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4 | 2019
Appropriations monothéistes de figures « païennes »
Constantinos Macris
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/rhr/10224
DOI : 10.4000/rhr.10224
ISSN : 2105-2573
Éditeur
Armand Colin
Édition imprimée
Date de publication : 1 décembre 2019
Pagination : 767-789
ISBN : 978-2-200-93261-9
ISSN : 0035-1423
Référence électronique
Constantinos Macris, « Philosophes de la Grèce antique dans un centon monothéiste de Clément
d’Alexandrie », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 4 | 2019, mis en ligne le 01 janvier 2023,
consulté le 05 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/rhr/10224 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/rhr.10224
leur Dieu n’est pas différent de celui des chrétiens : pour Clément,
l’apôtre Pierre aurait juste cherché « à modifier la façon d’ado-
rer Dieu et non pas à prêcher un autre Dieu » (VI, 5, 39, 5).
Malgré l’imperfection qui caractérise forcément la connaissance
du Dieu un chez les philosophes païens, Clément accepte un
fonds doctrinal-théologique partagé entre eux et les chrétiens ;
c’est seulement en matière de culte véritable que les premiers
se séparent des seconds en faisant fausse route, en raison de
l’anthropomorphisme et de l’idolâtrie26. Et lorsque l’Alexandrin
enchaîne avec un autre passage de la Prédication (fr. 5 Cambe),
selon lequel
[le Seigneur] a conclu avec nous une alliance nouvelle : celles qu’il
avait passées avec les Grecs et avec les Juifs sont anciennes, mais
nous, les chrétiens, nous l’adorons d’une manière nouvelle, comme
une troisième race (VI, 5, 41, 6),
Quels sont donc pour Clément ces Grecs extraordinaires qui furent
comme des prophètes-sauveurs pour leur peuple, en lui transmettant
la « saine doctrine » concernant le Dieu unique ? Et en quoi, plus
précisément, ont consisté leurs enseignements en la matière ? C’est
ce que nous allons examiner, de manière nécessairement synthétique,
dans la suite de notre exposé30. Clément mobilise deux types de
références : poétiques et philosophiques (cf. plus haut, n. 19), selon
une pratique courante chez les apologistes juifs et chrétiens. Ici nous
aimerions concentrer notre propos sur les seuls philosophes – même
si certains d’entre eux sont aussi de grands poètes… – étant donné
l’importance que leur accorde Clément, et l’originalité du dossier
qu’il a pu constituer sur eux.
Que celui qui ébranle et apaise toutes choses (πάντα σείων καὶ
ἀτρεμίζων) soit grand et puissant (μέγας τις καὶ δυνατός), c’est
manifeste ; mais pour ce qui est de sa forme, il est invisible (ἀφανής) ;
ainsi le soleil, qui paraît être visible à tous, ne semble pas, lui non
plus, permettre qu’on le voie ; mais si quelqu’un a l’impudence de le
regarder, il lui retire la vue (Strom. V, 14, 108, 5 = Protr. VI, 71, 3,
trad. P. Voulet).
macris@vjf.cnrs.fr