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de la revue Passe- Partout (1 000 mots)


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Récits pour les jeunes


extraits de la revue Passe-Partout

Présentation de Annie TRAINAUD

LIBRAIRIE HACHETTE
79, boulevard Saint-Germain, Paris VIe
Préface

CARTE D'IDENTITÉ
Vous connaissez Passepartout, Jean Passepartout, ce
personnage d'un roman de Jules Verne, gai, intelligent,
Titre Récits pour les jeunes curieux de tout et toujours en mouvement, qui, avec l'An-
Auteur Passe-Partout glais Phileas Fogg, a fait en 1872, le Tour du monde en
Série Récits 80 jours.
Age des lecteurs A partir de 11 ans Vous connaissez sans doute aussi Passe-Partout, la revue
Nombre de mots Environ 1 300
qui, tous les mois, informe, instruit, amuse, aide, aux quatre
coins du monde, des milliers de jeunes qui veulent se fami-
liariser avec la langue et la civilisation françaises.
Que vous soyez fidèles lecteurs ou non de Passe-Partout
nous avons pensé que vous aimeriez trouver réunis un cer-
tain nombre de récits et d'aventures publiés chaque mois
dans ce journal depuis déjà trois ans.
Nous espérons avoir choisi les plus passionnants. Chacun
des textes est écrit dans une langue simple. Les mots ou
expressions présentant quelque difficulté y sont signalés
par un astérisque et trouveront leur explication dans un
lexique à la fin de l'ouvrage.
Les récits sont regroupés suivant des genres que nous
avons voulu variés. Le lecteur pourra choisir selon ses
goûts : des aventures humoristiques, d'émouvants récits de
Noël, de passionnantes intrigues policières, ou des récits
de vacances aux péripéties imprévues.
Quelques questions sont proposées à la fin du livre pour
Librairie Hachette, 1971.
chacun des textes; elles doivent permettre d'utiliser, dans des
La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de phrases, des expressions particulièrement intéressantes
l'Article 41, d'une part, (lue les s copies ou reproductions strictement et de contrôler si l'histoire lue a été correctement comprise.
réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation
collective s , et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans
Le jeu des questions peut se poursuivre et donner lieu
un but d'exemple et d'illustration, a toute représentation ou reproduction à l'emploi d'expressions nouvelles du texte.
intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses Nous espérons que ce choix de récits vous fera passer
ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » (alinéa 1" de l'Article 40).
d'aussi agréables moments que la lecture de votre journal
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit,
constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et Passe-Partout, et vous aidera dans votre effort de familia-
suivants du Code Pénal. risation avec le vocabulaire courant de la langue française.

3
L'effort récompensé

Victoire'' d'équipe *

Depuis trois mois déjà, Hervé n'était plus qu'un


corps sans mouvement et Jean, qui venait le voir tous
les jours, avait mal, chaque fois, de trouver son ami
sans force et sans courage devant la maladie. Le méde-
cin l'avait dit et répété : « Hervé pourrait" marcher
et n'avait qu'à vouloir; il ne semblait pas que l'attaque
de polio avait été très forte, mais il fallait, pour guérir,
apprendre à nouveau tous les mouvements, les plus
simples pour commencer, les autres après. » Cela,
Hervé ne voulait pas le faire et ses pauvres parents
n'osaient plus le lui demander. Ils n'espéraient plus
qu'une seule chose : que Jean arrive à décider son
ami... Jean ne croyait pas pouvoir réussir. Ou plutôt il
ne savait pas comment commencer.
Pour Hervé, sa maladie était une affaire terminée
contre laquelle on ne pouvait rien : il était infirme' et
il le resterait. Alors, dans les moments terribles où il
criait sa peine, Jean baissait la tête et n'osait plus rien
dire. Il attendait de pouvoir parler plus tard.
Il recommença par un bel après-midi de printemps :
« Hervé! lança-t-il, dès son arrivée, au garçon couché
sur son lit, tu n'as pas envie de remuer par un temps
pareil?
— Tu es toujours aussi bête, répondit Hervé.
— Pas si bête que ça, dit Jean en respirant un bon
coup. Tu étais fou de sport, tu n'étais jamais fatigué
quand il fallait gagner. Pourquoi maintenant as-tu
changé? Avec les mêmes efforts, tu peux sortir de la
maladie, j'en suis sûr.

5
— C'est vite dit, répondit Hervé, je voudrais te voir
à ma place; et puis, parlons d'autre chose, s'il te plaît. »
Jean, une nouvelle fois, ne savait pas comment faire
et, sans trop penser, il répondit simplement :
« Rien n'est impossible!
Hervé, rouge de colère, réussit à s'asseoir sur son lit
en s'aidant des mains.
« Si c'est vrai, Jean, explique-moi pourquoi tu es
toujours si mauvais en mathématiques. »
Jean, aussi en colère qu'Hervé, allait répondre
tout de suite; il réussit à rester une seconde sans parler
et, beau joueur, se mit à rire :
« Bien, tu as raison. Si je ne fais rien en maths,
c'est ma faute, mais toi, reconnais aussi : si tu passes
ta journée dans ton lit ou sur une chaise longue'',
c'est en partie ta faute. Donc, essayons l'un et l'autre
de nous en sortir. Et je serais curieux de savoir quel
est le moins bête des deux qui arrivera à s'en sortir
i
le premier? Es-tu d'accord?
— D'accord », dit Hervé, en essayant de sourire.
Il était sûr que Jean, qui détestait les maths, ne
pourrait pas faire de grands progrès et il se sentait
très tranquille. Et Jean, lui, se demandait si Hervé
allait, enfin, faire quelques efforts.
Les mois qui suivirent furent des mois de grand
silence entre les deux amis. Ils se rencontraient, ils se
parlaient aussi; mais ils prenaient grand soin de ne pas penser qu'Hervé, pendant les heures où il était
pas poser la question qui leur brûlait les lèvres : seul, refaisait dix fois de suite, en comptant à voix
l'autre faisait-il des progrès? Se souvenait-il seulement basse pour se donner du courage, les mouvements
de ce qu'il avait promis? Ils se regardaient sans être les plus simples et les plus faciles. L'un et l'autre
sûrs. se cachaient depuis plusieurs mois leurs efforts quand,
Hervé ne savait pas que son ami Jean ne perdait un jeudi après-midi, Jean ouvrit la porte de la
plus son temps en classe de maths, faisait avec soin chambre d'Hervé et s'arrêta :
ses devoirs et redemandait même des explications au J'ai une grande nouvelle pour toi! Essaie de trou-
professeur, étonné mais content. Et Jean ne pouvait ver. »

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Hervé sourit.
« Dis-la-moi, ça ira plus vite!
— Eh bien, je suis second en maths avec 17. Qui dit
mieux?
— Le premier, bien sûr, mais attends! » Deux vies pour la science
Jean vit Hervé chercher avec la main ses béquilles,
les prendre et se lever lentement, difficilement. Tout Douze heures par jour, Marie travaille dans son
étonné, Jean ne pouvait bouger. Hervé le regarda dans laboratoire" à l'école de physique et chimie. Mais peut-
les yeux et commença à marcher vers lui : on donner ce nom à la pièce qu'elle occupe, très chaude
« Reste où tu es », commanda-t-il. en été, humide en automne, froide en hiver? Les appa-
Plusieurs fois, Jean eut envie d'avancer; Hervé pen- reils? Ils ne valent pas beaucoup mieux. Peut-on ainsi
chait à droite, à gauche, prêt à tomber; mais son regard faire des recherches`? Oui, car' pour Marie et pour
ne quittait pas celui de son ami et Jean ne voulait pas Pierre, son mari, tout est possible. Ils s'aiment, ils
avoir l'air de plaindre Hervé. Le malade avançait, sont heureux, et leur bonheur*, c'est d'essayer de
c'était là la chose étonnante. découvrir" ensemble un métal qu'aucun savant" au
Au bout d'un long chemin, il se laissa tomber entre monde ne connaît encore.
les bras de Jean : il avait laissé les béquilles dans un Elle, c'est Maria Sklodowska, née en 1867 à Varsovie,
mouvement de victoire et Jean le reçut avec une joie en Pologne. Sa mère dirige* une petite école; son père
sans fin. Le garçon respirait avec bruit. est professeur de mathématiques et de physique. A
« Bien sûr, dit-il après un moment, mes progrès dix-sept ans, Maria, la meilleure de sa classe, a passé son
ne sont pas aussi extraordinaires que les tiens, mais baccalauréat'. Hélas, les jeunes filles n'ont pas le droit
enfin... d'aller à l'Université`. Il faudrait pouvoir continuer
— Ils le sont beaucoup plus », répondit Jean. ses études à Paris! Oui, mais cela coûte cher. Alors
Et, passant ses bras autour de son ami, il le porta Maria travaille dans une famille polonaise. En 1891,
vers le fauteuil, et l'aida à bien s'asseoir. elle a mis un peu d'argent de côté et elle part pour
• Belle victoire d'équipe, n'est-ce pas? » dit-il en Paris.
riant. Je veux apprendre tout ce que les savants ont déjà
Fatigué mais heureux, Hervé eut, pour son ami, le découvert », écrit-elle. Et Maria fait des mathématiques,
plus beau des sourires. de la physique, réussit à passer deux licences-. Chaque
soir, elle pense au jour heureux où elle retournera dans
Anne Guilhem son pays pour être professeur à son tour. Mais sa vie
devait se passer autrement. A Paris, chez des amis,
Maria rencontre un grand professeur...
Pierre Curie, lui, est fils d'un médecin de Mulhouse,
en Alsace. Il n'est jamais allé en classe : son père et
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un professeur lui ont donné des leçons à la maison.
La méthode* est bonne : il a son baccalauréat à seize ans,
sa licence à dix-huit. En 1882, Pierre Curie devient chef
de travaux à l'école de physique et chimie à Paris. Un
jour de l'année 1894, il rencontre Maria Sklodowska.
C'est étrange'`, dira-t-il plus tard, de parler à une
femme des travaux que l'on aime et de voir cette femme
comprendre et discuter certains points avec une grande
intelligence. » En juillet 1895, Pierre épouse* Maria.
Leur cadeau" de mariage? deux bicyclettes avec les-
quelles ils vont courir la campagne pendant quelques
jours, quelques jours seulement...
Marie et Pierre travaillent dans la fièvre pour trouver
ce métal inconnu. Marie, la première, commence les
recherches. Elle a lu les travaux du savant français
Becquerel qui s'est aperçu qu'un morceau d'uranium,
placé dans un endroit où il fait noir, laisse une trace`
sur une plaque" de photo. Marie veut savoir quelle est
la substance* contenue dans ce métal qui a ce pouvoir
auquel elle donne le nom de radioactivité. Elle fait de
longues et nombreuses expériences*. Elle remarque
que 1a radioactivité n'est pas la même pour tous les
métaux, ce qui veut dire que les substances radio-
actives n'ont pas les mêmes proportions* dans tous les
métaux.
Un dur travail va commencer. Les jours se suivent et
se ressemblent... Pendant quarante-cinq mois! Marie
élève leur fille Irène, née en 1896, fait le ménage et conti- Trois mois plus tard, une nouvelle substance est
nue ses expériences. Pierre travaille avec elle, mais donne découverte : le radium. Est-ce le succès*? Pas encore.
aussi des cours à des ingénieurs. Leur vie n'est pas facile. Quelques savants ne sont pas d'accord. (( Qu'est-ce
Mais ils ont enfin une première récompense*. En juillet que le radium? en a-t-on vu? en a-t-on touché? Montrez-
1898, Pierre et Marie Curie ont pu identifier une pre- nous un morceau de radium. Alors seulement nous vous
mière substance radioactive. croirons. » Eh bien, Pierre et Marie le montreront!
Pierre, veux-tu que nous lui donnions, en sou- Mais à quel prix! Il faut faire venir le minerai'' (la
venir' de mon pays, le nom de polonium? » pechblende) de Bohême; il faut, peu à peu, jour après
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jour, traiter* des centaines de kilos de minerai pour
avoir à la fin moins d'un gramme de radium! Pierre
continue ses recherches dans le laboratoire, Marie tra-
vaille comme un homme : avec un grand morceau de
fer, elle remue le minerai qui bout sur le feu. Enfin, Le Gourdi
en juillet 1902, 1/10 de gramme de radium est
préparé. Hervé était sûr d'être né sous une mauvaise étoile...
Ce même soir, comme leur petite Irène dort, les A treize ans, tout le monde semblait penser qu'il était
deux savants retournent au laboratoire. « N'allume encore un bébé. Il faut dire qu'il était toujours mal
pas », dit Marie. Dans l'ombre, Pierre et Marie voient peigné, qu'il avait du mal à parler et qu'il n'était pas
briller* le petit morceau de radium. Cette substance, très adroit... On se moquait de lui et il était très mal-
des millions de fois plus radioactive que l'uranium, heureux.
donne de la chaleur, rend radioactif tout ce qu'elle Pendant l'année, cela allait encore : il avait ses
touche; cette substance avec laquelle on va pouvoir petites habitudes, une vie tranquille entre l'école, sa
guérir des malades, le radium, est là, devant eux, fruit chambre et son chat. Mais, pendant les vacances, ce
de leur travail. Les deux savants se taisent. Marie n'était pas pareil : Hervé voulait jouer avec les autres
se met à pleurer, Pierre pose tendrement sa main sur garçons, mais il les dérangeait. Quand il arrivait, tous
son épaule. Ils viennent d'ouvrir une grande porte à lui criaient des choses méchantes et riaient en l'appe-
la science. lant : « le Gourdi ». Le Gourdi?... C'était un mot qu'ils
Jacques Verdol avaient inventé* pour expliquer qu'Hervé ne savait
pas très bien se débrouiller dans la vie, qu'il n'était
pas très dégourdi.
Ce soir-là, ils parlent tous ensemble sur la plage*.
« Moi, je trouve qu'on s'ennuie ici! dit le grand
Lucas, le chef du groupe. Ce village est bon pour les
poules, les cochons ou ceux qui sont nés un jour de
grand vent, comme le Gourdi...
— Oh! la campagne est si jolie au mois d'août, dit
doucement Hervé. Vous pourriez... »
Mais personne ne l'écoute, même pas son grand frère
Yves.
« Faisons quelque chose d'étonnant, continue Lucas.
Allons au Groun! »
Le Groun est une petite île balayée par les vagues*,
à quelques centaines de mètres de la côte.
12 13
« Le Groun? c'est dangereux, dit Yves. Personne
n'y va jamais.
— Tu as un bateau? demande le petit Gédéon.
— Un bateau, un bateau... Tu es fou! répond Lucas.
Ce n'est pas amusant. Il faut y aller en nageant! Quand
la mer est basse, il n'y a que trois cents mètres à faire,
et nous trouverons bien un endroit sans rochers'' pour
monter sur l'île.
— D'accord », répondent Jacques et Marc.
Hervé s'avance vers eux. Aller au Groun? Jamais
il n'y a pensé... Bien sûr, il sait très bien nager, mais
quand même, le Groun!
« Aujourd'hui, dit-il, la mer est basse à huit heures.
Il fera presque nuit. »
Tout le monde se met à rire. Mais il a l'habitude :
chaque fois qu'il ouvre la bouche, c'est la même chose.
« Merci, bébé! On le savait... Et après? Nous n'y
resterons pas une heure, au Groun. Laisse-nous tran-
quilles. »
Hervé se tait, mais il ne part pas et quand tous les
garçons commencent à se déshabiller, il enlève, lui aussi,
sa chemise et son pantalon. w..
« Dis donc, le Gourdi, dit Gédéon en le voyant.
Tu n'as pas l'idée de venir avec nous, j'espère? »
Lucas se retourne:
« Ah! non, surtout pas. Le Groun, ce n'est pas pour
les enfants. »
Hervé fait semblant de ne pas entendre et s'avance
vers l'eau, mais le grand Lucas lève le poing.
« Va-t'en, je te dis! On ne veut pas de toi.
Pauvre Hervé... Il est bien obligé d'obéir". Le voilà
seul sur la plage pendant que les autres s'en vont en
riant.
Décidément, il n'y a rien à faire : il est « le Gourdi »,
il le restera... Hervé a du mal à ne pas pleurer. Pour

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mieux voir ce qui se passe, il monte sur un rocher et — C'était pour rire... Mais tu étais bien content
regarde les petits points noirs qui s'avancent vers l'île. d'avoir une bonne raison de ne pas venir : tu avais
Tous les garçons sont bons nageurs. On reconnaît la peur! »
tête de Lucas qui a mis son grand mouchoir bleu autour Peur? Hervé devient tout blanc. Il veut bien qu'on
de sa tête pour ne pas le mouiller. l'appelle bébé, le Gourdi, qu'on se moque de lui,
Voilà. Ils sont arrivés... Hervé peut les voir en train mais on n'a pas le droit de dire qu'il a peur. Ce n'est
de courir sur l'île. Et puis, maintenant, en haut de la pas juste! Une fois de plus, tous les rieurs sont du
tour du Groun, le grand mouchoir bleu de Lucas vole côté de Lucas, et Hervé se tait. Quand on est né
au vent comme un drapeau. sous une mauvaise étoile, que voulez-vous faire?
La nuit est tombée. Les garçons sont rentrés. Tout Il s'en va, malheureux...
contents d'avoir réussi, ils ont allumé un grand feu de Bon voyage », crie Gédéon.
joie. Assis un peu plus loin, Hervé les écoute.
« Je dois dire que j'ai eu peur, dit Marc. Quand j'ai Le jour suivant, au petit déjeuner, quelque chose
vu Yves près de ce rocher pointu, avec les vagues qui a changé. Hervé est arrivé en souriant, la tête
l'empêchaient de monter... » haute, très sûr de lui. Il semble ne pas entendre
Yves regarde sa jambe entourée d'un gros panse- les garçons qui se moquent de lui, comme d'habi-
ment. ^I
tude.
« Moi aussi, j'ai eu peur... surtout en revenant, « Tu penses! il n'est pas allé bien loin hier soir,
j'ai bien cru que je n'y arriverais jamais! il avait trop peur du noir...
— Moi, je n'ai jamais eu peur, crie Lucas. Et pour- — Bien sûr : il a dormi dans le grenier, il n'osait
tant ce n'était pas facile ce que nous avons fait, avec pas rentrer.
le courant"! — Pas vrai, le Gourdi? » dit Lucas.
— Si vous étiez passés un peu plus à droite, vous Hervé le regarde bien droit dans les yeux, se lève
n'auriez pas été gênés par le courant, dit la petite voix et sort quelque chose de sa poche. C'est un petit
tranquille d'Hervé. mouchoir bleu.
— Dis donc, Gourdi, tu veux dire que je ne connais o Tiens! dit-il, je crois que c'est à toi.
pas le pays? Les rires s'arrêtent. Tous ensemble, les garçons
— Si, mais tu ne connais pas bien les courants... » courent vers la fenêtre, et regardent la mer.
Tout le monde regarde Hervé. C'est la première fois Le Groun est toujours là... mais en haut de la tour,
qu'il ose répondre au grand Lucas! Qu'est-ce qui lui il n'y a plus de mouchoir bleu...
arrive?
« Oh, bien sûr, c'est facile de donner son avis quand D'après Claude Senniz
on est assis sur la plage. Tu peux parler, toi qui n'as
pas osé venir!
— C'est toi qui m'as empêché de vous suivre.

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Rions un peu!
En arrivant, ils ont les yeux qui se ferment, les bras
et les jambes raides*.
Ils prennent leurs valises et les voilà sur le quai.
Au loin, une horloge' sonne onze coups. Il faut trou-
Le paravent ver un hôtel.
« Et vite, je dors debout. Et toi?
« C'est la première fois que je vais en Autriche, et — Moi, je suis mort de fatigue.
toi? — Allons-y. »
— Moi aussi. Près de la gare, il y a toujours un hôtel : l'hôtel de la
— On ne parle pas l'allemand. Gare.
— On se débrouillera`! « Avez-vous une chambre, s'il vous plaît? Pour
— Mais oui, ça n'a pas d'importance. deux. »
— C'est d'accord, on y va. » Et Pierre montre René, se montre lui-même, penche
la tête sur sa main et ferme les yeux.
Ils sont d'accord, mais où vont-ils? Le portier" a compris. Il connaît assez de français
Et qui sont-ils? pour répondre :
Ils, ce sont Pierre et René, deux jeunes étudiants de « Chambre?... Pas chambre. Festival. Pas chambre.
dix-huit et dix-neuf ans. — Et alors, où est-ce qu'on trouve des chambres? »
Où vont-ils? A Salzbourg. Vous pensez tout de suite Le portier lève les bras vers la ville et la nuit.
qu'ils vont au « Festival Mozart » et vous avez raison. « Il ne faut pas s'en faire. On trouvera », dit René.
Et ils partent dans les rues.
Ils ont bien compté : prix du billet, prix de l'hôtel, du C'est plein. Nous n'avons plus de chambre. Deman-
restaurant, billets pour les concerts ' , promenades et dez à l'hôtel qui se trouve dans la deuxième rue à
autres dépenses. Et : « C'est d'accord, on y va. droite. »
Là, on leur dit :
« Impossible, messieurs. Il n'y a plus rien.
... Le train, même en seconde classe, c'est très bien Et la promenade dans les rues recommence.
pendant les premières heures. Nos jeunes gens regardent « Mon vieux, je crois qu'on ne trouvera rien.
par la vitre, parlent de leurs études, des amis, des pro- — Bien sûr, avec le Festival...
fesseurs, de Salzbourg et de Mozart. — Il y a un peu de lumière ici. On va demander. Il y
a peut-être des habitants qui louent des chambres.
Peu à peu, la fatigue commence à venir. Le soir — Tiens, on ne voit plus rien maintenant.
vient aussi, lentement. Le paysage' " « disparaît », il ne — Je crois qu'il y a une panne d'électricité.
reste que le bruit du train qui endort peu à peu nos — Ça ne fait rien. Je frappe à la porte. »
jeunes mélomanes'. La porte s'ouvre assez vite.

18 19
r

« Pardon, monsieur. Nous sommes Français. Nous


venons pour le Festival. Avez-vous une chambre à
louer, s'il vous plaît?
— Entrez, vous ne pouvez pas rester dehors. Atten-
tion! Il y a une panne d'électricité et ma bougie
n'éclaire pas très bien. Suivez-moi. a
Pierre et René arrivent au fond d'une pièce. On
voit, mais très mal, la forme d'un petit lit et celle d'un
fauteuil.
« Installez-vous ici, et bonne nuit! »
Le monsieur allait partir quand il ajouta en montrant
un grand paravent :
« Surtout, ne le changez pas de place! »
Pierre se couche sur le petit lit. René se met sur le
fauteuil.
Bonne nuit.
— Dors bien. »
Mais ils ne peuvent pas dormir.
« Dis, René, qu'est-ce qu'il peut bien y avoir derrière
ce paravent?
— Je n'en sais rien. Allons voir. »
En silence, ils se lèvent et passent la tête sur le
côté.
« Ho! a font-ils ensemble. Des vingtaines de visages rieurs sont devant lui.
Ils voient là, près d'eux, un lit. Un grand lit à Pierre et lui sont dans la vitrine` d'un magasin d'anti-
colonnes' tout préparé. René se décide tout de suite : quités*. Ce jour-là, leur hôte` les invita' à un amical
« Passons de l'autre côté du paravent et couchons- repas. Il leur trouva une chambre, une vraie.
nous dans ce lit. Nous nous réveillerons très tôt demain Et, devenus amis, ils sont allés tous les trois écouter
et nous retournerons où nous étions.» Mozart...
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Bientôt, ils dorment tous deux d'un profond som- Élisabeth Clochez
meil. C'est René qui, au matin, est tiré le premier
de son sommeil. Il lui semble entendre des bruits et
surtout des rires. Il ouvre un oeil. Un cri sort de sa
bouche.

20 21
aussi fort que sa voix*. Je lui dis bonjour. Il répond :
« Bonjour, Élisabeth. » Lui non plus, ne parle pas de
mon anniversaire. ,4
Je frappe à la porte de la chambre de maman. Elle
Joyeux anniversaire me reçoit avec son sourire de tous les jours. Elle me
demande de prendre le boudin* qu'elle a commandé
Je ne dors plus, mais je ne suis pas encore réveillée. pour le déjeuner. Du boudin pour mon anniversaire!
Dans mon demi-sommeil, je pense qu'une belle, une Maman sait bien que je n'aime pas beaucoup le bou-
très belle journée m'attend : c'est le jour de mon anni- din, que je ne l'aime même pas du tout.
versaire*! Tout le monde va penser à moi : « Bon anni- « Dépêche-toi, tu vas être en retard en classe! »
versaire! Joyeux anniversaire, Élisabeth! » Et l'on va Je sors de la chambre, triste, très triste.
m'offrir beaucoup de cadeaux*. La vie est belle. J'es- Mes frères oublient mon anniversaire, mon père n'y
père que maman a compris ce que je voulais dire, pense pas, cela ne m'étonne pas trop. Mais maman! Je
il y a quatre jours. Nous étions devant la vitrine* d'un pense à cela en allant au lycée. Là, Martine aura pensé
magasin. Il y avait là une robe rouge, mais quelle robe! à moi. La voilà justement qui traverse la cour. Elle
« Regarde, maman, cette robe. vient vers moi.
— La bleue? « Dis donc, Élisabeth, est-ce que tu as su faire le
— Mais non, la rouge, celle qui est au milieu. problème*? J'ai cherché hier soir pendant deux heures.
— Oui, elle est belle! Je n'ai rien compris. Je vais encore avoir 2 ou 3. »
— Elle m'irait bien, j'en suis sûre. Il est l'heure d'entrer en classe. Je laisse vite Martine
— Tu as vu le prix : 390 francs, c'est cher! pour n'avoir pas à lui répondre. J'ai envie de pleurer.
— Pour une fois... » Mme Terrieu, notre professeur, ouvre son livre de géo-
Nous sommes parties, mais maman a bien compris. graphie. Elle commence une nouvelle leçon sur les
Cette robe serait un cadeau magnifique * pour mon anni- montagnes de l'Espagne...
versaire. Et c'est aujourd'hui... Non, vraiment, la vie est trop triste.
Et Martine, ma meilleure amie, qu'est-ce qu'elle va Personne ne pense à moi. Personne ne pense à me
m'offrir? Un disque, un livre, des chocolats? souhaiter mon anniversaire. Je n'ai plus qu'à mourir.
Vraiment, la vie est belle. Et je vois mon enterrement*. Maman pleure, papa ne
Je descends à la cuisine pour prendre mon petit dit rien. Martine a un mouchoir sur les yeux et l'on dit :
déjeuner. Mes frères, Charles et René, sont déjà partis Que c'est triste, mourir le jour de ses seize ans... »
en classe. Ils ont certainement laissé un mot pour moi. Et tout à coup :
Mais non, rien... rien sur la table que ces garçons n'ont « Élisabeth, eh bien, Elisabeth, vous dormez? »
même pas essuyée. Ils n'ont pas pensé à moi... Je saute sur ma chaise.
Dans la salle de bains, papa chante. Il chante faux, Mon Dieu! qu'est-ce que Mme Terrieu vient de me
comme d'habitude. Heureusement, le bruit de l'eau est demander?

22 23
De quoi parlait-elle déjà? Ah, oui, des montagnes de
l'Espagne.
Je réponds n'importe quoi" sur la Castille que j'ai Boum!
vue cet été, en vacances.
Mme Terrieu ne me quitte pas des yeux.
« Nous en sommes à la Sierra Nevada, Élisabeth. Je 7 h 51. Il pleut sur Paris, il pleut même très fort.
vous rappelle que nous sommes le 18 novembre et que Nicole conduit sa voiture. Elle descend le boulevard
l'interrogation ' écrite de géographie a lieu' dans huit Saint-Michel et arrive sur les quais. A ce moment-là, le
jours. Il faut faire un peu plus attention. » feu vert — les feux sont toujours prêts à vous faire un
Qu'a-t-elle dit? « Nous sommes le 18 novembre... » mauvais coup!... — le feu vert, donc, change de couleur.
Alors, mais alors, c'est seulement demain mon anni- Nicole veut s'arrêter, mais avec la pluie, la rue est
versaire! mouillée et sa voiture continue à rouler quelques mètres.
Demain, tout le monde m'aimera, tout le monde Elle continue même... jusqu'à ce qu'on entende un
m'embrassera, tout le monde me dira : « Joyeux anni- grand bruit, quelque chose comme ... BOUM! « Bien sûr,
versaire! c'est une femme, crie le chauffeur du taxi que Nicole
Quels beaux cadeaux je vais recevoir! La vie est vient d'accrocher. Ah! ces femmes sont terribles! »
belle. Nicole a grande envie de sortir pour aller lui répondre,
mais la pluie va mouiller son manteau neuf. Elle pré-
Claude Dugers fère ne pas descendre de voiture.
« Oh! Je roulais à 30 à l'heure, pas plus, lui crie-
t-elle par la fenêtre, mais je n'ai pas pu m'arrêter à
cause de la pluie. Et vous, qu'est-ce que vous faites là?
Je suis passée à l'orange. C'est donc vous qui êtes
dans votre tort.
— A l'orange? Il était bien rouge, votre orange, ma
petite dame! »
Nicole va répondre quand... BOUM! ça recommence.
C'est une troisième voiture, une camionnette conduite
par un jeune homme.
« Oh! pardon, dit le garçon... je roulais à 30 à
l'heure, pas plus. Mais je n'ai pas pu m'arrêter à cause
de...
— La pluie, oui, on sait », dit le chauffeur de taxi...
Mais lui non plus ne peut finir sa phrase'. Coup de sif-
flet'', coup de képi" : c'est un agent qui arrive.

24 25
« Allons, roulez, roulez, vous voyez bien que vous
gênez tout le monde! » C'est vrai. Il est 7 h 59; le carre-
four' Saint-Michel offre un spectacle extraordinaire".
Plus personne ne peut avancer à cause des trois voi-
tures arrêtées en plein milieu.
« Mais vous voyez bien que je ne peux pas partir,
monsieur l'agent, crie le chauffeur de taxi, de plus en
plus en colère. La voiture de Mademoiselle me coupe
la route. » Nicole est prête à pleurer.
« Je ne peux pas rouler, explique-t-elle. L'aile avant
frotte sur ma roue. » OP*,, ,p,

8 h. Il pleut de plus en plus. Pour en finir, l'agent et


le chauffeur de taxi essaient de réparer la voiture de
Nicole. Le garçon s'occupe de sa camionnette.
8 h 09. Dans tout le carrefour, les klaxons* se mettent
en marche. Tout autour, les rues sont bouchées sur
plusieurs centaines de mètres.
8 h 20. Dans la moitié de Paris, les autos sont arrê-
tées.
8 h 30. Un peu partout, les gens sortent de leurs voi-
tures et commencent à se battre. 9 h 15. Drrrrin... le réveil sonne. Nicole ouvre les
8 h 40. Quelques femmes sont malades, mais il est yeux et regarde tout autour d'elle. Elle est dans son lit,
impossible de les conduire à l'hôpital puisqu'on ne peut dans sa chambre, chez elle. Ouf! Toute cette histoire
pas avancer dans les encombrements*. n'était qu'un rêve*. Quelle chance! Nicole se lève,
8 h 50. Le roi du Dzimboumstan, qui attend depuis s'habille, prend son petit déjeuner, met son manteau
une heure dans sa voiture, téléphone à l'Élysée. Il veut neuf, et court jusqu'à sa voiture. Il pleut sur Paris, il
faire appel à l'O. N. U. pleut même très fort. Nicole descend le boulevard
8 h 51. « Attention! Attention! déclare*-t-on à la radio. Saint-Michel, arrive sur les quais. A ce moment-là, le
Il est défendu aux Parisiens de prendre leur voiture. On feu vert change de couleur. Nicole veut s'arrêter, mais
ne peut plus rouler dans les rues de la capitale. Atten- avec la pluie, la rue est mouillée et sa voiture continue
tion! Attention!... » à rouler sur quelques mètres. Elle continue, continue...
8 h 55. Les gens partent à pied, laissant leur auto au jusqu'à ce qu'on entende un grand bruit, quelque chose
milieu de la rue. comme... BOUM!
9 h. Le Gouvernement décide de se réunir' pour
étudier la question. D'après Noël Carré
27
26
Joyeux Noël
classe, je suis toujours dernier; je joue si mal au ballon
que tout le monde se moque de moi et maintenant je ne
peux même plus chanter... »
C'était le 24 décembre... Mathieu a de la peine, mais il ne manque pas de cou-
rage. Le plus important, c'est que la chorale marche
bien. Il chante faux? Eh bien, il ne chantera plus
Comment Mathieu est-il entré à la chorale, lui qui jamais.
chante si mal? D'un air décidé, il se lève et frappe à la porte du
Personne ne peut le dire... Poussé par un camarade, bureau du directeur. Il retire sa robe blanche de chan-
aidé par son air « bon garçon » ou par un moment de teur et la lui tend :
distraction* du directeur? « Tenez! monsieur le directeur, faites-en ce que vous
Depuis près de trois mois, ses voisins l'entendent voulez. Donnez-la à un autre, moi je ne suis bon à rien! »
chanter faux, lui seul ne s'en rend pas compte. Heureu- Le directeur de la chorale pensait justement à
sement, il est si gentil que personne n'a l'idée de se Mathieu : depuis longtemps, il savait que l'enfant
plaindre ou de demander qu'il s'en aille. Pourquoi lui chantait faux. Il n'avait jamais rien voulu lui dire pour
faire de la peine? ne pas lui faire de peine. Mais le jour de Noël, devant
Mais, c'est bientôt Noël et l'on prépare les chants tout le monde, c'était vraiment impossible de le laisser
pour ce grand jour. Il faut répéter trois fois par semaine. faire des fautes.
Le 24 décembre, gagné par la fièvre des jours de fête, « Bon à rien? Il ne faut jamais dire une chose pareille,
Mathieu a envie de crier sa joie : il chante de tout son répond-il doucement. Tu vas m'aider à préparer la
coeur`. Mais, au milieu de l'Adeste fideles, le directeur de crèche`, veux-tu? »
la chorale s'arrête : Silence.
« Quelqu'un chante faux, dit-il. Recommençons. » « Écoute, Mathieu, tu me rendrais service en allant
D'un même mouvement, toutes les têtes se tournent à l'atelier de M. Duras. Les santons doivent être prêts
vers Mathieu. Alors, le malheureux comprend : tous les et je n'ai vraiment pas le temps d'y aller moi-même.
garçons ont regardé ensemble de son côté parce que Va les chercher et nous les arrangerons ensemble, tu
c'est lui qui chante faux. Tout triste, il baisse le nez, veux?
devient tout rouge, tousse un peu pour cacher sa gêne. — Bien sûr. »
Le directeur semble ne s'apercevoir de rien mais, lorsqu'il Mathieu se dépêche, content de se rendre utile. A
fait reprendre le chant, Mathieu se tait. Il n'ose plus l'atelier, un vieux monsieur le reçoit avec un bon sourire.
chanter... La répétition est finie. Tout contents, les gar- Tu viens pour la crèche? Tout est prêt.
çons s'en vont. Ils rient et se poussent pour aller plus Et il ouvre devant Mathieu deux grandes boites où
vite. Personne ne s'aperçoit que Mathieu est resté là, dorment les santons, entourés de papier blanc.
seul dans le silence, avec sa peine, et qu'il pleure sur « Regarde. »
une chaise. « Je ne suis bon à rien, pense-t-il. Déjà en Tout heureux de montrer son travail, M. Duras ouvre

28 29
un par un les petits paquets : l'âne, le bœuf, les moutons comme tout à l'heure à l'atelier, ses doigts se mettent à
sortent de leur enveloppe, puis Marie, Joseph et l'Enfant travailler tout seuls...
Jésus. Étonné, le professeur de chant le regarde faire. Il ne
« Oh! dit Mathieu. dit rien mais, avec un grand sourire, prend l'ange et le
— Tu ne les aimes pas? pose en haut de la crèche.
— Moi? si... au contraire. Comment faites-vous? » C'est le 24 décembre... Mathieu a compris qu'il chan-
M. Duras n'est pas un commerçant comme les autres. tait faux, mais cela n'a plus d'importance. Il a trouvé
`J'est un artiste, et il aime les enfants. un autre moyen d'exprimer tout ce qu'il y a dans son
« Je vais te montrer. » Cœur. _,
De ses mains adroites, il prend de la pâte, se met à la
travailler et, sous les yeux étonnés de Mathieu, fait une
étoile, la plus jolie des étoiles de Noël.
« A toi d'essayer maintenant », dit-il, en tendant de
la pâte à son nouvel ami.
A son tour, Mathieu travaille la pâte, le visage éclairé
de joie. De ses doigts sort la forme très réussie d'un
santon.
M. Duras le regarde étonné :
« Comment es-tu arrivé à faire cela sans avoir jamais
appris!
Mais Mathieu doit partir..., il faut qu'il apporte la
crèche là-bas. M. Duras lui fait promettre de revenir
travailler avec lui et l'enfant s'en va, serrant un morceau
de pâte dans le creux de sa main.
Dehors, il neige.
Mathieu frappe à la porte du directeur de la chorale,
entre avec son gros paquet, veut enlever la ficelle. Mais,
à ce moment-là, endormies par le froid, ses mains lâchent
la grande boîte qui tombe par terre. Vite, il déchire les
papiers, sort les santons un par un et trouve, dans le
fond de la boîte, un ange" en mille morceaux.
• Je me rappelle, dit Mathieu, il avait les ailes
ouvertes. C'était le plus joli de tous... Attendez, je vais
essayer. »
Alors, prenant la pâte que M. Duras lui a donnée,
30 31
Surprise de Noël

En allant en classe, ce matin-là, Patrick voit que son


ami Philippe est triste : « Qu'est-ce que tu as, Phil?
— Maman dit que nous ne pouvons pas garder Mous-
tique. Il est trop gros pour rester dans l'appartement.
Chaque fois qu'il bouge", il casse quelque chose. On va
être obligé de le vendre.
— Vendre ton chien? Ce n'est pas possible. Écoute,
j'ai une idée. Chez nous, il y a le jardin. Et puis, Maman
est si seule toute la journée, si triste. Je pourrai lui offrir
Moustique pour Noël, il lui tiendra compagnie*.
A la sortie de l'école, Patrick donne à Phil son ballon,
son couteau à six lames et toutes ses petites voitures. Ce
n'est pas tellement cher pour faire une belle surprise' à
sa mère!
« Tu verras, promet Phil, il est très gentil. La seule
chose, c'est qu'il n'aime pas beaucoup voir des gens en
uniforme'. Une fois, le facteur lui a donné un coup de
pied : il ne l'a jamais oublié. Mais Papa dit qu'il finira
par s'habituer à ne plus mordre les facteurs et les agents
de police... »
Cette histoire d'uniforme est un peu gênante. Patrick
commence à se demander s'il a bien fait. En arri-
vant à la maison, il comprend qu'il s'est tout à fait de Noël? Vraiment, les grandes personnes sont impos-
trompé. sibles, elles ne comprennent rien à rien, pense Patrick.
« Sors ce veau de ma cuisine! crie sa mère. Heureusement, son père semble vouloir l'aider :
— Ce n'est pas un veau, c'est un chien. Le père de « Va l'installer dans le garage, Patrick, et attache-le.
Phil dit qu'il est très rare. Demain, nous déciderons ce que nous pouvons faire
— Eh bien, s'il est tellement rare, qu'il le garde! » de lui. » Patrick obéit* tristement : « Sois gentil, Mous-
Comment lui expliquer que Moustique est son cadeau* tique, s'il te plaît. Peut-être que Maman changera

32 33
d'avis. » Moustique a compris. Il se couche sans rien « Eh bien, Patrick, entre. Moustique ne va pas te
dire et, le matin, on ne l'entend pas. manger.
Plusieurs jours se passent. Patrick n'ose plus parler — Mais...
de Moustique. Deux fois par jour, il lui apporte à — Mais quoi? Tout cela est ma faute, après tout.
manger et le promène dans le jardin. Sa mère semble Moustique a des excuses. Il était attaché depuis huit
habituée à l'idée qu'un « veau » vit dans son garage. jours, il avait envie de jouer. Ce n'est pas étonnant! »
Maintenant, c'est même elle qui lui prépare ses repas. Patrick n'y comprend plus rien, mais ce qui est impor-
Elle lui achète de la viande chez le boucher. tant, c'est le sourire de sa mère, le premier depuis si
Elle ne va jamais le voir mais, un matin, en regardant longtemps. Il se jette dans ses bras.
Patrick le promener, elle lui crie par la fenêtre de la « Maman, il faut que je te dise quelque chose. Mous-
cuisine : tique, je voulais te le donner pour Noel. »
« Pourquoi ne le laisses-tu pas en liberté? C'est mau- La joue de Maman est un peu mouillée, mais Patrick
vais pour cette bête d'être toujours attachée. sait qu'elle n'est pas malheureuse avec son petit garçon
— Tu veux dire qu'il peut aller où il veut? » demande sur les genoux et sa main droite dans les poils d'un gros
Patrick, fou de joie. chien qui frotte sa tête contre sa jupe. A son tour, il
Mais ce n'est pas encore ce matin-là que les choses sourit en l'entendant dire d'une drôle de voix.:
doivent s'arranger. Au moment où Moustique, tout con- « Demain, c'est Noël, le facteur ne passe jamais les
tent de cette nouvelle liberté, se lance en courant dans jours de fête... »
le jardin, Patrick voit le facteur arriver.
« Moustique, Moustique, viens ici! » Aleth Delorme
Trop tard! Moustique est parti, rapide comme un
éclair. Sa vieille colère s'est réveillée, et le pantalon du
facteur est déjà tout déchiré quand Patrick réussit à
attraper son chien. Tête basse, Patrick part pour la
classe. Demain, c'est Noël : il n'aura pas de cadeau à offrir
à sa mère. Au contraire, il lui a fait de la peine avec cette
mauvaise idée. Et Moustique, que va-t-il devenir? Le
père de Phil n'en veut plus non plus. La vie est trop
difficile, vraiment. Le soir, en rentrant à la maison,
Patrick va tout droit au garage. Il veut être seul pour
dire au revoir à son ami, mais Moustique n'est plus là...
Mon Dieu, est-ce que Maman l'a déjà fait partir?
Patrick court à la maison. Dans la cuisine, sa mère
prépare le dîner. A côté d'elle, un gros chien est assis.
Le petit garçon se frotte les yeux.

34 35
Aventures policières
— Mais c'est impossible, le train part dans un quart
d'heure, à dix-neuf heures cinquante...
— Eh bien, vous prendrez le suivant.
Cadavre* en vacances — Oh! Mais... monsieur, non...
— Il n'y a pas de « mais ». Ne discutez pas et venez. »
Il prend ma valise et descend du train. Je n'y com-
Tout a une fin, même les choses les plus agréables. prends rien, mais je suis bien obligée de le suivre. Nous
Mes vacances françaises sont finies : j'ai passé un mois traversons la gare et arrivons devant une porte où
chez mes amis Girard, mais aujourd'hui, Jacques, le est écrit le mot : « Police ».
plus vieux des garçons, me conduit à la gare de Lyon Me voici dans un petit bureau en face d'un autre
où je dois prendre mon train pour Rome. agent de police, encore plus grand et plus sévère que
Nous sommes arrivés trop tôt : j'ai toujours peur le premier. Il me regarde avec attention avant de com-
de manquer le train... mencer à parler.
Jacques m'installe à ma place, en face d'un vieux mon- « Asseyez-vous, mademoiselle. Votre nom, s'il vous
sieur qui a l'air très gentil; nous nous disons au revoir plaît?
et il descend sur le quai. Alors, je me rappelle quelque — Pezzani.
chose. Vite, je me penche par la fenêtre et je lui crie : — Nationalité?
« Oh Jacques! surtout, n'oublie pas de t'occuper — Italienne.
du cadavre. — Profession?
— Non, non, n'aie pas peur. Ce sera fait. » — Je suis étudiante.
Il sourit et le voilà parti. — Où habitez-vous d'habitude? Que faisiez-vous à
« Voie 13. Train rapide Rome-Express. En direction Paris? Depuis combien de temps y étiez-vous? Avec
de Lyon, Aix-les-Bains, Modane, Turin, Gênes, Flo- quel argent viviez-vous? Où alliez-vous? »
rence, Rome, Naples. Départ 19 h 50. » J'ai fait des progrès en français, mais, quand même,
Un peu triste, je retourne m'asseoir et je ferme les cet homme parle quatre fois trop vite. Et puis, pour-
yeux pour me rappeler ces belles journées de vacances quoi veut-il savoir tout ça?
en Bretagne, et puis Paris, où j'ai passé les quinze der- « Alors, mademoiselle, j'attends! »
niers jours. Oui, mais mon train, lui, ne m'attendra pas. A
« Mademoiselle, mademoiselle... » dix-neuf heures cinquante, il sera parti. Les trains
Un très grand agent de police est planté devant français sont toujours à l'heure...
moi, l'ceil sévère`. Qu'est-ce qu'il fait là, celui-là? Le Je regarde ma montre. Ça y est; il doit être parti.
vieux monsieur me regarde lui aussi, tout étonné. Et mes parents qui vont m'attendre à la gare. Les
« Mademoiselle, suivez-moi, s'il vous plaît. questions continuent :
— Qui, moi? « A quoi avez-vous employé votre temps depuis
— Oui, vous. Allons, dépêchez-vous! jeudi matin?
36 37
— Jeudi matin, jeudi matin, je ne sais pas, moi... Les agents ont l'air très en colère. Jacques sort alors
je ne ... Ah, oui! je suis allée au Louvre, et, l'après- un petit livre jaune de sa poche. Sur la couverture,
midi, au cinéma. Hier, j'ai fait mes bagages et j'ai on peut lire : « Cadavre en vacances ». C'est un livre
dit au revoir à tous mes amis français. qu'une amie française m'avait prêté. Je n'avais pas
— Connaissez-vous Mme Renaud qui habite, ou eu le temps de le lui rendre : Jacques devait le faire
plutôt habitait, 40, rue Saint-Honoré? pour moi et j'avais peur qu'il n'oublie. Tout s'explique.
— Non, je ne sais pas; mais enfin, pourquoi?... Les deux agents sont un peu rouges. Il semble bien
Enfin, non, je ne connais pas cette dame. qu'ils se sont trompés...
— Naturellement, vous ne la connaissez pas! Vous « Allô! Bon... très bien, oui... d'accord. La prochaine
mentez... Suivez-moi. Nous allons voir si votre ami fois, faites attention à ce que vous dites, hein? Allez,
dit la même chose que vous. » au revoir. »
Mon ami, quel ami? Cet homme doit être fou. Bien C'est mon agent qui a répondu au téléphone. Il est
sûr, les Girard habitent rue Saint-Honoré, mais elle de plus en plus rouge.
est longue, cette rue. En quinze jours, je n'ai pas « Tout va bien, la vieille dame est retrouvée. Ma-
eu le temps de connaître tous les habitants du quartier! demoiselle, monsieur, vous êtes libres. Excusez-nous. »
Nous entrons dans un autre bureau et je vois... Nous nous quittons bons amis.
Jacques, assis sur une chaise devant un autre agent. Une deuxième fois, Jacques me conduit à ma place.
Je n'ose rien dire à Jacques. C'est mon agent qui Il m'achète des bonbons* et des journaux, me dit
parle le premier. au revoir, descend sur le quai.
« Bien sûr, ils ont raconté les mêmes histoires. « Voie 7. Express 609 Paris-Naples. Fermez les por-
Mais personne n'a vu cette vieille dame depuis jeudi tières. Attention au départ. »
soir et ces deux-là ont tué quelqu'un! « A bientôt, Jacques, merci... et surtout, n'oublie
— Je vous défends de dire une chose pareille. pas de t'EN occuper! »
C'est faux, faux, faux!
— Alors, pouvez-vous m'expliquer pourquoi made- D'après Catherine Dumas
moiselle vous a dit avant de partir : « N'oublie pas
« de t'occuper du cadavre? » C'est bien ce qu'elle a dit,
n'est-ce pas? Un voyageur sur le quai l'a entendu et
il est venu nous le raconter. »
Jacques et moi, nous nous regardons et nous écla-
tons ` de rire.
« Ah, ah, ah!...
— Ah, c'était donc ça!
— Oh, ce que c'est drôle, cette histoire!
— Ah, ah, ah!... »

38 39
sa bouche vide de belles dents bien blanches. Il retourne
son manteau qui est gris d'un côté et bleu de l'autre,
et sur sa tête nue, il pose un chapeau.
Une petite faute Et voilà! Georges Delage est mort. Un sourire aux
lèvres, Philippe Ledoux se regarde dans la glace au-
dessus du lavabo. Il se reconnaît à peine! Il y a si long-
En quittant son bureau, Georges Delage est content : temps... Tout va bien. Il prend le métro, descend à
le moment qu'il a préparé et attendu pendant six Saint-Lazare. Dans une rue, tout près, il y a un bureau
longues années est enfin arrivé. de poste. Philippe Ledoux envoie son paquet à Phi-
Dans sa serviette, il emporte 600 000 francs en billets. lippe Ledoux, en Normandie, dans le petit village où
Il n'a pas été difficile pour lui de les voler : employé il va pouvoir maintenant vivre tranquillement, sans
modèle', toujours à l'heure, aimé de ses directeurs, travailler. Puis, il prend un taxi pour aller au garage
Georges Delage était chargé de payer tous les ouvriers où — deux jours plus tôt — il a loué une voiture, déjà
de l'usine à la fin de chaque mois. Aujourd'hui, 30 avril, habillé en Philippe Ledoux.
les ouvriers ne seront pas payés à l'heure, mais Georges La jeune fille du garage se rappelle très bien et le
Delage ne sera jamais puni pour ce vol... Dans quel- reconnaît tout de suite :
ques minutes, il aura disparu". La police pourra le « Bonjour, monsieur Ledoux, je vais demander qu'on
chercher, les journaux pourront montrer sa photo à sorte votre voiture. En attendant, si vous le voulez bien,
tout le monde : dans quelques minutes, il n'y aura plus il y a quelques papiers à signer.
de Georges Delage! — Mais bien sûr.
Sans se dépêcher, l'homme descend l'escalier du — Voilà, c'est pour l'assurance". Nom. Adresse.
métro'. Il y a beaucoup de monde, personne ne fait Numéro de permis de conduire*. Très bien, il ne
attention à lui. Il entre dans le cabinet de toilette " et manque plus que votre signature, s'il vous plaît. Là,
commence à détruire"' le personnage* imaginé"' par en bas... »
lui, il y a six ans. M. Ledoux signe, monte dans la voiture.
Georges Delage était un homme grand et mince, « Merci beaucoup, mademoiselle, au revoir. »
avec les dents et les doigts jaunes de tabac, des che- Trois heures plus tard, sorti de Paris, il chante gaie-
veux blonds, des lunettes, une jambe plus courte que ment en conduisant. Près de lui, sa grosse serviette
l' autre. remplie de billets; le ciel est bleu, il fait doux, c'est le
Tranquillement, l'homme enlève ses faux cheveux printemps, quelle belle journée!
blonds, ses lunettes, ses dents jaunes, le morceau de Mais qu'est-ce que c'est? On dirait que cette voiture
caoutchouc mis dans sa chaussure droite (pour grandir noire le suit depuis plusieurs kilomètres. La police?
une de ses jambes). Il range tous ces objets * dans un Non, ce n'est pas possible. Il a tout arrangé, pensé à
paquet qu'il mettra tout à l'heure à la poste. Il lave chaque petite chose; pourquoi la police le suivrait-elle?
avec soin* les taches de tabac sur ses doigts, met dans Tout à coup'`, la voiture noire va plus vite, roule

40 41
Vive le sport!
quelques secondes à côté de lui, passe devant et l'oblige
à s'arrêter. « Vos papiers, s'il vous plaît. Police! »
C'est fini... Tout de suite, M. Ledoux comprend
qu'il a perdu. Les policiers le font monter dans la voi- Balle de match"'
ture noire qui fait demi-tour et repart vers Paris. Au
revoir le printemps, au revoir la Normandie! Triste-
ment, il regarde par la vitre : le ciel lui paraît gris main- « Vous cherchez quelqu'un pour une partie?... Moi
tenant. Il a même un peu froid... aussi. »
Mais que s'est-il passé? Comment l'ont-ils retrouvé? Vincent lève la tête, regarde la jeune fille qui lui
Quelle faute a-t-il faite? Il cherche, mais ne trouve sourit, sa raquette à la main. Quelqu'un, enfin, lui parle
pas. dans ce club'. Une fille qui ne doit pas très bien jouer,
Alors, il se tourne vers l'un des policiers : c'est sûr!... Mais pourquoi pas?... Ce ne serait pas gentil
« Dites-moi, je voudrais vous poser une question, de dire non.
une seule. Où et quand ai-je fait la petite faute qui Ils entrent; ils commencent. Vincent envoie une
vous a permis de me retrouver? balle molle en plein milieu. Deux pas rapides, et la fille
— Quand vous avez signé les papiers d'assurance renvoie une bonne balle, dure, dans un coin.
pour la voiture louée, vous avez signé Georges Delage. « Tiens, pas si mal que je croyais », pense Vincent.
La jeune fille du garage a lu les journaux de l'après- Pour la seconde balle, il faut un coup plus difficile;
midi qui parlaient du vol : elle a tout compris. C'est elle le reçoit aussi facilement.
elle qui nous a téléphoné. » « Si je joue un peu vite, dans cinq minutes elle sera
Philippe Ledoux pleure de colère. Ainsi, ce tout perdue », pense Vincent, et il demande :
petit employé qu'il a lui-même créé", lui si intelligent, « On fait un match?
ainsi ce petit employé s'est montré plus fort que lui! — Si vous voulez...
Pendant six ans, au bureau, il a signé Georges Delage. — Cela ne va pas vous fatiguer?
Par la force de l'habitude, il a continué une fois, une — Commençons toujours, on verra bien. »
seule fois de trop... Vingt minutes plus tard, Vincent est mort de fatigue;
la jeune fille, qui a gagné, est fraîche comme une rose.
D'après Alex Stuart « Bien joué! reconnaît Vincent. Vous êtes plus forte
que moi.
— Un peu plus d'habitude, c'est tout », dit-elle
gentiment.
Vincent se met à rire :
« Et moi qui vous ai demandé si cela ne vous fati-
guerait pas! Vous avez dû me trouver bien ridicule`.
Dites-moi, pourquoi vouliez-vous faire une partie avec

42 43
moi? Vois ne devez pas manquer de partenaires'... premier jour. Cette fois-ci, elle est obligée de se donner
— Pourquoi? Eh bien, voilà : depuis huit jours, je du mal!
vous vois tourner autour des terrains. Oui, je vous vois « Bravo! lui dit-elle à la fin. Maintenant, repose-toi
de ma fenêtre : j'habite la maison à côté du club. Je jusqu'à samedi. »
m'appelle Claire Cognet. » Le grand jour arriva. Les trois premiers joueurs que
Vincent devient tout rouge. Claire Cognet! Tout le Vincent doit rencontrer sont faciles à battre. Et le pre-
monde la connaît et sait qu'elle est la meilleure joueuse mier tour est vite passé; il faut maintenant faire les
du club. demi-finales". Le jour suivant, Vincent doit jouer avec
« Est-ce que je peux vous dire tu? demande Claire. un certain Forestier.
Oui?... merci. Où jouais-tu avant de venir au club? « Tu verras; c'est un bon joueur », lui dit Claire.
— Avec des amis. C'est vrai, Forestier est très bien. Meilleur que Vin-
— Toujours les mêmes, cela se voit. Tu as de bons cent, qui perd le premier set"". Au second, ils arrivent
coups, mais tu ne sais pas conduire ta partie. à 5-3, 40-0, balle de match!
— Ce n'est pas ici que j'apprendrai, répond Vincent C'est la fin... Vincent va perdre. Mais à ce moment-
d'une voix triste. Personne ne veut jouer avec moi. là, Forestier s'arrête et dit : « J'abandonne""! »
— Parce que personne ne te connaît. Fais les cham- Puis, il explique à Vincent :
pionnats "` du club. Si tu passes deux tours, tu seras « De toute façon, je dois partir en voyage demain.
connu. Je ne pourrai pas faire la finale*, je préfère vous laisser
— Et si je suis battu? la place. Bonne chance! »
— Impossible! Si tu veux, je serai ton professeur. Vincent n'a pas vraiment gagné, mais enfin, il sera
Première leçon, demain, à la même heure, ça te va? » en finale... Même s'il est battu, tout le monde le verra.
Et Claire devient le professeur de Vincent : chaque Il sera enfin connu au club. Et puis, pourquoi battu?
jour, elle oblige Vincent à répéter les mêmes coups On ne sait jamais...
dix fois, vingt fois, trente fois de suite. Elle lui explique Le jour de la finale, il part vers le club de bonne
ses fautes, lui apprend à jouer d'une façon intelli- heure. Mais... qui est ce garçon, là-bas, de l'autre côté
gente. de la rue? On dirait Forestier! Eh oui, c'est bien lui.
« Le tennis, ça se joue aussi avec sa tête. Regarde Il avait dit qu'il devait partir en voyage. Pourquoi lui
bien ton adversaire et essaie de trouver son point avoir fait ce cadeau'? « Ce doit être Claire..., pense
faible. » Vincent; mais oui, bien sûr, c'est elle qui a tout
Enfin, trois jours avant les championnats, Claire lui arrangé. » Vincent, qui était si joyeux' , devient alors
dit : très triste... Au club, il rencontre la jeune fille.
« Bon, eh bien, aujourd'hui, on fait une vraie partie, « Pourquoi Forestier a-t-il abandonné?
pour s'amuser. » — Il te l'a dit, il partait en voyage.
Vincent se rend compte alors des progrès qu'il a — C'est faux, je viens de le rencontrer.
faits : Claire gagne encore, mais pas du tout comme le — Alors, il a changé d'avis, c'est tout.

44 45
La partie commence, mais Vincent n'a plus envie
de gagner. Sa raquette tremble" dans sa main. Très
vite, il perd le premier set, puis le second. Changement
de côté : Claire lui tend une serviette pour s'essuyer.
« Laisse-moi tranquille D , dit-il. Il va à sa place
et le jeu recommence.
Faute! « C'est bientôt fini », pense Vincent, et alors il
rencontre le regard de Claire, un regard tout mouillé,
et il comprend. Il se rend compte de tout ce qu'elle a
fait pour lui, de tout le mal qu'elle s'est donné pour
qu'il devienne un grand joueur. Pauvre Claire, elle a été
si gentille... Vincent décide donc de se battre, et il
attaque"!
Tout étonné, Hémond voit en face de lui un nouveau
joueur, rapide, adroit, intelligent, qui gagne le troi-
sième set. Au quatrième set, ils arrivent à 4 partout,
puis 5 partout, 6-5, 6 partout. A 7-6, Vincent sauve
deux balles de match, une autre à 8-7. Il y a deux
heures que le match est commencé. 10-9 pour Hémond.
Ça y est, cette fois, c'est la balle de match. C'est fini,
Vincent a perdu. Il quitte le terrain, il ne voit plus rien
tellement il est fatigué! Claire s'avance vers lui.
« Tu as perdu, mais tu t'es battu, c'est ça l'impor-
tant. La prochaine fois... »
Alors Vincent se met à rire : « Eh, laisse-moi res-
pirer. Si tu veux bien, on attendra demain pour
— C'est toi qui le lui as demandé! reprendre l'entraînement""!
— Qu'est-ce que tu racontes? Paul Cogan
— Oui, tu le lui as demandé. Et tout le monde va le
savoir. Vainqueur ' ou battu, je serai de toute façon
ridicule à cause de toi!
— Tu es bête, bête et méchant. » Et elle lui tourne
le dos.
« Finale du simple Messieurs, crie l'arbitre " . René
Hémond contre Vincent Duc. »

47
avoir une voiture à soi, c'est différent... Vite, il faut
raconter tout cela à Paul.
« Paul, Paul, on a gagné, on les a!
Le rallye — C'est vrai, tu as réussi?
— Mais oui, je te dis.
— Mais ton père sait ce que nous voulons faire?
La scène se passe dans une salle de ventes. — Oui, oui, il est d'accord.
— Et ta mère?
« Et... pour finir, trois 4 CV : elles sont usées, mais — Je ne lui en ai pas encore parlé. Avec elle, ce sera
un bon bricoleur * peut s'en servir pour fabriquer "' une peut-être plus difficile... »
voiture qui marchera. Mise à prix : 500 francs. Après avoir discuté deux heures avec sa mère,
-- Achète-les, papa. Jacques emporte la victoire* :
— Mais pour quoi faire? « Bon, je veux bien... si vous réussissez à me
— Pour faire des rallyes" avec Paul.
— Mais tu es fou? Il faudrait des semaines de
travail pour faire une auto entière" avec ces vieux
morceaux.
— Mais je m'occuperai des réparations.
— Toi, laisser le cinéma pour rester à l'atelier? Je
voudrais bien voir ça!
Eh bien, tu le verras si tu les achètes.
— Je répète" : 500 francs, c'est une affaire! Alors,
qui les prend?
— Papa, s'il te plaît!
— Mais, tu n'as pas l'âge de faire des rallyes.
— C'est Paul qui conduira.
— Bon, d'accord. Essayons. 500 francs : je prends!
— 500 francs, qui dit mieux? 500 francs pour ce
monsieur devant moi. Rien à droite..., rien à gauche;
c'est bien vu? Une fois, deux fois, trois fois : adjugé"!
Toc! Le petit marteau d'ivoire " est tombé. Les voi-
tures sont vendues.
Jacques est fou de bonheur " . Depuis deux ans, il
travaille dans le garage de son père, à l'atelier. Ce
n'est pas toujours très amusant, mais travailler pour

48
faire tourner une de ces voitures, ... et si ton père — Mais oui, mais oui. »
me promet qu'elle n'est pas dangereuse, et, et aussi, Et les voilà partis...
si tous les deux vous faites très attention, alors, je vous Dans la nuit, la première partie n'est pas trop mau-
permets d'essayer. vaise. Paul arrive à garder une bonne vitesse. A côté
— Merci, maman! » de lui, Jacques le prévient :
Tous les soirs, quand le travail pour les clients est « Ici, il y a un tournant difficile. Attention! un mau-
fini, les deux garçons travaillent à leur oeuvre; ils vais creux à cet endroit-là. Là, c'est tout droit, tu peux
nettoient, réparent, essayent, recommencent. On ne y aller. Ah! nous avons fait la moitié du premier tour,
peut plus les arrêter... courage, mon vieux!
« Jacques, viens dîner : il est huit heures. — Oui, mais maintenant, il fait beaucoup plus
— Je n'ai pas fini. froid... Il y a de la glace sur la route... Je ne peux plus
— Mais tu ne peux pas rester toute la nuit sans man- aller aussi vite. »
ger. Allons, viens. Ils finissent le premier tour avec un quart d'heure
— Encore une minute. de retard.
— Comme cet enfant a changé! » dit encore son « Oh! Nous n'avons plus qu'à arrêter.
père. — Non, ne faites pas ça, dit le directeur de la course.
Trois semaines passent et puis, le chef-d'oeuvre` est Les autres n'ont pas fait mieux, vous n'êtes pas si mal
prêt. La voiture ne ressemble plus du tout à une 4 CV. placés.
Rouge et blanche, elle brille', prête à « manger » les — Allez, hop! On repart. »
kilomètres de toute la force de son nouveau moteur. Mais la neige tombe de plus en plus serrée.
« Allons l'essayer avec papa. Il nous dira ce qu'il « On n'y voit pas à vingt mètres, quel sale temps!
en pense. » — Oh! regarde à droite, ça brûle!
La petite voiture se lance, gagne de la vitesse, monte — Quoi? Nous brûlons?
les côtes, prend les tournants en épingle à cheveux, — Non, pas nous, là-bas, dans le fossé, c'est une
passe comme un éclair dans les lignes droites. autre voiture. Arrête-toi.
« Ouf! tout va bien. — Et notre place?
— Quel est le prochain rallye? — C'est moins important, arrête! »
— Le rallye des Sept-Monts; ce n'est pas le plus Les deux garçons courent, il était temps! Deux corps
facile... sont couchés dans la neige. Jacques et Paul les tirent
— Ah, ce n'est pas le moment de reculer, Paul: loin de la voiture en feu juste avant que l'essence se
nous avons une voiture, il y a un rallye, nous devons mette à brûler avec un grand bruit.
le gagner! » « Aide-moi, installons les blessés à l'arrière.
Le soir du rallye, il neige. — On va les conduire à l'hôpital. »
Soyez très prudents".
— Arrêtez-vous même, si c'est nécessaire. « Alors, docteur?

50 51
Partons en vacances
— Leurs blessures sont légères. Dans quelques
jours, ils seront debout.
— Merci, docteur, bonsoir! »
C l éo
« Bon, eh bien! on rentre à la maison, maintenant?
— Passons d'abord voir les résultats. C'est amusant
de savoir qui a gagné. » Le soleil d'avril chauffe doucement les rives* de la
Seine. Les arbres n'ont pas encore beaucoup de feuilles,
« Vite, donnez-moi vite votre feuille, dit le direc- pourtant, déjà, cela sent le printemps. Des voitures
teur de la course. Vous êtes les seuls, toutes les autres pressées circulent* sur les ponts, mais, sur les quais,
équipes* ont dû s'arrêter en route. Avec ce temps, ce les gens se promènent à pas lents, heureux de cette
n'est pas étonnant. première belle journée de la saison.
— Mais ce n'est pas possible : nous nous sommes Quai de la Mégisserie, Jérôme et Sophie ne se
arrêtés une heure à l'hôpital. fatiguent pas d'admirer* les magasins de fleurs et d'ani-
— Ça ne fait rien : vous êtes passés à tous les maux, nombreux dans ce quartier. Il y a des oiseaux
postes* faire signer votre feuille de route, ici vous êtes dans leurs cages*, des poissons rouges, des souris"
les premiers, donc vous avez gagné. blanches, tant de choses encore. Sophie court d'une
— Eh bien, ça alors! cage à l'autre.
— On a gagné, on a gagné! tu te rends compte? « Oh! regarde, dit-elle en riant : quel joli petit
— Oui, mais il nous reste le plus difficile à faire... singe*!
— Quoi donc? — Oh! tu le trouves beau?
— Faire croire à ta mère que nous avons été très — Mais oui, pas toi? Il a l'air si intelligent. Tu crois
prudents! que je peux le caresser*?
— Ah! si j'étais toi, je n'essaierais pas », répond
D'après Philippe About Jérôme.
Mais déjà Sophie a fait une nouvelle connaissance.
Elle se donne beaucoup de mal pour essayer de faire
parler un magnifique* perroquet" bleu et jaune.
« Coco, allons, Coco. Oh! répète, voyons. »
Mais Coco regarde Sophie de son oeil rond, sans
ouvrir le bec.
« Ah! tu ne sais pas t'y prendre, dit Jérôme. Laisse-
moi faire.
— Allons, Coco, Coco, ne fait pas la mauvaise tête,
Co... Coco... »

52 53
Jérôme 'ne réussit pas mieux que Sophie qui se met à C'est le nom que je lui ai donné. Tu aimes?
rire et se moque de lui. Cela ne fait rien... Il est telle- — Beaucoup, cela lui va très bien. Mais, écoute,
ment heureux de la voir gaie! Sophie...
« Allez, viens, nous allons visiter* le quartier des — Oh! non, je t'en prie, ne me dis pas comme les
chiens. parents que je passe mon temps à rêver... Mais qu'est-
— Comme ils sont jolis! Un, deux, trois, quatre, ce que tu veux, je sais que je n'aurai jamais assez d'ar-
cinq, six! Six frères et sœurs. Quelle famille! gent pour l'avoir vraiment. Alors... »
— Ah! ceux-là, tu peux les caresser. Mais Jérôme ne l'écoutait plus. C'était décidé : il
— Tu n'as pas un sucre dans ta poche? achèterait Cléo pour Sophie. Heureusement, ce sont
— Mais ils sont bien trop jeunes, voyons! A leur âge, les vacances de Pâques.
ils ne boivent que du lait.
— C'est vrai, tu as raison.
— Oh! celui-là, tout seul dans sa cage. »
Une boule de poils très doux, de longues oreilles,
de grands yeux un peu tristes, un petit cocker habite
la cage voisine.
« Oh! Oh! Comme je l'aime, soupire'' Sophie. Je
voudrais tellement le prendre dans mes bras. »
Le marchand a entendu; il s'avance, les clefs à la
main.
« Tenez, mademoiselle. Si cela vous fait plaisir...
— Oh! Merci! Oh! Comme il est mignon"!
— Combien coûte-t-il? souffle* Jérôme dans l'oreille
du marchand.
— Trois cents francs, monsieur.
— Oh! trois cents francs... », répète Jérôme d'une
voix désolée'.
Ce soir-là, Jérôme a du mal à s'endormir. Dans
sa tête, revient toujours la même image : sur l'épaule
de Sophie, un petit chien heureux parce qu'il a enfin
trouvé quelqu'un pour l'aimer...
Le lendemain' matin, Sophie lui téléphone :
« Allô, tu sais, j'ai rêvé* toute la nuit de Cléo.
— Cléo?
— Mais oui, tu sais bien, le petit chien d'hier...
54 55
« Oh! 'enfin quoi, j'ai seize ans, non? A mon âge, « Bonjour, bonjour, monsieur. Je viens chercher...
un garçon peut bien se débrouiller pour gagner trois Cléo. J'ai les trois cents francs!
cents francs. » — Cléo? dit le marchand qui n'y comprend rien.
Après avoir lu toutes les petites annonces* du jour- — Ah! pardon, c'est... Bien sûr, vous ne savez pas :
nal. Jérôme croit avoir trouvé ce qu'il lui faut. le petit cocker, vous savez, celui qui était tout seul
« Vous cherchez quelqu'un pour remplacer votre dans une cage; où est-il? Vite, je le prends...
employé qui est malade, monsieur? — Le petit cocker? Je suis désolé, monsieur, nous
— Oui, mon p'tit gars'. Mais, tu as déjà travaillé? venons de le vendre à un client...
— Non, monsieur, mais j'apprends très vite, vous — Oh! »
savez. Le soleil d'avril chauffe doucement les rives de la
— Hum! Tu sais qu'on n'est pas là pour rire. C'est Seine... Sur les quais, un jeune garçon marche lente-
fatigant de porter des paquets, de faire les courses, de ment.
charger le camion. Demain, les vacances sont finies...
— Ça ne fait rien, monsieur. Je suis solide.
— Bon, d'accord. On va essayer. Vingt francs par D'après François Pradeau
jour si tu fais bien ton travail.
— Oh! merci, merci, monsieur. »
Il avait raison de le prévenir*, le patron... Jérôme
n'aurait jamais cru que c'était si fatigant de travailler.
Cent fois, il a envie d'arrêter. Tant' pis pour Cléo!
Dans quelque temps, Sophie n'y pensera plus. Mais non!
A l'idée de voir les yeux de sa meilleure amie briller*
de bonheur, Jérôme reprend courage. Et puis le soir,
en rentrant chez lui, il passe par les quais et va faire
une petite visite* à Cléo.
« Attends encore un peu, Cléo, dans quelques jours,
je te sors de là... Tu verras, j'ai des projets* pour toi! »
Comme pour le remercier*, le petit chien lui passe la
langue sur la main. Ils sont amis maintenant.

Les jours passent... et puis un matin...


« Et voilà tes trois cents francs, mon garçon. Tu les
as bien mérités! Mon employé est rentré, demain ce
n'est pas la peine de venir! a Jérôme crie merci, mais
déjà il est dans la rue. Il ne court pas, il vole!
56 57
— Oh, là là! ce qu'il est difficile, celui-là... Tu ne
penses tout de même pas qu'on va t'offrir des huîtres''
et du foie gras*.
Le déjeuner sur l'herbe — Non, mais Jacques a raison; notre pique-nique
doit être un succès*. Que pensez-vous de poulet froid?
— Bravo!
« Catherine! Catherine! Viens vite, j'ai quelque — Avec une bonne salade*.
chose à te dire. — Une salade? Tu es folle, comment veux-tu qu'on
— Que se passe-t-il? Tu en fais une tête! l'emporte?
— Tu ne sais pas ce qui arrive? les parents ont — Mais si, c'est facile. On la lave et on la coupe,
invité* des amis à déjeuner pour jeudi. puis on la met dans une boîte, et, dans une bouteille,
— Et alors? l'huile et le vinaigre*. Au dernier moment on fait le
— Et alors, tu _ sais bien que, jeudi, tous nos amis mélange.
devaient venir, et si les parents ont des invités, on ne — Bon, et pour commencer?
sera pas tranquilles! Il va falloir reculer notre déjeuner — Des veufs durs, c'est commode.
à nous. » — Et des melons`!
Ma cousine Isabelle a l'air très malheureux... Heu- — Très bien. Et après le poulet, du fromage et des
reusement Hubert, mon frère, et Jacques, mon cousin, fruits. Ça vous va, les garçons?
entrent à ce moment-là : — Ça ira. Maintenant, il faut décider de l'endroit...
« Qu'est-ce que vous avez, les filles? — Près de la rivière, bien sûr. D'abord, parce qu'on
Nous leur expliquons. pourra se baigner avant le déjeuner, ensuite parce qu'on
« Eh bien, faisons un pique-nique*, dit Hubert. Ce y mettra les bouteilles au frais.
sera très amusant. — Et s'il fait mauvais? dit Jacques.
— Quelle bonne idée! Ce qu'il est débrouillard", — Oh, toi, si on t'écoutait, on ne ferait jamais rien... »
ce garçon... Jeudi matin. Isabelle coupe les poulets pendant que
— Merci, dit Hubert. Mais attention, il va falloir je prépare la salade. Les garçons tournent autour de
penser à tout. nous en faisant beaucoup de bruit.
« Vous, les filles, vous vous occuperez du menu*. « Tu as pensé au tire-bouchon*?
Quand vous l'aurez décidé, nous vous aiderons à pré- — Oui, il est dans le panier.
parer tout ce qu'il faut, et nous nous chargerons des — Et les verres?
boissons`. — Nous avons deux douzaines de verres en papier
— D'accord. et deux douzaines d'assiettes.
— Mais surtout, dit Jacques, essayez de trouver autre — Combien Papa t'a-t-il donné de bouteilles de vin?
chose que les gros sandwiches''. Ce n'est pas bon et ça — Quatre, mais il y a aussi de la bière et des jus'
donne trop soif! de fruits.
58 59
((Oh! j'ai oublié le beurre, dit Isabelle. Hubert, sois
gentil, va vite à la maison le chercher... »
Hubert part en bicyclette.
Quand il revient, il est tout rouge, mais il rapporte
le beurre, des serviettes en papier que Maman lui a
données à la dernière minute et une radio.
« Comme ça, on pourra danser », dit-il, très content
de son idée.
Les nuages ont disparu'', nos invités sont arrivés,
le poulet est très applaudi... Tout le monde semble
heureux... sauf' Jacques :
« Oh! ces sales mouches! Pourquoi tombent-elles
toujours dans « mon » verre?
« Aïe! une guêpe m'a piqué!
« Et le café? Bien sûr, vous n'avez pas pensé au
café... Oh! les filles! a
Je vais vous dire... à mon avis, Jacques n'aime pas
les pique-nique!...
v

Aleth Delorme

— Bon. Isabelle, n'oublie pas de prendre 'du sel pour


les oeufs durs.
— Est-ce qu'il y aura assez de pain?
— Mais oui, mais oui. Allez, tout est prêt, on s'en
va. »
Près de la rivière, nous sommes les premiers. Nous
avons le temps de mettre les provisions à l'ombre et les
bouteilles dans l'eau avant l'arrivée de nos invités.
Jacques regarde le ciel.
« Ça y est, il y a des nuages.
— Tais-toi donc! Tu vas nous porter malheur. Tu
ferais mieux de nous aider à mettre la table. »
Sur une nappe" à carreaux", nous installons les
assiettes, les verres, les fourchettes et les couteaux.

60 61
frères s'arrangent toujours pour ne rien faire pendant
que je fais tout à leur place. Mais, là, François n'avait
pas tort, je dois dire : il n'y avait vraiment aucune
Départ en vacances valise au grenier.
« Mon Dieu! crie Maman en se frappant le front
avec la main, elles étaient abîmées*, je les ai données à
Comme je te l'ai promis, je t'écris pour te donner des réparer. Il faut vite aller les chercher au magasin. Fran-
nouvelles'. Et quelles nouvelles! Imagine*-toi que je çois, cours-y. Tiens, voilà de l'argent. Reviens vite.
suis toujours à Paris. Il fait un temps extraordinaire*, — Où est-ce que c'est?
un temps à être sur la plage'. Seulement, voilà! nous — Rue La Fayette.
n'y sommes pas. Mais il faut que je te raconte tout — Mais c'est très loin! Il y en a combien?
depuis le commencement. — Quatre.
Donc, nous devions partir hier samedi. — Et comment je vais faire pour les rapporter?
« Les enfants, départ à 6 heures demain matin, dit — Prends le métro* pour aller et tu reviendras en
Papa vendredi, au petit déjeuner. Nous aurons moins de taxi.
monde sur la route. (Tête de Maman qui n'aimé pas se — Bon, j'y vais. Mais vous m'attendrez pour déjeu-
lever tôt!) ner, hein?
— 6 heures du matin? Pourquoi si tôt? — N'aie pas peur. »
— Mais il fait jour en été à 6 heures, ma chérie, Celui-là, il ne pense qu'à manger. Maman dit que
répond Papa d'une voix* douce. c'est de son âge, mais quand même... A ce point là,
— Nous nous coucherons tôt. c'est extraordinaire*!
— Bon, très bien, nous allons faire les valises tout de Une heure plus tard, il revient toujours sans valises.
suite. François, va les chercher au grenier, s'il te plaît. « Le magasin est fermé.
— Mais l'ascenseur` ne marche pas! — Comment cela, fermé?
— Eh bien, monte à pied... Toi, Alice, apporte-moi — Ben oui, fermé, quoi! pour les vacances, depuis
tes affaires d'été et celles de tes frères. » hier soir. Il n'ouvre que le premier septembre. C'est
Au bout de cinq minutes, François descend en traî- écrit sur la porte. »
nant' les pieds. Alors, là, Maman s'est assise. Elle était toute blanche.
« Il n'y a pas de valises au grenier. « Quand je pense qu'on a oublié d'aller les chercher! s
— Comment cela, pas de valises au grenier? « On s était une façon de parler... Pauvre Maman,
— Non, aucune. qui a tellement de choses à penser et qui, d'habitude,
— Alice, les hommes ne savent pas chercher. Va voir, n'oublie jamais rien.
toi, sois gentille. » A ce moment-là, on a sonné à la porte d'entrée. Une
Je ne sais pas si c'est la même chose dans ta famille, grosse dame était là, quatre valises à côté d'elle.
mais comme les hommes ne sont « bons à rien », mes « Pardon de vous déranger, madame Dupuy. Je me

62 63
permets • de vous rendre vos valises parce que, vous
comprenez, nous allons faire des travaux dans le maga-
sin. Alors, ça prend de la place, tout cela, et comme
elles étaient prêtes, j'ai pensé... »
J'ai bien cru que Maman allait l'embrasser!
La matinée s'est continuée dans une course aux robes
d'été et aux costumes" de bain. Claude, mon grand
frère, prudent'', avait préféré disparaître` de la mai-
son :
« Vous n'avez pas besoin de moi. Alice, tu verras,
tout ce que je veux emporter est rangé tout en haut de
mon armoire. Tu me feras ma valise, dis? Je te promets
que je t'apprendrai à conduire pendant les vacances. »
Ouais! je les connais, les promesses de Claude... Et
en haut de son armoire, il n'y avait qu'un anorak*, des
bonnets* et des chaussettes de laine, des chaussures de
ski, etc. Qu'il est distrait, celui-là!
Enfin, on a quand même réussi à les remplir, ces
valises. Quand Papa est rentré, il a décidé qu'on allait
charger les bagages* dans la voiture : « Comme ça,
demain matin, tout sera prêt. Nous ne perdrons pas de
temps. »
Ah! ma pauvre Armelle, si tu avais vu la scène'!
Une fois les valises toutes rangées dans la voiture, il
n'y avait plus que les deux places de devant pour
s'asseoir.
« Et nous? Où est-ce qu'on va se mettre? pleurait
François.
— Toi, tu courras derrière, c'est tout simple! »
répondait Claude, enfin rentré. Dès' qu'ils sont en-
semble, ces deux-là, ils se disputent"".
« Mais qu'est-ce que vous emportez donc? deman-
dait Papa qui perd vite patience'. Tout cela pour vous
promener sans rien sur le dos tout l'été! C'est bien la
p e i n e...
64
QUESTIONS
— Mais, Papa... Victoire d'équipe
— Il n'y a pas de « Mais, Papa » : vous voyez bien — Quand Jean et Hervé décident-ils de faire des progrès
que c'est impossible de tout emporter. » chacun de leur côté?
Il a fallu recommencer toutes les valises. J'ai cru — Quelle est la victoire qui, à votre avis, vous parait la
devenir folle. plus difficile à remporter, celle de Jean ou celle d'Hervé?
A minuit, nous étions encore dans le garage à char-
ger la voiture. Tout le monde a mal dormi de peur de
ne pas se réveiller. Personne n'entend jamais sonner le Deux vies pour la science
réveil dans cette famille. Enfin, à 6 heures nous étions — Pourquoi Marie est-elle venue continuer ses études à
prêts, assis dans la voiture. Il faisait beau. C'était le Paris?
premier jour des vacances. Ouf! — Montrez en quoi l'identification de la première substance
radioactive est pour Pierre et Marie une récompense.
Eh bien, tu me croiras si tu veux, à dix kilomètres — Quelles difficultés Pierre et Marie rencontrent-ils pour
de Paris, la voiture s'est arrêtée et n'a plus jamais parvenir à leur but?
voulu repartir.
« Il me faut bien 24 heures pour la réparer, Mon-
sieur », a dit le garagiste. Le Gourdi
— Est-ce la peur qui empêche le Gourdi de nager avec
Et voilà, chère Armelle, pourquoi je t'écris de ma ses amis jusqu'au n Groun » ?
chambre en regardant le soleil briller sur Paris. Maman — Pourquoi le lendemain Hervé arrive-t-il souriant, la
dit que nous irons au cinéma cet après-midi pour nous tête haute?
changer les idées. Je pense que le cinéma sera fermé ou
que je me casserai la jambe dans l'escalier en y allant.
Qu'est-ce qué tu veux, il y a des jours où tout va mal... Le paravent
Je t'embrasse quand même et j'espère que tu passes — Pourquoi les deux garçons n'auraient-ils pas dû changer
de bonnes vacances, toi! de place et aller s'installer derrière le paravent?
Alice — Qu'est-ce qui les oblige à demander l'hospitalité à un
particulier?
Aleth Delorme
Joyeux anniversaire
— Pourquoi la vie paraît-elle belle à Élisabeth quand elle
pense à son anniversaire?
— Quelles déceptions Élisabeth a-t-elle pendant la journée?
— Comment Elisabeth comprend-elle son erreur?

66 67
Boum — Comment l'encourage-t-elle?
— A partir de quel moment comprend-on qu'il s'agit d'un — Le jour de la finale, Vincent ne se montre-t-il pas
rêve? pourquoi? ingrat, injuste?
— La fin et le début de ce récit ne se ressemblent-ils pas? — Quelles sont les raisons de son attitude? Quand com-
— Quelle différence y a-t-il pourtant? prend-il ce que Claire a fait pour lui?

C'était le 24 décembre Le rallye


— Qu'est-ce qui fait croire à Mathieu qu'il n'est « bon à — Pourquoi Jacques demande-t-il à son père d'acheter les
rien » ? trois 4 CV?
— Comment le directeur de la chorale s'y prend-il pour — Peut-on dire que Jacques et Paul ont été prudents au
montrer à Mathieu qu'il n'est pas bon à rien? cours de ce rallye?
— Entre gagner le rallye et risquer de le perdre, qu'ont-ils
Surprise de Noël choisi? Pourquoi?
— Patrick a-t-il eu une bonne idée de vouloir offrir Mous- — Que pensez-vous de leur choix?
tique à sa maman comme cadeau de Noël? Pourquoi?

Cadavre en vacances Cléo


— Pourquoi Jérôme travaille-t-il pendant les vacances de
— Pourquoi le policier demande-t-il à la demoiselle de le
Pâques?
suivre?
— Quelle mauvaise surprise l'attend chez le marchand?
— Qu'est-ce qui fait croire à la police que les jeunes gens
ont tué quelqu'un?
— L'emploi d'un mot à la place d'un autre peut avoir par- Le déjeuner sur l'herbe
fois des conséquences désagréables; montrez que les jeunes
— Pourquoi Isabelle et ses cousins décident-ils d'organiser
gens l'ont bien compris. un pique-nique?
— Quel menu compose ce délicieux repas?
Une petite faute — Catherine pense que Jacques n'aime pas les pique-
— Quelle différence y a-t-il entre Georges Delage et niques; est-ce aussi votre avis? Pourquoi?
Philippe Ledoux?
— Quelle faute permet à la police d'identifier le voleur?
Départ en vacances
Balle de match — Alice écrit que ses frères ne sont bons à rien. Quels
— Pourquoi Claire Cognet, la meilleure joueuse de tennis du détails nous le montrent?
club, se donne-t-elle beaucoup de mal pour que Vincent — Ce départ en vacances n'est pas très réussi! Qu'aurait-il
devienne un bon joueur? fallu pour qu'il le soit?

68 69
• MOTS DIFFICILES Bonnet Carreaux (nappe à)
on porte un bonnet pour ne
pas avoir froid à la tête, en
Abandonner Arbitre hiver.
laisser, quitter un lieu, une dans un match, l'homme qui
Boudin
personne. juge les autres joueurs.
est fait avec du sang et de la
Abîmer Ascenseur
graisse de cochon. Carrefour
mettre en mauvais état. un appareil qui sert à monter et
l'endroit où des routes, des
Adjugé à descendre les personnes dans Bouger
chemins, des rues se ren-
dans une vente en public, les une maison à plusieurs étages. remuer.
contrent. On dit aussi un croi-
acheteurs crient chacun à leur Assurance Bougie sement.
tour le prix qu'ils veulent bien en France, comme dans pres- autrefois, on s'éclairait avec des Chaise longue
payer pour les objets mis en que tous les pays, on n'a pas le bougies.
vente; le vendeur dit a adjugé n droit de conduire une automobile
pour montrer qu'un objet est sans assurance. Pour cela, il Bricoleur
vendu à la personne qui a offert faut payer chaque année une quelqu'un qui aime faire des
le prix le plus élevé. certaine somme à un organisme petits travaux avec ses mains
Admirer appelé compagnie d'assurances (menuisier, électricien...) quand
regarder avec plaisir quelque il a un moment de libre. Championnat
qui se charge de payer les dé-
chose ou quelqu'un qu'on trouve penses quand on a un accident. épreuve sportive.
Briller Chef-d'œuvre
beau. Attaquer donner une forte lumière : ex : quelque chose de très bien fait.
Ailleurs frapper le premier. le soleil brille. Ex : un très beau morceau de
dans un autre lieu, un autre Avoir lieu
endroit. Cadavre musique, un tableau très réussi
l'exposition 70 a eu lieu à Osaka.
Ange corps d'un homme ou d'un ani- sont des chefs-d'oeuvre.
Baccalauréat
mal mort. Circuler
comme de beaux enfants avec à la fin des 7 années passées
des ailes d'oiseau. aller et venir d'un endroit à un
dans un lycée, il faut se présen- Cadeau
Anniversaire autre.
ter à l'examen du baccalauréat. faire un cadeau à quelqu'un
Élisabeth a 16 ans aujour- Club
Bagages c'est lui donner quelque chose
d'hui : c'est le jour de son (mot anglais) des gens qui se
ce que l'on emporte quand on (un livre, un disque, etc.) pour
anniversaire. réunissent en dehors du travail
fait un voyage. lui faire plaisir.
Annonce pour faire les mêmes choses.
Boisson
Cage Ex : club de tennis, un club de
quelque chose que l'on fait ce que l'on boit : l'eau, le vin,
les oiseaux que l'on élève à la joueurs.
savoir à tout le monde par la la bière sont des boissons.
maison vivent dans une cage. Colonne
radio, les journaux. Bonbons
Anorak sont faits avec du sucre. Les en- Car
une veste courte avec un capu- fants les aiment beaucoup. parce que
chon, portée surtout par les Bonheur Caresser
skieurs. lorsqu'on est heureux, on a du passer doucement la main sur
Antiquités bonheur; contraire : le malheur, un enfant, un animal ou une
objets anciens la mauvaise chance. chose parce qu'on l'aime bien.

71
Concert Diriger Équipe Horloge
des morceaux de musique joués conduire quelque chose ou quel- est un groupe de personnes qui marque les heures.
par des musiciens en public. qu'un, faire aller d'un côté ou travaillent, jouent ou font du
Costume d'un autre — ex : diriger la cir- sport ensemble sous la direction
habit. culation. d'un chef — ex.: une équipe d'ou-
Courant vriers, une équipe de joueurs. '0 ^
Disparaître
mouvement de l'eau dans une
ne plus être visible (visible : que Étrange s--72
certaine direction.
l'on peut voir), ex.: le soleil a que l'on n'a pas l'habitude de Hôte
Crèche disparu derrière les montagnes. voir ou d'entendre, qui étonne. celui qui reçoit chez lui.
endroit où l'on met ce que
Disputer (se) Expérience
mangent certains animaux de la Huîtres
se dire l'un à l'autre des mots on fait une expérience pour étu-
ferme (bœufs, vaches, chevaux). on élève les huîtres dans la mer.
désagréables. dier ou montrer quelque chose.
La crèche de Noël représente Identifier
Ex : le professeur de chimie fait
en tout petit où Jésus est né. Distraction Identifier une substance, c'est
une expérience pour montrer
Créer manque d'attention. comment se forme l'oxygène. découvrir comment elle est for-
trouver et faire quelque chose Éclater mée, connaître sa nature.
Extraordinaire
de nouveau. faire tout à coup un grand bruit. une chose extraordinaire est une Imaginer
Débrouillard
Encombrement chose étonnante que l'on ne trouver dans son esprit, se repré-
qui arrive toujours à s'arranger, lorsque beaucoup de voitures se voit pas souvent. senter quelque chose dans son
même quand ce n'est pas facile. trouvent en même temps dans Fabriquer esprit. Imaginer une nouvelle
Débrouiller (se) un même endroit, à un carrefour façon de peindre.
faire des objets.
s'arranger comme on peut — On par exemple, et qu'elles ne
se débrouillera, on fera comme Faire connaissance importe quoi (n')
peuvent plus avancer, il y a en-
on pourra. voir, rencontrer une personne Élisabeth ne connaît pas la ré-
combrement.
et lui parler. ponse à la question posée par le
Déclarer Enterrement
Finale professeur. Elle répond quelque
faire savoir. quand on met un mort dans la
c'est dans un championnat la chose, n'importe quoi (sans pen-
Découvrir terre, devant sa famille et ses ser, sans faire d'effort).
dernière partie jouée par les
voir ou trouver quelque chose amis, on fait son enterrement.
deux équipes où les deux joueurs Infirme
que personne encore ne connais- Entier qui ont été gagnants. qui ne peut pas se servir d'un
sait. le monde entier : tous les pays (demi-) finales
Dès membre ou d'un organe impor-
du monde. sont les parties jouées avant la
ce mot permet de dire à partir tant. Un aveugle, un sourd sont
Entraînement finale — Les joueurs vainqueurs des infirmes.
de quand une chose a commencé des demi-finales jouent la finale.
pendant de nombreux jours, le
— Ex : il est parti dès le lever du coureur fait beaucoup de kilo- Interrogation (écrite)
Foie gras
soleil. mètres pour se préparer à questions auxquelles les élèves
comme les huîtres, il est très
Désolé l'épreuve de course. bon à manger mais il coûte très doivent répondre par écrit.
très triste. cher.
Épouser Inventer
Détruire se marier. Jeanne épouse Pierre, Gars trouver par l'esprit quelque chose
démolir. Jeanne se marie avec Pierre. jeune homme. de nouveau.

72 73
Obéir Phrase
Inviter ' Magnifique
très beau. faire ce que l'on vous commande. est un groupe de mots (placé
demander à quelqu'un de venir —
Le soldat doit obéir à son chef. entre deux points) présentant
inviter des amis à la maison. Match
Objet une idée.
Ivoire une partie jouée entre les spor-
tifs de deux équipes. une chose que l'on peut voir, Pique-nique
les dents de l'éléphant sont en
toucher. Une chaise, une assiette, un repas pris dehors, sur l'herbe,
ivoire. Mélomane
un crayon sont des objets. à la campagne ou sur la plage au
Joyeux est celui qui aime beaucoup la
musique. OEuvre bord de la mer.
qui a de la joie.
le résultat d'un travail — pour
Melon Plage
Jus un sculpteur, les oeuvres sont
est un fruit sucré. la partie du bord de la mer qui
liquide qui sort des fruits lors- des sculptures, pour un peintre
Menu est très près de l'eau. Ex. : Les
qu'on les écrase ou de la viande des tableaux, pour un écrivain
sur un menu il y a les noms de enfants s'amusent beaucoup sur
lorsqu'on la fait cuire. des livres.
tout ce que l'on mange dans un les plages de sable.
Képi Partenaire
repas. Plaque
celui ou celle avec qui on joue.
Méthode un morceau de métal, de bois,
façon d'enseigner. Patience etc., mince et plat. C'est une
qualité de celui qui est patient, plaque de verre recouverte d'un
Métro
qui sait attendre. produit. Cette plaque placée
dans certaines grandes villes
(Paris, New York, etc.) petit Paysage dans un appareil permet de faire
Klaxon ce que l'on voit dehors (les une photo.
train de 6 ou 8 wagons qui
sur les automobiles un appareil arbres, les champs).
roule le plus souvent sous terre.
qui sert à faire du bruit pour Portier
Mignon Permis de conduire
prévenir d'un danger — le chauf-
ce qui est petit et joli à voir; une carte établie par l'adminis-
feur de taxi donne un coup de
ex : un enfant mignon. tration qui donne le droit de
klaxon pour faire comprendre à
conduire les automobiles. Pour
quelqu'un qu'il peut se faire Minerai avoir ce permis, il faut passer un
écraser. / le métal comme on le trouve examen.
Laboratoire dans le sol, mêlé à de la terre, Postes (du rallye)
Perroquet
l'endroit où les savants font leurs des pierres, etc. ici, les différents endroits où
un oiseau aux plumes colorées
expériences en se servant de nom- Modèle l'on marque le passage des voi-
qui vit en Océanie, en Amérique
breux appareils. une chose qui sert d'exemple ou en Afrique. Le perroquet peut tures.

Lendemain (le) pour en faire d'autres pareilles. apprendre certains mots de la Pouvoir
le jour suivant. Nappe langue des hommes. ce qu'on peut faire.
un morceau de tissu qui couvre Personnage
Licence Prévenir
la table où l'on mange. une personne connue de nous
quand on fait des études dans dire à quelqu'un une chose
une université, on essaie d'avoir Nouvelles par ce qu'elle a fait d'impor-
avant qu'elle arrive.
une licence. On passe différents ce que l'on écrit ou dit à quel- tant. Ex : les personnages d'his-
examens et après 2 ou 3 ans, si qu'un pour faire savoir comment toire (et aussi une personne d'un Prévu
tout est bien, on est licencié. on va. roman ou une pièce de théâtre). qui doit avoir lieu.

74 75
Problème teurs doivent répéter leur rôle S'ennuyer Soupirer
une question difficile à laquelle il plusieurs fois. ne pas savoir quoi faire. Quand respirer longuement et fortement
faut essayer de répondre. Ici les Réunir (se) on s'ennuie on trouve le temps quand quelque chose ne va pas,
élèves ont un problème à faire. se mettre ensemble. long. quand on est triste, quand on a
Projet Rêve des ennuis.
Set
ce qu'on veut faire. les images qui se présentent à (mot anglais) une partie de Souris
Proportion l'esprit quand on dort. Ici ce que tennis se joue en 3 ou 5 sets (ou petit animal ressemblant beau-
rapport entre deux choses. l'on voudrait voir arriver. manches). Pour gagner un set, coup à un rat.
Ridicule un des joueurs doit gagner 6 Souvenir
Prudent
qui fait rire. On rit quand on se jeux et avoir au moins 2 jeux le retour à l'esprit d'une chose
qui fait attention quand il y a
moque de personnes ridicules. de plus que son partenaire. passée.
du danger.
Rive Souvenir (se)
Raide Sévère
le bord d'un lac ou d'une ri- se rappeler, garder dans son
qui n'est pas facile à plier. très sérieux, qui ne sourit pas.
vière. esprit. Il se souvient du temps
Une personne sévère est tou-
Rallye passé. Il se rappelle le temps
Rochers jours prête à juger et à punir.
une course de voitures ayant sont de très grosses pierres. Il y passé.
lieu sur les routes d'un ou plu- Sifflet Substance
en a au bord de certaines côtes
sieurs pays; des pilotes doivent et dans les montagnes. ce qui forme un corps. Une sub-
rouler à une certaine vitesse, se stance peut être gazeuse, li-
Salade
présenter à différents postes, quide ou solide.
herbe ou légume qu'on mange
etc.
avec du sel, de huile et du Succès
Recherches vinaigre. un chanteur que tout le monde
les travaux des savants pour a écouté et qui fait beaucoup
Sandwich Singe
essayer d'expliquer ou de trou- de disques est un chanteur qui a
(mot anglais). Si vous mettez les singes vivent dans les pays
ver quelque chose que l'on du succès.
du fromage entre deux morceaux chauds : Afrique, Asie, Amérique
connaît encore mal ou pas du
de pain vous faites un sandwich et même Europe (Gibraltar). Surprise
tout.
au fromage. chose à laquelle on ne s'atten-
Récompense dait pas et qui étonne — un
Sauf
ce que l'on donne à quelqu'un montre qu'une personne ou une cadeau que l'on fait à quelqu'un
qui a bien travaillé ou qui a chose ne fait pas partie d'un est une surprise.
rendu service — ex : l'auteur du ensemble. Tant pis
meilleur devoir recevra un livre
Savant c'est malheureux, mais on ne
en récompense. Soin (avec)
personne qui a beaucoup étudié peut rien y changer. Ex : « J'ai
Remercier et sait beaucoup de choses. en faisant bien attention pour perdu en jouant aux cartes, tant
dire merci. Pascal, Newton étaient des avoir un bon résultat. Un tra- pis. » (Contraire : tant mieux.)
vail fait avec soin : fait le mieux
Répéter savants. Tenir compagnie
possible.
dire ou faire plusieurs fois la Scène rester près de quelqu'un pour qu'il
même chose. Avant de présenter partie du théâtre où jouent les Souffler ne s'ennuie pas. Un chien peut
un spectacle au public, les ac- acteurs. mettre de l'air en mouvement. tenir compagnie à une personne.

76 77
Tire-bouchpn entrer à l'université. On les
ce qui sert à déboucher une bou- appelle alors des étudiants. Ils y
teille. étudient par exemple le droit, ou
Toilette les langues, ou les sciences, ou la
faire sa toilette, se laver. médecine, etc.
Tour Vague Table des matières
mouvement de la mer. Quand il
fait beau, il n'y a pas beaucoup
de vagues mais par mauvais
temps, il y en a beaucoup et
elles sont très hautes. Préface 3
Tout à coup Vainqueur L'effort récompensé
ce mot permet de dire que quel- celui qui a gagné un champion- Victoire d'équipe 5
que chose arrive sans qu'on s'y nat, une bataille, etc. Le vain- Deux vies pour la science 9
attende, qui étonne : il courait, queur d'une course est celui qui
tout à coup, il tombe.
Le Gourdi 13
arrive le premier.
Trace Victoire
Rions un peu!
ce qu'une personne, un animal c'est le fait d'avoir gagné, Le paravent 18
ont laissé en passant et qui per- d'être le plus fort. Le sportif qui Joyeux anniversaire 22
met ensuite de les reconnaître. arrive le premier dans une Boum! 25
Traîner les pieds course, celui qui saute le plus Joyeux Noël
marcher sans lever les pieds. haut ou le plus loin a la vic-
Traiter
C'était le 24 décembre 28
toire.
ici, c'est faire différentes opé- Vinaigre
Surprise de Noël 32
rations sur un corps pour garder est un liquide piquant fait, en Aventures policières
seulement les substances que l'on principe, à partir de vin. Cadavre en vacances 36
cherche. Visiter (un lieu) Une petite faute 40
Trembler s'y promener en regardant tout Vive le sport!
quand un homme tremble de avec attention.
Balle de match 43
froid ou de peur ses bras et ses Vitrine
jambes ont des petits mouve- ici, le devant d'un magasin qui
Le rallye 48
ments rapides qu'il ne peut arrê- donne sur la rue par une grande Partons en vacances
ter. vitre. Dans la vitrine, les mar- Cléo 53
Uniforme chands placent toutes sortes Le Déjeuner sur l'herbe 58
costume que portent certaines d'objets à vendre. Départ en vacances 62
personnes quand elles font leur Voix
service (les soldats, les poli-
Questions 67
bruit que l'homme fait pour
ciers, etc.). se faire comprendre, quand il
Mots difficiles .70
Université parle ou quand il chante. On
s'ils ont réussi à passer le bacca- aime écouter les chanteurs qui Dessins de Tibor CZERNIUS.
lauréat, les jeunes gens peuvent ont une belle voix.

78
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