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1. La personne et le travail
Est-ce qu’un artisan, un artiste, un étudiant ou un bénévole travaillent ? Ces questions nous
amènent à considérer que si un artiste ou un bénévole travaille, cela lui donne le droit aux
services sociaux réservés aux travailleurs. Une activité n'est pas considérée comme un travail.
Ce qu’on appelle travail présente un caractère de contrainte, «activité forcée» (H. Wallon).
La notion de contrainte recouvre deux sens : - Nous sommes contraints au travail: caractère
forcé, obligation de travailler qui est à la fois une obligation financière, morale, sociale. On
considère que c'est normal d'aller travailler. De plus, nous subissons des contraintes au travail:
cadre contraignant du contexte, de la nature du travail. On doit se lever tous les matins, suivre
des horaires, avoir un chef, des normes de production etc.
Durant l'antiquité, les Grecs méprisaient le travail, les citoyens ne travaillent pas, seuls les
esclaves travaillent. Les citoyens faisaient de la politique. Au temps des Romains, le travail
était une tâche dégradante. Dans la culture judéo-chrétienne, le travail renvoie à la punition
que Dieu aurait infligée à l’homme de «gagner son pain à la sueur de son front», se donner de
la peine. C’est à partir de la Révolution industrielle, et avec l’affirmation de valeurs issues du
protestantisme et du libéralisme économique, que le travail aurait acquis une image positive.
Pour les protestants, l'oisiveté est bannie. Le travail devient un devoir, une obligation. Au
XIXème siècle: le travail est ce qui crée de la richesse, la richesse pour celui qui génère du
travail pour les autres et de la richesse pour lui. On a pu voir s’affronter au cours du XXème
siècle des courants de pensée divergents sur la valeur «travail». Pour la pensée chrétienne, le
travail est une activité fondamentale de l’homme, il est d’utilité sociale, travailler permet la
charité. Pour la pensée humaniste, le travail comme lieu de socialisation, de la formation de
l’identité individuelle et collective. Pour la pensée marxiste, le travail est fondamentalement
social. Opposition entre le vrai travail (essence de l’homme – façonner la nature par le travail)
et la réalité aliénée du travail.
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La psychologie dans le travail est centrée sur les personnes, leur activité, leurs conduites et
leurs représentations en relation avec le travail. L’approche se distingue de celles de la gestion
et de la sociologie au sens où elle ne part pas du fonctionnement d’un système d’organisation
en lui-même mais des individus qui le composent et qui évoluent dans ce cadre.
Dans l’entreprise le psychologue s’occupe donc des personnes qui y travaillent et cherche à
saisir comment elles vivent leurs relations avec les autres et avec elles-mêmes dans
l’organisation. Il intervient pour que ces relations se modifient, s’améliorent ou soient
redéfinies par les intéressés. Le psychologue intervient aussi auprès des personnes qui
souhaitent travailler et recherchent un soutien pour mieux définir leurs intérêts et leurs
compétences.
Goguelin (1998): le travail est une activité professionnelle et rétribuée, organisée à l’intérieur
d’un groupe social et exercée de manière réglée. Louche (2001): le travail est une activité
consistant à mobiliser de l’énergie pour produire un bien ou délivrer un service et qui est
contrainte par un cadre social et technique. Karnas (2002): le travail dont traite la psychologie
du travail se définit comme l’activité d’un homme ou d’une femme dans un cadre
organisationnel, social, défini utilisant des outils particuliers, aux fins d’atteindre des objectifs
de production donnés.
Le sens du travail peut être défini comme étant l’orientation vers le travail, ce que le sujet
recherche dans son travail et les mobiles qui guident ses actions. Le sens qu’on donne au
travail serait intimement lié aux valeurs qu’il est censé actualiser. Le concept d’orientation au
travail (work orientations) définit les motivations qui déterminent les valeurs associées au
travail (Roberson, 1990).
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1.4.1.1. La centralité absolue du travail est appréhendée par la « question de la loterie »
elle consiste à demander aux répondants ce qu'ils feraient s'ils gagnaient une
somme suffisamment importante pour ne plus avoir à travailler ils doivent indiquer
s'ils continueraient à travailler dans les mêmes conditions s'ils continueraient dans
d'autres conditions ou s'ils arrêteraient de travailler définitivement.
Les réponses varient d’un pays à l’autre et ont tendance devenir de plus en plus
négatives avec le temps. Cette proportion est de 93% de oui chez les japonais.
Alors qu’elle n’est que de 69% chez les britanniques. Au début des années 1980,
70% des allemands répondaient oui. Cette proportion baissait à 64.4% à la fin de
cette même décennie. Seulement 14% des gagnants américains à la loterie cessent
de travailler (Harpazet Hui, 2001).
1.4.1.2. La centralité relative du travail renvoie à la place occupée par le travail par
rapport à la place que l'individu accorde à d'autres activités (vie familiale, vie
sociale, Vie personnelle). Dans le modèle du "meaning of work", l'importance
relative est appréciée en demandant aux sujets de répartir 100 points entre les
différents domaines de vie en fonction de l'importance qu'ils leur accordent. Le
travail occupe la première place (travail, famille, loisir, communauté, religion) au
Japon et en Yougoslavie. Le travail occupe la seconde (famille, travail, loisir,
communauté, religion) en Belgique, aux USA, en Israël, en République fédérale
d’Allemagne, au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, en
Russie (Alexandre Ardichvili, 2005).
Ces normes concernent les droits et les devoirs de l'individu par rapport au travail (droits :
responsabilité de la société qui se doit de fournir du travail; devoirs : obligation sociale de
travailler).
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1.4.5. L'identification au rôle professionnel
Cette identification peut concerner la tâche, l'entreprise, le produit fabriqué ou le
service rendu, la profession...
2. La psychologie du travail
L’objectif de la psychologie du travail est de créer un cadre de travail fondé sur une
harmonie entre l’homme et le travail et entre l’homme et son activité professionnelle.
Améliorer la qualité de vie au travail aura des effets positifs sur son rendement et sur la
productivité.
Il existe une opposition entre le travail comme « peine » et le travail comme « expression
de soi ». Cette opposition est essentielle à l’objectif poursuivi de la psychologie du travail
puisqu’elle renvoie à une distinction entre le travail comme contrainte (pénibilité) et le
développement de la personne au travail et par le travail. Il y a donc une double finalité: le
bien-être et la production. La première finalité est de réduire la pénibilité du travail,
limiter la fatigue, améliorer le bien-être au travail, augmenter la satisfaction à l’égard du
travail,… Et la seconde est d'améliorer les performances, accroître l’efficacité, la
productivité, la qualité, la rentabilité. La psychologie du travail vise donc aussi
l'amélioration des performances.
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2.2. Modalités
Quel est le champ d’action de la psychologie du travail ? Le psychologue doit-il agir sur
les hommes ou sur les structures organisationnelles ou sur les deux ? Selon J. Leplat, la
question centrale est une question de couplage optimal entre l’homme et le travail, les
tâches qu’on lui donne.
Activité
L'activité est la conséquence du couplage. La question des modalités peut être abordée de
deux manières diamétralement opposées (mais non exclusives!) Soit adapter le travail à
l’homme, soit adapter l’homme au travail.
Dans une agence bancaire travaillent des hommes et des femmes qui réalisent différentes
tâches de type administratif. Les guichetiers doivent réaliser un certain nombre de tâches
spécifiques correspondant aux opérations demandées par les clients: versement, change,
ouverture compte… Pour ce faire, ils utilisent un ordinateur (outil), traitent des documents,
appliquent des règles, des procédures, etc… Leur travail est organisé pour satisfaire aux
exigences commerciales de la banque. Imaginons que certains guichetiers commettent des
erreurs très importantes qui peuvent compromettre le bon fonctionnement de l’agence: il
s’agit d’erreurs touchant à des opérations financières: erreurs de codification, opérations
erronées, fautes dans des montants… Le psychologue doit s’interroger sur les causes possibles
des erreurs, il est appelé à intervenir et pourra envisager plusieurs thématiques
d’intervention… Quels en sont les grands axes?
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Voici quelques pistes d’intervention: s’interroger sur leurs motivations au travail, s’interroger
sur leur formation, s’interroger sur l’attitude des supérieurs hiérarchiques, revoir les
processus de sélection (choix de personnes non adéquates au poste), revoir leurs outils
informatiques, s'interroger sur l'environnement de travail…
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En résumé, il faudrait envisager plusieurs «causes», plusieurs axes de recherche et
d’intervention. Une analyse préalable des circonstances et des faits sera indispensable
avant de s’orienter vers certains axes. Il faudra étudier quel type d'erreur est fait et à quel
moment. Est-ce qu'elles sont faites par tout le monde? Les conditions sont-elles
différentes pour les différentes personnes.
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→ Adaptation de l’homme au travail : définir comment amener tel individu à
s’insérer dans celle-ci, à adhérer aux valeurs qu’elle défend.
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dysfonctionnements, par exemple, l'étude du stress au travail. Pour la conception, c'est
anticiper une situation (recrutement de nouvelles personnes, achat de logiciels).
3. Psychologie du personnel
3.1. Introduction
Le travail est la rencontre entre deux «systèmes»: l’individu et l’organisation du travail. Ces
«systèmes» sont animés de principes intégrateurs (ils essaient de s'adapter l'un à l'autre) et ces
deux «systèmes» sont en constante évolution.
En raison des limites des systèmes traditionnels de gestion du personnel dans les années 50-60
(gestion du salaire), à la concurrence accrue sur le marché du travail (l'organisation essaie de
capter les travailleurs qu'elle souhaite et de les garder), à une redéfinition des fonctions
d’encadrement (la façon dont le chef doit encadrer ses subordonnés: ce que le chef doit
attendre et demander à ses travailleurs et inversement) et à l'influence de l’actionnariat (forte
introduction de l'économie, rentabilité, une plus grande productivité), on en arrive à une
vision stratégique de la gestion des ressources humaines. C'est une nécessité interne pour
l'entreprise mais elle subit aussi des conséquences externes.
Le terme ressource humaine est apparu dans les années 70-80. A côté des ressources
matérielles, on veut considérer le personnel comme une ressource « humaine » en opposition
avec « matérielle » que l'on veut garder mais qui est aussi modifiable, supprimable. C'est un
concept économique introduit par Schultz (1961) et repris par Becker (1975-1993). Ce
concept désigne les connaissances, les qualifications, les compétences et les autres qualités
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que possède un individu et qui intéressent l’activité économique (définition de l'OCDE=
l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques). C'est un capital qui
s’acquiert (éducation, scolarité), qui s’entretient (formation, prévention) et qui produit des
bénéfices pour l’organisation et pour l’individu. Le travail n’est pas une évidence, il est
incertain, les postes changent, les compétences demandées évoluent. Pour garder son emploi
et le type d'emploi que l'on veut, il faut une formation continue, on évolue au cours de la
carrière. Il y a des processus psychologiques influençant les choix professionnels et les
comportements associés: le sentiment de compétence, l'estime de soi, actualisation de soi etc.
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techniques spécifiques, a des compétences et des approches spécifiques et étudie des objets
spécifiques. Il a un intérêt pour la personne.
3.2 Le recrutement
• Réception et tri (critères) des candidatures (premier tri à partir de contraintes tel que le
niveau de formation)
• Décision et transmission des informations (aux décideurs et aux candidats): qui décide? Le
psychologue, le supérieur, le patron, C'est en fonction de la structure. L'employeur est
responsable du travailleur. Le psychologue a t-il la connaissance du terrain, du métier? Il faut
un expert dans le domaine mais il ne faut pas pour autant passer outre l'avis du psychologue.
Lorsque c'est un psychologue externe, c'est l'employeur qui décide. L'idéal est de trouver un
consensus.
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rassembler des personnes différentes ou de même profil?), l'augmentation de la satisfaction au
travail (si le travailleur est sur-qualifié, il ne sera pas satisfait), l'amélioration du climat social.
3.3 La sélection
3.3.2 Le pronostic
Comment observer de façon fiable des caractéristiques stables pouvant prédire certains
comportements futurs? Il faut posséder des instruments de «mesure» de caractéristiques
«utiles». Il faut pouvoir mettre ces caractéristiques en relation avec le travail, et plus
particulièrement avec des indicateurs d’adaptation et de réussite au poste (critères).
Les tests psychotechniques supposent un matériel standardisé (même test pour tout le monde),
des conditions de passation standardisées (temps, consigne), une notation standardisée (pas de
subjectivité), des qualités psychométriques déterminées, une «validité», un étalonnage: le
score obtenu aux tests n’a de sens qu’en le comparant à ceux d’une population de référence.
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La performance est relative à celles de la population apparentée. On est soit au dessus, soit
dans, soit en dessous de la moyenne, celle-ci change d'une population à l'autre. Les tests
mentaux sont apparus fin du 19ème siècle avec le développement de la psychologie
scientifique. Binet et Simon (début 20è) ont déterminé l’âge mental des enfants afin de
prévoir leur capacité à suivre l’enseignement élémentaire «ordinaire» (donc pronostique). Ils
définissent une dimension unique Intelligence que l’on peut mesurer par un ensemble
d’épreuves. On peut situer les scores par rapport à une population de référence (courbe
normale de distribution). Cette dimension est prédictive de l’adaptation scolaire. Cattell
(début 20è): identification de différences individuelles stables dans des épreuves. Le score aux
épreuves est stable. Ceci est valable pour les tests psychotechniques ( tests utilisés par les
psychologues de travail pour évaluer les compétences des personnes pour un poste donné).
C'est une mesure de caractères psychologiques pour prédire l’adaptation à des postes de
travail.
Selon Pichot, un test mental est une situation expérimentale standardisée servant de stimulus à
un comportement. Ce comportement est évalué par une comparaison statistique avec celui
d'autres individus placés dans la même situation, permettant ainsi de classer le sujet soit
quantitativement, soit typologiquement.
L’équité: ils sont traités de la même façon que les autres candidats,
L’impartialité: objectivité,
La perception de justice dépend pour les candidats de la possibilité que les différentes
méthodes offrent de montrer leurs points forts et de leur pertinence par rapport à l'emploi à
pourvoir.
L’utilité: (qui dépend par exemple d’une évaluation coûts-bénéfices et intègre donc la
question de la validité)
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3.3.3.3.1 Les tests relatifs aux aptitudes cognitives
• Attention sélective: se concentrer sur une tâche sans se laisser distraire. Par exemple,
corriger des textes.
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Traits: dispositions durables, reflétant des différences individuelles qui manifestent une
relative stabilité temporelle et une relative consistance trans-situationnelle. Ils différencient
les individus. On doit faire les inventaires de personnalité en psychologie du travail, les tests
sont spécifiques au monde du travail, ce ne sont pas des tests cliniques qui visent à déceler des
pathologies. Ce sont des questionnaires, il en existe une grande quantité dont le modèle Big-
Five (modèle en 5 facteurs): facteurs avec une grande stabilité dans le temps et qui se
retrouvent dans différentes cultures. Les 5 dimensions sont l'extraversion/introversion
(opposant sociable à timide, énergique à réservé), la stabilité émotionnelle (opposant calme à
nerveux, équilibré à vulnérable), l'ouverture intellectuelle (opposant curieux à sans
imagination, intérêts variés à peu cultivé), l'amabilité (opposant affectueux à inamical,
aimable à agressif), la conscience (opposant consciencieux à inorganisé, actif à négligent). On
compare toujours les dimensions par rapport à un groupe.
Les tests sont des instruments de mesure qui ont l’avantage de se référer à des critères
explicites, définis, vérifiables. Ils sont généralement complétés par d’autres outils tels que les
questionnaires biographiques (comme un CV mais présenté différemment et/ou avec d'autres
informations), les entretiens (interviews) individuels ou en groupe, les tests de simulation
(exercices de mise en situation, tests «in-basket», «in-tray»), les centres d’évaluation
(assessmentcenters). Les trois objectifs des entretiens sont de faire connaissance avec le
candidat, de l'informer et de recueillir des informations utiles pour l'évaluation. Lors des tests
«in-basket», on remet au candidat une pile de courrier avec des informations, le candidat doit
gérer toutes ces informations. Le test se fait d'abord seul puis les résultats sont présentés
devant un jury. Pour évaluer ce type de test, il faut déterminer les éléments à considérer en
priorité pour résoudre le problème, les différentes actions possibles et leur valeur. Les centres
d'évaluation permettent de tester les compétences professionnelles en situation de groupe, on
mesure le leadership, la gestion de conflit, la relation interpersonnelle. Cela donne un
pronostique sur les compétences futures. La validité des centres d'évaluation est bonne.
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Aspects de «négociation sociale»: Rôle des attentes et valeurs du candidat, le candidat peut
demander des informations sur l’emploi postulé, il a un contrôle personnel sur la procédure, il
doit être écouté. Une certaine transparence des tests et autres techniques utilisées, la
possibilité de recevoir un feed-back, une garantie d’objectivité de la sélection, l'assurance
d’être traité humainement, le respect de la vie privée et la confidentialité. La critique du
principe d’une sélection qui ne soit fondée que sur l’application de tests a donné une place à
l’entretien de sélection, au développement de tests «in-basket», aux centres d’évaluation mais
aussi à l'utilisation de méthodes non validées scientifiquement comme la graphologie,
l'astrologie, la numérologie qui sont faits par des non-psychologues. Le candidat peut rejeter
les tests standardisés car ils semblent ne pas avoir de rapport direct avec le poste, les
entretiens sont mieux perçu par les candidats.
L'investigation doit être limitée aux seules perspectives professionnelles (critères fixés au
départ), ainsi que les décisions liées aux dimensions à investiguer. Les critères doivent être
non discutables, non discriminatoires. Les informations sur les épreuves doivent être données
aux candidats. La prise d’informations – références professionnelles ne peut pas être faite à
l'insu de la personne et elle pose la question de la loyauté de l'ancien employeur. Les résultats
sont confidentiels (seul le fait que le résultat est positif ou négatif est transmis au supérieur
hiérarchique). Les décisions doivent être motivées, le candidat a le droit de connaitre les
raisons de son non-engagement. La vie privée doit être protégée.
La loi: tous les chercheurs d'emploi doivent être traités de la même manière dans leur
recrutement. Lorsque les critères de sélection manquent de justification objective et
raisonnable, il peut y avoir discrimination. On parle de discrimination lorsque la différence de
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traitement est directement fondée sur le sexe, une prétendue race, la couleur, l'ascendance,
l'origine nationale ou ethnique, l'orientation sexuelle, l'état civil, la naissance, la fortune, l'âge,
la conviction religieuse ou philosophique, l'état de santé actuel ou futur, un handicap ou une
caractéristique physique. Tout processus de discrimination est formellement interdit par la loi
et est un obstacle important sur le marché de l'emploi. Quels sont les mécanismes qui amènent
à la discrimination? Certains peuvent penser qu'on travaille mieux s'il y a peu de différence
dans les équipes. Ça peut aussi être une soumission, on ne veut pas prendre le risque de
déplaire aux clients si on prend quelqu'un de différent mais la diversité peut augmenter la
performance des équipes. Y a-t-il des conditions ou contraintes objectives et incontournables?
Y a-t-il des métiers de femmes et d’hommes? Y a-t-il des limites d’âge propres au poste?
Origine ethnique, nationalité, la couleur, la «race», situation familiale (état civil): y a-t-il une
incompatibilité avec des conditions horaires, géographiques?
Mode de vie: quelqu’un qui ne boit pas d’alcool peut-il représenter une société vinicole?
Conviction religieuse ou philosophique: doit-on tenir compte des orientations personnelles
pour travailler dans des organismes «religieux»? On voit donc l'importance de l’analyse
objective préalable du poste vacant. Par exemple, un handicapé s'est présenté à un poste de
call-center. Ses membres supérieurs étaient trop courts. Il a du passer un test supplémentaire
par rapport aux autres candidats: on a mesuré sa vitesse de frappe. C'est discriminatoire car les
tests doivent être les mêmes pour tous, on n'a pas le droit d'augmenter le niveau d'exigence
pour discriminer. Qu’en est-il du point de vue du candidat? étude Amadieu/Adia (agence
intérim) (2005). 1.950 CV, accompagnés de lettres de candidature, ont été envoyés pour
répondre à 325 offres d'emploi de commerciaux de niveau bac + 2. Six profils ont été
élaborés: un homme blanc de 33 ans, un homme handicapé (mais son handicap, léger, n'a pas
été mentionné sur son CV), un homme de 50 ans, un homme Antillais, un homme obèse, une
femme maghrébine. Sur base du CV, le jeune homme blanc et la personne handicapée (non
déclarée): 54% des réponses positives (respectivement 30 et 24%), le candidat antillais reçoit
21% de réponses positives, le candidat obèse 10%, la candidate maghrébine, pourtant dotée
d'un meilleur CV et résidant en banlieue, 9%, l'homme de 50 ans 6%. Dans la deuxième phase
de l'enquête, 44 entretiens ont été réalisés par cinq candidats (le candidat obèse n'a pas
participé). Taux de succès: le jeune homme blanc: 91,6% (12 entretiens), la candidate
d'origine maghrébine: 66,6% (9 entretiens), le candidat antillais: 66.6% (3 entretiens), le
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handicapé (son handicap a été révélé lors de l'entretien): 46,6% (15 entretiens), le candidat de
50 ans: 20% de réponses positives (5 entretiens) Amadieu recommande de rendre anonyme
les CV, de rendre les entretiens d'embauche moins discriminatoires en intégrant des tests
professionnels, de former les candidats à la technique de l'entretien.
Le but de la recherche est de valider les méthodes déjà existantes, d'améliorer les qualités
psychométriques des tests et autres méthodes, d'étudier l'usage du testing assisté par
ordinateur afin de mieux contrôler le temps, la développement de tests «adaptatifs», d'étudier
les biais de sélection – ou du sélectionneur, l'usage des TIC: recrutement en ligne, cela permet
le recrutement à distance. Les tests adaptatifs sont des tests d'intelligence dont le niveau
s'adapte en fonction de la réponse, les questions deviennent de plus en plus difficile si on
répond bien et inversement. Cela permet de réduire le temps de passation, le nombre d'item et
de supprimer les items trop difficiles. Cela augmente la validité et diminue la lassitude.
L'individu recruté va intégrer une organisation. On leur donne des informations sur
l’organisation, les mesures de sécurité, les pratiques… Et on les initie aux processus de
socialisation (valeurs, réseaux).
• Clarification du rôle: familiarisation avec la tâche, définition des rôles et des relations aux
autres.
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Les organisations peuvent mettre en œuvre des procédures susceptibles de favoriser
l'intégration des nouveaux. Delobbe et Vandenberghe (2002) décrivent et comparent des
dispositifs de formation:
• Cours destinés à apporter des connaissances et des compétences utiles à l’exercice du rôle
organisationnel
Les formations les plus efficaces sont les dispositifs à forte composante sociale (interaction de
groupe): stage > cours > tutorat > auto-formation. Les résultats montrent que les cours et les
stages s'accompagnent d'une augmentation significative de l'engagement organisationnel et de
la satisfaction.
3.4.3 Une orientation centrée sur le nouvel entrant considéré comme un acteur
On considère ici les stratégies développées par les nouveaux venus dans l'organisation.
Nicholson (1984) propose une théorie des changements des rôles dans les organisations
permettant de décrire les modes d’ajustement des individus à un nouvel environnement de
travail. Deux paramètres sont importants: l'individu obéit aux pressions de l'environnement ou
manipule celui-ci pour faire passer ses vues et changement personnel de l'individu ou pas. Le
croisement de ces deux paramètres aboutit à quatre stratégies:
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3.5.1 La place de l'évaluation dans le contexte organisationnel
• Objectifs développementaux: où en est la personne dans son parcours? Faut-il lui donner
des formations? C'est un bilan de compétence. → les enjeux sont personnels, c'est le
travailleur qui se remet en question.
• Objectifs de recherche et validation: le but est d'évaluer les tests et voir s'ils prédisent bien
la performance au travail. Contexte, lieux et professionnels: soit dans l’organisation, soit hors
de l’organisation. → les enjeux sont externes et sont importants pour celui qui a développé
l'outil.
Critères d’évaluation: quelles tâches sont exécutées et à quel degré d’efficacité? (en lien
avec l’analyse du poste). C'est la même chose pour les études, quels sont les critères pour
évaluer si on est diplômable? Le critère ultime est la somme totale des performances de
l’individu (Lévy-Leboyer 2000).
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3.5.3 Les méthodes d’évaluation
Certaines méthodes sont dites objectives comme le chiffre de vente, d'autres subjectives.
Les méthodes objectives sont par exemple, le nombre d'accidents par an pour un chauffeur-
livreur, le nombre d'incidents par an, le nombre de jour de retard par an, les montants des
ventes. Pour un travailleur de production, le nombre de pièces produites, pour un enseignant à
l'université, le nombre de publications, pour un avocat, le nombre d’affaires ou nombre
d’affaires gagnées, pour un chirurgien, le nombre d’opérations…
Les évaluations individuelles (subjectives): elles sont réalisée soit au moyen d’échelles
standardisées (répondre à des questions à choix multiple sur l'exactitude par exemple: le
travail est d'excellente qualité, les erreurs très rares...) soit par l'utilisation de canevas de
référentiel de compétence. Dans ce dernier cas, le but est de mettre en place une certification
pour un métier donné. Les évaluations individuelles (subjectives) sont aussi réalisées soit par
l’utilisation de canevas d’observation des comportements, soit par la rédaction libre d’une
description des qualités et faiblesses du travailleur évalué. Ces deux derniers éléments sont
plus qualitatif. Le canevas d'observation des comportements est une check-list remplie pour le
poste quand une personne travaille, on note le comportement précis, chaque organisation a sa
propre grille.
Les évaluations comparatives (les travailleurs d’une équipe, service, département, sont classés
entre eux) ont pour but d'évaluer la performance du groupe. Les techniques d’évaluation par
plusieurs évaluateurs (exemple: le supérieur, les subordonnés, les clients, un consultant) ou
«l’évaluation à 360 degrés» dans laquelle une évaluation est fournie par le supérieur, les
subordonnés, les pairs ou les clients et l’évalué lui-même.
3.6 La formation
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Meignant (2003) considère que la formation peut répondre à trois objectifs différents.
Consolider l’existant: formation directement liée au travail, connaissances complémentaires,
combler une faiblesse, s’adapter à des changements, maintenir à jour les compétences des
personnes principalement dans les domaines complexes où il y a souvent des nouvelles
normes.
Préparer l’avenir: planifier le changement, faire face aux évolutions, à la transformation des
métiers, aux restructurations de l’organisation du travail, à l’implantation de nouvelles
technologies.
Il faut une analyse préalable de la demande; une analyse de la situation de travail; une
définition du besoin de formation (par le chef ou par le formé), des objectifs (des besoins de la
formation); une définition de l’action de formation (nature de l’intervention), la formation est
différente de celle reçue à l'école: andragogie (pédagogie des adultes), contextualisation,
étude de cas car la formation à un objectif à court terme en terme d'usage, on ne veut pas
devoir faire de transfert vers le terrain, e-learning (étude au travers des technologies de
l'information et de la communication) principalement pour les langues.
L'évaluation du processus de formation est important (le travailleur est-il content? Intéressé?
Le formateur était-il bon? Est-ce que le travailleur a appris quelque chose? Quel est
l'efficacité de la formation appliquée au champs professionnel? Celle-ci est liée à la
formation, au travailleur et à l'environnement.).
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Au contraire de la performance, qui est une action efficiente dans une situation donnée, la
compétence est un potentiel d'action efficiente dans un ensemble de situations. Si on est
compétent, on devrait être performant. On ne peut parler de compétence que lorsque ces
ensembles de ressources sont mises en œuvre dans l’action. La compétence est relative à une
situation ou à un but préétabli. La compétence est invisible; elle est en quelque sorte sous-
jacente à l’activité observable. La performance est visible. Être compétent, c’est faire face à
l’imprévu, c’est parvenir à naviguer dans la complexité. La compétence n’est pas une somme
de savoirs, comme une simple addition. Il s’agit d’une combinatoire où chaque élément se
modifie en fonction des caractéristiques du travail à accomplir. C'est donc combiner ses
savoirs pour résoudre un problème. La compétence est la combinaison de trois facteurs :
• Le savoir agir qui suppose de savoir mobiliser et combiner des ressources pertinentes
(connaissance, savoir, réseaux…)
• Le pouvoir agir qui renvoie à l’existence d’un contexte, d’une organisation du travail, de
choix de management, de conditions sociales qui rendent possibles et légitimes la prise de
responsabilité et la prise de risque par l’individu. Le contexte rend légitime l'exercice de la
compétence.
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Références bibliographiques
Psychologie du travail
Changer le travail. Les expériences, les méthodes, les conditions de l'expérimentation sociale,
O. Ortsmann/Ed. Dunod - 1978
La direction scientifique des entreprises, W. Taylor - ED. Dunod – traduction française 1965
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