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Chers amis,
C’est avec joie et allégresse que nous, musulmans que nous sommes, devons
accueillir notre invité d’honneur, le mois de « Ramadan », mois de jeûne, de piété et de
sacrifice. Cet invité nous propose une thérapie des plus exemplaires pour le corps et
l’esprit. Il nous garantirait, à chacun, si nous acceptions son offre avec amour et
clairvoyance, de renforcer sa foi envers son Seigneur Allah, le Puissant le
Miséricordieux, d’effectuer son autocritique en toute âme et conscience et d’évaluer ses
rapports vis-à-vis de sa personne, de sa famille, de ses proches et de tous ses semblables,
envers lesquels il doit observer des droits et des devoirs. Ce mois de jeûne nous garantit,
par conséquent une vie matérielle et spirituelle paisible, grâce à la mortification du moi,
laquelle érige le commun des mortels en une personnalité angélique par le repos de la
conscience qu’elle lui procure, et par l’immunité qu’elle lui assure.
Comme vous le savez très bien, mes chers amis, l’Islam signifie
étymologiquement la soumission inconditionnée à la Volonté de Dieu, et le Saint Coran
le confirme en effet : « Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, son acte ne lui
sera guère agréé et il sera, parmi les perdants dans l’Au-delà. » (Sourate dite de « la
famille d’Imran » Verset 85.) Tous les croyants, aux yeux de l’Islam, depuis le Prophète
Adam, (père des humains), sont tous frères et sœurs, issus d’un même père et de mères
différentes, comme l’explique à juste titre notre Vénéré Prophète
Mohammed, Salut Divin Sur Lui, dans l’une de ses illustres annonciations.
Cette religion unique, agréée par Dieu l’Omniscient, a deux traits distinctifs :
2°) L’Islam est une religion des masses : tout musulman sans distinction de
sexe ou de race est investi en effet de par sa disposition naturelle d’une mission à savoir :
prêcher ses convictions, là où il se trouve, d’amener les gens à vivre en paix et quiétude,
chacun par son comportement vertueux, vis-à-vis de l’autre et combattre toutes formes
d’injustice ; le seul critère d’évaluation entre les hommes étant, aux yeux de Dieu la
piété que le jeûne du mois de Ramadan garantit à tous ses fidèles adeptes.
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Il s’agit donc d’une soumission, corps et âme, à Dieu l’Omniprésent et d’une
obéissance sans conditions par l’accomplissement de ce jeûne, et non comme le
penseraient certains, telle une forme d’exercice préventif ou curatif purifiant le système
digestif et le corps en général au moyen d’une observance d’un régime, aussi bénéfique
soit-il.
Il convient de signaler que, jeûner un mois complet, n’a pas été prescrit dès
le début de la prédication. Avant d’être fixée à un mois par an, l’institution du jeûne fût
établie progressivement. En effet, le Saint Prophète, après son installation à Médina,
constata que les israélites observèrent le jeûne de « ‘Achoura » ; et lorsqu’il demanda le
pourquoi du jeûne, on lui répondit qu’ils le fêtèrent, en guise de remerciement au
Seigneur Tout Puissant, pour avoir délivré, ce jour, leurs ancêtres de la tyrannie des
Pharaons. Alors, le Prophète Salut Divin Sur Lui, insista sur le respect de cette fête,
par le jeûne de ‘Achoura. N’est-ce pas là, preuve tangible d’unicité de l’Islam à travers
les temps ?
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Dans les versets suivants: 183 à 187 de la Sourate dite de « la Vache » ou « Al
Baqarah », le Saint Coran fait état de cette progression jusqu’à ce que le jeûne du mois
de Ramadan devienne une obligation pour tous, à l’exception des cas précis. « O
croyants ! Nous vous avons prescrit le jeûne comme il l’a été à ceux d’avant vous, pour
que vous en puissiez tirer piété. » (Verset 183) « Pendant un nombre déterminé de
jours ; quiconque d’entre vous se trouve malade ou en voyage, devra (en cas de rupture
du jeûne), compenser celle ci par un nombre égal d’autres jours. Ceux qui le
supporteraient péniblement, doivent, quant à eux, nourrir des pauvres en
compensation. Nourrir davantage reste louable pour son auteur ; cependant, jeûner
serait pour vous, des plus bénéfiques si vous le saviez. » (Verset 184).
Ainsi, Dieu Gloire et Pureté à Lui Seul, ordonne aux hommes de jeûner en
s’abstenant de manger, de boire et d’avoir des rapports conjugaux, n’ayant pour
intention que de plaire au Seigneur, car le jeûne reste un moyen incontesté pour
purifier l’âme de tous les vices du moi, du mauvais caractère ou comportement
indésirable. En outre, Dieu a prescrit le jeûne aux musulmans comme il l’a prescrit aux
générations antérieures, en les prenant pour exemple. Notre Prophète confirme ce
caractère préventif du jeûne lorsqu’il énonce : « Jeûnez, vous vous porterez bien » et
dans une autre parole s’adressant à une jeunesse ardente : « Ô jeunes ! Que celui
d’entre vous pouvant se marier, qu’il le fasse ; celui qui n’en est pas en mesure de le
faire, alors qu’il jeûne ; ce qui lui servirait certes de protection. ».
Dieu montre ensuite, que le jeûne doit se faire durant des jours comptés afin
qu’il ne soit une prescription excessive. Au début de l’ère islamique, les musulmans
jeûnèrent trois jours de chaque mois, comme nous l’avons noté plus haut, puis il fût
abrogé par le (verset 185) suivant, imposant aux fidèles croyants, le jeûne de tout le
mois de Ramadan comme nous allons le montrer plus loin.
En effet, le jeûne qui fût du temps du premier Messager de Dieu Noé de trois
journées chaque mois, devint un mois pour les générations futures comme le précise
notre Prophète en disant : « le jeûne du mois de Ramadan a été prescrit à tous les
peuples qui nous ont précédés. » A noter que les malades et les voyageurs sont
momentanément exempts du jeûne ; ils peuvent selon leurs cas précis, rompre le jeûne,
mais à charge pour eux de jeûner après le mois de Ramadan un nombre de jours égal à
ceux rompus, en guise de compensation. Quant aux résidents et bien portants, mais qui
supportent difficilement le jeûne, ceux-là ont le choix entre jeûner, ou rompre le jeûne
et restent tenus chacun, de nourrir un pauvre pour chaque jour rompu.
Par la suite, les hommes après leur jeûne, mangèrent, buvèrent et eurent des
rapports avec leurs épouses avant de dormir. Mais si l’un d’eux s’adonne au sommeil
avant de rompre son jeûne, celui ci est tenu de poursuivre le jeûne, jusqu’au coucher
du soleil du lendemain. Ce qui fût une prescription des plus pénibles.
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On a rapporté qu’un compagnon du Prophète appelé Sarma, rentra chez lui
un soir, fit la dernière prière de nuit, et, de fatigue, il s’endormit sans rompre le jeûne.
Il dut poursuivre son jeûne jusqu’au lendemain, passant ainsi toute la nuit sans boire ni
manger ; ce qui l’a d’ailleurs fort affaibli. En le voyant ainsi, le Prophète lui demanda
de lui expliquer son cas. Il lui raconta avec précision le déroulement de la scène. On a
rapporté également que le kalif ‘Omar, en se réveillant la nuit, il cohabita avec son
épouse. Il vint trouver aussitôt le Prophète afin de l’aider à trouver une solution à ce
problème et pendant cela, Dieu révéla alors, une disposition d’allégement dont nous
parlerons plus loin.
La partie du verset susvisé à savoir : « ceux qui auront rompu le jeûne par
fatigue, se rachèteront par des distributions de nourritures aux pauvres » suscita une
controverse entre les différents exégètes : certains estiment que cette prescription a fait
l’objet purement et simplement d’une abrogation par une autre, consignée dans le verset
185 que voici : « Quiconque verra le mois (de Ramadan) apparaître devra le jeûner »
Le Saint Coran vint, après cette évolution logique humaine des esprits et leur
accoutumance à l’égard du jeûne, pour en faire une obligation catégorique s’imposant à
tous, à l’exception d’une frange sociale déterminée. « Le mois de Ramadan dit-il est celui
au cours duquel le Coran a été révélé aux hommes comme Guide de conscience, Règle
morale et Critérium du bien et du mal. Quiconque verra ce mois apparaître devra le
jeûner. Celui qui se trouve dans l’incapacité de jeûner pour cause de maladie ou en
déplacement, pourra rompre le jeûne, à charge pour lui de jeûner plus tard un nombre
de jours, égal à celui des jours rompus. Allah par sa Volonté cherche à vous faciliter
l’accomplissement de cette charge, afin que vous en complétiez le nombre et que vous
proclamiez la Grandeur d’Allah pour vous avoir guidé (à l’observance de ce rite) et en
guise de remerciement (pour ces allégements accordés.) » Verset 185.
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De même, le Saint Prophète nous montre le comment faire en disant :
« Jeûnez à sa vision (du nouveau croissant lunaire) et rompez le jeûne également à sa
vision, et s’il vous est caché (par des nuages), complétez alors le mois de Chaabane en
comptant trente jours. » Le mois de Ramadan serait également de trente jours si l’on
n’arrivait pas à observer du fait de ces conditions météorologiques le croissant du mois
de Choual.
Par ce Verset, Dieu montre le mérite du mois de Ramadan parmi les autres
mois de l’année lunaire et qu’il l’a élu, pour y révéler sa Sainte Parole, le Noble Coran,
à l’instar des autres Livres sacrés. En effet, notre Vénéré Prophète, Salut Divin Sur Lui
fit éloquemment état de cette Grâce divine en disant : « Les Feuillets furent révélés à
Abraham la première nuit de Ramadan, la Torah, la sixième nuit, l’Evangile à la
treizième et le Coran à la vingt quatrième. ». Certains exégètes affirment, en se référant
eux-mêmes aux sources prophétiques, que les Feuillets, la Thora, les Psaumes et
l’Evangile furent descendus sur chaque Prophète en une seule fois. Quant au Coran, il
fût révélé à la Demeure de la Puissance au ciel le plus inférieur durant la nuit dite du
« Destin » au mois de Ramadan comme le précise le Saint Coran : « Oui, Nous L’avons
fait descendre, durant une nuit bénie ». Puis il fût révélé à l’Envoyé de Dieu, Salut Divin
Sur Lui comme versets séparés selon les circonstances.
Le Verset cité supra, met en exergue le mérite du Saint Coran, en tant que
vecteur de Lumière pour les hommes, parmi ceux qui, ayant cru en Lui, l’ont déclaré
véridique et l’ont suivi, Livre sacré, renfermant des preuves et des signes clairs et
manifestes pour ceux qui les avaient compris et avaient médité sur leur sens. Une
orientation qui fait disparaître des esprits toute erreur et toute équivoque, une voie
droite qui met un terme à l’égarement de la personne, une distinction entre la vérité et
l’erreur, le licite et l’illicite. Cependant, en hommage au mois de Ramadan, le Saint
Prophète nous annonce sa bonne nouvelle : « Celui qui jeûne le mois de Ramadan,
poussé par la foi et dans l’espoir d’être récompensé dans l’Au-delà, tous ses péchés
antérieurs lui seront pardonnés. ».
Une autre disposition coranique (Verset 187), offre d’autres allégements que
voici : « Il vous est permis de vous isoler avec vos femmes la nuit du jeûne. Elles sont
votre vêtement et vous êtes le leur. Allah Sait que vous vous isoliez clandestinement
avant cette permission. Cependant Il vous absout et vous pardonne. Désormais,
cohabitez à votre guise, avec elles ; et cherchez ce qu’Allah a prescrit en votre faveur. »
Ce serait probablement une naissance en cours. Le Saint Coran ajoute : « Mangez et
buvez comme vous l’entendez jusqu’à ce que vous puissiez discerner le fil blanc du fil
noir à la lumière de l’aurore. Observez ensuite le jeûne jusqu’à la nuit. Mais ne
cohabitez point avec elles alors que vous êtes en retraite rituelle dans les mosquées.
Telles sont les limites d’Allah. Ne vous en approchez donc pas (au risque de les
transgresser). C’est ainsi qu’Allah expose Ses signes aux hommes et les exhorte à
devenir pieux. ».
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« Ma communauté confirma-t-il qu’Allah le bénisse et le salue ne cessera
d’être dans le bien tant qu’elle hâtera la rupture du jeûne (après le coucher du soleil) et
retardera le Sahour. » Ce serait une récompense sans mesure qui rétribue l’effort du
croyant, sa soumission à la prescription divine, son obéissance au Prophète et sa soif
d’accueillir le jeûne du lendemain avec foi et ardeur.
L’intention tacite du jeûne est exigée au début du mois, mais n’est pas
requise au reste du mois, du fait que les actions ne valent que par les intentions de leurs
auteurs. L’intention de jeûner doit précéder l’aube, au risque de voir le jeûne annulé.
Celle-ci doit être renforcée par le désir de s’élever vers l’agrément de Dieu.
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Ce jour là, quiconque se réveille le matin s’abstient de manger et de boire,
puis il se révèle que ce jour compte parmi les jours de Ramadan, ne peut être rétribué
pour cet acte car il n’y a pas concordance entre l’intention de jeûner et l’acte lui-même.
Cependant, il doit observer le jeûne comme d’habitude jusqu’au coucher du soleil, et
doit, à la fin du mois de Ramadan, jeûner un autre jour en guise de compensation.
Par ailleurs, il n’y a aucun mal à ce qu’on se serve du cure dents, tant loué
par notre Prophète, mais sec sans matière telle dentifrice par exemple de nature à causer
la rupture du jeûne. De même ne peut entraîner cette rupture le fait de :
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Il est permis également :
Il y a lieu d’ajouter que nourrir un pauvre pour tous ces cas précédents,
c’est lui offrir un repas moyen pour chaque jour de jeûne à compenser. De même, devra
nourrir, quiconque néglige de jeûner en compensation pour les journées rompues,
jusqu’à l’arrivée du Ramadan suivant.
Il n’est nullement admis de jeûner le jour de l’Aïd –El - Fitr, petite fête
concrétisant la rupture du jeûne du mois de Ramadan, ni le jour de la grande fête de
l’Aïd de l’immolation ou fête de Nahr.
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De même, est autorisé à rompre son jeûne celui qui souffre d’une maladie
l’empêchant de jeûner ou qui part en voyage dont la distance entraîne la réduction à
deux prosternations (raka’at) des tétras prières :(Dhohr, ‘Asr et ‘Icha), soit aux
environs de quatre vingt kilomètres, même s’il n’en sent pas la nécessité. Celui ci est
tenu à remplacer les jours rompus, à titre compensatoire, mais il est préférable qu’il
jeûne eu égard aux bienfaits de ce mois.
Celui qui effectue un voyage dont le parcours est en deçà du seuil fixé et
croyant qu’ainsi la rupture du jeûne lui est permise, rompt son jeûne n’aura pas
d’expiation à faire, mais devra remplacer le ou les jours rompus, car l’expiation n’est
imposée que dans des cas précis tels l’homicide involontaire, et surtout à celui qui
blasphème et bafoue la sacralité du mois de Ramadan.
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La Dame noble ‘Aïcha mère des croyants et épouse du Prophète, que Dieu
agrée son âme rapporte à ce propos que le Messager de Dieu, soit pendant le Ramadan
ou pendant les autres mois de l’année, n’a jamais effectué plus de treize prosternations
(raka’a), le nombre impair étant scrupuleusement observé.
La Grâce divine s’étend sur toutes les créatures de Dieu et le Seigneur lui-
même par sa Majesté Suprême incite ses serviteurs à l’implorer pour expier leurs péchés
et les guider dans la voie du Salut.
L’on assiste dans la vie courante, que plusieurs cas graves de maladies,
parfois incurables, furent guéris seulement par ce genre de prières après que la
médecine expérimentale ait déclaré à leur égard, son impuissance d’agir. En effet, une
femme raconta à un éminent professeur de médecine qu’elle embrassa l’Islam après
qu’elle. Eût rêvé du Prophète Salut Divin Sur Lui qui lui offrit le Saint Coran entre ses
mains. Cette noble dame fût atteinte quelques années après d’une tumeur maligne du
sein, incurable puisqu’arrivée à son stade final. Par le grand amour qu’elle eût envers
Dieu, elle implora son Seigneur, seul à seul, avec dévouement, humilité et confiance sans
égal. Puis, en se réveillant d’un sommeil de plomb dans lequel elle fût involontairement
plongée, et en passant par acquit de conscience sa main sur son sein, elle y vit disparaître
la tumeur.
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Emue de cette surprise soudaine, la noble dame alla voir son médecin traitant
qui refusa pour son cas, toute tentative d’intervention chirurgicale eu égard au degrés
très avancé de la maladie. Le médecin à son tour, stupéfait par l’événement, l’examina
et lui confirma la guérison.
Ainsi, celui qui s’adresse à une autre divinité que Dieu Allah le Puissant et
met en lui sa confiance, son jeûne n’aura aucune valeur aux yeux de Dieu, car il s’agit là
d’une action louable en la forme certes, mais viciée de l’intérieur. Le dernier Verset
coranique de la Sourate dite « la Grotte ou la Caverne » ou « Al Kahf » met cette vérité
spirituelle en évidence : « Dis : « Je suis en fait un être humain comme vous. Il m’a été
révélé que votre Seigneur est un Dieu Unique ! Quiconque, donc, espère à la satisfaction
de son Seigneur, alors, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe, dans son
adoration, aucune autre divinité. »
Il en est de même pour celui qui sème la sédition et fomente des troubles pour
combattre Dieu et son Prophète et pour celui dont le cœur est plein de haine et de
ressentiment pour ses semblables et œuvre à diviser ses frères et semer des discordes
entre eux, à l’effet de les affaiblir et mieux les régner, bafoue les droits des démunis,
exploite sans scrupule les sans soutien.
Jeûner, reste pour ceux là, acte de pervers hypocrites qui manipulent
l’innocence des gens pour assouvir leurs besoins de vautours. Sont accusés également
ceux qui soutiennent les injustes, les usuriers, ceux qui dressent le dos aux opprimés, aux
orphelins, veuves et handicapés, donnent raison aux insolents, encouragent la
corruption, le hasard et le désordre, ceux qui entravent la quiétude des gens et l’ordre
public, ceux qui causent des préjudices à l’environnement et en général à la mère
nature, ceux qui ne pensent qu’à émigrer, non pour une raison dictée par le devoir et
l’honneur, mais contribuer plutôt à laisser la mère patrie et enrichir la cruelle
métropole, ceux qui se laissent entraînés par le gain facile et optent pour des solutions
allant à l’encontre des intérêts de leur pays et à l’encontre même de leurs origines,
religieuses soient- elles, linguistiques, culturelles ou sociales et enfin ceux qui ne se
soucient point du devenir ni du sort de leurs frères en Palestine, Irak, en Afghanistan,
aux Philippines, au Soudan, en Tchétchénie etc., et partout ailleurs, où sont torturées
par des guerres et révoltes fratricides et en plus, par la maladie, la famine, l’esclavage,
l’ignorance, l’obscurantisme, le racisme et par d’autres fléaux ravageurs, des âmes
innocentes qui ne cherchent qu’à vivre en hommes libres et heureux.
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Ceux sont les serviteurs de l’injustice et de la terreur et les semeurs de
troubles, là où ils se meuvent, tels les cellules cancéreuses dans un corps sain. On ne
saurait guère jeûner en transgressant par ailleurs les limites dictées et imposées par
Dieu.
Le jeûneur ressemble à un ange sous les traits d’un être humain, il est
souvent aux yeux de Dieu plus préféré que l’ange, car celui-ci, créé de la Lumière
éternelle ne subit guère l’oppression du moi, dont il ignore totalement l’existence ; il est
créé et « programmé » par la Volonté Suprême exclusivement pour l’adoration du
Seigneur. Cette suprématie de l’homme croyant obéissant à son Créateur par rapport à
l’ange résulte du fait que l’homme lucide mène sans cesse, une lutte contre ses passions
et les contradictions du « monstre-matière » et œuvre du fait de la mission dont il est
investi pour le bien être de tous, d’ici-bas et dans l’Au-delà.
Là est le véritable sens du jeûne dans son aspect spirituel, qui consiste à
raffermir la foi et le sentiment de la présence de Dieu. De cette façon là, le jeûneur aura
concilié dans cet acte cultuel, l’abstinence de son âme et sa purification des souillures et
son embellissement par les vertus et les bonnes œuvres. Il ne cherche qu’à faire du bien,
à prêter aide et assistance à tout ce qui en demande, sans distinction aucune et sans
contrepartie. C’est un ange, mais humain, qui fait du bien comme il respire.
C’est à cela que fit allusion notre Vénéré Prophète, Salut Divin Sur Lui en
disant : « Celui qui ne laisse pas de côté les paroles mensongères pour faux témoignage,
et continue à en user, Dieu n’a point besoin qu’il se prive de manger ou de boire. ». Le
Saint Prophète ajoute en insistant sur cette finalité : « Le jeûne n’est pas de laisser la
nourriture et la boisson, mais de laisser le langage futile et les paroles vulgaires. » Et le
Saint Coran avant cela énonce : « Dieu n’accepte que de la part des pieux. » (Sourate
dite « La Table servie » ou « Al Ma’idah » Verset 27).
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Grâce à l’acquisition de ces qualités, le véritable croyant arrive à
s’imprégner de sincérité et à fortifier sa volonté ; ce qui lui permet d’affronter les aléas
de la vie avec tout ce que celui-ci comporte comme penchants charnels et passions,
comme impulsions incitant à la haine, comme problèmes sociaux et difficultés
matérielles.
C’est dans ce cas que le jeûne a été imposé par Dieu, durant le mois de
Ramadan qui fait partie des douze mois de l’année, en des journées continues afin de
donner au croyant l’occasion de s’astreindre à la patience et au sentiment d’être sous le
regard du Seigneur Maître des mondes.
Dieu a fait en sorte que ce mois revienne chaque année, honore par sa
rotation équilibrée et homogène des saisons différentes pour que l’homme, là où il se
trouve, puisse revivifier son âme et compléter sa formation et que ce qu’il a semé puisse
s’accroître au profit de tous.
Il sera de ce fait tout près de l’assemblée céleste des anges, et pourra recevoir
avec amour et aisance, les obligations et injonctions divines qu’il met en pratique dans
sa vie active dont il pourra surmonter stoïquement tous les obstacles, grâce à sa force de
caractère inébranlable, à sa capacité extraordinaire de résistance et d’endurance, à une
sincérité démunie de tout désir d’ostentation et à une foi d’acier qu’aucun doute ne peut
entacher. Une fois ces conditions réunies, la vie de l’homme se trouvera remplie de
bonheur et de satisfaction sur tous les horizons.
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Ce qui nous mène à conclure que toutes les obligations islamiques y compris
le jeûne du mois de Ramadan, obéissent toutes, au principe législatif général de
l’aisance. Loin de mettre les croyants dans la difficulté, ces obligations ont pour finalité
de leur permettre de vivre dans la piété et la vertu et en purifiant leurs âmes, de toutes
les scories de la vie matérielle. C’est également le cas du jeûne bâti, quant à lui, sur
l’aisance, la facilité, le souci d’accomplissement et de perfectionnement, sans omettre
l’exaltation de Dieu, pour sa bonne guidée et Ses bienfaits.
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Une recommandation prophétique illustre cette idée : notre Saint Prophète
Salut Divin Sur Lui, insiste en effet, sur le devoir de chacun de combattre le démon
circulant dans nos veines comme le sang, et de rétrécir en nous-mêmes son champ de
tentation par le jeûne ou la faim et nous incite d’autre part à combler ce mois de bonnes
actions « Celui qui donne au jeûneur de quoi rompre son jeûne, aura la même
récompense que celui-ci, sans toutefois, que la récompense de ce dernier soit
diminuée. ».
Sur le plan pratique, le cousin du Prophète Ibn ‘Abbas, que Dieu l‘agrée
rapporte que : « l’Envoyé de Dieu, Prières de Dieu Sur Lui était le plus généreux des
hommes notamment pendant le mois de Ramadan. Il était aussi le plus généreux lorsque
l’Ange Gabriel le rencontrait, car Gabriel le rencontrait chaque nuit de Ramadan pour
lui enseigner le Coran et, est plus généreux que le vent (porteur) de la pluie. »
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Le Saint Coran stipule à ce sujet : « Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de
prière portez vos habits en beauté. Mangez et buvez à votre guise mais sans excès car
Allah n’Aime guère ceux qui commettent des excès. » (Sourate dite : « Al A’raf »
Verset 31) . Ainsi, l’Islam combat par conséquent tout excès de nourriture, de nature à
compromettre l’état de santé de l’individu ainsi que tout ce qui met en péril son mode
de vie quotidien.
Tout excès est de nature à engendrer des maladies quelque fois incurables.
Sans doute, le corps est toujours en état de décomposition et de substitution. Plus la
décomposition augmente, plus la chaleur faiblit par l’anéantissement de sa matière, du
fait que la fréquence de la décomposition extermine l’humidité qui est matière de la
chaleur. Si celle-ci s’affaiblit, la digestion se ralentit jusqu’à ce que l’humidité s’en
trouve éliminée et la chaleur éteinte ; alors, la mort s’ensuit.
Rien ne doit étonner le lucide car même les cieux, la terre, les autres
créatures destinées au service de l’homme et autres encore qu’on ne pourrait énumérer,
ou celles qu’on ne peut voir ou atteindre parcequ’infiniment grandes, ou infiniment
petites, infiniment prêtes ou infiniment lointaines ; tout cela subsiste grâce aux secrets
de l’équité et obéit à la loi divine de l’équilibre. Le Saint Coran abonde dans cet ordre
d’idées en ces termes : « Le Tout Miséricordieux. Il a enseigné le Coran. Il a Créé
l’homme. Il lui a appris à s’exprimer clairement. Le soleil et la lune (évoluent) selon un
calcul (minutieux). Et l’herbe et les arbres se prosternent. Et quant au ciel, il l’a élevé
bien haut. Et Il a établit la balance, afin que vous ne transgressiez pas dans la pesée :
donnez (toujours) le poids exact et ne faussez guère la pesée. » (Sourate dite
« Ar Rahman » ou « Le Tout Miséricordieux » Versets 1 à 9).
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Ainsi donc, le Saint Coran nous a ordonné la pratique de la justice en toutes
choses, sans que cela soit particulier à un domaine précis ou à un groupe déterminé de
personnes, même à l’égard de nos ennemis ou à une minorité de confession autre que
musulmane vivant côte- à- côte avec nous, car la justice est une règle, une législation de
Dieu pour l’ensemble de Ses créatures quels que soient leur couleur, leur sexe, ou leur
appartenance ethnique ou autres caractéristiques…
Notre Vénéré Prophète nous invite ardemment à implorer Dieu afin de nous
offrir une bonne santé et surtout à la protéger par ses belles paroles que voici : « Celui
qui jouit d’une bonne santé physique, de la sécurité chez soi et qu’il a de quoi se nourrir
son jour même, serait comme s’il possédait le monde entier à ses pieds. ». La santé, la
sécurité et l’autosuffisance, telles sont les composantes du bonheur d’ici-bas pour les
individus soit-il, ou pour des nations entières.
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C’est ainsi que ces éléments sont plus ou moins absents, les uns par rapport
aux autres dans les pays en voie de développement ou pays du bas monde. De plus, il
ajoute : « Demandez à Allah, dit-il, Paix et Bénédiction Sur Lui, la foi ferme et la bonne
santé car rien ne pourra advenir à une personne après la foi ferme, mieux que la
santé. ». De cette façon, la bonne santé de la vie future et celle de la vie d’ici-bas se
trouvent indissolublement liées. En d’autres termes, la vie du véritable serviteur de
Dieu ne sera paisible, loin de tout tourment dans les deux demeures, que par sa foi
ferme, couronnée d’une bonne santé : la première repoussant les châtiments de l’Au-
delà par l’amour et la droiture et la seconde, épargne son cœur et son corps des maladies
inhérentes à sa vie active.
Il est certain que la part du mouton la plus légère est la viande du cou, du
bras et de la cuisse ; d’autant plus que ces parties n’encombrent nullement l’estomac, et
lui procurent au contraire, une digestion des plus adéquates. Ainsi sont appréciés les
aliments selon les caractéristiques suivantes :
Le Prophète, Salut Divin Sur Lui, chérissait aussi les douceurs et le miel,
lesquels à l’instar de la viande constitueraient les meilleurs aliments dotés d’une grande
utilité pour tous les organes du corps et notamment le foi, sauf pour ceux qui souffrent
d’une défectuosité organique quelconque ou alors avis contraire du médecin traitant.
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Il va sans dire que celui qui assouvit modérément ses besoins en temps utile,
et d’une manière équilibrée tirera sûrement de la nourriture un profit curatif de taille.
Aussi, le médicament se ramène-t-il à deux éléments : le régime et le maintien de la
santé. En effet, le régime, que nous apprend le jeûne rationnel, constitue l’un des plus
efficaces remèdes pour soigner des maladies résultant d’un excès de nourriture, plus que
le vomissement pratiqué dans des cas graves.
En outre, le Prophète Salut Divin Sur Lui, aurait voulu inciter l’homme, par
sa noble méthode nutritive à réduire la quantité des aliments qu’il consomme, à éviter
de poursuivre démesurément ses goûts et désirs, et à se méfier des surplus. Cette cure
prophétique, prescrit de permettre à chaque corps de suivre ses habitudes qui diffèrent
d’ailleurs, d’un individu à l’autre, en matière notamment de consommation des aliments
et d’utilisation des médicaments.
Sous une autre optique, le jeûne du Ramadan se présente comme une cure de
la passion. Celle-ci, vouée aux images, est le lot des cœurs dépourvus d’amour de Dieu,
Seigneur, Maître des mondes. Les cœurs qui s’en détournent le remplacent par un autre
objet d’amour qu’on vénère, à l’image d’une vulgaire idole des païens.
Dans le Saint Coran, Dieu, Gloire et Pureté à Lui seul, dit : « Le mois de
Ramadan, au cours duquel le Coran fut révélé comme guide pour les hommes et preuves
claires de la bonne direction et du bon discernement. » (Verset 184 de la Sourate dite
« La Vache » commenté plus haut.). Ce verset donne la raison principale de l’institution
du jeûne au cours du mois de Ramadan à savoir que la Révélation du Saint Coran s’est
faite en ce mois béni.
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Sachant que le Coran est le meilleur moyen de purifier son cœur et d’élever
son âme, il n’y a donc pas de meilleure façon de remercier Dieu de ce bienfait et l’adorer
en ce mois où fût descendu le Coran que cet acte qui purifie le cœur et élève l’âme
spirituellement, en l’occurrence le jeûne. Ceci nous amène à voir dans les
développements suivants les débuts de la Révélation coranique, le processus d’évolution
et la finalité de ce Livre sacré rendant hommage aux hommes de science et incitant sans
trêve, à la recherche dans tous les domaines de la vie. Dans la Sourate dite du
« Destin »ou des « Décisions » Dieu, Grâce à Lui Seul, énonce : «Nous l’avons certes, fait
révélé (le Coran) pendant la nuit de la Destinée. As- Tu idée de ce qu’est la nuit de la
Destinée ? La nuit de la Destinée est mieux préférée que mille mois. Durant celle-ci,
descendent les Anges ainsi que l’Esprit (Gabriel) selon la Volonté de leur Seigneur par
l’accomplissement de tout ordre. Elle demeure paix et salut jusqu’à l’apparition de
l’aube. ».
C’est dans cette nuit qu’a débuté la Révélation du Saint Coran. Elle est une
nuit bénie, située au mois de Ramadan où le Livre céleste fût descendu en une seule fois
de la Tablette Gardée à la Demeure de la Puissance dans le Ciel inférieur, puis il fût
révélé au fur et à mesure selon les circonstances durant vingt trois années au Messager
de Dieu qu’Allah Le comble de sa Grâce à jamais. Puis pour montrer la valeur de cette
nuit, Dieu dit à son Prophète : « As- Tu idée de ce qu’est la nuit de la Destinée ? La nuit
de la Destinée est mieux préférée que mille mois. ».
Cette nuit se distingue par rapport aux autres nuits de l’année en ce qu’elle
se présente comme si elle était éclairée par une pleine lune, sereine ; on n’y sent ni
chaleur ni froid, le soleil du lendemain aura une faible lumière. Pour en profiter, le Saint
Prophète, de Son vivant, faisait sa retraite spirituelle (I'tikaf) durant les derniers jours
du mois de Ramadan et incitant ses épouses à en faire autant.
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Le grand jurisconsulte Malek ben Anes a dit que « les hommes se doivent
de rechercher cette nuit par plus de prières, durant toute la dernière décade du mois de
Ramadan sans se limiter à une nuit précise et d’y multiplier leurs invocations surtout
dans les nuits impaires commentant ainsi les recommandations prophétiques. Notre
mère épouse du Prophète ‘Aïcha que Dieu agrée son âme dit un jour au Prophète : Si
j’arrive à contempler cette nuit, qu’est ce que je devrais implorer ? Le Prophète lui
répondit : « Dis : Grand Dieu Tu es le Pardonneur par excellence, Tu aimes le Pardon,
Pardonnes moi. ».
Pour ce qui est de la révélation du Saint Coran, notre Mère Noble ‘Aïcha,
épouse du Prophète que Dieu l’agrée, raconte, comme le rapportent plusieurs sources
officielles : « Les visions pieuses Lui furent au début de la Révélation. Le Messager de
Dieu, Salut Divin Sur Lui, ne voyait l’une d’elles, sans qu’elle soit telle la clarté de
l’aube. Puis, le Prophète aimant la retraite, se retirait dans une grotte appelée « Hira »
où il s’adonnait à des pratiques cultuelles, (surtout de méditation), après avoir emporté
avec lui de quoi se nourrir, pendant cette période d’isolement. Ensuite, il retournait chez
lui pour demander à son épouse Dame Noble Khadidja, Mère des croyants, que Dieu
l’agrée et l’accueille parmi les Siens, de lui préparer de nouveau sa nourriture et
retourner poursuivre sa cure spirituelle, jusqu’à ce que la Vérité lui fût rapportée dans
la grotte susvisée. ».
« Un jour l’Ange y vint soudainement lui dire : « Lis, » « Je ne sais pas lire »
lui répondit le Prophète qui raconta avec précision ce récit. « Il m’étreignit au point de
me faire perdre toute force. Puis, il me relâcha en me disant : « Lis », « Je ne suis pas de
ceux qui lisent », répondis-je. Il m’étreignit pour la deuxième fois, au point de me faire
perdre toute force, puis me relâcha en me disant : « Lis » et Moi de répondre : « Je ne
sais pas lire ». A la troisième fois, il m’étreignit au point de me faire perdre toute force,
puis, il me relâcha en me disant : « Lis au nom de Ton Seigneur qui a créé. Qui a créé
l’homme d’une adhérence (caillot de sang). Lis, et Ton Seigneur le Plus Généreux. Qui
enseigne par la Plume. Enseigne à l’homme ce qu’il ignore. ». Le Messager de Dieu, que
notre Seigneur Le comble de Sa Grâce à jamais, en retenant les paroles de la Lumière
divine et, à cœur frémi, il rentra chez son épouse Khadidja, qui, émue de cette surprise,
lui dit : « couvrez-moi, couvrez-moi. ». On l’enveloppa jusqu’à ce qu’il retrouva son
état normal. Il dit alors à son épouse : « Qu’ai-je donc ? » Il lui raconta l’événement et
lui dit : « J’ai cru que j’allais mourir. » Elle lui répondit par grande sagesse et force de
caractère : « Non, par Dieu, Soit tranquille. Dieu ne te couvrira guère de honte ; car Tu
maintien le lien de parenté, Tu ne dis que la vérité, Tu donnes aux démunis, Tu héberges
les hôtes et Tu viens au secours des victimes de vicissitudes du droit. ». La Noble épouse
Khadidja partit en Sa compagnie chez son cousin : un homme très âgé, atteint par la
cécité, mais cependant érudit et amoureux de la science théologique, appelé «Waraqa
Ibn Newfel ». Celui-ci se fût converti au christianisme au temps préislamique. Il savait
écrire l’arabe et avait translaté de l’Evangile ce que Dieu voulut qu’il fasse. En arrivant
chez son cousin, la Noble Khadidja lui dit : «Ô cousin, écoutes ce que va te raconter ton
neveu. ». Waraqa demanda avec ardeur au Prophète de s’expliquer. Il lui raconta le
déroulement de la scène vécue dans la grotte de Hira. »
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Celui-ci répliqua avec amertume : « C’est l’Ange confident, que Dieu avait
envoyé à Moïse. Hélas ! J’aurais souhaité être jeune et valide, pour Te soutenir
dans Ta Noble Mission, au moment où Te persécuteront Tes proches. » Etonné,
Le Prophète demanda quelques éclaircissements : « Me feront-ils expulsé alors ? »
Waraqa de répliquer : « Certainement ; car, quiconque apporte ce que Tu as apporté,
est aussitôt considéré comme ennemi, et donc pourchassé de chez lui. » Mais Waraqa ne
tarda pas à mourir ; et la Révélation fût interrompue un bon moment. ».
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Lors de chaque révélation, le Prophète Salut Divin Sur Lui, précisa en outre,
l’endroit que ce nouveau texte doit occuper dans l’ensemble coranique, alors existant ;
loin d’obéir à un système de classement mécaniquement chronologique. On ne saurait
quand même, trop admirer le soin accordé à la conservation du texte coranique, en
référence au niveau culturel des arabes d’alors.
Il est raisonnable de penser que les toutes premières révélations reçues par le
Prophète, ne furent pas confiées tout de suite à l’écriture, car les circonstances de
l’époque, ne permettèrent guère une telle opération, du fait que Lui-même et Ses
compagnons, subirent de la part des polythéistes de la Mecque, des brimades et attaques
incessantes. Ces textes ne furent ni longs ni nombreux, au risque d’être mal appris. Ainsi
le Prophète ne put les oublier, car Il les récita souvent ainsi que Ses compagnons dans
des offices de prières et dans Ses conversations prosélytiques ; Ses compagnons
pourtant persécutés, en firent de même ; ce qui explique que la prédication fût récitée
pendant environ trois années, avant que le calife ‘Umar que Dieu agrée son âme n’ait
été converti à l’Islam.
Certains faits historiques nous rendent compte de ce qui s’est passé à cette
époque. Le noble ‘Umar passa pour la quarantième personne qui ait embrassé l’Islam. Il
s’agit là de l’An VIII avant l’Hégire (année V de la Mission). Déjà à cette époque
primitive, on posséda le texte de différents chapitres du Saint Coran, rédigés par écrit,
et se fût la lecture d’un tel document, qui persuada notre « homme » à se convertir et à
déclarer aussitôt qu’il n’y a lieu de craindre que Dieu, et par conséquent, de prêcher à
haute voix, le Message du Seigneur. Le Saint Coran vint pour confirmer cette vision en
disant au Prophète : « Exposes donc clairement ce qu’on T’a ordonné de faire et
détournes-Toi des associateurs. » (Sourate dite « Al Hijr » Verset 94).
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On apprend de sources authentiques que chaque année au mois de
Ramadan, le Prophète récita à l’Ange Gabriel, la partie du Saint Coran, jusqu’alors
révélée. D’autre part, il la récita une deuxième fois devant Ses compagnons qui
collationnèrent leurs copies privées pour les corriger devant Lui. Quelque peu avant que
notre Prophète Salut Divin Sur Lui ne soit rappelé par son Seigneur, l’Ange Gabriel Lui
fit par deux fois, toute la Révélation coranique ; à quoi le Prophète comprit la fin de sa
mission et qu’il allait bientôt mourir. Ainsi, le Prophète avait l’habitude de réviser
pendant chaque mois de Ramadan, mois de jeûne, les Versets et les Chapitres du Saint
Coran, en vue de les mettre en ordre, sur orientations du Seigneur l’Omniscient et de
leur donner la suite qui convient.
On sait par ailleurs que le Saint Prophète avait l’habitude de célébrer chaque
nuit, pendant ce mois de jeûne, un office supplémentaire de taille exceptionnelle. Il le
faisait même publiquement en compagnie de ses adeptes, offices où Il récitait le Saint
Coran par partie, de telle sorte que le tout fût récité au cours du mois. Cette office
appelée « Tarawih », continue jusqu’à nos jours, d’être célébrée avec beaucoup de
dévotion.
Lorsque le Prophète Salut Divin Sur Lui rendit le dernier soupir, il y avait
une rébellion en cours et la répression, face à cette dernière, entraîna chez les
musulmans, la mort d’un certain nombre non négligeable de ce qui furent réputés pour
leur connaissance par cœur de la totalité du Saint Coran. Le calife Abu Bakr, que Dieu
agrée son âme comprit tout de suite la nécessité impérieuse de codifier le Saint Coran ;
la tâche fût accomplie quelques mois seulement après le décès du Prophète de la façon
suivante :
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Le calife ‘Umar avait approuvé le besoin d’envoyer dans les différents
centres, des copies authentiques du Saint Coran, pour éviter toute déviation ; mais son
successeur ‘Uthman, le fit de la façon que voici : Un de ses lieutenants rentra de
l’Arménie lointaine et lui annonça qu’il y avait des divergences dans les copies du Saint
Coran et même des querelles (divergences d’opinions), parmi les différents Maîtres. Le
Calife se fit immédiatement apporté la Copie établie par Abu Bakr et la confia à une
commission présidée par le fameux Zeïd Ibn Thabet, à laquelle il demanda d’établir sept
exemplaires et autorisa la révision de l’orthographe employé précédemment.
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Ajoutons que les dialectes différaient selon les régions d’Arabie et que le
Prophète Salut Divin Sur Lui permettait aux musulmans de ces différentes régions de
prononcer selon leurs dialectes et selon leurs habitudes et plus encore de remplacer les
mots qu’ils ne connaissaient pas par des synonymes qu’ils comprenaient mieux. Ce fût
une mesure de Grâce. Au temps du Calife ‘Uthman, l’enseignement publique était assez
répandu et il était souhaitable que l’on ne permit plus aux dialectes autres que celui
parlé par le Prophète, d’avoir des incidences sur le Texte, bien qu’ils n’aient jamais
causé que de légères variantes.
Les copies du Saint Coran envoyées par le Calife ‘Uthman, dans des centres
provinciaux ont peu à peu disparu, l’une après l’autre, au cours des siècles qui suivirent
l’opération de réunification ; mais il en reste une complète au Musée Topkapi d’Istanbul
(Turquie). Et une autre, où il manque quelques feuilles à Tachkent. Le gouvernement
russe du temps des Tsars en a fait une reproduction en fac-similé et l’on y constate,
cependant une identité entière et fidèle entre ce document et le Texte ailleurs en usage.
C’est également vrai pour d’autres manuscrits complets ou fragmentaires datant du
premier siècle et des siècles postérieurs qui furent sauvegardés de la sorte.
Sans aucune équivoque, tous les musulmans croient que le Saint Coran est la
Parole de Dieu, révélée à son Messager Mohammed Salut Divin Sur Lui. Le Prophète est
par conséquent, simplement un intermédiaire ; Il reçoit la Révélation du Seigneur et la
transmet telle quelle aux hommes, sans en être ni l’auteur ni le rédacteur. Dieu le
préservait de cette éventualité pour montrer aux fidèles qu’il s’agit de la Parole sacrée
du Seigneur et ne saurait nullement être l’œuvre de personne : « C’est une Révélation
du Seigneur de l’univers. Et s’Il avait forgé quelques paroles qu’Il Nous avait attribuées,
Nous l’aurions saisi de la main droite, ensuite, nous lui aurions tranché l’aorte. Et nul
d’entre vous n’aurait pu Lui servir de rempart. C’est en vérité un rappel pour les pieux.
Et Nous savons qu’il y a parmi vous qui le traitent de menteur ; mais en vérité ce sera
un sujet de regret pour les mécréants, c’est là la véritable certitude. Glorifie donc le nom
de Ton Seigneur, Le Très Grand ! » (Sourate dite « Al Hâqqah » ou « celle qui montre
la vérité » Versets 43 à 52.
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Cette Révélation s’inscrit dans l’ordre des Ecritures transmises à Abraham,
Moïse et Jésus, Paix et Bénédiction Sur Eux, à l’effet de « confirmer leur enseignement
et leur restituer leur authenticité originelle. ». Transmise aux hommes pour leur
apprendre ce qui échappe à leur raison, ce qui est utile à leurs convictions humaines, à
leur vocation sur terre, ainsi qu’à leur retour à leur Dieu, Gloire à Lui Seul. Elle sert
également de guide à ceux qui haïssent le mal et le vice, glorifient le bien et la vertu, et
s’efforcent de discerner la vérité de l’erreur. C’est d’ailleurs, à ceux là que le Saint
Coran rend hommage en ces termes : « Et quant à ceux qui luttent pour Notre Cause,
certes, Nous les guiderons sur Nos sentiers. Et Allah Est, en vérité, avec les
bienfaisants. » (Sourate dite « Al ‘Ankabût » ou « l’Araignée » Verset 69.)
Le Saint Coran qui signifie en arabe « Al qurân », du verbe qaraa (lire), est
le Livre par excellence de tous les musulmans de la planète, le chef d’œuvre inégalé de la
langue arabe, la source primordiale de la vie religieuse, la chari’a. Il célèbre en ce sens,
la soumission à Dieu et son Unicité ainsi que la Mission prophétique du Vénéré
Prophète, venant sceller définitivement une révélation falsifiée par le judaïsme et le
christianisme. Cette ultime Parole d’Allah destinée à tous les hommes de tous les temps
jusqu’au Jour du Jugement dernier, est descendue par l’intermédiaire de l’Ange
Gabriel sur le Prophète Mohammed, Salut Divin Sur Lui et au profit, en première
circonstance sur les Arabes, les seuls Sémites ne possédant en propre, ni Prophète ni
Livre sacré.
Le Saint Coran n’est pas une suite d’écrits transmis dans le temps comme
l’Ancien Testament ni un récit transcrit après coup comme les Evangiles. C’est une
Parole unique donnée à un Homme unique. Radicalement nouvelle dans le contexte du
paganisme arabe, l’explication coranique du monde dénote cependant chez le Prophète
une connaissance des croyants des chrétiens et des juifs arabophones présents en Arabie
comme en témoignent les mentions d’Adam, du Jugement dernier, de Satan et des
Prophètes bibliques. Elle puise en même temps dans le substrat local : Prophètes arabes,
précurseurs, génies (djinns), Ka’Ba, etc.
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Aux ambiguïtés qui appellent une interprétation à bon escient, annoncée
dans ce Verset, s’ajoute une autre sorte de difficultés formelles. En effet, le Saint Coran
fût révélé en langue arabe ; mais qui dit langue arabe dit en réalité deux groupes
linguistiques, synthétiques : l’un en usage dans l’Arabie du Sud, ou groupe Qahtanide,
l’autre parlé en Arabie centrale et au nord de l’Arabie, ou groupe Modarite. De chaque
groupe, au reste, dérivaient des dizaines de dialectes ayant chacun sa propre
sémantique, ses propres structures morphologiques, ses mots arabes, ses formes de
pluriel, ses règles d’accord verbal et de déclinaison. Cependant, la précellence au point
de vue pureté de la langue était et sera plus tard pour les philologues la langue des
bédouins de l’Arabie centrale, en particulier le parlé de « Hawazine »qui nomadisaient
ordinairement dans le voisinage de Taïef.
C’est ainsi que le poète enraciné dans les vertus se mettait au diapason de sa
tribu et usait de sa muse pour défendre les honneurs de ses proches, s’exprimer, en
temps de paix comme en temps de guerre, sur tous les problèmes de la vie tribale, et de
mener un combat acharné contre toutes formes de vice et d’injustice etc.
Cette frange de poètes ne saurait être assimilée à ceux qui errent ça et là sans
finalité utile, par leurs poèmes et ne font guère ce qu’ils disent. Il s’agit en fait de poètes
vertueux auxquels le Saint Coran rend hommage à la fin de la Sourate dite « Les
poètes » ou « As-Shu’arâ » que voici : « A l’exception de ceux qui croient en Dieu, font
de bonnes œuvres, invoquent très souvent Allah, et triomphant après qu’ils aient été
attaqués. Et les injustes sauront le revirement qu’ils éprouveront.». Par conséquent, on
peut en cas de difficultés linguistiques s’en rapporter à la poésie qui reste, grâce à la
pureté de langue dont elle est couronnée, la source référentielle des Arabes.
Quoi qu’il en fût, il fallait se mettre d’accord sur un critère linguistique pour
éliminer toute équivoque de sémantique. C’est dans le parlé de la Mecque comme nous
l’avons précisé plus haut que le Saint Coran fût révélé. Or le parlé des Quraychites avait
pour des raisons géographiques, historiques, culturelles et commerciales fait non
seulement des emprunts aux dialectes des autres tribus et qu’on retrouve dans le Texte
coranique, mais encore à l’Hébreu, au Nabatéen, au Persan, au Byzantin à l’Amharique
(langue de l’Ethiopie) et même au Berbère et au Zanzibarien.
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Or, lorsqu’on procéda à la première recension du Saint Coran sous le Califat
d’Abu Bakr, deux ans à peine après la mort du Prophète (Année 10/h - 632/g) et à la
recension définitive (Année 35/h – 656/g), il fût décidé que la parole des Quraychites,
c’est-à-dire de la Mecque avait pour l’établissement officiel du Saint Coran, en cas
d’amphibologie (ambiguïté ou double sens par rapport à un sens donné), une priorité
exclusive.
Le Saint Coran met lui-même en garde les fidèles contre les suppositions
infondées, les questions superflues, les conjectures qui faussent bien souvent la vérité et
constituent par là même une source de péchés (Sourate dite «Jonas » ou « Yûnus »)
Verset 36.
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A la connaissance des causes et des circonstances de la Révélation, devait
s’ajouter une autre discipline, devenue classique en matière de droit et de théologie :
l’abrogation de certains versets et leur remplacement par d’autres versets au cours de
la transmission du Message divin par le Prophète lui-même. C’est à cela que le Saint
Coran fût allusion dans la Sourate dite « La Vache » Verset 106 : « Si Nous abrogeons
un Verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur ou
un semblable. Ne sais-Tu pas qu’Allah est Omnipotent ? ». Cette discipline devait
contribuer à l’éclairage de l’exégèse, comme source d’information.
Tant que le Prophète était vivant, ces difficultés pouvaient être facilement
surmontées. Mais au lendemain de Son décès, il fallait de toute urgence combler une
telle perte documentaire et ce d’autant plus que l’aire de l’Islam s’étendait de plus en
plus à travers les peuples et les continents.
Sous les quatre premiers Califes : Abu Bakr, ‘Umar, ‘Uthman et ‘Ali que
Dieu agréé leurs âmes, l’Islam connut une expansion politique et religieuse inattendue,
non seulement en Arabie mais aussi en Afrique et en Asie au détriment des plus grands
Empires d’alors : l’Empire sassanide et l’Empire byzantin. Or, les millions d’adeptes
convertis à la religion musulmane, n’étaient pas arabophones, c’étaient des « ‘Adjem »,
(ethnie non arabe), auxquels il fallait expliquer le Saint Coran non seulement au point
de vue langue mais encore sur le plan du dogme, de la loi, du rituel et du comportement
dans la vie quotidienne.
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En outre, il n’était plus question seulement du peuple arabe mais d’une
Communauté formée d’ores et déjà, de peuples fort hétérogènes, sur les plan ethnique,
linguistique et sociologique, cependant, tous frères et sœurs en Dieu.
En outre, le Saint Coran relate des histoires, des paraboles, des métaphores.
De plus on y trouve des précisions sur les attributs de Dieu qui est Unique, Créateur de
tout ; Omniscient, Omnipotent, Juste Miséricordieux etc. Capable de nous ressusciter
après la mort et de demander à chacun de Lui rendre des comptes, c’est-à-dire nos
comptes dans ce bas monde.
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Le Saint Coran consacre également tout un enseignement sur la manière de
louer et d’implorer Dieu, sur les devoirs de l’homme, « cet animal pensant », vis-à-vis de
Dieu, des autres créatures et de soi-même. En d’autres termes, nous ne nous
appartenons pas à nous-mêmes, mais à notre Seigneur qui nous a investi de la mission
sublime de le représenter sur terre avec amour et justice et pour laquelle il nous a doté
de bienfaits qu’on ne peut quantifier et dont nous devons assurer la bonne utilisation et
la bonne protection pour le bien être de tous.
Ce Livre sacré dicte des règles à suivre dans le domaines social, règles
afférentes par exemple aux relations commerciales, au statut personnel (mariage,
divorce, adoption, allaitement, héritage,) arbitrage (familial et autre), droit pénal, droit
international et ainsi de suite… Quand bien même Il ne saurait être un livre au sens
banal du terme, Il est la collection des Paroles de Dieu, révélées, de temps à autre
pendant vingt trois années au Sceau des Messagers, Salut Divin Sur Lui, envoyé par Lui
auprès des hommes.
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