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Corrigé des exercices de Microéconomie

M1 Economie Appliquée

Françoise Forges et François Marini


Université Paris-Dauphine

2008-2009
Exercice 1
André
C D
AE 2; 0 2; 0
Betsy AF 2; 0 2; 0
BE 1; 1 3; 0
BF 1; 1 0; 2

Les équilibres de Nash purs sont (AE; C) et (AF; C). On en déduit immé-
diatement que ((p; 1 p; 0; 0); C) est un équilibre pour tout p 2 [0; 1]. Pour
calculer les autres équilibres éventuels, remarquons la stratégie BF de Betsy
est strictement dominée par AE (ou AF ). BF ne peut donc avoir probabilité
> 0 dans un équilibre. Ayant éliminé BF , on constate que D est faiblement
dominée ; André ne peut jouer D avec probabilité > 0 dans un équilibre que
si Betsy joue AE ou AF avec probabilité 1. Considérons donc des stratégies
de la forme (p; 1 p; 0; 0) pour Betsy et (q; 1 q) pour André. La condition
de meilleure réponse pour Betsy est 2 q + 3(1 q), soit q 21 .

Joueur 2
gg gd dg dd
Joueur 1 A 1; 2 1; 2 1; 1 1; 1
B 3; 0 0; 2 3; 0 0; 2

Le seul équilibre pur est (A; gd). dg est strictement dominée par gd ; gg
et dd sont faiblement dominées par gd. Le joueur 2 ne peut jouer gg avec
probabilité > 0 dans un équilibre que si le joueur 1 joue A avec probabilité
1. Les meilleures réponses d’André sont alors de la forme (q; 1 q; 0; 0). La
condition de meilleure réponse pour Betsy est 1 3q, soit q 31 . De même,
le joueur 2 ne peut jouer dd avec probabilité > 0 dans un équilibre que si le
joueur 1 joue B avec probabilité 1, mais le joueur 1 n’adopte ce comportement
que si le joueur 2 choisit gg (dg ayant été éliminée). Donc tous les équilibres
sont de la forme (A; (q; 1 q; 0; 0)), avec q 31 .

Joueur 2
g d
Joueur 1 A 1; 2 1; 1
B 3; 0 0; 2

1
Il n’y a pas d’équilibre de Nash en stratégies pures. Soit ( ; 1 ) une
stratégie mixte du joueur 1 et ( ; 1 ), une stratégie mixte du joueur
2. Le joueur 1 choisit A avec probabilité 0 < < 1 dans une meilleure
réponse à ( ; 1 ) si et seulement s’il est indi¤érent entre A et B, c’est-
à-dire 1 = 3 () = 13 . De même, le joueur 2 choisit g avec probabilité
0 < < 1 dans une meilleure réponse à ( ; 1 ) si et seulement s’il est
indi¤érent entre g et d, c’est-à-dire 2 = + 2(1 ) () = 23 . Les utilités
espérées à l’équilibre sont 1 pour le joueur 1 et 43 pour le joueur 2 (voir aussi
l’exercice 5).

Exercice 2
1. Forme extensive : voir appendice, à la …n du corrigé.
Forme stratégique
André choisit une ligne, Betsy, une colonne. La première (resp., seconde)
composante d’une stratégie d’André indique son annonce si la pièce est tom-
bée sur “pile”(resp., “face”). La première (resp., seconde) composante d’une
stratégie de Betsy indique son choix si André a annoncé “pile”(resp., “face”)
(voir aussi l’exercice 17bis).
PP PF FP FF
P P 2; 2 2; 2 22; 8 22; 8
P F 10; 2 26; 10 14; 0 30; 8
F P 0; 2 4; 0 16; 10 20; 8
F F 8; 2 28; 8 8; 2 28; 8
2. A…n de déterminer les équilibres de Nash en stratégies pures, on remarque
d’abord que, pour Betsy (qui choisit une colonne), P P est strictement domi-
née par F F . En analysant les meilleures réponses respectives, on véri…e que
(P P; F P ), d’utilités (22; 8) et (F F; P F ) d’utilités (28; 8) sont des équilibres.

Exercice 3
1. Une stratégie (pure) pour le joueur i est une fonction i : [0; 1] ! [0; 1] :
vi ! i (vi ) qui associe une o¤re sous pli scellé à son évaluation.
2. On doit véri…er que le joueur i ne perd rien à faire une o¤re égale à
son évaluation, i.e., i (vi ) = vi , quoi que fassent les autres enchérisseurs.
Supposons que ceux-ci fassent des o¤res bj , j 6= i, et posons w = maxj6=i bj .
Le joueur i ne connaît pas w, mais nous allons montrer que pour toute valeur
de w, le joueur i ne perd rien à choisir i (vi ) = vi .
(i) Supposons que vi < w. En faisant une o¤re < w, en particulier vi , le
joueur i perd et a une utilité de 0. En faisant une o¤re bi w, il gagne -
avec probabilité > 0 si bi = w et avec probabilité 1 si bi > w - et son gain
s’il gagne est vi w < 0.

2
(ii) Supposons à présent que vi > w. En faisant une o¤re > w, en parti-
culier vi , le joueur i gagne avec probabilité 1 et son gain est vi w > 0. En
faisant une o¤re bi < w, il perd et a une utilité de 0. En faisant une o¤re
bi = w, il gagne avec une certaine probabilité 0 < p < 1, qui dépend du
nombre de gagnants ; son gain espéré est p(vi w) < vi w.
(iii) Supposons …nalement que vi = w. En faisant une o¤re bi = w, le
joueur i a un gain espéré de p(vi w) = 0 (voir ci-dessus). En faisant une
o¤re bi < w, il a 0 également. En faisant une o¤re bi > w, il gagne avec
probabilité 1, mais son gain est toujours 0.
Une représentation graphique peut être utile (voir l’article “Les ventes
aux enchères”de F. Forges à la …n du cours polycopié).

Remarque : le raisonnement ci-dessus montre qu’il est essentiel de dé…nir


le “second” prix sous la forme que nous avons adoptée dans l’énoncé, pour
que, s’il y a plusieurs joueurs qui font l’o¤re la plus haute max1 j n bj , le
gagnant …nal, disons le joueur i, (tiré au sort parmi les joueurs k qui o¤rent
bk = max1 j n bj ) paie un prix égal à max1 j n bj = maxj6=i bj . Si plusieurs
joueurs font l’o¤re la plus haute, le premier et le second prix sont égaux !

3. En supposant que les évaluations vi sont indépendantes et distribuées


uniformément sur [0; 1], et que les enchérisseurs révèlent leurs évaluations, la
distribution du second prix V est

Pr(V v) = Pr(vi v; i = 1; :::; n) + n Pr(v1 > v; vi v; i = 2; :::; n)


= v n + n(1 v)v n 1 = nv n 1 (n 1)v n

La densité correspondante s’obtient en dérivant : f (v) = n(n 1)[v n 2


v n 1 ].
Le revenu espéré du vendeur est donc
Z 1
EV = vf (v)dv
0
Z 1
n 1
= n(n 1)(v n 1 v n )dv =
0 n+1

4. Précisons la procédure d’enchère anglaise (c’est-à-dire, orale, ascendante)


comme suit : le commissaire priseur augmente graduellement les prix ; un
enchérisseur qui est prêt à payer ce prix reste dans la salle ; un enchérisseur
qui trouve ce prix trop élevé sort ; il ne peut plus alors revenir dans la salle.
Supposons comme ci-dessus que les évaluations des enchérisseurs sont privées
et indépendantes. Le départ d’enchérisseurs n’a¤ecte pas les évaluations de
ceux qui restent. Un enchérisseur doit juste décider du prix qui lui fera quitter

3
la salle. Quand le commissaire priseur augmente les prix, les acheteurs po-
tentiels sortent les uns après les autres. A un moment donné, l’avant-dernier
sort ; le dernier peut acquérir l’objet au prix qui a fait fuir l’avant-dernier.
Dé…nie ainsi, l’enchère anglaise est stratégiquement équivalente à l’enchère au
second prix, et, sous l’hypothèse de valeurs privées et indépendantes, chaque
joueur a une stratégie faiblement dominante, qui consiste à rester dans la
salle tant que le prix annoncé par le commissaire priseur est inférieur à son
évaluation.
Exercice 4
1. Jeu I : (U; L) si a e et b d ; (D; L) si e a et f h ; (U; R) si c g
et d b ; (D; R) si g c et h f .
Jeu II : (U; R) et (D; L).
2. Jeu I : meilleure réponse du joueur 1 (en termes de la probabilité x 2 [0; 1]
qu’il joue U )
R1 (y) = 1 si ya + (1 y)c > ye + (1 y)g
= 0 si ya + (1 y)c < ye + (1 y)g
= [0; 1] si ya + (1 y)c = ye + (1 y)g
Meilleure réponse du joueur 2 (en termes de la probabilité y 2 [0; 1] qu’il
joue L)
R2 (x) = 1 si xb + (1 x)f > xd + (1 x)h
= 0 si xb + (1 x)f < xd + (1 x)h
= [0; 1] si xb + (1 x)f = xd + (1 x)h
Jeu II : meilleure réponse du joueur 1 (en termes de la probabilité x 2 [0; 1]
qu’il joue U )
1
R1 (y) = 1 si y <
2
1
= 0 si y >
2
1
= [0; 1] si y =
2
Meilleure réponse du joueur 2 (en termes de la probabilité y 2 [0; 1] qu’il
joue L)
3
R2 (x) = 1 si x <
4
3
= 0 si x >
4
3
= [0; 1] si x =
4
4
Représentation graphique : voir appendice, à la …n du corrigé.
3. Le joueur A est indi¤érent entre ses stratégies, quelle que soit la stratégie
du joueur B, si et seulement si a = e et c = g. Le joueur B est indi¤érent
entre ses stratégies, quelle que soit la stratégie du joueur A, si et seulement
si b = d et f = h.
4. U (resp., D) est strictement dominante pour le joueur A si a > e et c > g
(resp., si a < e et c < g). L (resp., R) est strictement dominante pour le
joueur B si b > d et f > h (resp., si b < d et f < h).
5. Supposons, par l’absurde, qu’aucun joueur n’a de stratégie strictement do-
minante, mais que le jeu a un équilibre unique, qui est en stratégies pures.
Montrons qu’il y a une contradiction. Sans perte de généralité, on peut sup-
poser que (U; L) est le seul équilibre. Donc, a e et b d.
Cas 1 : a > e et b > d. Comme U n’est pas strictement dominante,
c g. Comme L n’est pas strictement dominante, f h. D’où (D; R) est
un équilibre, ce qui contredit l’unicité de (U; L).
Cas 2 : a = e et b > d. On a toujours f h ; on peut donc trouver
0 < < 1 tel que (1 )b + f > (1 )d + h. Pour tout tel , les stratégies
(1 ; ) du joueur A et L du joueur B forment un équilibre, ce qui contredit
à nouveau l’unicité de (U; L).
Cas 3 : a > e et b = d. Analogue au cas 2 : c g et il existe tel que
(1 )a + c > (1 )e + g. Les stratégies U du joueur A et (1 ; ) du
joueur B forment un équilibre.
Cas 4 : a = e et b = d. (D; L) n’est pas un équilibre, d’où f < h ; de
même, (U; R) n’est pas un équilibre, d’où c < g. Mais alors (D; R) est un
équilibre.
6. Dans le jeu II, en plus des deux équilibres purs (de paiements respectifs
(4,2) et (3,0)), on trouve un équilibre complètement mixte : x = 43 , y = 12 .
Dans ce dernier équilibre, les paiements espérés sont 2 pour le joueur A et
1
4
pour le joueur B. (Représentation graphique : voir appendice, à la …n du
corrigé).

Exercice 5
1. Soit x (resp., y) la probabilité que le joueur 1 (resp., 2) joue G. La corres-
pondance de meilleure réponse du joueur 1 (en termes de x 2 [0; 1])
1
R1 (y) = 1 si 3 3y > y + 1, i.e., y <
2
1
= 0 si y >
2
1
= [0; 1] si y =
2

5
Meilleure réponse du joueur 2 (en termes de y 2 [0; 1])
1
R2 (x) = 1 si x + 1 > 3 3x, i.e., x >
2
1
= 0 si x <
2
1
= [0; 1] si x =
2
2. La représentation graphique (voir appendice, à la …n du corrigé).des corres-
pondances de meilleure réponse montre que x = 12 , y = 12 est le seul équilibre.
Les paiements correspondants sont 32 pour le joueur 1 et 32 pour le joueur 2.
(Voir dans le cours le raisonnement général qui montre qu’un équilibre de
Nash en stratégies mixtes peut être déterminé en utilisant le fait que la stra-
tégie d’équilibre de chaque joueur doit rendre l’autre joueur indi¤érent entre
les stratégies pures auxquelles il a¤ecte une probabilité positive).

Exercice 6
1. f (x) = xe x , x 0. f (0) = 0 ; limx!1 f (x) = 0.
f 0 (x) = (1 x)e x ; f 0 (x) = 0 () x = 1
f 00 (x) = (x 2)e x ; f 00 (x) = 0 () x = 2
f est croissante jusqu’en x = 1, où elle atteint son maximum ; elle est
concave jusqu’en x = 2, convexe ensuite.
2. Le pro…t k du k eme fermier, en fonction de sa production qk et de la
production des autres fermiers est
(qk +q k) q qk
k = qk e =e k
qk e
P
où q k = j6=k qj est la quantité totale produite par les autres fermiers. Du
point de vue du k eme fermier, qui cherche à déterminer qk pour maximiser k ,
e q k apparaît dans k comme une constante positive. Autrement dit, quelle
que soit q k ,
arg max k = arg max qk e qk = 1
qk qk

la seconde égalité résultant du point 1. qk = 1 est donc une stratégie domi-


nante pour le fermier k. Si chaque fermier produit une unité, le prix est e N
et le pro…t de chacun est e N .
P
N
Q
P
N
3. Le pro…t total est i = Qe , avec Q = qi . D’après le premier point,
i=1 i=1
ce pro…t est maximal en Q = 1 et Q = 1 est atteint si chacun produit N1 unité
1
de blé. Le pro…t de chaque fermier est alors eN . Un tel accord ne peut pas
être respecté en l’absence d’un contrat explicite. En e¤et, quoi que fassent les

6
autres fermiers, le fermier k a intérêt à choisir sa stratégie dominante qk = 1
pour maximiser son pro…t individuel (si les autres suivent l’accord, le fermier
N 1 N 1 1
1
k a eN en suivant l’accord et 1:e ( N +1) > N1 :e ( N + N ) = N1 :e 1 en ne le
suivant pas, l’inégalité résultant de la croissance de f pour x 1).
4. Ce jeu à N joueurs est une généralisation du dilemme du prisonnier car
chaque fermier fait un pro…t plus élevé quand tous respectent l’accord qu’à
1
l’équilibre en stratégies dominantes (en e¤et, e N < eN car N e N < 1e 1
par la décroissance de f pour x 1). Cependant, l’accord n’est pas “auto-
contraignant”, ce n’est pas un équilibre.

Exercice 7
L’utilité de l’employé i, en fonction de son e¤ort ei et de l’e¤ort e i de
l’autre joueur ( i) est 12 (ei + e i ) 12 e2i .
1. Le problème du plani…cateur social est
1 2 1 2 1 2 1 2
max (e1 e ) + (e2 e) = max(e1 e ) + max(e2 e)
e1 ;e2 2 1 2 2 e1 2 1 e2 2 2
(e1 21 e21 ) = e1 (1 12 e1 ) est une parabole concave de racines e1 = 0 et e1 = 2,
qui atteint donc son maximum en e1 = 12 (0+2) = 1. Le plani…cateur demande
donc e1 = e2 = 1. L’utilité de chaque employé est 12 .
2. L’employé 1 considère
1 1 1
max (e1 + e2 e21 ) = max(e1 e21 ) + e2
e1 2 2 e1 2
On voit donc que quel que soit e2 , l’employé 1 maximise son utilité en choi-
sissant e1 qui maximise e1 e21 = e1 (1 e1 ), parabole concave de racines
e1 = 0 et e1 = 1, qui atteint donc son maximum en e1 = 12 (0 + 1) = 12 .
e1 = 12 est donc une stratégie strictement dominante pour l’employé 1. De
même, e2 = 21 est une stratégie strictement dominante pour l’employé 2. A
l’équilibre correspondant, l’utilité de chaque employé est 38 . Cet équilibre est
sous-optimal.
Le problème est que l’employé i ne jouit pas de la totalité du béné…ce
social de son action. S’il augmente son e¤ort de ei , il engendre une hausse
du surplus social de ei , mais il n’en perçoit que la moitié. Par conséquent,
l’incitation à travailler est réduite, et comme le coût marginal de l’e¤ort est
croissant avec ei , les employés travaillent moins.
3. Comme dans l’exercice 6 et le dilemme du prisonnier, on a un unique
équilibre de Nash en stratégies strictement dominantes, qui n’est pas Pareto-
optimal. Dans la tragédie des communaux, les joueurs ne subissent pas la
totalité des coûts sociaux engendrés par leurs actions. Par conséquent, la res-
source est sur-exploitée. Dans le problème d’équipe, les employés ne jouissent

7
pas de la totalité du béné…ce social de leurs actions. Par conséquent, ils ré-
duisent leurs e¤orts.

Exercice 8 P
1. Considérons le consommateur i. Soit P i = pj la somme consacrée au
j6=i
bien public par les autres consommateurs. Pour déterminer sa meilleure ré-
ponse à P i , le consommateur i résout maxpi fg(pi +P i ) pi g. Les hypothèses
sur g montrent que l’objectif est strictement concave, et que le problème de
maximisation de i a pour solution l’unique pi qui satisfait g 0 (pi + P i ) = 1.
En procédant ainsi pour chaque consommateur, on voit que tout n-uplet
P
n
(p1 ; :::; pn ) tel que g 0 ( pi ) = 1 constitue un équilibre. Dans un équilibre
i=1
P
P
n
symétrique, p1 = ::: = pn = n
, avec P = pi déterminé par g 0 (P ) = 1.
i=1
2. La dépense publique optimale P maximise la somme des utilités indivi-
duelles
Xn
ui (p1 ; :::; pn ) = ng(P ) P
i=1

D’après les hypothèses sur g, le maximum est atteint en P tel que g 0 (P ) =


1
n
. Comme en tout équilibre de Nash, la dépense totale P satisfait g 0 (P ) = 1,
et que g 0 est strictement décroissante, P > P .

Exercice 9
1. Suivant la théorie micro-économique, l’équilibre de concurrence parfaite est
caractérisé par un prix p , indépendant des actions des entreprises, égal au
coût marginal : p = c. Par symétrie, chaque entreprise i (i = 1; :::; n) choisit
q tel que c = a bnq , d’où q = n1 a b c . Si une seule entreprise est sur le
marché (monopole), elle choisit q1 qui maximise son pro…t q1 (a bq1 ) cq1 =
q1 (a c bq1 ). C’est une parabole concave (car b > 0) de racines 0 et a b c > 0,
qui atteint donc son maximum en q1 = a2bc .
2. Etant donné q i , l’entreprise i détermine qi qui maximise son pro…t i (qi ; q i ) =
qi [a b(qi + q i )] cqi = qi (a c bq i bqi ). C’est une parabole concave
a c bq i a c bq i
(car b > 0) de racines 0 et b
; si b
0, c’est-à-dire si q i a b c ,
a c bq i
qi = 2b
; sinon, qi = 0.
3. Si n = 2, q1 = a c2b bq2 , q2 = a c2b bq1 ; d’où, q1 = q2 = a3bc . (Représentation
graphique : voir appendice, à la …n du corrigé). En général, la solution du
a c n
système est qi = (n+1)b , i = 1; :::; n et p = a n+1 (a c). Si n ! +1, p ! c.
4. Soit a = b = 1, c = 0, n = 2. D’après le point 2. ci-dessus, 1 (q1 ; q2 ) =
q1 (1 q2 q1 ), parabole concave de racines q1 = 0 et q1 = 1 q2 . Si q2 1,

8
le maximum est atteint en q1 = 1 2q2 . Une stratégie q1 de l’entreprise 1 ne
peut donc être meilleure réponse à une stratégie q2 de l’entreprise 2 que si
q1 est de la forme 1 2q2 ; comme 0 q2 1, 0 q1 = 1 2q2 1
2
. En d’autres
1
termes, une stratégie q1 > 2 de l’entreprise 1 n’est jamais meilleure réponse,
et peut être éliminée par l’entreprise 2 si celle-ci attend un comportement
rationnel de l’entreprise 1. De même, l’entreprise 1 peut éliminer q2 > 21 ,
1
c’est-à-dire optimiser en supposant que 0 q2 2
; on en conclut que
1 1 q2 1
4
q1 = 2 2
. En poursuivant de la sorte, on restreint graduellement
l’intervalle des meilleures réponses possibles pour chaque entreprise : à l’étape
k, qi 2 Ik = [xk ; yk ] avec x1 = 0; y1 = 1 et xk+1 = 1 2yk , yk+1 = 1 2xk . Quand
k ! +1, Ik ! [x; y] avec x = 1 2 y et y = 1 2 x , c’est-à-dire x = y = 13 ; on
converge donc vers l’équilibre de Nash calculé au point 3.

Exercice 10
1. Etant donné p2 0, l’entreprise 1 détermine p1 qui maximise son pro…t
(p1 c)q1 (p1 ; p2 ) = (p1 c)(a + bp2 p1 ). C’est une parabole concave de
racines p1 = c et p1 = a + bp2 . La meilleure réponse de l’entreprise 1 est
donc R1 (p2 ) = 21 (a + bp2 + c). Un équilibre doit véri…er p1 = 21 (a + bp2 + c)
et p2 = 21 (a + bp1 + c). Comme b > 0, b 6= 2 et donc p1 = p2 . La solution
du système est p1 = p2 = a+c 2 b
. Si b < 2, cette solution dé…nit un équilibre de
Nash. Les productions correspondantes sont q1 = q2 = a+(b 2 b
1)c
. Si b > 2, les
fonctions de réaction se coupent en dehors de l’orthant positif, et il n’existe
pas d’équilibre.
2. Représentation graphique : voir appendice, à la …n du corrigé.

Exercice 10bis
On procède par induction à rebours.
Dans le premier jeu, au dernier nœud, Betsy choisit E ; anticipant ce
choix de Betsy, André choisit C au nœud précédent ; anticipant les deux
choix précédents, Betsy choisit A au nœud initial ; l’équilibre parfait est donc
(AE; C). C’est l’un des équilibres de Nash obtenus dans l’exercice 1 ; l’autre
équilibre, (AF; C) n’est pas parfait.
Dans le second jeu, il y a deux sous-jeux “parallèles” dans lesquels le
joueur 2 doit faire un choix ; au nœud de gauche, il choisit g et au nœud de
droite, d. Anticipant ce choix du joueur 2, le joueur 1 choisit A ; l’équilibre
parfait est donc (A; gd), qui coïncide avec le seul équilibre pur obtenu dans
l’exercice 1.
Le troisième jeu n’a pas de sous-jeu propre ; tout équilibre de Nash est
donc parfait.

9
Exercice 11
On procède par induction à rebours. A la dernière période, T , le joueur
qui joue en second accepte n’importe quelle o¤re 0 car il n’aura plus la
possibilité de faire de contre-o¤re. Le joueur qui fait une o¤re au début de
la période T demande donc la totalité du gâteau. Si T est paire, le joueur 1
propose (xT ; 1 xT ) = (1; 0) ; si T est impaire, le joueur 2 propose (xT ; 1
xT ) = (0; 1). En particulier, si T = 0, le joueur 1 propose (1; 0) et le joueur
2 accepte immédiatement.
Si T = 1, le joueur 2 fait la dernière o¤re : (x1 ; 1 x1 ) = (0; 1), qui sera
acceptée par le joueur 1. A la période 0, le joueur 2 accepte l’o¤re (x0 ; 1 x0 )
du joueur 1 si et seulement si 1 x0 2 (1 x1 ) = 2 (qui correspond à la
valeur actualisée à la période 0 de ce que le joueur 2 obtient à l’équilibre du
sous-jeu de l’étape 1). Le joueur 1 propose donc x0 = 1 2 et le joueur 2
accepte.
Si T = 2, le joueur 1 fait la dernière o¤re : (x2 ; 1 x2 ) = (1; 0), qui sera
acceptée par le joueur 2 =) à la période 1, le joueur 2 fait l’o¤re (x1 ; 1
x1 ) = ( 1 ; 1 1 ) =) à la période 0, le joueur 1 propose (x0 ; 1 x0 ) avec
x0 = 1 2 (1 1 ).
Si T = 3, le joueur 2 fait la dernière o¤re : 1 x3 = 1 =) le joueur 1
fait l’o¤re 1 x2 = 2 en t = 2 =) le joueur 2 fait l’o¤re x1 = 1 (1 2)
en t = 1 =) le joueur 1 fait l’o¤re 1 x0 = 2 [1 1 (1 2 )] =) x 0 =
1 2 [1 1 (1 2 )] = (1 2 )(1 + 1 2 ).
De manière générale, si k < T est impair, l’o¤re (xk ; 1 xk ) du joueur 2
doit satisfaire xk = 1 xk+1 , tandis que si k < T est pair, l’o¤re (xk ; 1 xk ) du
joueur 1 doit satisfaire 1 xk = 2 (1 xk+1 ), c’est-à-dire xk = 1 2 (1 xk+1 ).
En procédant inductivement, on trouve par exemple, pour T = 5, cas où le
joueur 2 fait la dernière o¤re : 1 x5 = 1, x0 = 1 2 [1 1 (1 2 )(1+ 1 2 )] =
2 2
(1 2 )(1 + 1 2 + 1 2 ).
Remarquons que les stratégies d’équilibre parfait doivent spéci…er pour
chaque étape t = 0; :::; T , l’o¤re (xt ; 1 xt ) du joueur qui joue d’abord et
la liste des o¤res qui sont acceptées par le joueur qui joue ensuite. Les cas
examinés en détail ci-dessus illustrent que le résultat de l’équilibre est que
la négociation s’arrête dès l’étape 0, avec, pour T impair, x0 = (1 2 )(1 +
T 1 T 1

1 2 + 21 22 + ::: + 1 2 2 2 ). Les menaces (crédibles) pour les étapes qui


suivraient la période 0 en cas de refus d’o¤re sont essentielles. Quand T !
1, x0 ! 11 1 2 2 . En particulier, si 1 = 2 = , x0 ! 1+1 .

Exercice 12
1. Jeu sous forme extensive : voir appendice, à la …n du corrigé.
2. Pour trouver les équilibres parfaits éventuels, on commence par considérer

10
le comportement de la seconde entreprise à la seconde étape ; elle doit décider
de la quantité q2 à produire compte tenu de la production q1 observée pour
l’entreprise 1. Sa stratégie est donc une fonction r2 : R ! R : q1 ! r2 (q1 ).
Son pro…t, en fonction de q1 et q2 , est 2 (q1 ; q2 ) = q2 [a (q1 + q2 )] cq2 =
q2 (a c q1 q2 ). C’est une parabole concave de racines 0 et a c q1 ; si
a c q1 0, c’est-à-dire si q1 a c, 2 (q1 ; q2 ) est maximal pour q2 =
a c q1
2
; sinon, q 2 = 0. La stratégie R 2 qui maximise le pro…t de l’entreprise
2 à l’étape 2 est donc dé…nie par
a c q1
r2 (q1 ) = si q1 a c
2
= 0 sinon
Considérons maintenant l’entreprise 1 à l’étape 1, qui anticipe le comporte-
ment de l’entreprise 2 ci-dessus. Si l’entreprise 1 choisit q1 > a c, l’entreprise
2 répond avec q2 = 0 et le pro…t de l’entreprise 1 est q1 (a c q1 ), qui est maxi-
misé par q1 = a 2 c < a c ! Cette contradiction montre qu’on ne peut avoir
d’équilibre avec q1 > a c. Soit donc q1 a c ; en anticipant la réponse r2 (q1 )
de l’entreprise 2, l’entreprise 1 doit maximiser 1 (q1 ; r2 (q1 )) = q1 a c2 q1 , pa-
rabole concave de racines 0 et a c. La meilleure réponse de l’entreprise 1
est donc q1 = a 2 c . L’équilibre parfait est décrit par les stratégies q1 et r2 (la
stratégie de l’entreprise 2 étant une fonction) ; le résultat de cet équilibre,
c’est-à-dire les quantités produites par les deux entreprises à l’équilibre, est
q1 = a 2 c , q2 = r2 (q1 ) = a 4 c . Les pro…ts à l’équilibre sont, respectivement, en
2 2
posant a c = d, 1 = d2 (d 34 d) = d8 , 2 = d4 (d 34 d) = d16 .
3. Toujours en posant a c = d, les quantités produites par les deux entre-
prises à l’équilibre de Cournot-Nash, quand elles font leurs choix stratégiques
2
simultanément, sont d3 ; chacune fait le pro…t CN = d3 (d 23 d) = d9 . L’en-
treprise 1 tire donc avantage de sa position de “leader” quand elle décide
en premier lieu ( 1 > ) tandis que l’entreprise 2 sou¤re de sa position de
“follower”( 2 < ).

Exercice 13
1. Jeu sous forme extensive : voir appendice, à la …n du corrigé.
2. On procède par induction à rebours. Si la dernière étape, K = 4, est
atteinte, le joueur 2 n’a pas le choix et doit liquider l’actif ; il gagne 266,2 et
le joueur 1 a 133,1. En K = 3, le joueur 1 peut liquider l’actif et recevoir
242 ou laisser l’actif fructi…er jusqu’en K = 4, date à laquelle le joueur 2
devra liquider l’actif, avec un pro…t de 133,1 pour le joueur 1. Le joueur
1 choisit donc de liquider l’actif en K = 3. Ce raisonnement se poursuit :
en K = 2, le joueur 2 préfére liquider et avoir 220 que d’attendre, car la
liquidation anticipée en K = 3 lui donne 121. Finalement, le joueur 1 liquide

11
en K = 1. L’équilibre parfait consiste, pour chaque joueur, à liquider l’actif
à chaque étape. Propriétés : l’équilibre ne comporte pas de menaces non-
crédibles, mais les paiements sont sous-optimaux. A cet égard, on a donc
une situation comparable à celle du dilemme du prisonnier. Par ailleurs, la
rationalité sous-entendue dans le raisonnement par induction à rebours est
contestable car un joueur qui l’applique à une étape t, 1 < t < K, ne tire
pas de conclusion du fait que la solution n’a manifestement pas été suivie
jusqu’en t.

Exercice 14
1. Les stratégies pj des entreprises
P j 6= i étant …xées, l’entreprise i cherche
pi qui maximise pi (100 + j6=i pj 3pi ). Cette fonction de pro…t est une
P
100+ j6=i pj
parabole concave de racines pi = 0 etP pi = 3
; la meilleure réponse
100+ j6=i pj
pi de l’entreprise 1 est donc pi = 6
. Un équilibre de Nash (p1 ; p2 ; p3 )
véri…e le système linéaire
X
6pi = 100 + pj , i = 1; 2; 3
j6=i

dont la seule solution est p1 = p2 = p3 = 25. A l’équilibre, chaque entreprise


produit la quantité 100 + 50 75 = 75 et fait un pro…t de 1875.
2. La somme des pro…ts des trois entreprises étant une fonction symétrique
de p1 , p2 et p3 , on peut en chercher le maximum pour p1 = p2 = p3 = p ;
on est donc ramené à maxp 3p(100 p), soit p = 50 (l’objectif étant une
parabole concave de racines 0 et 100). Chaque entreprise produit alors la
quantité 100 + 100 150 = 50 et fait un pro…t de 2500. On notera que cette
solution “coopérative”nécessite un contrat explicite dans le jeu en une étape,
car elle ne correspond pas à un équilibre de Nash.
3. Dans le jeu in…niment répété, une stratégie de “déclic”pour l’entreprise i
peut se décrire comme suit : à la première étape, pi = 50 (solution “coopéra-
tive”) ; à l’étape t (t = 2; 3; :::), si à toutes les étapes précédentes (1; :::; t 1),
toutes les entreprises (y compris i elle-même) ont choisi 50, pi = 50 ; sinon
(c’est-à-dire si au moins une entreprise j a choisi pj 6= 50 à l’une des étapes
1; :::; t 1), pi = 25.
4. On va montrer que les stratégies de “déclic”ci-dessus forment un équilibre
parfait du jeu in…niment répété pour des valeurs appropriées de i (i =
1; 2; 3). Il est clair que le résultat de ces stratégies est bien de “coopérer à
chaque étape”. Pour que ces stratégies soient en équilibre, il faut qu’aucune
entreprise n’ait intérêt à en dévier. Imaginons que l’entreprise i choisisse
pi = 50 à chaque étape 1; :::; t 1 mais pi 6= 50 en t, tandis que les entreprises
j 6= i suivent leur stratégie de déclic. A l’étape t, l’entreprise i obtient au

12
mieux maxpi pi (200 3pi ) = 10000 3
(pour pi = 100
3
). A chacune des étapes
t + 1 et suivantes, l’entreprise i obtient au mieux 1875. Ainsi, l’entreprise i
ne gagne pas à dévier si
2500 10000 2 10000 i
+ i 1875 + i 1875 + ::: = + 1875
1 i 3 3 1 i

c’est-à-dire si
10000 7500 4
i =
10000 5625 7
Si les i , i = 1; 2; 3, satisfont cette condition, les stratégies de déclic forment
un équilibre de Nash. Il reste à véri…er que cet équilibre est parfait. Distin-
guons deux types de sous-jeux commençant à l’étape t 2. Tout d’abord
ceux qui font suite à p1 = p2 = p3 = 50 pour toute étape 1; :::; t 1 : les
stratégies de déclic dans ces sous-jeux étant identiques aux stratégies de dé-
clic dans le jeu initial (qui démarre à l’étape 1), elles sont bien en équilibre.
Considérons ensuite les autres sous-jeux, où pi 6= 50 pour au moins une en-
treprise i à une étape entre 1 et t 1 : dans ce cas, les stratégies de déclic
consistent à jouer l’équilibre de Nash du jeu statique (p1 = p2 = p3 = 25) à
chaque étape, ce qui constitue bien un équilibre de Nash du sous-jeu in…ni.

Exercice 15
1. L’enchère au premier prix donne lieu au jeu bayésien suivant : les joueurs
sont les enchérisseurs (i = 1; :::; n), le type du joueur i est son évaluation
Vi , sa croyance sur les types des autres joueurs correspond à la distribution
produit de (n 1) v.a. uniformes sur [0; 1], l’action du joueur i est son o¤re bi ,
sa fonction d’utilité est ui . Celle-ci re‡ète les valeurs privées : elle ne dépend
pas directement de vj , j 6= i. Une stratégie (pure) pour le joueur i est une
fonction i : [0; 1] ! [0; 1] : vi ! i (vi ) qui associe une o¤re sous pli scellé à
son évaluation.
2. On veut établir que les stratégies i dé…nies par i (vi ) = nn 1 vi , i = 1; :::; n
constituent un équilibre de Nash. Supposons donc que les joueurs j 6= i
adoptent j et montrons que i est une meilleure réponse du joueur i. Soit
vi la réalisation de l’évaluation du joueur i ; en faisant une o¤re bi , il est (le
seul) gagnant si et seulement si bi > maxj6=i j (Vj ) = nn 1 maxj6=i Vj (comme
les vj sont des v.a. continues, la probabilité de l’égalité est nulle et on oublie
donc cette éventualité). Pour vi et bi donnés, (la v.a. décrivant) le gain de i
est donc
n 1
gi (vi ; bi ) = vi bi si bi > max Vj
n j6=i
= 0 sinon

13
Le gain espéré de i, conditionnellement à son information, est
n
E[gi (vi ; bi )jVi = vi ] = (vi bi ) Pr(max Vj < bi )
j6=i n 1
grâce à l’indépendance de Vi et des Vj , j 6= i. On calcule que
n n
Pr(max Vj < bi ) = Pr(Vj < bi , 8j 6= i)
j6=i n 1 n 1
n 1
n n
= Pr(Vj < bi ) =( bi )n 1
n 1 n 1
et
n
)n 1 (vi bi )bi n 1
E[gi (vi ; bi )jVi = vi ] = (
n 1
Le joueur i choisira l’o¤re bi qui maximise ce gain espéré ; la condition du
premier ordre est
n 1
(n 1)vi bni 2
nbni 1
= 0, soit bi = vi
n
(si n = 2, la dérivée seconde vaut 2, si n > 2, la condition de concavité
bi > nn 2 vi est remplie en bi ).
3. Si les enchérisseurs suivent l’équilibre précédent, le revenu du vendeur est
n 1
n
max1 i n Vi . En procédant comme ci-dessus,

Pr( max Vi v) = v n
1 i n

La densité correspondante s’obtient en dérivant : f (v) = nv n 1 .


Le revenu espéré du vendeur est donc
Z 1
n 1 n 1
E( max Vi ) = (n 1) v n dv =
n 1 i n 0 n+1
c’est-à-dire exactement le même qu’à l’équilibre en stratégies faiblement do-
minantes de l’enchère au second prix.

Exercice 16
Par symétrie, on peut se concentrer sur l’individu 1 ; soit v1 la valeur
qu’il attache à la terre. Supposons que l’individu 2 fasse une o¤re b2 = v32
quand son évaluation est v2 et cherchons la meilleure réponse de l’individu
1. Pour éviter toute confusion, on note Vi la v.a. représentant l’évaluation de

14
l’individu i, inconnue de l’autre joueur. Si l’individu 1 fait une o¤re b1 , (la
v.a. décrivant) son gain g1 (v1 ; b1 ) est

V2
g1 (v1 ; b1 ) = v1 b1 si b1 >
3
V2
= sinon
3
ce qu’on peut écrire
V2 v2 V2
g1 (v1 ; b1 ) = (v1 b1 )I[b1 > ] + I[b1 ]
3 3 3
où I[A] désigne l’indicatrice de l’événement A : I[A] = 1 si A a lieu, 0 sinon.
Le gain espéré de l’individu 1, étant donné son information, est

V2 V2 V2
E[g1 (v1 ; b1 )jV1 = v1 ] = (v1 b1 )E I[b1 > ] +E I[b1 ]
3 3 3

grâce à l’indépendance des v.a. V1 et V2 . En poursuivant le calcul (voir aussi


la remarque ci-dessous),

Z
1200
v2 1
E[g1 (v1 ; b1 )jV1 = v1 ] = (v1 b1 ) Pr(V2 < 3b1 ) + dv2
3 1200
3b1
1200
b1 1 v22
= (v1 b1 )
+
400 1200 6 3b1
v1 3 2
= 200 + b1 b
400 800 1
L’individu 1 choisira l’o¤re b1 qui maximise ce gain espéré, qui s’écrit comme
une fonction concave (parabole) de b1 ; la condition du premier ordre est
v1
400
6
b = 0, d’où b1 = v31 .
800 1

Remarque : une expression équivalente du gain s’obtient en notant que

V2 V2 V2 V2
E I[b1 ] = Pr(V2 3b1 )E j b1
3 3 3 3
V2 V2 b1 +400
et que E j
3 3
b1 = 2
, comme espérance d’une v.a. uniforme sur
[b1 ; 400].

15
Exercice 17
Une stratégie pour la …rme i est une fonction i : [0; +1[ ! fentrer, ne
pas entrerg qui associe la décision d’entrer ou non à chaque coût d’entrée i .
On se concentre sur des stratégies naturelles, de la forme i ( i ) = entrer ()
i où est un seuil …xé par les …rmes. On veut établir qu’il existe un
équilibre dans lequel chacune des deux …rmes utilise une telle stratégie, pour
le même seuil. Supposons que la …rme 2 entre () 2 ; le pro…t espéré
de la …rme 1, étant donné son information 1 , est, en cas d’entrée,
m d m d
( 1 )(1 p( )) + ( 1 )p( )= (1 p( )) + p( ) 1

et 0 en cas de non-entrée. Les meilleures réponses de la …rme 1 consistent


donc à entrer si m (1 p( ))+ d p( ) > 1 , à ne pas entrer si m (1 p( ))+
d
p( ) < 1 et à entrer ou non, indi¤éremment, si m (1 p( )) + d p( ) =
1 . En particulier, “entrer () 1 ”est une meilleure réponse de la …rme
1 si et seulement si
m d
(1 p( )) + p( ) =

c’est-à-dire m
p( ) = m d

Cette équation a une seule solution car le membre de gauche p( ) décrit


une fonction à valeurs dans [0; 1], croissante et continue, telle que p(0) = 0
et lim !1 p( ) = 1, tandis que le membre de gauche décrit une droite
m
décroissante, qui vaut m d > 1 en = 0 et 0 en = m (voir graphique
dans l’appendice, à la …n du corrigé.).

Exercice 17bis
André a 2 types : pile et face (notés pA et fA ). Il envoie un signal à
Betsy, signal qui peut prendre 2 valeurs : pile et face (notées PA et FA ).
Betsy a un seul type ; elle observe le signal d’André et a ensuite 2 décisions
possibles, pile et face (notées PB et FB ). Une stratégie d’André est une fonc-
tion A : fpA ; fA g ! fPA ; FA g ; une stratégie de Betsy est une fonction
B : fPA ; FA g ! fPB ; FB g. Chaque joueur a donc 4 stratégies. Une straté-
gie d’André se décrit comme A (pA ) A (fA ), une stratégie de Betsy, comme
B (PA ) B (FA ).
On véri…e d’abord si le jeu a des équilibres “séparants”. Supposons qu’An-
dré révèle son type, i.e., applique la stratégie PA FA . Si Betsy reçoit le signal
PA , elle met sa croyance à jour (par la formule de Bayes) : Pr(pA jPA ) = 1 ;
sa meilleure action est alors PB . De même, si elle reçoit FA , sa croyance est
Pr(fA jFA ) = 1 et sa meilleure action est FB . La meilleure réponse de Betsy

16
à PA FA est PB FB . Il reste à véri…er si PA FA est une meilleure réponse d’An-
dré à PB FB . Supposons que Betsy joue PB FB et qu’André soit de type pA ;
s’il envoie le signal PA , il obtient 10 ; s’il envoie le signal FA , il obtient 20.
André a donc intérêt à dévier et les stratégies envisagées ne forment pas un
équilibre.
Un autre équilibre séparant pourrait être obtenu via la stratégie FA PA
d’André. Dans ce cas, la croyance de Betsy, si elle reçoit le signal PA est
Pr(fA jPA ) = 1 ; sa meilleure action est alors FB . De même, si elle reçoit FA ,
sa croyance est Pr(pA jFA ) = 1 ; sa meilleure action est alors PB . La meilleure
réponse de Betsy à FA PA est FB PB . Il reste à véri…er si FA PA est une meilleure
réponse d’André à FB PB . Supposons que Betsy joue FB PB et qu’André soit
de type pA ; s’il envoie le signal FA , il obtient 0 ; s’il envoie le signal PA ,
il obtient 30. André a donc intérêt à dévier et les stratégies envisagées ne
forment pas un équilibre. Le jeu n’a donc pas d’équilibre séparant.
Véri…ons maintenant ce qu’il en est des équilibres “mélangeants” éven-
tuels. Supposons d’abord qu’André joue PA PA . La croyance de Betsy, si elle
2 8 2
reçoit le signal PA est Pr(pA jPA ) = 10 , Pr(fA jPA ) = 10 . PB lui donne 10 10 = 2
8
et FB , 10 10 = 8 ; elle choisit donc FB . Le signal FA ayant probabilité 0, toute
action de Betsy y est concevable, mais le choix de Betsy en FA est important
pour qu’aucun des types d’André n’ait intérêt à dévier de PA . Si André de
type pA envoie PA et que Betsy réagisse avec FB , il a 30, son paiement le
plus élevé dans le jeu. On ne doit donc pas craindre qu’André de type pA
dévie. Si André de type fA envoie PA et que Betsy réagisse avec FB , il a
20 ; en envoyant FA , il pourrait obtenir 30, si Betsy choisissait FB ; mais si
Betsy choisit PB , il obtient 10 et n’a pas intérêt à dévier. On a ainsi établi
que (PA PA ; FB PB ) est un équilibre bayésien. On a vu que les utilités sont 30
pour André de type pA , 20, pour André de type fA et 8 pour Betsy. Pour que
cet équilibre soit bayésien parfait, il faut qu’il existe une croyance ( ; 1 )
de Betsy qui justi…e son choix PB quand elle reçoit le signal FA de probabilité
1
0, c’est-à-dire 10 10(1 ) ou 2
. (PA PA ; FB PB ) est donc un équilibre
bayésien parfait.
Finalement, supposons qu’André joue FA FA . La croyance de Betsy, si elle
2 8 2
reçoit le signal FA est Pr(pA jFA ) = 10 , Pr(fA jFA ) = 10 . PB lui donne 10 10 = 2
8
et FB , 10 10 = 8 ; elle choisit donc FB . Le signal PA ayant probabilité 0, toute
action de Betsy y est concevable, mais le choix de Betsy en PA est important
pour qu’aucun des types d’André n’ait intérêt à dévier de FA . Si André de
type pA envoie FA et que Betsy réagisse avec FB , il a 20 ; en envoyant PA ,
il pourrait obtenir 30, si Betsy choisissait FB ; mais si Betsy choisit PB , il
obtient 10 et n’a pas intérêt à dévier ; il faut donc que Betsy choisisse PB
quand elle reçoit PA pour qu’André de type pA ne dévie pas. Par ailleurs,
André de type fA obtient 30, son paiement le plus élevé, s’il envoie FA et que

17
Betsy réagisse avec FB . On a ainsi établi que (FA FA ; PB FB ) est un équilibre
bayésien. On a vu que les utilités sont 20 pour André de type pA , 30, pour
André de type fA et 8 pour Betsy. Pour que cet équilibre soit bayésien parfait,
il faut qu’il existe une croyance ( ; 1 ) de Betsy qui justi…e son choix PB
quand elle reçoit le signal PA de probabilité 0, c’est-à-dire 10 10(1 )
1
ou 2
. (FA FA ; PB FB ) est donc un équilibre bayésien parfait.

Remarque : la di¤érence pratique entre la résolution ci-dessus et celle qui est


proposée dans l’exercice 2 est qu’ici, on ne passe pas par la forme stratégique,
description virtuelle du jeu “avant que soient les types soient divulgués”. Par
ailleurs, on ne peut pas véri…er si un équilibre est bayésien parfait sur la
forme stratégique.

Exercice 18
1. Forme extensive : voir appendice, à la …n du corrigé.
2. A la dernière étape, on a une série de sous-jeux dans lesquels le travailleur
de type accepte ou refuse un salaire w, w 2 fw; wg. S’il a fait des études,
accepter lui donne une utilité de w c( ) tandis que refuser lui donne c( ).
De même, s’il n’a pas fait d’études, accepter lui donne une utilité de w, refuser
lui donne 0. Donc, dans un équilibre parfait, le travailleur accepte le salaire
qui lui est proposé.
Soit r la croyance de l’entreprise sur ; si elle propose le salaire w, le
travailleur l’accepte comme on vient de le voir et l’utilité de l’entreprise est
r + (1 r) w. L’entreprise maximise donc son utilité en proposant w,
quel que soit le niveau d’études observé.
Le travailleur a donc intérêt à envoyer le signal le moins coûteux, c’est-à-
dire à ne pas faire d’études, quel que soit son type. Les stratégies ci-dessus
décrivent le seul équilibre pur, bayésien parfait, qui est donc “mélangeant”.
Il existe sans restriction sur les paramètres du jeu.
3. Le comportement “séparant” naturel se décrit comme suit : fait des
études, accepte w et refuse w, cette dernière menace étant bien sûr non-
crédible (ce comportement ne peut donc faire partie d’un équilibre parfait,
ni, a fortiori, d’un équilibre bayésien) ; ne fait pas d’études, accepte w
et w ; l’entreprise propose w si le travailleur a fait des études, w, sinon. Les
conditions d’équilibre de l’entreprise sont w 0, w 0. Les conditions
d’équilibre du travailleur sont w c( ) w w c( ).
Remarque : il y a d’autres équilibres de Nash qui ne sont pas parfaits ;
par exemple, si p + (1 p) w 0, on a un équilibre “mélangeant” peu
naturel, dans lequel le travailleur ne fait pas d’études, mais n’accepte que le
salaire élevé w !

18
4. L’hypothèse responsable du résultat négatif est que l’entreprise est en
monopole et n’est donc pas obligée de payer le travailleur en fonction de
sa productivité. L’e¤et de signal de Spence repose sur la concurrence des
entreprises (par exemple à la Bertrand).

Exercice 19
1) M axq fpq + (1 p)(1 q)g = M axq f(2p 1)q + (1 p)g
2p 1 > 0 () p > 21 ) q = 1
2p 1 < 0 () p < 12 ) q = 0
p = 12 ) q peut prendre n’importe quelle valeur dans [0; 1].
2) M axq fp ln q + (1 p) ln(1 q)g : on maximise une fonction strictement
concave ; la condition du 1er ordre est
p
q
+ 11 pq = 0 () p = q.

Exercice 20
1. En information complète, l’e¤ort de l’agent est observable et il n’y a pas
de contrainte d’incitation. Le contrat stipule le salaire en fonction de l’e¤ort
et, a priori, du niveau de production. Pour trouver le meilleur contrat qui
induise l’e¤ort élevé a = 2, l’employeur résout

max f H (10 w1 ) + (1 H )(30 w2 )g


w1 ;w2

p p
sous H w1 + (1 H) w2 1 1 (C.P.)
où w1 (resp., w2 ) est le salaire correspondant au revenu faible 10 (resp., élevé
30), H = 31 est la probabilité du revenu 10 si a = 2 et (C.P.) est la contrainte
de participation de l’agent.
p p
L= H (10 w1 ) + (1 H )(30 w2 ) + ( H w1 + (1 H) w2 2)

@L @L
= = 0 () p = p = 1
@w1 @w2 2 w1 2 w2
d’où > 0 : la C.P. est saturée et w1 = w2 = 4 (qu’en information complète,
le salaire, dépendant de l’e¤ort, ne doive pas dépendre en plus de la produc-
tion est intuitif, et vrai en général). L’utilité correspondante pour l’employeur
est 13 10 + 23 30 4 = 58 3
.
Cherchons maintenant le meilleur contrat qui induise l’e¤ort faible a = 1.
A nouveau, w1 = w2 = w (le raisonnement ci-dessus ne dépend pas de la
valeur de H ) mais la C.P. saturée devient
p p
L w + (1 L) w = 1

19
où L = 23 est la probabilité du revenu 10 si a = 1 ; on a donc w = 1 et
l’utilité de l’employeur est 32 10 + 13 30 1 = 47
3
.
Le contrat optimal en information complète est donc a = 2, w1 = w2 = 4.
2. En information asymétrique, le programme du principal, qui n’observe pas
l’action de l’agent, doit tenir compte de la condition d’incitation (C.I.) de
l’agent.
(i) Si l’employeur souhaite induire un e¤ort élevé, son barème optimal
sera solution du programme

max f H (10 w1 ) + (1 H )(30 w2 )g


w1 ;w2

p p p p
sous H w1 + (1 H) w2 1 L w1 + (1 L) w2 (C.I.)
p p
H w1 + (1 H ) w2 1 1 (C.P.)

où w1 , w2 , H et L sont dé…nis comme ci-dessus. Les contraintes peuvent se


réécrire sous la forme
p p
w1 + w2 3 0 (C.I.)
p p
w1 + 2 w2 6 0 (C.P.)
p p
En particulier, (C.I.) =) w2 > w1 de sorte que w2 > w1 0.
p p p p
L / (10 w1 ) + 2(30 w2 ) + ( w1 + w2 3) + ( w1 + 2 w2 6)
@L @L
= = 0 ()
@w1 @w2
p p
2 w1 + = 0 et 4 w2 +2 =0
p p p p
d’où = 23 ( w1 +2 w2 ) > 0 et = 43 ( w2 w1 ) > 0. Les deux contraintes
(C.I.) et (C.P.) sont donc saturées (résultat vrai sous les hypothèses standards
du problème agent-principal à 2 niveaux de production et 2 niveaux d’e¤ort).
Le meilleur contrat qui induise a = 2 est donc w1 = 0, w2 = 9. L’utilité
correspondante de l’employeur est 13 10 + 23 (30 21) = 52 3
.
Pour induire un e¤ort faible, aucune contrainte d’incitation n’est néces-
saire, et on peut donc reprendre la solution obtenue au point 1 : w1 = w2 = 1,
procurant une utilité de 473
à l’employeur. Celui-ci préfère donc le contrat qui
induit l’e¤ort élevé.
(ii) Représentation graphique des contrats réalisables : voir appendice, à
p
la …n du corrigé. On procède au changement de variables ti = wi (i = 1; 2)
qu’on aurait d’ailleurs pu vouloir faire, en toute rigueur, ci-dessus, pour
mettre en évidence les conditions garantissant l’existence d’un maximum glo-
bal.

20
Remarque : Quand il y a asymétrie d’information, comme en information
complète, l’agent reste à son utilité de réserve, égale à 1. Le principal obtient
tout le surplus, dans une situation comme dans l’autre. Cependant, en in-
formation complète, le principal verse une rémunération w = 4, tandis qu’en
information incomplète, w1 = 0, w2 = 9 =) 13 w1 + 23 w2 = 6. Le salaire
moyen plus élevé en information incomplète correspond à la prime de risque
de l’agent.

Exercice 21
1. Le principal est neutre à l’égard du risque, l’agent a de l’aversion pour le
risque.
2. Salaire …xe : wg = wm = wb = w. L’agent a u(w) dH s’il fait l’e¤ort eH et
u(w) dL s’il fait l’e¤ort eL . Comme dL < dH , l’agent choisit eL . Le principal
sature la contrainte de participation avec w = 0 et son pro…t attendu est
0; 1g + 0; 3m + 0; 6b = 80.
3. Contrat de franchise : wg = g f , wm = m f , wb = b f . Dans le salariat
…xe, le principal supporte tous les risques, alors que dans la franchise, c’est
l’agent qui supporte tous les risques. Comme l’agent ne travaille pas à perte,
il faut wg 0, wm 0, wb 0 c’est-à-dire f minf200; 100; 50g = 50.
Etant donné une telle franchise f 50, l’agent choisit eH plutôt que eL si
p p p
2[0; 6 200 f + 0; 3 100 f + 0; 1 50 f ] 10
p p p
2[0; 1 200 f + 0; 3 100 f + 0; 6 50 f ]
p p
c’est-à-dire 200 f 50 f 10
En particulier,
p pour la franchise la plus élevée, qui est celle que préfère le
principal, 150 10 et l’e¤ort eH est choisi. Le revenu du principal est
évidemment 50 en toutes circonstances.
4. Salaire …xe de base plus prime : salaire de base égal à wb plus une prime
égale à wm wb si la production observée est m, et wg wb si la production
observée est g. Le risque est partagé entre le principal et l’agent. L’agent
sélectionne eH si
p p p p p p
2[0; 6 wg + 0; 3 wm + 0; 1 wb ] 10 2[0; 1 wg + 0; 3 wm + 0; 6 wb ]
p p
c’est-à-dire wg wb 10
Si le principal cherche le meilleur contrat de ce type qui induise eH , il résout

max 0; 6(g wg ) + 0; 3(m wm ) + 0; 1(b wb )


p p
sous wg 0, wm 0, wb 0 et wg wb 10

21
Les premières contraintes expriment que l’agent ne travaille pas à perte,
la dernière est la contrainte d’incitation. Elles impliquent la contrainte de
participation en espérance
p p p
2[0; 6 wg + 0; 3 wm + 0; 1 wb ] 10 0
On voit aussi que la contrainte wg 0 est redondante. La résolution du
problème d’optimisation montre que les trois contraintes restantes sont satu-
p
rées : wm = 0, wb = 0 et wg = 10, soit wg = 100 (voir détails ci-dessous).
Le revenu du principal est alors 0; 6(200 100) + 0; 3 100 + 0; 1 50 = 95.
L’utilité attendue de l’agent est 2 0; 6 10 10 = 2 (remarques : (i) on
voit que la contrainte de participation en espérance de l’agent n’est pas satu-
rée : les contraintes de l’agent stipulent qu’il ne peut pas travailler à perte,
quel que soit l’état réalisé ; on parle parfois de “responsabilité limitée” dans
ce cadre. (ii) le meilleur contrat du type “salaire de base plus prime” qui
induise eL revient à celui du point 2. et donne le revenu inférieur de 80 au
principal).

Quelques détails sur la résolution du problème d’optimisation : on procède


p
au changement de variables ti = wi (i = g; m; b) a…n de mettre en évidence
les conditions d’existence d’un maximum global et de garantir l’existence des
dérivées même en 0.
max 0; 6(g t2g ) + 0; 3(m t2m ) + 0; 1(b t2b )
sous tg 0, tm 0, tb 0 et tg tb 10
() max 0; 6(g t2g ) + 0; 1(b t2b ) + max 0; 3(m t2m )
sous tm 0, tb 0 et tg tb 10
car tg 0 est redondante et tm , n’apparaissant pas dans la C.I., peut être
traitée indépendamment, vu la forme de l’objectif. On a immédiatement tm =
0 et il reste à résoudre
max 0; 6(g t2g ) + 0; 1(b t2b )
sous tb 0 (C.P.) et tg tb 10 (C.I.)
Dont il est assez clair (par exemple à l’aide d’une représentation graphique)
que la solution est tb = 0 et tg = 10. Formellement, en désignant par (resp.,
) le multiplicateur de la C.I. (resp., C.P.),
@L
= 1; 2tg + =0
@tg
@L
= 0; 2tg + =0
@tb

22
La première égalité montre que > 0 (car tg = 0 n’est pas réalisable), d’où
la C.I. est saturée. Si = 0, 0 < = 0; 2tg , ce qui est impossible, donc
> 0 et la C.P. est également saturée : tb = 0.
5. Le revenu du principal étant de 80 avec un salaire …xe, de 50 avec une
franchise et de 95 avec un contrat approprié de partage des risques, il préfère
ce troisième contrat. L’utilité attendue de l’agent est, comme on l’a calculé
ci-dessus, 2.
6. En information complète, le principal propose wL = 0 si eL est observé et
p p
wH si eH est observé. L’agent choisit eH si 2 wH 10 2 wL c’est-à-dire
p p
si wH wL 5. Comme wL = 0, le meilleur salaire, du point de vue
du principal, pour induire eH est wH = 25. Le contrat (eL ; wL = 0) procure,
on l’a vu, une utilité de 80 au principal, tandis que (eH ; wH = 25) lui donne
0; 6 200+0; 3 100+0; 1 50 25 = 130. Le contrat optimal en information
complète est donc (eH ; wH = 25). L’utilité de l’agent est 0.
Remarque : Le pro…t espéré optimal du principal est plus faible dès qu’il y
a asymétrie d’information (95 au lieu de 130), car il doit payer une prime de
risque à l’agent pour l’inciter à choisir eH . Compte tenu du modèle de “res-
ponsabilité limitée” envisagé ici (voir point 4), l’agent a une utilité espérée
supérieure (2 au lieu de 0) en information incomplète.
7. On suppose à présent que les probabilités des états de la nature condition-
nelles à l’e¤ort sont modi…ées : (mjeL ) = p, (bjeL ) = 0; 9 p avec 0 < p <
0; 9. Par dé…nition, le rapport de vraisemblance de g est (gje H)
(gjeL )
= 0;6
0;1
= 6 ; le
rapport de vraisemblance de m est (mje H)
(mjeL )
= 0;3
p
. On doit montrer que, dans
un contrat optimal du type considéré au point 4.,
(gjeH ) (mjeH ) 0; 3
wg wm () , i.e., 6
(gjeL ) (mjeL ) p

Cette propriété est véri…ée sous les hypothèses générales du problème agent-
principal à 2 niveaux d’e¤ort (et un nombre quelconque, voire un continuum,
d’états de la nature) standard, dans lequel la contrainte de participation de
l’agent s’exprime en espérance. On ne peut pas se contenter d’invoquer ce
résultat ici, car on fait face à des contraintes de participation plus exigeantes.
Intuition : Supposons que l’agent choisisse eH . Dans ce cas, le coût salarial du
principal est 0; 6wg + 0; 3wm , puisque le principal paie wb = 0 pour minimiser
ses coûts. Si le principal réduit wm de 2 unités et augmente wg de 1 unité,
ses coûts restent inchangés. Supposons que wm = wg = w > 0 à un niveau
tel que l’agent choisisse eH , c’est-à-dire
0; 5u(w) + (0; 3 p)u(w) dH dL

23
Si le principal augmente wg = w de et réduit wm = w de 2 , en utilisant
u(w + ) u(w) ' u0 (w) , la variation du membre de gauche de l’inégalité
ci-dessus est
1 p
0; 5u0 (w) (0; 3 p)u0 (w)2 = u0 (w) [0; 6(1 ) 0; 6(1 )
6 0; 3
p 1 p 1 0; 3
= u0 (w) 0; 6( ) 0 () () 6
0; 3 6 0; 3 6 p
Donc : le principal peut donc augmenter wg = w de et réduire wm = w > 0
de 2 sans mettre en cause le choix de eH par l’agent () 6 0;3
p
. Si p < 0; 3,
le même raisonnement montre que le principal peut réduire wm = w > 0 de
plus de 2 et préférer o¤rir wg > wm .

Raisonnement détaillé : comme ci-dessus, on procède au changement de va-


p
riables ti = wi (i = g; m; b) ; on pose h(t) = t2 ; on admet d’emblée que
wb = 0. Le principal résout

max 0; 6(g h(tg )) + 0; 3(m h(tm )) + 0; 1b

sous tg 0, tm 0 (C.P.) et 2(0; 6 0; 1)tg + 2(0; 3 p)tm 10 (C.I.)


1er cas : p > 0; 3. Alors (C.I.) et tm 0 =) tg 0, contrainte redondante
qu’on oublie. En désignant par (resp., ) le multiplicateur de la C.I. (resp.,
C.P. tm 0),
@L
= 0; 6h0 (tg ) + 2 (0; 6 0; 1) = 0
@tg
@L
= 0; 3h0 (tm ) + 2 (0; 3 p) + =0
@tm
0
0;6h (tg )
= 2(0;6 0;1)
> 0 car h0 (tg ) = 2tg = 0 ne satisfait pas les contraintes. Donc,
(I.C.) est saturée. Si = 0, 2 (0; 3 p) = 0; 3h0 (tm ) : le membre de gauche
est < 0, tandis que h0 (tm ) = 2tm 0, ce qui est impossible ; donc > 0 et
la (C.P.) est également saturée. La solution est tm = 0 et tg = 10 ; on a donc
toujours tm < tg .
2d cas : p < 0; 3. Il faut considérer les 3 contraintes. En désignant par
(resp., g , resp., m ) le multiplicateur de la C.I. (resp., de la C.P. tg 0,
resp., de la C.P. tm 0),
@L
= 0; 6h0 (tg ) + 2 (0; 6 0; 1) + g =0
@tg
@L
= 0; 3h0 (tm ) + 2 (0; 3 p) + m =0
@tm

24
On montre d’abord que > 0. Si on avait = 0, on aurait 0; 6h0 (tg ) = g
et 0; 3h0 (tm ) = m ; si g > 0, la (C.P.) correspondante est saturée : tg = 0,
h0 (tg ) = 0 : contradiction ; donc g = 0 ; de même, m = 0 ; mais alors, les
conditions du premier ordre donnent tg = tm = 0. Donc > 0 et (I.C.) est
saturée.
En reprenant les conditions du premier ordre, on trouve 0 < 2 (0; 6 0; 1) =
0; 6h0 (tg ) 0
g ; si g > 0, tg = 0, h (tg ) = 0 : contradiction ; donc g = 0. De
même, m = 0. On a donc

0; 6h0 (tg ) 0; 3h0 (tm )


= =
2(0; 6 0; 1) 2(0; 3 p)
dont la cohérence est garantie par p < 0; 3.
h0 (tm ) 0; 3 p 0; 6 0; 1
tg tm () 1 ()
h0 (tg ) 0; 3 0; 6
p 1
()
0; 3 6
L’analyse du 2d cas est tout à fait standard.

8. Contrat de franchise avec la distribution de probabilité du point 7. : l’agent


choisit eH si
p p p
0; 6 2 200 f + 0; 3 2 100 f + 0; 1 2 50 f 10
p p p
0; 1 2 200 f + 2p 100 f + (0; 9 p)2 50 f
p p p p
() ( 200 f 50 f ) + (0; 6 2p)( 100 f 50 f ) 10

9. Contrat analogue au point 4., toujours avec la distribution de probabilité


du point 7. : l’agent choisit eH si
p p p p
0; 6 2 wg + 0; 3 2 wm 10 0; 1 2 wg + 2p wm
p p
() wg 10 2(p 0; 3) wm
Plus p est elevé, plus wg (la prime salariale lorsque la production est g) doit
être élevée, car la probabilité de tomber sur wm conditionnellement à l’e¤ort
faible eL est plus élevée.

Exercice 22
1. En information complète, le salaire dépend directement de l’e¤ort, et est,
dès lors, indépendant de la production (voir par exemple l’exercice 20). Pour
induire l’e¤ort a1 , le principal résout maxw ( 10
3
w) sous la contrainte de

25
p
participation w 43 0, d’où w = 16 9
et son revenu
p vaut 10
3
16
9
= 14
9
= 1; 56.
10 8
Pour induire a2 , il résout maxw ( 2 w) sous w 5 0, d’où w = 64 25
et son
64 61 2
revenup vaut55 25 = 25 = 2;2544. Pour induire a3 , il20résout maxw ( 3 10 w)
25
sous w 3 0, d’où w = 9 et son revenu vaut 3 9
= 359
= 3; 89. Ce
dernier contrat est le plus avantageux pour le principal.
2. On passe à l’information incomplète. Soit wH (resp., wL ) le salaire associé
à YH = 10 (resp., YL = 0).
(i) Supposons que le principal veuille induire a2 . La contrainte de parti-
cipation est
1p 1p 8
wH + wL 0
2 2 5
Les contraintes d’incitation sont
1p 1p 8 1p 2p 4
wH + wL wH + wL
2 2 5 3 3 3
1p 1p 8 2p 1p 5
wH + wL wH + wL
2 2 5 3 3 3
Ces deux dernières contraintes se réécrivent sous la forme :
p p 8 p p 2
wH wL et wH wL
5 5
(ii) Les contraintes d’incitation sont contradictoires, et il est donc impos-
sible d’inciter l’agent à réaliser le niveau d’e¤ort a2 .
(iii) Si le coût de l’e¤ort a2 est C(a2 ), plutôt que 85 , les contraintes de-
viennent
1p 1p
wH + wL C(a2 ) 0
2 2
1p 1p 1p 2p 4
wH + wL C(a2 ) wH + wL ( )
2 2 3 3 3
1p 1p 2p 1p 5
wH + wL C(a2 ) wH + wL ( )
2 2 3 3 3
p
En posant uI = wI , I = H; L, les deux dernières contraintes se réécrivent

1 1 1 2 4
( )uH + ( )uL C(a2 ) ( )
2 3 2 3 3
1 2 1 1 5
( )uH + ( )uL C(a2 ) ( )
2 3 2 3 3
ou encore
4 5 3
6[C(a2 ) ] uH uL 6[ C(a2 )] =) C(a2 )
3 3 2
26
3. D’après les résultats obtenus au point 1, si l’e¤ort demandé est a1 , le salaire
versé est 16
9
quel que soit l’état observé, et l’utilité du principal est 14
9
.
Si le principal veut induire a3 , il résout

20 2 1
max ( wH + wL )
wH ;wL 3 3 3

2p 1p 5
sous wH + wL 0 (C.P.)
3 3 3
2p 1p 5 1p 2p 4
wH + wL wH + wL (C.I.1)
3 3 3 3 3 3
2p 1p 5 1p 1p 8
wH + wL wH + wL (C.I.2)
3 3 3 2 2 5
Les contraintes se réécrivent

2uH + uL 5 (C.P.)
uH uL 1 (C.I.1)
2
uH uL (C.I.2)
5
de sorte que (C.I.2) est impliquée par (C.I.1) et peut être oubliée. On se
retrouve donc devant un problème agent-principal standard avec 2 niveaux
de production et 2 niveaux d’e¤ort, comme dans l’exercice 20. La saturation
de (C.P) et (C.I.1) conduit à la solution uH = 2 et uL = 1, c’est-à-dire
wH = 4 et wL = 1, avec un revenu de 13 (20 8 1) = 11 3
pour le principal ;
11 14
comme 3 > 9 , ce dernier contrat est le plus avantageux pour le principal.

27

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