Chapitre 4: Bien être au travail & Stress professionnel
Année universitaire 2023-2024
Introduction • Les années 60 ont été le théâtre de nombreux travaux surtout attachés à l’étude du stress ou de l’épuisement professionnel au travail. • En dépit des apports théoriques et managériaux dédiés au stress, l’éclairage du bien-être au travail aura dû attendre l’émergence de la psychologie positive (début des années 2000). • Cette carence est dommageable car promouvoir le bien-être au travail pourrait s’avérer plus rentable à long terme pour les entreprises que la lutte contre le stress. • Les travaux de recherche ancrés dans la psychologie positive se sont développés à un rythme rapide depuis la fin des années 2000. • L’accélération s’explique selon Diener, Lucas et Oishi (2002) par le fait que le niveau de vie matériel et le niveau de santé ont beaucoup augmenté, surtout dans les pays occidentaux. De ce fait, la recherche d’accumulation de biens ne serait plus la préoccupation principale des individus qui chercheraient maintenant à améliorer leur vie en général. Essais de définition du BE • Plusieurs définitions sont apparues en fonction des conceptions au point de créer des confusions! • Le bonheur, la qualité de vie ou encore la satisfaction dans la vie sont les trois concepts les plus souvent employés de manière interchangeable pour parler du bien-être dans la littérature (Voyer et Boyer, 2001). Le bonheur
• Le bonheur est défini comme une évaluation affective et
subjective de la qualité de vie. • Il s’agit par contre d’un état transitoire, susceptible de changer à court terme. • Il se rapporte à la sphère des sentiments (Stones et Kozma, 1980). Il est donc particulièrement sensible à leur variation et aux changements de l’humeur. La qualité de vie
• La qualité de vie constitue un concept complexe puisqu’elle
se rapporte à tous les aspects de la vie (Bowling, 1991). • Tartar et al. (1988) considèrent à ce titre qu’elle est composée de multiples facettes, qu’elle est au-dessus des autres concepts. • Selon Meeberg (1993), elle est composée de quatre attributs : le sentiment de satisfaction envers sa vie, la capacité mentale à évaluer sa vie comme étant satisfaisante, la possession d’un état acceptable au niveau physique, mental, social et émotionnel, et enfin, des conditions de vie favorables évaluées de manière objective par une personne extérieure. La satisfaction dans la vie
• La différence entre la satisfaction dans la vie et le bien-être
est la plus difficile à établir même si elle est bien effective. • En effet, ces deux termes sont employés très souvent de manière interchangeable au sein même du monde académique et très peu d’études se sont penchées spécifiquement sur leurs divergences conceptuelles. • La perception entre ce que l'individu veut retirer de son travail et ce que son travail lui offre est ainsi au cœur de la satisfaction. • Spector (1997) propose de considérer la satisfaction au travail comme un indicateur de bien-être au travail. Hiérarchie des différents construits sur l’état psychologique Le Bien-être Au Travail • Le concept de bien-être spécifiquement rattaché au domaine du travail ne s’est vu accorder que très peu d’attention (Kiziah, 2003). La raison tient probablement au fait que le bien-être a été présenté pendant longtemps comme un concept stable quels que soient les domaines de vie (Diener, 1984). Essais de définition du BE au travail
• Le bien-être au travail reste un concept flou ne faisant
pas l’objet de consensus. • Selon Ménard et Brunet (2010), la définition authentique du bien-être se centre sur la cohérence entre l’individu et le travail (la nature du travail, les tâches que le travail implique ou les relations que le travail entraîne). • Le travail est source de bien-être lorsqu’il permet au travailleur d’agir en cohérence avec « ses valeurs, son éthique et plus largement sa nature profonde ». • Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), le bien-être sur le lieu de travail est défini comme « un état d'esprit dynamique caractérisé par une harmonie satisfaisante entre d'un côté les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et les possibilités du milieu de travail, d’autre part ». • Selon l’ILO (Organisation Internationale du Travail), « le bien- être au travail se rattache à tous les aspects de la vie au travail, de la qualité et la sécurité de l’environnement de travail, le climat au travail, et l’organisation du travail ». • Comme nous venons de le voir, même si le bien-être au travail a été moins étudié que le bien-être en général, plusieurs définitions existent. • Ces définitions font apparaître plusieurs dimensions du bien- être au travail : celles qui relèvent d’un rapport à soi (sentiment de compétences, d’efficacité, d’autonomie, de confiance en soi), celles qui relèvent d’un rapport aux autres (ambiance de travail, relation avec son/ses manager(s), avec ses pairs, avec ses collaborateurs), celles qui relèvent d’un rapport au travail (environnement et conditions de travail, contenu du travail, sens donné au travail, équilibre vie personnelle- vie professionnelle). Contexte d’apparition des RPS • Agir pour la performance organisationnelle, et suivre les nouvelles tendances technologiques et productives sans prendre en considération le bien-être des individus, est une réalité douloureuse. Elle dévoile l’influence néfaste du développement économique sur la santé de l’Homme.
• La notion de RPS en milieu professionnel est apparue dans les
années 1970 avec les changements profonds du monde du travail (Légeron, 2003). La santé des salariés ayant un impact direct sur les résultats financiers, ne devrait plus se résumer à la prévention des accidents de travail ou des maladies professionnelles, mais devrait se préoccuper aussi de leur santé mentale et de leur bien-être. Essais de définition des RPS
• Des études publiées révèlent que beaucoup de salariés,
notamment dans les économies occidentales, souffrent d’une détérioration de la qualité de vie au travail. Ce constat a fait l’objet de dénonciation non seulement de la part des salariés, mais aussi, de la part des chercheurs, des médecins spécialistes, des associatifs, et d’autres acteurs.
• Les études et des enquêtes européennes réalisées sur les
conditions de vie et de travail, révèlent la tendance en hausse des risques psychosociaux liés au travail dans de nombreuses professions. Essais de définition des RPS
• Les RPS se définissent comme «des risques pour la santé
mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental » (Askenazy et al, 2010).
• Selon le Bureau International du Travail (BIT), « les RPS peuvent
porter atteinte à l’intégrité psychique et physique des travailleurs et se manifestent sous forme de : stress professionnel, violences internes regroupant les conflits interpersonnels ainsi que des violences externes infligées par des personnes externes à l’organisme ». Selon les résultats d’une enquête menée par le cabinet ReKrute.com (2017), 49 % des cadres marocains questionnés ressentent du stress et de la fatigue morale, 9 % de la fatigue chronique ou des insomnies. Aussi, 65 % de ces cadres fatigués et épuisés sont des séniors ayant plus de 10 ans d’expériences. Résultats d’une revue de littérature récente relative aux RPS dans le contexte de travail marocain • Le Stress professionnel constitue l’un des risques psychosociaux les plus répandus dans les milieux de travail et dont les incidences sont coûteuses pour l’entreprise (Saoussany & Assbayou, 2019). • Depuis des années, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a qualifié le stress comme un fléau cosmopolite ayant des répercussions néfastes sur la santé des individus. • Dans le contexte marocain, des études académiques confirment la montée du stress et l’épuisement professionnel chez les cadres des entreprises marocaines. • Ces études confirment aussi que le stress et l’épuisement professionnel ont des répercussions néfastes sur la santé psychique des travailleurs. L’apparition du stress ou la « mauvaise fatigue » reste liée à des facteurs organisationnels, contextuels et personnels. • Le stress au travail désigne le stress provoqué par des agents stressants qui appartiennent au monde du travail et la façon dont le travailleur va réussir ou au contraire échouer à s’ajuster à cette situation de tension, sans coût excessif pour lui et l’organisation du travail.
• Il convient donc pour circonscrire ce stress au travail
d’identifier les éléments potentiellement stressants de la situation de travail et les stratégies d’ajustement qu’il est possible de mettre en œuvre dans ce contexte professionnel. • A partir d’enquêtes, de Keyser & Hansez (2002) et François (2002) recensent différents facteurs pouvant contribuer à faire naître ou à renforcer un stress au travail : – le travail sous pression : sous la contrainte économique, les organisations de travail, pour réduire les coûts, mettent en place des types d’organisation du travail qui accroissent les tensions qui s’exercent sur les travailleurs (le « juste à temps », « zéro stock », la réduction des temps morts...). – La polyvalence et la modification des tâches : la flexibilité maximale recherchée par les entreprises entraîne une perte de l’identité professionnelle et des contraintes temporelles fortes. – La pénibilité mentale: qui se traduit par le fait de devoir fréquemment abandonner une tâche pour une autre non prévue (segmentation des tâches). Les études académiques portant sur les représentations de l’épuisement professionnel chez des cadres marocains du secteur privé révèlent la présence de facteurs d’épuisement multiples: • Sur le plan organisationnel: valeurs organisationnelles contradictoires, l’autoritarisme du supérieur hiérarchique et l’injustice ressentie. • Sur le plan de la qualité du travail: la perte ou le peu de contrôle, la charge excessive et la dissonance éthique. • Sur le plan relationnel, les conflits au travail et le manque de soutien du supérieur hiérarchique. • Au niveau personnel et contextuel: l’estime de soi déséquilibrée et les pressions exercées par la famille. • L’enquête nationale réalisée par l’Observatoire Marocain du Bonheur (2017) corrobore de façon générale les résultats de nombreuses études réalisées, précédemment, évoquant en particulier trois principales causes à l’origine du stress professionnel : - Sentiment de surcharge de travail ; - Manque de moyens pour atteindre les objectifs ; - Manque de reconnaissance.