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Derchain Ph. L'authenticité de l'inspiration égyptienne dans le « Corpus Hermeticum ». In: Revue de l'histoire des
religions, tome 161, n°2, 1962. pp. 175-198;
doi : https://doi.org/10.3406/rhr.1962.7758
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1962_num_161_2_7758
1) Le texte qu'on va lire est celui d'une communication lue le 26 mai 1962
devant la Société Ernest Renan, légèrement remanié en fonction des discussions
qui suivirent l'exposé. En particulier, les interventions de MM. Montet, Posener
et Yoyotte m'ont susiréré, l'une ou l'autre précision, grâce auxquelles la
démonstration se trouve renforcée.
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1) II faut toutefois rappeler que Citmont, Rel. Or., chap. IV, a insisté sur les
origines égyptiennes du culte d'Isis et d'Osiris, tout en envisageant les problèmes
de l'hellénisation, et l'origine égyptienne de l'hermétisme ne fait pas de doute
pour lui dans L Egypte des astrologues , p. 151 sq.
2) Festugière raipelle en effet à plusieurs reprises la nationalité d'Hermès :
Hévilalion ď Hermès Trismégisle, I, 31, 200, etc.
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.
d'innombrables titres, mais. dont. très peu nous: sont parvenus1. Or,
d'après ces i titres, il? ai dût exister: des traités dont la; matière
était apparemment proche de celle des traités hermétiques.
En revanche, nousi possédons plusieurs temples, richement
inscrits, qui* sont en quelque sorte l'application des principes
des traités supposés. Or, c'est de ceux-ci que les traités
hermétiques sont inspirés, et non des textes des rituels. Entre ceux-ci
et les premiers, il y a . toute : la distance : de la pratique à la
;
1) Merikaré, 115-116. Cf. Morenz, Die Erwâhlung zwischen Gott und Kônig
in Àgypten, in Sino-Japonica, Festschrift Wedemeyer, 1956, p. 118 sq.
2) Festugière-Nock, о. с, 4, 59, n. 6.
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1) Une bibliographie- concernant les statues vivantes se trouve dans une note
de Nock, in JE A, 11, 155, n. 2.
2) Par ex. l'élection de Thouthmès III (Urk., IV, 156 sq.) ; et l'affaire rapportée
par le papyrus de Brooklyn 47. 218. 3 (Parker, Proceed. 23d Congress Orient., 1954,
p. 65-66).
3) Stèle du sphinx, Urk., IV, 1539 sq.
4) Stèle de Bakhtan, Lefebvre, Romans et contes, p. 221 sq.
5) Jelínkova, La statue de Djed-Her le sauveur, Bibl. ď Éludes, 23, 1956 ;
ou encore, Klasens, A magical statue base, Leiden, 1952.
6) Festugière-Nock, n. c, 2, 379, n. 199-200.
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:
phénomènes, qui* sont dès lors des espèces de projections dur
mythe, ainsi que dit VAsclépius, qui ne; fait en somme que,
reprendre dans le langage mythique, dans un cas concret le
principe que nous avons souligné dans le traité XVI, que les ►
Égyptiens n'usent pas de simples mots, mais de sons tout
remplis d'efficace.. Cette prédominance du mythe sur le sensible
est, par ailleurs, si ancienne en- Egypte ; qu'il est inutile d'y
.
;
un phénomène grec aussi longtemps que seuls des hellénistes
se sont occupés de lui. Mais, d'autre part, il serait injuste de
leur reprocher leur attitude, car la littérature égyptienne
d'où les textes hermétiques peuvent être inspirés, celle de la
basse époque, est particulièrement inaccessible. Qu'il s'agisse
dupapyrus Sait 825, dont il n'existe qu'une traduction russe
et un fac-similé, des textes d'Esna, inédits, ou du* Papyrus
Jumilhac publié cette année; tous les documents sur lesquels
est fondée la thèse présente ne sont accessibles qu'au prix de
grandes difficultés, et en dehors du cercle restreint des égypto-
logues qui se consacrent à la basse époque n'ont . guère de
chance d'être connus.. L'égyptologue, s'il a parfois appris le
grec, ne se risque pas volontiers ni sans crainte dans le monde
de la pensée hellénistique. L'helléniste, pour sa part, ne peut
guère pénétrer le monde égyptien défendu par sa langue, et
surtout par ses écritures d'autant plus inaccessibles qu'on est
plus près - des époques qu'il importerait de connaître pour
déchiffrer l'hermétisme. Ajoutons-y l'immense destruction des
papyrus dont les auteurs hermétiques ont pu se servir, et dont
j'ai parlé.
Compte tenu de tout cela, on doit accepter l'idée qu'un
examen systématique du Corpus Hermelicum ferait apparaître
d'autres passages, dont l'inspiration égyptienne serait évidente
même si d'autres doivent rester irréductibles. On ne devra pas
s'étonner, en effet, de trouver des. influences diverses dans
ces textes, auxquelles un Égyptien cultivé, vivant dans ces
villes cosmopolites Memphis ou Alexandrie, ne pouvait guère
échapper.. Il est très vraisemblable que la composition des
textes hermétiques soit hétérogène, comme l'ont noté les
éditeurs. Mais comme on l'a trop souvent oublié, dans cette
hétérogénéité, il y a place aussi et avant tout pour, une
tradition égyptienne. C'est pourquoi je crois que s'il fallait
maintenant juger le Corpus Hermelicum, il serait opportun de choisir
un moyen terme entre les interprétations de Strieker et de
Festugière-Nock. Pour le premier, il s'agit, rappelons-le,
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Ph. Derchain,
Chargé de Recherches au F.N.R.S.