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LA LOI BORLOO DU 12 MAI 2004

Dans le prolongement des réformes du droit de la consommation, qui ont vu la création


d’un ensemble de dispositions visant à protéger les personnes surendettées, le législateur a
vote la loi du 12 mai 2004, dite « loi Borloo », qui a étendu à l’ensemble du territoire
français un système de « faillite personnelle civile », qui existait déjà en Alsace-Lorraine.

Cette procédure, dite de rétablissement personnel, reste encore peu connue.

Pourtant, les effets de celle-ci peuvent être très importants.

Cette procédure est applicable au seul débiteur personne physique de bonne foi, celle-ci étant
présumée.

Elle s’applique à l’ensemble des dettes non professionnelles, exigibles ou à échoir.

C’est la Commission de Surendettement, établie auprès de la Banque de France, qui décidera de


l’orientation du débiteur.

Classiquement, la Commission de Surendettement pouvait proposer des échéanciers ou des


moratoires.

Dans le cas où elle estime que l’ouverture d’une procédure de rétablissement est possible, elle a un
délai maximum de six mois à compter de la saisine du dossier pour le transmettre au Juge de
l’Exécution (qui, en l’espèce, est le Juge d’Instance du lieu de domicile du débiteur).

Cette procédure, entrainant potentiellement une liquidation judiciaire du particulier, doit faire
l’objet d’un accord écrit de ce dernier.

Le Juge de l’Exécution (Juge d’Instance en l’espèce) doit constater si les critères d’ouverture d’une
procédure de rétablissement sont retenus ou non.

Il s’agit de déterminer si nous sommes en présence :

1°) d’un particulier,

2°) d’une personne de bonne foi,

3°) de dettes non professionnelles,

4°) d’une situation irrémédiablement compromise.

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Lors d’une première audience, où le débiteur mais aussi l’ensemble des créanciers sont convoqués,
tous ces points sont envisagés, voire débattus.

Un jugement susceptible d’appel est rendu, ordonnant ou non l’ouverture de la procédure de


rétablissement personnel.

Si le Tribunal estime que ces conditions sont réunies, il ouvre cette procédure par une décision de
justice qui a un effet immédiat : la suspension des poursuites, c’est-à-dire des procédures
d’exécution diligentées par le débiteur pour les dettes autres qu’alimentaires (article L.332-6 du
Code de la Consommation).

Afin de l’aider dans sa prise de décision, pour la deuxième étape de la procédure, le Juge peut (et
c’est le cas dans la grande majorité des dossiers) désigner un Mandataire chargé d’établir un bilan
économique et social (article L.332-6 du Code de la Consommation).

Les Mandataires judiciaires, désignés en matière d’entreprise, se sont révélés très vite inadaptés
pour ce type de dossier.

Ce sont aujourd’hui des services sociaux ou associations à caractère social (notamment en charge
de dossiers de tutelle et de curatelle) qui sont maintenant désignés.

Dans les deux mois de la publicité du jugement faite par le Greffe, les différents créanciers doivent
déclarer leurs créances auprès de ce Mandataire.

A défaut, c’est le Greffe du Juge de l’Exécution (Juge d’Instance en l’espèce) qui recevra ces
déclarations.

Celles-ci, comme en matière commerciale, doivent indiquer précisément le montant, les intérêts
accessoires et les frais de cette créance.

En cas de déclaration tardive, il existe une procédure de relevé de forclusion, comme en matière
commerciale (le délai maximum est malgré tout de six mois).

Le Mandataire établit pendant cette période un bilan économique et social, dont le but est de
déterminer si les créanciers peuvent être réglés ou non, en procédant à la vente de l’actif du
débiteur.

Sont exclus d’une vente les meubles meublants, le véhicule susceptible au débiteur de travailler ou
indispensable pour sa vie, etc.

En l’état de ce rapport déposé, une deuxième audience est tenue par le Juge de l’Exécution (Juge
d’Instance en l’espèce), où :

1°) soit il homologue le bilan économique et social, et ordonne le règlement de tous les créanciers
lorsque c’est possible,

2°) soit il constate l’insuffisance d’actif et prononce de ce fait l’extinction du passif (ce qui est le cas
le plus courant).

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L’effet est très important puisque cela entraine un effacement de toutes les dettes non
professionnelles du débiteur, à l’exception de celles qui auraient pu être payées en lieu et place de
celui-ci (notamment par une caution en matière locative).

Il convient malgré tout de préciser que cette procédure de rétablissement personnel ne peut
intervenir qu’une fois tous les huit ans, ce qui limite malgré tout ses effets.

La notion de bonne foi doit être également prise en compte, pour éviter toute dérive.

Le jugement de clôture peut ordonner une mesure de suivi social, destinée à aider le débiteur dans
la gestion de son budget, afin d’éviter un nouvel endettement.

Cet effacement de l’intégralité des dettes du débiteur peut être extrêmement lourd de conséquences
pour son créancier (notamment les bailleurs privés).

En outre, l’interruption de toute mesure d’exécution met un terme à une procédure d’expulsion
que pourrait connaitre le débiteur.

Même si l’enjeu social de cette loi est incontestable, celle-ci peut avoir pour effet de mettre à la
charge d’un particulier, qui n’est pas obligatoirement très riche, le rétablissement du débiteur.

Il apparait donc d’autant plus important pour les bailleurs privés de s’entourer de garanties, comme
des cautions ou des assurances visant à indemniser le non-paiement des loyers.

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