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1. Introduction et fondements théoriques
La satisfaction au travail est généralement conceptualisée
comme la résultante de la congruence entre deux dimensions,
les attentes c'est-à-dire les représentations qu'a l'individu de ce
que doit ou devrait être son travail, et le travail vécu c'est-à-dire
les représentations qu'a l'individu de ce qu'est son travail
(Edwards, 1991 ; Ripon, 1983 ; Scarpello & Campbell, 1983).
Plus faible est la distance entre ces deux dimensions, plus il y a
congruence, et plus la satisfaction est importante. A l'inverse,
plus l'écart entre ces deux dimensions est grand, plus il y a
incongruence, et plus l'insatisfaction augmente.
Différents niveaux de satisfaction au travail peuvent être
distingués : la satisfaction globale, correspondant à la
satisfaction vis-à-vis du travail dans sa globalité mais aussi la
satisfaction vis-à-vis des différents déterminants, c'est-à-dire
des aspects qui composent le travail. Depuis la théorie bi-
factorielle d'Herzberg (1978), les déterminants sont
généralement classés en deux catégories : les facteurs
intrinsèques liés à l'activité de travail elle-même (ex : intérêt du
travail, autonomie), et les facteurs extrinsèques liés à
l'environnement dans lequel cette activité se réalise (ex : salaire,
conditions de travail).
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l'analyse de la satisfaction au travail doit nous permettre de
répondre à la question : sur quoi agir prioritairement pour que le
travail convienne mieux aux aspirations de celles et ceux qui
l'exercent ?
On justifie généralement auprès des managers et chefs
d'entreprise le fait de chercher à augmenter la satisfaction /
diminuer l'insatisfaction par le fait que cela entraînera des
conséquences positives sur l'efficacité et la productivité au
travail. Effectivement, la satisfaction au travail diminue le turn-
over (Tett & Meyer, 1993) et l'absentéisme (Yates & Jones,
1998) mais ce n'est jamais le premier facteur explicatif : le turn-
over dépend d'abord des conditions économiques et de la
possibilité de retrouver un emploi, tandis que l'absentéisme est
d'abord conditionné par les normes subjectives, à quel point est-
il admissible ou non dans un collectif de travail donné d'être
absent. On peut faire le même constat sur le lien entre
satisfaction et performance qui est relativement faible dans la
plupart des études réalisées (Iaffaldano & Muchinsky, 1985).
Comment expliquer la faiblesse de ces liens ? Si la satisfaction
au travail favorise effectivement la performance, on a cependant
nombre d'exemples dans le monde du travail qui témoignent du
fait qu'il est possible d'obtenir la performance sans satisfaction
(les centres d'appels en sont peut-être l'exemple le plus
emblématique). Par conséquent, au delà de conséquences
positives éventuelles, c'est d'abord parce que l'analyse de la
satisfaction au travail doit s'inscrire dans les pratiques à mettre
en place par l'employeur pour répondre à l'obligation de résultat
en matière de santé au travail (article L4121-1 du Code du
Travail) qu'elle doit être mise en œuvre.
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3. Comment mesurer la satisfaction au travail ?
3.1Entretiens ou questionnaires ?
Le premier choix à effectuer lorsque l'on a pour objectif
de mener une analyse de la satisfaction au travail, est celui entre
l'utilisation de questionnaires et l'utilisation d'entretiens (la
plupart du temps semi-directifs). L'analyse quantitative peut
s'avérer nécessaire pour plusieurs raisons (Aguinis, Henle &
Ostroff, 2001 ; Spector, 2001). Premièrement, pour avoir une
vue d'ensemble sur des échantillons de grande taille et pouvoir
s'adresser à l'ensemble de la population visée, l'entretien étant
nettement plus chronophage pour l'enquêteur comme pour les
individus au travail (King, 2004). Ensuite, pour quantifier plus
aisément les phénomènes observés (ce qui est souvent une
demande des entreprises). Enfin, et surtout, pour questionner
l'ensemble des aspects du travail des individus et réduire ainsi
les risques d'obtenir une vue partielle ou partiale. Lorsque l'on
procède par entretien peu directif, les éléments qui ressortent de
l'analyse sont ceux que la personne a à l'esprit à ce moment-là ;
il existe donc un risque important d'omission et une forte
dépendance aux évènements qui précèdent immédiatement
l'entretien (biais attentionnels). De plus, la personne peut
volontairement ne pas aborder certains aspects durant l'entretien
(biais motivationnels), tandis que dans le questionnaire on
demandera aux répondants de se positionner sur l'ensemble des
aspects de leur travail. Cela ne signifie pas pour autant que le
questionnaire est un outil parfait, notamment, parce qu'il oblige
à des réponses univoques, là où les attitudes sont souvent plus
polydoxes et nuancées que la simple réponse à des échelles
Likert ne le laisse penser (King, op.cit. ; Spector, op.cit.).
Si on fait le choix de l'utilisation de questionnaires,
plusieurs types de mesure sont à disposition. Nous traiterons
des mesures directes dans un premier temps puis des mesures
indirectes dans un second temps.
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3.2 Mesures quantitatives directes de la satisfaction
au travail
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validité de contenu de ces outils de mesure (Aguinis & al,
2001): l'exhaustivité et la pondération des déterminants.
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& Anker, 2002 ; Spector, 1997). En intégrant ces déterminants,
on pourra obtenir un questionnaire de base commun à
l'ensemble des activités professionnelles. Cependant, il sera
également nécessaire d'adapter le questionnaire au métier
examiné pour être réellement exhaustif. Par exemple, si l'on
mène une analyse de la satisfaction au travail auprès des
enseignants du secondaire, il conviendra d'introduire des items
sur les relations avec les élèves et leur famille.
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validité de telles corrélations. Il sera donc préférable de mesurer
directement l'importance accordée aux déterminants par chaque
individu, en établissant des mesures composites pondérées.
3.2.4 Préconisations
La plupart des questionnaires de satisfaction validés
existant intègrent un nombre trop restreint de déterminants
(Parker & Wall, 2001). Pour obtenir une mesure exhaustive de
la satisfaction au travail on pourra utiliser la traduction
française du MSQ version courte (Roussel, 1996) et y ajouter
les items de l'IST (Larouche, 1975) qui ne s'y trouvent pas :
communication interne, participation aux décisions, équité
perçue, modalités d'évaluation du travail, etc.. On mènera
également des entretiens préparatoires avec des membres du
personnel de l'entreprise considérée pour identifier et intégrer
les aspects du travail spécifiques au métier examiné. Enfin, on
pourra également ajouter un cadre "remarques et suggestions"
pour compenser la perte d'information liée à l'utilisation
d'échelles Likert et permettre aux répondants d'apporter des
nuances. Pour établir la pondération des déterminants, on
introduira une mesure de l'importance accordée aux
déterminants portant sur les mêmes items que ceux du
questionnaire de satisfaction, mais posant cette fois-ci la
question de l'importance accordée à chaque aspect, de tout à fait
secondaire à tout à fait prioritaire. On pourra utiliser un indice
de pondération permettant d'augmenter la validité de la mesure
composite de satisfaction au travail. Cette méthode est
relativement coûteuse, à cause de la nécessaire adaptation au
métier examiné et du double-questionnaire (satisfaction +
importance), mais elle est nettement plus informative et a priori
plus valide (des études sont actuellement menées pour évaluer
le gain de validité concourante suite à l'introduction de la
pondération dans les mesures composites).
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3.3 Mesures indirectes de la satisfaction au travail
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du modèle théorique, ou proviennent-ils d'insuffisances au
niveau de l'opérationnalisation ?
On peut en effet faire plusieurs remarques au niveau de
l'opérationnalisation. D'abord il y a nécessité de distinguer les
différents types de congruence et d'incongruence, ce que ne font
pas la plupart des indices présentés ci-dessus. Car si la
congruence entre des attentes élevées et une perception positive
de la situation est effectivement vectrice de satisfaction, la
congruence entre des attentes faibles et une perception négative
de la situation n'entraîne pas de satisfaction : d'aucuns peuvent
considérer leur salaire secondaire, ne vont pas pour autant se
satisfaire de percevoir un mauvais salaire. De la même façon, si
l'incongruence entre des attentes élevées et une perception
négative de la situation est effectivement porteuse
d'insatisfaction, l'incongruence entre des attentes faibles et une
perception positive de la situation ne provoque pas
d'insatisfaction : d'aucuns peuvent considérer leur salaire
secondaire, ne vont pas pour autant être insatisfait de percevoir
un bon salaire. D'autres limites se situent au niveau de
l'opérationnalisation des deux dimensions elles-mêmes.
L'importance accordée aux déterminants ne correspond pas aux
attentes vis-à-vis de ce déterminant. Prenons une fois encore
l'exemple du salaire. Les attentes vis-à-vis du salaire
correspondent au montant que l'individu veut percevoir, qu'il va
comparer au montant qu'il perçoit effectivement, et déterminer
en fonction de l'écart s'il en est satisfait ou non. L'importance
accordée au salaire n'entre pas directement dans la comparaison,
mais détermine l'impact du niveau de congruence sur cet aspect
sur le niveau de satisfaction ou d'insatisfaction globale. La
formule mathématique exprimée par Ripon (1983) permet de se
représenter efficacement la différence entre les attentes (A) et la
valence (V), ou l'importance des déterminants : S = 1 - ∑ [(A –
O) * V]. Les outils tels que le MIQ ne mesurent pas (A – O) * V
mais (V – O). Des remarques similaires au niveau des
perceptions du travail vécu : pour pouvoir répondre vrai ou faux
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à des items tels que "j'ai de bonnes conditions de travail" ou "je
trouve que mon travail est intéressant" (traductions d'items du
MJDQ), l'individu doit activer ses représentations, ses attentes
de ce qu'est pour lui un travail intéressant et les comparer à son
vécu de travail. Ces items ne constituent donc pas une simple
mesure des perceptions (O), mais déjà une mesure de
congruence subjective entre attendu et perçu (A – O). Une
preuve de ces défauts de construction est la très forte similarité
entre le MJDQ et le JDI, mesure directe de satisfaction au
travail. Une autre est que les mesures de perception du travail
seules sont au moins aussi prédictive de la satisfaction globale
(Jackson, Potter & Dale, 1998) que les indices de congruence.
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porte son attention sur son comportement (les réponses qu'il
donne au questionnaire) et tente de le réguler ; auto-emprise qui
va notamment dépendre du niveau de contre-emprise activé.
Ces mécanismes peuvent-être à l'origine d'un écart entre la
satisfaction / insatisfaction déclarée, mesurée, et la satisfaction /
insatisfaction réellement ressentie.
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de donner des réponses sincères, etc.. Mais bien évidemment, il
faudra interpréter avec prudence des mesures auto-rapportées
sur des questions de ce type (si les personnes n'ont pas répondu
en toute sincérité avant, il n'y a pas de raison qu'elles le fassent
au post-test). Les modalités de passation à éviter absolument
sont les passations en interne par le biais de la voie
hiérarchique, car dans ces conditions l'emprise et la contre-
emprise sont à leur paroxysme, et l'on ne pourra obtenir que des
réponses de façade. La passation hors l'entreprise (ex :
séminaires de cadres) peut diminuer la contre-emprise (Francès,
1983), mais peut également diminuer l'utilité perçue et
l'implication des répondants.
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