N° et Date de parution : 90323 - 23/03/2009
Diffusion : Non communiqué
ANALYSE France - Les banques face
aux risques sur la dette LBO
* Le LBO a atteint un pic fin 2006-début 2007 * De
nombreuses sociétés sous LBO sont fortement
endettées * Des recapitalisations attendues par
Matthieu Protard PARIS, 23 mars (Reuters) - Les
banques françaises vont devoir affronter une
nouvelle vague de difficultés liées notamment au
risque de défaut sur la dette des entreprises, avec en
première ligne les défaillances sur la dette LBO.
Des analystes financiers s'attendent pour 2009 à une
forte hausse des provisions sur le crédit dans les
comptes des établissements bancaires, déjà plombés
par les dépréciations depuis l'éclatement de la crise
financière internationale pendant l'été 2007. Selon
eux, la menace la plus immédiate concerne les
montages de leveraged-buy out (LBO) qui ont
permis le rachat d'entreprises avec recours à l'effet
de levier. "L'une des menaces pour certaines
banques françaises vient des portefeuilles de prêts
de LBO, surtout pour ceux qui remontent à la
période fin 2006-début 2007 qui a été le haut de
cycle pour les montages LBO", explique Christophe
Nijdam, analyste bancaire chez AlphaValue, une
société de recherche financière. "Le pic des LBO a
été atteint début 2007. Et de nombreuses sociétés
sous LBO se retrouvent aujourd'hui fortement
endettées", confirme Charles Dautresme, stratégiste
chez Axa Investment Managers. Avant d'accorder
des prêts pour financer des rachats d'entreprises
avec effet de levier, les banques exigent
généralement que des ratios financiers soient
scrupuleusement respectés, connus sous le nom de
"covenants". Mais face à l'engouement pour les
montages de LBO, surtout fin 2006 et début 2007,
certains établissements ont été moins regardants.
"C'est à cette période que les montages financiers
les moins orthodoxes ont été réalisés. Les covenants
ont aussi été beaucoup moins rigoureux", souligne
Christophe Nijdam. Selon lui, à l'image de ce qui
s'est passé avec la crise des crédits immmobiliers
subprime aux Etats-Unis, le mécanisme de la
titrisation pourrait entraîner des dégâts sur les LBO
"plus importants que par le passé". LES
PROVISIONS PRENDRONT LE RELAIS DES
DÉPRÉCIATIONS Dans le cadre des
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recommandations du Forum de stabilité financière,
les quatre banques françaises cotées ont fait état
d'une exposition aux financements de LBO
d'environ 27 milliards d'euros. A fin 2008, elle
s'élevait à 8,9 milliards pour BNP Paribas , à 6,5
milliards d'euros pour le Crédit agricole , à 6,2
milliards pour Natixis et à 5,6 milliards pour la
Socgen . Globalement, les analystes et gérants de
portefeuilles s'attendent pour cette année, comme ce
fut déjà le cas en 2008, à voir augmenter le coût du
risque des banques. "En 2008, les comptes bancaires
ont été plombés par les dépréciations et les
provisions liées à la valorisation des actifs financiers
en valeur de marché. En 2009, ils le seront par les
provisions pour créances douteuses", explique
l'analyste d'AlphaValue. Baudouin Prot, le directeur
général de BNP Paribas, avait déclaré en février, au
moment des résultats de la banque, s'attendre à une
hausse du coût du risque sur les activités en raison
de la récession économique et à une baisse du coût
du risque lié aux activités de marché.
[ID:nLI119143] En France, le coût du risque a par
exemple été multiplié en 2008 par 3,3 chez BNP
Paribas et par 2,9 pour la Société générale. Les
provisions de Crédit agricole SA ont augmenté de
66,8%. Ailleurs en Europe, la banque allemande
Deutsche Bank a enregistré l'an dernier un quasi
doublement de ses provisions pour pertes sur crédit
à 1.076 millions d'euros contre 612 millions en
2007. En Grande-Bretagne, HSBC a vu en 2008 ses
charges pour dépréciations de prêts et ses provisions
pour risque de crédit augmenter de 44% à près de 25
milliards de dollars (18,4 milliards d'euros).
PRESSION TOUJOURS FORTE SUR LES
CAPITAUX Anticipant une année 2009 encore
difficile, HSBC est la dernière banque en date à
avoir lancé une augmentation de capital pour lever
12,9 milliards de livres (13,7 milliards euros). Pour
les experts financiers, la pression sur les besoins en
capitaux des banques restera d'ailleurs toujours
forte. "Je pense que nous aurons encore cette année
des recapitalisations dans le secteur bancaire", juge
Charles Dautresme d'Axa Investment Managers.
Dans le cadre de la deuxième tranche d'aide au
ALPHA VALUE
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secteur bancaire, BNP Paribas convoque ses

actionnaires le 27 mars pour l'émission de 5,1
milliards d'euros d'actions de préférence à souscrire
par l'Etat français pour permettre à la banque de
renforcer ses ratios de solvabilité financière. Dans le
contexte actuel, les investisseurs continuent de
rester à l'écart des valeurs bancaires comme en
témoigne l'indice sectoriel DJ Stoxx des banques
européennes qui abandonne plus de 18% depuis le
début de l'année après avoir perdu 64,76% en 2008.
BNP Paribas, Crédit agricole et Deutsche Bank font
partie des rares valeurs bancaires européennes en
hausse depuis janvier. (Édité par Jean-Michel Bélot)

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ALPHA VALUE