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Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE ET SENS

D’UNE CÉLÉBRATION »
L’ensemble du monde musulman sunnite et shi’ite célèbre Ashûra. Cependant la
célébration est différente selon que l’on se trouve dans un courant ou dans l’autre. La
différence dans la façon de marquer cet événement réside dans la priorité que l’on
accorde à l’événement qui s’est produit ce jour. Pour les uns les sunnites, c’est le
jour où le Prophète PSL est arrivé à Médine qui marque le grand tournant dans
l’histoire de la révélation et de l’islam. Par contre pour les shî’ites, Ashûra marque les
dramatiques événements de Karbala en 680 où al-Hussayn, petit-fils du messager
d’Allah trouva la mort. Ce qui en fait un jour de revival, avec tout le rituel de
dolorisme qui l’accompagne.
Si on remonte aux origines de la célébration de ‘Ashûra, on se rend compte qu’il y
avait là une sorte de jonction entre juifs et musulmans autour de la délivrance d’Israël
de la tyrannie du pharaon. La question qui est posée dés lors reste de savoir
comment cet esprit de collaboration et de reconnaissance n’a pu être sauvé et
insuffler la relation interreligieuse. Par ailleurs, 60 ans après la première célébration
de ‘Ashûra par le Prophète à Yathrib, son petit fils al Husayn rendait l’âme, suite à la
lutte de succession qui opposait les partisans de ‘Alî à Mu’âwiya et à sa famille.
Cette mort tragique allait marquer pour de bon la célébration de ‘Ashûra et lui donner
deux tons : un ton festif et carnavalesque et un ton triste et endeuillé. Cela peut
entraîner à se poser la question de savoir est-ce qu’il est toujours pertinent de
sembler porter l’héritage des contradictions politiques de l’époque et de présenter le
monde musulman comme deux mondes séparés par un mur dressé depuis l’an 60
de l’hégire.
Pour nous, ce colloque est un moment de vérité et de dépassement. C’est un
moment où on peut se poser de bonnes questions sur l’histoire et obtenir de bonnes
réponses pour le présent et l’avenir.
1- Rencontre entre deux religions
Ashûra, 10e jour du mois de muharram, marque le jour de l’an selon le calendrier
musulman. Mais il est utile de rappeler que c’est à l’origine une fête juive marquant
l’exode des enfants d’Israël après leur délivrance par le prophète Moïse. Des
versions qui prétendent que c’était une fête païenne chez les arabes,
particulièrement Quraysh qui y observaient un jeûne et recouvraient la Kaaba. Des
hadiths rapportés par Ibn ‘Umar et ‘Aisha dans Muslim tentent de créditer cette
thèse1. Mais les sources les plus diverses et les plus sérieuses font plutôt état de la
tradition juive du Yom Kippour que le Prophète découvre pour la première fois à son
arrivée à yathrib. Il faut dire que cette hypothèse est plus plausible. En effet la plupart
des sources nous renseignent que le Prophète est arrivé en 622 à Médine le jour du
Kippour. La tribu israélite qui s’y trouvaient observait ce jour un jeun pour expier2 et
rendre grâce à Dieu qui avait secouru Moïse et les enfants d’Israël en leur donnant la
victoire sur le Pharaon.
1 Dr Ahamad al-Sharabâsî : Yas ‘alûnaka fi al-Dîn wal-Dunyâ; t 6 p 103, Dâr al-Jîl,
Beyrouth , sd
2 Les juifs demandent pardon pour avoir adoré le veau d’or durant l’exode au
moment où Moïse était en retraite au mont Sinai et avait laissé sa communauté sous
l’autorité de son frère Aaron. Voir le récit du veau d’or dans le Coran. C’est aussi
l’occasion pour eux de demander pardon pour tous les péchés commis au cours de
l’année et pour tous les torts causés à autrui.

Selon la tradition islamique, le Prophète avait recommandé aux croyants musulmans


de jeûner ce jour comme les juifs. Ces derniers, perplexes devant cette décision de
perpétuer un rite juif s’en sont ouverts au Prophète qui leur répondait que les
musulmans sont encore plus proches de Moïse que ne l’étaient les israélites. Depuis,
les musulmans observent cette recommandation prophétique qui avait établi une
sorte de lien entre les deux communautés croyantes par une commémoration
commune d’un événement à haute portée historique et spirituelle.
Au demeurant l’observation du jeûne pendant Ashûrâ était une obligation ou tout au
moins une forte recommandation jusqu’à ce que le Ramadan fût institué comme
mois de jeun. Ce passage de Nawawî rapporté de son livre al-Majmu’ et cité par
Sharabâsi est révélateur de l’importance que le Prophète accordait à la célébration
de Ashûrâ par le jeûne. Il dit : Nos condisciples se sont divisés à propos du jeun de
Ashûra était-il obligatoire au début de l’islam et que par la suite il a été abrogé ou
bien n’a-t-il jamais été obligatoire. Ce qui clair dans les propos de Shafi’î c’est qu’il
n’a jamais été obligatoire. On a par ailleurs prétendu que c’était obligatoire. C’est le
point de vue de Abu Hanîfa3. Mais aujourd’hui le consensus des musulmans est qu’il
n’est pas obligatoire mais que c’étai une sunna. Concernant le caractère obligatoire
au début, il repose sur ce que l’on rapporte disant que le Prophète PSL a envoyé un
homme le jour de Ashûra à sa communauté en leur ordonnant de jeûner ce jour et
que ceux qui avaient déjà mangé quelque chose devaient poursuivre le jeûne le
restant de la journée. On a rapporté de ‘Aisha qui dit : Le Prophète PSL avait
ordonné de jeûner ‘Ashûra avant que le Ramadan ne fût obligatoire. Lorsque le
Ramadan fut obligatoire celui qui désirait jeûner ‘Ashûra le faisait et celui qui ne
désirait pas le faire ne jeûnait pas4.
Dans tous les cas, l’observation du jeûne de Ashûra est une constante, obligation ou
pas. Et les sources les plus plausibles indiquent que c’était une réappropriation de la
célébration du Kippour et un lien entre le judaïsme et l’islam dans la continuité de la
révélation.
Que reste t-il de cette clairvoyance du Prophète de nos jours ? Lorsque l’on observe
les relations entre les musulmans et les juifs, on n’imagine pas qu’il y a un tronc qui
les porte toutes deux. On n’a pas souvenir de cette finalité de construire un pont
d’entente et de cordialité dont les piliers sont le pardon et le sacrifice et qui était à la
base de la sacralité de Ashûra. Il ne reste que le rituel, l’esprit que le messager
d’Allah avait voulu insuffler à cet événement s’en est allé. Et le pont s’est effondré.
Pourtant, les croyants que nous sommes ne doivent pas nous complaire dans l’oubli,
le Coran nous enjoint de nous rappeler les uns les autres5. Et il est plus que
pressant pour les peace builders de ranimer l’âme de la paix entre les religions que
le Prophète Psl avait insufflé par la célébration de ce jour qui n’était pas inscrit sur le
tableau des célébrations islamiques. Les vicissitudes de la vie et les contingences
politiques ne doivent pas tuer en nous l’âme de la paix inter religieuse que le
Prophète nous a indiquée, PSL.
3 Pour ce dernier et ses disciples, jeûner ‘Ashûra était une obligation du fait que le
Prophète l’avait ordonné et l’ordonne selon les spécialistes de la méthodologie
juridique a pour conséquence de rendre les choses obligatoires. Ils s’appuient sur le
hadith de Jâbir b. samra qui dit : Le Prophète Psl nous ordonnait de jeûner Ashûra et
nous y exhortait lorsque ramadan fut institué il cessa.
4 Sharabâsî: op.cit. p 104
5 Sourate al A’lâ ; verset 10

Au demeurant, vivifier l’esprit de Ashûra est d’une importance capitale pour les
musulmans de ce 21e siècle où l’islam est accusé d’être une religion d’exclusion,
d’agression et de rejet de l’autre6. On voit par là, et on doit le faire comprendre avec
force au reste du monde, que le prophète est l’apôtre de la tolérance, de la
reconnaissance des autres religions et des initiatives qui rapprochent, il est un
constructeur de pont entre les religions et non un bâtisseur de mur7.
Enfin, certains esprits pourraient relativiser ce propos en opposant l’argument selon
lequel le Prophète avait demandé de jeûner le 9e jour pour marque la différence
avec les juifs, pour éviter la confusion avec la célébration juive. Dans une tradition
rapportée de ibn ‘Abbas il est dit : La-in salimtu ilâ qâbila la-asûmanna al- yawm al-
Tâsi’8. C’est ce hadith qui serait à la base du couplage du jeune des 9e et 10e jours
de Muharram. Mais au début de l’établissement du prophète à Médine qui d’ailleurs
conservait encore son nom de Yathrib, c’était le Yom Kippour qui correspondait au
9e jour de Muharram qui était concerné comme l’indiquent toutes les sources. La
traduction de ce couplage par un désir de se distinguer des juifs est devenue si
répandue. Elle est renforcée par un autre hadith toujours rapporté par Ibn ‘Abbas qui
dit : Sûmû al-Tâsi’a wal-‘Ashira walâ tatashabbahû bil-Yahûd9.
Bien que cette interprétation soit répandue, il me semble discutable et en
contradiction avec la recommandation initiale qui était faite après enquête. Le fait de
ne pas imiter les juifs doit être entendu dans le sens des modalités de célébration
autre que l’observance du jeun. Le Yom Kippour est bien un rite juif et c’est en toute
connaissance de cause après avoir interrogé les israélites que le Prophète avait
recommandé de le célébrer. En plus, il affirme que les événements qu’ils rappellent
sont aussi de l’héritage des musulmans et que Moïse qui en est le principal prétexte
est plus proches d’eux que des israélites. On ne peut plus dés lors parler de
démarcation car il y a déjà co-célébration et un espoir de pardon partagé10. Cet
espoir d’absolution à partir de l’observation du jeûne durant Ashûrâ et non Tâsu’â
sonne comme une confirmation des croyances israélites qui eux aussi prétendaient
que le Yom Kippour expiait les fautes commises et les péchés de l’année écoulée.
On peut voir par là une reconnaissance de la validité de cette célébration et de la
continuité de la révélation et de la tradition biblique.
Il me semble que la recommandation consistant à jeûner le 9e jour apporte une
valeur ajoutée à la célébration juive, en renforçant d’une journée l’action de grâce et
d’expiation. Loin d’être une démarcation, il s’agit, à y regarder de plus prés d’une
intensification et d’une appropriation. C’est à la fois la continuation de la mission
prophétique et son développement. Par contre la recommandation qui dit de ne pas
imiter les israélites se limite aux autres formes de célébrations qui sortent du cadre
de la spiritualité et de l’unicité de Dieu..
2- Réjouissance et deuil
6 Les caricatures du journal danois et les propos certaines élites, en Occident,
tendent à accréditer la thése d’un islam intolérant et belliqueux, antisémite et
sectaire.
7 Le mur construit par Israël est la preuve la plus manifeste de l’incompréhension de
cet esprit de Ashûra indiquée par le Prophète.
8 « Si je survis jusqu’à l’année prochaine je jeûnerais le 9e jour » L’histoire retiendra
qu’il n’a pas survécu à cette année. Mais le fait qu’il l’eût dit suffit pour l’élever au
rang de Sunna
9 « Jeûnez les 9e et 10e jours et n’imitez pas les juifs »
10 Dans une tradition du Prophète il est rapporté « Celui qui jeûne Ashûra verra ses
péchés de l’année écoulée expiée ».
La célébration de Ashûra telle que vécue durant la vie du Prophète Psl et telle qu’on
la vit aujourd’hui présente des disparités. On peut se demander où se trouve la
justification e ces disparités. Comment est-on arrivé de la célébration initiale de
pénitence et de dévotion à cette célébration festive et carnavalesque ou à celle
doloriste et endeuillée ?
Lorsque l’on interroge les sources on se rend compte que les anecdotes racontées
pour justifier l’importance de Ashûra et sa célébration festive relatent des
événements de délivrance. De Adam à Moïse, en passant par Noé et Abraham,
Yûnus et Moïse entre autres, tous les prophètes qui ont été éprouvés par Dieu ont
été délivrés le jour de Ashûra. Ce qui forcément peut entraîner à la réjouissance.
Cependant, on peut se poser la question de savoir si la réjouissance carnavalesque
est la meilleure façon de rendre grâce à Dieu pour le secours apporté. On doit même
se poser la question de savoir si la célébration de Ashûrâ du vivant du prophète était
festive. Se poser cette question ne signifie pas que l’on récuse toute manifestation
festive. Elle permet seulement de recentrer les choses par apport à leurs origines et
à leurs finalités primitives. Elle permet ensuite de suivre la courbe des évolutions et
de comprendre les facteurs qui ont entraîné à telle ou telle évolution.
Ce qui est constaté à travers les récits et les sources c’est que la célébration de
‘Ashûra, du vivant du Prophète Psl, n’était pas aussi festive ni doloriste. Cette
célébration se limitait au jeun et au jeun seulement. C’est seulement par la suite que
cette célébration est devenue une fête particulièrement destinée aux enfants et à la
famille, en Afrique et dans les pays du Maghreb. Des hadiths sont recensés dans le
but d’encourager la fête au niveau de la famille. On peut citer ce hadith recensée par
al-Bayhaqî et al-Tabarâni qui dit : celui qui est généreux avec sa famille le jour de
‘Ashûra Allah sera généreux avec lui toute l’année. Cependant ce hadith est plutôt
réputé faible par al-Bayhaqî lui-même et ibn al-Jawzî lui considère comme un hadith
inventé même si al-‘Irâqî l’accepte comme bon et que al-Suyûtî l’authentifie.
Cependant Yûsuf al-Qardawî considère que al-Suyûtî est assez négligent dans des
hadiths pareils11.
Le fait que le Prophète ne célébrât pas ‘Ashûra en dehors du jeun ne signifie pas,
cependant, que les festivités dans les limites de la famille et de ce qui est licite en
islam ne soit pas acceptées. Il est seulement plus objectif de constater que les
influences des autres religions relativement aux célébrations comme le nouvel an ou
Noël ont pu entraîner à faire de ‘Ashûra un fête plus joyeuse que spirituelle.
D’ailleurs, il n’y a pas que l’influence des religions révélées mais aussi les
réminiscences des traditions et coutumes. Dans toute la région maghrébine et en
Afrique de l’Ouest des pratiques carnavalesques sont observées et des pratiques qui
sont à la limite des règles et de la morale islamique12. Au Sénégal, la célébration de
11 Yusuf al-Qardâwî : Fatâwâ Mu’âsira ; Dâr al-Qalam , Koweït City1990/1410, p401
12 Depuis longtemps, les peuples d’Afrique du Nord réservaient ce jour, outre au
jeûne facultatif, à des festivités carnavalesques dont l’origine remonte à l’Antiquité. "
Selon un processus connu ", écrit Laoust, " la croyance s’en allant, le rite seul
persiste : la cérémonie, à ses origines d’ordre magique ou magico religieux, perdant
un peu chaque jour de son caractère primitif, finit par n’être plus qu’un simple jeu ".
[2]
Après la cérémonie du feu, nous rapportent encore les ethnologues du début du
siècle, " les hommes se déguisent et parcourent les hameaux du voisinage en se
livrant à des scènes ordurières les plus extravagantes. Le lendemain, jeunes gens et
jeunes filles aiment, dit-on, à s’égarer par couples dans les champs ". in La
mascarade de Achoura par Agafay Bennana dans ‘’Signes du Présent » n*6 à
chercher dans le web.
Ashûra est une sorte de syncrétisme entre le rituel .islamique et les pratiques
populaires carnavalesques qui ont peut-être une signification. Cependant, elles sont
éloignées de la marque spirituelle qui était à la base de la recommandation du
Prophète.
En dehors de ces déguisements et des autres pratiques ironiques et dérisoires qui
font qu’on a tendance à croire que Ashûra est une forme de Hallowen musulamn, il y
a des pratiques qui sont observées comme le fait d’entoure de Khôl les yeux pour
observer Fâtima, la fille du Prophète Psl, entrain d’étaler son linge dans le disque du
soleil levant. Certaines personnes estiment que cette pratique est une pratique
traditionnelle sur la base d’un hadith cité élevé jusqu’à Ibn ‘Abbas qui dit : celui qui
met le khôl le jour de ‘Ashûra ne contractera pas le glaucome. Ce hadith est
considéré comme invalide par al-Hâkim et comme un hadith inventé si l’on en croit
al-Sakhâwî et ibn al-Jawzî13.
Au demeurant, le khôl a une histoire selon la shî’a qui célèbre ‘Ashûra dans le deuil
en mémoire de la mort dramatique de Husayn, petit fils du Prophète et porte
étendard de sa famille.
Il n’est pas nécessaire dans le cadre de cette communication de revenir sur les
péripéties de la mort de l’imam Husayn. Cependant, il est utile de rappeler que c’est
ce drame qui est à la base du deuil observé par la Shî’a le jour de ‘Ashûra et même
tout le mois de Muharram. Au contraire des autres courants non shî’ites de l’islam, il
s’abstiennent de toute réjouissance et même de toute jouissance des agréments de
la vie. Pour eux ‘Ashûra vivifie le drame de Karbala durant lequel leur imam fut tué, le
10 octobre 680 / 10 muharram 61. Depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, les shîtes ne
cessent de célébrer ‘Ashûra dans la douleur et le deuil, dans le dolorisme qui prend
parfois des proportions que la loi coranique blâme14. C’est cette expression de deuil,
exagérée, aux yeux de certains qui ont amené les autres à réagir en faisant de cette
célébration un jour de réjouissance et de carnaval tout en justifiant cela par des
hadiths et des propos inventés de toute pièce.
Quoi qu’il en soit, l’histoire retiendra que la célébration de ‘Ashûra dans la
réjouissance comme dans le deuil n’a pas été connue du vivant du Prophète. Ce
dernier avait recommandé le jeun et c’est ainsi que cela a été observé jusqu’à la
fatidique date du 10 muharram 61. Et l’appréciation des uns et des autres a dévié
‘Ashûra de sa dimension spirituelle pour en faire un festival ou une commémoration
politique.
Conclusion : La célébration de ‘Ashûra qui reflète aujourd’hui une réalité vielle de 15
siècles doit être revue et réajustée pour répondre aux enjeux de l’heure et rester
fidèle à l’esprit insufflé par le Prophète PSL.
En effet que cela soit la célébration dite sunnite ou la célébration shî’ite, aucune
d’elle ne reflète exactement ce que le Prophète avait enseigné en terme de
commémoration en tant qu’action de pour expier les fautes et se remémorer la
victoire des prophètes sur les épreuves. Par contre la coïncidence entre un
13 al-Sharabâsî : op cit. p401
14 Les coups de poignards portés sur le corps jusqu’à évanouissement occasionnent
des accidents graves et cela enfreint une des finalités de la loi islamiques qui est la
préservation de l’intégrité physique et mentale. Au demeurant, des alternatives à ce
sang versé pour revivre le martyr de Husayn et des 71 de ses compagnons tués lors
de ce drame sont proposés par des savants shî’ites contemporains. Pour eux, le jour
de ‘Ashûra, au lieu de se saigner en se fouettant et en se donnant des coups de
poignard, chaque shîte pourrait donner de son sang dans les banques de sang.

événement politique et ‘Ashûra a fini par dénaturer cette célébration et à dresser un


mur entre les musulmans. Or, les contradictions entre les successeurs du Prophète
sont révolues et les événements ne peuvent que nous servir d’enseignements pour
que nous ne tombions pas dans les mêmes travers. Or, en s’obstinant à rendre
carnavalesque la célébration de ‘Ashurâ dans le même temps que le dolorisme
endeuille d’autres frères, on ne fait qu consolider le mur dressé, il y a des siècles par
des gens qui ne vivaient pas nos propres enjeux et nos priorités.
Enfin ‘Ashûra mérite que le souffle de spiritualité partagée avec d’autres religions,
avec le judaïsme en l’occurrence, serve d’arguments pour démontrer l’ouverture de
l’islam, sa tolérance et sa fidélité à toutes les révélations antérieures pour que règne
la reconnaissance mutuelle et la paix.

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