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Cours et Exercices de Géométrie ane

euclidienne pour les Professeurs Stagiaires Cadres


des Académies
Filière : Professeurs de l'Enseignement Secondaire \
Département de mathématiques

Réalisé par : Mohamed Talbi, Professeur au CRMEF de l'Oriental, Oujda

2022-2023
Table des matières
1 Espace Ane 3
1.1 Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Repère cartésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Sous-espaces ane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

2 Espaces Ane Euclidien 7


2.1 Rappels sur les espaces vectoriels euclidiens : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.1.1 Produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.1.2 Norme : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.1.3 Orthogonalité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.4 Base orthonormée : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2 Espace ane euclidien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2.1 Espace ane euclidien : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2.2 Distance : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2.3 Boules et sphères : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2.4 Repère orthonormé : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2.5 Orthogonalité et perpendicularité des sous-espaces : . . . . . . . . . . . . 13
2.3 Projection orthogonale : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.3.1 Projeté orthogonal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.3.2 Sphères, Hyperplans tangents : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.4 Barycentre dans un espace ane euclidien : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.1 Dénition et propriétés : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

3 Isométries et similitudes 23
3.1 Applications anes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.1.1 Théorème et dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.1.2 Exemples d'applications anes : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

1
3.1.3 Application : Théorème Thalès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.2 Isométries Anes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.2.1 Isométries vectoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Bibliographie 30

2
Chapitre 1
Espace Ane
1.1 Dénition
Dénition 1.1. Soit E un espace vectoriel. Un espace ane de direction E est un ensemble
−→ −→

−→
non vide E muni d'une application Φ de E × E dans E qui à un couple (A, B) de E associe

−−−

un vecteur noté AB et qui vérie

−−−
→ −−−−
→ −−−−

1) ∀(A, B, C) ∈ E 3 , AB + BC = AC (relation de Chasles).
−→
2) Pour tout point A de E, l'application ΦA dénie de E dans E par
−−−−→ −→
ΦA (M ) = Φ(A, M ) = AM est une bijection de E dans E .
−→
La dimension de l'espace ane E est par dénition celle de l'espace vectoriel E associé.
Les éléments de E sont appelés des points.
−→
Dans toute la suite on notera par E un espace ane et par E sa direction.

Remarque 1.1.
−→
1) On peut munir un espace vectoriel E d'une structure d'espace ane, de direction l'espace
−→ −→ −→ −→
vectoriel E lui-même, dite structure ane canonique : Φ est l'application de E × E dans E
dénie par −uv
−→
= Φ(u, v) = v − u. Donc v = u + uv .
−−→

Sans autre précision, un espace vectoriel sera toujours muni de sa structure ane canonique.

−−−

2)Si Φ−1
A (u) = B on écrit : B = A + u et cela signie que AB = u.
D'après cette notation on a

−→ −→
E = A + E = {A + x | x ∈ E }.

Exemple On note E l'ensemble des (x, y, z) de R3 tels que x + y + z = 1 et E l'ensemble des


−→

(x, y, z) de R3 tels que x + y + z = 0.


−→
a. Vériez que E est un R-espace vectoriel. L'ensemble E est-il un sous-espace vectoriel de R3 ?

3
b. On dénit Φ de E ×E dans R3 par Φ((x, y, z), (x′ , y ′ , z ′ )) = (x′ −x, y ′ −y, z ′ −z). Montrez que
−→
Φ(E × E) est inclus dans E et que Φ dénit sur E une structure d'espace ane dont l'espace
−→
vectoriel sous-jacent est E .

1.2 Propriétés
Proposition 1.1.
−→
i) Pour tout point A ∈ E et tous vecteurs u, v ∈ E :
A + (u + v) = (A + u) + v
ii) Pour tous points A, B ∈ E :

−−−

ˆ AB = 0 ⇐⇒ A = B,

−−−
→ −
−−−

ˆ BA = −AB .

1.3 Repère cartésien


Dénition 1.2.
ˆ Un repère cartésien de E est la donnée d'un point O ∈ E et d'une base (e1 , ..., en ) de
−→
E , il est noté (O, e1 , ..., en ). Les coordonnées (cartésiennes) d'un point M ∈ E dans
−−−−→
un tel repère sont les n scalaires x1 , ..., xn tels que : OM = x1 e1 + ... + xn en .
−−−−−−
→ −−−−−−→
ˆ On dit que k+1 points A0 , ..., Ak sont anement indépendants si les vecteurs A0 A1 , ..., A0 An
sont linéairement indépendants.
ˆ Un repère ane de E est la donnée de n + 1 points anement indépendants.

Remarque 1.2.

−−−−−
→ −−−−−−→
(A0 , ..., An ) est un repère ane de E si et seulement si (A0 , A0 A1 ..., A0 An ) est un repère
cartésien de E.

1.4 Sous-espaces ane


Dénition 1.3. Un sous-espace ane F de E est une partie de E de la forme
−→
F =A+F,
−→ −→
où A ∈ E et F est un sous-espace vectoriel de E .
−→
F est alors par restriction un espace ane de direction F .

4
Dénition 1.4. Soient F et G deux sous-espaces anes de E de directions respectives F et
−→

−→
G . On dit que :
−→ −→
ˆ F et G sont parallèles si F = G ,
−→ −→
ˆ F est faiblement parallèle à G si F ⊂ G .

Proposition 1.2. Soit (Fi )i∈I une famille de sous-espaces anes de E. Leur intersection est
−→ −→
soit vide, soit un sous-espace ane de direction ∩i∈I F i , où les F i sont les directions des Fi .
−→ −→
Démonstration. Si ∩i∈I Fi ̸= ∅. Soit A ∈ ∩i∈I Fi , alors ∩i∈I Fi = ∩i∈I (A + F i ) = A + (∩i∈I F i )
−→ −→
et ∩i∈I F i est un s.e.v de E .

Dénition 1.5. Soit X une partie non vide de E. l'intersection des sous-espaces anes conte-
nant X s'appelle le sous-espace ane engendré par X. On le note Af f (X).

Proposition 1.3. Soit X une partie non vide de E et A ∈ X


i) Af f (X) est le plus petit sous-espace ane de E contenant X.
−−−−

ii) la direction de Af f (X) est V ect({AB | B ∈ X}).

Démonstration.
i) D'après la proposition précédente.

−−−→
ii)Posons F = A + V ect({AB |B ∈ X}).

−−−

Soit M ∈ F, alors il existe I ⊂ R tel que M = A + λ∈I, B∈X λAB ∈ Af f (X).
P

−−−→
Soit B ∈ X, alors B = A + AB ∈ F. Donc X ⊂ F et par suite Af f (X) ⊂ F.

Proposition 1.4. Soient F = A+ F et G = B + G deux sous-espaces anes de E. La direction


−→ −→

du sous-espace ane Af f (F ∪ G) est


−→ −→
F + G siF ∩ G ̸= ∅,
−→ −→ −
−−−

(F + G ) ⊕ V ect(AB ) siF ∩ G = ∅.

Démonstration. D'après la proposition précédente, la direction de Af f (F ∪ G) est



−→ −−−−→ −−−−→ −
−−−
→ −
−−−−

H = V ect({AM | M ∈ F ∪ G}) = V ect({AM | M ∈ F } ∪ {AB + BM | M ∈ G}) =
−→ −→ −
−−−

F + G + V ect(AB ).

−−−
→ −→ −→ −
−−−
→ −→ −
−−−
→ −→
De plus AB ∈ F + G ssi il existe C ∈ E tel que AC ∈ F et CB ∈ G ssi C ∈ F ∩ G. Donc
−→ −→

−→
F + G siF ∩ G ̸= ∅,
H = −→ −→ −
−−−

(F + G ) ⊕ V ect(AB ) siF ∩ G = ∅.

5
Dénition 1.6. Soient F et G deux sous-espaces anes de E de direction respectives F et G .
−→ −→

−→ −→ −→
On dit que F et G sont supplémentaires dans E si E = F ⊕ G .

Proposition 1.5. F et G sont supplémentaires dans E si et seulement si Af f (F ∪ G) = E et


F ∩ G contient un unique point.

Démonstration.
−→ −→ −→
Si F et G sont supplémentaires dans E, alors E = F ⊕ G . D'après la Proposition 1.4,

−−−−−−−−−−−−−−
→ −→
Af f (F ∪ G) = E , donc Af f (F ∪ G) = E et F ∩ G ̸= ∅. De plus F ∩ G contient un unique
−−−−−
→ −→ −→
point car ∀M, N ∈ F ∩ G, M N ∈ F ∩ G = {0}, donc M = N.
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
Si Af f (F ∪ G) = E et F ∩ G = {B}, E = F + G et F ∩ G = {0}, car ∀u ∈ F ∩ G , B + u ∈
−−−−

F ∩ G = {B}. Donc u = BB = 0.

6
Chapitre 2
Espaces Ane Euclidien
2.1 Rappels sur les espaces vectoriels euclidiens :
Remarque 2.1. Cette première partie a pour but de développer les principaux résultats concer-
nant les espaces vectoriels euclidiens. Cette étude n'est pas une n en soi mais elle est le passage
obligé pour étudier ensuite les espaces anes euclidiens qui sont l'objet principal du programme
de géométrie.
−→
On note E un espace vectoriel de dimension n non nulle sur le corps des réels R.

2.1.1 Produit scalaire


Dénition 2.1. Un produit scalaire sur E est une application ϕ de E × E dans R qui à un
−→ −→ −→

couple de vecteurs (x, y) associe un scalaire réel noté (x|y) ( ou x.y ou ⟨x, y⟩, ...) vériant les
trois propriétés suivantes :
PS1) l'application ϕ : (x, y) 7→ (x|y) est bilinéaire, c'est-à-dire linéaire en x :
−→
∀x, x′ , y ∈ E ; ∀λ, λ′ ∈ R; (λx + λ′ x′ |y) = λ(x|y) + λ′ (x′ |y),

et, de même, ϕ est linéaire en y,


PS2) l'application ϕ est symétrique :
−→2
∀(x, y) ∈ E ; (x|y) = (y|x),

PS3) l'application ϕ est dénie positive :


−→
∀x ∈ E , (x|x) ≥ 0) et (x|x) = 0 ⇐⇒ x = 0

7
−→
Un espace vectoriel E de dimension ni muni d'un produit scalaire est appelé un espace vectoriel
euclidien.

Remarques 2.1.
1. Grâce à la symétrie on peut se limiter à vérier la linéarité sur l'un des facteurs.
2. La condition PS1 appliquée avec λ = λ′ = 0 montre qu'on a (0|y) = (y|0) = 0 pour tout
−→
y ∈ E . À l'inverse, 0 est le seul vecteur x vériant (x|y) = 0 pour tout y (comme on le voit
avec la condition PS3 appliquée à x). On dit que la forme bilinéaire ϕ est non dégénérée.

Exemples : Les applications suivantes sont elles des p.s :


1) φ : R3 × R3 → R tel que φ((x1 , x2 , x3 ), (y1 , y2 , y3 )) = 2x1 y1 + x2 y1 + x1 y2 + 2x2 y2 .
2) φ : R3 × R3 → R tel que φ((x1 , x2 , x3 ), (y1 , y2 , y3 )) = 2x1 y1 + x2 y1 .
Exercice 1 :
−→ −→
E est un espace vectoriel euclidien muni d'un p.s (.|.). Soit x ∈ E tel que : (x|x) = 0. Montrer
−→
que pour tout y ∈ E ; (x|y) = 0.

2.1.2 Norme :
Théorème 2.1. soit (.|.) un p.s sur E , alors : ∥x∥ =
−→ −→
(x|x) est une norme sur E . c'est à
p

dire :
−→
N1) ∀x ∈ E ; ∥x∥ ≥ 0 et (∥x∥ = 0 ⇐⇒ x = 0);
N2) ∀λ ∈ R; ∥λx∥ = |λ|∥x∥;
−→
N3) Inégalité triangulaire : ∀x, y ∈ E ∥x + y∥ ≤ ∥x∥ + ∥y∥.
−→
Cette norme s'appelle norme euclidienne de E .

Pour la preuve de ce théorème nous avons besoin de l'inégalité suivante (fondamentale) :

Lemme 2.1. On a pour tout x, y dans E , l'inégalité :


−→

|(x|y)| ≤ ∥x∥∥y∥.

De plus, on a égalité si et seulement si x et y sont colinéaires.

Démonstration. Le résultat est évident si y est nul. Sinon, on applique la propriété (PS3) aux
vecteurs x + λy avec λ réel. On a donc

∀λ ∈ R; (x + λy|x + λy) ≥ 0.

8
Par bilinéarité on obtient :

∀λ ∈ R; (x|x) + 2λ(x|y) + λ2 (y|y) ≥ 0.

Cette expression est un trinôme du second degré en λ qui est toujours positif ou nul, donc son
discriminant ∆ = 4[(x|y)2 − (x|x)(y| y)] ≤ 0. D'où l'inégalité cherchée.
Il est clair que si x et y sont colinéaires on a égalité. Réciproquement, si y est nul, x et y sont
évidemment colinéaires. Si on a égalité, et que y ne soit pas nul, le discriminant ∆ est nul, donc
l'équation a une racine double réelle λ0 :

(x + λ0 y|x + λ0 y) = 0.

ce qui implique x + λ0 y = 0 en vertu de la condition PS3, donc x = −λ0 y.

Démonstration du théorème 2.1. La propriété N1 résulte du fait que (.|.) est dénie posi-
tive et N2 résulte de la bilinéarité. Pour prouver N3 il sut d'élever au carré (les normes sont
positives) et d'utiliser l'inégalité de Cauchy-Schwarz.

Remarques 2.2. 1. Montrer les formules suivantes pour x, y ∈ E :


−→

a. 2(x|y) = ∥x + y∥2 − ∥x∥2 − ∥y∥2 ,


b. 4(x|y) = ∥x + y∥2 − ∥x − y∥2 ,
c. 2(∥x∥2 + ∥y∥2 ) = ∥x + y∥2 + ∥x − y∥2 .
La formule (c) est connue sous le nom d'identité du parallélogramme. Donnez une interprétation
géométrique.
2. Seules les normes qui vérient l'égalité du parallélogramme sont euclidiennes (qui se déduisent
d'un produit scalaire).
Contres-exemples : les normes dans Rn dénies par ∥x∥1 = sup1≤i≤n |xi | ou ∥x∥2 = ni=1 |xi |
P

ne sont pas euclidiennes.

2.1.3 Orthogonalité :
Dénition 2.2. On dit que deux éléments x et y de E sont orthogonaux si on a (x|y) = 0. On
−→

note alors x⊥y.


−→
On dit que deux sous-espaces vectoriels V et W de E sont orthogonaux si tout vecteur de V est
orthogonal à tout vecteur de W. On note V ⊥W.

Par la formule (a) de la remarque 2.2 on déduit le théorème de Pythagore :

9
Proposition 2.1. (Théorème de Pythagore vectoriel) : Deux vecteurs x et y sont orthogonaux
si et seulement si on a
∥x + y∥2 = ∥x∥2 + ∥y∥2 .

Dénition 2.3. Soit A une partie de E ; on appelle orthogonale de A et qu'on note A⊥ ,


−→

−→
l'ensemble A⊥ = {x ∈ E | ∀y ∈ A : (x|y) = 0}.

Remarques 2.3.
−→
1. A⊥ est un sous-espace vectoriel de E .
2. L'application V → V ⊥ est décroissante : si on a V ⊂ W on a, à l'inverse, W ⊥ ⊂ V ⊥ .

Proposition 2.2. Soit V un sous-espace vectoriel de E . On a la décomposition en somme


−→

−→ −→
directe : E = V ⊕ V ⊥ et donc l'égalité : dimV ⊥ = dim E − dim V.

Démonstration. Si x est dans l'intersection V ∩V ⊥ on a x.x = 0 donc x = 0 d'où V ∩V ⊥ = {0}.


Si on pose p = dim V on a donc dim V ⊥ ≤ n − p.
Il reste à montrer l'inégalité : dim V ⊥ ≥ n − p. On xe une base (e1 , ..., ep ) de V. On a alors, en
−→
vertu de la bilinéarité : V ⊥ = {x ∈ E |∀i = 1, ..., p, x.ei = 0}. Autrement dit, si on considère
l'application linéaire φ : E → Rp dénie par φ(x) = (x.e1 , ..., x.ep )), V ⊥ n'est autre que
le noyau de φ. On conclut en notant l'inégalité dim Imφ ≤ p et en appliquant la formule :
dim Kerφ + dim Imφ = dimE.

Exercice : V et W sont deux sous-espaces vectoriels de E . Montrer les relations suivantes :


−→

1) (V ⊥ )⊥ = V.
2) (V + W )⊥ = V ⊥ ∩ W ⊥ .
3) (V ∩ W )⊥ = V ⊥ + W ⊥ .

2.1.4 Base orthonormée :


La notion de base orthonormée que nous dénissons maintenant joue un rôle capital dans
les espaces euclidiens, tant sur le plan théorique qu'au niveau des calculs.

Dénition 2.4. Soit B = (e1 , ..., en ) une base de E . On dit que B est une base orthonormée
−→

−→
de E si :
ei .ej = 0 si i ̸= j et ∥ei ∥ = 1 pour 0 ≤ i, j ≤ n

Remarques 2.4.
Les calculs relatifs aux normes et aux produits scalaires sont très faciles quand on travaille dans
une base orthonormée.
−→ −→
Soient E un e.v.e muni d'une base orthonormée (e1 , ..., en ) et x, y ∈ E tel que x = ni=1 xi ei
P

10
et y = ni=1 yi ei . Prouver les résultats suivants :
P

1. Les coordonnées de x sont données par les formules xi = x.ei avec i = 1, ..., n.
2. x.y = ni=1 xiyi.
P

3. ∥x∥ =
pPn 2
i=1 xi .

Bien entendu il faut encore s'assurer qu'il existe des bases orthonormées. C'est l'objet de la
proposition suivante :
Proposition 2.3. Dans tout espace euclidien il existe des bases orthonormées.
Démonstration. On démontre la proposition par récurrence sur n. Elle est triviale pour n =
x
1 (car on peut toujours remplacer un vecteur x non nul par le vecteur , colinéaire et
∥x∥
de norme 1). Supposons la démontrée pour n et passons à n+1. Prenons un vecteur e0 non
nul que l'on peut supposer de norme 1 comme ci-dessus et considérons la droite vectorielle
D = Re0 engendrée par e0 e. D'après la proposition 2.2, D⊥ est un hyperplan et on a E =
D ⊕ D⊥ . L'espace D⊥ muni de la restriction du produit scalaire est un espace euclidien de
dimension n. Par l'hypothèse de récurrence il contient une base orthonormée (e1 , ..., en ). Alors
−→
(e0 , e1 , ..., en ) est une base orthonormée de E . En eet, par hypothèse, les ei sont de norme
1 et les ei pour i ≥ 1 sont orthogonaux deux à deux. Enn e0 est orthogonal aux autres ei par
dénition de D⊥ .

2.2 Espace ane euclidien


L'étude des espaces anes euclidiens est l'objet principal du programme de géométrie En-
seigné au CRMEF. Elle fournit en eet un cadre théorique pour la géométrie euclidienne élé-
mentaire, celle qui est enseignée dans les collèges et lycées.

2.2.1 Espace ane euclidien :


Dénition 2.5. Soit E un espace ane réel de dimension n, E l'espace vectoriel associé. On
−→

−→
dit que E est un espace ane euclidien si E est un espace vectoriel euclidien, i.e. si l'on s'est
−→
donné un produit scalaire sur E .
Exemple : Si on munit l'espace vectoriel E = Rn de sa structure ane canonique et du
−→

produit scalaire déni par x.y = ni=1 xi yi , on obtient un espace ane euclidien que l'on peut
P

appeler espace ane euclidien canonique de dimension n. En utilisant les repères orthonormés
on montre que tous les espaces anes euclidiens de dimension n sont isomorphes à celui-là.
Dans toute la suite E désigne un espace ane euclidien xé, de dimension n et −x→.−y→ le produit
−→
scalaire des vecteurs −x→ et −y→ de E .

11
Remarque 2.2. Si F est un sous-espace ane de E euclidien, la restriction à F du produit
−→

scalaire munit canoniquement F d'une structure d'espace ane euclidien.

2.2.2 Distance :
Dénition 2.6. On dénit une distance d sur E par la formule : d(a, b) = ∥ab ∥. On notera

−→

simplement d(a, b) = ab.


Exercices
1. abc un triangle, on a la formule d'Al-Kashi :

−→

−→
bc2 = ab2 + ac2 − 2ab .ac

2. abcd un parallélogramme. Montrez la formule :



−→ −−→
ac2 − bd2 = 4ab .ad .

4. Soient a, b, i et m des points de E.



−→
Le segment [ab] = {m ∈ E|−am −−→
= λab , avec λ ∈ [0, 1]}.
Montrer que
a) ma + mb = ab ⇐⇒ m ∈ [ab].
ab
b) i est le milieu de [ab] si et seulement si ia = ib = .
2
c) Supposons a ̸= b. Alors i est le milieu de [ab] si et seulement si i ∈ (ab) et ia = ib.

2.2.3 Boules et sphères :


Soient o un point de E et r un réel positif ou nul. La sphère (resp. la boule fermée) de centre o
et de rayon r est l'ensemble S(o, r) = {m ∈ E|om = r}, (resp. B(o, r) = {m ∈ E|om ≤ r}.)
Si E est de dimension 2, on parle de cercle et de disque fermé plutôt que de sphère et de boule
fermée.
Exercices :
1. Dans l'espace ane euclidien canonique Rn montrez que l'équation de la sphère de centre
a = (a1 , ..., an ) et de rayon r est

x21 + ... + x2n − 2a1 x1 − ... − 2an xn + a21 + ... + a2n − r2 = 0.

Réciproquement, déterminer l'ensemble des points x = (x1 , ... , xn ) vériant une équation de
la forme :
x21 + ... + x2n − 2a1 x1 − ... − 2an xn + c = 0.

12
2. Dans le plan ane euclidien canonique R2 , montrez que le cercle de centre a = (a1 , a2 )
et de rayon r admet la représentation paramétrique : x1 = a1 + rcost, x2 = a2 + rsint pour
t ∈ [0, 2π[ ou pour t ∈] − π, +π].
3. Montrer que pour tout point M d'une sphère de diamètre [AB], le triangle ABM est rectangle
en M.

2.2.4 Repère orthonormé :


Dénition 2.7. Un repère cartésien de E est dit orthogonal (resp. orthonormé) si la base de
−→
E qui lui est associée est orthogonale (resp. orthonormée). Pour abréger, on dira simplement 
repère orthonormé  au lieu de  repère cartésien orthonormé  (et on pourra écrire  r.o.n.
).

Le résultat suivant découle immédiatement du de la Proposition 2.3

Proposition 2.4. L'espace euclidien possède des repères orthonormés.


L'intérêt de ces repères est qu'on y calcule facilement des distances :
Dans un repère orthonormé de E, si a = (xi )1≤i≤n et b = (yi )n≤i≤n alors
Ì
n
X
ab = (yi − xi )2 .
i=1

2.2.5 Orthogonalité et perpendicularité des sous-espaces :


Orthogonalité :
Dénition 2.8.
−→ −→ −→ −→⊥
1) On dit que F et G sont orthogonaux si F et G le sont, i.e. si G ⊂ F (ou encore, si
−→ −→⊥
F ⊂ G ). On note alors F ⊥G ou G⊥F .
−→ −→ −→ −→⊥
2) On dit que F et G sont supplémentaires orthogonaux si F et G le sont, i.e. si G = F (ou
−→ −→⊥
encore, si F = G .)

Proposition 2.5. Soient F et G deux sous-espaces anes de E.


1) Si F et G sont orthogonaux,alors F ∩ G est soit vide, soit un singleton.
2) Si F et G sont supplémentaires orthogonaux,alors F ∩ G est un singleton.
−→ −→ −→ −→
Démonstration. Si F ⊥G, alors F ⊥G , donc F ∩ G = {0}. Par suite, si F ∩ G n'est pas vide,
c'est un sous-espace de dimension 0, c'est-à-dire un singleton.
2) L'hypothèse de supplémentarité sut à garantir le résultat. En eet : Soient a ∈ F et b ∈ G.

13
−→ −→ −→ −→ −→ −
−→
Puisque F ⊕ G = E , alors il existe −x→ ∈ F et −y→ ∈ G tel que ab = −x→ + −y→. Il existe un point c

−→ −
− → −→
de F tel que −ac
−→
= x . Donc ab = ac + y , d'où cb = y . i.e : c ∈ b + G = G.

→ −
−→ −
→ −

Exemple :
- Les hyperplans vectoriels d'un espace vectoriel E de dimension quelconque sont la générali-
sation des plans vectoriels d'un espace de dimension 3 : ce sont les sous-espaces vectoriels de
codimension 1 dans E. Si E est de dimension nie n non nulle, ses hyperplans sont donc ses
sous-espaces de dimension n − 1.
- Un hyperplan ane d'un espace ane est un sous espace ane associé à un hyperplan vecto-
riel.
- Une droite D et un hyperplan H orthogonaux sont sécants en un point. Pourquoi ?
Remarques 2.5. Dans le cadre vectoriel, un sous-espace F n'admet qu'un seul supplémentaire
−→

−→ −→⊥
orthogonal, qu'on appelle le supplémentaire orthogonal de F (c'est F ). Ce n'est plus vrai dans
le cadre ane.

Les trois notions de perpendicularité :


Dénition 2.9.
1) Deux sous espaces anes supplémentaires orthogonales sont dits aussi perpendiculaires.
(Donc une droite ane et un hyperplan ane orthogonaux sont perpendiculaires.)
2) Deux droites anes sont dites perpendiculaires si elles sont orthogonales et sécantes (en un
point).

−−→⊥ −
−−→⊥
3) Deux hyperplans anes H1 et H2 sont dits perpendiculaires si H1 ⊥H2 , c'est-à-dire si
tout vecteur normal à H1 est orthogonal à tout vecteur normal de H2 (un vecteur normal à un

−→⊥
hyperplan H est un vecteur directeur de la droite H ).
Avant de commenter ces dénitions, donnons la résultat suivant :
Proposition 2.6. Dans un e.a.e de dimension n ≥ 2, deux hyperplans perpendiculaires sont
sécants, selon un sous-espace de dimension n − 2.

−−→⊥ −
−−→⊥
Démonstration. Soient H1 et H2 deux hyperplans perpendiculaires, on a H1 ⊥H2 , donc

−−→⊥ −
−−→ −→ −
−−→ − →⊥
−− −→ −−−
→ −
−−→
H1 ⊂ H2 . Comme E = H1 ⊕ H1 , on obtient que E = H1 + H2 . Donc
−→ −
−−→ −
−−→ −
−−→ −
−−→ −
−−→ −
−−→
dim E = dim(H1 + H2 ) = dim H1 + dim H2 − dim H1 ∩ H2

ce qui entraine que



−−→ −
−−→
dim H1 ∩ H2 = (n − 1) + (n − 1) − n = n − 2.

14
Remarques 2.6.
- En dimension 2, les trois dénitions précédentes de la perpendicularité coïncident. En parti-
culier, pour deux droites d'un plan ane,  orthogonales  est synonyme de perpendiculaires.
- En revanche, en dimension 3, deux hyperplans ne peuvent jamais être orthogonaux (puisque
la somme des dimensions de leurs directions est ≥ 2n − 2 > n), et a fortiori on ne peut pas dire
que deux hyperplans sont perpendiculaires si et seulement s'ils sont sécants et orthogonaux. Cet
exemple illustre la diérence des notions introduites.
- En réalité, il n'existe aucune dénition de la perpendicularité qui englobe simultanément les
trois dénitions précédentes (et qui réponde donc aux conventions habituelles) en toute dimen-
sion.
Exercices :
1) Montrez que les plans V et W de l'espace de dimension 3 sont perpendiculaires si et seulement
si l'une des propriétés équivalentes suivantes est vériée :
−−→⊥ −→ −→⊥ −−→
i) W ⊂ V et V ⊂ W ,

−→⊥ −→ −
−→⊥ −−→
ii) l'intersection de V et W est une droite D et les sous-espaces D ∩ V et D ∩ W sont
orthogonaux,
2) Soient E un e.a.e de dimension n et V un s.e.a de E de dimension p et a un point de
E. Montrez qu'il existe un unique sous-espace ane de dimension n − p passant par a et
perpendiculaire à V.

Vecteur normale à un hyperplan :


Dénition 2.10. Soit H un hyperplan ane d'un espace euclidien E, de direction un hyperplan
−−→ −
−→
vectoriel H. On appelle vecteur normal à H tout vecteur non nul de la droite vectorielle D =

−→⊥
H .
Proposition 2.7. Soient R un repère orthonormé de E, de base associée B et −n→ un vecteur
non nul, de composantes (a1 , ..., an ) dans B. Alors H est un hyperplan de vecteur normal −n→ si
et seulement s'il existe b ∈ R tel que H est l'ensemble des points de E d'équation cartésienne
i=1 ai xi + b = 0 dans R.
Pn

Démonstration. Supposons que H est un hyperplan de vecteur normal −n→. Soit c un point de H
de composantes (c1 , ..., cn ). Donc

−−→ −

∀m(x1 , ..., xn ) ∈ H, cm .n = 0,

c.à.d : n n n
ai ci = 0 ( on prend b =
X X X
ai xi − ai ci .)
i=1 i=1 i=1

15
Réciproquement :
supposons qu'il existe b ∈ R tel que H est l'ensemble des points m(x1 , ..., xn ) d'équation :
n
X
ai xi + b = 0.
i=1

Il existe 1 ≤ k ≤ n tel que ak ̸= 0.


H ̸= ∅ car c(0, ..., 0, −b/ak , 0..., 0) ∈ H.
Considérons la forme linéaire
n
−→ X
f : E −→ R, x 7−→ ai x i .
i=1

ker f = vect(⃗n)⊥ .
n n
X X c −−−
→ −

m ∈ H ⇐⇒ ai xi + c = 0 ⇐⇒ ai xi + ak (xk + ) = 0 ⇐⇒ cm .n = 0.
i=1 i=1, i̸=k
ak

Donc H = c + vect(⃗n)⊥ est l'hyperplan qui passe par c et de vecteur normal −n→.

Exercices :
Soient a, b deux points distincts de E et soit i le milieu de [ab].
1) Montrer qu'il existe un unique hyperplan H de E passant par i et perpendiculaire à la droite
(ab).

−−→ −
−→
2)Montrer que H = {m ∈ E \ im ⊥ab } = {m ∈ E \ ma = mb}.
H s'appelle hyperplan médiateur du segment [ab]. En dimension 2, on dira plutôt médiatrice
du segment [ab].
3) Médiatrices d'un triangle. On suppose E de dimension 2.
a) Montrez que les médiatrices des côtés d'un triangle sont concourantes.
b) Montrez que si abc est isocèle en a la médiane issue de a est aussi médiatrice de [bc].

2.3 Projection orthogonale :


2.3.1 Projeté orthogonal :
Dénition 2.11. Soient V un sous-espace ane de dimension k, m un point de E et W son
suplémentaire orthogonal passant par m. L'unique point d'intersection de V et W est appelé
projeté orthogonal de m sur V.

16
L'application qui à m associe son projeté orthogonal sur V est appelée projection orthogonale
de E sur V et notée p⊥
V ou simplement pV .

Exercices :
E est un e.a.e et a, b, c trois points de E.
1) Montrer que pour tout m ∈ E , on a

−−→ −
−→ −
−→ →


−→ −−−→ −
−−→
mb .ca + ma .bc + mc .ab = 0 .

2) Montrez que les trois hauteurs d'un triangle sont concourantes en un point h appelé ortho-
centre du triangle.
3) On suppose que abc est un triangle isocèle en a (i.e. vériant ab = ac).
a) Montrez que le projeté orthogonal de a sur (bc) est le milieu m de [bc]. Autrement dit :
dans un triangle isocèle en a, la médiane issue de a est aussi hauteur.
b) Soit m un point de (bc). Montrez qu'on a :

m ∈]bc[⇒ am < ab et m ̸∈ [bc] ⇒ am > ab.

Caractérisations métriques du projeté orthogonal :


Soient V un sous-espace ane de E et m un point de E. Alors les propriétés suivantes d'un
point a de V sont équivalentes :
i) a est le projeté orthogonal de m sur V,
−−→
ii) pour tout b dans V on a ab .−am
−−→
= 0,
iii) pour tout b dans V on a ma ≤ mb,
iv) pour tout b dans V \ {a}, on a ma < mb.

Dénition 2.12. Soit V un sous-espace ane de E et m un point de E. On appelle distance


de m à V et qu'on note d(m, V ) la distance de m au projeté orthogonal de m sur V. C'est la
plus courte distance de m à un point de V.

Distance d'un point à un hyperplan :


Proposition 2.8. Soient a ∈ E et H un hyperplan. On note a′ le projeté orthogonal de a sur
H. Pour tout vecteur normal n à H, on a


−−→


|aa′ .n |
d(a, H) = −→ .
∥n ∥

17
Supposons E muni d'un repère orthonormé R. Dans ce repère, soient (ai )1≤i≤n les coordonnées
de a, et soit α1 x1 + ... + αn xn + c = 0 une équation cartésienne de H. Alors

|α1 a1 + ... + αn an + c|
d(a, H) = p .
α12 + ... + αn2


−−→ −
−→⊥ −
−−→ −
−−→
Démonstration. Comme

−−→
aa′ ∈ H , alors il existe λ ∈ R tel que aa′ = λn . Par suite aa′ .n =

→ −



aa′ .n
λ∥n ∥2 . Donc λ = . d'où




∥n ∥2

−−→ −
−−→

→ −

−aa′ .n −→
−−→
′ |aa′ .n |
d(a, H) = ∥aa ∥ = −→ 2 ∥n ∥ = −→ .
∥n ∥ ∥n ∥

Si a(a1 , ..., an ) et a′ (a′1 , ..., a′n ) par rapport à R, alors



−−→


aa′ .n = α1 a′1 + ... + αn a′n − (α1 a1 + ... + αn an )
= α1 a′1 + ... + αn a′n + c − (α1 a1 + ... + αn an + c)
= −(α1 a1 + ... + αn an + c), car a′ ∈ H.
Donc
|α1 a1 + ... + αn an + c|
d(a, H) = p .
α12 + ... + αn2

Distance d'un point à une droite :


Proposition 2.9. On considère dans l'espace ane euclidien un point A et une droite(D) qui
passe par un point B et qui a pour vecteur directeur −u→. Alors

−−−




−−−
→ BA .u −→
d(A, (D)) = BA − −
→ u .
∥u ∥2

Démonstration. Si H est le projeté orthogonal de A sur (D), alors


−−−−→ −
−−−
→ −
−−−



BH = tu = BA + AH .

Donc −
−−−



BA .u
t = −→ 2 .
∥u ∥
On conclut que −
−−−



BA .u −→

−−−

AH = BA − −→ 2 u .
∥u ∥

18
2.3.2 Sphères, Hyperplans tangents :
Intersection d'une sphère et d'un sous-espace ane :
Proposition 2.10. Soit S la sphère de centre o et de rayon R de l'espace ane euclidien E et
soit V un sous-espace ane de E. Soit w le projeté orthogonal de o sur V et posons d = ow.
Alors, l'intersection S ∩ V est
 la sphère de l'espace ane euclidien V, de centre w et de rayon r = R2 − d2 si R > d,
 réduite au point w si R = d,
 vide si R < d.
−→ −→⊥
Démonstration. w = pV (o). Si m ∈ V, on a −wm −−−

∈ V et wo ∈ V , donc le théorème de

−−→

Pythagore s'applique : wm2 + wo2 = om2 . Par suite



 m∈V
 (
m∈V
m ∈ S ∩ V ⇐⇒ wm2 + wo2 = om2 ⇐⇒

2 2
wm2 = R2 − d2 .
om = R

D'où
 ∅ si R − d < 0

2 2

S∩V = {w} si R2 − d2 = 0

S (w, R2 − d2 ) la sphère de V si R2 − d2 > 0.

 ′

Exemples :
1) L'intersection d'une droite et d'une sphère est formée de 0, 1 ou 2 points.
Déterminer les points d'intersection
( de la sphère d'équation x + y + z − 4x + 2z − 4 = 0 avec
2 2 2

x+y+z+2 = 0
la droite d'équation cartésienne
3x − y + z + 4 = 0
2) L'espace ane E de dimension 3 est rapporté à un repère orthonormé. Soit H le plan ane
d'équation : x − 2y + 2z − 1 = 0. S est la sphère de centre o(2, −2, 2) et de rayon R = 3.
Déterminer S ∩ H.

Hyperplan tangent à une sphère :


Dénition 2.13. On dit qu'un sous-espace ane V est tangent à une sphère S en un point a
si l'on a V ∩ S = {a}.

19
Proposition 2.11. Soit S une sphère de centre o. Pour a ∈ S il existe un unique hyperplan
tangent à S en a, noté Ta (S). C'est l'hyperplan orthogonal à la droite (oa) passant par a. Les
sous-espaces anes tangents à S en a sont exactement les sous-espaces anes de Ta (S) passant
par a.

Démonstration. On sait d'après la Proposition 2.10 que si Ta (S) ∩ S = {a}, alors p⊥ Ta (s) (o) = a,
donc Ta (S) = a + vect(oa ) .
−−→ ⊥

Ta (S) est associé à l'hyperplan vectoriel vect(oa )⊥ . Donc les sous-espaces anes tangents à S
−−→

en a ont pour directions les sous espaces vectoriels inclus dans vect(−oa ) . Donc sont exactement
−→ ⊥

les sous-espaces anes de Ta (S) passant par a.

Exercice 1 :
Soit P : 2x + y − z + 1 = 0 et P ′ : 4x + 2y − 2z − 1 = 0.
1) Vérier que P et P ′ sont parallèles.
2) Soit A(1, −2, 1) un point de P. Déterminer une équation de la sphère tangente en A à P et
tangente à P ′ .
Exercice 2 : On considère dans l'espace rapporté à un repère orthonormé (O, i , j , k ), le

− →
− −

plan P qui passe par les points A(0, 2, 0) et B(1, 0, 2) et qui est parallèle à la droite Ox et
ainsi que le plan Q qui passe par le point C(1, 2, −2) et de vecteur normal −n→ = (0, 3, 1).
a) Ecrire les équations cartésiennes des plans P et Q.
b) Déterminer l'équation cartésienne de la sphère S de centre Ω(1; 0; 0) et tangente au plan P.
c) Déterminer les coordonnées du centre ω et le rayon r du cercle Γ d'intersection de la sphère
S avec le plan Q.
d) Montrer que la droite D d'intersection des plans P et Q est tangente au cercle Γ.
Exercice 3 :
Soient a, b, o trois points du plan tels que o soit le milieu de [ab]. Montrer qu'un point m du
plan appartient au cercle de diamètre [ab] si et seulement si le triangle amb est rectangle en m.
1
En déduire qu'un triangle amb est rectangle en m si et seulement si om = ab.
2
Exercice 4 :
Tangentes à une sphère issues d'un point. Soit S(o, R) une sphère et a un point de E. On
se propose de déterminer les droites D tangentes à S et passant par a. 1) Montrez que si
D ∩ S = {m}, on a R2 + am2 = ao2 . Déduisez-en que l'ensemble des points de contact m
éventuels est l'intersection de S et d'une sphère S ′ . Discutez.
2) On se place dans le plan, donnez une construction à la règle et au compas des tangentes à
un cercle C passant par un point a donné. Discutez.

20
2.4 Barycentre dans un espace ane euclidien :
2.4.1 Dénition et propriétés :
Dénitions 2.1.
1) On appelle point pondéré un couple (A, α) où A est un point de E et α un réel. Le nombre
α est appelé le poids ou la masse de A.
2) Le réel ni=1 αi s'appelle la masse totale de la famille des points pondérés {(A1 , α1 ), (A2 , α2 ), ... (An , αn )}.
P

Théorème 2.2. Soit {(A1 , α1 ), (A2 , α2 ), ... (An , αn )}. une famille de points pondérés de
masse totale non nulle. Il existe un unique point G de E qui vérie l'une des conditions équi-
valentes suivantes :
−−−−→ →

i) ni=1 αi GAi = 0 ,
P
−−−−→ →

ii) ∀λ ∈ R∗ ni=1 λαi GAi = 0 ,
P

−−−→ −−−−→
iii) ∃A ∈ E, ( ni=1 αi )AG = ni=1 αi AAi ,
P P
−−−−→ −−−−−→
iv) ∀M ∈ E, ( ni=1 αi )M G = ni=1 αi M Ai ,
P P

Nous laissons au lecteur la démonstration de ce théorème.

Dénitions 2.2.
1) le point G du Théorème 2.2 s'appelle le barycentre des points Ai aectés des masses αi
ou barycentre de la famille {(A1 , α1 ), (A2 , α2 ), ... (An , αn )}. On note quelques fois G par
bar(Ai , αi )1≤i≤n .
2) Si α1 = ... = αn = α ̸= 0, alors d'après l'assertion ii), G = bar(Ai , 1)1≤i≤n et G s'appelle
aussi l'isobarycentre
des points A1 , ..., A2 .

Remarques 2.7.
1) Soient α, β ∈ R tel que α + β ̸= 0 et G le barycentre de (A, α), (B, β). Les point A, B, G
sont alignés.
2) l'isobarycentre de deux points A et B est le milieu de [AB].

Exercice 1 :
Construire dans le plan le barycentre G des points (A, 2), (B, −3), (C, 5).
Exercice 2 :

−−−
→ −
−−−

E et F deux points du plan tels que : EG = 2EF et E ̸∈ (AB) et G est le barycentre des
points (A, 2) et (B, −3).
Montrer que les droite (AB) et (EF ) sont sécantes.

Proposition 2.12 ( Associativité). Soit (Ai , αi )i∈I un système de points pondérés de E avec
αi ̸= 0 et I = ∪pk=1 Ik une partition de I. On suppose que, pour tout k ∈ {1, ..., p}, le
P
i∈I

21
scalaire µk = i∈Ik αi est
P
non nul, et on note G k = bar(Ai , αi )i∈Ik et G = bar(Ai , αi )i∈I ,
alors G = bar(Gk , µk )k∈{1, ..., p} .

Démonstration. D'après l'assertion iv) de la Proposition 2.2 :


pour tout k ∈ {1, ..., p} et pour tout O ∈ E, on a d'une part
P −−−−→ P −−−−→

−−−−

i∈Ik αi OAi −
−−−

i∈I αi OAi
OGk = et OG = P .
µk i∈I αi

D'autre part
P −−−−→
Pp αi OAi
i∈Ik
k=1 µk
Pp −
−−−−
→ Pp P −−−−→ P −−−−→

k=1 µk OGk µk k=1 i∈Ik αi OAi i∈I αi OAi



−−−

Pp = Pp = Pp = P = OG .
k=1 µk k=1 µk k=1 µk i∈I αi

Donc G = bar(Gk , µk )k∈{1, ..., p} .


Exercice 3 :
Soit ABC un triangle tel que : AC = 6cm et AB = 5cm et BC = 4cm.
1) Construire G le barycentre de {(A, 1); (B, 2); (C, 1).
2) Déterminer et Construire l'ensemble E des points M du plan tel que :
−−−−→ −
−−−−
→ −−−−→
∥M A + 2M B + M C ∥ = AC.

c) Déterminer et Construire l'ensemble F des points M du plan tel que :


−−−−→ −
−−−−
→ −−−−→ −−−−→ −−−−→
∥M A + 2M B + M C ∥ = ∥3M A + M C ∥.

Exercice 4 : Soit ABC un triangle et G l'isobarycentre des points A, B, C. Montrer que les
médianes du triangle ABC sont concourantes en G.
Exercice 5 :(Droite d'Euler)
Soit O le centre du cercle circonscrit à un triangle ABC. Soient A′ , B ′ , C ′ les milieux respectifs
des segments [BC], [AC] et [AB] et soit G l'isobarycentre de A, B, C.
−−−−→ −−−−
→ −
−−−
→ −−−−

1) Reconnaitre le point X vériant OX = OA + OB + OC .
2) En déduire que les point O, G et H sont alignés.
La droite (D) contenant O, G et H est dite droite d'Euler du triangle ABC (s'il n'est pas
equilatéral.)

22
Chapitre 3
Isométries et similitudes
3.1 Applications anes
3.1.1 Théorème et dénition
Soient E et F deux espaces anes et f une application de E dans F. On dit que f est une

→ −→ −→
application ane s'il existe un point A de E et une application linéaire f de E dans F tels
que, pour tout point M de E, on ait la formule :

→ −−−−→
f (M ) = f (A) + f (AM ). (1)


Alors, l'application linéairef est unique et, pour tout point B de E, on a aussi :

→ −
−−−−

f (M ) = f (B) + f (BM ).


On dit que f est l'application linéaire associée à f ; elle vérie les deux formules :

→ −
−−−−
→ −
−−−−−−−−−−−−

∀M, N ∈ E : f (M N ) = f (M )f (N ) . (2)
−→ −


→ −
→ −

∀A ∈ E, ∀v ∈ E : f (A + v ) = f (A) + f (v ). (3)

Remarques 3.1.
- Si E = F, f s'appelle un endomorphisme ane de E.
isomorphisme ane ou encore,une transfor-
- Une application ane bijective s'appelle un
mation ane.
Proposition 3.1. Soient f une application linéaire de E dans F, A un point de E et B

→ −→ −
−→

un point de F. Il existe une unique application ane f de E dans F, vériant f (A) = B et

23


d'application linéaire associée f . Cette application est dénie par la formule :

→ −−−−→
∀M ∈ E : f (M ) = B + f (AM ).

Proposition 3.2. Soient E et F deux espaces anes, (A0 , A0 A1 , ..., A0 An ) un repère de E



−−−−−
→ −−−−−−→

et B0 , B1 , ..., Bn des points quelconques de F. Alors, il existe une unique application ane f
de E dans F qui vérie pour tout i dans {0, 1, ..., n}, f (Ai ) = Bi .

Les applications anes possèdent les mêmes propriétés ensemblistes que leurs parties li-
néaires :

Proposition 3.3. Soit f une application ane. Alors f est injective (resp. surjective, bijective)


si et seulement si f l'est.

Proposition 3.4. Soit f une application ane de E dans F. Alors l'image par f d'un sous-
espace ane V de E est un sous-espace ane de F. Précisément, on a la formule :
−→ −
→ −→
f (V ) = f (A + V ) = f (A) + f (V ),
−→
avec A un point de V et V la direction de V.

Corolaire 3.1. Soit f une application ane de E dans F. Si trois (resp. quatre) points sont
alignés (resp. coplanaires) dans E alors leurs images par f sont alignées (resp. coplanaires)
dans F.

3.1.2 Exemples d'applications anes :


Translation :
On appelle translations de vecteur −v→ sur l'e.a E. l'application t : M ∈ E 7→ M + −v→. t est
une application ane. En eet :
pour tout point M de E, t(M ) = M + −v→. Choisissons un point A ∈ E. On a aussi t(A) = A + −v→,
−−−−→ −−−−→
donc t(M ) = A + AM + −v→ = t(A) + AM , de sorte que t est bien ane d'application linéaire
associée t = Id−→ . En particulier, l'identité (translation de vecteur nul) est une application

E
ane.
Réciproquement : montrer que si f est une application ane d'application linéaire associée
id−→ , alors f est une translation.
E
Proposition 3.5. Une application ane f : E → E est une translation si et seulement si f

−→
est l'identité de E .

24
Homothétie ane :
- Homothétie vectorielle :

→ −→ −→
On appelle homothétie vectorielle de rapport λ ∈ R, l'endomorphisme : h : E → E , −x→ 7→ λ−x→.

- Homothétie ane :

Dénition 3.1. Soient E un espace ane, C un point de E et λ un réel. L'homothétie ane


de centre C et de rapport λ est dénie comme l'application ane h(C, λ) qui xe le point C et

→ −

dont l'application linéaire associée est l'homothétie vectorielle h λ donnée par h λ (−v→) = λ−v→.

Remarques 3.2.
- Si λ = 0, alors h(C, 0) est l'application constante.
- Si λ = 1, alors h(C, 1) est l'application IdE .
- Si λ = −1, alors h(C, −1) est appelée symétrie centrale de centre C et notée quelques fois
sC .
- Discuter suivant les valeurs de λ l'ensemble des points invariants par une homothétie ane
de rapport λ.

Proposition 3.6. Soient E un espace ane et f de E dans E une application ane. Les
assertions suivantes sont équivalentes :
(i) f est une homothétie,


(ii) f est une homothétie vectorielle.

On note HT (E) l'ensemble des homothéties et des translations de E. On l'appelle aussi l'en-
semble des dilatations de E.
Exercice 1 :
Quelles sont les applications linéaires de R dans R ? et les applications anes ? (On les écrira
analytiquement.) Montrez que toute application ane d'une droite dans elle-même est soit une
application constante, soit une translation, soit une homothétie.
Exercice 2 :
Montrez que les applications anes de R3 dans R2 sont les fonctions du type :

(x, y, z) 7→ (ax + by + cz + d, a′ x + b′ y + c′ z + d′ ),

où a, b, c, d, a′ , b′ , c′ , d′ sont des réels.


Généralisez ce résultat pour les applications anes de Rn dans Rp .

25
Projection ane :
- Projection vectorielle :
−→ −→ −→ −→ −→ −→
Soient F , G deux sous-espaces vectoriels supplémentaires dans E : autrement dit, E = F ⊕ G .
−→ −→
Donc pour tout vecteur −x→ de E , il existe un unique vecteur −x→−→ dans F et un unique vecteur
−→
F −→ −→
x dans G tels que x = x + x . L'application linéaire p : E → E , x 7→ x F est appelée

→ −→ −
→ −
→ →
− −
→ −

−→ −→ −→
G F G −→ −→
la projection vectorielle de E ⃗ sur le sous-espace F parallèlement au sous-espace G .

- Projection ane :
Dénition 3.2. Soient V un sous-espace ane d'un espace ane E, C un point de V et
−−→ −→ −→ −−→
W un supplémentaire de V dans E . La projection ane sur V parallèlement à W est dénie
comme l'application ane pV,W⃗ qui xe C et dont l'application linéaire associée est la projection
−→ −−→ −−−−→
vectorielle →

⃗ sur V parallèlement à W . (i.e : pV,W
p V⃗ ,W


⃗ (M ) = C + p V ⃗ (CM ).)
⃗ ,W

Exercice 3 :
−→ −−→
Soient V et W deux sous-espaces anes de E de de directions V et W supplémentaires.
1) Montrer que l'ensemble des points xes de pV,W⃗ est V.
2) Rappelons que V et W se coupent en un point et un seul (même démonstration que la
Proposition 1.5). Montrez que pV,W⃗ associe à un point M de E l'unique point M ′ tel que
−−→
V ∩ (M + W ) = {M ′ }.

Symétrie ane :
- Symétrie vectorielle :
−→ −→
Soient F , G deux sous-espaces vectoriels supplémentaires dans E.
⃗ Donc pour tout vecteur
−→ −→ −→
x de E , il existe un unique vecteur x F dans F et un unique vecteur x −→ dans G tels que

→ −
→ −

−→ −→
G
x = x + x . L'application s V⃗ ,W − x est appelée la symétrie vectorielle

→ −
→ −
→ →− −
→ −
→ −

−→ −→
⃗ E → E , x 7→ x −→ −→
F G −→
F G −→
par rapport au sous-espace F parallèlement au sous-espace G .

- Symétrie ane :
Dénition 3.3. Soient V un sous-espace ane d'un espace ane E, C ∈ V et W un sup-
−−→

−→ −→ −−→
plémentaire de V dans E . La symétrie ane ou oblique par rapport à V parallèlement à W
est dénie comme l'application ane sV,W⃗ qui xe C et dont l'application linéaire associée est
la symétrie vectorielle ⃗sV⃗ ,W⃗ par rapport à V⃗ parallèlement à W
⃗ . (i.e :∀M ∈ E, s ⃗ (M ) =
V,W
−−−−→
⃗ (CM ).)
C + ⃗sV⃗ ,W

Remarque 3.1.
Une symétrie centrale de E de centre C est une symétrie ane avec V⃗ = ... et W
⃗ = ... ?

26
Exercice 4 :
Vériez que l'ensemble des points xes par sV,W⃗ est V .
Exercice 5 :
1) Montrez que la dénition précédente ne dépend pas du choix du point C ∈ V.
2) Soit M un point de E, on pose sV,W⃗ (M ) = M ′ . Montrez que M ′ est caractérisé par l'une des
deux propriétés équivalentes suivantes :
−−−−−−→ −−→
(i) M M ′ ∈ W et le milieu de [M M ′ ] appartient à V,
(ii) le milieu de [M M ′ ] est le projeté pV,W⃗ (M ) de M.

3.1.3 Application : Théorème Thalès

Dénition 3.4 (Mesure algébrique). Soient D une droite ane dans un espace ane E, ⃗v
un vecteur directeur de D. Pour A, B ∈ D, on appelle mesure algébrique du bipoint (A, B),

−−−

relativement à ⃗v , l'unique scalaire λ ∈ R tel que AB = λ⃗v . Cette mesure algébrique se note
AB.

Théorème 3.1 (Théorème de Thalès). Soient E un espace ane de dimension n ≥ 2,


D, D′ deux droites anes distinctes de E, H1 , H2 , H3 trois hyperplans distincts, parallèles et
de direction ne contenant pas celles de D et D′ . Si l'hyperplan Hi coupe les droites D et D′
respectivement en Ai , A′i , (i = 1, 2, 3) alors on a :

A′1 A′3 A1 A3
′ ′
= .
A1 A2 A1 A2


−−−−−
→ −
−−−−−

Démonstration. Pour i = 1, 2, 3 Ai ∈ D, donc il existe α ∈ R tel que A1 A3 = αA1 A2 .
−−−

On considère la projection ane p de E sur D′ parallèlement à H1 . Par dénition de p, on a
les égalités :
p(A1 ) = A′1 , p(A2 ) = A′2 et p(A3 ) = A′3 .
Comme → p est linéaire, on obtient


−−−−−
→ −−−−−−−−−−−−−→ −
−−−−−
→ −
−−−−−
→ −
−−−−−
→ −−−−−−−−−−−−−→ −
−−−−−


− →
− →

A′1 A′3 = p(A1 )p(A3 ) = p (A1 A3 ) = p (αA1 A2 ) = αp (A1 A2 ) = αp(A1 )p(A2 ) = αA′1 A′2 .

Donc si ⃗v et v⃗′ sont respectivement des vecteurs directeurs de D et D′ , alors A1 A3⃗v = αA1 A2⃗v
et A′1 A′3 v⃗′ = αA′1 A′2 v⃗′ , d'où le résultat voulu.

27
3.2 Isométries Anes
3.2.1 Isométries vectoriels
Dénition 3.5. Un endomorphisme f⃗ de E⃗ est une isométrie s'il conserve la norme, c'est-
à-dire : ∀x ∈ E
⃗ : ∥f⃗(x)∥ = ∥x∥. f⃗ s'appelle aussi automorphisme orthogonal de E.

Remarque 3.2. Montrez que si f⃗ est une isométrie de E,


⃗ alors f⃗ est bijective (ceci justie
l'appellation "automorphisme").

Caractérisations :
f⃗est une isométrie vectorielle
⇔ ∀x, y ∈ E ⃗ : f⃗(x).f⃗(y) = x.y (f⃗ conserve le produit scalaire)
⇔ f⃗ envoie toute base orthonormale de E ⃗ sur une base orthonormale.
Conséquences :
f⃗ désigne une isométrie vectorielle.
1) Montrez que f⃗ conserve l'orthogonalité : si ⃗x et ⃗y sont dans E
⃗ on a : ⃗x⊥⃗y ⇔ f⃗(⃗x)⊥f⃗(⃗y ).
3) Montrer que les seuls valeurs propres (réelles) possibles de f⃗ sont 1 et −1.
Exercice 6 :
On suppose que f⃗ est une application qui conserve le produit scalaire. Montrez que f⃗ est
linéaire. (On pourra calculer ∥f (u + v) − f (u) − f (v)∥2 .)

Proposition 3.7. L'ensemble des isométries de E⃗ est un groupe pour la composition. Ce groupe
est appelé groupe orthogonal de E
⃗ et noté O(E).
⃗ C'est un sous-groupe de GL(E).

Forme matricielle :
Supposons l'espace E⃗ muni d'une base orthonormée B = (e1 , ..., en ), soit f⃗ une isométrie et A
sa matrice dans la base B. Soient x, y ∈ E
⃗ et X, Y les matrices colonnes de leurs coordonnées
dans la base B. La relation x.y = f⃗(x).f⃗(y) se traduit alors en t XY = t X t AAY pour tous
X, Y, ou encore t AA = I. Une telle matrice A est dite orthogonale et f⃗ est une isométrie si et
seulement si sa matrice dans une base orthonormée est orthogonale. L'ensemble des matrices
orthogonales est un sous-groupe (multiplicatif) du groupe GL(n, R) des matrices inversibles
encore appelé groupe orthogonal et noté O(n, R). et l'application f 7→ A est un isomorphisme
de groupes de O(E)⃗ sur O(n, R).

Proposition 3.8. Soit f⃗ ∈ O(E)


⃗ (resp. A ∈ O(n, R)). On a l'égalité detf = ±1 (resp.
detA = ±1).

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Isométries positives, Isométries négatives :
- Les éléments de L'ensemble des isométries vectorielles (resp. des matrices orthogonales) de
déterminant égal 1 sont appelées les isométries positives ou directes (resp. les matrices ortho-
gonales positives). On note respectivement ces deux ensembles par O+ (E) ⃗ (resp. O+ (n, R).)
- Les isométries de O(E)
⃗ qui ne sont pas dans O+ (E)⃗ sont appelées négatives (ou indirectes ou
encore rétrogrades) et leur ensemble est noté O− (E).

Dénition de l'orientation de E⃗ :
on dit que deux bases B et B ′ ont la même orientation si et seulement si, par dénition,
detB B ′ > 0, dans le cas contraire, on remarque que detB B ′ < 0 car le déterminant est non nul.
Dans le cas particulier où les bases sont orthonormales on peut remarquer que les déterminants
ne prennent que les valeurs 1 ou −1.
On remarque aussi que si B1 et B2 n'ont pas la même orientation, alors toute autre base B a
soit la même orientation que B1 soit la même que B2 . Orienter E ⃗ est choisir l'une des deux
bases B1 ou B2 comme base de référence : on dira qu'elle est directe ainsi que toutes les bases
qui ont la même orientation, les autres étant jugées indirectes.

Exemples d'isométries vectorielles :


Homothéties :
Proposition 3.9. Les seules homothéties qui sont des isométries vectorielles sont l'identité
IdE⃗ et la symétrie centrale −IdE⃗ . Cette dernière est une isométrie positive si et seulement si
n est pair.

Symétries :
Proposition 3.10. On suppose l'espace E⃗ décomposé en somme directe : E⃗ = V⃗ ⊕ W
⃗ . Soit
f⃗ la symétrie vectorielle par rapport à V⃗ , parallèlement à W
⃗ . Alors, f est une isométrie si et
seulement si W = V ⊥ .
Démonstration.
1) Supposons f⃗ ∈ O(E)⃗ et soient x ∈ V⃗ et y ∈ W ⃗ . On a alors f⃗(x) = x et f⃗(y) = −y. Si on
applique à ces vecteurs la conservation du produit scalaire : f⃗(x).f⃗(y) = x.(−y) = −x.y = x.y,
on en déduit x.y = 0. On a donc V⃗ ⊂ W ⃗ ⊥ et l'égalité résulte de l'égalité des dimensions.
2) Supposons maintenant V⃗ et W ⃗ orthogonaux. Il sut de montrer que f⃗ conserve la norme.
Soit x ∈ E ⃗ que l'on décompose en x = y + z avec y ∈ V⃗ , z ∈ W ⃗ , de sorte que l'on a
f⃗(x) = y − z. Le théorème de Pythagore permet d'écrire ∥x∥2 = ∥y∥2 + ∥z∥2 et de même
∥f⃗(x)∥2 = ∥y∥2 + ∥ − z∥2 = ∥x∥2 , d'où la conclusion.

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Dénition 3.6. Soit V⃗ un sous-espace vectoriel de E.
⃗ La symétrie par rapport à V⃗ , paral-
lèlement à V⃗ ⊥ (qui est une isométrie en vertu de la Proposition3.10) est appelée symétrie
orthogonale par rapport à V⃗ . On la note ⃗sV⃗ . Lorsque V⃗ est un hyperplan (et donc V⃗ ⊥ une
droite) on dit que ⃗sV⃗ est une réexion orthogonale (ou symétrie orthogonale hyperplane).

Exercice 7 :
Montrez que le déterminant de la symétrie ⃗sV⃗ par rapport à V⃗ vaut (−1)n−p où p = dimV.
En particulier les réexions sont toujours des isométries négatives. (Ce qui montre l'existence
d'isométries négatives).
Exercice 8 :
Soient u et v deux vecteurs de même norme de E. ⃗ Montrez qu'il existe une réexion qui envoie
u sur v (faites un dessin !). Trouvez-les toutes !

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