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Bénichou-Safar Hélène. Le rite d'entrée sous le joug. Des stèles de Carthage à l'Ancien Testament. In: Revue de l'histoire des
religions, tome 210, n°2, 1993. pp. 131-143;
doi : https://doi.org/10.3406/rhr.1993.1435
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1993_num_210_2_1435
Résumé
Une précédente recherche avait conduit l'auteur à proposer que le terme MLK, habituellement traduit
par « sacrifice » ou « offrande sacrificielle », désigne en phénico-punique un rite initiatique pratiqué en
parallèle par les Phéniciens et les Israélites : "l'entrée sous le joug" de la divinité. La présente étude
s'appuie sur cette interprétation et, jouant de la complémentarité du texte massorétique, de la Septante
et de la Vulgate, s'attache à montrer que le rite identifié, très présent dans la Bible par les allusions qui
y sont faites, est en particulier mentionné en Osée IX/10. Elle permet ainsi de donner une nouvelle
lecture d'une partie de ce verset.
HÉLÈNE BÉNICHOU-SAFAR
GDR 989 « Genèse et diffusion du modèle phénicien »
(Centre National de la Recherche Scientifique, Paris)
4. Il s'agit des cippes, CIS, I, 5684 et 5685, que P. Cintas évoque dans son
Manuel ďarchéologie punique, I, 1970, p. 319.
5. Cf. M. Leglay, Saturne africain. Histoire, Paris, 1966.
6. Cf. Id.; Saturne africain, I : Histoire, et II : Monuments, Paris, 1961,
passim.
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18. La majorité d'entre eux ont, en effet, éprouvé le besoin de justifier leur
lecture ou, comme l'auteur de la notice Baal Peor dans A Dictionary of
the Bible (T. Clarck et A. B. Davidson édit., 30e éd., New York, 1951, p. 211),
de faire part de leur hésitation à trancher entre nom de lieu et nom de dieu.
A cette occasion, nous exprimons notre amicale reconnaissance à M. B. Delavault
qui, rompu à la pratique des textes et commentaires bibliques, nous a bien
souvent guidée dans le dédale des éditions critiques de l'Ancien Testament.
19. Cf. par exemple A Dictionary of the Bible, loc. laud. ; The Interpreter's
Dictionary of the Bible, I, Nashville (Tennessee), 1962, s.v. Baal Peor, p. 332.
20. H. Me Keating par exemple qui, dans The Cambridge Bible Commentary.
The books of Amos, Hosea and Micah, Cambridge, 1971, p. 128-129, rend le
verbe biv* par l'anglais to resort, ou Dom A. Calmet qui, dans son
Commentaire littéral sur tous les livres de V'Ancien et du Nouveau Testament, III : Les
Nombres et le Deutéronome, Paris, 1709, p. xxin, et ibid., XVI : XII Petits
Prophètes, Paris, 1719, p. 78, traduit tantôt « Ils s'en sont allés vers Beelphégor »,
tantôt « Pour eux, ils ont adoré l'idole de Beelphégor ».
21. Cf. H. D. PreuÔ apud Theologisches Wôrterbuch zum Allen Testament,
G. J. Botterweck édit., I, Stuttgart, 1973, col. 540. En réalité, le parallèle établi
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a - Le nom du dieu
25. Cf. A. Bailly, Dictionnaire grec- français, Paris, 1950, p. 602, s.v.
jjuxi ; F. Gafflot, Dictionnaire latin- français, Paris, 1934, p. 849, s.v. intro, are ;
et pour le grec, plus particulièrement, voir le Nouveau Testament où les exemples
abondent ; cf. e.g. Mare VI/25 et Actes XXIII/33 ou XXVIII/16.
26. Les sens « aller », « venir » ou « arriver » sont en effet étrangers au latin
intrare. Le grec sEffépxofxat exclut lui aussi les sens de « venir » et « arriver »,
et s'il admet celui ď « aller », ce n'est que par extension de la notion ď « entrer » :
« aller (chez quelqu'un) » pour « entrer (dans la maison de quelqu'un, chez
quelqu'un) ». Son utilisation dans le Nouveau Testament est particulièrement
édifiante sur ce point. Voir les notices « aller » et « venir » dans M. Bardy,
O. Odelain, P. Sandevoir, R. Séguineau, Concordance de ta Bible. Nouveau
Testament, Paris, 1970, p. 13-18, 551-558.
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27. Aux versets 11 («La nation qui introduira son cou sous le joug du roi
de Babylone ») et 12 (« Introduisez votre cou sous le joug du roi de Babylone »).
En réalité, cp. 2 Chro. XXXVI/13.
28. Pour le seul texte d'Osée, qui est bref mais particulièrement altéré
(cf. W. R. Harper, op. cit., p. clxxiii), il a été relevé dix-sept cas d'haplographie
ou, faute inverse, de dittographie, sans compter les nombreuses autres erreurs
ou omissions (ibid., p. clxxvi-ii).
29. Cf. supra, n. 22.
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30. Ce verbe, assez rare, fait bien sûr immédiatement penser à l'institution
yahviste du naziréat : cf. Nomb. VI/1-21 ; R. de Vaux, Les institutions de V Ancien
Testament, II, Paris, 1960, p. 360-362.
31. Cf. supra, p. 141.
32. Cf. G. Buchanan Gray, The International Critical Commentary...,
Numbers, 2e éd., Edimbourg, 1912, p. xxx-xxxi.
33. A. Sperber édit., The Bible in Aramaic, III, Leyde, 1962, p. 400.
34. Cf. W. R. Harper, op. cit., p. clxxv.
35. Il n'est pas sans intérêt de noter à ce propos que la même racine hbr
a servi pour désigner les adorateurs de faux-dieux (cf. Is. XLIV/11), les «
associés » de Dieu (e.g. Ez. XXXVII/16) ou ces « compagnons » ou « associés » (les
haberim) que caractérise dans le Talmud une scrupuleuse observance de la Loi
(cf. H. Freedman, The Babylonian Talmud, I. Epstein édit., VIII : Kiddushin,
Londres, 1936, p. 430, et J. J. Slotki, ibid., Index, Londres, 1952, p. 168).
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36. Voir P. Gafflot iam cit., p. 27. Une notion similaire est d'ailleurs exprimée
par son homologue grecque 7ipoç (lue dans la formule correspondante de la
Septante), puisque celle-ci peut évoquer une idée de contact, ajustement ou
dépendance : cf. A. Bailly iam cit., s.v. rcpoç, p. 1652 § B.I.5 et B. II. 1-2.
37. Souvent d'ailleurs à propos de l'incroyant ou de l'impie qui le rejette :
e.g. Talmud de Babylone, Yoma, 85 b ou Shebucolh, 13 a.
38. Cf. H. Freedman, op. cit., VI, Sanhédrin II, Londres, 1935, p. 768, n. 4.
4e éd.,
39. Paris,
Cf. A. Dupont-Sommer,
1980, « Le rouleau Lesdeécrits
la Règle
essénlens
», 1/16,
découverts
U/12, V/8,
près de
21,la X,
mer10.
Morte,
40. Cf. W. R. Harper, op. cit., p. cxviii-clxiii.
Le rite d'entrée sous le joug 143
41. Voir par exemple Deut. X/20 ou Jér. H/2. La jalousie de Dieu y trouve
sans doute sa source.
42. Allusions explicites : e.g. Jér. H/20, V/5-6 ; Lam. 1 1 1/27-28 ; Osée
XI/4, 7. Allusions implicites : e.g. Deut X/20, XI/22, XXX/20 ; Is. LXIII/13 ;
Jér. XIII/11 ; Ps. LXXIII/28, sans compter l'image récurrente des infidèles
qui ont « raidi leur nuque », « rendu rebelle leur épaule » ou dont la « nuque
est un tendon de fer et le front fait de bronze » (Ex. XXXII/9 ; Deut. IX/6, 13 ;
2 Rois XVII/14; Jér. VII/26, XVII/23 ; Is. XLVIII/4 ; Néh. IX/17, 29;
2 Chro. XXX/8, XXXVI /13, etc.).
43. Notamment les verbes sâmadh, dâb^aq et hbr cités plus haut (p. 142), qui
traduisent une union ou une association très étroite, une adhésion très forte,
et le verbe yâqae qui note au contraire la dislocation, le déboîtement, le
décrochage, dans Jér. VI/8 par exemple.
44. E.g. Les songes et leur interprétation selon Canaan et Israël, dans
Sources orientales (Ed. du Seuil), II, Paris, 1959, p. 101.