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Développements limités - MIPC

Pr. Jamal El Amrani


Comparaison locale des fonctions
Définition 1. Soit f une fonction définie sur un voisinage de x0 , ( x0 fini
ou non).
1. On dit que la fonction f est un infiniment petit au voisinage de x0 si
lim f (x) = 0.
x→x 0

2. On dit que la fonctions f est un infiniment grand au voisinage de x0 si


lim f (x) = ±∞.
x→x 0

Exemples 1. 1. La fonction x 7−→ xn est un infiniment petit au voisinage


de 0, elle tend vers 0 d’autant plus vite que n est plus grand.
1
2. La fonction x 7−→ x
est un infiniment grand au voisinage de 0.

Définition 2. Soient f et g deux fonctions définies sur un voisinage d’un


point x0 ∈ {±∞}.
1. On dit que f est négligeable devant g au voisinage de x0 , et on écrit
f = o(g), si f (x) = g(x)ε(x), avec ε une fonction telle que lim ε(x) =
x0 x→x0
0.
2. On dit que f est dominée par g au voisinage de x0 et on écrit
f = O(g), si f (x) = h(x)g(x) avec h une fonction définie et bornée au
x0
voisinage de x0 .

Remarque 1. 1. Si g ne s’annule pas au voisinage de x0 alors,


f (x) f
f = o(g) ⇐⇒ lim = 0 et f = O(g) ⇐⇒ est bornée.
x→x0 g(x) g

2. Si g = 1 c’est à dire g(x) = 1 au voisinage de x0 , alors :

f = o(1) ⇐⇒ lim f (x) = 0 et f = O(1) ⇐⇒ f est bornée au voisinage de x0 .


x0 x→x0 x0

Exemples 2. 1. Si n > m , xn = o(xm ), xm =



O(xn ).
0
2. ln(x) = o(x).

3. sin(x) = o(x) , sin(x) = O(x).
∞ 0

Propriètés 1. Soient f, g et h des fonctions définies au voisinage de x0 .


1. f = o(g) et g = o(h) =⇒ f = o(h) (o est transitive).
2. f = o(g) et h = o(g) =⇒ f + h = o(g).
3. f = o(g) et h = o(k) alors, f h = o(gk).

1
2

4. Si f = o(g) au voisinage de x0 , et si f et g ne s’annulent pas, alors


1
g
= o( f1 ) au voisinage de x0 .
5. f = O(g) et h = O(k) alors, f h = O(gk).
Exemple 3. Au voisinage de +∞, et quels que soient les réels strictement
positifs α, β, γ :
ealphax = o(x−β ), x−β = o((ln x)−γ ).
Propriètés 2. Formulaire quand x tend vers 0 :
– si m > n, xm = o(xn ) et o(xm ) = o(xn ).
– si m > n, o(xn ) + o(xm ) = o(xn + xm ) = o(xn ).
– si λ 6= 0, λo(xn ) = o(λxn ) = o(xn ).
– xn o(xm ) = o(xn+m ).
– o(xn )o(xm ) = o(xn+m ).
– (o(xn ))m = o(xnm ).
Exemple 4. Considérons la fonction (1 + x + o(x))2 = (1 + x + xε(x))2
avex ε une fonction définie au voisinage de 0 telle que lim ε(x) = 0. On a,
x→0
(1 + x + o(x))2 = 1 + x2 + (o(x))2 + 2x + 2o(x) + 2xo(x). En utilisant les
règles ci-dessus, on obtient
(1 + x + o(x))2 = 1 + x2 + o(x2 ) + 2x + o(x) + o(x2 )
= 1 + 2x + o(x2 ) + o(x2 ) + o(x) + o(x2 )
= 1 + 2x + o(3x2 ) + o(x) = 1 + 2x + o(x) + o(x2 )
= 1 + 2x + o(x).
Il ne sert à rien de mettre des précisions plus grandes du type x2 ou o(x2 )
car elles n’ajoutent aucune information sur la fonction.
On a, o(x) + x2 = o(x) = o(x) + 12x3 = o(x) + 7o(x2 ) = .... Toutes les
écritures sont correctes, mais la dernière est celle qui nous donne de façon
la plus simple l’information.
Par la définition directe,
(1 + x + o(x))2 = 1 + x2 + (o(x))2 + 2x + 2o(x) + 2xo(x)
= 1 + 2x + x2 + x2 ε2 (x) + 2xε(x) + 2x2 ε(x)
= 1 + 2x + x(x + xε2 (x) + 2ε(x) + 2xε(x)) = 1 + 2x + xε1 (x),
avex ε1 (x) = x + xε2 (x) + 2ε(x) + 2xε(x) et donc
lim ε1 (x) = lim (x + xε2 (x) + 2ε(x) + 2xε(x)) = 0.
x→0 x→0

D’où, (1 + x + o(x))2 = 1 + 2x + o(x).


3

Fonctions équivalentes
Définition 3. On dit que deux fonctions f et g sont équivalentes au voisinage
de x0 , et on écrit f ∼
x0
g, s’il existe une fonction h définie sur un voisinage
de x0 telle que :

f (x) = g(x)h(x) et lim h(x) = 1.


x→x0

Remarque 2. La définition est équivalente à :


f ∼ g s’il existe une fonction ε définie au voisinage de x0 telle que f = (1+ε)g
x0
lim ε(x) = 0.
avec x→x
0

Remarques 3. 1. Si g ne s’annule pas dans un voisinage de x0 , la rela-


tion f ∼x0 g est équivalente à la propriété : lim fg(x)
(x)
= 1.
x→x0

2. Si lim f (x) = ` et ` 6= 0 alors f ∼ `.


x→x0 x0

Exemples 5. 1. Nous avons les équivalences suivantes :

x2
sin x ∼ x, ln(1 + x) ∼ x, 1 − cos x ∼ ex − 1 ∼ x.
0 0 0 2 0

2. Soit P le polynôme de degré n donné par : P (x) = an xn + an−1 xn−1 +


· · · + a0 , avec an 6= 0. On a : P (x) ∼ an xn . En effet :
+∞

an−1 a0
P (x) = an xn (1 + + ··· + n
) = an xn h(x) et lim h(x) = 1.
an x an x x→+∞

Théorème 1. La relation f ∼x0


g définie sur l’ensemble des fonctions définies
au voisinage de x0 est une relation d’équivalence.

Propriètés 3. 1. Si f1 ∼ g1 et f2 ∼ g2 alos, f1 f2 ∼ g1 g2 .
x0 x0 x0
1
2. Si f et g ne s’annule pas en un voisinage de x0 alors, f ∼
x
g ⇐⇒ ∼ 1.
f x0 g
0

3. Si f ∼
x
lim g(x) = ` alors, x→x
g et x→x lim f (x) = `.
0 0 0

Remarque 4.
)
f 1 ∼ g1
on n’a pas en général,f1 + f2 ∼ g1 + g2 ni f1 − f2 ∼ g1 − g2 .
f 2 ∼ g1

De même f ∼ g ; uof ∼ uog.


4

Exemples 6. 1.
2
∼ x + x3

x + x
0
x ∼ x,
0

mais (x + x2 ) − (x) n’est pas équivalente à (x + x3 ) − (x) au voisinage


de 0.
2.
cos(x) ∼ 1


0
1 ∼ 1,
0

mais (1 − cos(x)) n’est pas équivalente à 1 − 1 = 0 au voisinage de 0.


3. Si f (x) = x2 + 1 et g(x) = −x2 + x + 1 on a : f (x) ∼ f1 (x) = x2 et
+∞
g(x) ∼ g1 (x) = −x2 . Mais f (x) + g(x) = x + 2 et f1 (x) + g1 (x) = 0.
+∞
D’où f + g non équivalente à f1 + g1 .
4. On ne peut pas non plus composer des équivalents : ainsi on a par
exemple
f (x) = x + x2 ∼ g(x) = x2
+∞

x+x2
mais, e ex2 = ex tend vers + ∞ quand x tend vers + ∞.
D’où ef non équivalente à eg .

Application :
. Calculer lim 1−cos(x)
tan2 (x)
.
x→0
x2 sin(x)
On sait que 1 − cos(x) ∼ 2
, tan(x) = ∼ x
cos(x) 0 1
= x. Alors, tan2 (x) ∼ x2 ,
0 0
1−cos(x) 2
donc ∼ x
tan2 (x) 0 2x2
= 1
2
. D’où,

1 − cos(x) 1
lim 2 = .
x→0 tan (x) 2
x) sin x
. Calculer lim (1−cos
x2 Log(1+x)
.
x→0
On sait que : 1 − cos x ∼ 12 x2 , sin x ∼ x et ln(1 + x) ∼ x.
0 0 0
x3 1 (1−cos x) sin x 1
Alors, f (x) ∼ 2x3 = 2 , d’où lim x2 Log(1+x) = 2 .
0 x→0
e2x +x2
. Calculer lim ex +x3 .
x→0
2x +x2 2
On a : e + x2 ∼ e2x car lim e e2x
2x
= lim 1 + ex2x = 1. Aussi,
+∞ x→+∞ x→+∞
2x
ex + x3 ∼ ex , d’où f (x) ∼ eex = ex . Par suite lim f (x) = +∞.
+∞ +∞ x→+∞
5

Formules de Taylor
Soient f : I → R une fonction, dérivable autant de fois que nécessaire
sur l’intervalle I, a un point de I et m un entier. La formule de Taylor à
l’ordre m permet d’approcher f (x), pour x voisin de a, par un polynôme de
coefficients f (a), f 0 (a), ...., f m (a) et de x.

Théorème 2 (Formule de Taylor-Lagrange). Soit f une fonction de classe


C n sur [a, b]. Alors il existe c ∈]a, b[ tel que :

(b − a) 0 (b − a)n−1 (n−1) (b − a)n (n)


f (b) = f (a) + f (a) + · · · + f (a) + f (c)
1! (n − 1)! n!

Cette formule est appelée formule de Taylor d’ordre n − 1. Le dernier


terme est appelé reste ou reste de Lagrange.

Preuve. Considérons la fonction g définie sur [a, b] par :

(b − x) 0 (b − x)n−1 (n−1) (b − x)n M


g(x) = f (b) − f (x) − f (x) − · · · − f (x) − ,
1! (n − 1)! n!

où
(b − a)n (n)
!
b−a 0 (n + 1)!
M = f (b) − f (a) + f (a) + . . . + f (a) × .
1! n! (b − a)n+1

Puisque f est de classe C n−1 , alors g est continue sur [a, b] et dérivable sur
]a, b[. De plus g(a) = g(b) = 0, donc on peut appliquer le Théorème de Rolle
à g : il existe c ∈]a, b[ tel que g 0 (c) = 0. On a :
!0
(b − x)k (k) −k(b − x)k−1 (k) (b − x)k (k+1)
f = f + f (x)
k! k! k!
−(b − x)k−1 (k) (b − x)k (k+1)
= f + f (x),
(k − 1)! k!

alors,

(b − x)2 (3)
g 0 (x) = −f 0 (x) + f 0 (x) − (b − x)f 00 (x) + (b − x)f 00 (x) − f (x)
2!
−(b − x)n−2 (n−1) (b − x)n−1 (n) (b − x)n−1
− ... − f + f (x) + M
(n − 2)! (n − 1)! (n − 1)!
(b − x)n−1 (n) (b − x)n−1
= −(b − x)f 00 (x) + · · · − f (x) + M.
(n − 1)! (n − 1)!
6

Après simplifications, on trouve :


(b − x)n−1
g 0 (x) = [M − f (n) (x)].
(n − 1)!
Or ; g 0 (c) = 0, donc M = f (n) (c) car b − c 6= 0. En outre, g(a) = 0 d’où le
résultat.
Remarques 5. 1. Le Théorème reste vrai même si b < a. En effet, la
démonstration précédente ne fait intervenir aucune des conditions b <
a ou b > a. De plus, on a : g(a) = g(b) = 0.
2. En prenant b = a + h alors, ]a, b[=]a, a + h[. Le nombre c est souvent
désigné par a + θ(b − a) = a + θh avec θ ∈]0, 1[. On a donc,
h2 00 hn−1 hn
f (a + h) = f (a) + hf 0 (a) + f (a) + ... + + f (n) (a + θh).
2! (n − 1)! n!
Comme conséquence immédiat du théorème (2) ci-dessus on a la formule
de Taylor Mac-Laurin :
Théorème 3 (Formule de Taylor-Mac-Laurin). Soit f une fonction de classe
C n sur [0, x]. Alors il existe θ ∈]0, 1[ tel que :
x 0 xn−1 (n−1) xn
f (x) = f (0) + f (0) + · · · + f (0) + f (n) (θx).
1! (n − 1)! n!
Preuve. On applique le Théorème ci dessus avec a = 0 et b = x.
Exemple 7. Soit f (x) = ex , pour tout n ∈ N, f (n) (x) = ex . Donc pour tout
x ∈ R on a :
x2 xn−1 xn
ex = 1 + x + + ··· + + eθx , 0 < θ < 1.
2! (n − 1)! n!
La formule de Taylor est applicable aux polynômes de degré n. Ils sont
infiniment dérivables et la dérivée d’ordre n + 1 est identiquement nulle. On
peut remarquer que si :
p(x) = a0 + a1 x + a2 x2 + ... + an xn ⇒ p(0) = a0
p0 (x) = a1 x + 2a2 x + 3a3 x2 ... + nan xn−1 ⇒ p0 (0) = a1
p00 (x) = 2a2 + 3 × 2a3 x... + n(n − 1)an xn−2 ⇒ p00 (0) = 2!a2
p000 (x) = 3 × 2 × 1a3 + ... + n(n − 1)(n − 2)an xn−3 ⇒ p000 (0) = 3!a3
·········
On a donc bien :
0p00 (0) 2 p(n) (0) n
p(x) = p(0) + p (0)x + x + ... + x
2! n!
7

Théorème 4 (Formule de Taylor-Young). Soit f une fonction de classe C n


sur un voisinage I de x0 . Alors pour tout x ∈ I on a :
(x − x0 ) 0 (x − x0 )n (n)
f (x) = f (x0 ) + f (x0 ) + · · · + f (x0 ) + (x − x0 )n ε(x),
1! n!
lim ε(x) = 0.
où ε une fonction définie sur I telle que x→x
0

Preuve. Appliquons la formule de Taylor d’ordre n à la fonction f sur [x0 , x]


(on suppose x0 < x). Alors, il existe cx ∈]x0 , x[, tel que
n−1
X (x − x0 )p (p) (x − x0 )n (n)
f (x) = f (x0 ) + f (cx )
p=0 p! n!
n
X (x − x0 )p (p) (x − x0 )n (n) (x − x0 )n (n)
= f (x0 ) + f (cx ) − f (x0 )
p=0 p! n! n!
n
(x − x0 )p (p)
f (x0 ) + (x − x0 )n ε(x).
X
=
p=0 p!

f (n) (cx ) − f (n) (x0 )


avec, cx = x0 + θ(x − x0 ), 0 < θ < 1 et ε(x) = .
n!
(n) (n)
On a bien : lim ε(x) = 0 car lim f (cx ) = f (x0 ).
x→x0 x→x0

Remarque 6. Puisque ε(x) tend vers 0 en x0 , f (x) est équivalente au voi-


sinage de x0 au polynôme en x suivant
(x − x0 ) 0 (x − x0 )n (n)
f (x0 ) + f (x0 ) + · · · + f (x0 ).
1! n!
Théorème 5 (Formule de Maclaurin-Young). Soit f une fonction de classe
C n sur un voisinage I de 0. Alors pour tout x ∈ I on a :
(x) 0 (x)n (n)
f (x) = f (0) + f (0) + · · · + f (x) + xn ε(x),
1! n!
où ε une fonction définie sur I telle que lim ε(x) = 0.
x→0

x2 xn
Exemple 8. ex = 1 + x + + ··· + + xn ε(x).
2! n!
Remarque 7. La différence essentielle entre ces formules est que la formule
de Taylor-Young est d’utilisation locale, c’est à dire pour h petit, alors que
la formule de Taylor-Lagrange est utilisable sur le segment [a, a + h] même
si h n’est pas petit.
8

Développements limités
Définition 4. Soient f : I −→ R une fonction et n ∈ N∗ .
1. On dit que f admet un développement limité (D.L) d’ordre n au voisi-
nage de a, s’il existe un polynôme de degré ≤ n et à coefficients réels,

P (x) = a0 + a1 (x − a) + a2 (x − a)2 + · · · + an (x − a)n

tel que :
f (x) = P (x) + (x − a)n ε(x − a),
où ε est une fonction telle que lim ε(x − a) = 0.
x→a

2. On dit f admet un développement limité à l’ordre n au voisinage de


l’infini (noté DLn (+∞) ou DLn (−∞)) si f peut s’écrire sous la forme :

a1 an 1
f (x) = a0 + + ... + n + o( n ).
x x x

Le polynôme P (x) est appelé partie principale du D.L. de f et


(x − a)n ε(x − a) le reste du D.L.

Remarques 8. 1. On dit que f admet un développement limité D.L


d’ordre n au voisinage de 0 si,

f (x) = a0 + a1 x + a2 x2 + · · · + an xn + xn ε(x).

2. On peut se ramener toujours au voisinage de 0 en posant X = x − x0


ou X = x1 , si l’on est au voisinage de x0 respectivement de ±∞.
3. f (x) ∼ P (x).
0

lim f (x) n’existe pas alors f n’admet pas de D.L. au voisinage de


4. Si x→x
0
x0 .
5. Dans la suite on notera par o(xn ) toute fonction f telle que

f (x)
lim = 0.
x→0 xn

En particulier, si lim ε(x) = 0, on notera xn ε(x) par o(xn ) et ε(x) par


x→0
o(1).
9

1
Figure 1 – Fonction x 7−→ 1−x et ses D.L. en 0 jusqu’à l’ordre n = 5

1
Exemple 9. Soit f (x) = 1−x
. Pour x 6= 1 on a :

1 − xn+1 1 x
1 + x + x2 + · · · + xn = = − xn .
1−x 1−x 1−x
Par suite f admet un D.L. d’ordre n au voisinage de 0 :
1
= 1 + x + x2 + · · · + xn + xn ε(x).
1−x

Théorème 6. Si f admet un D.L. d’ordre n au voisinage de 0, alors ce D.L.


est unique.
Démonstration. Si f admet deux D.L. d’ordre n au voisinage de 0, alors

f (x) = a0 + a1 x + a2 x2 + · · · + an xn + xn ε1 (x), lim ε1 (x) = 0


x→0

f (x) = b0 + b1 x + b2 x2 + · · · + bn xn + xn ε2 (x), lim ε2 (x) = 0


x→0

Soit k le plus petit entier tel que ak 6= bk , alors :

0 = (ak − bk )xk + · · · + (an − bn )xn + xn (ε1 (x) − ε2 (x)).

Ainsi, pour x 6= 0, on a :

(ak − bk ) + · · · + (an − bn )xn−k + xn−k (ε1 (x) − ε2 (x)) = 0.

D’où, si on fait tendre x vers 0, on obtient : ak − bk = 0. Ce qui est absurde.


D’où le résultat.
10

Pour les développements limités en a et en 0, on utilise la formule de


Taylor-Young pour a et la formule de Mac-Laurin pour 0. On a alors le
Théorème suivant.
Théorème 7. 1. Soit f est de classe C n sur un voisinage de 0. Alors f
admet un D.L. d’ordre n au voisinage de 0 donné par :
f 0 (0) f 00 (0) 2 f (n) (0) n
f (x) = f (0) + x+ x + ... + x + xn ε(x),
1! 2! n!
avec, lim ε(x) = 0.
x→0
2. Soit f est de classe C n sur un voisinage de a. Alors f admet un D.L.
d’ordre n au voisinage de a donné par :
f 0 (0) f 00 (0) f (n) (0)
f (x) = f (a)+ (x−a)+ (x−a)2 +...+ (x−a)n +(x−a)n ε(x−a),
1! 2! n!
lim ε(x − a) = 0.
avec, x→a
Remarques 9. 1. La formule de Mac-Laurin-Young exige l’existence de
(n)
f (0), alors que le D.L. peut exister sans que f soit dérivable en 0.
En effet ; considérons la fonction :
f (x) = 2 + x + x2 + x3 ln |x|.
On voit bien que f n’est pas définie au point 0, donc elle n’est pas
dérivable en ce point. Par contre :
f (x) = 2 + x + x2 + x2 ε(x),
où ε(x) = x ln |x| et lim ε(x) = 0. Donc f admet un D.L. d’ordre 2 au
x→0
voisinage de zéro.
2. Si f est continue en 0 et possède un D.L. d’ordre 1 au voisinage de
0 alors f est dérivable en 0. Par conséquent la fonction f (x) = |x|
n’admet pas de D.L. d’ordre 1 au voisinage de 0 car elle est continue
et n’est pas dérivable en 0.
3. Si f possède un D.L. d’ordre ≥ 1 au voisinage de 0 alors f admet une
limite finie en 0. Par conséquent toute fonction qui n’admet pas une
limite finie en 0 n’admet pas de D.L. au voisinage de 0.
4. Soit f une fonction continue en 0. Alors f admet un D.L. d’ordre 1 en
0 si et seulement si la dérivée première f 0 (0) existe. Par contre, si f est
continue en 0, alors l’existence, au voisinage de 0, d’un D.L. d’ordre
n > 1, n’entraı̂ne pas l’existence de f (n) (0) ni même l’existence d’autres
dérivées que f 0 (0).
11

Proposition 1. Soit f une fonction admettant un d.l. d’ordre n au voisinage


de 0.
1. Si f est paire, son D.L. ne contient que des monômes de degrés pairs.
2. Si f est impaire, son D.L. ne contient que des monômes de degrés
impairs.

Démonstartion. f est paire si et seulement si ∀x ∈ Df on a : −x ∈ Df et


f (−x) = f (x).
f est impaire si et seulement si ∀x ∈ Df on a : −x ∈ Df et f (−x) = −f (x).
Par exemple f est paire. Alors,

f (−x) = a0 − a1 x + ... + an (−1)n xn + (−1)n xn ε(x) = f (x).

D’après l’unicité de D.L. on a : ai = (−1)i ai , ∀i = 0, 1, ..., n. D’où ai = 0 si


i est impair.

Exercice 1. Faire la démonstration dans le cas où f est une fonction im-
paire.

Développements limités usuels :


En utilisant la formule de Mac-Laurin-Young , on obtient les développe-
ments limités des fonctions usuelles au voisinage de 0 :

x2 xn
ex = 1 + x + + ··· + + xn ε(x)
2 n!
ln(a) (ln(a)) 2
(ln(a))n n
ax = 1 + x+ x2 + · · · + x + xn ε(x)
1! 2! n!
α(α − 1) . . . (α − n + 1) n
(1 + x)α = 1 + αx + · · · + x + xn ε(x)
n!
1
= 1 + x + x2 + · · · + xn + xn ε(x)
1−x
1
= 1 − x + x2 + · · · + (−1)n xn + xn ε(x)
1+x
x2 xn
ln(1 + x) = x − + · · · + (−1)n−1 + xn ε(x)
2 n
2 4
x x x2n
cos(x) = 1 − + + · · · + (−1)n + x2n ε(x)
2 4! (2n)!
3 5
x x x2n+1
sin(x) = x − + + · · · + (−1)n + x2n+1 ε(x).
3! 5! (2n + 1)!
12

Exercice 2. Ecrire les développements limités au voisinage de 0 à l’ordre n


de :
√ 1 1
1 + x; ; √ .
1+x 1+x

Exemple 10. Calculer le D.L. au voisinage de 1 d’ordre n de f (x) = ex .


On pose u = x − 1 et g(u) = f (u + 1) on obtient

1 1
 
u+1
g(u) = e u
= ee = e 1 + u + u2 + · · · + un + un (u) ,
2 n!

donc le D.L. de ex au voisinage de 1 est :

1 1
 
e = e 1 + (x − 1) + (x − 1)2 + · · · + (x − 1)n + (x − 1)n (x − 1) .
x
2 n!

Exemple 11. Calculer le D.L. au voisinage de 2 d’ordre 3 de f (x) = x.
On pose u = x − 2 et g(u) = f (u + 2) on obtient :

√ √ ru √  1 1 1 3

g(u) = u+2= 2 + 1 = 2 1 + u − u2 − u ε(u) ,
2 4 32 128

donc le D.L. de x au voisinage de 2 à l’ordre 3 est :

√ √  1 1 2 1 3 3

x = 2 1 + (x − 2) − (x − 2) − (x − 2) + (x − 2) (x − 2) .
4 32 128

Exemple 12. Calculer le D.L. d’ordre 3 au voisinage de ∞ de

x
f (x) = .
x−1

On pose u = x1 et g(u) = f ( u1 ), on se ramène alors au calcul du D.L. de g(u)


au voisinage de 0. On a

1
g(u) = = 1 + u + u2 + u3 + u3 ε(u).
1−u

Par suite donc le D.L. de f (x) au voisinage de ∞ est

1 1 1 1 1
f (x) = 1 + + 2 + 3 + 3 ε( )
x x x x x
13

Développements limités généralisés ;


Soit f une fonction définie dans un voisinage de zéro, sauf peut-être en 0.
Si f n’admet pas de limite finie en 0 elle ne peut avoir de D.L. au voisinage de
0. Mais il peut exister un entier naturel m tel que la fonction g(x) = xm f (x)
tende vers une limite finie quand x → 0 et admette un D.L. au voisinage de
0:
xm f (x) = a0 + a1 x + a2 x2 + · · · + an xn + xn ε(x),
dans ce cas on a :
1
f (x) = m
(a0 + a1 x + a2 x2 + · · · + an xn ) + xn−m ε(x).
x
Cette dernière expression s’appelle développement limité généralisé de f au
voisinage de 0 d’ordre n − m.
1
Exemple 13. La fonction f (x) = , n’admet pas de limite finie en 0,
x − x2
1
donc elle n’admet pas de D.L. au voisinage de 0. Mais xf (x) = possède
1−x
un D.L. au voisinage de 0. Par exemple à l’ordre 3 on a

xf (x) = 1 + x + x2 + x3 + x3 (x),

d’où le D.L. généralisé de f au voisinage de 0 d’ordre 2 est


1
f (x) = + 1 + x + x2 + x2 (x).
x

Opérations sur les développements limités :


Soient f et g deux fonctions ayant des développements limités d’ordre n
au voisinage de 0 :
f (x) = a0 + a1 x + a2 x2 + · · · + an xn + xn ε1 (x) = P (x) + xn ε1 (x),
g(x) = b0 + b1 x + b2 x2 + · · · + bn xn + xn ε2 (x) = Q(x) + xn ε2 (x).

Développement limité d’une somme :


La somme f + g admet un D.L. d’ordre n au voisinage de 0 donné par :
f (x) + g(x) = (a0 + b0 ) + (a1 + b1 )x + · · · + (an + bn )xn + xn (ε1 (x) + ε2 (x))
= P (x) + Q(x) + xn ε(x),
avec ε = ε1 + ε2 .
14

Développement limité d’un produit :


On a :

f (x)g(x) = P (x)Q(x) + xn [P (x)ε2 (x) + Q(x)ε1 (x) + xn ε1 (x)ε2 (x)].

Donc le produit f g possède un D.L. d’ordre n au voisinage de 0 obtenu en


supprimant du polynôme P (x)Q(x) les monômes de degré > n .

Exemples 14. 1. Déterminons le D.L. à l’ordre 3 au voisinage de 0 de


ln(x + 1)
h(x) = .
1−x
1
Posons : f (x) = ln(x + 1) et g(x) = 1−x
. On a :

x 2 x3 1
ln(1 + x) = x − + + x3 ε(x) et = 1 + x + x2 + x3 + x3 ε(x).
2 3 1−x
Donc :
ln(x + 1) x2 5x3
=x+ + + x3 ε(x).
1−x 2 6
2. Déterminons le D.L. à l’ordre 4 au voisinage de 0 de :

f (x) = [ln(x + 1)]2 .


h i
x x2 x3
On a : ln(1 + x) = x 1 − 2
+ 3
− 4
+ x3 ε(x)) . Donc
" #2
2 2 x x2 x3 11 4 4
[ln(x+1)] = x 1− + − + x3 ε(x) = x2 −x3 + x +x ε(x).
2 3 4 12

Développement limité d’un quotient :


Rappelons le résultat suivant (division des polynômes suivant les puis-
sances croissantes.) Soient A et B des polynômes de R[X] et soit n un entier
naturel. Si B(0) 6= 0 , il existe un unique polynôme tel que
(
A − BQ est divisible par X n+1
Q = 0 ou deg Q ≤ n.

Le polynôme Q est le quotient à l’ordre n de la division de A par B selon les


puissances croissantes. Pour calculer Q, on écrit les polynômes A et B dans
l’ordre croissant des puissances de X et l’on pratique la division en s’arrêtant
lorsque X n+1 est en facteur dans le reste.
15

Proprièté 1. Soient f et g des fonctions ayant pour développement limité à


l’ordre n au point 0

f (x) = A(x) + xn ε(x) et g(x) = B(x) + xn ε(x).

f
Si le nombre g(0) = B(0) est non nul, le développement limité de g
à l’ordre
n au point 0 est
f (x)
= Q(x) + xn ε(x)
g(x)
où Q est le quotient à l’ordre n de la division de A par B selon les puissances
croissantes.

Démonstration. Ecrivons A − BQ = X n+1 R où R est un polynôme. En


notant f (x) = A(x) + xn ε1 (x) et g(x) = B(x) + xn ε2 (x), il vient

f (x) − g(x)Q(x) = A(x) − B(x)Q(x) + xn ε1 (x) − xn Q(x)ε2 (x)

= xn+1 R(x) + xn ε1 (x) − xn Q(x)ε2 (x)

= xn (xR(x) + ε1 (x) − Q(x)ε2 (x)) .


f (x)
En divisant par g(x), on obtient g(x)
− Q(x) = xn ε3 (x) où la fonction

1
ε3 (x) = (xR(x) + ε1 (x) − Q(x)ε2 (x))
g(x)

tend vers 0 d’après les théorèmes sur les limites. Puisque Q est un polynôme
nul ou de degré inférieur ou égal à n, l’égalité fg(x)
(x)
= Q(x) + xn ε3 (x) est le
développement limité de fg à l’ordre n au point 0.

Régle : la partie régulière du D.L. de fg , avec lim g(x) 6= 0, s’obtient en


x→0
prenant le quotient de la division suivant les puissances coissantes de la partie
régulière de f par la partie régulière de g jusqu’à l’ordre n.

Exemple 15. Déterminons le D.L. à l’ordre 3 au voisinage de 0 de

ln(x + 1)
h(x) = .
1−x

Utilisons cette fois-ci la division suivant les puissances croissantes.


16

x2 x3
x− 2
+ 3
1−x
−x + x2
x2 5x3
x+ 2
+ 6
x2 x3
2
+ 3
2 x3
− x2 + 2

5x3
6

On retrouve alors le résultat précédent.

Exemple 16. Déterminons le D.L. à l’ordre 5 au voisinage de 0 de la fonc-


tion :
sin(x)
tan(x) = .
cos(x)
Au voisinage de 0, les d.ls. de sin(x) et de cos(x) à l’ordre 5 s’écrivent :
1 1 5 1 1
sin(x) = x − x3 + x + x5 ε(x) et cos(x) = 1 − x2 + x4 + x5 ε(x)
6 120 2 24
La division suivant les puissances croissantes nous donne :

x − 16 x3 + 1
120
x5 1 − 12 x2 + 1 4
24
x
1 3 1 5
−x + 2
x − 24 x
x + 13 x3 + 2 5
15
x
1 3 1 5
3
x − 30
x
− 31 x3 + 16 x5

2 5
15
x

D’où, tan x = x + 13 x3 + 2 5
15
x + x6 ε(x).

Développement limité d’une composée :


Si g(0) = 0 alors, la fonction composée, f ◦ g admet un D.L. d’ordre n au
voisinage de 0 obtenu en ne conservant que les monômes de degré ≤ n dans
17

le polynôme P ◦ Q. En effet :

(f ◦ g)(x) = a0 + a1 [g(x)] + · · · + an [g(x)]n + [g(x)]n ε1 ([g(x)])

g(x) = x(b1 + b2 x + · · · + bn xn−1 + xn−1 ε2 (x)).


Exemple 17. Calculer le D.L., à l’ordre 3 au voisinage de 0, de
q
h(x) = 1 + ln(1 + x).

On a : h(x) = (f ◦ g)(x) avec f (x) = 1 + x, g(x) = ln(1 + x) et g(0) = 0.
On sait que,

x2 x 3
ln(1 + x) = x − + + x3 ε(x)
2 3
√ 1 1 2 1
1 + x = 1 + x − x + x3 + x3 ε(x).
2 8 16
Par suite,
q
h(x) = 1 + ln(1 + x)
1 1 1
= 1 + [g(x)] − [g(x)]2 + [g(x)]3 + x3 ε(x)
2 8 16
" # " #2
2 3
1 x x 1 x2 x3
=1+ x− + − x− + + x3 ε(x)
2 2 3 8 2 16
1 3 17
= 1 + x − x2 + x3 + x3 ε(x).
2 8 48
Remarque 10. Si g(0) = b0 6= 0 on pose g1 (x) = b0 − g(x) et
f1 (x) = f (b0 − x), on obtient f1 ◦ g1 (x) = f ◦ g(x) et g1 (0) = 0, il suffit alors
de calculer le D.L. de f1 ◦ g1 .

Intégration d’un développement limité :


Théorème 8. Si f est dérivable sur un voisinage de zéro, et si f 0 admet un
D.L. au voisinage de zéro d’ordre n de partie régulière p(x). Alors la fonction
f admet un D.L. d’ordre n + 1 au voisinage de zéro de partie régulière :
Z x
f (0) + p(t)dt.
0

Démonstration. Nous avons

f 0 (x) = p(x) + xn ε(x).


18

Posons ϕ(x) = f 0 (x) − p(x) = xn ε(x). La fonction ϕ est continue, elle admet
des primitives. Soit
Z x
φ(x) = f (x) − f (0) − p(t)dt.
0

La fonction φ est dérivable au voisinage de 0 et d’après le théorème des


Accroissements Finis il existe θ dans ]0, 1[, tel que :
φ(x) = xφ0 (θx) = xϕ(θx) = xn+1 ε(θx) = xn+1 ε1 (x).
Soit Z x
f (x) = f (0) + p(t)dt + xn+1 ε(x).
0

Exemple 18. On a :
1
(arctgx)0 = 2
= 1 − x2 + x4 + · · · + (−1)n x2n + x2n+1 (x).
1+x
Ainsi, le D.L. au voisinage de 0 d’ordre 2n + 1 de arctgx est :

1 1 (−1)n 2n+1
arctgx = x − x3 + x5 + · · · + x + x2n+2 (x).
3 5 2n + 1

Comme conséquence immédiate de ce théorème, on déduit le corollaire


suivant.

Dérivation d’un développement limité


Corollaire 1. Si f est dérivable en 0 et f 0 admet un D.L. d’ordre n − 1 au
voisinage de 0, alors :
f 0 (x) = a1 + 2a2 x + 3a2 x2 + · · · + nan xn−1 + xn−1 (x).
Remarques 11.
1. Toujours développer toutes les fonctions au même ordre.
2. Lorsque vous calculez un développement limité, disposez clairement les
calculs de manière à ne pas oublier de termes lorsque vous ferez des
sommes, des composées ou des divisions selon les puissances croissantes.
Chacune de ces opérations est simple, mais il peut y en avoir plusieurs
à effectuer.
3. N’écrivez pas les monômes de degré trop grand dont on sait d’après les
théorèmes qu’ils n’interviendront pas dans le résultat final.
19

Applications des développements limités :


Calculs des limites :
Lorsqu’on veut calculer une limite et que les théorèmes généraux ne s’ap-
pliquent pas parce qu’on a affaire à une forme indéterminée, un dévelop-
pement limité permet généralement de trouver la réponse. Présentons cette
technique essentielle sous forme d’exemples et d’exercices.
sin(x − x)
Exemple 19. Calculons la limite, quand x tend vers 0, de f (x) = .
x2 (ex − 1)
x3 3 x −x3
On a sin(x) = x − + x (x), e = 1 + x + x(x). Donc f (x) ∼ 0 3 , par
6 6x
1
suite limx→0 f (x) = − 6 .
1 1
Exemple 20. Calculons la limite, quand x tend vers 0, de f (x) = 2 − 2.
3
sin x x
x2 −sin2 x x2 −[x− x ]2
On a f (x) = (x sin(x)2
∼0 (x sin x)62
4
x
4
x2 −[x2 − x ] 1
∼0 (x sin x)23 ∼0 x34 = 13 , donc lim f (x) = .
x→0 3
arctg(x)−x
Exemple 21. Calculons la limite, quand x tend vers 0, de sin(x)−x cos(x)
. On
3 x3 x2
a arctg(x) − x = −x3 + x3 ε1 (x), et sin(x) − xcos(x) = (x − 6
) − x(1 − 2 ) +
x3 ε2 (x). On en déduit

arctg(x) − x
→ −1 lorsque x → 0.
sin(x) − x cos(x)

Rappelons que pour étudier une forme indéterminée fg(x)


(x)
pour x → a, on
se ramènera au cas a = 0 en posant x = a + u, et en étudiant pour u → 0 la
f (a + u)
quantité . Quand on cherche limx→+∞ fg(x)
(x)
, on se ramènera encore
g(a + u)
1
1 f( )
à une étude au voisinage de 0, en posant x = , et en étudiant u 1 pour
u g( )
u
u → 0, et u > 0.

Exemple 22. Calculons, si elle existe, la limite quand x tend vers + ∞ de


1 1
(1 + x2 ) 6 − x 3
x 1 1 .
(1 + x) 3 − x 3
20

En utilisant la formule (1 + u)α = 1 + αu + uε(u) avec limu→0 ε(u) = 0, on


a:  1   
2 61 1 1 1
(1 + x ) − x 3 = x 3 1 + x2 − 1 = x 3 1 + 6x12 + x12 1 (x) − 1
1 6

1
 
= x 3 6x12 + x12 ε1 (x) .
De même :  1   
1 1 1
(1 + x) 3 = x 3 1 + x1 3 − 1 = x 3 1 + 1
3x
+ x1 ε2 (x) − 1
1
 
1
= x 3 3x + x1 ε2 (x)
où limx→+∞ ε1 (x) = limx→+∞ ε2 (x) = 0. On en déduit :
1
 
1 1 1 1
(1 + x2 ) 6 − x 3 x3 6x2
+ ε (x)
x2 1
1
+ ε1 (x)
6
x 1 1 =x 1
  = 1 .
(1 + x) − x3 3 x 3
1
+ 1
ε 2 (x) 3
+ ε2 (x)
3x x

Ce qui montre que la limite existe et vaut 21 .

Exemple 23. Calculons, si elle existe, la limite quand x tend vers 0 de


1
(cos(x)) x2

C’est une forme indéterminée de la forme 1∞ . On écrit


1 1
(cos(x)) x2 = e x2 ln(cos(x)) .
1
On est ramené à l’étude de ln(cos(x)) pour x → 0. C’est une forme indé-
x2
terminée 00 . Effectuons un D.L. à l’ordre 2 de ln(cos(x)) (pour x → 0).
(
ln(1 + u) = u + uε1 (u)
u = cos(x) − 1 = −x2 + xε2 (x)

où limx→+∞ ε1 (x) = limx→+∞ ε2 (x) = 0. En composant les d.ls., on obtient :


!
−x2 −1 −x2
 
ln(cos(x)) = + x2 ε2 (x) + x2 + ε2 (x) = + x2 ε3 (x)
2 2 2

où limx→+∞ ε3 (x) = 0. D’où :


1 1 1 1
lim ln(cos(x)) = − et lim (cos(x)) x2 = √ .
x→0 x2 2 x→0 e

Exemple 24. Calculer limx→1 1+x√x1+x−e ln chx


sin x . Le numérateur et le dénomi-

nateur tendent vers 0, il convient donc de chercher leur développement limité


21

à un ordre suffisant pour que les fonctions


√ polynômes obtenues ne soient pas
nulles. Le développement limité de 1 + x à l’ordre 2 au point 0 est
√ 1 1
1 + x = 1 + x − x2 + x2 (x).
2 8
Le développement limité de sin(x) au point 0 et à l’ordre 3 est sin(x) =
x − 16 x3 + x3 ε(x) et celui de la fonction exponentielle est ex = 1 + x + 12 x2 +
1 3
6
x + x3 ε(x). En composant ces développements limités, nous obtenons :
1
esin(x) = 1 + x + x2 + x2 (x).
2

Notons D(x) = 1 + x 1 + x − esin(x) le dénominateur de l’expression ; il vient
le développement limité à l’ordre 3 :
1 1 1
   
D(x) = 1 + x + x2 − x3 − 1 + x + x2 + x3 (x).
2 8 2
1
= − x3 + x3 (x).
8
Le premier terme non nul de la partie polynôme étant de degré 3, calculons
également à l’ordre 3 le développement limité du numérateur. Pour cela il suf-
fit de calculer le développement limité à l’ordre 2 de ln chx. Nous connaissons
les développements limités à l’ordre 2 :
x2 1
chx = 1 + + x2 ε(x) et ln(x + 1) = x − x2 + x2 (x).
2! 2
En composant ces développement limités, ce qui est possible car ch(0)−1 = 0,
on trouve
1
ln chx = ln(1 + (chx − 1)) = x2 + x2 ε1 (x)
2
où limx→0 ε1 (x) = 0. Nous avons alors
x ln chx x3 ( 12 + ε1 (x)) 1
2
+ ε1 (x)
= 3 −1 = −1 .
D(x) x ( 8 ) + (x) 8
) + ε(x)
Dans la dernière expression, le numérateur tend vers 12 quand x tend vers 0
et le dénominateur tend vers −18
, donc la limite cherchée est égale à −4.
 1 1
x
2 x +3 x
Exemple 25. Calculer la limite de f (x) = 2
quand x tend vers
+∞.
Solution : Posons
1
 x
1 2 + 3x x

g(x) = f ( ) =
x 2
22

x x
et cherchons la limite de g(x) quand x tend vers 0. Quand x tend vers 0, 2 +3 2
0 0
tend vers 2 +32
= 1 et l’exposant 1
x
tend vers l’infini. Nous sommes en pré-
sence d’une forme indéterminée. Rappelons que si a est un nombre réel po-
sitif, on a par définition ax = ex ln a pour tout x. Nous avons donc pour tout
x
2x = e(x ln 2) et 3x = e(x ln 3) .
Pour calculer la limite de g(x), prenons le logarithme
1 2x + 3x 1
ln g(x) = ln( ) = ln(h(x)).
x 2 x
x x
où h(x) = 2 +3
2
.Ecrivons le développement limité de la fonction h à l’ordre
1 au point 0, on a
e(x ln 2) = 1 + x ln 2 + xε(x)
e(x ln 3) = 1 + x ln 3 + xε(x)
donc il vient
1  (x ln 2)  ln 2 + ln 3
h(x) = e + e(x ln 3) = 1 + x + xε(x)
2 2
ln 6 √
=1+ + xε(x) = 1 + (ln 6)x + x(x).
2
Puisque nous connaissons le développement limité de ln(x + 1) au point 0,
écrivons
ln h(x) = ln (1 + (h(x) − 1)) = ln (1 + u(x))
où u(x) = h(x) − 1 a pour√limite 0 quand x tend vers 0. Or ln(x + 1) =
x + xε(x) et u(x) = (ln 6)x + xε(x). En composant ces développements
limités, on obtient

ln h(x) = ln(1 + u(x)) = (ln 6)x + x(x).
√ √
Il vient ln g(x) = x1 ln h(x) = ln 6 + (x) c’est à dire limx→0 ln g(x) = ln 6.
En composant avec la fonction exponentielle qui est continue sur R, nous
obtenons enfin
√ √
lim f (x) = lim e(ln g(x)) = eln 6 = 6.
x→+∞ x→0

Exemple 26. Calculer  x


1 1
a +b 
x x
lim  ,
x→+∞ 2
où les réels a et b vérifient : 0 < a < b.
23
2
1 n
 
Exemple 27. Calculer la limite de la suite de terme général un = cos .

n
Solution : La limite se présente sous la forme indéterminée 1 . En prenant
1
le logarithme, on obtient la suite de terme général ln un = n2 ln cos dont
n
nous allons calculer la limite. Le développement limité de cos x − 1 à l’ordre
x2
2 au point 0 est cos x − 1 = − + x2 ε(x) et celui de ln(1 + x) est ln(1 + x) =
2
x2 2
x− + x ε(x). Nous pouvons composer ces développements limités, ce qui
2
donne
x2
ln cos x = ln(1 + (cos x − 1)) = − + x2 ε(x)
2
1
où limx→0 ε(x) = 0. Remplaçons x par dans cette égalité et posons εn =
n
1
ε( n ). Nous obtenons
1 1 1
ln cos = − 2 + 2 εn .
n 2n n
Puisque n tend vers +∞, la suite n1 a pour limite 0, donc (propriété de la
fonction ε) la suite εn a pour limite 0. En passant à la limite, on obtient
limn→+∞ ln un = 12 . Puisque la fonction exponentielle est continue sur R, il
vient
1 1
lim un = e− 2 = √ .
n→+∞ e

Calcul des dérivées niemes : en un point :


Pour une fonction f qui est de classe C n , pour un certain entier n ≥ 1,
admet un d.l. à l’ordre n au point a qui s’écrit :

f ”(a) f (n) (a)


f (x) = f (a)+f 0 (a)(x−a)+ (x−a)2 +· · ·+ (x−a)n +(x−a)n (x).
2! n!
Si l’on peut calculer ce d.l., alors on déduit les valeurs des dérivées
f 0 (a), f ”(a) · · · f (n) (a).

Exemple 28. Calculer la valeur en 0 des quatres premières dérivées de


cos x cos x
2
. Posons f (x) = et cherchons le d.l. de f à l’ordre
1+x+x 1 + x + x2
4 au point 0. Puisque le d.l. de cos x à l’ordre 4 au point 0 est cos x =
x2 x4
1− + + x4 (x), nous devons calculer le quotient à l’ordre 4 de la
2! 4!
x2 x4
division euclidienne suivant les puissances croissantes de 1 − + par
2! 4!
24

1 + x + x2 . On trouve ainsi
1 23
f (x) = 1 − x − x2 − x4 + x4 (x).
2 24
La fonction f est classe C 4 , par conséquent le d.l. de f à l’ordre 4 au point 0
est aussi
f ”(a) f 000 (a) f (4) (a)
f (x) = f (a)+f 0 (a)(x−a)+ (x−a)2 + (x−a)3 + (x−a)4 +(x−a)4 (x).
2! 3! 4!
D’après l’unicité du d.l., on déduit des égalités ci dessus que :
f 0 (0) f ”(0) 1 f ”0 (0) 3 f (4) (0) 23
f (0) = 1, = −1, =− , = , =− .
1! 2! 2 3! 2 4! 24
On a donc f 0 (0) = −1, f ”(0) = −1, f (3) (0) = 9, f (4) (0) = −23.

Calcul des coefficients d’une décomposition en éléments


simples d’une fraction rationnelle :
Lorsque on décompose en éléments simple une fraction rationnelle dans
R[X], on se retrouve face au problème de calcul des coefficients réels de cette
décomposition. Plusieurs techniques ont été étudiées et appliquées en algèbre.
Ici on va voir comment les d.ls. permettent de trouver ces constantes pour
quelques fractions particulières. Illustrons ce propos sous forme d’exemples
et d’exercices.
Exemple 29. Décomposons la fraction rationnelle F (X) =
−5X 3 + 2X 2 − 8
sur R.
X 3 (X − 1)
Solution : Le théorème de décomposition sur R permet d’écrire
A1 A2 A3 A4
F (X) = + + + .
X3 X2 X X −1
Où les quatres coefficients A1 , A2 , A3 , A4 sont inconnues et à trouver. On peut
appliquer les techniques appris en algèbre pour calculer ces coefficients, mais
regardons de près ce qui ce passe quand on multiplie F par X 3 .
−5X 3 + 2X 2 − 8
X 3 F (X) = = A1 + A2 X + A3 X 2 + X 2 × XF1 5X),
X −1
A4
où la fraction F1 (X) = X−1 est définie au voisinage de 0. Cette dernière
égalité est donc le d.l. à l’ordre 2 au voisinage de zéro de
−5X 3 + 2X 2 − 8 8 − 2X 2 + 5X 3
= .
X −1 −X + 1
25

Donc on calcul les trois coefficients A1 , A2 et A3 en effectuant un d.l. de


X 3 F (X) en 0 à l’ordre 2, grâce à l’unicité du d.l.. On a

8 − 2X 2 + 5X 3
= (8 − 2x2 )(1 + X + X 2 ) + X 2 (X),
−X + 1
avec (X) tend vers 0 quand X tend vers 0. D’où

8 − 2X 2 + 5X 3
= 8 + 8X + 6X 2 + X 2 (X),
−X + 1
donc A1 = 8 A2 = 8 et A3 = 6. Par suite
8 8 6 −11
F (X) = + 2+ + .
X 3 X X X −1
Le dernier coefficient A4 est obtenu par les méthodes habituelles.
Exemple 30. Soit la fraction rationnelle
(X 2 − X + 1)2
F = .
X 3 (X − 1)3
1. Comparer F (X) et F (1 − X). En déduire des relation entre les coeffi-
cients intervenant dans la décomposition en éléments simple de F.
2. Donner le d.l. à l’ordre 2, au voisinage de zéro, de la fonction
(x2 − x + 1)2
g(x) = .
(X − 1)3

3. En déduire la décomposition en éléments simples de la fraction ration-


nelle F .
Solution :
1. La fraction admet 0 et 1 comme pôle triples. Sa décomposition en élé-
ments simples est de la forme (voir cours d’algèbre pour plus de préci-
sions).
a1 a2 a3 b1 b2 b3
F (X) = + 2+ 3+ + + .
X X X X − 1 (X − 1)2 (X − 1)3
De cette écriture on déduit la relation F (1 − X) = F (X) et l’unicité de
la décomposition en éléments simples d’une fraction rationnelle permet
d’affirmer que :

b1 = −a1 ; b 2 = a2 ; b3 = −a3 .
26

2. On a

g(x) = −(1−2x+3x2 −2x3 +x4 )(1−x)−3 = −(1−2x+3x2 +x2 (x))(1+3x+6x+x2 (x)).

Soit
g(x) = −1 − x − 3x2 + x2 (x).
3. On a g(x) = x3 F (x), donc

2 x3 x3 x3
g(x) = a1 x + a2 x + a3 + b1 + b2 + b3 .
x−1 (x − 1)2 (x − 1)3
Le d.l. de la fonction g à l’ordre deux en zéro s’écrit sous la forme

g(x) = a1 x2 + a2 x + a3 .

De l’unicité du d.l. d’une fonction en un point, on déduit que

−3 = a1 ; −1 = a2 ; −1 = a3 .

Enfin les considérations de la question 1 donnent

b1 = 3; b2 = −1; b3 = 1.

Finalement
−3 −1 −1 3 −1 1
F (X) = + 2+ 3+ + + .
X X X X − 1 (X − 1)2 (X − 1)3

Exemple 31.
1. Déterminer le d.l. à l’ordre 5 au voisinage de 0 de la fonction x 7−→
x4 + x3 + 1
.
(1 + x2 )2
2. le but de cette question est d’utiliser le résultat précédent pour déter-
miner la décomposition en éléments simples dans R[X] de la fraction
rationnelle
X4 + X3 + 1
F = 6 .
X (1 + x2 )2
(a) Préciser la forme de la décomposition de F.
(b) De la forme précédente déduire un d.l. à l’ordre 5 en 0 de x6 F (x).
En déduire certains coefficients de la décomposition recherchée.
(c) Achever le calcul de la décomposition.
Solution :
1.
x4 + x3 + 1
= 1 − 2x2 + x3 + 4x4 − 2x5 + x5 (x),
(1 + x2 )2
où (x) tend vers zéro quand x tend vers zéro.
(a)

a b c d e f gX + h kX + l 2
F = + + + + + + + ),
X6 X5 X4 X3 X2 X X 2 + 1 (X 2 + 1

les coefficients de la décomposition étant des réels.


(b)
x6 F (x) = a + bx + cx2 + dx3 + ex4 + f x5 + x5 (x),
en déduit a = 1, b = 0, c = −2, d = 1, e = 4, f − 2.
(c)

1 2 1 4 2 2X − 4 2X − 4 2
F = 6
− 4+ 3+ 2− + 2 + ).
X X X X X X + 1 (X 2 + 1

27

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