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Georges SERRE
EC1 Concepts-clés
EC2 Analyse de l’activité
Evaluation sous forme de dossier à rendre (3-4 pages)
L’analyse sert à mettre de l’ordre, à découper le réel pour en avoir une analyse la plus fine.
Pour s’adapter à l’environnement
Le but de ce cours est de proposer des outils particuliers pour analyser le cadre professionnel.
Il y a toujours une focalisation, une réduction dans l’analyse ; l’analyse est partiale, aussi exhaustive
soit-elle.
Le 1er biais est soi-même car l’analyste ne peut pas rester indépendant de la situation d’analyse.
Laboratoire ACTE : 35 EC et 60 associés
Il faut qq fois déconstruire son expertise pour pouvoir la transmettre car ce n’est pas toujours
facile de la transmettre.
La meilleure méthode est d’analyser les réussites. Cela permet de gagner du temps et de
reproduire les réussites. Le travail est structuré autour de chaînes ou habitudes (habitus de
Bourdieu). Les chaînes structurent l’activité, constituent des repères, ce sont les colonnes vertébrales
de l’activité.
Les chaînes sont ce qui marche dans des habitudes de situation. Il faut être capable de reconnaître des
situations pour apprendre à les reproduire.
L’évaluation est ancrée sur le rapport à une norme, des critères, alors que l’analyse essaie de
comprendre ce qu’il s’est passé.
Statut des personnes : sachant/apprenant
Communautés de compassion entre professionnels qui développent des outils pour mieux vivre le
contexte et pas pour l’améliorer.
Il faut observer quels sont les acteurs, les enjeux.
Quand on est symétriques, on se comprend vite sans faire jouer la différence ; un observateur différent
peut faire bouger les lignes. Symétrie/asymétrie
1. Analyser
Avec son bon sens ou avec des concepts et des méthodes ; il faut des 2.
2. Activité
Les situations que nous avons évoquées sont des analyses de pratiques ; nous devons passer à l’analyse
de l’activité.
Définition : il faut se servir d’une activité pour en analyser une autre. Il faut essayer de se sortir de
l’activité pour déployer l’analyse.
C’est ce qu’on cherche à comprendre et à influencer… mais aussi l’outil de notre intervention.
3. Professionnelle :
On va essayer de conceptualiser le travail, qui a une dynamique, une vie. Un métier c’est 4
composantes.
Analyser une activité qui est aussi un travail présente-t-il des spécificités ? Lesquelles ? Qu’est le
travail, un métier ? On a une connaissance subjective et expérientielle du travail.
Le travail a une fonction psychologique, moteur, existentielle. C’est ce qui nous fait tenir. Pour mieux
se réaliser au travail, il faut développer des activités connexes. Il faut réfléchir aux écarts entre les
procédures et le travail tel qu’il se fait (adaptation).
Image 1 : cette photo montre que ce n’est pas la situation de travail habituelle (regard modifié). Quand
j’analyse une activité, il faut déterminer quelle part est due à ma propre présence et quelle part ne l’est
pas.
Rien n’est laissé au hasard dans les travaux où il y a une expertise fine. IL faut analyser l’activité dans
sa situation. Tout est ajusté. IL faut analyser l’acteur que l’on voit mais aussi la situation (poste de
travail, les outils, les gestes ?).
Quand on analyse une activité, un travail, il faut distinguer :
L’activité productive, tout ce qui concerne l’acteur, lorsqu’il développe une activité pour
transformer le monde. Un bout de fer devient une lame de couteau.
L’activité constructive : en transformant le monde, l’acteur est modifié par son action de
production, physiquement, intellectuellement, psychologiquement, moralement etc. Ces
transformations liées à l’activité constructive ont un impact sur l’activité productive et
inversement. Idée d’un cercle vertueux ou vicieux.
Les deux activités ne sont pas égales : dans les activités de travail il y a plus de moyens où
on est engagés dans une activité productive et assez peu de moments où on est engagés dans
une activité constructive. Il y a peu d’occasions de capitalisation (objectif de l’activité
constructive), il y a dissymétrie. L’activité productive se voit, laisse des traces visibles, tandis
que l’activité constructive est difficilement mesurable.
Les dérives opératoires : ce que les techniciens du travail définissent comme le moment où
les travailleurs sont tellement pris par le travail qu’ils n’arrivent jamais à prendre du temps
pour eux, pour essayer de prendre du recul pour faire autrement, mieux ordonner etc.
Yves CLOT, spécialiste français du travail affirme qu’un métier est vivant si les professionnels
acceptent de se disputer professionnellement. Le métier se travaille ainsi, s’améliore. Le mal du
travail aujourd’hui c’est que les disputes sont personnelles et non professionnelles.
Les malentendus sont souvent source de dispute personnelle alors qu’ils portent souvent sur l’activité
professionnelle.
Il y a des moments où l’on fait le travail et d’autres où on le dit. Etre capable de le dire, c’est prendre
le pouvoir sur lui, commencer à en être acteur, transformer la façon dont on le fait (façon dont il faut le
faire). Il faut avoir la possibilité de le transformer pour que le travail soit tenable.
LES DEUX DERNIERS CONCEPTS CLEFS
Activité productive et activité constructive
Produire et se construire en retour (rapport entre faire et apprendre)
En agissant, un sujet transforme le réel; mais en transformant le réel, il se transforme lui-même. Et
ces deux sortes d’activités, productive et constructive, constituent un couple inséparable.
L’activité productive est une activité de réalisation de tâches, visant à atteindre des buts.
Le cadre temporel de ce versant de l’activité est le plus souvent bref et bien délimité (quelques
secondes à plusieurs mois).
Il est possible de l’observer directement.
L’activité constructive est orientée vers le développement de la personne, son évolution, la
reconfiguration des ressources et des situations et milieux de vie du sujet.
Le cadre temporel est totalement différent : c’est le moyen et le long terme. Ce qui est visé, c’est
le futur (projection). Son horizon est le travail sur le sujet qu’il est en train de devenir, qu’il
prépare à s’engager à d’autres activités, et qui sera aussi, peut-être, une autre personne…
« Activité et apprentissage sont indissociables. On parle à ce propos d’activité productive et
d’activité constructive. Cette distinction a été reprise par Rabardel et Samurçay : en agissant, un
sujet transforme le réel; mais en transformant le réel, il se transforme lui-même. Et ces deux sortes
d’activités, productive et constructive, constituent un couple inséparable.
Mais il faut noter deux choses : dans le travail, le but de l’action est l’activité productive ; et
l’activité constructive n’est qu’un effet, qui n’est généralement ni voulu ni conscient.
Pastré, 2006
« Pour tout dire, rien ne serait possible sans la conceptualisation.
Mais la conceptualisation sous-jacente à l’action ne se suffit pas toujours à elle-même… elle est
profondément transformée lorsqu’elle est explicitée, débattue, et organisée en un système
cohérent de concepts, de principes et d’énoncés, c’est-à-dire lorsqu’elle prend une forme
théorique ».
Vergnaud, 1996
Pour faire une analyse du travail, après la phase d’observation, il faut interagir avec le travailleur, le
faire parler.
5 CONCEPTS CLEFS
Travail prescrit : si les acteurs ne font pas le travail prescrit, c’est qu’il doit y avoir
différentes dimensions dans le travail. Ils ont procédé à une classification, après
observation.
Types de prescription : cahier des charges, protocoles médicaux, procédures, bulletins,
manuel d’utilisation, protocole sur le protocole, feuille de route, référentiels, plan de vol,
fiche de poste, le contrat de travail etc. On peut s’appuyer sur ces prescriptions qui
renseignent sur ce qui est demandé au travail.
L’activité réalisée : regarder les usages peut permettre de mettre de l’ordre dans la
prescription (c’est un des buts de l’analyse de l’activité, y mettre de l’ordre, l’ajuster).
Conception continuée dans l’usage : les prescriptions évoluent. Avec l’intelligence des
métiers, avec l’évolution des connaissances. C’est de la conception continuée dans
l’usage : on continue à concevoir les outils en les regardant être utilisés.
Activité réelle : elle ne se laisse pas voir facilement. Le travail réel n’est pas directement
observable. Description en creux. Les activités empêchées : ce que l’on voudrait faire et
qu’on ne peut pas faire, les activités qui restent en suspens, sont différées parfois. En étant
immergé dans la situation de travail, des possibles sont ouvert qui peuvent évoluer, se
produire ou pas. Trop d’activités empêchées occasionnent de la frustration, de la tension.
Pas assez d’activité empêchée crée de la facilité, de la routine. S’il y en a un peu, ça tient
le métier et le travailleur en vie. Il faut que le travail résiste mais pas systématiquement,
au risque de créer des troubles (musculo-squelettiques, psycho-sociaux…). Le travail c’est
à la fois ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. On comprend mieux le travail si on
commence à s’attacher à ce qui ne se voit pas. Ce qu’ils ont fait sans vouloir, ce qui aurait
pu être et qui n’a pas été, ce qu’ils auraient voulu faire sans arriver à le faire.
Le travail c’est l’écart entre les prescriptions, les procédures, le règlement, les modes
opératoires prescrits par les manageurs, le chemin qu’il faut suivre pour atteindre les objectifs.
Cet écart est irréductible. Aucun travailleur, sérieux, compétent, habile, expert, ne respecte ce
qu’il lui est demandé. Travailler c’est combler l’écart entre ce qui est prescrit et ce qu’il faut
faire pour atteindre au mieux les objectifs fixés. C’est ce qu’il faut ajouter aux prescriptions.
ACTIVITE A REALISER
Regarder la vidéo et décrire ce qui est en jeu.
Capsule vidéo d’instruction à venir
LE TRAVAIL
Quelles clefs de lecture peut ont mobiliser pour appréhender le travail ? Une meilleure compréhension
du travail est susceptible de nous aider à mieux appréhender notre activité en tant que professionnel et
à appréhender l'activité des autres professionnels auprès desquels nous intervenons au quotidien.
Les sciences du travail peuvent ici nous être utiles. Christophe Dejours, spécialiste de
psychodynamique du travail et de l'action, définit le travail comme l'effort déployé par les acteurs pour
tenter de combler l'écart irréductible entre le prescrit et le réel.