Vous êtes sur la page 1sur 8

CONCEPT CLES ANALYSE DE L’ACTIVITE

Georges SERRE

EC1 Concepts-clés
EC2 Analyse de l’activité
Evaluation sous forme de dossier à rendre (3-4 pages)

Concepts clés pour l'analyse de l'activité


Cette UE a pour but d'interroger les pratiques d'analyse de pratiques professionnelles mobilisées dans
la plupart des milieux de travail. Ces dernières sont généralement utilisées pour inciter les
professionnels à faire preuve de réflexivité responsable. Il s’agira de porter un regard critique sur ces
dispositifs afin d’interroger leur mobilisation dans les situations d’intervention. 
Après un travail de recensement puis de catégorisation des pratiques connues des étudiants, le but sera
de disposer d’une grille d’analyse susceptible d’aider les étudiants à interroger l’adéquation entre
objectifs recherchés et scénarios d’analyse de pratiques professionnelles.
Les concepts clefs empruntés aux sciences du travail (travail prescrit, travail réalisé, travail réel)
permettront de sensibiliser les étudiants aux interventions éducatives et formatives s’appuyant sur une
analyse préalable des activités professionnelles. Des exemples de dispositifs seront apportés

L’analyse sert à mettre de l’ordre, à découper le réel pour en avoir une analyse la plus fine.
Pour s’adapter à l’environnement

Le but de ce cours est de proposer des outils particuliers pour analyser le cadre professionnel.

Pour mieux voir


Etre performant et s’adapter aux situations
Pour jouer et se déjouer des phénomènes sociaux

Il y a toujours une focalisation, une réduction dans l’analyse ; l’analyse est partiale, aussi exhaustive
soit-elle.
Le 1er biais est soi-même car l’analyste ne peut pas rester indépendant de la situation d’analyse.
Laboratoire ACTE : 35 EC et 60 associés
Il faut qq fois déconstruire son expertise pour pouvoir la transmettre car ce n’est pas toujours
facile de la transmettre.

EXTERIEUR/PAIRS/SEUL/ 1 FOIS PAR AVANT/APRES


GRILLE D’ANALYSE MOIS /REGULIEREMENT
PROBLEME/REUSSITES ANALYSTE/COLLEGUE
OBSERVER/RACONTER

La meilleure méthode est d’analyser les réussites. Cela permet de gagner du temps et de
reproduire les réussites. Le travail est structuré autour de chaînes ou habitudes (habitus de
Bourdieu). Les chaînes structurent l’activité, constituent des repères, ce sont les colonnes vertébrales
de l’activité.
Les chaînes sont ce qui marche dans des habitudes de situation. Il faut être capable de reconnaître des
situations pour apprendre à les reproduire.
L’évaluation est ancrée sur le rapport à une norme, des critères, alors que l’analyse essaie de
comprendre ce qu’il s’est passé.
Statut des personnes : sachant/apprenant
Communautés de compassion entre professionnels qui développent des outils pour mieux vivre le
contexte et pas pour l’améliorer.
Il faut observer quels sont les acteurs, les enjeux.
Quand on est symétriques, on se comprend vite sans faire jouer la différence ; un observateur différent
peut faire bouger les lignes. Symétrie/asymétrie

TROIS MOTS CLES

1. Analyser
Avec son bon sens ou avec des concepts et des méthodes ; il faut des 2.

2. Activité
Les situations que nous avons évoquées sont des analyses de pratiques ; nous devons passer à l’analyse
de l’activité.
Définition : il faut se servir d’une activité pour en analyser une autre. Il faut essayer de se sortir de
l’activité pour déployer l’analyse.
C’est ce qu’on cherche à comprendre et à influencer… mais aussi l’outil de notre intervention.

3. Professionnelle :
On va essayer de conceptualiser le travail, qui a une dynamique, une vie. Un métier c’est 4
composantes.
Analyser une activité qui est aussi un travail présente-t-il des spécificités ? Lesquelles ? Qu’est le
travail, un métier ? On a une connaissance subjective et expérientielle du travail.
Le travail a une fonction psychologique, moteur, existentielle. C’est ce qui nous fait tenir. Pour mieux
se réaliser au travail, il faut développer des activités connexes. Il faut réfléchir aux écarts entre les
procédures et le travail tel qu’il se fait (adaptation).

Image 1 : cette photo montre que ce n’est pas la situation de travail habituelle (regard modifié). Quand
j’analyse une activité, il faut déterminer quelle part est due à ma propre présence et quelle part ne l’est
pas.
Rien n’est laissé au hasard dans les travaux où il y a une expertise fine. IL faut analyser l’activité dans
sa situation. Tout est ajusté. IL faut analyser l’acteur que l’on voit mais aussi la situation (poste de
travail, les outils, les gestes ?).
Quand on analyse une activité, un travail, il faut distinguer :
 L’activité productive, tout ce qui concerne l’acteur, lorsqu’il développe une activité pour
transformer le monde. Un bout de fer devient une lame de couteau.
 L’activité constructive : en transformant le monde, l’acteur est modifié par son action de
production, physiquement, intellectuellement, psychologiquement, moralement etc. Ces
transformations liées à l’activité constructive ont un impact sur l’activité productive et
inversement. Idée d’un cercle vertueux ou vicieux.
 Les deux activités ne sont pas égales : dans les activités de travail il y a plus de moyens où
on est engagés dans une activité productive et assez peu de moments où on est engagés dans
une activité constructive. Il y a peu d’occasions de capitalisation (objectif de l’activité
constructive), il y a dissymétrie. L’activité productive se voit, laisse des traces visibles, tandis
que l’activité constructive est difficilement mesurable.
 Les dérives opératoires : ce que les techniciens du travail définissent comme le moment où
les travailleurs sont tellement pris par le travail qu’ils n’arrivent jamais à prendre du temps
pour eux, pour essayer de prendre du recul pour faire autrement, mieux ordonner etc.

Yves CLOT, spécialiste français du travail affirme qu’un métier est vivant si les professionnels
acceptent de se disputer professionnellement. Le métier se travaille ainsi, s’améliore. Le mal du
travail aujourd’hui c’est que les disputes sont personnelles et non professionnelles.
Les malentendus sont souvent source de dispute personnelle alors qu’ils portent souvent sur l’activité
professionnelle.

Il y a des moments où l’on fait le travail et d’autres où on le dit. Etre capable de le dire, c’est prendre
le pouvoir sur lui, commencer à en être acteur, transformer la façon dont on le fait (façon dont il faut le
faire). Il faut avoir la possibilité de le transformer pour que le travail soit tenable.
LES DEUX DERNIERS CONCEPTS CLEFS
Activité productive et activité constructive
Produire et se construire en retour (rapport entre faire et apprendre)
En agissant, un sujet transforme le réel; mais en transformant le réel, il se transforme lui-même. Et
ces deux sortes d’activités, productive et constructive, constituent un couple inséparable.
L’activité productive est une activité de réalisation de tâches, visant à atteindre des buts.
Le cadre temporel de ce versant de l’activité est le plus souvent bref et bien délimité (quelques
secondes à plusieurs mois).
Il est possible de l’observer directement.
L’activité constructive est orientée vers le développement de la personne, son évolution, la
reconfiguration des ressources et des situations et milieux de vie du sujet.
Le cadre temporel est totalement différent : c’est le moyen et le long terme. Ce qui est visé, c’est
le futur (projection). Son horizon est le travail sur le sujet qu’il est en train de devenir, qu’il
prépare à s’engager à d’autres activités, et qui sera aussi, peut-être, une autre personne…
« Activité et apprentissage sont indissociables. On parle à ce propos d’activité productive et
d’activité constructive. Cette distinction a été reprise par Rabardel et Samurçay : en agissant, un
sujet transforme le réel; mais en transformant le réel, il se transforme lui-même. Et ces deux sortes
d’activités, productive et constructive, constituent un couple inséparable.
Mais il faut noter deux choses : dans le travail, le but de l’action est l’activité productive ; et
l’activité constructive n’est qu’un effet, qui n’est généralement ni voulu ni conscient.
Pastré, 2006
« Pour tout dire, rien ne serait possible sans la conceptualisation.
Mais la conceptualisation sous-jacente à l’action ne se suffit pas toujours à elle-même… elle est
profondément transformée lorsqu’elle est explicitée, débattue, et organisée en un système
cohérent de concepts, de principes et d’énoncés, c’est-à-dire lorsqu’elle prend une forme
théorique ».
Vergnaud, 1996

Pour faire une analyse du travail, après la phase d’observation, il faut interagir avec le travailleur, le
faire parler.

 Le but : dans l’analyse de l’activité il va falloir systématiquement chercher à attraper le but.


 Le compromis : un travail est ce qu’on essaie d’approcher car il résiste toujours et, qq soit le
choix que l’on va faire, en général, on reste dans un entre-deux, on n’est jamais sûr à 100% de
l’avoir fait correctement.
 Les choix : dans toutes les activités, on fait des choix. Il faut donc faire attention aux choix
dans l’analyse des situations de travail.

UNE ACTIVITE QUI EST UN TRAVAIL

 Qu’est-ce que le travail a de particulier ?


« Un travailleur sérieux ne fait jamais ce qu’on lui demande de faire ». Constat fait par les
pionniers de l’analyse du travail.
Notions à connaitre : taylorisme, le LIN et l’analyse du travail dans sa tradition française.
Le taylorisme est un regard scientifique sur le travail pour le rendre plus productif. Division
du travail en tâches (Charlie Chaplin Les temps modernes). Divisons scientifique du travail en
définissant des tâches simples pour mieux contrôler le travail et augmenter l’efficacité, la
performance donc la productivité. Idée de standardisation des tâches.
Dans le taylorisme, on s’est aperçu que le travailleur ne faisait jamais ce qui lui était demandé
donc il faut gommer l’écart par la division du travail en séquences. Solution : soit on le
remplace par une machine quand c’est possible, soit on contrôle le travailleur quand la
machine ne peut pas le remplacer.
Au même moment, dans l’espace francophone, partant du même constat, on s’est intéressé aux
raisons pour lesquelles le travail déviait de ce qui lui était demandé. Construction d’une
analyse du travail basée sur ce constat.

5 CONCEPTS CLEFS
 Travail prescrit : si les acteurs ne font pas le travail prescrit, c’est qu’il doit y avoir
différentes dimensions dans le travail. Ils ont procédé à une classification, après
observation.
Types de prescription : cahier des charges, protocoles médicaux, procédures, bulletins,
manuel d’utilisation, protocole sur le protocole, feuille de route, référentiels, plan de vol,
fiche de poste, le contrat de travail etc. On peut s’appuyer sur ces prescriptions qui
renseignent sur ce qui est demandé au travail.

 L’activité réalisée : regarder les usages peut permettre de mettre de l’ordre dans la
prescription (c’est un des buts de l’analyse de l’activité, y mettre de l’ordre, l’ajuster).
 Conception continuée dans l’usage : les prescriptions évoluent. Avec l’intelligence des
métiers, avec l’évolution des connaissances. C’est de la conception continuée dans
l’usage : on continue à concevoir les outils en les regardant être utilisés.
 Activité réelle : elle ne se laisse pas voir facilement. Le travail réel n’est pas directement
observable. Description en creux. Les activités empêchées : ce que l’on voudrait faire et
qu’on ne peut pas faire, les activités qui restent en suspens, sont différées parfois. En étant
immergé dans la situation de travail, des possibles sont ouvert qui peuvent évoluer, se
produire ou pas. Trop d’activités empêchées occasionnent de la frustration, de la tension.
Pas assez d’activité empêchée crée de la facilité, de la routine. S’il y en a un peu, ça tient
le métier et le travailleur en vie. Il faut que le travail résiste mais pas systématiquement,
au risque de créer des troubles (musculo-squelettiques, psycho-sociaux…). Le travail c’est
à la fois ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. On comprend mieux le travail si on
commence à s’attacher à ce qui ne se voit pas. Ce qu’ils ont fait sans vouloir, ce qui aurait
pu être et qui n’a pas été, ce qu’ils auraient voulu faire sans arriver à le faire.
Le travail c’est l’écart entre les prescriptions, les procédures, le règlement, les modes
opératoires prescrits par les manageurs, le chemin qu’il faut suivre pour atteindre les objectifs.
Cet écart est irréductible. Aucun travailleur, sérieux, compétent, habile, expert, ne respecte ce
qu’il lui est demandé. Travailler c’est combler l’écart entre ce qui est prescrit et ce qu’il faut
faire pour atteindre au mieux les objectifs fixés. C’est ce qu’il faut ajouter aux prescriptions.

ACTIVITE A REALISER
Regarder la vidéo et décrire ce qui est en jeu.
Capsule vidéo d’instruction à venir

La conception d’outils est considérée comme un temps privilégié de développement des


compétences.

 ACCEDER A L'ACTIVITE : S'EXERCER


Préalable
Présenter à l'acteur la démarche et garantir à l'acteur le cadre de l'échange et l'anonymat.
Observer et/ou enregistrer
Il s'agit autant que c'est possible de constituer ou conserver des traces de l'activité ciblée.
Entretien de remise en situation
L'entretien se déroule immédiatement après l'action lorsque cela est possible, dans un lieu calme.
L'acteur est alors confronté au film de son action. Un questionnement est utilisé afin de guider
l'acteur dans le commentaire de son action. L'inciter à parler à la première personne, au présent et
à situer temporellement sa description : là, à ce moment là, je ...
Dans la situation de remise en situation, à l’activité de l’acteur qui dit ce qu’il fait (et
secondairement ce qu’il aurait pu ou ne pas faire en se voyant à l’écran), répond l’activité du
chercheur qui de son côté l’aide à décrire et s’assure d’une bonne compréhension.
Le but est d'amener l'acteur à expliquer ce qu’il fait (comportements, le verbal non-verbal) ou ce
qu’il voit ou ressent (focalisation de son regard, indices perceptifs), ce qu’il vise (buts), ce qu’il se
dit (interprétations, pensées), ce à quoi il se réfère pour agir (repères, connaissances, souvenirs de
situations passées).
 
ANALYSER PRATIQUES PROFESSIONNELLES: CATEGORISATION

LE TRAVAIL
Quelles clefs de lecture peut ont mobiliser pour appréhender le travail ? Une meilleure compréhension
du travail est susceptible de nous aider à mieux appréhender notre activité en tant que professionnel et
à appréhender l'activité des autres professionnels auprès desquels nous intervenons au quotidien. 
Les sciences du travail peuvent ici nous être utiles. Christophe Dejours, spécialiste de
psychodynamique du travail et de l'action, définit le travail comme l'effort déployé par les acteurs pour
tenter de combler l'écart irréductible entre le prescrit et le réel. 

LES DIFFERENTES CENTRALITES DU TRAVAIL

1. Le travail, écart irréductible entre le prescrit et le réalisé


# entre les procédures, règles, et le travail effectif. Le travail = écart entre les deux = travail réalisé.
Quand on exécute strictement les prescriptions, cela ne marche pas. La grève du zèle = cesser de faire
strictement ce qui est prescrit. Travailler c’est combler l’écart entre ce qui est prescrit et ce qu’il faut
faire pour réussir à atteindre au mieux les objectifs qui ont été fixés, c’est ce qu’il faut ajouter aux
prescriptions. Le réel du travail : c’est ce qui se fait connaître à celui qui travaille par sa
résistance à la maîtrise, au mode opératoire, aux habilités professionnelles, aux habilités
professionnelles. Travailler, fondamentalement, c’est faire cette expérience de l’échec. C’est au
moment où la maîtrise se dérobe que je suis en face du réel. Travailler c’est (1) tenter de combler
l’écart entre prescrit et réel, 2) faire l’expérience du réel, 3) être capable d’endurer cette expérience
de l’échec jusqu’à ce que je trouve la solution pour me permettre de le surmonter, 4) accepter de se
faire habiter par ce qui me résiste dans le réel. Le travail est donc une expérience affective i.e. l’échec,
qui engendre d’autres états affectifs (surprise, irritation, colère, déception, découragement, sentiment
d’incompétence, doute sur la réalité et sur soi-même). C’est de cette endurance (et la souffrance
qu’elle génère) que va naître la solution et le plaisir de la conquête, de la découverte.

2. La promesse du travail : se découvrir soi-même


Le travail et le hors travail ne sont pas disjoints et ne peuvent pas être interprétés l’un sans l’autre. Il y
a un bénéfice du travail (découvertes de ficelles) ; le travail n’est pas neutre. Le travail ce n’est pas
uniquement produire, c’est aussi se transformer soi-même ; on en sort plus intelligent, plus riche de
connaissances connexes, de nouveaux registres de sensibilité en naissent.
Le rapport au réel du travail peut faire naître le meilleur, l’accroissement de soi. Les fondations de ma
santé physique peuvent aussi s’améliorer grâce au travail (sensibilité…). A l’inverse, il peut y avoir
une injonction paradoxale : quand on bride l’expert, on lui demande de ne pas remettre en question
les consignes alors qu’elles ne sont pas adaptées. Commence un travail de sape de la subjectivité, une
érosion progressive de la personnalité, de l’image de soi, une dégradation de l’estime de soi, i.e. qqc
qui se réfère aux valeurs de l’éthique du travail bien fait, avec les conséquences de mon travail mal fait
sur mon environnement (prestataires, collègues, chefs, subordonnés etc.). Il n’y a pas de neutralité. Il y
a des limites, des assignations etc.
3. La question de la reconnaissance
Il y a un couple contribution-rétribution (morale, symbolique, qui prend la forme de la
reconnaissance). Cette reconnaissance passe par des formes matérielles (dont l’impact est lié à la
dimension symbolique), mais aussi par des formes symboliques.
Il y a d’emblée un jugement d’utilité du travail quand le contrat de travail est maintenu ; on reconnait
ainsi que mon travail utile (jugement d’utilité), et être utile est une question capitale pour la plupart
des individus. Pour ceux qui sont mis au placard, on voit bien que la dimension symbolique du travail
est importante.
4. Les rapports hommes-femmes

Modifié le: jeudi 3 décembre 2020, 14:41

GENRE PROFESSIONNEL et METIER


Qu'est-ce qu'un métier ?
1/ DES DISTINCTIONS PRESCRIT/REALISE/REEL... à la notion de GENRE
PROFESSIONNEL 
Je reprends et commente ici des extraits d'un article de Yves Clot et Daniel Faïta tiré de la revue
Travailler, numéro 4 (2000). Des idées clefs sont ciblées, les titres, les compléments, les passages
en gras visent à guider la lecture. J'ai volontairement simplifié, trouvé des titres qui permettent de
dialoguer avec les auteurs et leur définition de ce qu'est le genre professionnel 
Des distinctions à ne pas figer
Les distinctions traditionnelles entre prescrit, réalisé et réel sont utiles pour ne pas confondre ces
différentes dimensions du travail. Elles peuvent être "regardées" séparément, mais il pourrait y
avoir un risque à les cloisonner ou à les mettre dos à dos. C'est bien la relation, les écarts, les
dynamiques à l'oeuvre entre ces dimensions qui donnent toute sa richesse à une analyse du
travail. 
Selon Clot et Faïta : "il n’existe pas d’un côté la prescription sociale et de l’autre l’activité
réelle ; d’un côté la tâche, de l’autre l’activité ; ou encore d’un côté l’organisation du travail et
de l’autre l’activité du sujet. Il existe, entre l’organisation du travail et le sujet lui-même, un
travail de réorganisation de la tâche par les collectifs professionnels, une recréation de
l’organisation du travail par le travail d’organisation du collectif".
Ce travail de réorganisation de la tâche par les collectifs est ce qui permet de "faire vivre" le genre
professionnel 
Les auteurs, Clot et Faïta, ont tenté de cerner cet objet qu'est le genre professionnel "L’objet
théorique et pratique que nous cherchons à cerner, c’est précisément ce travail d’organisation
du collectif dans son milieu, ou plutôt ses avatars, ses équivoques, ses succès et ses échecs,
autrement dit son histoire possible et impossible. Il y a donc entre le prescrit et le réel un
troisième terme décisif que nous désignons comme le genre social du métier, le genre
professionnel, c’est-à-dire les « obligations » que partagent ceux qui travaillent pour arriver à
travailler, souvent malgré tout, parfois malgré l’organisation prescrite du travail. Sans
la ressource de ces formes communes de la vie professionnelle, on assiste à un dérèglement de
l’action individuelle, à une « chute » du pouvoir d’action et de la tension vitale du collectif, à une
perte d’efficacité du travail et de l’organisation elle-même".
Le genre : un filtre social, un intercalaire social, dynamique et tacite 
Ces évaluations communes, ces actions convenues, constitutives du genre pour être efficaces, sont
économiques et, le plus souvent, elles ne sont pas même énoncées. "Elles sont entrées dans la
chair des professionnels, préorganisent leurs opérations et leur conduite ; elles sont en quelque
sorte soudées aux choses et aux phénomènes correspondants. C’est pourquoi elles ne requièrent
pas forcément de formulations verbales particulières. Le genre, comme intercalaire social, est un
corps d’évaluations partagées qui organisent l’activité personnelle de façon tacite. On pourrait
écrire qu’il est « l’âme sociale » de l’activité".
Une mémoire impersonnelle : un répertoire des actes convenus
Ils sont les antécédents ou les présupposés sociaux de l’activité en cours, une mémoire
impersonnelle et collective qui donne sa contenance à l’activité personnelle en situation :
manières de se tenir, manières de s’adresser, manières de commencer une activité et de la finir,
manières de la conduire efficacement à son objet. Ces manières de prendre les choses et les gens
dans un milieu de travail donné forment un répertoire des actes convenus ou déplacés que
l’histoire de ce milieu a retenus.
La fonction prédictive du genre : "voir venir" le réel (sa complexité et son incertitude)
Car les genres momentanément stabilisés sont un moyen de savoir s’y retrouver dans le monde et
de savoir comment agir, recours pour éviter d’errer tout seul devant l’étendue des bêtises
possibles (Darré, 1994).
Le genre, on en parle beaucoup mais existe-t-il vraiment ?
Clot et Faïta nous disent que dire que le genre « existe » est un bien grand mot : " Car en un sens
tout le problème est là. En effet, l’existence de ces genres, qui définissent non seulement la façon
dont les membres du collectif doivent se comporter dans les relations sociales mais aussi les
façons de travailler acceptables, est extrêmement malmenée dans les organisations
contemporaines.
Peut-on "prendre soin du genre" dans le quotidien du travail ?
"Le travail d’organisation des collectifs eux-mêmes, ne serait-ce que par le temps qui lui est
accordé, est loin d’être encouragé comme il le faudrait, eu égard aux exigences des tâches.
Mieux, il n’est pas rare qu’il soit découragé dans l’organisation officielle du travail sous l’effet
des tyrannies variées du court terme (Clot, 2000 ; Clot et Fernandez, 2000). L’exercice des
métiers s’en voit considérablement compliqué, impossible qu’il est alors de s’accorder sur des
obligations partagées pour travailler, impossible de « s’entendre », le seul recours étant alors
trop souvent l’usage pathogène et nécrosé des idéologies défensives de métier bien décrites par
Dejours (1993)". Pour Yves Clot, lorsque la "dispute professionnelle" ne peut s'engager c'est les
conflits personnels qui s'installent.
Le genre est-il "vivant", évolue-t-il ?
Le genre est toujours transitoire. Il est un outil qui devient instrument pour l'acteur au moment où
ce dernier (en situation de devoir faire face au "réel") projette en lui des attributs, un fonction. Les
genres restent vivants par les usages que les acteurs en font. Ces usages sont des recréations
stylistiques. 
Peut-on voir le genre ?
Le genre "ne se voit pas". Lorsqu'on observe et analyse une situation de travail, chaque sujet
"interpose entre lui et le genre collectif qu’il mobilise ses propres retouches du genre". On parle
de style, on devrait dire de recréations stylistiques du genre. Pour le dire autrement, on peut par
l'observation et l'analyse n'avoir accès qu'à des usages du genre. 
Peut-on prendre des libertés avec le genre ?
Prendre des libertés avec le genre implique une fine appropriation de ce dernier. Pour le dire
autrement, il faut connaitre ses gammes avant de composer avec ces dernières et d'ajouter ses
propres variations.
Quelle relation un professionnel "doit-il" entretenir avec le genre ?
Plus un sujet a de points de contact avec des usages (des variations) du genre, plus riche et plus
souple est son maniement du genre. 
2/ LES QUATRE INSTANCES DU METIER
Lire le début du texte de Yves Clot jusqu'au paragraphe 20.
Ils sont numérotés dans l'article (ou pour le dire autrement lire les trois premières parties : les
désordres du travail ? / contre la tentation hygiéniste : la santé / qu'est-ce qu'un
métier?) https://journals.openedition.org/educationdidactique/106 Yves Clot, « De l’analyse des
pratiques au développement des métiers », Éducation et didactique, vol 1 - n°1 | 2007, 83-93.
Constituer autant que possible avec vos mots et en quelques lignes une définition de ce
qu'est un métier ? Lister les questions éventuelles qui se posent à vous à l'issue de ce
travail (un espace pour déposer la définition a été crée sur l'ENT) 

Vous aimerez peut-être aussi