entre eux se rapportent à
la vie personnelle d'Adnan Khashoggi, l'oncle de Jamal et l'un des
hommes les plus riches du monde. Ayant constaté l'omission de la famille
Khashoggi et d'Adnan Khashog-gi en Turquie, je voulais partager
quelques rappels.
3-Cağıl Kasapoğlu, "Cemal Kaşıkçı neden Suudi Arabistan 'ın hedefiydi?" [Why Did Saudi
Arabia Target Jamal Khashoggi?], BBC Turkish, 23 octobre 2018. >>>
4-www.washingtonpost.com/opinions/global-opinions/jamal-khashoggi-chose-to-tell-the-
truth-its-part-of-the-reason-hes-beloved/2018/10/07/4847f1d6-ca70-11e8-a3e6-
44daa3d35ede_story.html >>>
5-Gazeteci Cemal Kaşıkçı'nın röportajı ortaya çıktı" [Un entretien avec le journaliste Jamal
Khashoggi fait surface], Timetürk, 20 octobre 2018. >>>
7-Murat Bardakçı, " La famille Khashoggi, ou Haşukci ", Habertürk, 15 octobre 2018. >>>
8-Mustafa Özcan, Karakutu [La Boîte Noire], Fikriyat, 11 octobre 2018. >>>
9-Kaşıkçı'nın dini nikahlı eşi ortaya çıktı" [La conjointe mariée religieusement à Khashoggi
se manifeste], Yeni Şafak, 18 novembre 2018. >>>
~ 22 ~
Les plaques d'identification
de l'escadron de la mort
LE MÉDECIN LÉGISTE
En avril 2015, le roi Salmane a signé un décret pour désigner son neveu,
Mohammed ben Nayef, comme prince héritier et son fils, le prince
Mohammed, comme prince héritier adjoint. À la fin de cette année-là, MBS
a rencontré le président Barack Obama, et a émergé comme une
personnalité plus marquante de la famille royale saoudienne. En effet, le
prince Mohammed est devenu le favori de Washington vers la même pé-
riode. Sous le gouvernement Trump, la Maison-Blanche a emboîté le pas à
Obama et a soutenu, tout comme le groupe terroriste PYD en Syrie,
Mohammed ben Salmane dans le Royaume.
Il est peu probable que le prince Mohammed prenne de tels risques tant
que la réaction mondiale à l'assassinat de Khashoggi, qui a ébranlé son
trône avant même qu'il ne puisse l'assumer, ne se sera pas dissipée. Il faut
dire que le prince héritier a des paradoxes bien plus importants à résoudre
que celui de la polygamie.
1-twitter.com/realdonaldtrump/status/927672843504177152 >>>
~ Postface~
Nous gardons l'espoir que les informations que nous avons fournies dans
cette enquête, divisée en plusieurs chapitres intitulés d'après les ques-tions
fondamentales du journalisme, aideront le public à mieux com-prendre le
meurtre de Khashoggi. Nous croyons que les chapitres sur le quoi, le où, le
comment et le pourquoi serviront plus efficacement cette fin que le reste.
Notre décision d'écrire ce livre a été motivée non seulement par la nature
unique de cette histoire de diplomatie, de renseignement et de crime, mais
aussi par le traitement inhumain que la victime a subi après sa mort. Les
Saoudiens, qui ont ainsi traité un de leurs citoyens, un être humain et père
de famille, ont bafoué toutes les valeurs hu-maines et religieuses. Ils n'ont
plus qu'une seule responsabilité: obtenir les aveux des suspects et
déterminer l'emplacement de la dépouille de Khashoggi - ce qui, à notre
avis, est la question la plus importante à la-quelle il reste à répondre - afin
d'atténuer quelque peu les souffrances de la victime.
à Istanbul,
Ferhat Ünlü
Abdurrahman Şimşek
Nazif Karaman
Ferhat Ünlü est né le 5 octobre 1975 à Adana, en Turquie. Il a obtenu
son diplôme de l'École de communication de l'Université d'Istanbul en
1997. Il est l'auteur des romans The Frozen Tear (2002), The Revenge of the
Shadow (2003), The Organization for the Elimination of the Impertinent
(2006), The Bad Novel (2011) et The Sacred Crypto (2017), ainsi que de
trois ouvrages d'investigation - The Susurluk Customs (2000), Eymür's
Mirror (2001) et Sadettin Tantan (2001). Il a débuté sa carrière de
journaliste à Yeni Şafak et a travaillé pour le magazine Weekly au sein du
journal Vatan en 2005-2007 avant de rejoindre le journal Sabah en janvier
2007. En 2009, il est devenu le rédacteur en chef de l'Unité spéciale de
renseignements nouvellement créée dans le journal. Il a animé les émissions
de télévision Renseignement et Analyse des nouvelles sur TVNet en 2012-
2016 et The Red Bulletin sur TRT Haber en 2018. Actuellement, il produit
et anime The Cosmic Table sur TGRT Haber tout en continuant à travailler
pour le journal Sabah, et intervient comme commentateur sur A Haber et
Habertürk.
ET SI LA MALADIE N'ÉTAIT
PAS UN HASARD ?
du Dr Thomas-Lamote
Quelques mois après son
divorce, une femme développe un cancer du sein. ° Un cadre supérieur vit
dans la hantise permanente de ne pas répondre aux attentes de la nouvelle
direction et se retrouve avec un ulcère à l'estomac. ° Après une rupture
sentimentale, un journaliste de 28 ans fait une crise cardiaque, inexplicable
du corps médical, illustrant parfaitement l'expression «avoir le coeur brisé».
° À l'âge de quatre ans, le chanteur Ray Charles assiste impuissant à la
noyade de son petit frère de trois ans. Six mois plus tard, il devient
totalement aveugle.
Une femme est invitée à quitter son poste du jour au lendemain pour être
remplacée par plus jeune qu'elle. En deux jours, elle développe une
infection. «Un directeur de banque vit une prise d'otage. Quelques mois
plus tard, un virulent cancer se développe. «Un enseignant vit dans la
crainte d'être muté et quelques jours après la nouvelle de la mutation, il fait
une hémorragie cérébrale. ° Une fois retraité, un diplomate de carrière entre
dans une dépression chronique.
À force de s'angoisser pour la santé de son mari au chômage, sa femme
finit par vivre plusieurs malaises. ° Un attaché commercial se découvre un
psoriasis à la suite d'un conflit de territoire avec l'un de ses collègues.
Et si la maladie n'était pas un hasard? Et si elle n'était que la réponse
organisée par notre corps pour compenser nos petites et grandes déceptions
émotionnelles de la vie? Après avoir examiné des milliers de patients, le Dr
Thomas-Lamotte, neurologue français, a développé une approche différente
des symptômes de ses patients: pour lui, la plupart des maladies que nous
développons ont pour origine une émotion inavouée et le simple fait de
comprendre ce mécanisme nous permettrait déjà de les éviter. L'expression
populaire: "s'en rendre malade "trouve dans ce livre sa plus belle illustration
avec les clés pour décoder nos déceptions et comment les empêcher d'agir
sur notre corps.
Extrait du livre:
Pourquoi un pharmacien qui ne voit que des malades tout au long de sa
journée, toute la semaine et même toute l'année, n'est-il pas plus souvent
malade? Pourquoi, après avoir vu en un jour 20 personnes terrassées par la
grippe, soit 100 en une semaine, un généraliste non vacciné ne l'attrape-t-il
pas non plus? Pourquoi cette personne qui n'a jamais fumé a-t-elle un
cancer des poumons, alors que ce fumeur invétéré qui grille sa cigarette
depuis 50 ans n'a rien? Pourquoi les femmes séparées ou divorcées sont-
elles la majorité des cancers du sein? Pourquoi tous les hommes ne font-ils
pas un cancer de la prostate?
Depuis mes premières années de médecine, je me suis intéressé aux
causes de la maladie. Mais après avoir examiné et parlé avec plus de 20.000
patients au cours de ma vie professionnelle, j'en suis arrivé à la conclusion
que la maladie n'est pas toujours l'effet d'une cause extérieure mais bien
celui d'une cause intérieure. À en croire les médias, je n'ai pas tort. Dans le
cas d'un attentat ou d'une catastrophe aérienne, les autorités mettent des
psychologues à disposition des survivants et de ceux qui ont perdu un être
cher, pour les aider à ne pas se rendre malades eux-mêmes... Quant à la
littérature, elle nous conte depuis l'aube des temps des histoires d'amour
dans lesquelles l'être délaissé meurt de chagrin. Si on peut empêcher une
victime de «s'en rendre malade», on peut sans doute empêcher un père de
famille de 45 ans de se rendre malade après avoir reçu sa lettre de
licenciement. Ça aussi c'est un trauma, même si cela semble banal. Lui
aussi aurait besoin d'un psychologue pour digérer son drame.
Le dogme et le conditionnement nous imposent de relier la maladie à une
cause extérieure, un virus, une bactérie, le tabac, le soleil, etc. Les
traitements de la médecine classique se résument à attaquer la maladie avec
des molécules: la dépression se combat par un anti-dépresseur; la douleur
ou inflammation par une molécule ant-algique ou anti-inflammatoire; les
bactéries par un anti-biotique; les cellules cancéreuses par des traitements
anti-mitotiques; la faiblesse par un médicament tonique (cardio-tonique,
veino-tonique), etc.
Ces batailles «molécule contre dérèglement moléculaire» donnent
souvent de brillants succès. Mais elles ne nous expliquent pas pourquoi
autant de femmes divorcées font un cancer du sein. S'il est possible
d'étudier cent malades ayant tous une tension artérielle élevée à 17/10, une
surcharge pondérale et un diabète, il est difficile d'étudier une cohorte de
cent veuves, de cent orphelins, de cent chômeurs longue durée ou de cent
femmes divorcées. Cela n'aurait pas de sens parce qu'on ne peut mesurer
l'impact du deuil vécu sur chaque personne ainsi que son histoire
émotionnelle.
LE RETOUR AU
STANDARD OR
du Pr. Antal Fekete
(livre est en format de lingot d'or)
«Les économistes actuels sont des charlatans, des bonimenteurs qui, tout
en se délectant de leur propre gloire, sont totalement incapables de prévoir
un effondrement financier, même quand ils le regardent fixement dans les
yeux, comme l'a montré leur misérable performance de 2007. Pire encore,
ils sont même totalement incapables d'admettre leurs propres erreurs. Ils
sont une malédiction jetée sur le corps politique et des verrues sur le corps
académique. Ils conduisent le monde vers un désastre monétaire et
économique sans précédent à la minute où je vous parle»
Pour le Pr Fekete, le système reposant sur la monnaie-papier est arrivé à
son terme, exactement comme les billets de banque de John Law ont
disparu en fumée sous Louis XV. Et il explique aussi pourquoi Nicolas
Sarkozy avait vendu l'or de la France de toute urgence alors que le cours
était au plus bas. Avec ce livre, vous allez également découvrir que
l'économie est quelque chose de très simple, mais que les pseudo-
économistes l'ont volontairement rendue compliquée, afin de cacher les
mécanismes de la monumentale escroquerie du dollar. Un livre exceptionnel
qui vous donne aussi les clés pour sauver votre épargne.
BLYTHE MASTERS
la banquière à l'origine de la crise mondiale, ce
qu'elle a fait, ce qu'elle va faire
de Pierre Jovanovic
Le début du livre:
Le premier a avoir imaginé un vrai credit default swap ( permutation de l'impayé ) n'est pas
Blythe Masters, ni les alchimistes de la Bankers Trust, mais bien l'écrivain français Honoré de
Balzac. Habitué à être poursuivi par les banquiers, donc par la force des choses à les fréquenter, il a
fini par comprendre leur véritable nature. Le credit default swap est donc, dans l'esprit d'avant-garde,
français. Grâce à la «permutation de l'impayé» moderne, Blythe Masters est devenue aujourd'hui la
femme la plus puissante ayant jamais vécu sur cette terre, et cela depuis l'invention de l'écriture.
Même si on additionnait toutes les richesses de Catherine la Grande, de la Reine Victoria, de
l'Impératrice Théodora, de Hatchepsout et de Catherine de Médicis, cela ne représenterait même pas
un quart de la puissance financière dont elle dispose. En d'autres temps, elle aurait été déifiée.
Aujourd'hui, la déesse des banquiers veut simplement passer inaperçue. Vous allez comprendre
pourquoi. Le rédacteur en chef des pages économie du New York Times, Joe Nocera, a publié en
décembre 2010 son livre sur «l'histoire cachée de la crise» dont le titre percutant est All the devils
are here, en français Tous les diables sont là. Curieusement, dans son ouvrage, non seulement il est
totalement passé à côté des rôles majeurs de Blythe Masters et du banquier-théoricien le plus influent
que les Etats-Unis aient jamais connu ( et que vous découvrirez ici ), mais en plus il s'est bien gardé
d'expliquer son titre qui laisse sous-entendre qu'un exorciste est attendu à Wall Street. Ceci est
confirmé d'ailleurs par le titre d'un autre livre, Devil's Casino, de la journaliste de Vanity Fair, Vicky
Ward. Pour Nocera, les grandes banques mondiales ont en effet mis au point un piège «diabolique»
de dettes, constituées de produits financiers dérivés, sachant qu'aujourd'hui, il n'existe pas assez
d'argent sur toute la planète, ni même dans la périphérie de Pluton, pour payer toutes les dettes en
cours et à venir, et qui s'accumulent depuis 2007 avec les faillites des premières banques de prêts
immobiliers. En effet, si vous pensez vraiment que la crise est derrière nous, sachez qu'il reste encore
«4,3 millions de maisons qui sont soit en retard de plus de 90 jours soit en cours de saisie» selon
LPS Applied Analytics dans leur rapport November 2010 Mortgage Performance Data1. Multipliez
4,3 millions par environ 200.000 dollars ( une estimation basse ) et vous obtenez 860.000.000.000
minimum, soit 860 milliards de dollars, de quoi faire sauter toutes les banques de la Terre, de Mars,
Vénus, Neptune et Pluton réunies. Depuis 2007, la permutation de l'impayé de Blythe Masters a très
bien fonctionné: elle est passée des petites banques aux grandes, puis des grandes aux banques
centrales, puis des centrales sur les méga banques comme le Fonds Monétaire International puisque
le vol des clients et des contribuables n'a pas suffi. Comme l'avait si bien noté le Pr. Nouriel Roubini
fin 2010, «Personne ne viendra de la planète Mars pour sauver les derniers sur la liste», les «super-
souverains», à savoir le FMI et la Banque Centrale Européenne. La banqueroute universelle est donc
inévitable, mais entre-temps le système veut à tout prix vous faire croire qu'il fonctionne
normalement, et cela afin que vous ne retiriez pas votre argent de la banque. Pourtant, Blythe Masters
a refusé des interviews à Newsweek, au Times, au Telegraph et même aux télévisions américaines et
anglaises. Normal: sa banque veut à tout prix que son nom reste dans l'ombre, que Blythe Masters
soit oubliée, et que son nom ne devienne jamais connu car le grand public ne comprendrait alors
qu'une chose, que la JP Morgan est la grande responsable de cette crise. C'est pour cela qu'après la
faillite de la banque Lehman Brothers, la femme qui a inventé les «armes financières de destruction
massive» n'a jamais été vue à la une de Newsweek, de Fortune ou de Forbes. Même le magazine
féminin Elle est passé à côté... Hélas, un article du Guardian de Londres l'a immortalisée à jamais
comme LA FEMME qui a déclenché la crise mondiale, et cela grâce au livre de Gillian Tett, une
journaliste visionnaire du Financial Times. Songez que le prestigieux Time Magazine avait dressé le
11 février 2009 la liste des «25 personnes responsables de la crise financière» et que son nom n'y
figurait même pas ! Ni sur la liste des «25 responsables» du quotidien britannique The Guardian,
légèrement différente de celle du Times. Et Dieu seul sait si tous les journalistes de ces deux titres
avaient remué ciel et terre pour avoir les noms des principaux acteurs de la crise. Incroyable ! Dès le
début, j'avais informé Blythe Masters que j'allais écrire ce livre, mais aussitôt, elle a reçu
l'interdiction de la direction de la communication de la JP Morgan de me parler. L'ayant surnommée
dans la Revue de Presse Internationale La Catherine de Médicis des Subprimes, et ayant lu à
l'antenne le poème acide d'un lecteur tombé fou amoureux d'elle ( jovanovic.com/blythe-
masters.htm ), cela n'avait manifestement pas plu à la banque, bien que l'humour anglais de Lady
Masters aurait dû apprécier la prose à sa juste valeur ( à terme ). J'ai décidé d'écrire ce livre après
avoir découvert la portée phénoménale de ses actions et surtout son rôle majeur ( bien que son nom
n'apparaissait quasiment nulle part en 2008 ) dans le déclenchement de la plus grande crise
économique que l'histoire de l'Humanité ait connue. Je crois d'ailleurs que depuis la fameuse Eve du
jardin d'Eden mythique, jamais aucune femme n'a eu une telle influence sur la destinée des hommes.
Avec une différence capitale cependant: contrairement à Eve, Blythe Masters est bien réelle, elle boit
de temps en temps des cocktails à base de gin, elle achète des grands appartements en Floride, court
dans Central Park, participe à des concours d'équitation, a un vrai petit jardin sur le toit de son
immeuble de Tribeca, bref elle est humaine et vit parmi nous dans cet espace-temps. Seul problème,
plus personne ne peut l'approcher aujourd'hui. Pourtant, c'est elle la véritable Eve, une Eve
furieusement moderne et cela parce que jeune, elle était «tombée amoureuse» de l'arbre des fruits
dérivés, fruits qu'elle offrit généreusement à tous les banquiers: «Je suis tombée amoureuse des
crédits dérivés en tant que concept» avait-elle déclaré au (SUITE DANS LE LIVRE)
La véritable histoire de la Révolution française de 1789 est avant tout une histoire financière,
celle d'une crise sans précédent lancée par un État ruiné par l'effort de guerre en Amérique et
surtout par les planches à billets ( Assignats et Mandats ) des révolutionnaires.
Andrew Dickson White, diplomate américain, a signé ici un livre extraordinaire car il raconte
comment les révolutionnaires se sont lancés dans l'usage intense de la planches à billets et
comment ils se sont heurtés au bon sens des Français qui se sont précipités sur les pièces d'or et
d'argent lorsque les Assignats ont commencé à perdre de leur valeur et que le prix du pain a
commencé à s'envoler. Ce fut un Weimar avant l'heure.
Ce livre est unique car il vous montre aussi que les révolutionnaires ont perdu tout crédit avec
l'usage abusif des planches d'Assignats puis de Mandats Nationaux. Cela a entraîné la France
vers l'abîme, sauvée in extremis par un jeune artilleur qui finira par prendre le pouvoir.
L'EFFONDREMENT DU DOLLAR
(ET DE L'EURO) ET
COMMENT EN PROFITER
de James Turk & John Rubino
«Une crise arrive et elle va causer l'effondrement des montagnes de dettes issues des crédits
donnés par toutes les banques centrales. Lisez ce livre et vous comprendrez comment vous protéger
tant qu'il reste un peu de temps» Robert R. Pretcher
Le dollar et l'euro ont de plus de plus de difficultés. L'euro a même failli exploser le 12 juillet
2011. La vraie dette des États-Unis est de 210.000 milliards de dollars. Celle de l'Europe n'est guère
mieux. Depuis sa création en 1917, le dollar a perdu 98% de sa valeur. Autrement dit, il ne reste que
quelques mois, au mieux quelques années avant l'effondrement final. Dans ce livre devenu culte,
deux spécialistes totalement visionnaires ont montré comment le dollar est arrivé au bord du
précipice, pourquoi il va continuer à plonger et comment vous pourrez profiter de la crise financière
qui en résultera, plutôt que d'en être les victimes. Publié bien avant la première crise de 2008, cet
ouvrage a effectivement sauvé tous ceux qui l'ont lu et qui ont suivi à la lettre les conseils qui y sont
exposés. Et plus que jamais, il est d'actualité avec la destruction constante de l'euro. Les États-Unis
sont devenus la nation la plus endettée du monde. Pour financer ses montagnes de dettes, la Réserve
Fédérale inonde le reste de la planète avec des dollars imprimés par des planches à billets devenues
hystériques: il a été imprimé plus de dollars au cours de ces 4 dernières années que depuis toute son
existence... L'Europe, elle, endette tous ses habitants sans vergogne pour sauver des banques et même
des pays entiers de la faillite comme la Grèce. En conséquence, la valeur du dollar, comme de l'euro,
continuera à baisser, diluée par des centaines de milliards de billets «Monopoly», et cela jusqu'à ce
qu'il perde intégralement sa qualité de référence mondiale. En même temps, la valeur des métaux
précieux ira en augmentant et l'or réclamera sa couronne de monnaie de référence mondiale et
historique, et cela au coeur même de la crise financière. James Turk, célèbre fondateur de la société
GoldMoney.com, et John Rubino, éditeur du site DollarCollapse.com, donnent des exemples précis
de stratégies de sortie de la monnaie papier. Le livre visionnaire qui a déjà sauvé des dizaines de
milliers de lecteurs.
LE GÉNIE DU CAPITALISME
de Howard Bloom
Ce livre franchit le fossé entre croyance et science. C'est un livre sur les miracles. Sur les miracles
séculiers. Sur les miracles matériels. Sur les miracles qui se dégagent de l'évolution, pas de dieux.
Miracles que la science doit être amenée à comprendre si elle veut être à la hauteur de sa mission,
une compréhension laïque de chaque phénomène dans cet univers. Mais est-ce que les miracles et le
capitalisme peuvent figurer ensemble dans un même livre? Oui. Absolument oui. Si vous et moi
étions nés en 1850, notre espérance de vie ne serait que de 38 lamentables années et demie. Si nous
sommes nés dans la sphère d'influence de la civilisation occidentale en l'an 2000, notre espérance de
vie passe alors à 78 ans. Deux vies pour le prix d'une. Une quarantaine d'années supplémentaires! Les
empereurs chinois avaient pour habitude de dépenser des fortunes chez des "experts" qui prétendaient
disposer de techniques pour prolonger la durée de vie. En fait certaines de leurs techniques
raccourcissaient leur vie car elles impliquaient l'usage de poisons. Mais le système occidental a
réalisé le miracle que les empereurs chinois avaient cherché. Et il ne l'a pas fait pour un seul être
humain, privilégié parmi les privilégiés, mais pour plus d'un milliard d'habitants. Et SEUL le système
capitaliste a réussi à le faire. Mais il y a plus. Chaque système de croyance qui fait appel à notre
idéalisme prétend qu'il va relever le pauvre et l'opprimé. Mais seul le système occidental a tenu cette
promesse. Comment? En 1850, si vous aviez été l'un des pauvres ouvriers les moins bien payés de
Londres, vous auriez alors été un docker d'origine irlandaise travaillant sur les quais pour 4.800
dollars par an; 4800 dollars pour nourrir votre femme et vos 5 ou 9 enfants. Mais si vous étiez le plus
pauvre des travailleurs de Londres en 2009, vous auriez été un assistant personnel et vous auriez
gagné près de 39.000 dollars par an. En d'autres termes, vous, le travailleur le moins bien payé en
2009, vous auriez gagné plus qu'un immeuble entier rempli de dockers de 1850. Le système
occidental a sorti tant de gens de la pauvreté que nous avons un nouveau nom pour désigner cette
masse des pauvres d'autrefois: on l'appelle la "classe moyenne". Aucun autre système n'a jamais pu
réussir de tels achèvements extraordinaires par sorcellerie. La civilisation chinoise ne l'a pas fait. La
civilisation islamique ne l'a pas fait. Quant au système marxiste, il a lamentablement échoué. Seul le
système occidental a réalisé ces miracles séculaires, ces miracles matériels. Des miracles qui ont
élevé l'esprit humain et qui ont considérablement élevé le QI moyen. Ce sont des miracles d'un tout
nouveau genre. Miracles que vous examinerez à travers les optiques brillantes de la science et de
l'histoire dans le Génie de la Bête. Qu'est-ce que le capitalisme a de commun avec tout cela? Il est le
métabolisme du système occidental. Un métabolisme qui fonctionne à merveille quand il est en
équilibre avec les autres éléments clés du système: le gouvernement et le mouvement de protestation.
Pourquoi notre économie s'est-elle effondrée en 2008? Pourquoi courrons-nous le danger d'avoir
d'autres effondrements aujourd'hui? Pourquoi une nouvelle période de prospérité est-elle inévitable?
Et que devons nous faire pour que notre système dépasse son grand rival chinois? Les réponses se
trouvent dans nos capacités à fabriquer des miracles. Les réponses sont dans les secrets du système
occidental. Les réponses sont dans ce livre.
ENQUÊTE SUR
LA LOI DU 3 JANVIER 1973
de Pierre-Yves Rougeyron
Enquête sur la Loi du 3 janvier est un livre choc. Il montre, point par point, comment la France a
été mise en esclavage par la dette avec juste un simple texte anodin. Il montre comment l'élite des
hautes fonctionnaires a renoncé, pas à pas, à la Nation française, à son âme et à son indépendance.
C'est l'histoire des manipulations successives, organisées et pilotées pour ne profiter qu'à une seule
entité: les banques privées. Grâce à cette loi, la France a été conquise sans bruit, sans une balle tirée
et sans aucune résistance: chaque semaine, ce sont 4 nouveaux milliards, empruntés par l'État pour
payer retraites, salaires et aussi... intérêts de la dette, qui s'ajoutent aux 1700 milliards déjà dus, alors
qu'au même moment 800 emplois industriels sont détruits chaque jour. Ce livre est le récit de la pire
trahison de l'Histoire de France. Il doit être lu par tous les Français.
«EXTREME MONEY»
La crise financière vécue et racontée de l'intérieur par
un trader de Wall Street un livre de Satyajit Das
L'avant-propos de l'auteur pour les lecteurs de la version française:
Dans la pièce En attendant Godot de Samuel Beckett, le critique littéraire irlandais Vivian
Mercier a remarqué que rien ne se passe deux fois de suite! Les personnages centraux, Vladimir et
Estragon, attendent Godot en vain.
En attente d'une reprise évasive, l'économie mondiale ressemble à l'intrigue absurde de Beckett.
La crise financière mondiale a été le résultat d'une accumulation excessive de la dette, des
déséquilibres commerciaux, des flux de capitaux et surtout de la financiarisation à outrance de
l'économie. L'ensemble a été soutenu par des structures politiques et sociales dépendantes d'une
consommation basée sur la dette et des niveaux croissants de titrisations. Depuis que ces problèmes
sont devenus évidents, les politiques ont eu du mal à stabiliser l'économie et le système financier. Le
physicien Niels Bohr a fait valoir que «Chaque grande et profonde difficulté porte en soi sa propre
solution. Elle nous oblige à changer notre façon de penser afin de la trouver». Malheureusement, les
politiciens et les décisionnaires n'ont pas été capables, ou n'ont pas voulu changer leur cadre de
référence. Les vraies solutions consistaient simplement à réduire la dette, à inverser les déséquilibres,
à diminuer la financiarisation de l'économie et à obliger les financiers à changer de comportement. À
court terme, ces mesures auraient entraîné une contraction économique importante, un niveau de vie
plus bas et des acquis sociaux réduits. À long terme, cela aurait débarrassé le système de ses dérives
insoutenables et de créer les bases pour la reprise. Mais plutôt que de résoudre les problèmes
fondamentaux, les politiques ont substitué les dépenses publiques financées par la dette d'Etat, ou par
les banques centrales, et ont amplifié l'arrivée d'argent frais par la planche à billets pour stimuler la
demande. Les politiciens et les universitaires utopistes ont espéré qu'une forte croissance et une
hausse de l'inflation permettrait de corriger les problèmes. Mais malgré un manque flagrant de
réussite, ils ont continué avec les mêmes programmes politiques. Ils avaient suivi les conseils de
Samuel Beckett à la lettre: «Jamais essayé. Jamais échoué. Peu importe. Essayer encore une fois.
Échouer à nouveau. Mais échouer "mieux"». Cinq ans plus tard dans la crise, les niveaux de dette des
principaux pays ont augmenté. Les déséquilibres mondiaux ont légèrement diminué mais à cause de
croissances économiques plus lentes. Des pays comme la Chine et l'Allemagne ont hésité à «gonfler»
leurs économies, s'éloignant ainsi de leur modèle basé sur l'exportation. Et les principaux
emprunteurs comme les Etats-Unis, ont refusé de réduire leurs dépenses et de mettre de l'ordre dans
leurs finances publiques. L'enthousiasme pour les changements fondamentaux sur le rôle des instituts
financiers s'est évanoui, en partie par crainte que la diminution de crédit amènerait avec elle une
croissance économique plus faible. Les politiciens pensent que leur cocktail de mesures peut
fonctionner, et utilisent un jargon impénétrable, des mathématiques obscures et des idéologies
fatiguées pour dissimuler leurs échecs et leurs limites. Il n'est pas du tout clair comment
l'augmentation des emprunts du gouvernement et l'usage de la planche à billets (le politiquement
correct Quantitative Easing) peuvent rétablir la santé de l'économie. L'une des propositions a été une
"chasse au trésor" où l'argent a été enterré et la population invitée à le retrouver et le dépenser.
D'autres propositions comprenaient des limites de temps mises sur l'usage de l'argent qui perdrait
toute sa valeur s'il n'était pas dépensé avant une date imposée. Il semble l'Argent Extrême soit devenu
encore plus extrême. Les gouvernements ont montré bien peu d'empressement à révéler au public
l'ampleur des problèmes économiques, le manque de solutions et le coût des éventuelles mesures
correctives. Pour paraphraser Alexander Soljenitsyne, pour les politiques «le mensonge permanent
[est devenu] la seule forme sûre d'existence». Mais les citoyens normaux, un peu partout dans le
monde, se sont rendus compte de la situation et savent maintenant que ce sera à eux de payer les
coûts de la crise financière. Et ils craignent un marché de l'emploi en baisse, des salaires de misère et
la perte de leurs économies, globalement de voir une baisse radicale de leur niveau de vie. Les plus
fragiles craignent de devenir ce que le poète Rainer Maria Rilke a appelé le peuple «à qui ni le passé,
ni l'avenir n'appartiennent». Le risque de pannes économiques, sociales, politiques et internationales
rappelant les années 1920 et 30 est réel. Un déficit de démocratie est désormais aussi grave que les
déficits budgétaires et commerciaux. De précieux capitaux politiques et économiques ont été
gaspillés. L'inadéquation des solutions politiques avec des effets secondaires toxiques sont toujours
poursuivies, ce qui diminue les chances d'une reprise. Chesterton a écrit «Ce n'est pas qu'ils ne
peuvent pas voir la solution, en fait c'est qu'ils ne peuvent voir le problème». Au début de la crise, le
choix a toujours été «la douleur maintenant» ou «une agonie prolongée plus tard». Maintenant, face
à problèmes économiques écrasants, ainsi que des questions d'environnement et de la rareté des
ressources, les politiques ne peuvent plus rien offrir hormis de petits soins palliatifs. Dans le roman
Le soleil se lève aussi de Hemingway, un personnage, à qui on a demandé comment il avait fait
faillite, répond: «De deux façons: petit à petit, puis d'un seul coup». C'est une description précise de
la trajectoire économique actuelle.
Les neurologues de l'University of California de San Diego ont annoncé en 1997, avec beaucoup
de courage, qu'ils venaient tout juste de découvrir dans le cerveau humain une zone «qui pourrait être
spécialement conçue pour entendre la voix du Ciel». Avec des recherches spécialement élaborées
pour tester cette zone, les médecins ont établi que certaines parties du cerveau, le lobe temporal droit
pour être exact, s'harmonisent avec la notion d'Etre suprême et d'expériences mystiques... Ils ont donc
baptisé cette zone «le module de Dieu», précisant qu'elle ressemblait à un véritable «mécanisme
dédié à la religion». Si bien des scientifiques furent ravis de cette découverte, l'un d'eux, Craig
Kinsley, neurologue à l'University of Virginia de Richmond, fit cette remarque pleine de bon sens:
«Le problème est que nous ne savons pas si c'est le cerveau qui a créé Dieu ou si c'est Dieu qui a créé
le cerveau. Néanmoins, cette découverte va vraiment secouer les gens». Je comprenais parfaitement
ce qu'il voulait dire. Dans mes trois livres précédents sur les expériences aux frontières de la mort,
j'avais déjà identifié le lobe temporal droit comme l'emplacement de ce point de contact entre
l'homme et Dieu. C'est là qu'Il semble habiter en chacun de nous, dans une zone au potentiel illimité
et inexploité que j'appelle le «Point de Dieu» ou le «Point Divin» ; il permet aussi bien la guérison du
corps que le déclenchement de visions mystiques, de capacités médiumniques et d'expériences
spirituelles inoubliables. En clair, le lobe temporal droit nous permet d'interagir directement avec
l'Univers. Bien que les événements vécus au cours d'une expérience aux frontières de la mort ( EFM)
soient considérés aujourd'hui comme notre dernière communication et interaction avec la vie, il
semble que rien ne puisse être aussi inexact. L'EFM est seulement une expérience spirituelle qui se
déclenche lorsqu'on meurt. Mais en étudiant ces expériences, nous avons appris que chaque être
humain possède ce potentiel biologique pour interagir avec l'univers et ce à n'importe quel moment
de sa vie.
Pour cela, nous devons simplement apprendre à activer notre lobe temporal droit, là où habite
Dieu. En tant que pédiatre, j'ai vu ce qui se passait lorsque cette zone était activée chez les enfants
passés «de l'autre côté». J'ai aussi remarqué combien ils étaient marqués à vie par leur expérience: ils
devenaient plus équilibrés non seulement au niveau mental et physique, mais aussi au niveau
spirituel ! Ils mangeaient une nourriture plus saine, obtenaient de meilleurs résultats scolaires et
possédaient plus de maturité que leur camarades. Ils sont conscients de lien avec l'Univers alors que
la plupart de leurs camarades ignorent jusqu'à son existence. Ces enfants ont même le sentiment
absolu d'avoir une tâche à accomplir sur terre. Ils ne craignent plus la mort. Mieux, ils suivent en
permanence leurs intuitions et savent qu'ils peuvent retrouver cette présence divine aperçue dans leur
EFM à tout moment, sans être obligés de mourir à nouveau. «Une fois que vous avez vu la lumière
de l'autre côté, si vous essayez, vous pouvez la revoir» m'a dit l'un de mes jeunes patients. «Elle est
toujours là pour vous» .
Où se trouve le Point de Dieu ? Ne le cherchez pas dans un livre d'anatomie, la science médicale
contemporaine ne le reconnaît pas, pas plus qu'un autre d'ailleurs, comme étant celui de Dieu. En fait,
les livres classiques de neurologie décrivent le lobe temporal droit simplement comme étant le
«décodeur», l'interprète de nos souvenirs et de nos émotions. Dans ce livre, nous allons montrer que
le lobe temporal droit fonctionne plutôt comme une zone «surnaturelle» procurant des capacités
d'auto-guérison, de télépathie et surtout de communication avec le divin. Comme ces capacités sont
«paranormales», elles sont donc controversées ( suite dans le livre )
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Dépôt Légal: septembre 2020
e-ISBN : 9782369990024
N° d'édition SDK2020031001
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