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La CCJA est incompétente pour les affaires

relevant du Code CIMA


Sommaire

La CCJA est incompétente lorsque l’objet du contentieux est relatif à des questions
relevant exclusivement du Code CIMA, la seule référence à des dispositions d’un
Acte uniforme dans l’argumentaire des parties au litige ne pouvant suffire à justifier
la compétence de la CCJA.

La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA), de l’Organisation pour


l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), Deuxième chambre, a
rendu l’Arrêt suivant en son audience publique du 23 mars 2017 Où étaient
présents :

Messieurs Abdoulaye Issoufi TOURE,

Namuano Francisco DIAS GOMES, Djimasna N’DONINGAR,

Diéhi Vincent KOUA,

César Apollinaire ONDO MYE

Et Maître Jean Bosco MONBLE, Greffier,

Sur le renvoi en application de l’article 15 du Traité relatif a l’harmonisation du


droit des affaires en Afrique, devant le Cour de céans de l’affaire MASSUR contre
NSIA, par arrêt n° 029/2014 du 16 janvier 2014 de la Chambre judiciaire de la
Cour suprême de la Côte d’ivoire, saisie d’un pourvoi formé le 07 mai 2012 par
Maître N’GUETTA Gérard, Avocat à la Cour, demeurant 55 boulevard CLOZEL ,
Immeuble SCI La Réserve, 1er étage, 16 BP 666 Abidjan 16 , agissant au nom et
pour le compte de l’Agence MASSUR, SARL dont le siège est à Abidjan-Les
Deux-Plateaux-Vallon, Rue ENA, 06 BP 1188 Abidjan 06, dans la cause qui
l’oppose à la société NSIA-CI, sise Immeuble MANZI, rue A 43, Plateau, 01 BP
1571 Abidjan 01, ayant pour conseil Maître N’CHO Katchiré, Avocat à la cour,
demeurant à Abidjan, Cocody Cité des Arts, 166 logements, 04 BP 784 Abidjan
04 ;

En cassation de l’arrêt n° 40 du 21 janvier 2011 rendu par la Cour d’appel


d’Abidjan et dont le dispositif est le suivant :
« Statuant publiquement, contradictoirement, en matière civile et en dernier ressort,

En la forme :

Vu l’ADD n° 416/2009 du 17/07/2009 ayant déclaré l’appel principal de la


MASSUR recevable ;

Déclare la NSIA Côte d’ivoire recevable ;

En fond :

Sur l’appel principal,

l’y dit mal fondé ;

L’en déboute ;

Sur l’appel incident ;

L’y dit partiellement fondé ;

Infirme le jugement entrepris en ce qu’il a condamné la MASSUR à payer à la


NSIA la somme de trois millions (3 000 000) F cfa à titre de dommages- intérêts ;

Statuant à nouveau

Condamne la MASSUR à payer à la NSIA la somme de cinq millions (5 000 000)


F cfa à titre de dommages-intérêts ;

Confirme le surplus ;

Met les dépens à la charge de la MASSUR » ;

Attendu que la requérante invoque à l’appui de son pourvoi les deux moyens de
cassation tels qu’ils figurent à la requête annexée au présent arrêt ; o

Sur le rapport de Monsieur Diehi Vincent KOUA, juge ;

Vu les dispositions du Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en


Afrique ;

Vu les dispositions du Règlement de procédure de la Cour Commune de Justice et


d’Arbitrage de l’OHADA ;

Attendu qu’il résulte des pièces du dossier de la procédure que l’Agence MASSUR,
dans le cadre de ses relations d’affaires avec la NSIA, était chargée de vendre les
polices d’assurance pour le compte de cette dernière, d’en percevoir les primes et
de les lui reverser ; qu’en août 2006, la NSIA, reprochant à sa cocontractante de
n’avoir pas reversé les primes perçues, résiliait le contrat ; que courant février
2007, la NSIA assignait la MASSUR devant le Tribunal de première instance
d’Abidjan aux fins de la voir condamner à lui payer la somme de quatre-vingt-deux
millions cinq cent trente mille trois cent cinquante (82 530 350) frs cfa au titre des
primes perçues et non reversées ainsi que des dommages-intérêts ; que par
jugement n° 1232/civ A du 23 avril 2008, le Tribunal faisait droit à cette demande ;
que , sur appel de la MASSUR, la Cour d’appel a rendu le 11 janvier 2011 l’arrêt
partiellement confirmatif contre lequel le présent pourvoi est formé ;

Sur la compétence de la cour

Attendu qu’aux termes de l’article 14.3 du Traité relatif à l’harmonisation du droit


des affaires en Afrique, « saisie par voie de recours en cassation, la cour se
prononce sur les décisions rendues par les juridictions d’appel des Etats parties
dans toutes les affaires soulevant des questions relatives à l’application des Actes
Uniformes et des règlements prévus au présent Traité à l’exception des décisions
appliquant des sanctions pénales » ;

Attendu que l’arrêt n°40 du 21 janvier 2011, comme le jugement n°1232 du 23


avril 2008, a eu à rechercher si l’Agence MASSUR, liée par un contrat
d’intermédiation en assurance à la NSIA, a eu un comportement fautif qui pourrait
ouvrir droit à remboursement et à réparation en faveur de sa cocontractante ; que
manifestement, l’objet du contentieux est relatif à des questions relevant
exclusivement du Code CIMA ; que la seule référence à des dispositions d’un Acte
uniforme dans l’argumentaire des parties au litige ne peut suffire à justifier la
compétence de la Cour de céans ; qu’il s’ensuit, au regard des dispositions de
l’article 14 du Traité susvisé, que les conditions de la compétence de la cour de
céans ne sont pas réunies ; qu’en conséquence, il y a lieu pour elle de se déclarer
incompétente et de renvoyer les parties à mieux se pourvoir ;

Attendu qu’il y a lieu de condamner la requérante aux dépens ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, après en avoir délibéré,

Se déclare incompétente ;

Renvoie la requérante à mieux se pourvoir ;

Condamne la MASSUR aux dépens ;

Ainsi fait, jugé et prononcé les jour, mois et an que dessus et ont signé
L'article 123 de l'AUDCG étant d'ordre
public et primant sur les stipulations
contractuelles, le preneur doit être déchu de
son droit au renouvellement dès lors que sa
demande de renouvellement est intervenue
deux mois avant l'expiration du bail
CCJA, 1ère Ch.
Arrêt No 307/2019 DU 12 Décembre 2019

Sommaire

Les dispositions de l’article 123 de l’AUDCG portant sur le renouvellement du bail


à usage professionnel sont d’ordre public et il n’est point possible d’y déroger.
Ainsi, le bail liant le bailleur au locataire étant à durée déterminée, ce dernier doit
formuler son souhait d’être admis au bénéfice du renouvellement du bail auprès de
son bailleur par voie extrajudiciaire, trois mois avant l’expiration du bail. Le non-
respect de cette exigence par le locataire, le déchoit de son droit.

La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (C.C.J.A) de l’Organisation pour


l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.D.A), Première chambre,
a rendu l’Arrêt suivant en son audience publique du 12 décembre 2019 où étaient
présents :

Messieurs : César Apollinaire ONDO MVE, Président, rapporteur

Birika Jean Claude BONZI, Juge

Mahamadou BERTE, Juge

Mesdames : Afiwa-Kindéna HOHOUETO, Juge

Esther Ngo MOUTNGUI IKOUE, Juge


et Maître Edmond Acka ASSIEHUE, Greffier en chef ;

Sur le pourvoi enregistré sous le n°019/2016/PC du 20 janvier 2016 et formé par


Maître Abou Thiam, Avocat à la Cour, demeurant à Dakar au 76, Rue Moussé
DIOP X Thiong, Dakar, Sénégal, agissant au nom et pour le compte de la société
EUROWORLD Sarl, ayant son siège au 45, Avenue Hassan 2 à Dakar, Sénégal,
dans la cause qui l’oppose à la société Amsa Immobilier SA, ayant son siège au 43
avenue Hassane 2 à Dakar,

en cassation de l’arrêt 184 rendu le 18 juin 2015 par la Cour d’appel de


Dakar et dont le dispositif est le suivant :

« PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement, en matière commerciale et en premier


ressort ;

En la forme :

Reçoit l’action ;

Au fond :

Déboute la société EUROWORLD de toutes ses demandes comme mal fondées ;

La Condamne aux dépens... » ;

La requérante invoque à l’appui de son recours les deux moyens de cassation tels
qu’ils figurent à la requête annexée au présent Arrêt ;

Sur le rapport de monsieur César Apollinaire ONDO MVE, Président ;

Vu les articles 13 et 14 du Traité relatif à l’harmonisation du droit des


affaires en Afrique ;

Vu le Règlement de procédure de la Cour Commune de Justice et


d’Arbitrage de l’OHADA ;

Attendu qu’il résulte du dossier que la société EUROWORLD Sarl et la société


AMSA IMMOBLIER Sénégal avaient conclu le 29 décembre 2009 un bail portant
sur un local à usage commercial sis à Dakar 43, Avenue Albert SARRAUT avec un
loyer mensuel fixé à la somme de 1 000 000 de FCFA ; que le bail a pris effet le
1er janvier 2010 et devait prendre fin le 31 décembre 2012 ; qu’il était stipulé entre
les parties que si le bailleur n’entend pas renouveler le bail, il doit donner au
preneur un préavis de congé de 6 mois avant l’expiration du bail ; que le 11 octobre
2012, AMSA IMMOBILIER a servi au preneur un congé pour le terme du 31
décembre 2012 ; que le 12 octobre 2012, EUROWORLD a formé une demande de
renouvellement du bail suivant exploit de Maître Malick NDIAYE, Huissier de
Justice à Dakar ; qu’elle a en outre saisi le Tribunal Régional Hors Classe de Dakar
d’une action en annulation du congé et subsidiairement d’une demande d’indemnité
d’éviction fixée à 500 000 000 de FCFA ; que par jugement du 24 décembre 2013,
cette juridiction a débouté la société EUROWORLD de toutes ses demandes au
motif, d’une part, qu’il ne résulte d’aucune disposition de l’Acte uniforme du 15
décembre 2010 portant sur le droit commercial général, l’obligation pour le bailleur
dans le cadre d’un contrat à durée déterminée de servir un congé avant la fin dudit
contrat et que, d’autre part, le premier juge a fait valoir qu’en application des
dispositions de l’article 124 de l’Acte uniforme susvisé, la société EUROWORLD
est déchue de son droit au renouvellement pour n’avoir pas sollicité le
renouvellement du bail au plus tard trois mois avant sa date d’expiration ; que sur
appel de la société EUROWORLD, la Cour de Dakar a rendu l’arrêt dont pourvoi ;

Attendu que par acte n°182/2016/G2 du 5 février 2016, le Greffier en chef a


signifié le recours à la société AMSA IMMOBILIER SENEGAL qui n’a ni
comparu ni conclu ; que le principe du contradictoire ayant été observé, il échet
pour la Cour de céans de statuer sur l’affaire ;

Sur les deux moyens réunis

Attendu que le premier moyen fait grief à l’arrêt attaqué le défaut de base légale, en
ce que la cour, après avoir relevé que AMSA IMMOBILIER avait servi à
EUROWORLD un préavis de congé du 11 octobre 2012 devait s’expliquer sur
l’incidence de ce préavis sur la demande de renouvellement du bail auquel avait
droit EUROWORLD en application des dispositions de l’article 123 de l’Acte
uniforme portant sur le droit commercial général ; qu’en ne le faisant pas, la cour a
privé sa décision de base légale, surtout que EUROWORLD avait plaidé que le
congé qui lui a été notifié par AMSA IMMOBILIER, en application des
dispositions contractuelles, la relevait de la déchéance encourue ;

Attendu que le second moyen reproche à l’arrêt attaqué la violation de l’article 126
de l’Acte uniforme portant sur le droit commercial général, en ce que la cour ne
pouvait pas, après avoir constaté que c’est AMSA IMMOBILIER qui avait refusé
de renouveler le bail en notifiant à EUROWORLD un préavis de congé le 11
octobre 2012, rejeter la demande d’indemnité d’éviction formulée par la
requérante ; que pour avoir refusé de renouveler le bail, AMSA IMMOBILIER
devait payer cette indemnité conformément au texte susvisé ; qu’en rejetant cette
demande, la cour a violé la loi et exposé sa décision à la cassation ;

Attendu que les deux moyens interfèrent ; qu’il convient pour la Cour de les réunir
en vue d’une réponse unique ;
Et attendu que l’arrêt attaqué énonce « qu’il n’est pas discuté que pour avoir
occupé les lieux loués pendant plus de deux ans, la société Euro World a rempli les
conditions de l’article 91 ancien (devenu 123) de l’AUDCG qui donne droit au
renouvellement du bail (...) que le renouvellement du bail commercial, désormais
appelé bail professionnel, n’est pas automatique ; qu’il appartient au preneur de
demander le renouvellement du bail, par acte extrajudiciaire, trois mois avant la
date d’expiration dudit bail ; que (...) contrairement à ce qui est soutenu par la
société appelante, le bail à durée déterminée expire à l’arrivée du terme sans qu’il
soit nécessaire de donner congé ; (...) qu’ayant formé sa demande de
renouvellement le 12 octobre 2012 alors que le contrat arrivait à expiration le 31
décembre 2012, la société Euro World se trouve déchue de son droit au
renouvellement ; qu’ainsi, c’est à juste titre que le premier juge l’a déboutée de ses
demandes en annulation de congé et de paiement d’indemnité d’éviction comme
mal fondée ; (...) qu’il échet en conséquence, de confirmer en toutes ses
dispositions le jugement déféré... » ;

Attendu qu’en statuant ainsi, pour affirmer la primauté des dispositions d’ordre
public des articles 123 et suivants de l’Acte uniforme portant sur le droit
commercial général, relatifs au renouvellement d’un bail à usage professionnel, sur
la stipulation contractuelle invoquée par la requérante, la cour d’appel n’a pas
commis les griefs allégués par les deux moyens réunis ; que ceux-ci ne prospérant
pas, il échet pour la Cour de rejeter le pourvoi comme mal fondé ;

Sur les dépens

Attendu que la demanderesse succombe et sera condamnée aux dépens ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, après en avoir délibéré,

Rejette le pourvoi ;

Condamne la demanderesse aux dépens.

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