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Visions d’Égypte:
Émile Prisse d’Avennes
(1807-1879)
DOSSIER DE PRESSE
Sommaire
Communiqué de presse 3
Renseignements pratiques 4
Iconographie 5
Présentation 9
Biographie 10
Parcours de l’exposition 11
Publication 15
Autour de l’exposition 16
Richelieu COMMUNIQUÉ DE PRESSE
1er mars I 5 juin 2011
Au cours des deux longs séjours qu’il fit en Égypte au XIXe siècle, Émile Prisse d’Avennes
voyagea en archéologue et en ethnologue, tout autant fasciné par l’Égypte ancienne que
par l’Égypte moderne. Les documents qu’il en rapporta, calques, dessins et aquarelles,
estampages, photographies de monuments et de décors aujourd’hui souvent disparus, font
l’objet d’une exposition exceptionnelle à la BnF.
C’est à une rencontre de civilisations qu’invite cette exposition réalisée en partenariat avec
le musée du Louvre et dédiée à la fois à l’art égyptien et à l’art arabe. Elle fait découvrir une
Égypte aux multiples facettes, à travers quelque deux cents documents choisis dans le fonds
Prisse d’Avennes, une collection d’une rare richesse, à la mesure de la diversité des centres
d’intérêt de son auteur Émile Prisse d’Avennes (1807-1879). Si certaines pièces ont servi à
la publication de ses ouvrages, beaucoup d’autres, restées inédites sont présentées pour la
première fois.
De ses deux voyages en Égypte, de 1827 à 1844, où il acquiert une connaissance approfondie
du pays et de la langue, puis de 1858 à 1860, Prisse d’Avennes rapporte ce qui figure parmi
les plus belles pièces égyptologiques françaises, la Chambre des Ancêtres de Thoutmosis III
sauvée d’une destruction certaine et le papyrus qui porte désormais son nom et qui constitue
l’un des plus anciens manuscrits littéraires de l’Égypte ancienne, ainsi qu’une documentation
incomparable.
« Cette exposition va permettre de redécouvrir un pionnier de l’égyptologie, Émile Prisse d’Avennes,
qui occupe une place particulière parmi les savants de son époque, pour s’être notamment
intéressé autant à l’Égypte ancienne qu’à l’Égypte moderne, et à qui l’on doit l’un des trésors de
la Bibliothèque, le papyrus Prisse. » Bruno Racine, président de la BnF.
Grâce à la reconstitution partielle de la tombe du grand vizir de Thoutmosis III, Rekhmiré, les
visiteurs sont invités à découvrir un ensemble de calques monumentaux réalisés durant la
seconde mission en Égypte et à entendre la lecture de la traduction de certaines inscriptions
hiéroglyphiques.
Le fameux papyrus Prisse, qui réunit deux recueils de sagesse adressés par des vizirs à leurs fils,
transcrits au début du second millénaire avant Jésus-Christ, est exceptionnellement présenté.
Fragmenté en douze panneaux au XIXe siècle, il retrouve virtuellement, dans l’exposition, sa
forme originelle de rouleau tandis qu’une toute nouvelle traduction peut être entendue.
Au travers de cinq stations audiotactiles intégrées à la scénographie, cette exposition s’adresse
également au public déficient visuel.
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Visions d’Égypte : Émile Prisse d’Avennes (1807-1879)
Lisa Pénisson
chargée de communication presse
01 53 79 41 14 - lisa.penisson@bnf.fr
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Iconographie
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Willem de Famars Testas, Boutiquier et sa cliente, 1858-1859
Aquarelle
BnF, département des Manuscrits
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Edouard Jarrot, Mosquée d’Ibn Touloun avec le nouvel hôpital, 1858-1859
Photographie sur papier albuminé
BnF, département des Manuscrits
Émile Prisse d’Avennes, Temple de la Kabah à La Émile Prisse d’Avennes, Denderah, vue intérieure du
Mecque, 1858-1859 Pronaos, 1837
Calque Aquarelle
BnF, département des Manuscrits BnF, département des Manuscrits
7
Émile Prisse d’Avennes, Portrait de Khaemhat
Émile Prisse d’Avennes, Portrait d’Hatshepsout,
relevé dans son tombeau, Abd el-Gournah
1858-1860
Estampage
Aquarelle
BnF, département des Manuscrits
BnF, département des Manuscrits
Papyrus Prisse, Fin de l’Enseignement pour Kagemni, l’un des recueils de sagesse du
papyrus , 1800 av. J. - C.
BnF, département des Manuscrits
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Présentation
À quelques mois du retour de sa seconde mission en Égypte, le 16 janvier 1860, Émile Prisse
d’Avennes écrit à son ami, Félix Caignart de Saulcy, « J’ai parcouru l’Égypte avec l’ouvrage
de la commission, celui de Gau & celui de Lepsius : toutes les planches que j’ai été à même
de vérifier sont fautives, et ne donnent pas une idée complète de la beauté de l’art égyp-
tien. Je reviens avec des calques soignés des plus belles peintures – des estampages de bas-
reliefs – des coupes, des élévations soigneusement cotées et la plupart inédites grâce aux nou-
velles fouilles du Vice-roi – enfin des photographies de tout ce qui était photographiable. Ce
que j’ai fait avec les faibles ressources qui m’étaient accordées est immense. Je rapporte 300
dessins parmi lesquels il y a des calques coloriés de 7 à 8 mètres de longueur – plus de 400
mètres d’estampages – 150 photographies […] sans compter mes croquis & mes notes. Sans
vantardise, j’ai recueilli de quoi faire le plus bel ouvrage qui ait encore été publié sur l’Égypte. »
C’est dans ce fonds considérable, conservé en majeure partie au département des Manuscrits
de la Bibliothèque nationale de France, que sont choisies les pièces présentées dans cette
exposition ; si les unes ont servi à la réalisation de ses publications, de nombreuses autres sont
restées inédites et sont exposées pour la première fois.
Au fil des matériaux, calques souvent coloriés, estampages, aquarelles d’une grande fraî-
cheur, dessins, photographies de monuments aussi divers que temples, mosquées, mausolées
mamelouks, habitations…, l’exposition montre l’archéologue à l’œuvre et fait découvrir l’Égypte
ancienne comme l’Égypte moderne qui ont fasciné l’égyptologue. Un ensemble de calques,
réalisés par Prisse d’Avennes et Willem De Famars Testas, permet de reconstituer ici une partie
des décors de la tombe de Rekhmiré, le grand vizir de Thoutmosis III, et l’on peut y entendre la
lecture de la traduction des inscriptions hiéroglyphiques.
Enfin, le Papyrus Prisse, le manuscrit littéraire sans doute le plus ancien au monde est exposé
dans sa quasi-totalité ; l’histoire de sa découverte, de son arrivée en 1844 dans les collections
de la Bibliothèque royale, de sa publication, est retracée. Sa forme originelle est reconstituée
virtuellement, tandis qu’une lecture d’une toute nouvelle traduction peut être entendue.
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Émile Prisse d’Avennes
(1807-1879)
Dessinateur de talent, doué de grandes facultés d’observation,
Prisse d’Avennes est aussi doté d’une ténacité hors du commun
et d’une énergie indomptable – ne va-t-il pas jusqu’à se battre
à poings nus, ou même armes à la main, pour défendre l’un des
fellahs participant aux fouilles archéologiques qu’il dirige ?
Né à Avesnes-sur-Helpe en 1807, ingénieur des Arts et métiers,
Émile Prisse d’Avennes, ses études terminées, gagne la Grèce,
où il combat dans les rangs philhellènes, puis séjourne aux Indes,
en tant que secrétaire du gouverneur général. Il voyage ensuite
en Palestine, arrive en Égypte en 1827 où il reste dix-sept ans,
jusqu’en 1844.
Il entre d’abord au service du gouvernement égyptien comme
ingénieur civil et hydrographe, et, pendant neuf ans, acquiert
une connaissance approfondie du pays et de la langue : il se fait
appeler Edris-Effendi, parle l’arabe et prend l’habitude de porter
la tenue locale.
En 1836, il quitte ses fonctions et décide d’explorer l’Égypte ;
il se mue alors tout à la fois en égyptologue, archéologue et
ethnologue, s’intéressant autant aux ruines de l’Égypte pharao-
nique qu’aux monuments islamiques, aux représentations de
la vie quotidienne figurant sur certains monuments de l’Égypte
antique, qu’aux scènes de rues du Caire. Il tient un journal qu’il
enrichit au fil de ses déplacements. Émile Prisse d’Avennes, Portrait
Il rentre en France en 1844, rapportant notamment le fameux BnF, département des Estampes et de la photo-
graphie
papyrus Prisse et la « Chapelle des Ancêtres » de Thoutmosis III,
ou Chambre des rois, exposée aujourd’hui au musée du Louvre.
Son séjour en France, qu’il pensait de courte durée, va se
prolonger quatorze ans durant lesquels il publie en particulier
Monuments égyptiens (1847), Oriental album (1848), et commence
en 1858 son atlas de l’Histoire de l’art égyptien d’après les monu-
ments.
Enfin, en 1858, il repart en Égypte, investi d’une double mission,
à la fois par le Ministère de l’Instruction publique, pour poursuivre
les recherches archéologiques qui lui permettront d’achever son
Atlas de l’art égyptien, et par le ministère du Commerce, pour
étudier l’extension possible des relations commerciales de la
France avec l’Égypte.
Avec l’aide de Willem De Famars Testas, son jeune parent, égale-
ment dessinateur, et d’un photographe, Édouard Jarrot, il rapporte
les matériaux qui lui permettront de poursuivre ou d’entamer de
nouvelles œuvres.
À son retour, il publie L’Art arabe d’après les monuments du Kaire
(1869-1877) et achève en 1878 l’atlas de l’Histoire de l’Art égyp-
tien. Il meurt en 1879, sans avoir pu mener à bien tous les projets
qu’il avait mûris.
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Parcours de l’exposition
Les quelques 200 œuvres rassemblées pour cette exposition ont été choisies pour la quasi-
totalité dans les collections de la Bibliothèque nationale de France, et en particulier dans le
fonds Prisse d’Avennes. Quelques objets, prêtés par le musée du Louvre, comme une palette
de scribe avec calames datant de 1450 avant Jésus-Christ environ ou encore un godet à eau en
faïence bleue (1279-1213 avant Jésus-Christ) viennent illustrer les documents de la BnF.
Calquer
La recherche de la plus grande précision est une constante dans l’œuvre graphique de Prisse
d’Avennes et le calque est le mode de reproduction auquel il recourt fréquemment. Lors de sa
seconde mission en Égypte, il déclare rapporter plus de 300 mètres de calques.
Prisse d’Avennes utilise ce matériau, pour reproduire les décors intérieurs : tombes de la vallée
du Nil ou décors de mosquées.
Tandis que les calques de petite dimension sont en papier, ceux qui se déroulent sur plusieurs
mètres sont tracés sur une sorte de toile cirée translucide venue d’Angleterre. Ces calques sont
tantôt monochromes – qu’ils soient tracés au charbon ou à l’aquarelle noire - tantôt polychromes,
lorsque Prisse les réalise en vue de la publication. Ils sont rarement entièrement coloriés,
seulement par touches, pour permettre de restituer au moment de la publication l’extraordinaire
polychromie des décors. Ils sont en outre, souvent abondamment annotés par l’égyptologue.
Les conditions d’exécution en sont toutefois extrêmement difficiles pour Prisse et ses com-
pagnons de voyage puisque les relevés sont faits à même la pierre dans des tombes ou des
temples. Dans le Journal que Willem de Famars Testas écrit durant la mission qu’il effectue avec
Prisse d’Avennes, le jeune artiste hollandais note qu’il travaille à la bougie, allant parfois jusqu’à
devoir dormir dans la tombe qu’il calque !
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Estamper
C’est encore pour obtenir la copie exacte de bas-reliefs, d’inscriptions, de stèles que Prisse
d’Avennes utilise l’estampage. Son fils, Émile-Maxime, dans la biographie qu’il consacre à son
père, décrit comment l’archéologue procédait :
« […] l’estampage ou moulage en papier est un procédé dont Prisse d’Avennes et Nestor L’Hôte
se servaient déjà en 1832. C’était du reste un moyen sûr, rapide et peu encombrant, donnant avec
une fidélité incontestable la copie de l’original, qu’ensuite on pouvait surmouler en plâtre. Ceux
dont le relief était très accentué, étaient préalablement renforcés sur le monument même, à l’aide
de plusieurs feuilles de papier mouillées et superposées, sur lesquelles on étendait une légère
couche de colle au moment de les appliquer. Chaque feuille était successivement tamponnée à
l’aide d’une brosse ou de morceaux de linge formant tampon. Tous les estampages étaient, avant
le moulage, enduits d’un vernis spécial qui avait pour but de rendre le papier imperméable. »
Ainsi, l’égyptologue peut-il donner à voir en trois dimensions tous les reliefs étudiés, des bas-
reliefs de temples ou de tombes, aux panneaux épigraphiés, aux motifs décoratifs de portes de
chaire en bois, de portes en bronze ou de fragments de frise de mosquées.
Pour réaliser ces estampages, Prisse et Willem de Famars-Testas utilisent des feuilles de papier
d’un format folio, et c’est par leur réunion qu’ils obtiennent la reproduction de motifs atteignant
plusieurs mètres de haut ou de large.
Certains estampages sont rehaussés de crayon, voire même de couleurs pour la publica-
tion. Sans doute ont-ils servi à la réalisation des bas-reliefs en plâtre donnés par Émile Prisse
d’Avennes au musée du Louvre.
Peindre et dessiner
Prisse d’Avennes voyage en artiste, et ne cesse de dessiner. Ses motifs d’inspiration sont
multiples, et réalisés avec autant de talent, qu’il s’agisse d’ustensiles, une cuiller à fard d’une
collection privée, d’objets comme une lampe de verre émaillée blasonnée au nom du sultan
al-Malik al-Achraf Inâl, des nombreuses ruines pharaoniques, d’intérieurs de mosquées, de
scènes de la vie quotidienne, tels que ses nombreux dessins du bazar du Caire. Il s’intéresse tout
particulièrement aux portraits, tant copiés sur divers sites, que pris sur le vif comme l’Arnaout.
Formé à l’Ecole des Arts et métiers au dessin industriel, il témoigne d’une prédilection toute
particulière pour les études de colonnes, de chapiteaux, et excelle dans les nombreux plans,
coupes, ou relevés auxquels il procède, corrigeant ainsi les erreurs qu’avaient pu faire ses de-
vanciers.
Prisse porte un extrême intérêt au respect des couleurs, annotant telle esquisse dont les nuances
ne lui semblent pas justes. Dans ses papiers, figure, sous le titre de « Coloriage », une note sur
les teintes et leur composition, pour restituer les couleurs d’Égypte. Il rappelle comment il a
découvert le rendu de telle ou telle tonalité : « J’ai appris par les colonnes du promenoir que c’est
avec un mélange de carmin et de jaune de chrome qu’on obtient un beau rouge d’un maniement
facile », et attache une importance toute particulière à « la carnation égyptienne ». « Elle se rend
bien avec une teinte préparatoire carmin et jaune de chrome lavée et recouverte d’une teinte
d’indian red. La teinte qui répond le mieux aux diverses carnations des hommes ou des femmes
se compose avec de l’ocre jaune, de la laque et du carmin. En outre elle s’applique facilement
sans laisser de grumeaux. »
C’est à ce faisceau de talents de Prisse d’Avennes tout à la fois artiste, ingénieur, historien d’un
art qu’il découvre, que l’on doit la grande qualité de ses publications.
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Photographier
Le fonds iconographique de Prisse d’Avennes offre un exemple rare, par sa qualité et son abon-
dance, de documentation photographique constituée très tôt. Ces photographies, plusieurs cen-
taines, se trouvent dispersées parmi près de 2000 images réparties dans 75 dossiers théma-
tiques devant servir de base à l’illustration de ses ouvrages.
En 1851, Prisse d’Avennes aide Maxime Du Camp, de retour d’un voyage en Égypte avec Gustave
Flaubert, à rédiger le texte accompagnant ses photographies. Du Camp lui offre alors de nom-
breux tirages. Prisse d’Avennes rassemble ensuite dans les années 1850 d’autres exemples de
ces premières photographies d’Égypte : des oeuvres de Teynard, Benecke, Greene, Salzmann,
figurent alors dans sa collection. Lors de son voyage de 1858-1860, il se fait accompagner d’un
jeune photographe Édouard Jarrot. Celui-ci réalise selon ses indications de très nombreux cli-
chés en utilisant tour à tour des négatifs sur papier et sur verre, les deux techniques étant alors
utilisées. Les oeuvres de Jarrot forment la partie la plus personnelle et la plus originale de cet
ensemble de photographies : conçues comme une documentation, elles ont acquis à nos yeux
une valeur artistique indéniable.
Prisse, de retour en France continue à rassembler des photographies sur l’Égypte. S’ajoutent
alors des images de Cammas, Aymard de Banville, Hammerschmidt, Le Gray, Braun, Bonfils.
Prisse d’Avennes a ainsi assemblé durant près de trente années des oeuvres des plus grands
photographes pour les mettre au service de ses études et publications.
En fin d’exposition, sont présentés les calques, dessins, estampages et photographies qui ont
servi à la fabrication des grandes lithographies qui illustrent les œuvres maîtresses de Prisse :
Monuments égyptiens (1847), Oriental Album (1848), Histoire de l’art égyptien d’après les monu-
ments depuis les temps les plus reculés jusqu’à la domination romaine (1858-1879), L’art arabe
d’après les monuments du Kaire depuis le VIIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle (1869-1877). On y
découvre un travail minutieux effectué par Prisse d’Avennes à partir des documents récoltés
durant ses missions en Égypte qui vont lui permettre de publier des ouvrages de référence pour
les égyptologues.
Les découpages d’estampes corrigées montrent ses emprunts à la Description de l’Égypte, aux
Antiquités de la Nubie de Gau, au Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien de Lepsius. Le souci
de vérité architecturale que l’on trouve dans chaque livre s’appuie sur les photographies de
Jarrot, parfois citées à l’identique, le plus souvent animées de personnages et travaillées pour
faire ressortir les détails. Le souci de vérité ornementale s’appuie sur les estampages de reliefs
et sur les dessins et calques reproduisant des peintures. Les estampages et photographies sont
repris au crayon par Prisse pour fixer le trait de la pierre lithographique, et les rehauts de cou-
leurs servent pour les pierres de teintes des chromolithographies. Estampe corrigée, dessin et
photographie construisent ensemble une planche. Enfin, les réductions photographiques d’es-
tampages, de plans ou de calques servent au report de grands sujets. Le répertoire formel passe
d’un projet à l’autre aussi reconnaît-on des statuettes, un sarcophage… un fellah, une jeune
femme cairote, un pélerin… du mobilier !
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Le papyrus Prisse
Dans une lettre datée du 25 février 1858, Prisse fait état de sa conviction que ce papyrus, acheté
en Égypte, provenait de ses propres fouilles sur la rive ouest de Louqsor, l’ancienne Thèbes,
dans la nécropole de Dra Abu el-Naga.
Une autre lettre de Prisse, datée de 1843, évoque une acquisition faite au Caire, il reste néan-
moins possible que le papyrus ait été acheminé depuis Thèbes pour être vendu à meilleur prix.
Les fouilles, officielles ou clandestines, menées dans la première moitié du XIXe siècle dans la
zone, mirent au jour les plus beaux manuscrits égyptiens du Moyen Empire.
“Le plus ancien livre du monde”, telle est l’épithète associée au rouleau peu après sa décou-
verte, en raison des rois qui y sont mentionnés et qui ont vécu sous l’Ancien Empire égyptien, au
troisième millénaire avant Jésus-Christ. En fait, le texte fut certainement composé au Moyen
Empire (1975-1640 av. J.-C.) et la copie conservée sur le papyrus Prisse peut être datée du
milieu de la XIIe dynastie (1800 av. J-C). Le rouleau est un recueil. En plus d’un long texte effacé,
il contient deux livres de sagesses, l’Enseignement pour Kagemni et l’Enseignement de Ptahotep ;
ce dernier occupe l’essentiel du manuscrit. Les récits sont faits par des personnages histo-
riques : deux vizirs vieillissants dispensent une série de conseils à leur fils, appelé à leur succé-
der à la cour du pharaon régnant.
Ce papyrus a dû appartenir à un membre de l’élite égyptienne de la XIIe dynastie (c.1938-1755
av. J.-C.), période d’épanouissement de la littérature. Il peut à certains égards être interprété
comme un manuel d’étiquette, à destination des courtisans et dignitaires du régime. Néanmoins,
malgré sa dimension didactique, l’oeuvre était probablement destinée à être interprétée à voix
haute, en petit comité.
Le texte est ensuite intégré à la littérature classique et étudié par les apprentis scribes. Des
exemples sur ostraca, éclats de calcaire ou de poterie, sont conservés : ils proviennent de la
communauté de Deir el-Médineh, village des artisans, souvent lettrés, qui construisaient la
tombe du pharaon au Nouvel Empire (c. 1552-1069). À cette époque, le texte occupe une place
centrale dans la culture de l’élite lettrée et fait l’objet d’une vaste intertextualité dans la produc-
tion écrite égyptienne.
Peu après la découverte, Prisse publie lui-même un fac-similé du papyrus (1847). Dès lors, les
savants se penchent sur le texte, sa traduction et son interprétation. Au début du XXe siècle,
la découverte d’autres manuscrits de l’Enseignement de Ptahhotep mène à la recherche d’un
texte originel idéal, et virtuel, et à la publication d’éditions synoptiques savantes, qui mettent en
regard toutes les versions connues, vers par vers. Par ailleurs, grâce aux traductions dans les
différentes langues européennes, le texte trouve une place dans les ouvrages destinés au public
cultivé.
À l’occasion de l’exposition, le papyrus entre dans la bibliothèque numérique Gallica et une tra-
duction inédite, due à l’égyptologue Bernard Mathieu, est publiée dans le catalogue d’exposition.
Audiovisuel
À l’intérieur du parcours de l’exposition des bornes multimédia sont à disposition du public,
permettant d’approfondir certaines thématiques.
En plus de la recontitution visuelle du papyrus Prisse, une borne permet de découvrir une
cinquantaine de planches tirées des quatre grandes publications de Prisse d’Avennes. Des inter-
views de spécialistes : Michel Dewachter (égyptologue - CNRS), Daniel Lançon (enseignant-
chercheur), Bernard Mathieu (égyptologue), apportent un éclairage complémentaire sur le
travail de l’archéologue. Enfin, une vidéo présente la restauration unique des grands calques en
couleur réalisée par l’atelier des Cartes et plans de la BnF.
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Publication
Visions d’Égypte
Émile Prisse d’Avennes (1807-1879)
Avec les textes des commissaires de l’exposition et une traduction
du papyrus Prisse
Ingénieur de formation, Émile Prisse d’Avennes devient tour à tour égyptologue, archéologue,
ethnologue : il s’intéresse autant aux ruines pharaoniques qu’aux monuments islamiques, et
vit à l’orientale au milieu de populations dont il observe les coutumes. Des deux séjours qu’il
accomplit en Égypte, de 1827 à 1844, puis de 1858 à 1860, il rapporte des objets, le fameux
Papyrus Prisse, intégralement reproduit ici et accompagné d’une traduction inédite, ainsi que la
« Chambre des Ancêtres » de Thoutmosis III, installée un temps à la Bibliothèque royale avant
de gagner le Louvre.
Aquarelles et dessins, calques se déployant pour certains sur plusieurs mètres, estampages,
photographies constituent un fonds iconographique sans égal destiné à nourrir les impression-
nants recueils qu’il publie sur l’art égyptien et sur l’art arabe, de 1847 à sa mort (Monuments
égyptiens, Oriental album, Histoire de l’art égyptien d’après les monuments, L’Art arabe d’après
les monuments du Kaire), et dont certaines pièces sont parfois les derniers témoins de monu-
ments ou de décors à présent disparus. Une « Égypte de papier » qui n’a cessé d’enchanter et
d’inspirer Théophile Gautier, Maxime Du Camp ou Ernest Feydeau ses contemporains et qui
aujourd’hui encore nous invite au voyage…
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Autour de l’exposition
Journée d’étude-INHA
Activités pédagogiques
Visites guidées
Visites guidées individuelles, tous les mardis à 15h à partir du 08/03 ; les samedis 05 mars, 26
mars, 16 avril, 07 mai, 28 mai à 11h ; les dimanches 06 mars, 27 mars, 17 avril, 29 mai à 16h
Tarif : prix d’entrée de l’exposition +3 euros
réservations obligatoires au 01 53 79 49 49 ou visites@bnf.fr
Accessibilité
Au travers de cinq stations audiotactiles intégrées à la scénographie, cette exposition s’adresse
également au public déficient visuel. Ainsi, la tombe de Rekhmiré, les différents documents icono-
graphiques qui ont suscité la curiosité d’Émile Prisse d’Avennes comme des décors d’art arabe et
les traductions du célèbre papyrus Prisse sont rendus tactiles dans le but d’être accessibles à tous.
Visite tactile de l’exposition en direction du public déficient visuel le samedi 16 avril à 15h
Sur inscription au 01 53 79 49 49 ou visites@bnf.fr
Visite interprétée en langue des signes française en direction du public sourd le samedi 28 mai
à15h, sur inscription au 01 53 79 49 49 ou visites@bnf.fr.
Pour tout renseignement sur l’accessibilité de l’exposition : 01 53 79 37 37 ou accueil.handicap@
bnf.fr
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