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Le Diable pour père

Introduction à la question juive


articles tirés de la revue Sodalitium
SODALITIUM : La question juive

FOI, MORALE ET RITES


DE LA RELIGION JUIVE
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

INTRODUCTION

E n entreprenant ce court article pour


montrer au lecteur quel est encore au­
jourd’hui le cérémonial et la morale du
Judaïsme en tant que religion, je me servirai
surtout de l’ouvrage du rabbin vénitien Leon
da Modena (1), du rabbin converti au catholi­
cisme Paolo Medici (2), de Johannes Bux­
torfius (3) et de l’abbé Giulio Bartolocci (4).
Cet article naît de l’exigence de compléter
les études sur la question juive et d’illustrer
pour le lecteur la religion du Judaïsme post­
chrétien A PARTIR DE SON RITUEL et
de la morale qui s’ensuit. Pour ce faire et pour
une nécessaire objectivité j’ai utilisé les ou­
vrages d’un rabbin, d’un juif converti au
Christianisme, et de deux catholiques.
Le juif converti Paolo Medici écrivait
dans son livre: “Je me suis… résolu à vous
SODALITIUM : La question juive

présenter ce livre… d’utilité, vous fournis­ Adam, bien avant de créer Eve, il lui donna
sant de brefs et clairs motifs pour réfuter et pour compagne une femme de terre qui s’ap­
mettre en évidence LA FAUSSETE DES pelait Lilit. D’après cette croyance Lilit se dis­
RITES JUDAIQUES dont les juifs sont en­ puta avec Adam, ne voulant pas lui être sou­
flés et superbes, en se vantant faussement mise, blasphéma le nom ineffable de Dieu et
d’être les observateurs de ce que prescrit la s’enfuit. Dieu alors envoya ces trois anges
sainte Loi” (5). Il réfutait le traité du rabbin pour convaincre Lilit de retourner à son mari,
Leon da Modena, lequel, à son avis, “tait et, si elle obéissait, tout se terminerait bien
malicieusement une bonne partie des céré­ alors que si elle désobéissait, cent diables mis
monies que pratique le Judaïsme, pour fuir au monde par elle-même (c’est-à-dire ses en­
la honte et la confusion qui pourrait en ad­ fants) mourraient chaque jour. Elle refusa
venir à la nation juive” (6) (7). d’obéir et dit que sa mission serait celle de
La description de certains rites, chez Leon tuer les nouveau-nés (dix jours après leur nais­
da Modena, est cependant si chargée d’ori­ sance pour les garçons et trente jours après
peaux qu’elle en vient presque à en cacher le pour les filles), sauf ceux dont les noms se­
fond superstitieux et pour cela nous verrons raient écrits sur quelque cédule. Elle accepta
“les étranges rites que pratique, à présent, la donc la peine prescrite, c’est-à-dire que mour­
misérable Synagogue, privée de la connais­ raient quotidiennement cent de ses enfants.
sance de Dieu et, comme peine du déicide, C’est en raison de cette croyance que les juifs
abandonnée et réprouvée par Lui” (8). écrivent dans les chambres des accouchées les
La RECOMMANDATION que Medici noms des anges, pour obliger Lilit à ne porter
fait dans l’introduction de son livre peut valoir aucun dommage à l’enfant à naître. Cette pra­
aussi pour nous: “Cher ami lecteur, je vous prie tique met en évidence l’AVEUGLEMENT du
de NE PAS RIRE, ce qui pourrait vous arri­ Judaïsme talmudique, qui attribue au diable, pur
ver, en lisant des choses aussi extravagantes. esprit, la faculté de mourir (10).
EXCITEZ-VOUS plutôt aux LARMES en
considérant à quel degré de misère est réduite LA CIRCONCISION
la très malheureuse Synagogue” (9).
Le même Medici, dans une lettre d’intro­ La nuit précédant la circoncision de
duction “au lecteur juif”, affirme que le nombreux hommes et femmes se réunissent
Judaïsme post-biblique par pur caprice veut dans la maison où le lendemain matin doit
persister volontairement en une malheureuse s’accomplir le rite. Après un bref discours
cécité, raison pour laquelle il se résoud à écri­ du rabbin en l’honneur de la circoncision,
re avec l’intention de faire comprendre à ses tous jouent de la musique, dansent, man­
ex-coreligionnaires que ce qu’ils observent du gent, boivent. Puis, alors que certains ren­
Cérémonial n’est rien d’autre qu’une pure trent chez eux, les autres restent toute la
SUPERSTITION, puisqu’avec la venue du nuit pour protéger le bébé des embûches de
Messie le Cérémonial de l’Ancienne Alliance la sorcière Lilit. La pièce destinée à la cir­
a cessé d’être en vigueur. Il proteste en outre concision est ornée de beaucoup de sièges,
que dans la narration des Rites et des cou­ parmi lesquels il y en a un spécial sur lequel
tumes juives il n’y aurait pas de parole qui ne personne ne s’assoit; seul y est déposé le vo­
soit pas le plus fidèlement tirée des livres les lume de l’Ancien Testament ouvert puisque
plus autorisés et authentiques de la Synagogue les juifs croient qu’au moment de la circon­
juive elle-même, c’est-à-dire le Magazor (ou cision le prophète Elie vient s’y asseoir (11).
Rituel), le Sulchanharuh et le Talmud. Leon da Modena aussi confirme ce céré­
monial. “Le matin [de la circoncision] sont
LE PASSE: LA NAISSANCE CHEZ LES préparés deux sièges ornés de soie, l’un pour
JUIFS le parrain, l’autre, d’après certains, au nom
du prophète Elie, qui toujours invisible se
Aux quatre angles du lit des nouveau­ retrouve dans toutes les circoncisions” (12).
nés sont écrites en caractères hébreux les L’exécuteur (Mohel) doit être un
paroles: “Sanvi, Sansanvi, Samangalef, homme et est reconnaissable aux ongles des
Adam, Eve, dehors Lilit”. pouces plus longs que ceux des autres
Sanvi, Sansanvi et Samangalef sont pour doigts. C’est lui qui entonne l’hymne de la
les juifs les noms de trois anges; Lilit au circoncision qu’il chante avec les assistants.
contraire serait une sorcière: quand Dieu créa L’hymne terminé, le parrain s’assoit sur la

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SODALITIUM : La question juive

chaise qui lui est réservée; entre alors dans


la pièce de la circoncision la marraine avec
l’enfant sur les bras, accompagnée de nom­
breuses autres femmes, elle va vers la chaise
préparée pour le prophète Elie, cru déjà là
présent et le salue avec une profonde incli­
nation. La chaise d’Elie étant donc laissée,
la marraine porte l’enfant à l’endroit de la
circoncision, le tend au parrain qui le prend,
le pose sur ses genoux et commence l’opéra­
tion pour laquelle on se sert aussi des longs
ongles des pouces (13).

L’EDUCATION DES FILS

A douze ans les petits garçons reçoivent


l’explication de quelques passages de
l’Ancien Testament et sont instruits dans
l’étude du Talmud: les plus doués s’adon­
nent à l’étude de la Cabale.
Dans le Talmud sont contenus des blas­
Le frontispice de la “Bibliotheca magna rabbinica”
phèmes contre Dieu, non seulement contre de l’abbé Giulio Bartolocci
Notre-Seigneur Jésus-Christ (14), mais aussi
contre Dieu le Père: “Dieu fait oraison, …joue alors que les membres des autres familles de
trois heures par jour, DISPUTE AVEC LES la tribu restèrent de simples clercs consacrés
RABBINS ET RESTE VAINCU, les bien­ au culte de Dieu. Ce sacerdoce de la FA-
heureux au ciel ne croient pas en lui, …DIEU MILLE d’Aaron de la TRIBU de Lévi dura
PEUT PECHER…”! Medici affirme ne pas jusqu’à la venue de Notre-Seigneur Jésus-
avoir lu ces choses dans les livres des auteurs Christ. “Il ne manque pas non plus de nos
chrétiens, mais de “les avoir dans mon enfance jours des juifs menteurs, qui se vantent faus­
apprises dans les livres [juifs]” (15). sement d’être des descendants de la maison
d’Aaron, se font passer pour des prêtres…
L’AUTORITE DES RABBINS Cela est tout à fait faux puisqu’AVEC
LA DESTRUCTION DE JERUSALEM et
Les jeunes juifs qui ont poursuivi les du Temple ILS ONT [les juifs] PERDU LA
études sont appelés Maschil (savant), ou CONNAISSANCE DE LA TRIBU, de ma­
Caver de Rab (compagnon du rabbin); à un ni­ nière à ce qu’il y en ait aucun qui puisse dire
veau plus élevé Chaham, c’est-à-dire rabbin avec vérité d’être de telle ou telle tribu” (17).
ou sage. C’est parmi eux qu’est élu pour
chaque ville un rabbin de la communauté LES PRIERES
(Chaham de Kaàl), chargé de résoudre les in­
certitudes concernant les choses permises, de Les juifs ont l’habitude de réciter le Cadish,
célébrer les mariages, de déclarer les divorces qui est une “louange” à Dieu, à la fin de la­
et d’excommunier les délinquants (16). quelle les assistants répondent: ‘Amen’. Les
talmudistes enseignent qu’à ce moment Dieu
LES PRETRES ET LES LEVITES secoue la tête et dit “Malheur au Père qui a
envoyé les fils en esclavage et malheur aux fils
Avant que les juifs n’adorassent le Veau qui sont privés de la table de leur Père” (18).
d’or dans le désert, tandis que Moïse parlait C’est une habitude typiquement talmudique
avec le Tout-Puissant (environ 1280 avant de juger Dieu comme impuissant et incapable
J.-C.), tous les premiers-nés étaient des de libérer un peuple de l’esclavage (19)!
prêtres consacrés au culte de Dieu, mais Quant à la MANIERE DE PRIER, les
après le péché d’idolâtrie les LEVITES (de juifs n’ont pas la manière de chanter alternati­
la tribu de Lévi) furent choisis à leur place, vement avec deux chœurs distincts, comme
avec la différence qu’Aaron, ses fils et leurs cela se fait au contraire dans l’Eglise, et pen­
descendants étaient destinés au sacerdoce, dant qu’ils prient ils ne restent jamais immo-

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SODALITIUM : La question juive

biles, remuant toujours la tête en avant et en nière dont…ils s’y préparent n’est pas de s’y
arrière, ou à droite et à gauche. Dans la syna­ préparer par des actes méritoires et ver­
gogue ils n’ôtent pas leur chapeau et prati­ tueux, mais plutôt blâmables, puisqu’ils
quent une oraison exclusivement vocale, l’orai­ cherchent tout au long de la semaine, quel
son mentale n’existant pas. Medici parle aussi est l’aliment le plus savoureux au palais et
(en le confirmant) de l’homicide rituel (20). l’animal le plus gras…” ( 25 ). Et encore,
d’après l’enseignement des rabbins, durant
LES SONGES le Sabbat tout juif aurait une âme en plus
(26), ce qui justifie le conseil de manger plus
“La foi que les juifs prêtent au songe est (pour alimenter l’âme supplémentaire!) (27).
une chose incroyable. Ils croient que la bonté
ou la méchanceté du songe consiste dans le fait L’ENFER ET LE PARADIS
d’être bien ou mal interprété… La méthode
qu’ils suivent pour annuler la méchanceté d’un La Synagogue, à cause de la perte de
songe, quand il est néfaste, est de jeûner le len­ l’assistance de Dieu, a perdu aussi l’unité de
demain… Celui qui a rêvé jeûne tout ce jour, et la foi, c’est pourquoi il est très difficile de
vers le soir il va voir trois rabbins… à qui il dit trouver une concordance entre les rabbins
sept fois…: “J’ai vu un bon songe”. Et eux au­ même sur les doctrines religieuses.
tant de fois répondent “Tu as vu un bon songe, Ceci est évident, par exemple, en ce qui
et qu’il soit bon, Dieu fasse qu’il soit bon” concerne l’enfer; les théories et opinions sur
…Les juifs sont si crédules aux rêves qu’il ne lui sont très variées et peu en admettent
leur est permis à aucun titre de jurer le jour du L’ETERNITE. Le Talmud (28) nie l’éternité
Sabbat, excepté pour cause de songes…” (21). des peines pour les juifs, tous destinés au
La théorie des songes a aussi un rôle fon­ salut; les rabbins enseignent communément
damental dans la psychanalyse freudienne, que pourvu qu’on persiste dans le Judaïsme,
d’origine talmudico-cabalistique (22). UN JOUR les peines des pécheurs morts
dans le péché DEVRONT SE TERMINER.
LE SERMENT D’autres au contraire affirment que la peine
de l’enfer dure seulement DOUZE MOIS!
Les rabbins affirment dans le Talmud Quant aux anges et aux démons, pour les
que Dieu demande pour lui l’absolution par rabbins, ce sont des créatures corporelles et
le serment qu’il aurait fait de tenir comme matérielles qui se tachent de péchés de luxure.
esclave parmi les nations du monde le
peuple israélite (23)! LE PRESENT

LA CONFESSION “Mais aujourd’hui - se demandera le lec­


teur - les choses sont-elles encore ainsi?”.
Les juifs n’ont pas la confession auriculai­ Naturellement le juif talmudiste orthodoxe
re comme les catholiques, mais possèdent une pense encore de cette manière et il n’est pas
certaine formule qui procède par ordre alpha­ difficile de le prouver: même si un “catéchis-
bétique, dans laquelle sont décrits tous les
vices et les péchés que l’on peut commettre. Le frontispice de la “Synagoga Judaica”
Les rabbins exhortent les fidèles, au cas où ils de Johannes Buxtorfius
ont commis un péché, à ce que, arrivés à la
lecture de la formule où est désigné ce péché,
ils le confessent à Dieu sans que personne ne
les écoutent. La formule de la confession est
récitée deux fois par jour, le matin et après le
dîner, avec la tête un peu inclinée et la main
gauche étendue sur les yeux (24).

LA FETE DU SABBAT

Dans son analyse Medici nous informe


que les juifs “entendent célébrer le Sabbat,
mais non SANCTIFIER le Sabbat…La ma­

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SODALITIUM : La question juive

me” de la Synagogue juive actuelle fait dé­ dire la souveraineté de l’unique Dieu [que
faut, outre les traités fondamentaux déjà nous savons être Jésus Lui-même, n.d.r.]» (36).
cités, on signale des livres de publication ré­ De ce principe ethnique de la mission
cente qui touchent certains des sujets objet d’Israël (37) il découle en conséquence que: “Le
de la présente étude. mariage ne peut avoir lieu qu’entre juifs. Une
Au sujet de la sorcière Lilit, on peut lire union entre un juif… et une personne étrangè­
dans la Piccola Enciclopedia dell’Ebraismo: re au Judaïsme est… interdite… C’est une des
“LILIT, démon de sexe féminin, …apparaît normes qui ont le plus puissamment contribué
souvent dans la littérature talmudique… Elle à maintenir ferme l’organisation d’Israël: l’in­
a la double fonction de séduire les hommes sertion dans la famille juive d’éléments, même
(même contre leur volonté…) et de mettre très bien, d’une autre origine… ne peut que
en danger les femmes enceintes en essayant contribuer à l’assimilation d’Israël et donc… à
de provoquer la mort des enfants nouveau­ sa destruction… Les juifs [donc], en tant que
nés… L’usage de se servir d’amulettes pour prêtres de l’humanité, doivent TOUJOURS
se protéger de LILIT est très répandu…” constituer une MINORITE CHOISIE au mi­
(29). Reste l’actuelle absurdité d’un démon lieu des autres. Bien plus, est de règle comme
(qui est un pur esprit) de sexe féminin et sa condition nécessaire pour faire partie du
capacité de forcer la volonté de l’homme. Judaïsme celle d’y appartenir depuis la nais­
Sur la seconde âme du Sabbat on peut sance. L’œuvre de diffusion de ces principes…
lire encore aujourd’hui: «Dès le commence­ qui, au moyen d’Israël, devaient s’étendre… à
ment du “Shabbath”, le juif resplendit d’une tous les hommes, ne peut consister en une pro­
lumière particulière: Dieu lui accorde en pagande faite par la parole pour amener les
effet une “AME SUPPLEMENTAIRE”» autres à embrasser le Judaïsme, mais dans l’ac­
(30); et par ailleurs: “On considère aussi pos­ tion afin d’atteindre un degré élevé de sainte­
sible qu’UNE AME PUISSE ETRE COM- té, QUI NOUS IMPOSE à l’admiration des
PLETEE PAR UNE AUTRE. Ainsi on af­ autres et FASSE NAITRE en eux LE DESIR
firme l’idée de l’AME DU SABBAT, qui DE SUIVRE NOS PAS” (38).
était ajoutée à l’âme que l’homme possédait On peut dire que de nos jours cette aspi­
tous les autres jours” ( 31 ). Et, d’après ration s’est amplement réalisée.
Gugenheim, “l’officiant récite la bénédic­
tion sur le vin… dont le parfum a le but de LE SYSTEME JURIDIQUE
retenir L’AME DE TOUS LES JOURS qui
voudrait suivre… L’AME DU SHABBA- Le système juridique du Judaïsme est
TH, quand elle s’en va” (32). fondé essentiellement sur le Talmud babylo­
Sur la présence du prophète Elie à chaque nien; au cours des siècles, cependant, il a
circoncision on lit: “Une CHAISE SPECIA- subi des codifications et des simplifications
LE est préparée POUR LE PROPHETE de la part de certains talmudistes célèbres
ELIE, …qui préside invisiblement la cérémo­ qui ont réussi à transmettre fidèlement le
nie…” (33); et encore “une chaise libre (…LA SENS du texte d’origine, pas toujours acces­
CHAISE D’ELIE) symbolise sa présence à la sible à tous à cause de sa complexité (39).
circoncision d’un nouveau-né…” (34). Le docteur Israel Shahak, président de la
Concernant ensuite la religion juive ac­ Ligue Israélienne des droits de l’homme, a
tuelle, les paroles de Elia S. Artom, écrites il écrit un intéressant appendice à l’article La
y a une cinquantaine d’années et destinées “à religion juive et ses attitudes par rapport aux
diriger dans la pratique de la vie juive” sont autres Nations (40), sous le titre Lois talmu­
éclairantes (35): «Israël est [toujours, n.d.r.] diques et rabbiniques contre les Nations (41).
royaume de prêtres et nation consacrée. Dans son écrit Shahak, se fondant sur le
…Israël est prêtre en tant qu’il lui est confié Talmud et sur ses meilleures codifications
une fonction à remplir… au milieu de tous les exactement citées, affirme que si le meurtre
hommes; ISRAEL est consacré en tant qu’il d’un juif est un crime capital, la situation
est PLACE A UN GRADE PLUS ELEVE change radicalement si la victime est un goy
QUE LES AUTRES NATIONS… La fonc­ (42); en effet un juif qui tue un non juif est
tion qu’Israël doit accomplir est… celle de coupable seulement devant Dieu, et ce péché
préparer avec ses actes… la venue du temps n’est pas punissable par un tribunal humain.
où tous les hommes reconnaîtront de fait ce Déjà David Halévi ( 43), au XVIIème
qu’on appelle… “royaume céleste”, c’est-à­ siècle, avait écrit sur le même thème que,

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SODALITIUM : La question juive

quand il s’agit d’un païen, “… il ne faut pas MAIS SEPAREES, puisque les juifs sont
lever la main dans le but de lui faire du mal, liés entre eux non tant par la langue, que par
mais on peut lui nuire indirectement, par la “religion et [par] l’appartenance au
exemple en retirant l’échelle s’il est tombé peuple juif” (53). L’IDENTITE JUIVE EST
dans une crevasse” (44). CONSTITUEE SURTOUT PAR L’AP-
Quand en guerre on tombe sur un civil PARTENANCE AU PEUPLE JUIF, et
de la partie adverse, non seulement on peut, même les juifs qui ne sont pas religieux
mais même on doit le tuer (45). Ainsi, si le maintiennent un lien solide avec le
devoir de sauver la vie à un juif d’après la Judaïsme, précisément “en tant qu’ils appar­
Halakhah est primordial (46), il n’en est pas tiennent au peuple juif” (54).
du tout de même pour les païens (47), bien Etre juif orthodoxe signifie accepter
qu’il soit défendu de les tuer directement. “tout ce qui est écrit dans la Torah et tout ce
Cette obligation de nuire aux non juifs qui est écrit dans le Talmud” (55).
subit des limitations au cas où, une fois dé­ Le point fondamental du Judaïsme est,
couvert, cela peut susciter de l’hostilité évidemment, le monothéisme, interprété de
contre les juifs: par exemple un médecin juif manière antitrinitaire. “L’unité de Dieu
qui se refuserait de sauver la vie à un non …l’unité de l’humanité” sont, selon Toaff, le
juif (48). fondement du Judaïsme. A la lumière de ceci
La violation du Sabbat est permise pour il est donc facile de comprendre ce qui se
sauver la vie d’un juif, alors que le Talmud cache derrière l’œcuménisme d’aujourd’hui,
interdit de sauver la vie à un goy même du­ selon lequel les catholiques, les juifs et les mu­
rant la semaine (49); ensuite il y a différents sulmans adoreraient un seul Dieu et devraient
cas de conscience résolus selon la casuis­ par conséquent former un seul peuple (56).
tique judaïque, comme, par exemple, la pos­ Le peuple juif est encore aujourd’hui le
sibilité de violer le Sabbat pour sauver la vie peuple élu et a «la mission [d’être] “un
de plusieurs personnes dans l’éventualité royaume de prêtres, une nation consacrée”,
que parmi elles il y ait un juif (50). PRETRES DE L’HUMANITE et consacrés
D’après la Halakhah, les juifs ne doivent à la diffusion du monothéisme dans le
pas permettre à un goy de devenir supérieur monde» (57). Les prêtres de l’humanité, qui
d’un juif, et cette disposition s’applique même doivent répandre dans le monde entier l’idée
aux convertis au Judaïsme et à leurs descen­ du monothéisme antitrinitaire, se servent des
dants jusqu’à la dixième génération (51). “prosélytes de la porte” (ceux qui n’appar­
Les cadeaux aux goyim sont interdits, tiennent pas au peuple juif mais en embras­
sauf s’ils servent pour obtenir quelque profit, sent le “credo”) pour le répandre partout.
dans ce cas ils perdent leur caractère illicite, “Le peuple juif est prêtre de cette reli­
alors que les critiques sur la conduite et sur gion monothéiste qui doit porter à tous,
l’habillement du goy sont toujours justifiées. NON la religion JUIVE, mais la religion du
Dieu unique. Dans le Talmud on dit que
ETRE JUIF... AUJOURD’HUI quand tous les peuples seront monothéistes,
le Messie viendra sur la terre, c’est-à-dire à
La voix autorisée du Grand Rabbin de l’époque de la fraternité universelle” (58).
Rome Elio Toaff a récemment confirmé et La religion du Dieu unique (ou du
approfondi tout ce qui a été exposé ici, dans G.A.D.U.) n’est donc pas la religion juive,
une interview accordée à Alain Elkann (en­ mais celle des noachides et la réalisation de
seignant de littérature italienne à la la religion maçonnico-philantropique de fra­
Columbia University de New York), dans la­ ternité universelle marquera non l’avène­
quelle il répond à ces questions: qui sont les ment du Messie mais celui de l’Antéchrist!
juifs, est-ce un peuple ou une religion, en La réponse à la question de Elkann, s’il ne
quoi croient-ils, etc. serait pas mieux qu’il n’y eut qu’une seule
Les réponses de Toaff sont d’une grande religion le confirme: “C’EST NOTRE BUT.
importance pour comprendre l’essence du L’espérance du Judaïsme est d’arriver à cette
Judaïsme actuel. grande religion universelle” (59), mais en sau­
Tout d’abord le Professeur Toaff affirme vegardant le Judaïsme: “Les juifs ne veulent
que “les juifs… sont un peuple qui a sa reli­ pas porter le Judaïsme à tous les peuples.
gion” (52); LES DEUX CHOSES, PEUPLE LA RELIGION JUIVE EST POUR LE
ET RELIGION JUIVE, NE SONT JA- PEUPLE JUIF ET C’EST TOUT!” (60).

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SODALITIUM : La question juive

Les juifs ne peuvent pas manger la vian­ les suivre: “CELUI QUI EST JUIF PEUT
de de porc, “…pour une raison de SE- FAIRE CE QU’IL VEUT. Celui qui n’est
PARATION, puisqu’ils doivent ETRE SE- pas juif et veut le devenir doit tout accepter”
PARES des autres”, avec une sorte de dis­ (66). C’est cela le point nodal du combat qui
crimination ethnique et religieuse, et ceux oppose depuis deux mille ans les Pharisiens
qui ne suivent pas les préceptes ou qui ne à Jésus-Christ. Déjà Jean-Baptiste admones­
sont pas pratiquants ne cessent pas pour tait les Pharisiens et les Sadducéens en di­
cela d’être juifs, mais seulement “renoncent sant: “Race de vipères, qui vous a montré à
à être un peuple de prêtres” (61). fuir devant la colère qui va venir? FAITES
Pour Toaff le Messie est une époque (62). DONC DE DIGNES FRUITS DE PENI-
La même erreur qui causa le refus de Jésus- TENCE. Et ne songez pas à dire en vous­
Christ persiste: si le Messie est le peuple juif, mêmes: ‘NOUS AVONS ABRAHAM
qui - comme Jésus - veut prêcher le Royaume POUR PERE’; car je vous le dis, Dieu peut,
des Cieux ouvert à tous, sans distinction de de ces pierres mêmes, susciter des enfants à
race, “il est coupable de mort”, parce que, Abraham. Déjà la cognée a été mise à la raci­
comme l’affirme le professeur Toaff: ne des arbres. Tout arbre donc QUI NE
“L’époque messianique est… le contraire de PRODUIT PAS DE BON FRUIT sera
ce que veut le Christianisme: NOUS coupé et jeté au feu” (Matth. III, 7-10).
VOULONS REPORTER DIEU EN Sur le concept de l’au-delà Toaff affirme
TERRE, ET NON L’HOMME AU CIEL. que “la Torah parle de cette vie et NE
Nous ne donnons pas le royaume des cieux PARLE JAMAIS DE L’AU-DELA” (67).
aux hommes, mais nous voulons que Dieu re­ Werner Sombart écrit également: “Il est
vienne régner sur terre” ( 63). Pour que le bien connu que… le Judaïsme ignore l’Au­
Messie arrive parmi nous “il suffirait que tous delà. L’homme peut donc éprouver le bien
les juifs, comme il est écrit dans le Talmud, et le mal seulement en ce monde. Dieu, s’il
respectassent et observassent deux Sabbats veut punir ou récompenser, peut le faire
consécutifs tous ensemble une fois dans leur seulement tant que l’homme vit sur la terre.
vie et le Messie serait déjà arrivé” (64). Ici-bas, donc, le juste doit prospérer, ici-bas
Pour le Judaïsme-religion, le peuple et l’impie doit souffrir” (68).
Dieu sont un unique objet de foi: “Pour rester Les juifs ensuite “ont confiance en cet es­
de bons juifs, il faut avoir foi non seulement prit divin qui est en chacun de nous. Au mo­
en Dieu, mais aussi dans le PEUPLE juif” (65). ment où l’individu naît …nous recevons
Entrer dans la religion juive est difficile, quelque chose qui nous unit à Dieu” (69). On
parce que cela implique l’acceptation de croit presque lire Gaudium et Spes n° 22:
“toutes les règles du peuple juif contenues “Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en
dans la Torah”, alors que celui qui est déjà quelque sorte uni Lui-même à tout homme”.
juif peut, même en le restant, ne pas toutes Ensuite en ce qui concerne le rapport
entre la Foi et les œuvres, le Judaïsme attri­
bue une plus grande valeur aux œuvres qu’à
la foi (70). Mais nous autres catholiques sa­
vons que si “la foi sans les œuvres est morte”
(contre l’hérésie luthérienne), il est autre­
Chaise d’Elie, utilisée
ment vrai que “sans la foi il est impossible de
durant la cérémonie de la plaire à Dieu” (contre le Pharisaïsme talmu­
circoncision (cette chaise dique). Toaff insiste sur ce point: “L’homme
se trouve à la synagogue se sauve à travers les œuvres; s’il y a la foi
de Bevis Marks à c’est mieux, mais si LA FOI N’Y EST PAS
Londres).
ET QUE L’INDIVIDU SE COMPORTE
BIEN IL SE SAUVE EGALEMENT” (71).
Dieu n’est pas le Dieu personnel et trans­
cendant, il est plutôt l’anima mundi immanent
au monde et qui fait une seule chose avec lui:
“Le concept de dieu est un concept très large
dans le Judaïsme, ce n’est pas une personne”
(72). Et encore: “Le péché originel dans le
Judaïsme n’existe pas. Il existe le premier

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SODALITIUM : La question juive

péché de transgression, qui a été accompli par cabalistes. Ces derniers en effet appliquent les
Adam et Eve… Il n’y a pas que nous aussi qui théories mystiques de la Cabale à leur propre
subissions les conséquences du péché originel. vie (77) pour atteindre des résultats déterminés
Parce que le PECHE ORIGINEL EST SEU- qui surpassent la nature: “Il est resté très peu de
LEMENT POUR QUI N’EST PAS JUIF” soi-disant experts Kabbalistes [magiciens ou lu­
(73). Il semble presque insinuer l’immaculée cifériens, n.d.r.], parce que appliquer ces lois…
conception du peuple juif! n’est pas si simple. …Mais JE PARLE ICI DE
“Les racines de ce qu’est le Judaïsme ac­ KABBALE ET JE NE DEVRAIS PAS.
tuel se trouvent dans le Talmud”, qui cepen­ …Certaines choses ne s’enseignent pas, chacun
dant n’est pas un livre religieux, puisque les étudie par lui-même” (78). Et tandis qu’il
“…c’est seulement une étude. …Il n’a rien à confirme que la Cabale (impure) n’est pas une
voir avec le rite, il n’a rien à voir avec la révélation divine mais “le fruit de la spéculation
prière” (74); c’est en outre un texte que l’on mystique du juif”, il révèle aussi qu’il n’a rien
commence à étudier à dix ans. appris de la Cabale par son père, bien que ce
Toaff en vient ensuite à parler de la CA- dernier ait été un grand spécialiste de la Cabale.
BALE, dont le but est de découvrir le sens
caché dans les paroles du Zohar, texte mys­ CONCLUSION
tique et commentaire dogmatique de la
Torah. D’après Toaff il n’y a plus un De tout ce qui vient d’être dit on peut
Sanhédrin général (le Kahal) qui puisse déduire combien est fausse l’affirmation de
obliger tout le peuple juif, mais il existe des Jean-Paul II faite à la synagogue de Rome le
tribunaux locaux. Etudier la Cabale peut 13 avril 1986 selon laquelle les juifs sont
parfois être dangereux, comme il arriva à ce “nos frères aînés DANS LA FOI
rabbin, dont le cas est cité dans le Talmud, d’Abraham”, quand cette foi ils l’ont au
qui “s’est engagé sur une mauvaise voie” contraire reniée par le Déicide, comme l’a
(75), [peut-être parce qu’il est remonté à la montré clairement un juif converti sincère­
Cabale pure que Dieu confia à Adam et qui ment à la religion du Christ, Paolo Medici.
est parvenue jusqu’à Jésus-Christ et, à tra­ L’actuel Judaïsme, comme nous l’avons vu,
vers les Apôtres et les Papes, jusqu’à nous, n’est pas la continuation de l’Ancien
comme Tradition orale avec la même valeur Testament, et n’est en aucune manière
que celle écrite]. conciliable avec le Nouveau.
Le Zohar, qui est la codification cabalis­ Prions donc Dieu Tout-Puissant qu’il
tique la plus importante, et les livres qui s’y daigne éclairer les Israélites et les accueillir
réfèrent, comme à un texte fondamental, ne dans l’Eglise du Christ.
sont pas des dogmes pour le Judaïsme: Veuille la Très Sainte Vierge, victorieuse
“Ceci est la beauté du Judaïsme. Si je ne suis de toutes les hérésies écraser la tête du ser­
pas satisfait et refuse quelque explication… pent infernal qui a réussi, en ces derniers
du Zohar, je ne sors pas du Judaïsme, je suis temps, à pénétrer jusqu’à l’intérieur du
tout à fait libre de l’accepter ou de ne pas Sanctuaire.
l’accepter” (76). On dirait presque une sorte
de LIBRE EXAMEN luthérien. BIBLIOGRAPHIE ESSENTIELLE
Le Zohar fut compilé et transcrit en
Palestine par le Rabbin Shimon Bar Yohai; LILIANA TREVES ALCALAY, Contro il maloc­
Toaff explique cependant que “il y a une quan­ chio: molto aglio e vestiti tutti azzurri, in
tité de théories là-dessus, parce que quelqu’un Bollettino della Comunità Ebraica di
dit que la COMPILATION est une chose, et Milano, mai 1995, p. 15.
les TRADITIONS une autre”. Par conséquent S. N. EISENSTADT, Civiltà ebraica, Donzelli,
la théorie de Drach (et de très nombreux autres Roma 1994.
spécialistes) en ce qui concerne l’existence M.H. L UZZATTO , La voie de Dieu, éd.
d’une Cabale pure donnée par Dieu à Adam et Ramhal, Jérusalem 1993.
qui se transmet oralement à chaque époque, H. COHEN, L’éthique du Judaïsme, éditions
corrompue ensuite par les Pharisiens à partir du du Cerf, Paris 1994.
IIème siècle avant J.-C. jusqu’à devenir la ERICH FROMM, La legge degli ebrei, Rusconi,
Cabale impure du Judaïsme post-biblique, Milano 1993.
semble accréditée par Toaff, qui avance aussi GILBERT DAHAN, La disputa antigiudaica nel
une distinction entre spécialistes de la Cabale et medioevo cristiano, Ecig, Genova 1993.

9
SODALITIUM : La question juive

“Riti e costumi ebraici”, Anima supplemen­ FIUS, op. cit., ch. 4, p. 85. DON GIULIO BARTOLOCCI, op.

tare del Sabato, in Actualité Juive, n° 399, cit., pp. 70-71. LEON DA MODENA, op. cit., partie IV, ch.
V, p. 94.
12/X/1994, p. 17. 11) Cf. Rituale ebreo, Amsterdam 1649, p. 39.
Rabbi HATOUN, Le chabbat, Jérusalem. 12) L. DA MODENA, op. cit., partie 3a, ch. 7, p. 100.
S. BEN-CHORIN, Il giudaismo in preghiera, 13) PAOLO MEDICI, op. cit., pp. 6-18.
ed. Paoline, Milano 1988. 14) Cf. Sodalitium, n° 36, pp. 14-21.
15) PAOLO MEDICI, op. cit., p. 27. Voir aussi les ou­
BEN ZION BOKSER, Il giudaismo. Profilo di vrages de SISTO DA SIENA ou de GIROLAMO DA SANTA
una fede, il Mulino, Bologna 1969. FEDE, Bibliotheca Patrum.
A. P ENNA , La religione d’Israele, 16) PAOLO MEDICI, op. cit., pp. 34-36.
Morcelliana, Brescia 1958. 17) Ibidem, pp. 44-45. Cf. M. BLONDET, I fanatici
E. T ESTA , Usi e riti degli Ebrei ortodossi, dell’Apocalisse, ed. Il Cerchio, Rimini 1992, p. 135.
18) Ibidem, p. 65.
Franciscan Printing Press, Gerusalemme 19) Cf. JONA, Il concetto di Dio dopo Auschwitz,
1973. ed. il Melangolo, Genova 1991.
C. F LEURY , Costumi degli Israeliti, ed. 20) PAOLO MEDICI, op. cit., p. 75.
Fontana, Milano 1883. 21) Ibidem, pp. 99-101.
22) Cf. LEON DA MODENA, op. cit., ch. 4, n° 5.
B. Z. B OKSER , Il Giudaismo, Il Mulino, 23) PAOLO MEDICI, op. cit., p. 108.
Bologna 1969. 24) Ibidem, pp. 109-112.
A. UNTERMAN, Dizionario di usi e leggende 25) Ibidem, p. 117.
ebraiche, Laterza, Bari 1994. 26) Cf. Talmud, traité Schabbat, ch. 4°.
E. BAROUKH - D. LEMBERG, Guide pratique 27) Cf. J. BUXTORFIUS, Sinagoga judaica, ch. 16, “De
anima judeorum sabbatina”; et don GIULIO BARTOLOCCI,
du Judaïsme, First, Paris 1994. Bibliotheca magna rabbinica, tome 3, p. 412.
H. COHEN, Religione della ragione dalle fonti 28) Traité “Sanhédrin”, ch. “Chelec”.
dell’ebraismo, ed. San Paolo, Milano 1994. 29) J. MAIER - P. SCHÄFER, Piccola Enciclopedia
Y. HILLEL, La foi, la Kabbale et la folie, éd. dell’Ebraismo, Marietti, Casale Monferrato 1985, p. 369.
30) C. SZLARMANN, L’Ebraismo per principianti,
Kodesh, Jérusalem 1994. Giuntina, Firenze 1987, p. 112.
G ADI L UZZATTO V OGHERA , L’antisemi­ 31) J. MAIER - P. SCHÄFER, op. cit., p. 29.
tismo, Feltrinelli, Milano 1994. 32) E. GUGENHEIM, L’Ebraismo nella vita quotidia­
P. DRACH, De l’harmonie entre l’Eglise et la na, Giuntina, Firenze 1994, p. 73.
Synagogue, P. Mellier édit., Paris 1844. 33) Ibidem, p. 147.
34) J. MAIER - P. SCHÄFER, op. cit., p. 202. Voir
aussi sur le sujet:
Notes G. F OHRER , Fede e vita nel giudaismo, Paideia,
Brescia 1984 et L. SESTRIERI, La spiritualità ebraica, ed.
1) L EON DA M ODENA , Historia di riti hebraici, Studium, Roma 1987.
Venezia 1678, (réimpression photolitographique Forni, 35) ELIA S. ARTOM, Vita d’Israele, ed. Israel, Roma
Bologne 1979). 1993, 4a ed., préface.
2) PAOLO MEDICI, Riti e costumi degli ebrei, Torino 36) Ibidem, pp. 1-2.
1737, VI, éd. 1874. 37) Cf. Sodalitium, n° 26, pp. 22-46.
3) J OHANNES B UXTORFIUS , Synagoga judaica, 38) ELIA S. ARTOM, op. cit., pp. 172-193, passim.
Basilea 1680, (réimpression photolitographique, 39) Le plus ancien code talmudique est la Misneh
Hildesheim - Zürich - New York 1989). Torah de Moïse Maïmonide (1180) alors que le plus autori­
4) DON GIULIO BARTOLOCCI, Bibliotheca magna ra­ sé, encore utilisé comme manuel est le Shulan Aruk, com­
binica, Rome 1675-83, 4 vol. ed Propaganda Fide. Cet posé par le rabbin Yosef Karo à la fin du XVIème siècle.
ouvrage est d’une importance capitale. Bartolocci, 40) Khamsin, n° 9, 1981, Ithaca Press, Londres.
(Viterbe 1616 - Rome 1687) fut un éminent orientaliste. 41) Nous nous sommes servis de la traduction fran­
Il fut l’élève du juif converti Giovanni Giona Galileo çaise publiée dans le livre L’azyme de Sion, du général
Battista, professeur d’hébreu à l’Université de Rome. Il Moustafa Tlass, Damas 1990.
entra dans l’Ordre cistercien sous le nom de Giulio di S. 42) ISRAEL SHAHAK, op. cit., p. 311.
Anastasia et enseigna l’hébreu pendant trente ans au 43) Il fut l’un des plus importants commentateurs
Collegio dei Neofiti à Rome. (Cf. E. FLORIT, article du Shulan Aruk.
“Bartolocci Giulio”, in Enciclopedia Cattolica, Città del 44) ‘Tourey Zahav, Yoreh Deah’ 158.
Vaticano 1949, vol. II, col. 914). 45) ISRAEL SHAHAK, op. cit., p. 314.
5) PAOLO MEDICI, op. cit., p. IV. 46) Ibidem, p. 322.
6) Ibidem, p. IV. 47) Talmud, Traité ‘Abodazgza’, 26b.
7) «Graetz également - écrit Adolfo Ottolenghi ­ 48) ISRAEL SHAHAK, op. cit., p. 323.
…reprochera à Da Modena ce livre: l’Historia, d’après 49) Ibidem, p. 323.
lui, il a rendu un mauvais service au Judaïsme». 50) Ibidem, p. 327.
ADOLFO OTTOLENGHI, Rassegna mensile di Israele, sez. 51) Ibidem, p. 341.
2°, vol. VII. N° 7-8, nov.- déc. 1932, p. 289. 52) ELIO TOAFF - ALAIN ELKANN, Essere ebreo, ed.
8) PAOLO MEDICI, op. cit., pp. IV-V. Bompiani, Milano 1994, p. 13.
9) Ibidem, p. V. 53) Ibidem, p. 14.
10) Cf. PAOLO MEDICI, op. cit., pp. 3-6. J. BUXTOR- 54) Ibidem.

10
SODALITIUM : La question juive

Un mohel exécutant la circoncision tandis


que le sandek tient l’enfant
55) Ibidem, p. 22.
56) On pense à Assise 1986!
57) E. TOAFF - A. ELKANN, op. cit., p. 34.
58) Ibidem, p. 56.
59) Ibidem, p. 59.
60) Ivi.
61) Ibidem, p. 36.
62) Ibidem, p. 38.
63) Ibidem, p. 40.
64) Ivi.
65) Ibidem, p. 46.
66) Ibidem, p. 49.
67) Ibidem, p. 86.
68) WERNER SOMBART, Gli ebrei e la vita economi­
ca, Padova 1989, vol. II, p. 80.
69) E. TOAFF - A. ELKANN, op. cit., p. 86.
70) Cf. Ibidem, p. 87.
71) Ibidem, p. 88. C’est donc le Talmud la source
de la théorie du “chrétien anonyme”?
72) Ibidem, p. 93.
73) Ibidem, p. 96.
74) Ibidem, p. 107.
75) Ibidem, p. 110.
76) Ibidem, p. 111.
77) Ibidem, p. 113.
78) Ibidem, p. 114.

SAUVE QUI... POUX!

S elon un décret du grand rabbin d’Israël, les juifs pra­


tiquants peuvent tuer des poux durant le shabbat,
sans transgresser le jour de repos hebdomadaire sacré.
Mais, uniquement si le parasite se trouve sur la tête d’un
être humain. Il est cependant interdit de se peigner pour
isoler les poux, car la loi proscrit formellement tout tra­
vail du vendredi soir au samedi soir. En revanche, si le
pou se trouve dans un vêtement, il faut l’ôter et le jeter
“sans lui faire de mal”. De même pour les rats, que la
Torah interdit formellement de tuer pendant le shabbat,
il faut les saisir par la queue “et les lancer au loin”.
Le Progrès, 14.2.95

11
SODALITIUM : La question juive

prononcer la peine de mort, la tradition juive


est unanime à l’affirmer (5). Cette coutume
avait été introduite un siècle à peu près avant
Jésus-Christ, c’est pourquoi durant la vie de
Jésus, toute sentence de mort prononcée hors
LA CONDAMNATION A de la “salle des pierres taillées” était nulle.
MORT DE JESUS LIMITATION DES POUVOIRS DU
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia SANHEDRIN APPORTEE PAR ROME
(10 après J.-C.)
LE SANHEDRIN AU TEMPS DE JESUS: Vingt-trois ans avant le procès de Jésus
LES PERSONNES (en 10 après J.-C.), le Sanhédrin avait perdu
le droit de condamner à mort (6).

L e Sanhédrin était le Tribunal suprême


des Juifs. Il fut établi à Jérusalem, après
l’exil babylonien (586 avant J.-C.). Le
La Judée avait été réduite à une province
romaine et les procurateurs de l’Empereur
Auguste, avaient enlevé au Sanhédrin le jus
conseil des soixante-dix anciens, institué par gladii pour l’exercer eux-mêmes. Le Talmud
Moïse (1280 avant J.-C.) en était le modèle, lui-même l’affirme: “Un peu plus de quarante
mais on ne peut pas dire, comme le font les ans avant la destruction du Temple, on enleva
rabbins, que le Sanhédrin était ce conseil aux Juifs le droit de prononcer les peines capi­
lui-même, seul son nom ayant changé. Le tales” (7). Donc, non seulement le droit de
conseil institué par Moïse dura peu de faire exécuter les condamnations à mort, mais
temps et fut créé pour soulager Moïse lui­ aussi celui de les prononcer, et le Sanhédrin
même, dans l’administration de la justice. Il essaya toujours de violer cette interdiction.
disparut dès l’entrée d’Israël dans la Terre En effet, ils savaient qu’avec la dispari­
promise. “S’il s’était maintenu à côté de la tion de ce pouvoir, le temps fixé par Jacob
puissance royale, comme le prétendent les pour la venue du Messie était définitivement
rabbins, la Bible, Josèphe Flavius ou Philon accompli. “Les membres du Sanhédrin se
en auraient certainement fait mention” (1). couvrirent la tête de cendres, revêtirent le
D’après les frères Lémann, voici au cilice en disant: Malheur à nous parce que le
contraire la vérité: le Sanhédrin apparaît sceptre est enlevé à Juda et que le Messie
pour la première fois à l’époque machabéen­ n’est pas venu!” (8).
ne, entre l’an 170 et l’an 106 avant J.-C. Il se Or, comme la Synagogue ne voulait pas
composait de soixante et onze membres, les reconnaître le Messie dans la personne de
présidents compris (2). Au temps de Jésus, Jésus, elle s’efforçait de toutes les manières
ces soixante et onze membres se distri­ possibles d’arrêter l’accomplissement de la
buaient en trois chambres: la chambre des prophétie qui disait: “Toi, Juda, tes frères te
Prêtres, celle des Scribes ou Docteurs et loueront. Le sceptre ne sortira point de
celle des Anciens. L’Evangile le confirme Juda, ni le Législateur d’entre ses pieds,
formellement: “Les Prêtres, les Scribes et les jusqu’à ce que vienne Celui qui doit être en­
Anciens s’assemblèrent pour juger Jésus” (3). voyé” (9). Or, deux signes devaient précéder
Le Sanhédrin avait deux présidents, l’un la venue du Messie: 1°) le sceptre est enlevé
portait le titre de “Prince” (Nasi) et était le à Juda. 2°) le pouvoir judiciaire est suppri­
vrai président; l’autre était appelé “Père du mé. Le Talmud aussi, commentant cette
Tribunal” (Ab Bêth-din) et n’était que le prophétie dit: “Le Fils de David, le Messie,
vice-président. ne doit pas venir qu’auparavant la puissance
Le Sanhédrin s’était imposé une restric­ royale ait disparu de Juda... Le Fils de
tion dans son droit de vie et de mort: une limi­ David ne doit pas venir qu’auparavant les
te ressortant des lieux mêmes où la sentence juges aient cessé en Israël” (10).
était prononcée. En effet, il n’y avait qu’une Enfin, quand Rome conquit la Judée, il y
salle à Jérusalem où l’on pût prononcer la avait longtemps que le sceptre (puissance
peine capitale, c’était la “salle des pierres royale) avait disparu de Juda, puisque depuis
taillées” (Gazith) et elle était située dans l’une le retour de la captivité de Babylone (586
des dépendances du Temple (4). Or, que ce fût avant J.-C.), c’est-à-dire depuis plus de quatre
là, et là seulement, qu’on pût régulièrement cents ans, nul des descendants de David, de la

12
SODALITIUM : La question juive

tribu de Juda, n’avait plus porté le sceptre (la


puissance du Roi). Le premier signe, la fin du
pouvoir royal de Juda, était réalisé.
Restait le second: la suppression du pou­
voir judiciaire. Une fois que Rome eût sup­
primé le droit du Sanhédrin de prononcer des
condamnations à mort, il n’y eut plus de vrai
législateur au pouvoir exécutif et judiciaire.
D’autre part le Talmud enseigne: “le
pouvoir judiciaire supprimé, il n’y avait plus
de Sanhédrin” (11).
Et voilà pourquoi, ayant refusé de recon­
naître le Messie dans Jésus de Nazareth, le
Sanhédrin a poussé ce cri de désespoir:
“Malheur à nous, parce que le sceptre est en­
levé à Juda et le Messie n’est pas venu” (8). Jésus condamné à mort mourut sur la Croix

MORALITE DES PERSONNES QUI succédaient annuellement dans la charge


JUGERENT JESUS d’Aaron, au mépris de l’ordre établi par
Dieu, n’étaient que de misérables intrus... il
Tout le monde connaît Caïphe, Anne et est impossible de dissimuler l’indignité de
Pilate. Mais personne ou presque ne connaît ceux qui jugèrent Jésus... Chez la plupart
les autres membres du Sanhédrin. Les frères d’entre eux... une hypocrisie ambitieuse
Lémann étudiant les Evangiles, Flavius avait... dénaturé la Loi de Moïse. Le plus
Josèphe et le Talmud, nous ont fourni beau­ grand nombre des Prêtres appartenait au
coup d’informations sur eux (12); plus de la Pharisaïsme, secte dont les membres fai­
moitié du Sanhédrin, environ quarante saient servir la religion à leur ambition per­
juges, vont comparaître sous nos yeux. sonnelle. Dans le but de dominer le peuple
a) La chambre des Prêtres par des apparences religieuses, ces Prêtres
«Depuis près d’un demi-siècle, [à partir pharisiens n’avaient pas craint de surcharger
de l’Avènement de Jésus, n.d.r.], un détes­ la Loi de Moïse de pratiques exagérées ...
table abus s’était introduit, qui consistait à Comment s’étonner de la haine homicide
nommer et à destituer arbitrairement les que ces hommes... conçurent contre Jésus-
grands Prêtres. Tandis que, durant quinze Christ? Quand Sa parole, ...mit à nu leur hy­
siècles, le Souverain Pontificat était hérédi­ pocrisie, et montra, sous le masque d’une
taire, par l’ordre de Dieu, dans une seule fa­ fausse justice, la pourriture intérieure de ces
mille, et se conservait à vie (13); à l’époque tombeaux blanchis, ils Lui vouèrent une
de Jésus-Christ, il était devenu l’objet d’un haine mortelle; jamais ils ne Lui pardonnè­
véritable trafic. Hérode avait commencé ces rent de les avoir démasqués devant le
destitutions arbitraires (14). ...Cette expres­ peuple. L’hypocrisie ne pardonne jamais à
sion des Evangélistes “le conseil des Grands qui la démasque publiquement” (17).
Prêtres”... se trouve donc d’une rigoureuse b) La chambre des Scribes
exactitude, puisqu’on comptait une douzai­ Ils étaient choisis aussi bien parmi les
ne de Grands Prêtres déposés, et que tous Lévites que parmi les laïques et formaient
ceux qui l’avaient été conservaient leur titre l’intelligentsia de la Nation. Ils étaient les
pour le reste de leur vie, et restaient de droit docteurs en Israël. Les frères Lémann nous
dans la haute assemblée... Avec eux... sié­ fournissent de nombreux détails sur la vie de
geaient de simples Prêtres” (15). quatorze scribes qui vécurent au temps de
Les frères Lémann nous fournissent le Jésus, en se fondant sur les mêmes sources
curriculum vitæ de dix-sept Grands Prêtres citées pour les Grands Prêtres et spéciale­
du temps de Jésus, en se fondant sur la ment sur la Mischna, sur David Ganz, de
Bible, Flavius Josèphe, le Talmud, Don Champagny, Gian Bernardo De Rossi,
Giulio Bartolocci, Munk (16). De ces sources Drach, Maïmonide (18). Il en ressort qu’ils
il ressort que “plusieurs de ces Pontifes étaient dominés par l’orgueil; jaloux de leur
étaient personnellement très peu hono­ titre de docteurs (Rabbi) et de leur science,
rables... Que tous les Grands Prêtres qui se ils essayaient de dominer la société. Durs et

13
SODALITIUM : La question juive

implacables, sans miséricorde, pleins d’auto­ 2°) qu’on avait, dans cette réunion, agité
suffisance. “L’impartialité - se demandent les la question de mort par rapport à Jésus-
frères Lémann - pouvait-elle être possible Christ. L’ancienne Synagogue en effet, dis­
dans des intelligences si orgueilleuses et sur tinguait trois degrés d’excommunication: la
des lèvres si infatuées d’elles-mêmes? SEPARATION (niddui); l’EXECRATION
...Lorsque le Christ sera devant eux, ce ne (chœrem) et la MORT (schammata).
sera plus seulement des accès d’orgueil, ce La SEPARATION condamnait quelqu’un
sera la vengeance de l’orgueil” (19). à vivre isolé durant trente jours. Elle n’était
c) La chambre des Anciens point exclusivement réservée au Sanhédrin.
C’était la moins influente des trois L’EXECRATION comportait une séparation
chambres du Sanhédrin. Les frères Lémann complète de la société judaïque; on était exclu
nous donnent le curriculum de sept Anciens, du Temple et voué au démon. Seul le
en citant les mêmes sources dont ils s’étaient Sanhédrin de Jérusalem pouvait l’infliger, et il
servis pour les deux premières chambres (20). la prononça contre quiconque oserait pronon­
Si elle était la moins influente du Sanhédrin, cer que Jésus était le Messie. La MORT était
elle en était peut-être la plus respectable, et réservée aux faux prophètes: “Or tout fait
par conséquent les Anciens furent les moins supposer que le Sanhédrin, qui n’hésita pas à
passionnés dans le procès de Jésus. lancer l’exécration contre les partisans du
Cependant ses membres étaient pour la plu­ Christ, dut, dans la même séance, délibérer s’il
part des Sadducéens, c’est-à-dire des matéria­ ne prononcerait pas contre le Christ Lui­
listes qui niaient l’immortalité de l’âme et même… la peine de mort. Une vieille tradi­
n’avaient comme but que le plaisir. Parmi ces tion talmudique dit qu’il en fut ainsi” (23).
“épicuriens”, deux faisaient exception b) La deuxième réunion du Sanhédrin
(comme Loth parmi les habitants de Elle eut lieu au mois de février (adar) de
Sodome): Nicodème et Joseph d’Arimathie. l’année 782 de la fondation de Rome (34
après J.-C.), quatre mois et demi environ
LES ACTES DU SANHEDRIN: LEUR après la première. Ce fut à l’occasion de la
VALEUR résurrection de Lazare. St Jean écrit:
“Depuis ce jour-là, ils résolurent de Le faire
Les faits que j’examinerai révèlent que le mourir” (24). Dans la première réunion la
Sanhédrin était résolu depuis le début et a condamnation à mort n’avait été qu’indirec­
priori à condamner Jésus, indépendamment tement et dubitativement proposée, mais
de Son innocence. Ces faits sont les trois dé­ dans la seconde la décision est prise! Sans
cisions prises par le Sanhédrin dans les trois avoir cité le condamné, sans l’avoir entendu,
réunions antérieures à celle du vendredi sans accusateurs ni témoins.
Saint: la condamnation à mort de Jésus, c) La troisième réunion du Sanhédrin
avant même qu’Il comparût comme accusé. Elle eut lieu vingt ou vingt-cinq jours
a) La première réunion du Sanhédrin après la seconde, le mercredi Saint, 12 mars
Elle se tint du 28 au 30 septembre (Tisri) (nisan) 782 ab Urbe condita. St Luc écrit :
de l’an de Rome 781 (33 après J.-C.). “Alors les Princes et les Anciens du peuple
L’Evangile parle du “dernier jour de la fête s’assemblèrent dans la salle du grand Prêtre,
des Tabernacles” ( 21), qui cette année-là et tinrent conseil pour savoir comment ils se
commençait le 22 septembre et se terminait saisiraient adroitement de Jésus, et Le fe­
le 28. St Jean rapporte que Jésus avait guéri raient mourir. Et ils disaient: Il ne faut pas
miraculeusement un aveugle-né et que “Ses que ce soit pendant la fête, de peur qu’il ne
parents, craignaient les Juifs; car les Juifs s’élève quelque tumulte dans le peuple” (25).
AVAIENT DEJA DECRETE EN- Ce troisième conseil, n’avait pas comme objet
SEMBLE que si quelqu’un confessait que la condamnation à mort de Jésus, puisque Sa
Jésus était le Christ il serait chassé de la sy­ mort avait déjà été décrétée dans le deuxième
nagogue” (22). Le décret d’excommunication conseil. Il ne s’agissait maintenant que de dé­
avait été lancé du 28 au 30 septembre. Or ce terminer le temps et la manière de se saisir de
décret prouve deux choses: Jésus, et on décida de patienter et remettre
1°) qu’une réunion solennelle du après les fêtes de Pâques l’arrestation de
Sanhédrin avait eu lieu, car le Sanhédrin Jésus; mais un événement imprévu les fit re­
avait seul le pouvoir de lancer l’“excommu­ venir sur cette décision: “Judas, surnommé
nication majeure”; Iscariote, ...vint trouver les princes des Prêtres

14
SODALITIUM : La question juive

pour leur livrer Jésus” (26). Judas, le traître, Anciens étaient assemblés” ( 28). St Jean
ôte toute incertitude au Sanhédrin, la nous dit que “c’est la nuit”: (29), PREMIE-
condamnation de Jésus ne sera plus renvoyée RE IRREGULARITE: la Loi juive défend,
à un jour indéterminé après les fêtes de sous peine de nullité, de juger de nuit:
Pâques, mais au premier moment favorable. “qu’on traite une affaire capitale durant le
“Eh bien, nous le demandons maintenant jour, mais qu’on la suspende la nuit” (30). De
à tout Israélite de bonne foi: lorsque le nuit et donc après le Sacrifice du soir.
Sanhédrin fera comparaître devant lui Jésus DEUXIEME IRREGULARITE: “Ils ne
de Nazareth comme pour discuter Sa vie, n’y siégeront que depuis le Sacrifice du matin
aura-t-il pas là une sanglante dérision, un ef­ jusqu’au sacrifice du soir” (31). C’était le pre­
froyable mensonge; et l’accusé, quelque inno­ mier jour des azymes, veille de la fête de
cente que puisse être sa vie, ne sera-t-il pas, à Pâque, TROISIEME IRREGULARITE:
coup sûr, vingt fois condamné à mort?” (27). “Ils ne jugeront ni la veille du sabbat, ni la
veille d’un jour de fête” ( 32 ). De plus
REGLES JURIDIQUES OBLIGATOIRES “Caïphe interrogea Jésus” ( 33). Ce même
AU SANHEDRIN DANS LES DEBATS Caïphe avait déclaré que le bien public ré­
DE TOUTE CAUSE CRIMINELLE clamait la mort de Jésus. Autrement dit l’ac­
cusateur est aussi le juge, voilà la QUA-
Ces règles, très précises, existent et ont TRIEME IRREGULARITE. La législation
été consignées par la Mischna de Rabbi hébraïque distingue nettement le juge et
Juda, qui, vers la fin du IIème siècle après l’accusateur et interdit que l’un soit en
J.-C., voulut mettre par écrit la tradition même temps l’autre (34).
juive, préoccupé par l’état déplorable de sa Les frères Lémann ont dénombré vingt­
Nation, qu’Adrien venait de chasser pour sept irrégularités, je m’arrête ici à la quatriè­
toujours de la Judée. me, renvoyant le lecteur qui voudrait appro­
fondir la question à l’ouvrage cité.
LE SANHEDRIN A VIOLE TOUTE
REGLE DE JUSTICE DANS LE CONCLUSION
PROCES DE JESUS
Il peut arriver que dans un procès on dé­
Jésus fut conduit à la maison de Caïphe couvre une irrégularité: elle seule entraîne
“où tous les Prêtres, les Scribes et les automatiquement l’absolution de l’accusé
puisqu’elle pourrait être l’effet de l’inadver­
tance humaine. Mais quand le procès est
Frontispice du livre de Gian Bernardo de Rossi, le
“géant” des études sur le Judaïsme émaillé de vingt-sept irrégularités, qui se
succèdent l’une après l’autre, toutes graves,
toutes scandaleuses et préméditées, n’est-ce
peut-être pas la preuve que l’accusé a déjà
été condamné a priori et injustement?
Eh bien, se demandent les auteurs, face
à ces vingt-sept graves irrégularités n’y a-t-il
pas peut-être pour tout Israélite une raison
d’honneur, voire même de justice, qui l’obli­
ge en conscience à ne pas ratifier le juge­
ment du Sanhédrin, avant d’avoir examiné
par soi-même ce qu’était Jésus-Christ?
Eh bien, poursuivent les auteurs, qu’était­
il donc cet étrange accusé? Quis est hic?
Cette question, ô Israélites, demande qu’au­
jourd’hui vous vous la posiez à vous-mêmes!
Qui est donc Celui-ci, à l’égard duquel le
Sanhédrin a violé toute justice? «Cette ques­
tion, à dix-neuf siècles de distance, ...tout
Israélite loyal, la Bible dans les mains, peut
aisément la résoudre [ce que j’essayerai de
faire dans l’article suivant, n.d.a.]. Méditez-la

15
SODALITIUM : La question juive

cette page, ô Israélites; elle vous révélera qui 32) Mischna, traité Sanhédrin, ch. IV, n° 1.
était le condamné du Sanhédrin, en même 33) Jn XVIII, 19.
34) Deut. XIX, 16-17.
temps qu’elle vous fera connaître ce que doit 35) A. et J. LÉMANN, op. cit. pp. 69-97.
être, ici-bas, le dernier acte du peuple juif
avant que d’entrer... dans la terre promise de
l’Eglise... Voici donc cette page, elle est du
Prophète Zacharie...: “Je répandrai sur la
maison de David et sur les habitants de
Jérusalem un esprit de grâce et de prières:
Alors ILS JETTERONT LES YEUX SUR
MOI QU’ILS ONT PERCE DE PLAIES, et
ils seront pénétrés de douleur comme on l’est
à la mort d’un fils unique... En ce temps-là ils
invoqueront mon nom et je les exaucerai...
Alors ILS M’APPELLERONT PAR MON
NOM... SEIGNEUR, MON DIEU!” (Zach.
XII, XIII)» (35).
Per Christum et cum Christo Pax super
Israel.
NOTES
1) A. et J. LÉMANN, Valeur de l’assemblée qui pro­
nonça la peine de mort contre Jésus-Christ, éd. Lecoffre,
Paris 1876 (1975), p. 4. Dans cet article je me suis servi
de ce précieux travail.
2) Cf. FLAVIUS JOSEPHE, Guerre des Juifs, II, XX, 5.
M. MAIMONIDE, Iad-Chazaka, liv. XIV, ch. II.
3) Mc XIV, 53; XVI, 1; Matth. XVI, 21; Jn XI; Act.
IV, 5. Cf. aussi M. MAIMONIDE, op. cit., ch. II.
4) Talmud, traité Sanhédrin, ch. XIV.
5) A. et J. LÉMANN, op. cit. p. 10 - Talmud Bab.,
traité Abboda - Zara, ch. I, fol. 8, recto.
R. MARTIN, Pugio fidei, éd. de Leipzig, p. 872.
M. MAIMONIDE, op. cit., ch. XIV.
6) F LAVIUS J OSEPHE , Antiquités judaïques, liv.
XVII, ch. XIII, nn° 1-5.
7) Talmud Gerosol, traité Sanhédrin, fol. 24, recto.
8) R. MARTIN, Pugio fidei p. 872.
9) Gen. XLIX, 8-10.
10) Talmud, traité Sanhédrin, fol. 97, verso.
11) Talmud de Babylone, traité Sanhédrin, ch. IV,
fol. 37, recto.
12) Cf. A. et J. LÉMANN, op. cit., pp. 20-44.
13) FLAVIUS JOSEPHE, Antiquités judaïques, XX, X,
1; XV, III, 1.
14) Ibid. XV, III, 1.
15) A. et J. LÉMANN, op. cit., pp. 22-23.
16) Ibid. pp. 24-26.
17) Ibid. pp. 28-29.
18) Ibid. pp. 30-35.
19) Ibid. pp. 37-38.
20) Ibid. pp. 39-40.
21) Jn VII, 37.
22) Jn IX, 22.
23) A. et J. LÉMANN, op. cit., pp. 50-51.
24) Jn XI, 50.
25) Lc XXIII, 1-3.
26) Lc XXII, 3-4.
27) A. et J. LÉMANN, op. cit. pp. 55-56.
28) Matth. XXVI, 57.
29) Jn XIII, 30.
30) Mischna, traité Sanhédrin, ch. IV, n° 1.
31) Talmud de Jérusalem, traité Sanhédrin, ch. I, fol. 19.

16
SODALITIUM : La question juive

LA QUESTION DU MESSIE
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

INTRODUCTION

L e XXème siècle a eu la fonction, sous


certains aspects terribles, d’abattre les
murs qui séparaient encore les nations, les
ethnies et même les religions. Le XXIème,
au moyen du Nouvel Ordre Mondial,
semble être projeté vers l’unification des
Etats (la soi-disant République Universelle)
et des Religions, “si fieri potest”.
Dans le dessein de la Providence tout le
mal n’arrive pas forcément pour nuire:
parmi les ruines produites par le Mon­
dialisme on peut distinguer une future et
certaine (parce que révélée) conversion des
frères AINES SEPARES: les Juifs, (actuel­
lement talmudistes antichrétiens) qui, avec
les Gentils convertis au Christianisme, for­
meront “un seul troupeau”.
A travers toutes les divisions de l’humani­
té, il n’en existe pas «de plus profonde et de
plus obstinée que celle qui séparait le peuple
juif du reste du genre humain» (1). Les Juifs
ont vécu mis à l’écart en Palestine pendant
deux mille ans, et vivent encore isolés au sein
des nations qui les ont accueillis depuis deux
mille ans. Ils sont le peuple de l’isolement. Le
mur de la séparation avait une double résis­
tance, religieuse et sociale. Avec le 29 sep­
tembre 1791 la résistance sociale a reçu un
rude coup par l’émancipation et l’assimila­
tion. Cependant les talmudistes orthodoxes
ne se sont jamais résignés à cette émancipa­
tion qui aurait conduit à l’assimilation et ont
lutté contre elle. Au XXème siècle nous
avons aussi vécu le phénomène de la recons­
truction de l’Etat d’Israël mais sur des bases
laïques et a-religieuses ( 2 ). Toutefois si
l’émancipation a produit surtout en Occident
une faible assimilation (qui a été interrompue
en partie par la seconde guerre mondiale) la
résistance religieuse subsiste très certaine­
ment. Et c’est surtout elle qui empêche que
les Juifs retournent au Christ en disant “Béni
soit Celui qui vient au nom du Seigneur”. En

17
SODALITIUM : La question juive

effet, même si toutes les séparations sociales 2°) Parmi les douze tribus d’Israël, le
tombaient, et ne subsistait que la division re­ Messie naîtra de la tribu de Juda, «Et toi,
ligieuse, elle finirait par rétablir toutes les Bethléem, tu es petite entre les villes de Juda:
autres. En effet elle a été justement la diver­ et cependant c’est de toi que sortira Celui qui
sité, ou mieux l’opposition religieuse (avec le doit régner dans Israël, et dont la génération
Christ ou contre le Christ) qui a rendu néces­ est dès l’éternité» (4).
saires les lois de sauvegarde de la contagion 3°) Entre toutes les familles de Juda, le
antichrétienne que le Judaïsme portait par­ Messie naîtra de la famille de David, «…Le
tout avec lui, et l’érection des ghettos. Or la temps vient - dit le Seigneur - où je susciterai à
grande division entre Israélites et Chrétiens David un rejeton juste… Et voici le nom qu’ils
réside dans la question du Messie: c’est-à-dire donneront à ce roi: Jéhovah, notre justice» (5).
le Messie-Dieu est-Il déjà venu en la Tous les autres peuples ATTENDRONT
Personne de Jésus-Christ ou non? aussi le Messie, mais seul le peuple juif LUI
J’essayerai de l’aborder dans cet article. FOURNIRA SON SANG. Comme il est
bien vrai qu’Il mourra pour le salut de tous
HISTOIRE DE LA QUESTION DU les peuples, mais seulement le peuple juif le
MESSIE A PARTIR DE LA DIASPORA conduira à Pilate pour en demander la mort,
en criant: «Que son sang retombe sur nous et
A partir de la chute de Jérusalem (70 sur nos enfants».
après J.-C.) l’histoire de la question messia­ Depuis vingt siècles les peuples qui at­
nique s’obscurcit, on en perd la trace. Joseph tendaient le Messie disent: “Béni soit Israël
et Augustin Lémann dans leurs ouvrages ont qui nous a donné Celui que nous atten­
réussi à faire la lumière sur ce problème et dons!”. Et depuis vingt siècles, Israël obsti­
leurs conclusions sont à la base de cet article. nément répond: “Ne soyez pas satisfaits, le
Le point de départ est la Bible, il y a trois Messie n’est pas encore venu!”. Chose vrai­
données bibliques évidentes: 1°) Le Messie ment singulière: la Synagogue repousse et
devra naître de la race d’Abraham «…pour veut que lui échappe le fils que l’Eglise lui
préparer le Corps de son Christ, Dieu fait présente en la félicitant. L’écho de cette
exprès un peuple. A cet effet il prend un querelle entre Eglise et Synagogue a rempli
homme, Abraham… d’où il va extraire ce deux mille ans d’histoire.
grand peuple» (3).
“Voilà que la vierge concevra et enfantera un fils, et son UNE PERIODE D’INQUIETUDE (70-135
nom sera appelé Emmanuel” (Is. VII, 14) après J.-C.)

Le point de départ, on l’a vu, a été la


Bible (Israël, Juda, David), la route sera
celle des “catacombes” de l’histoire juive
depuis la chute de Jérusalem et le point
d’arrivée sera la lumière et la certitude sur
la venue du Messie.
C’est avec une grande difficulté que nous
réussissons à suivre le filon messianique à
travers les “catacombes” de l’histoire hé­
braïque, parce que le sol d’Israël fut envahi
et dévasté dix-sept fois, et toutes les tribus et
les institutions juives ont été détruites.
Toutefois «…Il y a chez les Juifs, dans les
siècles de la dispersion, une histoire du Messie
obscure, sans liaison… Mais nous croyons
qu’on peut tout ramener… à trois ou quatre
grandes périodes, dont la première, doit por­
ter le nom de période d’inquiétude» (6).
En Palestine, à l’époque que la Sainte
Ecriture appelle “la plénitude des temps”, la
Synagogue semblait être caractérisée par une
agitation particulière, tandis que les Gentils

18
SODALITIUM : La question juive

étaient dans un calme plein de pressentiment. Daniel. «Soixante-dix semaines (d’années)


L’Evangile lui-même en est témoin: alors que ont été abrégées. …Sache donc et sois attentif:
les mages demandaient «où est né ce Roi des du jour où sera publiée la parole (le décret
Juifs» (7). Jérusalem fut troublée à cette de­ des rois de Perse) qui ordonnera de rebâtir
mande «turbatus est, et omnis Jerosolyma Jérusalem, jusqu’au Christ, chef, il s’écoulera
cum illo» (8). La “plénitude des temps” ou la sept semaines et soixante-deux semaines… Et
maturité du fruit messianique était la premiè­ le Christ sera mis à mort» (11). Les docteurs
re cause qui agitait et troublait la Synagogue, d’Israël ont calculé les soixante-dix se­
quand une catastrophe inattendue vint don­ maines d’après cinq méthodes différentes.
ner à cette agitation un caractère sinistre, ce 1°) ils ont placé le point de départ soit
fut la destruction de tout ce qui devait depuis l’édit de Cyrus (537 avant J.-C.), soit
concourir à la production du Messie. Les pro­ depuis celui de Darius (520 avant J.-C.), soit
phètes avaient parlé de la Maison de Jessé ou depuis celui d’Artaxerxès (450 avant J.-C.),
de David et l’avaient comparée à une tige soit enfin depuis celui rendu en faveur de
(souche) d’où devait jaillir le fruit messia­ Néhémie (445 avant J.-C.).
nique. Or voici que tout à coup, comme si le 2°) ils ont ensuite varié la nature des se­
fruit en était sorti, cette tige de Jessé subit le maines, soit en les composant d’abord d’an­
sort de la plante qui a fini de produire tout ce nées lunaires (plus courtes), puis d’années
qu’elle était appelée à produire. Comme les solaires (plus longues).
feuilles, tombent les célèbres généalogies 3°) puisque le Christ n’arrivait toujours
conservées scrupuleusement au Temple et pas ils ont condensé les siècles passés pour
qui servaient à distinguer la tribu de Juda de différer le point d’arrivée des soixante-dix
toutes les autres, et en elle la famille de semaines.
David: elles brûlèrent en 70, dans l’énorme 4°) ils ont eu la hardiesse de rejeter dans
bûcher qui détruisit le Temple de Jérusalem l’avenir, arbitrairement, le point d’arrivée
et rien ne put être sauvé. A partir de cette des soixante-dix semaines, à l’année 4231,
année tragique commença pour les familles c’est-à-dire au IIIème siècle après J.-C., avec
juives une situation de ténèbres, de confusion la Mischna, au quinzième siècle, avec le rab­
inextricable dont le Talmud écrira: «Depuis bin Chasdai, et à la fin des temps, avec le
le jour où le livre des généalogies a été caché rabbin Menassé-ben-Israël.
ou détruit, la vertu des sages s’est affaiblie, la 5°) ils ont eu recours à la Cabale, de la­
lumière de leurs yeux s’est changée en té­ quelle, avec de nouvelles dates, ils ont fait
nèbres» (9). sortir de nouvelles déceptions.
Les généalogies sont tellement indispen­ A côté de l’agonie des calculs “infinitési­
sables pour la reconnaissance du Messie que maux” des rabbins, pour prouver que le
les plus célèbres rabbins soutiennent que la Messie n’était pas encore venu, Dieu a per­
première fonction du Messie sera celle de mis que le peuple d’Israël fût trompé, vingt­
les rétablir (10); mais comment pourra-t-il ré­ cinq fois par vingt-cinq faux Messie, à partir
tablir les généalogies qui devraient servir de Theudas en Palestine en 45, jusqu’à
précisément, a priori, à démontrer son ca­ Zabathaï Tzevi, en Turquie en 1666. A ce
ractère messianique? propos les frères Lémann commentent:
Et puis, après les “feuilles généalogiques” «Tout cela, ô Israélites, est authentique; tout
c’est la “tige” elle-même qui tombe, avec la cela c’est de l’histoire… non pas une fois, non
disparition de la famille de David, dispersée pas dix fois, mais vingt-cinq fois nos ancêtres
hors de la Palestine avec toutes les autres ont été le jouet de ce mirage: pour avoir mé­
familles, sans savoir ce qu’elle est devenue. connu le Messie là où Il était, on était réduit
à Le chercher là où Il n’était pas» (12).
LES CALCULS DES 70 SEMAINES Telle fut cette longue période d’inquiétu­
de, bien représentée par la médaille que fi­
Il est naturel qu’en présence de ces deux rent frapper les empereurs romains sur la­
événements exceptionnels, c’est-à-dire la quelle figurait une femme enveloppée d’un
maturité du fruit messianique et la destruc­ manteau, assise au pied d’un palmier, la tête
tion de tout ce qui devait concourir à le faire appuyée sur sa main, avec cette inscription:
germer, l’âme des Juifs fût troublée. Ce fut Judea capta, ce qui signifie que la Judée, cap­
alors que les sages approfondirent l’étude de tive dans ses calculs, est tombée de lassitude
la prophétie des soixante-dix semaines de et refroidie dans la vaine attente du Messie.

19
SODALITIUM : La question juive

SIGNIFICATION DU COMPTE DES tées, avec une expression courante chez les
SOIXANTE-DIX SEMAINES Juifs, représentent les années; donc soixan­
te-dix par sept (c’est-à-dire les soixante-dix
La prophétie annonce avec une extraor­ semaines) équivaut à quatre cent quatre­
dinaire précision l’Avènement du Sauveur. vingt-dix années. Mais ces semaines sont
En 537 Babylone tombe aux mains des dites écourtées parce qu’elles n’arriveront
Perses et après soixante-dix années se termi­ pas complètement à leur terme: en effet
ne la captivité des Juifs commencée en 606, l’événement extraordinaire qu’elles prépa­
exactement comme l’avait prophétisé rent arrivera durant la dernière de celles-ci
Jérémie: «Quand commenceront à s’accom­ et non à la fin. Le peuple juif devra attendre
plir soixante-dix semaines à Babylone, dit le encore quatre cent quatre-vingt-dix années
Seigneur, je vous visiterai, et réaliserai la pro­ (non accomplies) pour voir le Messie.
messe que je vous avais faite, de vous recon­ b) “Afin que soit abolie la prévarication”:
duire dans la terre de Judée» (13). c’est-à-dire jusqu’au jour où on touchera le
La promesse était formelle, mais Daniel fond, en consumant le crime le plus horrible:
savait que l’effet des promesses divines peut le déicide. Mais avec le déicide “sera fermée
être retardé ou annulé par la conduite de l’ère du péché”.
ceux auxquels elles ont été faites, comme c) En effet avec Sa mort en Croix le
une prière humble et fervente peut hâter Messie vaincra le péché et le démon et
leur accomplissement (comme celle de d) “Que vienne la justice éternelle…” le
Marie à Cana). Troublé par le fait que la règne de la grâce, la Nouvelle et Eternelle
promesse ne se réalisait pas Daniel com­ Alliance, l’Eglise romaine.
mença à prier et lui apparut l’Ange Gabriel e) “Que soint Oint le Saint des saints”,
qui lui dit: «Je suis sorti afin de t’instruire et l’Oint est le Christ (15).
que tu comprennes... Soixante-dix semaines f) “De l’émanation de l’ordre de recons­
ont été abrégées pour ton peuple et pour ta truire Jérusalem”: cet ordre concerne non
Ville Sainte, afin que soit abolie la prévarica­ seulement la reconstruction du Temple (édit
tion, et que prenne fin le péché, et que soit ef­ de Cyrus, 536 avant J.-C.) mais de Jérusalem
facée l’iniquité, et que vienne la justice éter­ tout entière (édit de Artaxerxès, 454 avant
nelle… et que soit oint le Saint des Saints. J.-C.) (16).
Depuis que sortira la parole pour que de g) De 454 avant J.-C. jusqu’à l’“Oint”, au
nouveau soit bâtie Jérusalem, jusqu’au Christ “Chef”, c’est-à-dire jusqu’à ce que le Christ
chef, il y aura sept semaines et soixante-deux assumera publiquement Sa mission en se fai­
semaines... Et après soixante-deux semaines sant baptiser dans le Jourdain “il y aura sept
le Christ sera mis à mort; et il ne sera pas son semaines et soixante-deux semaines”. Les
peuple, le peuple qui doit le renier. Et un sept semaines représentent les années né­
peuple, avec un chef qui doit venir, détruira cessaires pour
la cité et le sanctuaire… il confirmera son al­ h) “Rebâtir la place publique et les mu­
liance avec un grand nombre dans une se­ railles [de la cité]…” et se calculent en qua­
maine; et au milieu de la semaine cesseront rante-neuf années. L’Evangile enseigne que
l’oblation et le sacrifice; et l’abomination de la reconstruction du Temple sous Zorobabel
la désolation sera dans le Temple» (14). avait duré quarante-six ans (17). Cependant,
L’Ange réconforta Daniel et lui dit que avec Eusèbe de Césarée qui se basait sur le
les soixante-dix semaines prédites par témoignage de Flavius Josèphe, on sait avec
Jérémie ne concernaient pas tant la libéra­ certitude que l’accomplissement total des
tion de l’exil babylonien qu’une libération travaux de décoration dura trois ans de plus,
infiniment plus importante, la libération du arrivant donc au calcul total de quarante­
genre humain des chaînes du péché. Jérémie neuf (ou des sept semaines prophétisées). Il
avait annoncé non seulement la fin de la do­ y aura encore “soixante-deux semaines”… et
mination étrangère mais surtout la fin du celles-ci nous conduiront jusqu’à 29 après J.-
règne du démon, au moyen de la venue du C., “l’an quinzième du règne de Tibère”,
Messie. année où, d’après l’Evangile, Jésus se fit bap­
C’est ainsi que les Pères expliquent la si­ tiser, inaugurant Son ministère public (18).
gnification de la prophétie: Alors commencera la soixante-dixième se­
a) “Soixante-dix semaines ont été abré­ maine (au total soixante-neuf se seront écou­
gées pour ton peuple…” Les semaines écour­ lées), qui sera aussi la dernière. Semaine

20
SODALITIUM : La question juive

noyau impénétrable a son rôle futur, celui


de produire un jour un arbre (la conversion
d’Israël); entre-temps on donne une organi­
sation qui se concentre dans le Rabbinat et
qui s’appelle le Grand Kahal, avec ses lois
propres, ses propres juges et son chef.
«Aussi longtemps que les Juifs aient habité
la Palestine, on avait soigneusement mainte­
nu la division des pouvoirs [le magistère,
l’empire et le sacerdoce]. Ces trois grandes
institutions, le Sacerdoce [Temple], le
Sanhédrin [juges], l’Ecole [docteurs -
Synagogue] avaient eu chacune leurs attri­
La châsse contenant le corps incorrompu du Bhx
Lorenzino de Marostica
butions distinctes. Mais quand le peuple juif
fut dispersé, l’instinct de la conservation,
UNIQUE, sainte entre toutes les autres, où puis la confusion et l’habitude, firent
s’accomplira la Rédemption. Mais après trois concentrer dans les mains d’un seul homme,
ans et demi, au milieu de la dernière semaine qui n’était cependant ni prêtre, ni juge, ni
i) “l’Oint sera mis à mort”. Daniel fait docteur, les débris de ce triple pouvoir... [cet
durer la dernière semaine trois ans et demi (19). homme était le rabbin, n.d.a.]. Mais alors... il
j) “Et ce ne sera pas Son peuple qui Le re­ y eut exagération, et parfois exagération ri­
niera…”. Le peuple que Dieu avait élu, à dicule, de l’autorité rabbinique» (21). Le rab­
partir du Vendredi Saint ne sera plus SON binat au Moyen Age fut le point focal et
PEUPLE, puisqu’il a renié définitivement le fondamental du monde judaïque.
Sauveur, et Dieu abandonne (seulement)
après avoir été abandonné. LE RABBINAT ESSAYE D’ETOUFFER
k) “Et un autre peuple avec un chef qui LE PROBLEME DU MESSIE
doit venir, détruira la Cité et le Sanctuaire”,
(les Romains avec Titus en 70). Par l’énorme puissance prise par le rab­
binat, la question messianique, durant le
PERIODE DE DESESPOIR ET DE Moyen Age, entra dans une nouvelle phase,
SILENCE: LE MOYEN AGE définie par les auteurs, comme la phase de
désespoir et de silence.
Dans cette période trois choses sont arri­ D’une part, au dedans de la Synagogue, on
vées: la diaspora (135 après J.-C.), le refus était à bout de calculs et de supputations,
de la part des nations des Juifs comme par­ d’autre part, au dehors de la Synagogue, la
tie coopérante de leur formation, et la Religion chrétienne commençait sa lutte apo­
consolidation d’un noyau judaïque à l’inté­ logétique et faisait succéder aux victoires san­
rieur des nations elles-mêmes. D’un côté glantes de ses martyrs, les victoires non san­
«…on ne les veut pas dans l’organisation de glantes et lumineuses de ses docteurs. La
la société… Eux, également ne veulent pas Synagogue se trouvait donc dans une situa­
non plus accepter les conditions générales tion délicate et pour prévenir un grande vic­
de la société du Moyen Age, par crainte d’y toire de la part de l’Eglise sur la question
perdre leurs usages, leurs lois, leurs tradi­ messianique, le rabbinat forma une résolution
tions. Des deux côtés, on veut être à part; de «désespérée mais habile, celle d’interdire,
là les Ghettos... positivement voulus par les d’étouffer et d’enterrer la question messia­
Juifs comme par les Chrétiens» (20). nique» (22). A cette fin la Synagogue adopta
Nous voyons donc chaque Etat se former deux sortes de mesures: a) Les mesures pu­
avec un noyau de Juifs dans son sein: tout bliques, comme les anathèmes, par lesquelles
comme le noyau d’un fruit qui, alors que tous les rabbins commencèrent à maudire
celui-là mûrit et se colore, reste obscur, dur, ceux qui recherchaient la lumière sur le
non assimilable. «...Ainsi en était-il des Messie. A ce propos Maïmonide a écrit: «Les
Juifs; autour d’eux, la jeune société chrétien­ sages… ont défendu de calculer le temps de
ne mûrissait et se développait; elle les tenait sa venue, parce que le peuple est scandalisé
englobés dans son sein... mais ils restaient de voir qu’il n’arrive pas, bien que les temps
durs, impénétrables» ( 20). Cependant ce soient passés» (23). b) Les mesures détournées:

21
SODALITIUM : La question juive

puisque l’interdit explicite pouvait être violé, est riche de questions scientifiques, cérémo­
le rabbinat eut recours à quelque chose de nielles et casuistiques, mais vide, ou à peu près
plus sûr et moins flagrant, en cherchant ainsi à vide de questions dogmatiques et surtout mes­
détourner les esprits curieux et amoureux de sianiques. Au Moyen Age ensuite, les écoles
la vérité qui, insouciants de l’interdiction, en­ hébraïques se sont concentrées sur l’étude du
tendraient violer l’interdiction, et en les met­ Talmud au détriment des études bibliques et
tant dans l’impossibilité de retrouver la route: des Prophètes; le dicton est célèbre: «la Bible
en changeant ou en inversant les signes trou­ est l’eau, la Mischna est le vin, la Ghemara est
vables dans les prophéties messianiques. la liqueur aromatique. Qui s’occupe de la
Ceci arriva de deux manières. Bible fait quelque chose d’indifférent; qui s’oc­
1°) D’abord on commença par altérer la cupe de la Mischna mérite récompense; qui
lettre de certaines prophéties (24) et ensuite on s’occupe de la Ghemara fait, de toutes les ac­
introduisit les innovations dans l’œuvre des tions, la plus méritoire» (26). L’esprit des Juifs
Massorèthes de Tibériade, docteurs juifs du était désormais concentré sur les intermi­
VIème siècle qui comptèrent les versets, les nables subtilités du Talmud et n’avait plus
mots et les lettres de chaque livre de l’Ancien l’opportunité d’aborder la question messia­
Testament. Les altérations introduites dans nique. «Ce que le Ghetto a été à nos corps, le
l’œuvre massoréthique, appelée par la posté­ Talmud l’a été à nos intelligences: il les a en­
rité juive “la haie de la loi”, sont devenues im­ serrées. Il fallait empêcher le peuple de re­
muables et intouchables. Cependant l’altéra­ tourner aux Prophéties, on y a réussi» (27).
tion de la Lettre n’eût pas été un obstacle suf­ “Et tenebræ factæ sunt” …Le silence est
fisant pour empêcher d’arriver à la Vérité. descendu depuis lors sur le Messie. Mais
2°) Pour éviter l’apparition de soupçons cela avait aussi été prédit par le Prophète
dans le cas où il y aurait eu trop d’altéra­ Isaïe: «[Un jour] ... la vision d’eux tous [les
tions, on chercha à conserver dans leur inté­ prophètes] sera pour vous comme le livre
grité les prophéties, mais en changeant leur scellé: lorsqu’on le donnera à un homme qui
destination finale, en les faisant aboutir à un sait lire, on dira: “Lis ce livre”; et il répondra:
point d’arrivée autre que le Messie: en “Je ne le puis, car il est scellé”» (28).
d’autres termes, on ménageait la lettre mais
on détournait le sens. Toutes les écoles rab­ PERIODE DE RATIONALISME ET D’IN-
biniques ont donc interprété les prophéties DIFFERENCE (XVIIIème-XIXème siècles)
messianiques comme si elles parlaient du
peuple juif et non du Messie: «C’était rien Avec le XVIIIème siècle commence pour
moins que l’Humanisme dans la rédemp­ Israël une nouvelle période, celle du rationa­
tion: la créature se substituait à Dieu dans lisme et de l’indifférence. Au Moyen Age la
l’œuvre du rachat du monde» (25). pensée du peuple juif était comme en tutelle.
On n’osait même pas penser au Messie;
L’ETUDE DU TALMUD SE comme nous l’avons vu c’était l’heure de la
SUBSTITUE A CELLE DE LA BIBLE puissance du rabbinisme et des ténèbres. Dans
la Synagogue du XVIIème et du XIXème
Le but final de cette manœuvre était de siècles on respire un air nouveau, complète­
faire oublier la Bible et surtout les Prophètes ment différent: la question du Messie est trai­
qui avaient annoncé le Messie. A une étude tée librement. Il y a toujours, sans doute, le
attentive du Talmud, comme le mettent en vieux parti talmudiste qui voudrait renfermer
évidence les frères Lémann, on découvre un la pensée d’Israël dans les subtilités talmu­
double but, l’un apparent et l’autre profond. diques, mais désormais prévalent deux écoles:
Le premier est un but de CONSERVATION a) celle qui pense que le Messie est un mythe,
des traditions hébraïques qui, transmises ora­ et c’est le Judaïsme rationaliste; b) l’autre qui
lement au cours des siècles, furent réunies en ignore la question messianique et c’est l’indif­
un seul code quand la diaspora fit craindre férentisme et le relativisme matérialiste.
leur possible perte; l’œuvre de rassemblement,
appelée Talmud (c’est-à-dire enseignement, LE MESSIE REGARDE COMME UN
transmission) commença en Palestine avec MYTHE
Rabbi Juda le Saint, vers 190 et se termina à
Babylone vers 500. Le second but du Talmud Le Messie mythique (29) rappelle aux es­
est un but de DIVERSION: en effet le texte prits le Christ cosmique: ce n’est pas une per-

22
SODALITIUM : La question juive

sonne, c’est une idée, c’est un règne universel: légorique et impersonnelle. Mais avec 1848 les
ou celui du monothéisme antitrinitaire, ou choses changèrent: durant le règne de Louis-
celui de la triade révolutionnaire (liberté, éga­ Philippe le Rationalisme allemand avait stimulé
lité, fraternité). Les causes de la corruption de et influencé le Judaïsme français au point qu’en
l’idée Messianique peuvent se ramener à trois: 1846 même dans la Synagogue de France on
le Philosophisme du XVIIIème siècle, la s’engagea dans la voie de l’“aggiornamento”.
Révolution de 1789, la destruction du talmu­
disme orthodoxe. La première est le REFUTATION DU MYTHE MESSIA-
Philosophisme, instrument de scepticisme, de NIQUE
l’agnosticisme et de libre pensée, destructeur
de toute Religion. Spinoza et Mendelssohn fu­ «Mais à présent - s’insurgent passionné­
rent les principaux représentants de cette ment les frères Lémann - la Bible dans les
école et avec eux commença une sorte de néo­ mains et l’indignation dans le cœur… nous
judaïsme moderniste. La théorie du Messie nous levons pour venger les traditions de nos
mythique de Mendelssohn pénètre dans les sy­ pères» (30); si le Messie personnel était un
nagogues par l’Allemagne et l’idée d’un règne mythe, toute la tradition judaïque de l’Ancien
prend la place de celle d’un Messie personne. Testament tomberait en ruine, non seulement
Et voici qu’un événement historique la tradition patriarcale mais aussi la tradition
d’exceptionnelle importance (la Révolution prophétique. Le Messie n’est pas un mythe,
française de 1789) vient fournir des couleurs, Abraham a parlé de sa semence (31), Jacob de
concrétiser, donner l’apparence de réalité à sa tribu (32), Isaïe a décrit son intelligence, sa
la théorie du Messie mythique. L’émancipa­ bouche, son visage (33), Daniel sa mort (34).
tion du peuple juif (1791), l’égalité civile de Enfin si le Messie était un mythe et non une
tous les hommes, marquent le commence­ Personne, Israël perdrait son titre honorifique
ment de la pénétration profonde du peuple d’avoir donné le Sang au Messie. En effet si le
juif dans la famille des nations, dont il avait Messie est le règne des principes de 89, c’est la
été séparé pendant dix-huit siècles. C’est France qui les a proclamés et non Israël. Si
pourquoi la théorie du Messie considéré l’Occident a étendu dans le monde entier le
comme un règne universel ou comme une règne du Messie, qui est l’Eglise du Christ,
ère, trouva consistance et faveur. Israël a “enfanté” sa personne. «A l’Occident
le règne messianique; à l’Orient la personnali­
FRANCE ET ALLEMAGNE té messianique; au peuple chrétien, son
sceptre, mais au peuple juif son berceau!» (35).
En Allemagne le progrès de la nouvelle Et un jour prochain, prédit par St Paul, nous
doctrine du Messie mythique s’accomplit verrons l’Orient qui remerciera l’Occident
sous l’influence du Philosophisme, tandis d’avoir étendu son règne, alors que l’Occident
qu’en France ce fut sous l’influence de remerciera l’Orient d’avoir produit sa
l’émancipation civile. Les Juifs allemands en Personne, le peuple chrétien et le peuple juif
effet n’étaient pas encore émancipés civile­ former un seul royaume: l’Eglise du Christ.
ment mais étaient travaillés par le Philoso­
phisme, alors que ceux de France, civilement LES PROPHETIES MESSIANIQUES DE
émancipés, s’en méfiaient encore. L’ANCIEN TESTAMENT SE SONT
A partir de 1843 en Allemagne on com­ ACCOMPLIES EN JESUS-CHRIST
mença à aspirer au retour en Palestine, en
donnant naissance au Sionisme actuel, dont Toutes les prophéties messianiques de
les racines sont laïques, agnostiques et moder­ l’Ancien Testament se sont réalisées en Jésus-
nistes, très éloignées de l’idée du Règne du Christ, qui est donc le vrai Messie. Il est bon
Messie personne; les Juifs allemands, encore de rappeler ici au moins les principales.
privés de la liberté civile étaient disposés à re­ 1) Le temps. Trois prophètes au moins
noncer à tout, Messie compris pour l’obtenir. ont prédit la venue du Messie: a) Jacob (36)
En France au contraire les Juifs jouissaient qui affirma: «Le sceptre ne sera pas ôté de
de la liberté civile et politique depuis 1791 et Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu’à ce
étaient donc moins enclins à modifier leur que vienne Celui qui doit être envoyé, et Lui­
“credo”; l’autorité du rabbinat était restée très même sera l’attente des Nations» (37). Que le
influente, au point de faire rester dans l’ombre temps fût accompli dans le Christ l’histoire
toute question inhérente au Messie, quoique al­ nous l’enseigne: le pouvoir fut enlevé à la

23
SODALITIUM : La question juive

tribu de Juda après l’avènement du Christ et Prophète, comme le présente Moïse: «Le
non avant. En effet avant le Christ, c’est-à­ Seigneur ton Dieu te suscitera un prophète de
dire depuis David jusqu’à la captivité de ta nation et d’entre tes frères» (48).
Babylone la tribu de Juda eut toujours des 6) La passion et la mort du Christ que
rois. Après le Christ les Juifs restèrent sans nous connaissons par les Evangiles, a été
roi, sans autorité et furent dispersés par le prophétisée presque à la lettre et avec
monde, comme en témoigne l’histoire. b) Le toutes les circonstances dans l’Ancien
prophète Malachie dit: «Voici que moi j’en­ Testament, comme cela ressort de la
voie mon Ange, et il préparera la voie devant confrontation suivante:
ma face. Et aussitôt viendra dans son Temple «Ils pesèrent ma récompense, trente pièces
le dominateur que vous cherchez, et l’Ange d’argent» (49).➝ «Ils ont reçu les trente pièces
de l’alliance que vous désirez» ( 38 ). Le d’argent, prix de celui qui a été apprécié» (50)/.
Dominateur et l’Ange du Testament sont le «Il a été compté parmi les scélérats» (51).
Messie-Dieu. L’Ange qui le précède est le ➝ «Il a été mis au rang des scélérats» (52)/.
Baptiste, le Précurseur, et St Matthieu nous «J’ai abandonné mon corps à ceux qui me
le confirme: «Car c’est lui [le Baptiste] dont frappaient, mes joues à ceux qui arrachaient
il est écrit: Voici que moi j’envoie mon Ange ma barbe; je n’ai pas détourné ma face de
devant votre face, lequel préparera votre voie ceux qui me réprimandaient et qui crachaient
devant vous» (39). c) Le prophète Aggée a sur moi» (53).➝ «Alors il lui crachèrent au vi­
prédit «Voilà ce que dit le Seigneur des ar­ sage, et le déchirèrent à coups de poing» (54)/.
mées: encore un peu de temps, et j’ébranlerai «Ils ont percé mes mains et mes pieds: ils
le ciel et la terre, et la mer, et la partie aride. ont compté tous mes os» (55).➝ «Lorsqu’ils fu­
Et moi j’ébranlerai toutes les nations. Et rent arrivés au Calvaire, ils le crucifièrent» (56)/.
viendra le Désiré de toutes les nations; et je «Ils se sont partagé mes vêtements, et sur
remplirai cette maison de gloire» (40). Ici le ma robe ils ont jeté le sort» (57).➝ «Après
prophète parle du Messie qui doit venir qu’ils L’eurent crucifié, ils partagèrent ses vê­
dans le Temple de Jérusalem (qui à partir de tements, jetant le sort…» (58)/.
70 n’existe plus et constitue le terme avant «Ils m’ont donné pour nourriture du fiel,
lequel devait se vérifier la venue du Messie). et dans ma soif ils m’ont abreuvé de
2) Le lieu de sa venue. Michée prophéti­ vinaigre» (59).➝ «L’un d’eux, prit une épon­
sa que le Messie naîtrait à Bethléem de ge, l’emplit de vinaigre, puis la mit au bout
Judée: «Et toi, Bethléem Ephrata, tu es très d’un roseau, et il lui présentait à boire» (60)/.
petit entre les mille de Juda; de toi sortira
pour moi celui qui doit être le dominateur en L’ESPERANCE D’UNE ULTIME
Israël, et sa génération est de toute l’éternité» PHASE FUTURE: LA CONVERSION
(41); les mêmes prêtres et scribes interrogés
par Hérode où devait naître le Messie, ré­ St Paul a parlé de l’Antéchrist et de la
pondirent: à Bethléem. Grande Apostasie; comme le peuple juif n’a
3) La mère vierge de Jésus avait été pré­ pas voulu accueillir le Messie, le temps hélas
dite par Isaïe: «Voilà que la vierge concevra est arrivé où les nations, d’abord païennes et
et enfantera un fils, et son nom sera appelé ensuite chrétiennes, ne veulent plus que
Emmanuel» (42). Jésus-Christ règne sur elles: c’est l’Apostasie
4) De l’origine du Messie parlèrent: a) des Nations. Quelle Nation reconnaît au­
Isaïe: «et il sortira un rejeton de la racine de jourd’hui encore le Règne social du Christ?
Jessé [père de David] et une fleur s’élèvera de sa Malheureusement aucune: St Paul nous
racine» (43). b) Jérémie: «Voilà que des jours avait averti: «Ne cherche pas à t’élever [gen­
viennent, dit le Seigneur; et Je susciterai à David tilité], mais crains. Car si Dieu n’a pas épar­
un germe juste; un roi régnera, il sera sage, et il gné les rameaux naturels, il pourra bien ne
rendra le jugement et la justice sur la terre» (44). pas t’épargner toi-même. Vois donc la bonté
5) La dignité du Messie: a) Il sera Roi et la sévérité de Dieu: sa sévérité envers ceux
spirituel, et plusieurs prophéties l’appellent qui sont tombés, et sa bonté envers toi, si tou­
Rex, Fortis, Dux, Princeps, Dominator (45); à tefois tu demeures ferme dans cette bonté; au­
Lui est promis un royaume universel et per­ trement tu seras aussi retranchée» (61), et il
pétuel ( 46 ). b) Prêtre, comme l’appelle ajoute aussi: «Comme autrefois vous-mêmes
David, «Vous êtes Prêtre pour l’éternité, [les Gentils], n’avez pas cru à Dieu, et que
selon l’ordre de Melchisédech» ( 47 ). c) maintenant vous avez obtenu miséricorde à

24
SODALITIUM : La question juive

cause de leur incrédulité [des Juifs], ainsi eux comme Jésus-Christ est mort. Ecoutez. Dans
[dont l’incrédulité a été cause de la miséri­ le Talmud, traité Sanhédrin… édition de
corde que vous, Gentils, avez obtenue], Venise, 1520, folio 98, le rabbin Josué fils de
maintenant n’ont pas cru pour que miséricor­ Levi dit qu’il rencontra le prophète Elie et lui
de vous fût faite, et qu’à leur tour ils obtien­ demanda… «“Quand ce Seigneur arrivera-t­
nent miséricorde» (62). il?” Elie répondit: “Va et interroge-le lui­
La mauvaise disposition du peuple juif a même”. - “Et où est-Il?” Et Elie de répondre:
mis environ deux mille ans pour arriver à “Le Messie est assis aux portes de Rome”. - “Et
son comble, depuis Abraham au déicide. comment le reconnaîtrai-je?”. “Il est assis au
Ainsi maintenant la Grande Apostasie s’est milieu des pauvres, des infirmes et des affligés,
manifestée complètement, environ deux Il débande et redébande leurs blessures, mais Il
mille ans après la mort de Jésus! St Jérôme les couvre et les recouvre, les unes après les
enseigne: «Le péché des Juifs a produit le autres parce qu’Il dit: Peut-être serai-je appelé à
salut des nations, et de l’incrédulité des na­ sauver Israël et rien ne pourra m’en retenir”».
tions viendra à son tour la conversion Donc d’après cette première et non
d’Israël» (63), et de nombreux Pères avec lui moins importante confession talmudique, le
soutiennent la même thèse (64). Messie est venu, seulement Il ne se manifes­
Quand un jour par l’infidélité des nations te pas encore.
chrétiennes, Dieu se tournera vers Israël Dans le Talmud, traité Berahòd, chapitre
pour le rappeler à Lui et quand Israël finale­ Cahorè, la reconnaissance du Messie est
ment, après tant de refus se jettera dans les plus explicite. On y lit: “Le jour où fut dé­
bras de Dieu, à ce moment il y aura dans le truit le Temple, dans lequel naquit le
cœur de Dieu une telle effusion de tendresse Messie”… Et cela est répété par le très cé­
et de miséricorde qu’Il se tournera aussi vers lèbre Aben Esra, dans son commentaire du
l’autre peuple infidèle: le peuple chrétien, et Cantique VIII, 5. “Le Messie naquit le jour
alors Juifs et Chrétiens seront unis par où fut démoli le Temple”. Dates inexactes,
l’Amour miséricordieux infini de Dieu en un mais événement certain: le Messie est venu.
seul troupeau. C’est dans ce but que Dieu Dans le Talmud, traité Sanhédrin… cha­
permet que le germe mauvais, le “Mystère pitre hec, il est écrit: “Le Messie ne viendra
d’Iniquité” croisse dans le monde. St Paul le pas jusqu’à ce que le Royaume… des
confirme: «Dieu a renfermé tout dans l’incré­ Romains prévale sur Israël neuf mois”; et
dulité [Juifs et Gentils], pour faire miséricor­ pareillement dans le traité Jomà: “Le
de à tous» ( 65) Cette conversion des deux Messie ne viendra pas jusqu’à ce que le
peuples infidèles à Dieu ne coïncidera pas ­ royaume des Romains s’empare du monde
selon l’interprétation la plus commune - avec pendant l’espace de neuf mois”. …Main­
la fin du monde. Même elle la retardera. tenant ces… phrases non seulement concor­
C’est seulement quand il y aura une nouvelle dent à admettre la venue du Messie après
grande infidélité et un éloignement de Jésus l’hégémonie de Rome sur Jérusalem, mais
qu’alors viendra la fin qui sera donc précé­ sont signalées deux cents ans après la des­
dée d’une certaine période de paix et de foi truction de Jérusalem, donc l’événement de­
dans le monde entier, de telle sorte qu’il n’y vait forcément s’être déjà produit.
aura plus qu’UN SEUL TROUPEAU De la même nature, une autre confession
SOUS UN SEUL PASTEUR (66). très importante du Talmud, traité San­
hédrin… chapitre chadinè mamanód dit:
UN CONFIRMATUR DU JUIF CONVERTI “…Le Messie ne viendra pas tant qu’il
ROCCA D’ADRIA manque deux maisons des pères d’Israël qui
sont, le chef de la captivité de Babylone, et le
Ce qu’écrit le Juif converti Rocca d’Adria prince de la terre d’Israël, comme il est écrit
sur la question du Messie est encore très inté­ en Isaïe VIII, 14, et il sera pour vous moyen
ressant: «Les Juifs soutiennent que le Messie de sanctification, mais pierre d’achoppement
n’est pas venu… eh bien le peuple juif est truf­ pour les deux maisons d’Israël, et… ruine
fé de ses rabbins, qui dans le Talmud recon­ pour les habitants de Jérusalem”. Cinq cents
naissent… d’abord: que le Messie est venu, ans après la venue de Jésus-Christ, le Talmud
ensuite: que le Messie est venu l’année de la était obligé de reconnaître que le Messie de­
naissance de Jésus-Christ, dans la condition de vait venir à manquer aux deux maisons
Jésus-Christ et ne peut pas mourir sinon d’Israël. Et Jésus-Christ naissait justement

25
SODALITIUM : La question juive

alors que le chef de la captivité de Babylone faire des croix! Les cinq sixièmes des Juifs
avait perdu toute domination sous les Grecs, étant morts, le reste dispersé par le monde en­
et le prince de la maison d’Israël avait été dé­ tier; les tribus de Juda et de Benjamin étant
peint dans la personne du dernier Macchabée, confondues pour toujours; la race de David
par l’œuvre d’Hérode Alienigène. ayant été assassinée jusqu’à son dernier reje­
Cette confession talmudique est toujours ton, il était donc impossible que naisse encore
tenue dans la plus grande vénération par tous un Messie de cette souche… il était impos­
les rabbins, et, qui plus est, est tenue très se­ sible de nier l’évidence: le Sanhédrin, Anne
crète. Mais il est une autre très importante Caïphe s’étaient trompés, Jésus-Christ était le
confession qu’ont dû faire les rabbins dans le vrai Fils de Dieu et le vrai Messie. Ceci posé,
traité Ghnavodà zarà, au chapitre lifnè eèden, il ne restait plus aux rabbins, sinon de confes­
où il est écrit: “c’est une tradition de l’acadé­ ser finalement qu’ils s’étaient trompés, que le
mie d’Elie… que le monde dure six mille ans, Messie était venu, mais il fallait avoir le cou­
parmi lesquels deux mille sans loi, deux mille rage de s’exposer à la colère du peuple, trom­
le temps de la loi et deux mille le temps du pé dès lors, sur lequel était tombé le plus ter­
Messie”. Donc d’après cette sentence talmu­ rible des fouets… Les rabbins n’en étaient pas
dique… le Messie devait naître l’an quatre capables. Que faire? Les Juifs voulurent rega­
mille [après Adam et donc il y a deux mille gner deux buts. Le premier, de la plus grande
ans, n.d.r.]; dans le livre Zèmah David [on lit]: importance, était celui d’assurer aux restes de
“Jésus le Nazaréen naquit à Bethléem de leur nation les avantages apportés par le
Juda, à une lieue et demi de Jérusalem, en Messie, le second, avertir les générations fu­
l’an 3760 de la création du monde, et 42 de tures de l’erreur, en mettant par écrit, ce qui
l’Empire de César Auguste” …Donc les rab­ servit à éclairer ceux qui guideraient les restes
bins du Talmud reconnaissent clairement que de la misérable nation…
le Messie est venu et admettent implicitement Le Sang de Jésus-Christ devenu nourri­
que le Messie était Jésus-Christ. [En 70] les ture et breuvage de l’homme assurait la ré­
rabbins tremblèrent. On avait jamais vu une mission des péchés et la vie éternelle. Mais
dévastation semblable! Une autre fois, c’est ce Sang était sous le pouvoir des prêtres
vrai, le Temple avait été détruit, mais la masse chrétiens; impossible aux rabbins de s’en
du peuple avait été déportée en un seul pays, emparer directement, il fallait donc l’obtenir
à Babylone: maintenant au contraire la majo­ de seconde main [en se leurrant, aveuglé­
rité du peuple, pas même déportée avait été ment et superstitieusement, que ce sang
crucifiée: il ne s’était plus trouvé de bois pour puisse porter des fruits et non de nouvelles
malédictions, n.d.r.]: c’est-à-dire en prenant
Le Martyre du Bienheureux André de Rinn le sang d’une créature sauvée par le Sang du
Christ et en se nourrissant de ce sang.
Et maintenant voulez-vous savoir pour­
quoi l’imitation de la Communion eucharis­
tique adoptée par les Juifs s’appelle aficòmen
(fortifiant), et quel est le remontant gardé
dans cet azyme spécial, dite justement garde?
Ouvrez le procès du bienheureux Simon de
Trente et pour venir aux temps modernes, ou­
vrez la confession du rabbin Théophile,
converti et devenu moine grec: vous trouve­
rez la description du rite [de l’homicide rituel,
n.d.r. (67)], dont son père lui-même fit le dépo­
sitaire (68): feuilletez le procès de l’assassinat
rituel perpétré par les Juifs de Damas en 1840
sur la personne du Père Thomas de
Calangiano, capucin, et vous trouverez la
confirmation; le sang sert pour les azymes (69).
Il est donc prouvé que les Juifs ont une
communion pascale; que c’est l’aficòmen, et
qu’elle fut instituée par les rabbins après la
destruction de Jérusalem.

26
SODALITIUM : La question juive

Et maintenant un mot sur deux objections


qui pourraient être faites: l’aficòmen n’est pas
en contradiction avec la haine des Juifs
contre Jésus-Christ, puisque tout le Talmud
est basé sur un système spécial: c’est-à-dire
que l’essence de la religion réside dans les
formules et dans la lettre; l’intention et le
cœur n’ont rien à y voir, c’est une chose très Monnaie de la “Judée captive”
naturelle pour les compilateurs du Talmud et
divinæ Scripturæ; EUSEBE, Historiæ, l. IV, ch. XVII;
pour tous les rabbins, de haïr à mort Jésus- NICEPHORE CALLISTE, Hist. Eccl., l. IV, ch. VI; ST JEAN
Christ, et de contrefaire la communion, en CHRYSOSTOME, hom. V in Matth., hom. IX; ST AUGUSTIN,
pratiquant l’aficòmen, pour participer à la ré­ De civitate Dei, l. XV, ch. XI; ST J EROME , Epist. ad
mission des péchés et à la vie éternelle» (70). Marcell, in ch. III, Ep. ad Gal.. De nombreux rabbins
convertis au Christianisme ont également admis le fait:
N ICOLAS DE L YRE , in cap. IX, Osée v. 12; P IERRE
Pour confirmation de ce qui est écrit sur la question GALATIN, De arcanis catholicæ veritatis, l. I, ch. VIII;
messianique on renvoie le lecteur à l’œuvre du PAUL, EVEQUE DE BURGOS, In additione ad Psalm. XXI;
prêtre G. Bernardo de Rossi, qui fut «…le plus RAYMOND MARTIN, Pugio fidei; PAUL DRACH, De L’har­
grand hébraïste de l’Italie chrétienne, … mort à monie entre l’Eglise et la Synagogue, t. I, pp. 51-56.
Parme en 1831… en correspondance avec les érudits 25) J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 44.
de toute l’Europe, …qui rassembla une très riche bi­ 26) Cod. Sopherim, ch. XV.
bliothèque de manuscrits et incunables hébreux 27) J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 49.
…[et] publia …plus de cinquante volumes» (71), et en 28) Is, XXIX, 11.
particulier au savant ouvrage “Della vana aspettazio­ 29) Aujourd’hui encore parmi les Juifs ultra-ortho­
ne degli ebrei del loro Messia” ( 72), actuellement doxes l’idée d’un Messie personne n’a pas du tout dis­
consultable à la Bibliothèque Palatine de Parme. paru même si elle apparaît minoritaire. Voir par
exemple J. L. S CHOCHET , Mashiach, il concetto di
Mashiach e dell’era Messianica nelle regole e nelle tradi­
zioni ebraiche, Chaya, année V, n° 9, Milano 1993. «Le
NOTES Messie est un être humain, né de façon naturelle de pa­
rents humains» (cf. OZ HACHAMA, sur Zohar II: 7b; R.
1) J. et A. LÉMANN, La question du Messie et le CHAIM VITAL, Arba Meot Shekel Kfessef, ed. Tel Aviv,
Concile du Vatican, Joseph Albanel éd., Paris 1869, p. X. 5724, p. 241 a-b). Mais cette interprétation exclut la di­
2) Cf. Sodalitium, n° 42, pp. 4-33. vinité du Messie, même en admettant la personnalité.
3) J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 2. cf. Genèse XXII, 17-18. 30) J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 69.
4) Michée V, 2. 31) Gen. XII, 3.
5) Jérémie, XXIII, 5-7. 32) Gen. XLIX, 10.
6) J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 8. 33) Is. LII, 13-15.
7) Matth. I, 2. 34) Dan. IX, 26.
8) Matth. I, 3. 35) J. et A. LÉMANN, op. cit., pp. 74-75.
9) Talmud Babyl. traité Pesachin, ch. V, gd. 62. 36) Gen. 49, 10.
10) M. MAIMONIDE, traité Mélachim, ch. XII. 37) Gen. 49, 10.
11) Daniel, IX, 24-26. 38) Mal. III, 1.
12) J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 24. 39) Matth. XI, 10.
13) Jér. XXIX, 10. 40) Ag. II, 7.
14) Dan. IX, 20-27. 41) Mich. V, 2.
15) Is. XLI, 1; Ps. XLIV, 8; Act: X, 33. 42) Is. VII, 14.
16) II Esdras II, 1-8. 43) Is. XI, 1.
17) Jn II, 20. 44) Jér. XXIII, 5.
18) Lc III 1-22: «L’an quinzième du règne de César 45) Cf. Ps. II, 6; Jér. XXIII, 5.
Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée». 46) Cf. Lc I, 32; Jn XVIII, 37; Matth. XXVI, 64; Mc
19) Dan. IX, 27 - XII, 7. XV, 2; Lc XXII, 70; Matth. XXVIII, 18; Jn XVIII, 36.
20) J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 31. 47) Ps. CIX, 4.
21) J. et A. LÉMANN, op. cit., pp. 32-33. 48) Deut. XVIII, 15.
22) J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 34. 49) Zach. XI, 12.
23) M. MAIMONIDE, Iggereth Hatteman, fol. 125, 4. 50) Matth. XXVII, 9.
24) Sur les exemples pratiques de l’altération du texte 51) Is. LIII, 12.
hébraïque, qui n’est donc pas le plus sûr, à la différence de 52) Mc XV, 28.
la Vulgate de St Jérôme, cf. J. et A. LÉMANN, op. cit., p. 38. 53) Is. L, 6.
note 1. D’autres auteurs ont découvert et dénoncé cette 54) Matth. XXVI, 67.
altération du texte hébreu soit parmi les Chrétiens soit 55) Ps. XXI, 17.
parmi les ex-Juifs. Voir, par ex., ST JUSTIN, Dialogue avec 56) Lc XXIII, 33.
Triphon; ST IRENEE, l. III, ch. XXIV; TERTULLIEN, Lib. 57) Ps. XXI, 19.
contra Judæos, n° 10, 13; Contra Marcionem, n° 19; Lib. 58) Matth. XXVII, 35.
de habitu muliebri, ch. III; ORIGENE, Ep. ad Africanum, 59) Ps. LXVIII, 22.
hom. XXII in Jeremiam; ST ATHANASE, In fine Synopsis 60) Matth. XXVII, 48.

27
SODALITIUM : La question juive

61) Rom. XI, 20-22. Syrie depuis 1840 jusqu’en 1842, Gaume éd., Paris 1846.
62) Rom. XI, 25. 70) ROCCA D’ADRIA, L’Eucarestia e il Rito pasqua­
63) ST JEROME, Super Cant. Cant., hom. 1. le ebraico, in “Atti del Congresso Eucaristico tenutosi
64) ORIGENE, Explic. Ep. ad Rom., ch. II; Hom. IV in Torino”, 2-6 septembre 1894, vol. 2°, Torino, tipogra­
in Jeremiam. fia Pietro Celanza 1895, pp. 81-89.
ST JEAN CHRYSOSTOME, Hom. In cap. II ad Rom. Lire aussi du même auteur Nella tribù di Giuda, ed.
ST AUGUSTIN, Comm. In Ps. VII, n° 7. Fassicomo, Genova 1895, où il confirme ce qu’il prouva
65) Rom. XI, 31-32. dans le travail sus-mentionné, c’est-à-dire que, la Sainte
66) Jn X, 16. Ecriture et les textes rabbiniques en main, le Messie est
67) Cf. Sodalitium, n° 29, pp. 20-38. déjà venu en la Personne de Jésus-Christ.
68) Rivelazioni di Neofito ex rabbino, monaco 71) DE ROSSI - G. BERNARDO, in Enciclopedia Cat­
greco, Prato, Giacchelli ed. 1883, pp. 34-35. tolica, Città del Vaticano 1950, vol. IV, col. 1451.
69) A. LAURENT, Relation historique des affaires de 72) Stamperia reale, Parma 1773.

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SODALITIUM : La question juive

LES TOLEDOTH JESHU:


L’ANTI-EVANGILE
JUIF
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

Introduction

L e Judaïsme refusa le Messie Jésus-Christ


et persécuta les Chrétiens. Au fil du
temps le Christianisme se développa et de­
vint la religion officielle des peuples jadis
païens: le Judaïsme religion fut alors isolé
pour éviter qu’il ne contaminât les Nations
désormais chrétiennes. En réaction le
Judaïsme talmudique s’inspira de la dispute
violente, née en même temps que la prédica­
tion des Apôtres, contre le Christianisme et
la personne de son fondateur Jésus. «C’est
par ce type de rapport que s’est développée,
à partir de bases éloignées dans le temps,
une littérature polémique... qui a eu pour
objet l’histoire de Jésus et les origines du
christianisme» (1).
Toledoth est un terme qui apparaît dans
l’hébreu biblique avec la double signification
de “descendance” ou “histoire”, soit au sin­
gulier soit au pluriel. Toledoth Jeshu repré­
sente donc l’histoire ou les histoires de
Jésus: une série de récits juifs sur et contre

29
SODALITIUM : La question juive

Jésus et les origines du Christianisme. gogues furent le premier siège de la prédica­


«Différentes rédactions, même très dissem­ tion des Apôtres, lesquels provoquèrent dès
blables entre elles par le contenu et l’éten­ le commencement les objections des Juifs
due existent de ces récits. La production des (Actes XIII, 45-50) et même une opposition
Toledoth est un processus qui dure depuis organisée et souvent violente. «Il est difficile
des siècles... une interprétation polémique de ne pas admettre que n’ait pas été mise
des événements de Jésus aurait déjà com­ aussi en discussion la vie même de Jésus. (...)
mencé durant sa vie (Mc IV, 22 et 30) et tout De ces faits on déduit l’existence d’une polé­
de suite après sa mort (Matth. XXVIII, 15). mique vivace déjà dans les premières décen­
L’élaboration de narrations alternatives et nies de la mort de Jésus, dans laquelle ont
polémiques s’est poursuivie jusqu’aux der­ été placées les lointaines origines de la litté­
nières décennies du siècle dernier» (2). rature des Toledoth» (6).
La première édition imprimée des Pour ce qui concerne les sources juives, il
Toledoth est celle de Wagenseil (1681); en existe différents passages du Talmud qui
1705 Huldreich publia un autre texte, très dif­ parlent de Jésus (7). «Jésus est appelé Notzri
férent, dont on ne possède pas le manuscrit (Nazaréen), d’autres fois Pandera ou Ben
original. A partir de ce moment les éditions Pandera, avec une liaison évidente aux don­
ont été nombreuses, huit précisément, jusqu’à nées païennes sur sa paternité... appelé ben
celle de 1902 publiée par Samuel Krauss, qui Stada et fils d’une relation adultère... on
est l’étude la plus importante sur le sujet et parle de la lapidation de Jésus à la vigile de
reste aujourd’hui encore la référence princi­ Pâques, sous l’accusation de sorcellerie et de
pale de toute recherche scientifique. corruption... Ces faits n’attestent pas l’exis­
«Les Toledoth Jeshu jouissent d’une ré­ tence des Toledoth, au moins dans la forme
putation négative et sinistre. Les histoires dans laquelle nous les connaissons, mais or­
qu’elles racontent sont si démystifiantes, et donnés... ils peuvent constituer la base pour
la forme si polémique que le monde chrétien une histoire alternative sur Jésus. Ils attes-
les a toujours repoussées avec de vives cri­
tiques et anathèmes» (3). Wagenseil les défi­ Frontispice de la première édition
nissait comme: “nefandum et abominabilem imprimée des Toledoth
libellum”, “cacatus a Satana”; de Rossi les
appelait “nefandum ac pestilentissimum
opuscolum”. En 1958 le Dictionnaire Ec­
clésiastique, paraphrasant l’abbé Giuseppe
Ricciotti, écrivait: “Libelle blasphématoire
et calomnieux, circulant avec des rédactions
différentes depuis les VIIIème-IXème
siècles, résumés fantastiques et calomnies
obscènes manipulées par les milieux juifs de
l’époque et que l’on fait passer pour être les
sources authentiques de la vie de Jésus”.
«A la condamnation du monde chrétien
a fait pendant du côté juif l’embarras pour
une œuvre qui à différents moments de l’his­
toire est apparue peu sérieuse et précise, in­
commode et inopportune» ( 4). Di Segni,
dans son livre dont nous nous sommes inspi­
rés, poursuit: «Cet embarras explique les ré­
sistances à répandre l’œuvre... On a même
tenté... d’attribuer certaines versions de l’ou­
vrage à des antisémites [qui s’ils n’existaient
pas devraient être inventés, comme les au­
teurs des Protocoles, n.d.a.], qui s’en se­
raient servis pour attiser la haine chrétienne
envers les juifs» (5).
D’après les Actes des Apôtres, les syna­

30
SODALITIUM : La question juive

tent de toute façon l’existence d’une littéra­ tance est confirmée et amplement expliquée
ture vivace à ce propos. Tout ce groupe d’in­ dans le fragment araméen publié par
formations est déjà complet à la fin du qua­ Ginzberg en 1928.
trième siècle» (8). Par le successeur d’Agobard, Amolon
Les Pères de l’Eglise parlent d’une série (archevêque de Lyon de 841 à 852), nous ap­
de croyances juives et aussi païennes. Le prenons d’autres détails. Le texte est
Talmud accuse Jésus d’être magicien et cor­ l’Epistola (ou le Liber) contra Judeos, attri­
rupteur du peuple, comme écrit St Justin bué de manière erronée par certains auteurs
martyr. St Pione martyr dit que, selon les à Raban Maure. L’auteur cite en général les
Juifs, le Christ avait pratiqué la nécromancie, accusations blasphématoires que les Juifs
et que c’est par elle qu’il était ressuscité après adressent à la religion chrétienne, parmi les­
sa mort. Le païen Celse apprend d’un juif la quelles certaines revêtent un intérêt pour
leçon contre Jésus: la mère de Jésus aurait été notre analyse: «Nous appelons les saints
chassée par son mari parce que suspectée Apôtres ‘apostats’... Ils ne savent pas que
d’adultère avec un soldat romain du nom de Jésus fut suspendu à la croix avec des clous...
Panthera. Tertullien, soutient que les enne­ mais disent de façon infamante, qu’il fut puni
mis de Jésus le qualifient de fils d’un forgeron de la même manière que les brigands qui
et d’une prostituée. Toutes ces données se re­ étaient pendus en même temps; et... il fut dé­
trouvent dans les Toledoth. «Il y en a suffi­ posé du bois et jeté dans le sépulcre dans un
samment pour supposer l’existence d’his­ jardin rempli de choux, afin que la terre ne
toires alternatives aux Evangiles circulant soit pas contaminée. Ils appellent Notre-
parmi les opposants au christianisme» (9). Seigneur Jésus-Christ Lui-même... dans leur
Il faut cependant arriver au IXème siècle langue Dissipator Ægyptius... Le culte que
pour avoir une information précise d’une his­ dans le monde entier lui prêtent les fidèles, ils
toire complète sur Jésus, racontée par les l’appellent culte de Baal et religion d’un dieu
Juifs. Le premier à en parler explicitement est étranger... Ils reconnaissent qu’il fut impie et
St Agobard, archevêque de Lyon (778-840). fils d’impie, c’est-à-dire d’un certain païen
Dans le De Judaicis superstitionibus, St qu’ils appellent Pandera, par qui ils disent
Agobard écrit: «Les Juifs disent que Jésus que la mère du Seigneur fut corrompue et
avait été un jeune honorable chez eux... et qui dont naquit celui auquel nous croyons» (11).
avait eu de nombreux disciples; à l’un d’eux, Le témoignage de Raban Maure, arche­
à cause de sa dureté et de sa torpeur mentale vêque de Mayence en 847, date de la même
il avait donné le nom de Céphas, c’est-à-dire époque. Dans son ouvrage Contra Judeos, il
Pierre. (...) Enfin, accusé de nombreux men­ rapporte les mêmes informations qui nous
songes, il fut incarcéré par décision de Tibère, ont été transmises par Amolon: naissance
parce qu’il avait fait grandir dans le sein de la d’un adultère avec un païen appelé Pandera,
fille de celui-ci... un fœtus de pierre. Il fut la punition comme brigand, la sépulture
donc pendu à une potence comme un mépri­ dans le jardin des choux, etc. Le témoignage
sable magicien, et là, frappé avec une pierre à suivant remonte à la fin du XIIIème siècle.
la tête il fut tué; il fut enseveli à côté d’un Raimondo Martini, dominicain, fut l’auteur
aqueduc... mais la nuit il fut submergé par un de plusieurs écrits contre les Musulmans et
débordement imprévisible des aqueducs; par les Juifs. Dans le Pugio Fidei (le poignard de
ordre de Pilate il fut recherché pendant la foi) l’auteur rapportait une histoire que
douze mois et ne fut pas trouvé. Alors Pilate les Juifs racontaient sur Jésus, en la faisant
promulgua une loi de ce type: “Il est évident précéder de cette introduction: «Puisque
qu’il est ressuscité comme il avait promis, Notre-Seigneur Jésus-Christ accomplit d’in­
celui que vous avez été tué par envie...”. Mais nombrables miracles possibles qu’à Dieu
toutes ces choses furent inventées par les seul, la perfidie juive, à qui ne manque ja­
scribes... dans le but d’annuler l’entière vérité mais la ruse du renard, essaya de dégrader
de la valeur de la passion du Christ» (10). par des blasphèmes tout cela. Ils composè­
«Les découvertes de ce siècle - commen­ rent donc contre le Christ un livre dans le­
te Di Segni - ont donné une nouvelle impor­ quel ils inventèrent cette fable» (12).
tance à la note d’Agobard; celui-ci est, par Suit, dans l’ordre chronologique, un pré­
exemple, le seul à parler d’un fœtus de pier­ cieux témoignage juif. Il s’agit de l’Even
re dans le sein de la fille de César; la circons­ Bochan (pierre de vérification) écrite en

31
SODALITIUM : La question juive

Espagne en 1385 par Shem Tov ibn Shaprut. le plus développé des Toledoth. On note la
«Un chapitre de ce livre est dédié à la réfuta­ présence constante d’une reine Hélène, juge
tion des thèses antijuives... Shem Tov fournit de Jésus. Le contenu nous est connu, depuis
des informations fondamentales sur les le XIIIème siècle, grâce au témoignage de
Toledoth» (13). Raimondo Martini.
Les Toledoth furent condamnées par «Dans l’ensemble du groupe “Hélène”
l’antipape Benoît XIII, le 11 mai 1415. Le on peut identifier un type particulier que
confesseur de l’antipape était St Vincent nous avons défini comme “italien”. Ce nom
Ferrier, très zélé dans la lutte contre le vient d’une série d’indices qui indiquent
Judaïsme talmudique. l’Italie comme le lieu où ce type particulier a
été, sinon précisément écrit à l’origine, du
LA TRADITION TEXTUELLE moins conservé et transmis avec des carac­
tères particuliers. Les manuscrits sont
1) Classification presque tous en caractères hébreux italiens;
dans le texte apparaissent même des mots
Il est nécessaire de procéder à une classi­ italiens... en transcription juive» (15).
fication de la production des Toledoth Jeshu
à partir de leurs sources, qui consistent tant 4) La première édition imprimée des
en manuscrits qu’en éditions imprimées de Toledoth
textes dont on a perdu la source originale.
Aujourd’hui on compte plus de cent com­ La première édition imprimée des
positions de Toledoth. La langue utilisée Toledoth fut publiée en 1681. «Le texte ap­
dans la plupart d’entre eux est l’hébreu, mais parut dans un recueil d’écrits juifs de polé­
il existe des versions en araméen, judéo-alle­ mique antichrétienne, accompagnés d’une
mand, judéo-espagnol, judéo-arabe. traduction latine et de longues et savantes
L’extrême variété des versions requiert réfutations. Le titre de l’ouvrage était Tela
une classification du matériel. La première ignea Satanæ (les traits de feu de Satan);
distinction à faire est entre trois groupes prin­ l’auteur Johann Christof Wagenseil, savant
cipaux, qui ont été appelés du nom de ceux orientaliste, né à Nuremberg le 23 novembre
qui, dans le texte, jugent Jésus: Pilate (P), 1633... Le livre fut imprimé à Altdorf en
Hélène (E), Hérode (H). Le premier groupe Bavière près de Nuremberg... Wagenseil...
est le plus ancien, le second est le plus vaste fit preuve de courage en diffusant un ouvra­
et est caractérisé par la présence de la reine ge dont on connaissait l’existence, mais qui
Hélène. Le dernier groupe est celui de l’édi­ par sa seule nature ne pouvait pas ne pas
tion imprimée par Huldricus en 1705. être regardé comme un texte dangereux. (...)
En 1704 il publia en allemand une dénoncia­
2) Le groupe «Pilate» (P): les Toledoth en tion “à tous les magistrats chrétiens pour les
araméen amener à empêcher les blasphèmes des Juifs
contre Jésus-Christ et la religion chrétien­
A la fin du XIXème siècle, l’existence des ne”. (...) Après la publication ce texte a eu
Toledoth en araméen était connue unique­ une large diffusion parmi les chrétiens et les
ment grâce au témoignage d’un juif converti juifs... Considéré par les critiques comme
Avner Alfonso, rapporté par Shem Tov ibn l’un des meilleurs textes des Toledoth» (16).
Shaprut à la fin du XIVème siècle. «Mais de
ce texte on ne possédait que les quelques 5) Le groupe «Hélène». Le type «Slave»
lignes récapitulatives de Shem Tov. La réou­
verture, à la fin du dix-neuvième siècle, de la Ce type représente la version la plus ré­
Ghenizah, la salle de dépôt des livres usagés cente des Toledoth. En effet la production
de la synagogue du Caire, permit finalement des Toledoth a continué jusqu’à la fin du
la première connaissance directe des textes siècle dernier. Le nom de «Slave» a été
araméens des Toledoth» (14). conféré par Krauss et par Bischoff en consi­
dération des nombreux indices qui indiquent
3) Le groupe «Hélène» cette provenance, comme la transcription de
noms slaves. Ce groupe est caractérisé par
Le groupe «Hélène» est le plus vaste et de notables aspects particuliers: l’extrême

32
SODALITIUM : La question juive

prolixité du récit, d’abondantes idées saty­ poser sur le mont Carmel; jusqu’à ce qu’arri­
riques et fortement polémiques, des cita­ va R. Jehudah le jardinier qui le saisit par la
tions bibliques et talmudiques. crête et le porta à R. Jehoshua’ ben Pe­
rachiah; il l’éleva et le crucifia sur le tronc
6) Le groupe «Hérode»: l’édition de d’un cyprès. Avant qu’il le suspende à la
Huldricus des Toledoth croix, Jeshu, (...) demanda d’appeler les per­
sonnes qu’il avait induites en erreur et leur
En 1705, était publié en Hollande, à dit: “Si vous veniez demain et que vous ne
Leyde, un texte des Toledoth complètement trouviez ni moi ni mon corps sans vie sur la
différent. Le responsable de l’édition était croix, c’est parce que je serai monté au fir­
Huldreich, théologien d’origine suisse qui mament du ciel et vous ne pourrez pas me
avait effectué des études d’hébreu d’abord à voir”. Ils le suspendirent vivant à la croix et
Brême, puis en Hollande. Il eut la chance le lapidèrent et il mourut sur la croix... Ils le
d’avoir entre les mains un texte jusqu’alors descendirent de la croix et l’ensevelirent
inconnu du public, dans lequel les idées po­ dans un cours d’eau dans le jardin de R.
lémiques sont particulièrement enflammées; Jehudah le jardinier. Quand ensuite arrivè­
il semble que l’origine de cette œuvre doive rent les hommes que Jeshu avait induits en
être recherchée en Allemagne. erreur et qu’ils ne le trouvèrent pas sur la
croix, ils furent frappés de frayeur; ils prirent
LES TEXTES DES TOLEDOTH: les juifs et leur dirent: “C’est vrai ce que
nous a dit notre seigneur Jeshu que les juifs
1) Les Toledoth en araméen sont des menteurs; si vous l’avez mis sur la
croix, où est son corps? C’est donc vrai qu’il
Pour donner au lecteur une idée plus est allé au ciel”. Immédiatement Pilate ap­
précise je rapporterai les passages les plus pela... le jardinier et lui demanda: “Qu’as-tu
intéressants des textes des Toledoth, ren­ fait du corps de Jésus?”. R. Jehudàh répon­
voyant le lecteur désireux d’approfondir le dit: (...) si le seigneur veut je le porterai et
sujet au livre de Riccardo Di Segni. montrerai son corps à ces personnes, afin
qu’elles sachent que Jeshu est malfaisant”.
L’interrogatoire de Jean-Baptiste R. Jehudàh le jardinier partit donc et le tira
Le Baptiste avait été enfermé en prison hors de la tombe; il attacha une corde aux
«parce qu’il avait corrompu beaucoup de jambes et le traîna à travers toutes les rues
personnes du peuple de Judée» (17). Il lui fut de Tibériade (...). Ils le portèrent à Pilate,
demandé: «Si, sur ces livres de sorcellerie qui fit appeler tous ses disciples qu’il avait
trouvés entre les mains de Jeshu ton dis­ induits en erreur, et il y en eut qui crurent et
ciple, tu nous disais la vérité, nous te libére­ qui ne crurent pas (...). Que celui qui a fait
rions, sinon toi et Jeshu serez passés au fil de un jugement avec le mauvais Jeshu juge ra­
l’épée» ( 18). Jean-Baptiste répondit: «Ces pidement et punisse ceux qui haïssent son
livres ont été écrits par Jeshu... c’est lui et les peuple et tous ceux qui... sont allés rendre
onze disciples qui les ont écrits et avec eux un culte au mauvais Jeshu» (22).
séduisent le peuple» (19).
Le Baptiste et Jésus furent amenés à 2) Le groupe «Hélène». Le manuscrit de
Tibériade et Jean fut crucifié et enseveli, Strasbourg
«après lui ils portèrent Jeshu et tentèrent de
le crucifier; mais quand il vit qu’il y avait «Sa mère Miriam était juive et avait un
une croix prête pour lui il dit une formule mari qui était d’origine royale, de la maison
magique et s’envola de leurs mains, en l’air, de David; il s’appelait Jochannan... Il y avait
comme un oiseau» ( 20). Un jardinier vola près de la porte de sa maison, (...) un homme
derrière lui, mais «quand Jeshu le mauvais le de bel aspect, ...Josef ben Pandera. Il l’avait
vit, il alla se cacher dans la grotte de Elihau, regardée, et une nuit... il passa ivre devant sa
dit une formule magique et ferma la porte porte; il entra chez elle et elle pensa que
de la grotte» (21). Le jardinier alors alla à la c’était son mari... Il l’embrassa, tandis quelle
porte de la grotte et par une formule réussit lui disait: “Ne me touche pas, j’ai mes règles”;
à l’ouvrir, «Jeshu le mauvais transforma sa il... ne se préoccupa pas de ses paroles et cou­
personne en un volatile, un coq, et alla se cha avec elle et elle tomba enceinte de lui. A

33
SODALITIUM : La question juive

minuit arriva son mari... elle lui dit: “Qu’est­ rent contre lui; les lettres s’effacèrent de son
ce que c’est que ça? Ce n’était pas ton habitu­ esprit; mais il alla chez lui, coupa avec un
de depuis que tu m’as épousée, de venir à moi couteau sa chair, prit l’écrit et apprit les
deux fois en une nuit”. Il répondit: “C’est la lettres; et il partit et rassembla 310 jeunes
première fois que je viens à toi cette nuit”. d’Israël» (26).
Elle dit: “Tu es venu à moi et je t’ai dit que Toujours d’après les Toledoth Jésus dit à
j’avais mes règles et tu ne t’en est pas préoc­ ses disciples que les Scribes et les Docteurs de
cupé et tu as fait ce que tu voulais et tu t’es en la Loi disaient de lui qu’il était bâtard et fils de
allé”. Dès qu’elle eût entendu cela, elle recon­ femme ayant ses règles. «Considérez au
nut tout de suite que Josef ben Pandera contraire que tous les Prophètes ont prophéti­
l’avait regardée et que c’était lui qui avait fait sé sur l’Oint du Seigneur et je suis cet Oint... Il
cette action. (...) Après quelques jours la ru­ [le Seigneur ] m’a engendré sans rapport
meur se répandit que Miriam était enceinte. sexuel avec ma mère, alors qu’il m’appellent
Son mari dit: “Elle n’est pas enceinte de moi; bâtard. (...) Ils apportèrent un estropié... je
dois-je rester là à avoir honte continuellement prononçai sur lui les lettres (divines) et il se
devant tout le monde?” Il partit et s’en alla en mit sur pieds. Alors tous s’inclinèrent et di­
Babylonie. Après [quelques temps] Miriam rent: “C’est le Messie”. (...) Quand les doc­
[engendra] un fils qui fut appelé Jehoshua’ teurs virent qu’ils croyaient tant en lui, ils le
[Josué]... mais après que l’on découvrît son ir­ prirent et l’amenèrent à la reine Hélène, dans
régularité ils l’appelèrent Jeshu [Jésus]» (23). les mains de qui était la terre d’Israël. Ils lui
De plus les Toledoth poursuivent en racon­ dirent: “Cet homme connaît les arts et induit
tant que Jésus «est un bâtard et fils de femme en erreur le peuple”» (27). «Les anciens... ­
qui a ses règles» (24) et que «quand Miriam fut continuent les Toledoth - allèrent prendre un
enceinte il [le mari] pour sa grande honte, par­ homme du nom de Jehuda [Judas] Iscariote,
tit en Babylonie et ne revint plus; et que et l’introduisirent dans le Saint des Saints; il
Miriam avait accouché de Jeshu mais n’était apprit les lettres du nom divin qui étaient gra­
pas pour cela passible de mort, puisqu’elle ne vées sur la “pierre de fondement” et les écrivit
l’avait pas fait consciemment; puisque Josef sur un petit parchemin et il s’incisa la cuisse en
ben Pandera était un habitué des prostituées... prononçant le nom divin pour qu’il il ne lui fît
Et après que la chose sur Jésus fut connue, pas mal, comme Jeshu l’avait fait avant.
qu’il était bâtard et fils de femme ayant ses Quand Jeshu s’assit avec sa compagnie près
règles et qu’ils l’avaient condamné à mort de la reine, celle-ci fit appeler les docteurs. (...)
[comme rebelle à la tradition depuis les ori­ Quand les docteurs entrèrent avec Jehuda
gines], il sortit et s’enfuit à Jérusalem» (25). Iscariote, ils présentèrent leurs arguments
Les histoires de Jésus continuent soute­ contre lui... jusqu’à... ce qu’il élevât les bras
nant que: «Dans le Sanctuaire [de Jérusalem comme les ailes de l’aigle et s’envolât... Les
c’est-à-dire dans le Temple détruit par les anciens d’Israël dirent à Jehuda Iscariote:
Romains, n.d.a.] il y avait la “pierre de fon­ “Prononce toi aussi les lettres sacrées et
dement”... et sur elle étaient écrites les monte derrière lui”. Il fit aussitôt ainsi et vola
lettres du nom divin et quiconque les appre­ au ciel. (...) Iscariote l’embrassa pendant qu’il
nait pouvait y faire tout ce qu’il désirait. Les volait; aucun des deux ne pouvait vaincre
docteurs craignaient que les jeunes juifs les l’autre en le faisant tomber à terre avec le
apprennent et avec elles détruisent le nom sacré, puisque le nom sacré était possédé
monde, et ils avaient élaboré un système par tous les deux. Quand Jehuda vit que les
pour l’empêcher: des chiens de bronze sus­ choses restaient ainsi, il fit une mauvaise ac­
pendus sur deux colonnes de fer vers la tion et urina sur Jésus qui devint impur et
porte du flambeau. Si quelqu’un entrait et tomba à terre et Jehuda aussi avec lui » (28).
apprenait ces lettres, à la sortie les chiens Enfin il fut tué le Vendredi de la veille de
aboyaient contre lui, et en les voyant il ou­ Pâques et ils l’ensevelirent. «Les fous pensè­
bliait les lettres. Jeshu vint et les apprit et les rent alors à le chercher dans la tombe et ne le
écrivit sur un parchemin; il s’incisa la cuisse trouvèrent pas. Les séditieux allèrent alors
et y mit le parchemin avec ces lettres; afin dire à la reine Hélène: “La personne qu’ils ont
que l’entaille de sa chair ne lui cause pas de tuée était le messie... or après sa mort ils l’ont
douleur il remit donc la peau à sa place; et enseveli, mais il n’est plus dans la tombe,
quand il sortit les chiens de bronze aboyè­ parce qu’il est déjà monté au ciel... Les sages

34
SODALITIUM : La question juive

toire de Josef Pandera, époux de Miriam, et


du voisin Jochannan le mauvais, qui par un
stratagème coucha avec Miriam quand elle
avait ses règles et la mit enceinte. Le mari
Josef décida d’abandonner sa femme,
puisque «on savait qu’avec lui elle était stérile
et n’avait pas eu d’enfants depuis longtemps...
A la fin se répandit par toute la ville la nou­
velle que Miriam l’épouse de Josef attendait
un enfant... et qu’elle appela Jehoshua’...
Jochannan... révéla la chose et dit à tout le
monde que cet enfant était son fils... Quand
le garçon grandit il le mit à l’école pour étu­
dier la Torah et ce bâtard était intelligent et
en une journée il apprenait ce que les autres
n’apprenaient pas en une année» (30).

4) Les Toledoth slaves

Naissance, enfance et adolescence de Jésus


On parle toujours de Miriam, de son
mari Jochannan et de Josef Pandera. Cette
fois intervient la mère de Josef et elle invite
chez elle Miriam, pour un repas. Durant le
banquet les invités mangèrent et burent, et
après le repas s’éloignèrent de la salle. Ainsi
Josef et Miriam restèrent seuls, Miriam com­
prit les mauvaises intentions de Josef et
Le récit de la mort de Marie dans l’édition Huldricus; à réussit à s’enfuir. Alors Josef chercha de de­
côté du texte hébreu la traduction latine et
le commentaire
venir ami avec Jochannan, y réussit, et put
ainsi se rapprocher de Miriam, qui essaya de
étaient épouvantés et ne savaient que ré­ mettre en garde son mari contre le pervers
pondre. Ceci parce qu’une personne l’avait Josef mais n’y réussit pas. Un samedi Josef
sorti de la tombe et l’avait porté dans son jar­ invita Jochannan à dîner et lui fit boire
din; il avait barré le cours d’eau qui y passait, beaucoup de vin. Quand Josef vit que
avait creusé dans le sable et l’avait enseveli; Jochannan dormait désormais profondé­
après il avait fait rentrer les eaux dans leur ment il alla frapper à la porte de Miriam et
cours, sur la tombe. (...) Les juifs étaient tous lui dit à voix basse, pour ne pas être recon­
affligés... Les séditieux saisirent l’occasion nu: Je suis Jochannan ton époux, j’étais à
pour dire: “Vous avez tué l’Oint du seigneur”. table avec Josef et maintenant à cause de la
(...) Le maître du jardin dit: “Aujourd’hui il y forte pluie je ne peux aller chez moi, fais­
aura en Israël soulagement et joie, puisque je moi entrer. «Miriam alla ouvrir la pièce, en
l’ai enlevé, pour empêcher que les séditieux ne pensant que c’était Jochannàn; quand Josef
se le prennent pour avoir un prétexte dans les entra dans la pièce il fit semblant de réciter
générations futures”. (...) Ils lièrent des cordes le Shema, [que l’on récite avec une main sur
aux pieds de la dépouille et la traînèrent par le visage] jusqu’à ce qu’il fût arrivé à son lit,
les rues de Jérusalem, jusqu’à la reine; ils lui l’embrassa... Miriam eut peur et dit: “Que
dirent: “Celui-ci est le même qui est monté au fais-tu! Je ne suis pas pure!”... Josef lui ré­
ciel”. Ils la quittèrent avec joie, alors qu’elle pondit doucement, afin qu’elle ne reconnais­
raillait les séditieux et louait les docteurs» (29). se pas la voix: “Mais non, une nouvelle règle
a été donnée à l’école aujourd’hui par mon
3) Les textes italiens maître, selon laquelle le fiancé peut avoir
des rapports avec sa fiancée, même si elle a
La naissance de Jésus ses règles”. Et puisque les femmes se lais­
Dans les textes italiens on retrouve l’his­ sent facilement séduire, ce malfaisant s’unit

35
SODALITIUM : La question juive

à elle et coucha avec elle, qui pensait qu’il écrasant les seins entre les gonds de la porte
était son fiancé Jochannan» ( 31). Le lundi et pris de colère tue son père Josef Pandera.
Miriam rencontra son fiancé et lui demanda Jésus est enfin mis à mort et suspendu à un
une explication, mais Jochannan ne savait bois hors de Jérusalem. Le soir même Judas
rien et commença à soupçonner Josef. Après s’approprie le corps et le met dans son jar­
trois mois toute la ville de Jérusalem sursau­ din, sur un tas d’ordures. Les adeptes de
ta: Miriam était enceinte de son fiancé Jo­ Jésus racontent que leur maître était ressus­
channan. Jochannan s’enfuit en Babylonie. cité et monté au ciel trois jours après sa
Après que Jochannan s’enfuit de Jérusalem, mort. Enfin le chiffre de la bête 666 corres­
Josef le mauvais «alla chaque jour chez pond à Jésus le Nazaréen. «C’est une des
Miriam, jusqu’à ce qu’il réussît à la séduire plus subtiles méchancetés des Toledoth; elle
et elle se donna à lui comme une prostituée; veut retourner dans le sens antichrétien
après neuf mois elle accoucha d’un bâtard une... prophétie de l’Apocalypse» (33). Enfin
fils de femme ayant ses règles [Jeoshua’]... Miriam meurt et elle est ensevelie sous le
Après que celui-ci eût agi de manière incor­ bois où Jésus avait été suspendu.
recte les sages du Sanhédrin l’appelèrent
Jeshu, comme marque que “soit effacé son L’HISTOIRE DANS LES TOLEDOTH
nom et son souvenir”. Ce bâtard grandit et
sa mère le mit à l’école de R. Jehoshua’ ben Introduction
Perachiah, en disant qu’il était le fils de
Jochannan, et il y resta jusqu’à ce qu’il se Après avoir rapporté certains passages
ruinât; et ce mauvais était complètement des Toledoth, passons maintenant à l’exa­
adonné à l’étude, exceptionnellement doué men critique de leur contenu. D’un point de
et expert dans les doctrines ésotériques» (32). vue historique on remarque tout de suite
dans tous ces récits une grande confusion de
5) La version Huldricus dates, de personnes et de lieux. Les faits
contrastent avec les informations qui nous
Dans cette version il n’y a rien de nou­ sont fournies par la littérature chrétienne et
veau concernant la conception de Jésus, ex­ en outre on relève plusieurs contradictions
cepté le nom du mari de Miriam, qui ici est entre les différentes versions des Toledoth
Pappos ben Jehudah, alors que le corrupteur elles-mêmes. Ces discordances ne sont pas
est toujours Josef Pandera. Par contre dans dues au hasard, mais proviennent de la su­
cette version, on parle de la fuite en Egypte perposition dans un même texte de tradi­
et du massacre des innocents. Un nouveau tions différentes.
détail est introduit: Jésus extorque la vérité La raison principale de l’anachronisme
sur sa conception irrégulière de Miriam, lui qui caractérise toutes les Toledoth est l’exis­
tence de certaines traditions talmudiques
Manuscrit d’Amsterdam
qui parlent de Jésus et placent le début de
son activité à une époque beaucoup plus an­
cienne que l’époque réelle. La source princi­
pale à ce propos est un enseignement rabbi­
nique en langue hébraïque antérieur à 200
après J.-C., complété par des traditions suc­
cessives en langue araméenne.
«La substance des traditions talmudiques
à propos de Jésus est celle-ci: Jésus apparte­
nait au groupe restreint de disciples qui sui­
vit l’un des maîtres contraint à l’exil égyp­
tien par les Asmonéens. Au moment du re­
tour, entre le maître et l’élève il y eut une
rupture pour des motifs futiles; le maître ex­
communia... le disciple parce qu’il... avait
fait trop attention à l’aspect physique, et aux
défauts de la patronne de l’auberge qui les
accueillait. Jésus... accepta la punition et se

36
SODALITIUM : La question juive

mit à demander pardon plusieurs fois à son quelqu’un qui portait un nom étranger... le
maître. Quand à la fin celui-ci estima nom veut contester l’hypothèse de la naissan­
qu’était arrivée l’heure de le pardonner, par ce virginale par une accusation infamante»
une banale méprise le disciple ne comprit (35). «Parmi les autres interprétations... Pan­
pas le geste de salut du maître, et en tira la tera signifie pratiquement prostituée» (36).
conviction que désormais pour lui il n’y avait Un autre point à approfondir est la ques­
pas de pardon; ce fut ce qui le poussa à une tion du mamzer qui peut être traduit comme
rébellion définitive contre les maîtres et “bâtard”. Au bâtard est interdit le mariage
contre la foi» (34). avec une juive, pour en empêcher la perpétua­
Quant au personnage de la reine Hélène, tion. L’accusation adressée à Jésus d’être bâ­
il faut se demander à qui se réfère exacte­ tard «doit être lue de manière polémique
ment le texte et il semblerait s’agir de la contre le dogme de la virginité, de la naissan­
mère de Constantin. Selon une légende ce sans péché, et du fait d’être fils de Dieu»
Hélène aurait été attirée d’abord par le (37). Toutefois d’après la loi juive, pour qu’un
Judaïsme, alors que son fils Constantin, in­ adultère donne lieu à un enfant bâtard, il est
fluencé par le Pape St Sylvestre, fut attiré nécessaire que les deux parents soient juifs
par le Christianisme. Pour résoudre la ques­ (Shulchan ‘Arukh, Even ha’ ezer 4: 19). Donc
tion, le Pape organisa une dispute avec si Jésus pour les Toledoth doit être considéré
douze rabbins, en présence de l’empereur. comme un bâtard, même le père physique
Durant le débat le rabbin, appelé Zamberi, doit être juif. Or les sources non juives, qui
tua un bœuf en murmurant le nom de Dieu, rapportent les calomnies païennes et juives,
mais St Sylvestre démontra sa supériorité en sont d’accord pour préciser que Pantera (le
ressuscitant l’animal, avec la simple invoca­ père physique de Jésus) n’était pas juif, mais
tion du nom de Jésus; alors les rabbins et les était un soldat romain. Les sources juives des
païens se convertirent au Christianisme. Toledoth, ont réussi à faire convertir au
Judaïsme le séducteur, c’est pourquoi Jésus
Différentes versions de la naissance de Jésus serait un bâtard dans tout le sens du terme.

Jusqu’aux premiers siècles de l’ère chré­ Le nom de Jésus


tienne, le dogme de l’Incarnation du Verbe
et de la naissance virginale de Jésus suscita Le nom juif Jeshu, doit être expliqué
des réactions malveillantes et des calomnies comme une forme péjorative dérivée du
haineuses de la partie adverse. Il y eut une nom d’origine de Jehoshua’: Josué. «Le nom
énorme diffusion d’histoires alternatives à la trilitère serait un sigle de l’expression d’ori­
Tradition chrétienne. Celse lui-même (au­ gine biblique qui en italien signifie “que soit
teur païen) reprit de sources juives la ver­ effacé son nom et son souvenir”. Et c’est jus­
sion selon laquelle Jésus était né d’un adul­ tement pour ce motif que le nom Jeshu dans
tère consommé par sa mère, femme d’un ar­ plusieurs textes est écrit avec des guillemets
tisan, avec un soldat du nom de Panthera. additionnels, pour souligner qu’il s’agit d’un
Selon une autre calomnie, rapportée par sigle» (38).
Tertullien, Jésus aurait été le fils d’une pros­
tituée (quæstuaria). Selon St Jérôme la gé­ 4) Jésus et la magie
néalogie de Jésus était très discutée parmi
les juifs romains. Les Toledoth ne nient pas les miracles
Le Talmud, dans différents passages faits par Jésus et rapportés par la Tradition
(Tosefta Chul. 2:22-23, TP Shab. 14: 4) appel­ chrétienne. Mais ils essayent d’en démontrer
le Jésus ben (fils de) Pantera ou simplement la nature maléfique en les présentant comme
Pantera, et c’est le même Jésus qui dans des de la magie et de la sorcellerie. «Jésus par ses
passages parallèles est appelé hanotzrì miracles est attaqué précisément à cause de
(Nazaréen). Le terme Pantera semble être l’usage et de la présentation qu’en font les
«un anagramme du terme grec Partenos qui textes chrétiens: pour ces derniers les miracles
indique la vierge; c’est pourquoi à qui appe­ sont la démonstration de la nature divine de
lait Jésus fils de la vierge on opposait de ma­ Jésus, alors que c’est inconcevable pour le juif
nière polémique un nom qui cachait une ac­ orthodoxe... du point de vue de l’orthodoxie
cusation infamante: celle d’adultère avec [juive] les miracles sont considérés comme

37
SODALITIUM : La question juive

une œuvre diabolique. (...) Du côté juif, dans origines des Toledoth, considère le rapport
les sources talmudiques disponibles, la magie probable avec la littérature apocryphe chré­
est le premier des délits contestés à Jésus. tienne. «Le problème a été posé par des cri­
Déjà dans les premières Toledoth, d’après ce tiques de façon trop schématique, et c’est ce
qu’en rapporte Agobard, Jésus est considéré qui ôte toute crédibilité aux thèses soute­
comme “magum detestabilem”» (39). nues... aussi le problème reste-t-il ouvert en
Dans la tradition juive on admet commu­ substance » (42).
nément que les pouvoirs magiques peuvent Voulant tirer une conclusion à partir de
arriver à l’homme de différentes sources: par tous les éléments que l’excellent travail de Di
l’exploitation des forces occultes, maléfiques Segni a mis en évidence nous pouvons dire
et démoniaques; ou par l’usage de la force que la production des Toledoth «est un pro­
particulière qui découle du nom divin. cessus continu d’accumulation de matériel et
de nouvelle élaboration systématique» (43).
THEORIES SUR LES ORIGINES DES Parler d’un noyau unique et initial du récit
TOLEDOTH (Ur-Toledoth), comme fait Krauss, paraît ab­
surde. Le noyau, à supposer qu’il existe, n’est
«Les critiques ont longtemps discuté du pas seul; il y a tant de noyaux de provenances
problème des origines des Toledoth (...) après diverses qu’ils convergent en une narration
des recherches philologiques approfondies, en continuelle évolution et qui sont réadaptés
des hypothèses plutôt fantastiques ou tout au librement. Donc - pour Di Segni - cela n’a
moins pas soutenues par la même rigueur qui aucun sens de parler d’une unique source
avait accompagné l’étude des détails du texte, apocryphe qui aurait été le modèle sur lequel
ont été avancées » (40). Les hypothèses les l’auteur présumé des Ur-Toledoth aurait bâti
plus communes sont substantiellement au son œuvre. Il n’y a pas un seul auteur des
nombre de deux: la première fut avancée par Toledoth, mais plusieurs auteurs et plusieurs
Krauss en conclusion de son livre de 1902. sources. Tout ceci ne signifie pas que les
D’après lui les Toledoth proviennent des ré­ Toledoth n’ont aucun rapport avec les
cits sur Jésus contenus dans le livre du Apocryphes chrétiens; le contact avec eux est
Josippon (petit Joseph), une chronique juive même très étroit et n’est pas limité à une
qui raconte l’histoire juive et romaine de ma­ source unique. Les Toledoth sont le lieu de
nière comparative, et qui se présente comme confluence, entre autres, d’une quantité de
une sorte de condensé de l’œuvre historique traditions chrétiennes apocryphes, souvent
de Joseph Flavius (à qui elle est aussi attri­ complètement hétérodoxes; les auteurs des
buée par une tradition bien établie). «Puisque Toledoth les ont connues, reprises et trans­
dans le Josippon que nous connaissons main­ mises. Quant à la datation des différents
tenant, les passages relatifs à Jésus... sont plu­ noyaux des Toledoth, chacun d’eux est de
tôt limités, Krauss émit l’hypothèse de la dé­ provenance et de date différentes, «il est cer­
pendance des Toledoth non de l’actuel tain que beaucoup de noyaux initiaux sont
Josippon, mais de l’épreuve initiale (Ur- d’époque lointaine, des premiers siècles...
Josippon), qui aurait consacré plus de place puis on arrive au minimum au Xème siècle
au sujet. On a tout de suite vu que cette his­ pour certaines sources de la légende de
toire n’avait pas de motifs solides pour résis­ Simon Pierre, et au moins au XIIIème siècle
ter à une critique. Avant tout pour la datation pour le “roman” de la naissance de Jésus. (...)
du Josippon: un accord général existe parmi La réalité est que les Toledoth sont un pro­
les critiques dans la datation de l’œuvre, cessus de très longue évolution» (44).
même dans sa forme initiale, pas avant le
Xème siècle; tandis que nous savons bien que Epilogue
les Toledoth, au moins sur la base de ce que
dit Agobard, existaient depuis longtemps... Di Segni écrit “Il est difficile de dire,
Toute la théorie de Krauss s’effondre. Il est étant donné que chez les juifs il n’existe pas
vrai... qu’il y a eu des contacts entre les de dogmes ou de doctrines canoniques, ce
Toledoth et cette œuvre... mais tout fait pen­ qu’est Jésus pour les juifs; il est plus facile de
ser que l’auteur de l’interpolation a copié à spécifier ce qu’il n’est pas... Il ne peut être ni
partir des Toledoth et non vice-versa» (41). Dieu, ni Fils de Dieu dans le sens où on l’en­
La seconde hypothèse importante sur les tend dans le dogme de la Trinité. Une telle

38
SODALITIUM : La question juive

conception est pour les juifs non seulement 21) Ivi.


un sacrilège et un blasphème, mais une 22) Ibid., pp. 49-50.
23) Ibid., pp. 51-52.
chose incompréhensible. Il n’est même pas 24) Ibid., p. 53.
un Messie... il ne peut pas être non plus 25) Ibid., pp. 53-54.
considéré comme un Prophète» (45). Le refus 26) Ibid., p. 54.
de la divinité de Jésus de la part d’un grand 27) Ibid., pp. 54-55.
28) Ibid., p. 57. Dans la note 40 on lit: «La formule
nombre de Juifs a donné lieu à une littératu­ qui apparaît ici n’explique pas ce qui serait effective­
re polémique de contre-information calom­ ment arrivé. En réalité l’impureté ne vient pas de
nieuse à l’égard du Fondateur du l’urine, mais de l’émission de sperme... Dans le texte
Christianisme. “Le judaïsme a vis-à-vis du cité par Petrus Niger, en 1475, il y aurait eu aussi un
christianisme une haine viscérale, doublée acte de sodomie. Il semble que la brutalité de la légen­
de ait embarrassé même les copistes».
d’ignorance” (46). 29) Ibid., pp. 61-62.
Les Toledoth représentent une sorte 30) Ibid., pp. 69-70.
d’Anti-évangile juif; malheureusement nous 31) Ibid., pp. 77-78.
remarquons que les mêmes histoires calom­ 32) Ibid., pp. 79-80.
33) Ibid., pp. 93, 96; note n° 43.
nieuses sur Jésus sont contenues dans le 34) Ibid., p. 102.
Talmud et dans la “littérature post-talmu­ 35) Ibid., p. 114.
dique, qui est ensuite l’unique chose en la­ 36) Ibid., note n° 5, p. 114.
quelle les juifs aient cru pendant tout le 37) Ibid., p. 119.
XIXème siècle et que beaucoup, spéciale­ 38) Ibid., p. 132.
39) Ibid., p. 145.
ment en Israël, croient encore aujourd’hui. 40) Ibid., p. 216.
Ces récits eurent un poids déterminant dans 41) Ivi.
la formation de l’attitude négative des juifs 42) Ibid., p. 217.
par rapport au christianisme”. “Cette attitu­ 43) Ivi.
44) Ibid., p. 219.
de... provient de la haine envers Jésus et des 45) Ibid., p. 223.
épithètes injurieuses accumulées au cours 46) ISRAEL SHAHAK. Histoire juive - Religion juive.
des siècles pour le définir” (46). Le poids de trois millénaires. La Vieille Taupe, Paris
1996, p. 199.
Notes

1) R. D I S EGNI , Il Vangelo del Ghetto, Newton


Compton Editori, Roma 1985, p. 9. Cf. aussi: J. MAIER,
Gesù Cristo e il cristianesimo nella tradizione giudaica,
Paideia ed., Brescia 1994. R. DI SEGNI, La traduzione
testuale delle Toledoth Jeshu, in «La Rassegna Mensile
d’Israel», n° 50, 1984, pp. 84-100. Cf. également G.
STEMBERGER, Il Talmùd. Introduzione, testi, commenti,
E. D. B., Bologna 1997.
2) Ibid., p. 10. Riccardo Di Segni, rabbin romain,
conseiller de l’Institut Supérieur des Etudes Juives, est
l’auteur de la première traduction italienne des
Toledoth, sur laquelle je m’appuie pour le présent ar­
ticle. De nombreux indices indiquent l’Italie comme le
pays où les Toledoth se seraient développées.
3) Ibid., p. 11.
4) Ivi.
5) Ivi.
6) Ibid., pp. 14 et 16.
7) Cf. Sodalitium, n° 36, pp. 4-11.
8) R. DI SEGNI, op. cit., p. 17.
9) Ibid., p. 18.
10) P. L. 104: 87-88.
11) R. DI SEGNI, op. cit., p. 20, P. L. 116: 141, 184.
12) Pugio Fidei, II partie, ch. 8.
13) R. DI SEGNI, op. cit., p. 21.
14) Ibid., p. 30.
15) Ibid., p. 35.
16) Ibid., p. 37.
17) Ibid., p. 45.
18) Ivi.
19) Ivi.
20) Ibid., p. 49.

39
SODALITIUM : La question juive

Avec la FAUSSE CABALE (rabbinico­


pharisaïque) la créature (comme déjà
Lucifer) a la prétention de se faire égale à
Dieu par son propre effort et au moyen
d'une technique (gnosis). Ce n'est pas Dieu
LA CABALE (1) qui sauve gratuitement, par sa pure miséri­
corde, mais c'est l'homme qui est le perfec­
par M. l'Abbé Curzio Nitoglia tionnement et le point oméga vers lequel
"dieu" tend de façon panthéiste. La FAUS­
PROLOGUE SE CABALE se fonde sur les trois concupi­
scences : l'amour désordonné des plaisirs
L'histoire humaine est composée sub­ sensibles, des biens périssables et matériels,
stantiellement par deux courants de pensée et de nous-mêmes. LA T R A D I T I O N CA­
auxquels tous les autres se ramènent comme T H O L I Q U E au contraire se fonde sur
des mutations accidentelles. l'esprit des Conseils évangéliques : l'amour
La première est LA T R A D I T I O N de la souffrance, le détachement des biens
CATHOLIQUE, révélée par Dieu à Adam, de ce monde et le mépris de nous-mêmes en
aux Patriarches et à Moïse, conservée et acceptant nos propres limites, pour être at­
transmise par l'ancienne Synagogue mosaï­ tirés par Dieu à participer de sa vie intime et
que, (vraie Eglise de Dieu dans l'Ancien divine d'une manière finie, comme il con­
Testament) et appelée même C A B A L E vient à une créature, au moyen de la grâce
VRAIE car non pervertie par les Rabbins et sanctifiante qui est "semen gloriæ ".
les Pharisiens. La seconde est LA CABALE St Augustin nous enseigne que "La Cité
FAUSSE et IMPURE ou GNOSE, qui prend de Satan est formée de ceux qui s'aiment
son origine de la VRAIE et PURE CABA­ eux-mêmes jusqu'au mépris de Dieu ; la Cité
LE (ou Tradition catholique), et qui a été de Dieu au contraire de ceux qui par amour
pervertie ensuite par la méchanceté de l'hom­ pour Dieu se méprisent eux-mêmes".
me tenté par LUCIFER ; le "Non serviam" et Il nous reste à choisir : de quelle cité vou­
1' "Eritis sicut dii" constituent en effet le cœur lons-nous faire partie ? A quelle Tradition
de la GNOSE ou FAUSSE CABALE.
voulons-nous adhérer, à la luciférienne ou à
LA T R A D I T I O N C A T H O L I Q U E se la chrétienne ?
fonde sur l'être, sur ce qui est immuable, sur
l'acte. LA TRADITION CATHOLIQUE ET LA
La FAUSSE CABALE au contraire, se TRADITION CABALISTIQUE
fonde sur le devenir, sur le changement, sur
l'évolution et sur le mythe du progrès à l'infini : Dieu, au moyen de la Révélation, a trans­
Dieu n'est donc pas, mais Il devient ou se fait. mis à l'humanité, à partir du premier homme,
De ceci naît L'OPPOSITION "PER la Vérité sur les mystères de sa vie intime
DIAMETRUM" DES DEUX MODES DE (cf. Somme Théologique II-II, q. 2, a. 7).
VIE : celui catholique, qui est contemplatif, Cependant la principale Révélation orale
par lequel l'homme au moyen de l'intelli­ communiquée par Dieu à Adam a été
gence et de la volonté cherche à connaître et à déformée et falsifiée par la révolte et la ma­
aimer Dieu, et celui cabalistico-gnostique, qui lice de l'homme.
est surtout magique, pratique et technique. « Hélas A PARTIR DE LA T R A D I ­
Le monde actuel, presque complètement TION ORALE JUDAÏQUE (...), sous l'ins­
cabalisé, a rendu l'homme esclave et "méca­ piration de l'esprit du mal, A PRIS NAIS­
nique", seulement capable d'agir, de faire, SANCE UNE TRADITION MAUVAISE,
de s'affairer pour produire, et tout à fait in­ la tradition GNOSTICO-CABALISTIQUE
capable de contempler avec amour l'Acte (...). On part d'un "dieu" indéterminé... qui
pur (qui, comme nous le rappelle Notre- contient en lui-même les contraires (...le
Seigneur dans l'Evangile, est "l'unique chose bien et le mal...) qui devient monde et hom­
nécessaire", à laquelle il faut subordonner me. L'homme, dans la conception gnostico­
chaque activité pratique, qui si elle ne doit cabalistique, serait le sommet du processus
pas être méprisée, ne doit pas non plus avoir émanatif de l'univers » (J. M E I N V I E L L E ,
la primauté dans la hiérarchie des valeurs de Influsso dello gnosticismo ebraico in ambien­
la vie humaine). te cristiano, publié par d. Ennio Innocenti,

40
SODALITIUM : La question juive

titre original de l'ouvrage : Dallà Càbala al comme théologie spéculative et dogmatique


progressismo, Roma 1988, p. 14). de la Loi Ancienne, en passant oralement de
Pour la vraie Tradition (catholique), génération en génération et qui donnait la
l'homme, avec un acte de Foi ou d'assenti­ signification spirituelle de ce que Moïse
ment certain de l'intelligence à l'enseigne­ aurait ensuite mis par écrit.
ment de Dieu, peut connaître les mystères
que Dieu a voulu révéler, tandis que pour la DEFINITION DE LA CABALE
fausse Tradition gnostico-cabalistique,
l'homme ne se conforme pas et n'adhère pas La Cabale est une science "acroamati¬
à la réalité mais la construit et l'élabore, au que" ou ésotérique, adjectif qui qualifie toute
moyen d'un système subjectif et fantaisiste, science secrète chez les antiques, qui s'ensei­
dans lequel le monde et "dieu" sont la même gnait seulement aux initiés. L'adjectif opposé
chose (le Panthéisme). est exotérique : au dehors, public, pas secret.
L'adjectif "acroamatique" ou ésotérique dési­
LA TRADITION CATHOLIQUE gne donc toute science mystérieuse qu'il faut
expliquer de vive voix et qu'on ne peut ap­
Adam reçut la Révélation des Mystères prendre dans les livres.
divins de Dieu Lui-même, comme l'enseigne La Cabale non encore pervertie de l'an­
St Thomas : «... Au commencement Dieu cienne Synagogue mosaïque pas encore ré­
parlait avec les premiers hommes de la pudiée par Dieu [jusqu'au Jeudi Saint] trai­
même manière qu'il parlait avec les Anges...» tait de la nature de Dieu et de ses attributs,
(Somme Théologique II-II, q. 2, a. 7). «de l'Incarnation et de la Trinité ; ceci est at­
Dans l'article sur le Déicide, on a vu testé ... par de nombreux Rabbins qui se sont
qu'avant le Péché Originel Adam avait une convertis au Christianisme en lisant la
connaissance explicite de l'Incarnation du Cabale [véritable]. (...) Telle est la CABALE
Verbe et de la T.S. Trinité (cf. S. T. II-II, q. 2, A N C I E N N E ET VERITABLE, que nous
a. 7) ; c'est donc avec lui que commence la distinguons... de la CABALE MODERNE,
VRAIE TRADITION, qui propose à l'hom­ FAUSSE, condamnable et condamnée par le
me les vérités naturelles et surnaturelles né­ Saint-Siège, œuvre des Rabbins, qui ont éga­
cessaires au salut. Cette T R A D I T I O N fut lement falsifié et dénaturé la Tradition tal¬
communiquée à l'homme par trois "écono­ mudique. Les docteurs de la Synagogue la
mies" différentes : 1) T R A D I T I O N PRI­ font remonter jusqu'à Moïse, tout en admet­
M O R D I A L E (Adam). 2) T R A D I T I O N tant que les principales vérités qu'elle con­
O R A L E ECRITE, OU LOI M O S A Ï Q U E tient étaient connues par Révélation des pre­
(1280 avant J.-C). 3) TRADITION EVAN¬ miers Patriarches du monde» (P.L.B. D R A C H
GELIQUE OU LOI NOUVELLE. De l'harmonie entre l'Eglise et la Synagogue,
Paul Mellier édit., Paris 1844, op. cit., tome 1,
L'ANCIENNE CABALE DES JUIFS pp. XIII, XXVII).
Il est utile sur ce point de lire ce qu'écrit
Le peuple élu, possédait donc, avant le Rabbin converti Drach de l'affirmation de
encore la Loi écrite de Moïse (1280 avant J.- l'existence à côté de la vraie Cabale d'une
C ) , une T R A D I T I O N P R I M O R D I A L E Cabale nouvelle et falsifiée par les Rabbins
O R A L E , qui a été ensuite confiée à un et les Pharisiens : « [il y a] une CABALE
corps spécial de soixante-dix docteurs, V R A I E et sans mélange, qui s'enseignait
placés sous l'autorité suprême de Moïse et oralement [et en privé, par les docteurs seu­
de ses successeurs (les Grands Prêtres). lement] DANS L'ANCIENNE SYNAGO­
La Tradition de la SYNAGOGUE AN­ G U E , et D O N T LE C A R A C T E R E est
C I E N N E ET V E R I T A B L E se divisait en franchement CHRETIEN [c'est-à-dire qui
deux branches : LE TALMUD (non encore annonçait le Christ comme seconde
corrompu) qui - comme une espèce de théo­ Personne de la T.S. Trinité et comme Verbe
logie morale - en fixant la signification de la Incarné et Rédempteur crucifié]. Il y a une
Loi écrite, définissait ce qui était permis, SECONDE CABALE, fausse, PLEINE DE
obligatoire ou illicite et LA CABALE (non SUPERSTITIONS RIDICULES et en outre
encore corrompue) qui constituait l'ensei­ s'occupant de magie et de médecine... DE­
gnement dogmatique et mystique et traitait V E N U E T E L L E ENTRE LES MAINS
de la nature de Dieu, de Ses attributs, DES RABBINS [PHARISIENS ET SAD-

41
SODALITIUM : La question juive

DUCEENS] DE LA SYNAGOGUE INFI­ dépositaire de la vraie Foi, était toute chré­


DELE [après le Jeudi Saint]... Une notable tienne [annonçait Jésus-Christ, seconde
partie de la Tradition dont le dépôt était Personne de la Trinité, Rédempteur du genre
confié à la Synagogue ancienne, consistait humain, ndr.]. Malheureusement, l'ancienne
dans les explications mystiques, allégoriques et bonne Cabale, s'est perdue en grande par­
et anagogiques du Texte de l'Ecriture ; en tie... Vers les derniers temps de l'existence de
d'autres termes, tout ce que la Tradition en­ Jérusalem, le culte des juifs tourna rapide­
seignait touchant... le monde spirituel (...). ment au Pharisaïsme qui envahit presque
Cette doctrine orale, qui est la Cabale [dis­ tout le terrain de la Synagogue. Les présomp­
tincte du Talmud qui est la "seconde Loi", tueux Pharisiens étouffèrent ...la pure Loi de
donnée oralement à Moïse sur le Sinaï, texte Dieu [corrompirent ainsi le Talmud et la
qui est la Mishna et dont le commentaire Cabale] sous leurs arguties et leurs vaines
s'appelle la Ghemara] avait pour objet les subtilités d'où résultait cette foule d'obser­
plus sublimes vérités de la Foi, qu'elle rame­ vances minutieuses... que nous retrouvons
nait sans cesse au Rédempteur promis.(...). dans les pratiques superstitieuses de la
Il y a cette différence entre le Talmud et la Synagogue actuelle. Le cœur se desséchait et
Cabale, bien qu'ils se touchent sans qu'il soit devenait étranger au culte qui bientôt ne con­
facile d'assigner entre eux des limites précises ; sistait plus que dans l'accomplissement
LE TALMUD se borne généralement à CE d'actes extérieurs et matériels.(...) Dans cet
QUI CONCERNE LA P R A T I Q U E exté­ état de choses toute l'attention des docteurs
rieure, L'EXECUTION matérielle DE LA se portait sur la théologie talmudique [mo­
LOI M O S A Ï Q U E ; LA C A B A L E , comme rale] qui existait seulement à l'état d'enseigne­
T H E O L O G I E SPECULATIVE, MYSTI­ ment oral et pas encore écrit. Non seulement
QUE, S'EMPARE DE LA PARTIE SPI­ on négligeait la théologie spéculative, mys­
RITUELLE DE LA RELIGION (...). tique [Cabale], mais en raison de sa tendance
chrétienne (...) elle tomba dans le discrédit
Au retour de la Captivité de Babylone
[538 avant J.-C.], le prophète Esdras, voyant quand les Pharisiens commencèrent à s'oppo­
que les calamités de la nation pouvaient ame­ ser à la doctrine prêchée par Notre-Seigneur
ner un jour l'oubli entier de la Tradition caba­ Jésus-Christ... Mais déjà alors la Cabale avait
listique, consigna cette Tradition, par l'ordre subi le sort de la Tradition talmudique, elle fut
de Dieu, dans soixante-dix volumes. Mais ces corrompue. Elle était devenue ce que le
livres n'étaient pas rendus publics (...). Talmud appelle, " vinaigre fils du vin ".
Le caractère qui distingue essentiellement (...) Après la dispersion des juifs [130 après
la Loi Ancienne de la Loi Nouvelle, est que J . - C ] , quand les Rabbins se trouvèrent en
la première avait un enseignement secret que contact avec les philosophes des autres na­
l'on cachait au commun du peuple, mais qui tions, ils reprirent du goût pour les spécula­
devait être prêché ouvertement à la Venue tions métaphysiques, et ils revinrent à leur
du Messie (...) SOUS LE R E G I M E DU Cabale. En ressuscitant cette science, qu'ils
NOUVEAU TESTAMENT, LE DERNIER durent recréer "ex novo" en grande partie, ils
DES FIDELES EST INITIE AUX PLUS y introduisirent... des lambeaux des philo¬
SUBLIMES VERITES DE LA RELIGION sophies grecque et orientale, systèmes oppo­
[l'enseignement ésotérique était licite et vou­ sés entre eux et surtout incompatibles avec la
lu par Dieu SEULEMENT POUR UN Révélation mosaïque. Telle est la CABALE
CERTAIN TEMPS, c'est-à-dire jusqu'à MODERNE, dans laquelle les Rabbins ont...
l'Avènement de Jésus-Christ. Avec le maladroitement admis des formules équivo­
Christianisme, ce qui était enseigné en privé ques prêtant autant au matérialisme grec et au
par les docteurs, par peur que le peuple juif panthéisme indien qu'à l'unité d'un Dieu per­
encore imparfait ne tombât dans le polythéi­ sonnel, séparé par son essence de l'univers.
sme, devait être prêché publiquement à tous (...) Il paraît que la saine CABALE, en
les fidèles. On voit ainsi comment pour la grande partie perdue, était fort considérable,
vraie Religion l'ésotérisme est condamnable et pouvait bien fournir la matière des
et inadmissible. Dieu l'avait permis seule­
soixante-dix volumes d'Esdras, puisque les
ment pour préserver de l'idolâtrie le peuple
débris qui nous en ont été conservés sont en­
juif encore grossier, ndr.] (...) Cette Tradition
core assez nombreux, et fournissent abon­
[cabalistique et talmudique] du peuple de
Dieu, qui était avant le Christianisme le seul damment des preuves en faveur de tous les
principaux articles de la Foi catholique, de

42
SODALITIUM : La question juive

faut convenir que LE D O G M E CHRE­


TIEN Y EST PROFESSE AUSSI NETTE­
MENT QUE DANS LES LIVRES DES
PERES DE L'EGLISE. Les Rabbins s'en
sont si bien aperçus qu'ils ont pris des mesu­
res pour éloigner les juifs de la lecture de la
Cabale parce qu'elle pourrait, disaient-ils,
ébranler la "foi" de ceux qui n'y sont pas
assez solidement affermis» (P.L.B., DRACH
op. cit., tome II, pp. XIII-XXVII).
En bref, comme l'enseigne un grand savant
de l'hébraïsme, Gougenot des Mousseaux :
« Il existe deux Cabales (...)
La CABALE ANCIENNE : la Syna­
gogue possédait antérieurement aux livres
de Moïse une Tradition orale qui servait en
quelque sorte "d'âme au corps de la lettre".
(...) Cette Tradition de la Synagogue ancien­
ne se divisait en deux branches : l'une publi­
que et c'était la Tradition Talmudique... qui
fixa le sens de la Loi écrite. La seconde
branche était la partie mystérieuse et subli­
me de la Tradition orale. Elle formait la
Tradition cabalistique ou CABALE.
Une page du Talmud : au milieu, la Mischna et la (...) Nous la distinguerons avec soin de la
Ghemara
CABALE MODERNE, FAUSSE, œuvre des
sorte que l'on peut combattre avantageuse­ Rabbins qui ont également falsifié la Tradition
ment les juifs par leurs propres livres. talmudique. (...) Si donc la PREMIERE CA­
(...) Ici se présente une question. BALE OU LA PLUS ANTIQUE TRADI­
Comment peut-on reconnaître les restes de TION RELIGIEUSE DU MONDE, EST
l'ancienne et vraie Cabale [chrétienne] au D'ORDRE DIVIN, LA SECONDE CABA­
milieu du fatras rabbinique où ils sont com­ LE EST DEMONIAQUE (...). Cette seconde
me perdus ? (...) La règle est celle-ci... TOU­ Cabale sous l'égide des Templiers menaça le
TES LES FOIS Q U ' U N PASSAGE EX­ monde entier et... s'est réfugiée dans les doc­
P R I M E , EN T E R M E S D O N T ON N ' A trines et les rites... de la Maçonnerie. (...)
PAS BESOIN DE FORCER LE SENS, UN Aussi pouvons-nous affirmer que la seconde
ARTICLE DE LA CROYANCE CATHO­ Cabale cultivée par les juifs... effaçait presque
L I Q U E , nié par les juifs [qui n'ont pas ac­ à elle seule toutes les autres sociétés secrètes...
cueilli Jésus-Christ comme Messie]... VOUS Il est une science... donnant aux hommes qui
P O U V E Z E T R E CERTAIN Q U E C E la prennent pour règle une puissance
souveraine qui les rend maîtres de toutes les
PASSAGE N ' A PAS E T E F A B R I Q U E
choses inférieures. Or, cette science c'est la
PAR LES RABBINS. Nous ajouterons que
magie, dont la seconde Cabale est le dogme»
SI CE PASSAGE EST SEULEMENT SUS­
GOUGENOT DES MOUSSEAUX, Le judaïsme et la
CEPTIBLE D ' U N E INTERPRETATION judaïsation des peuples chrétiens, Paris 1869,
CHRETIENNE [sans annoncer le Christ ex­ Henry Plon édit., pp. 509-525).
plicitement et clairement], ON PEUT EN­
C O R E L ' A C C E P T E R COMME AU­ Pour plus de renseignements, je rapporte
T H E N T I Q U E ; car les Rabbins... savaient ce qu'a écrit le Rabbin Drach converti au
parfaitement ce qui les divisait du Catholicisme.
Christianisme, et ils auraient évité soigneu­
sement toute équivoque (...). Il ne faut donc LE TALMUD
pas s'étonner si l'étude de cette science a
amené un grand nombre de juifs à embrasser «Talmud...(apprendre, enseigner), est un
le Christianisme. En effet, à moins de faire terme hébreu-rabbinique, qui signifie doctri­
violence au texte des précieux morceaux qui ne, étude. Il désigne plus particulièrement le
nous restent de la CABALE ANCIENNE, il grand corps de doctrine des juifs, auquel ont

43
SODALITIUM : La question juive

travaillé successivement, à des époques l'explication et le développement de la Loi


différentes, les docteurs les plus accrédités écrite ; en un mot, cette Loi orale que la
en Israël. C'est le code complet, civil et reli­ Tradition fut ensuite chargée de conduire de
gieux, de la Synagogue. Son objet est d'ex­ génération en génération jusqu'à la fin des siè­
pliquer la Loi de Moïse conformément à cles. (...) Dans les temps anciens, il ne pouvait
l'esprit de la Tradition verbale. être porté aucune atteinte à la Tradition, car
aussitôt qu'il surgissait un dissentiment entre
LES PARTIES INTEGRANTES DU les docteurs, la cause était portée, de degré en
degré, jusque devant la grande Assemblée de
TALMUD
Jérusalem, appelée... Sanhédrin. Elle était
«Le Talmud est distingué en MISCHNA, composée de soixante-dix docteurs de la Loi,
appelée communément MISNA... qui est le sans compter le "nâci"... chef, président, re­
texte [mis par écrit en 190 environ après J.- gardé comme le légitime successeur de l'auto­
C, ndr.], et en GHEMARA..., qui en est le rité spirituelle de Moïse [le Grand Prêtre]. (...)
commentaire (ou texte). La Ghemara (à son Le Deutéronome (XVII, 8 ss.) comporte des
tour) est double : celle de JERUSALEM et passages les plus remarquables en faveur de la
celle de BABYLONE. soumission due à l'autorité spirituelle, résidant
La Mischna (de la racine... répéter)..., si­ dans le corps enseignant de l'Eglise, déposi­
gnifie répétition de la Loi, seconde Loi, celle taire de la tradition, et, en dernier ressort, dans
que, selon les Rabbins, Dieu a enseignée le chef suprême du Sacerdoce sur terre, gar­
oralement à Moïse sur le Mont Sinaï, après dien infaillible de la doctrine divine [le Pape].
lui avoir donné la Loi écrite, appelée Thora. (...) Les Pères de l'Eglise nous parlent
Ghemara (de la racine parfaire...) signi­ aussi de la tradition orale de la Synagogue. St
fie... supplément, complément, doctrine. Hilaire dit : "Outre la Loi écrite, Moïse ensei­
Sous le nom de Thora, les Rabbins désignent gna séparément les mystères les plus secrets
fréquemment la Ghemara seule [commen­ de la Loi aux soixante-dix anciens ... ceci est
taire de la Mischna]. Ils nomment souvent la doctrine traditionnelle" (tract. in II Ps, éd.
dans leurs livres le Talmud babylonien et le des Bénédictins, p. 28). Le Pentateuque, dit
Talmud jérusalémitain, pour Ghemara de le Rabbin, n'est qu'une lettre morte, une
Babylone, Ghemara de Jérusalem. espèce d'index des préceptes religieux, et
(...) Un code écrit quelconque [Thora] est nous ne pouvons avoir connaissance de la
nécessairement accompagné de traditions... Loi écrite qu'au moyen de la Loi orale.
sur la manière de l'entendre et de l'appliquer Notre sainte mère l'Eglise, qui a recueilli
[Mischna ou seconde Loi orale]. La lettre nue l'héritage de la Synagogue [mosaïque] nous
serait l'objet des préventions, du caprice, des propose également des... articles de Foi,
passions [comme le libre examen luthérien], fondés uniquement sur la Tradition, et dont
et, au lieu de servir de lien de fraternité..., ce l'Ecriture ne fait mention nulle part. Voilà
code ne serait qu'une pomme de discorde. Le pourquoi l'Apôtre St Paul fait cette recom­
peuple se scinderait en sectes (...). Ainsi mandation : "Demeurez fermes... et conservez
outre la Loi écrite, dictée à Moïse sur le les traditions qui vous ont été enseignées, soit
Sinaï, depuis le premier mot de la Genèse de VIVE VOIX, soit par notre lettre" (II
jusqu'au dernier mot du Deutéronome,... le Thess. 2, 14). (...) Et ce précepte (d'obéir à
peuple de Dieu avait une seconde Loi... une la décision du chef "pro tempore" de la
Loi orale, qui se transmettait de bouche en Religion) est de la plus haute importance ;
bouche (...). Son objet était de fixer le sens car la Thora nous a été donnée par écrit, et il
de la Bible... comme aussi de préserver de est notoire que les opinions varient dès qu'il
l'oubli les préceptes divins non écrits. Car la s'agit de raisonner [et de l'interpréter]. Les
Synagogue, tant après sa réprobation [Jeudi disputes se multiplieraient, soit pour expli­
Saint] que lorsqu'elle était encore l'Eglise de quer la lettre du texte, soit pour en tirer des
Dieu, n'a jamais été..."protestante".
inductions ; et ainsi la Thora deviendrait je
(...) L'Ecriture nous apprend que Moïse, ne sais combien de "Thoras".
... monta sur le Sinaï, où il demeura quarante La Loi coupe court à toute contestation
jours... au bout desquels il reçut les tables du en ordonnant de prêter obéissance au grand
Décalogue. tribunal qui se tient devant Jéhova dans le
Si nous en croyons le Talmud (Traité lieu qu'il a choisi (à Jérusalem, la cité sainte,
Berrahot, fol. 5 recto), il apprenait de Dieu alors la capitale de la Religion, comme main-

44
SODALITIUM : La question juive

tenant Rome, la ville sainte, est la capitale du SUPPLEMENTS OU COMMENTAIRES


monde chrétien), en tout ce qu'il nous ORAUX DE LA MISCHNA
prescrit (...). Et lors même qu'il nous semble­
rait que cette Autorité se trompe, il n'est «La Mischna, rédigée dans un style con­
loisible à nul homme privé d'entre nous de cis et sentencieux, n'était pas à la portée du
suivre sa propre opinion ; car ce serait la ruine commun des lecteurs. Rabbi Juda passa le
de la Religion, un sujet de division dans le reste de sa vie à l'expliquer de vive voix. Par
peuple, et la dissolution de la nation entière. la suite, plusieurs de ses disciples (les tha¬
naïtes) écrivirent des livres dans le but de
LES PERES DE L'EGLISE ET LA TRA­ combler les lacunes laissées dans l'œuvre de
DITION JUDAÏQUE leur maître, et de développer ce qu'il n'avait
pas exprimé assez clairement (...).
«L'existence... de la Loi orale tradition­
nelle de la Synagogue [mosaïque], n'était ORIGINE DE LA GHEMARA OU COM­
point ignorée des Pères... des premiers siè­ MENTAIRE DE LA MISCHNA, MIS PAR
cles de l'Eglise, bien qu'alors la Ghemara ne ECRIT
fût pas encore mise par écrit.
St Epiphane parle longuement... des tra­ «Quelques années après la mort de
ditions falsifiées des Pharisiens, tandis que Rabbi Juda et de ses disciples (les thanaïtes),
St Hilaire parle de la bonne et véritable commença une nouvelle série de docteurs de
Tradition,... dépôt sacré entre les mains des la Loi mosaïque, désignés sous le nom
docteurs assis sur la Chaire de Moïse. St d'émoraïm' (diseurs, disputeurs). Ils expli­
Augustin écrit : "Outre les Ecritures de la quaient et développaient, dans des leçons
Loi et des Prophètes, les juifs ont certaines publiques, tous les passages de la Mischna
traditions qu'ils apprennent par cœur sans qui en avaient besoin. On a recueilli leurs
les écrire, et qu'ils transmettent l'un à l'autre enseignements dans la GHEMARA.
oralement. C'est ce qu'ils appellent la
Deutérôse ou Loi orale" (C. Adv., tome X, LA GHEMARA DE JERUSALEM (279
p. 696, ed. di Venezia, in 4°). après J.-C.)

REDACTION DE LA MISCHNA OU «Le premier recueil de cette espèce fut...


TRADITION ORALE la Ghemara de Jérusalem, compilation due à
Rabbi Yohhanan, fils d'Eliéser, qui la termi­
«Touché de l'état déplorable des études na, selon le calcul le plus probable, en 279 de
sacrées de sa nation, laquelle était dispersée notre ère.(...) Cette Ghemara est appelée
définitivement depuis sa sanglante défaite jérusalémitaine, parce qu'elle fut écrite en
(...), sous le règne de l'Empereur Adrien Judée, spécialement à l'usage des juifs qui
(130 après J.-C.), qui bannit les juifs de la habitaient la Terre sainte.(...) La Ghemara
Judée ; considérant en outre que les docteurs de Jérusalem, depuis l'époque de son appa­
de la Loi, dont un grand nombre avait péri rition jusqu'à nos jours, n'a jamais eu un
sous le fer des Romains, devenaient de plus grand succès parmi les juifs, tant à cause de
en plus rares, et déjà alors suffisaient à peine son insuffisance que parce qu'elle était trop
pour conserver... la connaissance de la Loi obscure et écrite dans un langage difficile,
orale ; Rabbi Juda se détermina (...) à cou­ presque inintelligible pour les juifs établis en
cher par écrit toute la Tradition... Ce recueil ce temps-là hors de la Terre sainte.
reçut le nom de Mischna... Malheureusement
outre les bonnes traditions, qui du reste n'y LA GHEMARA DE BABYLONE
sont pas toutes, on y admit beaucoup de tra­ (AVANT LE VIème SIECLE après J.-C.)
ditions fausses ou altérées des Pharisiens.
Quelques-unes de ces "traditions" supposées «Ce sont probablement les défauts de la
étaient dirigées contre le Christianisme.(...) Ghemara de Jérusalem qui ont engagé plu­
La rédaction de la Mischna, selon l'opi­ sieurs Rabbins de la Babylonie, où étaient les
nion la plus probable, date d'un peu avant la docteurs les plus savants,... à colliger un autre
fin du second siècle, vers 190 de l'ère chré­ commentaire sur la Mischna, plus clair, plus
tienne. Elle est écrite en hébreu pur et facile étendu, plus détaillé. Rabbi Asschi aidé de
a comprendre. Rabbi Abina... exécuta ce grand travail,... l'un

45
SODALITIUM : La question juive

de ces objets principaux de Rabbi Asschi était Cavallerius, supprimèrent les principaux des
de donner des explications allégoriques de plu­ passages que nous venons de signaler. (...) Mais
sieurs passages de l'Ecriture Sainte... C'est cet­ quelques temps après, les juifs rétablirent, dans
te dernière partie qui a fait regarder le Talmud une édition qu'ils publièrent à Cracovie, toutes
comme un ouvrage renfermant un grand nom­ les suppressions opérées à Bâle. Toutefois ces
bre de rêveries, d'extravagances bien ridicules, passages réintégrés ayant soulevé l'indignation
d'indécences très révoltantes, surtout de bla­ des hébraïsants chrétiens, le synode juif, réuni
sphèmes horribles contre tout ce que la Reli­ en Pologne en 1631, en prescrivit lui-même le
gion chrétienne a de plus sacré.(...) La Ghe¬ retranchement dans les éditions qui devaient se
mara de Babylone fut close,... dès les premiè­ faire subséquemment, en ces termes : "Nous
res années du VIème siècle de notre ère... Elle vous enjoignons, sous peine d'excommunica­
fut aussitôt acceptée de tout Israël. C'est ce tion majeure,... de ne rien imprimer dans les
corps de droit canon, religieux et civil à la fois, éditions à venir, soit de la Mischna, soit de la
qui règle jusqu'à ce moment la conduite des Ghemara, qui ait rapport, en bien ou en mal,
juifs attachés à leur foi erronée.(...) Les tradi­ aux actes de Jésus le Nazaréen... Nous vous
tions contenues dans le Talmud (ou Ghemara) enjoignons en conséquence de laisser en
- sauf les fausses que nous renvoyons aux blanc... les endroits qui ont trait à Jésus le
Pharisiens - remontent à la plus haute anti­ Nazaréen, et de mettre à la place un cercle...,
quité. ... Moïse est la tête et le premier anneau qui avertira les Rabbins... d'enseigner à la jeu­
de la chaîne de la Tradition orale [talmudique]. nesse ces endroits de vive voix seulement. Au
moyen de cette précaution, les savants d'entre
les Nazaréens (chrétiens) n'auront plus de pré­
RAPPORTS ENTRE MISCHNA ET
texte de nous attaquer à ce sujet"» (P.L.B.
GHEMARA D R A C H , op. cit., tome I, pp. 149-168).
«Rabbi Juda a porté dans la composition de
la Mischna un certain esprit de critique pour le CORRUPTION DE LA CABALE JUIVE
choix des traditions, tandis que les auteurs de la
Ghemara ont tout entassé sans discernement. «L'esclavage du peuple élu en Egypte
(...) Le Christianisme, devenu après la mort de (1300 avant J.-C.) et l'esclavage à Babylone
Rabbi Juda, la Religion dominante de l'Empire (environ 586 avant J.-C.) (2), ont provoqué,
Romain, aigrissait contre lui, par ses succès dans le sein d'Israël, une immense perturba­
mêmes, l'esprit des Pharisiens... et les poussait à tion et LA TRADITION CABALISTIQUE
altérer encore davantage les traditions de la O R T H O D O X E (ou véritable) EST TOM­
Synagogue [mosaïque], à en supposer même de BEE DANS L'OUBLI. Plus tard, quand les
fausses, dans le but de perpétuer la haine qui temps se sont accomplis, la faute des doc­
n'animait déjà que trop les Pharisiens contre les teurs de la Synagogue a consisté... dans la ja­
Chrétiens. Dans la Ghemara [de Babylone, au lousie avec laquelle ils ont caché au peuple
début du VIème siècle après J.-C], il y a au la clé de la science ou l'exposition tradition­
moins cent passages qui attaquent la mémoire nelle des Livres saints, par laquelle Israël au­
de notre adorable Sauveur, la pureté plus rait pu reconnaître le Messie.
qu'angélique de Sa divine Mère,... le caractère
Vers les derniers temps de Jérusalem (150­
moral des chrétiens, que le Talmud représente
100 avant J.-C), le culte a été envahi par le
comme adonnés aux vices les plus abominables.
Pharisaïsme. L'attention des docteurs s'est
On y trouve des passages qui déclarent que les
préceptes de justice, d'équité, de charité envers tournée pourtant, à la théologie talmudique...
le prochain, non seulement ne sont pas applica­ La Tradition talmudique alors... dénaturée, cor­
bles à l'égard du chrétien, mais font un crime à rompue dans sa partie essentielle, a reçu le mé­
l'égard de celui qui agirait autrement (Talmud, lange impur des fantaisies rabbiniques...». (J.
MEINVIELLE, op. cit., Roma 1988, pp. 21-22).
traité Aboda-Zara, fol. 13 verso, fol. 20 recto ;
traité Baba-Kamma, fol. 29 verso). Dans la
Mischna, on rencontre à peine quatre ou cinq DE MOÏSE (1300 avant J.-C.) A LA CAP­
de ces passages impies,... encore y garde-t-on TIVITE DE BABYLONE (586 avant J.-C) :
SATAN CONTRE LE DOGME DU DIEU
une certaine mesure dans les expressions.
UNIQUE ET VERITABLE
Dans l'édition du Talmud que Proben, im­
primeur de Bâle, exécuta en 1584, les censeurs Voyons ce que dit à cet égard un autre
Marcus Marinus, Italus Brixiensis, Petrus Rabbin converti au Christianisme et devenu

46
SODALITIUM : La question juive

Prêtre, le Chanoine Mgr Augustin Lémann : Père sur le double objet de sa mission... s'était
«On a dit... que la vocation du peuple juif pou­ empressé de le PREVENIR et de le PRE­
vait être rapprochée de celle du prêtre,... En MUNIR contre les entreprises de Satan. Il
effet c'est pour enseigner la Vérité religieuse et l'avait prévenu par des exhortations réitérées
administrer les choses saintes... que le peuple et solennelles : "Vous ne servirez point les
juif avait été élu comme un peuple sacerdotal. dieux étrangers" (Deut. VI, 14). Il l'avait pré­
«La première mission d'Israël consistait muni, de plusieurs manières : d'abord en l'iso­
à conserver et à communiquer la Vérité reli­ lant des autres nations (...). Non content
gieuse... La croyance au Dieu unique et d'avoir séparé physiquement Israël du reste
créateur du ciel et de la terre.... Sa seconde du monde, Dieu... l'avait encore séparé mora­
mission... consistait à produire, à "admini­ lement par une législation religieuse, poli¬
strer" le Messie au monde. (...) C'est contre tique et civile (...). Tout... dans la législation
l'une et l'autre mission que le démon en­ mosaïque, tendait à ce point capital : ... rap­
vieux et homicide dirigera ses attaques. Mais peler au peuple le Dieu créateur et unique.
il le fera en serpent, en tacticien habile. «A toutes ces précautions divines, que
«...Du Sinaï (1380 avant J.-C.) à la destruc­ l'on ajoute encore la voix incessante des
tion du premier temple (586 avant J.-C), tou­ Prophètes... qui durant plusieurs siècles, se
te l'action diabolique s'est concentrée... contre succèdent pour réveiller la conscience du
la croyance au Dieu créateur et unique. Satan peuple, flétrir l'idolâtrie, proclamer le Dieu
n'a poursuivi qu'un but : neutraliser la mission unique... Le peuple élu se trouvait ainsi for­
de lumière confiée au peuple juif, en l'entraî­ tement armé pour résister victorieusement
nant lui-même dans l'erreur de l'idolâtrie. La aux assauts que l'enfer allait lui livrer. Et
Foi éteinte chez lui, elle devait par contre­ cependant c'est Satan qui l'emporta !
coup s'éteindre dans le reste du monde. [Pour «Voici les grandes lignes de la lutte : ce fut
y arriver] SATAN S'EST SERVI DES AT­ d'abord dix tribus constituant le royaume
TRAITS S E D U C T E U R S D E L ' I D O L A ­ schismatique d'Israël (au nord, avec Samarie
TRIE ELLE-MEME qui sont : d'abord une pour capitale) qui succombèrent (722 avant
SCIENCE OCCULTE, qui semblait devoir J.-C.)... L'idolâtrie ayant été placée par le roi
satisfaire la curiosité innée de l'homme. Elle Jéroboam à la base même du nouveau royau­
n'était... qu'un... monstrueux assemblage me. (...) Tous les rois d'Israël, successeurs de
d'idées et de pratiques étranges, souvent dia­ Jéroboam, avaient imité et maintenu cette i¬
boliques, (...) la Révélation mosaïque devait dolâtrie, durant une période de 252 ans (...).
paraître nue, froide et stérile, en face des bril­ «Une des conséquences inévitables de
lantes promesses des secrets de la nature et cet état de choses avait été des alliances fré­
des secrets de l'avenir que cette science occul­ quentes avec les rois idolâtres de l'Egypte,
te prétendait découvrir. La Loi de Moïse ré­ de Tyr, de Sidon, de Syrie, de l'Assyrie, al­
pondait peu à l'inquiète curiosité de l'homme. liances qui avaient encore développé l'idolâ­
«Tandis que le culte établi par Moïse trie en introduisant en Israël les formes les
était tout entier dans la prière et le Sacrifice plus variées du polythéisme.
de l'autel, l'idolâtrie se prêtait aux vaines in­ «(...) Le dernier jour de Samarie arriva, où
quisitions de l'esprit par les pratiques les Dieu la livra à ses ennemis (722 avant J.-C.)...
plus variées et les plus superstitieuses. (...). Samarie fut détruite... Ses habitants furent
«Un autre attrait de l'idolâtrie était la passés au fil de l'épée. ...Ceux qui étaient
SATISFACTION DES SENS (...). Il existait échappés aux fléaux, Dieu les chassa de la
donc pour la nature dépravée de l'homme Terre Sainte comme des profanes, ... pour
des côtés malheureusement séduisants dans vivre dans l'Assyrie sans sacrifices et sans cul­
le paganisme oriental. Or,... dans le sang du te public. C'est ainsi que finit le royaume
peuple juif, bouillonnaient toutes les ar­ d'Israël, après avoir duré environ 200 ans de­
deurs... ce peuple aimait avec fureur tout ce puis le schisme de Jéroboam (935 avant J.-C).
qui parle aux sens... Les moyens employés «La tactique du démon avait rencontré
par le démon contre le premier objet de la plus de difficultés et de résistances dans le
mission de ce peuple, la conservation et la royaume de Juda [royaume du sud, avec pour
propagation de la croyance au Dieu un et capitale Jérusalem]. Par rapport à l'idolâtrie,
créateur, étaient vraiment redoutables. ses rois peuvent se diviser en trois classes :
«Jéhova, qui avait opéré tant de merveil­ 1). Ceux qui la repoussèrent, demeurant
les pour se former un peuple, et qui veillait en pleinement fidèles au vrai Dieu.

47
SODALITIUM : La question juive

2). Ceux qui prohibèrent le culte des chrétienne, l'idolâtrie cessa absolument dans
idoles, mais laissèrent subsister les "hauts­ la famille d'Israël. On croirait se trouver en
lieux". ...Satan... entretenait cette négligence présence d'un peuple nouveau. (...) Désor­
coupable, sachant bien où elle aboutirait. Et mais le monothéisme est inscrit en traits inef­
en effet deux des six rois négligents, façables dans la conscience du peuple juif.
...tombèrent ensuite dans l'idolâtrie. (...) Diverses causes peuvent expliquer ce
3). Ceux qui furent idolâtres. changement... Outre l'école du malheur dans
«(...) A la fin, le funeste exemple donné l'exil, il est une autre cause : la modification
[par les rois idolâtres] dévoya le peuple tout apportée par Satan dans son plan d'attaque.
entier, et l'idolâtrie devint pour ainsi dire Pressentant l'avènement prochain de la
générale dans le royaume de Juda. (...) Le Venue du Messie, Satan s'est décidé à modi­
plan de Satan semblait avoir réussi contre le fier sa tactique... Désormais ce n'est plus le
royaume de Juda, de même qu'il avait réussi dogme de l'unité de Dieu qui sera l'objet de
contre le royaume d'Israël... Mais... la des­ ses attaques, mais l'Avènement du Christ. (...)
truction (586 avant J.-C.) fut aussi le châti­ L'antique démon de l'idolâtrie... a été expulsé
ment de l'idolâtrie dans le royaume de Juda. par les souffrances de la captivité... De retour
Sous l'épée de Nabuchodonosor... tout avait dans la Terre Promise, le peuple élu va deve­
disparu... même le Temple. Et la captivité de nir pour un temps plus fidèle... Malheureu­
Babylone avait commencé. Elle allait durer sement cet état prospère ne sera pas de lon­
environ 50 ans [jusqu'en 538 avant J.-C.]. gue durée ; car Satan, fâché d'avoir été chas­
«Cependant la justice vengeresse de Dieu sé... reviendra à la charge avec un autre
devait être à l'égard du royaume de Juda, plan... C'est contre Jésus "Celui qui doit lui
tempérée de miséricorde, ce qui n'avait point écraser la tête" qu'il s'est mis en garde. (...)
eu lieu pour le royaume d'Israël. C'est que L'action infernale... durant quatre siècles, tra­
Juda, bien que prévaricateur, avait été moins vaille sans cesse à fausser dans l'esprit des
coupable qu'Israël. (...) La terre elle-même du­ juifs l'annonce et la notion du véritable
rant les 50 années de captivité, se purifiera (sui­ Christ. ... Satan savait que le Christ serait
vant les dessins de Dieu) des souillures que les Rédempteur ; qu'Il fonderait sur la terre un
juifs y ont commises. (...) Mais pour qu'il soit royaume d'un genre à part ; ... qu'il était
bien démontré que l'exil de Juda n'est qu'un désigné... comme Fils de Dieu.
châtiment dont il doit revenir, Dieu empêchera C'est par rapport à ces trois points que
qu'aucun des peuples étrangers voisins de la Satan va recourir aux ténèbres pour les cor­
Terre Promise ne vienne s'y établir. (...) Cette rompre. ... Cependant Satan ignorait que le
conduite de Dieu faisait avorter en partie le Christ sera souffrant (S. T. III, q. 44, a. 1, ad
plan de Satan.... Satan espérait qu'en raison de 2 - I, q. 57, a. 5, ad 1 - q. 64, a. 1, ad 4). ... Il
cette défaillance, la tribu de Juda... cesserait ignorait comment s'accomplirait l'Incarna­
comme les dix tribus d'Israël, d'être le peuple tion : la manière dont le Fils de Dieu pourrait
de Dieu (...). La miséricorde du Seigneur trom­ être à la fois Dieu et homme.... Enfin, il igno­
pa et déjoua l'astuce diabolique. Dans son exil, rait également de quelle manière s'accompli­
la tribu de Juda, revenue à Dieu dans la dou­ rait la Rédemption. (...) Dans cet état d'igno­
leur et le repentir, est devenue par ses grands rance, l'idée que le prince des ténèbres se fai­
prophètes, Ezéchiel et Daniel,... le héraut de la sait de l'Incarnation était celle d'un Messie­
Vérité religieuse au milieu même de ses vain­ roi, roi terrestre, roi guerrier, roi conquérant,
queurs idolâtres. (...) La noble tribu revient [de souverain, dominateur. ... Ainsi, entraîné par
l'exil] pour être de nouveau, ... comme un son orgueil, Satan ne réussit pas à accorder...
phare de lumière et préparer ainsi les voies et les prophéties relatives aux souffrances du
l'Avènement du Messie. Christ avec celles relatives à ses grandeurs....
Il se fixa sur ces dernières et conclut : quand
APRES LE RETOUR DE LA CAPTIVITE le Fils de Dieu viendra en ce monde pour me
DE BABYLONE (environ 516 avant J.-C) : combattre, ce ne pourra être qu'armé de la
SATAN ATTAQUE LE DOGME DU puissance des héros. (...) Cette idée d'un
CHRIST REDEMPTEUR Messie guerrier... sera..., l'erreur que Satan
communiquera au peuple juif. (...) Avant de
«C'est un fait très remarquable qu'à partir constater l'infiltration de ces premières ténè­
du retour de la captivité de Babyione [538 bres, il importe de se demander si la
avant J.-C], quatre siècles environ avant l'ère Synagogue enseignante avait la possibilité de

48
SODALITIUM : La question juive

les apercevoir et de les écarter. La réponse de la Foi. Les esprits humbles... lisant d'une
est affirmative. 1) la Synagogue savait... que part, que le Christ aurait à souffrir et d'autre
si le Christ se trouvait décrit sous les dehors part qu'Il serait conquérant, ...surent du
d'un guerrier, c'est qu'à l'origine, immédiate­ moins s'abstenir de toute présomption... et
ment après le Péché Originel, il avait été pro­ croyant fermement soit aux souffrances, soit
mis comme "Celui qui écraserait la tête du aux victoires, également prédites, attendirent
serpent" (...). 2) la Synagogue avait la possi­ avec confiance et patience la venue du Christ,
bilité d'éviter l'erreur provenant du démon, pour que l'obscurité se dissipe et que l'accord
le texte même des prophéties (mal inter­ entre les prophéties se fasse à leurs yeux. Il
prétées par Satan) lui en fournissant les n'en est pas ainsi de Satan. Enflé d'orgueil et
moyens. En effet, ces prophéties renfer­ persuadé que, pour un adversaire tel que lui,
maient (à côté des descriptions empruntées à le Fils de Dieu ne peut se présenter qu 'armé
la guerre) des avertissements, des indices, des de sa puissance, c'est avec un Christ guerrier
expressions qui avaient pour but de rappeler qu'il compte avoir à lutter. (...)
que la Rédemption par le Messie, ses com­ «La Synagogue fut encore plus prému­
bats, ses victoires, s'effectueraient dans l'or­ nie, contre l'erreur d'un Christ guerrier, de­
dre spirituel (...). Si le Messie y est présenté puis le retour de la Captivité, par les ensei­
comme portant le glaive, c'est pour la vérité, gnements des derniers prophètes que le
la mansuétude, la justice (...). S'il est Roi et Seigneur - dans sa providence attentive - lui
Dominateur... c'est en tant que Père de l'éter­ réservait avant la venue du Christ.
nité, Prince de la Paix... certaines expressions Ces derniers Prophètes ont été Aggée,
de ces prophéties indiquaient aux docteurs de Zacharie [520 avant J.-C] et Malachie [432
la Loi que l'appareil guerrier décrit pour le avant J.-C.]. A leurs oracles messianiques
Christ ne devait pas être pris au pied de la devaient s'adjoindre plusieurs passages
lettre... 3) la Synagogue avait la possibilité de prophétiques de deux livres sapientiaux,
se soustraire aux ténèbres de Satan, d'autres L'Ecclésiastique [IIème siècle avant J.-C] et
prophéties,... annonçaient en termes clairs, La Sagesse [150 avant J . - C ] , qui annonce­
que le Christ serait un Prince absolument pa­ ront également un Christ souffrant.
cifique... 4) la Synagogue avait la possibilité
d'éviter les ténèbres, d'autres prophéties an­ LA SYNAGOGUE EST ENVAHIE PEU
nonçant non seulement un Christ doux et pa­
A PEU PAR LES TENEBRES
cifique, mais un Christ souffrant et livré à la
mort.... C'était donc dans l'ordre spirituel et «"Diabolus malus Legis interpres" (St
moral, pour la Rédemption des âmes, que de­ Cyprien, Hom., 3, ex var.). Dénué de toute lu­
vaient s'accomplir toutes les victoires... an­ mière surnaturelle, mais toujours poussé par
noncées comme devant être celles du Christ. l'orgueil... Satan, lorsqu'il lui arrive de recou­
(...) La contradiction apparente entre des rir à l'Ecriture Sainte, en abuse (...).
grandeurs, d'une part, et des humiliations, de L'exégèse satanique est entachée d'applica­
l'autre, disparaissait : le Christ sera guerrier, tions erronées, d'additions arbitraires, de sup­
conquérant et triomphateur, parce que, par le
pressions audacieuses. Eh bien, C'EST EN
mérite de ses luttes contre Satan, et par le
C O M M U N I Q U A N T AUX D O C T E U R S
prix de ses souffrances, Il arrachera au péché
DE LA SYNAGOGUE CETTE MANIERE
et à l'Enfer les âmes et les générations qui gé­
missaient sous leur joug. (...) Il importe ce­ D ' I N T E R P R E T E R L ' E C R I T U R E , QUE
pendant de reconnaître que ces deux sortes SATAN VA CONTRIBUER A ETABLIR
de prophéties... pouvaient susciter dans les AU SEIN DU PEUPLE JUIF L'ERREUR
esprits un certain embarras. Pour peu... qu'on DU MESSIE CONQUERANT (...). AINSI
oubliât que c'était contre... Satan que la re­ EN VA-T-IL ETRE D'UN GRAND NOM­
vanche par le Messie avait été promise, on BRE DE RABBINS ET DE SCRIBES ; INS­
risquait, à l'exemple de Satan, de se laisser PIRES PAR SATAN, ILS T O R T U R E ­
subjuguer par les descriptions des triomphes RONT ET C O R R O M P R O N T LES PLUS
du Messie... et par la lettre de ces prophéties, IMPORTANTES PROPHETIES MESSIA­
et dés lors, de ne pouvoir plus les faire s'accor­ NIQUES. Ce ne sera plus le Christ des
der avec celles relatives aux humiliations et Prophètes qui deviendra l'objet de leur atten­
aux souffrances du Christ. En cet embarras ré¬ te, mais un Christ... défiguré.
sidait - par une permission divine - l'épreuve «Outre la participation de Satan, l'action
humaine et des événements politiques contri-

49
SODALITIUM : La question juive

par ces influences occultes, les lettrés juifs


antérieurs ou postérieurs à l'ère chrétienne
ont... substitué des oracles concernant le se­
cond Avènement du Messie [quand Il vien­
dra à la fin du monde glorieux et
triomphant] à des oracles relatifs au premier
[qui triomphe par la souffrance].

LA SYNAGOGUE ET LE DOGME DE
LA T. S. TRINITE
«Satan va s'efforcer de dénaturer la no­
tion de Fils de Dieu chez ceux qui parmi les
juifs en possèdent la véritable intelligence
(les "Majores"). (...) Perfide dans ses insi­
nuations, Satan se gardera bien de faire
rayer de la Bible ce titre de "Fils de Dieu"
qui est affecté au Messie ; mais en l'y faisant
maintenir... il le fera expliquer d'une telle
manière que la nature divine ne devra aucu­
nement être attribuée au Messie attendu.
Une page de la Cabale riche de symboles et des signes (...) Dans la Bible le nom de "Fils de Dieu"
ésoteriques, d'une édition du XVIIe siècle se trouvait pris en deux sens : 1) dans un sens
bueront à l'introduction et à l'affermissement large... il exprime la qualité de Fils adoptif
des ténèbres au sujet du Christ Rédempteur. de Dieu. (...) 2) dans un sens strict, il signifie
«L'ACTION H U M A I N E : "...LES une filiation naturelle, consubstantielle, et
JUIFS... COMMENCERENT... non point à c'est celle que les Livres saints attribuaient
oublier le Dieu de leurs pères, mais A ME­ au Messie, qui serait Dieu par nature.
LER DANS LA RELIGION DES SUPER­ «(...) Or, A L'INSTIGATION DU DE­
STITIONS INDIGNES... Sous le règne des MON... LES PRETRES ET LES SAVANTS
Asmonéens, la secte des Pharisiens com­ DE LA S Y N A G O G U E (...) A F F I R M E ­
mença parmi les juifs... et se donna un pou­ RENT QUE LE TITRE "FILS DE D I E U "
voir absolu sur le peuple ; les Pharisiens se A T T R I B U E AU MESSIE... DOIT S'EN­
rendirent les arbitres de la doctrine et de la TENDRE DANS UN SENS LARGE, DE­
Religion, qu'ils tournèrent insensiblement à RIVE, M E T A P H O R I Q U E , exprimant la
des pratiques superstitieuses... Les juifs [cor­ qualité de disciple, de protégé, de favori,
rompus ainsi par cette secte présom­ d'adopté [par Dieu]. LE MESSIE S E R A
ptueuse]... oublièrent que seule la bonté de DONC FILS DE DIEU, NON PAR NATU­
Dieu les avait séparés des autres peuples, et R E , MAIS S E U L E M E N T PAR A D O P ­
regardèrent sa grâce comme une dette". TION. Ce plan adopté, Satan le fera réaliser
(BOSSUET, Discours sur l'Histoire universelle, par les maîtres les plus illustres en Israël et
part. II, ch. 17). Enflés d'orgueil, ils se mi­ par ses docteurs les plus autorisés... La
rent à croire qu'ils étaient les seuls dignes Synagogue trouvait dans ces mêmes
des bienfaits du Messie. Le Messie pour eux Ecritures des enseignements indicateurs
seuls ! Cette présomption allait être leur pre­ pour éviter le piège que Satan allait lui ten­
mier pas dans la région des ténèbres. dre. En effet... le mot "Elohim", Dieu (être
«Des EVENEMENTS P O L I T I Q U E S fort, être puissant) n'est jamais communiqué
les y poussèrent davantage, en contribuant à aux créatures, anges, princes, justes... qu'au
leur mettre en tête un Messie non seulement nombre pluriel..., tandis que le singulier
exclusif [pour les seuls juifs], mais encore "Eloha" reste réservé pour le seul vrai Dieu
guerrier et conquérant. Les événements et pour le Messie.
dont il s'agit furent L'ASSUJETISSEMENT «(...) Or pourquoi arrivera-t-il que les
DE LA J U D E E A LA PUISSANCE RO­ juifs ne voudront pas du Christ et Le livre­
MAINE et L'AVENEMENT DE L'IDU¬ ront à la mort ? Voici la réponse que l'auteur
MEEN H E R O D E SUR LE T R O N E DE du livre de La Sagesse... met sur les lèvres
DAVID... Il est donc arrivé que, mal guidés des bourreaux : "Faisons tomber le Juste dans

50
SODALITIUM : La question juive

nos pièges... Parce qu'Il assure qu'il a la sance... Dieu... gouvernera tellement le corps
science de Dieu, Il se nomme le Fils de Dieu, des docteurs de la Loi qu'ils soutiendront [en
Il se glorifie d'avoir Dieu pour Père... S'il est paroles] les saintes maximes plus qu'ils ne les
véritablement Fils de Dieu, Dieu prendra sa pratiqueront (...).
défense" (Sag., II, 12-18). Comme conclusion... retenons que
«Secrètement dirigés par Satan, les doc­ l'enseignement officiel de la Synagogue,
teurs de la Synagogue détourneront leurs donné du haut de la Chaire de Moïse par le
yeux de toutes ces indications, et ne voyant Grand Prêtre et le Sanhédrin, a été - par une
dans les termes prophétiques Dieu et Fils de protection divine - irréprochable, c'est-à-di­
Dieu, appliqués au Messie, que des dénomi­ re pur de toute erreur doctrinale jusqu'à la
nations métaphoriques, ils lui dénieront veille de la Passion.
toute participation à la nature divine. «(...) Non seulement le Grand Prêtre était
«(...) En résumé, dès le siècle qui précède juge de la Foi, mais il était encore juge infail­
l'Avènement de Jésus-Christ, des ténèbres ­ lible, ce qui arrivait lorsqu'il enseignait et dé­
œuvre de Satan - sont venues s'interposer cidait dans la Chaire de Moïse, c'est-à-dire
entre les passages bibliques qui annoncent... lorsqu'il enseignait ou décidait d'après la Loi
que le Christ sera le Fils même de Dieu [par mosaïque, et pour tout Israël (...). Cette pré­
consubstantialité] et l'intelligence de nom­ rogative de l'infaillibilité attachée au
breux docteurs de la Loi. (...) Quant à la masse Souverain Pontificat s'étendait au Sanhédrin,
du peuple [les "minores"], elle sera jusqu'au lorsque celui-ci portait une décision de con­
dernier moment, maintenue à l'écart des gran­ cert avec le Grand Prêtre. (...) Mais si le
des annonces prophétiques sur la divinité du Grand Prêtre et avec lui le Sanhédrin jouis­
Rédempteur. On sait avec quel mépris les doc­ saient du don d'infaillibilité, lorsque, assis
teurs juifs tenaient la foule sans instruction. Ils dans la Chaire de Moïse, ils interprétaient la
se nommaient eux "un peuple saint" par op­ Loi pour tout Israël ; il n'en était pas de
position au "vil peuple de la terre"... même de leur enseignement privé. (...) Il
C'est en exagérant [le concept de] l'unité pouvait être fautif, entaché d'erreur, soit de
de Dieu que Satan réussira à faire repousser la part du Grand Prêtre, soit de la part du
la Trinité des Personnes. Sanhédrin, (...). C'est cet enseignement privé,
entaché d'erreur que Jésus-Christ flétrira
lorsqu'il dira à ses disciples : "Gardez-vous du
L'ENSEIGNEMENT OFFICIEL DE levain des Pharisiens et des Sadducéens" (Mt.
L'ANCIENNE SYNAGOGUE FUT XVI, 6). (...) C'est à cette assistance divine
EXEMPT DES TENEBRES DE L'ER­ qui leur était concédée, lorsqu'ils ensei­
REUR JUSQU'AU JEUDI SAINT gnaient publiquement dans la Chaire de
Moïse, que le Grand Prêtre et le Sanhédrin
«Deux jours avant d'être condamné à ont dû de se maintenir dans la Vérité doctri­
mort... Jésus-Christ dira : "Les docteurs de la nale, jusqu'au jour du Jeudi Saint.
Loi et les Pharisiens sont assis sur la Chaire
de Moïse : faites donc ce qu'ils disent, mais ne «(...) LORS DE L'ASSEMBLEE DU
faites pas ce qu'ils font". Par ces paroles, dit S A N H E D R I N , A UNE I N T E R P E L L A ­
Bossuet, Jésus-Christ a fait deux choses : TION FAITE A JESUS-CHRIST PAR LE
"l'une, de déclarer cette Chaire pure jus­ G R A N D P R E T R E CAIPHE, LA SYNA­
qu'alors des erreurs courantes parmi les doc­ GOGUE TOMBE DANS L'ERREUR. (...)
teurs, qu'elle n'avait point passées en dogme ; Si Caïphe et les Grands Prêtres ses prédé­
l'autre, d'établir la maxime sur laquelle roule cesseurs seront de concert avec le Sanhédrin
la Religion et le remède perpétuel contre - et en vertu de l'assistance divine - les con­
tous les schismes, que la corruption des parti­ servateurs, dans l'enseignement public, de la
culiers laisse en entier l'autorité de la hiérar­ notion du Messie souffrant, leur tort et leur
chie" (BOSSUET, Seconde instruction sur les culpabilité consisteront en ce que, en dehors
promesses de l'Eglise, n. XXVI). (...) Jésus- de cet enseignement officiel, ils laisseront se
Christ... attribue clairement à la Synagogue propager librement l'erreur du Messie con­
une vérité infaillible ; en sorte qu'il fallait quérant admise d'une manière privée par
tenir pour certain tout ce qui avait passé en plusieurs d'entre eux (...). Aussi LA SYNA­
dogme constant de la Synagogue : car il ne G O G U E ENSEIGNANTE AYANT, SOUS
donne à personne le droit de juger au-dessus CE RAPPORT, GRAVEMENT MANQUE
d'elle et le partage du peuple est l'obéis­ A SON DEVOIR, PAR UNE NEGL1GEN-

51
SODALITIUM : La question juive

CE COUPABLE, M E R I T E R A - T - E L L E l'Eglise, encore moins d'une Eglise opposée


D ' E T R E PRIVEE DE L'ASSISTANCE au péché et à son organisation mondaine».
DIVINE. L I V R E E A SON P R O P R E Vittorio Messori dans son livre Pensare
ESPRIT, ELLE TOMBERA DANS L'ER­ la Storia, éd. Paoline, Milano 1992, aux pa­
REUR EN M E C O N N A I S S A N T JESUS- ges 174-175, nous propose aussi un petit ta­
CHRIST ET EN CONDAMNANT DANS bleau, tiré de l'auteur Umberto Eco, qu'il
SA DIVINE P E R S O N N E LE MESSIE sera intéressant d'examiner : «Quelqu'un a
SOUFFRANT». (A. LEMANN, Histoire com­ dit... que l'histoire de l'Occident est l'his­
plète de l'idée messianique, 1909. Réim­ toire des tentatives de la mentalité gnostique
pression : Compagnons de Saint Michel, de combattre le christianisme ou de le cor­
Belgium 1974, pp. 165-326 passim). rompre de l'intérieur. (...) Donnons donc le
"tableau" préparé par Eco...
COMPARAISON ENTRE LA TRADITION Modèle général. Christianisme: conquiert
CATHOLIQUE ET LA FAUSSE CABALE les peuples. Gnosticisme: conquiert les élites.
Ch: est public. Gn.: est secret. Ch.: promet le
L'Abbé Julio Meinvielle à la page 28 de progrès. Gn.: promet le retour aux origines.
son livre Dalla Càbala al progressismo, Ch.: est pensée historique. Gn.: est pensée
Roma 1988, reproduit un tableau que je rap­ antihistorique. Ch.: le temps fait partie de la
porte ci-dessous, dans lequel il oppose les Rédemption. Gn.: le temps est une erreur de
deux traditions : la vraie et la fausse. la création. Ch.: est religieux, mais supporte
«TRADITION CATHOLIQUE : la laïcisation. Gn.: peut se présenter comme
a) Existence d'un Dieu personnel, intelli­ laïc, mais est nécessairement religieux.
gent et libre, transcendant le monde. Dieu et le monde. Ch.: Dieu est unité et
b) Dieu, engendre l'existence de l'homme non contradiction. Gn.: Dualisme. Ch.: Dieu
et du monde, sans rien présupposer. est différent de l'homme. Gn.: unité de Dieu
c) Dieu offre à l'homme la divinisation et de l'homme. Ch.: Dieu aime le monde.
en lui donnant, par grâce, une destinée qui Gn.: Dieu hait le monde. Ch.: bien qu'incon­
dépasse toutes les exigences propres de naissable, Dieu est d'une certaine façon ra­
l'être créé et capable de l'être. tionnellement compréhensible. Gn:. Dieu est
d) l'homme - ayant perdu sa divinisation inconnaissable, la raison ne peut le connaître
primitive - peut la retrouver en adhérant à mais seulement l'illumination mystique et le
Jésus-Christ, Dieu fait homme, qui, en vertu mythe. Ch.: le monde est bon. Gn.: le monde
de Sa Passion, de Sa Mort et de Sa Résur­ est mauvais. Ch.: Jésus s'incarne, la chair res­
rection lui restitue la grâce divine. suscitera. Gn.: la chair est méprisable.
e) Jésus-Christ a institué dans l'Eglise, Le Mal. Ch.: le Mal est un accident de la
son corps mystique, un moyen de salut de création. Gn.: le Mal fait partie de Dieu et
l'homme, qui, par lui, vient à l'existence du monde. Ch.: le Mal est un accident de la
dans l'état de créature et, désormais, de pé­ liberté humaine. Gn.: l'homme n'est pas res­
ché, incliné à la ruine. ponsable du Mal. Ch.: il faut fuir le Mal.
FAUSSE CABALE : Gn.: il faut connaître le Mal, le pratiquer
a) Immanence et résolution de Dieu dans pour le vaincre.
le monde. Athéisme ou panthéisme qui divi­ Connaissance. Ch.: l'histoire comme
nise le monde ou fait du monde l'apparence Rédemption. Gn.: l'histoire comme chute
de la divinité elle-même. progressive. Ch.: la rédemption est dans le
b) Le monde et l'homme sont des éma­ futur. Gn.: la vérité est ineffable. Ch.: la vérité
nations de la substance de la divinité. est publique. Gn.: la vérité est secrète. Ch.:
c) L'homme est divin en vertu de sa na­ Aut-aut, tertium non datur. Gn.: les contraires
ture propre. L'homme est Dieu. sont vrais. Ch.: théologie comme discours ra­
d) L'homme tire sa divinité de lui-même, tionnel. Gn.: théologie comme récit mythique.
mais Jésus-Christ peut lui indiquer la route. Salut. Ch.: nous pouvons nous libérer du
L'homme est gnostique par lui-même. péché et n'importe qui peut le faire. Gn.:
Jésus-Christ, premier gnostique, est un para­ seuls les élus se libèrent du péché. Ch.: le sa­
digme de la glorification de l'homme. lut ne demande pas une connaissance dif­
e) L'homme se sauve tout seul en se re­ ficile. Tous peuvent comprendre l'essentiel
mettant à la libre autonomie de sa réalité pour se sauver. Gn.: peu seulement peuvent
intérieure, qui est divine. Il n'a pas besoin de atteindre le salut. Le salut est initiation, con-

52
SODALITIUM : La question juive

naissance difficile. Ch.: les pauvres en esprit sidérée comme mauvaise. La méchanceté de
se sauvent, de même que les esclaves. Gn.: la matière dérive d'un principe unique qui
seuls les meilleurs se sauvent. Ch.: la théolo­ contient en lui le règne du bien et du mal
gie rend explicite la lumière naturelle pos­ (Cabale), ou de deux "dieux", l'un bon et
sédée par tout homme. Gn.: le salut est un l'autre mauvais (Manichéisme).
secret réservé à peu d'hommes. Ch.: esprit "La tentative de judaïser ou cabaliser le
missionnaire de l'Eglise. Gn.: esprit sectaire christianisme à la racine et dans sa nature
de la gnose. Ch.: le salut est de revenir à ayant échoué, laissant seulement son appa­
Dieu. Gn.: le salut est de redevenir Dieu». rence, les juifs n'ont pas manqué d'entre­
prendre une tâche plus restreinte, comme
LA TENTATIVE DE LA CABALE PER­ celle d'attaquer quelque dogme. De là les
VERTIE DE DETRUIRE LE CHRISTIA­ différentes hérésies trinitaires et christologi¬
NISME : LE GNOSTICISME CHRETIEN ques qui se sont succédées à partir de l'aria¬
nisme" (J. MEINVIELLE, op. cit., p. 123).
Il y a deux erreurs fondamentales sur les­
quelles se fonde la Cabale mauvaise et per­ LA PHILOSOPHIE MODERNE ET LA
vertie : 1) Dieu a une existence indéterminée GNOSE
entre l'être et le non-être, entre le bien et le
mal. 2) Dieu se réalise seulement dans l'uni­ L'essence de la Gnose consiste dans le
vers et dans l'homme, qui, étant une émana­ Panthéisme, c'est-à-dire faire de toute la
tion nécessaire de Dieu le complètent et le réalité (divine et humaine, bonne et mau­
perfectionnent. Donc l'homme est divin vaise...) une unique réalité. La Cabale fait la
(culte de l'homme). même chose ; l'"En Sof", qui se confond avec
La Cabale qui est la perversion de la le rien ou l'indéterminé, évolue et, de cette
Révélation donnée par Dieu au peuple élu, façon se forme l'univers qui est divin dans sa
cherche à pervertir même le christianisme à nature même.
peine né. «Il y a des juifs qui cherchent à dé­ «Dieu et le monde sont une unique réa­
truire le christianisme de l'extérieur, en persé­ lité : DIEU N'EST PAS TRANSCENDANT
cutant le Christ et les chrétiens ; d'autres de AU MONDE MAIS IMMANENT. La créa­
l'intérieur, en le corrompant [si fieri potest] tion étant repoussée, le monde... provient de
avec la Cabale. Cette dernière tentative pro­ la substance de Dieu. A cause de cela la
duit le phénomène du "Gnosticisme chré­ création est entendue comme génération...
tien". Comme ils ont tenté de détruire le mes­ Un Dieu qui, avant de constituer le monde
sage mosaïque de la Révélation divine, ils ten­ vient lui-même de rien, est parfaitement inu­
teront de même de détruire aussi le christiani­ tile. Donc dans la totale immanence de Dieu
sme» (J. MEINVIELLE, op. cit., p. 101). au monde, Dieu est inutile, l'athéisme s'im­
Pour détruire le christianisme il fallait le vi­ pose et implique la divinisation de l'homme»
der de l'intérieur ; c'est l'œuvre des gnostiques. (J. MEINVIELLE, op. cit., p. 201).
"La Gnose c'est l'intention de rendre judaïque Avec Descartes († 1605) nous assistons à
ou cabalistique le christianisme" (op. cit., p. la tentative gnostico-cabalistique d'autofon­
102). Le Gnosticisme chrétien, comme celui du dation de la pensée en elle-même. Le
judaïsme, se caractérise par certaines des "Cogito" est le principe premier et unique du­
erreurs suivantes : MONISME et DUALISME. quel doit naître toute la réalité. La droite rai­
Dans le Gnosticisme chrétien comme son au contraire enseigne que la pensée doit
dans la Cabale, il existe un monisme de se comparer et se fonder sur l'être extra-men­
fond. Chaque substance matérielle ou spiri­ tal et objectif des choses. De l'Idée on ne peut
tuelle, bonne ou mauvaise, émane d'un prin­ passer à l'existence. Si j'ai l'idée d'avoir cent
cipe unique, le Tout ("Plérome" pour les millions, cela ne signifie pas qu'"ipso facto"
gnostiques, "En sof" pour les cabalistes). j'ai réellement cent millions dans mon porte­
La doctrine catholique condamne ce mo­ feuille, cela signifie seulement que "je suis en
nisme panthéiste en tant qu'elle confesse la train de bâtir des châteaux en Espagne"...
distinction réelle entre l'être de Dieu L'idée de l'homme ne produit et ne crée pas
(incréé) et l'être de la créature (fini) (3). l'être, au contraire elle le présuppose. La pen­
Cependant, assemblé à un tel monisme sée moderne sous l'influence cabalistique qui
panthéiste, nous trouvons aussi un certain s'est exercée sur une élite de "philosophes"
DUALISME, en tant que la matière est con­ dans l'Humanisme et la Renaissance, élève la

53
SODALITIUM : La question juive

pensée ou le "Cogito" au principe créateur. tre le monde et l'Eglise, puis la fusion de


La pensée remplace donc Dieu et est suffisan­ l'Eglise avec le monde, donc la sécularisation.
te à créer le monde [position radicale ex­ ...Maritain réclame une Eglise qui se pose au
primée explicitement par Fichte († 1814) mais service du monde et qui, donc, flatte le
contenue déjà virtuellement dans le "Cogito monde» (J. MEINVIELLE, op. cit., pp. 332-333).
ergo sum" de Descartes]. Nous retrouvons, hélas, la même doctri­
ne cabalistique dans l'enseignement du
LA CABALE A L'INTERIEUR DE Concile Vatican II.
L'"EGLISE CONCILIAIRE" 'Gaudium et Spes' n° 22 affirme : «En Lui
(le Verbe) la nature humaine a été élevée en
«En considérant toutes les mutations en nous aussi à une dignité sans égale. PAR
cours [avec le Concile Vatican II], nous arri­ SON INCARNATION, LE FILS DE DIEU
verons à la conclusion qu'A L'INTERIEUR S'EST EN Q U E L Q U E SORTE UNI LUI-
DE L'EGLISE CATHOLIQUE ROMAI­ MEME A T O U T HOMME». Jean-Paul II
NE IL Y A EN GESTATION UNE NOU­ affirme dans 'Redemptor hominis' n° 9 :
VELLE RELIGION, SUBSTANTIELLE­ «DIEU, DANS LE CHRIST, SE FAIT PRO­
MENT D I F F E R E N T E DE CELLE DU CHE DE T O U T HOMME EN LUI DON­
CHRIST, AVEC DES C A R A C T E R E S NANT L'ESPRIT DE V E R I T E TROIS
GNOSTICO-CABALISTIQUES, contre la­ FOIS SAINT» et encore 'Redemptor
quelle se dresse la promesse divine "Portæ hominis' n° 11 : «...Cette dignité que chaque
inferi non prævalebunt". homme a atteinte dans le Christ et QUI EST
«(...) Karl Rahner dit ceci : "Avec l'incar­ LA DIGNITE DE L ' A D O P T I O N DIVI­
nation du Verbe de Dieu, l'humanité s'est NE». Toujours dans 'Redemptor hominis' n°
changée réellement en peuple de fils de Dieu, 13 : «IL NE S'AGIT PAS DE L'HOMME
avant même la sanctification effective de cha­ ABSTRAIT, MAIS REEL, DE L'HOMME
cun au moyen de la grâce" (Scritti di Teologia, CONCRET, HISTORIQUE. IL S'AGIT DE
tome II, Taurus Ediciones, Madrid 1961, p. 9). CHAQUE HOMME, PARCE QUE (...) JE­
... Comme elle est forcée toute cette SUS-CHRIST S'EST UNI A CHACUN,
théologie du "christianisme anonyme", P O U R T O U J O U R S (...). L'HOMME -
d'une humanité qui aurait été sanctifiée par TOUT HOMME SANS AUCUNE EXCEP­
le Christ par le seul fait de l'Incarnation !» (J. TION - A ETE R A C H E T E PAR LE
MEINVIELLE, op.cit., p. 245). CHRIST, PARCE QUE LE CHRIST EST
Quelqu'un parle même de "refus de l'ex¬ EN Q U E L Q U E SORTE UNI A L'HOM­
trinsécisme" : c'est-à-dire la grâce et l'Ordre ME, A CHAQUE HOMME SANS AUCU­
Surnaturel ne sont pas un don gratuit de NE EXCEPTION, même si ce dernier n'en
Dieu, extrinsèque à l'homme (qui vient à est pas conscient (...) MYSTERE (DE LA
l'homme de l'extérieur, c'est-à-dire de REDEMPTION) DONT DEVIENT PAR­
Dieu), mais sont une exigence, un droit, TICIPANT CHACUN DES QUATRE MIL­
quelque chose d'intrinsèque à l'homme. LIARDS D'HOMMES VIVANT SUR NO­
«Henri de Lubac dans son livre 'Surnaturel', TRE PLANETE, DES L'INSTANT DE SA
est l'auteur le plus représentatif de ce cou­ CONCEPTION PRES DU CŒUR DE SA
rant, évidemment gnostique» (J. M E I N ­ MERE». Toujours Jean-Paul II dans 'Domi¬
VIELLE, op. cit., p. 321-322). num et vivificantem' n° 50 écrit : «Et Verbum
Une autre conséquence de la cabalisation caro factum est. LE VERBE S'EST UNI A
du christianisme est LE MELANGE DE TOUTE CHAIR (CREATURE), SPECIA­
TOUTES LES RACES, PEUPLES, CUL­ LEMENT A L'HOMME, qui est la portée
TURES ET RELIGIONS ET L'EGALISA­ cosmique de la Rédemption. DIEU EST IM­
TION ENTRE POUVOIR SPIRITUEL ET MANENT AU MONDE ET LE VIVIFIE
POUVOIR TEMPOREL. «Voilà pourquoi, DE L'INTERIEUR. (...) L'INCARNATION
en substance, est gnostique la tentative de Dieu-Fils SIGNIFIE QUE LA NATURE
accomplie par Maritain dans "Humanisme HUMAINE EST ELEVEE A L'UNITE
Intégral" pour favoriser la "chrétienté laï­ AVEC DIEU, mais aussi, en elle, en un sens,
que", c'est-à-dire le monde chrétien à une di­ T O U T CE QUI EST CHAIR : T O U T LE
mension unique. Si on refuse la subordina­ MONDE VISIBLE ET MATERIEL (...). LE
tion du monde à l'Eglise, il faut favoriser un PREMIER-NE DE TOUTE CREATURE,
mouvement qui affirme d'abord l'égalité en­ EN S'INCARNANT... S'UNIT, en quelque

54
SODALITIUM : La question juive

sorte, AVEC TOUTE LA REALITE DE origine divine de se racheter. Pour retourner


L'HOMME (...) et, en elle, AVEC TOUTE au... monde parfait dont nous nous sommes
CHAIR, AVEC TOUTE LA CREATION». éloignés, il est nécessaire, cependant de se
Dans 'Dives in misericordia' n° 1 Jean-Paul II servir de certains instruments. (...) Il existe
affirme : «Tandis que les divers courants de une technique pour retourner au Paradis et
pensée, anciens et contemporains, étaient et cela signifie qu'on exclue qu'il y ait des
continuent à être enclins à séparer et même à aspects de la réalité qui ne soient pas en no­
opposer théocentrisme et anthropocentrisme, tre pouvoir et donc qu'il faut avoir besoin
l'Eglise (conciliaire, ndr.)... cherche à assurer d'une 'grâce'... pour accéder au monde di­
leur conjonction organique et profonde... vin» (E. SAMEK LODOVICI, Metamorfosi della
C'est là un des principes fondamentaux, et gnosi, éd. Ares, Milano 1991, pp. 8-9).
peut-être même le plus important, de l'ensei­
«SEULES deux formes fondamentales de
gnement du dernier Concile».
pensée et de vie traversent l'histoire humaine :
la catholique et la gnostique. (...) La dialecti­
CONCLUSION que qui agite le monde (...) est entre l'Eglise et
la Synagogue [pharisaïque]. Le Christ vainc la
En résumé, on peut dire que la Cabale Synagogue. L'ère des martyrs des premiers
renferme quatre idées fondamentales : 1) siècles du christianisme, quand la Synagogue
Dieu coïncide avec le rien, sort du rien ; 2) ce poussait le monde païen à se jeter contre les
rien se transforme dans le monde et dans chrétiens a servi à arroser la semence chré­
l'homme ; 3) le mal est en Dieu ; 4) le sommet tienne, qui resplendit vigoureuse avec l'Eglise
de Dieu, parfaitement achevé, c'est l'Homme des Pères et des Docteurs, bien au-dessus de la
avec un grand " H " (cf. G. S C H O L E M , Le Synagogue, désormais réduite à la vie des
grandi correnti della mistica ebraica, Il ghettos. Mais dans l'ère moderne la Syna­
Melangolo, Genova 1990, pp. 15-51). gogue se venge de cette marginalisation et la
Pour la doctrine catholique, Dieu est un Cabale pénètre dans la chrétienté et la sécula­
être personnel et transcendant qui, libre­ rise. Actuellement, nous nous trouvons con­
ment et par sa pure bonté, crée de rien tout frontés à ce dernier phénomène. AVEC LA
l'univers. Tandis que selon la Cabale, Dieu, TACTIQUE DE L'AMITIE ET DU "DIA­
en sortant de l'indéterminé ou du néant, LOGUE JUDEO-CHRETIEN", LA SYNA­
évolue jusqu'à devenir l'Homme qui est GOGUE EST EN TRAIN DE PREVALOIR
"dieu" réalisé et achevé. SUR L'EGLISE. (...) L'Histoire réunit en son
Il faut spécifier qu'une telle E V O L U ­ sein, dans une alliance mystérieuse, ces deux
TION est ASCENDANTE pour les gnosti¬ forces qui pourront se résoudre seulement
ques modernes (Hegel, Teilhard), c'est-à­ dans une perspective eschatologique. Dans le
dire tend toujours au mieux ; tandis qu'elle temps, les hommes (et avec eux l'Histoire)
était DESCENDANTE pour les anciens qui sont mus et par Dieu et par Satan, et par le
voyaient l'émanation du monde à partir de Christ et par l'Antéchrist, et par l'Eglise et par
Dieu (panthéisme-acosmique) comme une la Synagogue (...). Cet entrecroisement est pré­
dégradation de Dieu jusqu'à la limite sent dans chaque individu, qu'il soit saint ou
extrême des créatures matérielles. pécheur. Chaque acte libre de chaque homme,
«Rappelons... les grandes thèses de la en définitive cherche le Christ ou l'Antéchrist.
pensés gnostique. La première et fondamen­ (...) Le progressisme... veut enfermer dans
tale est celle-ci : le monde, et l'homme dans l'histoire le jugement sur l'histoire : le monde
le monde, sont le fruit d'une chute, ... s'achemine vers une cité heureuse, vers un
l'entière réalité dans laquelle nous nous troisième âge de bonheur et de paix!... (...) Au
trouvons est une réalité d'exil. contraire, la théologie de l'Histoire de St
A cette première affirmation s'ensuit une Augustin et de St Thomas, a vu clairement
seconde qui en représente un curieux renver­ que, après l'Avènement du Christ, il n'arrivera
sement. C'est vrai que le monde est malade... rien qui puisse modifier le cours ordinaire des
cependant le salut y est déjà, nonobstant une événements. (...) Point n'est besoin de beau­
fracture qui ne peut être comblée, il existe coup de sagacité pour voir que DEPUIS
quelqu'un, le gnostique, l'élu, qui est en me­ CINQ SIECLES LE MONDE S'ALIGNE
sure de la colmater. Le gnostique, en effet, TOUJOURS DAVANTAGE SUR LA TRA­
est... de la même substance que le monde DITION CABALISTIQUE. LE MONDE
divin, et, comme tel, capable en vertu de son DE L'ANTECHRIST AVANCE RAPIDE-

55
SODALITIUM : La question juive

MENT. TOUT CONCOURT A L'UNIFICA­ (2) Quarante jours après que Moïse fût monté sur le
Mont Sinaï, le peuple juif se souleva contre Aaron. «Ils
TION TOTALITAIRE DU "FILS DE LA (les hébreux) commençaient à trouver bien sévère le ré­
PERDITION". Voilà le succès du progressi­ gime théocratique auquel, depuis l'Exode, le Patriarche
sme : le christianisme est en train de se séculari­ Moïse prétendait les restreindre.... Ne les obligeait-il
ser ou de s'athéiser. COMMENT DOIVENT pas... à adorer un Dieu austère, qui n'avait rien de com­
mun avec ceux des autres peuples, qui ne tolérait aucune
S'ACCOMPLIR, DANS CET "AGE CABA­ licence, aucun dérèglement,... Quelle différence avec les
LISTIQUE" LES PROMESSES DE L'AIDE religions qu'ils avaient eues sous les yeux, pendant tant
DE L'ESPRIT DIVIN A L'EGLISE ET d'années en Egypte ! Celle-là, au moins, ne vous impo­
COMMENT D O I T SE V E R I F I E R LE saient pas une contrainte perpétuelle et des restrictions
sans nombre ! Elles comportaient au contraire des jeux,
"PORTÆ INFERI NON PRÆVALE¬ des danses, des banquets, des beuveries, où l'on s'amu­
BUNT"... TOUT CELA EST TROP SUPE­ sait pour de bon, où l'on pouvait se permettre toutes les
RIEUR A L'INTELLIGENCE HUMAINE. extravagances, tous les excès, toutes les folies, et donner
L'Eglise a commencé son histoire comme une libre cours à son tempérament ! (...)
semence minuscule qui est ensuite devenue un [Les juifs] se dirigèrent en tumulte vers la tente
arbre touffu ; eh bien, ELLE PEUT AUSSI d'Aaron... lui criant de prendre le commandement...
"Fais-nous des dieux qui nous précèdent". Moïse, en
R E D U I R E SON EXPANSION ET SE RE­ partant avec Josué pour le sommet du Sinaï, avait laissé
STREINDRE A UNE REALITE TRES le soin de gouverner le peuple... non seulement à son
MODESTE. Nous savons que le "mysterium frère, mais aussi à Hur. Ce furent donc ces deux hom­
iniquitatis" est déjà à l'œuvre ; mais nous ne mes que les hébreux vinrent trouver... pour obtenir LE
CHANGEMENT DE RELIGION qu'ils réclamaient.
connaissons pas les limites de son pouvoir. Hur, indigné, voulut leur tenir tête... et ils le lapidè­
Cependant, il n'est pas difficile d'admettre que rent... Devant cette exécution... Aaron eut peur... il or­
l'"Eglise de la publicité" qui se pare du nom donna de fondre les bijoux [des femmes des hébreux],
de catholique puisse être vaincue par l'ennemi puis il en fit un veau d'or... qui fut exposé à la vénéra­
tion du peuple.... Avec une légèreté et une perversité
et se muter en une Eglise gnostique. Il est pos­ incroyables, hommes, femmes, enfants, tournoyaient
sible que nous ayons deux Eglises : 1'"Eglise de autour de l'idole, en répétant à l'envi : "Voilà ton dieu,
la publicité", magnifiée par la propagande Israël, voilà celui qui t'a tiré de la servitude d'Egypte !".
(avec évêques, prêtres et théologiens publici¬ (...) Le lendemain, le peuple aiguillonné par son désir
de s'en donner à cœur joie, "se leva de grand matin". Il
sés...) ; l'"Eglise du silence"... avec des prêtres offrit sans honte à ce dieu à quatre pattes, "des holocau­
et des évêques fidèles... disséminés comme le stes"... ce qui était l'abomination de la désolation, car ce
"pusillus grex" par toute la terre. (...) Le genre de sacrifice, était l'expression du culte de latrie,
Seigneur a dit : "Quand le Fils de l'homme de l'hommage total de soi-même, qui n'est dû qu'au
Créateur» ( D O M DE MONLÉON o.s.b., Moïse. Les éd. de
viendra, trouvera-t-Il la Foi sur la terre ?". St la Source, Paris sine data. pp. 229-232).
Paul appelle Apostasie universelle cette défec­
tion de la Foi, qui coïncidera avec la manifesta­ (3) «Les gnostiques... renversent... la façon de per­
tion de l'"homme de l'iniquité, du fils de la per­ cevoir (et le contenu) d'un des concepts les plus fonda­
mentaux du monde classique, celui de LIMITE.
dition". L'apostasie universelle semble être la Ce concept en effet passe d'une évaluation positive
sécularisation ou l'athéisation totale de la vie (est limite ce qui m'actue,...) à une évaluation négative
publique et privée qui est en cours dans le (est limite ce qui... me contraint et qui pour cela
monde actuel. L'unique alternative à m'étouffe)» (E. S A M E K L O D O V I C I Metamorfosi della
gnosi, éd. Ares, Milano 1991, p. 106). La conséquence du
l'Antéchrist sera le Christ : le Christ l'anéantira refus de la limite sera la haine de toute morale et éthi­
"avec le souffle de sa bouche" et ainsi s'accom­ que, «...un mépris profond pour le droit... pour la loi mo­
plira l'acte final de l'Histoire. MAIS LE SA­ rale en particulier. Un mépris duquel dérive de fait pour
LUT N'EST PAS PROMIS AUX MASSES. le gnostique un dualisme sociologique entre les croyants :
d'un côté ceux, les illuminés, qui peuvent accomplir in­
AU CONTRAIRE, LE CHRIST SAUVE­ demnes toutes les expériences, même les plus aberran­
RA SON EGLISE "PUSILLUS GREX"...» tes, de l'autre, les autres hommes, qui sont tenus à une
(J. MEINVIELLE, op. cit., pp. 349-353). règle de vie précise...» (op. cit., pp. 9-10). En bref, pour
le gnostique, "LA MORALE FAIT MAL"... comme l'é­
crivait la revue "30 Giorni" il y a quelques temps.
NOTES
* Dans la compilation de l'article sur la Cabale
(1) Certains auteurs écrivent Cabbale, d'autres (thème épineux et controversé) j'ai voulu m'appuyer
Kabbale, ...Drach écrit : «L'Académie française écrit avant tout sur des auteurs éprouvés et sûrs, tels que :
CABALE ... un auteur écrit Kabbale, alléguant pour DAVID PAUL D R A C H . «Hébraïste, né à
motif que cette orthographe est plus conforme à l'hé­ Strasbourg le 16 mars 1791, mort à Rome en janvier
breu... Le bon sens dit que lorsqu'on écrit du français 1865. Fils d'un célèbre Rabbin et talmudiste, à l'âge de
on n'écrit point de l'hébreu» (P.L.B. D R A C H , De 12 ans il fréquenta l'école talmudique d'Edenfor et en­
L'harmonie entre l'Eglise et la Synagogue, Paul Mellier suite celle de Bischheim. A seize ans, il fut instructeur à
édit., Paris 1844, op. cit., tome 1, p. XXVIII). Roppoltsweiler, puis à Colmar. En 1808, il vint à Paris

56
SODALITIUM : La question juive

Schéma récapitulatif de l'article

où il obtint le titre de Rabbin ; là, touché par l'exemple H A U T E V A L E U R D O C T R I N A L E . Les Facultés


de certaines familles catholiques qu'il eut l'occasion de catholiques de Lyon, où,... Augustin était, depuis 1878,
fréquenter, au cours de longues et sérieuses études, par­ professeur d'Hébreu et d'Ecriture-Sainte... s'associèrent
ticulièrement des Pères de l'Eglise et des Septante, il se à ces fêtes. (...) LES ABBES LEMANN, écrivains
convertit. Il fut baptisé le Samedi Saint de 1823 avec remarquables, NOUS LAISSENT UNE Œ U V R E
deux filles et un fils ; et sa conversion en produisit beau­ D O C T R I N A L E D ' U N E I N A P P R E C I A B L E VA­
coup d'autres. En 1827, il vint à Rome, où il fut bi­ LEUR. Sans parler d'innombrables brochures et opu­
bliothécaire de la 'Propagande' jusqu'à sa mort. Drach, scules, ils ont composé plus de quinze ouvrages de fond
pour faire œuvre d'apostolat parmi ses anciens coreli­ sur des sujets divers mais se rattachant tous à la grande
gionnaires, écrivit "Les lettres d'un rabbin converti aux idée qui fut la pensée dominante de leur vie : le retour
Israélites, ses frères" (Paris 1825) ; et les frères d'Israël et des nations au Christ-Roi» (P. T H É O T I M E DE
Libermann se dirent redevables à Drach de leur conver­ SAINT-JUST Les frères Lémann, juifs convertis, Librairie J.
sion. (...) Il écrivit aussi "De l'harmonie entre l'Eglise et Duculot éd., Gembloux (Belg.) 1937, pp. 5, 9).
la Synagogue" (Paris 1844) et "La Cabale des Hébreux"
(Rome, 1864) ...» (E. Z O L L I «Drach», in Enciclopedia
cattolica, Città del Vaticano 1950, vol. IV, col. 1919).
Don JULIO MEINVIELLE : «Penseur argentin, prêtre, né
à Buenos Aires le 31 août 1905 (...). La principale contri­
bution philosophique de Meinvielle réside dans le domai­
ne politique et dans les fondements métaphysiques de la
doctrine politique. Il combattit le libéralisme en toutes ses
manifestations économiques, politiques et religieuses... »
(M. A. VIRASOFO «Meinvielle», in Enciclopedia filosofica,
Lucarini, Roma 1982, vol. V, col. 627).
MGR A U G U S T I N L E M A N N : «Les frères Lémann,
Joseph et Augustin, juifs convertis, devenus prêtres
catholiques, célébraient en 1904, le cinquantième anni­
versaire de leur conversion et de leur baptême. Ils reçu­
rent à cette occasion de précieux témoignages d'estime
et de sympathie. Le Saint Pape Pie X, qui les connais­
saient personnellement et qui, quatre ans plus tard,
devait les honorer de la prélature romaine, leur envoya
ses félicitations et ses vœux. De nombreux Archevêques
et Eveques... leur écrivirent pour les remercier des servi­
ces éminents rendus à la cause catholique (...) par LA
PUBLICATION DE NOMBREUX OUVRAGES DE

57
SODALITIUM : La question juive

Documents et Témoignages, Vienne 1969, p.


167).
Le juif converti, Joseph Lémann, écrit : "Qu'il
y ait DANS LE JUDAÏSME UNE
PRÉDISPOSITION À LA FRANC-
MAÇONNERIE, c'est incontestable. Cette
prédisposition lui vient, hélas ! de sa haine
contre le Christ.... Il est... de notoriété historique
que... l'antagonisme hébraïque, en quête d'une
revanche, bien loin de désavouer le concours des
RAPPORTS ENTRE sociétés occultes, les a toujours utilisées... selon
ses propres intérêts contre Jésus Christ et son
JUDAISME ET FRANC- Église.. ". (J. LÉMANN, L'entrée des Israélites
MAÇONNERIE dans la société française, Avallon, Paris 1886
(1987), p. 234).
Puech, le grand historien (franc-maçon) des
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia religions, écrit : "Souvent antisémitisme et haine
antimaçonnique sont allés ensemble (...) la plus
INTRODUCTION grande partie des noms sacrés et des mots
d'ordre des différents degrés maçonniques sont
Il y a quelques mois, le grand maître de la juifs. À souligner l'ésotérisme cabalistique des
Franc-maçonnerie italienne, récemment deux Colonnes, des trois Piliers, de la
démissionnaire, Julien De Bernardo, déclarait disposition même des Officiants dans le Temple.
à La Stampa de Turin, le 3 novembre 1992 : (...) Il faut montrer comme les différentes formes
"On commence avec les francs-maçons et on de la Tradition occidentale ésotérique (....
finit avec les Juifs". Et l'ex-grand maître, Cabale juive, hermétisme christique des
Armando Corona ajoutait : "Les persécutions Templiers...) sont intégrées, enveloppées dans la
des francs-maçons et des Juifs sont toujours pyramide maçonnique" (H. C. PUECH, Histoire
allées de pair." des religions. Ésotérisme, spiritisme,
De même, dans la recension du livre "Israël maçonnerie, Universali Laterza, Bari 1981, pp.
et l'humanité", parue dans le magazine du 160, 163, 178). Le grand rabbin de France Jo
Grand-Orient d'Italie "Hiram" (novembre Sitruk a affirmé récemment : "Le judaïsme
1992), on peut lire la phrase suivante du rabbin imprègne tout le monde moderne, spécialement
cabaliste Benamozegh : "Ce qui est certain, avec la Révolution française et la déclaration des
c'est que LA THÉOLOGIE MAÇONNIQUE droits de l'homme" (France-Inter, 21 déc. 1988).
CORRESPOND assez bien À CELLE DE LA Le journal israélien 'The Jewish Tribune' a
CABALE" (E. BENAMOZEGH, Israël et écrit : "La Franc-maçonnerie est basée sur le
l'humanité, Marietti Turin, 1990, p. 49). Judaïsme" (New York, le 28 octobre 1927).
La répétition de ces affirmations diversement Mac Gowan : "La Franc-maçonnerie est
accentuées, a motivé notre intérêt pour le sujet fondée sur l'ancienne Loi de l'Israël"
et suscité notre curiosité d'approfondir les (Freemason, le 2 avr. 1930), qui est la
rapports existant entre Judaïsme et Franc­ talmudique et non la mosaïque.
maçonnerie ; de cette étude est né le présent Rudolf Klein : "Notre rituel est juif, du début à
article. la fin" (La logia, nos 7-8 de 1928). De même, la
revue des Jésuites qui fait autorité, "La Civiltà
L'ORIGINE DE LA FRANC-MAÇON¬ cattolica", reprenait cette thèse en écrivant : "Le
NERIE (ARGUMENTS D'AUTORITÉS Judaïsme ne tarda pas... à se mêler [à la Franc­
HÉBRAÏQUES, MAÇONNIQUES ET maçonnerie] et... à l'informer de son esprit, à
CATHOLIQUES) l'orienter selon ses intentions, à se l'incorporer
(…). Pour tenter d'abattre la Religion
Bernard Lazare, écrivain juif connu affirme : chrétienne... il fallait aux Juifs travailler de
"Il est certain... qu'il y EUT DES JUIFS AU façon souterraine, et de façon dissimulée, en
BERCEAU MÊME DE LA FRANC- envoyer d'autres devant, et se cacher derrière
MAÇONNERIE, DES JUIFS CABALISTES, eux (…) : en somme, il fallait donner l'assaut
ainsi que le prouvent certains rites avec d’autres soldats que les siens propres (…).
conservés..." (B. LAZARE, L'antisémitisme, Et à cette entreprise ils ont mis la main, se

58
SODALITIUM : La question juive

mettant à la tête du monde occulte, au moyen circoncis ni baptisé" (E. BENAMOZEGH, op.
de la Franc-maçonnerie qu'ils se sont cit., pp. 198-213).
assujettie. (...) On tient pour certain que LE FRANC-MAÇON, devant se soumettre à
l'ensemble entier de la Franc-maçonnerie est la loi noachide, N'EST DONC RIEN D'AUTRE
régi par un sanhédrin juif (...). Dans la QUE LE FIDÈLE LAÏQUE DU PRÊTRE JUIF
pratique, JUDAÏSME ET FRANC- qui est soumis à la loi mosaïque, ou mieux
MAÇONNERIE SE CONFONDENT ET encore talmudique.
S'IDENTIFIENT comme le fer avec la main En effet, il est connu que le franc-maçon veut
de l'assassin qui le fait vibrer (...). LE BUT reconstruire le Temple de Salomon mais quel est
DERNIER AUQUEL TEND LE le sens vrai et caché d’une telle assertion ?
JUDAISME.... AU MOYEN DU "Quand Salomon procéda au recensement, des
MAÇONNISME (...) EST LA DOMINATION étrangers ou noachides (les franc-maçons
UNIVERSELLE, L'EMPIRE DU MONDE" d'aujourd'hui, ndr)... [ceux-ci] furent choisis
(La Civiltà Cattolica, série XIV, vol. 8, 1890 pour travailler à l'édification du Temple"
cité in R. PIPERNO, L'antisémitisme moderne, (ibidem, op. cit., pp. 213 - 214).
Universale Capelli, Rocca San Casciano 1964, DONC LE FRANC-MAÇON, NOACHIDE
pp. 124 - 129). D'AUJOURD'HUI, par son libre choix DOIT
Les auteurs cités jusqu'à présent, Juifs ou CONSTRUIRE LE TEMPLE D'ISRAEL, SOUS
franc-maçons, disent clairement qu'entre LA DÉPENDANCE DU JUIF, SON PRÊTRE
Franc-maçonnerie et Judaïsme, il y a un ET MAITRE.
rapport très étroit : mais quelle est la nature de Mais que signifie exactement reconstruire le
ce rapport ? Temple ? Voici ce que répond Benamozegh :
Dans la seconde édition des Constitutions "La maison de Dieu (le Temple, ndr)... c'était
d'Anderson-Desaguliers (Londres 1738), nous une image et comme un résumé de l'univers
trouvons ce passage : le Franc-maçon est tenu entier. L'examen attentif de son architecture...
"d'observer la loi morale comme vrai révèle son caractère éminemment symbolique.
NOACHIDE" (1). Que signifie ceci ? "Du (...) De cette façon était symbolisée la séparation
point de vue du Judaïsme, le NOACHISME existant entre le genre humain et le peuple
est la seule religion encore en vigueur pour sacerdotal. (...) Ainsi le lieu saint ou l'enceinte
l'humanité non juive, les juifs exerçant la du milieu, ne représentait pas l'homme en
fonction de prêtres de l'humanité et étant général, mais spécialement l'Israélite ; le parvis
soumis... à la loi de Moïse" (U. FIDELE. Le tout le reste de la famille d'Adam et l'ensemble
décalogue de Satan, Polycopié personnel, sans du bâtiment, tout notre univers. (...) Les rabbins
lieu ni date, p. 36). postérieurs au Talmud (…) confirmèrent toute la
Un grand spécialiste, le rabbin de Livourne conception de religion universelle qui se révèle...
Benamozegh, explique mieux encore : "Le dans la forme du Temple.
judaïsme admet un culte double : [le culte (...) Voyons maintenant quelle part avaient eue
laïque, noachide, de l'humanité et le culte, les gentils dans l'édification du sanctuaire....
sacerdotal, d'Israël] (...). Le lien qui dans le C'est Hiram, qui à la demande de Salomon,
judaïsme, réunissait les deux cultes... c'est fournit les matériaux et les artisans nécessaires à
l'organisation du genre humain en prêtres [les la construction du Temple. (...) Hiram, que
Israélites ndr] et laïques [les non Israélites, l'Écriture a soin d'indiquer comme fils de mère
ndr]... L'accomplissement de la loi noachide juive et de père originaire de Tyr, comme si dans
[est]... ce minimum de religion et de moralité sa personne Israël et la Gentilité s'associaient
auquel aucune société au monde ne peut pour l’œuvre divine" (E. BENAMOZEGH, op.
renoncer, si elle ne veut pas s'éteindre cit., pp. 263-268).
irrémédiablement. (...) [le noachide est un CONSTRUIRE LE TEMPLE SIGNIFIE
étranger] non soumis à la religion mosaïque. Il DONC FONDER LA RELIGION
s'agit des "prosélytes de la porte" [pas UNIVERSELLE DANS LAQUELLE LE JUIF
complètement convertis au judaïsme, ndr] qui EST LE PRÊTRE ET LE FRANC-MAÇON LE
sont concitoyens sans être coreligionnaires ; ils SIMPLE FIDÈLE, en effet : "Quelles sont les
se différencient des "prosélytes de justice", conditions proclamées essentielles pour que la
complètement convertis au judaïsme. (...) Le prière des gentils soit écoutée de Dieu ? Leur
noachide (ou prosélyte de la porte) n'était pas adoration doit être en premier lieu conforme à
soumis à la circoncision... : il est le gentil qui a celle des Israélites (...). Ils doivent ensuite
accepté les sept préceptes de Noé et il n'est ni reconnaître la mission sacerdotale des Juifs"
(ibidem, pp. 269-270). U. FIDELE commente

59
SODALITIUM : La question juive

donc, "UN BON FRANC-MAÇON NE Jérusalem a été détruit... c'est le sanctuaire


SERAIT RIEN D'AUTRE QU'UN "LAÏQUE" moral, l'asile divin dans lequel se réuniront un
D'ISRAEL. En d'autres mots : LA FRANC- jour... tous les hommes réconciliés" ("Vérité
MAÇONNERIE ÉTAIT, depuis ses origines, Israélite", 80 Rue Taitbout, tome 5, 1861, p. 74).
UNE ORGANISATION DESTINÉE À "L'UNITÉ DU GENRE HUMAIN À
JUDAISER LES 'GOYIM' (les non Juifs)" LAQUELLE JUIFS ET FRANCS-MAÇONS
(op. cit., p. 36). Benamozegh confirme à son TRAVAILLENT - commente Léon de Poncins -
tour : "La religion universelle ne consiste pas EST l'unification DU MONDE SOUS LA LOI
en une conversion pure et simple des gentils au JUIVE" (L. DE PONCINS, Christianisme et
mosaïsme, mais dans la dûe reconnaissance, de franc-maçonnerie, D.P.F, Chiré-en Montreuil
la part de l'humanité, de la vérité de la doctrine 1975, p. 112).
d'Israël" (E. BENAMOZEGH, op. cit., p. 271). Quelques auteurs pensent que le Judaïsme est
En bref, LE FRANC-MAÇON DOIT AIDER, l'origine et la cause de la Franc-maçonnerie, par
en bon fidèle laïque, SON MAÎTRE ET exemple Mgr. Jouin : "Les FRANCS-MAÇONS
PRÊTRE JUIF À CONVAINCRE TOUS LES SONT ENTRE LES MAINS DES JUIFS qui
PAIENS QUE LA SEULE VRAIE impriment une direction unique aux loges
RELIGION EST LA TALMUDIQUE, dans répandues et multipliées par eux dans tout
laquelle les païens entreront pour en faire l'univers. Ces loges maçonniques, seront
partie non à titre plein, mais comme d'ailleurs supprimées avec l'avènement du
noachides. Super-gouvernement d'Israël (le nouvel ordre
"L'édition de 1738 [des Constitutions mondial, ndr).
d'Anderson] va au-delà, elle franchit les (...) Les francs-maçons sont, avec les juifs, les
limites du Christianisme - écrit le professeur fidèles de la Contre-église : ils reçoivent la
Vannoni - en ce qu'elle déclare que la religion direction unique d'un anti-papisme mondial....
sous laquelle tous les hommes se rassemblent LES FRANCS-MAÇONS COMPOSENT LE
est représentée par les princìpes du noachisme. TIERS-ORDRE MENDIANT DES JUIFS.
Le Christ est dépassé dans une régression Au contraire, à entendre certains francs­
temporale jusqu'au patriarche antédiluvien maçons, il n'existe ni parenté ni fraternité entre
Noé, 'Noah' en Hébreu. (...) Il faut remarquer... loge et ghetto.
que LE VIEUX TESTAMENT parle de Noé, (...) En Hongrie, par contre, où la dissolution
mais il NE DIT PAS UN MOT DES des Loges (1920) a donné lieu à la divulgation
PRINCIPES NOACHIDES, POUR de plusieurs documents... on a la preuve qu'il y a
LESQUELS IL FAUT RECOURIR AU une question juive et une question maçonnique,
TALMUD. Donc AVEC LA DEUXIÈME et que l'une et l'autre sont indissolublement
EDITION DES CONSTITUTIONS connexes. (...) La question maçonnique dépend
D'ANDERSON, LA FRANC-MAÇONNERIE de la juive.... FAUT-IL DONC AFFIRMER
ACCOMPLIT UN PAS plus GRAND.... en QUE LA MAÇONNERIE EST FILLE DU
ALLANT PUISER DANS LE TALMUD SES JUDAÏSME ? CE NE SERAIT PAS UNE
PROPRES FONDEMENTS IDÉOLO¬ FAUTE, MAIS ON MANQUERAIT DE
GIQUES OFFICIELS" (G. VANNONI, op. PRÉCISION : LE JUDAÏSME EST LE
cit., pp. 45-46). GRAND-PÈRE DE LA MAÇONNERIE QUI A
Il est donc permis de conclure dès à présent POUR PÈRE LA RENAISSANCE, LE SIÈCLE
que LA FRANC-MAÇONNERIE EST UNE DES LUMIÈRES ET LA RÉFORME
SOCIÉTÉ D'ORIGINE TALMUDIQUE ! PROTESTANTE. Mais les influences du
La "Vérité Israélite", un magazine juif de Judaïsme sont très fortes dans l'Humanisme,
Paris, en 1861, résumait très bien les rapports dans le siècle des lumières et dans le
qui existent entre Judaïsme et Franc­ Protestantime" (Mgr E. JOUIN, Le péril judéo­
maçonnerie : "Ces rapports sont plus intimes maçonnique, tome II, Revue internationale des
que l'on ne pense. Le Judaïsme doit maintenir Societés Secrètes, Paris 1921, pp. 1-7).
pour la Franc-maçonnerie, d'une façon Autre auteur autorisé, Drumont écrit : "La lutte
générale, une sympathie vive et profonde (...) contre les croyances [des chrétiens]... a été la
[L'ESPRIT DE LA FRANC-MAÇONNERIE] persécution de trois religions voulant en
EST L'ESPRIT DU JUDAÏSME DANS SES opprimer une autre. Si les JUIFS, confondus
DOGMES FONDAMENTAUX, c'est son avec les FRANCS-MAÇONS, se distinguèrent
idéal, c'est son langage, c'est presque son par une haine spéciale contre Celui qu'ils avaient
organisation (...) Le Temple qui faut crucifié, s'ils furent à la tête du mouvement
construire, depuis que le sanctuaire de [révolutionnaire] (...) ils furent aidés par les

60
SODALITIUM : La question juive

PROTESTANTS [qui haïssaient l'Église et le aux sociétés secrètes, occultistes et cabalistes,


Vicaire de Christ]... qui leur sont antérieures, et en qui se retrouve
La Franc-maçonnerie est un ordre religieux l'élément juif" (Mgr E. JOUIN, op. cit., p. 7. -
en révolte (...). L'ORIGINE JUIVE DE LA Cf. aussi Mgr. H. DELASSUS, La Conjuration
FRANC-MAÇONNERIE EST MANI¬ antichrétienne, Lille 1910, Desclée, Tome II, pp.
FESTE.... OUVREZ N'IMPORTE QUEL 420 - 428 ; 564 - 577 ; 613 - 628 ; 675 - 688).
RITUEL ET TOUT VOUS PARLE DE LA
JUDÉE. Kadosch, le plus haut grade, veut dire LES JUIFS À L'ORIGINE DE LA FRANC-
Saint en Hébreu... MAÇONNERIE
SYMPATHIE ET TENDRESSE POUR
JÉRUSALEM ET SES REPRÉSENTANTS ; "Les Loges martinezistes furent mystiques,
HAINE POUR LE CHRIST ET LES tandis que les autres ordres de la Franc­
CHRÉTIENS : TOUTE LA MAÇONNERIE maçonnerie étaient plutôt rationalistes ; ce qui
EST LÀ. peut permettre de dire que les sociétés secrètes
(...) La Franc-maçonnerie fut une sorte de représentèrent les deux côtés de l'esprit juif : le
Judaïsme ouvert [aux païens]... d'agence, où rationalisme pratique et le panthéisme... qui
les Juifs fraternisèrent avec des gens qu'ils aboutit à la théurgie cabalistique.... Les Juifs
n'auraient pas voulu recevoir chez eux. purent être les bons agents des sociétés secrètes,
Abrité derrière cette machine de guerre qui parce que les doctrines de ces sociétés secrètes
le cachait, le Juif put accomplir le mal, sans s'accordaient avec leurs propres doctrines..." (B.
être responsable"... (E. DRUMONT, La LAZARE, op. cit., p. 167).
France Juive, Paris 1885, Marpon et Un magazine maçonnique des États-Unis
Flammarion ed., pp. 310 - 329) (2). écrivait : "L'auteur (de l'article, ndr) a souvent
noté comment un Juif, éduqué dans l'orthodoxie
LES JUIFS DANS LA PRÉPARATION DE juive, reçoit la lumière maçonnique. (...)
LA FRANC-MAÇONNERIE Quelques frères juifs qui viennent de l'Europe,
où la race juive est persécutée, trouvent la
Le témoignage du célèbre auteur juif James lumière et la liberté maçonnique si
Darmesteter est aussi très intéressant : "Le juif réconfortantes, qu'ils croient retrouver le
recherche les points les plus vulnérables de Judaïsme plus pur.... Mais la vraie raison pour
l'Église, et il a à son service - pour les pouvoir laquelle le juif instruit dans l'Écriture et dans le
découvrir - outre la connaissance des Livres Rituel de sa religion est familier avec les détails
saints, la sagacité de l'opprimé. C'est le docteur que lui offre la plus antique MAÇONNERIE est
de l'incrédule, tous les révoltés de l’esprit sont
venus à lui, dans l'ombre ou à ciel ouvert. Le F .˙. juif Sayer , premier grand maître de la
Il travaille dans le laboratoire immense du Grande Loge de Londres
blasphème... c'est lui qui forge tout cet arsenal
assassin de raisonnements et d'ironie qui
armera les sceptiques de la Renaissance et les
libertins ; et ce certain sarcasme de Voltaire
n'est que le dernier écho d'une parole
murmurée,... six siècles avant, dans l'ombre du
ghetto ou mieux encore aux temps de Celse et
d'Origène, au berceau même de la religion du
Christ" (J. DARMESTETER, Coup d'œil sur
l'histoire du peuple juif, Paris 1881).
De tous ces courants antichrétiens est
finalement née la Franc-maçonnerie, fille du
Paganisme de la Renaissance, du siècle des
lumières et du Libre Examen protestant, petit­
fils de la haine juive contre Notre-Seigneur
Jésus Christ et arrière-petit-fils de Lucifer. "La
Franc-maçonnerie moderne... se relie, non
seulement à la Franc-maçonnerie opéra¬
tionnelle où se sont infiltrés des membres
honoraires qui l'ont transformée en Franc­
maçonnerie spéculative, mais aussi aux sectes,

61
SODALITIUM : La question juive

que les cérémonies juives reproduisent LES LOGES MAÇONNIQUES, DANS LES
réellement tous les signes maçonniques, la GROUPES DE LA CHARBONNERIE, DANS
plus grande partie de nos symboles et une LA HAUTE VENTE ROMAINE, partout, en
grande partie de la phraséologie des degrés France, en Allemagne, en Suisse, en Autriche,
maçonniques" ("Square and Compasses", en Italie.
Nouvelle-Orléans, févr. 1921, p. 13). (...) Ils ont été parmi les fondateurs du
De même, le Père jésuite Caprile écrit : capitalisme industriel et financier et ils ont
"DANS LA FRANC-MAÇONNERIE protesté avec la véhémence la plus extrême
CONFLUÈRENT QUANTITÉ d'idées et contre ce capital. Ils furent de ceux qui
D'ÉLÉMENTS de courants... cabalistiques.... préparèrent le révolution par la pensée et de
PUISÉS AU JUDAÏSME. (...) L'année ceux qui la traduisirent en acte.
maçonnique s'obtient en ajoutant 4000 à l'an (...) Marx, descendant d'une lignée de
courant. LE RITE ÉCOSSAIS SUIT rabbins... hérita de toute la force logique de ses
L'ANNÉE JUIVE calculée en ajoutant à celle ancêtres ; il fut un talmudiste lucide et clair... qui
en cours le chiffre 3760"... (G. CAPRILE S.J., fit de la sociologie et appliqua ses qualités
Francs-maçons et Franc-maçonnerie, éd. La natives d'exégète à la critique de l'économie
Civiltà cattolica, Rome 1958, pp. 8 - 9). politique. Il fut animé de ce vieux matérialisme
Et encore, quand le docteur Isaac-M. Wise hébraïque qui rêva perpétuellement d'un paradis
(le nom en lui-même est indicateur) dit : "LA réalisé sur la terre... mais il ne fut pas qu'un
MAÇONNERIE EST UNE INSTITUTION logicien, il fut un aussi un révolté, un agitateur,
JUIVE, DONT HISTOIRE, LES un âpre polémiste et il pris son don du sarcasme
RÈGLEMENTS, LES DEVOIRS, LES MOTS et de l'invective,... aux sources juives" (B.
D'ORDRE ET LES EXPLICATIONS SONT LAZARE, op. cit., pp. 162 - 170).
JUIFS DU DÉBUT À LA FIN" ("The
Israelite", 3 et 17 août 1855), Mgr. Jouin peut DIRECTION JUIVE DE LA FRANC-
conclure : "LA FRANC-MAÇONNERIE EST MAÇONNERIE ?
UNE INSTITUTION MARQUÉE DEPUIS
SA NAISSANCE PAR UNE EMPREINTE Aujourd'hui plus que jamais la Franc­
JUIVE, AVEC SON DOUBLE CARACTÈRE maçonnerie est la maîtresse du monde, en tant
DÉICIDE ET SATANIQUE" (Mgr E. JOUIN, qu'elle est la "mobilisation des forces du mal qui
op. cit., p. 14). attaquent la société et la religion" (Mgr E.
L'affirmation à ce propos du journaliste JOUIN, op. cit., p. 85 - 87). L'idéal maçonnique
Bernard Lazare revêt un intérêt considérable : est donc "la suprématie de la raison sur la Foi, la
"IL ÉTAIT INÉVITABLE QUE LE JUIF Déclaration des droits de l'homme. C'est le libre
JOUÂT UN RÔLE DANS LES examen, la morale libre et indépendante, la
RÉVOLUTIONS : IL L'A JOUÉ. (...) Les liberté de conscience... qui débouche sur la
talmudistes furent à un moment des laïcisation de la société, en bref c'est le retour au
philosophes rationalistes. (...) Ces paganisme" (ibidem). L'IDÉAL FRANC-
rationalistes... du Xème au XVème siècle, jusqu'à MAÇON - idéal révolutionnaire et païen - EST
la Renaissance, furent les auxiliaires de ce OPPOSÉ A CELUI DU CATHOLIQUE.... DE
qu'on pourrait appeler la révolution générale LÀ LE VRAI BUT INTERNATIONAL DE LA
dans l'humanité. Ils aidèrent l'homme... à se FRANC-MAÇONNERIE : LA DESTRUCTION
débarrasser des liens religieux. DU CATHOLICISME.... LE MOT D'ORDRE
(...) En ce temps où le catholicisme et la Foi DE LA FRANC-MAÇONNERIE A ÉTÉ BIEN
chrétienne étaient le fondement des États, les RÉSUMÉ PAR TIGROTTO : "NOUS
combattre ou fournir des armes à ceux qui les CONSPIRONS SEULEMENT CONTRE
attaquaient, c'était faire oeuvre de ROME"... En France, le magazine [maçonnique]
révolutionnaire.... LES JUIFS.... APPUYȬ "L'acacia" appelle continuellement la Franc­
RENT LE MATÉRIALISME ARABE QUI maçonnerie : "la Contre-église, l'Église de
ÉBRANLA SI FORTEMENT LA FOI l'hérésie, c'est-à-dire de l'opinion ; l'Église de la
CHRÉTIENNE et répandit l'incrédulité, A CE libre-pensée et du libre l'examen" (Mgr E.
POINT QU'ON AFFIRMA L'EXISTENCE JOUIN, op. cit., pp. 85 - 90).
D'UNE SOCIÉTÉ SECRÈTE AYANT JURÉ Justement, en relation à l'inspiration juive de la
LA DESTRUCTION DU CHRISTIANISME. Franc-maçonnerie et à son asservissement aux
(...) LES JUIFS furent EN NOMBRE DANS buts de domination mondiale des Juifs,
LES SOCIÉTÉS SECRÈTES qui formèrent l'affirmation du franc-maçon Findel revêt un
l'armée combattante révolutionnaire, DANS intérêt spécial : "Un jour, je suis intervenu avec

62
SODALITIUM : La question juive

chaleur pour les Juifs, car ils me semblaient pas de nous. Un seul remède nous est donné :
être des opprimés. Maintenant j'ai compris que NOTRE CONVERSION : en effet LE
ce sont nos oppresseurs" (J-G FINDEL, JUDAÏSME DOMINANT EST LA PUNITION
Vermischte Schriften, t. II, p. 92 ; Leipzig DU CATHOLIQUE TIÈDE. Le Judaïsme
1902). pénètre dans la société dans la mesure où elle
Les Juifs utilisent les francs-maçons pour rejette le Règne social de Notre-Seigneur Jésus
déchaîner la Révolution dans toutes les Christ. "Plus vous rejetterez la pauvreté de
nations. Jésus Christ pour adorer le veau d'or, plus le juif
monopolisera la fortune publique et changera en
ANTAGONISME DE FINS ET IDENTITÉ banque nos plus beaux palais. Plus vous
DE TRAVAIL ENTRE FRANC- rejetterez la pureté de Jésus Christ, plus le Juif
MAÇONNERIE ET JUDAÏSME sèmera la corruption des mœurs.... Plus vous
rejetterez l'humilité de Jésus Christ, plus vous
"La RÉPUBLIQUE UNIVERSELLE, fruit exalterez l'homme... pour en faire un "dieu", plus
de la révolution sociale, est seulement l’avant­ de telles adulations vaines de la pensée humaine
dernier acte du drame maçonnique. Quel sera l'entoureront d'ignorance et de ténèbres.... LA
le dernier ? Le SUPER-GOUVERNEMENT CONVERSION EST LE SEUL REMÈDE.
JUIF. La ruine est accomplie, donc la Franc­ Faites rentrer Jésus Christ et le juif reculera, les
maçonnerie, qui est oeuvre de destruction marchands du Temple verront leurs tables
seulement, doit disparaître. (...) [En effet] renversées.... En un mot nous cessons de nous
l'antagonisme de la Franc-maçonnerie et du judaïser. Alors le Juif redeviendra le Juif errant
Judaïsme est irréductible. Les FRANCS- et il se renfermera dans les ghettos, en attendant
MAÇONS VEULENT LA RÉPUBLIQUE sa conversion sincère, le jour où nous
UNIVERSELLE COMME FIN DERNIÈRE, redeviendrons sincèrement catholiques" (Mgr E.
la fraternité, l'humanitarisme, le règne du JOUIN, op. cit., pp. 118 - 119).
peuple (…).
LES JUIFS VOIENT EN LA LA THÉOLOGIE DE LA FRANC-
RÉPUBLIQUE UNIVERSELLE SEULE¬ MAÇONNERIE EST CELLE DE LA
MENT LE TREMPLIN POUR DOMINER CABALE
LES NATIONS DÉCHUES.... ET ÉTABLIR
LE SUPER-GOUVERNEMENT D'ISRAEL, Le rabbin de Livourne Élie Benamozegh
basé sur une dictature, une autocratie, une admet l'identité entre les deux théologies ;
tyrannie inconnues... dans le passé. LE analysons maintenant plus en profondeur, en
TRAVAIL juif maçonnique est le même ; LE quoi celle-ci consiste.
BUT et l'idéal des Juifs et des francs-maçons "Les DOGMES DE LA FRANC-
sont opposés "per diametrum." MAÇONNERIE SONT CEUX DE LA
AINSI LE VRAI ENNEMI EST LE JUIF... CABALE, et en particulier ceux du livre 'Zohar'.
[dans l'Histoire] on se trouve devant deux Ce fait n'est avoué dans aucun document
cités : celle de Dieu et celle de Satan, depuis maçonnique. C'est un des grands secrets que les
vingt siècles la cité de Dieu est l'Église Juifs ont su garder pour eux-mêmes. (...)
catholique et la cité du mal, c'est le peuple juif, L'enseignement de la doctrine maçonnique est
peuple international, répandu sur toute la terre. voilé... sous trois "décors" et sept "emblèmes",
Ici la lutte éternelle du bien et du mal, de qui sont dérivés de l'invisible autorité suprême
Christ et de Satan, se joue entre le peuple de la Franc-maçonnerie comme les trois
catholique et le peuple juif" (Mgr JOUIN, op. 'Sefiroth' supérieurs et les sept inférieurs
cit., pp. 100 - 116). émanent de l'inscrutable 'Ensoph' de la Cabale.
(...) Selon la Franc-maçonnerie cabalistique, le
QUE FAIRE ? triangle équilatéral est un emblème de la Trinité
infinie... dont l'homme est une émanation finie.
Après tout ce qui a été dit, quels remèdes ... Les trois points (.˙.) représentent une forme
peut-on envisager ? limitée... de l'être infini qui est représenté par le
Certainement pas les pogroms. triangle en lignes (Δ). Les points que les francs­
Ni le ghetto (la Chrétienté médiévale est loin maçons ajoutent à leur nom sont une profession
maintenant dans laquelle, comme disait Léon de foi ; ils expriment par là leur croyance au
XIII "la philosophie de l'Évangile gouvernait dogme fondamental... de leur Ordre, que
les États") ; la conversion des Juifs est un L'HOMME EST UNE ÉMANATION
mystère de la Foi dont la réalisation ne dépend INDIVIDUELLE DE LA DIVINITÉ, ET

63
SODALITIUM : La question juive

PARTANT, DIVIN LUI MÊME : ... ils se de Jésus-Christ [mais "les portes de l'enfer ne
rendent coupables d'une audacieuse déification prévaudront pas" définitivement, ndr"] (Mgr N.
de l'homme" (Mgr MEURIN, La Franc­ DESCHAMPS, Les sociétés secrètes et la
maçonnerie, Synagogue de Satan, Sienne société, Avignon 1881, Seguin éd., tome Ier, pp.
1895, Bureau de la bibliothèque du clergé, pp. CI - CVII).
17 - 18).
Pour les cabalistes, l' 'Ensoph' (l'infini : en =
sans ; soph = limite) était plutôt l'indeterminé
que l'infini, la puissance pure ou matière BUT DE LA CABALE ET DE LA FRANC-
première (la 'materia matrix', comme MAÇONNERIE
l'appellera Teilhard), que l'acte pur. De lui
émane nécessairement l'individu qui est ainsi "Beaucoup ne le croiraient pas - écrit le Père
de sa substance "divine" même. Comme on Caprile - pourtant comme but ultime de son
voit, une telle conception est le activité... la Franc-maçonnerie se propose la
PANTHÉISME qui est la négation de la domination du monde et de la société, en
différence essentielle entre Dieu et l'univers, éliminant et - s'il était possible - en détruisant
c'est la déification de la créature, c'est l'Église et la Religion catholique" (G. CAPRILE,
l'ancienne tentation démoniaque qui répète à op. cit., p. 15).
l'homme: "Vous serez comme Dieu" (Gen., III, Le but de la Franc-maçonnerie est la
5). République universelle et la Franc-maçonnerie
"L'idée de Dieu est la plénitude infinie de est une institution juive. "Imbue de la
toutes les perfections possibles. L'idée de l' philosophie cabalistique, LA FRANC-
'Ensoph' cabalistique est le vide absolu... un MAÇONNERIE N'EST-ELLE PAS ÉTABLIE ­
zéro parfait, le néant infini. ... Dieu est l'être se demande Mgr Meurin - POUR ÊTRE
suprême ; l’ 'Ensoph' est une abstraction L'INSTRUMENT DU PEUPLE JUIF ?...
purement mentale, une idole imaginaire L'Homme archétype, l'homme par excellence, le
sottement adorée par les juifs cabalistiques et modèle de tous les hommes, c'est le Juif !...
les francs-maçons comme cause première" Carlile, une autorité maçonnique, continue Mgr
(Mgr MEURIN, op. cit., p. 44). Meurin, donne la définition suivante du nom de
Juif : "Le sens original du nom... de Juif était
LES DROITS DE L'HOMME celui d'un homme sage et parfait.... Le mot a la
REMPLACENT CEUX DE DIEU même signification que Jahvé ; littéralement
c'est le Dieu de l'Homme" ("Manual of
La création est donc une émanation de Freemasonry", p. 177)... L'Homme parfait est
l'indéterminé ; une telle doctrine peut être donc le Juif" (Mgr MEURIN, op. cit., pp. 84 ­
appelée déification ou culte de l'homme ou 86).
anthropomorphisme de Dieu. "Mettre les Le franc-maçon donc, quand il parle de
droits de l'homme à la place de la loi divine, perfectionnement éthique de l'homme, parle de
établir le règne de l'humanité à la place de judaïsation de l'humanité.
celui du Créateur, c'est-là le but suprême des Du côté juif, le Judaïsme religion n'a pas
sociétés secrètes.... Les sectes, pour réaliser ce compris le sens spirituel de sa vocation et il a
but, s'acharnent contre l'Église catholique... ce cru que le Royaume du Messie serait un
qu'elles veulent frapper, c'est le Siège Romain, royaume temporel et matériel dans lequel le Juif
qui fait que l'Église catholique ne pourra serait le grand maître suprême de tout l'univers
jamais s'abaisser à devenir une église nationale (des noachides, comme l'explique Benamozegh).
comme l'orthodoxe ou l'anglicane, mais restera POUR LE JUIF, donc, LA RELIGION EST
toujours universelle. (...) Corrompre l'Église, L'ASPIRATION À LA DOMINATION
transformer le catholicisme... est le rêve [des UNIVERSELLE.
sectes]... "ce qu'il nous faudrait donc, c'est un Dans la Franc-maçonnerie, les profanes sont
pape selon nos besoins" [écrivait le chef de la judaïsés, ils deviennent noachides ou "fidèles de
Haute-Vente, cité par CRÉTINEAU-JOLY, la porte", et ils deviennent les fidèles du prêtre
L'Eglise Romaine en face de la Révolution, T. suprême de l'humanité : le Juif. La Cabale a
II, pp. 85 - 88, ndr]... si de pareils dessins tenté depuis la naissance de l'Église de la
pouvaient se réaliser [et malheureusement judaïser par le Gnosticisme "qui était la Cabale
avec Vatican II, ils se sont réalisés, ndr] la juive adaptée à une fin spéciale, celle de
Révolution serait vraiment maîtresse du s'infiltrer dans le Christianisme naissant pour le
monde et le Règne de Satan remplacerait celui détruire. Ecraser l'infâme hérésie du Nazaréen a

64
SODALITIUM : La question juive

toujours été le plus ardent et haineux désir des FRANC-MAÇONNERIE ET NOUS


Juifs déchus. (...) Comme leurs pères avaient TROUVERONS PARTOUT LE JUIF.... Les
déchiré le Corps de Jésus-Christ avec leurs décors et les enseignements de la loge prouvent
fouets sanglants, ainsi les juifs des premiers que LA CABALE JUIVE EST LA DOCTRINE,
siècles ont tâché, par la Gnose, de mettre en L'ÂME, LA BASE ET LA FORCE OCCULTE
lambeaux sa Personne et sa Nature divine (...) DE LA FRANC-MAÇONNERIE" (Mgr
N'ayant pas réussi du premier coup dans cette MEURIN, op. cit., pp. 173 - 174). Nous savons
oeuvre diabolique, nonobstant l'alliance de leur que les cabalistes ont transformé l'homme-Dieu,
Synagogue avec l'hérésie, ils persévérèrent le Verbe incarné, en une émanation de l'
avec une ténacité inouïe à attaquer le dogme 'Ensoph' et au contraire, ils ont fait du juif Dieu
chrétien en créant toujours de nouvelles sectes, même ; ajoutons donc au déicide le péché
filles de la Cabale ; et ils finirent par associer satanique de se faire "dieu", et nous
au venin dissolvant de leur doctrine comprendrons la colère et la haine abyssale du
cabalistique, la ruse et la violence des passions juif cabaliste contre Notre-Seigneur Jésus Christ
humaines : LES JUIFS CRÉÈRENT LA et son Église et l'activité fiévreuse qu'il met à
MAÇONNERIE, L'ALLIANCE DE LA détruire tout ce qui s'oppose à son ambition et à
SYNAGOGUE DÉCHUE AVEC UN ORDRE reconstruire le Temple de Salomon, symbole de
DÉCHU DE CHEVALERIE RELIGIEUSE. À son super-gouvernement mondial. Le Juif se sert
LA HAINE DE SATAN ET DU JUIF SE du franc-maçon comme d'un fidèle laïque dans
JOIGNIT CELLE DE L'APOSTAT. cette oeuvre double de "solvere et coagulare".
L'ENFER, LA SYNAGOGUE ET Les Juifs sont l'âme de la Franc-maçonnerie et
L'APOSTASIE, LIGUÉS ENSEMBLE les "chrétiens" révolutionnaires ne sont que des
CONTRE LE SEIGNEUR ET SON CHRIST, marionnettes dans leurs mains.
VOILÀ L'HISTOIRE DU MONDE DEPUIS "L'enfer a déchaîné... les erreurs funestes du
DES SIÈCLES ET DES SIÈCLES" (Mgr Paganisme autrefois vaincu ; il a appelé sous son
MEURIN, op. cit., pp. 113 - 114). drapeau la haine antique de la Synagogue
Si nous considérons que la Franc­ déchue et l'audace exaspérée du peuple déicide...
maçonnerie a comme parents prochains le il a enrôlé dans son armée toutes les passions
Paganisme de la Renaissance et le Libre violentes de l'humanité viciée (...). Toutes ces
Examen de la Réforme protestante, au-delà du forces, l'Enfer les a organisées et les dirige
philosophisme des Lumières, il est naturel et contre l'Église de Christ (...). Le Paganisme, le
logique de conclure que "Personne n'avait Judaïsme, l'apostasie, les vices et les passions,
intérêt à raviver l'ancien Paganisme ; le sous la suprême direction de Lucifer, montent
Christianisme l'avait remplacé de la manière la ensemble à l'assaut de l'Église (...). L'Épouse du
plus avantageuse. Il n'y avait plus de païens Sauveur est accoutumée à vaincre par la
tenant aux croyances de leurs ancêtres. Les souffrance. La Franc-maçonnerie, cette nouvelle
Juifs seuls avaient intérêt à s'opposer à Synagogue de Satan sera, comme l'antique
l'affermissement et au libre développement de Synagogue, vaincue par la Croix.
la civilisation chrétienne" (Mgr MEURIN, op. (...) Le peuple d'Israël, qu'il est grand et
cit., p. 142). majestueux tant qu'il marche avec le Seigneur,
mais qu'il est terrible et horrible dans sa haine
LES JUIFS MAÎTRES DANS LA FRANC- contre son Messie qu'il a méconnu et tué sur la
MAÇONNERIE Croix ! S'il voulait seulement s'élever du sens
matériel de ses Livres saints au sens spirituel, il
"Hiram,... le grand héros de la fable serait sauvé.... Mais il ne le veut pas. Son
maçonnique était donc issu d'un mariage mixte aveuglement est volontaire... l'orgueil en est
entre un Caïnite et une Adamite. Son père était l'explication. (...) L'orgueil d'une grande
Tyrien, de la race de Cham, de Caïn, et intelligence préfère mille fois souffrir que de
partant, selon la fable... des maçons un s'abaisser et reconnaître son erreur. Aussitôt qu'il
descendant d'Eblis,... qui, sous la forme du s'humilie devant Dieu, le Juif voit : "il tombe de
serpent, avait séduit Ève. Sa mère était de la ses yeux comme des écailles" (Actes IX, 18)...
tribu de Nephtali, et partant descendante de Pourquoi donc les Juifs ne voient-ils pas la
Sem, de Seth et d'Adam. Ce mariage mixte vérité ? Pourquoi - orgueilleusement - la
dont est issu le héros de la Franc-maçonnerie cherchent-ils dans une Cabale foncièrement
est le symbole de l'alliance entre le Juif et antirationnelle et ouvertement satanique ?
Satan dont est issue la société secrète. (...) N'espérez pas, ô Juifs, pouvoir échapper à la
EXAMINONS LES DOCTRINES.... DE LA calamité qui vous menace encore une fois !

65
SODALITIUM : La question juive

Votre nation déicide est dans ce moment chrétienne, égale à celle que nous retrouvons
arrivée à une de ces apogées de pouvoir... qui dans la Franc-maçonnerie.
doit aboutir, comme toujours, à un grand La situation conflictuelle des communautés
malheur national. Le jour qui vous écrasera juives à l'intérieur d'autres nations fut donc
sera la veille d'une expansion vitale de particulièrement vive dans les pays chrétiens. Le
l'Église, votre victime, telle que l'Histoire n'en Magistère pontifical, pour sa part, conseillait la
a jamais vue. Vos prophètes le lui ont promis" prudence dans les rapports avec les Juifs, tout en
! (Mgr MEURIN, op. cit., pp. 414 - 415). condamnant la haine raciale fermement ;
pendant que les Juifs, comme nous avons vu
JUDAÏSME ET FRANC-MAÇONNERIE plus haut, constatant le triomphe de la Religion
(ARGUMENTS DE RAISON) fondée par Jésus Christ, leur victime,
nourrissaient une haine toujours plus profonde.
Avec la destruction de Jérusalem et leur
dispersion (135 ap. J-C.) les Juifs ont voulu
emporter avec soi leur patrie, les dispersés ne CONSTITUTION DES COMMUNAUTÉS
se sont pas séparés les uns des autres, n'ont pas JUIVES EN SOCIÉTÉS SECRÈTES ET
cherché à se fondre avec la nation qui les LEUR ÉVOLUTION DE DÉFENSIVES EN
recevait, ils n'ont pas voulu perdre leur OFFENSIVES
caractère d'étrangers. Ils se sont groupés donc,
où qu'ils allaient, en petites agglomérations qui Les sociétés secrètes, c'est-à-dire celles
constituaient de vraies nations dans la nation. auxquelles on tient son appartenance secrète aux
De cette situation anormale, naissait étrangers, naissent normalement quand un
inévitablement une méfiance réciproque entre groupe de gens se trouvant vivre dans un État
hôte et peuple d'accueil. L'hostilité, engendrée hostile, ressent la nécessité de se réunir de façon
par des intérêts opposés, suivit bientôt une cachée dans un but défensif et de tenir secrètes
telle méfiance. "Il a dû s'établir entre les leurs délibérations.
envahis et les envahisseurs,... un régime de A partir de la Diaspora, les communautés
lutte analogue... à celui qui existe entre certain juives en viennent à se trouver dans une
insecte parasite et l'animal sur le corps duquel situation analogue, spécialement parmi les
il s'installe. Celui-ci se défend comme il peut ­ populations chrétiennes : ils n'acceptent pas le
écrit Copin Albancelli chez qui puiserait droit commun des peuples d'accueil et pour
librement dans cette partie de l'article - ... Il éviter soit l'expulsion soit l'intégration, donnent
éprouve le besoin d'expulser l'intrus. Le vie à des sociétés secrètes "défensives".
parasite, au contraire, ne veut pas être chassé. Cependant une telle nécessité, ils ne la subissent
(...) Plutôt que de s'en aller, IL SE CACHE" pas "ab extrinseco" ; c'est au contraire l'effet du
(COPIN ALBANCELLI, La conjuration juive libre choix de rester une nation (juive) à
contre le monde chrétien, Paris 1909, La l'intérieur de la nation d'accueil.
Renaissance Française éd., p. 302). "Mais - se demande Copin Albancelli - n'est-ce
Nous lisons en outre dans les Actes des pas la loi de la vie que les choses commençantes
Apôtres que, après la mort de Notre Seigneur soient imparfaites ? Et dès lors que ces
Jésus Christ, le Judaïsme religion a persévéré embryons existaient, n'est-ce pas par une marche
dans son refus et dans sa haine du Christ. C'est naturelle et presque invincible encore qu'ils
une donnée de fait évidente et incontestable, devaient être les germes de ces autres sociétés
car la religion juive post-chrétienne a maintenu secrètes plus perfides ?...
ses idées religieuses d'un messianisme terrestre Sociétés secrètes purement défensives et
et matériel qui sont en opposition totale avec la purement juives ; voilà donc, nous allons le voir,
Religion chrétienne. D'autre part, le Juif doit le point de départ de la future Franc-
admettre l'expansion universelle de l'Église du Maçonnerie" (COPIN ALBANCELLI, op. cit.,
Christ. La Religion catholique a généré une pp. 310 - 311).
civilisation, et c'est contre cette civilisation et Avec l'affermissement et l'expansion du
cette Religion que lutte le judaïsme. Et même, Christianisme, il était nécessaire pour le
plus la Religion chrétienne se répand et plus Judaïsme - sous peine de jeter l'éponge et se
augmente la haine des Juifs qui ont crucifié le déclarer vaincu par Jésus Christ - d'attaquer la
fondateur de cette Religion. C'est cette Religion chrétienne, pas ouvertement mais en
situation qui fait se développer, dans le peuple secret, par l'astuce, le mensonge et la fraude ;
juif, qui ne se rend pas, une haine si c'était fatal pour un peuple qui, désarmé et
implacable contre l'Église et la Société dispersé au milieu des autres peuples, prétendait

66
SODALITIUM : La question juive

rester complètement indépendant. juive et au Judaïsme-religion constituent une


nation.
Il est vrai aussi que depuis 1948, les Juifs ont
Intérieur de la loge maçonnique “Hajnal” de un État territorial, mais il est vrai également
Budapest qu'on peut correctement parler de nation juive,
parce que depuis toujours les Juifs considèrent
comme leur patrie le monde entier, dont, selon la
religion talmudique, il se considèrent comme les
seigneurs. (3)

LE GOUVERNEMENT NATIONAL
HÉBRAÏQUE

On objecte qu'il ne peut pas exister un


gouvernement national juif : en effet une nation
existe seulement quand il y a un gouvernement
qui unit les intérêts de ceux qui habitent un
territoire donné, tandis que l'on constate qu'il n'y
a pas de gouvernement unique pour les Juifs
répandus dans le monde entier. On peut
répondre aisément avec l'exemple de l'histoire,
que la visibilité n'est pas une condition
fondamentale et que l'absence apparente d'un
gouvernement ne signifie pas nécessairement
qu'il n'existe pas. Il est connu maintenant que la
Franc-maçonnerie a fait le Risorgimento et a
gouverné l'Italie depuis 1870 (4) : en apparence,
le gouvernement maçonnique ne se voyait pas,
mais ce n'est pas pour cela qu'il n'existait pas ;
au contraire, comme l'affirmait le premier
Les Juifs, pour pouvoir acquérir une ministre anglais Benjamin Disraëli, franc-maçon
situation de supériorité, furent obligés et Juif : "Le monde est gouverné par de tous
d'observer et étudier les défauts, les passions et autres personnages que ne se l'imaginent ceux
les vices des chrétiens, aussi par le moyen de dont l'œil ne plonge pas derrière les coulisses"
l'espionnage et du chantage : ils réussirent (B. DISRAELI, Coningsby, Paris 1884, p. 184).
ainsi à tirer avantage et à imposer leurs Si on examine l'histoire du peuple juif, on doit
conditions. "On retrouve cette aptitude non constater que, malgré vingt siècles de dispersion,
seulement dans la plupart des individus c'est le seul au monde à avoir conservé son culte
appartenant à la race juive, mais aussi dans propre, son idéal religieux et national propre, la
l'institution maçonnique qui est même communauté d'intérêts : il faut en déduire
remarquablement habile à jouer des défauts de qu'il existe un gouvernement national juif - c'est­
ses adversaires, en particulier de leur vanité" à-dire une autorité - qui maintient depuis deux­
[attention aux flatteurs ! Ndr]. (COPIN mille ans, dans le monde entier, l'unité des Juifs
ALBANCELLI, op. cit., p. 315). dispersés. (Nous pouvons facilement être
Mystère d'iniquité, qui se perpétue dans conduits à l'erreur sur ce sujet, car nous sommes
l'histoire, du "non serviam" au baiser de Judas, habitués à voir un gouvernement seulement là où
que le Judaïsme-religion devait redonner il y a unité territoriale.
incessamment à la Chrétienté, en toutes les Dès lors, en dépit des apparences, nous devons
époques. convenir qu'un gouvernement juif existe : et ceci
parce qu'il existe un peuple, le Juif, qui a une
LA NATION HÉBRAÏQUE communauté d'idéaux et d'intérêts ("sine causa
ullo effectu"). La Maçonnerie non plus n'a pas
Existe-t-il seulement une race et un religion d'autre patrie que le monde, et cependant il serait
juives, ou y-a-t-il aussi une nation juive ? Si sot de dire qu'elle n'a pas de gouvernement ;
une nation fournit à la race une communauté celui-ci est spécial, en ce qu'il est occulte, mais
d'intérêts et un idéal particulier, alors on peut c'est toujours un gouvernement. "Il n'y a point de
affirmer que les hommes appartenant à la race corps sans tête, point de société sans

67
SODALITIUM : La question juive

gouvernement, point d'armée sans général, Le gouvernement hébreu au moment de la


point de peuple sans pouvoir public. L'axiome chute de Jérusalem (70 ap. J.C.), était exercé par
romain "Tolle unum est turba, adde unum est le Grand Sanhédrin. "Il y n'avait rien de plus
populus" a ici sa pleine justification : sans grand dans l'ancienne république des Hébreux
pouvoir directeur [juif], la maçonnerie serait qui le Sanhédrin. Il formait le Conseil Suprême
une foule plus ou moins affolée par quelques de la nation. (...) Véritable assemblée
idées subversives, mais qui se désagrégerait souveraine, le Sanhédrin avait, dans les derniers
d'elle-même au lieu d'être la maîtresse du temps de la nationalité juive, remplacé la
monde" (PIERRE VIRION, Bientôt un monarchie : aussi son autorité était-elle
gouvernement mondial ? Téqui éd., Paris considérable, tout à la fois doctrinale, judiciaire,
1967, p. 218). administrative. Il interprétait la Loi. Il jugeait les
causes majeures.... il était composé de 71
LE GOUVERNEMENT NATIONAL JUIF membres, les présidents compris" (J. LÉMANN,
EST UN GOUVERNEMENT OCCULTE Napoléon Ier et les Israélites, Avallon, 1988,
COMME CELUI DE LA FRANC- p.37).
MAÇONNERIE
b) Les Patriarches de la Judée.
Si le gouvernement de la nation juive (= le Après la dispersion, on s'imagine que le peuple
monde) ne se voit pas mais existe, parce hébreu, éparpillé dans le monde, cessa d'exister
qu’autrement on ne s'expliquerait pas l'unité comme peuple en n'ayant plus ni patrie ni
d'intentions et d'intérêts depuis deux-mille ans, gouvernement. Nous avons vu au contraire que
cela signifie qu'il est occulte, exactement le peuple hébreu n'a pas disparu, mais qu'il a
comme celui de la Franc-maçonnerie. maintenu son unité d'idéaux politico-religieux,
On a déjà dit comment les communautés qu'il a une patrie et donc un gouvernement.
juives, du fait des conditions spéciales dans Le Sanhédrin a-t-il donc aussi survécu d'une
lesquelles elles s'étaient trouvées, manière quelconque, ou s'est-il transformé en
s'organisèrent en sociétés secrètes défensives quelque chose d'autre ? Avec la ruine de
et offensives et comment le Judaïsme "ex Jérusalem sous Titus (70 ap. J.C.), commença la
natura rerum" a fait du secret sa seconde première grande dispersion des Juifs dans le
nature, qui fait qu’il a dû se gouverner monde. La seconde eut lieu sous Adrien (135 ap.
secrètement. J.C.). A partir de cette époque, les Juifs furent
Il se pose ici une question apparemment chassés définitivement de Jérusalem et de la
insoluble : comment une société secrète juive Palestine ; ceux qui ne furent pas tués par les
a-t-elle pu gouverner la masse de la nation soldats de Titus, se réfugièrent en différentes
juive répandue dans le monde entier sans se régions de l'Europe et de l'Asie.
laisser apercevoir ? En réalité elle y a réussi Quelques groupes se fixèrent en Egypte, en
parce qu'existe encore le Judaïsme qui, après le Italie et en Espagne (Juifs d'Occident). Selon
Diaspora, pouvait seulement ou se gouverner quelques spécialistes, leur chef résidait en
secrètement pour survivre comme race, nation Palestine, à Safné ou à Tibériade et était appelé
et religion, ou disparaître. (5) le PATRIARCHE DE LA JUDÉE (cf. ABBÉ
CHABANTY, Les juifs nos maîtres, 1882). Il
TRACES HISTORIQUES DU GOUVER¬ agissait secrètement ou même à découvert, selon
NEMENT NATIONAL JUIF les dispositions des empereurs romains envers
les Juifs. A partir de 429, quand l'empereur
I - DU 130 ap. J.C. AU XI SIÈCLE Théodose le jeune interdit au Patriarche de la
Judée de percevoir les impôts de ses
a) Le Grand Sinedrio. compatriotes, ce qui signifiait que l'empereur ne
Au moment de la Diaspora (135 ap. J.C.), le reconnaissait pas d'autorité à son gouvernement,
peuple juif se trouvait dans des conditions il n'y a plus de trace des "Patriarches de la
normales : c'est-à-dire qu'il avait un Judée" dans l'histoire. Donc ce gouvernement
gouvernement visible comme tous les autres des Patriarches fut contraint de se transformer
peuples. Ce fut seulement quand il fut dispersé peu à peu en gouvernement complètement
parmi les païens qu'il fut contraint de réaliser occulte, sous peine de disparaître.
une forme de gouvernement adaptée à une
situation extraordinaire de dispersion, pour c) Les Princes de la captivité ou de l'exil
pouvoir maintenir son unité de buts et Mais il y avait une autre partie du peuple juif,
d'idéaux. sortie de la Palestine après la destruction de

68
SODALITIUM : La question juive

Jérusalem, qui se rendit dans les pays du nord grand nombres, vinrent en occident, jusqu'en
et de l'est : Syrie, Arménie, Géorgie, France et en Espagne. À partir du XIème siècle,
Babylone et Perse. Selon les rabbins, ce fut l'histoire ne nous parle plus des "Princes de
l'élite de la nation appelée "les Juifs d'Orient" l'exil" ; peut-être ce fait indique-t-il qu'ils
et on croit que le "Patriarche de la Palestine" disparurent réellement et que les Juifs restèrent
fût un pouvoir secondaire soumis à cette élite, sans gouvernement ? Si l'on regarde seulement
dont les chefs étaient appelés PRINCES DE l'histoire "extérieure", on devrait répondre par
LA CAPTIVITÉ OU DE L'EXIL. Selon les l’affirmative, mais nous savons que le Judaïsme
historiens juifs, les "Patriarches de la Judée" s'était structuré en forme de société secrète et
étaient les lieutenants des "Princes de l'exil", qu'il a donc très bien pu continuer à être
qui avaient l'autorité de chefs absolus sur toute gouverné secrètement depuis le XIème siècle
la Diaspora et dont on dit que la demeure jusqu'à nos jours.
habituelle se trouvait à Babylone. Ils Dans le départ de Babylone pour l'occident, on
exerçaient leur juridiction sur les Juifs de peut remarquer une sorte de rapprochement du
l'Occident par les "Patriarches de la Judée", pouvoir occulte juif de Rome, où résidait le
tandis que sur les Juifs de l'est, ils l'exercèrent Vicaire de l'ennemi mortel du judaïsme­
directement et publiquement, du IIIème au XIème religion, Jésus Christ. Nécessairement, les
siècle. réfugiés s'unirent aux Juifs des colonies juives
S. Jérôme lui-même, qui au IVème siècle préexistantes et le Judaïsme, pour éviter
habitait en Judée, nous dit que dans ce temps il l'absorption, s'organisa avec un gouvernement
n’y avait presque plus de docteurs en Palestine plus occulte encore et définitivement structuré
et que le pouvoir suprême du Judaïsme avait en société secrète.
son siège à Babylone.
Selon le rabbin converti Drach, de la L'ACTION JUDÉO-MAÇONNIQUE DANS
Diaspora jusqu'au XIème siècle, les plus hauts LA CONFRONTATION AU CHRISTI¬
chefs de la nation juive étaient choisis parmi ANISME
les docteurs de la Loi. Les talmudistes
d'aujourd'hui se basent sur cette succession Le cardinal Caro († 1958), Archevêque de
ininterrompue de docteurs, pour affirmer Santiago et Primat du Chili affirme : "Il est hors
qu'Israël a toujours eu de vrais docteurs de la de doute que l'action de la Franc-maçonnerie
Loi et qu'il n'a pas cessé d'avoir pour guide un contre la Sainte Église catholique n'est autre que
vrai pouvoir spirituel légitime... "Selon les la continuation de la guerre au Christ pratiqué
auteurs de la Ghémara de Babylone, les par le Judaïsme depuis mille neuf cents ans
princes de la captivité étaient les légitimes jusqu’à aujourd'hui. Une lutte terrible, en ce
continuateurs et détenteurs de la puissance qu'elle est basée sur le SECRET, la duperie et
souveraine concentrée autrefois dans la tribu l'hypocrisie.... n'oublions pas que le Judaïsme est
de Juda.... Donc il y avait au VIème siècle, à le plus implacable... ennemi du Christianisme...
Babylone, auprès des Princes de la Captivité, la haine du Christianisme et de la Personne du
de véritables docteurs de la loi, comme dans le Christ a une histoire lointaine et elle ne peut pas
passé à Jérusalem, auprès du Grand Prêtre. (...) être regardée et justifiée comme résultat d'une
Le pouvoir de Jérusalem s'était perpétué dans persécution ; elle forme par contre un tout avec
celui de Babylone" (COPIN ALBANCELLI, la tradition rabbinique, qui a ses origines en une
op. cit., p. 350) (6). époque très antérieure à celle dans laquelle
Il existe donc des traces historiques de éventuellement se vérifia une persécution
l'existence du gouvernement auquel obéissait quelconque de Juifs de la part des chrétiens" (J.
la nation juive éparpillée dans le monde entier MARIA CARO, El misterio de la masoneria,
et celles-ci montrent qu'entre le gouvernement Diffusione editoriale, Buenos Aires 1954, pp.
visible et l'occulte, il y en eut un de transition. 267 - 268).
Maurice Pinay, de son côté, ajoute : "La lutte
II - DU XIème SIÈCLE À NOS JOURS séculaire entreprise par notre Sainte Mère
l'Église catholique contre l'aberration juive... n'a
A partir du XIème siècle, les califes orientaux, pas été causée... par l'intolérance catholique.
effrayés par la puissance des "Princes de C’est au contraire l'incommensurable
l'exil", devinrent ennemis des Juifs et mirent à méchanceté des juifs qui a imposé l'adoption de
mort leur chef Ezéchias (1005 ap. J.C.). Les mesures défensives, vue la mortelle menace pour
Juifs quittèrent Babylone et quelques-uns se la Chrétienté représentée par une pareille
réfugièrent en Arabie ; les autres, en plus religion. ... Les Juifs prétendent imposer aux

69
SODALITIUM : La question juive

catholiques cette thèse : combattre le judaïsme tendez-vous la main. Tel est donc
est illicite. Il est clair que... le combattre n'est l'accommodement que propose, au XVIIIème
pas seulement quelque chose de juste, mais un siècle, le philosophisme, et par sa bonhomie, il
devoir" (M. PINAY, Complot contre l'Église, subjugue et il trompe.... il est aisé de
Tip. Detti, Rome 1962, pp. 151 - 152). comprendre combien pareil système allait
favoriser le Judaïsme. Une voix - la même qui
LE JUDAÏSME RELIGION EST UNE parla à Ève dans le Paradis terrestre... - lui dira :
SECTE SECRÈTE n'avez vous pas entendu ? TOUTES LES
RELIGIONS SONT BONNES ! Mais alors, il y
"Le problème de la RELIGION JUIVE n'a plus de raison pour qu'on vous retienne à
MODERNE EST qu'il s'agit d'UNE l'écart, à cause de votre religion, qui est bonne
RELIGION SECRÈTE. Les juifs en effet, comme les autres. Reprends courage, Israël, le
après la Crucifixion du Seigneur, occultèrent philosophisme est émancipateur comme Moïse"
pendant des siècles leurs doctrines et leurs (...).
rites. Pourquoi ? Le pourquoi en est clair : La seconde maxime est celle-ci : "LES JUIFS
parce que leurs doctrines et leurs rites SONT DES HOMMES COMME LES
représentaient une menace pour les autres AUTRES"... Là encore, il est aisé de
hommes. De ceci la nécessité de maintenir le comprendre combien la nouvelle morale sociale
secret. (...) Un texte talmudique dit : "Faire allait favoriser les Juifs. La même voix [du
part de quelque chose de notre Loi à un serpent] leur dira : "Puisque vous êtes des
'gentil', équivaut à la mort de tous les Juifs, hommes comme les autres, entrez dans la lice. À
parce que si les 'Goyim' venaient connaître ce vous... toutes les carrières, à vous les honneurs
que nous enseignons en ce qui les regardent, et le pouvoir... ".
ils nous extermineraient sans aucun doute" En résumé, quel est le résultat que veut
(Divre en Dav, fol. 37). atteindre le philosophisme ? Celui-ci :... pousser
LE MENSONGE a toujours été L'ARME tous les hommes à former un nouvel ordre social
PRINCIPALE DE CELLE A QUI NOTRE- où tous seront égaux et libres, sans qu'il soit tenu
SEIGNEUR A DONNÉ POUR NOM, depuis aucun compte - à l'avenir - de la dignité de
lors, LA SYNAGOGUE DE SATAN" (M. chrétien. LA DIGNITÉ D'HOMME, UNI¬
PINAY, op. cit., pp. 155 - 156). QUEMENT LA DIGNITÉ D'HOMME, TELLE
SERA LA CONDITION D'INTRODUCTION
LE SIÈCLE DES LUMIÈRES, LE DANS LA SOCIÉTÉ NOUVELLE.
JUDAÏSME ET LA FRANC-MAÇON¬ ... À mes yeux il n'y a plus ni dignité de
NERIE chrétiens ni indignité de juifs. ... UN PAREIL
PLAN NE POUVAIT SORTIR QUE DE
Depuis le XVIIIème siècle, selon le Juif L'ENFER.
converti Lémann, on assiste à la glorification Les fauteurs d'une NOUVELLE SOCIÉTÉ
du judaïsme : "... Dans quel but ? [L'Enfer] EXCLUSIVEMENT HUMANITAIRE [la
tâchera de pervertir les restes indestructibles nouvelle chrétienté de Maritain et de Dignitatis
d'Israël, de les rendre impropres aux dessins de Humanae, ndr]... doivent être distribués en deux
Dieu [qui veut la conversion et non la mort du catégories : la masse des chrétiens dégénérés...
pécheur, ndr] par la corruption : de la sorte, et une petite troupe de juifs avancés.
leur conversion sera rendue impossible.... LA MASSE DES CHRÉTIENS DÉGɬ
Deux grands courants d'idées,... seront les NÉRÉS, voilà les premiers fauteurs de cette
moyens d'exécution d'un tel plan : le société humanitaire où vont se préparer
Protestantisme et les Lumières... simultanément la décadence des populations
Le philosophisme du siècle des lumières chrétiennes et la prépondérance de la race juive.
cherchera à désorganiser la société (...) En tête de cette multitude... il faut nommer
chrétienne... de manière que le chrétien l'école voltairienne. Mais parler ainsi, n'est-ce
devienne sinon l'esclave, du moins l'inférieur, pas commettre une erreur historique ? Voltaire
et le Juif, le maître.... Le but du philosophisme n'est il pas présenté comme l'ennemi acharné des
étant le formation d'une société nouvelle Juifs ? Oui, sans doute,... dans sa rage il les eût
[déchristianisée] et universelle.... il y arrivera à exterminés, si cela eût été en son pouvoir.
l'aide de deux maximes.... la première : Cependant le voltairianisme était très utile aux
"TOUTES LES RELIGIONS SONT Juifs. Eux mêmes en conviennent : "SI
BONNES"... Alors plus de disputes entre VOLTAIRE NOUS A ÉTÉ FUNESTE, LE
religions, puisqu'elles sont toutes bonnes, VOLTAIRIANISME NOUS A ÉTÉ

70
SODALITIUM : La question juive

ÉMINEMMENT UTILE" ("Archives particulières de Manichéens, Albigeois,


Israélites", juin 1878, p. 324). Templiers, Sociniens, Martinistes, Illuminés,
(...) Choisie de façon à aller jusqu'à la fin des etc., dans la dénomination synthétique de
siècles, la race juive... est patiente. Elle sait Francs-Maçons. LA FRANC-MAÇONNERIE
attendre, et réduit tout à profit, même ses EST LE VASTE ABÎME QUI REÇOIT, avec
ennemis. Les outrages ne l'étonnent pas : celui les trahisons du XVIII siècle, LES VAPEURS
qui l'a outragé passe, elle non !... Voltaire a ET LES PESTILENCES DES SIÈCLES
outragé les Juifs, mais il a outragé bien PRÉCÉDENTS. Mais la Franc-Maçonnerie elle­
davantage la divine figure du Christ. Punition : même, comme le voltairianisme, comme les
LE VOLTAIRIANISME EST DEVENU autres trahisons, [dont celle de Juda est le
PROFIT POUR LES JUIFS. Comment cela ? prototype, ndr] va profiter amplement aux juifs,
En AFFAIBLISSANT CHEZ LES POPU¬ puisqu'elle est le confluent des trahisons. Il
LATIONS DEVENUES VOLTAIRIENNES viendra un temps où ce cri d'alarme se fera
[néopaïennes, ndr] L'ESPRIT DE FOI ET LA entendre : "LE JUDAÏSME GOUVERNE LE
GRAVITÉ DES MOEURS ANTIQUES, de MONDE, ET IL FAUT NÉCESSAIREMENT
telle sorte que n'étant plus protégées par ce qui CONCLURE OU QUE LA MAÇONNERIE
faisait leur supériorité, CES POPULATIONS S'EST FAITE JUIVE OU QUE LE JUDAÏSME
GÂTÉES, dégénérées, en un mot S'EST FAIT FRANC-MAÇON" ("Revue des
voltairiennes, DEVIENDRONT PLUS questions historiques", 62ème livraison, 1er avril,
FACILEMENT.... LA PROIE DES JUIFS EN 1882)" (J. LÉMANN, op. cit., pp. 213 - 228).
AFFAIRES PRIVÉES, PUIS DANS LES Récemment Louis Pauwels, franc-maçon
AFFAIRES PUBLIQUES. converti au Christianisme, a déclaré à Vittorio
(...) En résumé, par leur esprit sceptique, Messori : "Il y a un complot mondial de forces
libertin et frondeur et par leur retour à la antichrétiennes qui visent à affaiblir (et si
nature, les salons français de XVIIIème siècle possible à dissoudre dans un humanisme de
préparent, dans la vie pratique, LA belles paroles, mais impuissant) la Foi des
SUBSTITUTION DE LA SOCIÉTÉ HUMA¬ catholiques"... (V. MESSORI, Enquête sur le
NITAIRE À LA SOCIÉTÉ CHRÉTIENNE ; christianisme, SEI, Turin 1987, p. 152). (7)
et par besoin de l'or pour leurs
divertissements..., ils préparent le sceptre à l'or LUCIFER ET LA FRANC-MAÇONNERIE
des Juifs ! (...) (J. LÉMANN, L'entrée des
Israelites dans la société française, Avallon, Pierre Virion écrit : "DE MÊME QUE LE
Paris 1987, pp. 205 - 227). CHRIST, chef invisible de l'Église catholique est
REPRÉSENTÉ VISIBLEMENT ICI-BAS PAR
LA FRANC-MAÇONNERIE COLLEC¬ LE PAPE, DE MÊME SATAN, chef invisible
TEUR DE TOUTES CES FORCES de l'armée du mal NE COMMANDE À SES
ANTICHRÉTIENNES SOLDATS QUE PAR DES HOMMES...
toujours libres de se dérober à ses ordres et à ses
Malgré toutes ces forces dissolvantes inspirations" (P. VIRION, Bientôt un
(Paganisme humaniste et de la Renaissance, gouvernement mondial ? ed. Téqui, Paris 1967,
Réforme protestante, Siècle des lumières), le p. 217).
Christianisme était encore une grande Mgr. Meurin de son côté écrit : "L'opinion de
puissance publique qui empêchait la nouvelle presque tous les auteurs qui ont traité de la
société humanitaire, la République universelle, magie diabolique, [est] que TOUTES LES
de s'imposer complètement dans la vie civile. BRANCHES ET PRATIQUES DE LA
De là la nécessité de recourir aux sociétés SORCELERIE DOIVENT LEUR ORIGINE À
secrètes pour combattre la Chrétienté non à LA CABALE JUIVE (8). L'adoration de l'Étoile
ciel ouvert mais dans l'ombre et dans le secret, flamboyante, du 'Baphomet' et les formules
par l'hypocrisie, le mensonge et le manque de écrites en caractères hiéroglyphiques pour
franchise ! De telles sociétés secrètes, malgré l'évocation des démons... sont des indices
certaines divergences apparentes et suffisants que LA FRANC-MAÇONNERIE,
accidentelles, poursuivent toutes le même but : DANS CERTAINS GRADES DE SES
supprimer le Christ Roi des nations, et le ARRIÈRE-LOGES, SE LIVRE OUVER¬
remplacer par le culte de l'homme. TEMENT AUX PRATIQUES DE LA MAGIE
"Vers la fin du XVIIIème siècle, continue DIABOLIQUE. (...) L'ensemble de la
Joseph Lémann, ces diverses sociétés viennent maçonnerie cabalistique, surtout sa guerre
confondre et perdre leurs dénominations acharnée contre la Révélation divine, le

71
SODALITIUM : La question juive

Surnaturel et le Christianisme sont autant de MAÇONNIQUE SE MANIFESTE PRINCI¬


preuves que LA FRANC-MAÇONNERIE PALEMENT DANS LA PROFANATION
EST UNE SECTE VRAIMENT RITUELLE D'HOSTIES CONSACRÉES.
SATANIQUE"... (Mgr MEURIN, op. cit., pp. À Fribourg en Suisse (Rue Grand' Fontaine,
199 - 200). 41) chacun peut voir, dans une vaste grotte,
Mgr. Antonino Romeo précise à son tour : aujourd'hui chapelle d'adoration réparatrice, les
"Le Satanisme le plus profond (…) est outils qui servaient aux rites sataniques" (A.
l'apothéose de l'homme, avec la réduction de la ROMEO, Satanismo, in Enciclopedia cattolica,
religion et de la morale à une chose libre. (...) Città del Vaticano 1953, vol. X, coll. 1954,
Le culte de Satan se concentre dans les 1958-59).
"messes noires", orgies infâmes mêlées à des Selon l'éminent cardinal Caro aussi : "En
profanations eucharistiques, présidées si certaines loges se rend un culte à Lucifer ou à
possible par des prêtres dévoyés, dérivations Satan" (J. M. CARO, op. cit., p. 130).
de l'ancien "sabbat", avec des pratiques Enfin, "La Civiltà cattolica" elle-même
grotesques qui rappellent des formules et rites s'exprime ainsi : "LE SATANISME, par lequel
maçonniques (...) LA TANIÈRE SECRÈTE la Franc-maçonnerie est obsédée contre tout ce
DU SATANISME EST CERTAINEMENT qu'elle connaît de catholique, n'EST si
LA FRANC-MAÇONNERIE, laquelle hérite habilement ALIMENTÉ par rien, que par la
foi et coutumes du gnosticisme caïnìte. La plume, par les manœuvres, par les suggestions et
Maçonnerie, unique dans son esprit et dans ses PAR L'OR DES ISRAÉLITES" ("La Civiltà
lois fondamentales, est la contre-église Cattolica", série XIV, vol. 8, 1890, op. cit., p.
internationale... 142).
De la "papauté-maçonnique"..., invisible,
inconnue mêmes aux initiés communs, CONCLUSION
dépendent les destinées des peuples. LE
SPIRITISME-OCCULTISME ET LA Je pense que pour conclure cet article, il n'y a
THÉOSOPHIE SONT LA RELIGION et la rien de mieux que de résumer l'encyclique de
philosophie naturaliste PROMUE PAR LA Léon XIII "Humanum genus" (1884) sur la
FRANC-MAÇONNERIE. LE SATANISME Franc-maçonnerie. Le Pape rappelle qu'il y a
deux races, deux cités, deux étendards : celui de
Lucifer et celui de Notre-Seigneur Jésus Christ,
le monde et l'Église ; ceux-ci sont toujours en
lutte entre eux. "Mais en nos temps, les partisans
de la cité du mal, inspirés et aidés par cette
société qui... prend le nom de Société
Maçonnique, il semble que tous conspirent
ensemble et tentent les ultimes épreuves. Car...
ils s'insurgent... contre la souveraineté de Dieu ;
ils travaillent... à la ruine de la Sainte Église". il
est du devoir du Pape - donc - de dénoncer la
secte ; la Franc-maçonnerie est funeste à l'État et
à l'Église étant donné son but et sa nature ; dans
l'espace d'un siècle et demi la Franc-maçonnerie
s'est propagée dans le monde entier jusqu'à
"sembler presque maîtresse des États".
Différentes sectes existent "qui quoique
différentes de nom... sont pourtant étroitement
liées entre elles par l'affinité des buts et se
rejoignent en substance avec la Franc­
maçonnerie". Leurs dernières et véritables
intentions, les chefs suprêmes les plus influents,
sont secrets, "le candidat doit promettre de ne
pas révéler... aux affiliés... les doctrines de la
secte". Les membres doivent promettre
Pape Léon XIII, auteur de l’encyclique obéissance aveugle et absolue aux maîtres et s'ils
"Humanum Genus" y manquent, doivent être prêts même à subir la
mort. LE BUT DE LA FRANC-MAÇONNERIE

72
SODALITIUM : La question juive

EST : "DÉTRUIRE DE FOND EN COMBLE licence : pour en faire ensuite ainsi l'instrument
TOUT L'ORDRE RELIGIEUX ET SOCIAL, docile de leurs projets les plus audacieux. La
LEQUEL FUT CRÉÉ PAR LE secte veut aussi, après dix-huit siècles,
CHRISTIANISME, et lui en substituer un RESSUSCITER LES COUTUMES ET LES
nouveau en prenant fondements et règles du INSTITUTIONS DU PAGANISME "POUR
Naturalisme. Ce qui nous avons dit... doit être DÉTRUIRE LA RELIGION ET L'ÉGLISE
entendu de la SECTE MAÇONNIQUE EN FONDÉE PAR DIEU LUI-MÊME."
ELLE-MÊME... pas des FRANCS-MAÇONS
PRIS INDIVIDUELLEMENT, dans le nombre L'UNIQUE VRAI REMÈDE CONTRE LA
desquels peuvent s'en trouver, et pas peu, qui JUDÉO-MAÇONNERIE
quoique coupables de s'être liés à des sociétés
de cette sorte, cependant ne prennent pas part "DANS LA VERTU DE LA RELIGION
directement à leurs mauvaises œuvres et en DIVINE... - continue Léon XIII - CONSISTE
ignorent également le but final". Le principe LA MEILLEURE ET PLUS SOLIDE
du Naturalisme est la supériorité de la Nature ESPÉRANCE DE REMÈDE efficace, à cette
sur la Grâce, de la Raison sur la Révélation, et vertu il est nécessaire de recourir avant toute
comme l'Église romaine est la dispensatrice de chose contre l'ennemi commun". Puis le Pape
la Grâce et la dépositaire de la Révélation, descend de ce principe universel aux détails
"plus grands contre elle sont la colère et pratiques :
l'acharnement des ennemis". La Franc­ 1°) Enlever le masque (de société purement
maçonnerie soutient la séparation entre Église philanthropique ou de bienfaisance) à la Franc­
et État, de manière que le Magistère et maçonnerie ; il faut enseigner aux hommes, par
l'autorité de l'Église n'aient aucune influence écrit et de vive voix, quels sont la nature,
sur la société. l'origine et le vrai but de la Franc-maçonnerie.
"Mais CONTRE LE SIÈGE 2°) Infuser dans le peuple L'AMOUR DE
APOSTOLIQUE ET LE PONTIFE ROMAIN, L'INSTRUCTION RELIGIEUSE sans laquelle
BRÛLE PLUS VIVE LA FLAMME DE LA on ne peut aimer Dieu et pratiquer les vertus, et
GUERRE". Tout d'abord fut attaqué son en conséquence réussir jamais à combattre
pouvoir temporel, pour pouvoir ensuite se efficacement la Judéo-maçonnerie.
débarrasser du spirituel et détruire la Papauté. 3°) VEILLER spécialement SUR LA
"LE BUT SUPRÊME DES FRANCS- JEUNESSE, sur ses bonnes mœurs et expliquer
MAÇONS EST VRAIMENT DE aux jeunes la perversité des sociétés secrètes.
PERSÉCUTER AVEC UNE HAINE 4°) Finalement le Pape conclut : NOS
IMPLACABLE LE CHRISTIANISME ET FATIGUES humaines NE SERAIENT PAS
ILS N'AURONT DE CESSE, QU'ILS NE SUFFISANTES à arracher ces semences
VOIENT À TERRE TOUTES LES pernicieuses du champ du Seigneur SI LE
INSTITUTIONS RELIGIEUSES FONDÉES CÉLESTE PATRON du vignoble NE NOUS
PAR LES PAPES. Si la secte n'impose pas aux APPORTAIT PAS COPIEUSEMENT SON
affiliés de renier expressément la Foi AIDE. Il faut donc PRIER Dieu qu'il nous
catholique, cette tolérance, au lieu de déranger aide.... TOUS LES BONS DOIVENT SE
les dessins maçonniques, les aide. Car celle-ci RÉUNIR EN UNE VASTE SOCIÉTÉ
est surtout une manière de tromper aisément D'ACTION ET DE PRIÈRE."
les simples et les imprudents (...). Ensuite, EN Léon XIII se recommande donc à la Sainte
OUVRANT LES PORTES À DES GENS DE Vierge qui vainc toutes les hérésies, Celle qui
QUELCONQUE RELIGION, ON OBTIENT devra écraser la tête du serpent infernal (IPSA
L'AVANTAGE DE PERSUADER PAR LE CONTERET) ; à S. Michel qui fut le premier à
FAIT LA GRANDE ERREUR MODERNE abattre l'orgueil de Lucifer (QUIS UT DEUS), à
DE L'INDIFFERENTISME RELIGIEUX ET S. Joseph patron universel de l'Église et aux
DE L'ÉGALITÉ DE TOUS LES CULTES : Apôtres Pierre et Paul sur lesquels l'Église est
MOYEN OPPORTUN POUR ANÉANTIR fermement établie.
toutes les religions et SURTOUT LA
RELIGION CATHOLIQUE QUI, seule vraie, "NON PRAEVALEBUNT !"
NE PEUT SANS UNE ÉNORME INJUSTICE
ÊTRE MISE SUR UN PIED D'ÉGALITÉ
AVEC LES AUTRES". Comme les âmes Notes
vicieuses sont fatiguées et serviles, la secte 1) Cf. R. ESPOSITO, Le grandi concordanze tra Chiesa
tâche d' "amener les masses à se repaître de e Massoneria, Nardini ed., Firenze 1987, p. 136.

73
SODALITIUM : La question juive

Cf. aussi : G. VANNONI, Le Società segrete, pâte comparée à Babylone" (Kiddushin, 71 a). (...)
Sansoni, Firenze 1985, p. 45. Cependant Babylone n'était pas sûre pour les Juifs...» (P.
2) Il sera utile de lire aussi sur ce sujet : JOHNSON, Storia degli ebrei, Longanesi, Milano 1987, pp.
GOUGENOT DES MOUSSEAUX, Le juif, le 182 - 183).
judaîsme et la judaîsation des peuples chrétiens; Paris Dans la "Petite Encyclopédie du judaïsme" on lit :
1869, Plon ed., pp. 263 - 272. "L'âge d'or des académies babyloniennes dura jusqu'à la
J. BOYER, Los peores enemigos de nuestros pueblos, moitié du XIème siècle environ, en correspondance avec la
ediciones libertad, Bogota 1979, pp. 113 - 140. floraison des califats arabes" (J. MAIER - P. SCHAFER,
J. A. CERVERA, La red del poder, Ediciones Dyrsa, Piccola Enciclopedia dell’ebraismo, Marietti, Casale 1985,
Madrid 1948, pp. 87 - 147. ) p. 77).
LEO FERRARO, El ultimo protocolo, Arca de la 7) Il sera utile de consulter : EPIPHANIUS, Maçonnerie
Alianza cultural, Madrid 1986, pp. 79 - 115. et sectes secrètes : le côté caché de l'histoire, Publications du
E. COUVERT, La gnose contre la foi, éd. de Chiré "courrier de Rome", Versailles, 2000.
1989, pp. 100-102 ; De la gnose à l'œcuménisme, éd. de 8) “ La Cabale pratique s'occupe de théurgie (opération
Chiré, 1983, pp. 32-36. A. DE LASSUS, Connaissance magique dans laquelle s'établissent des contacts avec les
élémentaire de la Franc-maçonnerie, Action familiale et forces démoniaque ndr) et (…) de magie ; et c'est là que se
scolaire, Paris 1991. trouvent principalement les mystères et les secrets de Cabale
3) Il faut savoir aussi que "Le Judaïsme comme : procédés bizarres, serments terribles, symboles sinistres,
religion a une dimension nationale, comme le peuple juif empruntées non seulement à la Judée infidèle, mais à la
comme nation a une dimension religieuse.... Pour Perse, à l'Inde, à l'Egypte, à la Chaldée. En receleuse perfide,
comprendre les racines religieuses et le fondement cette Cabale pratique admet également des formules et des
spirituel de la nationalité juive... [il faut comprendre] opérations haineuses contre la Religion chrétienne et les
pourquoi chez un Juif, l'engagement spirituel est si chrétiens. (...) LA CABALE EN SA PARTIE PRATIQUE
intimement lié à l'appartenance au peuple juif...» (Appel de EST INFERNALE” (L. LÉMANN, op. cit., p. 235).
la Fraternité œcuménique de recherche théologique en
Israël, 30 nov. 1975, in Les Eglises devant le judaïsme, ed.
du Cerf, Paris 1980, pp. 186 - 187).
Le Dr. Gerhart Riegner, secrétaire général du congrès
juif mondial, a affirmé que "peuple et terre ont une place
essentielle dans la foi juive" (ibidem, p. 368, 10 janv.
1975). Par conséquent, dans le Judaïsme, religion, peuple,
nation font un tout.
4) “ Juif était le secrétaire de Cavour, Isacco Artom,
(...). Juif était Giacomo Malvano qui fut directeur des
affaires politiques, secrétaire général du ministère des
Affaires Étrangères de 1879 à 1907, (...). Juif était le
général Giuseppe Ottolenghi qui devint ministre de la
guerre en 1902, (...). De père juif était Sidney Sonnino qui
fut deux fois président du Conseil, 1906 et 1909, (...). Juif
était Luigi Luzzati qui... fut président du Conseil en 1910.
Juif était Alessandro Fortis, président du Conseil... entre
1905 et 1906. Enfin Juif fut Ernesto Nathan, ami de
Mazzini et maire de Rome de 1870 à 1913” (S.
ROMANO, I falsi protocolli, Il Corbaccio ed., Milano
1993, p. 81).
5) Cf. M. PINAY, Complotto contro la Chiesa, Roma
1962, pp. 95 - 110.
6) L'historien Juif Paul Johnson confirme aussi que
"Les Juifs les plus chanceux, dans les siècles sombres,
étaient ceux qui vivaient à Babylone, sous les
EXILARQUES ["Princes de l'exil" ndr]. Ces Prìnces plus
puissants et laïques des 'NASI' [= Président du Sanhédrin]
PALESTINIENS ["Princes de la Palestine" ndr],
revendiquaient la descendance davidique directe des rois
de Judas et vivaient avec une certaine pompe dans leurs
palais. (...) Le judaïsme babylonien s'était toujours
considéré comme le gardien de la tradition hébraïque la
plus rigide et comme celui du sang le plus pur. Le Talmud
babylonien affirmait : "Toutes les nations sont comme pâte
comparées au [levain de la] Terre de l'Israël, et l'Israël est

74
SODALITIUM : La question juive

LA MORALE JUIVE EST LA CAUSE


PRINCIPALE DE LA HAINE DES JUIFS
CONTRE LES NON-JUIFS

L'HOMICIDE RITUEL "La première et principale cause de


l'aversion des juifs contre les non-juifs, et sur­
Par M. l'abbé Curzio Nitoglia tout contre les chrétiens, doit être recherchée,
chose incroyable à dire, dans leur morale
Dans le lointain 1893, 1a fameuse revue des même et leur religion ; laquelle N'EST PLUS
Jésuites "La Civiltà Cattolica ", publia une sé­ LA RELIGION MOSAÏQUE, MAIS PLU-
rie d'articles sur la morale juive présentée par T O T LA RELIGION TALMUDIQUE OU
le Père Oreglia. Dans le premier de ceux-ci, il R A B B I N I Q U E , façonnée selon la fantaisie
affirmait : "Nous N'ECRIVONS PAS AVEC des scribes et pharisiens, interprètes menteurs
L'INTENTION DE PROVOQUER... de la loi". (Op. cit., pp. 148-149).
L'ANTISEMITISME, mais de donner plutôt Voyons alors ce que dit le Talmud sur les
aux Italiens l'alarme pour qu'ils se mettent chrétiens : "LE C H R E T I E N est homicide,
sur la défensive contre ceux qui sont ennemis immonde, excrément, adonné à la bestialité,
de la Foi, en corrompent les mœurs et en su­ sa seule rencontre contamine, et même IL
cent le sang, dans le but de les appauvrir, les N ' E S T PAS A P R O P R E M E N T PARLER
dominer et les rendre esclaves". (La morale UN H O M M E MAIS UNE BETE". (TAL-
giudaica, in "La Civiltà Cattolica", série XV, M U D . Traité Baba Metsigna, fol. 114,
vol. V. fasc. 1022, 10 gennaio 1893, p. 147). Edition d ' A M S T E R D A M 1645, et Traité
Déjà Dante Alighieri avait chanté: "...soyez B a r a k o u t h , fol. 88 - Maïmonide, Traité de
des hommes et non de stupides brebis, pour l'homicide, chap. 2, art. 2 - Cf. PRAINATIS,
que le juif chez vous ne se moque pas de vous!" Christianus in Talmude Judæorum, 1ère
(Divina Commedia, Paradiso, V, vv. 80-81). Partie, chap. 2, pp. 54-61, Petropoli).
Le but pour moi-même qui écris sur ce "Une fois posée cette belle idée que les
sujet brûlant (de l'homicide rituel) n'est cer­ juifs ont de nous..., faudra-t-il s'étonner
tes pas de fomenter l'antisémitisme (con­ qu'ils se fassent un devoir de conspirer
damné par l'Eglise et donc par moi aussi), perpétuellement contre nous ? S'ils nous
mais seulement de faire un peu de lumière considèrent comme des bêtes à apparence
sur un sujet aussi mystérieux. humaine, et des bêtes destinées par Dieu à
"La liberté des cultes ayant été proclamée les servir, il est naturel qu'ils nous traitent,
et la citoyenneté accordée même aux juifs, toutes les fois qu'ils le peuvent, comme des
ceux-ci ont tellement su en tirer profit, que bêtes" (P. O R E G L I A , op. cit., p. 150).
d'égaux qu'ils étaient, ils sont devenus bientôt Le p r é c e p t e de l'amour du prochain
les maîtres. En effet, qui dirige aujourd'hui la (commandé par la loi naturelle et par la loi
politique ? C'est LA BOURSE, laquelle est mosaïque) n'est pas - selon le Talmud - un
entre les mains des juifs; qui est-ce qui gouver­ précepte universel, mais il est restreint aux
ne ? C'est la MAÇONNERIE, laquelle aussi seuls juifs et à leurs amis.
est dirigée par les juifs; qui est-ce qui tourne et « Mais Maïmonide... trouve le moyen de
retourne à son gré l'opinion publique ? C'est ménager la chèvre et le chou, en disant
LA PRESSE, laquelle est aussi en grande par­ "qu'il est L I C I T E DE FAIRE DU BIEN
tie inspirée et subventionnée par les juifs" (P. MEME AUX CHRETIENS, mais QUAND
O R E G L I A , op. cit., p. 146). CELA PEUT TOURNER AU PROFIT
"Voilà, diront certains, la raison de l'anti­ D ' I S R A Ë L , ou quand cela peut servir à sa
pathie que les juifs inspirent à tous... Oui, c'est tranquillité et à mieux cacher l'inimitié en­
l'une des raisons - continue 'la Civiltà Cat­ vers les chrétiens" (Maïmonide : Hilkhtoh
tolica' - mais ce n'est ni l'unique ni la principa­ Akum X, 6) » ("La Civiltà Cattolica", op. cit.
le. Il y en a une autre cachée, plus mystérieu­ p. 159). Récemment aussi en Israël, le rabbin
se, et qui en elle-même comprend toutes les Josef Ovadia s'est posé la question "si un
autres... LA RAISON à laquelle nous faisons juif peut se permettre de ne pas observer le
allusion EST UNE HAINE DU CHRISTIA- Sabbat pour sauver la vie à un gentil, à un
NISME, IMPOSEE AUX JUIFS PAR LOI, non-juif. A ce propos, il n'a pas eu de doute :
haine qui en arrive à justifier à notre désavan­ dans une conférence, il a soutenu qu'un juif
tage toutes sortes de crimes" (Op. cit., p. 147). peut enfreindre le Sabbat s'il peut sauver la

75
SODALITIUM : La question juive

vie d'un non-juif. Au contraire, il doit le fai­ diable leur Talmud avec tous ses commentai­
re, BIEN QUE LA LOI JUIVE PRESCRI- res, qui sont une insulte au bons sens et un
VE... QUE LE SABBAT NE PEUT E T R E outrage à la loi naturelle elle-même, ou bien
ENFREINT QUE POUR SECOURIR UN ils se résignent à être haïs et en abomination
A U T R E JUIF. Ovadia, en effet, soutient à toutes les autres religions, surtout aux na­
que la non-intervention d'un juif pour sau­ tions chrétiennes" (p.160).
ver un non-juif le samedi, pourrait se retour­ A ce sujet, voir aussi H. D E S P O R T E S (Le
ner contre la communauté juive, en redon­ mystère du sang chez les juifs de tous les temps,
nant vigueur aux critiques contre son style Albert Savine éd., Paris 1890, pp. 251-365) ; A.
de vie. Pour cette raison, selon Ovadia, MONNIOT (Le crime rituel chez les juifs, Téqui
SAUVER UN NON-JUIF, même le samedi, ed., Paris 1914, pp. 73-136) ; L. F E R R A R O (El
PEUT ETRE INDIRECTEMENT CONSI- ultimo protocolo, Arca de la Alianza Cultural,
D E R E COMME UN ACTE LICITE, com­ Madrid 1986, pp. 37-76) ; A B B É J U L I O
me celui accompli par qui sauve un coreli­ MEINVIELLE, (Le Judaïsme dans le mystère de
gionnaire en ce saint jour" ("LA STAMPA", l'histoire, éd. Sainte Jeanne d'Arc, Villegenon
17 novembre 1991). 1983, pp. 47-50) ; M G R . U. B E N I G N I , dans
Le Sanhédrin affirme qu'"UN JUIF doit «Osservatore Cattolico» de Milan, 1892 16-17
être considéré PRESQUE EGAL A DIEU. janv.; 19-20 janv.; 23-24 janv.; 30-31 janv.; 4-5
Tout le monde est à lui, tout doit lui servir, fevr.; 14-15 fevr.; 8-9 mars; 10-11 mars; 11-12
particulièrement LES B E T E S Q U I O N T mars; 14-15 mars; 16-17 mars; 17-18 mars; 21­
FORME HUMAINE, C'EST-A-DIRE LES 22 mars; 24-25 mars; 29-30 mars; 1-2 avr.; 4-5
C H R E T I E N S " (Sanhédrin 586, cité par avr.; 7-8 avr.; 9-10 avr.; 12-13 avr.; 14-15 avr.;
PRAINATIS, op. cit., part. 2, pp. 76-77). 15-16 avr.; 21-22 avr.
"Admirez maintenant les conséquences
qui découlent de ces beaux principes conti­ LA MORALE JUIVE ET LE MYSTERE
nue "La Civiltà Cattolica", tous nos biens ap­ DU SANG
partiennent aux juifs, puisqu'eux seuls sont
des hommes, et par conséquent ont le droit "Il y a un rite religieux du juif disparu,
de posséder, tandis que nous ne sommes pas d'un caractère exceptionnel, qui sort, avec
des personnes mais des choses. C'est pour un relief terrible, de la catégorie des rites or­
cela que le Talmud... déclare permis aux juifs dinaires, et qui a acquis dans l'histoire une
l ' U S U R E envers les Chrétiens, (Abhoda triste célébrité ; nous voulons parler de
Zarah 54b - Baba Metsigna c. V, par. 6, p. 14, l'HOMICIDE RITUEL ou du SACRIFICE
d'après PRAINATIS, op. cit., partie 2ème, HUMAIN. ...En souvenir du Christ crucifié,
pp. 96-100), la fraude (Babha Kama 113b), le pour donner au crime du Calvaire, jusqu'à la
vol (Babha Bathra 54b) et la rapine fin des temps, avec un souvenir horrible, une
(TALMUD, Traité Baba Metsigna, fol. 111)" sorte de prolongement indéfini, le juif a
(Op. cit., p. 151). Et encore : "Considérez les sanctifié, chaque fois qu'il l'a pu, chaque an­
C H R E T I E N S , dit le Talmud, comme DES niversaire du Déicide, par l'immolation d'un
BETES E T D E S A N I M A U X F E R O C E S Chrétien. ...TRAITER DE LA QUESTION
ET TRAITEZ-LES COMME TELS. Ne fai­ JUIVE ET SE TAIRE SUR L'HOMICIDE
tes ni du bien ni du mal aux gentils, mais RITUEL, SIGNIFIERAIT OMETTRE CE
mettez toute votre ingéniosité et votre zèle à Q U ' I L Y A DE P L U S I M P O R T A N T
anéantir les chrétiens" (TALMUD, tom. 3, liv. DANS LE PROBLEME. ...En aucune autre
2, chap. 4 , art. 5. p. 279). circonstance la lumière de l'histoire n'est
Maïmonide, un de leurs plus grands doc­ plus nécessaire, parce qu'en aucune autre
teurs, leur enseigne que "TOUT JUIF QUI circonstance, le mensonge n'a fait plus pour
NE TUE PAS UN NON-JUIF, VIOLE UN créer la nuit" (P. CONSTANT, LES Juifs devant
PRECEPTE NEGATIF" (SEPHER MITZVOT, l'Eglise et l'histoire, Paris 1891, Arthur
fol. 85, c. 2, 3). ("La Civiltà Cattolica ", art. Savaete éditeur, pp. 227-228).
cit., pp. 156-157). Cherchons alors à faire la lumière là où
"LE J U I F Q U I T U E UN C H R E T I E N on a voulu faire la nuit.
O F F R E A D I E U UN SACRIFICE A- "Nous déduirons nos preuves à partir de
G R E E " (Sepher Or Israël 177b). "La Civiltà quatre points: des dépositions juridiques fai­
Cattolica" conclut ainsi : "Donc de deux cho­ tes devant les tribunaux par des juifs con­
ses l'une : ou ils (les juifs, ndr) envoient au vaincus et reconnus coupables d'homicides

76
SODALITIUM : La question juive

on verra avec étonnement comment, malgré


la distance des quatre siècles qui les sépare,
les aveux et les témoignages déposés par
eux, correspondent parfaitement quant au
rite et à l'usage du sang chrétien...
1°) En comparant les deux procès ensem­
ble, il ressort avec évidence que L'ASSAS-
SINAT D ' U N C H R E T I E N non seulement
est réputé licite, mais EST C O M M A N D E
aux juifs PAR LA LOI T A L M U D I Q U E -
RABBINIQUE...
2°) LE BUT DUDIT ASSASSINAT n'est
pas seulement d'outrager le Christ et de nuire
au Christianisme, ...mais SURTOUT D'AC-
COMPLIR UN DEVOIR RELIGIEUX, qui
est celui de célébrer dignement les deux fêtes
des Pourim et de la Pâque, en faisant usage à
cette occasion du sang chrétien...
3°) Dans les fêtes des Pourim, selon l'avis
des rabbins, ...on peut utiliser du sang de n'im­
porte quel chrétien, mais pour les fêtes de la
Pâque, il faut que ce soit le sang d'un enfant
chrétien n'ayant pas dépassé l'âge de sept ans...
4°) Les azymes, préparés à la manière jui­
ve avec cette petite saveur de sang chrétien,
sont offerts pendant les fêtes des Pourim aux
non-juifs, surtout aux chrétiens qui sont (pour
ainsi dire) des connaissances et des amis; mais
pendant les fêtes pascales ils sont mangés
pendant sept jours uniquement par les juifs.
Le Bienheureux "Niño de la Guardia" 5°) Ceci est LE SECRET DU SEUL PE-
martyrisé par les Juifs en 1490
RE DE FAMILLE, à qui revient d'introdui­
et d'infanticides, commis dans un but reli­ re dans la pâte des azymes, à l'insu de sa
gieux ; des révélations des Rabbins convertis femme et de ses enfants, un peu de sang
à notre Foi ; des documents historiques et chrétien frais ou coagulé et réduit en poudre.
enfin du témoignage de la tradition" (La 6°) Il doit en plus dans le repas pascal ver­
morale giudaica e il mistero del sangue in ser quelques gouttes de sang dans le vin qu'il
"La Civiltà Cattolica", série XV, vol. V, fasc. verse à la famille et bénir ainsi la table !...
102; 12 janvier 1893, p.269). 7°) Le sang est meilleur et le sacrifice de
l'enfant est davantage agréé par Dieu..., s'il se
JUIFS RECONNUS COUPABLES DE- fait dans les trois jours proches de la Pâque.
VANT LES TRIBUNAUX D'HOMICIDE 8°) P O U R Q U E LE SANG D ' U N E N -
RITUEL FANT chrétien soit adapté au rite et P R O -
FITABLE AU SALUT DE L'AME JUIVE,
"La Civiltà Cattolica", parmi beaucoup IL CONVIENT QUE L'ENFANT MEURE
de procès faits aux juifs pour assassinat PARMI LES SOUFFRANCES...
rituel en France, Italie, Angleterre, Alle­ 11°) L ' U S A G E R I T U E L ET LE MY-
magne, Bavière, Hongrie, Lituanie et Polo­ S T E R E DU S A N G seul est écrit D A N S
gne, sans parler ensuite des pays orientaux, LES CODES orientaux, par contre IL FUT
mentionne surtout celui de Trente (sec. XV) SUPPRIME DANS LES OCCIDENTAUX,
et celui de Damas (sec. XIX). par crainte des gouvernements chrétiens, et
« Eh bien - affirme la prestigieuse revue REMPLACE PAR LA PRATIQUE ET LA
des jésuites - si on compare les deux procès, TRADITION O R A L E " (pp. 270-272).
les coupables reconnus comme tels étant Telles sont les conclusions tirées des aveux
huit dans le premier et seize dans le second, des rabbins et des autres juifs examinés dans
outre un bon nombre de témoins tous juifs, les deux procès de Trente et de Damas. Qui

77
SODALITIUM : La question juive

voudrait s'en assurer peut lire in extenso le comme une chose commandée par Dieu, ju­
compte rendu des procès de Trente et de squ'à les tuer et en récolter le sang... Mon
Damas publiés par "Civiltà Cattolica", série II, fils, me dit-il, ...je te fais mon plus intime
vol. VIII-IX-X, dans la Chronique sous la ru­ confident et un autre moi-même ; et m'ayant
brique Roma (1881-1882). Pour le procès de mis une couronne sur la tête, il me donna les
Damas, voir aussi : A C H I L L E L A U R E N T , Rela­ explications du mystère et il ajouta qu'il s'a­
tion historique des affaires de Syrie, depuis gissait d'une chose sacrée, révélée par Dieu,
1840 jusqu'en 1842.. Désormais presque in­ et commandée aux juifs ; et qu'ainsi j'étais
trouvable. Et aussi: ACELDAMA, Processo cele­ mis au courant du secret le plus important de
bre contro gli ebrei di Damasco, Premiato stab. la religion juive". Suivent après les serments
Tipografico G. Dessi, Cagliari-Sassari, 1896. et les menaces de malédiction qui lui sont
faites, au cas où il violerait le secret, ainsi
LES REVELATIONS DES RABBINS que le précepte de ne pas le communiquer,
CONVERTIS AU CATHOLICISME même pas à sa mère, ni à sa sœur, ni à ses
frères ni à sa future épouse, mais seulement
Nous trouvons confirmation des conclu­ à celui de ses enfants qui lui paraîtrait le plus
sions tirées des aveux rapportés pendant les zélé, le plus sage pour garder le secret...
procès et des révélations faites par des rabbins Les juifs, dit Théophile, sont plus con­
convertis à notre Foi. "La Civiltà Cattolica" tents lorsqu'ils peuvent tuer les petits en­
mentionne surtout l'autorité de trois rabbins fants parce qu'ils sont innocents et vierges,
convertis : Paolo Medici, Giovanni da Feltre et et par conséquent la parfaite image de Jésus-
Théophile, moine moldave. Christ ; ils les tuent à Pâques, pour qu'ils
« Paolo Medici dans son ouvrage intitulé puissent mieux représenter la Passion de
Riti e costumi degli ebrei (p. 323, 6ème éd. Jésus-Christ » ("La Civiltà Cattolica", art.
Torino Tip. Borri, 1874) confirma les fré­ cit., pp. 273-276).
quents meurtres des enfants chrétiens ;
Giovanni da Feltre déclara solennellement LES MOTIFS DE CREDIBILITE DE
devant le podestat de Milan l'usage que les THEOPHILE LE MOLDAVE
juifs faisaient du sang chrétien (cf. "La
Civiltà Cattolica" série II, vol. VIII, p. 230ss) ; Il serait tout à fait déraisonnable de ne
et Théophile en explique le mystère dans ses pas ajouter foi aux révélations de l'ex-rabbin
révélations écrites en langue moldave et ren­ moldave, à première vue parce que celui qui
dues publiques en 1803, puis traduites en les a écrites est un témoin qui connaît parfai­
grec en 1834 à Naples de Roumanie par tement ce qu'il nous révèle ; en effet
Giovanni de Giorgio, et finalement traduites Théophile fut lui-même rabbin et apprit ces
en italien par le Prof. N.F.S. et publiées à mystères dès l'âge de treize a n s . Deuxiè­
Prato en 1883 sous le titre suivant: 'Il sangue mement, il dépose contre lui-même, ayant
cristiano nei riti ebraici della moderna sina­ reconnu avoir lui-même fait usage fréquent
goga'. ...L'ex-rabbin moldave,... confesse le du sang chrétien. Troisièmement, il n'igno­
rite sanguinaire et l'usage que lui-même, a­ rait pas qu'avec de telles révélations, il s'ex­
vant sa conversion, avait fait du sang chré­ posait au risque d'être tué, et cependant il
tien... "Ce secret du sang, dit-il, n'est pas voulut le faire quand-même par acquis de
connu par tous les juifs, mais par les seuls conscience et par charité envers les chré­
Kakam (docteurs) ou rabbins, et par les scri­ tiens. Quatrièmement, puisque ses révéla­
bes et les pharisiens, qui pour cela sont ap­ tions concordent quant à la substance avec
pelés conservateurs du mystère du sang" les confessions faites aux juges par les juifs
...ceux-ci LE C O M M U N I Q U E S E U L E - dans les procès susmentionnés". ("La Civiltà
M E N T O R A L E M E N T AUX P E R E S D E Cattolica", art. cit., p. 278).
FAMILLE qui le transmettent au fils qu'ils
estiment le plus capable de recevoir ce se­
cret, en l'accablant de menaces horribles au L'HISTOIRE
cas où il le dévoilerait à autrui. Et il raconte '"Nous ne nous trouvons pas en face d'un
ici comment son père la lui révéla : "Quand auteur isolé ici et là, mais devant tout un
j ' e u s 13 ans, mon père, me prenant à part, peuple d'historiens, d'annalistes et d'au­
seul à seul, après m'avoir instruit et m'avoir teurs d'époque, de lieu et de nation diffé­
inculqué toujours plus la haine des chrétiens, rents ; pour cette raison, il serait absurde de

78
SODALITIUM : La question juive

supposer que tous se soient mis d'accord en­ circoncire, puis en outrage à Jésus-Christ les
semble pour falsifier les faits au détriment des couronnaient d'épines, les flagellaient et les
juifs. ...Ce sont entre autres les Bollandistes, crucifiaient ( L A U R E N T , Les affaires de Syrie,
Baronius, Rohrbacher..." (ibidem, p. 280). tom. 2. p. 326 Ed. de Paris 1846).
1257. A Londres (Cluverio Epitome hist. p.
LISTE CHRONOLOGIQUE DES ASSAS- 541) un enfant chrétien est immolé par les juifs.
SINATS LES PLUS CONNUS COMMIS 1260. A Wessembourg (Annal Colmar,
PAR LES JUIFS Monum. XVII, 191) un enfant tué par les juifs.
1261. A Pfortzeim Bade (Bolland. vol. 2°
« A n n é e 1071. A Blois (Monumenta hi­ d'avril, p. 838) : une enfant de sept ans est é­
storica Germaniae : Scriptorum, vol. VI, p. tranglée, puis saignée et noyée.
500) : Un enfant est crucifié puis jeté dans le 1283. A Mayence (Baronius n. 61 : Acta
fleuve. Le Comte Théobald fait brûler les Colmar. Monument. XVII, 210) un enfant est
juifs coupables. vendu par sa nourrice à des juifs et tué par
1114. A Norwich en Angleterre (Bol­ eux.
landistes, vol. 3° de mars, 588: et Monu­ 1285. A Munich (Radero Bavaria sancta,
menta ibid.) Guillaume, enfant de douze Tome 2°, p. 331 : Monum. XVII, 415) un en­
ans, est attiré dans une maison juive où il est fant est saigné. Son sang sert de remède aux
crucifié parmi mille outrages le jour de juifs. Le peuple brûle la maison où les juifs
Pâques, et afin de mieux représenter Jésus- s'étaient réfugiés.
Christ sur la Croix, il fut blessé au côté. 1286. A Oberwesel sur le Rhin (Bolland.
1160. A Gloucester (Monumenta ibid.) 2° vol. d'avril, p. 697 : Monum. XVII. 77 :
les juifs crucifièrent un enfant. Baronius 1287, n. 18) Wernher, quatorze ans,
1179. A Paris (Bollandistes ibid : p. 551) : est martyrisé pendant trois jours avec des in­
l'enfant Richard a été immolé au Château cisions répétées.
de Pontoise le Jeudi Saint : et il est honoré 1287. A Berne (Bolland. 2° vol. d'avril) le
comme Saint à Paris. jeune Rodolphe est tué lors de la Pâque des
1181. A Paris (Pagi à l'année 1881, n. 15 et Juifs.
Bolland. 25 mars, p. 589). Saint Robert, enfant, 1292. A Colmar (Ann. Colm. II, 30) un
est tué par les juifs vers les fêtes de Pâques. enfant est tué comme ci-dessus.
1182. Les juifs à Pontoise crucifient un 1293. A Crems (Monum. XI, 658) un en­
garçon de douze ans, et pour cette raison fant est immolé par les juifs, deux des assassins
sont expulsés de France. - A Saragosse sont châtiés: les autres se sauvent grâce à l'or.
(Blanca Hispania illustrata, Tome 3°, p. 657) 1294. A Berne (Ann. Colm. II, 32) un au­
il arrive la même chose à Dominique del Val. tre enfant a les veines ouvertes par les juifs.
1236. Près d'Haguenau (Richeri Acta 1302. A R e m k e n : même chose (Ann.
Senonensia Monum. XXV, p. 324 et ailleurs) Colm. II, 39).
trois enfants de sept ans sont immolés par 1303. A Weissense en Thuringe (Baro­
les juifs en haine de Jésus-Christ. nius 64) l'écolier Conrad, fils d'un soldat,
1244. A Londres (Baronius n. 42 sur cette saigné avec des incisions aux veines.
année) un enfant chrétien est martyrisé par 1345. A Munich (Radero 351) le Bien­
les juifs; il est vénéré dans l'église St Paul. heureux Henri cruellement tué.
1250. En Aragon (Giovanni da Lent, De 1401. A Dissenhofen dans le Wurtem­
Pseudo Messiis, p. 33) un enfant de sept ans berg (histoire du Bx. Albert de Simon
est crucifié vers le temps de la Pâque juive. Habiki d'après les Bolland., vol. 2° d'avril)
1255. A Lincoln (Bolland. vol, 6° de juil­ un enfant de quatre ans est acheté pour trois
let, p. 494), Hugues, enfant volé par les juifs florins et saigné par les juifs.
est nourri jusqu'au jour du sacrifice. Ici il faut noter que dans le procès fait
Beaucoup de juifs arrivent des différentes pour cet assassin, le juif accusé confessa
régions d'Angleterre, et le crucifient, en re­ "que tous les sept ans les juifs ont besoin de
nouvelant en lui toutes les scènes de la sang chrétien. Un autre révéla que le chré­
Passion de Notre-Seigneur, comme nous le tien assassiné devait avoir moins de treize
racontent Matthieu Paris et Capgrave. ans. Un troisième dira qu'ils se servaient de
Weever nous apprend encore que les juifs ce sang dans la Pâque ; qu'ils en faisaient sé­
des principales villes d'Angleterre enle­ cher une partie pour le réduire en poudre, et
vaient les enfants de sexe masculin pour les qu'ils s'en servaient pour les rites religieux"

79
SODALITIUM : La question juive

(Question Juive, pp. 59-60). Il est remarqua­ ans, vendu par son père aux juifs pour dix
ble que les mêmes confessions et révélations florins, à la condition qu'il lui fût restitué vi­
aient été faites par des juifs à plusieurs siè­ vant après en avoir retiré du sang. Les juifs
cles de distance et dans des pays très éloi­ le tuèrent en le saignant.
gnés : à Trente, en Moldavie, en Suisse aux 1505. A Budweys (Efele Scriptores,
XIVème et XVIIIème siècles, comme nous 1.138) un fait semblable.
l'avons déjà vu plus haut. 1520. A Tyrnau et à Biring (Bolland.
1407. Là aussi un autre enfant tué ; d'où vol. 2 ° d'avril p. 839), deux enfants saignés.
une émeute populaire et la chasse aux juifs Pour cette raison, les juifs furent alors chas­
(ibid). sés de Hongrie.
1410. En Thuringe (Baronius 31) les juifs 1540. A Suppenfeld en Bavière (Radero
sont chassé à cause de crimes contre les en­ 2,2 31 ; 3, 179) Michel, quatre ans, torturé
fants chrétiens. pendant trois jours.
1429. A Rovensbourg (Baronius 31: 1547. A Rave en Pologne (Simon Habiki,
Bolland. 3° vol. d'avril, p. 978) Louis Von cit.) le fils d'un tailleur sacrifié par deux juifs.
Bruck, jeune chrétien, est sacrifié par des 1569. A Witow en Pologne (ibid.) Jean,
juifs alors qu'il les servait à table entre la deux ans, vendu pour deux marks au juif
Pâque et la Pentecôte : son corps est retrouvé Jacques de Leizyka, et tué cruellement par
et honoré par les chrétiens. lui. D'autres faits semblables sont arrivés à
1454. En Castille (Simon Habiki cit.) un Bielko et ailleurs.
enfant est coupé en morceaux et son cœur 1574. A Punia en Lituanie (ibid.) Elisa­
cuit comme nourriture. Pour ce crime et beth, sept ans, assassinée par le juif Joachim
d'autres semblables, les juifs furent ensuite Smerlowiez le mardi avant le dimanche des
chassés d'Espagne en 1459. Rameaux ; son sang est recueilli dans un vase.
1457. A Turin (ibid) un juif est pris à l'in­
stant même où il va égorger un enfant.
1462. Près d'Innsbruck (Bolland. 3° vol.
de juillet, p. 462) le Bienheureux enfant
André né à Rinn, est immolé le 9 juillet par
des juifs qui recueillent son sang.
1475. A Trente, le célèbre martyre du Bx.
Simon, dont existent les procès d'origine qui
font apparaître les juifs de Trente coupables
de l'assassinat du Bx. Simon, et en révèlent
beaucoup d'autres douzaines commis par
eux et leurs coreligionnaires dans le même
but rituel, au Tyrol, en Lombardie, dans la
Vénitie, et ailleurs encore en Italie, Alle­
magne, Pologne, etc, etc...
1480. A Trévise (Baronius p. 569) est La profanation de l'Hostie par les Juifs
commis un crime semblable au précédent de
Trente. 1590. A Szydlow (ibid.) un enfant dispa­
1480. Assassinat du Bienheureux Séba­ raît : son cadavre est retrouvé saigné avec des
stien de Porto Buffole dans la région de incisions et des piqûres.
Bergame. 1595. A Gostin (ibid.) un enfant est ven­
1480. A Motta di Venezia (Bolland. vol. du aux juifs pour être saigné.
2° d'avril) un enfant est immolé le Vendredi 1597. Près de Sryalow (ibid.) un enfant
Saint. tué: avec son sang, les juifs aspergent la nou­
1486. A Ratisbonne (Radero 3°, 174) six velle synagogue pour la consacrer.
enfants victimes des juifs. 1650. A Caaden (Tentzel, janvier 1694) un
1490. A Gardia près de Tolède (Bolland. enfant de cinq ans et demi du nom de
1er avril 3) un enfant est crucifié. Mathias Tillich y est assassiné le 11 mars. Cet
1494. A Tyrman en Hongrie (Bolland. vol. historien raconte d'autres faits semblables ar­
2° d'avril p. 838) un enfant est volé et saigné. rivés à Steyermarck, Karnten, Crain, etc...
1503. A Waltkirch en Alsace (Bolland. 1655. A Tunguch en Allemagne (Tentzel,
vol. 2° d'avril p. 830) : un enfant de quatre juin 1693) un enfant assassiné.

80
SODALITIUM : La question juive

pucin, et de son serviteur chrétien, tués par


les juifs dans un but rituel. Les juifs furent
convaincus et condamnés : mais ils furent en­
suite graciés à cause de l'argent. Ces juifs
assassins étaient presque tous italiens et de
Livourne. L'original du procès se trouve aux
Archives de Paris, et fut publié par Laurent
dans le 2° volume des Affaires de Syrie.
1843. A Rhodes, Corfou et ailleurs
(l'Egypte sous Méhemet Ali de Hamont :
Paris 1863) assassinat par des juifs d'enfants
chrétiens.
La chasse des reliques de St Siméon de Trente 1881. A Alexandrie d'Egypte le meurtre
du jeune grec Fornarachi, dont traitèrent
1669. A Metz (Procès : Paris 1670 : Feller, tous les journaux de 1881-1882. Le cadavre
journal 1788, vol. 2°, p. 428) un enfant de fut retrouvé saigné, tout piqué, et semblable
trois ans volé par le juif Raphaël Levi, est à une statue de cire.
cruellement assassiné. Son cadavre fut re­ 1882. A Tisza Eszlar en Hongrie, une jeu­
trouvé horriblement mutilé. Le coupable fut ne fille de quatorze ans est égorgée dans la
brûlé vif par sentence du Parlement de Metz synagogue par le sacrificateur juif. Plus ré­
le 16 juin 1670. cemment encore, en 1891, fut trouvé chez le
1778. Le 'Journal historique et littéraire' juif Buschoff à Xanten, dans la Prusse rhé­
du 15 janvier 1778 à la page 88 et celui du 15 nane, le cadavre de l'enfant catholique Jean
octobre de la même année à la page 258 Hegmann, sans une goutte de sang. Buschoff
mentionne que de nombreux enfants ont été fut jugé, puis absous, tant est grande de nos
tués par les juifs au XVIIIème siècle. jours la puissance de l'or juif !
1803. Nous avons de bonnes raisons pour Nous avons lu les actes de ces procès, tra­
avancer cette date de 1803 ; car cette année­ duits par la "Verona fedele", et nous défions
là, pour la première fois fut publié le petit li­ quiconque les lira, de ne pas y voir le but
vre de Théophite ou Néophite. L'autorité de préétabli de sauver coûte que coûte le coupa­
celui-ci vaut historiquement plus que les au­ ble. C'est un procès qui peut être défini :
tres pour démontrer que les juifs ont Monument éternel ou bien de stupidité juridi­
toujours utilisé, utilisent et doivent utiliser que ou bien de corruption juive ! » ("La Civiltà
(s'il s'agit vraiment de juifs observants) le Cattolica", 23 janvier 1893, pp. 281-286).
sang chrétien dans leurs rites.
1810. Dans les actes du Procès de Damas OBJECTIONS A LA THESE DE L'HO-
(Laurent ; affaires de Syrie) existe une lettre MICIDE RITUEL
de John Barker, ex-consul anglais à Alep où
il est question d'une pauvre chrétienne di­ Plusieurs livres assez récents cherchent à
sparue à Alep. Tous accusaient un juif, ridiculiser et à réfuter l'accusation d'homicide
Raphaël d'Ancône, de l'avoir égorgée pour rituel, en le liquidant comme une légende ou
en recueillir le sang. une pure superstition, comme par exemple, A.
1827. A Varsovie ( C H I A R I N I , Teoria del M I L A N O , Storia degli ebrei in Italia, Einaudi,
Giudaismo, vol. I. p. 355) un enfant chrétien Torino 1992, pp. 603-607 ; J. M A I E R - P.
disparaît à l'occasion de la Pâque juive. S C H A F F E R , Piccola Enciclopedia dell'Ebra­
1831. A Saint-Pétersbourg (Amblagen ismo, Marietti, Casale Monferrato 1985, aux
der Suden : Leipzig 1864) un enfant est assas­ rubriques: "sangue", "omicidio rituale", "pro­
siné par les juifs dans un but rituel. Ainsi en fanazione delle ostie". De même dans le
ont statué quatre juges. Dizionario comparato delle religioni monotei­
1839. A Damas (Procès de Damas, d'a­ ste: Ebraismo, Cristianesimo, Islam, Piemme.
près Laurent, p. 301) on découvre à la doua­ Casale Monferrato 1991, à la rubrique 'san­
ne une bouteille de sang apportée par un gue' on lit: "Bien que LA FABLE de l'assassi­
juif: il offre dix mille piastres pour étouffer nat rituel ait été souvent réfutée par l'Eglise,
l'affaire. elle a servi plusieurs fois comme prétexte à des
1840. A Damas, le célèbre procès sur l'as­ pogroms et des persécutions" (p. 529). Quant
sassinat du Père Thomas de Calangiano, ca­ à nous, nous constatons exactement lecontrai-

81
SODALITIUM : La question juive

re en lisant la décrétale d'Innocent III 'Etsi Rovereto, oppidum du diocèse de Trente


Judaeos', avec ses allusions à "des pratiques mais appartenant au territoire plus sûr de la
abominables, contraires à la Foi catholique, République de Venise. ...Avant même d'expo­
qui sont détestables et inouïes". ser ses remontrances sur la conduite du com­
En plus du livre de PAUL JOHNSON, Storia missaire, (l'Evêque de Trente, ndr)... il avait
degli Ebrei, Longanesi, Milano 1987 pp. 233­ chargé son homme de confiance Zovenzoni...
36, il y en a un autre en particulier qui traite de considérer que la mauvaise santé du com­
avec un certain sérieux et en détail le problè­ missaire, était un pur prétexte et que celui-ci
me du sacrifice rituel au sujet du martyre de s'était établi à Rovereto exprès, car il y avait
Saint Simon de Trente ; il pose des objections là un podestat qui favorisait ouvertement les
apparemment plus sérieuses, n'ayant pas la juifs. Celui-ci (le commissaire Battista de'
prétention, comme les autres, de liquider en Giudici, ndr) de son côté, cita à comparaître
deux lignes l'accusation, en la ridiculisant devant son propre tribunal le podestat de
comme si elle était une invention. J'entends Trente, mais ce dernier, avec Hinderbach lui­
parler ici de A . E S P O S I T O - D . Q U A G L I O N I , I même (l'évêque de Trente) répondit en décla­
processi contro gli ebrei di Trento, Cedam, rant nulles les monitions du commissaire et
Padova 1990. Je devrai m'arrêter davantage EN L'ACCUSANT DE CORRUPTION ET
sur cette ouvrage et je devrai y répondre. DE C O N D U I T E C O N T R A I R E AUX IN-
« L'occasion du procès - y trouve-t-on é­ STRUCTIONS DU PONTIFE... Par la suite,
crit - fut la disparition, à la veille de la Pâque toutes les actions de Trente... visent à retour­
1475... de l'enfant Simon, retrouvé ensuite à ner contre le commissaire les accusations que
l'état de cadavre, dans un fossé, portant de celui-ci, entre temps, avait formulées contre
nombreuses blessures ; en partant de la voie les actes des juges de Trente... en le faisant pa­
publique... il avait traversé la cave de la mai­ raître comme P R O I E FACILE DE L'AR-
son du plus important représentant de la G E N T DES JUIFS. Le commissaire en
communauté juive, où se trouvait aussi la sy­ effet... avait porté à Trente l'instance du juif
nagogue. Les juifs eux-mêmes dénoncèrent Jacob de Ripa, qui est... dit-on... 'providum et
au podestat la découverte du cadavre qui, discretum virum'... Le podestat de Trente était
nonobstant cela, et sur la base de la rumeur appelé à répondre devant un tribunal... à
publique qui les disait coupables du rapt et Rovereto et avec lui l'Evêque (de Trente,
de l'assassinat, furent incarcérés. L'inquisitio ndr) et le Chapitre. Le 12 octobre le secré­
fut engagée dans le CLIMAT F O R T E - taire de l'Evêque de Trente,... protesta de ma­
MENT VICIE PAR LES RAGOTS POPU- nière solennelle à Rovereto,... que l'instance
LAIRES. L'homicide rituel imputé aux juifs produite par Jacob de Ripa, était 'nullius va­
de Trente n'était pas du tout quelque chose loris', parce que le commissaire avait tu que
d'exceptionnel, mais rentrait dans la prati­ c'était l'instance d'un juif, et que les 'scelera­
que normale d'une secte s'adonnant aux ri­ tissimi et perfidi judei semper fuerunt atque
tes de sorcellerie et de satanisme. sunt persecutores et insidiatores fidei et religio­
nis Christianæ'. ...Face à l'évidente discor­
« C'est en procédant... surtout en s'ap­ dance entre les sentences de Trente et les ré­
puyant sur les aveux des interrogés, TOU- sultats de l'enquête de son commissaire, LE
TES EXTORQUEES PAR LA TORTURE PONTIFE (Sixte IV, ndr) D U T NOMMER
(1)... que le juge décida la condamnation des UNE COMMISSION DE C A R D I N A U X ,
juifs de Trente. Un mois plus tard, le 23 juillet, chargés d'examiner la question... L'Evêque
alarmé par ce qui était arrivé à Trente, à cause (de Trente, ndr) fut l'instigateur à Rome d'un
des nombreuses protestations concernant le vrai mouvement de curie en sa propre faveur,
respect de la légalité... le pape Sixte IV lui­ dans lequel se distingua de manière particu­
même nomma un commissaire chargé de faire lière l'humaniste Platina. LE COMMISSAI-
un rapport sur les faits et sur le procès lui­ RE apostolique TOMBA évidemment (on
même. ...Le légat pontifical, Battista de' n'arrive pas à comprendre pourquoi, ndr) EN
Giudici, ...rejoignit Trente... où il se trouva af­ DISGRACE : éloigné... de Rome, d'abord à
fronté au FANATISME POPULAIRE... et à Bénévent puis en Languedoc... La commis­
l'hostilité de l'Evêque et des autorités civiles... sion sixtine avait conclu ses travaux (en 1478,
Etant convaincu de l'innocence des juifs et de ndr)... en affirmant la droiture formelle de la
la culpabilité d'un criminel, qui avait été trop procédure qui se serait déroulée 'rite et recte'.
vite innocenté, ...le commissaire quitta Trente Comme on le sait, un siècle plus tard, le Saint-
et fixa le siège de son propre tribunal à

82
SODALITIUM : La question juive

Siège autorisa le culte local de Simon (Saint Une objection sous-jacente au livre en
Simonin), culte qui fut officiellement abrogé question est que LA PASSION RELI-
après le Concile Vatican II en 1965 » (je re­ GIEUSE, le fanatisme catholique médiéval,
viendrai sur ce point à la fin de l'article, ndr). est LE FLEAU DE L'HISTOIRE : en effet,
(ESPOSITO-QUAGLIONI, op. cit., pp. 12-32). ou bien elle aveugle, ou bien elle corrompt
Pour ce qui regarde les décisions de la l'historien qui l'écrit. La réponse est facile :
commission des cardinaux, on peut ajouter : les témoignages de tous les historiens du
« Le juge de la Rote accueillit pleinement les monde ne constituent plus - si on accepte le
accusations de la part de Trente, dont la prin­ principe de cette objection - une référence
cipale était que la commission s'était substi­ valable et il faut alors douter de tout ce que
tuée de manière indue au juge normal, en in­ les historiens écrivent. Mais alors la certi­
struisant un nouveau procès, là où ses tude historique n'existe plus, il n'y a plus un
charges auraient dû se limiter à observer et à seul fait de toute l'histoire humaine qui
rapporter, avec une particulière attention à la puisse échapper au naufrage. En effet « si la
vérification du martyre et des miracles. passion religieuse ruine l'histoire, les autres
...Battista de' Giudici fut considéré coupable passions la ruinent aussi... Or, il n'existe pas
d'avoir outrepassé son mandat en n'obser­ un homme au monde... qui ne soit pris par
vant pas les dispositions essentielles et..., l'une ou l'autre de ces trois grandes pas­
d'avoir agi de manière ouvertement favo­ sions, c'est-à-dire la passion politique, celle
rable aux juifs... Le travail du commissaire de l'école et celle de la religion... Mais poli­
était ainsi... déclaré 'nullius momenti... et tique, école, religion, c'est tout le domaine
multipliciter irritum', par contre le podestat de l'histoire...
de Trente était libéré de l'accusation d'avoir « Etes-vous bien sûrs, par exemple, que la
agi violant la légalité... La Bulle pontificale bataille de Pharsale a été gagnée par Jules
fut promulguée le 20 juin 1478... il y était af­ César ou même qu'il y ait réellement eu une
firmé que les procès de Trente s'étaient dé­ bataille à Pharsale ?... Qui pourra nous dire
roulés 'rite et recte', c'est-à-dire dans le re­ si des hommes passionnés n'ont pas fabriqué
spect de la légalité ( D . Q U A G L I O N I , Intro­ une bataille de Pharsale selon leur propre
duzione a : BATTISTA D E ' G I U D I C I , convenance...
Apologia judeorum invectiva contra Plati­
« La mort de Jules César, diront nos scep­
nam, RR inédite, Roma 1987, pp. 34-35).
tiques, est une pure invention d'Antoine et
d'Octave. Ils avaient tant d'avantages à la
REPONSES raconter de cette manière ! César par contre
est tombé frappé d'apoplexie au pied de la
Selon le livre en question, soutenir les statue de Pompée...
thèses de l'homicide rituel «NE CONVIENT « La passion en réalité peut tromper un
PAS A D ' H O M M E S SAINS D ' E S P R I T » individu... mais la passion ne peut pas trom­
(op. cit. p. 49). Les objections contenues dans per tous les hommes, ni faire en sorte que
ce livre voudraient démontrer «le ridicule et tous les hommes se trompent sur un fait d'or­
l'absurde de la légende de l'homicide rituel » dre public; car dans un domaine aussi vaste,
(ibid. p. 50). Mais même rien qu'examinant la passion des uns rencontre toujours la pas­
avec un œil objectif ces objections, on re­ sion contradictoire des autres, et c'est cela
marque spontanément comment le Pape, qui qui permet qu'il y ait une vérité historique en
dans un premier temps s'était montré assez ce monde » (P. C O N S T A N T , Les juifs devant
sceptique sur la façon dont l'Evêque de l'Eglise et l'histoire, op. cit., pp. 230-232).
Trente conduisait le procès, au point de lui L'homicide rituel se présente de plus
envoyer un de ses délégués, le commissaire sous la couverture et la garantie des pou­
de' Giudici o.p. pour examiner le travail, a­ voirs politiques de chaque pays : Philippe
vait ensuite nommé une commission de car­ Auguste et Saint Louis IX en France, St
dinaux pour voir de quel côté se trouvait la Henri et Maximilien en Allemagne, St
vérité, et comment cette commission cardina­ Ferdinand en Espagne, Henri III en Angle­
lice avait éloigné le légat romain et donné terre, Grégoire XIII à Rome. Est-il permis
raison à l'Evêque de Trente. alors de mettre en doute la crédibilité de ces
Mais voyons maintenant comment don­ hommes ? Voilà une seconde objection qu'on
ner des réponses plus détaillées aux différen­ trouve dans le livre d'ESPOSITO-QUAGLIONI,
tes objections à la thèse de l'homicide rituel. dont nous sommes en train de parler.

83
SODALITIUM : La question juive

Je réponds tout d'abord qu'il y a trois L'Eglise dans ce cas est allée plus loin que
Saints parmi ces hommes ; or, nous, catholi­ dans tous les autres cas de béatification ordi­
ques, nous sommes tenus à croire à la probité naire ; pour Saint Simonin, elle a fait ce qu'elle
de ceux que l'Eglise infailliblement met sur les fait seulement pour les canonisés (bien que
autels comme modèles de vertu à imiter pour Saint Simonin soit seulement Bienheureux) :
aller au ciel. Si ceux-ci avaient menti, ils ne se­ elle l'a mis en effet dans le Martyrologe
raient pas des Saints mais des calomniateurs, Romain, au 24 mars : "Nono Kalendas Aprilis
donc des pécheurs et des modèles de vice, et Tridenti passio SANCTI SIMONIS pueri, A
des chemins qui conduisent à l'enfer (absit !). J U D E I S SAEVISSIME TRUCIDATI, qui
Mais si notre lecteur n'avait pas la Foi, multis postea miraculis coruscavit".
cette argumentation ne vaudrait pas et, pour Benoît XIV a fait un résumé de l'histoire
cela, je descends au niveau de la raison natu­ du martyre du Bienheureux de Trente (ap­
relle. Le problème de l'existence de l'homi­ pelé communément Saint, bien qu'il n'ait
cide rituel se fonde sur l ' A U T O R I T E (je pas encore été canonisé mais seulement béa­
crois que Jules César ou Napoléon ont existé tifié) dans la Bulle 'Beatus Andreas' du 22
même si je ne les ai jamais vus car il y a une Février 1755, dans laquelle nous lisons :
autorité qui me le dit, et si cette autorité a la « l'année 1483, ...SIMON de Trente, FUT
science et l'honnêteté, je puis croire à l'exi­ MIS C R U E L L E M E N T A M O R T PAR
stence de ces personnages en vertu d'une é­ DES JUIFS, EN HAINE DE LA FOI ; dans
vidence extrinsèque qui est l'autorité de ce­ ce crime atroce... les juifs ont mis en œuvre
lui qui me l'enseigne). toutes les machinations possibles pour é­
Or, il y a autorité juridique et autorité chapper au châtiment mérité... Sixte IV ne
scientifique. Mais d'abord, au-dessus d'elles, put refuser d'intervenir pour faire suspendre
il y a pour nous catholiques, une autorité di­ le culte public que les fidèles avaient déjà
vinement assistée qui est l'Autorité de commencé de rendre au Bienheureux
l'Eglise de Rome et du Pape (pour ceux qui Simon. (Cette suspension temporaire du cul­
n'auraient pas la Foi, je donnerai ensuite des te public ne diminue en rien la thèse de l'ho­
arguments d'ordre de raison naturelle). micide rituel ; en effet, ce culte public était
né spontanément chez les fidèles de Trente.
La procédure régulière n'était pas encore
L'AUTORITE DE L'EGLISE
entamée et le Saint-Siège n'était pas encore
Aucun catholique ne peut douter que intervenu officiellement. Il intervint ensuite
chaque fois que l'Eglise intervient il doit sous Sixte V, et c'est seulement à partir de ce
adhérer à ses sentences sans hésiter. moment-là que la béatification du petit
Or dans le cas de l'homicide rituel, on se Simon compte comme jugement officiel du
posera facilement l'objection suivante : c'est le Saint-Siège, et dès lors tout est resté hors de
stupide obscurantisme du Moyen-Age qui a discussion, jusqu'au Concile Vatican II com­
créé ces fables, les lumières de l'époque mo­ me nous le verrons ensuite, ndr). JUSQU'A
derne ont définitivement liquidé ces légendes CE Q U ' O N AIT BIEN MIS EN PLEINE
de l'ignorance et du fanatisme médiéval. LUMIERE QU'IL AVAIT ETE TUE PAR
DES JUIFS, EN H A I N E DE LA FOI
Mais nous répondons que l'Eglise s'est déjà
CHRETIENNE... Lorsqu'ensuite l'évidence
exprimée sur ce problème (qu'on voie, par
sur ce fait et les preuves qui l'établissaient
exemple, la commission des cardinaux créée
furent produites, et que furent bien démon­
par Sixte IV) ; en outre elle a béatifié les victi­
trés et la mort et le motif par lequel elle fut
mes des homicides rituels des juifs, en les pro­
infligée, et que fut constaté aussi que les as­
posant ainsi au culte des catholiques avec les
sassins étaient juifs, comme il résulte du
actes de leur martyre. "A personne, même
procès conservé actuellement aux archives
profane dans les études théologiques, ne peut
secrètes du Château Saint Ange. ...Le pape
échapper la souveraine prudence qui transpire
Sixte V promulga en 1588 un bref de conces­
de chaque norme des procès de béatification.
sion pour la célébration de la Messe et la ré­
L'Eglise procède vraiment, comme on dit, avec
citation d'un office propre en l'honneur du
une grande prudence" ( P A R E N T E , PIOLANTI,
Bienheureux Simon, pour la ville et tout le
G A R O F A L O , Dizionario di Teologia dommati­
diocèse de Trente... Entre ce que Nous
ca, éd. Studium, Roma 1957, 4ème éd., p. 49).
(Benoît XIV, ndr) avons concédé pour le
Il y a un office et un culte public de Saint culte du Bienheureux André (martyrisé lui
Simon de Trente, martyrisé par les juifs (2).

84
SODALITIUM : La question juive

aussi par les juifs, ndr) et ce que nos prédé­ lier il niait que les enfants puissent être
cesseurs ont décrété pour le culte du martyrs et saints, car par définition, ils ne
Bienheureux Simon, il y a toutefois cette peuvent faire aucun acte de volonté, donc ils
différence, que LE NOM DU B I E N H E U - n'ont aucun mérite propre s'ils sont tués"
R E U X SIMON A E T E INSCRIT PAR (A. E S P O S I T O - D . QUAGLIONI, op. cit., p. 75).
ORDRE DU PAPE G R E G O I R E XIII, AU Même le lecteur qui n'est pas prêtre et
MARTYROLOGE ROMAIN... ». dominicain sait très bien que l'Eglise a cano­
Il y a donc un jugement de l'Eglise con­ nisé les Saints Martyrs Innocents, qu'Hérode
cernant l'homicide rituel du petit Simon et avait fait tuer en très bas-âge. St Bernard é­
des quatre autres martyrs (3), qui s'appelle crit : « Auront été martyrs à vos yeux, mon
BEATIFICATION. Dieu, même ceux parmi lesquels ni l'homme
"Ce jugement est d'ordre inférieur à la ni l'Ange n'ont pu découvrir un mérite mais
Canonisation dans laquelle l'infaillibilité du que la valeur singulière de votre grâce a vou­
Pape intervient et rend cet acte irréformable. lu enrichir. ..."Paix aux hommes, même à
Ce n'est pas le cas de la Béatification. Mais ceux qui n'ont pas encore l'usage de la vo­
elle reste, au-dessous de la Canonisation, le lonté propre" : voilà le mystère de ma miséri­
décret le plus fort et le plus important que corde (dit le Seigneur)». Nous, baptisés avec
puisse donner l'Eglise... Depuis que Rome l'eau, nous devons rendre gloire à ces nou­
s'est réservée les causes de Béatification, ces veaux-nés baptisés dans leur propre sang.
décrets restent IMMUABLES DE FACTO, ''Les enfants qui furent tués en haine de
comme la Canonisation l'est de droit... la Foi (les Saints Innocents) SONT CONSI-
C'est... pour rendre impossible tout mépris D E R E S COMME DE VRAIS MARTYRS,
de la pensée de l'Eglise que Grégoire XIII a parce que dans ce cas l'acceptation de la vo­
procédé, concernant le martyr de Trente, à lonté fut remplacée par une grâce particuliè­
un acte aussi exceptionnel qui n'apparaît que r e " ( R O B E R T I - P A L A Z Z I N I , Dizionario di
dans ce seul cas dans l'histoire de l'Eglise... Teologia morale, éd. Studium, Roma 1968,
Grégoire XIII a inscrit l'enfant de Trente au 3° éd., rubrique 'martirio', p. 962, vol. II).
Martyrologe et non sous la rubrique de
'Bienheureux' mais sous celle de 'Saint'
("passio SANCTI Simonis pueri")... De là à L'AUTORITE DE LA SAINTE ECRITU-
conclure à l'équivalence d'un décret de RE ET DE L'ARCHEOLOGIE : LES SA-
Canonisation serait excessif... A partir du CRIFICES HUMAINS DANS L'ANCIEN
moment où les Papes indiquent qu'on peut TESTAMENT
procéder à la Canonisation, la Canonisation
"La religion légitime en Israël condamne
implicite ne suit pas nécessairement... Mais il
tout sacrifice humain (Lev. XVIII, 21 ; XX, 2­
reste fermement établi que, en-dessous du
5 ; Deut. XII, 31 ; XVIII, 9ss; et souvent dans
décret infaillible (de Canonisation) le témoi­
les prophètes) ; ils sont une impiété des
gnage des décrets de Béatification est... le
Chananéens et sont sévèrement interdits. ILS
plus important qui puisse répondre, en ce
F U R E N T PRATIQUES (cf. I Rois XVI, 34;
monde, de la vérité historique d'un fait ; et
II Rois XVI, 3 ; XXI, 6) DANS LA RELI-
que l'acte que ce témoignage exprime est
GION POPULAIRE contaminée justement
l'acte de l'autorité spirituelle suprême de
par l'influence chananéenne. ...Les condam­
l'Eglise. Donc nier la réalité du fait affirmé
nations répétées fréquemment par les
(le petit Simon tué par les juifs en haine de la
prophètes furent sévères (Mi, VI, 7 ; Jér. VII,
Foi, ndr) ne sera pas une hérésie, mais une
31 ; XIX, 5 ; XXXII, 35 ; Ez. XVI, 20ss).
affirmation T E M E R A I R E " (P. C O N S T A N T ,
Celles-ci informent qu'ELLE ETAIT INFIL-
op. cit., pp. 241-246).
T R E E PAR DES RITES ABOMINABLES
Enfin, pour conclure, une dernière PARMI LES ADORATEURS DE YAHVE,
objection, émanant, rien moins, que du com­ et combien ils étaient étrangers au vrai esprit
missaire pontifical Battista de' Giudici o.p. de la religion juive" (F. S P A D A F O R A , Dizio­
(qui montre ou bien son ignorance coupable, nario biblico éd. Studium, Roma 1963, 3° éd..
étant un évêque dominicain, ou bien sa mau­ rubrique 'sacrificio', p. 536). Or la religion ac­
vaise foi, comme il apparaîtra clairement tuelle des juifs n'étant plus la Mosaïque, mais
dans notre réponse). Pour de' Giudici le la rabbinico-talmudique, donc contaminée
martyre devait être un acte conscient ou vo­ par la cabale apocryphe égypto-babylonienne
lontaire de la part de la victime ; "en particu­ (comme je le démontrerai dans l'article sur la

85
SODALITIUM : La question juive

cérémonie symbolique de purification... C'est


seulement dans le Talmud postérieur qu'on
trouve la description d'UN SIMULACRE
DU DIEU MOLOCH QUI ETAIT ROUGI
AU FEU ET DANS LES BRAS DUQUEL
AURAIENT ETE JETES DES ENFANTS
VIVANTS. Cf. d'après Kortleitner, 'De
polytheismo', 216ss., la documentation ras­
semblée à cet égard » (I. S C H U S T E R - G . B .
H O L Z A M M E R , Manuale di storia biblica, il
Vecchio Testamento, SEI, Torino 1951, p. 794).
"Moloch...(est) le nom d'une idole à qui les
Juifs du temps des Rois sacrifiaient des victi­
mes humaines dans la Vallée du fils d'Ennom
(Géhenne) près de Jérusalem (II-IV Rois,
Le Pape Sixte IV XXIII, 10; Jér. XXXII, 35). ...IL EST CER-
cabale), on ne doit pas s'étonner que les sacri­ TAIN que DANS LES PERIODES DE SYN-
fices humains "qui étaient pratiqués dans la CRETISME religieux, LES JUIFS ONT UTI-
religion populaire" (F. S P A D A F O R A , op. cit.) LISE DANS LE CULTE DE MOLOCH
s'étaient infiltrés de nouveau parmi les fils DES VICTIMES HUMAINES... OFFRANT
charnels de ceux qui adoraient Yahvé, dont ils EN LES B R U L A N T EN H O L O C A U S T E
ne conservaient plus l'esprit qui vivifie, mais LEURS P R O P R E S FILS" (G. RICCIOTTI,
considéraient la lettre qui tue. Enciclopedia Italiana Treccani, Roma 1951,
Ces vérités sont confirmées, comme l'é­ vol. XXIII, rubrique 'Moloch' p. 587).
crit Mgr. Spadafora, par les prophètes in­
spirés ; ELLES SONT donc DIVINEMENT LES AUTORITES JURIDIQUES
REVELEES. Ecoutons Jérémie : "LES EN-
FANTS DE J U D A . . . O N T BATI LES Après avoir parlé de l'autorité divine de
HAUTS LIEUX DE TOPHETH, POUR Y l'Eglise et de l'Ecriture Sainte, nous descen­
CONSUMER DANS LE FEU LEURS dons maintenant à l'ordre naturel, qui est le
FILS ET LEURS FILLES" (VII, 30,31). domaine de tous, croyants ou non. Dans cet
Moloch "est la divinité chananéenne ordre, il y a des autorités juridiques et scien­
Milk... à laquelle était offerts des sacrifices hu­ tifiques. Voyons les premières.
mains, comme le démontrent les récentes dé­ Les rois qui à cause de l'homicide rituel
couvertes archéologiques... L'Ancien Testa­ ont chassé les juifs de leurs royaumes, ont
ment unit et rapporte toujours à la divinité procédé de manière juridique, autrement ils
Moloch les SACRIFICES H U M A I N S EN auraient agi comme des tyrans ne s'occupant
PARTICULIER DES ENFANTS (Lev. X- pas de leurs sujets, et ils auraient vraiment
VIII, 21 ; XX, 2-5 ; I Rois XI, 7 ; Jér XXXII, 35, maltraité de manière injuste les juifs. Si on
etc.) ILS ETAIENT IMMOLES (Ez, XVI, objecte que font défaut aujourd'hui les
21) ET D E V O R E S PAR LE FEU" (F. SPA- comptes rendus des procès d'expulsion in­
DAFORA, op. cit., rubrique 'Moloch', p. 419). tentés contre eux, je réponds qu'il n'est pas
La science archéologique confirme donc possible de leur redonner vie après avoir été
aujourd'hui aussi ce que Dieu a révélé et ce détruits par le feu. ou par les tremblements
que nos yeux n'oseraient pas croire, s'il n'y de terre qui ont dévasté au cours de l'histoire
avait pas de si nombreuses preuves que l'on beaucoup d'archives dans lesquelles ils se
peut qualifier d'accablantes sans crainte trouvaient. (Dans le cas de Saint Simon de
d'exagérer. Trente, par contre, le compte rendu existe
encore dans les archives secrètes du Vatican).
AUTORITE JUIVE: LE TALMUD Il faut dire en outre qu'il n'y aurait pres­
que jamais eu de criminels condamnés juri­
« Déjà dans la partie la plus ancienne du diquement s'il n'y avait que ceux dont les
Talmud, appelée Mischna, est exprimée l'opi­ archives publiques conservent les interro­
nion selon laquelle "passer par le feu" (IV gatoires.
Rois XVI, 3 ; XVII, 17) ne faisait pas allusion Où se trouvent aujourd'hui, par exemple,
à un sacrifice humain, mais seulement à une les comptes rendus des interrogatoires de

86
SODALITIUM : La question juive

Verrès, le préteur sicilien défendu par


Cicéron ? Il est vrai que nous possédons les
plaidoiries de son avocat, mais ce ne sont pas
les comptes rendus formels d'un procès ; alors
Verrès serait le plus innocent et le plus persé­
cuté de tous les hommes puisque nous ne pos­
sédons pas aujourd'hui les actes de son
procès ? NON ! C'est pourquoi on peut dire
que les juifs ont été condamnés juridiquement
(comme, et même plus que Verrès, dans le cas
de Trente, par exemple), tout d'abord parce
que l'histoire nous le témoigne ; en effet les Les instruments du martyre de St Siméon de Trente
rois chrétiens - dont j'ai cité les noms - furent
parmi les plus justes que l'histoire ait connus
et furent canonisés par l'Eglise. S'ils avaient les Papes ont toujours été considérés parmi
été injustes, en procédant de manière non ju­ les hommes les plus savants de leur époque ;
ridique contre les juifs, l'Eglise offrirait à l'i­ ici je présente aux fidèles et aux autres, l'au­
mitation des fidèles, des modèles qui ne con­ torité de leur SCIENCE H U M A I N E et je
duiraient pas au ciel mais à l'enfer, puisque ne parle pas de l'assistance du Saint-Esprit
injustes et faux ; mais nous, catholiques, nous qui les rend infaillibles. Or ce que les Papes
savons que lorsque l'Eglise canonise quel­ connaissent le mieux, après la théologie et le
qu'un, elle est infaillible, c'est-à-dire qu'il est droit canon, c'est l'histoire de l'humanité,
infailliblement vrai que l'imitation des exem­ qui coïncide en grande partie avec l'histoire
ples de ces Saints conduit sûrement au ciel ! sacrée et avec celle de l'Eglise.
En outre, les actes du procès de Trente é­
taient encore conservés sous le pontificat de Leur probité historique
Benoît XIV dans les archives du Château Normalement (sauf quelque rare excep­
Saint-Ange ; et avant que les troupes pié­ tion, qui confirme la règle) l'image du Pape
montaises n'entrâssent à Rome, ils furent se présente d a n s l'histoire avec un reflet
transférés à la bibliothèque vaticane ("La d'honnêteté qui devrait caractériser tout mi­
Civiltà Cattolica les a publiés in extenso dans nistre de Dieu.
les années 1881 et 1882), par ordre de Pie IX
et, avec la permission de Léon XIII, ils peu­ Leur discernement historique
vent être examinés par les étudiants. Je parle de discernement, en effet la pru­
dence des Papes est proverbiale ; nous imagi­
LES AUTORITES SCIENTIFIQUES nons alors avec quelle maturité et quelle
pondération les Pontifes romains durent
L'histoire est une science, c'est-à-dire une traiter une matière aussi délicate que celle
"cognitio certa", qui offre la certitude de que nous sommes en train d'examiner.
l'existence du fait historique, certitude ex­
trinsèque ou de crédibilité, fondée sur la cré­ LES BOLLANDISTES ET LEUR SCIEN-
dibilité intrinsèque du témoin. Nous avons CE HISTORIQUE
donc une certitude morale de l'existence du
fait historique (ici de l'homicide rituel). Dans Après les Papes, les Bollandistes sont les
l'Histoire, les autorités sont les hommes qui plus experts connaisseurs de cette matière
possèdent la science historique, la probité hi­ historique. Leur nom vient de Jean Bolland,
storique et le discernement historique. Et qui "... avait mérité une réputation de bril­
pour ce qui est de l'homicide rituel, ces auto­ lant professeur et ses connaissances de l'an­
rités sont les Papes et les Bollandistes. tiquité justifiaient le choix de ses supérieurs"
(Enciclopedia Italiana Treccani, vol. VII, ru­
LES PAPES ET LEUR SCIENCE HISTO- brique 'Bollandisti').
RIQUE
Leur probité historique
J'estime qu'il n'est pas nécessaire d'en­ Le caractère de Bolland est au-dessus de
seigner à personne (sauf aux témoins de toute attaque, le premier qui le critiqua fut
Jéhovah et à certains "traditionalistes") que Voltaire, le moins sérieux de tous les hom-

87
SODALITIUM : La question juive

mes, dont la devise était "calomniez, calom­ le passé très lointain, avant que la Foi chré­
niez,il en restera toujours quelque chose". tienne ne devînt si puissante, les plus sages
parmi les juifs de la région de Babylone, éta­
Leur discernement historique blirent que le sang d'un enfant chrétien 'ita
S'il y avait un reproche à faire aux Bol­ interfectus' aurait été d'un grand profit au
landistes, ce serait plutôt d'avoir défendu à salut des âmes des juifs, mais à la condition
outrance les droits de l'histoire. Sans avoir que.., 'interficentur ea forma qua fuit inter­
rien de commun avec l'école sceptique, les fectus Jésus' » (A. ESPOSITO-D. QUAGLIONI,
Bollandistes ont poussé - dans l'examen des Processi contro gli ebrei di Trento, Cedam,
témoignages - la sévérité au maximum; s'il y a Padova 1990, pp. 71-72).
eu péché (surtout en ce qui concerne les néo- Pour plus de détails, on peut consulter le
Bollandistes) c'est par excès de sévérité et de même ouvrage de la page 109 à 454, qui rap­
critique historique et non par défaut ou par porte les actes du procès. Ou bien "La
crédulité ; en bref, les Bollandistes ne racon­ Civiltà Cattolica" [Série XI, vol. VIII, fasc.
tent pas des fables mais sont des historiens sé­ 752 (8 oct. 1881) - fasc. 753 (29 oct. 1881) ­
rieux. Or cette extrême sévérité ne les a pas fasc. 754 (12 nov. 1881) - fasc. 755 (26 nov.
empêchés d'écrire plusieurs fois sur l'homici­ 1881) - fasc. 756 (10 déc. 1881) ; Vol. IX, fasc.
de rituel. (Pour ce qui a trait au martyre du 757 (31 déc. 1881) - fasc. 758 (14 jan. 1882) ­
petit Simon cf. BOLLANDISTES, vol. X des fasc. 759 (28 jan. 1882) - fasc. 760 (11 fevr.
'Actes des Saints', Tome 3°, 24 mars). 1882) - fasc. 761 (25 févr. 1882) ; Vol. X, fasc.
761 (8 avr. 1882) - fasc. 763 (24 mars 1882) ­
LE RECIT DU MARTYRE fasc. 766 (13 mai. 1882) - fasc. 767 (27 mai.
1882) - fasc. 768 (10 juin. 1882)].
« Dans leurs aveux... tous les neuf princi­
paux accusés fournirent une version plus ou LES FRANSCISCAINS OBSERVANTS
moins concordante des buts et du rituel de ET "LA CAMPAGNE DE HAINE ANTI-
l'homicide 'in vilipendium christianae fidei' : JUIVE"
l'enfant encore vivant est conduit dans la
pièce qui précède la synagogue..., Samuel « A Trente... il n'y avait pas besoin des
aurait noué un mouchoir autour du cou de prédications de Bernardin de Feltre pour
l'enfant, que le vieux Moïse, assis sur un siè­ donner vie au soupçon d'homicide rituel,
ge, tenait sur ses genoux, pour qu'on n'en­ comme le veut une certaine tradition,
tendît pas les pleurs. Donc Moïse, avec une aujourd'hui d'ailleurs discutée. Que Ber­
tenaille de fer, aurait incisé la mâchoire droi­ nardin ait prophétisé ou non le triste événe­
te de Simon, suivi par Samuel et Tobie, qui ment de la Pâque 1475 (le meurtre de petit
entre-temps, en se relayant avec Mohar, au­ St Simon, ndr)... il est certain que LE CAS
rait recueilli le sang dans un récipient. Tous D E T R E N T E D O I T E T R E MIS E N RE-
les présents auraient ensuite piqué l'enfant LATION AVEC LA C A M P A G N E DE
sur tout le corps avec des aiguilles à pom­ HAINE ANTI-JUIVE ORGANISEE
meau, en récitant des malédictions à l'en­ DANS LA SECONDE MOITIE DU
contre des chrétiens. Toujours avec la même Q U I N Z I E M E SIECLE S U R T O U T PAR
tenaille, le tibia aurait après été incisé, pen­ LES FRANCISCAINS OBSERVANTS, si­
dant que le vieux Moïse avec un couteau au­ multanément à la polémique contre le prêt
rait pratiqué sur l'enfant une sorte de circon­ usuraire (4) et en faveur des Monts-de-Piété.
cision. Simon était donc tenu, 'iam quasi se­ La lutte contre les usures devient au contrai­
mi mortuum', debout sur le siège avec les re une seule chose avec la polémique contre
bras étendus 'in forma crucifixi', pendant les juifs, et le Mont-de-Piété l'expédient
que tous ceux qui intervenaient auraient re­ pour subvenir aux pauvres... et ainsi "éviter
commencé à le piquer avec des aiguilles sur le gouffre rageur des usures et la rageuse
tout le corps, en répétant les malédictions à perfidie et la nuque raide des juifs, usurpa­
l'adresse des chrétiens. L'enfant serait juste­ teurs des subsides et SUCEURS DU SANG
ment mort à ce moment, après avoir été tor­ des chrétiens". C'est ce qu'on lit, par exem­
turé pendant environ une demi-heure. ple, dans la préface des Statuts de Mont-de-
Toutes les personnes interrogées révèlent Piété de Rieti, dictés par Bernardin de Feltre
être bien informées des finalités pratiques lui-même en 1489, où la référence à l'usage
du rite homicide... Samuel répond que dans du SANG CHRETIEN et donc à l'homicide

88
SODALITIUM : La question juive

rituel n'est pas seulement une allusion rhéto­ prêt, nécessaire au fonctionnement de l'or­
rique, mais l'affirmation d'une pratique habi­ ganisation bancaire. Il fut inflexible contre
tuelle associée à l'exercice de l'usure. Le rap­ l'usure. Une grave querelle avait lieu à
port entre l'usure et l'homicide rituel était Trente quand en 1476 IL ACCUSA LES
du reste déjà présent... dans 'l'Histoire de JUIFS D ' U S U R E et au fond de sa dramati­
Simon' de Jean Matthias Tiberino, un des que expulsion à Florence... il y eut le ressen­
médecins qui avait procédé à l'expertise du timent de la Seigneurie contre ses frères...
cadavre de l'enfant. Brescia aussi, ville dont qui avaient dénoncé les vexations faites aux
venait Tiberino... avait vu la violente inter­ pauvres gens par des prêteurs sans conscien­
vention des prédicateurs franciscains, dans ce... Bernardin rencontra serein la mort à
les années 1440 d'abord, avec la présence de Pavie le 28 septembre 1494... Vénéré tout de
Berdardin de Sienne, et ensuite, dans les suite par le peuple, son culte fut confirmé en
années 1460, de Jacques de la Marche et de 1654 pour l'ordre franciscain et les diocèses
Michel Carcano ; prédication qui, après les de Feltre et de Pavie. Les Mineurs en célè­
faits de Trente, conduira à L'EXPULSION brent la fête le 28 septembre » (G. S A B B A -
DES J U I F S DE C E T T E VILLE... » (A. TELLI, Bibliotheca Sanctorum, Città Nuova
E S P O S I T O - D . Q U A G L I O N I , op. cit., pp. 61-63). éd., Roma 1962, vol. II, pp. 1289-1293).
Mais voyons un peu qui étaient ces terri­ « L'implacable lutte commencée à Trente
bles prédicateurs franciscains fomentateurs en 1476 contre les usuriers, juifs surtout... lui
d'une "campagne de haine antijuive" et opé­ valut la colère de certains de ceux-ci, et mê­
rateurs "d'interventions violentes". me DES ATTENTATS A SA VIE... » (F.
Le premier est le B I E N H E U R E U X C A S O L I N I , Enciclopedia Cattolica, Città del
BERNARDIN DE FELTRE né à Feltre en Vaticano 1949, vol. II, p. 1406).
1439, baptisé avec le nom de Martin et qui Cherchons à voir en détail la prophétie
prit celui de Bernardin en l'honneur de St que le Bienheureux fit du martyre du petit
Bernardin de Sienne, dont il renouvela la St Simon.
prodigieuse activité de prédicateur et de « Dans l'année 1475, Bernardin prêcha le
Saint, en entrant le 14 mai 1456 à Padoue, Carême à Trente ; ce fut alors qu'il commença
chez les Frères Mineurs Observants de la à prêcher contre les juifs, dont il ne cessa ja­
province de Venise. mais jusqu'à la mort de dénoncer les perfidies
« Enfant d'une intelligence précoce, avi­ et les crimes... Il reproche aux habitants de
de de lecture, il fit de rapides progrès dans Trente d'être trop familiers avec eux... IL
les études humanistes, à tel point qu'à onze S'ATTIRA AINSI LA MALVEILLANCE
ans il lisait et parlait le latin avec facilité... DE CERTAINS CHRETIENS, qui PRE-
Etudiant en droit à Padoue, il faisait l'admi­ T E N D A I E N T que B E R N A R D I N AVAIT
ration de tous par le sérieux de sa conduite TORT D'ATTAQUER DES PERSONNES
et par son intelligence... Lorsque le francis­ QUI, A PART LA FOI, ETAIENT HON-
cain St Jacques de la Marche, disciple de St NETES. "Vous ne savez pas" répondit l'hom­
Bernardin de Sienne, prêcha dans la ville, sa me de Dieu, "quels crimes sont en train de
parole finit par le convaincre et Bernardin préparer contre vous ces prétendus hommes
prit l'habit des frères mineurs... En 1469 honnêtes. Mais Pâques ne passera pas sans
(année où il fut n o m m é prédicateur, ndr) que les juifs vous aient donné un signe de leur
jusqu'à sa mort, il ne cessa de prêcher et il bonté". C'est ainsi qu'arriva le martyre de la
parcourut toute l'Italie centrale et septen­ Semaine Sainte, et pendant que les chrétiens
trionale... Plusieurs fois pieds nus, en se se préparaient à célébrer les mystères de la
trouvant souvent dans des situations diffici­ Passion du Sauveur, les juifs complotaient
les du fait des conditions atmosphériques d'immoler un enfant chrétien et de boire son
contraires... l'expulsion de la part des prin­ sang pendant leurs infâmes cérémonies des
ces, LA HAINE DES USURIERS ET DES azymes... un certain Thomas vola un enfant de
JUIFS... Ses prédications attiraient des audi­ deux ans et cinq mois, appelé Simon,... Et
teurs innombrables et les villes les plus illu­ pendant la nuit, cette victime innocente fut
stres se le disputaient... P r o m o t e u r des immolée par la fureur des juifs... » (Mgr. PAUL
Monts-de-Piété...nonobstant la forte opposi­ GUERIN, Le palmier séraphique, Bar-le-Duc
tion de la part de ses confrères, il soutint, éd., s. I. 1873, IX vol., pp. 515-516).
comme expert juriste, qu'il était licite d'exi­ A Crema Bernardin prêchait ainsi : « IL
ger le paiement d'un modeste intérêt sur un NE FAUT LEUR NUIRE en rien, ni quant

89
SODALITIUM : La question juive

à leur personne, ni quant à leurs biens. LA heureux doit être effacé". Il se réfère juste­
JUSTICE ET LA CHARITE CHRETIEN- ment à St Simonin et il dit : « Il s'agissait de
NES D O I V E N T S ' E X E R C E R MEME l'homicide rituel et précisément de celui qui
VIS-A-VIS DES JUIFS, car ils ont la même aurait été perpétré en 1475 par les juifs de
nature que nous... MAIS il n'est pas moins Trente sur un enfant qui fut béatifié en 1589
vrai que LES LOIS C A N O N I Q U E S IN- par le Pape Sixte V avec le nom de Simonin.
TERDISENT EXPLICITEMENT DE LES Le culte du Bienheureux... a persisté jusqu'à
F R E Q U E N T E R A V E C T R O P D'ASSI- il y a peu d'années. C'est le mérite de
DUITE et de familiarité... (je rappelle com­ Gemma Volli (juive, ndr) d'avoir obtenu de
ment St Bernardin raconta souvent qu'un l'archevêque de Trente, Alessandro M.
médecin juif d'Avignon se vantait sur son lit Gottardi, en novembre 1963 d'ordonner de
de mort d'avoir tué, au lieu de les guérir, brûler toutes les copies d'un livret antijuif qui
plus de deux mille malades chrétiens...). était vendu dans l'église... et en 1964 de faire
«D'assister à leurs fêtes... Les usuriers juifs fermer la chapelle dédiée au Bienheureux
dépassent toute mesure ; ils égorgent les pau­ Simonin... Ensuite, l'archevêque interdit la
vres et s'engraissent de leur substance » (Mgr. procession décennale et enfin le 4 mai 1965
PAUL GUERIN, op. cit., pp. 518, 522-524). la Sacrée Congrégation des Rites abolit le
Or comment un Bienheureux qui a opéré culte du Bienheureux Simonin ».
tant de miracles et qui a mené une vie si sain­ « La décision - commente la BIBLIO-
te peut-il être fomentateur de "HAINE an­ THECA SANCTORUM - a été accueillie a­
tijuive" ? J'ai rapporté ses paroles elles-mê­ vec satisfaction même par le monde israëlite,
mes dans lesquelles il affirme qu'il faut faire qui voit ainsi tomber une accusation séculiè­
usage même envers les juifs de la CHARITE re INJUSTE à sa charge et une argumenta­
chrétienne et qu'il n'est pas permis de leur tion qui avait tant de poids pour accréditer
faire du mal ; mais le Bienheureux recomman­ la L E G E N D E de l'homicide rituel » (IGINIO
de la prudence dans les relations avec les juifs ROGGER, Bibliotheca Sanctorum, éd. Città
en tant qu'ils sont les persécuteurs du Christ Nuova, Roma 1968 p. 1187).
et des chrétiens : "Sinagogae Judeorum fontes
persecutionum", disait déjà Tertullien. Par
SOLUTIONS
conséquent, ni haine, comme disent les au­
teurs du livre sur 'les Procès de Trente' ; ni en­ "ROMA DELENDA EST", "CE BIEN-
core moins de philojudaïsme ou fausse charité HEUREUX DOIT ETRE EFFACE".
ou mieux encore de sentimentalisme philan­ Dans l'article sur le Déicide nous avons
tropique à l'égard du peuple déicide. "Soyez vu comment Jules Isaac, au temps du Con­
prudents comme les serpents, et simples com­ cile, avait demandé ou mieux, commandé et
me les colombes" nous a dit Notre-Seigneur obtenu, la modification des prières liturgi­
Jésus-Christ, la Sagesse Incarnée. ques concernant les juifs... L'affirmation que
Pour ce qui regarde les autres "fomenta­ les Juifs ne sont pas du tout responsables de
teurs de H A I N E antijuive", eh bien, ce sont la mort du Christ... (comment) l'origine du
SAINT J A C Q U E S DE LA M A R C H E et schéma conciliaire (Nostra Aetate) eut pour
SAINT B E R N A R D I N DE SIENNE ; point point de départ une demande de Jules Isaac
n'est besoin ici que je parle de leurs hauts au Vatican » (Le Déicide, in "Sodalitium", n°
faits ; la sentence infaillible et irréformable de 28 [1992] pp. 37-38).
l'Eglise qui les a canonisés suffit. Or il est im­ Nous voyons maintenant comment une
possible qu'un canonisé soit un fomentateur autre juive, Gemma Volli, a ordonné et obte­
de haine, qui est l'un des péchés les plus gra­ nu l'effacement d'un procès de Béatification,
ves qui répugnent et contredisent la vraie pendant le Concile Vatican II. Mais si seule­
Sainteté! ment « la Canonisation est un acte définitif,
solennel par lequel le Pape avec la plénitude
LE PETIT SAINT SIMON N'EST PLUS de ses pouvoirs et avec l'infaillibilité dont il
BIENHEUREUX, VATICAN II EST est investi, déclare que le Bienheureux est au
ARRIVE ! Paradis et impose aux chrétiens de le vénérer
comme un Saint » par contre « La Béati­
'SHALOM', mensuel juif d'informations, fication est (seulement) un acte préparatoire,
dans son numéro 5 de mai 1991, page 35, à la qui permet le culte public... de quelque servi­
rubrique "PREJUDICE", intitule : "Ce Bien­ teur de Dieu sous le titre de Bienheureux...

90
SODALITIUM : La question juive

Les sentences de Béatification ne sont pas de Notre-Seigneur Jésus-Christ) : "Regnavit


définitives, infaillibles, irrévocables... IL EST a ligno Deus" "Surrexit vere, Alléluia !".
CEPENDANT TOUJOURS TEMERAIRE
DE SOUTENIR DANS UN CAS DONNE NOTES
QUE L'EGLISE SE SOIT REELLEMENT
T R O M P E E , DANS U N TEL J U G E - (1) Concernant la licéité de la TORTU-
MENT » ( R O B E R T I - P A L A Z Z I N I , Dizionario di RE, lire P. PALAZZINI, Enciclopedia Cattolica,
Teologia morale, éd. Studium, Roma 1968, I Città del Vaticano 1954, vol. XII, col. 342­
vol., p. 188). 343 : «La licéité au moins de la torture peut
Or, il me semble permis de pouvoir con­ être présentée sous deux aspects : celui de
clure que la nouvelle religion de Vatican II a l'application de la torture comme peine ; l'au­
affirmé DE MANIERE T E M E R A I R E que tre comme moyen d'investigation. On ne
l'Eglise de Rome a erré réellement dans le peut pas douter de la licéité de la torture
jugement de Béatification de St Simonin de comme peine afflictive, étant supposée la
Trente et des quatre autres Bienheureux, licéité de la peine de mort... La question de
martyrisés par les juifs. Et bien, cet efface­ la licéité de l'application de la torture comme
ment constitue une autre étape dans la voie moyen d'investigation judiciaire, sur des indi­
de l'effondrement, de l'abandon et de la ca­ vidus déjà suspects plus ou moins gravement,
pitulation de la partie chrétienne et un avan­ avec le but d'en tirer des aveux judiciaires, a
cement du processus d'infiltration et de eu des solutions différentes. Pour certains,...
pénétration jusqu'au sommet de l'Eglise de le bien commun peut exiger que l'accusé soit
la cabale juive. Mais Notre-Seigneur nous a soumis même à des moyens coercitifs, tels
promis : "PORTÆ INFERI NON PRAEVA- que la torture... L'inconvénient de ne pas
L E B U N T A D V E R S U S E A M " ; humaine­ réussir à découvrir l'auteur d'un crime déter­
ment parlant, nous assistons à l'échec et à la miné provoquerait parfois des dommages
défaite (comme le Vendredi Saint nous con­ bien plus grands à la société que ceux pou­
templons la mort et l'humiliation de l'huma­ vant provenir de la violation de la liberté en
nité de Notre-Seigneur Jésus-Christ), mais exigeant et en voulant la manifestation d'un
avec l'œil de la Foi, nous croyons en la vic­ individu déterminé (cf. J. D E L U G O , De insti­
toire glorieuse (comme le Dimanche de tia et iure, disp. XXXVII, éd. Fournialis, VII,
Pâques nous contemplons la Résurrection Parigi, 1869, p. 724). Toutefois, il est hors de
doute que, même dans ce courant de pensée,
Le Bienheureux Bernardin de Feltre pour être licite, la torture doit être contenue
dans des limites bien définies... (cf. ST.
A L P H O N S E M A R I E DE' LIGUORI, Th. mor., IV
cap. 3 a. 3, n° 202, II)».
Il y a eu de plus les sentences du Ma­
gistère pontifical rendant licite l'usage de la
torture (cf. Innocent IV, Bulle 'Ad extirpan­
da', 15.05.1252 - Clément IV, Bulle 'Ne
Inquisitionis', 13.01.1266 - Clément V,
Décrétales du Concile de Vienne - Urbain
IV, Bulle 'Ut negotium', 1262).
Et enfin la pratique de l'Eglise, qui pour
les siècles des siècles s'est servie de la tortu­
re comme moyen d'investigation judiciaire.

(2) Bulle de Sixte V.


« Sixte V, Pape. A perpétuelle mémoire.
Nous détenons, même si Nous ne le méri­
tons pas, les clefs du Royaume des Cieux,
que le Christ Seigneur a dit appartenir aux
enfants, lesquelles clefs Nous ont été con­
fiées en la personne du bienheureux Apôtre
Pierre ; Nous appliquons librement notre au­
torité apostolique à concéder tout ce qui

91
SODALITIUM : La question juive

contribue à promouvoir le culte de Dieu, la ment chaque année a perpétuité le 24 mars


dévotion des fidèles et la vénération des et qu'en ce jour soit récité ledit office dans
martyrs du Christ, ainsi, soit comme ceux toutes les églises de la ville et du diocèse de
qui pour Lui ont donné le sang et la vie, soit Trente par tous les séculiers et réguliers qui
comme d'autres qui, dans un âge tendre et sont tenus à la récitation de l'office divin
tout à fait enfantin, ont supporté par ressem­ selon le rite de la sainte Eglise romaine.
blance de Jésus-Christ Notre-Seigneur, des « Nous concédons en outre que ledit offi­
tourments très cruels. Or, nos fils bien-aimés ce ainsi rectifié puisse être imprimé séparé­
du clergé de la ville et du diocèse de Trente, ment, soit diffusé et introduit sans scrupule
se sont souvenus de la douloureuse mort du pour l'usage dans les églises et les lieux su­
bienheureux martyr Simon, enfant de snommés, de sorte que toutes les personnes
Trente, qui bien qu'au vingt-neuvième mois ecclésiastiques des deux sexes tant séculières
seulement de son âge, a été d'abord pris par que régulières, qui réciteront l'office du
des juifs infidèles, avides d'imiter la cruauté bienheureux Simon le jour de sa fête, aient
exaltée de leurs aînés sur le Corps du Christ ainsi satisfait à leur obligation, comme s'ils
notre Sauveur, et donc emporté secrètement, avaient récité les heures canoniques et les
à la faveur des ténèbres, dans leur synago­ autres offices divins prescrits au bréviaire ro­
gue. Les juifs ensuite, en mépris de la Pas­ main. Et ainsi en vérité que personne ne
sion du Seigneur, tandis qu'ils le tenaient en puisse être tourmenté, accusé ou inquiété.
forme de crucifix, lui ont lacéré les chairs Nonobstant etc. etc.
avec des tenailles, l'ont transpercé avec des « Afin qu'ensuite les fidèles chrétiens qui
aiguilles acérées, jusqu'à ce qu'il ait répandu professent la dévotion au bienheureux
son sang et rendu son âme immaculée. De là martyr Simon, puissent avec l'exercice des
est venu qu'ensuite il a resplendi par de bonnes œuvres obtenir sa protection auprès
nombreux miracles. Or, nos fils de Trente du trône de la divine Majesté et mériter ainsi
désirant célébrer sa fête avec plus de dévo­ d'acquérir plus facilement avec l'aide de
tion et une plus grande solennité, ont rédigé Dieu la vie éternelle, confiant en la miséri­
et nous ont présenté humblement ainsi corde de Dieu tout-puissant, en vertu de
qu'au Siège apostolique son office propre, l'autorité des saints Apôtres Pierre et Paul,
pour la messe comme pour les heures, et les Nous concédons une indulgence plénière à
hymnes et les antiennes et les répons et les tous les fidèles des deux sexes qui vraiment
leçons correspondant à sa fête, et ils nous repentis, confessés, et ayant communié, visi­
ont demandé avec soumission q u e , en ac­ teront au jour de la fête du bienheureux
cueillant leur pieux désir, Nous approuvions Simon martyr la chapelle où se trouve son
ledit office et que nous daignions en outre corps, et y prieront pour l'exaltation de la
faire les prescriptions qui paraîtraient op­ sainte Eglise romaine, pour l'extirpation des
portunes au Siège apostolique. Cependant, hérésies, pour la conversion des infidèles et
en accueillant avec bienveillance à la gloire pour la paix des états chrétiens, ou récite­
de Dieu leurs pieux désirs et paternellement ront d'autres prières selon la dévotion de
enclin à exaucer de telles demandes, après chacun. Ensuite aux prêtres et à toutes les
avoir fait examiner par nos vénérables frè­ personnes des deux sexes de la ville et du
res, Alphonse évêque de Tivoli, Jésualde du diocèse de Trente, qui en la fête réciteront
titre de St Nicolas et de Ste Cécile évêque de l'office du bienheureux Simon martyr, Nous
Crémone, Augustin de St Marc évêque de concédons l'indulgence de cent jours.
Vérone, Vincent de Ste Marie Borromée,
cardinal de la sainte Eglise, préposés aux sa­ « Nous voulons ensuite que les copies des
crés rites et aux cérémonies ecclésiastiques, présentes lettres, ainsi imprimées munies du
ledit office, celui-ci étant reconnu et exa­ sceau de quelque personne constituée en di­
miné et amendé selon les règles du bréviaire gnité ecclésiastique et signées par un notaire
et du missel romain par des personnes doc­ public, aient la même valeur que notre bulle
tes et expertes mandatées pour cela, Nous a­ montrée ou invoquée en original. Donné à
vec notre autorité, en vigueur des présentes Rome près de St Pierre, sous l'anneau du
lettres, nous autorisons ledit office et per­ pêcheur, le 8 juin 1588, quatrième de notre
mettons sa récitation. Nous, voulons, nous pontificat ».
établissons et ordonnons que la fête du
bienheureux Simon soit célébrée solennelle­ (3) Outre le Bienheureux Simon de
Trente, il y a d'autres enfants tués par les

92
SODALITIUM : La question juive

juifs en haine de la foi catholique et béatifiés il a été volé par des juifs... Avant d'être tué,
par la sainte Eglise : Cristòbal fut soumis à des tourments sem­
- Le Bienheureux Lorenzino Sossio de blables à ceux supportés par Notre-Seigneur
Marostica, bienheureux, martyr, en avril 1485. Jésus-Christ et finalement l'infâme sacrilège
L'approbation du culte a été concédée a été exécuté pendant la Semaine Sainte de
par le Saint Siège. 1491. ...Le culte de Cristòbal s'est diffusé ra­
Déjà Benoît XIV dans la Bulle "Beatus pidement en Espagne et au dehors, spéciale­
Andreas" du 22 février 1755, destinée à con­ ment grâce au bienheureux Simon de Rojas
firmer le culte du Bienheureux A n d r é de de l'Ordre d e s Trinitaires ; Pie VII l'a ap­
Rinn, avait rappelé que le Bienheureux prouvé en 1805. Sa fête se célèbre le 26 sep­
Lorenzino Sossio de Marostica jouissait d'un tembre » ( T E O D O R O DELLA SANTA FAMIGLIA,
culte immémorial. Le 31 août 1867 la Con­ B. S., IV, 348)
grégation des Rites procédait à la confirma­ - Le quatrième Bienheureux est Domin­
tion du culte à lui rendu 'ab immemorabili', go del Val.
en concédant Messe et Office propres pour Le «Pape Pie VIII, Le 24 novembre 1805,
les diocèses de Venise et P a d o u e , et en confirma un décret de la Sacrée Congré­
fixant la fête liturgique au 15 avril et la so­ gation des Rites qui concédait à l'Eglise de
lennité au deuxième dimanche après Pâques. Saragosse l'Office et la Messe de l'enfant
"Le culte liturgique officiel, maintenant, martyrisé par les juifs, Dominguito del Val.
a été abandonné au terme des dispositions Le 12 mai 1807 il confirma le culte en ap­
postconciliaires,... On célèbre encore, prouvant les "leçons" propres à l'Office du
malheureusement, et avec grande solennité, Bienheureux, dans lesquelles on raconte que
la fête publique le deuxième dimanche après le petit Dominguito, âgé de 7 ans, en 1250,
Pâques" ( B E N E D E T T O C I G N I T T I , Bibliotheca fut tué par les juifs en haine de la Foi, en le
Sanctorum, XI, 1319-20, éd. Città Nuova). crucifiant à un mur avec des clous et en le
- André de Rinn "bienheureux, martyr, transperçant avec un javelot. Le 7 août 1807,
...massacré avec barbarie par des juifs le 12 il y eut une nouvelle Bulle pour élever le de­
juillet 1462. Né... le 16 novembre 1459, le gré liturgique de la fête du Bienheureux
petit André Oxner fut confié par sa mère... Domingo » (cfr. M G R . U. BENIGNI, Storia so­
à un oncle du nom de Meyer... Quelques ciale della Chiesa, vol. IV, tome I, Milan
mois plus tard, l'homme indigne a vendu le 1907-1933, pp. 369-387).
petit bienheureux pour une jolie somme
d'argent à des juifs de passage dans son au­ (4) St T h o m a s d'Aquin répond à la
berge... peu après dans un bosquet non loin Duchesse de Brabant dans son opuscule inti­
du pays ils ont i m m o l é l'innocente créatu­ tulé "De Regimine Judeorum", au sujet de
re sur une pierre... Sur le lieu même où a été l'usure : «Les juifs de votre duché semblent ne
consommé le crime horrible on a bâti en pas avoir d'autres ressources en dehors de ce
1620 (...) une chapelle dans laquelle succes­ qu'ils se procurent par l'usure infâme (per u­
sivement, entre 1677 et 1685, furent dépo­ surariam pravitatem) ; pour cette raison vous
sées les reliques du petit martyr du Tyrol. En avez demandé s'il est licite de leur imposer
1750 ou 1751 l'évêque de Bressanone et des impôts du moment que l'argent qu'ils ont
l ' A b b é des Prémontrés de Wilten ont en­ gagné de cette façon doit être restitué après.
voyé une supplique au Pape Benoît XIV (...) Comme les juifs ne peuvent pas en con­
pour obtenir un office propre du bienheu­ science tenir les biens qu'ils ont pris aux au­
reux André, que le Pape a accordé le 25 dé­ tres, ainsi même vous, si vous receviez par
cembre 1753. eux le même argent, vous ne pourriez pas lici­
Avec la Bulle "Beatus A n d r e a s " du 22 tement le tenir pour vous,... » (De Reg. Jud.,
février 1755, Benoît XIV confirmait le culte Editio Leonina, vol. XLII, 1979, ad lum).
rendu au bienheureux André.
La fête du bienheureux se célèbre le 12
juillet, anniversaire de son martyre » (NIC-
COLO DEL RE, B. S., I, 1148-9).
- Le troisième enfant béatifié martyrisé
par les juifs est Cristòbal de la Guardia,
« Saint, martyr, vénéré à Tolède. (...) Né à
Tolède le 17 décembre 1487... A quatre ans

93
SODALITIUM : La question juive

au moins tous les juifs observants étaient im­


pliqués. Le même refus persistant du Christ
et de l’Eglise de la part des juifs changeait
complètement le caractère: en effet ce refus
ne venait pas de l’ignorance et de la cécité,
ENCORE SUR L’HOMICIDE mais de la volonté positive de rester dans
l’erreur. Le geste de Satan trouvait dans la
RITUEL religion juive sa parfaite analogie: c’était
donc une religion satanique qui avait rompu
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia tout pont avec l’antique mosaïsme” (4).
Le P. Giuseppe Oreglia concluait sur La

D es représentants du Judaïsme anglais,


par l’intermédiaire de l’archevêque de
Westminster, s’adressèrent à Léon XIII, vers
Civiltà Cattolica: “Reste pour seule défense
des peuples spécialement chrétiens que l’on
fasse avec ces juifs comme précisément l’on
la fin de 1899, pour obtenir une déclaration fait avec la peste: si l’on ne peut les détruire,
du Saint-Siège qui condamnerait comme on peut les circonscrire” (5).
fausse l’accusation d’homicide rituel juif (1). Henri Desportes, en 1899, en envoyant à
Pie IX en 1867 avait autorisé le culte du Léon XIII une copie de son livre Le mystère
Bienheureux Lorenzino de Marostica, dont du sang chez les juifs de tous les temps, avait
l’homicide rituel remontait au Vendredi écrit: “N’est-ce pas une honte que ceux qui
Saint de 1485 (2). martyrisent ainsi nos enfants en haine de la
En 1894, au Congrès Eucharistique de foi chrétienne, soient honorés partout, et
Turin, Rocca D’Adria, en présence des seize que les peuples chrétiens baisent ces mains
évêques du Piémont, avait illustré la nature de rouges du sang de leurs frères? J’ai voulu
l’homicide rituel dans une relation intitulée: faire cesser cette infamie” (6).
L’Eucharistie et le rite pascal juif moderne, qui
se trouve dans les Atti del Congresso Le Catholicisme anglais et l’homicide rituel
Eucaristico tenutosi in Torino nei giorni 2-6 set­
tembre 1894, Torino 1895, vol. II, pp. 79-95 (3). Certains catholiques, et de très nombreux
D’après Rocca D’Adria, écrit le profes­ juifs, étaient opposés à la thèse de l’homicide
seur Miccoli, “L’idée... selon laquelle le rituel juif, spécialement “Un catholicisme
meurtre des enfants chrétiens aurait lieu en minoritaire comme le catholicisme anglais...
haine du Christ, pour profaner de cette ma­ manifesta à travers sa propre presse toute sa
nière la fête de Pâques... ne correspondrait perplexité en voyant des théologiens et des
pas au vrai motif. Le crime en réalité était prêtres... impliquer l’Eglise (...).
étroitement imposé par la religion talmu­ Les accusations d’intolérance et d’antisé­
dique, était un acte de dévotion religieuse, mitisme formulées aux catholiques et à
un “crime national et légal”. Les rabbins... l’Eglise par des organes de la presse conser­
savent et reconnaissent que le Messie est vatrice et libérale anglaise faisant autorité­
déjà venu dans la personne du Christ. Par constituèrent pour la minorité catholique un
son sang il a sauvé et sauve les chrétiens. autre stimulant à prendre ouvertement posi­
S’emparer du sang chrétien innocent: voilà le tion. C’était un halte-là à l’antisémitisme...
moyen imaginé par les rabbins pour rendre Mais seul le Pape pouvait le prononcer avec
leur peuple participant de cette voie de salut. une pleine autorité” (7).
Une goutte de ce sang devait être mélangée Lord Russel dans une longue lettre du 28
aux azymes prescrits pour la Pâque juive... novembre 1899 à Léon XIII l’invitait à dé­
Les rabbins et les chefs de famille, qui à leur clarer le caractère infondé de la thèse de
tour le transmettaient à leur fils aîné ou à l’homicide rituel juif. Mais L’Osservatore
leur fils de confiance étaient les dépositaires Romano publiait précisément au même mo­
du terrible secret. Le caractère superstitieux ment un article qui semblait soutenir le
et... formaliste, extérieur, de la religion tal­ bien-fondé de la thèse de l’homicide rituel,
mudique était ainsi confirmé. Mais pas seule­ dans lequel on lit: “Croyez-vous que dans ce
ment: puisqu’une religion fondée sur un tel cas il y ait un homicide rituel? Sans le
rite ne pouvait pas ne pas être une religion moindre doute... Mais alors pourquoi avez­
complètement dépravée, tout le peuple, ou vous libéré l’assassin? (...) Parce qu’au len-

94
SODALITIUM : La question juive

seulement n’était pas du tout enclin à inter­


venir sur la question, mais que son jugement
sur ces accusations était très différent de celui
de ses interlocuteurs anglais. En recevant les
volumes de Desportes Léon XIII avait inva­
riablement répondu en lui manifestant sa
“reconnaissance” pour “le filial hommage”
et en lui donnant “du fond du cœur la béné­
diction apostolique”» (11).
Les articles de L’Osservatore Romano
avaient indigné Lord Russel, mais la pensée
du Saint-Siège et de la Secrétairie d’Etat
était très loin de celle du Lord anglais. Il suf­
fit de penser aux 26 articles que, entre les
années 80 et 90, La Civiltà Cattolica avait
dédiés à l’homicide rituel juif, en soutenant
Le Pape Innocent IV et en démontrant le bien-fondé de la thèse
“exterminationniste” du Judaïsme talmu­
demain de la condamnation, le peuple aurait dique envers les Chrétiens.
probablement tué vingt mille juifs, et alors
qui voulez-vous qui nous donne l’argent, si Le dossier est confié au Saint-Office
nous n’avons plus les juifs?” (8).
Même dès 1892 L’Osservatore avait pu­ “Cependant l’autorité des personnes qui
blié deux articles sur l’homicide rituel: dans s’étaient adressés à Léon XIII pour solliciter
le premier: Bushoff e gli omicidi rituali, il son intervention ne permettait certainement
écrivait “autour de la possibilité des sacri­ pas rester sans réponse... . Tout le dossier fut
fices humains, ou des assassinats rituels donc adressé au Saint-Office, depuis long­
d’enfants commis par les juifs. (...) temps député à traiter les questions concer­
Nonobstant cela on continue à recueillir de nant les juifs qui auraient une relation avec
l’argent pour l’envoyer à Bushoff, [accusé la foi” (12).
d’homicide rituel, n.d.a.] comme s’il fut Il faut savoir que déjà dans la seconde moi­
exempt de tout soupçon dans l’atroce affaire tié du XVIIIème le Saint-Office s’était occupé
(...) Il faut prendre garde qu’à force de nier de la question et que le Père franciscain
justice pour de semblables crimes, ne s’élève Lorenzo Ganganelli (qui ensuite devint Pape)
pas par la suite la terrible et désordonnée exprima une opinion personnelle apparemment
vengeance populaire” (9). opposée à la thèse de l’homicide rituel (13).
Dans le second article: “A proposito di Beaucoup d’adversaires de la thèse se ba­
Bushoff”, L’Osservatore écrivait “l’absolu­ saient sur ce fait, en omettant de dire que
tion du boucher christianicide [Bushoff], à qui l’opinion exprimée par Ganganelli est celle
l’Allemagne oppose le fait de trois meurtres d’un simple docteur privé et non celle du
rituels d’enfants faits par des juifs” (10). Pape et en attribuant un sens différent au do­
Et comme L’Osservatore Romano n’est cument susdit comme il est démontré en note,
pas l’organe officiel du Vatican, mais seule­ pour affirmer que le Saint-Siège était opposé
ment un journal sur lequel les communiqués à la véridicité historique de l’homicide rituel.
du Vatican sont officiellement publiés... il Le dossier, commencé sous le Pontificat
devenait intolérable à Lord Russel que le de Léon XIII, fut envoyé au Saint-Office le 4
nom du Pape et du Saint-Siège puisse être décembre 1900 et confié à Monseigneur
mêlé à de telles affaires! A travers la Merry del Val.
condamnation de la thèse de la véridicité de “La note interne, qui signale l’arrivée du
l’homicide rituel juif, on tendait à frapper la dossier et illustre le choix de Merry del Val,
polémique antijuive. Le duc de Norfolk et le est hautement expressive de l’esprit avec le­
cardinal Vaughan, archevêque de West­ quel les responsables du Saint-Office se pré­
minster intervinrent aussi. paraient à affronter la question:
«En réalité de nombreux signes laissent Le Cardinal Archevêque de Westminster
clairement entendre que le Saint-Siège non a cru dénoncer au Saint-Siège l’antisémitisme

95
SODALITIUM : La question juive

d’aujourd’hui, spécialement sur la question sable de la campagne antisémite... ne cacha


de l’assassinat rituel. pas sa réprobation pour les catholiques an­
Il est aisé de comprendre combien est glais... en les jugeant “un peu ombrageux et
grave la chose, si l’on considère la hardiesse timides par rapport à chaque accusation que
des juifs puissants de Londres, qui dans leur l’on répand, même sans fondement, contre
domination incontestée en Europe poussent l’Eglise romaine et le catholicisme”» (15).
l’orgueilleuse démence jusqu’à prétendre être
défendus par le Saint-Siège. “Petitam declarationem dari non posse”
Réfléchissant à tout cela, le Commissaire
a pensé proposer à Mgr l’Assesseur de La Congrégation du Saint-Office se ré­
confier le dossier du Cardinal Vaughan... à unit enfin le 25 juillet 1900. “Le procès-ver­
Mgr Merry del Val... bal manque... La demande cependant était
Merry del Val, qui parmi ses aïeux a un claire: déclarer infondée l’accusation d’ho­
enfant crucifié par les Juifs maintenant véné­ micide rituel formulée contre les juifs. La ré­
ré sur les autels, [il s’agit du Bienheureux solution dit: “Respondeatur per Secretarium
Domenichino del Val, crucifié à Saragosse à Status, petitam declarationem dari non
Pâques 1250] est l’homme de la situation. posse”. Le 27 juillet elle fut approuvée par le
L’ennui relativement à l’initiative de l’ar­ Pape et le 31 juillet l’assesseur du Saint-
chevêque de Westminster - continue Miccoli Office en communiqua la teneur au cardinal
- considéré implicitement presque comme Rampolla. Celui-ci... par l’intermédiaire du
un pion entre les mains juives, se révèle évi­ cardinal Vaughan, la fit parvenir au duc de
dent... la suggestion de choisir Merry del Norfolk et à Lord Russel: leur tentative
Val... montre clairement en quels termes on avait donc complètement échoué” (16).
espère et on veut que cette proposition soit Dans un court texte manuscrit par le
rédigée” (14). Saint-Siège en date du 25 juillet 1900 on lit:
L’affaire ne fut pas résolue rapidement “Le meurtre rituel est historiquement certain,
par Rome et les anglais revinrent à la char­ et Benoît XIV en parle; et le Saint-Siège l’a
ge. Le 26 mars 1900 le cardinal Vaughan canonisé en mettant sur les autels un enfant
transmit une pétition demandant une inter­ [Andrea de Rinn] tué par eux [les juifs] en
vention de Rome, au cardinal Rampolla qui, haine de la foi (...). Ceci étant le Saint-Siège
après avoir informé le Pape, la transmit, sur ne peut donner la déclaration demandée” (17).
son ordre, au Saint-Office. Pour les auteurs En résumé le Saint-Siège répond: “La
de la pétition “l’accusation du sang” est déclaration demandée ne peut être donnée,
“une légende antique, cruelle, et tout à fait
discréditée”. Le cardinal Merry del Val, secrétaire d’Etat de St Pie X
Le professeur Miccoli commente: «Je
n’ai pas trouvé de commentaires directs de
la Secrétairie d’Etat ou du Saint-Office sur
les remarques et les arguments exposés dans
la pétition. Il n’y a pas de doute que la pré­
misse dont elle partait, c’est-à-dire d’être
l’accusation d’“homicide rituel” “une an­
tique... légende”, n’était en aucun cas parta­
gée ni par les milieux romains, ni par la
grande majorité de la presse d’actualité et de
la presse catholique européenne (...).
En réalité... il était évident que le Saint-
Office avait accueilli leur initiative avec em­
barras. Mais c’était tout le catholicisme an­
glais... qui ne bénéficiait pas d’une bonne
presse à Rome (...) de Rome on regardait
avec méfiance et ironie les campagnes “philo­
sémites” de ces catholiques. En octobre 1899
La Civiltà Cattolica, réagissant aux accusa­
tions adressées à l’Eglise d’être corespon­

96
SODALITIUM : La question juive

(...) parce que les homicides rituels que l’on octobre 1913), dans laquelle le Lord juif se ré­
voudrait nier ont au contraire réellement eu fère à l’opinion exprimée par le P. Ganganelli
lieu” (18). consulteur du Saint-Office (qui deviendra par
la suite le Pape Clément XIV) apparemment
Objections et réponses opposée à la thèse de l’homicide rituel juif. Et
il cite ensuite une lettre du Pape Innocent IV,
La Civiltà Cattolica, déjà en 1881, avait dans laquelle le Pontife déclarerait infondée
mis en évidence que la Lettre du Pape l’accusation d’homicide rituel.
Innocent IV en défense des juifs, non seule­ Mais, poursuit le Lord juif, Justinus Eli­
ment ne démontre rien à l’égard de l’homici­ sejevitch Pranaitis, maître en Théologie et
de rituel, mais n’en parle absolument pas de prêtre catholique romain de la province du
manière spécifique; en effet l’influente revue Turkestan, soutient que ces textes auraient
des Jésuites écrit: “Certains pensent... que... été manipulés, et demande au Cardinal
l’argument inéluctable contre les preuves lé­ Merry del Val d’authentifier le texte publié
gales et historiques de la loi et de la pratique de la lettre d’Innocent IV et de la relation de
talmudico-hébraïque d’assassiner les chré­ Ganganelli.
tiens par esprit de piété et de dévotion juive, La Civiltà Cattolica répond: “Que deman­
spécialement à l’occasion des fêtes pascales, de le Lord juif? Il veut savoir... si une lettre
peut être tiré de la lettre que... Innocent IV... d’Innocent IV et une dissertation d’un consul­
écrivit de Lyon le 3 juillet 1274, pour dé­ teur du Saint-Office sont authentiques ou non.
fendre, selon l’usage de tant d’autres de ses Or il fut justement observé que pour cette vé­
prédécesseurs et successeurs, les juifs de ces rification il n’était absolument pas nécessaire
pays des calomnies et des persécutions dont de recourir au cardinal secrétaire d’Etat ni de
ils étaient accablés avec véhémence (...). le charger d’une mission qui ne lui appartienne
Mais aucun argument ne peut être tiré de pas... et même pour le document d’Innocent
la susmentionnée lettre d’Innocent IV IV il suffisait que le Lord banquier consultât
contre la, non seulement fondée, mais très dans une bibliothèque publique les éditions
certaine loi talmudique, souvent mise en pra­ critiques des regestes de ce Pontife... dans les­
tique... par la race juive, en assassinant... les quels sans faire perdre de temps aux autres, il
chrétiens enfants et non enfants par esprit de aurait pu s’informer de la vérité (...).
piété, de dévotion et d’observance légale Quant à la lettre d’Innocent IV... en étant
(...). Personne... n’a jamais accusé... les juifs le refrain obligé que la synagogue rechante
de communier, lors de la fête de Pâques, chaque fois qu’on lui reproche la honte du
avec le cœur d’un enfant tué... qui est la ca­ crime rituel... le docteur Pranaitis n’aura ja­
lomnie dont Innocent IV les innocente. Mais mais douté que le texte d’Innocent IV soit au­
ils furent toujours accusés et souvent thentique, mais aura nié que soit authentique
convaincus de toute autre chose: c’est-à-dire le sens que lui donnent les défenseurs de la sy­
... d’utiliser le sang des chrétiens enfants ou nagogue et que suppose le même Lord: et en
non enfants pour faire lever leur pain azyme; cela Pranaitis avait mille fois raison, puisque
ce dont Innocent IV ne dit mot” (19). la lettre de ce Pontife dit bien autre chose que
Le Père P. Silva, environ quinze ans ce que ceux-ci lui font dire” (21).
après, dans La Civiltà Cattolica répondit aux La revue des Jésuites cite la lettre
objections contre le bien-fondé historique de d’Innocent IV et en donne la vraie significa­
l’accusation du sang (de la part de Lord tion, dissipant “les machinations juives”.
Rothschild) dans deux articles intitulés La première partie de la lettre - écrit La
Raggiri ebraici e documenti papali (“CC”, 65 Civiltà Cattolica - est seulement l’exposition
[1914], II, pp. 196-215 et 330-344). des raisons présentées par les appelants (les
“Parmi les autorités interpellées... pour juifs); la seconde partie contient le dispositif,
attester l’inexistence du crime rituel, il y en a c’est-à-dire la volonté du Pape et ce qu’il
une au témoignage de laquelle la synagogue ordonne.
attribuait plus de valeur... et qui mérite aussi “Or en tout cela il est manifeste qu’il n’y
de notre part une attention particulière: c’est a rien de ce que Rothschild et ses coreligion­
l’autorité du Saint-Siège” (20). naires prétendent trouver.
La revue des Jésuites cite une lettre de Le Pontife..., alors que d’un côté il rece­
Lord Rothschild au cardinal Merry del Val (7 vait ces... plaintes, de l’autre il connaissait

97
SODALITIUM : La question juive

très bien ces gens et déjà quelques années


avant, en 1244, il avait pressé le saint roi
Louis IX de leur enlever des mains l’impie
Talmud pour en jeter toutes les copies au
feu... ce sage Pontife n’aurait pas pu juger
avec prudence de loin, et sans entendre les
adversaires, jusqu’à quel point on pouvait
croire ou ne pas croire aux plaintes présen­
tées dans le recours: c’est pourquoi il ne dis­
cute pas les faits, et se contente de donner
des ordres dont l’application ne pouvait pas
être soumise à erreur, puisqu’ils étaient les
simples règles de justice qui constituent un
devoir fondamental pour l’homme. Que les
évêques fassent réparer les torts commis par
les despotes... le Pontife... n’affirme ou ne dé­
finit rien, mais, étant donné l’hypothèse
qu’existent les torts déplorés, en commande la
réparation. C’est tout. Cette lettre n’est donc
pas une sentence judiciaire, et ne contient
pas le moins du monde “la déclaration spéci­
fique que la faute de l’assassinat rituel attri­
buée au judaïsme est une invention perfide
et infondée”.
Comment le Lord banquier osa-t-il donc Le Pape Ganganelli, Clément XIV
l’affirmer aussi solennellement?” (22).
Le Cardinal Merry del Val répondit à négateur et par excès: la crédulité supersti­
Rothschild le 18 octobre 1913, par une tieuse et fanatique, qui pour vouloir affirmer
simple et froide authentification de la lettre trop, risque de compromettre ce qu’il y a de
d’Innocent IV et de la relation de Ganga­ sérieux et historiquement fondé dans la
nelli aux consulteurs du Saint-Office. thèse de l’homicide rituel juif.
Cela ne signifiait absolument pas (com­ Benigni observe, préliminairement, que
me il était déjà arrivé environ quinze ans au­ pour pouvoir affirmer qu’un crime soit rituel,
paravant) que le Saint-Siège affirmait le il doit être produit par une intention religieu­
manque de fondement de l’accusation du se (la haine contre les fidèles d’une autre reli­
sang. Au contraire, des textes cités on en dé­ gion) et en outre doit avoir la forme d’un rite.
duit exactement le contraire! Par exemple, un crime sera implicitement ri­
tuel si un chrétien est tué par des juifs, durant
Monseigneur Umberto Benigni et l’homi­ la Semaine Sainte, pour commémorer, avec
cide rituel haine, la Passion de Jésus, au moyen d’actes
qui reproduisent la flagellation, le couronne­
En 1922, Mgr Umberto Benigni, dans sa ment d’épines, la crucifixion.
Storia Sociale della Chiesa, était arrivé aux Le crime, sera au contraire explicitement
mêmes conclusions, bien que sans avoir pu ou pleinement rituel si un chrétien est marty­
consulter la documentation Sul sacrificio di risé comme il est dit ci-dessus (en haine de
sangue attribuito agli ebrei, conservée aux la foi catholique) et qu’en plus on utilise le
Archives Secrètes du Vatican, à la lecture de sang de la victime pour l’usage des cérémo­
laquelle a été admis Miccoli, il y a quelques nies juives officielles ou superstitieuses,
années bien que Benigni aurait pu étudier c’est-à-dire dans un but de propitiation reli­
les articles de ‘La Civiltà Cattolica’. gieuse ou mieux encore superstitieuse.
Il me plaît de rapporter les conclusions Ne serait pas un crime parfaitement ou
du très célèbre historien catholique, pour pleinement rituel celui dans lequel on extrai­
pouvoir pénétrer encore mieux dans ce rait le sang chrétien pour en faire un remède
“Mystère du Sang”, sans tomber dans deux ou une espèce de sacramental, sans le mobi­
erreurs opposées, par défaut: le scepticisme le de la haine religieuse (23).

98
SODALITIUM : La question juive

Benigni, sagement, admet que parmi tous Quant au rapport Ganganelli, il est l’ex­
les crimes dénoncés comme rituels, au cours position du jugement personnel d’un pour­
de l’histoire, plusieurs n’ont pas été prouvés pré (et non déjà d’un Pape) qui niant
historiquement comme tels, mais ceci n’auto­ qu’étaient prouvés de nombreux crimes ri­
rise pas à affirmer que tous les crimes consi­ tuels, convenait de la réalité historique de
dérés comme rituels et dénoncés comme tels, ceux des deux bienheureux Andrea de Rinn
soient tous faux (abusus non tollit usum)! et Simonino de Trente” (24).
A l’objection juive selon laquelle des En bref, l’Eglise sage, prudente et mater­
Papes auraient nié l’historicité du crime ri­ nelle, essaye de rasséréner les esprits, en em­
tuel, Benigni répond que: pêchant qu’ils tombent dans les deux erreurs
1°) Innocent IV, dans la bulle du 28 mai opposées, et par conséquent dément l’accusa­
1287 à l’Archevêque de Vienne, Giovanni di tion spécifique selon laquelle les juifs man­
Bernin, expose d’abord le recours des juifs gent le cœur d’un enfant chrétien, pour éviter
qui déploraient avoir été opprimés injuste­ l’erreur par excès ou le fanatisme crédule et
ment, à cause de l’accusation d’avoir crucifié exalté; alors qu’elle affirme l’existence histo­
une petite fille. Puis le Pape ordonne à rique de l’homicide rituel, pour éviter l’erreur
l’Archevêque que si les accusations sont par défaut, c’est-à-dire le scepticisme.
fausses, il empêche la persécution des inno­ Aujourd’hui aussi, par exemple, il y a des
cents, mais que si au contraire le crime est exaltés qui affirment que les jeunes qui meu­
vrai, il doit être puni. rent le samedi soir, d’accident de voiture, en
Le Pape, dans la bulle du 5 juillet 1247, à sortant des discothèques, sont victimes d’ho­
l’Episcopat de France et d’Allemagne, sou­ micides rituels juifs! Naturellement ceci est
tient que les juifs d’Allemagne disent qu’ils faux et même insensé, mais n’autorise pas à
sont accusés faussement de manger un cœur nier la réalité historique de l’homicide rituel,
d’enfant chrétien pour leur pâque, et que dé­ “l’abus - disaient les latins - n’enlève pas
sormais il ne veut pas que l’on commette des l’usage”. C’est ainsi que dans le passé il y a
injustices contre eux, et qu’au cas où il y en eu des exaltés, malheureusement poussés par
aurait eu, on arrête de les tourmenter injus­ des personnes intéressées, qui en cas de fa­
tement. mine ou d’épidémie accusaient les juifs
Dans la bulle du 25 septembre 1253, il af­ d’avoir infesté l’air, les champs ou l’eau, pour
firme ne pas croire que les juifs mangent de ensuite - hélas - s’emparer de leurs biens.
la chair chrétienne, c’est-à-dire qu’il ne croit L’Eglise procède lentement et, comme
pas à une spécifique fin du crime rituel: l’an­ on a coutume de le dire, avec la plus grande
thropophagie. Il considère même que cer­
tains nobles chrétiens abusent de ces accusa­ Le martyr Rodolphe de Berne
tions, pour s’emparer des biens des juifs, et
l’interdit, mais ne nie pas l’existence du
crime rituel en soi.
2°) Martin V, dans la bulle du 13 février
1429, interdit aux prédicateurs d’abuser de la
prédication contre les juifs.
Dans la bulle du 2 novembre 1447, il nie
que les juifs célébreraient leurs fêtes en
mangeant le foie ou le cœur d’un chrétien.
Mgr Benigni écrit que “des notables
juifs, en 1913, à l’occasion du procès Beylis,
demandèrent... par de grandes formalités au
Saint-Siège si la bulle d’Innocent IV et la re­
lation du cardinal Ganganelli étaient au­
thentiques...
Le Saint-Siège répondit - pour la bulle
d’Innocent IV, en s’en remettant au jugement
des historiens compétents, - et pour le rapport
Ganganelli, qu’ayant consulté les archives, on
avait pu vérifier l’authenticité de celui-ci (...).

99
SODALITIUM : La question juive

prudence, puisque “la hâte est mauvaise


conseillère”: dans le cas de Simonino de
Trente - pour donner un exemple - elle in­
tervint à plusieurs reprises. Sixte IV le 10 oc­
tobre 1475 suspendit le culte populaire déjà
prêté à Simonino, comme martyr des juifs,
puisque selon le Pape rien n’avait encore été
définitivement constaté à ce propos.
L’évêque de Trente, Giovanni Hinterbach,
institua un procès, et se prononça en faveur Le Pape Martin V
de l’homicide rituel de Simonino, de la main
des juifs, mais le commissaire pontifical ins­
titua un second procès, affirmant que
l’évêque de Trente avait commis des irrégu­ juif, sans tomber dans des excès de fanatis­
larités juridiques. Alors le Pape institua un me, qui le voient où il n’est pas, mais sans
troisième procès à Rome, après lequel il af­ non plus tomber dans l’erreur de scepticisme
firma que le premier procès, de l’évêque de qui s’obstine à le nier, après des preuves his­
Trente, avait été fait “rite et recte”, mais toriques et magistérielles aussi probantes.
n’approuva pas encore le culte public de
Simonino. En 1584 Grégoire XIII, dans le
Martyrologium Romanum, promulgua que Notes
le 24 mars 1475, à Trente avait eu lieu la 1) La documentation de cette intervention est
“passio sancti Simeonis pueri a judeis sævis­ conservée in ASV (Archivio Segreto Vaticano), SS
sime trucidati, qui multis postea miraculis co­ (Segreteria di Stato), 1900, rubr. 66, fasc. unique; et in
ruscavit”. Le 8 juin 1588, plus de cent ans ASU (Archivio Sant’Uffizio), Rerum variarum 1901, n°
7 bis (Sul sacrifizio di sangue attribuito agli ebrei).
après le martyre du Bienheureux Simonino, Le professeur Giovanni Miccoli, de l’Université de
Sixte V, ratifia pour le diocèse de Trente, le Trieste, a été admis à la consultation de ces documents,
culte public rendu au Bienheureux Simonino et a écrit à ce propos in Storia d’Italia, Annali 11a,
(Cf. L’homicide rituel in Sodalitium n° 29, Santa Sede, questione ebraica e antisemitismo, Einaudi,
Torino 1997, pp. 1525-1544.
pp. 20-38). L’Eglise a accordé le culte public Dans cet article je m’appuie sur les recherches du
et a également béatifié Andrea de Rinn sous professeur Miccoli.
le pontificat de Benoît XIV, 15 décembre (Je précise que mon point de vue est essentiellement
1753 et 22 février 1755; et puis encore Do­ différent de celui de Miccoli).
minguito del Val (sous Pie VII, 24 novembre 2) Pour ce qui concerne le problème de l’homicide
rituel juif voir Sodalitium n° 29, pp. 20-38.
1805, 12 mai 1807 et 7 août de la même 3) Cf. Sodalitium n° 43, pp. 4-19.
année), Cristoforo de La Guardia, près de 4) G. MICCOLI, op. cit., pp. 1527-1528.
Tolède (toujours sous Pie VII) et Lorenzino 5) Uso fatto dagli ebrei nei riti del sangue cristiano, in
de Marostica (sous Pie IX, en 1867). “CC”, 32 (1881), II, p. 602.
6) In ASV, SS, 1895, rubr. 66, fasc. unique, f. 20r,
Rappelons encore que d’après l’opinion lettre du 26 juillet 1889.
du cardinal Ganganelli, relateur du St- 7) G. MICCOLI, op. cit., p. 1529.
Office, homme étranger à tout fanatisme ou 8) “OR”, 23 novembre 1899. L’omicidio rituale
extrémisme, de tant de crimes rituels attri­ giudaico.
bués aux juifs au cours de l’histoire, sont à 9) “OR” 26 juillet 1892. Bushoff e gli omicidi rituali.
10) “OR” 5 août 1892. A proposito di Bushoff.
retenir pour certains et vrais ceux de 11) Cit. in G. Miccoli, p. 1531.
Simonino de Trente et Andrea de Rinn, tués 12) G. MICCOLI, op. cit., p. 1532.
“en haine de la Foi chrétienne”. 13) A Jampol, en Pologne, dans le fleuve Oregna, qui
C’est pourquoi, conclut Mgr Benigni, se jette dans le Dniestr, en 1756, fut trouvé un cadavre.
Les juifs furent accusés d’homicide rituel et recouru­
“même Benoît XIV et le cardinal Ganga­ rent à Rome; le Pape Benoît XIV chargea le P. Lorenzo
nelli [que les juifs essayent de citer en leur Ganganelli, qui devint par la suite cardinal et Pape,
faveur et contre la thèse du ‘Mystère du d’examiner la question, en qualité de consulteur du
Sang’], ont cru historique le martyre des Saint-Office. “... Ganganelli émet l’avis que ladite accu­
Bienheureux de Rinn et de Trente” (25). sation est tout à fait semblable à celles qui, au temps du
Pape Innocent IV (1243-1254), s’étaient élevées contre
Il me semble donc, que l’on puisse affir­ les juifs en Allemagne” (V. MANZINI, Sacrifici umani e
mer, sans peur de se tromper, la véridicité omicidi rituali, ristampa, Genova, Melita, 1988, p. 133).
historique de la thèse de l’homicide rituel Le Pape Innocent IV niait seulement que les juifs “se

100
SODALITIUM : La question juive

corde pueri comunicant interfecti” et non la véridicité de rité de l’accusation du sang, (il admettait même explici­
l’homicide rituel. tement le Martyre du Bienheureux Simonino de Trente
Ganganelli présenta la relation à la Congrégation et du Bienheureux Andrea de Rinn, par les juifs); mais
des Grâces le 2 mars 1758. Après un sérieux examen, il niait seulement, comme Innocent IV au XIIIè siècle,
bien qu’elle “considérât comme vrais les faits de Trente que les juifs auraient “communié” avec le cœur d’un
et de Rinn” (V. MANZINI, op. cit., p. 230), elle conclut chrétien à l’occasion de leur festivité pascale.
que l’accusation contre les juifs de Jampol, qui auraient 14) G. MICCOLI, op. cit., pp. 1534-1535.
mangé en guise de communion le cœur du chrétien 15) G. MICCOLI, op. cit., pp. 1536-1537.
trouvé mort dans le fleuve, était fausse et que dans ce 16) Ibid., p. 1539.
cas spécifique des preuves sérieuses manquaient quant 17) ASU, SS, D 2-i, pp. 76-87.
à leur culpabilité. 18) cit. in G. MICCOLI, p. 1543.
Dans sa relation le P. Ganganelli écrivait: “J’admets 19) “CC”, Série 11, vol. VII, 7 juillet 1881, pp. 230­
donc pour vrai le fait du Bienheureux Simon, enfant de 235.
trois ans, tué par les juifs, en haine de la Foi de Jésus- 20) “CC”, 32 (1881), II, p. 330.
Christ, à Trente, en l’an 1475... J’admets aussi pour vrai 21) “CC”, op. cit., p. 333.
un autre fait arrivé en l’an 1462 dans le village de Rinn 22) “CC”, op. cit., p. 334.
[dans le Tyrol, n.d.a.], diocèse de Bressanone, sur la 23) Cf. U. B ENIGNI , Storia Sociale della Chiesa,
personne du Bienheureux Andrea, enfant trucidé de ma­ Vallardi, Milano, 1922, vol. IV, tome I, p. 370.
nière barbare par les juifs en haine de la Foi de Jésus- 24) Op. cit., p. 381.
Christ” (V. MANZINI, op. cit., p. 244). 25) Op. cit., p. 383.
L’opinion de Ganganelli, donc, indépendamment
d’être celle d’un simple docteur privé, ne niait pas la vé­

101
SODALITIUM : La question juive

Mais sachez que le juste de l’ancienne


Loi, seul vrai israélite, n’attribuait pas au
Messie qu’il attendait la mission de donner
au Juif le royaume terrestre sur le monde
entier, comme l’enseigne au contraire la
LETTRE OUVERTE AUX Synagogue actuelle.
L’Israélite vraiment converti retrouve
JUIFS POUR LEUR dans l’Eglise du Christ les cérémonies de
CONVERSION l’antique Synagogue, qui était, dans l’an­
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia
cienne économie, la vraie Eglise de Dieu.
Quand il écoute les lectures divines, il se
Introduction souvient de ses ancêtres, dont il est question
ici. L’Eglise comme l’ancienne Synagogue

N icodème, Joseph d’Arimathie, Paul de


Tarse et de nombreux autres rabbins et
éminents membres de la Synagogue ont em­
mosaïque (qui n’a rien de commun avec
l’actuelle Synagogue rabbinique et antichré­
tienne), récite des prières, matin et soir,
brassé au cours des siècles la foi chrétienne avec le Symbole de la Foi ( 5 ). L’une et
et, en reconnaissant en Jésus le Messie at­ l’autre ont l’habitude de réciter une béné­
tendu par les saints Patriarches et les pro­ diction avant les repas, et une action de
phètes, ont abandonné le culte pharisaïque. grâces après. L’une et l’autre solennisent la
Avec le présent article, modelé sur les Pâque (figurée dans la Synagogue et réalisée
trois Lettres d’un rabbin converti de Paul- dans l’Eglise). Le cinquantième jour après
Louis-Bertrand Drach, j’entends vous offrir, ô Pâques, la Pentecôte, rappelle la promulga­
Juifs, une occasion de réflexion: que, avec la tion de la Loi de Dieu aux Juifs et l’effusion
grâce de Dieu, celle-ci puisse se transformer de l’Esprit Saint sur les Apôtres. Le prêtre
en conversion à la vraie Foi, la Foi catholique, catholique, comme le sacrificateur juif, en­
qui n’est rien d’autre que la foi israélite de vos dosse, durant les Offices sacrés, des orne­
pères, celle-même professée par Abraham, ments particuliers; l’un et l’autre se lavent
Isaac, Jacob, et accomplie en Jésus-Christ. les mains avant de commencer le Sacrifice;
«La Religion catholique... est celle de l’un et l’autre ont l’obligation d’étudier la
nos ancêtres, laquelle a reçu son dernier dé­ Loi divine et de l’enseigner; l’un et l’autre
veloppement à la venue de Notre-Seigneur ont le droit de bénir le peuple. L’Eglise prie
Jésus-Christ, ce Messie promis tant de fois à au nom et par les mérites de Jésus, qui s’est
notre nation» (1). Jésus Lui-même l’a décla­ sacrifié sur la Croix; la Synagogue mosaïque
ré: «Ne pensez pas que Je sois venu abolir la priait au nom et par les mérites d’Isaac, figu­
Loi et les Prophètes; Je ne suis pas venu les re de Jésus. Le Sacrifice de la Messe offert
abolir, mais les accomplir» (2). En effet l’An­ le matin, et la visite au très Saint Sacrement
cien Testament dont Dieu vous a constitués le soir, rappellent le Sacrifice perpétuel of­
les conservateurs dans l’intérêt de l’Evangile fert en holocauste, matin et soir, au Temple
renferme toutes les vérités du Christianisme. de Jérusalem, qui n’était autre qu’une figure
Que Dieu veuille vous faire la grâce de le de l’“Oblatio munda” ( 6). A l’Eglise, les
lire, dégagés de l’actuel aveuglement prophé­ jours de fête on explique aux fidèles en
tisé par les prophètes en punition de votre langue vulgaire l’Evangile du jour; la
désobéissance (3). Et puisque vous reconnais­ Synagogue, après le retour de la captivité
sez l’authenticité de ce texte, ouvrez-le et babylonienne, avait des interprètes qui tra­
lisez-le sans préjugés. Vous pourrez ainsi voir duisaient en chaldéo-syriaque, (alors langue
une longue série de prophéties qui décrivent, vulgaire de votre nation), la section du
longtemps avant et avec une précision im­ Pentateuque et du prophète du jour. A
pressionnante, les moindres détails de l’église, durant la lecture de l’Evangile du
l’œuvre de la Rédemption; de plus, certains jour, on se tient debout, comme à la syna­
chapitres des Psaumes et d’Isaïe, sont de véri­ gogue durant la lecture du Pentateuque;
tables proto-Evangiles. Votre obstination tant à l’église qu’à la synagogue on récite
vous soumet depuis environ deux mille ans à publiquement les Psaumes; cependant il faut
la punition dont vous avait menacée Moïse rappeler qu’il existe une analogie entre les
lui-même, de tâtonner en plein midi (4), c’est­ deux et non une identité: l’Eglise en effet
à-dire quand brille la lumière de l’Evangile. possède la réalité, alors que la Synagogue

102
SODALITIUM : La question juive

Seigneur lui apparut (à Abraham) dans les


plaines de Mambré, quand il était assis à l’en­
trée de la tente, par une grande chaleur du
jour. Levant les yeux, il s’aperçut que trois
hommes se tenaient près de lui. Dès qu’il s’en
aperçut il courut au-devant d’eux ..., et il se
prosterna en terre; et il dit: “Mon Seigneur, je
te prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, n’outre­
passe pas ton serviteur. Permettez que l’on ap­
porte un peu d’eau, et lavez vos pieds, ensuite
vous continuerez votre marche, puisque vous
êtes venus à passer auprès de votre serviteur...”
...Abraham alla en toute hâte à sa tente vers
Sara, et lui dit: “Pétris vite trois mesures de
fleur de farine, et fais des pains...”. Quand ils
eurent mangé; ils lui demandèrent: “Où est
Sara ta femme? (...) L’un d’eux [Dieu, n.d.r.]
dit: “Je reviendrai ...à toi dans un an, et Sara,
... aura un fils...”. Et Sara s’en moqua intérieu­
rement ...Et Jahweh dit à Abraham:
“Pourquoi Sara s’est-elle moquée?.... Y a-t-il
une chose trop difficile pour Yahwé?”
...Cependant Sara nia, disant.... Mais le
Seigneur dit: “Non tu t’es moquée”» (12).
Un Père de l’Eglise, commente: «Voici
A droite, le Père Marie-Alphonse Ratisbonne, à qui soudain que la Majesté incorporelle descend
apparut Marie telle qu’elle est représentée sur la Médaille en terre, sous la personne de trois hommes.
Miraculeuse, dans l’église St André delle Fratte à Rome,
le 20 janvier 1842, et qui le convertit Abraham se hâte d’aller à leur rencontre; il
tend vers eux des mains suppliantes, il baise
n’a que les figures. «Je ne parle pas des pra­ leurs genoux, et il dit: “Seigneur, si j’ai trouvé
tiques superstitieuses de la Synagogue rab­ grâce devant toi, ne passe pas devant ton ser­
binique, fruit des rêveries du Talmud...» (7). viteur sans t’arrêter”. Vous voyez qu’ABRA-
HAM COURT A LA RENCONTRE DE
Le dogme de la très Sainte Trinité TROIS, ET QU’IL EN ADORE UN» (13).
Le Saint Docteur continue: «ABRAHAM
Il faut aussi rappeler que l’Eglise CONNUT, PAR LA VUE DE CES TROIS
n’adore que le Dieu d’Abraham, d’Isaac HOMMES LE MYSTERE DE LA SAIN-
et de Jacob, dont la Synagogue actuelle a TE TRINITE; et s’il les adora comme un
perdu la notion, comme Jésus Lui-même seul, c’est qu’il n’ignorait pas que dans ces
l’avait déjà enseigné: «Vous [pharisiens et trois personnes il n’y a qu’un seul Dieu» (14).
rabbins, n.d.r.] ne connaissez ni Moi, ni «Ces nombreux témoignages, mes chers
mon Père: si vous Me connaissiez, vous frères, ne vous permettent plus de douter
connaîtriez aussi mon Père» (8). que le dogme de la Sainte Trinité ne fût tou­
La Trinité des Personnes dans l’Unité de jours admis dans notre nation; mais avant la
la Nature, est déjà annoncée IMPLICITE- venue de Notre-Seigneur Jésus-Christ ce
MENT par Moïse, par écrit, dans le Deuté­ “secret de Jahweh” n’était connu que d’UN
ronome: «Ecoute, ô Israël! Jahweh, notre PETIT NOMBRE... Le sublime Mystère de
Dieu, Jahweh un» (9). Il y a ici une triple ré­ la Trinité du Dieu unique, ne devait être en­
pétition du nom du Seigneur (Jahweh, Dieu, seigné PUBLIQUEMENT qu’à l’époque de
Jahweh), «le commentaire Behhaï dit expres­ l’Avènement du Messie...» (15).
sément que Moïse énonce ainsi l’Unité de Les extravagances que les rabbins em­
Dieu, ...et la très Sainte Trinité» (10). En outre ploient pour expliquer l’alternance du singu­
le dogme Trinitaire est exprimé aussi dans la lier et du pluriel, à l’égard de Jahweh, qui
Genèse: «Faisons l’homme à notre image et à apparut en trois Personnes, prouvent leur
notre ressemblance» (11). Le chapitre XVIII grand embarras. «Ils ont l’air de ces enfants
de la Genèse est encore plus formel. «Or le qui témoignent leur répugnance par les gri-

103
SODALITIUM : La question juive

maces les plus risibles, à la vue de la coupe «Oui, s’exclame Drach, notre Dieu, notre
salutaire qui doit leur rendre la santé» (16). Sauveur, que votre Sang..., soit à jamais sur
nous et sur nos enfants pour effacer nos ini­
Commentaires rabbiniques et commentaires quités, ...Prosternez-vous donc, mes chers
patristiques frères, devant cet homme-Dieu... C’est par
Lui seul que vous pouvez être enfants
«Dans cet examen attentif du texte [de la d’Abraham [aussi dans la Foi, n.d.r.] (21). Et
Sainte Ecriture, n.d.r.], écrivait Drach, où alors quelles bénédictions n’attirerez-vous pas
pour la première fois de ma vie, je m’étais sur tous les hommes! car, si notre chute, ­
mis hors de page des commentaires rabbi­ comme dit St Paul - fut un si grand profit spi­
niques, je vis clairement que toutes les pro­ rituel pour les Gentils, que ne leur vaudra pas
phéties ne forment... qu’un grand cercle de la la conversion de notre nation entière? (22).
circonférence de quatre mille ans, dont tous Examinez sans préventions notre sainte
les rayons aboutissent au centre commun qui Religion. Bien loin de s’envelopper de té­
n’est, et ne peut être, que Notre-Seigneur nèbres, comme le Rabbinisme talmudique,
Jésus-Christ. ...Tel est l’objet et l’unique but Elle aime le grand jour. Vous vous convain­
de toutes les prophéties» (17). Mais avec la crez que la Religion a toujours été la même,
venue du Messie une portion de vos pères, en connaissant deux étapes de la même route:
les Pharisiens, quittèrent la Synagogue mo­ l’une encore imparfaite et préparatoire;
saïque, le “Verus Israel”. Abusant de leur au­ l’autre parfaite et définitive. Cette Religion a
torité, ils se déclarèrent dès le début contre toujours été présidée, (dans l’Ancienne
Jésus-Christ, ils abandonnèrent ainsi la vraie comme dans la Nouvelle Alliance, n.d.r.) par
Religion, devenue universelle et non plus un Chef visible sur la terre, tenant son autori­
l’apanage d’un seul peuple, se détachant éga­ té de Dieu même; que nos ancêtres jusqu’aux
lement ainsi de tous les autres peuples. Ceux âges les plus reculés, ont distingué trois
qui croyaient au Messie à venir et ceux qui Personnes dans l’Unité de l’Essence divine; la
croient au Messie venu, appartiennent à la Personne seconde dans le nombre, comme di­
même Religion: l’Ancienne et la Nouvelle et saient nos anciens Docteurs, devait venir au
Eternelle Alliance, c’est-à-dire à la Religion monde pour nous réconcilier avec le Ciel, en
catholique. «Bien loin d’abjurer la Religion nous délivrant de la puissance des ténèbres (23),
de ses pères, l’Israélite qui devient catho­ et en nous soumettant le démon: telle est la
lique, est un de ces enfants égarés que le re­ domination de la terre qui nous était promise
pentir ramène dans la maison paternelle» (18). [et aucune autre de type terrestre et temporel,
n.d.r.]; que ce Rédempteur... devait être... un
Les Prophéties messianiques à la lumière de la homme-Jahweh, Fils de l’homme dans le
Tradition de l’Ancienne Synagogue mosaïque temps; Fils de Dieu dans l’éternité, né de la
plus pure et la plus sainte des Vierges, sans la
Israélites qui avez abandonné l’Ancienne participation d’aucun homme, par la toute­
Alliance, vous refusant d’accepter son per­ puissance divine; que Jésus-Christ est venu à
fectionnement: la Nouvelle et Eternelle; vous l’époque fixée pour l’Avènement du Messie;
cheminez dans les ténèbres, alors que vous enfin que toute la vie et la mort de Notre-
offrez aux autres nations le spectacle lumi­ Seigneur Jésus-Christ ne furent que l’accom­
neux des deux colonnes qui vous précèdent: plissement de ce que la Tradition avait ensei­
vos prophéties et vos Traditions (19). Ouvrez gné d’avance au sujet du Messie d’Israël» (24).
enfin les yeux à la Vérité, pour pouvoir avoir
la joie de vous exclamer avec l’un de vos Seule la Religion chrétienne est aussi an­
frères par le sang et non par la Foi: «Nous cienne que le monde
avons trouvé Celui de qui Moïse a écrit dans
la Loi et ensuite les Prophètes, “Jésus, fils de En quoi croyaient vos ancêtres? En un
Joseph de Nazareth”» (20). Les mots que vos seul Dieu. Qu’attendaient-ils? Le Rédem­
pères ont prononcé: «Sanguis ejus super nos pteur d’Israël. Et qui devait être ce
et super filios nostros», répétez-les vous aussi, Rédempteur? Jahweh. Interrogez vos pères
cependant non sur un ton audacieux comme et ils vous instruiront: le juif pour être justifié
il y a deux mille ans, mais avec un respect re­ devait croire au Messie qui devait venir,
ligieux; avec toute la confiance que l’on doit comme le chrétien doit croire au Messie qui
à la miséricorde divine. est venu (25). St Augustin a écrit: «Bien que

104
SODALITIUM : La question juive

les temps aient changé, bien qu’ait été annon­ mudique, (non encore corrompue dans le
cé, dans les temps passés, comme futur le sens antichrétien par les Pharisiens).
Mystère de la Rédemption, qui maintenant Comme une espèce de Théologie morale,
est annoncé comme accompli, la Foi n’est pas elle fixait le sens de la Loi écrite (Thora);
changée pour ce motif: ainsi, bien que avant c’est une seconde Loi, donnée oralement à
la Venue du Rédempteur Jésus, la vraie Moïse sur le Sinaï. Et la Tradition dogma­
Religion avait été pratiquée sous d’autres tique et mystique, ou vraie Cabale, qui trai­
noms et au moyen d’autres symboles tait de la Nature de Dieu, de ses attributs.
qu’après Sa Venue, bien que dans le passé On peut lire à ce propos ce qu’écrit
elle avait été proposée de manière plus voi­ Drach, véritable autorité en la matière: «(Il
lée, et que maintenant elle soit prêchée plus existe) une Cabale vraie et sans mélange,
clairement; cependant IL N’Y A JAMAIS qui s’enseignait oralement [et en privé,
EU QU’UNE SEULE RELIGION QUI A entre Docteurs seulement, n.d.r.] dans l’an­
TOUJOURS ETE LA MEME. Celle qui cienne Synagogue et dont le caractère est
s’appelle aujourd’hui Religion chrétienne franchement chrétien [c’est-à-dire qu’elle
existait déjà chez les anciens, et n’a jamais annonçait Jésus-Christ comme seconde
cessé de subsister dans le monde, depuis le Personne de la Sainte Trinité, n.d.r.]. Il exis­
premier homme jusqu’à l’Incarnation de te une seconde Cabale, fausse, pleine de su­
Jésus-Christ, qui est le temps dans lequel la perstitions ridicules et en outre s’occupant
vraie Religion, qui dans le passé était de magie et de médecine... Telle qu’elle est
l’Ancienne Alliance, a commencé à porter le devenue entre les mains des rabbins de la
nom de chrétienne» (26). En effet, tout ce que Synagogue infidèle» (30).
l’Eglise catholique enseigne se retrouve dans Toujours selon Drach, au retour de la
vos plus anciennes Traditions. captivité de Babylone (538 avant J.-C.), le
Le Talmud veut étouffer la Tradition prophète Esdras mit par écrit la Cabale orale
vraie de l’Ancienne Synagogue mosaïque dans soixante-dix volumes, qui n’étaient pas
dans un déluge de contresens et de men­ rendus publics; une grande partie des restes
songes; la Tradition vraie est souvent défigu­ qui en étaient conservés a été perdue. Ils
rée par les additions rabbinico-pharisaïques. fournirent d’abondantes preuves en faveur
Dans les pages suivantes il faudra discer­ de tous les principaux articles de la Foi ca­
ner la vraie Tradition des ajouts rabbiniques. tholique, de telle manière que l’on peut es­
sayer de convaincre les juifs avec les mêmes
Cabale authentique et Cabale impure livres dans ce qu’ils conservaient d’encore
non altéré, et c’est justement ce que j’essaye­
Cabale signifie tradition, enseignement rai de faire dans les pages suivantes. «Mais
oral. Il faut cependant distinguer la Cabale ou ici se présente une question. Comment peut­
Tradition authentique, de la Cabale pervertie on reconnaître les restes de l’ancienne et
au sens ésotérique et démoniaque; la première vraie Cabale au milieu du fatras rabbinique
est la Tradition catholique, révélée par Dieu à où ils sont comme perdus? (...) La règle est
Adam, conservée et transmise par l’Ancienne que... toutes les fois qu’un passage exprime
Synagogue mosaïque (vraie Eglise de Dieu un article de la croyance catholique, ...en
dans l’Ancien Testament). La seconde est la termes dont on a pas besoin de forcer le
gnose (27) ou ésotérisme. Comme l’enseigne sens, vous pouvez être certain que ce passage
don Julio Mienvielle: «De la Tradition orale n’a pas été fabriqué par les rabbins. (...) A
adamique ou primordiale (...) sous l’instiga­ moins de faire violence au texte des précieux
tion de l’Esprit du Mal, naquit une tradition morceaux qui nous restent de la Cabale an­
impure, la tradition gnostico-cabalistique» (28). cienne, il faut convenir que le dogme chré­
La vraie Tradition fut communiquée à tien y est professé aussi nettement que dans
l’homme en trois économies successives: 1ª) les livres des Pères de l’Eglise» (31).
Tradition primordiale (Adam). Elle n’a rien à En ce qui concerne la Tradition talmu­
voir avec la tradition ésotérique de Guénon, dique, donnée oralement à Moïse sur le
Evola, Schuon, Ananda Coomaraswamy, Sinaï avant d’être corrompue par les rab­
Mordini... (Quorum nomen Legio est) (29). 2ª) bins, son texte ou explication s’appelle
Loi mosaïque. 3ª) Loi évangélique. Mishna et fut mise par écrit en 190 après
La Tradition de la Synagogue Antique se J.-C. alors que le commentaire du texte ou
divisait en deux branches: la Tradition tal­ Mishna, s’appelle Ghemara, et se subdivise à

105
SODALITIUM : La question juive

son tour en Ghemara de Jérusalem (écrite en Si le premier verset de la Genèse annon­


300 après J.-C.) et en Ghemara de Babylone ce la Trinité, le second nous fait connaître
(écrite en 500 après J.-C.) (32). IMPLICITEMENT l’Esprit-Saint. «Et
l’Esprit de Dieu, ou plutôt: L’Esprit-Dieu
La Très Sainte Trinité dans les Prophéties planait sur la superficie des eaux» ( 39). Et
de l’Antique Synagogue mosaïque voici ce que dit au sujet de ce verset le
Talmud, au traité Hhaguiga: «Sous la forme
«La doctrine de la Sainte Trinité... était de d’une COLOMBE qui plane sur ses petits
tout temps reçue dans notre nation. Quand sans les toucher» ( 40 ). Rabbi Salomon
Notre-Seigneur Jésus-Christ donne à Ses Yarhhi, dans son commentaire sur la Bible,
Apôtres qu’Il avait choisis parmi nos frères, la donne un grand développement à ce que dit
mission de prêcher Son saint Evangile aux na­ le Talmud sur le second verset de la Genèse:
tions, Il leur dit: “Baptisez-les au nom du «Le trône de la divinité, se tenait en l’air et
Père, et du Fils, et du Saint-Esprit”. Il semble reposait légèrement sur la superficie des
qu’Il ne leur révèle pas la doctrine de la sainte eaux, par la vertu de l’Esprit de la bouche
Trinité; Il leur en parle comme d’un article de de Dieu..., par son Verbe, SOUS LA FOR-
Foi connu et admis parmi les enfants d’Israël ME D’UNE COLOMBE...» (41).
[explicitement par les majores et implicite­
ment par les simples, n.d.r.]» (33). Le premier Le nom de Jahweh
verset de la Genèse: «In principio fecit Deus
cœlum et terram» (34) peut se traduire, d’après JHWH est le Tétragramme sacré qui in­
les Docteurs de l’Antique Synagogue: «Par le dique le nom de Dieu; le Zohar, cité par
Principe (berêschit) Dieu créa le ciel et la Drach enseigne que Iod, He, Vave, He, sont
terre». Et comme l’Evangile est le vrai com­ les quatre lettres du nom de Jahweh, et
mentaire de l’Ancien Testament, il doit nous selon Drach, il cite les quatre lettres à la
expliquer ce qu’est le Principe (rêschit), par place du nom de Dieu pour indiquer la Très
lequel le monde fut créé. L’Evangile nous ré­ Sainte Trinité, en effet:
pondra que c’est le Verbe Eternel «Le Verbe 1°) Iod, est le symbole du Premier
était dans le Principe» (35). St Jérôme aussi Principe, Dieu le Père.
commente à ce propos: «Plusieurs croient... 2°) He, dénote par sa configuration la
que le texte hébreu porte: “Par le Fils, Dieu descente aux Enfers suivie de l’Ascension
créa le ciel et la terre”. Ce n’est pas que le au Ciel: symbole de Dieu le Fils, “Qui des­
Christ soit ici EXPRESSEMENT nommé; cendit ad inferos, ascendit ad cœlos”.
mais le sens du premier mot de l’Ecriture 3°) Vave, correspond à la copule “et”,
sainte, aussi bien que le commencement de elle est le symbole de Dieu le Saint-Esprit
l’Evangile de St Jean l’annonce suffisamment «Qui procède du Père “et” du Fils».
et IMPLICITEMENT» (36). Mais le fait le 4°) La seconde He, répétée après Vave,
plus singulier est que le principal livre cabalis­ désigne la seconde nature, la nature humai­
tique - dans lequel se trouvent des restes de la ne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, “Qui in­
première Cabale vraie au milieu des ajouts carnatus est de Spiritu Sancto” (42).
rabbiniques, qui ont essayé de les étouffer - le Cette explication du Tétragramme est
Zohar, dit formellement que le mot rêschit est confirmée par une myriade de témoignages de
un des noms de la divinité, et qu’il désigne le rabbins de l’Ancienne et vraie Synagogue (43).
Verbe, la Sagesse éternelle ( 37 ). Ce mot
(rêschit) a pour préfixe la lettre servile (beth), Encore sur la Très Sainte Trinité
qui dans la grammaire hébraïque, s’ajoute au
commencement des mots et qui tient la place Le Deutéronome annonce aussi implicite­
des propositions. Cette lettre, dont la valeur ment le Mystère Trinitaire, en effet il proclame:
numérique est: deux ou deuxième; parce que «Ecoute, ô Israël, Jahweh, élohênou, Jahweh,
le Principe a deux natures, et qu’il est le est un» (44). Drach commente que la triple répé­
deuxième dans l’ordre du nombre, après le tition du nom du Seigneur est contraire à
Père. Enfin que berêschit est au singulier l’usage de la langue hébraïque (45). Le com­
parce qu’il dénote une seule Personne. mentaire plus précis de ce verset, qui embarras­
Drach cite de nombreux autres passages se beaucoup les rabbins de la Nouvelle
du Zohar sur la première partie de la Synagogue antichrétienne, est celui fourni par
Genèse, qui répètent le même concept (38). St Jean: «Il y a trois qui rendent témoignage

106
SODALITIUM : La question juive

dans le ciel, le Père, le Verbe et l’Esprit-Saint. Et conséquent nécessaire de celle-ci être le


ces trois sont la même chose» (46). Messie, et vice-versa. Quand Jésus donne à
entendre qu’il est le Christ, le Messie, les
La question messianique prêtres disent aussitôt: “Vous êtes donc le
Fils de Dieu?” ( 50 ). Le centurion et ses
On a ainsi démontré que vos pères gardes, témoins des prodiges qui signalèrent
croyaient à la Trinité des Personnes dans le sacrifice de la Croix, s’écrient: “Celui-ci
l’Unité de la Nature. Maintenant il faut dé­ était vraiment le Fils de Dieu” (51). Lorsque
montrer qu’ils croyaient aussi que le Messie les écailles furent tombées des yeux du pha­
devait être l’une de ces trois Personnes, unie risien Saul, il parcourt les synagogues annon­
indivisiblement à un corps, formé dans le çant que “Jésus est le Messie, car il est le Fils
sein d’une Vierge, par la seule Toute- de Dieu” (52)» (53). Cependant en adressant
Puissance de Dieu, sans aucun concours hu­ cette lettre à des Juifs il faut chercher les au­
main; et que les caractères qu’ils attri­ torités surtout dans les textes de l’Ancien
buaient au Messie se retrouvaient dans la Testament, et dans les écrits des rabbins. Là
Personne de Jésus-Christ ( 47). Le Messie aussi les preuves sont innombrables.
dont vous parlent vos rabbins actuels est un
Messie défiguré par les superstitions talmu­ Les Prophètes et le Messie-Dieu
diques et rabbiniques antichrétiennes: «Il
sera... un homme du sang de David, ...il n’at­ Que le Messie soit Jahweh lui-même,
teindra pas à la perfection de Moïse..., c’est un point attesté par tous les Prophètes.
l’objet de sa mission ne sera pas d’effacer le Ecoutons Isaïe: «Voici que la Vierge se trou­
Péché Originel... mais de délivrer Israël dis­ vera enceinte. Elle enfantera un Fils, et elle
persé, de la captivité où le retiennent les na­ lui donnera le nom d’Emmanuel» (54). Les
tions; de le ramener dans la Terre-Sainte, commentaires rabbiniques sont unanimes:
...de réédifier Jérusalem et son Temple, et Rabbi Salomon Yarhhi: «Elle l’appellera
enfin d’établir un règne temporel qui durera Emmanuel, pour signifier qu’alors notre
autant que le monde, et pendant lequel Créateur sera avec nous» (55).
toutes les nations seront assujetties aux Rabbi David Kimhhi: «Car du jour où il
Juifs... Le Messie ne subira point de mort sera né, Dieu sera avec nous; c’est pour
violente. Il épousera plusieurs femmes, et il cette raison qu’elle l’appellera Emmanuel»
aura des enfants qui lui succéderont après (56). Si on lit encore Isaïe: «Un enfant nous
un règne très long» (48). Il faudrait faire at­ est né; un fils nous a été accordé. La princi­
tention à la vraie Tradition de vos Pères, pauté est posée sur son épaule. On l’appellera
pour vous convaincre que le vrai Messie est l’admirable, le conseiller, Dieu puissant, le
très différent du Messie mythique inventé Père de l’éternité, le Prince de la paix» (57).
par les Pharisiens en haine de Jésus-Christ. La paraphrase chaldaïque de Jonathan-ben-
Huziel dit: «Dieu puissant, existant éternel­
Divinité du Messie et son Incarnation lement, Messie dans les jours duquel la paix

«La Tradition dans l’Ancienne Synago­ Le philosophe argentin don Julio Meinvieille, auteur du
gue mosaïque a constamment enseigné la livre “De la cabale au progressisme”
Divinité du Rédempteur promis. Les Juifs
étaient tellement pénétrés de cette Vérité
qu’ils ne pouvaient pas séparer l’idée de Fils
de Dieu, de celle du Messie. Tous atten­
daient un Oint, Fils de Dieu. C’est ce qui ex­
plique cette interpellation que le Prince des
Prêtres adresse à Jésus-Christ: “Je vous adju­
re par le Dieu vivant, dites-moi si vous êtes le
Messie Fils de Dieu” (49). Ces dernières pa­
roles méritent une attention particulière.
Jésus-Christ ne s’était nulle part qualifié de
Dieu ou de Fils de Dieu; mais nous voyons
dans St Luc que votre nation regardait la
proposition être Fils de Dieu comme le

107
SODALITIUM : La question juive

sera très grande sur nous» (58). En résumé ce Rabbi David Kimhhi dit que le germe de
verset d’Isaïe, interprété par les Docteurs de justification, dont parle Jérémie, est le Roi-
la Synagogue Antique est la preuve que vos Messie (67). Le Talmud lui aussi soutient: «Le
pères croyaient dans la Divinité du Messie, à Messie porte le nom de Dieu même, car il est
la différence des Pharisiens et des rabbins écrit: “Et voici comment on l’appellera
de l’actuelle Synagogue postbiblique. Quel Jahweh notre juste”» (68). Le Zohar affirme:
aveuglement, que nous sommes misérables «Le Roi-Messie porte le nom de Dieu même»
quand Dieu ne nous illumine pas! Même (69). Alors vous voyez d’un côté le Talmud des
Rabbi David Kimhhi, hostile au Christia­ rabbins avec ses erreurs grossières et la per­
nisme, rejette l’opinion selon laquelle versité de ses maximes; de l’autre l’Evangile
l’Emmanuel serait un homme comme tous du Seigneur avec sa doctrine si sainte, sa mo­
les autres. Les Juifs des premiers siècles ad­ rale si pure, si sublime: et choisissez le che­
mettaient communément que cette prophé­ min. Le sang de Jésus-Christ, répandu par vos
tie concernait le Messie, ils étaient encore pères, ne cessera jamais de couler sur vous;
trop près de la Tradition véritable pour pou­ mais s’il vous trouve loin de la Croix, ce sera
voir la nier impudemment devant les fidèles. la pluie de soufre et de feu qui descend de
Alors que dans les siècles suivants les rab­ Jahweh (70); au contraire si vous allez à Lui, si
bins ont montré moins de pudeur; ils n’ont vous vous mettez au pied de la Croix, ce sera
eu aucune crainte de déformer les mots si un bain vivifiant, un baume céleste qui vous
clairs de la prophétie que j’ai citée. guérira de tous vos maux!
Drach cite bien d’autres autorités de la
Tradition des anciens, où l’on trouve les té­ Incarnation du Messie Fils de Dieu
moignages les plus clairs de la Divinité du
Messie (59). En outre les rabbins eux-mêmes Nous avons vu que le Messie attendu par
appellent le Messie Lumière, comme le fait vos ancêtres, devait être à la fois un homme
St Jean (60). Or Rabbi Biba dit dans le Mé­ et Jahweh. Le Messie devait naître germe de
drasch sur les Lamentations, que le nom du Jahweh et fruit de la terre, ainsi que s’expri­
Messie est Luce. «L’Ancienne Synagogue me le prophète Isaïe: «En ce temps-là le
enseignait que cette Lumière est Incréée; germe de Jahweh sera à ornement et à digni­
qu’elle a éclairé l’œuvre de la Création...» té, et le fruit de la terre sera à magnificence et
(61). Le Nom de Jahweh n’appartient qu’à à gloire» ( 71). Le commentaire de Rabbi
Dieu, et Il s’en montre jaloux: «Je suis David Kimhhi nous explique que: «En ce
Jahweh, c’est là mon nom, et je ne donnerai jour signifie au jour du Salut, à l’Avènement
pas ma gloire à un autre» ( 62 ). Rabbi du Rédempteur» (72). Le germe de Jahweh
Abraham Aben-Ezra enseigne: «Le nom c’est le Messie fils de David, ainsi qu’il est
glorieux Jahweh n’est associé à aucun nom écrit dans Jérémie (73).
d’homme» (63). Et Rabbi Kimhhi, enseigne
que: «Nul, hors Dieu, ne participe au nom Le Messie Fils de Dieu
Tétragrammaton Jahweh» (64). C’est pour­
quoi l’Ecriture sainte et la Tradition, en don­ Le Psaume dit: «Jahweh m’a dit: Tu es
nant au Messie le nom Jahweh, proclament mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui» (74).
par là-même sa nature divine! De plus le Que ce Psaume traite du Messie, c’est un
prophète Jérémie annonce: «Il arrivera des point sur lequel nous voyons d’accord le
jours où je susciterai à David un germe juste, Talmud (75), le Zohar sur les Nombres (76), le
et il régnera en roi, et prospérera. Il opérera la Médrasch-rabba sur la Genèse ( 77 ), le
justice et la justification sur la terre... et voici Médrasch-thehillim et le Médrasch-yalkout
comment on l’appellera: Jahweh notre juste» sur le Psaume II: c’est-à-dire, tous les monu­
(65). Et Jérémie annonce toujours par ailleurs ments qui nous restent de l’antique
«Je ferai germer à David le germe de la justifi­ Synagogue. Parmi les rabbins de la nouvelle
cation, et il opérera la justice et la justification Synagogue pharisaïque, plusieurs ont adop­
sur la terre... et voici comment on l’appellera: té le subterfuge qui, pour réfuter le
“Jahweh notre juste”» (66). Les rabbins de la Christianisme, explique ce verset du Psaume
Synagogue pharisaïque, vaincus par l’éviden­ comme s’il s’agissait de David et non du
ce de ces deux passages de Jérémie sont obli­ Messie-Dieu; toutefois il ne manque pas
gés de reconnaître qu’au Messie appartient le d’autres rabbins qui appliquent notre
nom de Jahweh notre juste. Psaume au Messie-Dieu, par exemple:

108
SODALITIUM : La question juive

Aben-Ezra, Rabbi Kimhhi, Rabbi Moïse leurs genoux ne fléchirent point devant leur
Alschehh et Rabbi Obadie Sephorno. Du divin interlocuteur, devant le Seigneur de
reste c’est l’histoire elle-même qui démontre David que leurs yeux voyaient, mais que
irréfutablement que le Psaume II ne parle leurs cœurs, par ENVIE et JALOUSIE, ne
pas de David; en effet le Psaume continue: voulaient pas adorer (84). Vos Docteurs mo­
«A ta demande, je t’accorderai les nations en dernes, pour ne pas rester muets comme les
héritage, et les extrémités de la terre seront en Pharisiens, prétendent que celui que Jahweh
ta possession» (78). Or, c’est un fait histori­ invite à s’asseoir à sa droite, c’est Abraham
quement certain, le peuple hébreu sous le que David reconnaît pour son Seigneur (85).
règne de David n’a pas obtenu une puissan­ Mais les monuments de l’Ancienne
ce aussi étendue! Mais qui pourrait nier cet Synagogue, affirment le contraire, en effet le
autre fait historiquement certain que le Zohar, dit: «Jahweh dit à mon Seigneur-
Règne, surtout mais pas seulement spirituel, Dieu: Le Degré Suprême dit au Degré qui est
du Messie-Jésus se soit autant étendu, au-dessous, assieds-toi à ma droite... Si
comme avait prophétisé David lui-même: Jahweh est le Degré Suprême, quel est le
«Et il dominera depuis une mer jusqu’à Second Degré de la même Nature que le pre­
l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux extrémi­ mier; car les deux degrés d’une même échel­
tés de la terre» (79). Le commentaire Minhha le sont toujours supposés de la même natu­
Ketanna ( 80 ), dit expressément que le re? Certes, ce ne peut pas être un simple
Psaume concerne le Messie. Le fleuve, dont mortel comme Abraham, quelque parfait
parle le psalmiste, c’est le Jourdain où le qu’il fût. Mais c’est mon Dieu et le vôtre,
Sauveur a reçu le Baptême. De ce moment a c’est mon Sauveur et le vôtre. Il est le second
commencé sa domination. Reconnu par St des trois degrés, inséparables quoique dis­
Jean, il lui vient aussitôt des disciples qui tincts, de l’unité de l’échelle divine» (86). Le
l’appellent, non seulement Maître, mais Médrasch-thehillim, écrit: «Jahweh dit à mon
aussi Seigneur. Ces passages de l’interpréta­ Seigneur-Dieu, assieds-toi à ma droite, et
tion de l’Ecriture de la part des rabbins, Abraham sera à sa gauche» (87).
confirment l’affirmation de Drach: «Com­
ment se fait-il que ceux qui désignent si bien Le Messie Fils de l’homme
notre divin Messie ne le reconnaissent pas?
Ils lui rendent témoignage, et ils le couvrent Le Messie chimérique que vos rabbins
de blasphèmes! O mon Dieu, ...hâtez le mo­ vous font encore attendre, devrait être un
ment qui doit déchirer le funeste voile qui simple homme, selon l’enseignement du
couvre leurs yeux» (81). Pharisaïsme, mais ce n’est pas dans ce sens
Enfin c’est encore comme Fils de Dieu que le vrai Messie est homme. Sa divinité
que le Messie est assis à la droite du Père, que vous ne pouvez plus contester après
c’est-à-dire: participe à la Nature de Dieu, toutes les preuves mises sous vos yeux, ne
comme l’explique St Augustin: «Dextera permet pas de qualifier le Messie comme
Domini gloriam Patris significat, id est, æter­ simple homme; il est bien plus exact de le
nam beatitudinem» (82). David, le prophète­ nommer Fils de l’homme. Cette dénomina­
roi, aïeul du Messie, le représente comme tion indique qu’il y a dans sa Personne une
son propre Seigneur Dieu, et comme nature humaine. Dans l’Evangile nous lisons
Pontife selon l’ordre de Melchisédech, assis que Notre-Seigneur Jésus-Christ s’est
à la droite de Jahweh: «Jahweh dit à mon constamment annoncé comme Fils de
Seigneur-Dieu (lâdoni), assieds-toi à ma l’homme. Jamais il ne se dit homme. St
droite tandis que je ferai de tes ennemis ton Pierre une fois l’appelle homme, mais c’est
marche-pied» ( 83 ). Jésus demanda aux quand il le renie en disant: «Je ne le connais
Pharisiens réunis autour de Lui: Que vous pas, cet homme» (88). Il faut aussi ajouter que
semble-t-il du Messie? De qui est-il Fils? Ils la dénomination de Fils de l’homme donnée
lui répondirent: de David. Et comment au Messie, n’appartient pas exclusivement au
donc, leur dit-il, David inspiré de l’Esprit Nouveau Testament. Dans l’Ancien, le pro­
divin l’appelle-t-il Son Seigneur, disant: phète Daniel annonce: «Je considérais les vi­
“Jahweh a dit à mon Seigneur...”. sions de la nuit, et voici venir, comme le FILS
Si donc David l’appelle Son Seigneur, DE L’HOMME, avec les nuages des cieux, et
comment est-il son fils? Et personne ne put il parvint jusqu’à l’ancien des jours. Et ils le
lui répondre. Leur langue resta muette, et présentèrent devant lui. Et il lui donna la do-

109
SODALITIUM : La question juive

mination, la gloire et la royauté; toutes les na­ rieuses dans ses provinces pour exterminer la
tions, tous les peuples et toutes les langues dynastie de David. C’était le plan des deux
l’adorent. Sa domination est une domination princes, mais Celui qui habite dans les cieux
éternelle qui ne passera point, et sa royauté ne «se rit des projets des rois, se raille des pen­
sera jamais abolie» (89). Quel est ce Fils de sées de leur ambition» (102), lorsque leurs des­
l’homme dont le prophète trace un tableau si seins sont opposés aux décrets de son im­
magnifique? Pour ce qui concerne cette vi­ muable Sagesse. Le Seigneur avait dit à
sion prophétique, les rabbins sont d’accord David: «Votre trône s’affermira pour
avec l’Eglise notre mère: le Talmud (90), le toujours» (103). Mais Achaz qui n’espérait que
Médrasch-Yalkout ( 91 ), Rabbi Salomon dans l’homme, n’avait confiance que dans
Yarhhi ( 92), Rabbi Ibn-Yihhaï ( 93), Rabbi l’aide du roi d’Assyrie. Alors le Seigneur es­
Sàadia le Gàon (94), Aben-Ezra (95), Rabbi saya de toucher une dernière fois son cœur
Yeschoua, cité par ce dernier, Rabbi endurci et ordonna donc à son prophète
Abraham Séba (96), répondent tous que le Isaïe d’aller à la rencontre d’Achaz, hors des
Fils de l’homme est le Roi-Messie. Par murs de Jérusalem, avec son fils Yaschub et
ailleurs si le Roi-Messie n’était qu’un simple de dire à Achaz: «Tranquillisez-vous, et ne
mortel, comment pourrait-il être l’objet de conservez aucune inquiétude. Ne craignez
l’adoration de toutes les races? point, ne vous découragez pas. Tout ceci [la
J’espère que ces pages, avec l’aide de destruction de la maison de David, n.d.r.] ne
Dieu qui ne manque à personne, vous aide­ se produira pas» (104). Mais cette annonce
ront à admettre que les dogmes catholiques consolante est accueillie par le roi impie avec
constituent la Foi constante et unanime de une froide insensibilité. Alors le prophète,
votre nation, jusqu’à la naissance d’une pour le convaincre, lui dit encore: «Demande
secte schismatique et antichrétienne, le pour toi un miracle au Seigneur ton Dieu, au
Pharisaïsme, qui a formé l’actuelle Syna­ fond de l’enfer, ou au plus haut des cieux»
gogue talmudique ou Synagogue de Satan, (105). Mais Achaz répondit: «Je ne demande­
(97) opposée à la vraie Synagogue de Jésus: rai point de signe, je ne veux pas tenter le
l’Eglise Catholique, apostolique et romaine. Seigneur» (106). Face à ces paroles le prophète
«Nos ancêtres adoraient Jahweh subsis­ indigné, abandonne le roi obstiné et prophé­
tant en trois Personnes quoique Unique tise: «Puisqu’il en est ainsi, le Seigneur vous
d’Essence. Ils espéraient avec une ferme donnera de Lui-même un signe. Voici qu’une
confiance que Jésus (Haggoêl), son Fils dans Vierge se trouvera enceinte, et enfantera un
l’éternité, assis à sa droite, sera notre Messie fils, et elle lui donnera le nom de Dieu-avec­
fils de David, quand l’heure sera venue de le nous, Emmanuel (107). C’est la Vierge que la
revêtir d’une chair à la ressemblance de la­ tradition constante de votre peuple (tant que
quelle il a formé le corps d’Adam» (98). le Pharisaïsme n’eut pas envahi la Synagogue
Cependant il y a un moyen encore plus mosaïque en la poussant au déicide et à de­
efficace pour découvrir la Vérité. «Jahweh, venir ainsi la Synagogue talmudique, réprou­
est proche de tous ceux qui l’invoquent avec vée par Dieu, vraie contre-Eglise) nous an­
un cœur droit» (99). Priez-le, avec insistance nonce comme la Femme qui écrasera la tête
de vous éclairer (comme fit votre ex-coreli­ du serpent infernal (108), inspirateur des diffé­
gionnaire Alphonse Ratisbonne) et Lui, en rentes “traditions” ésotériques.
vertu de Sa promesse: «Demandez et vous re­ Voici la signification de cette célèbre pro­
cevrez, cherchez et vous trouverez , frappez et phétie sur laquelle j’appelle votre attention
il vous sera ouvert» (100), vous éclairera. dans ces pages, essayant de vous présenter le
vrai sens où l’entendaient vos pères. Isaïe,
Les prophéties accomplies par la Vie, la Passion pour rassurer la maison de David, menacée
et la Mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans son existence, devait naturellement par­
ler du Messie, qui était attendu comme fils de
Le roi de Juda Achaz (101), célèbre par David. En effet de quoi s’agissait-il? Phacée,
son impiété, et plus encore par la célèbre roi des tribus schismatiques d’Israël, et Rasin
prophétie à laquelle a donné lieu son incré­ roi de Syrie, voulaient établir sur le trône de
dulité, successeur au trône de son père, sans Juda une nouvelle dynastie. Pour parvenir à
hériter de ses vertus, eut beaucoup à souffrir ce but il fallait, selon les mœurs du temps, ex­
des armées de Rasin, roi de Syrie et de terminer toute la race royale existante. Le
Phacée, roi d’Israël qui avançaient victo­ prophète fait donc observer aux princes que

110
SODALITIUM : La question juive

la destruction de leur famille est impossible, chaine de Jérusalem à la délivrance spiri­


puisque c’est d’elle que doit venir miraculeu­ tuelle et future d’Israël, gage l’une et l’autre
sement le Rédempteur, le Fils de la Femme de la conservation de la maison de David.
(prédite dans la Genèse) (109), qui sera sans Dans le chapitre XI Isaïe revient à la
père parmi les hommes, qui n’a qu’une mère: partie la plus importante de sa prophétie:
la Femme qui vaincra le démon. Une prophé­ LA NAISSANCE DU MESSIE: «Un reje­
tie place le Messie dans la tribu de Juda: «Le ton sortira de la tige de Jessé, et une fleur
sceptre ne sera pas ôté à Juda, ni le prince de s’élèvera de ses racines. Et l’Esprit du
sa postérité, jusqu’à ce que vienne Celui qui Seigneur reposera sur lui, l’Esprit de sagesse
doit être envoyé, et Lui-même sera l’Attente et d’intelligence; l’Esprit de science et de
des nations» (110). Plus tard dans cette tribu, la crainte du Seigneur. Il ne respirera que la
famille de Jessé sera préférée à toutes les crainte de Dieu» (115). Isaïe conclut par un
autres (111). Dans cette famille enfin, la mai­ poème prophétique qui est l’un des plus
son de David est désignée pour donner au beaux cantiques de la Sainte Ecriture: «Je
monde le Rédempteur d’Israël. La naissance vous rends des actions de grâces, ô Seigneur,
future de cet enfant était donc une garantie puisque j’ai excité votre colère, et vous
certaine que les deux rois qui marchaient sur m’avez consolé. Voici le Dieu mon Sauveur:
Jérusalem ne réussiraient jamais dans leur je prends confiance, et ne crains point: car le
dessein d’exterminer la maison de David. Seigneur est ma force et ma joie, et Il est de­
Dieu avait ordonné à Isaïe de conduire avec venu mon salut» (116).
lui son fils Yaschub, pour donner une preuve «Si j’ai appliqué ces chapitres au Messie,
ultérieure à la maison de David; quand le fils n’allez pas croire, mes chers frères, que je
d’Isaïe aura atteint l’âge de sept ans, les deux vous en présente une explication arbitraire,
rois qui voulaient exterminer la maison de écrit Drach, ...pour vous ramener dans la
David seraient morts. Après cette prédiction, Synagogue de nos ancêtres, celle des vrais
en voici une autre, qui lui est étroitement Israélites qui ont accepté l’accomplissement
liée: le prophète aura un autre fils qu’il appel­ des prophéties [de la part de N.-S. Jésus-
lera, par ordre de Dieu, “Maher-Schalal- Christ, et sont ainsi entrés dans l’Eglise ca­
Hhasch-Baz”, ce qui signifie: “Vite il pille, tholique, n.d.r.]. Les rabbins vous diront
vite il saccage”. La prophétie continue en eux-mêmes, dans les passages que je vais
effet: «Avant que ce garçon puisse appeler rapporter, que ces chapitres ont pour unique
mon père! ma mère! on emportera la puissan­ objet le Rédempteur... Toujours les mêmes
ce de Damas et les dépouilles de Samarie à la qu’aux jours d’Hérode, vos Docteurs indi­
vue du roi d’Assyrie» (112), annonçant de cette quent exactement le Messie aux cœurs
manière qu’avant que son second enfant fût à droits qui le cherchent, et ils restent eux­
même de dire: mon père! ma mère!, c’est-à­ mêmes dans la criminelle Jérusalem où ils
dire âgé seulement de deux ou trois ans, couvrent d’outrages et de blasphèmes Celui
Damas et Samarie auraient été dévastées. En à qui ils envoient des adorateurs» (117).
effet deux ans après, Rasin fut tué comme
Phacée (113), précisément quand le premier Selon les rabbins la naissance du Messie de­
fils d’Isaïe avait sept ans et le second deux! vait être miraculeuse

La Naissance du Sauveur d’Israël Le Médrasch Beréschit-rabba (118), parle


d’une descendance qui ne viendra pas d’un
Isaïe nous fournit d’autres détails, homme et qui est celle du Roi-Messie. Cette
comme nous l’avons vu, sur la naissance du tradition était fort connue parmi les Juifs au
Sauveur: «Un petit-enfant nous est né, un fils temps de N.-S. Jésus-Christ. En effet
nous a été donné. Sur son épaule est la prin­ quelques-uns de Jérusalem, en voyant Jésus-
cipauté, et on l’appellera, l’Admirable, le Christ disaient: «N’est-ce pas celui qu’ils
conseiller, le Dieu fort, le père de l’éternité, le cherchent à faire mourir? Et voilà qu’il parle
prince de la paix. L’accroissement de son em­ publiquement, et ils ne lui disent rien. N’est-ce
pire et de sa paix n’aura point de bornes et il point que les princes ont effectivement recon­
s’assiéra sur le trône de David» (114). Puis le nu qu’il est le Christ? MAIS NOUS SA-
prophète termine en confirmant les menaces VONS D’OU EST SORTI CELUI-CI,
qu’il a déjà faites contre les deux rois; car il TANDIS QUE LE CHRIST, LORSQU’IL
lie sans cesse la délivrance matérielle et pro­ VIENDRA, PERSONNE NE SAURA

111
SODALITIUM : La question juive

D’OU IL EST» (119). Le Médrasch Thehillim


dit: «Lorsque le temps du Messie sera venu,
Dieu dira: Il faut que je le crée une créature
nouvelle. Et c’est en ce sens qu’il est écrit:
aujourd’hui je t’ai engendré» (120), l’expres­
sion une créature nouvelle a visiblement trait
à ces paroles du prophète Jérémie: «Car
voici que le Seigneur créera une CHOSE
NOUVELLE sur la terre: une Femme enve­
loppera un homme» (121). Que cette prophé­
tie traite du Messie, est une chose admise
communément par les rabbins: qu’on lise
Rabbi David Kimhhi et Rabbi Aben-Hezra;
le Médrasch-Yalkut (122), le Zohar dans la
section Berêschit, affirment la même chose
en donnant au verset la signification suivan­
te: «Le Seigneur créera une créature nouvel­ Le grand rabbin de Rome Eugenio Zolli,
le, un homme tel qu’il n’en a jamais existé converti au catholicisme
sur la terre. Dieu du ciel, il s’unira hypostati­
quement à la nature humaine, et sera, non ciel et la terre, collaborèrent à ce signe mira­
un enfant dont l’intelligence n’est pas déve­ culeux: le ciel en faisant pleuvoir le Juste d’en
loppée, mais un homme-Dieu sur qui repose haut, et la terre, en produisant de son sein le
l’Esprit de sagesse et d’intelligence, et une Sauveur et la sainteté: une jeune Vierge
Femme l’enfermera dans son sein; car (Halma) très pure et immaculée, sera encein­
l’Esprit de Dieu développera en elle une fé­ te sans concours humain, mais seulement par
condité qui lui sera propre, et qui n’aura be­ l’œuvre divine. Cette Halma, toujours Vierge,
soin d’aucune coopération humaine» (123). enfantera un Fils auquel, selon l’ordre de
Cependant les rabbins modernes, prétendent Dieu, elle donnera le nom d’Emmanuel qui
que cette prophétie de Jérémie annonce que signifie: Dieu avec nous. Et voici l’accomplis­
du temps du Messie la femme recherchera sement de la prophétie: Jésus, qui signifie le
l’homme, au lieu qu’avant c’était l’homme Sauveur, Dieu venu parmi nous pour nous
qui recherchait la femme; et que ceci sera sauver est l’Emmanuel prophétisé; puisque
une figure du retour de la nation juive vers le Emmanuel signifie Dieu avec nous. D’après
Seigneur qui est son époux. «Mais, commen­ la tradition authentique de l’ancienne
te Drach, pour embrasser cette opinion il Synagogue mosaïque, vos pères, qui vivaient
faut ou être de mauvaise foi, ou avoir perdu avant l’Incarnation du Verbe, attendaient un
le bon sens» (124). Les anciens rabbins inter­ Messie qui, créature nouvelle, devait être en­
prétaient “chrétiennement” les Prophéties, gendré d’une manière différente par d’autres
alors que les rabbins modernes, ou postbi­ hommes. Eh bien retournez à la Foi de vos
bliques combattent l’interprétation tradition­ pères, qui sont aussi les nôtres quant à la Foi,
nelle (c’est-à-dire Trinitaire et chrétienne) répudiez les fables pharisaïques qui ont altéré
des Ecritures; cependant l’un d’eux a laissé l’unique vraie Tradition, commencée avec
échapper des confessions précieuses sur le Adam, perfectionnée avec Jésus, et jetez­
Messie, Sa Divinité, la Trinité des Personnes vous avec foi et confiance aux pieds de Celui
dans l’Unité de la Nature, la perpétuelle que vous avez transpercé, pour obtenir que
Virginité de la Mère du Messie (125). Son Sang qui est aussi le vôtre, vous mouille
et vous purifie du terrible péché de déicide,
Conclusion: la véritable charité envers les Juifs que vous avez commis par l’envie et la jalou­
sie inspirées par l’orgueil.
Vos pères ont convenablement interprété Répétons avec la Sainte Eglise l’oraison
la prophétie d’Isaïe, relativement à la maison qu’elle met dans la bouche de ses ministres
de David, pour la rassurer quant à sa survi­ dans l’un des jours les plus solennels de
vance menacée par deux rois ennemis. Le l’année liturgique, le Vendredi Saint:
Seigneur s’est appliqué à donner un signe, en «Prions aussi pour les Juifs parjures, afin
venant personnellement sur la terre pour le que Dieu notre Seigneur OTE LE VOILE
réaliser devant les hommes. Deux éléments, le DE LEURS CŒURS et leur donne de

112
SODALITIUM : La question juive

connaître, eux aussi, Jésus-Christ Notre- De cette manière l’Eglise appelle en témoignage un en­
Seigneur. Dieu tout-puissant et éternel, qui nemi pour combattre un autre ennemi” (Contra Faus­
tum, liv. 12, ch. 23).
n’écartez point de votre Miséricorde même 20) Jn I, 45.
les Juifs parjures, écoutez les prières que 21) Gal. III, 29: «Si autem vos Christi ergo semen
nous vous adressons pour ce peuple aveuglé: Abraham estis».
donnez-leur de connaître la lumière de votre 22) Rom. XI, 12: «Si leur péché est la richesse du
monde, ...combien plus encore leur plénitude?».
vérité, qui est le Christ, afin QU’ILS 23) Col. I, 13.
SOIENT ARRACHES A LEURS TENE- 24) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin
BRES. Par le même Jésus-Christ Notre- converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa
Seigneur. Ainsi soit-il» (126). conversion, éd. de Béthune, Paris 1827, pp. 4-5-6-14-15.
La vraie charité envers les Juifs consiste «à 25) Deut. XXXII, 7.
26) SAINT AUGUSTIN, Les Révisions, liv. 1, ch. 13.
ne pas leur cacher la... tragique situation ob­ 27) Les origines de la gnose. Certains auteurs,
jective dans laquelle ils se sont trouvés après comme l’Arnach, ont fait remonter l’origine de la gnose
la condamnation de Jésus. La vraie charité à l’hellénisme. Un Père de l’Eglise, comme Hippolyte, a
envers les Juifs est de les éclairer loyalement au contraire comparé la doctrine des gnostiques avec
les doctrines des philosophes grecs.
sur cette situation... Rien de plus nocif pour «Il n’y a pas de doute - écrit Erik Peterson - que
les Juifs que de leur cacher ou de leur faire certains gnostiques se sont servis des idées et des
oublier ces vérités révélées fondamentales, en termes de la philosophie grecque pour rendre compré­
les laissant dans l’illusion d’être les préférés hensibles leurs spéculations à un public cueilli, éduqué
de Dieu comme avant le Calvaire» (127). dans les traditions hellénistiques. …Mais reste le fait
que la vision du monde de la mentalité gnostique
contraste complètement avec celle des Grecs. Le langa­
Notes ge philosophique grec n’est qu’une manière pour se
faire comprendre par les personnes de culture grecque.
1) P.-L. B. D RACH , Première lettre d’un rabbin En outre la théorie selon laquelle la gnose vient de la
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa religion babylonienne persane (Anz-Bousset) ne se
conversion, éd. de Beaucé-Rusand, Paris 1825, p. 2. rend pas compte que le caractère anticosmique de la
2) Matth. V, 17. gnose ne trouve pas d’analogie dans le chaldéisme as­
3) Is. VI, 9-10. trologique et que le pessimisme de la gnose ne trouve
4) Deut. XXVIII, 29. pas de correspondance dans la religion persane, tout
5) Deut. VI, 4. comme le dualisme gnostique n’est pas identique au
6) Mal. I, 11. dualisme persan. …C’est pourquoi il serait imprudent
7) P.-L. B. DRACH, op. cit., p. 12. de chercher l’origine de la gnose à l’extérieur de l’espa­
8) Jn VIII, 19. ce géographique où le mouvement gnostique avait son
9) Deut. VI, 4. centre, c’est-à-dire dans la Syrie occidentale… et en
10) P.-L. B. DRACH, op. cit., pp. 12-13. Egypte. Là où était parlée la langue araméenne… la
St Thomas d’Aquin enseigne que quand Dieu parla gnose s’est développée. Mais CECI VEUT DIRE QUE
à Adam de son futur mariage avec Eve, Il lui expliqua PRATIQUEMENT AU DEBUT LA GNOSE EST
que c’était une figure de l’union du Christ et de l’Eglise L’ŒUVRE DES JUIFS… On dit souvent que la gnose
et c’est pourquoi Il dut aussi lui expliquer le Mystère de du “corpus hermeticum” serait la preuve de l’existence
la Trinité et de l’Unité de Dieu ainsi que celui de d’une gnose païenne, mais en vérité LA GNOSE
l’Incarnation du Verbe: «Après le péché originel, le HERMETIQUE MONTRE BEAUCOUP DE
Mystère du Christ a été cru D’UNE FACON EXPLICI- TRACES EVIDENTES DE LA GNOSE JUDAI-
TE, non plus seulement quant à l’Incarnation, mais QUE. …En étudiant les textes gnostiques on découvre
quant à la Passion et à la Résurrection, ...par les grands» facilement comment ils s’inspirent spécialement du
(S. T. 2, 2, q. 2, a. 7, in corpore). Ensuite, quant au Pentateuque, et en particulier de la Genèse. …Si la
Mystère de la Trinité, le Docteur angélique enseigne: «A gnose interprète les textes de la cosmogonie biblique
la mesure dont on a cru avant le Christ le Mystère de elle porte évidemment à la lumière des DOCTRINES
l’Incarnation, les grands D’UNE FACON EXPLICITE, SECRETES JUDAIQUES. …L’origine de la gnose ne
les petits IMPLICITEMENT ... on a cru aussi le Mystère doit donc pas être expliquée par un mouvement anony-
de la Trinité» (S. T. 2a, 2ae q. 2, a. 8, in corpore).
11) Gen. I, 26.
Signature du rabbin converti Paul-Louis Drach
12) Gen. XVIII, 1-15.
13) SAINT AUGUSTIN, De Tempore, Sermon 68.
14) Ibid., Sermon 70.
15) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa
conversion, éd. de Béthune, Paris 1827, p. 95.
16) Ibid., p. 19.
17) Ibid., p. 41.
18) Ibid., p. 45.
19) St Augustin appelle les Juifs “les serviteurs
chargés de porter les Livres Saints pour les chrétiens...
Ils fournissent les preuves pour convaincre les païens.

113
SODALITIUM : La question juive

me de syncrétisme de différentes religions… La gnose 58) Cit. in P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un
est antérieure au Christianisme» (E. PETERSON, Gnosi, rabbin converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de
in Enciclopedia Cattolica, Città del Vaticano 1951, vol. sa conversion, p. 105.
VI, col. 876-882). 59) Ibid., p. 115.
Cependant le respect pour l’Ancien Testament, jus­ 60) Jn I, 4, 9; III, 19.
tement de l’Eglise, porta à l’INFILTRATION DES 61) Cit. in P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un
IDEES GNOSTIQUES et millénaristes DANS LE MI- rabbin converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de
LIEU CHRETIEN. Mais l’Eglise, en restant fidèle à la sa conversion, p. 121.
lettre et à l’esprit de l’Ancien Testament, et en réfutant 62) Is. XLII, 8.
les chimères construites dessus par les gnostiques, réus­ 63) Comm. sur Joël, 4, 2.
sit à se libérer de ces infiltrations gnostico-judaïques. 64) Comm. sur Osée, 12, 6.
28) J. MIENVIELLE, Influsso ebraico in ambiente 65) Jér. XXIII, 5-6.
cristiano, Roma 1988, p. 14. 66) Jér. XXXIII, 15-16.
29) Mc V, 9. 67) Cit. in P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un
30) P.-L. B. DRACH, De l’harmonie entre l’Eglise et la rabbin converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de
Synagogue, Paul Mellier éd., Paris 1844, vol. 2, p. XVIII. sa conversion, p. 128.
31) Id. pp. XXIX-XXXII. 68) Talmud, Traité Baba-batra, fol. 79, verso.
32) Cf. Sodalitium n° 32, pp. 34-50, La Cabale. 69) Zohar, sur la Genèse, fol. 63, col. 251.
33) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin 70) Gen. XVIIII, 24.
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa 71) Is. IV, 2.
conversion, p. 25. 72) Cit. in P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un
34) Gen. I, 1. rabbin converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de
35) Jn I, 1. sa conversion, p. 213.
36) SAINT JÉROME, Quæstiones hebraicæ in Genesin. 73) Jér. XXIII, 5.
37) Zohar sur la Genèse, fol. 1, col. 11, éd. de Cremona. 74) Ps. II, 6.
38) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin 75) Traité Soucca, fol. 52, recto.
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa 76) Fol. 94, col. 376.
conversion, p. 32, fol. 1, col. 10, ligne 12-Fol. 4, col. 14, 77) Gen. XV, 2.
liv. 37- Fol. 8, col. 30, liv. 14. 78) Ps. II, 8.
39) Gen. I, 2. 79) Ps. LXXII, 8.
40) Fol. 15, recto. 80) Sur le Psaume II, ch. 7.
41) Cit. in P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un 81) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin
rabbin converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa
sa conversion, p. 36. conversion, p. 228.
42) P.-L. B. DRACH, Première lettre d’un rabbin 82) St Augustin, De Essentia divina.
converti, aux israélites ses frères, sur les motifs de sa 83) Ps. 109, 1.
conversion, pp. 15-16. 84) Les Pères soutiennent communément que les chefs
43) Midrash-Ruth, inséré dans le Zohar sur la des Juifs savaient, par révélation divine, que Jésus était le
Genèse, fol. 16, col. 61. Le Thikkoune-Zohar, fol. 12, Messie-Dieu, mais que par ENVIE ET JALOUSIE, ils ne
recto, éd. de Thessalonique. Le Zohar sur la Genèse, voulurent pas Le reconnaître; en effet l’envie est une ten­
fol. 30, col. 118, liv. 12. Le Thikkoune Zohar, fol. 4 dance à s’attrister du bien d’autrui (en l’occurrence de celui
verso. Id. fol. 15, verso. Thikkoun 56, fol. 92 verso. de Jésus), comme une atteinte contre Sa supériorité. Elle
44) Deut. VI, 4. est accompagnée du désir de voir le prochain privé du bien
45) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin qui nous chagrine. C’est un vice qui naît de l’orgueil, lequel
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa ne peut supporter ni supérieurs ni rivaux. La jalousie est
conversion, p. 67. distincte de l’envie, en tant qu’elle est un amour excessif du
46) Ep. St Jn, V, 7. bien propre accompagné de la crainte que d’autres nous
47) St Thomas d’Aquin enseigne ces mêmes choses l’enlèvent; en bref on est envieux du bien d’autrui, tandis
in: S. T. 3ª, q. 47, a. 5.- In 1am ad Cor., ch. 2, lect 2, n° 93- qu’on est jaloux de son propre bien. Or les Scribes et les
In Symb. Ap., a. 4, n° 912- S. T. 3ª, q. 47, a. 6 ad 1um- S. Pharisiens en voyant l’infinie sainteté de Jésus, s’en attristè­
T. 2a, 2ae, q. 2, aa. 7-8- In 3° Sent., dist. 25, q. 2, a.2, qcq. rent comme s’il s’était agi d’une atteinte à leur prétendue
2- De Ver., q. 14, a. 11.- Ad Hæbr., ch. 11, lect. 2, n° 576. supériorité, en étant attachés d’une manière désordonnée à
48) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin leur bien propre et en craignant en conséquence qu’il leur
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa fût enlevé par d’autres. Etant de plus profondément or­
conversion, p. 99. gueilleux et ne pouvant supporter ni supérieurs ni rivaux, ils
49) Matth. XXVI, 63. décidèrent de supprimer Jésus qui leur faisait de l’“ombre”.
50) Matth. XXII, 70. 85) Cf. Rabbi Salomon Yarhhi, Glossa sul Talmùd,
51) Matth. XXVII, 54. tratt. Nedarim, fol. 32, verso.
52) Actes IX, 20. 86) Zohar, sur la Genèse, fol. 30, col. 141.
53) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin 87) Sur le Psaume XVIII.
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa 88) Matth. XXVI, 72.
conversion, pp. 101-102. 89) Dan. VII, 13-14.
54) Is. VII, 14. 90) Traité Sanhédrin, fol. 98, recto.
55) Cit. in P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un 91) 2ª pars, fol. 85.
rabbin converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de 92) Sur Daniel.
sa conversion, p. 104. 93) Ibid.
56) Ibid. p. 104. 94) Ibid.
57) Is. IX, 6-7. 95) Ibid.

114
SODALITIUM : La question juive

96) Tséror-hammor, section berêschit.


97) Apoc. II, 9; III, 9.
98) P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rabbin
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa
conversion, p. 255.
99) Ps. 145, 18.

100) Matth. VII, 7.

101) IV Rois, 16.

102) Ps. XI, 4.

103) I Paralip., XVII, 14.

104) Is. VII, 4-7.

105) Is. VII, 11.

106) Is. VII, 12.

107) Is. VII, 14.

108) Gen. III, 15. «Ipsa conteret caput tuum».

109) Gen. XLVIII, 10.

110) Gen. XLIX, 10.

111) Is. XI, 1-10.

112) Is. VIII, 4.

113) IV Rois XV, 29-30; XVI, 9.

114) Is. IX, 6-7.

115) Is. XI, 1-3.

116) Is. XII, 1-2.

117) P.-L. B. DRACH, Troisième lettre d’un rabbin

converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa


conversion, Propaganda Fide, Roma 1833, p. 44.
118) Parascha 51, fol. 52, col. 4, ed. di Venezia 1603.
119) Jn VII, 25-27.
120) Sur le Psaume II, 17.
121) Jér. XXXI, 22.
122) Sur Jér., art. 315. Rabbi Mosé Haddarschan
dans son Midrash, est aussi du même avis.
123) P.-L. B. DRACH, Troisième lettre d’un rabbin
converti, aux Israélites ses frères, sur les motifs de sa
conversion, p. 52.
124) Ibid. p. 56.
125) Cf. P.-L. B. DRACH, Deuxième lettre d’un rab­
bin converti, aux israélites ses frères, sur les motifs de sa
conversion, pp. 80-125.
126) Missel Romain.
127) P. C. LANDUCCI, La vera carità verso il popolo
ebraico, in Renovatio n° 3, 1982, pp. 349-263.

115
SODALITIUM : La question juive

ses parents; le jeune homme devint ensuite


prêtre et mourut en odeur de sainteté.
La puissance paternelle de son père juif ne
fut pas violée, puisqu’en cas de conflit entre
les droits de l’Eglise (d’ordre surnaturel) et
ceux prétendus des parents (d’ordre naturel),
ce sont les droits supérieurs qui prévalent.
Or le baptême conféré validement a
rendu le nouveau-né sujet de l’Eglise (ceci
est une vérité de Foi); si l’Eglise renonçait à
cet article de Foi elle renoncerait à toute la
Foi puisqu’elle est indivisible, et si elle était
violée sur un seul article, elle serait complè­
tement perdue.
L’Eglise interdit de baptiser les enfants
des non catholiques contre la volonté de
leurs parents, mais une fois que le baptême
a été conféré, bien qu’en punissant le trans­
gresseur des ordres (excepté le cas où le
nouveau-né serait en danger de mort,
comme cela arriva pour Mortara), elle ne
peut nier la réalité et la vérité de Foi: l’en­
fant baptisé est un chrétien! Le Code de
droit canonique de 1917 à l’alinéa 750 para­
graphe 1° enseigne que: «On peut baptiser
licitement les enfants des infidèles, même
contre le gré de leurs parents, lorsque, en
raison de l’état de santé où ces enfants se
trouvent déjà, on prévoit prudemment qu’ils
mourront avant d’avoir eu l’âge de la raison.
Si la mort est certaine, on doit le baptiser,
pourvu qu’on puisse le faire sans grave dom­
mage à la religion. Si la mort est seulement
probable il est permis de le baptiser».
C’est pourquoi l’interdiction de baptiser
vaut seulement pour les nouveau-nés de pa­
rents acatholiques qui ne veulent pas le baptê­
me, qui ne sont pas en danger certain ou
LA VIE DU R. P. PIO même seulement probable de mort. Le baptê­
me du petit Mortara fut non seulement valide
EDGARDO MORTARA, mais aussi licite, même dû, étant donné la gra­
JUIF CONVERTI vité de sa maladie qui ne laissait plus d’espoir.
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia
LA VIE

INTRODUCTION D’après ce que déclara le Chanoine


Régulier du Latran, le R. P. Pio Edgardo

V ers la fin du XIXème siècle éclatait le


“cas Mortara”. Dans le présent article je
ne m’étendrai pas tant sur le “cas” (1), que sur
Mortara au procès de la béatification de Pie
IX (3), vers 1912: «Né de parents israélites (à
Bologne le 21 août 1851, n.d.r.), à l’âge d’en­
la conversion miraculeuse de l’enfant juif telle viron 17 mois je fus frappé d’un grave mala­
qu’elle nous a été racontée par lui-même (2). die, névrite, qui me réduisit à la dernière ex­
“LE CAS”: trémité... Consciente du danger, la servante,
L’enfant fut baptisé en danger de mort Anna Morisi, chrétienne et très jeune fille
par sa nourrice chrétienne, puis survécut de de 16-18 ans (habitant à Persiceto, n.d.r.)
manière inespérée; l’Eglise ne le rendit pas à que mes parents, malgré les lois alors en vi-

116
SODALITIUM : La question juive

gueur dans l’Etat Pontifical retenaient à leur la Messe à Alatri... alors que je rentrai à la
service (4), prit la décision de m’administrer sacristie avec le Prêtre, mes parents se pré­
le Saint Baptême. Saisissant le moment où sentèrent soudain à la porte. Au lieu de me
ma mère m’avait laissé seul dans mon ber­ jeter dans leurs bras, comme cela eût été
ceau, elle s’approcha ...et me baptisa... Le bien naturel, surpris, je me sauvais et me ré­
fait fut gardé dans le secret le plus absolu fugiais sous la chasuble du Prêtre. (...) Le
par A. Morisi, surprise de ma rapide guéri­ Souverain Pontife... avait l’intention de me
son. Six ans après, mon petit frère Aristide, confier aux Pères Jésuites... mais en y réflé­
tomba gravement malade. A. Morisi, sollici­ chissant mieux, pour ne pas offrir de pré­
tée... par une de ses amies, de baptiser le textes aux polémiques... il me plaça au
bambin in extremis, refusa de le faire (l’en­ Collège de Saint-Pierre-aux-Liens... dirigé
fant mourra ensuite, n.d.r.) alléguant par les Chanoines Réguliers du Latran.
comme raison ma survivance au Baptême, et (Le Pape, n.d.r.) me prodiguait toujours
c’est ainsi que le secret fut révélé. La nou­ les plus paternelles démonstrations d’affec­
velle de mon Baptême étant parvenue de tion, et... répétait souvent que je lui avais
cette manière à la connaissance de l’autorité coûté beaucoup de peines et de larmes. Me
ecclésiastique ordinaire, celle-ci jugeant que rencontrant en promenade il m’appelait et
le cas était trop grave pour être de sa com­ comme un bon papa se divertissait avec moi
pétence, en référa directement à la Curie en me cachant sous son manteau rouge....
Romaine. ...Le Saint-Père par l’intermédiai­ Pendant ce temps dans la presse ...du monde
re d’une Congrégation Romaine, chargea entier on faisait grand bruit sur le rapt du
Feletti (Père dominicain et inquisiteur à petit Mortara» (5).
Bologne, n.d.r.) de ma séparation d’avec ma
famille, laquelle eut lieu, cum auxilio brachii POLEMIQUES DIVERSES
secularis, c’est-à-dire avec l’intervention des
gendarmes de l’Inquisition (les gendarmes En effet, après l’éloignement de l’enfant
évidemment n’étaient pas de la Sainte de Bologne, la première réaction eut lieu
Inquisition, mais de la Légion des dans le milieu libéral, puis la presse s’empa­
Gendarmes Pontificaux de Bologne, n.d.r.) ra du cas. Le point de vue catholique fut dé­
...le 24 juin 1858. Je fus conduit par les gen­ fendu par La Civiltà Cattolica, dans une
darmes à Rome (à Fossombrone l’enfant dé­ série d’articles dus à la plume du Père Curci
sira, miraculeusement, suivre les gendarmes (6). Veuillot et dom Guéranger se lancèrent
à la Messe, n.d.r.) et je fus présenté à Sa aussi dans la bataille pour défendre Pie IX.
Sainteté Pie IX, qui m’accueillit avec la plus Pendant six mois cette polémique éclata
grande bonté, et se déclara mon père adop­ dans le monde entier. Les Communautés
tif, comme de fait il le fut tant qu’il vécut, se Israélites piémontaises avaient intéressé
chargeant de ma carrière et assurant mon entre-temps les Consistoires de France et
avenir. ...Quelques jours après mon arrivée d’Angleterre. Ce dernier, à qui Rome ne
à Rome, ayant reçu l’instruction religieuse, pardonnait pas l’éducation forcée dans des
les cérémonies du Baptême me furent sup­ refuges anglicans des orphelins des catho­
pléées par le cardinal Ferretti... liques Irlandais tombés en Crimée, avait de­
Huit jours après mes parents se présen­ mandé la fermeture du collège où avait été
tèrent à l’Institut des Néophytes pour com­ placé Mortara. Pie IX comprit qu’il fallait
mencer les démarches afin de me récupérer donner une réponse catégorique et autori­
chez eux. L’entière faculté de me voir et de sée, basée sur le principe selon lequel le spi­
s’entretenir avec moi leur ayant été donnée, rituel doit être préféré au temporel et que
ils prolongèrent leur séjour à Rome pendant l’Eglise doit prendre soin du salut de l’âme
un mois venant tous les jours me rendre visi­ d’un enfant devenu chrétien même sans son
te. ...Ils employèrent tous les moyens pour intervention directe, et les parents Mortara
me récupérer... En dépit de tout cela je ne doivent imputer ce fait ennuyeux et déchi­
montrai jamais le moindre désir de retour­ rant à eux-mêmes, dans la mesure où ils
ner en famille, à tel point que moi-même je avaient pris à leur service une servante chré­
ne peux l’expliquer, sinon en admirant la tienne, violant ainsi les lois de l’Etat
force surnaturelle de la Grâce. A ce propos Pontifical dans lequel ils habitaient quand se
je citerai une anecdote, dans laquelle se ré­ produisit le “cas”. Le Pape demandait seule­
vèle cette puissance de la Grâce. Ayant servi ment que dans son Etat on observât exacte-

117
SODALITIUM : La question juive

que ce soit de se faire juge des décisions


émanant du Siège Apostolique en matière de
foi et de mœurs... La conscience m’interdit
absolument de donner aucune réponse” (7).
L’archevêque de Bologne, le cardinal
Michele Viale Prelà fut aussi visé.
Le Père Feletti fut entendu le 16 avril
1860; le religieux dominicain avait déclaré
concernant le jeune Mortara: «Je ne peux pas
moins faire que de manifester ce qui concer­
ne la miséricorde de Dieu envers cet enfant,
et les prodiges de Sa Grâce pour le maintenir
bon chrétien. Dès les premiers moments où
... fut annoncé au père ... et par Edgardo lui­
même que celui-ci ayant été baptisé devait
être confié à l’Eglise catholique et donc se sé­
Le R. P. Pio Edgardo Mortara parer de sa famille, ledit enfant resta comme
impassible et tandis que ses autres frères et
ment ce que lui-même aurait observé dans sœurs pleuraient... il restait serein et tran­
tous les autres et disait: “Je suis prêt à tout quille. ....Le Souverain Pontife eut la bénigni­
perdre plutôt que d’enlever au Christ une té de faire appeler à Rome le père et la mère
âme qu’Il a rachetée au prix de Son Sang”. de l’enfant... afin qu’ils s’assurent de la volon­
Le Pape s’étant persuadé - après d’oppor­ té de leur fils Edgardo de rester dans la reli­
tunes recherches qu’il avait fait faire - de la gion chrétienne. ...Les parents... eurent la
validité du Baptême, ne pouvait pas per­ permission de parler avec leur enfant en pré­
mettre qu’un chrétien fût éduqué dans la re­ sence du rabbin de Rome, lesquels s’em­
ligion juive, nonobstant le cas où il serait hu­ ployèrent... à persuader le garçon de retour­
mainement déchirant! ner chez eux. Mais lui seul, créature d’envi­
La question se rouvrit à Bologne en 1859, ron neuf ans, sut se défendre des tentations
avec la constitution du Gouvernement de son père, de sa mère et du rabbin en leur
Provisoire qui devait préparer les plébiscites répondant qu’il était chrétien, et voulait vivre
et l’annexion de mars 1860. Pie IX était in­ et mourir en chrétien, et que même il prierait
ébranlable sur la décision de ne pas restituer Dieu pour leur conversion» (8).
l’enfant à qui que ce soit. Le 14 novembre Mais la polémique ne se calma pas.
1859 le Tribunal de la Sainte Inquisition fut Cavour, en octobre 1860 assurait L’Alliance
aboli en Romagne, les ministres du culte fu­ Israélite Universelle que le gouvernement de
rent assujettis à la loi sarde et le For ecclé­ la Maison de Savoie ferait son possible pour
siastique fut aboli. Le Père Feletti fut la pre­ que l’enfant soit rendu à sa famille.
mière victime de ces dispositions, il n’avait
pas bougé de Bologne, de son Couvent de FIN DE L’AUTOBIOGRAPHIE
Saint Dominique, bien qu’il prévoyait ce qui
était en train de lui arriver. Son attitude sem­ «La Communauté Israélite d’Alexandrie
per idem fut empreinte d’une grande dignité, en Piémont, fit appel à toutes les synagogues
jamais il n’en arriva à un compromis, répé­ du monde et organisa une véritable cam­
tant toujours avoir agi de manière conforme pagne contre le Pape et contre l’Eglise... en
à ce que la charge qu’il remplissait exigeait interpellant les pouvoirs et en les suppliant
de lui. Dans la nuit du 2 au 3 janvier 1860 le d’intervenir et de protester diplomatique­
Directeur Général de la Police Piémontaise, ment. Des protestations furent effective­
le chevalier Curletti arrêta le P. Feletti, do­ ment envoyées; cette violente polémique...
minicain inquisiteur du Saint-Office. Le do­ dans laquelle se donnaient rendez-vous tous
minicain fut conduit dans les prisons du les ennemis de la Papauté et de l’Eglise ro­
Torrone et le procès commença après deux maine dura en somme pendant presque six
mois de détention. Dès son premier interro­ mois. ...Pie IX, comme il disait lui-même au
gatoire il répondit que: “Les juges de l’Eglise milieu de cette furieuse tempête, dormait
ne sont assujettis à aucune autre autorité qui tranquillement à l’exemple du Divin
lui est inférieure... n’étant pas permis à qui Rédempteur: “ipse vero dormiebat”.

118
SODALITIUM : La question juive

Le 11 mars 1868... me trouvant à St- fois en retournant dans la Ville Eternelle je


Grégoire au Mont Cælius... on annonça la me suis rendu au cimetière du Verano et,
visite de Sa Sainteté. Je me prosternai... sur profondément ému, je me suis prosterné sur
le seuil de la basilique, et au passage du sa tombe. ...Dans son épitaphe, il invitait les
Saint-Père, voulant lui baiser les pieds, avec fidèles à prier pour lui: Orate pro eo. Je
une précipitation toute juvénile, mon front confesse que, autant de fois je lus ces mots,
heurta son genou avec une telle force, que le autant de fois je dis dans mon cœur: Sancte
Saint-Père perdit l’équilibre, et fut sur le Pie, ora pro me» (10).
point de tomber... Sur le moment le Pape se Ensuite Mortara resta pendant deux ans
contenta de fixer l’œil sur moi. Arrivé ensui­ à Novacella près de Bressanone, chez les
te dans ce qu’on appelle le triclinio, ...il Chanoines Réguliers du Latran, sous le faux
m’interpella suavement: “Mais qu’as-tu fait nom de Pie Pillon; le 2 août 1872 il passa en
aujourd’hui? Ce serait drôle que les gens di­ France à la nouvelle fondation de Beau­
sent que Mortara a voulu tuer le Pape...”. chesne où il reçut les ordres religieux: sous­
La paternelle sollicitude du Saint-Père se diaconat le 1er septembre, diaconat le 28 oc­
manifesta surtout à l’occasion des boulever­ tobre 1873, sacerdoce le 20 décembre.
sements politiques de 1870. Après l’entrée La déposition de Mortara se termine en
des troupes piémontaises dans Rome, en ces 1878 (année de la mort de Pie IX); mais à par­
jours d’anarchie... la canaille que la police tir de plusieurs autres de ses écrits il est pos­
était incapable de réfréner, après avoir arra­ sible de reconstruire la suite de sa vie:
ché de force du Collège des Scolopes le néo­ «Comme prêtre il se distingua non seulement
phyte Coen (Coen voulut ensuite rentrer au par le zèle, la piété et la cohérence de sa vie,
Couvent des Pères Carmes, où en 1833 il se mais aussi par des dons exceptionnels de pré­
fit Prêtre et mourut en 1939, un an avant dicateur polyglotte et par sa culture biblique.
Mortara, n.d.r.) ( 9), se dirigeait à Saint- Capable de prêcher en neuf langues, le R. P.
Pierre-aux-Liens pour m’enlever aussi... Pie Pio Mortara tint son premier discours, le 25
IX informé de mon évasion, dit exactement novembre 1874 dans la Cathédrale de Poitiers
ces paroles: “Remercions le Seigneur que pour le jubilé épiscopal de Mgr Pie. Entre­
Mortara soit parti”. temps... son père étant mort, le Père Pio revit
La bénédiction de Pie IX m’accompagna sa mère à Perpignan puis à Paris, la priant de
partout. Elle m’obtint surtout la force... se convertir et de se retirer dans un couvent...
pour ne pas céder aux injonctions et me­ (mais en vain, n.d.r.). D’autres douleurs
naces des autorités libérales qui voulaient l’avaient frappé ces années-là: la mort de Pie
m’obliger... à retourner en famille. (Après IX et du cardinal Pie... enfin une nouvelle ma­
avoir quitté Rome, n.d.r.) elle me poursuivit ladie qui le mit à deux pas de la mort, dont il
jusqu’à Bressanone (Tyrol Autrichien), où sortit, affirma-t-il, miraculeusement guéri,
je trouvai la plus chaleureuse hospitalité au­ après la visite de don Bosco et une invocation
près des confrères de la Cure de Novacella. à Pie IX. Le 19 août 1878, il partait pour
On voudra savoir quels furent mes rapports l’Italie, d’où il rejoignit l’Espagne jusqu’en
avec mes parents après leur départ d’Alatri. Je 1888... en 1894 il embarqua pour l’Amé­
n’en n’eus plus de nouvelles. J’écrivis plusieurs rique... En 1899 il est à Cracovie... Le 13 no­
fois des lettres parénétiques, traitant de reli­ vembre 1906 il avait fixé sa résidence à
gion et dans lesquelles je m’employais à les l’Abbaye de Bouhay (d’où il se rendit deux
convaincre de la vérité de la Foi Catholique... fois en Italie en 1908 et 1912), où il célébra le
Ces lettres restaient sans réponse. 50ème et le 60ème anniversaire de son ordi­
La paternelle affection de Pie IX à mon nation sacerdotale. A cette occasion il reçut la
égard fut inaltérable jusqu’à sa mort. Après bénédiction de Pie XI. Son ultime désir, mou­
la suppression des Maisons Religieuses, il me rir en Italie, ne put être exaucé. ...La guerre
recommanda au saint évêque de Poitiers, empêcha la réalisation du projet et c’est
Mgr Pie. ...Souffrant de faiblesse des nerfs presque nonagénaire que le R. P. Pio Mortara
due à un excès de travail, je fus contraint de expira chrétiennement le 11 mars 1940 à
cesser tout ce qui demandait de l’application l’Abbaye de Bouhay en Belgique (l’Abbaye a
et de m’adonner aux travaux manuels. Au été vendue récemment et le corps de Mortara
jour béni de ma première Messe j’eus l’hon­ repose au cimetière de Bressaux Liège, dans
neur de recevoir une lettre signée de lui... Je la sépulture des Chanoines Réguliers du
ne revis plus Pie IX. Depuis 1870, plusieurs Latran, n.d.r.)» (11).

119
SODALITIUM : La question juive

Notes 3) S. R. C. Summarium super introdutionem Causæ


Beatificationis et Canonizationis Servus Dei Pii IX
1) D EUTCH , Mortara case, in “The Jewish Summi Pontificis, Roma 1954, pp. 511-523.
Encyclopedia, vol. IX, New York London, Funk and 4) N. L. FERRARIS, Bibliotheca canonica juridica
Wagnalls Comp., 1905, pp. 35-36. moralis theologica, n° 69, tome IV, Venetiis 1772, p.
S HMIDT , Mortara, in Lexicon fur Theologie und 294: «Inquisitores libere procedere possunt contra
Kirche, VII, Freiburg in Breisgau 1935, p. 33. judæos si nutrices christianas retinuerint» (Nicolas IV).
A. NAVAROTTO, L’affare Mortara nell’incubazione 5) Déposition du R. P. Pio Edgardo Mortara
della guerra austro-franco-italiana, Vita e Pensiero, n. s. C.R.L. au procès pour la béatification et la canonisation
XXVI (1940), p. 269-273. du Serviteur de Dieu Pie IX, Roma 1954, pp. 511-516.
S. FURLANI, Mortara, in Enciclopedia Cattolica, vol. 6) Il piccolo neofito Edgardo Mortara, “La Civiltà
VIII, p. 1427. Cattolica”, IX, série III, vol. 12, 1858, p. 387.
2) P. M. MORTARA C. R. L., Une page de ma vie dé­ 7) Actes du Procès... f. 22, in F. JUSSI, Studi e ricordi
diée aux personnes pieuses, Strasbourg 1893. del foro criminale, Bologna 1884, pp. 282.
G. L. MASETTI ZANNINI, Nuovi documenti sul “caso 8) Archives de l’Etat de Bologne, Atti del proces­
Mortara”, in Rivista di storia della Chiesa in Italia, 1959 so... feuilles 36-41.
pp. 239-259. 9) F. CECCARELLI, 1870 - La riconsegna del giovi­
Don P. E. MORTARA, El nino Mortara y Pio nono. netto Coen alla famiglia, L’Urbe, XII, 1949, n° 5.
Narraciòn autografa, sine loco et data. 10) Déposition du R. P. Pio Edgardo Mortara
V. MESSORI, Le cose della vita, S. Paolo, Milano C.R.L. au procès..., pp. 516-523.
1995, pp. 322-326. 11) G. L. MASETTI ZANNINI, op. cit., pp. 258-259.

120
SODALITIUM : La question juive

“Pour la vérité, l’Eglise… condamnait la


conversion forcée… les baptêmes accomplis
[de force] généralement n’étaient pas considé­
rés comme valides. Le Pape Grégoire le Grand
LE PROBLEME (590-604) en donne l’exemple… en condam­
nant à plusieurs reprises la conversion forcée,
DES MARRANES alors que, d’autre part, il accueillait avec en­
thousiasme les prosélytes obtenus par quelque
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia autre moyen… Souvent cependant les injonc­
tions papales étaient négligées… La théorie se­
LE CRYPTOJUDAISME lon laquelle la conversion forcée n’était pas ca­
nonique n’était en réalité pas mise en discus­

“L E PHENOMENE DU CRYPTOJU-
DAISME, [c’est-à-dire du Judaïsme
occulte, caché, secret]… EST AUSSI AN-
sion, mais les juifs pouvaient être menacés
d’expulsion, étant donné que le baptême les
aurait sauvés. Parfois il arrivait qu’ils se plias­
CIEN QUE LES JUIFS EUX-MEMES. sent à la nécessité et leur acceptation de la foi
Aux temps helléniques, durant les exer­ chrétienne… était considérée comme sponta­
cices athlétiques, il y en avait qui, plus née” (3). “En Espagne - admet le même Roth ­
faibles que les autres, essayaient de cacher seuls les plus faibles avaient cédé… souvent
leurs origines pour échapper au ridicule. même en l’absence d’un danger immédiat” (4).
Sous la domination romaine le recours à des Les rabbins appelaient “anusin”
subterfuges fut fréquent pour éviter le paie­ (contraints) ces apostats “réticents”, et leur
ment de la taxe spéciale juive… instituée réservaient un traitement très différent de
après la chute de Jérusalem…” (1). celui prévu pour les “renégats” volontaires,
Celui qui s’exprime ainsi n’est pas un anti­ c’est-à-dire pour ceux qui se convertissaient
sémite, un maniaque du “complot judéo-ma­ sincèrement au Christianisme.
çonnique”, mais le juif Cecil Roth, pendant de “L’une des premières délibérations énon­
nombreuses années enseignant d’études hé­ cées par le rabbinat européen, est une disposi­
braïques à Oxford, président de la “Jewish His­ tion du célèbre Gershom de Mayence… (1000
torical Society of England”, directeur de l’Enci­ environ), visant à interdire un traitement dur
clopedia Giudaica, mort en 1970. dans les rapports des convertis ‘forcés’ qui re­
Selon les normes rabbiniques il était licite, tournaient à la foi hébraïque (5)... Le Marranis­
pour sauver sa vie ou pour pouvoir rester dans me, cependant, est un phénomène plus impor­
les pays de ses ancêtres, de cacher son Judaïs­ tant que ne l’est le commun événement de la
me, et même de le renier extérieurement. conversion ‘forcée’, souvent suivie par la pra­
D’où le problème du cryptojudaïsme, c’est­ tique secrète du Judaïsme. SA CARACTE-
à-dire de ces juifs qui apparemment devenaient RISTIQUE ESSENTIELLE EST QUE CET-
chrétiens, mais qui, au fond de leur cœur, res­ TE RELIGION CLANDESTINE S’EST
taient fidèles à la religion talmudique. TRANSMISE D’UNE GENERATION A
L’Eglise Romaine a toujours condamné les L’AUTRE... Un chroniqueur rapporte que ce
conversions forcées, même si, sans l’usage de la fait peut expliquer la rapidité avec laquelle les
force, elle a cherché à convertir tout le monde Anglais acceptèrent la Réforme” (6).
au Christianisme. Quant aux conversions des
juifs on a dû, malheureusement, enregistrer un LE PROBLEME DES FAUSSES
certain nombre de fausses conversions, dans la CONVERSIONS
mesure où les convertis continuaient à pratiquer
en secret le Judaïsme et dans la mesure où, à la Félix Vernet également, dans le Diction­
première occasion favorable, ils retournaient naire Apologétique de la Foi catholique, recon­
même extérieurement à la “foi” talmudique. naît que «de 313 à 1100 il y eut des conver­
L’un se faisait baptiser pour s’infiltrer sions de juifs au Christianisme qui n’étaient
dans l’Eglise et la détruire de l’intérieur (2), pas sincères et que les juifs s’efforcèrent de
un autre, face à une sérieuse difficulté (par détacher les fidèles du Christianisme. Et com­
ex. la menace d’expulsion), même sans y me ils poussaient les chrétiens à renier l’Evan­
être contraint, acceptait le baptême mais gile, l’Eglise leur interdisait d’avoir des servi­
sans une adhésion intime et sincère, donnant teurs chrétiens, de vivre familièrement avec
ainsi lieu au phénomène du Marranisme. des chrétiens et d’exercer les fonctions pu-

121
SODALITIUM : La question juive

bliques... de 1100 à 1500 certains juifs firent breux et influents. Après les invasions bar­
semblant de se convertir… MAIMONIDE bares (Vè s) leur situation dans un premier
JUSTIFIA CES JUIFS QUI SIMULAIENT temps s’améliora: en effet les Wisigoths
LA CONVERSION… En Espagne, durant la étaient ariens et tendaient à favoriser les juifs.
‘tourmente’ de 1391, des milliers de juifs de­ Mais, quand les Wisigoths se convertirent au
mandèrent le baptême. La majeure partie Catholicisme la situation des juifs empira; en
maintint seulement l’apparence du Christia­ 589, avec le roi Reccarade, on commença
nisme, mais accomplissait EN CACHETTE d’appliquer la loi ecclésiastique à l’égard des
les rites judaïques. Le peuple, qui ne se trom­ juifs. En 616 le roi Sisebut promulgua un édit
pait pas sur leurs sentiments intimes, appelait qui ordonnait le baptême de tous les juifs de
ces nouveaux chrétiens “marranes”… et les son royaume, SOUS PEINE D’EXPUL-
détestait encore plus que les juifs manifestes. SION. Quatre-vingt-dix mille juifs environ se
L’Inquisition fut fondée en Espagne “convertirent”, mais évidemment leur conver­
contre les pseudo-convertis du Judaïsme et sion ne fut pour beaucoup pas du tout sincère.
de l’Islamisme (1480)… Un juif, LE CABA- L’infidélité des “conversos” resta ainsi
LISTE ABRAHAM ABOULAFIA PRO- l’un des problèmes majeurs du gouverne­
JETA DE CONVERTIR AU JUDAISME ment wisigoth jusqu’à l’invasion arabe (711).
LE PAPE MARTIN IV ET, POUR REALI- “Le nombre des juifs que les Arabes trouvè­
SER CE DESSEIN, ALLA A ROME rent dans le pays démontre l’échec total des
(1281). Il se peut que les succès du prosély­ tentatives de conversion: déjà s’était formée
tisme juif aient influé sur la FORMATION dans la péninsule ibérique la tradition du
DE LA LEGENDE D’UN PAPE D’ORI- Marranisme. L’arrivée des Arabes marqua
GINE JUIVE, QUI SERAIT VENU D’AL- pour les juifs d’Espagne le commencement
LEMAGNE... Et l’antipape Anaclet II d’un âge d’or… la force du Judaïsme dans la
(1113), de la puissante famille des Pierleoni, péninsule s’accrut immensément, avec des
neveu d’un juif “converti”, fut appelé “nec communautés qui dépassaient en nombre,
judeus quidem sed judeo etiam deterior”» (7). en culture et en richesse celles de tout autre
De 1500 à 1789 les juifs plus que jamais pays du monde occidental” (9).
feignirent d’adhérer au Christianisme, surtout La tradition de tolérance des musulmans
en Espagne et au Portugal... Ils furent expul­ dans leurs rapports avec les juifs fut interrom­
sés d’Espagne en 1492 et du Portugal en pue par l’invasion des almoravides (XIIè s).
1496… Mais la plus grande partie, POUR La profession du Judaïsme et du Christianis­
EVITER L’EXIL, simula d’être chrétienne… me fut interdite dans toutes les provinces en­
Ainsi Leroy-Beaulieu qui n’a certes pas la ré­ core assujetties au gouvernement musulman.
putation d’un antisémite constate-t-il cette
DUPLICITE RELIGIEUSE, ADMISE ET, LA “RECONQUISTA”
dans certaines circonstances, ERIGEE EN
SYSTEME: “Des milliers de juifs, …ont Avec le début de la Reconquista de l’Es­
abandonné extérieurement le Judaïsme, en se pagne, les juifs eurent beaucoup de pro­
déclarant disciples de Jésus… pour obtenir le blèmes; toutefois à partir du Xè s les choses
droit de continuer à vivre… dans le pays où commencèrent à changer et, nonobstant cer­
habitaient leurs ancêtres. DES CHRETIENS taines manifestations législatives d’ordre reli­
AUSSI ONT CEDE DURANT LES PER- gieux, s’affirma une politique favorable à leur
SECUTIONS… LA DIFFERENCE EST égard. On pensait que les juifs auraient pu
QUE LES RABBINS ONT… APPROUVE être d’une grande utilité à la cour, soit comme
ET MEME CONSEILLE CES APOSTA- médecins soit comme financiers. La conquête
SIES... De 1789 à nos jours les marranes graduelle des territoires musulmans fit cepen­
d’Espagne et du Portugal ont continué à dant diminuer cet esprit de tolérance dans les
VIVRE DOUBLEMENT: CHRETIENS relations avec les juifs. Aux XIIIè et XIVè
AU DEHORS, juifs dans l’intimité de leur fa­ siècles, leur situation empira de nouveau et
mille” (8). on eut un retour du Marranisme: FACE A
LA DIFFICULTE LE JUIF PREFERAIT
LES DEBUTS DU MARRANISME FAIRE SEMBLANT DE SE CONVERTIR,
tout en restant intérieurement fidèle au Tal­
Depuis la période romaine les juifs pré­ mud. «Ils étaient juifs en tout, excepté dans le
sents dans la péninsule ibérique furent nom­ nom, et chrétiens seulement dans la forme.

122
SODALITIUM : La question juive

De plus ILS TRANSMETTAIENT LEUR leur appliquait-on le surnom puisqu’ils


MECREANCE A LEURS ENFANTS qui, n’étaient ni juifs ni chrétiens. Le nom le plus
bien que nés dans la foi dominante et baptisés commun était toutefois celui de “marranos”.
à la naissance, étaient aussi INSINCERES L’étymologie de ce mot est discutée; certains
que leurs pères dans les pratiques reli­ la font remonter à l’hébreu “Mar’sat ‘Ayim”:
gieuses... LA JUSTICE, L’ADMINISTRA- apparition de l’œil, pour signifier que ce n’est
TION, L’ARMEE, LES UNIVERSITES, qu’en apparence qu’ils étaient chrétiens. Tou­
L’EGLISE MEME SE REMPLIRENT DE tefois le fait que le terme fut inconnu des juifs
“CONVERTIS” DE FRAICHE DATE, A signifie qu’il ne fut pas inventé par eux, mais
LA FOI PLUS OU MOINS DOUTEUSE, qu’il faut en rechercher une origine non juive.
ou de leurs immédiats descendants… En l’es­ “Le terme marrane est un vieux vocable espa­
pace d’une paire de générations il n’y avait gnol, qui remonte au haut Moyen Age et signi­
plus une famille aristocratique aragonaise, de fie porc... Le mot exprime… toute la profon­
la famille royale au bas de l’échelle, qu’on put deur… du mépris que l’espagnol normal nour­
dire immune de la ‘tache’ du sang juif» (10). rit pour les NEOPHYTES INSINCERES,
“Plus débiles, les autres restaient en Es­ dont il se trouvait alors entouré” (13).
pagne - écrit l’historien juif Poliakov - …et ju­ Les marranes étaient caractérisés, comme
daïsaient de père en fils, tout en se faisant affirme Poliakov, par la “hantise du secret”
baptiser de père en fils: telles furent donc les et par la “duplicité imposée”. Ils étaient
origines de la lignée des marranes... Avant nombreux, même, “à se faire moines…
l’avènement des rois catholiques ils ne cou­ d’autres allaient à la cour pontificale” (14).
raient pas, de ce fait, des risques mortels” (11). “Les marranes portugais, autrement endur­
cis que les ‘conversos’ espagnols dans la pra­
LES MARRANES (12) tique du cryptojudaïsme, se répandirent en
grand nombre dans toute la Péninsule. Supé­
Parmi les juifs, ces faux “convertis” au rieurement entraînés à la lutte contre l’Inquisi­
Christianisme étaient appelés “Amusin”, les tion, ils ENTRETENAIENT A ROME UNE
“contraints”, pour les distinguer des vrais SORTE DE LOBBY PERMANENT, QUI…
convertis, appelés renégats ou apostats. Les es­ OBTENAIT DES PARDONS COLLEC-
pagnols appelaient les “Amusin” “conversos”, TIFS…” (15). Chassés du Portugal - poursuit
ou plus exactement “Nuevos Cristianos” pour Poliakov - “une notable vague d’émigrés mar­
les distinguer des “Vieux chrétiens”. Parfois ils ranes alla vers la colonie portugaise du Brésil.
étaient appelés “Alboraycos”, de al-Burak, le (...) C’est pourquoi le Brésil se remplit de ‘nou­
destrier de Mahomet, qui n’était ni cheval ni veaux chrétiens’ à l’orthodoxie douteuse” (16).
mule, ni mâle ni femelle, ainsi comme pour lui “Etre marrane - continue Poliakov ­
Marranes, photographiés en 1984 au Portugal, priant
c’était aussi être AFFILIE A UNE VASTE
avec les mains jointes à la manière chrétienne... SOCIETE SECRETE DE PROTECTION
ET D’ENTRAIDE” (17), presque une sorte
de Rotary ante litteram.
Le marrane était et est encore aujourd’hui,
plus “INQUIETANT ET EXASPERANT”,
pour employer les mots de Poliakov, que le
juif manifeste; puisqu’il semble être un chré­
tien, alors que, en réalité, c’est un ennemi du
Christ. Pour combattre d’une manière adé­
quate cette SOCIETE SECRETE des crypto­
juifs, qui s’infiltrait progressivement au sein de
la Chrétienté, l’Eglise dut se servir d’INFOR-
MATEURS, comme le met aussi en évidence
Poliakov, en taxant d’“espionnite chronique à
forme religieuse” la légitime défense de l’Egli­
se contre le Judaïsme occulte qui cherchait de
pénétrer en elle: “Elle invitait les bons catho­
liques à dénoncer les suspects de leur entoura­
ge… les noms des témoins… étaient tenus ri­
goureusement secrets” (18).

123
SODALITIUM : La question juive

L’INSTITUTION DE L’INQUISITION nigreurs successifs. Llorente, pour ne pas être


démenti dans son œuvre de démolition, “brû­
Au cours du XVè s il apparut clairement la tous les actes des cas criminels qui lui pas­
que la récente conversion en masse des juifs sèrent par les mains”, selon l’historien Tuber­
au Christianisme avait rendu beaucoup plus ville, loin d’être tendre avec l’Inquisition (21).
embrouillée la situation religieuse en Es­ Concernant le NOMBRE DES VIC-
pagne. En effet, là où d’abord il y avait un TIMES de l’Inquisition, Llorente parle de tren­
nombre déterminé de juifs, il y avait mainte­ te-deux mille personnes livrées au bras séculier,
nant un grand nombre de CHRETIENS AP- mais “la vérité est que même le chiffre de tren­
PARENTS qui constituaient véritablement te-deux mille exécutions fourni par Llorente a
une “CINQUIEME COLONNE” A L’IN- été obtenu par eux en utilisant un système de
TERIEUR DE L’ETAT ET DE L’EGLISE. calcul que Turberville n’hésite pas à définir fan­
“Pour ce qui regardait l’Eglise, la situa­ tastique et ridicule” (22). A supposer que, en
tion était bien plus difficile qu’elle ne l’était tout état de cause, les victimes aient été celles
avant la fatale année 1391 [année où un indiquées, il s’agit toujours d’une moyenne de
mouvement populaire chrétien conduisit à 90 exécutions par an, en considérant l’activité
un véritable massacre des juifs, n.d.r.]. Avant de l’Inquisition espagnole, de 1478 à 1821, d’en­
cette date, il y avait en effet un important viron 342 années. Ce chiffre, vu sur une longue
noyau de NON CROYANTS EN DEHORS période, met en évidence les exterminations de
DE L’EGLISE, FACILEMENT RECON- masse auxquelles nous a habitués notre
NAISSABLES et rendus inoffensifs du époque, à partir de la Révolution française.
point de vue théologique, grâce à un système Kamen, historien hostile à l’Inquisition,
de lois laïques et ecclésiastiques. DESOR- écrit au sujet de la CONDAMNATION AU
MAIS IL Y AVAIT UNE SORTE DE BUCHER: “L’Inquisition avait soin d’éviter,
NOYAU TOUT AUSSI VASTE AU SEIN chaque fois que c’était possible, le passage ex­
DES FIDELES, QUI SE FAISAIT INSI- trême du bûcher. On faisait régulièrement de
DIEUSEMENT JOUR DANS TOUS LES nombreux et énergiques efforts pour essayer
SECTEURS DU CORPS POLITIQUE ET de convertir les hérétiques obstinés…” (23).
ECCLESIASTIQUE, en méprisant ouverte­ Concernant la TORTURE Kamen admet
ment, dans de nombreux cas, les doctrines également que: “L’Inquisition adoptait une poli­
de l’Eglise et EN CONTAMINANT, PAR tique de douceur et de circonspection... La nor­
SON INFLUENCE, LA MASSE ENTIE- me était que la personne faisant l’objet de l’in­
RE DES FIDELES. Le baptême n’avait jus­ quisition ne devait pas subir de dommages dans
te servi qu’à transformer une notable por­ ses biens et encore moins dans sa vie même” (24).
tion de juifs D’INFIDELES EXTERNES A
L’EGLISE, EN HERETIQUES A L’IN- ...Les mêmes marranes priant avec les mains sur les yeux
selon le rituel juif (Photos extraites de F. Brenner, Mar­
TERIEUR… Inévitablement, le problème ranes, éd. de la Différence 1992).
des nouveaux chrétiens exigeait donc une at­
tention toujours plus grande, de la part de
l’Eglise espagnole” (19).
“Les marranes étaient des juifs hypocrites,
qui restaient occultement liés à la Synagogue
et extérieurement, en se montrant chrétiens,
s’ouvraient le passage jusqu’aux plus hautes
charges de l’Etat et de l’Eglise” (20).
Avant d’affronter le discours sur l’Inquisi­
tion il faut dire qu’à l’intérieur de l’INQUISI-
TION ESPAGNOLE a été créée une vraie
LEGENDE NOIRE, qui a parmi ses auteurs
les plus importants ANTONIO LLOREN-
TE, ex-secrétaire général de l’Inquisition,
prêtre passé au service de Napoléon quand
celui-ci envahit l’Espagne, et auteur, par
ordre de Joseph Bonaparte, d’une Storia criti­
ca dell’Inquisizione in Spagna en deux vo­
lumes, œuvre fondamentale pour tous les dé­

124
SODALITIUM : La question juive

Et l’historien Lea, lui aussi adversaire de l’Inquisition n’entre en vigueur. Leur inten­
l’Inquisition, dut cependant convenir que les tion était de SUSCITER UNE EMEUTE
inquisiteurs, en tant que religieux et donc durant la procession du Corpus Domini…
munis de science solide et de pieuses vertus, avec l’espoir de LIQUIDER les inquisiteurs
étaient, dans le jugement du coupable, plus durant les désordres” (28).
miséricordieux que tout autre autorité civile: Le 17 octobre 1483, le Pape promulgua
“A l’honneur des inquisiteurs nous devons un “bref” par lequel il étendait l’autorité de
dire qu’ils furent bien plus cléments que l’Inquisition au royaume d’Aragon, Cata­
l’opinion publique alors en vigueur” (25). Ce­ logne et Valence.
la dit, pour parler de la naissance de l’Inqui­ Sous la direction du Père Torquemada l’ac­
sition ( 26) il faut confirmer que l’idée de la tivité de l’Inquisition devint toujours plus im­
punition de l’hérésie était aussi ancienne que portante Torquemada “arriva à mettre sous ac­
l’Eglise elle-même. A ce propos on peut lire cusation deux évêques d’origine juive, accusés
les ouvrages fondamentaux du Père Eliseo de protéger leurs coreligionnaires” (29). A Sara­
Masini, “Il Sacro Arsenale ovvero pratica gosse le complot juif fit deux illustres victimes:
dell’Officio della Santa Inquisizione”, Bo­ la première fut l’inquisiteur Gaspar Juglar, trou­
logne 1665; et du Père Nicolau Eymerich, vé mort par empoisonnement le 10 mai 1484,
“Directorium inquisitorum”, Avignon 1376, l’autre fut St Pierre d’Arbués (30), contre qui
avec un commentaire du Père Francisco “s’organisa… un COMPLOT qui impliquait
Peña, Rome 1578: trad. française éd. Mou­ bon nombre de personnes les plus éminentes de
ton, Paris 1973. Déjà du temps des empe­ l’Aragon. …Le 15 décembre 1485 Arbués fut
reurs romains Théodose et Justinien exis­ attaqué alors qu’il était agenouillé en prière
taient des tribunaux spéciaux destinés à la dans la cathédrale… il mourut deux jours après.
répression des erreurs même si, au sens En 1867 il fut officiellement canonisé” (31).
strict, l’Inquisition remonte à la période de L’un des conspirateurs, Sancho de Pater­
l’hérésie des Albigeois (XIIIè s). noy, fut condamné aux travaux forcés; “mais
Quand le problème albigeois fut résolu, plus tard, GRACE A SES RICHESSES ET
l’attention de l’Inquisition se porta vers les A SA GRANDE INFLUENCE, IL REUS-
chrétiens judaïsants, les “conversos” qui re­ SIT A SE FAIRE LIBERER ET A SE
tournaient au Judaïsme; alors que LES REINSERER DANS LE MONDE POLI-
JUIFS QUI NE S’ETAIENT PAS FAIT TIQUE” ( 32). Les juifs qui ne s’étaient pas
BAPTISER RESTAIENT HORS DES fait baptiser ne furent pas même effleurés
LIENS JURIDIQUES DE L’EGLISE, et par l’Inquisition, en tant qu’ils étaient des in­
n’étaient pas l’objet d’inquisition de sa part, fidèles hors de l’Eglise et non des hérétiques
sauf quand ils se rendaient coupables d’in­ infiltrés en son sein (33).
terférences religieuses avec les chrétiens
qu’ils essayaient de corrompre, ou quand ils LA PROCEDURE DE L’INQUISITION
essayaient d’attaquer la Chrétienté.
Avec l’accès au trône d’Isabelle la Catho­ Lorsque se constituait un tribunal de
lique et grâce aux efforts du Père Tomàs de l’Inquisition, était publié un “EDIT DE
Torquemada o.p. et du Père Alfonso de Hoze­ GRACE” dans lequel on invitait les per­
da o.p., le Pape Sixte IV, le 1er novembre 1478, sonnes coupables d’avoir commis dans le
promulgua une bulle par laquelle il instituait passé des actions hérétiques à se présenter
l’Inquisition espagnole. Mais les juifs CONSPI- spontanément pour confesser leurs fautes et
RAIENT contre l’Inquisition. A Séville, en ef­ obtenir ainsi un traitement miséricordieux. Il
fet, grâce aux confidences de la fille d’un des était fixé une limite de temps (trente-qua­
chefs de la conjuration, les inquisiteurs réussi­ rante jours) appelé “TERME DE LA GRA-
rent à déjouer les trames et à faire arrêter bon CE”, passé lequel on pouvait procéder avec
nombre “des plus riches et des plus estimés ci­ sévérité contre les coupables.
toyens de Séville, y compris plusieurs Ceux qui se présentaient durant le temps
magistrats et autres dignitaires civils…” (27). de l’“Edit de grâce”, devaient dénoncer tous
En 1485 le siège du tribunal de l’Inquisi­ ceux avec lesquels ils s’étaient associés ou
tion fut transféré à Tolède. “Les conversos qui s’étaient souillés de fautes semblables;
de cette ville, riches et nombreux, suivirent ainsi le Saint-Office entrait-il en possession
l’exemple des frères de Séville et OURDI- d’une grande quantité d’éléments sur les­
RENT UN COMPLOT pour empêcher que quels il pouvait travailler.

125
SODALITIUM : La question juive

Dans les temps suivants fut aussi publié qu’il rejoigne le sol) et le supplice de l’eau,
périodiquement un “EDIT DE FOI”, dans par lequel on faisait ingurgiter au prisonnier
lequel on intimait aux fidèles, sous peine une grande quantité d’eau; normalement il y
d’excommunication, de dénoncer toute per­ avait un médecin qui assistait à l’opération,
sonne coupable d’hérésie. afin que le prisonnier ne coure pas de risques
L’Inquisition avait en outre DES IN- trop graves pour sa santé. Le même Roth ad­
FORMATEURS MEME PARMI LES met que “… IL EST… juste d’ajouter que
CONVERTIS; comme l’affirme Roth “en l’Inquisition AGISSAIT DE MANIERE
1524 un informateur ‘nouveau chrétien’… JUSTE. Généralement ELLE PROCEDAIT
qui agissait comme agent provocateur… et SEULEMENT APRES AVOIR RE-
avait fourni au roi des listes de personnes CUEILLI D’AMPLES PREUVES DE
dont il avait gagné la confiance, coupables CULPABILITE; et quiconque étudie un
de pratiquer le Judaïsme, fut assassiné par procès inquisitorial est frappé par la SCRU-
des marranes travestis en frères” (34). PULEUSE PRECISION AVEC LAQUEL-
En outre “…le tribunal de l’Inquisition LE IL EST CONDUIT” (37).
était… impartial. Pour cela la charge officiel­ Si l’accusé se déclarait repenti, spontané­
le de l’accusation était assumée par un fonc­ ment ou sous la torture, s’ensuivait la “récon­
tionnaire spécial, connu comme “promotor ciliation” avec l’Eglise. L’accusé devait jurer
fiscal”. Avant que le cas soit pris en considé­ devant un crucifix d’accepter la Religion ca­
ration, les accusations étaient examinées par tholique dans tout son ensemble. Normale­
des “calificatores”, qui devaient établir si ment une réconciliation de ce genre pouvait
elles portaient “calidad de oficio”, c’est-à-di­ avoir lieu une seule fois, puisque une seconde
re justification à procéder. Si c’était le cas… condamnation était la preuve que la premiè­
le “promotor fiscal” avait libre cours pour re abjuration n’avait pas été sincère et l’accu­
présenter la “clamosa” ou requête formelle sé était livré au bras séculier. Il y avait cepen­
pour l’ouverture du procès. …L’étape sui­ dant des EXCEPTIONS: “Dans les cas dans
vante consistait dans l’arrestation de la per­ lesquels le Saint-Office se sentait porté à
sonne accusée” (35). exercer la clémence à l’occasion d’une secon­
Mais SI L’INFORMATEUR SE REVE- de condamnation, l’accusé était condamné
LAIT ETRE UN FAUX TEMOIN, IL ETAIT aux peines physiques de la prison” (38).
PUNI SEVEREMENT; et Roth témoigne La peine capitale était réservée à ceux
qu’un faux informateur fut exécuté à Lisbonne qui ne voulaient pas se repentir, c’est-à-dire:
durant l’autodafé du 10 octobre 1723. - les OBSTINES qui se glorifiaient de
Une fois formulée l’accusation formelle, leur crime;
tout le procès qui s’ensuivait se fondait sur le - les RECIDIVISTES, dont la rechute
“désir de faire confesser à l’accusé son délit démontrait l’insincérité;
et de l’admettre ainsi à la pénitence: de cette - les “DIMINUTOS”, c’est-à-dire ceux
manière aussi son corps ne souffrirait pas, qui se confessaient mais pas complètement
l’âme immortelle aurait été sauvée (et au cas et protégeaient leurs complices;
où la confession ne fut pas spontanée, on - les “NEGATIVOS”, c’est-à-dire ceux
pouvait appliquer la torture…). …En réalité, qui refusaient de se confesser.
sous cet aspect, …l’Inquisition espagnole… L’Inquisition, grâce au contrôle de l’Egli­
se comportait d’une manière MOINS INHU- se, n’est JAMAIS TOMBEE DANS LE FA-
MAINE QUE L’INQUISITION ROMAI- NATISME ou dans la persécution généralisée
NE, où la torture pouvait se prolonger même même des innocents, comme reconnaît Roth:
après la confession pour obtenir les noms des “Le tribunal [de l’Inquisition] s’occupait aussi
présumés complices ou associés” (36). d’autres fautes. Aussi de la sorcellerie, mais
GRACE A SON INFLUENCE MODERA-
LA TORTURE TRICE, l’Espagne resta l’unique pays en Eu­
rope où aux XVIIè et XVIIIè siècles LA
Dans la première période les méthodes PERSECUTION DES SOI-DISANT SOR-
les plus communes de torture étaient le CIERES N’EUT PAS DE SUITE; à ce pro­
“strappado” (le torturé était laissé tomber pos l’Espagne [catholique] se comporta bien
d’une poutre, à laquelle il avait été suspendu mieux que l’Angleterre ou que l’Amérique
au moyen d’une courte corde, et ensuite re­ du Nord [protestante], et l’influence du Saint-
monté en haut avec une “secousse” avant Office dans ce sens ne fut pas sous-évaluée”

126
SODALITIUM : La question juive

( 39). Et en outre, même en n’étant évidem­ “Il faut croire - ajoute l’auteur - que la
ment pas un admirateur de l’Inquisition, l’his­ popularité de l’Inquisition en Espagne de­
torien juif en reconnaît les mérites: “L’Inqui­ meurait fortement assise, car les ‘juntes pa­
sition, …même STIMULEE PAR DES triotiques’ qui en 1811 boutèrent les Fran­
MOUVEMENTS SINCEREMENT RELI- çais hors d’Espagne, s’empressaient, provin­
GIEUX, même s’ils étaient complètement er­ ce après province, à la rétablir” ( 43). Ce fut
ronés, même EN POSSEDANT UN BON seulement en 1834 que l’Inquisition y fut
COTE S’IL N’EST PAS FRANCHEMENT supprimée (44).
BENEFIQUE, pour de nombreuses généra­
tions fut systématiquement occupée à étouf­ LES TECHNIQUES D’ESPIONNAGE ET
fer la liberté de pensée” (40). D’INFORMATION
Même Poliakov doit reconnaître la pureté
d’intention avec laquelle opérait l’Inquisi­ L’Inquisition établit dans ce but UN RE-
tion: “Comme toute POLICE DES AMES, SEAU D’INFORMATEURS, qui n’étaient
l’Inquisition et toute sa procédure étaient pas rémunérés et portaient comme signe de
conçue en fonction de ce moment suprême reconnaissance une plaque ( 45). Elle était
qu’est l’AVEU (procédure inquisitoire, par évidemment munie d’ARCHIVES où ELLE
opposition à la procédure accusatoire). L’hé­ FICHAIT LES SUSPECTS. Dans ces ar­
résie étant un péché de l’âme, la seule preuve chives se trouvaient les listes généalogiques
possible [bien qu’elle ne soit pas publique, des familles des “conversos”; si l’un d’eux
n.d.r.] en est la confession. …CELUI QUI était reconnu comme un FAUX CONVER-
AVOUAIT AVAIT LA VIE SAUVE; celui TI, SES DESCENDANTS DIRECTS
qui niait jusqu’au bout allait au bûcher” (41). ETAIENT CONSIDERES COMME SUS-
Même sur le nombre des hérétiques PECTS, ils n’avaient donc pas le certificat de
condamnés à mort (et sur le traitement réser­ sang pur [“limpieza de sangre”], qui n’était
vé aux marranes) Poliakov est obligé d’ad­ pas une disposition raciale génétique (nom­
mettre que: “Pour l’Inquisition de Torquema­ breux en effet étaient les juifs sincèrement
da, les chiffres sont de l’ordre de un à deux convertis, et qui n’avaient pas de problème
milliers. On a pu dire que LE SAINT-OFFI- avec l’Inquisition), mais seulement une ME-
CE FUT BIEN MOINS SANGUINAIRE SURE DE PRUDENCE DE L’EGLISE,
QUE LES POLICES… DU XXè SIECLE. POUR EVITER QUE DES FAUX
Et, en effet, SEULS FINISSAIENT SUR LE CONVERTIS NE S’INFILTRENT COM-
BUCHER LES PRISONNIERS QUI EU- ME UNE “CINQUIEME COLONNE” EN
RENT LA FORCE… nécessaire POUR DI- SON SEIN, pour la détruire de l’intérieur.
RE ‘NON’ JUSQU’AU BOUT, …pour refu­ “En démasquant… les juifs feignant
ser l’aveu; ou les récidivistes impénitents de d’être convertis, on diminua l’aversion des
l’hérésie. …SES [de l’Inquisition] GEOLES ‘vieux chrétiens’ à l’égard des juifs en géné­
ETAIENT LOIN D’ETRE DES OU- ral et on donna la tranquillité à ceux sincère­
BLIETTES. …DES PRISONNIERS ment christianisés, qui n’étaient plus exposés
RICHES S’Y FAISAIENT ACCOMPA- à des réactions populaires sans discerne­
GNER PAR LEURS SERVITEURS; DES ment. L’Inquisition fut donc contre le racis­
PRISONNIERS PAUVRES Y FAISAIENT me puisqu’elle ramena sur le plan de la foi
EUX-MEMES LEUR CUISINE, ET PAR- une opinion publique qui, en généralisant
FOIS POUVAIENT MEME TRAVAILLER l’équation: sang juif = faux converti, …ten­
DE JOUR AUX CHAMPS. Riches et dait à frapper… le juif en tant que tel.
pauvres pouvaient recevoir des visites, et lire …L’AVERSION POUR LES JUIFS NAIT
et écrire s’ils étaient lettrés. LORSQUE LES DU PEUPLE, DES COMMUNAUTES
DETENUS SE TROUVAIENT TROP A LOCALES, ET CE SONT ELLES QUI
L’ETROIT DANS LEUR PRISON, IL AR- ETABLISSENT, DE LA SUSPICION DE-
RIVAIT QUE LES INQUISITEURS SORMAIS GENERALE POUR TOUT CE
LOUAIENT UNE MAISON EN VILLE QUI EST JUIF, LES STATUTS DE ‘LIM-
pour les y héberger. Les condamnés à la dé­ PIEZA’. DANS CE DEFERLEMENT DE
tention perpétuelle, s’ils appartenaient au STATUTS DISCRIMINATOIRES DES
clergé, étaient le plus souvent confinés dans ORIGINES LOCALES, …L’EGLISE IN-
des monastères; laïcs il leur arrivait quelque­ TERVIENT POUR REPORTER LE
fois de purger leur peine à domicile” (42). CONFLIT DU DOMAINE RACIAL AU

127
SODALITIUM : La question juive

DOMAINE RELIGIEUX. Le converti en tien… gagna soudain du terrain en 1391


tant que tel est un chrétien comme tous les comme conséquence des assauts contre les
autres… Tandis que le faux converti doit communautés juives d’Espagne” (50).
être démasqué et exclu… Que l’Inquisition Le baptême était vu par les juifs comme
ne frappât pas la race juive en tant que telle un moyen très efficace pour freiner les vio­
est clair: AUX FINS DE L’ACCESSION lences populaires contre le Judaïsme en
AUX CHARGES PUBLIQUES, ELLE 1391, qui confirment, au dire de Sicroff,
PASSAIT EN REVUE NON PAS LES qu’“à cette époque les Juifs N’étaient PAS
ORIGINES ET LE SANG, MAIS LES l’objet d’un SENTIMENT RACISTE. CE
CONDAMNATIONS DES ASCENDANTS N’était PAS LEUR RACE, mais LEUR
JUSQU’AUX AIEUX, comme la loi cano­ RELIGION qui les distinguait” (51).
nique prévoyait pour toute personne indé­ Pour cela les néo-convertis, qui avaient fait
pendamment de sa race (46). …L’Inquisition, partie des classes supérieures de la société is­
en somme, veut que la société et l’Eglise raélite, cherchaient à occuper des postes équi­
soient gouvernées par des chrétiens et non valents dans la société espagnole. En cela au
par des ennemis du Christ” (47). début on ne s’aperçut de rien d’anormal ou
L’ennemi principal de l’Inquisition resta dangereux, mais, quand au fil du temps, on
toujours le judaïsme, même quand elle dut af­ s’aperçut que beaucoup de néo-convertis
fronter le problème des protestants. En effet étaient en réalité des cryptojuifs, et qui avaient
“les réformés ne sont pas loin [pour l’Inquisi­ occupé presque tous les postes-clés de la socié­
tion] de représenter une sorte de juifs revêtus té espagnole, alors la réaction ne tarda pas à se
d’un masque nouveau. …Il ne faut pas ou­ faire sentir, mais uniquement par rapport à
blier les attaches de la Réforme avec le mou­ ceux qui étaient suspects de cryptojudaïsme.
vement humaniste, le retour aux sources an­ C’est pourquoi dans les premières années
tiques, le premier essor de la philologie, et les qui suivirent 1391, l’Eglise et la société espa­
traductions de la Bible. L’illustre théologien gnole n’avaient rien contre le fait que les juifs
Santotis défendit au Concile de Trente, à la qui avaient accepté le baptême pouvaient assu­
même époque, la thèse suivant laquelle le mer de hautes charges au sein même de l’Egli­
Protestantisme n’était qu’un retour au Judaïs­ se et de l’Etat; l’unique objection du côté ca­
me; d’autres théologiens… affirmaient que le tholique contre le Judaïsme était en effet celle
Judaïsme se trouvait à la base de toutes les de l’“aveuglement religieux” et non racial.
hérésies, y compris l’Islam” (48). “Sans aucun obstacle religieux… la no­
Même l’auteur juif Albert Sicroff (49) re­ blesse des ‘vieux chrétiens’ n’hésitait aucu­
connaît que le but des statuts de “pureté de nement à s’allier aux ‘conversos’: un mariage
sang” était d’empêcher aux chrétiens d’origine ayant le double avantage d’être une expres­
juive (qui étaient SUSPECTS de ne pas être sion de la charité évangélique et d’offrir en
vraiment chrétiens mais plutôt des CRYPTO- même temps la possibilité de remonter l’état
JUIFS) d’avoir un rôle de PREMIER PLAN de leurs fortunes” (52).
dans la société chrétienne d’Espagne. Le peuple au contraire montrait moins
Puisque la pénétration des “morisques” d’enthousiasme à l’endroit des “conversos”,
dans la haute société civile et ecclésiastique puisqu’il se voyait dépassé par les judéo-chré­
était peu étendue, les “statutos de limpieza tiens. Et quand éclatèrent les premiers tu­
de sangre” s’occupèrent peu, et seulement multes, l’Eglise devra insister beaucoup pour
en théorie, de ce problème. C’était surtout le faire comprendre au peuple la différence entre
judéo-chrétien ou marrane le sujet principal la foi et le sang, lequel peut être dangereux
des statuts. uniquement s’il véhicule une “foi pervertie”.
L’expulsion des “morisques” d’Espagne En vérité il faut admettre que le premier
en 1609 mit fin au problème. “chien” à aboyer face au danger du cryptoju­
“Cette mesure - écrit Sicroff - n’aurait ja­ daïsme fut justement le peuple, qui mit ainsi en
mais pu être prise contre les Judéo-Chré­ alerte l’autorité ecclésiastique et civile. Elle put
tiens. Les alliances avaient tellement mêlé légiférer en conséquence et vaincre le mal du
leurs lignages avec ceux des ‘vieux chré­ Marranisme, et en même temps diriger et cana­
tiens’, qu’on n’aurait jamais pu isoler les Ju­ liser la réaction des masses, afin qu’elle n’ou­
déo-Chrétiens pour les expulser. La diffu­ trepassât pas la juste mesure, mais restât sur le
sion du sang juif parmi les Chrétiens espa­ plan de la foi et de la légitime défense, sans
gnols par l’intermédiaire du Judéo-Chré­ tomber dans la haine gratuite et personnelle.

128
SODALITIUM : La question juive

Un rôle capital dans la découverte du Pour régler le sort des judaïsants, Mon­
‘marranisme’, du ‘converso’ fut joué aussi talvo proposait une enquête légale (en pra­
précisément par les SINCERES convertis au tique d’établir l’Inquisition), afin que les
Christianisme (53). coupables de cryptojudaïsme fussent avertis
Ce fut ainsi que Pablo de Santa Maria, et punis, et que les incorrigibles soient
Jerònimo de Santa Fe et Micer Pedro de la condamnés comme hérétiques récidivistes.
Caballeria attaquèrent dans leurs écrits leurs Fernàn Diaz de Tolède reprit bon
anciens coreligionnaires. “Il n’y a pas d’at­ nombre des arguments de Montalvo dans
taque plus violente contre une croyance que son Instrucciòn del Relator para el obipso de
celle qui vient du ‘renégat’, vu sa CONNAIS- Cuenca, a favor de la nacion Hebrea (1449).
SANCE APPROFONDIE des dogmes qu’il La même année don Alonso de Cartage­
attaque” (54). L’Eglise s’est toujours servie des na, évêque de Burgos, un juif converti, bapti­
juifs vraiment convertis dans la lutte contre le sé dans son enfance en 1390, composa le De­
cryptojudaïsme, et il est stupide de rejeter les fensorium Unitatis Cristianæ. Pourtant, com­
écrits de ceux qui peuvent nous éclairer me l’admet Sicroff (57), les positions tenues
mieux que tout autre sur la perversité de la par don Alonso sur l’autorité supérieure du
fausse religion cabalistico-talmudique. Concile œcuménique par rapport au Pape,
Le Scrutinium Scripturarum de don Pa­ font douter de l’intégrité de sa conversion.
blo de Santa Maria (1432), ex-premier rab­ En outre son Defensorium ne fait pas la dis­
bin de Burgos, porta un coup décisif aux in­ tinction entre vrais et faux convertis, et se ré­
trigues des marranes infiltrés dans l’Eglise et fère à la doctrine selon laquelle le baptême
dans la société espagnole. Tout aussi utiles rend tout le monde vrais chrétiens et fils de
furent les ouvrages de Jeronimo de Santa Fe, Dieu, mais en ignorant que celui qui retour­
L’Azote de los Judios (Hebraeomastix), et ne au Judaïsme perd l’amitié avec Dieu.
de Micer Pedro de la Caballeria Zelus Chris­ Le Pape Nicolas V promulgua un “bref”
ti contra Judeos et sarracenos. le 24 septembre 1449, dans lequel il affirmait
que les “conversos” cryptojuifs devaient être
LE PREMIER STATUT DE “PURETE jugés par l’autorité ecclésiastique, c’est-à-dire
DU SANG” EN ESPAGNE: TOLEDE 1449 par les évêques. Cependant les violences po­
pulaires continuèrent et en 1467 à Tolède se
L’insurrection chrétienne anti-‘conver­ répétèrent les scènes de 1449; mais cette fois
sos’ de Tolède, en 1449, fut le prélude d’une ce furent les “conversos” qui engagèrent le
série de révoltes populaires contre les cryp­ combat, en faisant irruption dans la cathé­
tojuifs. Ce premier exemple de fureur popu­ drale “pour donner libre cours à leur haine
laire contre les marranes présente un grand des chanoines ‘vieux chrétiens’. …Puis, ils
intérêt puisqu’il fut à l’origine du premier envahirent la ville et prirent possession des
statut de “limpieza de sangre” ( 55) en Es­ ponts et des portes. Leur succès momentané
pagne. Il faut aussi dire que les ‘conversos’ s’arrêta quand ils retournèrent à la cathédra­
ne restèrent pas passifs: ils se défendirent le. …Bien fortifiés à l’intérieur de la cathé­
avec la plume et parfois avec l’épée… drale, les vieux catholiques, assiégés parvin­
L’un des premiers à écrire sur les “Statuts rent à donner l’alerte, en sonnant le tocsin.
de pureté du sang” fut Alonzo Diaz de Montal­ Bientôt des renforts arrivèrent… et les ‘vieux
vo (1449): toutefois, il ne faut pas voir dans chrétiens’ passèrent à l’attaque. Les ‘conver­
l’œuvre de Montalvo, comme certains l’ont fait, sos’ furent mis en déroute et vaincus” (58).
une défense à outrance de tous les conversos. Il
y a en elle la distinction nette entre convertis INFILTRATIONS CRYPTOJUIVES
sincères et faux convertis (ou marranes). DANS LE CLERGE
“Il savait qu’il existait des Juifs convertis
coupables de revenir à leur ancienne reli­ Les Franciscains furent les premiers à
gion. Son but était simplement de rejeter donner l’alerte (au XVème siècle) à propos
TOUTE condamnation en masse des ‘nou­ des faux convertis présents dans les Ordres
veaux chrétiens’. Ainsi St Jérôme et St Jean religieux ou dans le clergé séculier.
Chrysostome sont appelés pour témoigner En 1461 ils demandèrent au Général de
que tous les hommes sont sauvés, quelle que l’Ordre de Saint Jérôme, Frère Alonso de
soit leur origine, pourvu qu’ils ne suivent pas Oropesa, de les aider à extirper les maux qui
les vices de leurs parents” (56). naissaient des relations sociales trop étroites

129
SODALITIUM : La question juive

entre les chrétiens, les infidèles et les héré­ Ce fut ainsi que les “Statuts de pureté du
tiques. L’ordre de St Jérôme comptait de sang” furent appliqués aux familles reli­
nombreux néo-chrétiens et le Général se gieuses, et le Pape Alexandre VI, en 1495
trouva pris ainsi entre deux feux. Il proposa donna sa ratification pontificale dans un
cependant de confirmer aux évêques la tâche “bref” du 22 décembre.
de juger les marranes et d’instituer une In­ “Ironie du sort - commente Sicroff - l’Inqui­
quisition qui jugerait ces causes. Il écrivit sition qui aurait dû libérer les ‘conversos’ des
aussi sur ce sujet le traité Lumen ad revela­ mesures d’exclusion globales [selon les desseins
tionem gentium et gloriam Israel (1465), dans des cryptojuifs] mit à jour assez de preuves ac­
lequel il dénonçait la culpabilité des juifs. cablantes de leur infidélité religieuse” (60).
Le Franciscain Alonso de Espina en 1459 Paul III en 1548 et Paul IV en 1555 rati­
écrivit aussi un ouvrage sur la question des fièrent les “Statuts”.
cryptojuifs, Fortalium Fidei, dans lequel il trai­ En 1578 le théologien franciscain Anto­
tait du déicide, des homicides rituels, de la pro­ nio de Cordova publia le traité Questiona­
fanation des hosties, de l’habileté des médecins rium theologicum dans lequel il précisait de
à nuire aux patients chrétiens et à les tuer. manière formelle que le sang par lui seul ne
Si, comme l’enseigne St Paul, dans le peut pas justifier l’exclusion des hautes
Christ il n’y a aucune distinction entre juifs et charges religieuses et civiles des néo-chré­
païens, il faut cependant se souvenir que le tiens. En effet l’Evangile est destiné à tous,
même Apôtre (juif sincèrement converti) a sans distinction de race. On peut refuser l’in­
écrit, inspiré par l’Esprit-Saint, que “il y a tégration dans la société chrétienne aux
beaucoup de REBELLES, beaucoup de se­ ‘conversos’ seulement si on les suspecte (avec
meurs de vaines paroles, et de SEDUC- fondement) de cryptojudaïsme. C’est pour­
TEURS; SURTOUT PARMI LES CIR- quoi les “Statuts” n’excluent pas “ex ratione
CONCIS [convertis à l’Evangile]. Il faut leur generis” (à cause de la race), mais seulement
fermer la bouche, parce qu’ils causent la sub­ là où il existe des preuves de cryptojudaïsme.
version de toutes les familles, enseignant ce Ces “Statuts” sont le fruit de l’attachement à
qu’il ne faut pas, pour un gain honteux” (59). l’intégrité de la foi chrétienne et n’ont rien à
Ce conseil de St Paul était appliqué sur­ voir avec le moderne antisémitisme biologi­
tout aux Ordres religieux, dans lesquels co-racial (61), condamné par Pie XI en 1928.
s’étaient infiltrés les cryptojuifs “rebelles et
séducteurs”, afin qu’ils ne bouleversent pas EXISTE-T-IL ENCORE AUJOURD’HUI
l’Ordre entier et ne puissent pas enseigner DES MARRANES ?
“ce qu’il ne faut pas”!
“En 1925 les chercheurs sur les questions
Le Manuel des Inquisiteurs du Père Eliseo Masini juives lurent avec émerveillement dans la
presse anglo-juive une communication du se­
crétaire de la communauté de Lisbonne, qui
révélait le fait extraordinaire que les mar­
ranes, disséminés dans le monde d’une ma­
nière aussi étrange et totale un siècle et demi
avant, existaient encore et demandaient de
l’aide pour pouvoir retourner au sein du
troupeau juif. …“Ce martyr [de l’Inquisition]
se prolongea dans le temps… il s’est démon­
tré impuissant à vaincre l’indomptable esprit
juif. …Les marranes ont réussi à conserver
leur identité et les éléments essentiels de leur
foi, JUSQU’A AUJOURD’HUI”.
C’est ce qu’écrivait en 1932 Cecil Roth (62).
Le sujet a été traité de manière spécifique
dans une intéressante et récente étude (1992)
de Brenner et Yerushalami, qui parle d’une
communauté de 120 marranes, résidant ac­
tuellement au Portugal, à Belmonte dans la
province de Beira à quelques kilomètres de

130
SODALITIUM : La question juive

la frontière espagnole, qui en 1984 se sont juifs. …En 1984 Frédéric Brenner …s’est
laissés exceptionnellement interviewer. rendu à Belmonte et, à force de séjours re­
“On est marrane pour soi, au sein de la fa­ nouvelés, a réussi à établir des contacts per­
mille. Le concept même de communauté est sonnels avec les marranes, naturellement
étranger à la réalité marrane. Le CLOISON- méfiants. Deux familles l’ont même autorisé
NEMENT est la règle de survie. …Officielle­ à filmer leurs RITES CLANDESTINS…
ment, on est chrétien: baptisé, marié devant le Les marranes avaient pris l’habitude de dis­
curé, recevant les derniers sacrements de simuler leur origine juive à leurs enfants jus­
l’Eglise. En secret, dans l’intimité de la cellule qu’à l’âge de la puberté, où on les initiait
familiale, on est juif. On célèbre sabbat, Kip­ alors, avec une grande solennité, à leur “foi”
pour, le Jeûne d’Esther, Pessah. Concrète­ (véritable). La pratique de certains rites
ment… on ne peut déceler aucun signe appa­ juifs, TROP PERILLEUSE, fut complète­
rent du judaïsme: pas de circoncision, pas de ment abandonnée» ( 66). Quand ils doivent
livre, pas de trace écrite, mais une tradition entrer dans une église, ils récitent d’abord
orale transmise aux générations. …Pas de sy­ cette courte prière: “J’entre dans cette mai­
nagogue, mais, comme le montrent les photos son/ mais je n’adore pas ce dieu (67) de pierre
[reproduites dans le livre et très significatives], et de bois./ J’adore seulement les 73 noms/
des greniers, parfois des caves, …à l’abri des du Seigneur qui nous gouverne” (68).
regards. Pas de rabbin. Ce sont les femmes Au Portugal l’Inquisition fut abolie en
[“las sacirdotissas”] qui transmettent la tradi­ 1821, pourtant pendant encore 150 ans, des
tion de génération en génération, ce sont les juifs ont vécu EN SECRET leur Judaïsme,
femmes qui se réunissent pour prier” (63). se faisant passer apparemment pour des
En confirmation des déclarations des his­ chrétiens! Pourquoi? Nous savons qu’un in­
toriens les paroles d’Elisa: «Dans la maison génieur polonais, SAMUEL SCHWARZ,
d’Elisa… on prépare le pain azyme. “Elisa, vint s’installer à Lisbonne en 1915 (69). Cher­
quand vous faites le pain azyme, vous fer­ cheur passionné de l’histoire juive il com­
mez toutes les portes et fenêtres. Pourquoi?” mença à étudier surtout le passé des juifs au
…“Nos anciens nous l’ont appris. C’EST Portugal. En 1917, durant un voyage à Bel­
UNE CHOSE TROP GRAVE POUR monte, il rencontra un juif qui le présenta à
AVOIR UNE PORTE OUVERTE OU un groupe de marranes comme un des leurs.
VOIR S’OUVRIR UNE PORTE”» (64). “Schwarz fut adopté par le groupe comme
Les auteurs nous disent aussi qu’une seule un coreligionnaire et INITIE A LEURS SE-
femme, du nom d’Emilie, malgré les pressions CRETS. Il fut stupéfait de découvrir que le
et les menaces du groupe, a eu le courage de cryptojudaïsme était un phénomène bien vi­
leur confier son secret, en accordant pour la vant et que Belmonte n’était pas le seul vil­
première fois une interview et en se faisant fil­ lage où il y avait encore des marranes”.
mer par une caméra de télévision, chose tout C’est ainsi qu’en 1925 il publia le livre Les
à fait extraordinaire pour un marrane. Nouveaux chrétiens du Portugal au XXème
Ce MONDE SECRET qui s’est perpétué siècle, dans lequel il racontait ses expé­
jusqu’à nos jours, ne peut pas ne pas nous riences. Cette découverte, à laquelle se réfè­
surprendre et nous remplir d’une crainte fon­ re également Roth dans son livre, provoqua
dée; il constitue la confirmation de tant d’in­ dans le monde juif l’enthousiasme et le désir
formations qu’on lit dans les livres et qu’on de ramener les marranes à la liberté de culte
serait tenté de sous-estimer, comme si elles au sein de la communauté israélite.
étaient des légendes ou des exagérations, Dans ces mêmes années se leva à la tête
comme le mystère du sang ou l’homicide ri­ des marranes la forte personnalité de BAR-
tuel, transmis oralement de père en fils, et ROS BASTO, né en 1887 près de Porto. Il
perpétré dans le secret des caves, en mêlant établit son quartier général à Porto, et orga­
le sang d’une victime chrétienne aux azymes nisa une congrégation qui en 1929 posa la
confectionnés pour la Pâque juive (65). première pierre d’une belle synagogue avec
«Presque cinq siècles après le baptême attenant un “séminaire”, de manière à per­
“forcé” de leurs ancêtres juifs - écrivent les mettre aux jeunes marranes d’étudier le ju­
auteurs - il y a encore au Portugal… des daïsme. En 1927 il lança un périodique en
marranes. Hommes et femmes, des individus portugais au titre juif Ha-Lapid (La Torche),
ou des familles qui vivent extérieurement en qui s’adressait spécifiquement aux marranes.
chrétiens et pratiquent en cachette les rites Barros Basto traduisit la majeure partie de

131
SODALITIUM : La question juive

la liturgie juive traditionnelle, qu’il publia en de l’identité juive”. Il faudrait ici distinguer
portugais. Il voulait que tous les marranes se entre le Judaïsme mosaïque rendu authen­
convertissent au Judaïsme officiel. Beaucoup tique par le Christianisme et le Judaïsme
de jeunes marranes vinrent étudier au “sé­ post et par conséquent anti-chrétien, qui re­
minaire” de Porto. Cependant l’œuvre d’of­ nie le Christ et qui, en tant que tel, doit être
ficialisation du cryptojudaïsme échoua. nié par les chrétiens sincères. (“Nul ne peut
«Dans les années 30, le bruit courut que le servir deux maîtres”, a dit Jésus).
‘séminaire’ servait à attirer les jeunes gar­ En second lieu Lustiger déclare: “Prosély­
çons dans des intentions immorales, et en tisme [de l’Eglise en milieu juif] non! Cela n’a
1935 la police ferma le ‘séminaire’. Traduit pas de sens... Aussi bien la foi juive que la foi
devant un tribunal militaire, Basto fut desti­ chrétienne est un appel de Dieu”. Cette affir­
tué [il était en effet militaire, n.d.r.] le 20 mation est contraire à la Foi catholique, qui
juillet 1937, après un long procès pour “inap­ professe la divinité de Notre-Seigneur Jésus-
titude morale”. …Dès que les marranes fu­ Christ, niée par le Judaïsme actuel, pour qui
rent informés …de la condamnation de Bas­ des deux “fois” une seule peut être vraie,
to, ils furent pris de panique …et revinrent à (étant entre elles en opposition de contradic­
leurs anciennes pratiques clandestines» (70). tion précisément sur la divinité de Jésus-
Basto mourut en 1961. Les marranes étaient Christ), et non toutes les deux en même temps.
retournés à leurs secrets. Le cardinal poursuit: “La vocation d’Is­
Le prêtre résidant actuellement à Bel­ raël est que la lumière soit apportée aux
monte, interviewé sur le sujet, répond que ‘goyim’ (non juifs). …Je crois que le Chris­
les marranes vont à l’église seulement pour tianisme est une manière d’y parvenir”.
les baptêmes et les mariages et refusent Non! La Lumière est Notre-Seigneur Jésus-
d’être évangélisés, et que, même en ignorant Christ (“Je suis la Lumière du monde, qui me
les rites pratiqués chez eux, il sait qu’ils cui­ suit ne marche pas dans les ténèbres”) et non
sent le pain sans levain; LE SECRET EST le Judaïsme antichrétien qui a refusé le Mes­
LE PLUS ABSOLU. sie et la Lumière qu’Il est venu nous appor­
Malheureusement on doit aussi enregistrer ter (l’Evangile et l’Eglise).
une “victime” de la judaïsation des milieux Mgr Lustiger persévère en allant crescendo
chrétiens en acte à partir du Concile Vatican dans ses affirmations: “Je pense qu’en étant
II: l’ex-curé de Belmonte (1954-1975), qui vint disciple du Christ A MA FAÇON…”; lui, car­
pour convertir les marranes au Catholicisme, dinal de l’Eglise catholique, fait une déclara­
mais après Vatican II fut converti par eux. tion explicite d’hérésie, c’est-à-dire de choisir
“J’ai changé - raconte-t-il - parce que tout a dans le Christianisme ce qui lui plaît et de reje­
changé autour de moi. …J’étais allé à Bel­ ter ce qui ne lui plaît pas ou ne cadre pas avec
monte pour convertir les juifs, ET CE SONT sa pensée, en somme d’être chrétien “à sa fa­
EUX QUI M’ONT CONVERTI. APRES çon” et non comme Dieu le commande.
VATICAN II, j’ai compris que ce n’était plus Cette foi “sui generis” consiste, comme
le moment de faire du prosélytisme” ( 71). Lustiger avait dit peu de temps avant, dans
Maintenant le Père Manuel Marques, ex-curé le fait de penser que le Christianisme est une
de Belmonte, a défroqué, s’est marié et en­ voie pour revenir au Judaïsme. Or le propre
seigne l’histoire à Covilhà. Voilà les fruits du du marrane est de professer ouvertement
Concile: la judaïsation des chrétiens! une religion pour garder l’autre en secret!

UN CARDINAL PAPABILE CRYPTOJUIF? VIE DU CARDINAL LUSTIGER

Le cardinal Jean-Marie Lustiger, juif de Il naquit à Paris le 17 septembre 1926


naissance et “converti” au Catholicisme en d’émigrés juifs polonais et fut appelé Aaron.
1940, a accordé une inquiétante interview à En 1937 il alla étudier en Allemagne, d’où il
l’Agence Télégraphique Juive ( 72) dans la­ partit en 39 pour se réfugier à Orléans. Là,
quelle il exprime des positions théologiques l’abbé Feuillade, aumônier de la Jeunesse
qui ne peuvent pas ne pas nous faire douter Etudiante Chrétienne (la J.E.C.) d’inspiration
de la sincérité de sa conversion. progressiste, le présenta - non encore chré­
Il affirme tout d’abord : “La décision de tien - à l’évêque Courcoux, comme un sujet
devenir chrétien ne m’est pas apparue com­ d’élite. Le 15 août 1940, n’ayant pas encore
me un reniement, mais comme l’affirmation quatorze ans, il fut baptisé dans la cathédrale

132
SODALITIUM : La question juive

Christ? Celui-là est l’ANTECHRIST, qui nie


le Père et le Fils” (1 Jn. II, 22.)
Et St Jean nous exhorte encore: “Tout es­
prit qui confesse Jésus-Christ incarné est de
Dieu; et tout esprit qui NE confesse pas Jésus
N’EST PAS de Dieu, mais est celui de l’Anté­
christ” (1 Jn. IV, 1 sq). Il est donc divinement
révélé que le Judaïsme actuel qui “ne confes­
se pas Jésus-Christ N’EST PAS de Dieu”!
Dans une autre interview publiée par le
Nouvel Observateur (75) Mgr Lustiger réitère
Un autre groupe de marranes photographié en 1984 au avec plus de force encore les mêmes argu­
Portugal, priant dans les champs, selon le rituel juif, la ments. Selon lui en effet, Israël est toujours, en­
main sur les yeux.
core aujourd’hui, après la mort de Jésus-Christ,
Sainte-Croix d’Orléans, prenant pour pré­ le peuple élu, le peuple de Dieu: “Israël doit
nom Jean-Marie. Puis il vint à Paris pour étu­ demeurer le témoin de la promesse de Dieu,
dier la philosophie à la Sorbonne et la théo­ avec sa vocation propre de FILS AINE”. Le
logie à l’Institut Catholique. Il entra alors au peuple juif “n’a pas besoin d’être converti… il
Séminaire des Carmes où il fut ordonné est demeuré toujours fidèle à Dieu [même
prêtre en 1954, à 28 ans. L’archevêque de Pa­ quand il L’a fait mettre en croix? N.d.r.]”.
ris, Mgr Feltin, le nomma aumônier des étu­ Dans une autre interview accordée au
diants parisiens, poste qu’il occupa jusqu’en quotidien israélite Yediot Haharonot et tra­
mai 1968. Il fut ensuite nommé curé de la pa­ duite par le journal français Le Débat ( 76),
roisse Sainte-Jeanne-de-Chantal, sans avoir Lustiger raconte avoir lu en cachette, étant
jamais été vicaire; il reçut la mitre épiscopale enfant, une Bible protestante qui le convain­
en 1979, à 53 ans, succédant à Mgr Riobé, quit que “Jésus était un Messie juif”, et c’est
évêque d’Orléans. Enfin le 2 février 1981, à pourquoi il se fit baptiser à l’âge de quatorze
55 ans il devint archevêque de Paris et en ans. “Dans son esprit, IL NE S’AGISSAIT
janvier 1983 il reçut la pourpre cardinalice. PAS D’UNE CONVERSION, mais d’une
Le jour même où il devenait archevêque ‘cristallisation’ qui ne devait provoquer aucu­
de Paris il déclarait à France-Soir (73): “Je suis ne rupture véritable avec le … Judaïsme” (77).
juif. Pour moi les deux religions n’en font Et c’est pourquoi nous ne devons pas
qu’une et je n’ai pas trahi celle de mes an­ nous étonner, même en éprouvant une gran­
cêtres”. Déclaration gravissime pour un “suc­ de douleur, que le même Mgr Lustiger ait
cesseur des Apôtres”; en effet la religion de déclaré: “Ma nomination de cardinal fut
ses ancêtres est le Judaïsme-antichrétien qui pour moi, comme si tout à coup, les crucifix
renie la divinité de Notre-Seigneur Jésus- s’étaient mis à porter l’étoile jaune”! (78).
Christ, et comme telle doit être reniée par un
converti sincère. Si au contraire quelqu’un se CONCLUSION
“convertit” au Christianisme, mais dans son
cœur ne renie pas le Judaïsme talmudique, Comme nous avons malheureusement dû
c’est un marrane (ces mots ne doivent scan­ le constater, le problème des marranes est plus
daliser personne, mais seulement ouvrir les actuel que jamais. Nous avons vu qu’au Portu­
yeux à beaucoup, dans la perspective du pro­ gal existent encore aujourd’hui des colonies de
chain Conclave où Lustiger est présenté marranes; qu’un prêtre portugais, au contact
comme l’un des papabili les plus favoris). de cette réalité et déformé par l’esprit du
Et il n’est pas vrai que les deux religions Concile Vatican II, a défroqué; qu’un cardinal
en fassent, en réalité, une seule. C’est abso­ papabile profère des déclarations cryptojuives
lument impossible du fait du principe de sans rien cacher et sans susciter de la part de
non-contradiction, car entre les deux existe qui que ce soit des réactions de désapproba­
une opposition de contradiction, dans la me­ tion... L’historien juif Léon Poliakov nous in­
sure où le Judaïsme affirme que le Christ forme en outre, concernant Jean-Paul II, que
N’EST PAS Dieu, alors que le Christianisme “ses origines ne pouvaient pas ne pas le fami­
affirme que le Christ EST Dieu (74). liariser avec le Judaïsme vécu, voire le Sionis­
“Qui est le menteur - nous révèle le Saint- me, et qu’il citait volontiers les philosophes
Esprit - sinon celui qui nie que Jésus soit le [juifs, n.d.r.] Martin Buber ou Emmanuel Le-

133
SODALITIUM : La question juive

vinas” ( 79); arrivé à ce point il se demande


spontanément quelles sont les véritables ori­
gines de Karol Wojtyla. On sait aussi que la fa­
mille Montini (dont descendait Paul VI) s’ap­
pelait à l’origine De Benedictis... (80). Selon
Roberto Fabiani, le célèbre spécialiste de la
Maçonnerie le Père Esposito affirmait que
Jean-Baptiste Montini, quand il était encore
un simple prêtre «avait confié au recteur de
l’Université “Pro Deo”, Félix Morlion: Les mêmes marranes priant, les mains jointes, à la
“Quand les temps seront mûrs la paix se fera manière chrétienne.
entre l’Eglise et la Maçonnerie. Je suis sûr que aux phénomènes du marranisme que ce sont
nous y arriverons: l’Eglise lèvera l’excommu­ réalisées ces très dangereuses infiltrations
nication et les francs-maçons le feront de leur dans le troupeau du Christ, mais Il nous
côté en déposant les armes. Mais cela deman­ avertit et nous rassure: “Nolite timere pusil­
de du temps. Du temps et de la prudence”» lus grex… Ego vici mundum”. “Portæ inferi
(81). En outre, poursuit Fabiani, le même Père NON PRÆVALEBUNT”.
Esposito savait de sources directes que “les Quant à nous, nous devons veiller et
déclarations Dignitatis Humanæ et Nostra prier. Il ne faut ni exagérer ni baisser la gar­
Ætate, approuvées par le Concile (...), avaient de: voir des marranes partout est un excès, et
été élaborées par des prélats ayant des fré­ tout excès est un défaut; ne jamais vouloir
quentations dans des loges maçonniques (ibi­ les voir et en aucun lieu est un défaut. Ce­
dem) (...). Les déclarations du Concile œcu­ pendant n’oublions pas que St Pie X disait,
ménique avaient sanctionné le principe, (...) au sujet de la lutte contre les modernistes,
maçonnique, de la fraternité universelle entre qu’il était moins grave de pécher par excès
tous ceux qui croient en un Dieu quelconque, que par défaut. Le défaut en effet nous a
pourvu qu’ils croient” (ibidem). Nous ne de­ amenés à la reconnaissance de l’Etat d’Is­
vons donc pas nous étonner si à la mort de raël... Quoi qu’il en soit essayons de nous
Montini la “Rivista Massonica” «dans l’édito­ maintenir sereinement dans le juste équi­
rial de septembre 1978 écrivait: “Pour les libre (“in medio stat virtus”), et de lutter de
autres, c’est la mort d’un Pape, (...). Pour nous toutes nos forces afin que la très Sainte Vier­
c’est la mort de Celui qui a fait tomber la ge puisse écraser, aujourd’hui comme tou­
condamnation de Clément XII et de ses suc­ jours, la tête du serpent infernal (“IPSA
cesseurs. C’est-à-dire, c’est la première fois, CONTERET”) qui au cours des siècles ne
dans l’histoire de la Maçonnerie moderne, que cesse d’attenter à son talon.
meurt le chef de la plus grande religion occi­ “Gaude Virgo Maria, quia omnes hæreses
dentale, en n’étant pas en état d’hostilité avec interemisti in universo mundo”.
les francs-maçons. Et pour la première fois
dans son histoire, les francs-maçons peuvent
rendre hommage à la sépulture d’un Pape, Notes
sans ambiguïté ni contradiction [de leur part, 1) C. ROTH, Storia dei marrani, Serra e Riva éd.,
n.d.r.]”» (82). Il serait donc très intéressant de Milan 1991, p. 21.
pouvoir vérifier, par des recherches histo­ 2) Cf. “Sodalitium”, n° 37, pp. 28-40.
riques opportunes et bien documentées, 3) C. ROTH, op. cit, p. 22.
4) Ibidem, p. 67.
quelles sont “LES ORIGINES” de Karol 5) Ibidem, p. 23.
Wojtyla et de Jean-Baptiste Montini, et d’éta­ 6) Ibidem, p. 24.
blir dans quelle mesure elles ont influé sur leur 7) Cf. “Sodalitium”, n° 37, pp. 35-36.
“foi pervertie” en tout ce qui concerne les rap­ 8) F. VERNET, Juifs et Chrétiens, in Dictionnaire de
ports entre Eglise et Synagogue talmudique. la Foi Catholique, Beauchesne, Paris 1911, tome II, col.
1676-1681.
Voilà jusqu’où a pénétré la “cinquième 9) C. ROTH, op. cit, p. 27.
colonne” (83) au sein de l’Eglise: jusqu’à son 10) Ibidem, pp. 36-37.
sommet! 11) L. POLIAKOV, Histoire de l’antisémitisme - De Maho­
Le complot contre le Corps Mystique du met aux Marranes, Calmann-Lévy, Paris 1961, vol. II, p. 173.
12) On a remarqué que le cryptojudaïsme est un phé­
Christ, les infiltrations judéo-maçonniques nomène très étendu au niveau européen avec également
en son sein sont un fait et “contra factum des racines en Russie, comme en témoigne l’intéressant
non valet argumentum”; c’est surtout grâce livre de De Michelis La Valdesia di Novgorod, dans le-

134
SODALITIUM : La question juive

quel il est dit que “la question des judaïsants est parmi les 40) Ibidem, p. 255.
problèmes les plus obscurs du sectarisme russe” (p. 5). 41) L. POLIAKOV, op. cit, vol. II, p. 188.
L’historiographie traditionnelle parlait en effet, à propos 42) Ibidem, pp. 190-206, passim.
des hérétiques de Novgorod (XVème s) de “mouvement 43) Ibidem, p. 298.
hérétique chrétien, mais substantiellement cryptojuif; qui 44) Sur la dignité avec laquelle l’inquisiteur doit ac­
niait la Trinité, la divinité du Christ… En principe on ne complir son mandat qu’on lise ces belles paroles du Père
peut exclure qu’à Novgorod se soit manifesté un pareil Masini: “L’Inquisiteur étant immédiatement délégué par
syncrétisme de base catharo-judaïque” (p. 9). “La convic­ le Saint Siège Apostolique à connaître et mener à terme
tion que le mouvement hérétique de Novgorod avait les causes concernant la Foi et la Religion, et tenant la
quelque rapport avec le Judaïsme se fonde sur des témoi­ place du Souverain Pontife, …grande est son autorité,
gnages contemporains, y compris celui de l’archevêque souveraine sa dignité, éminente sa fonction. …Inquisiteur
Genndis qui en découvrit et dénonça l’existence en 1487, merveilleux fut déjà Dieu béni, qui …châtia Adam et
même si l’historiographie d’aujourd’hui essaye d’en faire Eve, le Peuple d’Israël…, et tant d’autres pour leurs infi­
plutôt un problème de rapport avec le bogomilisme ou de délités, hérésies, idolâtries. … Inquisiteur fut Elie, qui fit
toute façon avec des hérésies d’inspiration de dualisme couper en morceaux huit cent cinquante prophètes du
cosmologique” (p. 95), que nous savons être de dérivation diable. …Inquisiteur fut Judas Maccabée, qui avec tant de
gnostico-cabalistique. C. DE MICHELIS, La Valdesia di valeur extermina les impies, et les ennemis profanes de
Novgorod, Claudiana éd., Turin 1993. son Dieu. …Inquisiteur premier et suprême de la loi
13) C. ROTH, op. cit, p. 42. évangélique fut le Christ Rédempteur, qui dans toute sa
14) L. POLIAKOV, op. cit, vol. II, pp. 174-175. vie n’a tendu à rien d’autre qu’à introduire le culte de la
15) Ibidem, p. 217. vraie Foi et de la vraie Religion. …Inquisiteur fut Pierre
16) C. ROTH, op. cit, pp. 226-227 Apôtre, qui en vertu de l’Esprit-Saint donna la mort à
17) L. POLIAKOV, op. cit, vol. II, p. 239. Ananie et à sa femme”. (ELISEO MASINI, O.P., Sacro Arse­
18) Ibidem, p. 187. nale, ovvero Pratica dell’Officio della Santa Inquisizione,
19) C. ROTH, op. cit, p. 44. Bologne 1665, ristampa éd. Xenia, Milan 1990, pp. 11-12).
20) Cf. Anaclet II, in “Sodalitium”, n° 37, pp. 35-36. Le lecteur pourra également consulter:
21) A. S. TUBERVILLE, L’Inquisizione Spagnola, Fel­ - G. DA PERPIGNAN, Summa de hæresibus, éd. As­
trinelli, Milan 1965, p. 177. censiana, Paris 1528.
22) C. A. AGNOLI-P. TAUFER, La Santa Inquisizione, - C. CARENA, Tractatus de Officio Sanctissimæ Inqui­
éd. Civiltà, Brescia 1988, p. 13. sitionis et modo procedendi in causis fidei, Crémone 1655.
23) M. KAMEN, L’Inquisizione spagnola, Feltrinelli, 45) Cf. POLIAKOV, op. cit., p. 209.
Milan 1966, p. 207. 46) Cf. KAMEN, op. cit., p. 141.
24) Ibidem, p. 193. 47) A. AGNOLI-P. TAUFER, op. cit., pp. 93-94.
25) LEA, Storia dell’Inquisizione, Feltrinelli-Bocca, 48) POLIAKOV, op. cit., pp. 214-215.
Milan, p. 56. 49) A.A. S ICROFF , Les controverses des statuts de
26) En plus des ouvrages déjà cités on peut consul­ ‘pureté de sang’ en Espagne du XVe au XVIIe siècle, Di­
ter avec intérêt: dier, Paris 1960.
- J. P. VILLANUEVA-B. E. BONET, Historia de la In­ 50) Ibidem, p. 26.
quisicion en España y America, Bac, Madrid 1984. 51) Ibidem, p. 28.
- ABBÉ J. MOREL, Somme contre le Catholicisme li­ 52) Ibidem, p. 29.
béral, éd. Palmé, Paris 1876, tome II, pp. 35-188. 53) Cf. SICROFF, op. cit., p. 31.
- R. CANOSA , Storia dell’Inquisizione spagnola in 54) Ibidem, p. 31.
Italia, éd. Sapere 2000, Rome 1992. 55) Cf. H. MECHOULAN, Le sang de l’autre ou l’hon­
- R. C ANOSA , Storia dell’Inquisizione in Italia, 5 neur de Dieu, Fayard, Paris 1979.
vol., éd. Sapere 2000, Rome 1986-1990. 56) Ibidem, p. 38.
- Bulario Pontificio de la Inquisicion Española, par 57) Ibidem, p. 42.
le Père Bernardino Llorca s.j., Pontificia Università 58) Ibidem, p. 64.
Gregoriana, Rome 1949. 59) Tite, I, 10-12.
- J. G UIRAUD , Elogio dell’Inquisizione, Leonardo 60) SICROFF, op. cit., p. 85.
éd., Milan 1994. 61) Pour la question des marranes on peut consulter
- M. LUZZATI, L’Inquisizione e gli ebrei in Italia, La­ aussi:
terza, Bari 1994. - A. CASTRO, España en su historia. Cristianos, mo­
27) C. ROTH, op. cit, p. 53. ros y judios, Buenos Aires 1948.
28) Ibidem, p. 56. - J. AMADOR DE LOS RIOS, Historia social, politica
29) Ibidem, p. 57. y religiosa de los judios de España y Portugal, V éd.,
30) Cf. Abbé U. GIUGNI St Pierre d’Arbués, in “So­ Buenos Aires 1943.
dalitium”, n° 26, p. 19. - M.C. L EA, A History of the Inquisition of Spain,
31) C. ROTH, op. cit, p. 58. New York 1906, Paris 1937.
32) Ibidem, p. 59. - M. BATAILLON, Erasme et l’Espagne, Paris 1937.
33) Sur ce sujet lire: J. GUIRAUD, rubrique “Saint- - V. N ICOLAS L OPEZ M ARTINEZ . Los judaizantes
Office”, in Dictionnaire de la Foi Catholique, vol. IV, castellanos y la Inquisiciòn en tempio de Isabel la Cato­
col. 109-1125, Beauchesne, Paris 1922. lica, Burgos 1954.
34) C. ROTH, op. cit, p. 72. - A. DOMINGUEZ ORTIZ, Los Conversos de origen
35) Ibidem, p. 100. judio después de la expulsion, Madrid 1955.
36) Ibidem, p. 102. - L. SUAREZ FERNANDEZ, La expulsión de los judios
37) Ibidem, p. 109. de España, Madrid 1991.
38) Ibidem, p. 305, note 8. - A. DOMINGUEZ ORTIZ, Los judeoconversos en Es­
39) Ibidem, p. 86. paña y America, Madrid 1988.

135
SODALITIUM : La question juive

- Y. H. JERUSHALAMI, Dalla corte al ghetto, Garzan­


ti, Milan 1991.
- J. L. D E A ZEVEDO , Historia dos Cristãos Novos
Portugueses, Lisbonne 1921.
- A. J. S ARAIVA , Inquisição e cristiãos novos, Lis­
bonne 1985.
- R. CALIMANI, Storia di marrani a Venezia, Rusco­
ni, Milan 1991.
- R. CALIMANI, Storia del Ghetto a Venezia, Rusco­
ni, Milan 1985.
- R. CALIMANI, Storia dell’ebreo errante, Rusconi,
Milan 1987.
- R. CALIMANI, Gesù ebreo, Rusconi, Milan 1990.
- R. CALIMANI, Stella gialla, Rusconi, Milan 1993.
- A. FARINELLI, Marrano. Storia di un vituperio, Ol­
schki, Genève 1925.
- S. FOA, Vicende del Ghetto di Torino, Comunità Is­
raelitica, Milan 1963.
- M. GHIRARDELLI, I Marrani, L’Arciere, Cuneo 1976.
- M. MALVOLTI, Medici marrani in Italia nel XVI e
XVII sec., éd. Cossidente, Rome 1968, p. 81.
- L. RANDELLINI, La chiesa dei giudeo-cristiani, Pai­
deia, Brescia 1968.
- F. D E TORREJONCILLO , Centinela contra Judios,
Plasencia 1673.
- A. FOA, Ebrei in Europa, éd. Laterza, Bari 1992.
- E. LEZMI, De par ton sang tu vivras, Biblieurope,
Paris 1993.
62) Op. cit., p. 297.
63) F. BRENNER-Y. M. YERUSHALAMI, Marranes, éd.
de la Différence, Paris 1992, pp. 12-14, passim.
64) Ibidem, pp. 130-131.
65) Cf. “Sodalitium”, n° 29, pp. 20-38.
66) BRENNER-YERUSHALAMI, op.cit., pp. 19-27, passim.
67) Avec le d minuscule, [n.d.r.]
68) BRENNER-YERUSHALAMI, op. cit., p. 31, où on lit
aussi que dans la religion marrane il y a “la tendance à
un certain syncrétisme”.
69) Ibidem, p. 34.
70) Ibidem, p. 36.
71) Ibidem, p. 136.
72) Bulletin n° 2649, 4 février 1981.
73) 3 février 1981.
74) Le OUI est le OUI, le NON est le NON, le OUI
n’est pas le NON: c’est-à-dire le Christianisme est le
Christianisme, le Judaïsme est le Judaïsme. Le Christia­
nisme n’est pas le Judaïsme. On peut être ou juif ou
chrétien, mais non judéo-chrétien en même temps, à
moins que l’on ne soit cryptojuif, c’est-à-dire marrane.
75) N° 1, avril 1983.
76) N° 20, mai 1982.
77) H. LE CARON, Dieu est-il antisémite?, Ed. Fideli­
ter, Escurolles 1987, p. 106.
78) Ibidem, p. 113.
79) L. POLIAKOV, Histoire de l’antisémitisme 1945­
1993, éd. Seuil, Paris 1994, tome III, p. 329. Les carac­
tères gras sont ajoutés par l’auteur.
80) Cf. Libro d’oro della Nobiltà italiana, Istituto
Araldico Romano, éd. XV, vol. XVI, 1969-72, p. 1049.
81) R. FABIANI , I massoni in Italia, éd. I libri
dell’Espresso, Milan 1978, p. 78.
82) Cf. R. ESPOSITO, La riconciliazione tra la Chiesa
e la Massoneria, Longo éd., Ravenne 1979, pp. 130-131.
83) Cf. “Sodalitium”, n° 37, pp. 28-40.

136
SODALITIUM : La question juive

INFILTRATIONS JUDEO- ligence, mais ce ne serait pas raisonnable de


fermer les yeux sur les événements qui l'ont
MAÇONNIQUES DANS établie et malheureusement, avec le Concile
L'EGLISE ROMAINE Vatican II, en témoignent jusqu'à son sommet.
Paul VI d’ailleurs, avait déjà parlé d'“autodé­
par M. l'abbé Curzio Nitoglia
molition de l'Eglise” et de “fumées de Satan,
pénétrées à l'intérieur de l'Eglise de Dieu”,
INTRODUCTION admettant implicitement la réalité du fait.
Dans de nombreux cas nous devons nous

N ous avons déjà vu dans le numéro pré­


cédent ( 1), comment le Judaïsme-reli­
gion avait conjuré contre Jésus-Christ, ses
arrêter au quia, à la constatation du fait, sans
prétendre connaître le propter quid, le pour­
quoi du fait. La Judéo-Maçonnerie a formé
Apôtres et l'Eglise, en cherchant à infiltrer le dessein de corrompre les membres de
une “cinquième colonne” dans l'Eglise mê­ l'Eglise, et spécialement le clergé et la hié­
me pour pouvoir la détruire de l'intérieur. rarchie, en leur inoculant de faux principes
Dans le présent article j'essayerai d'atti­ qui n'ont de chrétien que le nom mais n'en
rer l’attention du lecteur sur une série de ont plus la substance (2).
faits objectifs et sans équivoque qui mon­ Un autre fait sans équivoque (en plus du
trent les infiltrations de la contre-Eglise réa­ complot contre l'Eglise) est qu'aujourd'hui
lisées dans le Corps Mystique du Christ. presque tous, même les catholiques, appartien­
Le COMMENT tout cela a été possible est nent d'une manière ou d'une autre à l'esprit de
un mystère qui nous dépasse, c'est le mystère la Franc-Maçonnerie, même en n'étant pas
de la Volonté permissive de Dieu par rapport membres de son corps, c'est-à-dire pensent et
au mal moral, qui n'est pas voulu mais seule­ raisonnent en maçons: ils sont pour la toléran­
ment permis pour en tirer un plus grand bien. ce, le pluralisme, le respect de l’errant, la démo­
Le pourquoi de l’infiltration judéo-maçon­ cratie moderne et libérale, le non-exclusivisme.
nique dans l'Eglise dépasse notre pauvre intel­ Aujourd'hui Benedetto Croce aurait plus juste-

137
SODALITIUM : La question juive

ment écrit Pourquoi nous ne devons pas nous Christ, sommes habitués à vaincre au moyen
dire maçons, et la théorie de Rahner serait re­ des défaites. C'est justement quand Jésus fut
proposée comme Le maçon anonyme (3). crucifié et abandonné de tous, que par sa
Voilà la triste réalité: d'un côté le complot mort Il nous a sauvé; il en sera de même de
de la Synagogue contre l'Eglise, de l'autre son Corps Mystique, l'Eglise: c'est quand elle
l'esprit cabalistico-maçonnique qui a envahi semblera être morte, qu'alors resurgira toute
toute chose et que nous respirons désormais sa splendeur: “Regnavit a ligno Deus”!
comme l’air qui nous entoure. Il est beaucoup Ces faits ne doivent pas nous scandaliser,
plus difficile de pouvoir définir le pourquoi, le mais, au contraire, doivent nous faire prendre
comment de tout cela, qui en beaucoup d'as­ les moyens adaptés (avec l'aide de Dieu qui
pects nous échappe, nous dépasse et sur lequel ne manque jamais) pour faire quelque chose
nous pouvons seulement faire des conjectures pour le bien de l'Eglise, flagellée et couron­
sans pouvoir arriver à la certitude; pourtant née d'épines comme le cher et bon Jésus.
nous ne devons pas fermer les yeux sur la ter­ Une belle prière de Saint Thomas More
rible réalité dans laquelle nous sommes appe­ dit ceci: “O Seigneur faites que je ne me
lés à vivre, sous peine de nous tromper de scandalise pas devant le mal et le péché,
“camp” ou d'étendard, convaincus peut-être mais donnez-moi la force d'y remédier”.
de militer sous celui du Christ, mais combat­
tant en réalité, sous celui de Lucifer (4). LES PAPES DENONCENT LES INFIL-
Dans l'article précédent nous avons vu TRATIONS JUDEO-MAÇONNIQUES A
les plans maçonniques (dévoilés par Barruel L'INTERIEUR DE L'EGLISE
et par Crétineau-Joly, et reproduits dans ses
ouvrages par Mgr Delassus), qui parlent Pie VI dans le Bref “Quid aliquan­
d'UN “PAPE” SELON LES BESOINS DE tum”(10 mars 1791) critique la Constitution
LA SECTE, c'est-à-dire imbu de sa philoso­ civile du clergé et dans un autre Bref au cler­
phie, un “Pape” qui, même en y étant pas gé et au peuple du royaume de France (19
inscrit, fait cependant partie de son esprit, mars 1792) condamne les ecclésiastiques qui
afin d'achever le TRIOMPHE DE LA RE- jurent fidélité à la Révolution en ces termes:
VOLUTION. Pour arriver à ce but la Ma­ “Le caractère... des hérétiques et des schis­
çonnerie a formé une génération digne de matiques fut... de recourir à l’ARTIFICE et à
cet événement, au moyen de la corruption la DISSIMULATION: aussi les nouveaux
intellectuelle et morale de la jeunesse, de­ INTRUS de l’Eglise de France n’ont-ils rien
puis l'âge le plus tendre, pour pouvoir ensui­ mieux imité que cet art... d’égarer... par la
te l'attirer, sans qu'elle s'en aperçoive, à la FEINTE et par le MENSONGE...” (5).
mentalité du “maçonnisme”. C'est surtout Pie VII dans l’Encyclique Diu Satis (15
dans les séminaires qu'elle a développé son mai 1800) mit en garde le haut clergé:
rôle d’infiltrée, de corruptrice des idées, “N’admettez personne dans les rangs du
puisqu'un jour les jeunes séminaristes de­ clergé... avant d’avoir soigneusement exami­
viendront prêtres, évêques, cardinaux, gou­ né, contrôlé et mûrement éprouvé... [il y a]
verneront et administreront l'Eglise et, com­ une multitude de faux apôtres... artisans de
me cardinaux, seront appelés à choisir un ruse, transfigurés en apôtres du Christ”.
“Pape”; mais ce “Pape”, comme la majeure Dans l’Encyclique Ecclesiam (13 sep­
partie de ses contemporains, sera imbu des tembre 1821) il stigmatise la nouvelle secte des
principes philantropiques et naturalistes et Carbonari, véritable pépinière de faux-frères
sera donc conforme aux intérêts de la secte. “Ils viennent à vous, semblables à des brebis,
LE CLERGE ET LES FIDELES MAR- mais ils ne sont que des loups dévorants”.
CHERONT AINSI SOUS L'ETENDARD Le Cardinal Bernetti dans une lettre du 4
MAÇONNIQUE, EN CROYANT ENCO- août 1845 écrivait: “Notre jeune clergé est im­
RE ETRE SOUS LA BANNIERE PONTI- bu des doctrines libérales... La partie du clergé
FICALE. qui, après nous, arrive aux affaires, ...est mille
Les faits que je vais rapporter sont la fois plus entachée du vice libéral” (6).
preuve sans équivoque que ce dessein a réus­ Pie IX dans l'Encyclique Nostis et Nobis­
si, au moins pour le moment. Notre-Seigneur cum (8 décembre 1849) déplore le complot
en effet nous a promis que “les portes de l'en­ contre l'Eglise: “Il y a en Italie des ecclésias­
fer ne prévaudront pas” et il en sera ainsi. tiques, ...qui sont passés dans les rangs des
Nous chrétiens, comme notre Chef, Jésus- ennemis de l'Eglise”.

138
SODALITIUM : La question juive

Plusieurs années après dans la lettre d’indépendance” qui se manifeste parmi le cler­
Exortæ in ista (29 avril 1876) il décrivit le cas gé. Un tel esprit - poursuit le Pape - “...pénètre
classique d'une infiltration maçonnique au jusque dans les sanctuaires. ...C’est surtout par­
Brésil. “Les troubles qui au Brésil, en ces mi les jeunes prêtres qu’un esprit si funeste por­
dernières années, ont surgi par le fait de te la corruption... On fait pour de telles doc­
ceux qui, AFFILIES A LA SECTE MA- trines une propagande plus ou moins OCCUL-
CONNIQUE, se sont GLISSES dans les TE, parmi les jeunes gens qui, à l’ombre des sé­
confréries des pieux chrétiens” (7). minaires, se préparent au sacerdoce”.
Le CATHOLICISIME LIBERAL est Dans Pascendi (8 septembre 1907), ensui­
pour le Pape Mastai encore plus dangereux te, le Pontife dénonce le fait que “...les enne­
que le Communisme; il est en effet la “cinquiè­ mis sont parvenus AU CŒUR DE L’EGLI-
me colonne” de la Judéo-Maçonnerie au sein SE, ennemis d’autant plus redoutables qu’ils
même de l'Eglise. Pour Pie IX il est beaucoup le sont moins ouvertement. ...Nous parlons
plus facile de découvrir un ennemi déclaré d’un grand nombre... de prêtres... C’est du
qu'un faux frère, comme l'est, en réalité, le ca­ dedans qu’ils trament la ruine de l’Eglise; le
tholique libéral. Dans le Bref qu’il adressa au danger est aujourd’hui presque AUX EN-
cercle de Saint-Ambroise de Milan (6 mars TRAILLES ET AUX VEINES MEMES
1873) il explique pourquoi il faut tant se méfier DE L’EGLISE... ce n’est point aux rameaux
des catholiques démocrates, imbus des idées qu’ils [les modernistes] ont mis la cognée...
modernes: “Ces hommes sont plus dangereux mais à la racine même, c’est-à-dire à la Foi”.
et plus funestes que les ennemis déclarés, car En outre toujours St Pie X, dans l’allocu­
ILS SECONDENT LEURS EFFORTS SANS tion lors de la cérémonie d'imposition de la
SE FAIRE REMARQUER. En effet, se te­ barrette cardinalice aux nouveaux pourprés
nant pour ainsi dire sur les limites des opinions (27 mai 1914) prononça ces paroles: “Oh
condamnées, ils prennent les dehors d’une doc­ combien de marins, combien de pilotes et, à
trine sans tache, captivent ainsi les amis impru­ Dieu ne plaise, combien de CAPITAINES,
dents de la conciliation et trompent les per­ en faisant confiance à ces nouveautés pro­
sonnes honnêtes qui, sans cela, s’opposaient fanes et à la fausse science du temps présent,
avec fermeté à une erreur manifeste” (8). au lieu de rejoindre le port, ont fait naufra­
Léon XIII dans l’Encyclique Inimica vis ge!” (St Pie X, A.A.S. 1914, pp. 260-262).
(8 décembre 1892), met en garde les évêques
et les archevêques d’Italie contre la Franc- Allégorie de la tolérance religieuse selon
la Franc-Maçonnerie
Maçonnerie qui cherche à conquérir à sa
philosophie le clergé: “...les sectaires maçons
cherchent par des promesses à séduire le
clergé inférieur. Dans le but de gagner dou­
cement à leur cause les ministres des choses
sacrées, et puis... d’en faire des révoltés
contre l’autorité légitime”.
Saint Pie X condamne les catholiques-libé­
raux, les démocrates-chrétiens, les modernistes
comme “la race la plus dangereuse... préten­
dant amener l’Eglise à leur manière de penser.
Par l’ASTUCE et le MENSONGE de ce per­
fide catholicisme-libéral qui, s’arrêtant à peine
au bord de l’erreur condamnée, s’efforce d’ap­
paraître comme suivant une doctrine très pu­
re... Les catholiques libéraux sont des loups
couverts de la peau des agneaux. Le prêtre...
doit dévoiler leurs TRAMES PERFIDES.
Vous serez appelés papistes, cléricaux, rétro­
grades, intransigeants; honorez-vous-en...”(9).
Dans l’Encyclique Pieni l’animo (28 juillet
1906) Saint Pie X met aussi en garde contre les
infiltrations ennemies dans l'Eglise et parle ex­
plicitement de l'“esprit d’insubordination et

139
SODALITIUM : La question juive

On remarque que le saint Pape mourra dialogue avec la Franc-Maçonnerie, on admet


seulement trois mois après, le 20 août 1914, et carrément la double appartenance, comme
que le mot “capitaines” se réfère aux Evêques! nous verrons dans les chapitres suivants (12).
Pie XI dénonce les progrès faits par la
“cinquième colonne” infiltrée désormais LES FAITS: LE DIALOGUE CATHOLI-
dans le haut clergé. CO-MAÇONNIQUE
“Au consistoire du 23 mai 1923 Pie XI in­
terrogea une trentaine de cardinaux de la Cu­ A la mort de Pie XII le Concile n'avait
rie sur l’opportunité de convoquer un Concile pas encore été réuni, mais “l’aggior­
œcuménique. Le cardinal Billot parla explici­ namento” roncallien commençait déjà à don­
tement de divergences profondes au sein de ner corps aux anciennes aspirations d'ouver­
l’Episcopat lui-même. Le cardinal Boggiani, ture envers les suppôts de la Judéo-Maçon­
dominicain, estima qu’une partie considérable nerie, pour pouvoir ainsi introduire le cheval
du clergé et des évêques était imbue des idées de Troie dans l'Eglise du Christ.
modernistes. ...Le cardinal Billot concluait en Naturellement on nous propose de dialo­
disant que le Concile serait MANŒUVRE guer, non seulement avec les autres reli­
par les pires ennemis de l’Eglise” (10). gions, mais aussi avec la Maçonnerie, pour
Dans l'Encyclique Divini Redemptoris pouvoir dépasser les condamnations portées
(29 septembre 1937) Pie XI dénonce encore par l'Eglise contre la secte (plus de 590 do­
les tentatives d’infiltration communiste qui, cuments), à partir de Clément XII (In Emi­
sans mentionner la doctrine propre du Com­ nenti, 1738) jusqu'à Pie XII inclus et jamais
munisme, voudrait “implanter leurs erreurs mises en discussion.
dans des milieux où - sans cela - ils ne pour­ “Les premières manifestations de cette
raient absolument pas pénétrer. Et ils tra­ tendance nouvelle remontent aux années
vaillent [les communistes] de toutes leurs 1920. Un jésuite allemand, le R.P. Gruber…
forces à S’INFILTRER perfidement dans prit contact avec de hauts dignitaires maçon­
des associations catholiques”. niques… La campagne de rapprochement
Le Père Cordovani, enfin, maître des Sa­ amorcée secrètement du côté catholique par
crés Palais Apostoliques sous le pontificat de le R.P. Gruber fut reprise… en France par le
PIE XII, et donc théologien du Pape Pacelli, R.P. Berteloot, également jésuite. Ce dernier
écrit sur l’Osservatore Romano du 19 mars publia de 1945 à 1949 une série d’articles et
1950: “Rien n'est changé dans la législation de livres rédigés avec une grande prudence
de l'Eglise en ce qui concerne la Franc-Ma­ en vue de préparer ce rapprochement.
çonnerie. ...Les canons 694 et spécialement le La campagne de rapprochement entre la
canon 2335, qui inflige l'excommunication à Franc-Maçonnerie et l’Eglise catholique res­
la Franc-Maçonnerie SANS DISTINCTION ta cependant à l’état latent sous le pontificat
DE RITES, sont toujours en vigueur. ...Tous de Pie XII; manifestement le feu couvait
les catholiques doivent... s'en souvenir pour sous la cendre, mais les progressistes qui
ne pas tomber dans le PIEGE”. avaient pris dans l’Eglise une influence
Jacques Ploncard d’Assac commente considérable se rendaient compte que leurs
qu'on était en présence d'une INFILTRA- efforts n’avaient aucune chance d’aboutir
TION des idées maçonniques dans l'Eglise tant que vivrait Pie XII… Avec l’avènement
et que le Père Cordovani, profond connais­ de Jean XXIII il y eut brusquement comme
seur du problème, insistait: “L'excommuni­ une explosion… On avait nettement l’im­
cation, je le répète, VAUT POUR TOUS pression d’une campagne internationale, mé­
LES RITES MAÇONNIQUES, ...même si thodiquement orchestrée” (13).
certains déclarent qu'ils ne sont pas hostiles “L'esprit de Jean XXIII - écrit le Père
à l'Eglise. ...Cette tendance moderne, ...qui Esposito (14) - puis la grande aventure œcu­
mettrait volontiers le Catholicisime en har­ ménique de Paul VI, amorcèrent une réac­
monie avec toutes les idéologies... n'est-elle tion en chaîne dont sur le moment on ne se
pas peut-être la marque hérétique?” (11). rendit pas compte, mais qui devint évidente
C'est pourquoi les Papes, jusqu'à Pie XII, quand les différents groupes d'explorateurs ­
n'ont cessé de nous mettre en garde contre les entre les années 1965 et 1968 - furent décou­
infiltrations ennemies dans l'Eglise: malheu­ verts par la presse. ...Se découvrirent des
reusement avec Jean XXIII, Paul VI et Jean- échanges épistolaires, des coups de télépho­
Paul II la position change radicalement; on ne plus ou moins longs, ...des symposiums

140
SODALITIUM : La question juive

conviviaux. Le tout finissait par accroître la actuels. Une classe d’intellectuels se sont en
réciproque connaissance des hommes des quelque sorte insurgés contre Notre-Sei­
deux blocs: les catholiques touchaient du gneur, dans un VERITABLE COMPLOT
doigt que les francs-maçons n'ont pas le vi­ DIABOLIQUE contre son Règne” (17).
sage de Lucifer [les apparences sont trom­ Le premier cardinal qui approcha un
peuses, n.d.r.], les francs-maçons que les ca­ Grand Maître fut Innitzer, archevêque de
tholiques ne sont pas tous Grands Inquisi­ Vienne, qui en 1948 établit - à l'insu de Pie
teurs... On peut dire que la rencontre entre XII - le dialogue avec le Grand Maître Sche­
les deux communautés, la communauté ec­ chebaner. Dans les années 60-70 la troupe
clésiale et la communauté maçonnique, FUT des ‘dialogants’ grossit et fit tout au grand
EFFECTUEE A TOUS LES NIVEAUX”. jour: les cardinaux Cushing de Boston, Co­
“Le Grand-Maître de la Maçonnerie Du­ oke de New-York, Etchegaray de Marseille,
puy estimait que ‘L’événement Vatican II Alfrink d'Utrecht, Feltin et ensuite Marty de
constitue une ouverture considérable de Paris, Krol de Philadelphie, Vilela de Bahia
l’Eglise sur le monde’. Il révélait avoir entre­ (Brésil), Lorscheider de Fortaleza. Parmi les
tenu avec Jean XXIII des relations ‘plus que évêques on compte: Mendez Arceo de Cuer­
cordiales’, que ‘Jean XXIII et Vatican II ont navaca (Mexique), qui au Concile demanda
donné une impulsion formidable au travail que la législation antimaçonnique soit modi­
d’éclaircissement et de désarmement réci­ fiée, Mgr Dante Benigni d'Albano Laziale,
proque dans les rapports entre l’Eglise et la Mgr Ablondi de Livourne qui, selon les af­
Franc-Maçonnerie’. A la limite, dans la mesu­ firmations du Père Esposito ( 18), participa
re où l’Eglise contemporaine glisse vers le plu­ aux rencontres avec les dirigeants maçons al­
ralisme et la liberté religieuse, elle tend à de­ liés au groupe italien. A Paris Mgr Pézeril
venir une simple obédience maçonnique” (15). parla carrément en Loge “comme dans le
Par ailleurs l’ex-grand maître du Grand passé avaient fait Joyce de Boston, Pursley
Orient d’Italie, Armando Corona, affirme aus­ de South Bend, certains prélats dans les Iles
si: “La Franc-Maçonnerie a, la première, dans Philippines, au Canada et ailleurs” (19).
l'histoire soutenu et défendu la tolérance reli­ En Europe ce dialogue catholico-maçon­
gieuse et le droit pour tout homme de profes­ nique était béni “même AUPRES DES INS-
ser sa propre croyance. Après tant de siècles, TANCES les plus HAUTES DE L'EGLISE.
comme Maçons, nous sommes heureux que le Les intermédiaires les plus constants... qui ob­
concile Vatican II ait déclaré textuellement: tinrent un ACCUEIL ATTENTIF AUPRES
La conscience des hommes est sacrée…” (16). DE PAUL VI, furent don Miano, qui rejoin­
Même Mgr Lefebvre fut obligé d'ad­ dra le cardinal Seper et le cardinal Koning...
mettre que l'Eglise avait été infiltrée par la Le Père Riquet qui eut également plusieurs
Franc-Maçonnerie dans le but de la détruire. occasions d'APPROCHER PAUL VI (20).
C'est justement parce qu'il avait vécu direc­ Récemment le Grand Maître du Grand
tement l’expérience du Concile qu'il écrivit: Orient d’Italie, l’avocat Gaito, a déclaré:
“Le plus grave a été la réforme liturgique. “Quand j'ai entendu de hauts prélats parler
Elle a été opérée… par le Père Bugnini, qui dans leurs homélies de l’homme comme
l’avait préparée bien longtemps à l’avance. centre de l’univers, j'ai été ému jusqu'aux
Déjà en 1955 le Père Bugnini faisait traduire larmes” (21).
les textes [liturgiques] protestants par Mgr
Pintonello… qui avait passé beaucoup de VERS LA REVISION DE L'EXCOMMU-
temps en Allemagne… C’est Mgr Pintonello NICATION DE LA MAÇONNERIE
qui m’a dit à moi-même qu’il avait traduit
les livres liturgiques protestants pour le Père L’intention immédiate de toutes ces
Bugnini, qui, à ce moment-là, n’était qu’un unions impures était de parvenir à la révision
petit membre d’une commission liturgique. et si possible à l’abolition de l'excommunica­
Il n’était rien… DES GENS COMME BU- tion de 1738, de la secte maçonnique. Pour la
GNINI SE SONT INFILTRES DANS fête de Pâques de 1971 sembla très proche la
L’EGLISE POUR LA DETRUIRE… Cer­ publication d'un Dubium de la Sacrée
tains disent que c’est la Franc-Maçonnerie. Congrégation pour la doctrine de la Foi “qui
C’est possible… Nous nous trouvons devant aurait en quelque sorte effacé les graves pré­
une VERITABLE CONJURATION à l’in­ judices antimaçonniques contenus dans le
térieur de l’Eglise de la part des cardinaux Code de droit canon de 1917, canon 2335 et

141
SODALITIUM : La question juive

autres canons; la publication fut renvoyée à Krol, archevêque de Philadelphie et président


la fête des Saints Pierre et Paul, le 29 juin de de la Conférence Episcopale nord-américaine.
la même année, mais encore une fois on n'es­ Ce document, très court et très impor­
tima pas opportun de se presser, parce qu'on tant, s'encadre dans le sillage des deux
craignait - et non sans raison - que l’opinion consultations au niveau universel ordonnées
publique catholique... n'aurait pas accueilli la par la Sacrée Congrégation pour la doctrine
décision sans scandale” (22). de la foi dans les années 1960-1970, pour
connaître l’opinion des évêques sur la
LA CONFERENCE EPISCOPALE SCAN- consistance et les caractéristiques de toutes
DINAVO-BALTIQUE (21-23 octobre 1966) les obédiences maçonniques.
Sur ce document le Père Esposito écrit: “A
Depuis 1964 les évêques de Norvège la demande du cardinal Krol, le préfet du di­
avaient consenti à un maçon “converti” au castère romain (de la doctrine de la Foi) le car­
catholicisme de pouvoir conserver l’inscrip­ dinal Franjo Seper répondit… par cette lettre
tion à la Franc-Maçonnerie. ainsi structurée: 1) la demande de nouvelles
Les évêques du Danemark, de Suède, d'Is­ instructions relatives au problème maçonnique
lande, de Norvège, et de Finlande appliquè­ est vive dans l’Episcopat, et le Saint-Siège a
rent le décret conciliaire Christus Dominus, posé le problème dans une observation sérieu­
qui à l'article 8 affirme: “Aux seuls évêques se; 2) …tout éventuel changement est deman­
diocésains est donnée la faculté de dispenser dé à la rédaction du nouveau Code de Droit
d'une loi générale de l'Eglise, toutes les fois Canon; 3) en attendant, a) les situations locales
qu'ils estiment que cela contribue au bien spi­ doivent être jugées dans le cadre local; b) ce
rituel des fidèles, à condition que par la suprê­ jugement doit être inspiré du principe de
me Autorité de l'Eglise n'ait pas été émise l’AMPLIFICATION DES GRACES et des
quelque réserve spéciale à ce sujet”. RESTRICTIONS DES HAINES; 4) L'IN-
Dans la réunion plénière des 21-23 oc­ TERDICTION D'INSCRIPTION A LA
tobre 1966, enfin, les évêques de ces cinq pays FRANC-MAÇONNERIE EST RESTREIN-
décidaient de ne pas exiger des francs-maçons TE AUX SEULS MEMBRES DU CLERGE
qui demandaient à entrer dans l'Eglise, l’ab­ et des instituts séculiers; 5) IMPLICITE-
juration, c'est-à-dire l’abandon de la Franc- MENT L'EXCOMMUNICATION N'EST
Maçonnerie. LES EVEQUES NE CONSI- PLUS PRESCRITE. …Cette lettre reçut une
DERAIENT DONC PAS INCOMPA- approbation partout. Aux Etats-Unis elle inau­
TIBLES LES DEUX APPARTENANCES. gura, de la part de l'Eglise, une attitude extrê­
“Au mois de novembre LA DECISION FUT mement ouverte… La compréhension entre
COMMUNIQUEE AU SAINT-SIEGE. IL catholiques et francs-maçons aux Etats-Unis
N'Y EUT PAS ICI DE REACTIONS, et cela venait de loin… COMMENÇA UN RALEN-
signifie qu'IL N'Y AVAIT PAS DE RAI- TISSEMENT POLEMIQUE, alors que les
SONS NEGATIVES, pour cela le 24 janvier francs-maçons, rassurés par Kennedy quant à
1968 la décision fut rendue publique” (23). ses propos non-intégralistes, appuyèrent vali­
Le Radiogiornale vaticano intervint, en dement sa candidature, qui se poursuivit avec
communiquant que le Saint-Siège n'avait pas la participation du cardinal Cushing à des ré­
changé la discipline en vigueur. “On confir­ unions conviviales, d'un commun accord avec
mait de cette manière que la décision scandi­ d'autres prélats, …parmi les gestes les plus in­
navo-baltique restait circonscrite à la situa­ cisifs rappelons la participation du cardinal ar­
tion locale, mais on ne l'entravait pas” (24). chevêque de New York, Cooke, à un sympo­
sium maçonnique au cours duquel il prononça
LA LETTRE DU CARDINAL SEPER un discours de cordial encouragement à la ré­
AU CARDINAL KROL (19 juillet 1974) ciproque compréhension et collaboration” (25).

Le vent du Concile continuait à souffler, la LA CONFERENCE EPISCOPALE D'AN-


Judéo-Maçonnerie à comploter: le résultat le GLETERRE ET DU PAYS DE GALLES
plus éclatant de l’infiltration de la “cinquième (11-14 novembre 1976)
colonne” à l'intérieur de l'Eglise eut lieu le 16
juillet 1974. Il s'agit d'un modeste document L’écho de la lettre Seper-Krol fut évident
destiné à rester privé et qui au contraire fut à cette conférence. Le document épiscopal
rendu public par le destinataire, le cardinal affirmait: “Un catholique doit se considérer

142
SODALITIUM : La question juive

Ne nous étonnons donc pas que: “pour


Noël de cette année LE CARDINAL BRAN-
DAO VILELA ACCEPTAIT L’INVITA-
TION A CELEBRER LA MESSE A LA
LOGE LIBERDADE DE SAN SALVADOR
DE BAHIA… dans ce même mois il acceptait
une haute distinction maçonnique, comme l’ac­
ceptait en 1976 le cardinal Paulo Evaristo Arns,
archevêque de Rio de Janeiro” (26).

LA FAUSSE RESTAURATION DES


ANNEES 80

“Au franc-maçon le Candélabre rappelle les sept arts libé­


Saint Pie X affirmait des modernistes: “A
raux dont la connaissance est indispensable pour le travail les entendre, à les lire on serait tenté de croire
du vrai initié”. (L. Troisi, Dizionario massonico, Bastogi) qu'ils tombent en contradiction avec eux­
mêmes, qu'ils sont oscillants et incertains. Loin
avant tout membre de l'Eglise catholique… de là: tout est mesuré, tout est voulu chez eux.
Mais s'il croit sincèrement que son apparte­ …Telle page de leur ouvrage pourrait être si­
nance à la Franc-Maçonnerie n'entre pas en gnée par un catholique; mais tournez la page
conflit avec cette foi, il peut entrer en et vous croyez lire un rationaliste” (27).
contact avec son évêque… pour discuter des La tactique de Satan et de ses suppôts a
implications de cette appartenance”. toujours été celle de mêler le vrai au faux,
l'ivraie au bon grain; c'est ce que fait la Ju­
LA CONFERENCE EPISCOPALE DE déo-Maçonnerie qui, désormais s'est infil­
SAINT-DOMINGUE (29 janvier 1976) trée jusqu'au sommet de l'Eglise, mêle vrai
et faux pour pouvoir tromper même les bons
Dans une notification au clergé diffusée qui, autrement, réagiraient.
le 29 janvier 1976 la Conférence épiscopale Nous avons déjà vu quelle fut la tactique du
dominicaine appliquait la lettre du cardinal maçon: rester dans l'Eglise comme “cinquième
Seper affirmant: “Entre nous (catholiques et colonne” pour la détruire de l'intérieur, si cela
République dominicaine) N'EXISTE PAS était possible, et donc, après avoir fait deux pas
D'INCOMPATIBILITE ENTRE LE FAIT en avant, en faire un en arrière (Lénine docet),
D'ETRE CATHOLIQUE pratiquant… ET pour ne pas susciter une vraie réaction qui
CELUI D'ETRE AFFILIE A UNE ASSO- anéantisse les machinations de la contre-Eglise.
CIATION MAÇONNIQUE ou similaire…”. Nous savons aussi que la “cinquième colonne”,
une fois découverte, suscitera une “troisième
MGR ETCHEGARAY, ARCHEVEQUE force”, qui travaillera assidument, sous appa­
DE MARSEILLE (1975-1977) rence de modération, équilibre, amour de la
paix et de la charité, pour empêcher la destruc­
Sur demande il accordait l’autorisation tion de la “cinquième colonne”.
de funérailles religieuses à un franc-maçon. Eh bien les différents documents des an­
nées 80 qui revoient les positions ouvertes
LA CONFERENCE EPISCOPALE DU au dialogue, propres aux années 60-70, ne
BRESIL (4 janvier-12 mars 1975) sont rien d'autre que le classique pas en ar­
rière après les deux accomplis en avant, et la
Lors de la session du 5 janvier 1975 la Confé­ production d'une “troisième force” pour
rence Episcopale brésilienne, présidée par Mgr sauver le travail de la “cinquième colonne”!
Lorsheider, ensuite cardinal, demanda au Saint- Les documents de la fausse restauration
Siège des instructions concernant l’application sont: la Déclaration de l’Episcopat allemand
de la lettre Seper; la réponse du 12 mars, signée (28 avril 1980), la Déclaration de la Sacrée
par le Nonce Apostolique au Brésil Mgr Rocco, Congrégation pour la doctrine de la Foi (17 fé­
affirmait: “…Il semble pourtant qu'on puisse vrier 1981), la Déclaration de la Sacrée Congré­
porter crédit à ceux qui, inscrits déjà depuis gation pour les causes des Saints (20 septembre
longtemps à la Franc-Maçonnerie, sollicitent 1981), le Nouveau Code de Droit Canon (25
spontanément d'être admis aux sacrements…”. janvier 1983) qui dans le canon 1374 affirme:

143
SODALITIUM : La question juive

“Qui donne son nom à une association qui soneria affirme que la Franc-Maçonnerie est
conspire contre l’Eglise DOIT ETRE PUNI par principe non-exclusiviste et tolérante et
D’UNE JUSTE PEINE”. Il faut relever que souhaite un dialogue avec l'Eglise, chacun
ce texte est très différent du canon 2335 du restant ce qu'il est. L’important est que
Code de 1917, puisque la rigueur de la peine l'Eglise, sans perdre son identité, renonce
est nettement allégée, dans la mesure où EST aux excommunications pour s'ouvrir au dia­
EXCLUE L'EXCOMMUNICATION, qui logue, en acceptant le pluralisme, la toléran­
était au contraire prescrite IPSO FACTO, ce et le non-exclusivisme, et devienne ensuite
pour quiconque avait donné son nom à une ainsi, dans la réalité, une espèce de Maçon­
secte maçonnique. En outre, pour la joie du nerie universelle. Tout ceci est arrivé et nous
Père jésuite Michel Riquet la Franc-Maçonne­ l'avons constamment sous les yeux (30).
rie ne fut même plus mentionnée! (28). Cette position est reprise même dans le
Ainsi se justifie la récente déclaration du camp catholico-conservateur; par exemple
Grand Maître du Grand Orient d’Italie Vir­ Mgr Casale archevêque de Foggia, le 11 dé­
gilio Gaito: “Il faut considérer que l'excom­ cembre 1993, dans un colloque organisé par
munication contre les maçons est désormais le CESNUR, a déclaré que la double appar­
affaiblie, réservée seulement à ceux qui tenance n'est pas licite, mais que le dialogue
conspirent contre l'Eglise Catholique” (29). avec les Maçonneries… n'est pas exclu par
Tout cela prouve que les condamnations l'Eglise catholique [conciliaire, n.d.r.] (31).
des années 80 étaient PUREMENT VER-
BALES et qu'aucune de facto ne s'en est sui­ L'EGLISE CONCILIAIRE ET LE ROTA-
vie, et qu'on ne voulait qu'elle ne s'ensuive. RY CLUB (1905)
En effet les différents “monseigneurs” qui
dans les années 60-70 étaient engagés dans le a) Franc-Maçonnerie et Rotary
dialogue avec la Maçonnerie se retrouvaient Le rapport entre Rotary et Franc-Maçon­
presque tous promus cardinaux dans les an­ nerie est “structurel”, comme dit le Père Espo­
nées 80, et ceux qui déjà étaient cardinaux sito, “non seulement à cause de la fondation du
ont continué tranquillement à l'être sans Rotary le 23 février 1905 par l'avocat Paul Har­
qu'aucune mesure fût prise à leur charge! ris de Chicago et de trois de ses collègues
Il faut enfin enregistrer la Déclaration de francs-maçons comme lui; mais aussi à cause de
la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la la position idéologique et juridique du club, qui
Foi (26 novembre 1983), qui, en affirmant DU MESSAGE INITIATIQUE ASSUME
que “les fidèles qui appartiennent aux asso­ LE MEILLEUR, POUR L'INSERER DANS
ciations maçonniques sont EN ETAT DE LA SOCIETE EN LA LAICISANT, C'EST-
PECHE GRAVE et ne peuvent accéder à la A-DIRE EN EXCLUANT LES ASPECTS
sainte Communion”. Mais ON NE CONFIR- GENANTS ET INITIATIQUES” (32).
ME PAS L'EXCOMMUNICATION! Au Chili et en Espagne beaucoup
Dans une interview accordée dernière­ d'évêques, dans les années vingt, émirent de
ment par le cardinal Ratzinger à l’Avvenire, vives condamnations du Rotary, en dénon­
on lit qu'il faut distinguer entre Maçonnerie et çant la racine maçonnique. Le Saint-Siège fa­
Maçonnerie, qu'il ne faut pas tout mettre dans ce à ces dénonciations dut prendre position.
le même sac, qu'il y a une Maçonnerie anticlé­ Le premier pas fut de prendre les distances
ricale avec laquelle on ne peut dialoguer, mais avec le Rotary pour ensuite le condamner.
que, si la Maçonnerie ne fait pas profession de La charge de préparer la voie à la condamna­
foi antichrétienne, le dialogue est faisable: on tion fut confiée à la Civiltà Cattolica qui pu­
assiste, en pratique, à un retour, même en blia trois articles du Père Pirri s.j., pour qui le
sourdine, aux positions des années 60-70. ROTARY NE DIFFERE ABSOLUMENT
Est-ce le travail de la “troisième force” PAS DE LA FRANC-MAÇONNERIE,
qui essaye de consolider, sous apparence sous la domination de laquelle il entend por­
d'une plus grande fermeté et de restauration, ter le monde entier. Toutefois le jésuite ne
les conquêtes de la “cinquième colonne”? La veut pas affirmer que tous les rotariens sont
doctrine dont il est question plus haut fut dé­ francs-maçons, il admet l’ignorance, la bonne
jà condamnée par le Père Cordovani en 1950. foi, l’ingénuité pour certains d'entre eux.
Mais elle revient à la mode aussi dans le La tolérance religieuse du Rotary,
camp maçonnique, alors que le professeur Di conclut Pirri, est de facto du syncrétisme reli­
Bernardo, dans son livre Filosofia della Mas­ gieux (33).

144
SODALITIUM : La question juive

Sur l’Enciclopedia Cattolica Mgr Buzzetti e) Paul VI


écrit: “La mentalité qu'il [le Rotary] procla­ La troisième audience pontificale eut
me peut facilement devenir indépendance lieu avec Paul VI le 28 septembre 1963. Mais
de l’enseignement de l'Eglise, même dans le la plus importante fut la quatrième, du 20
domaine de la foi et des mœurs et FAVORI- mars 1965, dans laquelle Ranelletti rappela
SER L’INFILTRATION D'ELEMENTS que le 13 novembre 1957 (un an avant la
MAÇONNIQUES et anticléricaux” (34). mort de Pie XII) le cardinal Montini à
l'époque, rencontra des rotariens et entre
b) La première condamnation pontificale (4 autres leur dit: “Je vous remercie messieurs
février 1929) les membres du Rotary pour cette manifes­
Le texte pontifical de condamnation du tation d'hommage que vous m'adressez,
Rotary sortit presque en même temps que le mais je dois avec loyauté déclarer que par le
troisième article du Père Pirri du 2 février passé j'ai émis beaucoup de réserves sur le
1929; il n'est en effet que de deux jours posté­ Rotary, fruit d'ignorance et d'erreurs” (39).
rieur au Dubium de la Sacrée Congrégation A l'audience du 20 mars 1965 Paul VI re­
consistoriale. Le décret pontifical était la ré­ prit cette pensée; une autre rencontre avec
ponse à la question de savoir s'il était licite aux le Rotary eut lieu le 14 novembre 1970.
ecclésiastiques de s'inscrire au Rotary et de
participer aux réunions de cette organisation, f) Jean-Paul II
et était très nette: NON EXPEDIRE, c'est-à­ “AVEC JEAN-PAUL II L’ACCEPTA-
dire “cela ne convient pas”. L'interdiction n'est TION DU ROTARY ATTEINT DES NI-
pas étendue aux laïcs. Le texte fut publié dans VEAUX ENCORE PLUS ELEVES, dans la
les A.A.S. (1929, année 25, 15 janvier 1929, 42). mesure où non seulement est affirmée la
Le cardinal de Milan Schuster intervint COMPATIBILITE, …mais même carrément
aussi, vingt ans après, le 12 octobre 1949, ral­ la COMPLEMENTARITE entre l'œuvre ca­
lumant les feux de la polémique: “Au temps tholique et l'œuvre rotarienne” (40).
de notre jeunesse à Rome… il y avait des as­ Jean-Paul II a reçu les rotariens le 14 juin
sociations qu'on disait affiliées [à la Maçon­ 1979 et le 4 février 1984.
nerie] comme le Rotary… Toutes formes
ésotériques d'une Maçonnerie unique” (35). LE MOUVEMENT PAX ET LE
GROUPE I.DOC (bras armé de la subver­
c) La seconde condamnation (janvier 1951) sion à l'intérieur de l'Eglise conciliaire)
Elle fut beaucoup plus sevère que la pre­
mière, plus solennelle, avec LE RAPPEL “Après le Concile Vatican II - écrit Orio
EXPLICITE DE L’APPROBATION DI- Nardi ( 41) - la gnose influence toute la fer­
RECTE DE PIE XII (36). mentation moderniste ou progressiste à l'in­
térieur de l'Eglise, non sans la complicité de
d) Le virage de Jean XXIII théologiens… qui souvent opèrent sous l’in­
Le deus ex machina du Rotary italien, fluence de centres du pouvoir mondialiste,
Omero Ranelletti, qui fonda le Club de Ro­ comme il apparaît dans l'histoire du Mouve­
me en 1924 raconta que “à l'avènement du ment Pax et du groupe I.DOC”.
Pape Jean il pensa que le problème aurait pu
s'acheminer vers une solution meilleure que LE MOUVEMENT PAX
par le passé” (37); le 22 décembre 1958 il de­
manda pourtant à Jean XXIII une audience, Le 6 juin 1963 le cardinal Wyszynski écri­
qui lui fut accordée le 20 avril 1959. “A l'au­ vit une lettre aux évêques français, qu'il fit
dience il présenta ses collègues avec leurs parvenir au Secrétariat de l’Episcopat fran­
titres rotariens, et le Pape Jean …agréa la vi­ çais par l'intermédiaire du nonce apostolique:
site en affirmant qu'à Venise il avait eu l'oc­ l'objet de la lettre était le Mouvement PAX.
casion d'approcher plusieurs fois les rota­ Le cardinal dévoilait dans son écrit la
riens de la ville, et était donc bien au courant vraie nature du Mouvement: “PAX n'est pas
de notre institution. …Il eut pour tous des une organisation à but culturel, mais unique­
paroles de bonté, nous encourageant enfin ment un moyen de propagande déguisé pour
par sa bénédiction apostolique” (38). dénigrer l’activité de l'Eglise en Pologne, au
Le 20 mars 1963 Roncalli accorda au Ro­ moyen de la diffusion d'informations
tary une seconde audience. fausses… Ce mouvement reçoit les direc-

145
SODALITIUM : La question juive

tives du Parti Communiste, de la Police se­ s'était rendue au Vatican pour défendre Pia­
crète et du Bureau pour les Affaires du Cul­ secki condamné par le Saint-Office, sans tou­
te. En compensation de sa soumission PAX tefois obtenir ce qu'il désirait.
bénéficie de certaines facilités et appuis”.
Au début du Concile le Mouvement PAX LE GROUPE I.DOC (Information-Docu­
intensifia sa propagande dans les Pays de mentation sur l’Eglise Conciliaire)
l’Europe occidentale et spécialement en
France, en diffusant des nouvelles fausses ou Avec le début du Concile naquit à Rome
équivoques et offensantes pour l'Eglise et un Centre d'information pour les évêques et
surtout pour la Curie romaine. les théologiens hollandais, le DOCumentation.
Le fondateur de PAX (vrai et propre or­ Ce centre diffusait des bulletins d'informa­
gane de la police communiste polonaise, tion dans toutes les langues et organisait des
sous la dépendance directe du Ministère de conférences de presse tenues par des Pères
l'Intérieur) était M. PIASECKI, qui avait conciliaires ou des théologiens progressistes
été condamné à mort par les soviets russes et pour pouvoir s'emparer de l’opinion publique;
avait été grâcié au prix d'un engagement for­ les responsables d'agences internationales et
mel de se mettre au service du Parti Com­ les informateurs des grands quotidiens y
muniste pour infiltrer l'Eglise Catholique. étaient en effet régulièrement présents.
Depuis ses origines, donc, PAX est une Au terme du Concile cette Agence de
agence du Parti Communiste Polonais qui presse voulut maintenir les relations qu'elle
envoie directement les ordres à ses membres avait établies pendant le Concile: ainsi le
par l'intermédiaire du Bureau Central. Pia­ DOC est-il devenu I.DOC (Information-Do­
secki dépendait directement du Bureau Sé­ cumentation sur l’Eglise Conciliaire).
curité (U. B.) et du Bureau des Cultes, qui, Louis Salleron écrivait: “Nous sommes en
en Pologne, disposait d'un pouvoir absolu présence d’un véritable pouvoir parallèle
pour ce qui concernait l'Eglise Catholique. [I.DOC] au sein du Catholicisme, car qui
En 1956 avec le dégel Piasecki tombe en tient l’information tient l’opinion publique…
disgrâce (à nouveau), mais, grâce aux services qui est en mesure de tenir le Magistère en
rendus surtout à la France, il peut remonter la échec ou de lui imposer ses propres vues” (42).
chaîne; son pouvoir atteint l’apogée durant les Delamare, à son tour, soutenait que
longues années d'emprisonnement de Wys­ “l’I.DOC donne ses consignes… Quand un
zynski. Ce fut l'époque où PAX absorbait évêque ose s’élever contre un de ses objec­
toutes les publications catholiques encore indé­ tifs, …il est victime d’un véritable assassinat
pendantes du Parti Communiste. La déstalini­ moral dans la presse du monde entier” (43).
sation renversa de nouveau Piasecki, qui put La revue anglaise Approaches (44) affir­
cependant resurgir grâce… au Concile Vatican me: “La section britannique de l’I.DOC est
II! En effet lui fut assignée la charge de former entièrement composée de progressistes, et le
des foyers de désaccord dans les milieux ecclé­ groupe est contrôlé de l’intérieur par un
siastiques qui travaillaient au Concile, de divi­ noyau marxiste, lui-même mené par l’un des
ser les Evêques en deux blocs (progressistes et chefs communistes les plus expérimentés de
conservateurs), pour pouvoir mettre l'Eglise au Grande-Bretagne”.
pas avec le monde moderne (Solve et coagula). Jack Dunman, en effet, qui occupe un
En France, des journaux comme la Croix poste de premier plan dans la section anglai­
et des périodiques comme Les Informations se de l’I.DOC, est “une personnalité en vue
catholiques Internationales étaient arrivés à du Parti Communiste Anglais, dont l’in­
diffamer le cardinal Wyszynski et à défendre fluence ne fait que croître depuis qu’il a été
PAX, aplanissant ainsi la voie au triomphe du élu député. C’est en Angleterre le spécialiste
Communisme en France et dans le monde. communiste du dialogue avec les chrétiens”
Jean Madiran écrivit un courageux et in­ (45). Dunman bénéficiait de l’appui du grou­
téressant article sur La Nation Française (1er pe Slant, lié au Mouvement PAX.
juillet 1964) intitulé L'espionnage soviétique Les paroles de Nardi: “Il est bien que la
dans l'Eglise, en ajoutant que Piasecki était considération de la trahison affleure dans les
une créature du général Ivanov Sierow de la consciences de beaucoup, et ramène surtout
N.K.V.D. (la police politique russe). Madiran les responsables au sens de dignité et de liberté
écrivait aussi que PAX attaquait la Curie ro­ d'esprit qui distingue les vrais chercheurs de la
maine, puisqu'en 1956 une de ses délégations vérité” (46) sont donc profondément vraies.

146
SODALITIUM : La question juive

LETTRE OUVERTE A L'EGLISE DE que “la difficulté d'être chrétien est… méta­
FRANCE: CE QUE LE JUIF ROBERT physique… [pour les chrétiens] il y a un inter­
ARON PENSE DE L’EVOLUTION DE cesseur sublime, reputé Fils de Dieu, le Christ.
L'EGLISE CONCILIAIRE Il est l'Agneau de Dieu qui assume, qui enlève
les péchés du monde, TANDIS QUE pour le
Dans l’intéressant livre Lettre ouverte à juif, CHAQUE HOMME ASSUME LE
l’Eglise de France (47) Robert Aron examine POIDS DE SES PROPRES DEFAIL-
Les orientations pastorales sur l’attitude des LANCES” (49). C'est-à-dire que tout homme
chrétiens à l’égard du Judaïsme, c'est-à-dire le est Messie et Rédempteur, en tant (selon la
document de l’Episcopat français sur le Ju­ Cabale et pour Teilhard) qu'il est l’évolution et
daïsme, et affirme que justement ce docu­ le complément de Dieu Lui-même.
ment, qui devrait être l'enseignement épisco­ Mais “qu'arrive-t-il si la majorité des catho­
pal, est “une réfutation du déicide, une réha­ liques se met à contester la base même de la re­
bilitation des Pharisiens, une affirmation de la ligion qu'ils professent? Nous touchons au plus
permanence de la mission d'Israël, que n'abo­ profond de la crise actuelle de l'Eglise…” (50).
lit pas la Nouvelle Alliance du Christ. [Ce Eh bien oui, le chercheur juif a vu juste.
sont] autant d'indices [qui permettent d'affir­ La majorité des chrétiens… n'est pas chré­
mer] que QUELQUE CHOSE DE PRO- tienne; c'est cela la crise provoquée par la
FOND EST CHANGE NON SEULEMENT “cinquième colonne” judéo-maçonnique à
DANS LES RAPPORTS ENTRE ISRAEL l'intérieur de l'Eglise conciliaire. En effet
ET L'EGLISE, MAIS AUSSI DANS LES dans les sondages effectués par des journaux
RAPPORTS DE L'EGLISE AVEC LE catholiques il résultait que déjà en 1972 seu­
DIEU D'ABRAHAM ET DE MOISE” (48). lement 36% des Catholiques croyaient à la
Le document épiscopal ne mentionne divinité du Christ. (Et aujourd'hui?). Les
même pas une fois le problème de la divinité 64% restants, donc, n'étaient plus chrétiens:
de Jésus-Christ, qui est pourtant essentiel le Christianisme est en effet la religion qui
dans l'établissement des rapports qui doi­ professe la divinité du Christ.
vent exister entre Judaïsme et Christianisme. Selon Aron nous nous trouvons face à
Aron apprécie, naturellement, ce nou­ l'échec de l'Eglise: en effet dans les rapports
veau langage de l’Episcopat français. En ef­ entre Christianisme et Judaïsme il faut choi­
fet l'Eglise préconciliaire, qui dans l'argu­ sir l'une des deux alternatives: ou le Christ
mentation se basait sur des dogmes im­ est Dieu, et par conséquent le Judaïsme anti­
muables et précis, ne pouvait aller “bras des­ chrétien est une fausse religion; ou bien Il
sus, bras dessous” avec la Synagogue anti­ n'est pas Dieu et par conséquent le Christia­
chrétienne. Mais si l'Eglise conciliaire cesse nisme est une hérésie, une secte qui se dé­
d'être dogmatique, met au contraire en tache du Peuple de Dieu.
veilleuse le dogme, pour parler un langage Malheureusement trente ans de catéchèse
familier à l'homme moderne, le langage ma­ conciliaire, qui a dénaturé les rapports entre
çonnique de la philosophie illuministe et Ancienne et Nouvelle Alliance, entre Christia­
idéaliste, alors l'embrassement devient pos­ nisme et Judaïsme, ont amené à la conclusion
sible (comme de facto il s'est vérifié le 13 logique et inévitable que, pour la majeure par­
avril 1986 à la Synagogue de Rome) …et tie des chrétiens, (64% en 1972, il y a vingt­
mortel pour Notre-Seigneur Jésus-Christ et deux ans!) le Christ n'est pas Dieu, donc qu'Il
Son Corps Mystique. “a blasphémé et qu'Il est coupable de mort”.
Et c'est pour cela qu'Aron se réjouit de Voilà pourquoi Aron fait des proposi­
l’évolution (hétérogène) qu'a subie l'Eglise tions à l'Eglise au nom de la Synagogue: “Si
conciliaire, grâce à “Teilhard de Chardin… l'Eglise est entrée en crise, ce n'est pas sim­
qui est devenu post mortem… l'un des inspi­ plement parce qu'on y parlait latin… Non!
rateurs du Concile Vatican II”. C'est qu'une sorte de prolifération semble se
Et c'est ainsi qu'Aron va jusqu'à faire des produire en elle à partir d'un germe dange­
propositions à l'Eglise, à condition qu'elle re­ reux qu'elle doit à son origine… C'est le
tourne à la foi judéo-talmudique, en renon­ problème des origines qui se pose à nouveau
çant, par conséquent, à être chrétienne. Le pour elle” (51). Si déjà en 1972, 64% des ca­
nœud gordien, en effet, ou “la pierre d'achop­ tholiques ne croit plus à la divinité du Christ,
pement” (combien est vrai l'Evangile…) c'est n'est-ce peut-être pas parce qu'il faut re­
justement Jésus-Christ, puisqu'Aron reconnaît monter aux origines mêmes de l'Eglise et à

147
SODALITIUM : La question juive

la bifurcation initiale entre le fleuve (l'Egli­ rédacteur matériel de Nostra Ætate. C'est
se) et sa source (la Synagogue), se demande pourquoi Aron affirme que l'Eglise, qui s'est
Aron. Il faut donc reposer la même question détachée de sa source, la Synagogue, y sera
que celle que Caïphe pose à Jésus: “Je t'ad­ reconduite par la révolution conciliaire, et les
jure au nom du Dieu vivant, es-tu le Messie le signes se voient déjà: la majorité des catho­
Fils de Dieu?”. A laquelle, toutefois, il faut liques… n'est plus chrétienne!
donner une réponse différente de celle que Mais déjà Notre-Seigneur Jésus-Christ
donne Jésus (“Tu le dis, Je le suis”), pour avait affirmé: “Quand le Fils de l’Homme re­
pouvoir finalement reporter le fleuve (l'Egli­ viendra sur la terre, y trouvera-t-Il encore la
se) à la source (la Synagogue). Foi?”. Tout était prédit.
Pour Robert Aron la voie qui réunit le Ce qui doit nous ouvrir les yeux c'est la
fleuve à la source est justement celle entre­ prétention qu'a le Judaïsme antichrétien
prise par le Concile Vatican II, en effet… d'imposer à tous l’acceptation de Vatican II.
En effet Ha Keillah, le bulletin de la Com­
L’OPINION D'ARON SUR VATICAN II munauté israélite de Turin (53) il y a quelques
temps invitait l’Institut Mater Boni Consilii à
“Vatican II… constitue un effort splendide accepter Vatican II, à ne pas vouloir conti­
de l'Eglise pour SE READAPTER AU nuer à parler comme l'Eglise préconciliaire!
MONDE [more judaico-talmudico]… Dans Il ne nous accusait pas - on pense bien - d'an­
cet événement considérable, il y a - au meilleur tisémitisme, non! Mais d'être encore fidèles à
sens du mot - un GERME REVOLUTION- la théologie préconciliaire. Mais si le Concile,
NAIRE, mais si ce germe est conçu, il est en­ comme affirme Robert Aron, est la voie maî­
core loin d'éclore. S'il est permis de comparer tresse qui fait perdre la Foi en la divinité de
le Concile à une autre révolution de nature Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous demander
bien différente, cette révolution religieuse n'en d'accepter le Concile signifie nous demander
est encore qu'à son début; …elle n'en est enco­ de vendre Jésus-Christ pour trente deniers!
re qu'à sa nuit du 4 août 1789” (52). Or tout catholique qui veut rester fidèle
De ore tuo te judico! au Christ et à Son Eglise, devrait réfléchir
Qui apprécie le Concile, qui l'a fait? Nous sur ces faits évidents et incontestables. Vati­
le savons: Jules Isaac, un B’naï B’rith, a été le can II est fils de la Synagogue, et est la voie
qui conduit à la judaïsation des chrétiens.
Emblème des chevaliers Kadosch, 30° de la Maçonnerie, Henry Le Caron commente ainsi: “Un
qui promettent de se venger contre le Pape et le Roi,
symbolisés par la Tiare et par la Couronne
juif vous fait des offres de service au nom de
la Synagogue… Si vous voulez sauver l’Egli­
se… votre ‘nouvelle Eglise’, il vous faudra
plutôt renoncer à la Révélation, à l’Incarna­
tion et à la Rédemption. A ce prix-là, vous
obtiendrez la sympathie de la Synagogue et
vous pourrez compter sur son soutien” (54).

INFLUENCE JUIVE AU CONCILE

Dans le livre de Ratier sur le B’naï B’rith


(55) nous apprenons que Jules Isaac apparte­
nait à cette puissante organisation maçon­
nique composée uniquement de juifs, qui ac­
tuellement compte au niveau mondial envi­
ron un demi-million de membres (56).
Nous connaissons déjà le rôle qu'a eu Jules
Isaac dans la rédaction de Nostra Ætate (57),
mais peut-être que ne sont pas connues les
propositions encore plus favorables au Judaïs­
me qui ont précédé le document conciliaire, ni
les manœuvres du B’naï B’rith autour de lui.
Ralph Wiltgen (58) raconte que le 31 août
1964, deux semaines avant l'ouverture de la

148
SODALITIUM : La question juive

troisième session du Concile, il reçut la visite de Notes


Monsieur Lichten, directeur du département
des affaires interculturelles de l’A. D. L. (Anti- 1) Cf. Sodalitium, n° 37, pp. 28-40.
2) Cf. Sodalitium, n° 37, pp. 28-40.
Defamation League of B’naï B’rith): “Il était 3) Le mot d’ordre du Grand Orient de France était:
fort inquiet de ce que la phrase qui disculpait les “Il faut SENTIR la Maçonnerie PARTOUT, et NE LA
Juifs de la crucifixion du Christ venait d’être DECOUVRIR NULLE PART”.
supprimée du document conciliaire, et soutenait 4) Cf. Sodalitium, n° 37, pp. 28-40.
que cette phrase était pour les Juifs l’élément le 5) GUILLON, Collection générale des brefs et institutions
de notre très saint Père le Pape Pie VI, Paris, tome II, p. 233.
plus important du document... Il dit encore qu’il 6) CRETINEAU-JOLY, L’Eglise romaine en face de la
avait rendu visite à plusieurs cardinaux euro­ Révolution, “Cercle de la Renaissance française”, Paris
péens et être en contact avec les milieux ro­ 1859, tome II, pp. 373-375.
mains; il ajouta que le cardinal Bea préparait un 7) Cf. Verbe, n° 123, juillet-août 1961, p. 44.
8) cité par Mgr M. DELASSUS dans Vérités sociales et
amendement relatif à cette regrettable décision, erreurs démocratiques, éd. Sainte Jeanne d’Arc, Villege­
et qu’il le présenterait dans l’aula conciliaire”. non 1986, pp. 398-399.
9) Cf. La Contre-Réforme catholique, n° 237, no­
CONCLUSION vembre 1987, p. 5.
10) R. DULAC, La collégialité épiscopale au deuxième
Concile du Vatican, éd. du Cèdre, Paris 1979, p. 9.
Qui pourrait encore douter, après les 11) J. PLONCARD D’ASSAC, Le secret des Francs-Ma­
faits exposés et les dénonciations du Magis­ çons, éd. de Chiré, Chiré-en-Montreuil, 1979, p. 26.
tère de l'Eglise, que l'Epouse du Christ ait 12) Cf. U. FIDELE, Le décalogue de Satan, sine loco
été l'objet d'un obscur complot et que mal­ et data, pp. 341-388.
La vénérable Anne-Catherine Emmerich (1774­
heureusement elle ait été infiltrée par l'en­ 1824) et la bienheureuse Anna-Maria Taïgi (1769-1837)
nemi jusque dans ses plus hauts degrés? ont également dénoncé ces infiltrations maçonniques
Face à cette triste réalité trois attitudes dans l’Eglise, qu’elles pouvaient connaître grâce aux
sont possibles: phénomènes mystiques dont elles étaient favorisées. Cf.
a) LA POLITIQUE DE L'AUTRUCHE, Mgr M. DELASSUS, La conjuration antichrétienne, Des­
clées de Brouwer, Lille 1940, tome III, pp. 853-891.
qui consiste à fermer les yeux en face de la 13) LEON DE PONCINS, Infiltrations ennemies dans
réalité et à s'illusionner que tout va bien… l’Eglise, Documents et témoignages, Paris 1970, pp. 85-88.
b) LE DECOURAGEMENT de celui 14) R. ESPOSITO, Le grandi concordanze tra la Chiesa cat­
qui, face à cette APPARENTE victoire en­ tolica e la Massoneria, Nardini éd., Florence 1987, pp. 25-26.
15) J. PLONCARD D’ASSAC, op. cit., p. 169.
nemie d'une importante bataille, pense que 16) A. CORONA, Non c’è Massoneria senza trascen­
la guerre est perdue, ne se souvenant pas denza, dans HIRAM, mai 1988.
que l'Eglise est divine et que Notre-Seigneur 17) Mgr LEFEBVRE, L’Eglise infiltrée par le moder­
nous a promis que “les portes de l’Enfer ne nisme, éd. Fideliter, Eguelshardt 1993, pp. 31-55.
prévaudront pas”. 18) R. ESPOSITO, op. cit., p. 26.
19) Ib. p. 27.
c) L’ATTITUDE REALISTE ET SUR- 20) Ib. p. 27.
NATURELLE, qui tient compte en même 21) 30 Jours, février 1994, p. 25. Le même Gaito a
temps non seulement des faits les plus aussi affirmé qu'il ne pouvait affirmer si Jean XXIII
tristes, qui ne peuvent être ignorés, mais aus­ avait été initié dans une loge maçonnique, mais que ce
dont il était certain c'est que dans son enseignement se
si de la Foi et de l'Espérance chrétienne, qui retrouvait la philosophie de la Franc-Maçonnerie (Ce
nous donnent l’ABSOLUE CERTITUDE sujet sera traité ex professo par Monsieur l'abbé Ricos­
que la très Sainte Vierge, comme toujours, sa dans un prochain article sur le “Pape du Concile”).
écrasera la tête du serpent infernal: “IPSA 22) R. ESPOSITO, op. cit., pp. 29-30.
CONTERET”! 23) Ib. p. 32.
24) Ib. p. 33.
Demandons à la très Sainte Vierge Marie 25) Ib. pp. 34-37.
et en particulier à Notre-Dame du Bon 26) Ib. p. 41.
Conseil de nous donner lumière et force, pour 27) Pascendi, 8 septembre 1907.
voir les pièges de la “cinquième colonne” et 28) Cf. U. FIDELE, op. cit., p. 193.
29) Cf. 30 Jours, février 1994, p. 25.
pour savoir les combattre de toutes nos forces! 30) Cf. Sodalitium, n° 25, pp. 3-8.
Il me semble bon de conclure par cette 31) Cf. Cristianità, Plaisance, janvier-février 1994, p. 23.
belle prière de St Jean Bosco: “Très doux Jé­ 32) Op. cit., p. 335.
sus, notre divin Maître! Qui avez toujours dé­ 33) Cf. Civiltà Cattolica, II, 1928, 481-489/ 1928, III,
joué les INFAMES MACHINATIONS avec 97-109/ 1929, I, 337-346.
34) G. B. BUZZETTI, article Rotary, dans Enciclope­
lesquelles les PHARISIENS fréquemment dia Cattolica, vol. X, col. 1398.
vous tendaient des pièges, dissipez les conseils 35) Rivista diocesana milanese, novembre 1949, pp.
des impies”. 240-241.

149
SODALITIUM : La question juive

36) Le texte se trouve dans les A.A.S., année 33, jan­


vier 1951, 91.
37) R. ESPOSITO, op. cit., p. 345.
38) Ib. p. 345.
39) Ib. p. 347.
40) Ib. p. 348.
41) O. NARDI, Gnosi e rivoluzione, Grafiche Pavo­
niane, Milan 1991, p. 77.
42) Carrefour, 9 octobre 1968.
43) Rivarol, 26 septembre 1968.
44) Approaches, janvier 1968.
45) O. NARDI, op. cit., p. 83.
46) Ib. p. 86.
47) ROBERT ARON, Lettre ouverte à l’Eglise de Fran­
ce, Albin Michel, Paris 1975.
48) Ib. p. 38.
49) Ib. p. 133.
50) Ib. p. 138.
51) Ib. p. 141.
52) Ib. p. 139.
53) Ha Keillah n° 1 année 1994, p. 1.
54) H. LE CARON, Dieu est-il antisémite? Ed. Fideli­
ter, Escurolles 1987, p. 80.
55) E. R ATIER , Mystères et secrets du B’naï B’rith,
Facta, Paris 1993.
56) Le 3 juin 1971 Paul VI reçut en audience pu­
blique la loge du B’naï B’rith (Osservatore Romano, 3
juin 1971); Jean-Paul II fit de même en 1984 (Documen­
tation Catholique, n° 1874, p. 509).
57) Cf. Sodalitium, n° 28 pp. 37-38.
58) R. W ILTGEN , Le Rhin se jette dans le Tibre, éd.
du Cèdre, Paris 1976, p. 169.

150
SODALITIUM : La question juive

LE COMPLOT JUDEO-
MAÇONNIQUE CONTRE
L'EGLISE ROMAINE
par M. l'abbé Curzio Nitoglia

INTRODUCTION

N ous avons déjà vu comment la théorie du


complot du Judaïsme-religion contre
l'Eglise du Christ n'est pas une invention de
l'antisémitisme moderne, mais est déjà divine­
ment révélée dans l'Evangile de Jean (IX, 22) :
"Déjà les Juifs AVAIENT CONSPIRE que si
quelqu'un reconnaissait Jésus pour le Messie, il
serait exclu de la synagogue".
Conspirer, comme on l'a déjà dit (1), est
synonyme de conjurer, comploter ; et dans de
nombreux autres endroits de la Sainte Ecri­
ture nous retrouvons aussi la théorie de la
conjuration du Judaïsme contre le Christia­
nisme. Comme dans les Actes des Apôtres
(XXIII, 12-15) : "...Les Juifs ourdirent un
complot, s'engageant sous peine d'anathème
à ne manger ni boire AVANT D'AVOIR
TUE PAUL. Ils étaient plus de quarante à
avoir fait ce SERMENT ENSEMBLE, [qui
hanc conjurationem fecerant]...".
Dans les quatre Evangiles presque par­
tout on lit au sujet du complot ordonné par
le Judaïsme contre Jésus : "Les pharisiens...
tinrent conseil contre Lui sur le moyen de Le
faire disparaître" (Matth. XII, 14) ; "Alors les
grands prêtres et les Anciens du peuple se ré­
unirent dans le palais de ...Caïphe, et ils déli­
bérèrent sur le moyen de se saisir de Jésus
par ruse et de Le mettre à mort" (XXVI, 3-5) ;
"Les pharisiens... se concertaient... contre Jé­
sus sur le moyen de Le faire disparaître" (Mc
III, 6) ; "Les grands prêtres et les scribes cher­
chaient le moyen de se saisir de Lui par ruse
afin de Le faire mourir" (XIV, 1) ; "Les
grands prêtres et les scribes cherchaient le
moyen de Le supprimer" (Lc XXII, 2) ;
"...Les juifs attaquaient Jésus... ils cher­
chaient toujours plus à Le faire mourir (Jn V,
16-18) ; " Dès ce jour-là, il fut décidé par eux
qu'ils Le feraient mourir" (XI, 53).
Dans les Actes on lit également souvent
sur le complot ordonné pour tuer St Paul :
"Les juifs se concertèrent pour le tuer" (IX,

151
SODALITIUM : La question juive

23) ; "Les juifs travaillèrent les notables de la marxisme, confirmant leur thèse par l'origine
ville et ils déchaînèrent une persécution juive des plus importants représentants com­
contre Paul" (XIII, 50) ; "Les juifs montèrent munistes avant et après la Révolution russe
un mauvais coup contre lui alors qu'il allait (5), ou par leur appartenance à des loges ma­
s'embarquer" (XX, 3) ; "Ils organisèrent un çonniques (6), nous devons cependant recon­
guet-apens pour le tuer en cours de route naître dans la doctrine marxiste le fondement
(XXV, 3). Cette haine contre le Christ se ré­ talmudique, comme l'a bien mis en évidence
pand au cours des siècles spécialement l'historien juif Bernard Lazare : "Marx, des­
contre son Vicaire sur la terre, le Pape. cendant d'une lignée de rabbins... hérita de
Le 10 janvier 1937 le journal juif de New toute la force logique de ses ancêtres, il fut un
York, Freiheit écrivait : "Selon la religion juive talmudiste lucide et clair... il appliqua ses qua­
le Pape est l'ennemi du peuple juif par le seul lités natives d'exégète à la critique de l'écono­
fait qu'il est le chef de l'Eglise Catholique. Le mie politique. Il fut animé de ce vieux maté­
Judaïsme s'oppose au Christianisme en géné­ rialisme hébraïque qui rêva perpétuellement
ral et à l'Eglise Catholique en particulier" (2). d'un paradis réalisé sur la terre. ...Il fut aussi
Aussi l'Episcopat espagnol rappelait-il cet­ un âpre polémiste et il prit son don du sarcas­
te vérité dans une lettre du 1 e r juin 1939 : "Le me et de l'invective... aux sources juives" (7).
présent conflit [la guerre civile, n.d.r.] est l'un
des plus terribles combats de l'antéchrist, c'est­ LE COMPLOT CONTRE L'EGLISE
à-dire du Judaïsme, contre l'Eglise Catholique
... LE JUDAISME UTILISE SURTOUT Maurice Pinay écrivait en 1962 : "[avec le
DEUX ARMES, L'UNE SECRETE, LA Concile Vatican II] A ETE ACCOMPLIE
MAÇONNERIE, L'AUTRE MANIFESTE LA PLUS PERVERSE CONSPIRATION
ET DECLAREE, LE COMMUNISME..." ( 2 ). CONTRE LA SAINTE EGLISE. ...Il sem­
Loyer écrivait enfin : "Il ne peut y avoir blera ...incroyable à ceux qui ignorent cette
de doute sur l'existence de trois groupes qui conspiration que ces forces antichrétiennes
tendent à la conquête ...du monde entier... continuent d'avoir, à l'intérieur des hiérar­
Ce sont : le groupe juif, le groupe occultiste chies de l'Eglise, une vraie "cinquième co­
et le groupe maçonnique. lonne" d'agents contrôlés par la Maçonnerie,
...LE GROUPE MAÇONNIQUE est dans par le communisme et par le pouvoir occulte
certains pays véhicule de haine sectaire, dans qui les gouverne. Ces agents se trouveraient
d'autres est agence pour la diffusion ...de l'indif¬ parmi les Cardinaux, Archevêques et
férentisme religieux et du libéralisme défaitiste. Evêques qui forment une espèce d'aile pro­
...LE G R O U P E OCCULTISTE, sous le gressiste au sein du Concile" (8).
masque d'un discutable mysticisme, contri­ La tactique que la "cinquième colonne"
bue à la corruption morale. aurait dû suivre, aurait été celle de pousser le
...LE GROUPE JUIF est le plus secret de Concile à contredire ce que l'Eglise romaine
tous, il agit derrière les coulisses de la politique a toujours enseigné, pour lui faire perdre ain­
internationale... et se sert des deux autres si l'autorité sur les fidèles et pour "prouver"
groupes pour son ...établissement définitif. que l'Eglise de Rome n'est pas divine ; en ef­
Tous ces groupes sont unis entre eux et tra­ fet une institution qui se contredit ne peut
vaillent en plein accord sur un point : L'EGLISE être divine. Dans ce but " ...parmi les ma­
CATHOLIQUE DU CHRIST DOIT ETRE nœuvres qui se préparent, on distingue... le
DETRUITE... LA HAINE CONTRE L'EGLI- changement d'attitude concernant les juifs
SE LES UNIT TOUS ENSEMBLE" (2). réprouvés" (9). Or c'est le propre de la Syna­
L'Episcopat espagnol, en pleine guerre civi­ gogue talmudique d'avoir le plus grand inté­
le, considérait "le Communisme comme étant rêt à démontrer que l'Eglise romaine n'est
l'arme manifeste du Judaïsme et la Maçonnerie pas divine et que, par conséquent, la vraie
son arme secrète", mettant en évidence les Eglise de Dieu est encore la Synagogue juive,
étroits rapports entre Judaïsme et Maçonnerie non supplantée par l'Eglise du Christ.
qui ont déjà été l'objet d'un précédent article (3).
Tous les historiens, à quelque tendance LA "CINQUIEME COLONNE"
idéologique qu'ils appartiennent, soulignent
d'ailleurs l'origine juive de Marx (4); sans Mgr Antonio De Castro Mayer publia
suivre ceux qui dans ce seul fait voient la raci­ une intéressante Lettre pastorale sur la "cin­
ne de la persécution anticatholique du quième colonne" reproduite dans le n° 10 de

152
SODALITIUM : La question juive

"Sodalitium" (10), dans laquelle il soutenait détail l'intention des modernistes de


que la contre-Eglise ne veut pas placer tous CONSTITUER UNE SOCIETE SECRE-
ses adeptes dans les rangs ouvertement hété­ TE AU SEIN DE L'EGLISE pour s'empa­
rodoxes, mais que, au contraire, elle a tou­ rer des principaux postes de la hiérarchie et
jours cherché le moyen de disposer ses élé­ transformer l'Eglise en une sorte de société
ments en grand nombre à l'intérieur de philanthropique. A bien y regarder on peut
l'Eglise catholique, dans le but de la ruiner retrouver toutes les tactiques de pénétration
de l'intérieur. Ces agents de la "cinquième à l'intérieur de l'Eglise dans les descriptions
colonne", en effet, tendaient à faire à l'inté­ précises des réunions, (13) dans l'énonciation
rieur de l'Eglise le jeu de ses adversaires : ils des grandes espérances de rénovation, d'ou­
avaient ainsi la charge de s'introduire aux verture aux principes libéraux (l4).
postes-clés, surtout sur les Sièges épisco¬ Le rêve de Fogazzaro s'est - malheureu­
paux. De cette manière l'hérésie tentait de sement - réalisé dans le Concile Vatican II,
s'infiltrer le plus profondément possible véritable "cinquième colonne" à l'intérieur
dans les viscères mêmes de l'Eglise, pour de l'Eglise romaine, et avec la fausse restau­
pouvoir un jour enseigner avec l'autorité ap­ ration de Jean-Paul II et Ratzinger, vraie
parente (matérielle, non formelle) de l'Egli­ "troisième force", pour couvrir et faire ac­
se les erreurs condamnées par elle. cepter le Concile à la lumière de la tradition.
La "cinquième colonne", cependant, une Peu de temps avant le début du Concile
fois démasquée essaye de produire une un groupe de prélats et de laïcs "contre-ré­
"TROISIEME FORCE" qui ne se déclare pas volutionnaires" firent imprimer, sous le
ouvertement amie de la "cinquième colonne" pseudonyme de M. Pinay ( 15) un livre vrai­
désormais démasquée, mais qui lui fournit les ment prophétique, qui fit alors beaucoup de
conditions indispensables pour pouvoir sur­ bruit et qui fut aussi cité par Renzo de Felice
vivre et ne pas être expulsée de l'Eglise. dans la préface du livre de Piperno L'antise¬
Les suppôts de la "troisième force" ne mitismo moderno (16).
devront jamais se déclarer ouvertement amis
de la "cinquième colonne" ennemie de L'INQUISITION OU LA LEGITIME DE-
l'Eglise, et ne devront même jamais la com­ FENSE DE L'EGLISE CONTRE LA
battre ; tout au plus, ils devront faire sem­ CONJURATION JUDEO-MAÇONNIQUE
blant de combattre l'erreur, sans attaquer
l'errant. Ils sont, en substance, sous apparen­ La politique inquisitoriale de l'Eglise catho­
ce de modération et de prudence, dévoués à lique fut non seulement théologiquement fon­
la cause des ennemis de l'Eglise, c'est-à-dire dée (17) mais aussi d'un grand bienfait pour les
de la "cinquième colonne". peuples. Si grâce à la Sainte Inquisition on a
Leur principe doctrinal est le maintien de la réussi dans le passé à déjouer le complot pluri¬
paix à tout prix ; la paix, au contraire, est pour séculaire du Judaïsme contre l'Eglise du Christ,
eux la valeur suprême à laquelle on peut sacri­ maintenant, avec son abolition opérée par la
fier toute chose, même la pureté de la Foi. "cinquième colonne", la menace est plus grave.
"La paix - conclut le document - n'est réel­ Même les historiens juifs les plus sérieux
le que quand elle est alimentée par la sève de admettent le rôle positif de nombreux
la vérité. Dans le cas contraire c'est une appa­ aspects du système de l'Inquisition. Cecil
rence recouverte d'un mince vernis sous la­ Roth, par exemple, écrit: "Il faut reconnaître
quelle la division des intelligences alimente et que, de ce point de vue, l'Inquisition était
ravive des convulsions quelquefois volca­ juste. Rarement elle procédait sans une base
niques" (11). Cette infiltration d'une "cinquiè­ sérieuse ; et quand une cause était amorcée,
me colonne" masquée dans les rangs catho­ le but ultime était d'obtenir une confession
liques a connu son plus grand développement complète qui, unie à l'expression du repen­
avec la crise moderniste. St Pie X dans l'ency­ tir, aurait sauvé les victimes des tourments
clique Pascendi expliquait comment le moder­ éternels. Les châtiments imposés étaient
niste, à la différence de tous les autres héré­ considérés plus comme une expiation que
tiques, ne voulait pas sortir de l'Eglise mais y comme une punition" (18).
rester pour la changer de l'intérieur. L'Eglise ne veut pas imposer la Foi par
C'est dans le roman Il Santo (12) de Fo¬ les armes, mais veut défendre la Foi et les
gazzaro (mis à l'index sous l'accusation de fruits spirituels et sociaux qu'elle a apportés
Modernisme) que se retrouvait décrite en au monde, de la menace du complot de la

153
SODALITIUM : La question juive

contre-Eglise ; au contraire, elle fut seule à des personnes innocentes, tel le cas des gen­
sauvegarder la Chrétienté de ce danger, qui darmes, après le cambriolage d'une banque, qui
dut recourir à des moyens extraordinaires. contrôlent toutes les voitures du même type
Une des armes privilégiées du Judaïsme que celle utilisée par les voleurs en fuite. Qui...
ne fut rien d'autre que celle de l'infiltration considérera comme fautif une telle manière de
de faux convertis, appelés "marranes", à l'in­ procéder sinon justement le voleur ?" (21).
térieur de l'Eglise pour pouvoir l'asservir - si
jamais cela était possible - à la Synagogue. LA "CINQUIEME COLONNE" JUIVE
La Chrétienté entière était menacée de mort DANS LE CLERGE
si elle n'avait alors réagi énergiquement à
cette infiltration secrète et funeste. De cette Un des motifs de la victoire momentanée
exigence d'autodéfense naquit la Sainte In­ de la Révolution sur les forces du bien est
quisition : elle se servait d'informations carac­ que celles-ci combattent contre LES TEN-
térisées par une extrême réserve et discré­ T A C U L E S DE LA P I E U V R E et non
tion, ne pouvant pas combattre une organisa¬ contre SON CHEF. Par tentacules je veux
tion secrète par des activités manifestes. dire le Communisme et la Maçonnerie, avec
Déjà en 1184 "Le Pape Lucien III... obligea pour chef le Judaïsme.
les Evêques à visiter une ou deux fois par an... Il est surprenant comment la "cinquième
les paroisses contaminées par l'hérésie, pour colonne" a réussi à s'infiltrer dans l'Eglise
entendre, sous la foi du serment, les témoi­ sous Jean XXIII [on pense aux de Lubac,
gnages de personnes dignes de foi. ...Dénoncia­ Congar, Küng (22 ) condamnés par Pie XII et
tions, accusations... suffisaient à l'inquisiteur appelés par Roncalli comme "experts" au
pour citer à comparaître devant lui les per­ Concile], et à prendre solidement en main
sonnes compromises... Les dépositions des té­ les rênes du Concile pour le diriger à leur
moins étaient communiquées aux accusés, mais
leurs noms étaient tenus cachés par crainte des
représailles. Les calomniateurs et les faux té­
moins étaient durement punis" (19).
Du fait que l'Inquisition protégeait l'in­
formateur en maintenant secret son nom, on
en déduisit que l'Eglise se servit d'informa­
teurs secrets (20).
Le lecteur saura certainement que le "So¬
dalitium Pianum", fondé par Mgr Umberto
Benigni en l'honneur de St Pie V, recueillait les
preuves sur les infiltrés et sur les modernistes,
ce qui revient à dire qu'il enquêtait secrète­
ment sur les évêques et les prêtres suspects de
Modernisme et en informait le Pape en per­
sonne, sans recourir à des interrogatoires, mais
seulement en recueillant des preuves au
moyen d'informations, comparables à celles de
la police, exécutées par des prélats ou des fi­
dèles intégralement catholiques.
Le "pentacle", ou pentagramme ou Étoile à cinq
"On crie beaucoup contre le Saint-Père, branches, ou pieds d'elfes est, avec l'équerre et le
comme s'il s'agissait d'une association malé­ compas croisés (qui sont représentés sur la pointe
fique. La chose ne peut pas ne pas émouvoir : supérieure de l'étoile), le principal symbole de la
...on arrivera jamais à comprendre comment... Maçonnerie, celui avec lequel elle aime le plus
souvent marquer ses conquêtes et symboliser sa
on peut arriver à croire que le limier qui suit in­ domination. C'est la même étoile qui recouvre le
aperçu les manœuvres malhonnêtes du voleur... drapeau des U.S.A., et qui, peinte en rouge, indique la
devait être considéré comme un individu fau­ révolution bolchevique ; c 'est elle qui trône sur le
tif... et non comme un défenseur de l'ordre... et sceau de la république italienne et orne la devise des
soldats italiens.
pour quelle raison encore plus cachée le malfai­
teur démasqué devrait être considéré comme
une pauvre victime. Il est par ailleurs tout à fait
normal que le contrôle implique parfois aussi

154
SODALITIUM : La question juive

gré, lui faisant proclamer le panthéisme, pluralisme, la tolérance pour principe, le non
l'unité transcendante de toutes les religions exclusivisme : en bref l'ensemble des idées
et le droit, par l'erreur, à la liberté (23). émanant de la Maçonnerie. Ce "Pape" n'ap­
Mais de qui est formée cette fameuse "cin­ partiendrait pas au CORPS DE LA MAÇON-
quième colonne" ? Pinay répond : "Elle est aus­ NERIE, mais à son AME. En effet, de même
si formée des descendants des juifs qui se sont que dans l'Eglise du Christ on distingue le
convertis au cours des siècles au Christianisme, corps de l'âme, et l'on sait que l'un peut appar­
mais qui ont pratiqué la Religion du Christ tenir au corps sans appartenir à l'âme et vice
d'une manière seulement apparente" (24) ; versa, il en est de même pour la Maçonnerie :
c'est-à-dire que dans l'intime de leur cœur ces les loges sont le corps, et y appartiennent ceux
faux convertis ont gardé leur foi talmudique et qui y sont inscrits, les idées sont l'âme, le libé­
ont célébré leurs rites "en s'organisant en sy­ ralisme et la tolérance. Tous ceux qui les pro­
nagogues très secrètes, qui ont fonctionné fessent appartiennent à l'âme de la secte.
clandestinement au cours des siècles" (25). Un tel "Pape" fera en sorte que le clergé
A ce propos, les directives que le Conseil marche sous la bannière maçonnique, croyant
suprême de la diaspora, établi à Jérusalem, marcher sous celle du Vicaire du Christ et la
donnait aux juifs d'Arles en 1489 sont inté­ secte verra ainsi réalisé son rêve de faire la
ressantes : "'Très chers frères en Moïse... vous Révolution "en chape et en tiare" (28).
nous dites que le roi de France veut que vous
deveniez chrétiens ; faites-le... mais conservez ORIGINES DE LA "CINQUIEME CO-
toujours la loi mosaïque dans votre coeur LONNE" ET SON ACTION
(par mosaïque on entend talmudique. n.d.r.)
...FAITES EN SORTE Q U E VOS EN- Le Judaïsme, qui après la dispersion, a dû
FANTS D E V I E N N E N T CLERCS ET se transformer en secte secrète (28) est donc
C H A N O I N E S , ET Q U ' I L S PUISSENT presque aussi ancien que le Christianisme.
AINSI RUINER L'EGLISE" ( 24 ). "Le juif, quand il a réussi à s'infiltrer
Il est évident, donc, que l'une des forces dans la citadelle de son ennemi, travaille
principales du Judaïsme a été celle d'intro­ sans relâche, obéissant aux ordres... des or­
duire des "marranes" dans les séminaires, ganisations juives qui visent à obtenir de
afin que, devenus prêtres, ils puissent gravir l'intérieur la domination sur le peuple dont
tous les degrés de la hiérarchie ecclésiastique ils prédisent la conquête" (29).
(26), jusqu'à accéder au Saint-Siège - comme Le Judaïsme tentera donc, par tous les
le prédisait Nubius - et faire faire ainsi la ré­ moyens d'exercer le contrôle sur les organi­
volution aux catholiques stupéfaits, désorien­ sations religieuses ennemies (catholiques)
tés, angoissés, impuissants, comme de fait, pour ensuite les désintégrer ; une fois obte­
hélas, il est arrivé avec Vatican II. nues les charges ecclésiastiques, il les utilise
pour développer ses propres plans de domi­
LE SUPREME ATTENTAT. UN "PAPE" nation universelle, comme il arrive au­
SELON LES BESOINS DE LA JUDEO- jourd'hui, sous nos yeux, avec le nom de
MAÇONNERIE Nouvel Ordre Mondial (N.O.M.).
En plus de s'introduire dans les rangs du cler­
«Déjà en 1824 le chef de la 'Haute Vente' gé dans le but d'escalader la hiérarchie ecclésias­
Nubius écrivait ceci à Volpe : '...NOUS DE- tique jusqu'au sommet de l'Eglise (et là on voit
VONS A R R I V E R PAR DE PETITS combien est fausse la thèse anticléricale, qui fait
MOYENS GRADUES... AU T R I O M P H E remonter seulement au clergé la responsabilité de
DE L'IDEE R E V O L U T I O N N A I R E AU l'actuelle crise dans l'Eglise et non pas aux agents
MOYEN D'UN PAPE'... Ce que la secte dési­ judéo-maçons de la "cinquième colonne" qui ont
rait n'était pas un Pape franc-maçon. ...Que imposé au clergé fidèle la révolution conciliaire),
voulait-elle ? Les Instructions le disent : '...un Pa­ les infiltrés de la "cinquième colonne" cherchent
pe selon nos besoins'» (27). aussi à créer des GOUROUS LAICS. AU
Que signifie exactement l'expression "un MOYEN des mass media la tâche du JUDAIS-
Pape selon nos besoins" ? C'est simple : un "Pa­ ME tend à créer un halo d'approbation et de po­
pe" qui n'est pas inscrit à la Maçonnerie mais pularité pour certains "maîtres à penser".
qui appartienne à la secte par les idées qu'il a C'est un devoir chrétien de prouver la sincé­
recueillies dans son intelligence, c'est-à-dire le rité de ceux qui se proclament apôtres et de les
naturalisme, le rationalisme, le libéralisme, le dénoncer s'ils ne le sont pas. "Jésus-Christ

155
SODALITIUM : La question juive

Notre-Seigneur et les Apôtres avaient considéré combattif et à un laïcat qui lui était fidèlement
que c'est un moindre mal de démasquer à temps soumis. Malheureusement avec le Concile Va­
les traîtres et d'éviter ainsi qu'ils continuent de tican II, les agents judéo-maçonniques ont oc­
trahir en causant des dommages mortels à l'Egli­ cupé les postes de commande et ont mis en ac­
se, plutôt que de cacher les choses par crainte du te cette révolution qui a déjà jeté le trouble
scandale... ceux qui même ayant la possibilité dans le clergé et le laïcat catholique. C'est notre
de parler se taisent par indolence o u . . . par lâ­ devoir de combattre - avec l'aide de Dieu - l'ac­
cheté, sont coupables de trahison et partagent tion dissolvante de la "cinquième colonne" qui
avec les ecclésiastiques de la "cinquième désormais a envahi l'Eglise du Christ, et ce par
colonne" la responsabilité de la catastrophe" (30). un mystérieux dessein du Rédempteur qui,
Saint Paul, d'ailleurs, estime nécessaire comme Il a voulu que durant la Passion son
d'avertir les évêques qu'entre eux il y aurait Humanité souffrît terriblement et que sa Divi­
des loups féroces, qui n'épargneraient pas le nité fût complètement cachée et éclipsée, a per­
troupeau du Christ, et que parmi les évêques mis de même après deux mille ans que son
se lèveraient des hommes qui diraient des Corps mystique souffrît une semblable et ter­
choses perverses pour faire des prosélytes rible Passion, que son élément divin soit éclipsé
(Periculis in falsis fratribus). et qu'apparaisse seulement l'élément humain,
Notre-Seigneur Jésus-Christ dans l'Evangi­ totalement martyrisé, presque méconnaissable.
le nous met en garde contre les "loups rapaces Notre espérance a reposé uniquement
revêtus de peau de brebis", nous instruisant dans la Très Sainte Vierge Marie, qui seule, le
d'être vigilants et toujours en garde contre le Samedi saint, conserva la foi dans la divinité
"danger intérieur", et nous avertissant qu'"il du Christ, qui ranima les Apôtres et les pré­
est nécessaire que des scandales arrivent''. disposa à recevoir la force du Saint-Esprit,
Il est significatif que moins la Sainte In­ qui, remplis de courage, purent prêcher dans
quisition a pu travailler librement, plus ont le monde entier le Christ crucifié, "scandale
triomphé les différentes hérésies inspirées pour les juifs et folie pour les païens". Que la
du Judaïsme ; malheureusement avec le Très Sainte Vierge intercède pour nous et
Concile Vatican II il a été permis aux loups qu'elle nous donne la possibilité de chanter
revêtus de peau de brebis de s'introduire un jour comme firent nos ancêtres à Lépante
dans le haut clergé et d'utiliser l'autorité "Non virtus, non arma, non duces, sed Maria
(matérielle, non formelle) pour écraser les sacratissimi Rosarii, victores nos fecit".
défenseurs de l'Eglise, tant clercs que laïcs.
Nous ne devons pas nous étonner de cette DE QUELLE MANIERE LES CRYPTO-
infiltration que le Christ permet dans l'Eglise. JUIFS (OU FAUX CHRETIENS) ESSAYENT
L'Evangile, au fond, nous en donne un DE PENETRER DANS L'EGLISE
exemple classique, celui de Judas, l'un des
douze Apôtres, qui trahit le Christ pour tren­ Nous avons vu que pour conquérir la Chré­
te deniers. Peut-être Jésus se trompa-t-Il en tienté le Judaïsme estima indispensable DE
choisissant Judas ? NON ! Jésus veut nous S'EMPARER DE MANIERE CACHEE, ET
donner un exemple et un avertissement. Il PEU A PEU, DE L'EGLISE DU CHRIST, et
veut nous faire constater que LE PLUS pour arriver à ce but il s'est servi de diverses
GRAND DANGER QUE COURT tactiques, des persécutions manifestes aux infil­
L'EGLISE EST CELUI D'ETRE VENDUE trations cachées. L'Eglise a répondu avec l'In­
AU JUDAISME POUR TRENTE DE- quisition qui se servait d'INFORMATEURS
NIERS PAR DES HAUTS PRELATS DE PROBES ET SECRETS, ce qui explique la
L'EGLISE : en effet d'autres Judas ont vu le haine implacable des Juifs et des francs-ma­
jour au cours des deux mille ans d'histoire de çons contre l'Inquisition et spécialement
l'Eglise et d'autres encore surgiront. contre l'Inquisition espagnole.
Les fidèles ne doivent donc pas se scan­ «Les Juifs, très nombreux en Espagne, y
daliser si nous parlons du complot contre avaient atteint une position prépondérante
l'Eglise qui a pu se réaliser au Concile Vati­ grâce à leur habileté commerciale. Leur ar­
can II par la trahison des plus hauts prélats, rogance, leur luxe et leurs richesses, outre la
surtout de Jean XXIII et de Paul VI. pratique de l'usure, excitèrent contre eux
L'Eglise, dans le passé, a toujours réussi à l'exaspération publique. ...Bon nombre
vaincre le plus grave danger, celui de la "cin­ [d'entre eux] passèrent au Christianisme.
quième colonne", grâce à un clergé vertueux et Mais trop souvent ces conversions étaient

156
SODALITIUM : La question juive

provoquées par l'intérêt ou par la peur, sans


conduire à un changement de mœurs ;
nombre de ces "convertis" ou "marranes"...
pratiquaient en cachette les rites juifs... de
sorte qu'ils furent considérés par les Espa­
gnols PIRE Q U E CEUX QUI NE
S'ETAIENT PAS CONVERTIS» (31).
Il faut préciser et redire que la légitime dé­
fense de l'Eglise dans ses rapports avec le Ju­
daïsme ne doit jamais être confondue avec l'an­
tisémitisme raciste, qu'elle a toujours condamné.
L'Inquisition n'a jamais persécuté person­
ne de sang juif en tant que tel, mais a veillé sur
les juifs qui s'étaient convertis faussement et
apparemment au Christianisme, tout en res­
tant, au plus profond d'eux-mêmes, liés à la
religion juive. L'Eglise a toujours accueilli
avec une grande joie les juifs devenus SINCE-
R E M E N T chrétiens et leur a donné des
charges très importantes dans la recherche des
faux convertis. Par cette recherche ceux-ci
prouvaient que leur conversion était sincère,
et si elle ne l'était pas, l'Eglise s'empressait de
défendre ses fils de leur influence néfaste.
Les deux premiers inquisiteurs généraux,
Torquemada et Deza, étaient d'origine juive,
tout comme (du côté maternel) le roi Ferdi­ Le juif errant
nand d'Aragon, qui confia justement à des
juifs sincèrement convertis les enquêtes sur ministration, jusqu'à il y a quelques années,
les marranes. L'Inquisition n'avait donc rien étudiait la conduite des ascendants proches et,
de raciste : elle démasqua les faux convertis et en général, des proches parents des candidats
en même temps infusa une grande confiance à des charges publiques délicates, comme la
aux vrais convertis, diminuant ainsi l'aver­ magistrature et la gendarmerie" (32).
sion des "vieux chrétiens" envers les juifs en En effet dans l'Eglise du Christ - comme
général et en donnant la tranquillité qui leur l'enseigne St Paul - "il n'y a plus ni juif, ni grec,
était due à ceux qui étaient devenus sincère­ ni esclave, ni homme libre, mais tous sont un
ment chrétiens, non plus exposés à des réac­ dans le Christ-Jésus" (Gal. III, 28). mais, en
tions populaires manquant de discernement. même temps, elle veille à ce qu'en son sein ne
L'Inquisition corrigea de cette manière ces s'infiltrent pas de faux convertis. Toute interdic­
exagérations du peuple chrétien, qui considé­ tion aux charges a toujours été dictée par l'Egli­
rait à tort que le sang juif signifiait, toujours et se à la base par des motivations spécifiquement
de toute façon, une fausse conversion. Beau­ religieuses, jamais raciales ou génétiques, com­
coup ignorent que deux grands saints espa­ me l'admet également l'historien Paul Johnson :
gnols, Sainte Thérèse d'Avila et Saint Jean de "Dans l'Espagne du XVème siècle un juif ne
la Croix, sont de sang juif ; or, personne ne pouvait être persécuté... parce qu'il était né juif
peut douter de la sincérité de leur foi, puisque ou parce que ses parents étaient nés juifs ; il fal­
canonisés infailliblement par l'Eglise. Cela si­ lait démontrer qu'il pratiquait encore le Judaïs­
gnifie que, pour l'Eglise, le vrai converti est un me d'une manière secrète" (33).
chrétien comme tous les autres, tandis que le
faux converti doit être démasqué du fait du LES DIFFERENTS SAINTS QUI ONT
dommage qu'il cause à la foi. LIBERE L'EGLISE DU DANGER DU
"Que l'Inquisition ne frappât pas la race JUDAÏSME
juive en tant que telle est clair : ...elle passait en
revue non pas les origines et le sang, mais plu­ La Providence de Dieu est toujours ve­
tôt les condamnations des ancêtres jusqu'aux nue en aide à son Eglise, en lui envoyant et
grands-pères. ...De la même manière notre ad- en lui suscitant des hommes capables de sa-

157
SODALITIUM : La question juive

crifier tout pour son salut, des hommes qui, - BOSSUET disait des juifs : "Oh race mau­
inspirés et soutenus par Dieu, savent évaluer dite... Le sang que tu as versé te poursuivra jus­
la gravité du complot qui menace manifeste­ qu'à tes descendants les plus éloignés" (42).
ment et occultement l'Eglise, et qui, poussés - SAINT PIE V : dans la première année
par le Saint-Esprit, sont prompts à se lancer, de son pontificat, alarmé par l'action subver­
de manière désintéressée, dans la lutte sive des juifs, il les obligea à porter un signe
contre la Synagogue juive et ses suppôts. Ces distinctif visible qui les distinguât des chré­
hommes sont les Saints qui intercèdent pour tiens. Et Pinay, observe à ce propos que "...s'il
nous, et à qui nous devons demander la for­ avait vécu de notre temps... les dignitaires qui
ce pour combattre jusqu'à la fin le bon com­ sont au service de la Synagogue... l'auraient
bat contre les ennemis de l'Eglise. condamné comme raciste et antisémite" (43).
Au cours des siècles se sont distingués, entre - SAINT GREGOIRE DE NYSSE : accuse
autres, Saint Irénée, Saint Athanase, Saint Jean les juifs d'être "assassins du Seigneur, des Pro­
Chrysostome, Saint Ambroise, Saint Cyrille phètes, ennemis de Dieu... ennemis de la Foi
d'Alexandrie, Saint Isidore de Séville, Saint Fé­ de leurs Pères... assemblée démoniaque" (44).
lix, Saint Agobard et beaucoup d'autres. - LEON XIII : "l'Enciclopedia Giudaica"
Essayons d'étudier certaines de ces fi­ écrit de lui : "Léon XIII fut l'un des pontifes les
gures plus significatives de cette lutte entre plus illustres, mais il ne pardonna jamais aux juifs
l'Eglise et la Synagogue : le soutien qu'ils ont apporté au libéralisme... et a
- SAINT G R E G O I R E VII : dans une identifié les juifs avec la Maçonnerie" (45).
lettre au roi Alphonse de Castille il affirmait
clairement : "Nous enjoignons à Votre Altes­ UN CARDINAL CRYPTO-JUIF
se qu'elle cesse de tolérer que les juifs gou­ USURPE LA PAPAUTE
vernent les chrétiens. ...puisque le fait de
permettre que les chrétiens soient subordon­ LE BUT DE LA " C I N Q U I E M E CO-
nés ...revient à opprimer l'Eglise de Dieu et LONNE" crypto-juive infiltrée dans le clergé
exalter la Synagogue de Satan" (34). A T O U J O U R S ETE CELUI DE POU-
- SAINT AMBROISE : quand les foules VOIR A R R I V E R A O C C U P E R MATE-
chrétiennes, indignées par les mauvaises ac­ R I E L L E M E N T LE SIEGE DE P I E R R E ,
tions des juifs, mirent le feu à la synagogue en y plaçant un crypto-juif ou faux converti,
de Milan, il proclama : "C'est moi qui ai mis qui asservirait les hommes d'Eglise aux inté­
le feu à la synagogue, ou du moins j'ai or­ rêts et aux plans les plus secrets du Judaïsme.
donné aux chrétiens de le faire... je l'ai fait Ce but fut sur le point d'être atteint en
brûler par le jugement de Dieu" (35). 1130. Le rabbin Louis Israël Necuman écrit
- SAINT THOMAS D'AQUIN : écrivait que "...le facteur principal qui prépara l'ex­
à la Duchesse de Brabant que "de jure il plosion de l'hérésie judaïsante au XIIème
était permis d'obliger les juifs, en tant que siècle fut l'élection au Trône pontifical
déicides, à vivre en perpétuel esclavage" (36). d'Anaclet II, membre de la maison juive des
- LE B I E N H E U R E U X DUNS SCOT : Pierleoni, qui eut lieu en 1130" (46).
"suggéra que les juifs fussent transférés sur "Le cardinal Pierleoni et ses partisans,
une île où ils puissent pratiquer leur religion avaient employé tous les moyens pour accé­
jusqu'à leur conversion" (37). der au trône pontifical à la mort du Pape (Ho¬
- SAINT LOUIS DE FRANCE : disait norius II) ; les cardinaux et les autres ecclésias­
qu'au cas où les juifs outrageraient la Religion tiques les mieux orientés et les plus fidèles à la
catholique, la meilleure chose à faire serait de Sainte Eglise étaient justement inquiets, per­
leur enfoncer une épée dans le corps (38). suadés qu'ils étaient que Pierleoni pratiquait
- SAINT ATHANASE : soutenait que secrètement le Judaïsme et que, par son éléva­
"les juifs ne sont plus le peuple de Dieu, tion au Trône pontifical, l'Eglise serait tombée
mais les chefs de Sodome et Gomorrhe" (39). entre les griffes de son ennemi séculaire" (47).
- SAINT JEAN CHRYSOSTOME les dé­ Le professeur Brezzi, à son tour écrit : "Ap­
finissait : "Assassins, luxurieux, rapaces, vo¬ partenant à l'une des plus célèbres familles de
races, perfides, voleurs" (40), et affirmait que Rome, Pietro Pierleoni, neveu d'un juif converti
"Dieu hait les juifs parce qu'il hait le mal et au temps de Léon IX... devint cardinal sous
que les juifs après avoir crucifié Notre-Sei¬ Pascal II : ...A la mort du Pape (Honorius II), le
gneur Jésus-Christ s'employèrent à commettre schisme depuis longtemps en préparation éclata
les plus grands maux" (41). violemment. Le 14 février 1130, fut enseveli...

158
SODALITIUM : La question juive

Honorius II, un groupe de cardinaux élit... Gré­ viations (...). L'idée d'une institution spéciale
goire de Saint Ange. (...) Intronisé au Latran, pour la difficile conversion des juifs, avec le
où il prit le nom d'Innocent II, le Pape s'enfer­ titre partial d'"Amici di lsraele", donnait lieu à
ma dans la forteresse des Frangipane. Mais Pie¬ certaines appréhensions ou incertitudes, et
tro Pierleoni et ses amis ...procédèrent... à un pour cela aussi à une juste réserve de notre
nouveau choix... Pietro fut élu et prit le nom part ; d'autre part, cependant, l'adhésion expli­
d'Anaclet II. Des troubles s'ensuivirent, les cite et publique... aussi de plusieurs évêques et
riches Pierleoni distribuèrent beaucoup d'or... cardinaux... devait être... suffisante à nous dé­
Les discussions durèrent pendant plusieurs an­ barrasser de toute crainte (!)...
nées ainsi que les Conciles et les luttes dans Ro­ Mais, revenant au point auquel nous rap­
me : Saint Bernard, partisan ouvert d'Innocent, pelle le document - poursuit La Civiltà Cat¬
eut une grande influence... La mort d'Anaclet II tolica - le danger juif, il menace le monde en­
(25 janvier 1138) résolut le litige. En effet une tier par ses infiltrations pernicieuses et ses
tentative de renouveler le schisme avec l'élec­ ingérences néfastes, particulièrement dans
tion de Victor IV échoua : LA QUESTION DE les peuples chrétiens, et plus spécialement
LA LEGITIMITE, DEMEUREE EN PRIN- chez les catholiques et chez les latins, où la
CIPE OBSCURE AUX CONTEMPO- cécité du vieux libéralisme a plus favorisé les
RAINS, fut clarifiée par la reconnaissance uni­ juifs, alors qu'il persécutait les religieux et
verselle de l'Eglise en faveur d'Innocent" (48). surtout les catholiques...
Ce sont eux (les francs-maçons) qui ont
LES AMITIES JUDEO-CHRETIENNES préparé... avec la génération des fils de Juda,
contre les catholiques et le clergé, la persécu­
Aujourd'hui, parmi les moyens les plus effi­ tion religieuse et la lutte antichrétienne qui fut
caces adoptés par le Judaïsme pour empêcher le triste fondement de tout le mouvement libé­
l'autodéfense chrétienne, se détache particuliè­ ral et maçonnique» (52).
rement la création de confréries ou "amitiés ju­
déo-chrétiennes" qui ont connu une grande im­ CONCLUSION
pulsion et un développement particulier pen­
dant et après le Concile, dans les travaux pré­ "Si la Sainte Eglise - écrivait de manière
paratoires de "Nostra Ætate", pour aboutir à prophétique Pinay peu de temps avant le com­
l'embrassade, dans la synagogue de Rome, mencement des travaux du Concile Vatican II ­
entre Jean-Paul II et le grand rabbin Elio Toaff aboutit à la stipulation d'un pacte avec le Ju­
en 1986, à la reconnaissance des juifs comme daïsme, elle se contredira elle-même et perdra
"frères aînés" (de l'Eglise conciliaire) et de son autorité sur les fidèles (...). Il ne peut être
l'Etat d'Israël de la part du Vatican en 1993 ; re­ exclu que des agents juifs s'introduisent dans la
connaissance qui, comme l'admet L'Osservato¬ hiérarchie de l'Eglise, soumettent à l'examen
re Romano (49), "est imprégnée de l'esprit de du Concile Vatican II ...un projet de convention
Vatican II''. Or, pour parler comme Pinay ( 5 0 ), par lequel ils espèrent arriver à se créer un halo
"DOIVENT TOUJOURS ETRE CONSI- de sympathie et de compréhension" (53).
DERES COMME SUSPECTS DE CRYPTO- Or nous savons que, justement parce
JUDAISME CES PRETRES OU PRELATS qu'elle est divine, l'Eglise ne peut se contre­
QUI AVEC INSISTANCE FONT LE JEU dire, alors que ses membres, même les prin­
DE LA SYNAGOGUE... Quiconque en effet cipaux (les évêques), en tant qu'hommes,
aide les pires ennemis du Christ... ne peut être peuvent contredire l'enseignement du Christ
que l'un de ces juifs cachés". (comme le fit Judas), et nous avons assisté
Tous ceux qui, plus ou moins consciem­ effarés à la réalisation du plan tramé par les
ment, se prêtent à ce jeu, sont en substance crypto-juifs pendant Vatican II et le pontifi­
les "marionnettes" du Judaïsme. Le Saint-Of­ cat de Jean-Paul II. Mais c'est avec Jean
fice s'en rendit si bien compte qu'il promul­ XXIII et avec Paul VI qu'a commencé,
gua le 25 mai 1928 un document de condam­ d'une manière parfois sournoise et occulte,
nation de l'Association "Amici di Israele" (51). la Révolution à l'intérieur de l'Eglise.
«Commencée sous les meilleurs auspices et «On se demande comment Paul VI a réussi
avec de sincères intentions d'apostolat... la so­ là où tous les ennemis de l'Eglise ont échoué.
ciété "Amici di Israele" passa malheureuse­ L'explication est facile : ils ont attaqué l'Eglise
ment, presque insensiblement... de l'intention DU DEHORS, alors qu'avec Montini ELLE
primitive, à de nombreuses exagérations et dé­ A ETE, PEU A PEU, GRIGNOTEE, DU

159
SODALITIUM : La question juive

DEDANS... Mais comment, devant un tel ré¬ ...Saint Pie X avait prédit cette situation
sultat ("l'autodémolition de l'Eglise" comme quand il écrivait dans Pascendi : "Les arti­
Paul VI lui-même l'a définie), les yeux ne se sans d'erreurs il n'y a pas à les chercher au­
sont-ils pas dessillés ? Là aussi l'explication est jourd'hui parmi les ennemis déclarés. Ils se
facile : c'est le génial DOUBLE JEU de Paul cachent... dans le sein même et au cœur de
VI qui a aveuglé tout le monde (et plus encore l'Eglise : Nous parlons d'un grand nombre
celui de Jean-Paul II, n.d.r.). Aller, par exemple, ...de prêtres qui, sous couleur d'amour de
à l'O.N.U. pour confesser sa foi dans la Charte l'Eglise, ...imprégnés jusqu'aux moelles d'un
des Droits de l'homme... et ensuite confesser sa venin d'erreur puisé chez les adversaires de
foi en Dieu selon le Credo catholique. la Foi catholique, se posent... comme réno­
Certains prétendent que Paul VI ne gou­ vateurs de l'Eglise» (54).
verne pas l'Eglise (mais qu'elle est gouvernée On peut également connaître certains as­
par une mafia de mauvais conseillers qui l'en­ pects de la personnalité de Karol Wojtyla à tra­
tourent). C'est faux ! Il la gouverne d'une main vers le livre de G. F. Svidercoschi Lettera ad un
ferme lorsqu'il s'agit de rompre avec la Tradi­ amico ebreo, (55) dans lequel, entre autres on lit
tion, tout en la défendant en paroles. (...) Au­ que "Lolek (Karol Wojtyla) était l'acteur prin­
cun Pape n'a eu l'audace de supprimer le Saint- cipal... et sa première 'maîtresse' était Ginka
Office ...Aucun Pape n'a imposé, avec une telle Beer, une fille juive aux splendides yeux noirs
autorité, une réforme du Conclave en excluant et... une très bonne actrice" (56), et encore que
tous les cardinaux de plus de quatre-vingts ans ! quand en 1965, évêque à Rome pour suivre les
Aucun Pape n'a eu l'audace extraordinaire travaux du Concile, il rencontra son vieil ami
d'imposer une "messe" révolutionnaire... juif Jurek, il l'embrassa, le regarda fixement
Mais pour le moment, demandons-nous dans les yeux et le surprit par ces mots "UN
pourquoi le même Pape des "motu proprio" JOUR JUIFS ET CHRETIENS POUR-
énergiques quand il s'agit de détruire la Tra­ RONT SE RETROUVER AINSI" (57).
dition, perd son autorité quand il s'agit de Et c'est ce qui arriva en 1986, quand
s'opposer aux hérésies ? Jamais une mesure «l'ami catholique est LE PREMIER PAPE
pour défendre l'Eglise contre ceux qui l'atta­ QUI APRES DEUX MILLE ANS ENTRA
quent... Le plan progressiste ou moderniste a DANS UNE SYNAGOGUE, la synagogue
été soigneusement préparé longtemps avant... de Rome. Là, face à l'ami juif présent dans
Bref, nous nous trouvons en présence le temple, il répéta la condamnation du
d'un plan littéralement démoniaque de sub­ Concile contre toute forme d'antisémitisme
version mondiale au sens profond du terme... et déclara les juifs 'frères aînés dans la foi
Ce plan, Paul VI est en train de l'appliquer à d'Abraham'» (58), lui qui étant jeune prêtre
la lettre, dans ses moindres détails, en se confor­ n'avait pas voulu baptiser un enfant juif.
mant strictement au plan des modernistes expo­ Mais il faut se demander si à un tel change­
sé par St Pie X dans l'encyclique "Pascendi" et il ment d'attitude du côté catholique dans les rap­
l'applique à vitesse accélérée pour nous mettre ports avec les juifs, correspond en sens contrai­
irréversiblement devant le fait accompli, avant re un changement analogue des positions du
que la résistance ait pu s'organiser... côté juif. La réponse est tout à fait négative : on
Le Concile Vatican II marque le point de
rupture entre Tradition et modernisme... Le martyre de St Simon de Trente
Lors de Vatican II, on est passé d'une reli­
gion chrétienne traditionnelle à une pseudo­
religion humanitaire... toute pénétrée de
conceptions maçonniques. En résumé :
1. Il y a un antagonisme foncier entre
Paul VI et les Papes qui l'ont précédé (Jean
XXIII excepté, n.d.r.).
2. Vatican II a signifié la rupture avec la
Tradition de l'Eglise.
3. Ce Concile a joué dans le domaine re­
ligieux le rôle que 1789 a joué dans le do­
maine politique.
4. A la suite de Vatican II une nouvelle re­
ligion est en train de se substituer à l'ancienne.

160
SODALITIUM : La question juive

ne note aucun changement d'attitudes dans les l'Eglise s'est contredite elle n'est donc pas divi­
rapports avec Notre-Seigneur Jésus-Christ et le ne), ou bien que l'enseignement du Concile Va­
Christianisme. A cet égard, un article paru ré­ tican II est conforme à la doctrine traditionnel­
cemment dans la revue de la Communauté Is­ le de l'Eglise, ce qui est contraire à l'évidence.
raélite de Rome Shalom, qui est pourtant consi­ Pie XII dans Mystici Corporis (1943)
dérée parmi les 'libérales' est très significatif : écrit : "Le Christ, bien que non visible prési­
"Que l'origine de l'antisémitisme réside dans de et conduit les Conciles de son Eglise". La
l'enseignement de l'Eglise apparaît hors de théorie du Concile seulement pastoral et
doute... Jean XXIII et Jean-Paul II ont dû non divinement assisté est une bien faible
vaincre de nombreuses résistances avant de trouvaille pour éluder le problème bien plus
réussir à IMPOSER UNE REVISION DES grave de la vacance formelle de l'autorité ; si
POSITIONS TRADITIONNELLES CHRE- Roncalli et Montini, qui l'ont présidé, sont
TIENNES SUR LE JUDAISME... Papes, si Jean-Paul II, qui l'a appliqué est
Jésus, sur qui les informations historiques Pape, alors c'est le Christ qui "a présidé et
sont extrêmement pauvres (!) et les plus dignes conduit le Concile" et son enseignement ne
de foi tirées du Talmud (!!), naquit, vécut et peut être erroné. Mais si on constate que
prêcha en juif... rien de ce qu'il dit ou fit ne se l'enseignement conciliaire est erroné, alors
détacha jamais de l'orthodoxie juive... ses Pontifes ne le sont pas formellement, ne
LES EVANGILES... SONT ...du point sont pas vicaires de Jésus mais de Caïphe.
de vue historique PEU DIGNES DE FOI... A la lumière de tout cela il résulte qu'il
Aujourd'hui il semble assez acquis que le est pratiquement impossible de comprendre
Christianisme ait été pour ainsi dire préparé, complètement les problèmes de l'"Eglise
quelques décennies après la mort de Jésus, conciliaire" sans comprendre à fond le com­
par quatre évangélistes, et fondé, encore plus plot contre l'Eglise romaine. Malheureuse­
tard par Paul, le propagateur d'un Christia­ ment l'ennemi, par une mystérieuse permis­
nisme qui n'avait rien affaire avec Jésus... sion de Dieu, a réussi à opérer la révolution ;
Jésus ne fut ni roi, ni prétendant messie, tout cela a provoqué une grande confusion
mais un juif rebelle à la domination romaine. chez les catholiques fidèles, qui ont essayé de
Mais pourquoi... les évangélistes... et en­ s'opposer à l'"autodémolition de l'Eglise",
suite Paul enveloppèrent-ils le Christianisme au prix d'une grande division parmi eux.
dans un emballage antisémite ? La raison... Si, par certains côtés, il est naturel que,
est politique... Pour se soustraire aux consé­ sans autorité, les fidèles se divisent ("je frap­
quences de l'animosité romaine, d'abord les perai le pasteur et le troupeau sera dispersé",
évangélistes, puis, de manière plus organi­ disent les Ecritures), il serait au contraire
sée, Paul... voulurent prendre leurs distances souhaitable que, contre un ennemi redou­
avec les juifs. Pour plaire aux romains ils di­ table et traître, qui cherche par tous les
rent donc que Jésus avait été crucifié... sur moyens à diviser les fidèles pour mieux les
instigation juive... C'est à l'occasion de la assujettir, on puisse trouver cette indispen­
Pâque juive, que, selon la mythologie chré­ sable unité dans la Vérité qui seule peut ga­
tienne (!) eut lieu le déicide" (59). rantir la victoire finale.
Voilà que la Religion Catholique Apos­ La chose est difficile, surtout parce que
tolique et Romaine est ravalée au rang de manque cette autorité unique et vraie qu'est
mythologie, sans qu'aucune "autorité" ecclé­ le Pape : cela n'empêche pas que c'est un de­
siastique n'ait rien à dire, avec la permission voir de s'unir pour combattre l'"ennemi" du
de nombreux œcuménistes modernes "amis Christ et de son Eglise.
d'Israël" et sans qu'aucune autorité gouver­ Pour nous, il ne nous reste qu'à prier dans
nementale, justement d'après le décret Man¬ l'espérance de pouvoir un jour chanter à nou­
cino, ne démontre quelque zèle à relever les veau tous ensemble : "ROME IMMORTEL-
éléments de discrimination religieuse qui est LE DES MARTYRS ET DES SAINTS".
ainsi prête à frapper du côté catholique.
Tout ce long discours ramène au problème Notes
de l'autorité, c'est-à-dire au fait que les papes
1) Cf. DEVOTO-OLI, ZINGARELLI, CORTELLAZZO-
du Concile aient seulement matériellement
ZOLLI, BATTAGLIA, etc.
l'autorité, mais non formellement, autrement 2) P. LOYER, dans Revue Internationale des sociétés
nous serions contraints d'admettre - Absit ! ­ secrètes. Paris 13 avril 1930, p. 352. (tr. it.).
que les portes de l'enfer auraient prévalu, (si 3) Cf. "Sodalitium". no 34, pp. 21-46.

161
SODALITIUM : La question juive

4) Cf. par ex. C. L. O T T I N O , rubrique Marx, dans nini, où il rencontrait don Romolo Murri, Minocchi,
Grande Dizionario Enciclopedico, UTET, vol. XII, pp. Fracassini, Valdambrini, Ghignini. Buonaiuti, Clementi,
139-142, Torino 1970. Genocchi. don Brizio, padre Semeria, etc.. c'est-à-dire
Sur le renversement des valeurs chrétiennes opé­ ce qu'il y avait de mieux en matière de modernisme en
rées par le communisme : J E A N D A U J A T , Conoscere il Italie. Nardi affirme que justement dans ces réunions
comunismo, éd. Il Falco, Milano 1979, et : Fogazzaro trouvait une réserve de personnages pour le
- P. C A L L I A R I , Trattato di demologia, C.E.C.C., Vi¬ roman : si dans Il Santo on substitue la place Rondanini
godarzere 1992, p. 249. par la Via della Vite, on y retrouve la maison Molajoni.
J. BORDIOT, Le pouvoir occulte fourrier du c o m m u ¬ Il est superflu de rappeler ses rapports avec Loisy,
nisme, éd. Chiré, Chiré-en-Montreuil 1976. Tyrrell, Mgr Bonomelli et avec les modernistes les plus
- ELIE MALÉNY, Histoire du socialisme européen. notoires de l'époque.
- "Miroir de l'histoire", no 16. Mai 1951. Croce écrivait de ce roman : "Fogazzaro laissa voir,
- J. O U S S E T , Le marxisme léninisme, La Cité catho­ en premier lieu, dans ses velléités de conseiller des ré­
lique, Québec 1960. formes à l'Eglise, des assouplissements et des moderni­
- L É O N DE PONCINS, Histoire du communisme, Chi­ sations à introduire dans les croyances, des hybrides in­
ré-en-Montrcuil 1973. ventions doctrinales et pratiques ; ... F., sans s'en rendre
- D. Mc LELLAN, Guida a Marx, BUR, Milano 1978. compte - et cela prouve la faiblesse confuse de sa lo­
- SALLUSTE, Les origines secrètes du bolchevisme : H. gique - énonce des propositions qui, admises, détrui­
Heine et C. Marx, éd. J. Tallandier, Paris. raient les prétentions, non seulement du catholicisme,
- J. M E I N V I E L L E , Le judaïsme dans le mystère de mais de toute religion révélée ; car il pense qu' 'un hom­
l'histoire, éd. Sainte Jeanne d'Arc, Les Guillots 1983. me peut nier Dieu ? Sans être vraiment athée, et sans
- A. BESANÇON, Le origini intellettuali del leninismo, mériter la mort éternelle, quand il nie ce Dieu qui lui est
Filosofia religione scienza gnosi o ideologia ?, Sansoni, proposé sous une forme qui répugne à son intelligence,
Firenze 1978. mais ensuite aime la Vérité, aime le Bien, aime les
hommes, pratique ces amours'. Qu'en effet, aucun hom­
5) Pour constater la présence juive dans le mouve­
me, aucun philosophe, nie Dieu, mais nie seulement tel­
ment marxiste voir aussi : F. PIERINI, Gramsci e la storio¬
le ou telle forme inadéquate, mythologique et contradic­
logia della Rivoluzione, éd. Paoline, Roma I978.
toire dans laquelle l'idée de Dieu est présentée" (de La
6) La revue du Grand Orient d'Italie affirme que letteratura della nuova Italia, VI, Laterza, Bari 1950).
Marx fut initié à la Maçonnerie dans la loge "Apollo"
de Cologne (cf. Hiram, n° 5, 1990, p. 114). 15) Op. cit.
7) B. L A Z A R E , L'antisémitisme. "Documents et Té­ 16) R. PIPERNO, L'antisemitismo moderno, avec une
moignages", Vienne 1969, pp. 162-170. introduction de Renzo de Felice, éd. Cappelli, Rocca
8) M. PINAY, Complotto contro la Chiesa. Roma San Casciano, 1964, p. 75.
1962, p. 1. 17) Cf. "Sodalitium", n° 5, éd. ital. pp. 14-23.
9) Ib. p. 3. - K. B I H L M E Y E R - H . T U C H L E , Storia della Chiesa. II,
10) "Sodalitium", éd. ital. n° 10. pp. 22-29. Il Medioevo, Morcelliana, Brescia 1982.
11) M O N S . A. D E C A S T R O M A Y E R , La terza forza, - M A R I A N O DI ALATRI, Eretici ed Inquisitori in Italia,
dans "Sodalitium", éd. ital. n° 10. p. 29. I, Il Duecento. Istituto storico dei Cappuccini, Roma.
12) A ce sujet voir aussi J. O U S S E T , Pour qu'il 18) C. ROTH, Storia del Popolo ebraico, éd. Silva,
règne, Paris 1970, pp. 197-257. Milano 1962, p. 447.
13) A. F O G A Z Z A R O , Il Santo éd. Oscar Mondadori, 19) G. Mollat, Inquisizione, dans "Enciclopedia
Milano 1989. Cattolica". Città del Vaticano, 1951, vol. VII, coll. 43-45.
Pietro Maironi, se retira du monde après une vision et 20) "Vim vi repellere licet" ? C'est-à-dire est-il permis
devint moine bénédictin convers, malgré les efforts, il ne de repousser la force par la force ? A la sournoise objec­
réussit pas à oublier Jeanne. Il se fit ermite à Subiaco et prit tion que le chrétien ne peut pas se défendre mais doit tou­
pour nom Benoît, Pietro, le "saint laïc", arriva jusqu'au Pape jours tendre l'autre joue, selon la parole évangélique, la
pour lui exposer un programme de renouveau de l'Eglise, vraie morale catholique enseigne que face à un agresseur
inspiré par les doctrines du modernisme, mais il se heurta à injuste on peut et on doit résister, et que la phrase de Jé­
l'esprit conservateur de la Curie romaine qui le considéra sus est une hyperbole, dans le sens qu'elle enseigne à par­
comme un agitateur dangereux. Il mourut assisté par Jeanne. donner les offenses reçues, mais n'interdit pas la légitime
- Sur Fogazzaro cf. : S. J A C O M U Z Z I , A. Fogazzaro, défense, qui fait partie du droit naturel. Jésus Lui-même
dans Grande Dizionario Enciclopedico, UTET, vol. réagit contre les vendeurs du temple et contre le serviteur
VIII, pp. 117-121, Torino 1968. d'Anne, à nous enseigner que, si nous devons pardonner
G. CATTANEO, A. Fogazzaro in "Storia della letteratura les offenses personnelles, nous ne pouvons pas ne pas ré­
italiana", vol. VIII, pp. 414-427, Garzanti, Milano 1968. agir face à l'offense faite à Dieu. C'est pourquoi nous de­
- GALLARATI SCOTTI, Vita di A. Fogazzaro. vons lutter contre les machinations des ennemis de l'Egli­
- Sur Il Santo cf. Les articles introductifs au roman. se, sans nous laisser lier par un faux concept de charité.
op. cit. - Cf. S A I N T T H O M A S D ' A Q U I N , Somme théologique,
Sur l'action occulte du modernisme voir : II II, q. II, a. 3.
- P. AMBROSINI S.J., Occultismo e modernismo, Ti¬ 21) C. A. A G N O L I - T A U F E R , La Santa Inquisizione,
pografia arcivescovile, Bologna 1907. éd. Civiltà, Brescia 1989, p. 75.
- A. RONCUZZI, L'impossibile secolarismo. chap. III. 22) Cf. "Sodalitium ", n° 25, pp. 3-20 ; n° 28, pp. 14-20.
Ed. Marzorati, Milano 1970. 23) Cf. "Sodalitium", n° 20, pp. 11-17 ; n°22, pp. 21­
- F. PETROCCHI, Il "Leonardo" e il modernismo, in 25 ; n° 23 pp. 20-26.
"Critica letteraria", n° 54, pp. 9-61, n° 53 pp. 705-745, 24) M. PINAY, op. cit., p. 264.
Napoli 1986-87, éd. Loffredo. 25) Ib. p. 264.
14) A Rome Fogazzaro fréquentait souvent les ré­ - Cf. CECIL R O T H , Storia dei marrani, Serra e Riva
unions qui se tenaient chez Pio Molajoni, place Ronda­ éd., Milano 1991.

162
SODALITIUM : La question juive

26) Un exemple terrifiant d'infiltrations juives dans 45) Enciclopedia Judaica Castellana, rubrique "Pa­
le haut clergé est celui de Mgr Clemente Riva, évêque pas", tome VIII, p. 351.
auxiliaire de Rome, qui déclare à la revue de la Com­ 46) L. I. NECUMAN, Jewish inflence on Christian mo­
munauté Israélite de Rome : "Je voudrais rappeler les ments Reform, II lib, IV-1, p. 248.
paroles d'un grand rabbin, qui disait que 'La foi du 47) M. PINAY, op. cit., p. 541.
Christ' (c'est-à-dire le judaïsme, qui aurait été la foi de 48) P. B R E Z Z I , Anacleto II, dans "Enciclopedia Cat­
Jésus, n.d.r.) nous unit, la foi dans le Christ nous divise". tolica", vol. I, coll. 1126-1128, Città del Vaticano 1948.
Cf. Shalom, janvier 1994, p. 3. Un cas analogue s'est vérifié avec le card. Morone
27) H. D E L A S S U S , il problema dell'ora presente. († 1580) ; cf. M. l'abbé F. R I C O S S A , L'hérésie aux som­
Desclée, Roma 1907, vol. I, p. 291. (tr. it.). mets de l'Eglise dans ''Sodalitium", n° 36. p. 44-58.
28) H. D E L A S S U S , La conjuration antichrétienne, Si l'on veut approfondir le cas Pierleoni on peut
Desclée, Lille 1940, pp. 490-501. consulter l'étude particulièrement fouillée et dotée
29) Cf. Sodalitium", n° 34, pp. 21-46. d'une riche bibliographie de P. F. PALUMBO, Lo Scisma
30) M. PINAY, op. cit.. p. 279. del MCXXX, Roma 1942.
31) G. MOLLAT, Inquisizione spagnola, dans "Enciclo¬ 49) 1er janvier 1994, p. 1.
pedia Cattolica", Città del Vaticano 1951, vol. VII, col 48. 50) M. PINAY, op. cit.. p. 599.
Cf. également : M. K A M E N , L'Inquisizione spagnola, 51) Cf. La Civiltà Cattolica, 1928, vol. II, p. 171.
Feltrinelli, Milano 1966. 52) La Civiltà Cattolica, 1928, vol. II, col. 1870, 12
- A. S. T U R B E R V I L L E , L'inquisizione spagnola, Fel­ mai, pp. 339-340.
trinelli, Milano 1957. 53) M. PINAY, op. cit., p. 603.
- B. BENNASSAR, Storia dell'Inquisizione spagnola, 54) LÉON DE PONCINS, Christianisme et Franc-Ma­
Rizzoli, Milano 1980. çonnerie, D.P.F., Chiré-en-Montreuil, 1975, pp. 283-292.
32) C. A. A G N O L I - P . T A U F E R , La Santa Inquisi­ - Sur le pontificat de Jean XXIII cf. les articles de M.
zione, éd. Civiltà, Brescia 1989, p. 94. l'abbé F. RICOSSA, Le Pape du Concile, dans "Sodalitium",
33) P. JOHNSON, Storia degli Ebrei, Longanesi, Mila­ à partir du n° 22.
no 1991, p. 250. - La pensée de Jean-Paul II a été analysée dans Vie
34) Regesta IX. et pensée de Karol Wojtyla, par M. l'abbé F. R I C O S S A ,
35) Lettre à l'empereur Théodose. dans "Sodalitium", n° 19, pp. 15-29.
36) S T T H O M A S D ' A Q U I N , De regimine Judeorum. - Les livres suivants présentent également un inté­
37) J A C O B SALMON RAISIN, Gentile Reactions Jewish rêt notable :
ideals. Philosophical library, New-York 1953, chap. XXI, p. 525. D. LEROUX, Pietro, mi ami tu ?, éd. Gotica, Ferrara 1989.
38) J. S. R A I S I N , op. cit., chap. XVII, pp. 482-483. J. D O R M A N N , L'étrange théologie de Jean-Paul II,
39) S T A T H A N A S E , Traité De Incarnazione, 40, 7. éd. Fideliter, Eguelshardt 1992.
40) S T J E A N CHRYSOSTOME, Contra Judeos, passim. 55) G. F. Svidercoschi. Lettera ad un amico ebreo,
41) M. PINAY, op. cit.. p. 586 éd. Mondadori, Milano 1993.
42) BOSSUET, Sermone del Venerdi santo, dans 56) Op. cit., p. 26.
Œuvres II. 628, (tr. it.). 57) Ib. p. 97.
43) M. PINAY, op. cit., p. 590. 58) Ib. p. 101.
44) S A I N T G R É G O I R E DE N Y S S E , Oratio in Christi 59) L. F. Quei sudditi troppo leali di Roma, dans
Resurrectionem. "Shalom", n° 9, oct. 1993, pp. 18-19.

163
SODALITIUM : La question juive

JEAN XXIII ET LES JUIFS.


JULES ISAAC.

Par M. l’abbé Francesco Ricossa

“L ’héritage que je désirerais recueillir


maintenant, c’est celui de Jean XXIII”.
Telles sont les paroles que Jean-Paul II adres­
sait au rabbin Elio Toaff lors de sa visite mé­
morable à la Synagogue de Rome (1). Et c’est
l’histoire de cet héritage unissant Roncalli à
Wojtyla et les unissant tous deux à la Syna­
gogue, que je vais raconter dans cet article.

Christianisme et Judaïsme

“Sur le plan (...) politique et diploma­


tique, on enregistra aucun progrès dans les
rapports entre Israël et le Saint-Siège
jusqu’à la mort de Pie XII” (2). Ce qu’af­
firme Silvio Ferrari, enseignant de droit ec­
clésiastique à l’Université de Turin, des rela­
tions entre l’état du Vatican et celui d’Israël
vieux seulement de dix ans mais héritier du
plus antique mouvement sioniste, on peut
aussi le dire des religions qui animent les
deux entités chrétienne et judaïque, l’Eglise
et la Synagogue. Dans la préface d’un livre
bien connu de Jules Isaac sur lequel nous re­
viendrons, Saul Israël expose ainsi le point
de vue des juifs: “Isaac a depuis le début af­
fronté le problème des origines des persécu­
tions antijuives en mettant directement en
cause l’antisémitisme chrétien qu’il a tou­
jours considéré comme le lit dans lequel ont
convergé durant presque deux mille ans
toutes les formes de ressentiment et d’anti­
pathie contre les Juifs. (...) Que l’antisémitis-

164
SODALITIUM : La question juive

me que nous connaissons depuis environ Memmi ajoute: “Votre religion est pour les
vingt siècles soit religieux et en particulier juifs un blasphème et une subversion. Pour
chrétien est un fait d’une évidence indiscu­ nous votre Dieu est le diable, autrement dit la
table et si l’on voulait appuyer cette affirma­ concentration du mal sur la terre”. Et Rabi en
tion d’une documentation historique précise, précise la raison: “elle est trahison et idolâtrie
on aurait que l’embarras du choix” (3). Vingt parce qu’elle implique le grand blasphème, la
siècles (ou deux mille ans) d’hostilité chré­ croyance en la divinité d’un homme” (7). Deux
tienne contre le judaïsme nous reportent, si religions en guerre l’une contre l’autre: telle
je compte bien, à l’origine même du christia­ était précisemment la conviction générale à la
nisme; cela revient à dire que Christianisme mort de Pie XII.
et Judaïsme ont toujours été ennemis et le
sont encore. Pour s’en convaincre, il suffit de Une ère nouvelle
se reporter aux sources.
Dans les années 52-53 Saint Paul, pharisien A l’occasion d’une visite au cardinal
converti, parlant de ses anciens coreligion­ Pappalardo, l’archevêque de Palerme, le
naires, écrivait: ils sont “ceux qui ont mis à rabbin-chef Toaff a déclaré aux journalistes
mort le Seigneur Jésus et les prophètes, nous qui l’interviewaient “il existe actuellement
ont persécutés, ne plaisent point à Dieu et sont avec l’Eglise une entente qui n’a jamais été
ennemis du genre humain, nous empêchant de auparavant” et dont “le mérite revient à
prêcher aux nations pour leur salut: de sorte Jean XXIII” (8). L’historien (juif) de l’anti­
qu’ils comblent sans cesse la mesure de leurs sémitisme, Léon Poliakov, après avoir dé­
péchés. Mais la colère de Dieu est tombée sur peint tout en noir l’attitude de Pie XII en­
eux pour y demeurer jusqu’à la fin” (1 Thess. vers les Juifs, n’hésite donc pas à écrire
II, 15-16). A la fin de l’âge apostolique la si­ qu’“en 1958, une ère nouvelle s’inaugure
tuation n’avait pas changé et l’apôtre et évan­ sous le pontificat de son successeur, Jean
géliste Jean écrivait; ils “se disent juifs et ne le XXIII” (9). Dans un livre violemment anti­
sont pas; ils sont la synagogue de Satan” (Ap. chrétien, Paul Giniewski écrit: “... un chan­
II, 9). Cependant dans l’autre camp Jésus était gement plus radical s’opéra en avril (sic)
“désigné comme un certain individu, ou sous 1958: le cardinal Angello Roncalli fut élu
l’épithète de Balaam (l’antique devin des pape. Les idées et les actes du nouveau Sou­
Nombres, 22) et sous les appellations de fou, verain Pontife, Jean XXIII, rendirent pos­
de bâtard, et d’un terme bien plus ignominieux sible l’espoir d’une révolution des rapports
encore” (4). Deux mille ans d’histoire ne pou­ entre l’Eglise et les Juifs” (10). Dans sa ran­
vaient changer cette situation originelle syn­ cœur contre l’Eglise, Hans Küng n’épargne
thétiquement décrite ici (5), par le simple fait aucun membre de la hiérarchie, à l’excep­
que la divergence ne se fonde pas sur des tion justement de Jean XXIII: “que la situa­
questions personnelles, mais sur des questions tion pour la papauté romaine ne soit pas du
doctrinales et dogmatiques. Le Christanisme tout déplorable - écrit le théologien suisse
ne pourra jamais accepter le refus de la divini­ jamais excommunié en dépit de ses hérésies
té de Jésus-Christ. Le Judaïsme ne pourra ja­ - l’Eglise le doit précisément à Jean XXIII,
mais accepter (sans disparaître par le fait le premier pape romain à se comporter de
même) que l’Eglise soit le nouvel Israël qui manière différente jusques et y compris dans
surpasse le précédent. Josué Jéhouda, parlant les rapports avec les juifs” (11). En substance,
de l’expression “judéo-chrétienne” se référant le jugement du père Schmidt, secrétaire et
à une civilisation ou à une religion, écrivait en biographe du cardinal Béa, personnage plus
1958: “Elle réunit en une seule expression “rassurant” n’est pas lui non plus si éloigné
deux notions inconciliables; elle veut démon­ des précédents: “au début de cette entrepri­
trer qu’il n’y a pas de différence entre le jour se si importante, de portée millénaire, il n’y
et la nuit, ou entre le chaud et le froid, entre le a ni grandes organisations ni mouvements
noir et le blanc” (6). Au dire des juifs eux­ de masse; seulement trois vieillards: Jules
même, entre Christianisme et Judaïsme Isaac, le pape Jean XXIII et le card. Béa”
l’inconciliabilité est totale. Le rabbin Benamo­ (12). Le lecteur connaît déjà, du moins en
zegh écrivait en 1914: “La religion chrétienne partie, le rôle de Béa; mais Jules Isaac, qui
est une fausse religion soit-disant divine. Pour est-il? Avant de m’occuper de lui, permet­
elle et pour le monde il n’y a pas d’autre voie tez-moi de raconter la façon dont il entra
de salut que retourner à Israël”. Le juif dans la vie de Jean XXIII.

165
SODALITIUM : La question juive

Dès son élection promptement de nos jours; que les Nazaréens


et les Minim périssent en un instant; qu’ils
C’est dès l’élection de Roncalli à la pa­ soient effacés du livre de vie et ne soient pas
pauté que débute l’ouverture aux juifs. Fer­ comptés parmi les justes” (16)
rari écrit: “L’élection de Jean XXIII au pon­
tificat en 1958 fut accueillie positivement en La prière que, chaque Vendredi Saint,
Israël où les premières tentatives pour l’ou­ l’Eglise catholique élève vers Dieu pour la
verture d’un dialogue religieux juif-chrétien conversion des juifs est bien différente:
prirent forme (...); plusieurs fois dans la
presse israélienne, des jugements favorables Prions aussi pour les juifs perfides, afin
sur le personnage et l’œuvre de Jean XXIII que Dieu notre Seigneur ôte le voile de leurs
firent leur apparition” (13). Nous avons déjà cœurs et leur donne de connaître, eux aussi,
vu (n° 34, p. 55) comment le rabbin-chef Jésus-Christ notre Seigneur.
d’Israël, Isaac Herzog, envoya ses félicita­ Dieu tout-puissant et éternel, qui n’écar­
tions au nouvel élu; le rabbin écrivait: “Je tez point de votre miséricorde même les juifs
nourris l’espoir confiant que les sentiments perfides, écoutez les prières que nous vous
sincères et nobles envers les valeurs hu­ adressons pour ce peuple aveuglé: donnez­
maines les plus élevées que vous avez mani­ leur de connaître la lumière de votre vérité,
festés au cours des dures années d’atrocités qui est le Christ, afin qu’ils soient arrachés à
nazies vous guideront dans votre nouvelle et leurs ténèbres.
importante position...” (14). De son côté Jean
XXIII ne manqua pas de répondre aux féli­ Le lecteur intelligent saisira immédiate­
citations du rabbin et du chef d’état israé­ ment la différence essentielle entre les deux
lien, “et l’ambassadeur d’Israël [en Italie, prières. Les juifs ne prient pas pour les chré­
n.d.a.] fut invité à assister au couronnement tiens; ils demandent à Dieu de détruire les
du nouveau pontife” (15). Ces “ouvertures ti­ chrétiens, non seulement sur cette terre
mides” comme l’écrit Ferrari, mais “premier mais pour l’éternité. Les chrétiens au
vrai moment de détente dans les relations contraire, malgré l’hostilité théologique qui
avec Israël” (15), ne sont rien encore compa­ les sépare de la synagogue, prient pour la
rées à la véritable révolution qui débutera conversion des juifs, demandent à Dieu de
quatre mois plus tard seulement avec le leur manifester non sa justice mais sa miséri­
changement de la prière pour les juifs de la corde, afin qu’ils ne soient pas effacés “du
liturgie du Vendredi Saint... Livre de la vie” mais, au contraire, qu’ils
trouvent eux aussi la vraie vie, la vie éter­
Confrontation des deux prières nelle qui est Jésus-Christ.
Du reste, cette prière de l’Eglise exprime
Avant de rappeler le fameux épisode, il la foi de l’Eglise elle-même: elle en est l’écho
me semble opportun de donner quelques fidèle et la meilleure illustration. Mais,
précisions car le lecteur, influencé par trente comme je l’ai déjà dit, je crains que les 35 an­
ans de post-concile, peut ne pas se rendre nées écoulées depuis sa suppression n’aient
compte de la gravité du sujet en question, ou aussi brouillé les idées des fidèles; il me
même, par manque d’information, approu­ semble donc nécessaire d’expliquer la valeur
ver le geste accompli alors par Jean XXIII... de cette prière solennelle modifiée par Jean
La foi s’exprime dans la prière (lex cre­ XXIII, puis supprimée, et même inversée
dendi, lex orandi), aussi trouverons-nous par Paul VI (17). Elle exprime simplement la
dans la prière juive et dans la prière chrétien­ foi de l’Eglise catholique, telle qu’elle Lui a
ne l’âme de chacune de ces religions, même été confiée par le Christ lui-même. L’aveu­
pour ce qui regarde leurs rapports mutuels. glement des juifs qui ont refusé le Messie est
“Dès l’an 80 après Jésus-Christ, tant explicitement enseigné par Jésus (Mc III, 5;
pour les juifs convertis que pour les chré­ Mt. XV, 14) et par Saint Paul (Rom. XI, 7-10
tiens, cette 19ème bénédiction fut carrément et 25) qui cite Isaïe et se rappelle certaine­
ajoutée - après la 11ème - aux 18 qui compo­ ment la mystérieuse cécité qui le frappa
saient la prière juive quotidienne: lorsque, encore pharisien, il fut converti par
le Christ sur le chemin de Damas, cécité qui
Que les apostats n’aient aucune espérance ne disparut qu’avec le baptême. Que cette
et que l’empire de l’orgueil soit déraciné cécité soit due à un voile qui obscurcit la vue

166
SODALITIUM : La question juive

des juifs, c’est encore Saint Paul qui l’affirme Or s’agit-il vraiment de “haine”? Et dans
(2 Cor. III, 15). Et c’est en cette cécité que quel sens? Et de la part de qui? Comment se
consiste précisément la “perfidie” de qui a fait-il que Zizola ne fasse aucune allusion à la
refusé le Christ, préférant avoir “le diable prière juive contre les chrétiens? Est-il pos­
pour père” (Jn VIII, 44) plutôt que Dieu: le sible que la liturgie de l’Eglise du Christ gui­
terme “perfidie” se retrouve tel quel dans les dée par l’Esprit-Saint incite à la haine? Pour
Pères de l’Eglise, Saint Grégoire le Grand un catholique la réponse devrait être
par exemple ou Saint Ambroise (18). Une fois évidente: l’Eglise, infaillible, indéfectible,
rappelée la terrible responsabilité du peuple sainte Epouse du Christ, ne peut s’être trom­
qui a renié le Christ (cfr. Daniel IX, 26), pée (et ce pendant deux mille ans!) dans sa
l’Eglise montre toute sa miséricorde en doctrine et dans sa praxis concernant ce
priant pour lui, demandant à Dieu le vrai peuple qui ne reconnut (et ne reconnaît) pas
bien des juifs qui consiste, comme pour nous le Messie. En fait son amour envers tous,
tous, à croire en Jésus-Christ, l’unique Sau­ même les juifs, se manifeste justement dans
veur. Ces observations étaient à mon avis in­ sa recherche de la conversion et du salut final
dispensables pour mieux comprendre l’im­ de tous, conversion qui présuppose toujours
portance du geste accompli par Jean XXIII la reconnaissance de notre propre péché, de
ce Vendredi Saint 1959. notre propre “perfidie” envers Dieu.
Jean XXIII ne l’entendait pas ainsi. Loin
Le Vendredi Saint 1959 de là. Nous l’avons vu, “le premier vendredi
saint qui suivit son élection au pontificat, le
«Tout commença le Vendredi Saint 27 mars 1959, il supprimait d’un trait de
1959. L’épisode est raconté par le card. Béa plume les termes incriminés, et il le faisait sa­
comme suit: “Ce jour-là, durant la liturgie voir aux paroisses par une circulaire du Vica­
solennelle, le pape Jean donna l’ordre ça et riat de Rome, en date du 21 mars. (...) Cette
là d’omettre, dans la prière bien connue mesure fut étendue à l’Eglise universelle par
pour les juifs, l’adjectif déplaisant de “per­ un décret de la Sacrée Congrégation des
fides” qui sonne si mal aujourd’hui, mais Rites du 5 juillet 1959 (21). Jean XXIII souli­
qui, dans le latin médiéval auquel il remonte gnait l’importance de cette décision à l’occa­
signifiait simplement “non croyants”. Ce sion d’un autre vendredi saint, celui de 1963.
geste émut l’opinion publique juive et susci­ Au cours de la célébration, l’officiant prit par
ta de nombreux espoirs» (19). erreur (22) l’ancien texte. Le pape interrompit
Ceux qui exaltent Jean XXIII, Zizola par la cérémonie et donna l’ordre de reprendre
exemple, ne se contentent pas toujours des les oraisons solennelles depuis le début en
termes un peu compassés de Béa, et se lais­ suivant le nouveau texte” ( 23). Giniewski
sent aller aux invectives contre la prière de commente: “Le pape adressait de cette façon
l’Eglise: “Au moment d’entonner la prière ri­ à toute la chrétienté un message pascal rem­
tuelle Oremus pro perfidis judœis [Jean pli d’estime pour les Juifs et lourd de signifi­
XXIII] ne se sentit pas le courage de traiter cation en un moment de l’année [Vendredi
les Juifs de cette façon et il omit l’adjectif ou­ Saint!] qui avait vu le déchaînement de tant
trageant. Les paroles juifs perfides revenant de violence antisémite au cours de l’histoire”
encore dans le texte, le pape les sauta de nou­ (24). Cette décision de Jean XXIII touchant le
veau (...) Ce fut la dernière fois que Dieu dût “verset interdit” (ainsi que Giniewski
entendre une insulte de ce genre, fourguée nomme, très à propos, la locution supprimée
comme prière, en admettant que Dieu ait le de perfidis judœis) et marquant le début mais
temps de suivre les rites du Vatican. Il y en aussi la clôture de son pontificat, fut pour les
eut peu qui le comprirent sur le champ, mais puissantes associations juives qui n’atten­
ce qui commençait, ce 27 mars 1959, était une daient que celà un signal clair de “voie libre”.
histoire d’amour, absolument nouvelle et Comme si ça n’était pas suffisant, quelques
inespérée entre l’Eglise et ses ancêtres les mois plus tard, le signal se répétait...
Juifs, après quelques millénaires de haine”
(20). (J’aimerais le dire à Zizola, plus de deux L’acte de consécration au Sacré-Cœur
millénaires, voilà qui est impossible! En effet
la séparation avait été consacrée précisément Le 25 mai 1889, dans l’encyclique
à l’occasion du premier Vendredi Saint de Annum Sacrum, le Pape Léon XIII dési­
l’histoire, celui où fut crucifié le Seigneur...) gnait le Sacré-Cœur comme nouveau

167
SODALITIUM : La question juive

labarum par le signe duquel serait obtenue Le “frère” Jules Marx Isaac
la victoire, et il consacrait le genre humain à
ce même Cœur de Jésus par une prière spé­ Ci-dessous, une nouvelle que n’importe
cialement composée par lui en cette occa­ quel lecteur des quotidiens nationaux aurait
sion (25). En 1925, avec l’encyclique Quas pu lire le 17 janvier 1994: “Le 16 janvier 1994,
Primas, Pie XI instituait, “contre la peste du la veille de la cinquième journée de dialogue
laïcisme”, la fête liturgique du Christ-Roi et avec les juifs, instituée par la Conférence épis­
ordonnait que l’acte de consécration au copale italienne (29) et fixée le jour précédant
Sacré-Cœur de Jésus composé par son pré­ la semaine de prière pour l’unité des chré­
décesseur soit publiquement récité, chaque tiens, un olivier a été planté à Rome en sou­
année, le jour de la fête du Christ-Roi, le venir du Pape Jean XXIII et de l’historien
dernier dimanche d’octobre. A cette occa­ Jules Isaac. C’est sous une pluie battante que
sion, le Pape Ratti modifia légèrement le nouveau maire de Rome, Rutelli, a planté
l’oraison de Léon XIII. Là où ce dernier fai­ ce petit arbre dans un espace vert entre le
sait prier seulement pour la conversion des Château Saint-Ange et l’extrémité de la via
païens, Pie XI ajouta pour les musulmans et della Conciliazione, en présence du Président
les juifs l’invocation que voici: du Sénat Spadolini (30), du Cardinal Cassidy et
Soyez le Roi de tous ceux qui sont enco­ de Mgr Riva (responsables du dialogue avec
re égarés dans les ténèbres de l’idolâtrie ou les juifs au niveau du Saint-Siège et du
de l’islamisme, et ne refusez pas de les atti­ diocèse de Rome), du grand rabbin de Rome
rer tous à la lumière de votre royaume. Re­ Elio Toaff, de la Présidente de l’Union des
gardez enfin avec miséricorde les enfants de communautés juives d’Italie Tullia Zevi, et de
ce peuple qui fut jadis votre préféré; que sur bien d’autre personnes engagées dans le dia­
eux aussi descende, mais aujourd’hui en logue. Le petit olivier, apporté de Jérusalem,
baptême de vie et de rédemption, le Sang est comme la première annonce des 10 000
qu’autrefois ils appelaient sur leurs têtes. arbres qui seront plantés en Israël, au Néguef,
Dans son livre contre “l’antisémitisme en l’honneur de ces deux hommes dont la ren­
chrétien”, Jésus et Israël, Jules Isaac lui­ contre, le 13 juin 1960, a eu des conséquences
même présente cette prière de Pie XI plus importantes qu’on n’osait l’espérer” (31).
comme un exemple de miséricorde envers Ce Jules Isaac doit être un grand personnage
les juifs. Mais Jean XXIII dépassera tous les si tant de personnes se sont déplacées pour
espoirs de ces derniers et toutes leurs exi­ lui; et pourtant qui le connaît? Certainement
gences explicites... Au mois de juillet (26) il pas le grand public qui chercherait d’ailleurs
supprimera purement et simplement les pa­
roles que je viens de rapporter. “On se sou­ Jules Marx Isaac
vient qu’au mois de juin dernier - écrivait en
cette occasion la Documentation catholique -
S.S. Jean XXIII a fait supprimer de la prière
liturgique du Vendredi saint pour la conver­
sion des juifs les mots perfides et perfidie.
Dans le même esprit le passage suivant [déjà
reporté ci-dessus, n.d.a.] a été supprimé
dans l’acte de consécration du genre humain
au Sacré-Cœur de Jésus” (27).
Ces gestes de Jean XXIII montrent que
l’heure était venue de viser au “sommet”,
pour employer les mots même de Jules
Isaac. «Lors d’une entrevue de 1962, il
[Isaac] expliquait à quel point le geste de
Jean XXIII avait suscité en lui l’espérance:
“pour la première fois, contrairement à ce
que j’avais pensé auparavant, je pris en
considération l’idée d’une démarche au
“sommet”» (28). Mais le moment est venu
(enfin!) de présenter au lecteur le fameux
Jules Isaac...

168
SODALITIUM : La question juive

en vain à s’informer en consultant ce qu’il y a ses livres, par ses lettres, que par ses ren­
de plus connu comme encyclopédies, histoires contres personnelles avec des hommes
de l’Eglise, et même biographies de Jean d’Eglise jusques et y compris le Souverain
XXIII (32). Et pourtant, nous l’avons vu, l’in­ Pontife lui-même, jouer un rôle initiateur de
fluence de cet homme sur les trente dernières premier ordre.(...) En ce qui concerne l’effica­
années de l’Eglise, les années du Concile et cité et la véridicité de la cause défendue avec
du postconcile, est énorme. Pour celui qui ne fougue et mesure par l’auteur, il suffit de
me croirait pas, voici reproduit un texte offi­ comparer ses conclusions avec les enseigne­
ciel qui ne laisse place à aucun doute. Il s’agit ments de Nostra Ætate et des Orientamenti
d’une lettre du Cardinal Villot, secrétaire pour constater à quel point Jules Isaac avait
d’Etat de Paul VI, envoyée au cardinal Marty, vu juste et quelle influence il a de fait exercée:
archevêque de Paris, le 22 décembre 1977: ce qu’il proposait [à Jean XXIII] en 1959 a
été repris dans ses parties essentielles, procla­
Monsieur le Cardinal, mé et proposé comme norme en 1965 [par
Sa Sainteté le pape Paul VI, informé de Vatican II] et en 1974 [par la Commission
l’intention qu’a l’Amitié judéo-chrétienne de pour les relations religieuses avec le judaïs­
France de commémorer, le 6 décembre pro­ me] de la part des autorités centrales de
chain, en une séance solennelle le centenaire l’Eglise catholique à l’attention de tous les fi­
de la naissance de Jules Isaac, voudrait par dèles”.
votre intermédiaire exprimer aux organisa­ Mais qui était donc ce Jules Isaac?
teurs et aux participants de cette assemblée Jules Isaac, en fait Jules Marx Isaac
ses vœux et l’intérêt qu’il porte à cette com­ comme nous l’apprend l’Encyclopédie Juive
mémoration. (35), nait à Rennes, en France, en 1877. Son
Le Saint-Père a en effet bien présents à la deuxième nom, Marx, en dit long sur les
mémoire les rapports sincères et fructueux sympathies politiques de papa Isaac, officier
que son vénéré prédécesseur le pape Jean dans l’armée de Napoléon III malgré ses
XXIII a entretenus avec Jules Isaac. Il ap­ idées républicaines (36). Le fils suit les or­
précie également les heureuses conséquences nières paternelles, non pas dans la carrière
que ces rapports ont entraînés pour l’orien­ militaire, mais pour ce qui regarde les
tation ultérieure des relations de l’Eglise convictions politiques et religieuses.
catholique avec le judaïsme, relations qui D’origine juive, Jules Isaac n’a cependant au­
ont trouvé une expression ecclésiale dans le cune religion. Dans la préface à la première
n° 4 de la déclaration Nostra Aetate du édition de son livre Jésus et Israël il écrit de
deuxième Concile du Vatican, ainsi qu’en lui-même: “Sans doute se demandera-ton à
d’autres manifestations qui l’ont précédée quelle confession appartient l’auteur. La ré­
ou suivie. Jules Isaac et son œuvre peuvent ponse est facile: il n’appartient à aucune”.
dès lors apparaître comme une source Son interprétation de la Bible est totalement
d’inspiration pour tous ceux qui veulent à rationaliste, comme celle de Wellhausen et
bon droit s’employer à promouvoir le res­ de Loisy (37). Cette incroyance ne l’empêche
pect, l’estime et l’amitié réciproque entre juifs pas cependant d’appartenir à plein titre à la
et chrétiens, et même la collaboration au pro­ grande famille juive, comme l’explique le
fit des valeurs spirituelles et humaines, à la rabbin Toaff (38) et comme le démontre la
lumière de leur commun héritage religieux et façon dont il s’emploie, quasi religieusement,
au-delà de toute discrimination ou conflit, à modifier la théologie catholique sur les
comme fils d’Abraham et croyants en la pa­ juifs. A partir de 1902, Isaac est enseignant
role de Dieu. Aussi le Saint-Père vous confie­ d’histoire, spécialisé dans “le problème des
t-il le soin de transmettre aux participants ses origines des superstitions et des préjudices
salutations et ses encouragements (33). populaires” (35). Il est l’“ami intime et le col­
laborateur de Charles Péguy depuis le procès
C’est de façon encore plus explicite que Dreyfus” (39), affaire qui, de 1894 à 1906,
s’exprime, dans sa présentation de l’édition divise la société française en deux partis et
italienne du livre de Jules Isaac, Gesù e qui provoquera la naissance du sionisme. Les
Israele, le Père Pierre-Marie de Contenson écoliers français des années 30 se le rappel­
o.p., Secrétaire de la Commission pour les re­ lent surtout en tant que co-auteur, avec
lations religieuses avec le judaïsme (34). “Il a Malet, d’un manuel d’histoire très diffusé, le
pu - écrit d’Isaac le père Contenson - tant par “Malet et Isaac” précisemment. Mais c’est en

169
SODALITIUM : La question juive

1936 qu’Isaac, nommé par Jean Zay (40) par­ (48). La réalité était bien différente; sa tâche
vient au sommet de sa carrière comme ins­ consistait à “démontrer” que les Evangiles
pecteur général de l’Instruction publique “et sont historiquement des faux, les Pères de
haut fonctionnaire d’Etat dans le gouverne­ l’Eglise des calomniateurs, et à obtenir que
ment de Blum” (41). Le secrétaire du cardinal cette “doctrine” soit sanctionnée par l’Eglise.
Béa écrit: “En 1943 il avait perdu sa femme
et sa fille dans les camps de concentration. La trilogie du “frère” Isaac
Dès lors il s’était consacré au combat contre
l’antisémitisme et, comme professeur d’his­ Isaac a écrit à cette fin plusieurs œuvres
toire, il s’était rendu compte du fait que l’en­ fondamentales. La plus connue est Jésus et
seignement de la doctrine chrétienne donnait Israël (49), commencée en 1943, et achevée
souvent lieu à une certaine hostilité vis à vis en 1946, puis publiée en première édition en
du peuple juif. D’où son livre intitulé L’en­ 1948 et en seconde édition en 1959 (50). C’est
seignement du mépris. Ayant l’intention de de ce livre que l’écrivain juif affirme: il est
jouer un rôle positif, il était devenu l’un des “l’arme de guerre la plus réussie contre un
présidents honoraires de l’Association Ami­ enseignement chrétien particulièrement
tiés judéo-chrétiennes” (42). La tragédie fami­ nocif” (51). A cette arme de guerre d’impor­
liale qui frappa le professeur Isaac est certai­ tance fondamentale firent suite de nom­
nement émouvante, mais la version que pré­ breux articles, conférences, opuscules et sur­
sentent Isaac et, à son tour le père Schmidt tout deux autres textes essentiels: Genèse de
paraît contestable. Isaac était engagé sur le l’antisémitisme en 1956 (52) et L’enseigne­
front de la lutte politique et religieuse en fa­ ment du mépris en 1962 (53). Le lecteur note­
veur de son peuple et contre l’“antisémitis­ ra que de ces trois œuvres, deux ont été im­
me” depuis sa prime jeunesse, comprenons­ primées sous le pontificat de Jean XXIII et
le bien (43). Quoiqu’il en soit, en 1941, il com­ une, la première, réimprimée précisément
mençait ses études spécifiques sur l’ “antisé­ lorsque Roncalli modifia à l’improviste (?)
mitisme” chrétien qui, à ses dires, “a été l’oraison solennelle du Vendredi Saint.
beaucoup plus nocif et de plus longue durée” Quelle est la thèse de ses livres? Jésus et
que l’antisémitisme païen, sous le régime du­ Israël attaque directement l’historicité des
quel “les persécutions n’ont été qu’épiso­ quatre évangélistes. Le livre est composé de
diques” et même alors “bien souvent les juifs 21 arguments, ou thèses, que l’auteur
ont bénéficié de la bienveillance des puis­ s’efforce de démontrer. Or le dix-neuvième
sants” (44). Cette année là, Isaac écrivait sa dit explicitement: “Pour établir la responsa­
première étude, Quelques considérations bilité du peuple juif (...) il faut attribuer à
basées sur la lecture des Evangiles, rédigée en certains textes évangéliques une valeur his­
collaboration avec des rabbins et des torique qui est dans ce cas particulièrement
membres du B’naï B’rith” (45). Oui, car, ce contestable; il faut survoler leurs diver­
que personne ne dit, c’est qu’il était membre gences, leurs invraisemblances; il faut don­
de la maçonnerie juive connue précisem­ ner à ces textes une interprétation qui, tout
ment sous le nom de B’naï B’rith (46). C’est en étant traditionnelle, n’en est pas moins
ce que nous a révélé publiquement Marc pour cela moins tendancieuse et arbitraire”
Aron, à l’époque président du B’naï B’rith (p. 309). Notamment: “le Pilate de la tradi­
français, dans le discours du 16 novembre tion évangélique, si curieusement différent
1991 prononcé à l’occasion de la remise de du Pilate de l’histoire, est un personnage lé­
prix (“pour l’action humanitaire”) du cardi­ gendaire, tout aussi légendaire que le cri du
nal Decourtray: “Vient ensuite Jules Isaac ­ peuple juif: que son sang retombe sur nous
déclara en cette occasion Marc Aron -, un et sur nos enfants” (p. 397). Quant aux Actes
B’naï B’rith” (47). Isaac n’était donc pas le des Apôtres, écrit-il, citant Puech: “A
chevalier romantique qui, seul contre tous, l’heure actuelle on est presque d’accord que
combat pour une noble cause et la fait triom­ ces discours ont été librement compilés par
pher. Toute son action est au contraire à in­ Luc”. Et dans quel but Luc aurait-il inventé
terpréter à la lumière d’un fait: son affiliation des faits qui ne se sont jamais produits?
à la loge des B’naï B’rith. Pour la réalisation Avec “le souci manifeste de décharger l’au­
de sa mission, il se présentait avec une carte torité romaine et d’attribuer aux Juifs les
de visite fascinante: “Je fais connaître Israël épreuves les plus importantes subies par le
aux chrétiens - disait-il - et Jésus à Israël” christianisme. De ce point de vue, il n’y a

170
SODALITIUM : La question juive

aucune distinction à faire entre les Actes et thèses, de l’œuvre sont à la base de tous les
les Evangiles” (p. 359). Selon Isaac, Jésus développements qui se succéderont jusqu’à
n’aurait été qu’un simple homme, de religion nos jours ( 57 ). “En 1947, bénéficiant de
juive, tué par les romains pour cause de sub­ l’appui de personnalités philosémites telles
version. Les Evangélistes, les Apôtres et, que le père Daniélou ( 58), Henri Marrou,
après eux, les Pères de l’Eglise auraient l’abbé Viellard, secrétaire de l’épiscopat etc.,
porté contre les juifs des “témoignages fac­ Jules Isaac rédigea un mémorial en 18 points
tieux” par dépit, à cause de la non conver­ sur la “réforme nécessaire de l’enseignement
sion des juifs au christianisme, et pour ga­ chrétien” (59) car “seul l’enseignement est en
gner les bonnes grâces des romains. La néga­ mesure de défaire ce qu’il a fait et continue
tion de l’historicité des Evangiles (ou, pour de faire” (57). C’est ainsi qu’une Conférence
parler plus crûment, l’affirmation que les internationale extraordinaire pour combattre
Evangiles mentent) est en effet un élément l’antisémitisme fut réunie du 30 juillet au 5
essentiel à la position actuelle du judaïsme. août 1947 à Seelisberg, en Suisse, par l’Inter­
(Le rabbin Henry Siegman nous en donne le national Council of Christians and Jews (60).
pourquoi lorsqu’à propos des relations “Les 18 points préparés par Isaac furent pré­
judéo-chrétiennes, et s’adressant entre autres sentés à la Conférence” qui “réunit une cen­
à des chrétiens, il dit (tenez-vous bien!): “il taines de délégués catholiques, protestants et
n’en demeure pas moins évident que l’Eglise juifs provenant de 19 pays. La troisième com­
a encore devant elle une tâche redoutable, mission (il y en eut cinq), composée exclusi­
car les mythes qu’elle draine sont jusqu’à ce vement de chrétiens examina ces points et les
jour inextricablement liés à la connaissance discuta ensuite l’un après l’autre avec la délé­
d’un peuple qui a refusé Jésus et continue à gation juive. Le résultat fut la déclaration dé­
le refuser. Et on a beau tourner et retourner nommée Les dix points de Seelisberg. Cette
la question, les évangiles demeurent une Conférence marque aussi le début de l’Asso­
source importante d’antisémitisme”) (54). ciation internationale des Amitiés judéo-chré­
Dans Genèse de l’antisémitisme, Jules tiennes qui prit comme base les Dix points”
Isaac soutient la thèse suivante: l’antisémi­ (61) et qui eut pour fondateurs, avec Jules
tisme nazi est le fruit de l’antisémitisme chré­ Isaac qui en devint président honoraire, le
tien, des Pères de l’Eglise, en particulier de Grand Rabbin de France (également affilié
saint Jean Chrysostome, de saint Agobard, aux B’naï B’rith) Jacob Kaplan (62), les israé­
de saint Grégoire le Grand, et de saint Au­ lites Fleg (63) et Algazi, les catholiques Ma­
gustin (55). Enfin, dans L’enseignement du mé­ daule, Marrou et Nantet, les protestants Mar­
pris (dans l’édition italienne:Verità e Mito ) tin et Lovsky (64). Le cardinal Liénart devint
synthèse des deux œuvres précédentes, il le protecteur officiel de l’Amitié, en mémoire
identifie l’antijudaïsme chrétien exprimé sans doute de la condamnation de l’associa­
dans un enseignement du mépris séculaire, tion analogue Amis d’Israël décrétée par le
(56) avec l’ennemi à abattre. Toutes thèses Saint-Office le 25 mars 1928 (65). En pratique,
concevables dans un écrivain juif, et de sur­ le travail d’infiltration interrompu par le dé­
croît athée, comme l’était Isaac. L’inconce­ cret de 1928, recommence avec l’espoir de
vable est que Jean XXIII et ses successeurs trouver meilleur accueil. Dès 1949 un gros
aient prêté foi à cet homme et à ses thèses! coup est tenté: obtenir l’appui de Pie XII.
Comment est-ce arrivé? Les écrits d’Isaac “Grâce à l’aide du B’naï B’rith, de Vincent
n’étaient pas des fins en soi, ils étaient bien Auriol et de Cletta Mayer”, Jules Isaac aurait
plutôt orientés vers l’action. Examinons donc été reçu en audience privée par le Pape le 1er
cette action d’Isaac pour faire accepter ses octobre, à Castelgandolfo (66), il lui aurait
thèses, acceptation qui obtint la promesse de remis les Dix points de Seelisberg et aurait
Jean XXIII lors de la rencontre de 1960. “attiré l’attention du pape” sur la question de
la prière du Vendredi Saint. En fait déjà «le
La manœuvre conjuguée d’Isaac et des 10 juin 1948, la Sacrée Congrégation des
B’naï B’rith Rites, interrogée sur le sens à attribuer aux
mots latins perfidis et perfidia avait déclaré
Le travail commencé par Jules Isaac en que dans les versions en langue vulgaire la
1941 se concrétisa, nous l’avons vu, sous la traduction de ces deux termes par infidèles et
forme du livre Jésus et Israël déjà achevé en infidélité en matière de foi “n’était pas à reje­
1946, sinon publié. Les 21 arguments, ou ter”» (67). “Infidélité sonnait mieux en effet

171
SODALITIUM : La question juive

que “perfidie”. Mais ça ne leur suffit pas. concédée à Jules Isaac ni dans l’Osservatore
Isaac fit remarquer à Pie XII “que l’omission Romano ni dans la Documentation catho­
de la génuflexion était peut-être plus grave lique de cette période. L’événement devint
que la traduction erronée (sic) du mot “perfi­ du domaine publique en 1962, lors d’une in­
dis” (65). Il se référait à la rubrique liturgique terview de Jules Isaac en personne avec la
selon laquelle on doit omettre la génuflexion revue israélite l’Arche et l’écrivain Jean Tou­
et la prière silencieuse prescrite pour les lat (71). Puis en 1968 la revue “judéo-chré­
autres oraisons, lorsque vient le tour de tienne” SIDIC publia un rapport inédit pré­
l’oraison pour les juifs. Voici comment Dom paré par Jules Isaac lui-même après
Guéranger explique le motif de cette omis­ l’audience que lui avait concédée, Jean
sion: “Aujourd’hui la Saint Eglise prie même XXIII (72). Sait-on tout désormais sur cette
pour les fils des bourreaux de son divin audience? Pas à proprement parler. C’est à
Epoux, mais étant donné que la génuflexion Emmanuel Ratier, par exemple, que nous
fut utilisée par eux comme signe de dérision devons la reconstitution du rôle joué par les
envers Lui, à l’heure même d’aujourd’hui elle B’naï B’rith en cette circonstance.
craint, en renouvelant le geste de l’adoration Voici, par exemple, comment, se fondant
à propos des juifs, de rappeler le souvenir de sur les déclarations mêmes d’Isaac, le secré­
cette indignité” (68). Mais Pie XII n’était pas taire du cardinal Béa reconstitue les événe­
Jean XXIII; sur le moment Isaac s’en revint ments qui amenèrent à l’entrevue:
les mains vides. Mais sa demande concernant «Lors d’une entrevue de 1962, il [Jules
le flectamus genua à l’oraison du Vendredi Isaac] expliquait comment le geste du pape
Saint sera acceptée en 1955 avec le décret de Jean XXIII [le Vendredi Saint 1959, n.d.a.]
réforme de toute la Semaine Sainte, Maxima avait suscité en lui l’espérance: “Pour la pre­
Redemptionis. Le rôle joué à ce propos, sou­ mière fois, contrairement à ce que j’avais
vent à l’insu de la Congrégation des Rites, pensé auparavant, j’envisageai une dé­
par la Commission pour la réforme liturgique marche au sommet”. Le professeur, qui vi­
mettant à profit la maladie du Pape, Mgr. Bu­ vait à Aix-en-Provence, reçut à ce propos un
gnini lui-même l’a admis (69). Enfin nous voici encouragement de l’évêque du lieu, Mgr de
en 1958; c’est l’élection de Roncalli, suivie, en Provenchères. En haut fonctionnaire d’Etat
janvier 1959, de l’annonce du Concile et, en expert, il se prépara de façon très métho­
mars, de la suppression, spontanée, de l’ex­ dique à cette démarche: “Dès 1959, lors
pression “juifs perfides”. Isaac comprend que d’une conférence tenue à la Sorbonne,
le moment propice est venu. “En 1959, Isaac j’adressai un appel au Pape [il s’agit du ter­
est en relations suivies avec divers prélats de rible diktat reporté ci-dessus, n.d.a.]. Les
la Curie romaine, notamment le cardinal Tis­ amis me demandèrent de me rendre à Rome
serand, le cardinal Ottaviani et surtout le car­ en qualité de président honoraire de l’“Ami­
dinal Béa” ( 64). A la Sorbonne, le 15 dé­ tié judéo-chrétienne”. Je répondis: “Oui,
cembre, il dévoile publiquement son objectif: mais je veux avoir la certitude d’être reçu en
“L’enseignement du mépris a trop duré et il a audience”. La certitude une fois acquise, on
fait trop de mal; il n’a donc plus droit à l’exis­ m’assura le financement nécessaire. Je pré­
tence. Que Dieu veuille qu’il fasse l’objet parai textes et documents. Je préparai une
d’une condamnation solennelle et qu’il soit documentation et un pro-mémoire. Le tout
non seulement condamné mais totalement fut imprimé en français et en italien. Le
éliminé, aboli, proscrit, et qu’il disparaisse voyage fut organisé méthodiquement. L’ob­
pour toujours des livres qui se disent chré­ jectif précis était “la révision de l’enseigne­
tiens, des lèvres qui se disent chrétiennes” ment chrétien concernant les juifs” » (42).
(70). L’appel est adressé “aux plus hautes au­ Attention, Isaac ne ment pas. Il omet seu­
torités chrétiennes” (68). Restait à se faire lement de dire toute la vérité. Qui étaient les
écouter... “amis” qui lui donnèrent l’assurance d’une
audience, qui lui en procurèrent le “finance­
Qui a préparé l’audience à Jules Isaac? ment” et l’envoyèrent en reconnaissance
comme président honoraire des judéo-chré­
L’entrevue historique de Jules Isaac et de tiens? Ses frères de la Loge franc-maçonne
Jean XXIII demeura secrète à la plupart juive des B’naï B’rith” avec l’appui des politi­
pendant plusieurs années. En effet, si je ne ciens socialo-communistes amis de Roncalli.
me trompe, il n’y a trace de l’audience privée Qu’on lise Ratier, il documente toutes ses af-

172
SODALITIUM : La question juive

firmations: «“Lorsque nous conçûmes, avec Augustin ( 78). D’où la nécessité, dans ces
Cletta Mayer (épouse de Daniel Mayer) (73), conversations romaines, d’unir le maximum
l’idée d’une rencontre Jules Isaac-Jean XXIII de prudence avec le maximum de franchise.
- écrit Jean-Pierre Bloch, ex-président de la Mais je ne me cachais pas qu’il s’agissait là
L.I.C.R.A. et du B’naï B’rith (74) - nous fîmes d’une véritable épreuve de force et que j’au­
part de notre projet à Vincent Auriol (75). Lui rais, à certains moments, à sauter un abîme”»
seul était capable de préparer cet entretien (79).
historique. Au cours d’une visite, après lui
avoir montré l’intérêt de la visite de Jules Isaac reçu par Jean XXIII (13 juin 1960)
Isaac, Vincent Auriol, qui avait gardé des re­
lations suivies avec le nonce du pape, Roncalli Et nous voici arrivés enfin à la célèbre
devenu Jean XXIII, n’hésita pas, et dans une audience. Je rapporte, pour le lecteur de So­
longue lettre au Saint-Père lui expliqua les dalitium, le récit qu’en a fait Isaac lui-même:
raisons de cette demande d’audience. Nous «Enfin vers 13h15 mon tour arrive. Le
connaissons la suite: Jules Isaac fut longue­ pape nous reçoit debout devant la porte qui
ment reçu par Jean XXIII. Et, après les déci­ s’ouvre. M. de Warren (80) fléchit le genou, je
sions du Concile qui ont lavé le peuple juif de m’incline et Jean XXIII me donne tout bon­
l’accusation absurde de déicide, si l’on doit nement la main. Je me présente comme non
souligner l’action de Jules Isaac, il faut rappe­ chrétien, promoteur des Amitiés judéo-chré­
ler aussi que c’est Vincent Auriol qui prépara tiennes en France, et comme un vieil homme
le voyage historique de Rome”. “La collecte très sourd. Nous nous installons à côté du bu­
des fonds nécessaires au voyage d’Isaac et à reau de travail sur trois fauteuils tout proches
l’établissement du dossier à donner au pape l’un de l’autre. Je suis à côté du pape qui est
fut organisée par Marcel Bleustein-Blanchet vraiment la simplicité même, et cette simplici­
(76), président de Publicis et membre de la té fait un contraste saisissant avec le faste du
L.I.C.R.A. [Ligue contre le racisme et l’anti­ décor et du cérémonial qui précède. Il ne pa­
sémitisme, n.d.a.] et du B’naï B’rith”. Isaac fut raît pas si fatigué. C’est un bonhomme tout
accompagné par Gaston Kahn, président ho­ rond, assez gros, visage aux traits forts et rus­
noraire de la Loge France” et par “Georges tiques. Un gros nez, très souriant, volontiers
Jacob (...), les responsables français du B’naï riant, avec un regard clair, un peu malicieux,
B’rith”, “afin de mieux préparer l’entretien mais où il y a une évidente bonté qui inspire
historique. La réussite à l’issue du voyage fut confiance. Comme prévu, c’est lui qui engage
telle que ce voyage représente pour Pierre- la conversation, vivement, parlant de son
Bloch la plus grande fierté de sa vie. Isaac était culte pour l’Ancien Testament, les Psaumes,
clairement mandaté par le B’naï B’rith, les Prophètes, le livre de la Sagesse. Il parle
comme l’a reconnu le Dr Ernst Ludwig Ehrli­ de son nom qu’il a choisi en pensant à la
ch, directeur du district 19 du B’naï B’rith, in­ France; me demande où je suis né, dans quel­
sistant sur le fait que son organisation souhai­ le région de la France. Et moi je cherche la
tait peser et a pesé de tout son poids sur le dé­ transition pour l’amener sur le terrain voulu:
roulement du Concile...» (77). Ernst Ehrlich je lui dis le grand espoir que les mesures
pouvait crier victoire lorsqu’il faisait ces prises par lui, si spontanément, ont éveillé
aveux en 1966, à concile conclu; mais les dans le cœur du peuple de l’Ancien Testa­
choses n’étaient pas encore aussi évidentes en ment; si nous attendons de lui davantage en­
1960, juste avant que Jules Isaac soit reçu au core, n’est-ce pas lui-même qui en est respon­
Vatican. Lisons le père Schmidt: «Le profes­ sable par sa grande bonté? Ce qui le fait rire.
seur [Isaac] était cependant parfaitement Alors j’expose ma requête concernant l’ensei­
conscient de la difficulté de l’entreprise. Il gnement, et d’abord sa base historique. Mais
écrit: “Il faut comprendre à quel point l’entre­ comment, en quelques minutes, faire com­
prise était difficile et audacieuse. Le problème prendre ce qu’a été ce ghetto spirituel dans le­
de l’enseignement catholique était infiniment quel l’Eglise progressivement a fini par enfer­
plus complexe que celui de la liturgie. Consi­ mer le vieil Israël - en même temps que dans
déré sous cet aspect particulier (Israël), il tou­ un ghetto matériel -? Je dois me borner à un
chait - sinon les données mêmes de la foi et raccourci, aussi bref et frappant que possible.
du dogme - au moins une tradition séculaire, Je montre aux deux extrémités de l’ère chré­
millénaire même, remontant aux Pères de tienne d’une part un antisémitisme païen, in­
l’Eglise, à saint Jean Chrysostome et à saint consistant et absurde dans ses accusations,

173
SODALITIUM : La question juive

d’autre part l’antisémitisme raciste hitlérien le aujourd’hui heureusement un contre-courant,


plus virulent, de nos jours non moins inconsis­ purificateur, qui se renforce de jour en jour.
tant et absurde. Mais entre les deux, le seul Cependant des enquêtes récentes ont montré
qui ait de la consistance et sur lequel on ait que “l’enseignement du mépris subsiste tou­
prise, c’est celui qu’a engendré une certaine jours. Entre ces deux tendances contraires,
théologie chrétienne, sous la pression des cir­ l’opinion catholique est divisée, reste flottan­
constances, parce que la négation juive était te. Voilà pourquoi il est nécessaire qu’une
le principal obstacle à la propagande chrétien­ voix s’élève d’en haut, du plus haut, du “som­
ne dans le monde païen». J’interromps un ins­ met” - la voix du chef de l’Eglise - pour indi­
tant le récit. A ce moment déjà, Jean XXIII quer à tous le bon chemin et condamner so­
aurait dû mettre l’émissaire des Loges à la lennellement cet “enseignement du mépris”,
porte. D’abord parce que les “Amitiés judéo­ en son essence antichrétien. Pratiquement,
chrétiennes” auraient dû être condamnées au comment s’y prendre? Je présente alors ma
même titre que leur sœur jumelle, la société note conclusive et la suggestion de créer une
des “Amis d’Israël”. Ensuite, parce que les Sous-Commission annexe chargée d’étudier
juifs actuels ne sont plus le peuple de l’Ancien la question». L’audace de notre maçon est à
Testament, ne serait-ce que parce que l’An­ son comble! C’est lui, un athée de surcroît,
cien Testament a été abrogé par le Nouveau. qui établit que ce qu’a dit et fait l’Eglise pen­
Ensuite un Pape ne peut pas écouter sans fré­ dant des siècles et des siècles, formant ainsi la
mir les accusations injustes qu’Isaac portait mentalité chrétienne... est essentiellement
contre ses prédécesseurs et contre l’Eglise anti-chrétien! Et le Chef des chrétiens doit
toute entière. Mais surtout, les dernières pa­ donc “condamner solennellement” non pas
roles du vieux socialiste étaient inacceptables les ennemis de l’Eglise mais... ce que l’Eglise
pour un vrai Vicaire du Christ. Elles se réfè­ a fait durant “des siècles et des siècles”, ainsi
rent, nous l’avons démontré précédemment, que ces catholiques qui de nos jours n’ont pas
aux Evangiles, aux Actes des Apôtres, aux encore suivi les modernistes dans l’abjuration
Pères de l’Eglise dont la “propagande” (!) au­ de “siècles et de siècles” de christianisme.
près des païens devait (aux dires d’Isaac) se C’est Isaac qui enjoint à Jean XXIII de
servir de la calomnie contre les juifs pour ga­ prendre position: de quel côté êtes-vous?
gner les bonnes grâces de ces peuples et pour Avec les siècles de christianisme, ou bien avec
leur expliquer dans le même temps comment mes nouveaux chrétiens des “amitiés judéo­
il se faisait que les juifs n’aient pas écouté le chrétiennes”? Formez une commission et
Messie. Devant cette insulte au Saint-Esprit, chargez-la de condamner les récalcitrants!
véritable auteur des Saintes Ecritures et guide Que lui répond Jean XXIII? Isaac nous le ra­
infaillible de l’Eglise à travers les siècles, An­ conte lui-même: «Le pape réagit aussitôt en
gelo Roncalli aurait dû réagir... Au contraire disant: “J’y ai pensé dès le début de l’entre­
il laisse Isaac poursuivre: «Ainsi s’est formé ce tien”. A plusieurs reprises au cours de mon
que j’ai appelé “l’enseignement du mépris” et, bref exposé, il avait manifesté sa compréhen­
comme il s’est exercé pendant des siècles et sion et sa sympathie. (...) Mais l’entretien
des siècles, la mentalité chrétienne en a été touche à sa fin, plus de vingt minutes sont pas­
profondément imprégnée. Il existe sées. Heureusement il y a le Mémoire, le dos-
Ce Vendredi-Saint ne fut pas un Vendredi-Saint comme les autres:
ces bandes dessinées en sont elles aussi un témoignage.

174
SODALITIUM : La question juive

sier, la Note conclusive [mise au point la nuit Béa se rendit chez son secrétaire, le Père
précédente, n.d.a.], que je remets et que le Schmidt, et lui dit, partagé entre la joie et
pape promet de lire. En disant toute ma grati­ l’émerveillement: “Figure-toi que le Saint-
tude pour l’accueil reçu, je demande si je puis Père a dit à Jules Isaac de s’adresser à moi”»
emporter quelque parcelle d’espoir. Il se ré­ (84). Isaac ne perdit pas de temps: le 15 juin, il
crie: “Vous avez droit à plus que de l’espoir”. avait un entretien de plus d’une heure avec
Il ajoute en souriant: “Je suis le Chef, mais il Béa. Isaac raconta ensuite à Toulat: «... il
me faut aussi consulter, faire étudier par les s’est montré parfaitement au courant des
bureaux les questions soulevées, ce n’est pas problèmes affrontés. Il est en relation avec
ici la monarchie absolue”. Et nous nous quit­ les catholiques allemands qui font le même
tons sur une nouvelle et bonne poignée de travail que nos groupes de l’“Amitié judéo­
mains» (81). Lorsque Théodore Herzl, reçu en chrétienne”. J’ai trouvé en lui une aide pro­
audience par saint Pie X, lui avait demandé videntielle».(84). Après les vacances d’été, le
l’appui du Pape pour la constitution d’un état 14 septembre, le cardinal Béa écrivait à Jean
juif (pas nécessairement en Palestine), il XXIII pour lui exprimer son «désir de traiter
s’était heurté à un refus net du Pape avec ces “de vive voix” de certaines questions regar­
mots: “Il n’est pas possible d’aider un Etat dant le Secrétariat pour l’unité des chrétiens,
juif. Les juifs n’ont pas reconnu le Christ, dont Votre Sainteté a daigné me confier la
nous ne pouvons pas reconnaître Israël” (82). présidence. Je désirerais, en particulier, sou­
Le vieil Herzl demandait beaucoup, beau­ mettre aussi à Votre Sainteté la question de
coup moins cependant que Jules Isaac à Jean la compétence en ce qui regarde les relations
XXIII. Pourtant la réponse de Roncalli que je entre juifs et catholiques, relations au sujet
viens de rapporter fut à l’opposé de celle de desquelles je suis fréquemment interpellé”.
saint Pie X. “Compréhension, sympathie”; Et il fut effectivement reçu en audience le 18
pour Isaac c’était “plus qu’un espoir”: en septembre; en cette occasion, le Pape lui
vingt minutes, Roncalli reniait deux mille ans confia formellement la charge concernant les
de tradition catholique... Qu’on ne s’y trompe relations avec le peuple élu de l’Ancien Tes­
pas: sa répartie sur l’Eglise qui ne serait pas tament» (85). “ Le cardinal fit alors un second
une monarchie absolue n’était pas une façon pas en avant. Vu que les membres et les
de s’esquiver pour refuser ensuite gentilment consulteurs du Secrétariat avaient été nom­
ce que lui demandait le maçon français. Car més avant la création de la charge regardant
les “autres” à consulter, les “bureaux chargés les juifs, on procéda à des nominations sup­
d’étudier les questions” ne pouvaient qu’être plémentaires de spécialistes pour ce secteur”
agréables à Jules Isaac et aux B’naï B’rith... (86). Je ne sais pas quelles furent les nouvelles
nominations. Ce qui est certain c’est que
Ite ad Bea dans l’organe de 1961 il y avait deux experts,
d’autant plus experts qu’ils étaient juifs
En effet en cette tragique circonstance, d’origine: le père Tommaso Strasky C.S.P. et
on touche du doigt toute la gravité de l’insti­ le père Gregory Baum, augustinien, aux­
tution, par Jean XXIII, du Secrétariat pour quels fut adjoint Mgr John Oesterreicher (87).
l’Union des Chrétiens (83). Je rappelle que le Giniewsky rapporte par exemple, tout à
14 mars 1960 Roncalli avait pris la décision l’honneur de Jean XXIII, qu’ «il fit publier
de créer cet organisme pour l’œcuménisme, par Mgr Oesterreicher, directeur de l’Institut
dirigé par le card. Béa, et que le Secrétariat d’Etudes Judéo-chrétiennes (un des rares
ne fut officiellement constitué que le 5 juin prélats allemands à avoir défendu les juifs
suivant, avec le Motu Proprio Superno Dei dans l’Allemagne nazi, et réfugié aux Etats-
Nutu. Une semaine était à peine passée Unis en 1938) un texte dans lequel était ap­
qu’arrivait au Vatican le délégué des B’naï prouvé “le changement d’attitude, le change­
B’rith, Jules Isaac. En temps normal, il aurait ment dans la façon d’aborder le problème, le
été adressé au Saint-Office qui avait la com­ changement d’esprit” de l’Eglise envers les
pétence de toutes les questions concernant la fils d’Israël, et dans lequel on mettait en
foi. Mais depuis une semaine il n’en était garde contre une lecture des Evangiles qui
plus ainsi: il fallait compter avec le Secréta­ conduit au mépris des juifs» (88). Giniewsky
riat de Béa qui, selon une expression de Mgr oublie de dire à ses lecteurs que l’Institut
Capovilla, avait “la confiance et la confiden­ pour les Etudes Judéo-chrétiennes situé à
ce de Jean XXIII” (84). Isaac à peine parti, Seton-Hall, South Orange (U.S.A.) et dirigé

175
SODALITIUM : La question juive

par Oesterreicher, est une émanation de le point de départ d’un continuel crescendo
l’A.D.L., Ligue Anti-diffamation... de nos de concessions et de mea culpa de la part de
B’naï B’rith bien connus! (89). Autre “décou­ ceux qui occupent de fait les hautes charges
verte” du cardinal Béa: le père Gregory de l’Eglise, concessions - et même reniements
Baum; Hebblethwaite écrit à son sujet: “Béa - qui ne suffisent jamais à ceux qui les récla­
découvre, par exemple, l’augustinien cana­ ment ou les exigent. Depuis ce 13 juin, la si­
dien Gregory Baum dont la thèse à Fribourg, tuation n’a fait qu’empirer. Dans le prochain
Suisse, en 1956, Que tous soient un [Ut unum numéro, nous suivrons le déroulement des
sint], avait été suivie d’un travail sur l’antisé­ événements relatifs aux rapports entre chris­
mitisme des Evangiles“ (90). Selon certains tianisme et judaïsme jusqu’à la mort de Jean
auteurs, Oesterreicher et Baum (allemand XXIII; certains de ces événements sont
émigré au Canada) étaient tous deux non connus, d’autres par contre sont encore se­
seulement d’origine juive, mais juifs de nais­ crets et enveloppés d’épaisses ténèbres.
sance, convertis par la suite, conversion dont Prions Dieu que se fasse la lumière dans
il serait licite de douter étant donnés les faits toutes les intelligences, que tous compren­
qui ont suivi ( 91 ). Voilà quels sont les nent par qui Vatican II nous a été imposé;
hommes qui prépareront Nostræ Ætate, le prions Dieu pour obtenir la force de volonté
document conciliaire sur les juifs. qui nous permette de demeurer fidèles à l’en­
seignement millénaire de l’Eglise catholique.
Point d’aboutissement, point de départ
Notes
L’entrevue Jules Isaac - Jean XXIII fut
un point d’aboutissement, mais aussi un point 1) ROSARIO ESPOSITO S.S.P., Le grandi concordanze
tra Chiesa e Massoneria, Nardi ed., Firenze, 1987, p. 397,
de départ. Un aboutissement, disais-je. Sans qui cite La Civiltà Cattolica, 3-V-86, 371.
remonter très loin dans les siècles (et à ce 2) SILVIO FERRARI, Vaticano e Israele, Sansoni ed.,
propos je renvoie le lecteur aux articles de Firenze, 1991, p. 97.
l’abbé Nitoglia publiés dans notre revue) il 3) Cf. JULES ISAAC, Verità e mito, (titre de l’édition
italienne de L’enseignement du mépris ) Carraba ed.,
suffit de rappeler encore une fois l’histoire de Roma, 1965, p. 12. Saul Israël précise: “Cet antisémitis­
l’Association Amis d’Israël. «Fondée en 1926, me n’est cependant pas raciste car le juif qui se convertit
l’association se proposait la modification de est considéré absolument comme les autres chrétiens.
la prière Pro Perfidis Judæis du Vendredi Le racisme est la négation la plus flagrante de l’aposto­
saint, le rejet de l’accusation de “déicide” et lat chrétien. Le Christianisme s’est appliqué seulement à
éliminer le Judaïsme et non les Juifs de race sémite; les
la suppression des cérémonies liturgiques re­ persécutions furent toutes dirigées contre ceux qui per­
latives aux accusations d’homicides rituels sévéraient dans des positions religieuses considérées
perpétrés par les juifs. Nonobstant le déve­ non seulement comme dépassées mais comme un véri­
loppement rapide de l’association, à laquelle table défi au Christianisme” (ibidem, p. 13).
4) GIUSEPPE RICCIOTTI, Vità di Gesù Cristo, Mon­
adhérèrent des personnalités de l’Eglise et de dadori ed., [194] 1974, p. 88.
la culture, elle fut supprimée par un décret du 5) A celui qui désire en savoir davantage, je
Saint-Office le 25 mars 1928, parce qu’elle conseillerais la lecture des articles de Sodalitium que
n’était pas en accord avec la tradition de l’abbé Nitoglia a consacrés à la question juive à partir
l’Eglise, avec la pensée des Pères et la praxis du numéro 27.
6) JOSUE JEHOUDA . L’Antisémitisme, miroir du
liturgique» (92). Qui ne voit que les Associa­ monde, éd. Synthésis, Genève, 1958. Cité par: LEON DE
tions judéo-chrétiennes fondées en 1948 PONCINS, Il problema dei Giudei in Concilio. Casa ed. The
n’étaient rien d’autre que la réédition, avec Britons, Londres (mais imprimé à Rome), sine data (mais
les mêmes fins, de l’Association Amis d’Israël de 1965), p. 22. L’opuscule de de Poncins a été inséré en­
suite avec quelques mises au points et quelques ajouts
fondée en 1926? Une seule différence: en comme chapitre VI (Le problème juif devant le Concile)
1928, Pie XI condamne comme contraire à la dans AA.VV. (par les soins d’Henri Coston), Infiltrations
tradition de l’Eglise et à la pensée des Pères ennemies dans l’Eglise, Documents et Témoignages, La
ce qu’à l’inverse, en 1960, Jean XXIII ap­ Librairie française, Paris, 1977; il a aussi été réimprimé en
prouve et bénit. La manœuvre avait pleine­ italien: Il problema degli Ebrei al Concilio, par les soins
du Comitato per la difesa della Civiltà Cristiana Carlo
ment abouti, avec la satisfaction accordée à la Magno. C.P.62-44043 Mirabello (FE).
demande. Mais ça n’était pas suffisant. La 7) ELIA BENAMOZEGH, Israël et l’humanité., Albin
“bonté” de Jean XXIII encourageait les asso­ Michel, Paris, 1961 (19147); A. MEMMI, Portrait d’un
ciations juives à demander toujours davanta­ juif, Gallimard, Paris, 1962; RABI, Anatomie du judaïs­
ge... Jules Isaac lui-même ne l’a-t-il pas décla­ me français, Editions de Minuit, Paris 1962. Les cita­
tions se trouvent dans DE PONCINS, op. cit., p. 24.
ré? L’audience du 13 juin 1960 fut donc aussi 8) Cf. La Repubblica, 4 novembre 1994, p. 14.

176
SODALITIUM : La question juive

9) AA.VV. sous la direction de LEON POLIAKOV, Histoi­ d’une conception inégalables. Ceci étant, il fut considéré
re de l’Antisémitisme, 1945-1993. Seuil, Paris, 1994, p. 327. comme un devoir d’affronter cette tâche de façon à ce que
10) PAUL GINIEWSKI, La Croix des Juifs, MJR éd., dans la prière de l’Eglise personne ne trouve motif de ma­
Genève, 1994, p. 329. Préface de Léon Poliakov et du laise spirituel. (...) L’oraison 8, pour les juifs (autrefois pour
père Jean Dujardin, secrétaire du Comité épiscopal la conversion des juifs) fut entièrement remaniée”. [Cf. AN-
français pour les Relations avec le Judaïsme. Le livre est NIBALE BUGNINI, La Riforma Liturgica (1948-1975). CLV
dédié “à la mémoire de Jules Isaac et de Jean XXIII”. Edizioni liturgiche, Roma, 1983, p. 127]. Si l’adage selon le­
11) HANS KUNG, Ebraïsmo. Rizzoli, Milano, 1993, p. 294. quel on prie comme on croit est vrai, il faut en conclure
12) STJEPAN SCHMIDT S.J., Agostino Bea. Il Cardina­ que la prière radicalement changée par Vatican II est l’ex­
le dell’unità. Città Nuova ed., Roma, 1987, p. 351. L’af­ pression d’une “foi” elle aussi radicalement altérée.
firmation est absolument inacceptable. Derrière ces 18) “Quia autem gentilitas colligenda erat, et Judæa
trois hommes il n’y avait pas de mouvements de masse, pro culpa perfidiæ dispergenda, ipsa quoque descriptio
mais une puissante organisation, le B’naï B’rith... terreni principatus ostendit: quoniam et in romana repu­
comme nous allons le voir. blica unus præfuisse describitur, et in judææ regno per
13) SILVIO FERRARI, op. cit., pp. 96 et 265, note 238. quartam partem plurimi principabantur” (Saint Grégoi­
14) PAOLO TANZELLA S.C.J., Papa Giovanni, éd. De­ re, Homilia 20 in Evang.), cfr. Breviarum Romanum,
honiane, Napoli-Roma-Andria, 1973, p. 245. Roncalli Pars Hiémalis, Sabbato Quattuor Temporum, lectio
et Herzog avaient fait connaissance personnellement en prima. “Judæi (...) perfidiam suam prodeunt” (Saint
1944 (cf. Sodalitium n° 26, p. 30). Giniewski affirme que Ambroise, Liber 5 in Cap. 5), cfr. Breviarum Roma­
Roncalli avait tenté d’obtenir pour le grand rabbin de num, Pars Verna, Feria VI, Quattuor Temporum Pente­
Jérusalem, Isaac Halevi Herzog, une entrevue avec Pie costes, lectio prima; cfr. également l’Hymne de Pentecô­
XII, mais sans succès (op. cit., p. 329). te à Matines: “Falsum profari perfidos”.
15) S . FERRARI , op. cit., p. 99. L’auteur ajoute: 19) STJEPAN SCHMIDT, op. cit., pp. 351-352.
“quatre ans plus tard, un fonctionnaire du ministère des 20) GIANCARLO ZIZOLA, Jean XXIII. La fede e la poli­
Affaires religieuses d’Israël participera aux cérémonies tica. Laterza ed., Roma-Bari, 1988, p. 212. En réalité Jean
inaugurales de Vatican II”. XXIII ne célèbrait pas le rite, il y assistait seulement, dans
16) PADRE LAGRANGE O.P., Le messianisme chez les la Basilique de Sainte Croix de Jérusalem à Rome (cf. Do­
juifs, 1909, p. 294; cité par don Nitoglia, Monseigneur cumentation catholique, n° 1307, 5 juillet 1959, col. 843).
Pranaïtis. Le Christ et les chrétiens dans le Talmud, dans 21) En réalité la date du 5 juillet proposée par Hoch
Sodalitium, n° 36, pp. 5 et 6. Sur l’évolution de la prière et Dupuy (op. cit.) est fausse. En effet le 5 juillet n’est
contre les chrétiens, cfr. l’article du Dr ISRAEL SHAHAK, que la date à laquelle fut publié le n° 1307 de la Docu­
Lois talmudiques et rabbiniques contre les Nations, tra­ mentation Catholique rapportant aux colonnes 842 à 844
duit de l’anglais par Jacques Monod et repris dans le le texte du décret de la Sainte Congrégation des Rites.
livre du général MOUSTAFA TLASS, L’Azyme de Sion, Le décret est du mois de juin. De même, la date du 21
Dar Tlass éd., Damasco, 1990, pp. 353-354. mars proposée pour la circulaire du Vicariat de Rome
17) En 1966, après Vatican II, une nouvelle formu­ est probablement inexacte, étant donné que le geste de
le fut adoptée: Jean XXIII, accompli le 27 mars, était inattendu.
“Prions aussi pour les juifs. Que le Seigneur, Notre 22) Giniewski émet l’hypothèse que l’erreur du célé­
Dieu, fasse resplendir sur eux son visage afin qu’ils re­ brant, corrigée par Jean XXIII n’était pas involontaire.
connaissent eux aussi le Rédempteur de tous les Quelques jours plus tard l’Osservatore Romano aurait
hommes, Jésus-Christ, notre Seigneur”. “Dieu éternel démenti l’événement, “malgré le témoignage concordant
et tout-puissant, toi qui fis alliance avec Abraham et sa de milliers de fidèles et de journalistes” (op. cit., pp. 330­
descendance, écoute avec bonté les prières de ton Egli­ 331). Le caractère incongru du geste de Jean XXIII
se. Que le peuple racheté en premier puisse parvenir à n’avait probablement pas échappé à la Curie qui avait
la plénitude de la rédemption”. cherché, comme en d’autres occasions, à minimiser...
Avec l’introduction du nouveau missel en 1969, la 23) Les Eglises devant le Judaïsme, op. cit., pp. 351­
prière fut de nouveau modifiée: 352 et note 31. Cf. également S. FERRARI, p. 98 qui cite
“Prions pour les juifs à qui Dieu a parlé en premier: (mais je n’ai pas pu le consulter) ENZO BIANCHI, Israele
qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et dans la e la chiesa, dans Cristianesimo nella storia, fév. 1989, pp.
fidélité de son Alliance”. “Dieu éternel et tout-puis­ 82-83. Enzo Bianchi est président du SIDIC (Service In­
sant, toi qui a choisi Abraham et sa descendance pour ternational de Documentation judéo-chrétienne) associa­
en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude tion fondée en 1965 par des Pères conciliaires pour l’ac­
de la rédemption le premier peuple de l’Alliance, tualisation de la déclaration Nostra Ætate; et il est aussi
comme ton Eglise t’en supplie”. collaborateur du quotidien Avvenire.
Cf. Les Eglises devant le judaïsme. Documents offi­ 24) GINIEWSKI, op. cit., p. 330.
ciels 1918-1978. par les soins de MARIE-THERESE HOCH et 25) Cf. par ex. P . LUDOVIC MARIE BARRIELLE ,
BERNARD DUPUIS. Ed. du Cerf. Paris, 1980, pp. 350-352. C.P.C.R., Le Sacré-Cœur; notre nouveau labarum, [éd.
Voici ce qu’écrit a ce propos Mgr Ugnini, l’auteur de Saint-Gabriel, Martigny], dans lequel est également re­
toute la réforme liturgique: “Dans le climat œcuménique produite l’encyclique de Pie XI Miserentissimus Re­
du Concile certaines expressions des Orationes Solemnes demptor qui se réfère explicitement à Annum Sacrum.
du vendredi saint sonnaient plutôt mal désormais. Aussi, 26) 18 juillet 1959, A.A.S. 22 août 1959, p. 543.
pour certaines phrases, la possibilité d’une atténuation fut­ 27) Documentation catholique, n° 1314, 18 octobre
elle demandée avec insistance. Il est toujours ennuyeux de 1959, colonne 1293.
devoir toucher à des textes vénérables qui ont, durant des 28) SCHMIDT, op. cit., p. 352, qui cite l’article Le Vatican
siècles et avec tant d’efficacité, alimenté la piété chrétien­ et nous publié par L’Arche, n° 69 octobre 1962, pp. 26-31.
ne, des textes qui ont le parfum spirituel des âges hé­ 29) Vous ne le saviez pas? Voilà cinq ans que la
roïques de l’Eglise à ses débuts; il est malvenu surtout de C.E.I. dédie officiellement une journée à la judaïsation
retoucher des chef-d’œuvres littéraires d’une forme et des catholiques italiens; en effet, en cette occasion et là où

177
SODALITIUM : La question juive

c’est possible, un rabbin prêche le judaïsme aux fidèles ré­ d’unité d’action avec le Parti communiste et se trouva à la
unis à la paroisse pour assister à la “messe” dominicale... tête du gouvernement de front populaire (1936-37). Il
30) L’année 1994 n’a pourtant pas porté chance au soutint le gouvernement républicain communiste dans la
sénateur Spadolini: il perd d’abord, à son grand regret, guerre d’Espagne, et fut responsable du massacre de mil­
cette charge prestigieuse, puis il meurt peu de temps liers de prêtres, de religieuses et de simples fidèles, tués
après. Paix à son âme. De tous les politiciens italiens, uniquement parce qu’ils étaient chrétiens. Jules Isaac ne
Spadolini, le “pape du laïcisme”, était le plus proche semble avoir versé aucune larme sur leur sort.
d’Israël, peut-être pour se faire pardonner ses erreurs 42) S. SCHMIDT, op. cit., p. 352. Notez bien que le père
racistes du temps où il était collaborateur de la revue Schmidt, quoique parfaitement documenté, cache au lec­
fasciste La difesa della razza. Quel scandale que les fu­ teur la vérité sur Jules Isaac, édulcorant au maximum les
nérailles religieuses de ce vieil anticlérical impénitent, accusations de ce dernier contre le christianisme.
dont un “cardinal”! a fait l’éloge, nous le présentant 43) Ratier (l.c.) nous rapporte cependant un fait cu­
comme un homme ayant réalisé les paroles de Jésus: rieux: le Maréchal Pétain choisit Isaac, en 1939, “pour
“Quiconque est de la vérité, écoute mes paroles”! Enfin être son biographe”.
on peut se demander comment un tel homme, plus 44) JULES ISAAC, Verità e mito, ed. Carabba, Roma,
proche de la maçonnerie que de l’Eglise, a pu savoir à 1965, pp. 36 et 34. L’Encyclopædia Judaica (l.c.) résume
l’avance qu’au conclave de 1963 c’est G.B. Montini qui ainsi l’enseignement de Jules Isaac à ce propos: “Dans
serait élu, et qu’il prendrait le nom de Paul VI (Cf. SI SI le même temps il arriva à la conclusion qu’il n’y avait
NO NO, 31 octobre 1994, n° 18, p. 4). aucune raison de penser que l’antisémitisme est aussi
31) SIDIC, via del Plebiscito 112, Roma, mai 1994, vieux que le judaïsme lui-même. Au contraire, il dé­
vol. XXVII, n° 1, Edition française p. 22. montra que l’Eglise promut un système de dégradation
32) Nulle part on ne parle de Jules Isaac. Pas même écrasant graduellement les juifs sous une longue série
dans la biographie de Jean XXIII ... de restrictions, exclusions et humiliations qui furent dé­
33) Les Eglises devant le Judaïsme, op. cit., pp. 181-182. crétées par le pouvoir civil soumis à l’influence ecclé­
34) JULES ISAAC, Gesù e Israele, Nardini ed., Firenze, siastique. Ce système était basé sur l’enseignement du
1976, pp. 7 à 10. Le volume a été traduit et publié par les mépris qui fut l’œuvre essentiellement des Pères de
soins de l’Amitié judéo-chrétienne de Florence et édité l’Eglise du IVème siècle de l’ère chrétienne...”
par Nardini, maison d’édition qui, tout en arborant 45) E. RATIER, op. cit., p. 115.
comme symbole un Saint George tuant le dragon, n’en est 46) Sur cette association, outre le livre de Ratier
pas moins notoirement proche de la Franc-maçonnerie. cité ci-dessus, voir: Sodalitium, n° 9 [n° 2, mai-juillet
35) L. LAZARE, article Isaac Jules Marx, dans l’En­ 1985] éd it. (il n’existe pas encore d’édition française),
cyclopædia Judaica, IX, col. 10, Jérusalem, 1971. pp. 5 à 21; n° 33, pp. 20 à 22; n° 35, pp. 46 à 51. Voir
36) Cf. EMMANUEL RATIER, Mystères et secrets du B’naï également The Ugly Truth About the Anti-Difamation
B’rith, éd. Facta, Paris, 1993, p. 114. Traduction italienne League par les soins des éditeurs de l’EIR (Executive
en préparation par les soins de la Coop. ed. Sodalitium. Intelligence Review), Ben Franklin Booksellers, Lees­
37) Cf. JULES ISAAC, Gesù e Israel, op. cit., p. 22. Ju­ burg, Virginia, USA, 1992.
lius Wellhausen (1844-1918), historien et philosophe pro­ 47) Les discours du cardinal, du grand rabbin Sirat
testant, soutint en exégèse la “théorie des sources”, théo­ et de Marc Aron sont rapportés par Ratier, op. cit., pp.
rie de caractère rationaliste. Alfred Loisy (1857-1940), 371 à 381 (cf. aussi p. 114). Le cardinal Decourtray, ar­
prêtre et exégète moderniste, appliqua à l’exégèse bi­ chevêque de Lyon est décédé en 1994. Ses funérailles
blique les méthodes de ladite “critique historique”. C’est ont été célébrées avec le concours de nombreux
pour cela qu’il fut excommunié par saint Pie X en 1908. évêques, d’un rabbin et d’un religieux musulman, dans
38) «Les actes, les œuvres, ont plus de valeur que la le rite des trois religions!
foi; si la foi les accompagne, tant mieux (...). Nous, nous 48) G. ZIZOLA, op. cit., p. 215.
disons: “L’homme se sauve par les œuvres; s’il y a la foi 49) Fasquelle éditeurs, Paris, nouvelle édition 1970.
cela vaut mieux, mais s’il n’y a pas la foi et si l’individu se 50) L’édition italienne, sous le titre Gesù e Israele,
comporte bien, il se sauve également». Cfr. TOAFF-A. EL- est seulement de 1976 (Nardini editore, Firenze).
KANN, Essere ebreo, Bompiani ed., Milano, 1994, p. 87. Toutes les citations extraites de cette œuvre le sont de
39) G. ZIZOLA, op. cit., p. 215. Péguy est l’un des l’édition italienne.
maîtres à penser de notre Communion et Libération, 51) RABI, Anatomie du judaïsme français, Edition de
mais aussi, ce que je n’arrive pas à comprendre, des Minuit, Paris, 1962, cité par L. DE PONCINS, op. cit., p. 25.
“traditionalistes” comme on les appelle communément. 52) Edition Calmann-Lévy, Paris.
Même après sa conversion au catholicisme (qui cepen­ 53) Fasquelle Editeur, Paris. L’édition italienne,
dant ne déboucha pas sur la pratique des sacrements), sous le titre de Verità e Mito, est de 1965 (Carabba ed.,
Peguy soutenait des thèses inconciliables avec la foi, Roma), à la veille de l’approbation du document conci­
(entre autres - lui aussi! - celle du salut de tous les liaire sur les juifs Nosta Ætate.
hommes). Un “maître” à éviter soigneusement... 54) Rabbin Henry Siegman, Dix années de relations
40) Jean-Elie Zay, d’origine juive, “avocat et judéo-chrétiennes, rapport présenté à la Vème ren­
homme politique. Né à Orléans en 1904. Assassiné par contre annuelle, (Jérusalem 1-3 mars 1976) dans Les
ses adversaires durant l’occupation (1944). Fut député Eglises devant le judaïsme, op. cit. p. 408.
radical-socialiste du Loiret (élu en 1932, réélu en 1936), 55) Nombreuses citations dans DE PONCINS, op. cit.,
ministre de l’éducation nationale, rédacteur de la Fran­ pp. 12 à 19.
ce du Centre”, Cf. GYGES, Les Juifs dans la France d’au­ 56) Les trois piliers de l’“enseignement du mépris”
jourd’hui, Documents et témoignages, Paris, 1985, pp. seraient les thèses chrétiennes traditionnelles “sur la
243-244 (voir aussi p. 64). dispersion d’Israël” en tant que “châtiment de la Provi­
41) Cf. E. RATIER, op. cit. p. 114 et le Père S. SCHMIDT dence”, “sur le judaïsme dégénéré au temps de Jésus”
s.j., op. cit., p. 352. Léon Blum (1878-1950), homme poli­ et sur les juifs comme “peuple déicide”.
tique socialiste d’origine juive. En 1934 il accepta le pacte 57) Les 21 arguments se trouvent dans Jésus et Is-

178
SODALITIUM : La question juive

raël, op. cit., pp. 457 à 461, et dans Vérité et mythe, op. haines et les animosités entre les peuples, il condamne
cit., pp. 167 à 172. au plus haut point la haine contre le peuple autrefois
58) Jésuite né en 1905 et décédé dans les circons­ choisi par Dieu, cette haine qu’aujourd’hui l’on a cou­
tances scabreuses bien connues en 1974. Son frère Alain tume de désigner communément par le mot d’“antisé­
est un ésotériste notoire (cf. MAURICE BLONDET, Gli mitisme”. Toutefois, remarquant et considérant que
“Adelphi della Dissoluzione. Ares, Milano, 1994, p. 81). cette Association des “Amis d’Israël” a adopté ensuite
Jean Daniélou, lui, fut impliqué dans les vicissitudes de une manière d’agir et de penser contraire au sens et à
la “nouvelle théologie” condamnée par Pie XII. Après l’esprit de l’Eglise, à la pensée des Saints Pères et à la
Vatican II, Paul VI en 1969 le créa cardinal. Il devint Liturgie, les Eminentissimes Pères, après avoir recueilli
par la suite, avec Maritain et d’autres, l’un des représen­ le vote des consulteurs de l’assemblée plénière du 21
tants du courant modéré” qui se plaignaient des excès mars 1928, ont décrété que l’Association des “Amis
post-conciliaires. L’habituel pompier-pyromane... d’Israël” devait être supprimée. Ils l’ont déclarée abolie
59) Les 18 points se trouvent dans Gesù e Israele, de fait et ont prescrit que nul, à l’avenir, ne se permette
op. cit., pp. 401 à 404. d’écrire ou d’éditer des livres ou des opuscules de natu­
60) Les Eglises devant le Judaïsme, op. cit., p. 19. re à favoriser de quelque façon que ce soit pareilles ini­
Les 10 points de Seelisberg sont publiés de la page 19 à tiatives erronées. Le jeudi suivant, 22 du même mois et
la page 22. En italien, ils ont été publiés dans Gesù e Is­ de la même année, en l’audience accordée à l’assesseur
raele, op. cit. pp. 407-408. du Saint-Office, le Très Saint-Père Pie XI, Pape par la
61) Cfr. Gesù e Israele, op. cit., p. 407. Divine Providence, a approuvé la décision des Très
62) Voici, à titre d’exemple, une déclaration du Eminents Pères et en a ordonné la publication. Donné
rabbin Kaplan datant de juin 1953, déclaration qui ma­ à Rome, au Palais du Saint-Office, le 25 mars 1928.»
nifeste amplement son “amitié” judéo-chrétienne: 66) Le fait de l’audience paraît vérifié (cf. RATIER,
“J’attire l’attention des parents israélites sur le danger op. cit., p. 120; Les Eglises devant le judaïsme, op. cit., p.
auquel sont exposés leurs enfants; aucun enfant juif 351; ZIZOLA, op. cit., p. 216; BERNARD DUPUY, Augustin
n’est à l’abri d’un baptême administré en secret; aucun Béa, cardinal de l’Eglise catholique et ami du peuple juif
enfant juif, même baptisé indûment, n’est plus protégé dans Rencontres, n° 10, 1969, p. 33, cité par GINIOWSKI,
contre le zèle fanatique des prêtres qui l’enlèvent à sa op. cit., p. 329); même si, comme nous l’avons vu, Isaac
famille pour le conserver dans la foi catholique” (Cf. P. a déclaré en 1962 que c’est lorsque Jean XXIII changea
GINIEWSKI, op. cit., p. 186). l’oraison du Vendredi Saint que la pensée lui vint
63) Edmond Flegenheimer changea son nom en “pour la première fois” de s’adresser au “sommet”. Les
Fleg. Né en 1874, naturalisé français en 1922, il fut circonstances (intervention des B’naï B’rith, d’Auriol et
membre du C.C. de l’Alliance Israélite Universelle, de Mayer) sont signalées par LAZARE LANDAU dans Tri­
Président des Scouts israélites de France et Président bune juive (17-23 janvier 1986), cité par JEAN MADIRAN,
du Congrès Mondial Juif (Cf. GYGES, op. cit., p. 187). Il L’accord secret de Rome avec les dirigeants juifs, dans
est intéressant de noter que le 4 mars 1940 un livre de Itinéraires, n° III, septembre 1990, p. 3, note 2. Cepen­
cet Edmond Fleg fut mis à l’index des livres interdits; il dant il est possible que sur ce point Landau confonde
s’agit de L’Enfant prophète; Jésus raconté par le juif er­ avec la visite d’Isaac à Jean XXIII.
rant. Les thèses de Fleg et celles d’Isaac sont substan­ 67) Les Eglises devant le judaïsme, op. cit., p. 351, et
tiellement les mêmes. Mais en 1940 Pie XII le condam­ note 30. Cfr. Documentation Catholique, n° 1047 du 17
na; tandis qu’en 1960 Jean XXIII l’encouragea. juillet, col. 937 et n° 1037 du 5 juillet 1959, col. 842. Gi­
64) Cf. RATIER, op. cit., p. 120. Le professeur Lovs­ niewski (op. cit. p. 329) affirme que la décision de la
ky, cité par Ratier, est sans doute le spécialiste bien Congrégation des Rites fut obtenue par Jules Isaac
connu de l’antisémitisme, Fadiey (François) Lovsky qui, après son entrevue avec Pie XII en 1949. C’est faux de
à en croire ses écrits, semble plus juif que protestant... toute évidence puisque le décret date de 1948! Cepen­
65) Cf. DON C. NITOGLIA, Le complot judaïco-ma­ dant on ne peut exclure que la Sacrée Congrégation des
connique contre l’Eglise Romaine, dans Sodalitium n° Rites ait effectivement cédé à des requêtes provenant
37, p. 36. Voici le texte de la condamnation: «La nature de personnages de l’entourage de Jules Isaac; des ecclé­
et la fin de l’Association appelée “Amis d’Israël” ayant siastiques qui leur étaient favorables auraient servi d’in­
été soumises au jugement de la Suprême Congrégation termédiaire posant à Rome la question de la significa­
du Saint-Office, ainsi qu’un opuscule ayant pour titre tion du terme “perfides”.
Pax super Israël édité il y a peu de temps par les diri­ 68) DOM PROSPER GUÉRANGER, L’année liturgique,
geants de l’Association et répandu abondamment pour La Passion et la semaine sainte, Oudin éd., Paris-Poi­
mieux en faire comprendre les caractères et la métho­ tiers, 1876, p. 553.
de, les Eminentissimes Pères préposés à la garde de la 69) “Durant ses douze ans d’existence (28 juin
foi et des mœurs ont d’abord reconnu le côté louable de 1948/8 juillet 1960), la Commission (...) travailla dans le
cette Association, qui est d’exhorter les fidèles à prier secret le plus absolu. A tel point que la publication, au
Dieu et à travailler pour la conversion des Israélites au début de mars 1951, de l’Ordo Sabbati Sancti instaurati
règne du Christ. Il n’est pas étonnant qu’à ses débuts, prit au dépourvu les officiels de la Congrégation des
cette Association n’ayant en vue que cette fin unique, Rites eux-mêmes. La commission jouissait de la pleine
non seulement beaucoup de fidèles et de prêtres, mais confiance du Pape, qui était tenu au courant par Mgr
encore bon nombre d’évêques et de cardinaux y aient Montini et, plus encore et de façon hebdomadaire par
adhéré. L’Eglise catholique, en effet, a toujours eu cou­ le P. Béa, confesseur de Pie XII. Grâce à cet intermé­
tume de prier pour le peuple juif, qui fut le dépositaire diaire on put parvenir à des résultats notables dans les
des promesses divines jusqu’à Jésus-Christ, malgré périodes mêmes où la maladie du Pape empêchait qui­
l’aveuglement continuel de ce peuple, bien plus à cause conque de l’approcher” (A. BUGNINI, op. cit., p. 22).
même de cet aveuglement. Avec quelle charité le Siège 70) J. ISAAC, Verità e mito, op. cit., p. 38.
Apostolique n’a-t-il pas protégé le même peuple contre 71) JEAN TOULAT, Juifs mes frères, éd. Guy Victor,
les vexations injustes! Parce qu’il réprouve toutes les 1962; nouvelle édition: Fayard, Paris, 1972. Traduction

179
SODALITIUM : La question juive

italienne: Una visita a Jules Isaac, dans Rassegna mensi­ crétaire de l’ambassade de France auprès du Saint-
le di Israele, nov.-dic. 1972, pp. 3 à 13. Siège (cf. Annuario Pontificio, année 1961, p. 1000).
72) SIDIC, (Service International de documentation 81) Cf. SIDIC, vol. 27, n° 1, 1994, p. 23.
Judéo-chrétienne), n° 3, 1968, pp. 10 à 12; cf. aussi n° 1, 82) Cf. Sodalitium, n° 25, p. 13, qui rapporte une ci­
1994, p. 23. tation d’André Chouraki.
73) Daniel Mayer, journaliste, député au Parlement 83) Cf. Sodalitium, n° 39, pp. 19 à 32.
français, secrétaire général du Parti Socialiste clandes­ 84) Cf. S. SCHMIDT, op. cit., p. 354.
tin (1943-1944), ministre du Travail et de la Santé, 85) S. SCHMIDT, op. cit., p. 355.
membre du Comité d’honneur du Centre de documen­ 86) S. SCHMIDT, op. cit., p. 356.
tation juive contemporaine, président de la Ligue des 87) Cf. Annuario Pontificio, ed 1961, p. 1126, ed.
Droits de l’Homme, cf. GYGES, op. cit., pp. 79 à 214. 963, p. 1074.
74) Jean Bloch, dit Pierre Bloch, député, maire de 88) P. GINIEWSKY, op. cit., p. 330.
Lyon, vice-président du Comité d’Action de la Résis­ 89) Cf. E. RATIER, op. cit., p. 125.
tance, membre de la Commission pour la Médaille de la 90) PETER HEBBLETHWAITE, Jean XXIII. Le pape du
Résistance et de l’Alliance Israélite Universelle, haut Concile. Ed. Le Centurion, 1988, p. 415. Le livre s’inti­
magistrat. Cfr. GYGES, op. cit., p. 223. tule Les juifs et l’Evangile.
75) Auriol, athée et socialiste, ministre dans le Gou­ 91) Cf. E. RATIER, op. cit., pp. 125-126; LÉON DE
vernement Bloch, puis président de la République Fran­ PONCINS, dans AA.VV., Infiltrations ennemies dans l’Egli­
çaise, devint ami personnel de Jean XXIII alors Nonce à se, op. cit., pp. 79-80; AA.VV., L’azione giudaico-masso­
Paris (Cf. Sodalitium n° 27, p. 16 et n° 28, p. 27). nica nel Concilio. Texte réservé exclusivement aux Très
76) Marcel Bleustein (qui par la suite ajouta à son Révérends Pères Conciliaires, sine loco et data, pp. 2-3
nom celui de Blanchet), directeur général de Publicis et et 11 à 13; P. MARCEL MAUCLAIR, Le déicide est le peuple
de Régie-Presse (qui regroupe 40 journaux), administra­ juif, sine loco et data, p. 3. Sur le problème des Mar­
teur de la Telma, conseiller pour le Commerce Extérieur, ranes” ou crypto-juifs, cf. DON CURZIO NITOGLIA, Le
directeur général pour la publicité du Figaro, fondateur problème des Marranes, dans Sodalitium, n° 39, pp. 4 à
de Radio-Cité, membre du Comité du Fond Social Juif 19.
Unifié, membre du Haut Comité d’Etudes et d’Informa­ 92) MGR PIETRO ROSSANO , I Papi, la Chiesa e il
tion sur l’alcoolisme. Cf. GYGES, op. cit., p. 169. mondo delle religioni, dans AA.VV., Chiesa e papato nel
77) E. RATIER, op. cit., pp. 120-121. mondo contemporaneo, par les soins de G. ALBERIGO et
78) Isaac n’exclue donc pas que sa proposition de A. RICCARDI, ed. Laterza, Rome-Bari, 1990, p. 500.
touche à la foi et au dogme chrétien. En fait, les thèses
de Jules Isaac, substantiellement acceptées par Vatican
II et par les documents post-conciliaires, sont contraires
à la foi catholique. Avant tout parce qu’elles nient l’his­
toricité des Evangiles, ce qui a été implicitement accep­
té: «Les Evangiles sont le fruit d’un travail rédactionnel
long et compliqué (...). Il n’est donc pas exclu que cer­
taines références hostiles ou peu favorables aux juifs
aient comme contexte historique les conflits entre l’Egli­
se naissante et la communauté juive. Certaines polé­
miques sont le reflet des conditions de rapports entre
juifs et chrétiens bien postérieures à Jésus. Cette consta­
tation reste capitale si l’on veut dégager le sens de cer­
tains textes des Evangiles pour les chrétiens
d’aujourd’hui» (Extrait de: Catholiques et juifs: un nou­
veau regard. Notes de la Commission du Saint-Siège
pour les relations avec le judaïsme. Sous le titre original:
Notes pour une correcte présentation des juifs et du ju­
daïsme dans la prédication et la catéchèse de l’Eglise ca­
tholique. par les soins de la Commission du Saint-Siège,
n° 21 A, du 24 juin 1985. Cf. Documentation Catholique
n° 1900 [14], 21 juillet 1985, p. 736). Ensuite, et Jules
Isaac l’admet explicitement, parce que ses thèses nient
l’interprétation qu’ont donnée de la Sainte Ecriture les
Pères de l’Eglise (entre autres et surtout, les deux prin­
cipaux: saint Augustin, pour l’Eglise latine, et saint Jean
Chrysostome pour l’Eglise grecque). Or, selon les pa­
roles mêmes de Pie XII (enc. Haurietis aquas), les Pères
de l’Eglise sont “ les textes véridiques de la doctrine di­
vinement révélée”. Dans l’interprétation de l’Ecriture,
le consensus des Pères est, pour l’Eglise catholique, une
garantie de doctrine infaillible, divinement révélée.
Donc, même si Isaac s’était limité à (faire) condamner
la doctrine des Pères de l’Eglise (et il ne s’est pas borné
à cela, bien au contraire) il aurait déjà condamné (et fait
condamner) le dogme catholique.
79) S. SCHMIDT S.J., op. cit., p. 353.
80) Le comte Lionel de Warren était Premier Se­

180
SODALITIUM : La question juive

JEAN XXIII ET LES JUIFS.


SUITE: DE JULES ISAAC A NOSTRA ÆTATE
Par M. l’abbé Francesco Ricossa

E n sortant du Vatican, le “frère” Jules


Marx Isaac était donc retourné à la loge
avec “plus qu’un espoir”: Jean XXIII lui
avait promis une révision de la doctrine
chrétienne sur les rapports entre Eglise et
judaïsme. Il s’agissait maintenant de concré­
tiser cet engagement solennel. Cet article
s’efforcera de suivre pas à pas les dévelop­
pements de cette manœuvre en suivant trois
pistes: l’action directe et publique de Jean
XXIII, celle du cardinal Béa délégué par lui
aux relations judéo-chrétiennes le 18 sep­
tembre 1960, et enfin “l’accord secret”
conclu en 1962-1963, accord qui trouvera
son aboutissement dans la déclaration conci­
liaire Nostra ætate.

Deux allocutions et une bénédiction

Si l’on cherche dans les discours officiels


de Jean XXIII la preuve du changement
d’attitude décisif du Vatican vis-à-vis du
judaïsme, on est en partie déçu. En cinq ans
de pontificat, Jean XXIII n’a adressé que
deux allocutions à des associations juives, le
18 janvier 1960 au Congrès Mondial Juif et le
17 octobre de la même année à l’association
United Jewish Appeal des Etats-Unis ( 1).
Habitués au rythme actuel des rencontres
judéo-chrétiennes, nous sommes étonnés de
tant de discrétion! Cependant le discours
adressé aux 130 juifs de l’United Jewish
Appeal sous la conduite du rabbin Herbert
Friedman révèle déjà des erreurs doctrinales
importantes; mais ayant déjà commenté
cette allocution, je ne m’y arrêterai pas da­
vantage (2). Plus que les élaborations théolo­
giques, Jean XXIII aimait les gestes symbo­
liques qui font meilleure impression sur les
gens, qui s’impriment plus facilement dans la
mémoire et qui ne nécessitent pas une rigou­
reuse justification doctrinale... C’est ainsi
que “le 17 mars 1962, Jean XXIII passait en
voiture sur le Lungotevere. A la hauteur de
la synagogue il donna l’ordre au chauffeur
de s’arrêter et de se garer le long du trottoir:

181
SODALITIUM : La question juive

c’était un samedi matin et des groupes de Chapitre III, numéro 12) où l’on avertissait le
juifs sortaient du temple après la prière. Le ministre du sacrement de “faire connaître et
pape fit décapoter la voiture et les bénit, ce détester la perversité de ses erreurs” à l’héré­
qu’aucun pape avant lui n’avait jamais tique qui se convertissait au catholicisme (6).
fait”( 3). Le geste vaut plus que mille dis­ Dans le rite même du baptême, le converti
cours; la bénédiction accordée aux juifs de­ devait abjurer et détester les idoles s’il venait
vant la synagogue (de façon peu orthodoxe, du paganisme, la “perfidie mahométane” s’il
car on bénit seulement les fidèles) a été était musulman, “la perversité hérétique” et
considérée, à raison, par Jean-Paul II lui­ les “sectes néfastes” s’il était protestant. Enfin
même comme une anticipation symbolique si le néophyte venait du judaïsme, il devait dé­
de sa propre visite à l’intérieur du Temple is­ clarer avoir en horreur la perfidie judaïque et
raélite: “l’héritage que je désirerais recueillir déclarer rejeter la superstition juive (7). Ces
maintenant, c’est celui du Pape Jean lequel, paroles dites par le prêtre qui baptise furent
un jour où il passait par ici - comme l’a rap­ supprimées en vertu du principe précédem­
pelé le Grand Rabbin - fit arrêter sa voiture ment énoncé selon lequel le catéchumène doit
pour bénir la foule des juifs qui sortaient de être instruit de la religion catholique, mais ne
ce même Temple. Et c’est en cet instant que doit pas rejeter ses erreurs précédentes; prin­
je voudrais recueillir cet héritage, alors que cipe qui oublie que la profession de la vérité
je me trouve non plus à l’extérieur, mais, et la détestation de l’erreur sont corrélatives:
grâce à votre générosité, à l’intérieur de la l’une exigeant l’autre. Comment concilier
Synagogue de Rome. Après le pontificat de cette décision avec la doctrine catholique
Jean XXIII et le Concile Vatican II, cette selon laquelle, dans la liturgie, il ne peut y
rencontre conclut, d’une certaine façon, une avoir rien de contraire à la foi ou à la morale,
longue période sur laquelle il ne faut pas se rien de nocif pour les âmes?
lasser de réfléchir pour tirer les enseigne­
ments opportuns...” (4). Suppression du culte du Bienheureux André

La réforme du rite du baptême des adultes Giniewsky signale une autre initiative de
Jean XXIII, peu connue jusqu’à présent. Les
Avec la réforme du rite du baptême pour lecteurs de Sodalitium connaissent déjà le
les adultes, un autre geste d’ouverture au ju­ thème de l’“homicide rituel” (8). Dans trois
daïsme fut réalisé par Jean XXIII. Je n’en cas l’Eglise s’est prononcée par une Bulle de
avais jamais entendu parler et je dois cette in­ béatification. L’un des trois est celui du bien­
formation à un auteur déjà cité dans les par­ heureux André de Rinn, martyrisé en 1462,
ties précédentes de cet article, Paul Gin­ dans le Tyrol. Le Pape Benoît XIV en ap­
iewsky, auteur juif radicalement antichrétien prouva le culte en 1755 avec la Bulle Beatus
dont le livre est cependant préfacé par le Père Andreas. «En 1961 - nous informe
Jean Dujardin, le secrétaire, un peu embar­ Giniewsky qui cite les études d’une reli­
rassé tout de même, du Comité épiscopal gieuse, sœur Maria Despina, publiées en
français pour les relations avec le judaïsme (5). 1971 par la revue Rencontre - Jules Isaac
A la page 330 de son livre, après avoir énumé­ avait transmis au cardinal Bea (...) un dossier
ré les mérites de Jean XXIII en ce qui complet sur l’église de Rinn, où figuraient
concerne les juifs, Giniewsky parle de cette toujours les statues au type caricatural repré­
réforme liturgique: “(Jean XXIII) expurgea le sentant les colporteurs juifs accusés de l’as­
cérémonial du baptême en supprimant les for­ sassinat d’Andreas (...), où l’on distribuait
mules qui concernaient l’incroyance juive et toujours les tracts revêtus de l’imprimatur,
l’erreur hébraïque”. Voici de quoi il s’agit. Le relatant le crime. Simon Weisenthal et di­
16 avril 1962, la Sacrée Congrégation des verses organisations juives et chrétiennes
Rites promulgait un décret sur le nouveau ri­ étaient également intervenues. Ces dé­
tuel du baptême des adultes [AAS, 54, 1962, marches aboutirent à une lettre secrète du 5
315 à 338] dans lequel était pratiquement res­ mai 1961 de Jean XXIII au supérieur du cou­
tauré l’ancien catéchuménat prévoyant un vent de Wilten, et à des mesures: la suppres­
baptême par étapes. Il y a toutefois dans cette sion des statuettes, de la procession annuelle
réforme une déclaration qui sent l’œcumé­ et de la messe à la mémoire d’André, et l’ap­
nisme. Le nouveau rituel supprimait en effet position d’une plaque, à l’entrée de l’église,
la recommandation de l’ancien (titre II, précisant que “le peuple juif n’a rien à voir

182
SODALITIUM : La question juive

avec le cas du bienheureux André de Rinn de la part de l’Eglise, même si le processus de­
où il ne s’agit que d’une légende”». Pourtant vait être long et difficile. Pour sa part, bien
dans un premier temps, l’épiscopat aurait que prévoyant une violente opposition de la
éludé la demande de Jean XXIII. Quant à la part de ses collègues de la Curie, il ferait tout
population: «Les fidèles n’avaient pas accep­ pour inciter le Concile à une attitude nouvelle
té l’ordre papal en leur cœur, ils se sentaient et positive. Selon lui, le premier pas devait être
l’objet d’une brimade obtenue sous la pres­ le suivant: les organisations juives devaient lui
sion des Juifs» (9). Pouvons-nous donner tort envoyer par l’intermédiaire du Pape un me­
au peuple fidèle? Vox populi, vox Dei! morandum demandant que le problème soit
Citant encore ladite sœur Despina, proposé à l’ordre du jour du Concile. Il me
Giniewsky nous révèle également une autre pria de m’employer à constituer un front juif
intervention de Jean XXIII relative à un cas unique (...). Il me pria aussi et plus particuliè­
semblable à celui de l’“homicide rituel”, la rement d’inciter les organisations juives n’ap­
profanation des hosties consacrées; “L’une de partenant pas au Congrès Mondial Juif à don­
ces légendes faisait la prospérité de la petite ner leur appui au memorandum. Je lui répon­
ville de Deggendorf en Bavière, dont l’église dis que ce serait difficile, et en particulier, lui
s’ornait de fresques détaillant un crime juif dis ma crainte que l’orthodoxie juive ne s’op­
imaginaire remontant à 1337. Le pape ordon­ pose à une telle démarche auprès du Vatican,
na en 1960 l’enlèvement des fresques et la ce qui rendrait la chose plus difficile encore.
suspension du pélerinage...” (10). De plus, si une violente polémique devait en
résulter à l’intérieur du judaïsme, la tentative
Le cardinal Bea et Nahum Goldman (26 de rapprochement se résoudrait au détriment
octobre 1960) des relations réciproques. Quoiqu’il en soit je
lui promis de faire l’impossible et de rester en
Ce que nous avons rapporté jusqu’ici n’est contact avec lui” (13). Le texte est révélateur.
rien cependant en regard du travail infatigable Avant tout, il s’agit d’une nouveauté, d’“un
qu’effectua le cardinal Bea, expressément dé­ changement radical de la part de l’Eglise”. De
légué par Jean XXIII, pour lier d’étroits ce “changement” Jean XXIII est le respon­
contacts avec le monde juif. Penser seulement sable; il l’a voulu, orientant le Concile vers
que, dans la période s’étendant de 1960 à cette route de rupture déclarée avec la tradi­
1964, le vieux cardinal à la santé branlante eut tion ecclésiastique, malgré la “violente opposi­
bien une trentaine de “contacts personnels, tion”, bien prévisible, des cardinaux. C’est Bea
avec des particuliers ou avec des groupes re­ qui fut l’instrument de cette volonté de Jean
présentant diverses organisations juives” (11) XXIII, Bea qui n’était pas si ignorant sur la
donne une idée du phénomène. Le premier de question juive que nous le veut faire croire le
la liste eut lieu vraisemblablement un mois Sidic (Service international de documentation
seulement après que Jean XXIII eut confié judéo-chrétienne) (14). Quant à la tactique pro­
cette charge au cardinal. “Sans attendre que posée, c’est toujours la même, celle qui a fait
les Commissions préparatoires [au Concile] et ses preuves lors de la création du Secrétariat:
le Secrétariat commencent leur travail (12), le un memorandum est envoyé à Jean XXIII; ap­
cardinal Bea eut la première entrevue au som­ paremment spontané il est en fait piloté et sol­
met avec Nahum Goldman, président du licité par Roncalli et Bea eux-mêmes. Restent
Congrès Mondial Juif. L’entrevue se déroula à enfin les obstacles de la part des intransigeants
Rome, à la demande de Bea, le 26 octobre des deux camps: les juifs “orthodoxes”, et les
1960. Je tire de la relation qu’en fait Goldman catholiques... orthodoxes! Pour ces derniers,
lui-même les passages les plus significatifs: “Il ils partaient battus d’avance puisqu’ils avaient
me dit [Bea] qu’il avait demandé à me voir contre eux le pouvoir absolu de Jean XXIII en
parce que le Pape avait l’intention de propo­ personne. Quant à l’orthodoxie juive elle se­
ser à l’ordre du jour du Concile le problème rait plus difficile à convaincre!
des relations judéo-chrétiennes et qu’il l’avait
chargé de lui préparer la chose. (...) Dès le Hostilité au “dialogue” de la part des juifs
premier colloque, il montra qu’il comprenait orthodoxes
bien l’importance historique et politique des
relations chrétiennes-juives; il me fit part éga­ La preuve en est qu’une année après la
lement de sa conviction que, dans ces rela­ rencontre Goldman-Bea, le 18 novembre
tions, un changement radical était nécessaire 1961, le quotidien israélien Jerusalem Post

183
SODALITIUM : La question juive

tholiques ouvraient les portes aux mariages


mixtes et au courant libéral, les rabbins les
fermaient toutes aux innovations contraires à
la plus stricte tradition! Quant à la réponse
aux avances des conciliaires, elle était tout
aussi claire: “En raison de la publication par
la presse de déclarations préconisant une
Nahum Goldman
participation juive au Concile œcuménique,
la Conférence estime devoir rappeler que le
judaïsme ne saurait en aucune manière inter­
venir dans le problème de l’unité chrétienne
qui fait l’objet de ce Concile, et qui, par défi­
nition, ne peut concerner que les chrétiens.
écrivait encore: “Du côté juif, on ne fera pas En accord avec l’ensemble du judaïsme, la
facilement un pas dans le sens d’un rappro­ Conférence a pris acte, avec satisfaction, des
chement. La méfiance à l’égard des catho­ modifications récemment introduites par le
liques est grande surtout chez les juifs ortho­ Pape Jean XXIII dans la liturgie, tendant à
doxes, mais sous peu le Comité permanent de supprimer le caractère offensant pour les
la Conférence des rabbins européens consa­ juifs et la religion juive de certains textes de
crera son attention au problème qui a été la liturgie catholique. Ces modifications ma­
soulevé [l’envoi au Concile d’observateurs nifestent à ses yeux la volonté sincère et bien
juifs]. Le plus désireux de promouvoir la co­ déterminée du Vatican d’éliminer les préju­
opération est le grand rabbin de Rome, le gés et les malentendus” (16). Le message des
rabbin Toaff, tandis que le grand rabbin du rabbins est clair: nous sommes les gardiens
Commonwealth britannique, le rabbin de la Tradition judaïque, et nous ne bou­
Brodie, a exprimé son opposition à tout geons pas de là; si les catholiques veulent
contact avec le Concile œcuménique dont le changer et faire amende honorable, qu’ils le
but est de statuer sur des questions doctri­ fassent: cela nous va bien ainsi (17).
nales qui ne concernent que l’Eglise catho­
lique” (15). La IIIème Conférence des rabbins Jean XXIII demande à Bea un schéma
européens tenue à Paris du 14 au 16 no­ conciliaire sur les juifs... (1er février 1962)
vembre 1961 sous la présidence du rabbin
Brodie ne fut certes pas un chef-d’œuvre Après cette digression sur l’attitude de
d’œcuménisme! Les rabbins rappelèrent “les l’orthodoxie juive, revenons au travail de
conséquences désastreuses des mariages Bea. Un grand nombre des trente entrevues
contractés en dehors de la loi judaïque et qui enregistrées entre 1960 et 1964 se situent pro­
ont pour effet de désagréger la famille juive bablement dans le courant de l’année 1961,
et de dissoudre nos communautés. La confé­ mais de celles-ci il n’est resté aucune trace
rence a considéré avec une attention particu­ (du moins je n’en ai trouvé aucune, si l’on ex­
lière le grave problème des demandes de clue l’intervention d’Isaac pour l’affaire
conversion (...). En tant que gardiens et dé­ Rinn). Mais le 25 décembre 1961, avec la
fenseurs de la Tradition, les rabbins réunis en lettre apostolique Humanæ Salutis (sur la­
conférence déclarèrent solennellement que, quelle nous reviendrons), Jean XXIII
pour prévenir d’irréparables drames fami­ convoque le Concile Vatican II qui devra
liaux et préserver l’unité de la communauté, commencer le 11 octobre de l’année suivante.
les mariages, divorces ou conversions n’au­ Le temps presse... et Bea intensifie ses
ront de validité et ne pourront être reconnus contacts. Encore une fois, l’ordre vient de
que s’ils sont conformes, dans tous les détails, Jean XXIII en personne. “Dès avril 1961, le
aux dispositions de notre code religieux. La Secrétariat avait terminé les schémas sur
Conférence conjure les fidèles de ne pas re­ quatre thèmes importants: l’appartenance
courir pour les mariages, les divorces ou les des baptisés non catholiques à l’Eglise, la
conversions à des ministres du culte réformé, structure hiérarchique de l’Eglise, le sacer­
libéral ou de toute autre tendance, qui ne se doce de tous les fidèles et la place des laïcs
sentent pas tenus à suivre la tradition authen­ dans l’Eglise, et enfin les aspects œcumé­
tique du judaïsme tel qu’il est défini par niques de quelques formules liturgiques”. Les
l’Halakha”. Tandis qu’avec le Concile les ca­ schémas furent transmis aux Commissions

184
SODALITIUM : La question juive

conciliaires compétentes qui devaient les exa­ tés de l’Eglise” (21). Après l’audience à Jules
miner. Cependant, “à l’audience accordée au Isaac et la présentation du Memorandum
cardinal le 1er février 1962 [Jean XXIII] dé­ Goldman-Katz, il n’est donc pas téméraire
cide que le Secrétariat proposera les schémas d’écrire que le document Nostra Ætate a été
sur la liberté religieuse et celui concernant les inspiré et commissionné par les loges maçon­
juifs directement à la Commission centrale niques du B’naï B’rith.
préparatoire, sans l’intervention d’aucune
autre commission” (18). Jean XXIII a donc L’affaire Chaim Wardi (Juin à Août 1962)
voulu les textes conciliaires sur la liberté reli­ enterre le décret sur les juifs
gieuse (Dignitatis humanæ) et sur les juifs
(Nostra Ætate). Il les a voulus dans leur L’affaire du quartette Roncalli-Bea-
forme la plus extrême (les schémas du Goldman-Katz avait donc le vent en poupe.
Secrétariat furent plusieurs fois amendés et Pour concrétiser leurs desseins, ces trois der­
modérés avant d’être approuvés définitive­ niers se rencontraient à Rome, le lundi de
ment), de même qu’en attribuant l’exclusivité Pentecôte qui cette année-là tombait le 11
de cette matière au Secrétariat de Bea, et en juin. Le 12 juin, l’agence de Presse Kipa rap­
court-circuitant la Commission doctrinale du portait: “le professeur Nahum Goldman, pré­
Cardinal Ottaviani, il a voulu pour eux un sident du Congrès Mondial Juif a rendu visite,
traitement de faveur. lundi de Pentecôte, au cardinal Agostino Bea,
président du Secrétariat préparatoire du
...et le B’naï B’rith en laisse une trace écrite! Concile (sic) pour l’union des chrétiens. L’en­
(27 février 1962) trevue s’est déroulée à la résidence romaine
du cardinal et a duré une heure. On ne pos­
Peu après, “le 27 février 1962, le sède jusqu’ici aucun détail sur l’entretien” (22).
Memorandum que le Cardinal avait deman­ La même agence poursuit avec une autre
dé [le 26 octobre 1960] à Nahum Goldman nouvelle très importante qui dévoile partielle­
fut consigné et présenté par le Dr. Goldman, ment l’objet des débats entre Bea, Goldman
du Congrès Mondial Juif, et par Label A. et Katz: “On apprend d’autre part que le Dr
Katz, de la Benai Berîth, au nom de la Chaim Wardi, jusqu’ici directeur du départe­
Conférence Mondiale des Organisations ment des Affaires chrétiennes au ministère is­
Juives” (19). Evidemment, dans la prépara­ raélien des affaires religieuses, s’établira à
tion de Nostra ætate, les “suggestions” élabo­ Rome au mois de juillet. Il aura pour tâche de
rées dans les Loges des B’naï B’rith seront suivre de près le déroulement du IIème
prises en compte par Bea et Roncalli qui les Concile du Vatican et plus particulièrement
avaient sollicitées! Les prêtres auteurs du de s’informer de toutes les questions concer­
texte réservé aux Pères Conciliaires et intitu­ nant les juifs qui pourraient être traitées par
lé L’Azione giudaico-massonica nel Concilio, le Concile. Comme on le sait, le cardinal Bea
soutiennent que le mémorial “contient inté­ a récemment déclaré à la presse étrangère, à
gralement les thèses du décret sur les juifs Rome, que le secrétariat qu’il dirige s’était oc­
présenté par le Secrétariat pour l’Union des cupé, au cours de cinq séances, de quelques
Chrétiens à l’assemblée plénière du Concile” problèmes touchant le judaïsme” ( 23). En
(20). En attendant de lire (ou de publier) le effet, depuis décembre 1960 déjà, le cardinal
Memorandum présenté par le B’naï B’rith à Bea se mettait en quatre pour réaliser, selon
Bea, contentons-nous de l’affirmation du fa­ ses propres expressions, “le fait qui s’avéra
meux quotidien parisien Le Monde: “L’orga­ tout simplement déterminant pour l’aspect
nisation juive internationale B’naï B’rith a œcuménique qui prévalut au Concile et qui
manifesté le désir d’établir des relations plus contribua grandement à ses résultats œcumé­
étroites avec l’Eglise Catholique. Cet Ordre niques”, autrement dit “la présence d’obser­
a soumis maintenant à l’Eglise une déclara­ vateurs venant d’Eglises et de Communautés
tion dans laquelle est affirmée la responsabi­ ecclésiales non catholiques” (24). Avec la bulle
lité de l’humanité entière dans la mort du de convocation du Concile, Humanæ salutis
Christ. Label Katz, président du Conseil (25 décembre 1961), Jean XXIII annonçait
International des B’naï B’rith, a déclaré que publiquement la décision de faire participer
si cette déclaration est acceptée par le au Concile ces “observateurs” non catho­
Concile, les communautés juives chercheront liques. Y aurait-il également des juifs? Un ar­
les moyens de collaboration avec les autori­ ticle du Jerusalem Post du 14 janvier 1962 lais-

185
SODALITIUM : La question juive

sait entendre que oui: “certains milieux juifs ­ il faut que l’Eglise, naturellement sans chan­
écrivait le quotidien israélien dans un article ger sa théologie, débarrasse son enseignement
de Geoffrey Wigoder - (plus politiques que de tout ce qu’il contient d’aversion envers les
religieux) ont envoyé quelques émissaires dis­ juifs, aversion qui a souvent donné naissance
crets pour savoir si le Concile ne pourrait pas à des formes d’antisémitisme et qui est contin­
être le signal d’un certain rapprochement. Le gente, extrinsèque, et, qu’il me soit permis de
Pape Jean a déjà montré du courage et de le dire, antichrétienne. En d’autres temps,
l’indépendance d’esprit en faisant supprimer ç’aurait été une folie de demander à l’Eglise
diverses traces d’antisémitisme qui subsis­ un tel comportement. Aujourd’hui, non. Dès
taient dans la liturgie catholique et il est les premières années de son pontificat, Jean
connu pour son attitude ouverte à l’égard des XXIII a manifesté une généreuse sensibilité à
non-catholiques. Bien qu’on ne s’attende pas l’égard du problème juif. On connaît, entre
à ce que les juifs soient invités à prendre part autres, la correction qu’il a fait apporter à la
au Concile, la presse a parlé de la possibilité liturgie du Vendredi saint. Cela n’est naturel­
de voir des observateurs juifs y assister; lement qu’un commencement, mais permet
d’après le Vatican, ces observateurs ne se­ d’espérer qu’on continuera sur cette voie...”
raient pas des porte-paroles d’organisations (25). Bea, Goldman et Katz avaient pensé que,
déterminées, mais ‘des experts de la loi et de dans ce climat, l’envoi d’un observateur juif
la religion juive’ (...). Il est à noter que plu­ au Concile passerait... inaperçu! Mais le choix
sieurs membres du Secrétariat (pour l’union qui fut fait ne pouvait être pire. C’est en vain
des chrétiens) sont des experts des relations que Bea voulait faire passer la question juive
judéo-chrétiennes. Notamment Mgr John pour exclusivement religieuse; nous avons vu
Oesterreicher, directeur d’un institut d’études le Jerusalem Post l’affirmer, l’intérêt porté par
judéo-chrétiennes aux USA; l’abbé Leo les juifs au Concile provenait des milieux poli­
Rudolph, de l’église de la Dormition du mont tiques et non des milieux religieux. Et en effet
Sion, et le P. Demann, Français, qui a com­ l’observateur choisi par eux n’était pas seule­
mencé une enquête sur 2000 manuels sco­ ment membre du Conseil Mondial Juif, mais
laires en français pour y relever leur enseigne­ aussi fonctionnaire du gouvernement israélien
ment en ce qui concerne les juifs” (23). Tandis appartenant au Ministère des Cultes. Bien
que le Secrétariat travaillait sans interruption sûr, pour la circonstance, Wardi avait donné
à l’“opération invitation observateurs”, et re­ les démissions opportunes du ministère, mais
cueillait l’adhésion d’hérétiques et de schis­ la manœuvre ne trompait personne... Aussi
matiques du monde entier, le gouvernement l’annonce de l’arrivée de Wardi souleva-t-elle
israélien voulut lui aussi envoyer le sien, tou­ “une tempête de protestations de la part des
jours avec l’accord de Bea. Pourquoi s’inquié­ Etats Arabes” (26) qui craignaient une ingé­
ter? Le plan semblait avoir pleinement réussi! rence du gouvernement sioniste dans les tra­
En mars, Jean XXIII avait béni les fidèles sor­ vaux conciliaires. Le résultat fut désastreux
tant de la synagogue. Dans les milieux juifs pour les intérêts juifs. La première consé­
italiens on exultait. Du 29 avril au 1er mai, à quence toucha le schéma sur les juifs dont la
Castiglioncello, en Toscane, la Federazione préparation avait demandé à Bea deux an­
Giovanile Ebraica d’Italia se réunit pour dé­ nées de labeur: “il tombait à l’eau du jour au
battre la question de “Vatican et Judaïsme”. lendemain” ( 26 ). En effet le 20 juin la
“L’importante initiative d’inviter les protes­ Commission centrale préparatoire au Concile
tants à participer au prochain Concile œcumé­ devait se réunir. Le cardinal Bea craignait de
nique revêt, à mon avis, une profonde signifi­ rencontrer quelques difficultés et il chercha à
cation: la volonté du catholicisme de rouvrir les prévenir. Il prépara donc un bref rapport
le dialogue avec les non-catholiques en géné­ sur le schéma De Judæis. Le Père Schmidt
ral... Cette ligne de conduite de l’Eglise ro­ rapporte: “Dans ce rapport, le Cardinal men­
maine peut transformer son attitude à l’égard tionne la charge explicitement conférée par le
des juifs en reconsidérant les rapports entre Pape au secrétariat et consistant à s’occuper
l’Eglise et le judaïsme. Nous pourrions ainsi des nombreux préjugés sur les juifs, répandus
assister à l’ouverture d’un dialogue qui ne même parmi les catholiques, surtout le fait de
viserait pas à la conversion des interlocuteurs, les considérer comme ‘déicides’ et ‘maudits
mais à clarifier les positions des uns et des de Dieu’. (...) Ensuite, faisant manifestement
autres. Pour instaurer un semblable dialogue, allusion à la tempête qui se prépare, le
et pour que l’opinion publique le comprenne, Cardinal ajoute: ‘C’est une tout autre ques-

186
SODALITIUM : La question juive

tion d’établir si dans les circonstances tout se tenir au courant de toutes les ques­
concrètes il est opportun et prudent de propo­ tions qui pourraient avoir trait au judaïsme.
ser ce décret’ et il rappelle les susdites inimi­ Cette décision avait été prise par le gouverne­
tiés entre juifs et arabes, une situation ‘sur la­ ment israélien. A la suite de certaines réac­
quelle l’Eminentissime Cardinal Secrétaire tions de pays arabes, le gouvernement israé­
pourra fournir de plus amples détails’. Il est lien est revenu sur sa décision et a déclaré ne
clair qu’en préparant son rapport, le Président pas être en mesure d’envoyer un observateur
du Secrétariat, prévoyait déjà ce qui allait ar­ au Concile. Ainsi - déclare-t-on dans les mi­
river... (27) et qu’il prenait ses précautions en lieux généralement bien informés - une “si­
se couvrant de l’autorité de Jean XXIII. tuation pénible” sera évitée au Vatican» (29).
“L’Eminentissime Cardinal Secrétaire” Comment soutenir, avec le cardinal Bea, que
d’Etat ne se laissa pas cependant impression­ l’intérêt du schéma sur les juifs était seule­
ner. «Le procès-verbal de la Commission cen­ ment religieux si le Jerusalem Post et le gou­
trale du 20 juin rapporte sur un ton presque vernement israélien lui-même laissaient en­
glacial une proposition du Cardinal Secrétaire tendre exactement le contraire?
d’Etat Amleto Cicognani: “Il a été examiné
avec l’Eminentissime Cardinal Bea s’il conve­ Premières oppositions à l’ouverture aux
nait de présenter à cette Commission centrale juifs: politiques ou religieuses?
et de compter au nombre des Actes du
Concile œcuménique le ‘décret sur les juifs’ La première opposition manifestée contre
préparé avec tant de charité par ce même le schéma conciliaire sur les juifs fut le fait du
Cardinal. Il nous a paru inopportun... Aussi Cardinal Cicognani. Bea tint à nous préciser
est-il proposé que le Concile ne tienne pas que «le schéma avait été supprimé du pro­
compte de ce décret et qu’il n’apparaisse pas gramme du Concile “non pour les idées et la
dans les Actes Conciliaires” (26). Cicognani doctrine qui y étaient exposées, mais seule­
donnait deux motivations de cette inopportu­ ment à cause de certaines circonstances poli­
nité: que le décret ne se conformait pas au but tiques malheureuses du moment”» (26). Son
du Concile (l’unité des chrétiens ne concer­ secrétaire et biographe, le père Schmidt, est
nait pas les juifs); qu’il pouvait être interprété du même avis: “L’affirmation de R. Kaiser
comme un appui politique à Israël, et provo­ selon laquelle c’est le Saint-Office qui fut
quer ainsi la réaction des états arabes: “on en l’instigateur de la réaction des Pays arabes est
entend déjà les rumeurs”, ajoutait-il, faisant sans fondement”, écrit-il (30). Certes les pays
allusion aux protestations contre l’envoi de arabes n’avaient pas besoin du Saint-Office
Chaim Wardi à Rome en qualité d’observa­ pour être incités à une réaction contre Israël!
teur. C’est ainsi que “le schéma concernant Le cardinal Bea et le père Schmidt ont-ils ce­
les relations avec le peuple juif se trouvait ab­ pendant raison de soutenir que l’opposition
solument radié du programme du Concile” manifestée au schéma sur les juifs n’eut pas
(28). La défaite fut rendue publique au mois de motivations doctrinales, mais seulement
d’août lorsque l’agence de presse Kipa, celle des motivations d’opportunité politique?
même qui avait annoncé triomphalement le C’est ce que semble dire le Cardinal
parachutage à Rome de Chaim Wardi, dut Cicognani lui-même... Pourtant il est permis
annoncer que l’israélien resterait à la maison: d’en douter. Voici ce que dit le père Schmidt
«Contrairement à ce qui a été annoncé précé­ à propos tant de l’importance religieuse du
demment, Israël n’enverra pas d’observateurs schéma que des oppositions “démesurées” à
au Concile. En effet le Dr Chaim Wardi (...) ce schéma: “tous les documents préparés et
aurait dû suivre les travaux du Concile, et sur- soutenus par le Secrétariat ne sont pas sans
avoir coûté bien de la peine et procuré bien
des angoisses - ceci vaut particulièrement
pour le document sur la liberté religieuse. Or
le Cardinal ne s’était occupé d’aucun comme
Label Katz, de la susdite déclaration [Nostra ætate], et
président du Conseil plus spécialement de la partie concernant le
International
du B’naï B’rith
peuple juif. (...) Aussi, la bataille pour ce do­
cument et les vicissitudes dramatiques à tra­
vers lesquelles il dut passer se répercutèrent
beaucoup plus profondément au plus intime

187
SODALITIUM : La question juive

de son être” au point que lui-même déclarait: tholiques (en particulier mexicains et fran­
“si j’avais pu prévoir toutes les difficultés que çais) et, parmi les Pères conciliaires, de Mgr
nous devions rencontrer, je ne sais pas si j’au­ Luigi Carli, alors Evêque de Segni (transféré
rais eu le courage de me lancer sur cette ensuite à l’archidiocèse de Gaëte) ainsi que
voie”. Comme le déclara encore Bea, il s’agis­ de Mgr Marcel Lefebvre et de Mgr Geraldo
sait du “problème bimillénaire, aussi vieux de Proença Sigaud. Sur ceux-ci la motivation
que le christianisme lui-même, des relations politique n’avait donc pas de prise, et leur op­
de l’Eglise avec le peuple juif”: question dog­ position concernait le schéma lui-même, plu­
matique et religieuse par excellence, même si tôt que son opportunité politique (mais ceci
la nécessité impérieuse d’en parler venait n’entre pas véritablement dans notre sujet
d’un motif d’ordre politique, “l’extermination puisque c’est après la mort de Jean XXIII que
épouvantable de millions de juifs par le régi­ le schéma sur les juifs fut discuté au Concile).
me nazi en Allemagne”. Bea rappellera que
le Concile ne s’est pas limité “à un décret pu­ L’astuce de Bea
rement pratique ou à une simple condamna­
tion de l’antisémitisme”; il a posé le problème Il existe une autre preuve à l’appui du fait
et fait reposer sa solution “sur de profondes que l’intervention du Cardinal Cicognani ne
bases bibliques” (31). Etant donnée l’impor­ fut pas dictée uniquement par la crainte d’irri­
tance, vitale pour le christianisme, d’une telle ter la diplomatie arabe: c’est la seconde inter­
matière, comment s’étonner des “difficultés et vention de ce même prélat. “Juste au moment
des obstacles incommensurables qui ont tenté où se produisaient ces faits [la radiation du
d’empêcher que le Concile se prononce sur schéma conciliaire sur les juifs] il [Bea] prépa­
cette matière délicate?” (32). Rien que des dif­ rait une étude dont le but était d’introduire
ficultés politiques? Schmidt lui-même se plus spécialement les milieux catholiques au
contredit lorsqu’il rapporte les paroles (déjà cœur du problème. Cette étude intitulée: Les
citées) que Bea adressait à Goldmann à pro­ juifs sont-ils un peuple ‘déicide’ et ‘maudit’ de
pos des violentes oppositions qu’il prévoyait Dieu? devait être publiée dans La Civiltà
de la part de ses collègues de la Curie. Aussi Cattolica, la fameuse revue des jésuites ita­
me semble-t-il que, pour une fois, Zizola n’a liens qui à l’époque tirait à plus ou moins
pas tort lorsque, se référant aux motivations 16.000 exemplaires. On était arrivé à la
de Cicognani pour supprimer le schéma sur deuxième épreuve lorsque le cardinal
les juifs, il dit: “La rapidité avec laquelle cette Secrétaire d’Etat pria Bea de surseoir à la pu­
motivation politique fut saisie pour écarter le blication pour ne pas irriter ultérieurement les
schéma, la disproportion entre la prémisse po­ Etats arabes” ( 35). Ici le problème arabe
litique et la conclusion - non le renvoi mais la semble encore davantage une excuse: un ar­
suppression pure et simple du texte de l’hori­ ticle publié sur une revue n’a certes pas la va­
zon conciliaire - sembleraient plutôt signaler leur d’un document conciliaire! Mgr
l’existence de difficultés internes autres et Willebrands a récemment révélé que Bea dé­
aussi d’une toute autre taille”. A l’appui de cida de se soumettre “seulement pour le mo­
ses dires, le Père Schmidt cite deux textes, un ment”, par crainte de compromettre les autres
de 1948 et l’autre de 1950, préparés par le schémas auxquels son Secrétaire était en train
Cardinal Ottaviani pour le Concile que Pie de travailler, schémas sur l’œcuménisme et sur
XII avait pensé convoquer; dans ces textes les la liberté religieuse. Puis il trouva une solution
infidèles sont appelés à retourner “à la berge­ astucieuse... «Voici comment le cardinal
rie de Pierre” et les juifs “à reconnaître dans Willebrands décrit les faits: “L’étude de Bea
le Christ leur Messie universel et leur ne devait pas sortir seulement dans La Civiltà
Rédempteur”. Il s’agissait là évidemment Cattolica, mais aussi dans la revue allemande
d’“une vision nettement repensée par le sché­ Stimmen der Zeit ainsi que dans la revue belge
ma de Bea” (33). Mis à part Ottaviani (pas par­ Nouvelle Revue Théologique de Louvain.
ticulièrement sensible à la question juive, il Lorsque la publication dans La Civiltà
manifesta même une certaine sympathie pour Cattolica fut suspendue, la rédaction de
Israël d’un point de vue anticommuniste) (34), Stimmen der Zeit insista pour avoir le texte. Il
et mis à part les patriarches de rite oriental lui fut répondu qu’il serait mis volontiers à
(vivant en pays arabes, ils pouvaient être plus disposition à condition que quelqu’un d’autre
sensibles aux motivations politiques), l’oppo­ signât l’article” (35). C’est ainsi qu’en octobre
sition vint surtout des laïcs et des prêtres ca­ 1962 (le 11 octobre avait eu lieu l’ouverture

188
SODALITIUM : La question juive

du Concile), bien qu’interdit, l’article de Bea cartes pour faire passer ou au contraire an­
parut à la barbe du Cardinal Cicognani sous le nuler définitivement le schéma et par la
nom du Père Ludwig von Hertling (jésuite lui même occasion le plan que le B’naï B’rith
aussi). “Les choses ne s’en tinrent pas là”, avait conçu et commencé à mettre en œuvre
poursuit Willebrands. Comme par hasard, avec la visite de Jules Isaac à Jean XXIII. Le
“l’article fut découvert par un juif de Gênes, temps pressait car le 11 octobre Jean XXIII
Monsieur Raphaël Nahum et celui-ci obtint inaugurait (avec un discours célèbre que je
l’autorisation de le faire traduire en diverses commenterai par la suite) la première ses­
langues et de le répandre. Il le fit traduire en sion du Concile, la seule qu’il devait diriger.
anglais, en français et en italien. A l’automne Lorsque le 8 octobre de la même année la
1963 il le fit diffuser parmi les Pères première période conciliaire prit fin, rien
Conciliaires dont l’orientation fut ainsi en réa­ n’était changé pour ce qui concerne le sché­
lité notablement influencée par la substance ma sur les juifs depuis que Cicognani l’avait
du travail du Cardinal” (35). Pourtant Bea ne fait supprimer; la question juive, celle que
se contenta pas d’avoir tourné l’interdiction Bea avait le plus à cœur, n’avait même pas
du Cardinal Cicognani en se servant de été traitée au Concile, si l’on exclue l’inter­
Hertling et de Nahum; il voulait agir directe­ vention de l’évêque mexicain de Cuer­
ment en usant de son nom prestigieux. Aussi navaca, Mendez Arceo, pour demander à
“ne se donna-t-il pas pour battu” et, un mois l’Eglise un document de réconciliation avec
après l’interdiction il se rendait à Londres. Et les juifs et la maçonnerie (37)! Mais c’est le
c’est ainsi qu’au mois d’août, lorsque fut ren­ Secrétariat de Bea dans son ensemble qui se
due publique la nouvelle que le Dr Wardi trouvait alors dans une situation extrême­
avait été renvoyé à la maison, Joël Cang, ré­ ment délicate, et, comme il a été dit déjà, le
dacteur du Jewish Chronicle demanda une en­ cardinal devait agir avec “prudence et sou­
trevue au vieux mais pétillant cardinal. Bea, plesse” (38). Puisqu’on ne pouvait plus pré­
fidèle à son devoir, déclara qu’“il n’entendait senter un schéma séparé, Bea pensa insérer
pas accorder une entrevue proprement dite”... celui qui avait été repoussé dans d’autres
mais... qu’“il était prêt à expliquer pourquoi et schémas comme celui sur l’Eglise ou celui
de quelle façon l’Eglise Catholique était déci­ sur l’œcuménisme; “pour ce qui regarde le
dée (...) à traiter la question concernant le schéma sur les juifs - dit le procès-verbal de
peuple juif” (35). Naturellement Bea ne dit pas la réunion du Secrétariat pour l’unité des
la vérité. Il ne dit pas que le schéma avait été chrétiens du 26 octobre, peu après l’ouvertu­
mis au panier. Il affirma même le contraire, re du Concile - Son Eminence [Bea] pense
soutenant que “l’incident concernant le renvoi qu’on pourra insérer en un endroit appro­
du Dr Wardi” (...) “ne changerait pas le moins prié ce qui était dit dans notre schéma” (39).
du monde l’attitude fondamentale et la poli­ Quelques jours auparavant, le 19 octobre,
tique de l’Eglise Catholique”» (35). Quant à Jean XXIII avait donné encore une fois rai­
“la raison pour laquelle l’Eglise s’était décidée son au Secrétariat de Bea, en confirmant
à parler du problème juif” il raconta que que la compétence de celui-ci pour présen­
l’Eglise Catholique ne voulait pas être en ter des schémas ne se bornait pas à la phase
reste avec le Conseil Œcuménique des Eglises préparatoire désormais conclue mais s’éten­
qui venait de condamner l’antisémitisme, ca­ dait au Concile même (40). Le moment était
chant par contre que cette décision était inter­ venu de reprendre les positions perdues
venue à l’initiative des maçons du B’naï avec la malheureuse “affaire Wardi”; aussi
B’rith. Enfin, au cours de l’entrevue-qui-n’en­ en décembre Bea pensa-t-il faire appel à
était-pas-une, il exposa sa thèse sur le “déici­ Jean XXIII pour pouvoir proposer à nou­
de”, autrement dit celle d’Isaac, ni plus ni veau le schéma sur les juifs rejeté en juin.
moins, que le Cardinal Cicognani lui avait in­ Entre-temps, “le 13 décembre 1962 - écrit
terdit de divulguer (36). Zizola - de retour à leur propres résidences,
les Pères conciliaires avaient trouvé un gros
Jean XXIII relance le schéma sur les juifs volume de 617 pages envoyé par des incon­
(13 décembre 1962) nus. Sur la bande extérieure de la couvertu­
re, ‘on recommandait respectueusement aux
C’est ainsi que du mois d’aôut au mois illustres Pères la lecture immédiate de la
de septembre 1962, supporters et adver­ Préface et de Table des matières’. Le
saires du décret sur les juifs jouèrent leurs volume lançait une attaque contre de

189
SODALITIUM : La question juive

prétendus ‘pouvoirs occultes’ cherchant à conque connaît le pape Jean XXIII com­
manœuvrer le Concile, pouvoirs eux-mêmes prendra sans équivoque qu’il s’agit d’une ex­
manœuvrés par des forces juives (41). Le titre pression de sa charité, formulée avec sa sim­
du livre était Complot contre l’Eglise et l’au­ plicité habituelle bien éloignée de toute
teur un certain Maurice Pinay, pseudonyme visée prosélytique”. Pour un catholique au
évidemment” (42). Contemporainement “une contraire, la première partie est absolument
campagne antichrétienne explosait dans déconcertante, puisque Jean XXIII y recon­
l’Etat d’Israël sous la forme d’un complexe naît être “tout à fait d’accord” avec un texte
‘antimissionnaire’. La presse toute entière, de Bea “lu avec attention”, un texte qui est
celle de la gauche comme celle de la droite inconciliable avec la doctrine catholique!
politique et des milieux juifs les plus ortho­ Aussi Schmidt conclue-t-il à juste titre:
doxes, dénonçait les moyens ‘scandaleux’ “L’important est qu’avec ce simple texte le
employés par les missionnaires pour conver­ pape Jean XXIII remettait le problème à
tir les Juifs (...). Un projet de loi était pré­ l’ordre du jour du Concile, se faisant pour la
senté dans le but de réduire aux seuls chré­ seconde fois le père spirituel du futur docu­
tiens les activités des diverses Eglises”; il ment conciliaire” Nostra ætate (44).
était soutenu par ce même ministre des
Cultes qui avait décidé l’envoi à Rome de Développement des relations judéo-chré­
Chaim Wardi (43). En ce mois de décembre tiennes jusqu’à la mort de Jean XXIII (juin
1962, Jean XXIII avait donc en mains tous 1963)
les éléments pour décider en toute connais­
sance de cause. C’est alors, comme nous Nous l’avons vu, c’est après la clôture de
l’avons dit, que Bea “revint à la charge la première session conciliaire que fut prise
après la conclusion de la première session cette importante décision de Jean XXIII. Il ne
du Concile” (qui eut lieu le 8 décembre). devait plus en présider aucune; la seconde
«Dans la relation officielle avec laquelle en session, où fut pour la première fois examiné
1963 il présentait en assemblée conciliaire le en assemblée le schéma sur les juifs, se dérou­
schéma sur le Comportement des catholiques la sous le pontificat de son successeur Paul
envers les non-chrétiens et principalement les VI. Jean XXIII était mort entre-temps, en
juifs, [Bea] rapporte à ce sujet: “Au mois de juin 1963. Il nous reste donc à examiner les
décembre dernier j’ai exposé par écrit toute derniers six mois de gouvernement de Jean
cette question sur les juifs au Souverain XXIII du point de vue des relations avec le
Pontife Jean XXIII d’heureuse mémoire. Et judaïsme. Ce furent des mois d’activité inten­
peu de temps après le Pape me signifiait sa se pour le cardinal Bea entièrement soutenu
pleine approbation”. Comme on le voit, le et encouragé par Roncalli. Le 16 février 1963
Pape avait mis la même promptitude à ré­ par exemple, Bea avait une nouvelle entrevue
pondre qu’à procéder à l’institution du à Rome avec le Président des B’naï B’rith,
Secrétariat. Sur une feuille sans en-tête Label Katz, pour modifier à la lumière des
datée du 13 décembre, écrite entièrement de nouveaux événements “le plan initial établi
sa main, le Pape disait: “Lu avec attention en 1962” (45). Selon plusieurs auteurs, en cette
ce rapport du cardinal Bea, tout à fait d’ac­ occasion, ou en une autre, Jean XXIII reçut
cord sur la gravité et la responsabilité d’une Katz en audience ( 46). De toutes les ren­
prise de position de Notre part. Le Sanguis contres intervenues ces mois-là, “la plus im­
ejus super nos et super filios nostros n’attri­ portante et la plus significative” (47) eut lieu à
bue à aucun croyant en Jésus-Christ la dis­ New York le 31 mars 1963 dans le cadre
pense de s’intéresser au problème et à d’une visite de Bea aux USA, “point culmi­
l’apostolat pour le salut de tous les fils nant de l’activité personnelle du Cardinal” en
d’Abraham comme de tout être vivant sur la cette période (48). Point culminant de son acti­
terre. Te ergo quæsumus Tuis famulis subve­ vité parce que “dans cette visite - poursuit
ni, quos prœtioso sanguinæ redemisti. Schmidt - sont représentés tous les champs les
Ioannes XXIII PP.”» (44). Ce texte de Jean plus variés de l’activité du Président du
XXIII est ambivalent. La seconde partie Secrétariat pour l’union des chrétiens com­
semble orthodoxe et, comme l’écrit le Père mentés jusqu’ici: qu’il s’agisse de l’œcuménis­
Schmidt, “contient certes de quoi troubler le me, des relations de l’Eglise avec le peuple
lecteur juif”. Mais, explique ce même juif”, du “nouveau thème” du “problème de
Schmidt à la suite d’Oesterreicher, “qui­ la rencontre des hommes en tant qu’hommes

190
SODALITIUM : La question juive

sous la souveraineté d’un Dieu personnel et, Dans le discours d’ouverture, le cardinal dé­
comme conséquence, du problème de l’unité clara que la raison d’être de cette rencontre
de l’humanité aussi du point de vue simple­ était de rechercher la collaboration de tous les
ment humain” (48); en clair, ce voyage inclue croyants en Dieu (...) citant le pape Jean
l’ouverture aux hérétiques, aux juifs et aux XXIII (...). C’était là un langage nouveau qui
maçons. Etant donnée son importance nous sonnait agréablement à l’oreille des juifs...” (49
allons nous y attarder. Remarquons d’abord bis
). “Lorsque, le 13 janvier de l’année suivan­
avec Schmidt qu’“il existe de tout le voyage te, il participe à la VIIIème Agape”, Bea,
un compte rendu confidentiel et qui pour le pour la première fois, “parle explicitement de
moment le demeure”; des faits demeurent rencontres et de collaboration entre ressortis­
donc, qui en 1987 encore, date de la parution sants de diverses religions sur la base de la foi
du livre de Schmidt, ne pouvaient être révé­ commune en Dieu et dans le respect réci­
lés! Contentons-nous de ce qui est du domai­ proque de la liberté religieuse de chacun”. Le
ne publique (ce qui ne veut pas dire connu de nombre des religions représentées était
tout le monde, loin de là!). L’origine de la vi­ monté à 21, de sorte que Bea franchit une
site serait à rechercher dans les activités de l’ étape en parlant pour la première fois en pu­
“Entrevue Agape”. De quoi s’agit-il? «Bea blic “du problème de la liberté religieuse”.
nous en explique lui-même le concept: “Il Cette conférence souleva jusque dans la pres­
s’agit d’une initiative qui entend promouvoir se romaine une furieuse polémique, car tout
le dépassement d’idées préconçues, de suspi­ le monde s’était rendu compte de la contra­
cions et de ressentiments de quelque origine diction entre la position de Bea et celle de
qu’ils soient, au moyen de rencontres frater­ l’Eglise catholique (50). Comment réagit Jean
nelles inspirées de respect mutuel fondé à son XXIII? Le Père Schmidt rapporte qu’après la
tour sur la reconnaissance de la dignité de la VIIème Agape, il avait envoyé une lettre
personne humaine, de ses droits et de ses de­ d’approbation signée du Secrétaire d’Etat (50).
voirs, sous la souveraineté d’un Etre Suprême Après la VIIIème il fit pire, en adoptant
Personnel, Dieu, Père prévoyant et bien­ quelques mois plus tard la position hétéro­
veillant de tous les hommes”». On ne pourrait doxe de Bea sur la liberté religieuse dans la
pas mieux décrire l’activité d’une vénérable fameuse encyclique Pacem in terris. Que Jean
Loge anglo-saxonne! Si ce n’est, poursuit Bea, XXIII ait approuvé les Agapes de Morlion,
que l’Agape «s’inspire aussi, entre autres, de l’appui qu’il donna au voyage de Bea aux
l’idée exprimée par le pape Jean XXIII dans USA le confirme. Et oui, car (finalement
le radio-message de la vigile du Concile nous y arrivons) c’est l’organisation d’une
(11/09/1962), c’est-à-dire de l’idée “de la fra­ nouvelle Agape non plus à Rome mais à New
ternité et de l’amour qui sont des exigences York et dont Bea devait être le Président qui
naturelles de l’homme imposées au chrétien fournit l’occasion du voyage. Pour éviter de
comme règle de rapport d’homme à homme nouvelles critiques Bea déclara que ça n’était
et de peuple à peuple”». C’est à la VIIème pas en sa qualité de président du Secrétariat
Agape tenue à Rome le 14 janvier 1962 que pour l’unité des chrétiens qu’il présidait la ren­
Bea fut invité pour la première fois; elle était contre, “mais seulement à titre personnel, en
organisée par l’Université d’Etudes Sociales tant qu’individu aimant l’homme et l’humani­
Pro Deo dont le président était le père domi­ té et désirant promouvoir la fraternité entre
nicain belge Felix Morlion, figure énigma­ tous les hommes” (51). «La veille du départ
tique et très intéressante sur laquelle nous re­ pour les Etats-Unis, Bea est reçu en audience
viendrons (49). A la VIIème Agape partici­ par le pape Jean XXIII. A la fin de l’audience
paient des représentants de 17 religions ou il lui demande sa bénédiction. Surpris dans sa
confessions religieuses diverses; thème de la modestie bien connue, le Pape répond embar­
rencontre: “le dépassement des préjugés, de rassé: “Bénédiction... bénédiction, ça peut se
l’incompréhension, des antagonismes natio­ faire: que le Dieu tout-puissant Nous bénis­
naux, raciaux, religieux et politiques”. “Pour se...”. Mais il accompagna le Cardinal de ses
ce qui est des juifs italiens - écrit Toaff - la dé­ prières. En effet, après la mort du Pape, nous
légation était composée de moi-même, du reçumes de son fidèle secrétaire, Mgr Loris F.
président et du vice-président de l’Union des Capovilla, la photocopie d’une feuille de ca­
communautés israélites italiennes, tandis que lendrier de bureau, datée du 23 mars, sur la­
les organismes juifs internationaux étaient re­ quelle était noté: “Bon travail toujours du très
présentés par l’American Jewish Committee. digne Président du secrétariat pour l’unité des

191
SODALITIUM : La question juive

chrétiens, le très méritant Card. Bea qui part fois nous avons un aveu d’importance capita­
maintenant pour l’Amérique où l’attendent le: ce document conciliaire que tous les catho­
des occasions de faire beaucoup de bien. Mon liques devraient considérer comme l’œuvre
cœur sent le besoin de l’accompagner en du Saint-Esprit, ce sont les juifs qui l’ont écrit!
union particulière d’esprit et de prière”» (52). Par ailleurs la collaboration d’Heschel et de
Le voyage dura dix jours, du 27 mars au 5 Bea son “collègue” a été confirmée récem­
avril 1963, avec escales à Harvard, Boston, ment de source juive. Rabbi Rosenberg écrit:
New York, Baltimore et Washington ( 53). “Dans son expérience de vie, Heschel appli­
Pour ce qui concerne notre sujet, deux ren­ qua les idéaux de ses écrits. Il fut en première
contres sont significatives; elles eurent lieu ligne aux Etats-Unis dans la lutte pour les
toutes deux à New York. Dans la soirée du 31 droits civils et comme adversaire publique de
mars, au siège du Comité Juif Américain (54), la guerre du Vietnam. Il prit aussi une part
Bea rencontra les représentants des organisa­ importante au Vatican comme consultant
tions juives, une douzaine de personnalités dans les années soixante, lorsque l’Eglise ca­
(...) un peu de tous les divers courants”. “En tholique développait ses opinions actuelles
cette occasion également l’atmosphère était sur le Judaïsme et les autres religions et sur la
vraiment excellente et fraternelle” (55), étant façon de les traiter dans l’enseignement de
donné que Bea ne faisait que répéter les l’Eglise” (59). Il n’y a donc aucun doute à avoir
thèses de Jules Isaac: aucune responsabilité sur la véritable origine de l’important docu­
dans la mort de Jésus, aucun châtiment divin ment du Concile Vatican II...
dans l’exil du peuple élu, aucune réprobation
de son peuple par Dieu. Comment n’auraient­ Dans les sous-sols de la synagogue de
ils pas été contents d’entendre un cardinal dé­ Strasbourg
mentir l’Eglise, se faisant l’écho des thèses
préalablement mises au point par le “frère” A son retour des Etats-Unis, le cardinal
Isaac? Le lendemain 1er avril eut lieu l’Agape Bea trouva Jean XXIII en bien mauvaise
qui réunit un millier de personnes parmi les­ santé: il ne lui restait même plus deux mois à
quelles, outre Bea, le maire de New York, vivre. L’étude des rapports entre Angelo
Wagner, le gouverneur Rockfeller, le pasteur Roncalli et les communautés juives devrait
H. P. Dusen (protestant), Rabbi Abraham J. donc se conclure avec le voyage du cardinal
Heschel, professeur au Séminaire Théolo­ Bea aux USA. En réalité il reste encore beau­
gique Juif, le musulman Zafrulla Khan et le coup de choses à dire. Jusqu’ici nous avons
bouddhiste U Thant, tous deux des Nations seulement parlé des faits et des événements
Unies, et enfin le Père Morlion. Thème (ma­ publics, ou de ceux qui le sont devenus par la
çonnique) de la rencontre: Civic Unity and suite comme la visite de Jules Isaac racontée
Freedom under God, c’est-à-dire Unité dans le numéro précédent. Toutefois
Civique et Liberté sous l’autorité de Dieu. La beaucoup de choses demeurent encore ca­
présence de Rabbi Heschel (56) est significati­ chées et ce n’est que peu à peu et de manière
ve. Heschel admirait Bea au point de dire de fragmentée qu’elles viennent à la connaissan-
lui, le canonisant presque: “l’exceptionnelle
combinaison de sagesse, de savoir et de sain­ New York, 31 mars 1963: le cardinal Bea avec
le rabbin Abraham J. Heschel
teté de cet homme vraiment supérieur en ont
fait l’une des plus riches sources de consola­
tion à une époque remplie de ténèbres. (...)
Son nom demeurera cher au cœur du peuple
juif et de tous les hommes de bonne volonté
en tant qu’artisan inspiré de la compréhen­
sion religieuse; il restera pour toujours une
bénédiction” (57). Tant d’admiration suppose
une profonde connaissance! Et Schmidt écrit
en effet: “A partir de novembre 1961, A.J.
Heschel fut reçu à plusieurs reprises par le
Cardinal à Rome” et “en tant que collègue
scientifique de Bea et d’éxégète comme lui, il
exerça une influence considérable sur l’élabo­
ration de Nostra ætate” (58). Pour la seconde

192
SODALITIUM : La question juive

ce d’un nombre restreint de lecteurs attentifs. faire plaisir? Les intentions de Jean XXIII
C’est seulement dans les années 1986-1987, nous échappent; elles ne sont connues que
par exemple, que l’on a pris connaissance de de Dieu qui a déjà rendu son jugement. Les
ce que, faisant référence à l’accord plus connu faits, eux, demeurent. Quelles que soient les
“Rome-Moscou” réalisé lui aussi sous Jean intentions, on peut se demander comment
XXIII, Madiran a appelé “l’accord secret de un authentique successeur de Pierre a pu:
Rome avec les dirigeants juifs” (60). Madiran 1) Changer la liturgie catholique dans un
se réfère à deux articles de Lazare Landau sens œcuménique, supprimant systématique­
publiés sur Tribune Juive, hebdomadaire pu­ ment toute référence liturgique (et dévo­
blié à Strasbourg et à Paris et dirigé par le tionnelle) à une doctrine soutenue par l’una­
rabbin Jacquot Grunewald, Le premier article nimité des Pères?
se trouve dans le n° 903 (17-23 janvier 1986), 2) Collaborer avec des associations ob­
le second, plus détaillé, dans le n° 1001 (25-31 jectivement antichrétiennes et liées à la ma­
décembre 1987). Ils seraient à citer en entier... çonnerie, et les favoriser?
Limitons-nous à une partie du second article: 3) Approuver la doctrine contenue dans
“Par une soirée brumeuse et glaciale de le schéma du cardinal Bea, doctrine plus ex­
l’hiver 1962-1963 - écrit Landau - je me suis plicite encore que celle effectivement “pro­
rendu à une invitation extraordinaire du mulguée” par Vatican II ensuite dans la
Centre communautaire de la Paix à Déclaration conciliaire Nostra ætate (63).
Strasbourg. Les dirigeants juifs recevaient en Quelque temps après l’approbation défi­
secret, au sous-sol, un envoyé du pape. A nitive de la Déclaration Nostra ætate, des ca­
l’issue du shabbath, nous nous comptions une tholiques “traditionalistes” firent circuler
dizaine pour accueillir un dominicain de blanc parmi les Pères conciliaires un document de
vêtu, le R.P. Yves Congar (61), chargé par le quatre pages portant la signature de 31 asso­
cardinal Bea, au nom de Jean XXIII, de nous ciations; il était intitulé: “Aucun concile ni
demander, au seuil du Concile (62), ce que aucun pape ne peuvent condamner Jésus,
nous attendions de l’Eglise catholique (...). l’Eglise catholique, apostolique et romaine,
Les juifs tenus depuis près de vingt siècles en ses pontifes et les conciles les plus illustres. Or
marge de la société chrétienne, souvent traités la déclaration sur les juifs comporte implicite­
en subalternes, ennemis et déicides, deman­ ment une telle condamnation et, pour cette
daient leur complète réhabilitation. (...) Le éminente raison, doit être rejetée”. Dans le
blanc messager (...) s’en revint à Rome por­ texte on pouvait lire entre autres: “Les juifs
teur d’innombrables (autres) requêtes qui désirent maintenant pousser l’Eglise à se
confortaient les nôtres. Après de difficiles dé­ condamner tacitement et à se déjuger devant
bats (...) le concile fit droit à nos vœux. La dé­ le monde entier. Il est évident que seul un an­
claration Nostra ætate n°4 constitua - le Père tipape ou un conciliabule pourrait approuver
Congar et les trois rédacteurs du texte me le une déclaration de ce genre” (64).
confirmèrent - une véritable révolution dans Si ça n’est pas Jean XXIII qui la promul­
la doctrine de l’Eglise sur les juifs (...)”. gua officiellement, comme nous l’avons dé­
Depuis l’époque de la visite secrète du Père montré, il l’approuva totalement. Ce qui
Congar en un endroit caché de la synagogue, pose un problème digne pour le moins d’ap­
une nuit d’hiver glaciale, la doctrine de profondissements ultérieurs.
l’Eglise a connu effectivement une mutation
totale” (60). Combien d’autres rencontres dans Saint Jean XXIII et Saint Jules Isaac
les sous-sols des synagogues, combien
d’autres accords secrets pour “changer totale­ Nous comprenons alors l’enthousiasme
ment la doctrine de l’Eglise” y eut-il ces an­ d’un Giniewsky. A une nouvelle doctrine
nées-là sous la responsabilité de Jean XXIII? correspond une nouvelle Eglise, avec ses
nouveaux Saints. Le Concile n’était qu’un
Responsabilité de Jean XXIII début; comme le dit Jean-Paul II, il est en
quelque sorte l’Avent au regard des événe­
Quelle fut donc la responsabilité de Jean ments du Troisième Millénaire. Pour cet
XXIII? Se rendait-il compte de ce qu’il fai­ avenir, on ne peut plus proche désormais,
sait en soutenant et en approuvant le cardi­ voici ce que propose Giniewsky: “Une
nal Bea? Ou bien était-ce de sa part charité Eglise abolissant la sainteté de saint Jean
mal comprise? Ou bien désir de plaire et de Chrysostome, à la langue de vipère; de saint

193
SODALITIUM : La question juive

Louis qui préconisait de dialoguer avec les


juifs en leur passant l’épée dans le corps; et
remplaçant les saints sataniques, pourfen­
deurs et homicides, par de nouveaux saints:
saint Jules Isaac et saint Jean XXIII. (...)
Rien n’interdit d’espérer son avènement, de
rêver un autre Jean XXIII qui prendrait
pour nom-défi, nom-programme, nom-em­
blème Jean XXIV, convoquerait Vatican III
et demanderait à l’Etat d’Israël, pour l’hé­
berger, l’hospitalité de sa capitale unifiée et
éternelle. Les chrétiens aimant les Juifs se
réuniraient en concile de Jérusalem. Jean
XXIV y proclamerait l’encyclique Pro
Judæis affirmant haut et clair le lien du
peuple juif avec sa terre retrouvée (...).
Dans ce Nouvel Evangile Juif le pharisien
Jeshua [Jésus] se dresserait contre la
puissance romaine et mourrait pour la libé­
ration de son pays, Israël, et de son peuple,
les Juifs. Leur injuste crucifixion, leurs deux
millénaires de Passion y seraient déplorés.
Serait avoué et désavoué ce qu’on a perpé­
tré à Sainte-Gudule de Bruxelles, à Rinn, à
Oberammergau, à Pulkau, à Ségovie, ce Vatican II: Liquidation.
“Les Pères conciliaires ont absout les juifs de l’accu­
qu’on a prêché dans les catéchismes et les sation de déicide; en vertu du nouveau principe de la
livres d’histoire... Tout serait mis en œuvre liberté religieuse, ceci ne sert plus à rien”.
pour réhabiliter les Juifs calomniés et vili­
pendés. On dirait clairement qui sont les
successeurs des crucificateurs romains et de Dessin de Guareschi (septembre 1968)
Pilate. Les Juifs, depuis l’époque romaine,
sont le plus ancien des peuples colonisés. juifs qui voyageaient sur un paquebot roumain. En réa­
Avec Jean XXIV, avec le Concile de lité sa mémoire lui joue encore une fois un vilain tour;
les réfugiés juifs (de tous âges) étaient au nombre de
Jérusalem, le temps de leur décolonisation 769, et le paquebot sur lequel ils voyageaient ne “finit”
serait venu. (...) Est-il utopique, sacrilège de pas en lieu sûr mais sauta sur une mine (ibidem p. 5).
vouloir ce temps nouveau? Il est nécessaire 3) GIANCARLO ZIZOLA. Giovanni XXIII. Laterza,
aux Juifs crucifiés comme aux descendants Roma-Bari 1988, p. 221.
4) Il s’agit évidemment du discours de Jean-Paul II
de leurs crucificateurs. L’espérer est une à la synagogue de Rome (1986) cité par le Père Rosario
joie. L’attendre, une grâce. Il est juste, il est Esposito dans Le grandi concordanze tra Chiesa e
pertinent, il est actuel de croire à une telle Massoneria, ed. Nardini, Firenze 1987, p. 397. Cf. égale­
transformation des rapports d’Israël avec la ment l’interview du Rabbin Toaff à Francesco Viviano
chrétienté. Jean XXIV ferait peut-être scan­ de la Repubblica (4 novembre 1994, p. 14): “il existe ac­
tuellement une entente qui n’a jamais été auparavant
dale, pour les seules âmes habituées. Quand (...) le mérite en revient à Jean XXIII qui a été le pre­
son œuvre sera accomplie, on s’étonnera mier pape à bénir les juifs à la sortie de la synagogue. Je
qu’il ait fallu tant de siècles pour parvenir de me rappellerai cette scène toute ma vie, dit Toaff...
la Passion selon saint Jean à la Passion Parmi les plus beaux souvenirs du Rabbin Toaff en
Italie il y a l’entrée historique de Jean-Paul II dans la
selon saint Jules Isaac et saint Jean XXIII” synagogue. Jusqu’à ce que nous soyions à l’intérieur ­
(65). dit Toaff - cela me paraissait un songe, puis lorsque j’ai
vu le pape qui entrait à mes côtés je me suis détendu...”.
Selon Mgr Loris Capovilla (Giovanni XXIII nel ricordo
Notes del segretario Loris F. Capovilla. Entrevue de MARCO
1) Cf. La Documentation Catholique, 1960, co­ R ONCALLI , et documents inédits. Ed. San Paolo,
lonnes 382, 1419-1420. Voir également: Osservatore Cinisello Balsamo 1994, pp. 34-35) Jean XXIII “se mit
Romano du 19/10/1960, éd. it. debout dans la voiture, retira son chapeau en signe de
2) Dans Sodalitium n° 26, p. 29-30. Un petit détail respect et de solidarité”. Il ne précise pas si, oui ou non,
cependant: dans son discours, Jean XXIII se vantait il fit le geste de bénédiction attesté par tous les autres
d’avoir sauvé durant la guerre des milliers d’enfants commentateurs.
5) PAUL GINIEWSKY, La croix des Juifs, éd. MJR

194
SODALITIUM : La question juive

Genève 1994. Committee” (pp. 16-17). Le texte poursuit en citant les


6) Hæretici (...) rite baptizandi sunt; sed prius erro­ déclarations opposées “au rapprochement spirituel
rum suorum pravitatem agnoscant et detestentur... entre juifs et catholiques” du “Conseil Permanent des
7) ... Sacerdos dicat: (...) Horresce Judaicam perfi­ rabbins d’Europe”, du “Conseil rabbinique d’Améri­
diam, respue Hebraicam superstitionem. que”, des rabbins des USA Feuer et Lelyveld, du
8) ABBÉ CURZIO NITOGLIA, L’homicide rituel, dans Grand Rabbin de Jérusalem, etc.. Il ne faut cependant
Sodalitium n° 29 , pp. 20 à 38. pas croire à une opposition trop marquée entre rabbins
9) P. GINIEWSKY, op. cit., p. 270. et organisations juives comme le B’naï B’rith; les tâches
10) P. GINIEWSKY, op. cit., p. 330. Des cas sem­ étaient seulement différentes: maintenir dans sa pureté
blables à celui de Deggendorf ne manquent pas en la tradition religieuse juive en s’opposant au “dialogue”
Italie non plus: à Alatri, à Trani, etc... Un jour ou pour les rabbins, changer la tradition catholique au
l’autre ils n’échapperont plus aux épurateurs... moyen du “dialogue” pour les B’naï B’rith...
11) STJEPAN SCHMIDT s.j., Agostino Bea, il cardinale 18) S. SCHMIDT, op. cit., p. 374.
dell’unità. Città Nuova, Roma 1987, p. 568. “La liste a été 19) S. SCHMIDT, op. cit., p. 374, note 68. Le texte du
préparée à partir des agendas du Cardinal et de son secré­ Memorandum est rapporté dans le “Simposio card.
taire particulier” (ibidem), le Père Schmidt en personne. Agostino Bea (16-19 décembre 1981)”, Rome 1983, pp.
12) STJEPAN SCHMIDT s.j., op. cit., p. 355. 96 ss, avec une étude-enquête de la Ligue Anti-
13) N AHUM G OLDMAN , Staatmann ohne Staat. Diffamation des B’naï B’rith. Malheureusement je n’ai
Autobiographie. Köln-Berlin 1970, p. 378 ss. Cité par S. pas encore pu consulter les actes de cet intéressant
SCHMIDT, op. cit., p. 356. Pour d’autres renseignements Symposium, et prendre ainsi directement connaissance
sur Goldman (ou, selon certains, Goldmann), cf. ENCY- du Memorandum. Sur Label Katz (1918-1975), cf.
CLOPEDIA JUDAICA, vol. 7, colonne 723-724 et vol. 17, ENCYCLOPEDIA JUDAICA, vol. 10, col. 825-826 et vol. 17,
col. 266. Né en 1895 en Lithuanie, il sera successive­ col. 644.
ment allemand, hongrois, citoyen des USA, israélien et 20) Op. cit., p. 10.
suisse. Il fondera l’Encyclopedia Judaica et le Congrès 21) Le Monde, le 19 novembre 1963; cité par
Mondial Juif. Il mourra en 1982. AA.VV., L’azione giudaico-massonica nel Concilio, op.
14) Cf. Sodalitium n° 39, p. 21. Rappelons-le, ce cit., p. 11.
même Goldman avait envoyé un télégramme au géné­ 22) Cité par La documentation Catholique, année
ral des Jésuites à l’occasion de l’élévation de Bea au 1962, col. 1130. La présence de Katz est attestée par
cardinalat (cf. Sodalitium n° 39, p. 21)) et le grand rab­ L’azione giudaico-massonica, p. 10, qui se base sur La
bin de Rome, Toaff, témoigne qu’il connaissait Bea de Civilta Cattolica du 18 juillet 1964.
longue date: “Lorsque de Venise je me transférai à 23) Cf. La Documentation Catholique, année 1962,
Rome [en 1951] je me mis à fréquenter pour mes col. 1130-1131.
études la bibliothèque de l’Institut biblique pontifical 24) S. SCHMIDT, op. cit., p. 377.
dirigée par monseigneur Augustin Bea, personne d’une 25) Texte italien complet (que je n’ai pas consul­
exquise gentillesse qui me combla d’attentions. Nos re­ té) dans La Civiltà Cattolica du 16 juin 1962.
lations se transformèrent bien vite en amitié...” (dans Traduction française partielle dans La Documentation
E LIO T OAFF , Perfidi giudei. Fratelli maggiori. Catholique, année 1962, col. 1131-1132. Texte italien
Mondadori ed., Milano 1987, p. 215). Toaff poursuit en partiel et modifié (sans en avertir le lecteur) dans
affirmant que, pour réparer le mal fait aux juifs par les ZIZOLA, op. cit., p. 221.
allemands, Bea eut “l’idée de convoquer un Concile 26) S. SCHMIDT, op. cit., p. 400.
œcuménique”. Vraiment, une telle ignorance de 27) S. SCHMIDT, op. cit., p. 401.
l’Eglise est stupéfiante chez une personne aussi cultivée 28) S. SCHMIDT, op. cit., p. 566.
que Toaff (seul le Pape peut convoquer un Concile!). 29) Agence Kipa, 5 août 1962. Cité par La
15) Cf. La Documentation Catholique, 1961, co­ Documentation Catholique, 1962, col. 1130.
lonnes 1187-1188. 30) S. SCHMIDT, op. cit., p. 400, note 178, avec réfé­
16) Cf. La Documentation Catholique, 1962, co­ rence au livre de ROBERT KAISER, Inside the Council.
lonnes 150 à 152. The story of Vatican II. Londres 1963, p. 215.
17) Les rédacteurs anonymes du dossier “réservé 31) S. SCHMIDT, op. cit., pp. 564-565. Il n’est donc
exclusivement aux Révérends Pères Conciliaires”, et in­ pas vrai que le Concile a traité seulement de “pastora­
titulé L’azione giudaico-massonica nel Concilio (sine le”, et pas de questions dogmatiques qui touchent les
loco et data), souligne cette attitude des rabbins. Le car­ données révélées!
dinal Bea, lit-on dans le dossier, prétend que son sché­ 32) S. SCHMIDT, op. cit., p. 566.
ma conciliaire n’a pas une finalité politique mais reli­ 33) G. ZIZOLA, op. cit., pp. 222-223.
gieuse. Pourtant “il est vraiment étrange que le 34) Cf. E MILIO C AVATERRA . Il prefetto del
Secrétaire pour l’union des chrétiens n’ait pas pris de Sant’Ufficio. Mursia, Milano 1990, pp. 109-110 et 143,
contacts avec les autorités religieuses du peuple juif où il compare les israéliens au héros biblique Judas
telles que par exemple les Grands Rabbins de New Macchabée! Selon de Poncins (Le problème des juifs au
York, de Londres ou de Rome, ou bien ceux de Concile. Sine loco et data, p. 9) Ottaviani eut lui aussi
Jérusalem et de Tel Aviv qui sont les seules personnali­ une entrevue avec Jules Isaac avant l’audience de Jean
tés juridico-religieuses habilitées à établir des contacts XXIII même si cette entrevue n’eut aucune suite.
de ce genre à un haut niveau. Alors que, par contre, dès 35) S. SCHMIDT, op. cit., pp. 566-567. L’article du car­
le début le cardinal Bea établit des relations avec de dinal Bea a été intégralement publié par La Civiltà
hauts dirigeants politiques maçonniques comme Label Cattolica, n° 3161 du 6 mars 1981. Mgr PIER CARLO
A. Katz, Président mondial des B’naï B’rith, ordre ma­ L ANDUCCI , membre de l’Académie Romaine de
çonnique réservé exclusivement aux juifs, avec Nahum Théologie, réfuta l’article de Bea par un écrit intitulé La
Goldman, Président du Conseil National Juif (sic) et vera carità verso il popolo ebreo qui fut publié par la revue
avec d’autres hauts fonctionnaires de l’American Jewish gênoise de théologie fondée par le cardinal Siri,

195
SODALITIUM : La question juive

Renovatio, n° 3 [1982] pp. 369 à 373. Le texte de Landucci XXIII dans l’affrontement opposant USA et URSS lors
fut également publié par la revue française La Pensée de la crise de Cuba, intervention qui constitua une
Catholique n° 207 [1983]. La pensée du Cardinal Bea sur étape importante de l’ouverture à gauche de Roncalli;
les relations “Eglise-peuple juif” est longuement exposée cf. P ETER H EBBLETHWAITE , Jean XXIII, le pape du
par S. SCHMIDT, op. cit., pp. 589 à 613. Concile, éd. Le Centurion, 1988, pp. 490, 519.
36) La Documentation Catholique (1962, col. 1132) 49 bis) ELIO TOAFF, op. cit., p. 215.
reprend le résumé de l’entrevue du 10 aôut 1962 que fit 50) Cf. HEBBLETHWAITE, op. cit., p. 519; SCHMIDT,
l’agence de presse K.N.A. le 16 août suivant. op. cit., p. 468; ZIZOLA, op. cit., p. 223. Je reviendrai par
37) L’intervention de Mendez Arceo eut lieu le 6 la suite sur la question de la liberté religieuse.
décembre, deux jours avant la clôture de la session (cf. 51) En cette occasion Bea ajouta: “Je le fis d’autant
P. RALPH WILTGEN S.V.D., Le Rhin se jette dans le Tibre. plus qu’à l’époque n’existaient pas encore les deux
Ed. fr. du Cèdre, Paris, 1976, p. 164). Selon L’azione Secrétariats institués plus tard par le Souverain Pontife
giudaico-massonica nel Concilio (p. 2) que nous avons [Paul VI] pour les contacts avec les religions non chré­
citée plus haut, l’évêque de Cuernavaca était lui aussi tiennes et avec les non croyants”; SCHMIDT, op. cit., p. 468.
d’origine juive, “descendant des sefardi qui tentèrent 52) S. SCHMIDT, op. cit., p. 469.
de judaïser la population de Cotija au Mexique” (p. 9). 53) Quelques précisions pour le lecteur américain.
Sur le phénomène des Marranes cf. A BBÉ C URZIO Bea fut accueilli et soutenu surtout par l’archevêque de
NITOGLIA dans “Sodalitium” n° 39, p. 4 ss. Boston, le cardinal Richard Cushing, puis par celui de
38) Cf. S. SCHMIDT, op. cit., pp. 611-612. Baltimore (membre du Secrétariat), Mgr Shehan et enfin
39) S. SCHMIDT, op. cit., p. 567. par celui de Washington, O’Boyle. A Harvard, Bea ren­
40) S. S CHMIDT , op. cit., pp. 452 à 454. Le Se­ contra des congrégationalistes et des méthodistes (27-29
crétariat pour l’union des chrétiens apparaissait comme mars) et à New York, au Lutheran Center, les représen­
“un organe préconciliaire, et non comme un organe élu tants du Conseil œcuménique des Eglises (31 mars).
par le Concile. D’où la question: qu’adviendra-t-il des 54) S. SCHMIDT, op. cit., p. 569.
schémas préparés par le Secrétariat? (...) Il est significa­ 55) S. SCHMIDT, op. cit., p. 466.
tif que, nonobstant l’activité convulsive du moment, le 56) Abraham Joshua Heschel (1907-1972), juif po­
Pape ait fait communiquer par l’intermédiaire du lonais hassidim. Théologien et écrivain émigré aux
Secrétariat d’Etat la réponse affirmative: quant à la Etats-Unis où il enseigna au Jewish Theological
compétence pour ce qui est des schémas, le Secrétariat Seminary. Sur Heschel cf. H ANS K ÜNG , Ebraismo,
était mis sur un pied d’égalité avec les Commissions Rizzoli, Milano 1993, pp. 451 à 459; ENCYCLOPEDIA
conciliaires”. JUDAICA, vol. 8, col. 426-427; ROY ROSENBERG, L’Ebra­
41) Evidemment Zizola cherche à susciter chez le ismo, storia, pratica, fede. Oscar Mondadori, Milano
lecteur l’indignation envers les calomnies délirantes du 1995, pp. 138 à 141.
livre en question. Cependant nous avons vu que les in­ 57) S. SCHMIDT, op. cit., pp. 839 et 841.
terventions au Concile de la loge maçonnique B’naï 58) S. SCHMIDT, op. cit., p. 612, note 179.
B’rith ne sont pas une légende mais une réalité, inconnue 59) ROY A. ROSENBERG, L’ebraismo, storia, prati­
à la plupart à cette époque, mais admise aujourd’hui ca, fede. Oscar Mondadori, Milano 1995, p. 139 (éd. an­
tranquillement par les B’naï B’rith eux-mêmes. glaise: Judaism, History, Practice and Faith. 1990). Il ne
42) G. ZIZOLA, op. cit., p. 225. Cf. également S. faut pas confondre Rabbi Rosenberg avec l’idéologue
SCHMIDT, op. cit. p. 612. Le livre de Maurice Pinay fut im­ du nazisme Alfred Rosenberg, condamné à mort à
primé à Rome par le typographe Dario Detti avec une pré­ Nuremberg (1946) et auteur du livre violemment anti­
face datée du 31 août 1962. Dans la préface même il est dit chrétien intitulé Le mythe du XXème siècle, pas plus
que la préparation du livre a duré 14 mois. De nombreuses qu’avec les époux Rosenberg condamnés à mort aux
traductions en ont été faites, en allemand, en espagnol, en Etats-Unis (1953) comme espions soviétiques.
portugais, etc. La traduction espagnole (même si la langue 60) Cf. Itinéraires, automne 1990, n° III, pp. 1 à 20.
originale de l’écrit est justement l’espagnol) fut publiée L’analyse de Madiran mérite d’être lue dans son entier.
avec l’Imprimatur de Mgr Juan de Navarrete, Archevêque 61) Œcuméniste, représentant de la Nouvelle
d’Hermosillo (Mexique), en date du 18 avril 1968. A pro­ Théologie, il fut frappé par les mesures disciplinaires
pos du livre de Maurice Pinay, voir également ABBÉ consécutives à l’encyclique de Pie XII, Humani generis.
CURZIO NITOGLIA, Le complot judaïco-maçonnique contre Jean XXIII par contre le nomma “expert” à Vatican II.
l’Eglise de Rome, dans Sodalitium, n° 37, pp. 28 à 40. Jean-Paul II l’a défini comme son maître à Franchir le
43) G. ZIZOLA, op. cit., p. 226. seuil de l’espérance, et l’a nommé “Cardinal” en 1994. Il
44) S. SCHMIDT, op. cit., p. 568. est mort le 22 juin 1995.
45) L’azione giudaico-massonica nel Concilio, op. 62) L’épisode se situe donc probablement avant le
cit., p. 10. 11 octobre 1962, date du début du Concile, ou, en tous
46) E. RATIER, Mystères et secrets du B’naï B’rith, cas, peu après, lorsque le schéma sur les juifs était
Facta, Paris 1993; L’azione giudaico-massonica nel encore dans les limbes... pour tout le monde, excepté
Concilio, op. cit., p. 4: “Ce fut justement son actuel pour Bea et pour Jean XXIII.
Président [du B’naï B’rith] Label Katz qui se mit en 63) La première version du § 4 de Nostra ætate, in­
contact avec le Cardinal Bea, et celui-ci l’introduisit en­ cluse dans le décret sur l’œcuménisme et présentée
suite auprès de Sa Sainteté Jean XXIII”. dans la seconde session du Concile (19 novembre 1963),
47) S. SCHMIDT, op. cit., p. 569. la seconde version incluse au n° 32 de la déclaration sur
48) Pour tout le voyage de Bea aux USA, cf. S les religions non chrétiennes présentée au début de la
SCHMIDT, op. cit., pp. 464 à 470 et note 60 p. 464. troisième session (28-29 septembre 1964), la troisième
49) Anticipons pour le lecteur curieux: Morlion, version approuvée comme n° 4 de Judæis de Nostra
probablement espion de la C.I.A., fut chassé de Rome ætate le 20 novembre 1964, sont présentées avec la ver­
par le Cardinal Pizzardo en 1960. Sa notoriété est due sion définitive votée le 28 octobre 1965 dans le livre de
au rôle qu’il joua pour favoriser l’intervention de Jean M ARIE -T HÉRESE H OCH et B ERNARD D UPUY , Les

196
SODALITIUM : La question juive

Eglises devant le Judaïsme. Documents officiels 1918­ briqué par les progressistes; tout porte à croire par
1978, éd. du Cerf, Paris 1980, pp. 321 à 334. Malgré les contre à une action des “traditionalistes” mexicains, à
atténuations et les changements (entre autres la dispari­ l’origine aussi du livre de “Maurice Pinay”. Il n’en de­
tion du mot “déicide” du texte conciliaire) le cardinal meure pas moins que dès 1965 des voix s’élèvent pour
Bea a pu dire, à juste titre, que son texte a été “fidèle­ déclarer le Siège vacant.
ment conservé quant à la substance” (cf. SCHMIDT, op. 65) PAUL GINIEWSKY, op. cit., pp. 385-386. Certains
cit., p. 585). lecteurs penseront que Giniewsky délire. Qu’ils se rap­
64) Texte cité par HENRI FESQUET dans: Le journal pellent les paroles prononcées par Modigliani en 1962:
du Concile, Robert Morel éd., Forcalquier 1966, p. 988, “En d’autres temps ç’eut été folie de demander à
qui reprend l’un de ses articles paru dans Le Monde le l’Eglise un tel comportement. Aujourd’hui non. Jean
16 octobre 1965. Dans cet article Fesquet affirme que XXIII a fait preuve d’une généreuse sensibilité...”.
parmi les signataires figuraient les revues Itinéraires, Impossible “d’enlever la sainteté” à des hommes cano­
Nouvelles de chrétienté, et Verbe de la Cité Catholique. nisés par l’Eglise? Et pourtant le culte de Saint Simonin,
Les responsables de ces revues démentirent avec dé­ du Bx Andrea de Rinn, du Bx Lorenzino de Marostica
dain (cf. Itinéraires, n° 98, décembre 1965, pp. 1 à 32; n° ont été supprimés. Sainte Catherine de Sienne et
99, janvier 1966, pp. 4 à 14) déclarant que le texte était d’autres saints ont été critiqués; des excuses ont été de­
un “faux” et une “provocation” d’origine progressiste. mandées pour leurs “péchés”... Impossible de canoniser
Dans le n° 95 de juillet-août 1965, pp. 2 à 41, Madiran Jules Isaac? Et pourtant Jean-Paul II a préconisé l’inser­
avait déjà dénoncé les déclarations des progressistes an­ tion des non catholiques au Martyrologe... Que les ro­
nonçant pour décembre le futur schisme des intégristes mains furent seuls responsables de la crucifixion est déjà
qui n’accepteraient pas le Concile. Cependant, je ne doctrine officielle de l’“Eglise”. C’est nous qui sommes
pense pas que le texte cité ci-dessus soit un “faux” fa­ les déicides, comme le rappelle le Nouveau Catéchisme

197
SODALITIUM : La question juive

Le judaïsme post-biblique
n’est pas seulement une pure
religion mais une idéologie
Christianisme et judaïsme. ou “religion” raciale
“L’Ancienne Alliance
jamais révoquée” les époques, de tout le monde. L’Église n’a
de lien spirituel avec aucune lignée particu­
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia lière. On ne peut donc pas mettre en rela­
tion la lignée charnelle ou le sang, avec la
L’ENSEIGNEMENT DE JEAN-PAUL II foi, l’âme ou l’esprit. Ceci est la première
grande anomalie ou contradiction dans les
1ère OBJECTION termes de “N.A.”.
Le judaïsme post-biblique n’est pas seu­

D epuis sa première rencontre avec une


délégation juive, le 12 mars 1979, J.-P.
II cite la Déclaration Nostra Ætate, «dont
lement une pure religion mais une idéolo­
gie ou “religion” raciale; Elio Toaff, ancien
grand rabbin de Rome, a écrit: «Est juif le
l’enseignement exprime la foi de l’Église» peuple qui a une religion. Les deux
(comme il le précisera plus tard à Caracas, concepts sont indissociables. L’identité jui­
au Vénézuela, le 27 janvier 1985). ve est constituée surtout par l’appartenance
Selon Nostra Ætate [désormais N.A.] un au peuple juif. Même celui qui n’est pas re­
lien relie spirituellement le peuple du Nou­ ligieux est juif puisqu’il appartient au
veau Testament avec la lignée d’Abraham, peuple juif. La religion juive est seulement
qui sont non seulement les juifs de l’An­ pour le peuple juif» (2).
cienne Alliance mais aussi ceux Il faut ensuite préciser que lignée
d’aujourd’hui. d’Abraham ce ne sont pas seulement les
En effet, citant Rm. XI, 28-29 «le Conci­ juifs, mais ce sont aussi les arabes: en effet,
le déclare - écrit le P. Jean Stern de l’Uni­ Ismaël (leur souche) était fils d’Abraham et
versité Pontificale Urbanienne - à propos Agar (alors qu’Isaac, l’ancêtre des juifs, était
des juifs [post-bibliques] qu’ils forment un fils d’Abraham et Sara). Par conséquent,
“peuple très aimé du point de vue de l’élec­ quand “N.A.” parle des “points de contact
tion, à cause de leurs pères, car Dieu ne re­ avec les Musulmans” au n° 3 et au n° 4, où il
grette rien de ses dons”. Par conséquent, si est question de la “lignée d’Abraham”, en
la communauté religieuse juive, marquée traitant seulement “des juifs”, elle commet
par l’enseignement des rabbins, appartient une discrimination raciale à l’égard des
à la lignée [spirituelle] d’Abraham... le ju­ arabes (qui sont présentés seulement com­
daïsme [d’après l’exil] constitue une reli­ me “musulmans qui cherchent à se sou­
gion, les juifs d’aujourd’hui, eux, forment mettre... à Dieu comme... Abraham, auquel
essentiellement un peuple» (1). la foi islamique se réfère volontiers”), sans
dire que si du côté de la mère ils sont fils de
1ère RÉPONSE EN TROIS POINTS l’esclave Agar, du côté du père ils sont fils
charnels ou descendants d’Abraham comme
Je réponds: les juifs. Ils ne sont pas “Nescio Nomen”, ont
A) “N.A.” représente la foi de l’Église: mère et père, même si leur mère était une
La Déclaration “N.A.”, du 28 octobre esclave, et la mère d’Isaac et des juifs était la
1965, sur «l’Église et les religions non chré­ maîtresse de maison.
tiennes», au n° 2 parle de l’Hindouisme et La théologie catholique a distingué
du Bouddhisme, au n° 3 des Musulmans, au d’une manière adéquate (avant et mieux
n° 4, du “lien de l’Église avec la lignée que le Concile Vatican II) la descendance
d’Abraham”. Or lignée = race ou descen­ d’Abraham:
dance charnelle d’Abraham; alors que a) selon la chair: juifs et arabes.
l’Église est ultranationale et supraraciale; b) selon la foi: c’est-à-dire ceux qui ont la
elle est universelle, catholique, concerne la foi d’Abraham, qui, croyant dans le Christ à
foi, les âmes de tous les hommes, de toutes venir, était chrétien in voto. Jésus dans

198
SODALITIUM : La question juive

l’Évangile de Jean (VIII, 56) dit “Abraham, les arabes) comme ayant des liens spirituels
votre père (selon la chair), désira voir mon ou de foi avec l’Église chrétienne. Mais les
jour (l’Incarnation du Verbe), il l’a vu (en choses ne se passent pas ainsi, la plupart des
esprit) et s’en est réjoui (il m’accueillit dans fils d’Abraham selon la chair ne croient pas à
son âme, dans sa foi, tandis que vous non)”. la divinité du Christ, seul “un petit reste”
Donc, seul celui qui a la foi d’Abraham (Rm. IX, 27 - XI, 15) l’a accepté comme
dans le Christ à venir (A.T.) et venu (N.T.), Dieu et Messie. Jésus le révèle “vous n’avez
est lié à l’Église du Christ, indépendamment pas pour père [selon l’esprit ou la foi] Abra­
du peuple auquel il appartient; “dans le ham, mais le diable” (Jn VIII, 44).
Christ il n’y a plus ni juif, ni grec”, on est La descendance ou race d’Abraham est
chrétiens, fils dans la foi d’Abraham, que composée:
l’on soit juif ou non selon le sang. Les a) des arabes, qui spirituellement sont ­
apôtres, la Sainte Vierge, le Christ comme en très grande partie - musulmans, et qui
homme, étaient juifs de sang et chrétiens de n’ont donc pas la foi d’Abraham en la divi­
foi, vrais fils d’Abraham selon l’un et surtout nité du Christ, même s’ils Le reconnaissent
l’autre. Eugenio Zolli (3) était juif de race, comme prophète.
mais devint chrétien de foi, et c’est alors seu­ b) des juifs, qui depuis le Vendredi-
lement qu’il fut vrai fils d’Abraham. Or la Saint se trouvent scindés en deux:
descendance charnelle, lignée, race ou a) La “petite partie” fidèle au Christ:
peuple d’Abraham qui n’a pas accepté le “le petit reste”, c’est-à-dire les Apôtres
Christ comme Dieu et Messie, n’a pas de et les disciples, qui ayant accepté le Christ,
lien spirituel avec l’Église chrétienne, elle a donné origine à l’Église (lignée+foi
n’en partage pas la foi dans la divinité du d’Abraham).
Christ. Ce n’est donc pas la lignée qui comp­ b) la plus grande partie infidèle ou in­
te (ce serait du racisme, et l’Église le rejet­ crédule envers la divinité du Christ:
te), mais la foi dans la divinité de Jésus. a renié la foi d’Abraham, le mosaïsme
En effet, il est révélé que “en Jésus- vetero-testamentaire, et a donné lieu au ju­
Christ la bénédiction donnée à Abraham est daïsme post-biblique, post-chrétien, talmu­
passée aux Gentils” (Gal. III, 14); Jésus dico-cabalistique et rabbinico-pharisaïque,
dans l’Évangile dit aux pharisiens: “ne dites qui plus qu’une religion est une lignée ou
pas: Nous avons Abraham pour père” une “religion raciale” et raciste.
(Matth. III, 9 ; Lc III, 8), “la postérité… Les exégètes distinguent nettement le
procède de la foi d’Abraham” (Rm. IV, 16), judaïsme Antique, du Temple, c’est-à-dire
“ceux qui ont la foi sont bénis avec Abra­ biblique, du Nouveau, rabbinico-“post­
ham le croyant” (Gal. III, 9). templier” (après la destruction du Temple
L’ambiguïté de “N.A.” est de faire passer en 70 après J.-C.), talmudique et cabalis­
tous ceux qui descendent d’Abraham (sauf tique, c’est-à-dire antibiblique (4).

De Wojtyla à Ratzinger : la continuité dans la tradition...


Les occupants du siège apostolique changent mais le Rabbin est
toujours le même... Jean-Paul II et Benoît XVI avec le grand
rabbin de Rome Riccardo Di Segni le 14/02/2003 et le 16/01/2006

199
SODALITIUM : La question juive

L’Église est “la société des baptisés, qui té religeuse d’Israël post-biblique qui est
ont la même foi (au Christ), la même mora­ impliquée et non toute la lignée (un “petit
le, participent aux mêmes sacrements et reste” qui fut fidèle au Christ: les Apôtres,
sont soumis aux légitimes pasteurs, les les Disciples), même si la majeure partie du
évêques ou successeurs des Apôtres et spé­ peuple prit une part active à la condamna­
cialement au Pontife romain, successeur de tion de Jésus. L’accord unanime des Pères
Pierre” (st Robert Bellarmin). Comme on est signe de tradition divine: ils sont l’orga­
le voit, il n’est pas question de descendance ne qui transmet la tradition divino-aposto­
ou de peuple dans cette définition clas­ lique, leur commun accord est règle de foi,
sique, et communément acceptée, de l’Égli­ c’est-à-dire qu’il est révélé par Dieu et
se. Il n’y a donc aucun “si grand patrimoine confié aux Apôtres, ce que les Pères ecclé­
spirituel commun aux chrétiens et aux juifs” siastiques enseignent avec consensus mora­
(“N.A.”, n° 4f). lement unanime en matière de foi et de
Au n° 4e, “N.A.” enseigne: “selon morale (le consensus absolu ou mathéma­
l’Apôtre, les juifs restent encore, à cause de tique n’est pas nécessaire). Ils ont en effet
leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons été placés par Dieu dans l’Église pour
et l’appel sont sans repentance”. J’ai déjà conserver la tradition divine reçue par les
réfuté le sophisme: st Paul dit seulement Apôtres. Dans notre cas les Pères (de st
que l’appel de Dieu ne change pas (“Ego Ignace d’Antioche † 107 à st Augustin †
sum Dominus et non mutor”). Au contrai­ 430, en passant par st Justin † 163, st Irénée
re, la réponse humaine à l’appel de Dieu † 200, Tertullien † 240, st Hyppolite de Ro­
peut changer, comme cela a été pour la me † 237, st Cyprien 258, Lactance † 300, st
plus grande partie du peuple d’Israël, qui Athanase † 373, st Hilaire de Poitiers † 387,
durant la vie de Jésus, a mal correspondu à st Grégoire de Nazianze † 389, st Ambroise
l’appel et au don de Dieu, en tuant les Pro­ de Milan † 397, st Cyrille d’Alexandrie †
phètes et le Christ; c’est pourquoi est cher à 444) sont non seulement moralement, mais
Dieu, c’est-à-dire demeure en grâce de aussi mathématiquement d’accord pour en­
Dieu, seul “le petit reste” de ceux qui ont seigner que la grande partie (infidèle au
accepté le Messie Christ venu (N.T.), com­ Christ) du peuple juif, c’est-à-dire le judaïs­
me leurs pères dans l’A.T. acceptèrent jadis me talmudique est responsable, comme
le Christ à venir. cause efficiente, de la mort du Christ et a
Au n° 4g, la Déclaration conciliaire écrit: donné lieu à une nouvelle religion schisma­
“Le Christ s’est soumis à la mort à cause des tique et hérétique, le talmudisme, qui se
péchés de tous les hommes. Encore que des détache du mosaïsme et qui aujourd’hui en­
autorités juives, avec leurs partisans, aient core refuse la divinité du Christ et le
poussé à la mort du Christ, ce qui a été com­ condamne comme idôlatre, puisque d’hom­
mis durant sa passion ne peut être imputé ni me il prétend se faire Dieu (6).
indistinctement à tous les juifs vivant alors, a) les chefs:
ni aux juifs de notre temps”. ils savaient clairement, comme enseigne
Il faut distinguer: st Thomas d’Aquin, (S.T. III, q. 47, aa. 5, 6/
Le Christ est mort pour racheter les pé­ II-II, q. 2, aa. 7, 8) que Jésus était le Messie
chés de tous les hommes, autrement dit, la et ils voulaient ignorer ou ne pas admettre
finalité de la mort du Christ est la rédemp­ qu’il était Dieu (ignorance affectée, aggra­
tion du genre humain. ve la culpabilité).
Mais la cause efficiente qui a produit la b) le peuple:
mort du Christ, ce ne furent pas les péchés qui pour la majorité a suivi les chefs, alors
des hommes, mais le judaïsme post-bi­ qu’un “petit reste” a suivi le Christ, a eu une
blique, qui en niant la divinité du Christ, le ignorance non affectée ou voulue, mais vin­
condamna à mort et fit exécuter la sentence cible, donc une faute moins grave que les
par les Romains. Pour tous les Pères de chefs, mais objectivement ou grave en soi
l’Église, unanimement (5), la cause efficien­ (subjectivement, c’est-à-dire dans le cœur de
te et responsable de la mort de Jésus est le chaque homme où seul Dieu entre). Le
judaïsme pharisaïque, talmudique et anti­ peuple, qui avait vu les miracles du Christ, a
chrétien par le truchement de ses “fidèles”. la circonstance atténuante d’avoir suivi le
Dans la mort du Christ, c’est la communau­ grand prêtre, le sanhédrin, les chefs; son pé-

200
SODALITIUM : La question juive

ché est grave en soi, même s’il est en partie est condamnée par Dieu, dont Il dit du mal
diminué, pas totalement effacé, par ignoran­ ou “maudit”: en effet, Dieu ne peut approu­
ce vincible mais non affectée (S.T. supra). ver, dire du bien ou “bénir” le refus du
Le judaïsme d’aujourd’hui, dans la me­ Christ. Le Père, ayant constaté la stérilité
sure où il est la libre continuation du ju­ du judaïsme pharisaïque et rabbinique, qui
daïsme rabbinique du temps de Jésus et a tué les Prophètes et son Fils, la condamne,
s’obstine à ne pas l’accepter, participe ob­ désapprouve, en “dit du mal” ou “maudit”.
jectivement à la responsabilité du déicide. Comme Jésus qui constatant la stérilité d’un
“N.A.” n° 4h écrit: «les juifs ne doivent figuier le maudit, c’est-à-dire ne l’apprécia
pas être présentés comme réprouvés par pas, mais le condamna car infructueux (7).
Dieu ni maudits, comme si cela découlait Je rapporte ce qu’a écrit une juive
de la Sainte Écriture». convertie: «Il faut distinguer le judaïsme de
Tout d’abord, il faut spécifier que nous l’A.T. du judaïsme post-christique. Le pre­
parlons de l’hébraïsme, religion post-bi­ mier (A.T.), est une préparation du christia­
blique, et de ses fidèles, les juifs qui suivent nisme; le second au contraire (le judaïsme
la Cabale et le Talmud (“N.A.” est équi­ post-christique), a nié la messianité de Jésus
voque, quand elle emploie le simple mot et continue de refuser le Messie, Jésus-
“juifs”, alors qu’elle parle des “rapports Christ. En ce sens, il y a une opposition
entre lignée d’Abraham qui a des liens spi­ entre le christianisme et le judaïsme actuel.
rituels très étroits avec l’Église du Christ”). L’Ancienne Alliance est basée aussi sur la
Il faut préciser ensuite les termes théo­ coopération des hommes. Moïse reçut la dé­
logiques et bibliques de réprovation et ma­ claration de Dieu, contenant les conditions
lédiction. du pacte. L’Alliance n’est pas incondition­
a) Réprouver: nelle (Dt. XI, 1-28), mais est soumise à
signifie rejeter, considérer inutile, l’obéissance du peuple d’Israël: “Je mets de­
désapprouver, rompre une amitié. Or la sy­ vant vous une bénédiction et une malédiction:
nagogue talmudique (que l’Apocalypse de la bénédiction, si vous obéissez aux comman­
st Jean appelle à deux reprises Synagogue dements de Dieu... la malédiction, si vous
de Satan), après le meurtre du Christ, a été n’obéissez pas” (Dt. XI, 28)... L’alliance dé­
désapprouvée, rejetée par Dieu qui a pend aussi du comportement d’Israël et
constaté son infidélité au pacte conclu par Dieu menace plusieurs fois de la rompre à
Lui avec Abraham et l’a répudiée pour cause des infidélités du peuple juif qu’il vou­
conclure une Nouvelle Alliance avec le drait détruire (Dt. XXVIII; Lev. XXVI, 14
“petit reste” d’Israël fidèle au Christ et à ss.; Jer. XXVI, 4-6; Os. VII, 8 et IX, 6).
Moïse, et avec tous les Gentils prêts à ac­ Après la mort du Christ le pardon de Dieu
cueillir l’Évangile (lesquels, en très grande n’est pas accordé à tout Israël, mais seule­
partie, ont correspondu au don de Dieu, ment à “un petit reste” fidèle au Christ et à
alors que seule une “relique” L’a refusé, Moïse. À la suite de l’infidélité de l’en­
pour s’adorer narcissiquement elle-même semble du peuple d’Israël envers le Christ et
au moyen d’idoles qu’elle s’était construites l’A.T. qui L’annonçait, le pardon de Dieu se
en guise de miroir). Dieu a désavoué ceux restreint à “un petit reste”. Ce n’est pas une
qui ont renié son Fils unique et consubstan­ rupture du plan de Dieu, mais une modifica­
tiel “vrai Dieu de vrai Dieu”. Par consé­ tion de l’Alliance primitive prévue dès l’ori­
quent, la saine théologie a interprété l’Écri­ gine, dans l’Alliance nouvelle et définitive,
ture et a enseigné que le judaïsme post-bi­ qui donnera au “petit reste” des juifs fidèles
blique est réprouvé ou désapprouvé par au Messie un “cœur nouveau” et s’ouvrira à
Dieu, autrement dit tant qu’il demeure l’humanité entière... Jésus n’a pas instauré
dans le refus obstiné du Christ, il n’est pas une nouvelle religion, il a enseigné que Dieu
uni spirituellement à Dieu, il ne Lui est pas voulait le salut de toute l’humanité et que la
cher, il n’est pas en grâce de Dieu. venue du Christ était la condition de ce sa­
b) Maudire: lut... La communauté chrétienne est restée
signifie condamner, ce n’est pas une fidèle à la tradition vetero-testamentaire, en
“malédiction formelle” lancée par Dieu reconnaissant en Jésus le Christ annoncé par
comme une imprécation pour nuire, mais les Prophètes. Pour les chrétiens, c’est le ju­
“objective”, c’est-à-dire une situation qui daïsme post-biblique qui est infidèle à

201
SODALITIUM : La question juive

l’A.T., mais il y a un “petit reste” fidèle, qui les Prophètes et le Messie); Dieu a donc
en entrant dans l’Église chrétienne garantit rompu l’alliance avec lui et a conclu une al­
la continuité de l’Alliance (ancienne-nouvel­ liance nouvelle et définitive avec le “petit
le), en vue du Christ à venir et venu. Il est la reste” fidèle et avec les Gentils.
pierre d’angle qui “a fait des deux (peuples: Certes les dons de Dieu sont irrévocables
juifs et gentils) un seul” (les chrétiens)» (8). ou sans repentance, ex parte electionis. Dieu
appelle, choisit un peuple, une personne à
Je réponds: une vocation particulière (Israël à accueillir
B) Il y a un lien qui unit spirituellement le le Messie Jésus; Judas à être Apostolus Jesu
N.T. au judaïsme post-biblique: Christi; mais les deux ont trahi leur vocation
Le N.T. croit à la divinité du Christ, le ju­ ex parte cooperationis); Dieu ne change pas
daïsme actuel ou post-biblique la nie: entre d’avis, la vocation demeure, mais nous
eux il y a opposition de contradiction (le voyons qu’il n’y a pas de correspondance de
Christ est Dieu; le Christ n’est pas Dieu), la part de l’appelé, qui, en ne correspondant
c’est-à-dire qu’il s’agit de la plus grande op­ pas, n’est pas aimé par Dieu. D’où, si Dieu
position qui ne permet pas la vérité des deux aime les pères de l’hébraïsme actuel, selon la
propositions, donc ou le Christ est Dieu (et génération charnelle (Abraham, Isaac, Ja­
alors c’est le N.T. qui est en vigueur), ou le cob...), il n’aime pas le talmudisme en soi
Christ n’est pas Dieu (et c’est donc le judaïs­ puisqu’il a refusé le Christ, unique Sauveur
me post-biblique qui est vrai), tertium non et Rédempteur de l’humanité.
datur. La position iréniste du Concile Vati­
can II et de Nostra Ætate particulièrement, 2ème OBJECTION
constitue la troisième voie qui est impossible
puisque contradictoire. «La nouvelle Commission Pontificale
En outre, le lien qui unit spirituellement pour les relations religieuses avec le Judaïsme
christianisme et judaïsme actuel, est contrai­ - observe le Père Michel Dubois o.p. - était
re à l’enseignement de l’Évangile et de la rattachée au Secrétariat pour l’Unité des
Tradition patristique; en effet, Jésus dit aux Chrétiens, alors que la Commission pour
pharisiens qui niaient sa divinité (c’est-à-di­ l’Islam devait dépendre du Secrétariat pour
re au judaïsme rabbinique et postbiblique les non-chrétiens. Une telle décision était
ou antichrétien) que leur père selon la gé­ lourde d’une signification théologique...
nération charnelle est Abraham, mais selon [certains redoutaient] qu’une telle décision
l’esprit est le diable (Jn VIII, 31-47; ST JEAN estompât exagérément la différence fonda­
CHRYSOSTOME, Commentaire sur l’Évangile mentale entre judaïsme et christianisme» (9).
selon St Jean, Homélie LIV, 1; ST AUGUS-
TIN, Commentaire sur Jean, Discours XLII, 2ème RÉPONSE:
1; ST THOMAS D’AQUIN, Commentaire sur St Le judaïsme qui nie la divinité du Christ
Jean, VIII, Lectio IV, 1201). (essence de la religion chrétienne) et Le
considère comme une idole méritant la
Je réponds: mort, a été incorporé à la Commission pour
C) le peuple juif [ou religion talmudique] les rapports avec les chrétiens (comme si le
est aujourd’hui encore aimé par Dieu: christianisme était un rameau du judaïsme
Deus non deserit nisi prius deseratur, l’Al­ actuel ou post-biblique, ou si le judaïsme tal­
liance conclue avec Abraham est un pacte bi­ mudique rendait vrai le christianisme, quod
polaire et conditionnel: de la part de Dieu repugnat); alors que l’Islam qui nie la divini­
(ex parte electionis), le Seigneur s’engage à té du Christ mais Le respecte comme pro­
protéger son peuple, s’il Lui est fidèle; autre­ phète est considéré, avec raison, a-chrétien,
ment il y a rupture. De la part du peuple, il en conséquence, sa distance avec le christia­
peut compter sur l’amour en acte de la part nisme est moindre que celle du judaïsme.
de Dieu, s’il Lui est fidèle, autrement il sera
répudié comme idolâtre, comme une prosti­ 3ème OBJECTION
tuée qui a abandonné son époux pour se
vendre à des inconnus. Tout l’A.T. se fonde En 1980, Jean-Paul II, à Mayence en Al­
sur ce rapport bipolaire et conditionnel. Or lemagne, a appelé les juifs «le peuple de
le peuple juif a été infidèle à Dieu (il a tué l’Ancienne Alliance jamais révoquée»; cette

202
SODALITIUM : La question juive

expression - explique le P. Paul Beauchamp (Christianisme); pour la théologie catho­


s.j. - était déjà présupposée «dans la liturgie lique il y a un perfectionnement de l’An­
nouvelle (version française officielle) du cienne Alliance au moyen de la Nouvelle;
Vendredi-Saint, avec l’oraison implorant alors que J.-P. II parle de deux peuples, le
Dieu que les juifs “progressent dans peuple chrétien et le peuple du judaïsme
l’amour de son Nom et la fidélité à son al­ actuel, avec lequel - pour la saine théologie
liance”. Qui est exclu d’une alliance ne peut catholique - Dieu a rompu l’Alliance puis­
y progresser [le judaïsme actuel maintien­ qu’il a été trahi par lui qui a refusé les Pro­
drait donc l’Alliance avec Dieu]» (10). phètes et le Christ.
Le père jésuite Norbert Lohfink (11) a ap­ Le rabbinisme pharisaïco-talmudique,
profondi le sens de la phrase prononcée à au contraire, est présenté par J.-P. II com­
Mayence par J.-P. II, et a expliqué que der­ me le peuple avec qui Dieu est encore en
rière le concept de Nouvelle et Éternelle Al­ alliance.
liance se cache un certain antijudaïsme chré­ Le peuple de l’Alliance établie avec
tien, il s’agirait d’un concept d’antagonisme Moïse est spirituellement le christianisme;
envers le judaïsme, hérité de l’Église primiti­ en effet, matériellement Moïse, il y a envi­
ve; l’auteur soutient qu’il faut parler d’une ron trois mille ans, était le chef du peuple
unique Alliance et d’une double voie de d’Israël selon la chair; mais ce peuple, dans
salut, évitant de dire que ce n’est que dans le sa majeure partie, quand vint le Messie,
Christ qu’est le salut pour tout homme pour lequel Dieu avait conclu une alliance
[contredisant explicitement le donné révélé, avec Israël, Le refusa et à partir de ce mo­
n.d.a.]; les juifs peuvent se sauver en parcou­ ment il ne peut plus être considéré comme
rant la voie du judaïsme talmudique, les chré­ fils spirituel d’Abraham, de Moïse et de
tiens celle de l’Évangile, il y a une seule Al­ Dieu, mais seulement comme descendant
liance à laquelle participent juifs et non-juifs, matériellement d’Abraham, de Moïse, ré­
chacun suivant sa propre route. pudié par Dieu spirituellement et par consé­
Selon l’auteur, J.-P. II se réfère sans quent fils spirituel du diable (Jn VIII, 44).
doute au peuple juif d’aujourd’hui; il parle Lohfink écrit que J.-P. II «enfreint avec
en effet de «la rencontre entre le peuple de audace la tradition, en rapportant Rm. XI,
Dieu de l’Ancienne Alliance jamais révo­ 29 à cette “ancienne alliance”, tandis que
quée (Rm. I, 19) et celui de la Nouvelle Al­ Luc XXII, 20 parle de «la Nouvelle Alliance
liance, c’est... un dialogue... entre la pre­ en mon [du Christ] sang, versé pour vous».
mière et la seconde partie de sa Bible». Lohfink estime au contraire que «en se ré­
férant à l’interprétation du rapport hébraïs­
3ème RÉPONSE: me-christianisme, existent les soi-disant
La péricope est équivoque, en effet, le “théories de l’unique alliance [qui a deux
peuple de l’Ancienne alliance et celui de la étapes, la vieille et la nouvelle, n.d.a.], et
Nouvelle et éternelle est spirituellement le qu’existent aussi par contre les “théories
même; il est composé de ceux qui croyaient des deux alliances”» (12).
au Christ Messie à venir (Mosaïsme) et de Pour le jésuite, «l’hébraïsme actuel peut
ceux qui croient au Christ Messie venu rapporter à lui-même le mot “alliance”,
La visite historique de Jean-Paul II à la synagogue même d’un point de vue parfaitement chré­
de Rome (13 avril 1986) tien puisque son “ancienne alliance” n’a ja­
mais été révoquée par Dieu» (13).
Il est au contraire évident que si Dieu a
conclu une Nouvelle et Éternelle Alliance
dans le Sang répandu par Jésus, l’Ancienne
qui a été perfectionnée et remplacée par la
Nouvelle ne subsiste plus (14).
D’après le jésuite, «le concept populaire
chrétien de “nouvelle alliance” favorise
l’antisémitisme. Le chrétien normal face au
discours de l’“ancienne et nouvelle allian­
ce” imagine qu’il y a deux alliances, une
“ancienne” et une “nouvelle” qui se succè-

203
SODALITIUM : La question juive

dent l’une l’autre...; un “testament” ancien la Tradition divino-apostolique, qui nous


s’éteint quand quelqu’un va chez le notaire est transmise à travers les Pères, les Papes,
et fait rédiger un testament “nouveau”. les Docteurs et les Saints; mais qui la
Quand nous autres chrétiens parlons de contredit formellement, comme le oui
la “nouvelle alliance”, nous considérons les contredit le non.
juifs d’aujourd’hui comme les descendants Il me semble que cette affirmation de J.-
des juifs d’alors qui n’avaient pas trouvé ac­ P. II, est contraire au donné révélé (“Celui
cès à la “nouvelle alliance”, et puisque qui croira [à l’Évangile, n.d.a.] et sera baptisé
maintenant l’“ancienne alliance” n’existe se sauvera. Celui qui ne croira pas sera
plus, ils n’ont plus aucune “alliance” [ce me condamné”, Mc XVI, 16), rend vaine la ré­
semble pur bon sens, n.d.a.]. demption de l’unique médiateur Jésus-
Ceci est le point dans lequel s’insère la Christ, “en créant” artificieusement une sub­
formulation de J.-P. II à Mayence» (15). sistance de l’Ancienne Alliance qui n’a plus
Or St Paul, divinement inspiré, a écrit: raison d’être, à cause de l’Incarnation, de la
«En parlant d’une Alliance Nouvelle, Il Passion et de la Mort de Notre-Seigneur Jé­
rend vieille la première; or ce qui est vieilli sus-Christ. En effet, dans quel but instituer
et vétuste touche à sa fin» (16). une nouvelle alliance si la première est en­
Le remède à cette distorsion du “chré­ core valide? Ce serait incorrect, inutile et
tien normal, du peuple chrétien”, serait malhonnête de la part de Dieu à l’égard de
d’après le jésuite un “christianisme a-nor­ l’ancien et du nouvel allié (absit), ce serait
mal et élitaire”, c’est-à-dire ésotérique, gnos­ comme si un mari se remariait sa première
tique et cabalistique, cripto-judaïque qui es­ femme étant toujours vivante, causant ainsi
time - contredisant st Paul – qu’il faut par­ du tort tant à la première qu’à la seconde;
ler de «deux alliances: d’une antique qui ou comme si un père abrogeait son premier
continue, bien qu’elle soit vétuste et touche testament, rédigé par le notaire en faveur de
à sa fin (il y a déjà environ 2000 ans), et son fils aîné, et le remplaçait par un deuxiè­
dans laquelle se trouve aussi l’actuel hé­ me et définitif en faveur de tous ses enfants,
braïsme et de la nouvelle, donnée aux chré­ et que l’autorité judiciaire considérerait
tiens; avec la prudence d’ajouter immédia­ comme encore valide le premier testament
tement qu’il n’existe aucun motif pour les (remplacé, par volonté explicite du père, par
juifs de renoncer à la leur... Le jésuite se de­ un second et dernier), et - de manière
mande si J.-P. II, dans son discours de contradictoire - le second, de telle sorte qu’il
Mayence, n’a pas été dans ce sens» (17). y aurait deux testaments valides, dont l’un
Le jésuite poursuit en disant que le ter­ rend héritier seulement l’aîné et l’autre tous
me Nouvelle alliance est «une arme concep­ les autres, ce qui est impossible, eu égard au
tuelle de l’église primitive, pour marginaliser principe de non contradiction.
les juifs, en outre cette affirmation [Nou­ En résumé, J.-P. II “judaïse”, c’est-à-di­
velle Alliance] n’est pas historiquement re remonte avant le Concile de Jérusalem
certaine...» (18), pour prouver ceci l’auteur où fut définie, par les Apôtres “avec Pierre
doit nier, de manière compliquée et confu­ et sous Pierre”, l’unicité de la rédemption
se, la divine inspiration des Évangiles qui et le salut du genre humain opéré par le
seraient le produit des premières commu­ Christ, au moyen de la foi surnaturelle au
nautés chrétiennes, du Christ de la foi et Christ-Dieu et des bonnes œuvres. Le
non du Christ de l’histoire (19). Concile de Florence (1438-1445) a défini
Il est intéressant de remarquer com­ (Décret pour les Jacobites) que les obser­
ment l’affirmation de J.-P. II de 1980 qui fit vances légales de l’Ancien Testament ont
du bruit, était déjà contenue dans le cessé avec la venue du Christ et qu’ont
N.O.M. de 1968 (Vendredi-Saint) où l’on alors commencé les sept Sacrements du
demande à Dieu de faire progresser dans Nouveau Testament (D. 712) (20); il essaye
l’alliance avec Lui le peuple et la religion de réintroduire le culte et les pratiques de
judaïque post-biblique. l’Ancienne Alliance, qui sont “mortuæ et
En effet, J.-P. II n’a rien fait d’autre que mortiferæ”, puisqu’elles signifiaient la réali­
d’expliciter ce qui était déjà contenu dans té du Christ à venir. Or si on les respecte
le Concile Vatican II, nous livrant ainsi son encore aujourd’hui, cela signifie implicite­
exacte interprétation, qui n’est pas celle de ment que seul le Christ est Sauveur de l’hu-

204
SODALITIUM : La question juive

manité (“Il n’y a de salut en aucun autre; postérieur n’étant allégué. Cela signifie que
car nul autre nom n’a été donné sous le ciel «le Concile n’a pas trouvé d’expression adé­
aux hommes par lequel nous devions être quate, pour enseigner la doctrine de la foi,
sauvés”, Actes IV, 12), qu’Il ne serait pas dans les nombreux passages des Pères, des
encore venu et que par conséquent l’An­ Docteurs et des Saints qui traitaient des juifs,
cienne Alliance doit rester encore en vi­ en effet ces textes sont grevés par des
gueur, le Messie, médiateur universel entre conditionnements très humains venant de
Dieu et l’homme, n’étant pas présent. la polémique entre juifs et chrétiens. [...] Il
Ces erreurs conduisent à l’apostasie, au serait souhaitable que cette relecture, en
changement d’une religion (le Christianis­ esprit de repentir, de siècles chrétiens de
me qui fonde ses racines dans l’Ancien Tes­ polémique, de mépris et de violence anti­
tament) par une autre (le judaïsme postbi­ juive..., se fasse par une mise en lumière
blique, antimosaïque et talmudique, lequel plus explicite de l’authentique doctrine de la
nie le concept de Sauveur universel que la foi catholique sur le peuple juif, telle que le
foi catholique applique seulement et exclu­ Magistère suprême de l’Église a commencé
sivement au Christ). à l’enseigner ex professo depuis le Concile
Vatican II. [...] le Magistère achève de re­
4ème OBJECTION dresser, par l’autorité de la doctrine de la
foi, les opinions théologiques qui sont à la
Le 13 avril 1986, au cours de sa visite à base de cet enseignement [patristique] du
la synagogue de Rome, J.-P. II «ayant cité “mépris”, ces opinions théologiques, pour
le passage de Nostra Ætate sur les haines et “communes” qu’elles aient pu être dans la
les manifestations d’antisémitisme dont les mentalité des siècles de chrétienté, ne sont
juifs ont été victimes, “quelle qu’en soit que des opinions humaines qui n’expriment
l’époque et quels qu’en soient les auteurs”, pas adéquatement la foi catholique et n’en­
ajouta “je le répète, quels qu’en soient les gagent donc pas l’Église comme telle [...].
auteurs”. Il pensait sans doute à l’un ou Les juifs qui ne croient pas en Jésus sont
l’autre de ses prédécesseurs, à Paul IV par toujours dans le plan du salut “une partie
exemple» (21). d’Israël”. Celui-ci, même en ceux de ses en­
Le Frère Jean-Miguel Garrigues conclut fants qui refusent d’entrer dans la Nouvelle
en écrivant qu’«il a fallu plus de dix-neuf Alliance messianique, reste l’Unique
siècles pour que l’Église comme telle se Peuple de Dieu. [...] La formule “nos frères
penche ex professo sur “le lien qui relie spi­ aînés”, utilisée par J.-P. II en 1986 dans la
rituellement le peuple du Nouveau Testa­ synagogue de Rome provient de la formule
ment avec la lignée d’Abraham” (N.A., n. liturgique du Vendredi-Saint “le peuple
4). En se prononçant pour la première fois que Dieu s’est acquis en premier”» (22).
avec autorité, l’Église a exposé au Concile
Vatican II les fondements révélés de sa foi en 4ème RÉPONSE EN SEPT POINTS:
la vocation surnaturelle du peuple juif. Le
Concile Vatican II a ainsi donné... un regard 1°) Il est grave d’affirmer que les papes
de foi sur le peuple d’Israël..., qui engage antérieurs à J.-P. II ont favorisé la haine
l’Église proprement dite par son Magistère antisémite, et que ce n’est qu’avec le Conci­
doctrinal, à la différence de diverses disposi­ le Vatican II (1962-1965) que l’Église a ap­
tions disciplinaires de tant de conciles et de porté une réponse adéquate au rapport
papes aux époques de chrétienté, si dépen­ christianisme-judaïsme post-chrétien.
dantes de conditionnements historiques Les rapports entre Ancien et Nouveau
contingents, qui ne relèvent, elles, que d’une Testament sont à la base de la foi de l’Égli­
assistance divine de type prudentiel et se: or si les papes antérieurs à J.-P. II n’ont
faillible dans l’ordre du gouvernement [de pas enseigné correctement la doctrine de la
l’Église]. foi de l’Église sur ce problème, les portes
On ne peut pas manquer de remarquer de l’enfer auraient prévalu contre Elle et la
que la partie de la Déclaration “N.A.” qui promesse du Christ aurait été fausse (portæ
concerne le peuple juif est le seul texte du inferi non prævalebunt).
Concile Vatican II où les références sont 2°) Autrement grave est l’affirmation
exclusivement scripturaires, aucun texte selon laquelle se sont écoulés dix-neuf

205
SODALITIUM : La question juive

siècles, pour que l’Église enseignante étu­ l’auteur ajoute que le Magistère suprême a
diât scientifiquement le rapport entre chris­ commencé à donner l’interprétation avec le
tianisme et judaïsme post-biblique, c’est-à­ Concile Vatican II et donc laisse entendre
dire le lien spirituel entre les descendants qu’elle doit encore être accomplie. Mais
d’Abraham selon la chair et le sang, et les étant donné la mentalité (les Papes et les
chrétiens. St Jean dans son Évangile a réso­ Pères étaient conditionnés par les polé­
lu admirablement le problème, les Pères miques humaines de leur temps) de l’au­
l’ont commenté de manière unanime; or, teur qui en historicisant relativise tout (ils
quand il y a le consentement moralement, n’ont donc pas résolu le problème avec au­
et non mathématiquement, unanime, en torité doctrinale, mais seulement avec des
matière de foi et de morale, des Pères sur la opinions personnelles et faillibles), il pour­
signification de la Ste Écriture, il est infal­ rait arriver que Vatican II aussi ait ressenti
lible, puisqu’il nous fait connaître la tradi­ les influences de son temps et se soit laissé
tion divino-apostolique dans sa véritable si­ influencer par lui, c’est pourquoi son inter­
gnification (V. ZUBIZARRETA , Theologia prétation n’est pas adéquate et doit être re­
dogmatico-scholastica, éd. El Carmen, Vic­ vue et corrigée, et ainsi à l’infini.
toria 1948, vol. I, n° 699, thèse IV). 5°) Les Pères ont exprimé seulement des
3°) L’Église se serait prononcée pour la opinions (non des certitudes) théologiques,
première fois avec autorité, en exposant sa qui bien qu’étant communément ensei­
foi, sur les rapports christianisme judaïsme gnées, doivent être corrigées par le Magistè­
rabbinique, avec le Concile Vatican II, qui re infaillible, dans la mesure où elles étaient
a engagé l’Église enseignante et hiérar­ humaines et seulement probables.
chique, par l’intermédiaire du magistère Nous avons déjà vu que «en matière de
doctrinal et non disciplinaire (au contraire foi et de morale, le consensus unanime mo­
de ceux qui affirment que le Concile Vati­ ralement des Pères est un témoignage irré­
can II est pastoral, non doctrinal, et n’a futable de Tradition divine» (V. ZUBIZAR-
donc jamais engagé l’infaillibilité). Avant, RETA, op. cit. n° 699).
spécialement au cours de la chrétienté, il 6°) La vérité est que l’Écriture a révélé et
existait beaucoup de dispositions discipli­ le Magistère a défini que Jésus est l’unique
naires des papes qui étaient faillibles puis­ Sauveur de tous les hommes (y compris les
qu’elles dépendaient des contingences his­ juifs), lequel a fondé une seule Église, hors
toriques de l’époque médiévale. de laquelle nul ne peut se sauver (y compris
Ce n’est pas exact et ce ne peut l’être; les juifs).
déjà à partir du Concile de Jérusalem Soutenir que les juifs qui ne croient pas
l’Église avec st Pierre, premier pape, s’est en Jésus sont inclus également dans le plan
exprimée doctrinalement (et en a tiré des du salut, signifie renier le christianisme et
conséquences pratiques), et clairement jus­ judaïser: en effet, il est révélé que Jésus est
qu’à Pie XII, sur les judaïsants, qui se sont “l’unique médiateur entre Dieu et les
manifestés à nouveau durant le Concile Va­ hommes” (I Tim. II, 5), qu’ “il n’y a de salut
tican II (cf. C. NITOGLIA, L’antica e la Nuo­ en aucun autre” (Actes IV, 12), que “nous
va Legge, il Talmùd e il Concilio Vaticano sommes justifiés au Nom du Seigneur Jésus-
II, in «Per padre il diavolo. Un’introduzione Christ” (I Cor. I, 30), que “le Christ est mort
al problema ebraico secondo la Tradizione pour tous” (II Cor. V, 14-15), que “par son
cattolica», SEB, Milan 2002, pp. 117-124). Nom, nous avons la rémission des péchés”
Toutes les décisions disciplinaires des (Act. X, 43), que “nous sommes réconciliés
Papes de la Chrétienté sur les juifs prove­ avec Dieu par la mort de son Fils” (Rm. V,
naient d’un jugement doctrinal sur les er­ 9-10). En outre, Il affirme: “si c’est par Moi
reurs du Talmud; ces jugements doctrinaux que quelqu’un entre, il sera sauvé” (Jn X, 9),
engageaient l’autorité de l’Église qui, donc, “celui qui croira [à l’Évangile] sera sauvé,
était assistée infailliblement. celui qui ne croira pas sera condamné” (Mc
4°) Demander une interprétation plus XVI, 15), “Qui n’est pas avec Moi est contre
explicite de la foi catholique sur le judaïs­ Moi, et qui n’amasse pas avec Moi dissipe”
me post-biblique est ambigu; il en est de (Lc XI, 23), “celui qui ne croit pas (en Moi)
même quant à Vatican II qui n’aurait pas est déjà condamné” (Jn III, 18), que “Dieu a
été aussi explicite qu’on voulait. En effet, amené pour Israël un Sauveur, Jésus” (Act.

206
SODALITIUM : La question juive

XIII, 23), que “le Père a envoyé son Fils magistère de “N.A.” et des enseignements
comme Sauveur du monde” (I Jn IV, 14), qui l’ont suivie, sur les rapports spirituels
que “Dieu veut se réconcilier par Lui avec de l’Église avec le judaïsme post-chrétien,
toutes choses” (Col. I, 19-20), “Médiateur de est très différent de celui de l’Écriture, des
la Nouvelle Alliance” (Héb. XII, 24). Pères ecclésiastiques et des Docteurs de
L’Église a défini infailliblement et im­ l’Église. L’ambiguïté de “N.A.” et l’erreur
muablement que “le Christ est législateur et manifeste des enseignements à la lumière
juge de tous les hommes” (De fide, DS. de “N.A.”, fait supposer que le judaïsme re­
1571, Concile de Trente), que “par sa Mort ligion post-biblique est pur de toute erreur.
sur la Croix, le Christ nous a rachetés et ré­ Il faudrait alors penser que la Tradition di­
conciliés avec Dieu” (De fide, DS. 1740 et vino-apostolique et le Magistère de l’Église
1531, Concile de Trente), que “le Christ est préconciliaire est faux. Mais ceci est impos­
mort pour tous les hommes, sans exception” sible, étant donné l’indéfectibilité de l’Égli­
(Sententia fidei proxima, DS. 1522, Concile se et l’assistance divine à Elle promise. En
de Trente), et que “par sa passion il nous a outre, quand on lit les textes du Concile
mérité notre justification” (De fide, DS. Vatican II et le magistère qui s’en est suivi,
1529, Concile de Trente), que “personne fut on déduit l’affirmation, de la part de celui
libéré du pouvoir du démon, sinon au qui les élabore et interprète, d’un magistère
moyen du mérite du médiateur Jésus- authentique (sur les rapports avec le judaïs­
Christ” (Sententia certa, DS. 1347, Décret me) qui commence avec “l’Église du Conci­
pour les Jacobites), que “l’Église du Christ le” (cardinal Walter Kasper), qui est en
est nécesaire pour le salut de tous, extra contradiction avec celui de la patristique et
quam (Ecclesiam) nulla salus, nec remissio de l’Église préconciliaire. Il me semble que
peccatorum, d’où ils doivent être membres les choses soient ainsi, l’église conciliaire
de l’Église, au moins in voto, tous ceux qui est la “synagogue de Satan” dont nous par­
veulent se sauver” (DB, 388, 626, 1646, le l’Apocalypse, c’est le marranisme, “la fu­
Concile du Latran IV; Concile de Florence): mée de Satan qui a pénétré jusqu’au som­
ceci est un dogme de foi, fondé sur la Volon­ met de l’Église” (Paul VI) laquelle “s’auto­
té positive de Dieu; par conséquent, ne peut démolirait” (Paul VI), si fieri potest; sed
se sauver celui qui, connaissant l’institution portæ inferi non prævalebunt.
divine de l’Église, refuse d’y entrer. C’est une sorte d’apostasie plus que
Le cardinal Pietro Parente récapitule: d’hérésie, en effet l’hérétique choisit d’ac­
«C’est une vérité de foi que le Christ est cepter certains dogmes et d’en refuser au
Médiateur parfait entre Dieu et les moins un (par ex. on nie l’Immaculée
hommes. Saint Paul I Tim. II, 5: “Car il n’y Conception de Marie), tandis que l’aposta­
a qu’un seul Dieu, qu’un seul médiateur sie est le passage d’une religion (par ex.
aussi entre Dieu et les hommes: un homme, chrétienne) à une autre (par ex. judéo-tal­
le Christ Jésus ”. De la même façon les mudique), en reniant totalement la premiè­
Pères et le Magistère de l’Église (Conc. re. Pour la théologie catholique, plus exac­
Trid., sess. 5, DB. 790)» (23). tement, c’est l’abandon de la foi de la part
7°) L’expression utilisée par J.-P. II à la d’un baptisé. C’est un péché mortel et il
synagogue de Rome (1986), par laquelle il n’admet pas de légèreté de matière, étant
appelle les juifs “frères aînés dans la foi”, se une offense dirigée contre Dieu; le Droit
trouve déjà dans la nouvelle liturgie (1968) canon la range dans les crimes contre la foi.
du Vendredi-Saint, où l’on dit «le peuple juif L’élément matériel de l’apostasie est
que Dieu s’est acquis en premier». l’abandon total de la foi catholique, mani­
Mais l’auteur ne distingue pas le peuple festée extérieurement par des paroles ou
de l’A.T., fidèle au mosaïsme (lequel fut des actes non équivoques; il ne faut pas que
choisi en premier chronologiquement, par l’apostat adhère à une confession spéci­
pure et gratuite bonté de Dieu, et non on­ fique (ce serait une circonstance aggravan­
tologiquement par un mérite intrinsèque au te), il suffit de devenir panthéiste, matéria­
peuple juif), et le peuple juif post-biblique liste, libre penseur. Il faut la parfaite
qui a abandonné Moïse pour le Talmud et conscience et pleine liberté d’abandonner
la Cabale rabbinico-pharisaïque. la foi chrétienne. L’apostat encourt ipso
On peut tranquillement conclure que le facto l’excommunication latæ sententiæ .

207
SODALITIUM : La question juive

Quiconque a donné son nom ou a adhéré


publiquement à une secte a-catholique de­
vient ipso facto infâme (24).

Le cardinal Walter Kasper

A) Dans une conférence tenue à la Villa


Piccolòmini, à Rome le 28 octobre 2002
(publiée par la Commission pour les Rela­
tions avec les Juifs. Conseil Pontifical pour
la Promotion de l’Unité Chrétienne, Cité du
Vatican, qui la présente comme “importan­
te et autorisée opinion privée du cardinal
Kasper, et non comme une déclaration offi­
cielle du Magistère”, 6 fév. 2003), le prélat
allemand, président de la “Commission
Pontificale pour les relations religieuses
avec les juifs” a dit que «il y a quelques gé­
nérations des montagnes de préjugés et des
siècles d’injustice créaient une séparation Le cardinal Walter Kasper
fatale entre chrétiens et juifs. Le tournant
de cette tension... a été le Concile Vatican me, en se basant sur les Évangiles interpré­
II [...] pas à pas l’église de Vatican II [sic!] tés unanimement, et donc infailliblement,
arriva au “blâme” conciliaire de l’antisémi­ par les Pères ecclésiastiques.
tisme et à la reconnaissance solennelle de la En outre, il me semble que le fait de ne
validité perpétuelle de la promesse de Dieu pas pouvoir attendre ceux qui s’attardent
[...] après Nostra Ætate, le 28 octobre 1965, dans le préjugé - en admettant, ce qui reste
il n’y a pas de place, sous aucun point de à prouver, qu’il en soit ainsi - vers le judaïs­
vue, pour l’antisémitisme dans l’Église ca­ me post-biblique, ne respecte pas la volon­
tholique. Au contraire, l’Église catholique... té de Dieu, lequel “ne veut pas la mort du
est capable d’attendre ceux qui par culture pécheur et qu’il périsse dans ses péchés”. Si
ou habitude sont gênés face à la réforme li­ le cardinal Kasper a moins de patience que
turgique ou à d’autres réformes de Vatican Dieu, c’est son problème et celui de ceux
II. Mais l’Église catholique ne peut accepter qu’il a appris à fréquenter, (“dis-moi qui tu
en aucune manière et pour aucune raison de hantes, je te dirai qui tu es” dit le prover­
s’attarder dans le préjugé et dans le mépris be), lesquels “épiaient chaque mouvement
envers les juifs et envers le judaïsme [...] Il de Jésus pour le mettre à mort”, alors que
faut penser à ce que l’accusation de “déici­ celui qui s’attarde dans le jugement plurisé­
de”... a créé et en quel lieu elle continue à culaire de l’Église, reste fidèle à l’épouse
créer les condition d’une inimitié qui blas­ du Christ et à son Chef que la “synagogue
phème tant le judaïsme que l’évangile de de Satan” a mis à mort, après un procès bâ­
l’humanité. En rompant avec la perversion clé et plein de réels préjugés.
“religieuse” du déicide nous avons donné
comme chrétiens une contribution aux B) Lors d’une conférence à Boston le 6
croyants et non croyants...». novembre 2002, (publiée et diffusée par la
“Commission pour les Relations Religieuses
Je réponds: avec les Juifs”, Cité du Vatican) le prélat al­
Affirmer qu’avant Vatican II, “des mon­ lemand a dit que Jean XXIII a été l’architec­
tagnes de préjugés créaient une séparation te du “commencement d’un nouveau com­
entre juifs et chrétiens”, est erroné; en effet, mencement”, c’est-à-dire a projeté la transi­
l’Église ne peut avoir enseigné pendant dix­ tion de l’“Église en construction constante”,
neuf siècles au moyen de “préjugés”, mais qui depuis son pontificat, vit en une conti­
seulement au moyen de jugements théologi­ nuelle mutation et devenir (p. 2). Le change­
quement sûrs, sur une matière de foi, quel ment le plus important de l’“église en
est le rapport entre hébraïsme et christianis- construction” a été la nouvelle conception

208
SODALITIUM : La question juive

des rapports entre Église et judaïsme, après de Pie XII. Elle est une église en perpétuel
tant de siècles d’incompréhension, de “théo­ devenir (évolution hétérogène du dogme)
logie du mépris” (comme l’appelait Jules et la grande nouveauté de cette église in
Isaac). Jean XXIII convoque le Concile (p. fieri est le rapport qu’elle a avec le judaïs­
3) par surprise, et confie au cardinal Agosti­ me actuel ou post-biblique, qui est coessen­
no Bea la rédaction de la Déclaration sur les tiel à l’église du Concile, laquelle a ses ra­
juifs, qui connut de nombreuses réactions cines précisément dans le judaïsme actuel
(de la Curie romaine et des Pays arabes) et et non mosaïque, comme on le croyait
dut être intégrée, comme chapitre d’une Dé­ avant le Concile Vatican II. En effet, on ne
claration plus générique sur les relations doit plus parler de Missio envers Israël qui
entre Église et religions non chrétiennes, est resté toujours dans l’alliance avec Dieu
Hindouisme, Bouddhisme, Islam et Judaïs­ et est encore aujourd’hui aimé par Lui, et
me (“N.A.”). Mais le christianisme a une re­ n’a pas donc pas besoin de se convertir à
lation spéciale et préférentielle avec le ju­ l’Évangile du Christ, à la différence des
daïsme que J.-P. II a défini intrisèque à païens qui sont appelés à se convertir du
l’Évangile, c’est-à-dire que le christianisme polythéisme au monothéisme.
est enraciné dans le judaïsme et non dans les Au contraire, Jésus a envoyé ses
autres religions, avec lesquelles il veut ce­ Apôtres prêcher l’Évangile et la conversion
pendant toujours dialoguer même si cela est à la foi en sa divinité en premier lieu aux
de façon subordonnée au judaïsme (p. 4). juifs et seulement après aux païens; en ef­
Le défi actuel se fonde - pour Kasper - sur fet, le judaïsme actuel nie la divinité du
le problème des Missions; après le Concile (et Christ, unique Sauveur et Médiateur entre
Dignitatis Humanæ ), l’Église refuse les Dieu et les hommes et la Trinité des Per­
conversions forcées et toute coercition en ma­ sonnes divines dans l’unité de la nature de
tière de foi, toutefois le seul mot “mission” Dieu. L’Église catholique n’a jamais ap­
évoque parmi les juifs les phantasmes et les prouvé les conversions forcées, puisque la
blessures du passé qui ne sont pas encore cica­ foi est un acte libre et méritoire; je ne vois
trisées. Mais, en même temps, la mission donc pas comment Kasper peut affirmer et
évangélisatrice est le cœur du christianisme. prouver le contraire.
Dialogue ne signifie pas demander aux chré­ Les juifs nient le Christ, pour nous chré­
tiens de ne plus être chrétiens (p. 10). Ce qui tiens, il est Dieu: comment peut-on éviter
peut se faire, pour éviter l’impasse, est de de s’arrêter sur cet article de foi qui nous
remplacer le terme mission (mot théologique­ sépare, pour considérer seulement ce que
ment incriminé ou incorrect) par “témoignage nous aurions en commun avec les juifs
ou évangélisation” (p. 11) ; en effet, mission post-bibliques (la foi d’Abraham? Non, il
peut s’appliquer au paganisme appelé de croyait au Christ à venir; la Loi et les Pro­
l’idolâtrie au Monothéisme, mais non au ju­ phètes? Non, le judaïsme rabbinique se
daïsme; c’est pourquoi il n’y a plus de mission­ fonde sur la Cabale et le Talmud et non sur
naires pour les juifs. Ils peuvent se sauver, s’ils le mosaïsme; la commune alliance avec
suivent leur foi, en dehors du Christ (p. 12). Dieu? Non, maintenant nous vivons dans la
N.T. et A.T. sont la mémoire du passage Nouvelle Alliance, dans le sang du Christ,
de l’Égypte en Terre sainte et de la mort à qui a perfectionné et englobé l’Ancienne,
la résurrection de Jésus. Le judaïsme actuel qui était seulement préparatoire de la nou­
est la mémoire de la Shoah, d’Auschwitz; velle et définitive). Il s’ensuit que la rela­
même le christianisme doit en conserver la tion entre christianisme et judaïsme actuel
mémoire (“Nous nous souvenons”, docu­ est de contradiction et non d’amitié, de
ment Vatican de 1998, concerne la mémoi­ communauté. “Qui n’est pas avec Moi est
re de la Shoah). contre Moi” a dit Jésus: comment le judaïs­
En outre, nous avons en commun la me actuel antichrétien peut-il être en com­
conscience messianique, ou promesse du munion avec le christianisme quand il refu­
futur (p. 13). se Jésus fondateur de l’Église? Et si le neo­
christianisme du concile est en communion
Je réponds: avec le judaïsme rabbinique, il ne l’est pas
Kasper confirme la notion d’une nou­ avec le Christ, pour le principe évident en
velle église, qui a été fondée après la mort lui-même d’identité et de non contradic-

209
SODALITIUM : La question juive

l’“église du Concile”, comme l’appelle Kas­


per, est presque la “Synagogue de Satan”
dont parle saint Jean, dans l’Apocalypse, qui
dans un premier temps suivra l’Antéchrist et
seulement après ses persécutions se conver­
tira à “Celui qu’ils ont transpercé”. Elle a fait
sienne la “tentation” du grand rabbin de
Rome Riccardo Di Segni (17 janvier 2002,
au Grand Séminaire Romain):
«Ce qui ennuye les juifs, c’est de dire
que le but du dialogue est de convertir l’in­
terlocuteur à sa propre foi. [...]
La visite de Benoît XVI à la Synagogue de Cologne, au La Bible nous présente deux person­
cours de son voyage en Allemagne
nages: Noé de qui descend toute l’humani­
tion, qui ne peut être nié de bonne foi. té, raison pour laquelle les Gentils sont ap­
Donc les judaïsants de l’“église du Conci­ pelés Noachides...
le”, ne veulent pas voir la vérité; leur igno­ Mais dans la famille humaine il existe
rance est affectée, volontaire et inexcu­ un groupe particulier, celui des fils d’Abra­
sable, comme celle de celui qui n’a pas vou­ ham, Jacob-Israël... “un royaume de
lu remonter de l’effet à la Cause et s’est dé­ prêtres, un peuple distinct [différent des
gradé dans l’idolâtrie polythéiste, ou com­ autres; on appartient aux deux groupes par
me celle des chefs des juifs qui ne voulurent naissance, non par foi, n.d.a.].
pas admettre la divinité du Christ que Universalisme juif signifie deux voies
pourtant ils connaissaient. parallèles vers le salut [celle d’Israël et celle
Il me semble exagéré de dire que chris­ des non-israélites, n.d.a.]. On discute si la
tianisme = judaïsme puisqu’ils sont tous divinité de Jésus peut être compatible pour
deux des religions d’une mémoire histo­ un non juif avec l’idée monothéiste [c’est-à­
rique, qui pour les chrétiens est la mort et dire si les Noachides peuvent croire à la di­
la résurrection du Christ Dieu, et pour les vinité de Jésus; la réponse du judaïsme or­
juifs actuels est la mémoire d’Auschwitz. Je thodoxe est non; cette croyance est idolâ­
ne veux offenser personne, mais on ne peut trie et est passible de mort] (25).
mettre sur le même plan Jésus et La conséquence - poursuit Di Segni - est
Auschwitz, le Créateur et la créature, fon­ que le chrétien pourrait, selon l’opinion ri­
dant la nouvelle religion holocaustique sur goureuse, ne pas être dans la voie du salut
un passé qui ne passe pas. [...]. Les chrétiens devraient arriver à ad­
Pour ce qui regarde la conscience mes­ mettre que les juifs... possèdent une vie auto­
sianique future, il me semble que le Christ nome pleine et spéciale vers le salut et qu’ils
messie est venu il y a environ 2000 ans, seul n’ont pas besoin de Jésus» (26).
le judaïsme talmudique s’évertue à at­ Donc: les juifs sont prêts à fermer un œil
tendre un autre messie futur qui pour la sur l’idolâtre religion chrétienne, pas stric­
tradition catholique est l’Antéchrist. Or tement Noachide, si les chrétiens admettent
Kasper et le magistère qui a fait suite à que Jésus n’est pas nécessaire au salut com­
“N.A.”, parlent souvent de l’attente com­ me unique Médiateur entre Dieu et l’hom­
mune aux chrétiens et aux juifs du Messie, me. Il y a donc deux voies de salut: celle
sans spécifier que les chrétiens attendent principale des juifs, et une “voie secondai­
seulement la parousie, ou le second retour re” [cf. J.-P. II, Redemptor hominis n° 13­
de Jésus à la fin du monde pour le Juge­ 14, 4 mars 1979 “la voie et la route”, n.d.a.]
ment universel, alors que les juifs, en ayant des non juifs ou Noachides.
refusé Jésus, attendent encore la première Il me semble évident que “N.A” et le
manifestation du messie. Donc vouloir ré­ magistère qui s’en est suivi sur les rapports
unir christianisme et judaïsme dans l’atten­ judéo-chrétiens a, je ne dis pas accepté,
te du messie est ambigu, mal sonnant et mais carrément devancé, la proposition ou
non conforme à la foi catholique, fonda­ “tentation” de Riccardo Di Segni, qui en
mentalement antichristique. conséquence porte à renier le christianisme.
Il me semble pouvoir conclure que En effet, il n’est pas possible de demeurer

210
SODALITIUM : La question juive

chrétiens si l’on nie que le Christ est deserit nisi prius deseratur; Dieu ne rompt
l’unique Sauveur de l’humanité, juifs com­ pas en premier un pacte, mais s’il constate
pris; c’est pourquoi, quand les pan-œcumé­ l’infidélité de l’autre partie, il se considère
nistes disent: nous sommes disposés au dia­ libéré de toute alliance qui devient ainsi
logue avec le judaïsme (selon la ligne Di Se­ vieille et est remplacée par une nouvelle.
gni), mais vous ne pouvez pas nous deman­ En outre, le Christ a envoyé ses Apôtres
der [explicitement] de renoncer à être chré­ prêcher l’Évangile à tous les hommes, juifs
tiens, en réalité ils ont déjà renoncé [impli­ en premier, en disant à tous que celui qui ne
citement, pour ne pas jeter le masque] à croira pas à l’Évangile ne sera pas sauvé,
l’être, en concédant que Jésus n’est pas né­ même les juifs. L’Église du Christ ne peut
cessaire au salut de tous (Absit). renoncer à la mission que le Christ lui a
donnée.
L’Épiscopat américain Enfin, la loi noachide pour les goïm, en
condamnant l’idolâtrie, entend réprouver
Le 13 août 2002 à Washington le “Comi­ la foi en la divinité du Christ, impiété qui
té Épiscopal Américain des affaires œcumé­ est passible de mort, comme cela fut déjà
niques et interreligieuses” et le “Conseil pour le Messie qui se proclama Dieu; Il
National américain des Synagogues” soute­ n’est, pour le judaïsme post-biblique, à
naient que la conversion des juifs au catho­ l’époque comme aujourd’hui, qu’un hom­
licisme était un but inacceptable; ils citaient me. Le chrétien, s’il veut le rester, ne peut
J.-P. II «qui a enseigné explicitement que accepter cette loi qui nie et condamne la di­
les juifs “sont le peuple de Dieu de l’An­ vinité du Christ et condamne la foi en elle
cienne Alliance, jamais révoquée par comme idolâtrique.
Dieu”..., en outre rappelons les notes du
Vatican de 1985 [qui] firent l’éloge du ju­ Un livre récent du cardinal Lustiger
daïsme postbiblique... sa fécondité spirituelle
est toujours pratiquée... le judaïsme rabbi­ Récemment est paru un livre du cardi­
nique, qui s’est développé après la destruc­ nal Jean-Marie Lustiger (La promesse, éd.
tion du Temple, doit être considéré divin... Parole et Silence, Paris 2002), qui ras­
Du point de vue catholique, le judaïsme est semble une série de conférences qu’il a te­
une religion qui est issue de la révélation di­ nues pendant près de vingt ans, dans lequel
vine. Comme l’a noté le cardinal Kasper “la il revient, à plusieurs reprises, sur les rap­
grâce de Dieu..., est accessible à tous. Ainsi ports entre judaïsme et christianisme.
l’Église croit que le judaïsme, c’est-à-dire la Le prélat français écrit que “le massacre
réponse fidèle du peuple juif à l’Alliance ir­ et la persécution d’Israël [furent accomplis]
révocable de Dieu, est salvifique pour eux, par les pagano-chrétiens” (p. 74), Hérode
puisque Dieu est fidèle à ses promesses”. serait la figure ou le type des pagano-chré­
[...] La mission évangélisatrice de l’Église tiens (ivi), la société chrétienne plus qu’une
n’inclut plus la volonté d’absorber la foi jui­ figure du Royaume des Cieux en est “la ca­
ve dans le christianisme, mettant ainsi fin au ricature souvent infernale” (p. 112), le pé­
témoignage spécifique que les juifs rendent ché des chrétiens est celui de déicide “à
à Dieu dans l’histoire humaine. [...] Les juifs propos du sort qu’ils ont réservé au peuple
restent dans l’Alliance salvifique de Dieu... juif... La victime absolue - dont Jésus n’est
en outre ils sont appelés par Dieu à prépa­ qu’un symbole - est Israël” (pp. 51 et 75); la
rer le monde au Royaume des Cieux [...]. théologie de la substitution chrétienne “est
Le judaïsme - à son tour - considère que une appopriation abusive ou blasphématoi­
tous les peuples sont obligés d’observer une re de l’Élection [d'Israël]” (p. 162).
loi universelle, c’est-à-dire les sept Comman­ De telles phrases prononcées et répé­
dements noachides... avec l’interdiction de tées depuis vingt ans au moins, jettent une
l’idolâtrie». lumière inquiétante sur la judaïsation des
membres de l’Église, et surtout des plus
Je réponds: haut placés.
Il me semble opportun de préciser que Lire aussi:
le judaïsme postbiblique, ayant refusé le - FIDELITER, n° 151, janvier-février 2003,
Messie a rompu le pacte avec Dieu, qui non pp. 10-11.

211
SODALITIUM : La question juive

- L’EXPRESS, 5 décembre 2002, pp. 88­ fique de Bea... exerça une influence no­
100, Débat: Juifs-Chrétiens. Pourquoi Lusti­ table sur l’élaboration de “N.A.”» (31).
ger dérange, par CHRISTIAN MAKARIAN. En 1986, Jean Madiran a révélé l’accord
secret de Bea-Roncalli avec les dirigeants
La genèse de Nostra Ætate juifs (Isaac-Goldman), en citant deux ar­
ticles de Lazare Landau, sur “Tribune Jui­
Ainsi que nous l’avons vu, tant les juifs ve” (n° 903, janvier 1986 et n° 1001, dé­
que les chrétiens considèrent que “N.A.” cembre 1987). Landau écrit: «Par une soirée
est la “Déclaration” la plus importante du glaciale de l’hiver 1962-1963, les dirigeants
Concile, ayant donné lieu à une ère nouvel­ juifs recevaient en secret, au sous-sol [de la
le, celle de l’“église conciliaire” (comme synagogue de Strasbourg], un envoyé du pa­
l’ont appelée les cardinaux Benelli et Kas­ pe... le père dominicain Yves Congar chargé
per), fondée sur les rapports entre judaïsme par le cardinal Bea, au nom de Jean XXIII,
et christianisme. Jésus n’y est plus nécessai­ de nous demander, au seuil du Concile, ce
re au salut des juifs, lesquels sont toujours que nous attendions de l’Église catholique...
chers à Dieu, ils sont toujours son peuple Les Juifs… demandaient leur complète ré­
choisi et restent dans son Alliance qui n’a habilitation... En un lieu caché de la syna­
jamais été révoquée. gogue… la doctrine de l’Église avait bien
Mais comment en est-on arrivé là? connu une totale mutation» (32).
Marx Jules Isaac, a été l’un des princi­
paux protagonistes de la rédaction de
“N.A.”; c’était un juif, non croyant, de ten­ STANISLAS FUMET, JACQUES MARI-
dance communiste et inscrit au B’naï B’rith TAIN DANS LA GENÈSE DE
(la maçonnerie juive), comme l’a révélé le NOSTRA ÆTATE
président du “B.B.” français, Marc Aron, le
16 novembre 1991, dans un discours à l’oc­ Une revue française (33) a traité, récem­
casion de la remise du Prix international du ment, du problème de certains «juifs [mal]­
“B.B.” au cardinal Decourtray (27). convertis au christianisme, “chrétiens judaï­
La rencontre entre Roncalli et Isaac (13 sant” et “juifs christianisant”» (34), qui don­
juin 1960) fut organisée par le “B.B.” et par nèrent lieu à la formation du document
des hommes politiques socialo-commu­ conciliaire Nostra Ætate.
nistes (28).
L’autre artisan de “N.A.” fut le cardinal Les Maritain
Agostino Bea (29). Le prélat allemand, vou­
lut rencontrer - aussitôt après avoir reçu de Selon l’auteur (très bien informé), Raïs­
Roncalli la charge d’arriver à un document sa Maritain, née juive et «pénétrée de hassi­
“révisionniste” sur les rapports judéo-chré­ disme [la mystique ou cabale juive de Luria,
tiens - Nahum Goldman , président du n.d.a.]» (35), eut une influence notable sur
Congrès Juif Mondial, à Rome le 26 oc­ son époux Jacques. Autour des Maritain se
tobre 1960. Bea demanda à Goldman, de la forma un cénacle d’intellectuels, esthètes,
part de Roncalli, une épreuve du futur do­
cument du Concile sur les rapports avec les Jacques et Raïssa Maritain
juifs et sur la liberté religieuse (“N.A.” et
Dignitatis Humanæ). Le 27 février 1962 le
memorandum fut présenté à Bea par Gold­
man et Label Katz (membre du “B.B.”), au
nom de la Conférence Mondiale des Orga­
nisations Juives. Eh bien, c’est cette
ébauche inspirée par la maçonnerie juive
(“B.B.”) et par le Congrès Juif Mondial,
qui a produit Nostra Ætate (30).
Le même Bea, depuis 1961, rencontrait
fréquemment, à Rome, le rabbin Abraham
Heschel, professeur au séminaire théolo­
gique juif, qui «comme collègue scienti­

212
SODALITIUM : La question juive

mysticoïdes qui eurent un rôle fondamental entrevoir la fin du Nouveau Testament et


dans la révision de la théologie du rempla­ l’aurore de la troisième alliance ou ère du
cement de la Synagogue par l’Église. L’un Saint-Esprit, sans Église hiérarchique ni sa­
d’eux fut Léon Bloy «dont l’influence sera cerdoce. En 1926, Jacques lut La vie admi­
importante sur le couple Maritain» (36), un rable et les révélations de Marie des Vallées,
autre est «Charles Péguy, qui après Léon d’Émile Dermenghem, celui qui a décou­
Bloy, a été un des grands inspirateurs du vert le premier les écrits inédits de J. de
philosémitisme chrétien» (37), et enfin le fu­ Maistre. Il a fait connaître au public la pen­
tur cardinal Charles Journet. sée ésotérique et cachée du Savoyard, liant
Raïssa naquit en Russie d’où elle émi­ la vision millénariste du comte aux révéla­
gra dix ans après sa naissance (1883), et tions de Marie des Vallées (qui en soi ne
rencontra Jacques en 1901; dans les toutes contiennent rien d’hétérodoxe, mais peu­
premières années du vingtième siècle ils vent être mal interprétées, comme cela est
connurent Léon Bloy. «Sans doute doit-on effectivement arrivé au vingtième siècle,
se replacer dans le climat d’inquiétude et par une secte brésilienne: la TFP).
d’exaltation où les a plongés [la connaissan­ Autour des époux Maritain, mais sous la
ce de Bloy, n.d.a.], pour mieux comprendre direction de fer de Raïssa, se forme un cé­
les raisons qui ont incité en 1906 les Mari­ nacle d’artistes, puisque Raïssa pensait que
tain à exhumer à leurs propres frais un livre la culture et l’art associés à la mystique has­
de Bloy aussi étrange et complexe que Le sidique lurienne, pourraient rénover le tho­
Salut par les Juifs» (38). Bloy révèle à Raïssa misme, le christianisme et la chrétienté (en
qu’entre christianisme et judaïsme post-bi­ les démolissant). Une grande partie de ces
blique «il n’y a qu’unité, continuité, harmo­ personnages esthètes et bizarres étaient des
nie parfaite» (39). dévoyés (Jean Desbordes, François Mau­
Suivant le conseil de Bloy, «Jacques et riac, Julien Green et Jean Cocteau étaient
Raïssa ont beaucoup prié N.-D. de La Sa­ homosexuels déclarés, certains étaient toxi­
lette... [ils] croyaient fermement à son re­ comanes et écrivaient des romans incitant à
doutable Secret... tenue en grande suspi­ la perversion morale). Ils ont créé un état
cion par l’Église, l’Apparition constitue d’âme et une attitude mentale décadente,
pour Bloy un événement d’une significa­ dandy, remplie de décadence intellectuelle
tion et d’une beauté exceptionnelles» (40). et morale, puisque l’on pense comme l’on
Le 21 décembre 1915, «un décret du Saint- vit. C’est malheureusement de ce cénacle
Office... interdit de traiter du Secret de La qu’est sorti Humanisme intégral (1936), et le
Salette [non de l’apparition, n.d.a.] sous néo catholicisme-libéral ou démocratie­
quelque prétexte ou sous quelque forme chrétienne silloniste, avec le “christianis­
que ce soit» (41), étant donné son contenu me”-judaïsant ou judaïsme-talmudique (dé­
millénariste et joachimite, qui pouvait faire fini par Jacques Maritain, dès 1906, “la Ra­
ce aînée”) (42) qui, petit à petit, dans les an­
Stanislas Fumet nées vingt s’est développé jusqu’à croître et
à prévaloir en 1965 avec Nostra Ætate, et
surtout avec le long règne de Karol Wojtyla;
il représente la vraie peste et la grande
apostasie de notre temps.

Les Fumet

Il me semble, cependant, que la figure


qui se détache, même si elle est peu
connue, est celle de Stanislas Fumet ( 43)
(1896-1983), qui vécut jusqu’au pontificat
de J.-P. II, «ami ardent d’Israël, il voulait
concilier avant-garde artistique, vie mys­
tique [“hassidique ou cabalistique et le Zo­
har”] (44) et renouveau thomiste [sous un
angle “humanistico-intégral”, n.d.a.];

213
SODALITIUM : La question juive

converti vers le début du vingtième siècle, daïsme, de la part de l’Église romaine,


venu de l’anarchisme et de l’occultisme juif, dans une synagogue de Cracovie, où Woj­
«transfuge de l’anarchie et du spiritisme tyla était archevêque. Les Turowicz étaient
vers un catholicisme quelque peu ésoté­ des juifs frankistes (comme Mickiewicz)
rique... se sent proche du Sillon» (45). qui se convertirent extérieurement au
Il introduisit dans le milieu catholique à christianisme, tout en restant intérieure­
partir de 1920, une note de non-conformis­ ment juifs, en 1760, sur ordre du marrane
me et un style fortement bohémien à la Os­ Jacob Frank (52).
car Wilde; son itinéraire est lui aussi passé Selon Stanislas Fumet, il faut «faire
à travers Péguy et Léon Bloy. «Un autre connaître aux catholiques la philosophie
livre que l’on doit à l’influence de Fumet: mystique des Hassidim [la cabale impure,
celui d’un jeune juif d’origine égyptienne, n.d.a.], il faut que les chrétiens sachent qu’il
Jean de Menasce, Quand Israël aime Dieu existe chez leurs frères aînés une élévation
(1931)» (46). En 1976 le futur cardinal Jean- spirituelle et mystique» (53).
Marie Lustiger, juif “converti” mais judaï­ Fumet soutenait que «lorsqu’un chrétien
sant, écrivit à Fumet pour avoir plus d’in­ communie, il devient de la race d’Israël,
formations sur le père dominicain Jean de puisqu’il reçoit le sang [minuscule, n.d.a.]
Menasce, «dont le livre l’avait fasciné» (47). très pur d’Israël dans ses veines» (54). Les
«Comme son ami Maritain, Stanislas a chrétiens doivent donc communier fréquem­
épousé (1919) une juive convertie d’origine ment pour devenir de la même “race” (mot
russe, du nom de Aniouta Rosenblum, qui utilisé par Fumet) que les juifs, au moyen
avec Raïssa ont transmis à leurs époux res­ d’une sorte de “transfusion de sang” (on no­
pectifs le souci de l’Orient russe et de te la ressemblance avec la thèse de l’homici­
l’Orient juif..., par un philosémitisme ar­ de rituel). C’est pourquoi les deux Testa­
dent qui se prolonge vite en philo-sionis­ ments et les deux peuples sont un seul, l’Is­
me» (48). raël post-biblique. «Le Saint-Office ne pou­
Les origines de ce philo-sionisme doi­ vait pas laisser passer [cette théorie] et met
vent être recherchées dans Bloy, pour qui ­ fin à l’Association en 1928» (55).
le salut venant encore après le Calvaire du Fumet a été un des premiers gaullistes
judaïsme post-biblique - il faut «accorder de la France occupée, «avant 1939, De
au “Foyer national juif” toute la sympathie Gaulle était “un Ami de Temps Présents”,
et... [qui] rêve d’une Église juive catho­ hebdomadaire dirigé par Fumet» ( 56); il
lique, comme il y a une Église grecque ca­ était aussi l’ami de Jacques Chirac.
tholique» (49). Les époux Fumet sont à l’ori­ Après le Concile Vatican II, en 1968,
gine de l’union des Amis d’Israël (née en son esthétisme le fait «s’engager personnel­
1925 et condamnée par le Saint-Office en lement [comme tant d’autres personnes qui
1928), associés à la véritable fondatrice, aimaient le chant grégorien et le latin, mais
Franceska Van Leer, juive hollandaise mal­ pas la Messe romaine, n.d.a.] au sein du
convertie, laquelle après la condamnation mouvement Una voce» ( 57), tout comme
retourna au marxisme révolutionnaire de son ami Maritain.
Rosa Luxembourg, d’où elle venait (50).
Stanislas Fumet, en 1925, parle de Jules Isaac
“frères aînés” à propos des juifs, expres­
sion déjà employée par Adam Mickiewicz Après la fin de la seconde guerre mon­
(1798-1885) en 1842, ami de Andrea To­ diale, Jules Isaac, disciple de Péguy, lance
wianski (1799-1878) “disciple” de Joseph l’offensive destinée à judaïser le christianis­
de Maistre (51). Cette expression sera repri­ me, en partant de la shoah. Il réussira à
se par J.-P. II en 1986, lorsqu’il avait exalté préparer (avec l’aide du Bené Bérith) le do­
comme son maître, en 1978, précisément cument conciliaire Nostra Ætate, voulu par
Adam Mickiewicz. Un autre grand admira­ Jean XXIII et “ébauché” par le cardinal jé­
teur de Maritain a été Jerzy Turowicz suite Agostino Bea, par le père dominicain
(1912-1999), ami personnel de Karol Woj­ Jean de Menasce (juif “converti”) et par le
tyla, qui en 1968 fut poussé précisément père Paul Démann (idem) de la congréga­
par Turowicz à exprimer le premier d’une tion des Pères de Sion (58). Leur but était
longue série de mea culpa à l’égard du ju­ surtout d’éviter de «rabaisser le judaïsme

214
SODALITIUM : La question juive

biblique ou postbiblique, dans le but


d’exalter le christianisme» (59), d’ensevelir
la théologie de la substitution et de mélan­
ger judaïsme veterotestamentaire et talmu­
dique ou antichrétien. Malheureusement le
document fut accueilli par les pères conci­
liaires en 1965, et est devenu le cheval de
bataille de l’enseignement wojtylien, selon
lequel le Christ est le médiateur entre Dieu
et les chrétiens, alors que les juifs n’ont pas
besoin de Jésus puisqu’ils attendent leur Charles Péguy
messie (60).
Pour comprendre pleinement la genèse
de Nostra Ætate, il était indispensable de
sonder ce monde obscur et secret des mar­ discuté du 28 au 30 septembre (89ème­
ranes, mysticoïdes, modernistes et dévoyés 94ème Congrégation); réduit au para­
qui nous a apporté “le cheval de Troie dans graphe concernant les juifs, augmenté par
l’Église de Dieu”, contre laquelle, cepen­ l’ajout de deux paragraphes: un sur la pa­
dant, ils ne l’emporteront pas, selon les ternité universelle de Dieu, avec un allu­
promesses du Divin Rédempteur. sion aux musulmans, l’autre avec la
condamnation de toute forme de discrimi­
Les étapes de Nostra Ætate nation; premier texte amoindri].
«L’Église... reconnaît que l’origine de sa
1°) Avant le Concile (1962). Appendice foi et de son élection..., se trouve chez les
au schéma De Verbo Dei: patriarches et les prophètes... Du fait d’un
[texte retiré ou non examiné par la si grand patrimoine spirituel, commun aux
Commission Centrale Préparatoire]. chrétiens et aux juifs, le Concile veut re­
«L’Église... reconnaît que l’origine de sa commander entre eux la connaissance et
foi et de son élection..., se trouve chez les l’estime mutuelles... [pour ce motif] que ja­
patriarches et les prophètes d’Israël... bien mais le peuple juif ne soit présenté comme
qu’une grande partie du peuple élu reste un peuple réprouvé par Dieu… Ce qui fut
loin du Christ, ce serait injuste de l’appeler perpétré dans la passion du Christ ne peut
“peuple maudit”, vu qu’il reste cher à Dieu aucunement être imputé à tout le peuple
à cause des pères...». vivant alors, moins encore au peuple d’au­
2°) La session du Concile (1963). Cha­ jourd’hui».
pitre IV du schéma De Œcumenismo: 3° b) III sess. (1964). Déclaration sur les
[texte distribué aux évêques le 8 no­ rapports...
vembre 1963, discuté mais retiré]. [texte corrigé et augmenté, distribué le
«L’Église... reconnaît que l’origine de sa 18 novembre 1964, discuté et voté le 20 no­
foi et de son élection..., se trouve chez les pa­ vembre, par 1651 placet, 99 non placet, 242
triarches et les prophètes d’Israël... bien placet iuxta modum, 4 votes nuls (125ème
qu’une grande partie du peuple élu reste loin Congrégation), qui devait être mis en ap­
du Christ, ce serait injuste de l’appeler pendice à De Ecclesia ; retour aux idées
“peuple maudit”, vu qu’il demeure cher à d’origine].
Dieu à cause des pères... ou bien “peuple déi­ «L’Église... reconnaît que l’origine de sa
cide”, parce que le Seigneur a effacé par sa foi et de son élection..., se trouve chez les
passion et sa mort les péchés de tous les patriarches, Moïse et les prophètes... du fait
hommes, qui furent la cause de la mort de Jé­ d’un si grand patrimoine spirituel, commun
sus. Cependant la mort du Christ n’a pas été aux chrétiens et aux juifs, le Concile veut
provoquée par tout le peuple vivant alors, et recommander entre eux la connaissance et
moins encore par le peuple d’aujourd’hui...». l’estime mutuelle... L’Église, déplore la hai­
3° a) III session (1964). Déclaration sur ne, les persécutions exercées contre les
les rapports de l’Église avec les religions juifs... Les juifs ne doivent pas être présen­
non chrétiennes: tés comme réprouvés par Dieu ni maudits.
[texte distribué le 25 septembre 1964 et Cependant ce qui a été commis durant sa

215
SODALITIUM : La question juive

Passion ne peut être imputé ni indistincte­ Cèdre, Paris 1969, pp. 88-91.
ment à tous les juifs vivant alors, ni aux ID., Jalons pour une théologie chrétienne d’Israël,
éd. du Cèdre, Paris 1975, pp. 7-15.
juifs de notre temps... ». 7) Cf. Mgr L. M. CARLI, La questione giudaica da­
4°) IV session (1965) Déclaration Nos­ vanti al Concilio Vaticano II, in Palestra del Clero, n°
tra Ætate, De Ecclesiæ habitudine ad reli­ 4, 15 febbraio 1965, pp. 192-203.
giones non christianas, paragraphe 4ème 8) D. JUDANT, Jalons pour une théologie chrétienne
d’Israël, éd. du Cèdre, Paris 1975, pp. 33-83, passim.
De Judæis. 9) M. DUBOIS, Status quæstionis della problematica
[texte revu par le Secrétariat en mai dell’antigiudaismo, in Radici dell’antigiudaismo in am­
1965, distribué aux Pères conciliaires le 11 biente cristiano. Colloquio intraecclesiale. Atti del Sim­
octobre 1965, discuté et amendé le 14-15 posio teologico-storico, Cité du Vatican, 30 ottobre-1
octobre et après 8 scrutins obtint 1763 pla­ novembre 1997, LEV, Cité du Vatican 2000, pp. 41-42.
10) P. BEAUCHAMP, Remarques additives sur l’anti­
cet, 250 non placet, 10 votes nuls, adopté judaïsme, in Radici dell’antigiudaismo, cit. p. 118.
dans le scrutin définitif le 28 octobre (7ème 11) N. LOHFINK, l’Alleanza mai revocata. Riflessio­
session publique), par 2041 placet, 88 non ni esegetiche per il dialogo tra cristiani ed ebrei, Queri­
placet, 3 votes nuls; texte final amoindri]. niana, Brescia 1991.
12) Ibidem, p. 13.
Cf. texte définitif Nostra Ætate in Tutti i 13) Ibidem, p. 13.
Documenti del Concilio, Massimo, Milan 14) Cf. C. NITOGLIA, Per padre il diavolo, SEB, Mi­
1971, ou in Enchiridion Vaticanum, testo la­ lan 2002, chap. VI et VII, pp. 95-132.
tino-italiano. Documenti. Il Concilio Vatica­ 15) N. LOHFINK, op. cit., p. 17.
no II, EDB, Bologne, 9ème éd., 1971 (61). 16) Hébr. VIII, 13.
17) Ibidem, p. 18.
18) Ibidem, pp. 21-22.
Notes 19) Ibidem, p. 22.
20) Cf. C. NITOGLIA, Per padre il diavolo, SEB, Mi­
1) J. STERN, Jean-Paul II face à l’antijudaïsme, in lan 2002, pp. 104-108.
Radici dell’antigiudaismo in ambiente cristiano. Collo­ 21) J. STERN, Jean-Paul II face à l’antijudaïsme, in
quio intraecclesiale. Atti del Simposio teologico-stori­ Radici dell’antigiudaismo in ambiente cristiano ,
co, Cité du Vatican, 30 ottobre-1 novembre 1997, cit. p. 59.
LEV, Cité du Vatican 2000, pp. 64-65. 22) J-M. GARRIGUES, Antijudaïsme et théologie d’Is­
Cf. aussi: PONTIFICIA COMMISSIONE BIBLICA, Il po­ raël, in Radici dell’antigiudaismo..., cit. pp. 321-327.
polo ebraico e le sue Sacre Scritture nella Bibbia cristia­ 23) F. SPADAFORA, Fuori della Chiesa non c’è sal­
na, LEV, Cité du Vatican, 2001. vezza, Krinon, Caltanissetta 1988.
F. GALEONE, Da “perfidi giudei” a “fratelli maggio­ E. HUGON, Hors de l’Église point de salut, Paris 1907.
ri”. Ci separa da Israele il suo “no” a Gesù; ci unisce la G. SIRI, Fuori della Chiesa non c’è salvezza, in Re­
fede nel Dio di Abramo. Le nostre radici ebraiche fan­ novatio, n° 20, gennaio-marzo 1985, pp. 5-7.
no parte del nostro essere cristiani, ELLE DI CI, Leu­ R. GARRIGOU-LAGRANGE, De Revelatione per Ec­
mann (TO) 1994. clesiam Catholicam proposita, vol. II, 5ª ed., Desclée,
COMMISSION PONTIFICALE «JUSTICE ET PAIX», La Rome-Paris 1950, Chap. XV.
Chiesa di fronte al razzismo. Per una società più frater­ T. ZAPPELENA, De Ecclesia Christi, II vol., 2ª ed.,
na, EDB, Bologne 1989. Rome 1954, pp. 341-398.
P AGINE D OCUMENTI /3, In dialogo con i «fratelli 24) Cf. F. ROBERTI, Nuovo Digesto Italiano, Ma­
maggiori», AVE, Rome 1988. rietti, Turin 1937, pp. 524-525.
CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRE- 25) Cf. A. UNTERMANN, Dizionario di usi e leggen­
LIGIEUX, Camminare Insieme. La Chiesa cattolica in de ebraiche, Laterza, Bari 1994, p. 211.
dialogo con le altre tradizioni religiose del mondo, 26) R. DI SEGNI, I Noachidi, in Shalom, n° 2, 2002, p. 1.
LEV, Cité du Vatican 1999. 27) Cf. E. RATIER, Mystères et secrets du B’naï Bri­
M. TH. HOCH - B. DUPUY (textes rassemblés, tra­ th, Facta, Paris 1993, pp. 114-115 et 371-381.
duits et annotés par), Les Églises devant le Judaïsme. 28) J. MADIRAN, L’accord secret de Rome avec les
Documents officiels (1948-1978), Cerf, Paris 1980. dirigeants juifs, in Itinéraires n° III, septembre 1990, p.
2) E. TOAFF, Essere ebreo, Bompiani, Milan 1994, p. 13. 3, note 2.
3) C. NITOGLIA, De la Synagogue à l’Église. Les 29) Cf. L. ISRAEL. NEWMAN, Jewisch Influence on
conversions d’Edgardo Mortara, Giuseppe Stanislao Christian Reform Movements, Columbia University
Coen et Eugenio Zolli, CLS, Verrua Savoia (TO) 1997. Press, New York 1925.
4) Cf. DAVID M. NEUHAUS s.j. (de l’Institut Pontifi­ P. GINIEWISKI, La Croix des Juifs, MJR, Genève
cal Biblique de Jérusalem), L’idéologie judéo-chrétien­ 1994.
ne et le dialogue juifs-chrétiens, RSR 85/2 (1997), pp. A. SCHMIDT, Agostino Bea. Il cardinale dell’unità.
249-276, in Etnia e cultura in Israele par E. BIANCHI, Città Nuova, Rome 1987.
Guerini e Associati, Milan 1997. F. RICOSSA, Sodalitium n° 40, janvier 1996, pp. 20-36.
Cf. A. RAVENNA, L’ebraismo postbiblico, Morcel­ 30) N. GOLDMAN, Staatmann ohne Staat. Autobio­
liana, Brescia 1958. graphie, Cologne-Berlin 1970, pp. 378 ss.
5) V. ZUBIZARRETA, Theologia dogmatico-scholas­ 31) C. SCHMIDT, Il cardinal Agostino Bea..., cit. p.
tica, ed. El Carmen, Vitoria 1948, n° 699, tesi IV. 612, note 179.
6) D. JUDANT, Judaïsme et Christianisme, éd. du 32) J. MADIRAN, in Itinéraires, automne 1990, n°

216
SODALITIUM : La question juive

III, pp. 1-20. (TO) 2002, chap. IV Joseph de Maistre, pp. 118-163.
Cf. F. RICOSSA, in Sodalitium n° 41, avril-mai 1996, 52) Cf. F. RICOSSA, Karol, Adam, Jacob, in Sodali­
pp. 12-28. tium n° 48, avril 1999, pp. 61-73.
33) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n° R. BUTTIGLIONE, Il pensiero di Karol Wojtila, Jaca
16, pp. 48-71, par MICHEL FOURCADE (de l’Université Book, Milan 1984.
de Montpellier III). A. MANDEL, Il Messia militante, Arché, Milan 1984.
34) Ibidem, p. 48. L. Q UERCIOLI -M INCER , La contesa sulle origini
35) Ibid., p. 50. ebraiche di Mickiewicz, in La Rassegna Mensile d’Is­
Cf. J.-L. BARRÉ, Jacques et Raïssa Maritain. Les raele, 1999, n° 1, pp. 29-49.
mendiants du Ciel, Stock, Paris 1995. M. BLONDET, Cronache dell’anticristo, Effedieffe,
R. MARITAIN, Les Grandes Amitiés, Desclée de Milan 2001, pp. 104, 121-129.
Brouwer, Paris 1949. C. NITOGLIA, L’Esoterismo, CLS, Verrua Savoia
Le Hassidisme a un «caractère ésotérique... il a tra­ (TO) 2002, pp. 111-116.
duit dans des formes populaires la cabale qui se trans­ H. DE LUBAC, La posterità spirituale di Gioacchino
forma en mouvement populaire» (J. M AIER - P. da Fiore. Da Saint Simon ai nostri giorni, vol. II, Jaca
SCHAEFFER, Piccola enciclopedia dell’ebraismo, Ma­ Book, Milan 1984, chap. XV: Adam Mickiewicz, pp.
rietti, Casale Monferrato 1985, p. 128). 261-315. Cf. aussi Appendice D, pp. 507-520.
Il a un fondement “magique”, croit dans l’imma­ A. MICKIEWICZ, Scritti politici, publié par M. Ber­
nence de Dieu et «son influence s’est fait sentir jus­ sano Begey, Utet, Turin, 2ème éd. 1965, introduction
qu’à l’époque moderne [Levinas et Buber, n.d.a.]» (A. pp. 11-26, IV leçon pp. 153-169 et V leçon, pp. 169-179
UNTERMANN, Dizionario di usi e leggende ebraiche, (Gli Slavi), dans lequel on fait référence explicitement
Laterza, Bari 1994, p. 63). à l’enseignement ésotérique de Joseph de Maistre.
L’ancêtre du Hassidisme est Isaac Lurìa (XVIème S AVINIEN DE S AVIGNY , Frankisme , in Lectures
s.) qui enseignait l’émanation du monde de Dieu, l’avè­ Françaises, n° 561, janvier 2004, pp. I-VII.
nement du Messie et la «supériorité de l’âme des juifs 53) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n°
sur celle des gentils» (A. UNTERMANN, op. cit., p. 171). 16, p. 59.
Les Loubavitch sont un «groupe interne au Hassi­ 54) Ibid., p. 60.
disme... en des temps récents les Loubavitch sont arri­ «Lorsqu’un chrétien communie, il devient de la race
vés à croire que leur rabbin Menachem Mendel d’Israël, puisqu’il reçoit le sang très pur d’Israël dans
Scheerson († 1994) est le Messie» (A. UNTERMANN, ses veines... Toutes les nations doivent être bénies dans
op. cit., p. 169). cette race... Chrétiens et Juifs sont de la même race» S.
36) Ibid., p. 50. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. pp. 297-298.
37) Ibid., p. 52. On remarque comment Fumet met sur le même plan
38) J.-L. BARRÉ, Jacques et Raïssa Maritain. Les et remplace Jésus par Israël, selon la cabale de Luria
mendiants du Ciel, Stock, Paris 1995, p. 99. et parle explicitement de sang et de race.
39) Ibidem, p. 99. 55) Ibidem.
40) Ibid., p. 110. 56) Ibidem.
41) Ibid., p. 186. 57) M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence
42) Ibid., p. 449. au temps, cit. p. 98.
43) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, Cerf, 58) Cf. C. NITOGLIA, Nostra Ætate, in www.cattoli­
Paris 2002. cesimo.com - mailing-list don Curzio Nitoglia.
M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence au 59) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n°
temps, Cerf, Paris 1999. 16, p. 69.
44) M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence 60) C. NITOGLIA, Nostra Ætate, in www.cattolicesi­
au temps, op. cit. p. 25. mo.com - mailing-list don Curzio Nitoglia.
Selon Savinien de Savigny, le Hassidisme «se sert Cf. D. PAGLIARANI, La Chiesa conciliare rinuncia
de la cabale pratique ou théurgique et donna naissan­ alla conversione della Sinagoga, in Tradizione cat­
ce à des générations de “faiseurs de prodiges”, bons tolica, n° 53, 2003, pp. 56-61.
pour impressionner le petit peuple» (SAVINIEN DE SA- P. STEFANI, Alleanza perenne e Chiesa della circonci­
VIGNY, Frankisme, in Lectures Françaises, n° 561, jan­ sione, in Il Regno, n° 919, 15 febbraio 2003, pp. 89-92.
vier 2004, p. II). 61) Cf. T. FEDERICI, Israele nella storia della salvez­
Cf. aussi: G. SCHOLEM, Les grands courants de la za, in Humanitas, 22/1-2 (1967), pp. 75-109.
mystique juive, Paris 1960. A. BEA, La Chiesa e il popolo ebraico, Brescia 1966.
ID., Du Frankisme au Jacobinisme, Paris 1979. B. HUSSAR, La religione giudaica, in Le religioni
Les épouses de Jacques et de Stanislas étaient non cristiane nel Vaticano II - La Dichiarazione “Le
toutes deux juives d’origine russe et la cabale hassi­ relazioni della Chiesa con le religioni non cristiane”,
dique russe est plus spéculative que la cabale pratico­ genesi storica, esposizione e commento, Coll. Magistero
émotionnelle polonaise, cf. A. UNTERMANN, cit. p. 169. conciliare, n° 15, Leumann (TO) 1966, pp. 199-203.
45) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. p. G.-M. COTTIER, La religion juive, in Les relations
VI (introduction). de l’Église avec les religions non chrétiennes, Déclara­
46) M. O. GERMAIN, op. cit. pp. 41-42. tion “Nostra Ætate”, Coll. Unam Sanctam, n° 16, Paris
47) Ibidem, p. 43. 1966, pp. 237-273.
48) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n° T. FEDERICI, Il Concilio e i non cristiani - Declara­
16, p. 58. tio, testo e commento, Coll. Ave-Minima, n° 24, Rome
49) Ibid., p. 59. 1966, pp. 235-400.
50) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. p. 300. R. LAURENTIN, L’Église et les juifs à Vatican II,
51) C. NITOGLIA, L’Esoterismo, CLS, Verrua Savoia Coll. Église vivante, Paris 1967.

217
SODALITIUM : La question juive

K. KRUBY, Juifs et Chrétiens, in Catholicisme, n° 6, salvezza, in Civiltà Cattolica, 6 nov. 1965, 209-229.
1966, pp. 1196-1209. L. CERFAUX, La teologia della Chiesa secondo san
A. G ILBERT , The Vatican Council and the jews, Paolo, Coll. Teologia oggi, n° 3, Rome 1968.
New York 1968. T. FEDERICI, Israël vivant, Coll. Progressions, n° 3,
C. A. RIJK, Catholics and jews after 1967 - A new si­ Paris 1965, pp. 175-196.
tuation, in New Blackfriars, 1968, pp. 15-26. S. GAROFALO, Dizionario del Concilio Vaticano II,
T. FEDERICI, Monologo e dialogo - Incontri e non in­ Unedi, Rome 1969.
contri con Israele, Coll. Ave-Minima, n° 17, Rome 1965.
A. BEA, Il popolo ebraico nel piano divino della

218
SODALITIUM : La question juive

de le contenu des deux premiers volumes (6).


Les conclusions auxquelles parvient
l’éminent théologien et historien dominicain
peuvent être résumées ainsi:
1) L’Islam est seulement la religion juive
ISLAM ET JUDAISME postmessianique, expliquée aux arabes par
un rabbin.
2) Mahomet n’a jamais été inspiré par
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia
Dieu. Il se convertit au Judaïsme talmu­
dique, poussé par sa femme Khadidja, juive
LA THESE DU PERE THERY de naissance, et aidé par son maître, le rab­
bin de La Mecque, à réaliser son projet de

E n 1955 le célèbre théologien dominicain, le


Père Théry (1), sous le pseudonyme de
Hanna Zakarias, publiait “De Moïse à Mo­
judaïsation de l’Arabie.
3) Le Coran a été composé et rédigé par
le rabbin de La Mecque et Mahomet était
hammed”, deux gros volumes réunis par la seulement un “prosélyte de la porte”.
suite en un seul “Vrai Mohammed et faux 4) Le Coran primitif (traduction et
Coran” (2), dans lequel il étudiait de manière abrégé arabe du Pentateuque de Moïse) a
approfondie la question des origines de l’Islam. été rédigé par un rabbin juif, mais après
Dans le présent article j’essayerai de ré­ Mahomet fut perdu (VIIème s.). L’actuel
sumer et d’illustrer les thèses contenues Coran ne contient plus, comme le premier,
dans ses livres, les corroborant aussi par la traduction et l’adaptation de l’histoire
d’autres études sérieuses et en me renfor­ sacrée d’Israël; c’est seulement un livre
çant de l’avis d’un célèbre orientaliste de d’anecdotes, d’histoires, presque une sorte
l’Université de Turin. de rapport dressé par l’auteur lui-même sur
Les textes du Père Théry ne se trouvent ses affaires apostoliques, qu’il aurait fallu
plus dans le commerce, mais l’essentiel de sa appeler plus correctement “Les Actes de
thèse a été repris par l’abbé J. Bertuel, dont l’Islam”. Ces “Actes” constituent la seule
l’œuvre est encore disponible dans les librai­ source authentique qui nous permettent de
ries françaises (3). Bonnet-Eymard écrit du connaître les origines de l’Islam, c’est-à­
Père Théry qu’il «doit être considéré comme dire en substance la judaïsation de l’Ara­
le fondateur de l’“exégèse scientifique” du bie, dont le rabbin de La Mecque, Maho­
Coran…, bien qu’il demeure… le grand ab­ met et sa femme Khadidja furent les pre­
sent de toutes les bibliographies. Il est cer­ miers auteurs.
tain que l’anonymat [ou le pseudonyme de Seule l’étude critique des “Actes de
H. Zakarias n.d.r.] et l’édition privée, voulus l’Islam” (ou actuel Coran) peut nous fournir
pour ne pas exposer à de terribles repré­ une base solide pour une reconstruction des
sailles les religieux et les prêtres travaillant origines de l’Islam, c’est-à-dire de la conver­
en terre d’Islam, ont desservi son œuvre. Pu­ sion de l’Arabie au Judaïsme talmudique.
blié sous le vrai nom de son auteur, médié­ Les juifs étaient présents en Arabie et habi­
viste honorablement connu dans le monde taient dans les différents oasis du désert ara­
de la recherche scientifique, elle n’eût sans bique et dans les trois cités de Médine, La
doute pas joui d’un accueil plus favorable de Mecque et Taif. Ils étaient particulièrement
la part des islamisants, mais elle les eût for­ nombreux à Médine (plus de la moitié de la
cés à controverser à visage découvert. Fei­ population). Les chrétiens étaient moins
gnant d’ignorer l’identité de Hanna Zakarias nombreux que les juifs, mais n’étaient pas
qui, très rapidement, ne fut plus un secret des catholiques romains; ils appartenaient
pour personne, ils purent le présenter, sans au contraire à des sectes hérétiques, telles
risque, “de bouche à oreille, comme un bluf­ que le Jacobisme et le Nestorianisme, et au
feur et un ignorant; le mépris de l’auteur re­ Christianisme d’Abyssinie, fortement mé­
jaillissait évidemment sur son œuvre”» (4). langé d’éléments juifs.
Ce ne fut seulement qu’en 1960 (5), un an 5) Les “Actes de l’Islam”, justement parce
après sa mort, que la revue des dominicains qu’écrits par un rabbin, sont essentiellement
de Rome Angelicum leva officiellement antichrétiens. Les musulmans ne sont rien
l’anonymat sur l’œuvre de Théry, en résu­ d’autre que des arabes convertis au Judaïsme
mant de manière concise mais avec exactitu­ talmudique à partir du VIIème siècle.

219
SODALITIUM : La question juive

pauvre, comme l’atteste le rabbin de La


Mecque dans les “Actes de l’Islam” (l’actuel
Coran) (9), et, resté orphelin très vite, il pa­
raît avoir été recueilli par son oncle Abu
Tàlib, caravanier de La Mecque. C’était un
enfant éveillé et intelligent, et son oncle
l’emmenait souvent avec lui dans les cara­
vanes qu’il conduisait à Gaza. Mahomet se
maria avec Khadidja (10), une femme plus
âgée que lui mais très riche, de caractère fort
et entreprenant, s’il est vrai, comme l’affirme
le Père Théry, que c’est elle qui prit l’initiati­
ve du mariage et par conséquent était volon­
La “Ka‘ba” d’après une ancienne miniature turque
taire et dominatrice d’un mari craintif de
perdre sa position. “A l’âge de 25 ans Maho­
LA MECQUE met se maria” (11). Ce mariage avec une juive
explique l’évolution du jeune arabe, puisque
Au VIème siècle La Mecque devint l’un sa femme le poussera à abandonner les
des plus importants centres commerciaux de idoles de la “Ka’ba” pour adhérer à la reli­
la péninsule arabe. Là, depuis le IIème gion judaïque post-biblique; après elle ce
siècle, selon le Père Théry, existait le temple sera le rabbin de La Mecque qui le formera à
de la “Ka’ba”, une sorte de caisse actuelle­ la religion d’Israël et le lancera au milieu des
ment longue de 12 mètres, large de 10 et arabes comme son porte-voix.
haute de 15, posée sur un piédestal de
marbre de 25 cm et couverte d’un tapis noir LA CONVERSION DE MAHOMET AU
changé chaque année. Dans la “Ka’ba” on JUDAISME
trouve une pierre noire, visible encore au­
jourd’hui (7), dont on ignore la provenance Le culte des idoles est encore très répan­
et la datation; selon les musulmans elle fut du à La Mecque quand une voix commence
portée directement par l’Archange Gabriel. à prêcher un message nouveau aux oreilles
Au VIème siècle la “Ka’ba” était aussi plei­ des polythéistes arabes.
ne de pierres grises récoltées dans les déserts “Je le jure par Allah (lire: Yahwé), qui a
d’Arabie, considérées comme divinités et créé le mâle et la femelle. Celui qui fait l’au­
adorées comme telles; la majeure partie des mône et qui craint Dieu sera récompensé.
personnes qui la fréquentait était formée Quant à celui qui est avare, empli de suffisan­
d’arabes polythéistes, qui vénéraient outre la ce, il sera précipité dans l’abîme. A quoi lui
pierre noire encastrée dans la “Ka’ba”, les servira sa fortune? Je vous avertis dès main­
pierres et les idoles qu’elle contenait (8). tenant d’un feu qui flamboie, réservé pour
A La Mecque, selon la thèse du Père celui qui ne craint pas ” (12).
Théry, vivait aussi une communauté juive, di­ Comme il connaît bien l’Ancien Testa­
rigée par un rabbin très bien formé, fin ment cet orateur de La Mecque, qui divise
connaisseur du Talmud, qui aurait conçu le l’humanité en deux catégories: ceux qui crai­
projet de convertir les arabes polythéistes à la gnent Dieu, ceux qui croient à la Résurrec­
religion post-biblique. Pour atteindre son but tion, au Jugement, au Ciel et à l’Enfer et les
il se serait servi d’un jeune arabe, Mahomet, infidèles, les avares, les orgueilleux! Dans ses
marié à une jeune juive Khadidja; telle est en prédications nous retrouvons des réminis­
résumé selon le Père Théry, l’histoire des ori­ cences vétérotestamentaires et talmudiques:
gines de l’Islam: la conversion des poly­ “Je le jure par le figuier et l’olivier, je le jure par
théistes arabes au Judaïsme talmudique. le Mont Sinaï …Ceux qui croient et font le bien
recevront une rétribution” (13). Mais quel est ce
NAISSANCE ET MARIAGE DE prédicateur qui ridiculise les idoles de la
MAHOMET “Ka’ba”, qui annonce l’existence d’un Dieu
unique (“Yahwé” en hébreu, “Allah” en
On considère habituellement que Maho­ arabe), qui jure sur le figuier et sur l’olivier, les
met est né en 580, même si l’on a pas une do­ deux arbres de la félicité terrestre de l’Ancien
cumentation certaine. Sa famille était Testament? C’est certainement quelqu’un qui

220
SODALITIUM : La question juive

connaît et qui annonce la religion d’Israël. Si, arabe marié à une juive ne risque peut-être t-il
ensuite, on applique la critique historique, on pas de ruiner le vieux Panthéon de la cité? La
est obligé de conclure, selon le Père Théry, “Ka’ba” est l’un des sanctuaires les plus riches
que ce prédicateur est un juif. du pays, et Mahomet arrive pour le ruiner!
C’est l’orateur même qui nous propose Face à ces accusations que lui lançaient ses
cette conclusion avec ses affirmations: “Tout compatriotes il y avait la protection du rabbin
ce que je vous annonce est contenu dans des sur son disciple: “Dis-leur, Mahomet: O Infi­
feuilles vénérées” (14), “les feuilles de Moïse dèles! Je n’adorerai pas ce que vous adorez. Et
et d’Aaron” (15). “Mecquois idolâtres, vous vous, vous n’adorez pas ce que j’adore. … A
ne savez donc pas que le Dieu Créateur a vous, votre religion. Moi, j’ai la mienne” (18).
parlé? Oui, il a parlé ici, sur le Mont Sinaï, à Selon le Père Théry, à côté de Mahomet
Moïse! C’est Yahwé (le Dieu unique) qui a il n’y a jamais eu d’“Allah” révélateur, mais
révélé à Moïse le “Coran hébreu”, le seul seulement un juif, qui lui a raconté les his­
Coran (Livre Saint) qui ait jamais existé, le toires des Patriarches contenues dans le
Coran glorieux du Mont Sinaï” (16). Pentateuque de Moïse. Le Père dominicain
A partir de ce texte le rabbin de La arrive à cette conclusion après avoir prouvé
Mecque donnera une traduction en arabe et que la conversion de Mahomet au Judaïsme,
sera le premier Coran arabe écrit, puis perdu a eu lieu sous la forte pression de sa femme,
et remplacé par l’actuel “Coran”, qui peut­ à la limite du chantage psychologique,
être serait appelé avec plus d’exactitude conversion qui devait servir à la judaïsation
“Actes de l’Islam”. de la race arabe, comme il était dans l’inten­
Les discours qu’on y trouve ne contien­ tion du rabbin de La Mecque. “Un seul fait
nent rien qui ne soit pas juif, ou mieux vété­ est certain, qui ressort de la lecture... des
rotestamentaire, et corroborent la thèse que “Actes de l’Islam”: un arabe, Mahomet, mari
l’auteur est un juif qui connaît de manière de Khadidja, après avoir suivi les leçons
approfondie l’Ancien Testament et le Tal­ d’un rabbin, s’est converti au Judaïsme
mud, c’est-à-dire le rabbin de La Mecque. parmi les arabes. …Mahomet ne sera rien
L’auditoire du rabbin cependant ne veut de plus que le porte-parole d’un juif, l’élève
pas renoncer à ses idoles ancestrales pour se d’un rabbin, pour une entreprise strictement
convertir au Dieu unique “Yahwé”. Parmi et absolument juive” (19).
les assistants il y a cependant un jeune arabe
qui a épousé une juive: et le soir Mahomet, LA FORMATION RELIGIEUSE DE
clandestinement, poussé par sa femme, va MAHOMET ET SON APOSTOLAT
chez le rabbin pour connaître la nouvelle re­
ligion. Il apprend ainsi qu’il y a un seul Dieu, Mahomet désormais sait que les idoles de
que ses paroles ont été recueillies par Moïse la “Ka’ba” sont muettes, que Dieu n’a pas
sur le Mont Sinaï et ont été écrites dans un parlé. “Oh! Quelle nuit solennelle que cette
Livre (le Pentateuque), en arabe appelé nuit de la Révélation!” (20). Elle advint sur le
CORAN. Etant donné que Mahomet n’est Mont Sinaï, Moïse était accompagné de tout
pas en mesure de lire et de comprendre le le peuple élu au pied de la montagne, une
Coran juif, ce sera au rabbin de lui lire et de voix l’appela et Dieu lui révéla la Loi, lui
lui expliquer oralement les histoires d’Abra­ remit un Code, le Coran, qui est autant un
ham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse. livre religieux qu’un code législatif, en hébreu
Mahomet apprit aussi la nouvelle profes­ “Torah” (le message religieux de “Yahwé” et
sion de foi enseignée par le rabbin: “Il est sa loi). Et le Coran juif ou “Torah” aurait dû
unique Yahwé; Yahwé, il est seul. IL N’A diriger tous les hommes (21). En conclusion
PAS ENGENDRE et n’a pas été engendré. pour le Père Théry, ce n’est pas “Allah” qui a
PERSONNE N’EST EGAL A LUI” (17). révélé à Mahomet l’histoire d’Israël, Maho­
Quelle belle profession de foi judaïco­ met n’est pas un prophète mais seulement
talmudique et antichrétienne (le Père N’A l’élève dévot d’un rabbin, le mont Hirà,
PAS ENGENDRE le Fils; en Dieu il N’ y a comme copie du Sinaï n’existe pas: Mahomet,
PAS TROIS PERSONNES EGALES et en substance, est seulement le canal à travers
distinctes)! lequel filtre l’enseignement rabbinique pour
Mahomet ne cache plus sa conversion, il l’a la judaïsation de l’Arabie. Les arabes qui en­
rend publique, rompt tous les liens avec l’idolâ­ suite ont suivi Mahomet ont graduellement
trie de la “Ka’ba”. La Mecque est secouée: cet mis de côté l’origine judaïco-rabbinique de

221
SODALITIUM : La question juive

l’Islam, pour affirmer et marquer toujours à Moïse est écrit en hébreu et que par consé­
plus la révélation d’“Allah” à Mahomet pour quent ils ne peuvent ni le lire ni le com­
la gloire des arabes eux-mêmes, qui ont donc prendre, conduit le rabbin à le récrire en
supplanté les juifs dans leur mission. arabe. Dans la première phase de l’apostolat
du rabbin on ne trouve pas trace d’un texte
LES ENSEIGNEMENTS DU RABBIN A religieux pour les arabes; dans la seconde, au
MAHOMET contraire, qui commence par la sourate
LXXX, le rabbin raconte aux idolâtres qu’il
Avec la conversion de Mahomet au Ju­ existe un livre de Vérité et de direction, com­
daïsme, selon le Père Théry, le travail du rab­ posé de feuillets très anciens, écrits par Abra­
bin n’est pas fini, puisque sa vraie fin était la ham, Moïse, Aaron. Ces feuillets forment le
conversion de tous les arabes à la Synagogue Coran, c’est-à-dire un Livre ou livre de
juive. Sa mission maintenant est de former Moïse. Cependant quand le rabbin, dans la
l’esprit du néophyte, d’en faire un apôtre du sourate LXXXV, 21, parle pour la première
Judaïsme parmi ses compatriotes; Mahomet fois d’un Coran glorieux “sur une table
sera ainsi instruit profondément sur l’histoire gardée”, il se réfère encore au Coran de
d’Israël, apprendra à prier comme les juifs, à Moïse (ou Pentateuque) en langue hébraïque.
se prosterner vers l’orient, à invoquer le nom Ce n’est seulement que dans les “Actes de
du Dieu Unique (mais non en trois Per­ l’Islam” qu’il sera fait allusion à un Coran en
sonnes!). Parmi les connaissances religieuses, langue arabe (24): “Nous l’avons rendu facile
“Les Actes de l’Islam” n’apportent rien de pour ta langue”, et aussi “Nous l’avons révélé
nouveau à la littérature judaïco-talmudique sous forme de révélation arabe” (25).
et à l’histoire sacrée de l’Ancien Testament: En conclusion, le Coran en arabe apparaît
un paradis terrestre, ou mieux charnel, est comme l’œuvre d’un rabbin qui a traduit et
promis à ceux qui se soumettront au Dieu adapté en langue arabe le Pentateuque mo­
Unique d’Israël. L’apologétique utilisée pour saïque et ne contient aucun nouveau dogme,
la conversion des arabes se fonde non sur des aucune originalité, aucune nouvelle Révéla­
motifs de crédibilité et sur des “preambula tion. “Allah” n’est rien d’autre que la traduc­
fidei”, mais sur les instincts plus élémentaires tion arabe de “Jahwé” (le Dieu Unique). Le
de l’homme, sur la promesse d’une vie future Coran a pour auteur “Jahwé”, qui l’a confié en
de plaisirs séduisants en échange de la langue hébraïque à Moïse en 1280 avant J.-C.
conversion au Judaïsme (22). Poussé par sa et a été porté à la connaissance des arabes par
femme, dressé par le rabbin, le jeune chame­ une traduction du VIIème siècle après J.-C.
lier ne pouvait laisser échapper l’occasion qui Selon le Père Théry, Mahomet confiera
se présentait à lui: il devint l’apôtre du Ju­ le Coran arabe à ses compatriotes en deux
daïsme parmi les arabes. moments successifs, d’abord oralement et
dans un second temps par écrit. La première
REACTION DES HABITANTS DE LA étape est celle du “CORABOR” (CORan
MECQUE FACE A LA PREDICATION AraBe ORal), la seconde celle du “CORA-
DE MAHOMET BECRIT” (CORan AraBe ECRIT), traduc­
tion en arabe du Coran juif de Moïse.
Face à la prédication de l’histoire sacrée
d’Israël, les habitants de La Mecque répon­ LA COMPOSITION DU CORAN ET
dent mal et avec animosité. Ils ne veulent pas L’ACTIVITE LITTERAIRE DU RAB-
suivre le jeune arabe qui s’est converti à la BIN DE LA MECQUE
religion de sa femme. Même s’il est encoura­
gé par le rabbin, Mahomet est découragé et Récitons les versets 86-87 de la sourate
est tenté de retourner à sa vieille idolâtrie. XV: “En Vérité, ton Seigneur est le Créateur,
“Ils ont été sur le point de te séduire et de l’Omniscient Nous t’avons déjà apporté
t’éloigner de ce que nous t’avons révélé” (23). SEPT (VERSETS) DE LA REPETITION
et LE CORAN SUBLIME”.
LE CORAN ARABE: LE “CORABOR” Ces deux versets sont adressés par le
ET LE “CORABECRIT” rabbin à Mahomet pour lui dire que son Sei­
gneur est le Créateur, et non les idoles de la
Selon le Père Théry l’objection des Mec­ “Ka’ba”. Leur auteur est celui qui a déjà
quois, selon laquelle le Coran révélé par Dieu composé les sept versets de la Répétition et

222
SODALITIUM : La question juive

le Coran sublime, c’est-à-dire le même rab­ Coran? C’est un écrit destiné à la récitation,
bin qui a composé les “Actes de l’Islam” et un livre qu’on lit à haute voix et qu’on psal­
le Corabécrit. modie, et c’est aussi un livre d’enseignements.
1) LA “PRIERE DES LAUDES” OU En traduisant et en adaptant en arabe le Pen­
“LES SEPT VERSETS DE LA REPETI- tateuque mosaïque le rabbin avait comme but
TION”. L’auteur est évidemment un juif: unique celui d’enseigner aux arabes la révéla­
“Ton Seigneur est l’Omniscient”, il ne s’agit tion sinaïtique; c’est pour cela que le Corabor
donc pas des idoles de la “Ka’ba”. En affir­ et le Corabécrit ne sont rien d’autre qu’une
mant ensuite avoir déjà “apporté les sept ver­ répétition (orale et écrite) du Coran de
sets de la Répétition”, il rappelle à l’élève Moïse. Dans les “Actes de l’Islam” (l’actuel
avoir déjà composé “sept versets” spéciaux Coran) on lit: “Le Livre de Moïse est un mo­
avant le Corabécrit. Ces versets en effet sont dèle (un guide) de la Miséricorde divine” (26).
bien différents de ceux contenus dans le Co­ Dieu est l’auteur des vérités qu’il contient, les
rabécrit, et forment un tout très net, concret, ayant révélées à Moïse en 1280 sur le Mont
bref: ils sont destinés à une répétition fré­ Sinaï, comme le confirment les sourates du
quente; d’où le nom de “Versets de la Répé­ Coran arabe: “Il (Coran) est la confirmation
tition”. Ils sont courts, récités fréquemment, de ce qui était avant lui (Pentateuque). Il n’est
par conséquent sont une prière; c’est la priè­ que l’explication du Livre du Seigneur des
re en sept versets dont les musulmans font Mondes” (27). “Avant celui-ci (le Coran arabe),
précéder leur recueil des sourates. Pour arri­ il y avait le Livre de Moïse... Et c’est un livre
ver à cette conclusion le Père Théry se fonde confirmant l’autre, en langue arabe” (28).
sur l’exégèse du verset 87 de la Sourate XV 3) LES ACTES DE L’ISLAM.
des “Actes de l’Islam”, qui déclare: “Nous Aujourd’hui nous connaissons un livre
t’avons déjà apporté sept (versets) de la Répé­ appelé improprement “Coran”, qui com­
tition et le Coran sublime”. Il démontre que prend 114 chapitres ou sourates et 6.226 ver­
cette prière a été composée déjà à l’époque sets. Il n’y a pas identité - affirme le Père
de la sourate XV et est postérieure au Cora­ Théry - entre le Coran arabe, composé par le
bor, que le rabbin racontait à Mahomet. rabbin de La Mecque au VIIème siècle, et le
Durant cette période il n’y a aucun écrit Coran officiel que nous possédons
arabe du rabbin de La Mecque, qui se sert aujourd’hui (qu’il serait mieux de définir
uniquement du “Coran” de Moïse (ou Penta­ “Actes de l’Islam”); en définitive le “Coran”
teuque) en hébreu, pour faire le “catéchisme” actuel n’est pas l’original. En effet aux versets
à Mahomet en langue arabe, en le transfor­ 86-87 de la XVème sourate l’auteur rappelle
mant ainsi en Corabor. En outre, le rabbin à Mahomet qu’il a déjà composé deux
parle d’abord des “Sept Versets de la Répéti­ œuvres, une “Prière des Laudes” et le “Coran
tion” et ensuite du “Coran Sublime”, donnant Sublime”: cette affirmation montre qu’il est
une priorité chronologique à la “prière des donc aussi l’auteur d’une TROISIEME
Laudes” par rapport au Corabécrit, rédigé ŒUVRE, l’actuel qui comprend la XVème
dans un but apologétique comme concession sourate. C’est pourquoi nous nous trouvons
aux arabes, hostiles à la prédication de Maho­ en présence de trois œuvres distinctes:
met, de connaître directement d’un texte écrit
Le mariage de Mahomet avec Khadidja, représentée

la Révélation de Yahwé sur le Mont Sinaï. La voilée et avec la flamme autour de la tête

“Prière des Laudes”, à l’inverse, contemporai­ (Miniature turque du XVIème siècle)

ne du “Corabécrit” n’est pas une œuvre apo­


logétique, et, s’adressant aux arabes DEJA
convertis au Judaïsme, suppose l’existence
d’une communauté de musulmans désormais
convertis au Dieu d’Israël, après avoir aban­
donné les idoles de la “Ka’ba”.
2) LE CORAN ARABE ECRIT (CO-
RABECRIT).
Alors qu’il composait la “Prière des
Laudes”, le rabbin travaillait aussi à la traduc­
tion en arabe du Coran de Moïse, le Corabé­
crit ou Coran sublime dont parle la sourate
XV, verset 87. Mais que signifie exactement

223
SODALITIUM : La question juive

1. La Prière des Laudes ou Sept versets. 3° DIFFERENCES LITTERAIRES.


2. Le Coran arabe (oral ou écrit) [perdu]. - Le Coran arabe devait être essentielle­
3. Un troisième écrit (qui inclut la soura­ ment un livre dogmatique, d’enseignement,
te XV, dans laquelle aux versets 86-87 il est stable et immuable.
question des deux œuvres précédentes). - Les Actes de l’Islam nous racontent, au
C’est seulement en lisant les versets 86-87 contraire, les mille péripéties de l’affirma­
que l’on peut conclure que l’œuvre à laquel­ tion, à La Mecque, de la religion judéo-rab­
le ils appartiennent, appelée vulgairement binique et les violentes luttes de la période
ou de manière erronée Coran, est nettement de Médine. C’est une vraie CHRONIQUE
différente du “Corabor” ou du “Corabé­ qui nous raconte les réactions des habitants
crit”, et devrait s’appeler Pseudo-Coran ou de La Mecque qui ne voulurent pas renon­
“Actes de l’Islam”. Les différences exis­ cer à leurs idoles et aux gestes de Mahomet,
tantes entre les deux œuvres, le Coran arabe sous l’influence de Khadidja et du rabbin.
et le “Coran actuel” sont de trois types. «Bref, – conclut le Père Théry – le livre des
1° DIFFERENCE CHRONOLOGI- “Actes”, que tout le monde appelle au­
QUE. A l’époque de la sourate XV, le “Cora­ jourd’hui “le Coran”, n’est pas le Coran
bor” et le “Corabécrit” sont déjà terminés: arabe, ou adaptation arabe du Coran de
“Nous t’avons déjà apporté le Coran Subli­ Moïse. Des trois œuvres composées en
me”. On peut donc affirmer que le “Corabé­ arabe par le rabbin de La Mecque, on a
crit” ait été composé au début de la seconde conservé, jusqu’à maintenant la “Prière des
période de La Mecque: “Nous l’avons rendu Laudes” et “Les Actes de l’Islam”» (29).
facile pour ta langue, c’est-à-dire nous avons
adapté en arabe le Coran hébreu de Moïse”. LE SORT DU CORAN ARABE
L’adaptation du Coran de Moïse est désor­
mais terminée quand le rabbin écrivait les LE CORAN ARABE EST PERDU.
“Actes de l’Islam” qui contiennent la sourate Une question surgit spontanément: “Quelle
XV; mais le livre à laquelle elle appartient fin a-t-il eu?” Il faudrait chercher dans la
n’est pas encore achevé entièrement: com­ masse des manuscrits arabes pour voir s’il
mencé avec l’apostolat du rabbin, il en racon­ existe une version arabe du Pentateuque et
te les péripéties et le suit tant qu’il est en vie. une fois trouvée la confronter avec les
Il sera terminé seulement avec la fin de courts récits de l’histoire sacrée de Moïse
l’apostolat du rabbin par la conversion de Ma­ que nous trouvons dans les “Actes de
homet et à travers lui de tout le peuple arabe. l’Islam”. Le fait certain - selon le Père Théry
Par sa nature ce livre, qui est comme un jour­ - est que le vrai Coran arabe est perdu. Il
nal de la vie apostolique du rabbin de La n’était rien d’autre que l’explication des
Mecque, et a des similitudes avec “Les Actes principales histoires de l’Ancien Testament
des Apôtres” des chrétiens, a été défini par le écrites en hébreu. Aujourd’hui personne ne
Père Théry les “Actes de l’Islam”, probable­ possède ce livre. Les musulmans contempo­
ment terminé dans sa version définitive à Mé­ rains de Mahomet et de son maître le possé­
dine, même s’il a été commencé à La Mecque. daient; les musulmans actuels ne le possè­
2° DIFFERENCE DE BUTS. dent plus. L’unique écrit du VIIème siècle
Le Coran arabe est essentiellement: a) un encore en leur possession est la “Prière des
livre de prières juives, destinées à faire Laudes ” ou les “Sept versets de la Répé­
prendre conscience de la Providence de Dieu tition”, mis comme prologue à leurs
aux arabes de La Mecque, à leur faire aban­ “Actes”, eux aussi du VIIème siècle.
donner le polythéisme pour embrasser la foi Cependant dans les “Actes de l’Islam” on
en Yahwé. b) C’est aussi un livre liturgique: trouve des EXTRAITS (en plus de l’histoire
comme on récite la Torah (ou Coran juif) en de la judaïsation de l’Arabie) du vrai Coran
hébreu dans les synagogues, ainsi les judéo­ arabe. Les “Actes” ont donc une énorme im­
arabes ou musulmans (soumis à Yahwé, Dieu portance pour la connaissance de l’existence
Unique d’Israël) devront dans leurs assem­ de la date de l’auteur du “Corabécrit” et, par­
blées réciter le Coran arabe, en langue arabe. tiellement, de son contenu. C’est comme si,
Les Actes de l’Islam, au contraire, ne sont par absurde, on avait perdu les quatre Evan­
ni un livre de prières, ni un livre liturgique, giles, mais qu’on ait conservé les “Actes des
mais la chronique du travail apostolique du Apôtres”. Grâce aux “Actes de l’Islam” nous
rabbin de La Mecque et de Mahomet. sommes en mesure de connaître quelque

224
SODALITIUM : La question juive

chose sur l’origine de l’Islam: même les mis à Dieu) s’appelle ISLAM et n’est rien
“Actes” sont un livre juif, mais d’un Judaïs­ d’autre que la religion de la Synagogue ju­
me DILUE, pour ne pas heurter la suscepti­ daïco-talmudique exportée en Arabie: Islam
bilité des arabes idolâtres. Le rabbin, d’après signifie donc SOUMISSION TOTALE A
le Père Théry, se contente de parler de l’exis­ LA VOLONTE DE DIEU. “Celui que
tence d’un Dieu Unique, de sa bonté, de la Yahwé (ou Allah, en arabe) désire garder, Il
Résurrection. Quant à l’histoire sacrée qui étend son cœur jusqu’à l’Islam [à la soumis­
constituait l’essence du vrai Coran, dans les sion totale de sa volonté à Dieu]” (31). Vien­
“Actes” il y est à peine fait allusion, puisque dra un temps où les arabes, voulant faire ou­
des personnages de l’Ancien Testament blier leurs origines judaïques (quant à la re­
(Moïse, Abraham, Noé, etc.) y sont seule­ ligion qu’ils embrassèrent au VIIème siècle
ment mentionnés et vaguement rappelés. avec Mahomet), se déclarèrent les seuls et
La perte du Coran est un fait grave, mais authentiques MUSULMANS et non plus les
est atténuée par la présence des “Actes”, MUSULMANISES; les seuls représentants
qui en permettent une reconstitution par­ de l’ISLAM et non les ISLAMISES. Ce sera
tielle. Quant ensuite aux conjonctures sur le le début du grand bluff religieux du bassin
sort du Coran arabe authentique, on peut méditerranéen ( 32), qui nous présentera
penser qu’il a été détruit à Médine par “Allah” révélant à son prophète Mahomet
Othmàn ou Abu-Bakr, ou qu’il a été le Coran, c’est-à-dire la religion musulmane
perdu… mais on ne peut pas avoir de certi­ ou islamique comme quelque chose de
tudes dans ce sens. propre aux arabes, nouveau peuple élu de
Dieu, totalement “soumis” à sa Volonté.
LES PREMIERS MUSULMANS
DISPUTES ENTRE LES CHRETIENS
La première période de La Mecque est ca­ DE LA MECQUE ET LE RABBIN
ractérisée par l’apostolat du rabbin et la
conversion de Mahomet au Judaïsme; la se­ Les chrétiens qui vivaient à La Mecque,
conde par la présence du Coran arabe oral par selon le Père Théry, avaient mésestimé les
lequel Mahomet catéchisera ses compatriotes. débuts de la prédication du rabbin, mais
Il fait désormais partie des “prosternés” commencèrent bien vite à s’inquiéter quand
(30), qui dans la littérature rabbinique sont ils virent les progrès du Judaïsme parmi le
les adorateurs de Yahwé, c’est-à-dire les peuple arabe. Mahomet avait déjà convain­
juifs. Mahomet prie prosterné comme eux, cu quelques-uns de ses compatriotes et le
fréquente la synagogue, a leur ’foi’. Il réunit rabbin avait déjà traduit en arabe le Penta­
les arabes pour les faire devenir eux aussi teuque et il y avait ajouté les intégrations
des prosternés. talmudiques et antichrétiennes. Les chré­
Il faut ici analyser une parole fondamen­ tiens se décidèrent alors à entrer publique­
tale, qui suffit à elle seule à nous faire com­ ment dans la dispute qui voyait s’opposer les
prendre l’essence de l’Islam. Les grands de idolâtres aux judaïsants. De même que le
l’Ancien Testament furent grands parce que rabbin avait prêché à Mahomet les person­
SOUMIS A DIEU et le Coran arabe les nages de l’Ancien Testament, ainsi les chré­
présente comme des modèles à suivre: c’est tiens devront-ils prêcher leurs personnages
pourquoi le musulman (ou l’arabe qui ac­ du Nouveau Testament et spécialement St
cepte le Coran arabe) est un SOUMIS à Jean-Baptiste, la Vierge Marie et Notre-Sei­
Dieu, un MUSLIM (ou musulman). Et les gneur Jésus-Christ. Nous ne possédons pas
Patriarches furent soumis à la volonté de naturellement le texte des prédications des
Dieu et donc “musulmans”. A l’époque du chrétiens de La Mecque, mais dans les
rabbin maître de Mahomet, les termes mu­ “Actes de l’Islam” nous lisons les réponses
sulman et Islam ne représentent pas une du rabbin, et à partir d’elles nous pouvons y
nouvelle religion, mais la religion du passé remonter. Naturellement les chrétiens ne re­
par rapport au Christianisme, la religion jettent pas la révélation du Mont Sinaï.
judéo-talmudique qui refuse précisément la Comme aujourd’hui tout bon chrétien ac­
divinité du Christ. Les musulmans par excel­ cepte l’Ancien Testament, perfectionné
lence sont donc les juifs; les arabes devront dans l’Evangile de Jésus-Christ; mais ils re­
les imiter, ils sont musulmans par participa­ jettent les fables talmudiques qui ont déna­
tion. La religion des musulmans (ou des sou­ turé la Révélation du Sinaï. Le point nodal

225
SODALITIUM : La question juive

qui sépare le chrétien du juif (et donc du dans l’actuel Coran tout sens chrétien, elles
musulman) est le dogme de l’Unité et de la sont même l’opposé du Christianisme qui
Trinité de Dieu et de l’Incarnation, de la est la Religion de la divinité de Jésus-Christ.
Passion et de la Mort de Notre-Seigneur. Si le rabbin a contre-attaqué, il l’a fait pour
Les chrétiens de La Mecque prêchaient la répondre aux objections émises à son apos­
Très Sainte Trinité et l’Incarnation du tolat par des chrétiens de La Mecque, qui
Verbe éternel, Notre-Seigneur Jésus-Christ annonçaient le Christ crucifié “folie pour les
crucifié par les juifs, pour maintenir les idolâtres et scandale pour les juifs”. C’est
arabes au Christianisme et les libérer du donc le moment de cesser de présenter l’ac­
Talmudisme. La conversion de Mahomet au tuel Coran, œcuméniquement, comme un
Judaïsme était très dangereuse pour le livre respectueux du Christianisme! (Ces
Christianisme, qui, en Arabie, avait déjà propositions ne viennent pas par “Allah” et
connu des moments de fortune et de succès. par Mahomet son prophète, mais par le rab­
Sur la base des réponses fournies par le rab­ bin de La Mecque successeur de ceux qui
bin de La Mecque dans les “Actes de ont crucifié Notre-Seigneur Jésus-Christ).
l’Islam”, on peut déduire que les chrétiens Les “Actes de l’Islam” nous parlent du
de La Mecque avaient centré leur prédica­ Baptiste ( 33), mais totalement séparé de
tion (pour convertir les idolâtres au Christ, Jésus-Christ (dont au contraire il est le Pré­
maintenir chrétiens les arabes déjà convertis curseur), comme l’un des nombreux miracles
et empêcher que l’apostolat de Mahomet que Yahwé a fait à Israël: c’est une personne
parmi ses compatriotes portât des fruits) sur de l’Ancienne Alliance qui n’a rien affaire
trois thèmes principaux: St Jean-Baptiste, la avec l’Alliance Nouvelle et Eternelle. La
Très Sainte Vierge Marie et Notre-Seigneur Très Sainte Vierge aussi dans les “Actes de
Jésus-Christ. Et ce sont justement ces trois l’Islam” (34) n’a rien de commun avec la
thèmes que le rabbin reprend, en contre-at­ Vierge Marie, Mère de Dieu. Comme il
taquant, dans les “Actes de l’Islam” alors l’avait déjà fait pour le Baptiste, le rabbin
qu’il mêle à ses récits sur les Patriarches de place Marie dans l’Ancienne Alliance et
l’Ancien Testament (qui sont les vrais mus­ ignore tout rapport de Marie avec la Nouvel­
lim, c’est-à-dire soumis) des histoires du le et Eternelle Alliance. Nonobstant cela on
Nouveau Testament, vidées de toute saveur trouve toujours, malheureusement, des chré­
chrétienne, avec même un contenu essen­ tiens malades de syncrétisme qui veulent à
tiellement anti-chrétien. Les histoires du tout prix voir dans le “Coran” une considé­
Baptiste, de Marie et de Jésus dans les ration et une dévotion mariale qui n’existent
“Actes de l’Islam”, sont seulement la répon­ absolument pas sinon dans leur fantaisie. Par
se du Judaïsme à la prédication des chré­ exemple selon le rabbin, la très Sainte Vier­
tiens de La Mecque et avaient comme ge est la sœur de Moïse et d’Aaron, qui vécut
unique but celui de convertir les arabes au 1200 ans avant la Sainte Vierge (35): “O sœur
Judaïsme. Il n’est pas vrai que le Coran ac­ d’Aaron, ton père n’était pas un père indigne,
tuel ait des points de contact avec le Chris­ ni ta mère une prostituée”. Enfin ils en vien­
tianisme! Au contraire! Si le rabbin parle de nent à Jésus, “pierre d’angle et d’achoppe­
Jésus c’est seulement pour dire qu’Il n’était ment”. Le pseudo-Coran essayera de détrui­
pas Dieu, que c’était un grand homme, mais re sa Personne divine, qui fait subsister en
non Dieu et cela - évidemment - n’est pas un Lui deux natures, la nature divine ab æterno
point de contact avec le Christianisme, mais et la nature humaine, prise dans le sein de la
un point de rupture. Les trois personnages Bienheureuse Vierge Marie. Jésus, pour le
de l’Evangile, le Précurseur de Jésus, la rabbin, n’est qu’un Prophète juif et ce serait
Mère de Jésus et Jésus Lui-même ne sont un blasphème de l’appeler Dieu… Mais
pas présentés comme objet de foi musulma­ quelqu’un, comme nous rapporte l’Evangile,
ne, mais sont réfutés, vidés de toute valeur avait déjà crié au blasphème quand il enten­
chrétienne. En bref Jésus-Christ, dans les dit Jésus Lui-même affirmer être Dieu: et il
“Actes de l’Islam”, n’est pas le Christ de s’agissait de Caïphe, grand-prêtre de la reli­
l’Evangile, la seconde Personne de la très gion juive! Et le pseudo-Coran met spéciale­
Sainte Trinité qui s’est incarnée dans le sein ment en garde contre cette, selon lui, dange­
de Marie, pour qui le Baptiste n’est pas le reuse hérésie de présenter le Christ comme
Précurseur du Messie ni Marie la Mère de Dieu: “Yahwé a fait descendre sur Moïse
Dieu. Ces figures ont perdu complètement l’Ecriture, pour avertir ceux qui disent: ’Dieu

226
SODALITIUM : La question juive

a pris pour lui un fils’… Monstrueux est le monde chrétien. …On pourrait… parler
mot qui sort de leurs bouches. Ils ne disent d’une TRADITION JUDEO-ISLAMIQUE,
qu’un mensonge” (36); “En vérité Yahwé… étant donné que LA RELIGION MUSUL-
n’a pris pour Lui ni compagne ni fils” (37). MANE, …EST ETROITEMENT LIEE A
Pour le Coran actuel Jésus n’est qu’un servi­ SES ANCETRES JUIFS” (40).
teur de Yahwé, un bon prophète, mais n’est Pour quiconque lit le Coran l’influence du
absolument pas le Fils de Dieu, consubstan­ Judaïsme est évidente. Quant à l’interpréta­
tiel au Père. tion de cette influence il existe différentes ex­
plications: il y en a qui, comme le Père Théry,
AUTRES AUTORITES voient dans le Judaïsme l’unique moteur de
l’Islam, d’autres qui, comme Pertus, voient
Il y a d’autres autorités, qui peuvent être des influences juives et en même temps,
citées comme contre-épreuve de la conclu­ même si elles sont moins fortes, nestoriennes
sion que rejoint le Père Théry. En voici ou chrétiennes-judaïsantes. Reste le fait ac­
quelques-unes. quis du rapport de cause à effet entre Judaïs­
Selon Edouard Pertus, Mahomet aurait me post-biblique et Islam, puisque les héré­
fréquenté à La Mecque des chrétiens-judaï­ sies antitrinitaires ou négatrices de la divinité
sants, et cela expliquerait la fausse interpré­ du Christ (comme le Nestorianisme) furent
tation du Christianisme contenue dans le amplement fomentées par le Judaïsme (41).
Coran, telle, par exemple, la négation de la Le même Pertus reconnaît que “le Coran fut
divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ et profondément imprégné, sinon inspiré par le
de la divine maternité de Marie, professée Judaïsme” ( 42). Voilà pourquoi les mots
déjà par Nestorius (38). d’Arafat (le chef de l’O.L.P.) ne doivent pas
L’historien juif Bernard Lazare affirme nous surprendre: “LE JUDAISME EST
également que “Mahomet fut nourri de l’es­ UNE PARTIE DE MA RELIGION” (43);
prit juif” (39). La position de l’un des plus cé­ “NOUS VOULONS LA PAIX AVEC NOS
lèbres islamologues actuels, Bernard Lewis COUSINS JUIFS” (44). René Sirat, président
(juif lui aussi) est la suivante: “Les juifs, y des rabbins européens, a lui aussi confirmé le
compris les ’convertis’ au Christianisme, res­ lien qui unit le Judaïsme à l’Islam et l’opposi­
taient des orientaux; dans le conflit sur la tion qui règne, au contraire, entre Israël et
question orientale, ils prenaient le parti de l’Eglise catholique romaine. L’ex-grand rab­
l’Asie contre l’Europe, du monde islamique bin de France et aujourd’hui président du
contre le monde chrétien. L’AMITIE conseil permanent de la Conférence des rab­
ENTRE JUIFS ET MUSULMANS ETAIT bins européens a déclaré à “30 JOURS”: “Je
UN FAIT PREVISIBLE… Pendant plusieurs souhaite que la même qualité de dialogue
siècles, plus dans le passé que maintenant, évi­ soit possible avec les chrétiens de toutes les
demment [après la création de l’Etat d’Israël, confessions et avec les musulmans. AVEC
n.d.r.], LA MAJORITE DE PEUPLE JUIF CES DERNIERS, NOUS N’AVONS,
A MANIFESTE UNE VIVE SYMPATHIE NOUS LES JUIFS, AUCUN CONTEN-
POUR LES MUSULMANS. Un ennemi TIEUX THEOLOGIQUE, CAR LES MU-
commun est un grand lien d’amitié et DU SULMANS NE SOUTIENNENT PAS
MOMENT QUE LES CHRETIENS QU’ILS SONT LE ’VRAI ISRAEL’
ETAIENT ENNEMIS TANT DES MUSUL- [comme les chrétiens]. Pour eux, nous
MANS QUE DES JUIFS, CES DEUX sommes …le peuple du Livre. PAR CONSE-
PEUPLES ONT CONCLU UNE SORTE QUENT, LE DIALOGUE AVEC EUX
D’ALLIANCE ENTRE EUX. …Au temps SERA BEAUCOUP PLUS FACILE” (45).
des croisades les juifs furent les alliés qui aidè­ «La polémique juive – écrit Messori (46) ­
rent les musulmans à repousser le flot de l’in­ [est] convaincue que L’EVANGILE EN
vasion chrétienne… et en Espagne les juifs LUI-MEME (avec son affaire de Passion et
ont été les alliés et les amis fidèles des maures de Mort de Jésus par responsabilité du San­
contre les habitants chrétiens du pays. hédrin) constitue une source éternelle
…Les juifs avaient prospéré dans l’Es­ d’hostilité antijuive. Pour le dire avec la
pagne musulmane et avaient trouvé refuge brute sincérité d’un auteur juif: ’Tant que
dans la Turquie musulmane. …Rien dans quelqu’un prendra comme historique le
l’Islam n’était comparable à cette haine spé­ récit évangélique de la passion de Jésus, ce
cifique… dirigée contre les juifs dans le sera dangereux pour nous’.

227
SODALITIUM : La question juive

L’Islamisme n’est pas au contraire consi­ seur de religions comparées. «Plus récem­
déré aussi dangereux par les juifs, et on tend ment de nouvelles approches sur le sujet des
à attribuer seulement aux DETAILS DES …influences juives ont vu le jour. Alors que
CIRCONSTANCES HISTORIQUES le l’origine juive de certains concepts islamiques
conflit entre l’Etoile de David et le Crois­ a été mise en évidence initialement par des
sant musulman. chercheurs juifs, pour la plupart rabbins...
Par le passé même il y eut un lien étroit Très récemment l’ouvrage de deux jeunes
entre l’Islam et le judaïsme dans un but anti­ chercheurs …a présenté la relation historique
chrétien: L’Islam se tint ici [en Israël] avec entre Judaïsme et Islam sous une lumière tout
l’aide active et au milieu des cris d’exulta­ à fait nouvelle, dans laquelle le rôle dévolu à
tion de ces mêmes juifs qui maintenant es­ l’Hébraïsme dans l’Islam est décrit comme
sayent… de le combattre avec les armes. quelque chose de bien plus important qu’une
Mahomet mourut en 632. Il suffit d’un peu simple ’contribution’ ou qu’une ’influence’.
plus de vingt années aux hordes arabes sorties Ce travail qui dépeint L’ISLAM comme une
du désert pour arriver en Occident. …Un espèce de DERIVE …du judaïsme (50) a sus­
blitz victorieux sans précédent et qui n’est ex­ cité de violentes controverses» (51).
plicable que si l’on pense au ROLE QU’Y Bernard Lewis, l’un des plus célèbres
EURENT AUSSI LES COMMUNAUTES orientalistes contemporains (52), cite aussi
JUIVES. Il est en effet historiquement établi Hanna Zakarias (pseudonyme du Père
que, par aversion pour le Christianisme, LES Théry), “chercheur dominicain connu” (53).
JUIFS JOUERENT LE ROLE DE ’CIN- Il est intéressant de retrouver dans le livre
QUIEME COLONNE’ EN FAVEUR DES (54) de Lewis les analogies entre Judaïsme et
MUSULMANS. Ce n’est pas une légende, Islam et une opposition entre Judaïsme et
mais la vérité qui se trouve aussi dans les Christianisme beaucoup plus radicale que
chroniques arabes: on arrive à remettre aux celle existant entre Judaïsme et Islam. En
assiégeants [musulmans] les clefs des villes et effet “alors que les juifs reconnaissaient
à dévoiler les points faibles de la défense. l’Islam comme une religion strictement mo­
C’est un fait que l’arrivée de la cavalerie nothéiste du même type que la leur, ils
arabe fut saluée avec enthousiasme du côté avaient des doutes, partagés par les musul­
juif. …Comme l’écrit … Daniel Rops: “Les mans, à propos du Christianisme. …Il était
juifs se firent, et avec joie, les fourriers des moins grave de témoigner que Mahomet
conquérants musulmans. …AU MOMENT était le prophète de Dieu, plutôt que d’affir­
DES INVASIONS, LES COMMUNAUTES mer que Jésus était le Fils de Dieu…
JUIVES FURENT CONSTAMMENT Concernant les règles alimentaires Judaïs­
AVEC LES ASSAILLANTS”» (47). me et Islam sont aussi très semblables entre
Déjà en 1833 le chercheur juif Abraham eux et dissemblables du Christianisme» (55).
Geiger publia le célèbre livre Was hat Mo­ Le problème des rapports entre Judaïsme
hammed aus dem Judenthume aufgenommen? et Islam a été également récemment traité
(Qu’est-ce que Mahomet a assimilé de l’Hé­ par Shelom Goitein, professeur émérite de
braïsme?), dans lequel, étudiant l’influence de l’Université Hébraïque de Jérusalem et ac­
la religion juive postchrétienne sur la religion tuellement membre de l’Institute for Advan­
islamique, il mettait en évidence les éléments ced Study de Princeton, lequel affirme: “La
vétérotestamentaires et rabbiniques dans les ville de Médine …hébergeait une population
premiers textes islamiques et arrivait à la juive si grande que, à son exemple… elle fut
conclusion qu’il s’agissait de CONTRIBU- en mesure de préparer ses voisins Arabes à
TIONS JUIVES A L’ISLAM (48). accepter la religion monothéiste” (56).
Cette première étude, qui précède celle Médine, centre principal de l’activité de
du Père Théry de bien cent-trente ans, fut Mahomet, fut à l’origine une ville de Kohanim
suivit ensuite par beaucoup d’autres. “Cer­ (prêtres) juifs. “Le témoignage le plus élo­
tains chercheurs arrivèrent jusqu’à émettre quent du caractère judaïque des communautés
l’hypothèse que Mahomet avait eu des ensei­ israélites d’Arabie …se trouve dans le Coran
gnants ou des éducateurs juifs qui lui avaient lui-même, qui continuellement fait référence à
fourni les rudiments de sa religion” (49). Ces leurs rabbins. Le Coran fait allusion plusieurs
opinions furent même partagées par le cé­ fois au samedi comme à un jour de repos et au
lèbre arabisant écossais Richard Bell et par le jeûne judaïque et aux autres lois… qui se ren­
grand chercheur suédois Tor Andrae, profes­ contrent dans la lecture talmudique”(57).

228
SODALITIUM : La question juive

Le Coran dit (58) que la Résurrection arri­ CELA BEAUCOUP DE L’ESPRIT DU


vera en un clin d’œil; et ce verset, fait remar­ JUDAISME. …l’hypothèse selon laquelle
quer le chercheur, est récité par les juifs Mahomet, au début de son activité de pro­
trois fois par jour. phète, fut principalement inspiré par des
“Enfin dans le Livre Sacré de l’Islam se chrétiens …y compris les judéo-chrétiens,
sont trouvés les sans équivoque ’Midrashim’ semble devoir être écartée d’une manière
juifs, qui jusqu’à maintenant n’ont pas été plus absolue par le simple fait qu’il n’y a au­
retrouvés dans la littérature juive. …C’est cune référence à la figure (même au nom) du
pourquoi, on trouve dans le Coran des ins­ Christ. …On a l’impression que Mahomet a
criptions qui louent les juifs parce qu’ils ob­ fait une étude spécifique des …dogmes chré­
servent le sabbat ou qui leur font des re­ tiens uniquement dans une phase beaucoup
proches parce qu’ils ne l’observent pas, ces plus tardive de son activité” (61).
légendes peuvent avoir leur origine seule­ La figure dominante du Coran, d’autre
ment d’une source juive” (59). part, est Moïse, cité plus de cent fois contre
Goitein se demande alors de quelle reli­ les quatre où est cité Jésus-Christ. En outre
gion s’est servi Mahomet comme son modèle les histoires sur Moïse remplissent tout le
immédiat ou quels ont été ses maîtres, étant Coran et ne sont pas limitées à certains cha­
donné que le Coran fait allusion plusieurs fois pitres spécifiques. Le groupe juif, qui in­
à des personnes qui instruisirent le Prophète. fluença Mahomet, n’était donc pas une secte
La réponse peut être triple. judéo-chrétienne et ébionite, puisque le
Une première thèse soutient que le Coran CORAN PRESENTE DES AFFINITES
contient une grande quantité de matériaux TRES ETROITES AVEC LA LITTERA-
qu’on peut faire remonter tant à des sources TURE TALMUDIQUE.
judaïques que chrétiennes. Mais (seconde C’est pourquoi la solution proposée par
thèse) ce que Mahomet dit concernant Jésus- Goitein est celle de l’influence du Judaïsme­
Christ et le Christianisme ne peut s’appliquer talmudique sur l’Islam. “La bataille que Ma­
à aucune des diverses confessions chrétiennes homet a remportée si glorieusement et faci­
d’alors et donc la proposition chrétienne se­ lement sur les arabes compatriotes a été dé­
rait écartée. Enfin (troisième thèse) une troi­ cidée plusieurs siècles avant sur les collines
sième tradition de type gnostique ésotérique de la Judée. LES VALEURS réelles DE
pourrait exister, qui pourrait avoir influencé LA FOI EN UN SEUL DIEU… ARRIVE-
Mahomet, une espèce de gnosticisme chré­ RENT A MAHOMET, comme il ne cessa
tien reconductible, comme antitradition para­ jamais de le mettre en évidence,
sitaire, à la Cabale impure judaïque. d’ISRAEL” (62).
C’est en pratique la thèse de Harnack, L’Islam, comme le Judaïsme, est une re­
selon laquelle “l’Islam est un remaniement ligion de ’Halaka’, c’est-à-dire un précepte
de la religion juive sur le sol arabe, après qui règle MINUTIEUSEMENT tous les as­
que la même religion juive ait subi des mo­ pects de la vie. “En face de ces considéra­
difications d’un christianisme gnostico-ju­ tions - conclut Goitein, confirmant la
daïque” (60). conclusion de Théry - on est amené à penser
Mais, selon Goitein, cette thèse ne peut que L’INFLUENCE DU JUDAISME SUR
être soutenue, puisque la prédication de Ma­ L’ISLAM DES ORIGINES DOIT AVOIR
homet ne contient aucune réelle idée gnos­ ETE TRES CONSIDERABLE, SINON
tique et révélerait une position religieuse très DECISIVE” (63).
différente de celle des cercles ésotériques. La Un autre historien et journaliste connu,
seconde thèse, comme on l’a vu, semble s’ex­ Paul Johnson, écrit très lucidement sur les
clure d’elle-même: il ne reste donc qu’à son­ rapports entre Islam et Judaïsme: “…l’Islam
der la piste juive dans la formation de l’Islam. fut à l’origine un mouvement hétérodoxe à
Goitein soutient que “dans la dernière l’intérieur du Judaïsme, en divergeant au
période de son activité, à Médine, MAHO- point de devenir une religion indépendante.
MET FUT INFLUENCE DE MANIERE … La présence juive en Arabie est très an­
CONSIDERABLE PAR LA PENSEE ET cienne … Durant les premiers temps de l’ère
PAR LE MODE DE VIE DES JUIFS. chrétienne le Judaïsme se diffuse en Arabie
…LA SPIRITUALITE DE MAHOMET, septentrionale et certaines tribus devinrent
avec son irréductible monothéisme [interpré­ entièrement juives. Ce sont des preuves que
té dans un but antitrinitaire, n.d.r.] EUT EN des poètes juifs ont fleuri dans la région de

229
SODALITIUM : La question juive

Médine au VIIème siècle, et il est même pos­ pas Dieu. Entre Islam et Judaïsme, au
sible qu’un état dominé par des juifs ait existé contraire, il n’y a aucune opposition de ca­
là à cette époque. Selon des sources arabes, ractère théologique, alors qu’il y a une op­
environ vingt tribus à Médine et aux alen­ position de contradiction entre Christianis­
tours étaient juives… L’influence du Christia­ me et Islam au sujet des deux principaux
nisme, qui à ses yeux [de Mahomet, n.d.r.] ne Mystères de la Foi: Unité et Trinité de Dieu
pouvait pas apparaître strictement mono­ et Incarnation, Passion et Mort de Jésus-
théiste, fut très faible… Il semble que l’objec­ Christ, vrai Dieu et vrai Homme.
tif de Mahomet fut celui de détruire le paga­ Selon Lea Sestrieri la rupture entre Ju­
nisme polythéiste de la civilisation des oasis, daïsme et Islam se produisit pour des motifs
en transmettant aux arabes le monothéisme de caractères ou de personnes; en effet “pour
éthique hébraïque en un langage qu’ils puis­ une personnalité comme celle de Mahomet la
sent comprendre et en des termes adaptés à méfiance des juifs dictée par la supériorité et
leurs coutumes. Il accepta le Dieu des hé­ la tradition… furent plus que suffisantes pour
breux et leurs prophètes …le Coran étant le produire la rupture… C’est pourquoi on
substitut arabe de la Bible. Le développe­ pourrait conclure que la séparation Hébraïs­
ment de la part de Mahomet d’une religion me-Islamisme est seulement en partie reli­
indépendante, commença quand il se rendit gieuse; elle fut dictée essentiellement par le
compte que les juifs de Médine n’étaient pas désir de suprématie de l’Islam” (67).
disposés à accepter sa version arabe arbitrai­ Un autre éminent chercheur, Günter
rement élaborée du Judaïsme” (64). Stemberger, admet la dépendance de l’Islam
Lea Sestrieri est aussi substantiellement du Judaïsme: “AU DEBUT L’HEBRAIS-
du même avis, concernant l’origine judaïque ME, …A FORTEMENT INFLUENCE
de l’Islam et la ’rupture’ qui a suivi: “En L’ISLAM, même si par la suite il en subit
contact avec les juifs… les arabes avaient ac­ l’influence féconde. …Précisément le milieu
quis une certaine familiarité avec l’idée mo­ politico-culturel de l’Islam a contribué à la
nothéiste. Pas étonnant qu’à un moment dé­ diffusion du Judaïsme rabbinique” ( 68); il
terminé l’un d’eux… ait senti l’appel du entre ensuite dans des détails et confirme
Dieu unique. …Il est très probable… que les l’influence rabbinique sur Mahomet: “Déjà
arabes de religion essentiellement idolâtre, bien avant Mahomet existaient en Arabie
arrivèrent à l’horreur de l’idolâtrie à travers des communautés juives: elles développèrent
le contact permanent avec les juifs, qui de­ une intense activité missionnaire …MAHO-
puis des siècles vivaient parmi eux. …L’es­ MET eut ainsi l’opportunité de les rencon­
sence de la doctrine de Mahomet peut être trer et de connaître leur tradition. …Il basa
résumée dans ces points: croire en Dieu, aux LARGEMENT SA DOCTRINE SUR LA
Anges, aux Ecritures… A cela on peut ajou­ TRADITION BIBLICO-HEBRAIQUE.
ter: la prière, l’aumône, les jeûnes, les pèle­ …Il y a DE TRES NOMBREUX ELE-
rinages à La Mecque. Chacun de ces points MENTS QUI REUNISSENT clairement LE
se réfère à la foi et à la pratique juive, y CORAN et la pensée islamique postérieure
compris l’idée du pèlerinage (pour lequel A LA TRADITION JUIVE” (69).
seule la ville change)” (65). Stemberger énumère ensuite les points
Lea Sestrieri se demande comment s’est de contact entre Islamisme et Judaïsme: la
produite la rupture entre Judaïsme et Islam, foi, la loi religieuse et les histoires racontées,
qui aujourd’hui continuent à s’appeler cou­ que nous avons déjà vues dans le dernier ar­
sins (cf. note n° 51) et répond: “La sépara­ ticle. Mais il lui paraît opportun de s’arrêter
tion entre Judaïsme et Christianisme fut dé­ sur les prescriptions légales relatives aux ali­
terminée … par le caractère christologique ments. Mahomet reprend substantiellement
de Jésus [et par la divinité de Jésus, n.d.r.]… les interdictions déjà connues du Judaïsme,
Mais dans la prédication de Mahomet il n’y même s’il y a moins de prohibitions. Toute­
a pas de doctrines qui constituent une sépa­ fois “on permet aux musulmans de manger
ration du judaïsme” (66). la viande abattue par les juifs” (70).
Voilà expliqué en bref ce qu’on cherche Verminjon répond à la question soulevée
à prouver: entre Christianisme et Hébraïsme par Lea Sestrieri, sur la rupture entre Judaïs­
il y a une opposition de contradiction de ca­ me et Islam, en faisant un parallèle avec Lu­
ractère théologique: pour le Christianisme ther: «Luther… se rallia aux juifs et fut soute­
Jésus est Dieu; pour le Judaïsme Jésus n’est nu par eux; mais quand le feu de l’hérésie fut

230
SODALITIUM : La question juive

allumé, eux, faisant machine arrière, se reti­ Mahomet et les juifs, qui portera, au fur et à
rèrent. Pour cette volte-face Luther les atta­ mesure, vers la rupture et la tragédie...
qua par l’opuscule Les Juifs et leurs men­ «D’un côté Mahomet avait besoin du sou­
songes… Le rabbin Camerini reconnaît que tien moral et religieux des juifs, pendant sa
la Réforme, en tenant occupés les chrétiens à première année à Médine, de l’autre côté,
lutter entre eux (comme c’était justement cependant, il n’était pas très intéressé par les
voulu par le Judaïsme), marqua une trêve juifs mais surtout par les Arabes et la lutte
aux persécutions antisémites. …Et on peut contre l’idolâtrie et le polythéisme... Maho­
donc penser que l’intervention de la Syna­ met prit plusieurs pratiques religieuses
gogue n’a pas été étrangère à la source même juives, qui cependant n’éliminèrent pas
du Mahométisme. Mahomet, au début, fut l’ambivalence... La praxis de la prière des
aidé des juifs par le conseil et par l’or. Mais juifs... Le repos sabbatique qui commençait
UNE FOIS QUE CETTE RELIGION le vendredi soir... Mahomet, déjà bien avant
S’EST DIFFUSEE, ILS TROUVERENT l’Egire, s’était efforcé de former les pra­
LA MANIERE DE SE RETIRER EN CA- tiques de piété islamiques selon le modèle
TIMINI. …Ce fut, en réalité, le fanatisme des juifs... Mais là aussi on se trouve face à
d’une poignée de juifs, parmi les plus réputés des ambivalences: Mahomet a suivi en par­
de la ville de Médine, qui jeta les fondements tie des traditions hébraïques; mais en partie
de la puissance politico-religieuse de l’Islam. aussi leur a donné un contenu nouveau en
Après quoi, plus facilement, on déduit com­ les adaptant... à la manière arabe d’appré­
bien le Judaïsme a intérêt à ce que les hender les choses. (...)
“goyim” luttent entre eux et soient au plus Mahomet, non seulement à La Mecque,
haut degré distraits de ces choses» (71). mais aussi à Médine, considérait l’hébraïsme
LES JUIFS A MEDINE comme une religion étroitement liée à l’Islam,
«Quand les deux tribus arabes des Aus et avec la conséquence que les Juifs de Médine
des Khazradj s’étaient avancés vers l’oasis de devaient être des alliés sûrs dans sa lutte
Yathrib [vers 620 avant J.-C.] elles trouvè­ contre les polythéistes» (Op. cit., pp. 75-78).
rent la ville déjà occupée par des tribus de Mais Mahomet a gardé tout son ’être
juifs, et donc les arabes furent obligés de se arabe’, ce qui a maintenu une certaine ambi­
mettre sous la protection des tribus juives... guïté dans ses rapports avec le judaïsme, et
La tradition appelait les tribus juives de qui peu à peu a porté vers la rupture. (Cf. op.
trois noms: Les ’Banu Qurayza’... La 2ème cit., p. 80) à cause des motifs ethniques ou de
tribu des juifs était celle des ’Banu an-Nadir’... nationalités et pas du tout religieux, comme,
La 3ème tribu des juifs était celle des ’Banu par exemple, les Eglises nationales (gallica­
Qaynuqa’... Si on considère aussi qu’à Médine ne, anglicane...) qui se sont détachées de la
il y avait un nombre considérable de juifs qui Religion catholique, au début surtout pour
ne faisaient pas partie de ces trois tribus, on des motifs de nationalisme ou de régalisme.
peut estimer que... la population hébraïque VERS LA RUPTURE
dans son ensemble était d’environ 10.000 per­ «Aujourd’hui il n’est plus possible d’éta­
sonnes» (J. BOUMAN, Il Corano e gli Ebrei, blir pour quelles raisons exactes les Juifs se
Queriniana, Brescia 1992, pp. 73-74). sont refusés à Mahomet. ...[Cependant] dans
MAHOMET SE RAPPROCHE DES le Coran de la période de Médine, on peut
JUIFS DE MEDINE trouver la réaction suivante de Mahomet au
Mahomet, toujours selon le professeur refus des Juifs...» (Op. cit., p. 84).
Johan BOUMAN (enseignant d’islamologie En tout cas on peut affirmer que Maho­
à Beyrouth et d’histoire des religions à Mar­ met a appris sa religion à l’école juive, qu’il
burg), se rapprocha des juifs de Médine a pensé se mettre avec les Juifs pour lutter
dans des buts précis. contre les polythéistes, tout en gardant son
«Après environ 12 ans de prédication à ’être arabe’, et que face au refus des Juifs
La Mecque il s’était convaicu que son mes­ pour des motifs ethniques «qui n’ont pas
sage n’était rien d’autre que celui des juifs... voulu admettre que Mahomet était le pro­
et qu’il avait été choisi par Dieu pour l’an­ phète» (Op. cit., p. 85), il s’est révolté contre
noncer aux Arabes, dans une claire langue eux qui étaient ses maîtres à penser. En
arabe». (Op. cit., p. 75). effet «un prophète arabe qui aidait les
Mais, selon notre auteur, il y avait déjà arabes à conquérir une grande puissance,
une dichotomie cachée dans le rapport entre n’était certainement pas une des attentes

231
SODALITIUM : La question juive

roces: “Mahomet et ses compagnons ne sa­


vaient pas où était la ’qiblah’ [direction de la
prière], jusqu’au moment où nous les avons
dirigés”... L’homme qui avait supporté pen­
dant plusieurs années à La Mecque les mo­
queries qui étaient lancées tous les jours
contre lui [par les Arabes] ne pouvait pas se
résigner à ne pas être bien reçu par les Juifs.
(...) Le signal de rupture fut le changement de
la ’qiblah’; (...) Maintenant la nouvelle direc­
tion de la prière, était fixée vers la “Ka’ba”»
(S. NOJA, Maometto profeta dell’Islam,
Mondadori, Milan 1974, pp. 210-217).
Il semble donc tout à fait permis d’affir­
mer que, si le Marxisme est une version laï­
cisée du Judaïsme talmudique, l’Islamisme
est un Judaïsme simplifié et armé contre les
chrétiens. C’est le propre de l’Islam de vou­
loir imposer son Croissant par l’épée, alors
que l’Eglise admet le recours à la force uni­
quement pour empêcher à l’hérétique de ré­
pandre l’erreur dans la société (72) ou pour
Mahomet tel qu’il est représenté sur la
couverture de l’ouvrage du P. Théry
se défendre de l’attaque d’un agresseur in­
juste, fût-ce même un non-baptisé sur lequel
des Juifs vis-à-vis du Messie. Les buts eth­ elle n’a pas juridiction.
niques de Mahomet n’étaient pas compa­ “La guerre contre les infidèles est l’un
tibles avec ceux des Juifs». des devoirs les plus sacrés recommandés par
MAHOMET CONTRE LES JUIFS l’Islam. …la guerre sainte ne doit ni cesser
Les musulmans gagnèrent la bataille de ni être interrompue avant que le monde soit
Badr (an II de l’Egire). Mahomet fut convain­ entièrement soumis à l’Islam” (73).
cu que Dieu était avec lui et son peuple, donc Comment ne pas être préoccupés, alors,
«il pensa qu’était arrivé le temps de se déchar­ face au phénomène toujours plus envahis­
ger du poids toujours plus lourd des Juifs» sant de millions et de millions de musulmans
(Op. cit., p. 89). Il n’acceptait pas la MISSION qui se sont infiltrés en Europe (jadis) chré­
DIVINE DES ARABES (en effet chacun est tienne pour vouloir l’islamiser?
convaincu, hélas, qu’il y a une seule mission En 1981 le Dr Israël Shahak (président
divine et que naturellement elle appartient à de la Ligue israélienne des droits de
son peuple...). l’homme, professeur de chimie à l’Université
«Après sa rupture avec les Juifs, même hébraïque de Jérusalem) écrivait un appen­
le lien avec le Judaïsme se ralentit. Le dice à un article intitulé: “La religion juive et
centre de l’histoire de la Révélation se dé­ ses attitudes face aux autres nations” (in
plaça de Jérusalem à La Mecque. La pério­ Khamsin N° 9, 1981, Ithaca Press, Londres).
de d’ARABISATION de l’Islam commen­ Cet appendice a été traduit en français par
çait donc... L’Islam trouva ainsi son centre Jacques Monnot, et reproduit comme postfa­
géographique... au cœur de l’Arabie» (Op. ce au livre “L’Azyme de Sion” du général
cit., pp. 102-103). Moustafà Tlass (première édition française
Le Professeur Sergio Noja, grand islamo­ 1990, Damas, Syrie, pp. 303-365).
logue italien, écrit aussi à ce sujet: «L’attitude Même le Dr Shahak admet, dans cet appendi­
initiale de Mahomet vis-à-vis des Juifs a été ce, que “l’Islam est considéré [par le système
empruntée à l’ouverture la plus large et can­ juridique judaïque, n.d.a.] plus favorablement
dide; ceci explique l’amertume postérieure de que le Christianisme” (op. cit., p. 328). «LE
Mahomet et sa réaction violente. En effet... il JUDAISME EST IMPREGNE - explique le
avait indiqué Jérusalem comme la direction Dr Shahak - D’UNE HAINE PROFONDE
vers laquelle prier, mais, au lieu de recevoir ENVERS LE CHRISTIANISME... Cette
de la part des Juifs, des mots de sympathie et haine remonte à l’époque où le Christianisme
d’adhésion, il fut l’objet de moqueries fé­ était encore faible... Cette attitude... est fondée

232
SODALITIUM : La question juive

sur deux éléments principaux: en premier lieu, DENTELLEMENT (c’est-à-dire étant donné
sur la haine et les calomnies contre Jésus... En les circonstances historiques qui ont fait qu’Is­
second lieu pour des raisons théologiques, raël occupa par la force les territoires palesti­
...selon lesquelles le Christianisme est placé niens), le monde arabe s’est trouvé dans une
(par l’enseignement rabbinique) parmi les reli­ situation conflictuelle avec Israël. Ceci, toute­
gions idolâtres. Tout cela à cause de la doctri­ fois, n’est pas dû à des causes religieuses
ne chrétienne sur la très Sainte Trinité... Au (l’Islam étant une émanation du Judaïsme tal­
contraire L’ATTITUDE DU JUDAISME mudique), mais seulement à des causes
ENVERS L’ISLAM EST RELATIVE- contingentes et accidentelles, d’ordre politico­
MENT BIENVEILLANTE... Le Coran, à la militaire (75). Il me semble qu’on ne peut pas
différence du Nouveau Testament, n’est pas nier cependant que la réaction du monde isla­
condamné à être brûlé. Il n’est pas honoré mique à l’impérialisme juif (que réalise le
comme la loi islamique honore les rouleaux de Nouvel Ordre Mondial) soit à considérer
la Torah, mais il est traité comme un livre nor­ comme quelque chose de positif, “per acci­
mal. La majeure partie des autorités rabbi­ dens et non per se” (diraient les scolastiques).
niques reconnaissent que l’Islam n’est pas ido­ Mais il ne faut pas exagérer et voir dans la ré­
lâtre» (op. cit., pp. 362-365). action arabe à l’Etat d’Israël quelque chose
Pour R.A. Rosemberg, «l’Islam, dans l’es­ de bon EN SOI ou SUBSTANTIELLE-
prit, est plus proche du Judaïsme que du MENT, de manière à nous faire carrément
Christianisme classique. Il enseigne en effet embrasser la cause de l’Islam! Il s’agit en effet
un monothéisme sans compromis et rejette de la lutte de la Palestine contre l’Etat d’Is­
la présence des images, humaines ou ani­ raël et non de l’Islam contre le Judaïsme! Il
males, dans ses lieux de culte. Ses fidèles serait fatal pour nous, chrétiens, d’oublier que
pratiquent la circoncision et ne mangent pas (comme l’a déclaré Jocelyne Khoueiry, ex­
de porc. Ses autorités religieuses ne sont pas commandant de la milice chrétienne libanai­
des prêtres qui accomplissent des rites sa­ se) “le Liban [chrétien] a été sacrifié pour sa­
crés, mais des chercheurs de la loi sacrée tisfaire la Syrie et Israël [musulmans et juifs].
comme les rabbins. Mahomet fut extrême­ … Sur le Liban… pesaient trois dangers. Le
ment influencé par les juifs qu’il avait premier était la Syrie, avec ses visées… Le se­
connus dans sa ville natale d’Arabie, La cond est constitué par l’intégralisme… des na­
Mecque. Dans ses premiers enseignements il tions islamiques, en particulier l’Iran et l’Ara­
avait dit à ses disciples de se tourner vers Jé­ bie Saoudite. Enfin il y a la menace d’Israël,
rusalem au moment de la prière, comme qui préférerait un Liban divisé en autant de
font les juifs. Il voulait qu’ils observassent le petits états qu’il y a de religions. En outre il
septième jour du sabbat et le Jour du Re­ ne faut pas oublier que les USA et Israël
pentir comme journée annuelle de jeûne et avaient conclu un pacte international …dont
d’expiation. Mais il modifia ces pratiques le le but était de résoudre la question palesti­
jour où les juifs, qu’il avait approchés, se re­ nienne aux dépens des chrétiens libanais. Les
fusèrent de le considérer comme le dernier palestiniens n’avaient pas de patrie? Le Liban
prophète, le successeur des prophètes d’Is­ deviendra leur patrie. Et les chrétiens? Ils
raël et de Jésus, lesquels, à ses dires, lui pourront émigrer vers les USA…” (76).
avaient préparé la voie». (74). JUDAISME ET ISLAM SONT TOU-
JOURS PRETS (MEME MAINTENANT)
CONCLUSION: LES RAPPORTS A S’ALLIER, QUAND IL S’AGIT DE
ACTUELS ENTRE MONDE PALESTI- DETRUIRE LE CHRISTIANISME! C’est
NIEN ET ETAT D’ISRAEL pourquoi l’infiltration judéo-maçonnique à
l’intérieur de l’Eglise romaine et la judaïsa­
Dans cet article est traitée la question tion du milieu chrétien, ne doivent pas nous
des origines historiques de l’Islam, sur la faire oublier, mais au contraire doivent nous
base d’études scientifiques sérieuses et do­ renforcer toujours plus dans la conviction
cumentées; en ce qui concerne au contraire que L’UNIQUE VRAI ANTIDOTE AU
les rapports actuels entre Palestine et Etat JUDAISME TALMUDIQUE N’EST PAS
d’Israël le discours est différent. LE CROISSANT DE LUNE (qui est précé­
Il faut donc conclure qu’entre Judaïsme et dé et s’entrecroise avec l’étoile de David)
Islam le rapport est SUBSTANTIELLE- MAIS SEULE ET SEULEMENT LA
MENT de cause à effet. Cependant, ACCI- CROIX DE JESUS!

233
SODALITIUM : La question juive

Notes 40) B. LEWIS, La rinascita Islamica, Il Mulino, Bo­


logne 1991, pp. 187-205.
Les citations du Coran ont été tirées du volume du 41) Cf. J. MEINVIELLE, Dalla Cabala al progressis­
Père Théry: “Vrai Mohammed et faux Coran”. mo, Rome 1989.
1) 1891-1959. Il fut membre de l’Académie Pontifi­ 42) E. PERTUS, op. cit., p. 26.
cale, cofondateur avec Etienne Gilson des Archives 43) Interview d’Arafat, LA STAMPA, 15/9/1993.
doctrinales et littéraires du Moyen Age, fondateur de 44) L’Osservatore Romano, 21/8/1994, p. 2.
l’“Institut historique de Sainte Sabine” de Rome, pro­ 45) 30 JOURS, février 1994, p. 10.
fesseur à l’Institut Catholique de Paris, membre de la 46) V. M ESSORI . Pensare la Storia, éd. Paoline,
section historique de la Sacrée Congrégation des Rites. Milan 1992, p. 624.
2) N.E.L., Paris 1960. 47) Ibidem, pp. 117-118.
3) J. B ERTUEL , L’Islam: ses véritables origines, 48) A. GEIGER, Was hat Mohammed aus dem Ju­
N.E.L., Paris 1983-84, 3 vol. denthume aufgenommen?, Bonn 1833, éd. Rivista, Leip­
4) BRUNO BONNET-EYMARD fr., Le Coran, CRC zig 1902.
éd., Saint-Parres-lès-Vaudes 1988, tome I, p. XIX. 49) B. LEWIS, Gli Ebrei nel mondo Islamico, Sanso­
5) L’édition précédente de De Moïse à Mohammed, ni, Florence 1991, p. 72.
sous le pseudonyme de H. ZAKARIAS, parut en 1955 50) P. CRONE-M. COOK, Magarism: the Making of
“chez l’auteur”, suivi du IIIème tome posthume en 1963 the Islamic World, Cambridge, Angleterre, 1977.
aux éditions du Scorpion. Un IVème volume est resté à 51) B. LEWIS, op. cit., p. 73.
l’état de manuscrit. 52) Il est professeur d’histoire du Moyen Orient à
6) Cf. Angelicum, fascic. 3-4, 1960. l’Université américaine de Princenton.
7) Probablement un météorite. 53) B. LEWIS, op. cit., p. 204.
8) A La Mecque se pratiquait soit le polythéisme, 54) Pp. 82-86.
qui adorait une dizaine de divinités, parmi lesquelles 55) Ibidem, pp. 87-88.
une triade féminine, soit la litholâtrie: le culte des Sur le sujet voir aussi:
pierres sacrées. S. W. BARON, Social and Religious History of the
9) Sourate XVIII, 8. Jesus, New York 1952.
10) Probablement aux débuts du VIème siècle. E. I. J. ROSENTHAL, Judaism and Islam, Londres 1961.
11) E. PERTUS, Connaissance élémentaire de l’Islam, A. I. KATSH, Judaism in Islam, New York 1962.
Action familiale et scolaire, Paris 1991, suppl. au n° 65, p. 24. S. D. GOITHEIN, Studies in Islamic History and Ins­
12) Sourate XCII. titutions, Leyde 1966.
13) Sourate XCV. M. R. COHEN, The Jewish self-Government in Me­
14) Sourate LXXX, 13-16. dieval Egipt, Princeton 1980.
15) Sourate XXXVII, 114-120. 56) S. D. GOITEIN, Ebrei e Arabi nella storia, Jou­
16) Sourate LXXXV, 21-22. vence, Rome 1980, p. 59.
17) Sourate CXII. 57) Ibidem, p. 63.
18) Sourate CIX, 1-6. 58) Sourate XVI, 77.
19) H. ZAKARIAS, Vrai Mohammed et faux Coran, 59) S. D. GOITEIN, op. cit., p. 65.
N.E.L., Paris 1960, p. 32. 60) Dogmengeschichte, II, pp. 553-557.
20) Sourate LXXX 11-15, XCVII, LXXXVII, LX- 61) S. D. GOITEIN, op. cit., pp. 68-69.
VIII 15-52, LVI 76-77. 62) Ibidem. p. 74.
21) “On reste frappé de la place que tiennent - dans 63) Ibidem, p. 76.
le Coran - les préceptes, minutieusement détaillés, rela­ 64) P. JOHNSON, Storia degli ebrei, Longanesi, Milan
tifs aux femmes; or ces mêmes préceptes occupent envi­ 1987, pp. 186-187.
ron un septième du contenu du Talmud”. (E. PERTUS, 65) L. SESTRIERI, Gli Ebrei nella storia di tre millen­
op. cit., p. 41). ni, Carucci, Rome 1980, pp. 92-95.
22) Sourates: LXXVII, 41-44; LXXXIII, 47; LXX- 66) Ibidem, p. 95.
VIII, 31; LII, 20; LVI, 22; LV, 72; XXXVII, 47; XLIV, 67) Ibidem, pp. 94-95.
54; XVI, XXXVII, 47; LV, 47. 68) G. STEMBERGER, Il Giudaismo classico, Città
23) Sourate XVII, 75. nuova, Rome 1991, p. 288.
24) Sourate LIV, 17, 22, 32, 40. 69) Ibidem, pp. 288-289.
25) Sourate XX, 112. 70) Ibidem, p. 290.
26) Sourate XI, 20. 71) VERMINJON, Le forze occulte che manovrano il
27) Sourate X, 38. mondo, Rome 1977, pp. 64-66.
28) Sourate XLVI, 11. 72) En assassinant ainsi l’esprit, ce crime est bien
29) Op. cit. p. 112. plus grave que l’homicide [voir Sodalitium n° 5, pp. 14­
30) Sourate XXVI, 217-219. 23 (éd. it.)].
31) Sourate VI, 125. 73) Ibidem, p. 94.
32) Op. cit., p. 129. Sur le sujet voir aussi R. BARKAI, Chrétiens, musul­
33) Sourate XIX, 1-15. mans et juifs dans l’Espagne médiévale, éd. du Cerf,
34) Sourate, XIX, 16-21. Paris 1994.
35) Sourate XIX, 29. 74) R.A. ROSEMBERG, L’Ebraismo, Storia, pratica,
36) Sourate XVIII, 3-4. fede, Mondadori, Milan I995, pp. 84-85.
37) Sourate LXXII, 3. 75) IL GIORNALE du 12/11/94 (p. 15) rapporte une in­
38) Cf. E. PERTUS, Connaissance élémentaire de l’Islam, terview de Mahmud El Adhar, l’un des chefs indiscutés du
Action familiale et scolaire, Paris 1991, suppl. au n° 65. Hamas à Gaza, dans laquelle on lit: “POUR NOUS MU-
39) B. LAZARE, L’antisémitisme, Documents et té­ SULMANS LES JUIFS N’ONT JAMAIS CONSTITUE
moignages, 1969, p. 51. UN PROBLEME EN TANT QUE TELS. Nous les

234
SODALITIUM : La question juive

avons accueillis chaque fois que vous Européens avez dé­ S. NOJA, Mahomet profeta dell’Islam, Mon­
cidé de vous libérer d’eux. Nous avons commencé il y a dadori, Milan 1974.
cinq siècles quand les Espagnols commencèrent à les bou­
ter hors de leur empire”. Arafat lui-même a récemment E. COUVERT, La gnose universelle, éd. de
déclaré: “Nous voulons la paix avec NOS COUSINS Chiré, Chiré-en-Montreuil 1994.
JUIFS”; de L’OSSERVATORE ROMANO, 21 août 1994, p. 2. P. VASSALLO, Nuove tesi su Islam e Giudais­
76) J. KHOUEIRY, in Missioni della Consolata, août mo, dans “Lo Stato”, n° 23, septembre
1993, pp. 26-28.
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den 1961-78. Articles:
Isrà il iyyat
Al Kur’an
Ka’ba
Indjil

235
SODALITIUM : La question juive

“Dans la conspiration des sophistes, des phi­


losophes, des impies, des francs-maçons dé­
positaires du secret suprême de la secte, des
jacobins, telle qu’elle est reconstruite et ra­
contée par Barruel [Mémoires pour servir à
CONTRE-REVOLUTION ET l’histoire du Jacobinisme, Londres 1797-98],
les Juifs n’ont pas de part. Tout comme ils
JUDEO-MAÇONNERIE ne figurent pas dans les autres analyses
contemporaines qui décrivent et découvrent
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia
les caractères de la “révolution”: cela vaut
pour toutes Les considérations sur la France
a Révolution française acheva et fit triompher
L un long processus historique de déchristiani­
sation et sécularisation, que l’on peut définir
[1797] de Joseph de Maistre… La polémique
antimaçonnique qui fit rage parmi les émi­
grés français ne connaît pas trace des Juifs,
comme révolutionnaire. S’y opposa et s’y oppose sinon pour dénoncer les faveurs qui leur fu­
une école de pensée catholique, souvent appelée rent concédées. La liste des conspirateurs
contre-révolutionnaire, qui tenta d’analyser les qui ont comploté pendant des décennies
origines et les causes du phénomène opposé, ainsi contre le trône et l’autel devient le lieu com­
que les remèdes à y opposer. Mais ce n’est que mun de toute une presse d’actualité secon­
petit à petit que les auteurs “contre-révolution­ daire: elle ignore les Juifs” (2).
naires” mirent parfaitement au point l’objet de Le Judaïsme est encore totalement absent
leurs recherches. Dans le sillage d’une étude de dans l’excellent travail, en douze volumes, que
G. Miccoli (1) l’abbé Nitoglia montre comment, à Mgr Jean-Joseph Gaume dédie à La
partir de 1870, le principal agent de la Révolution, entre 1856 et 1858. Il y approfon­
Révolution fut identifié, par cette école de pensée dit le problème du césarisme ou gibelinisme,
et surtout par le Magistère Ecclésiastique, dans la comme retour de la philosophie politique
judéo-maçonnerie. Une identification qui main­ païenne, qui en niant la subordination du
tenant fait discuter, et qui est souvent oubliée. Souverain temporel au Pape est source de la
Sodalitium Révolution ou de dés-Ordre, de l’Humanisme
et de la Renaissance comme étapes fonda­
De la polémique contre-révolutionnaire à la mentales du réveil de l’esprit païen, non seule­
lutte contre la Judéo-maçonnerie ment dans le domaine politique mais égale­
ment dans celui des tendances et passions hu­
Même dans les meilleurs écrits contre la maines, qui portera au Protestantisme et à la
Révolution et dans la polémique catholique Révolution française (3).
contre la civilisation moderne ou séculari­ Mais il ignore le rôle joué par la Cabale sur
sée, précédant la décennie 1870-1880, le la culture humaniste de la Renaissance (voir
Judaïsme n’occupait pas une place centrale Pic de la Mirandole, Marsilio Ficino, Niccolo
et de premier plan. Cusano, Giordano Bruno et leur maître à pen­
Avec la prise de Rome par les Pié­ ser du Moyen Age, Raymond Lulle (4).
montais, la pensée du Pape et de la Dans les Caractères de la vraie religion
Secrétairerie d’Etat (et par conséquent des proposés aux jeunes gens de l’un et l’autre
grands penseurs et polémistes catholiques, sexe, imprimés en 1809 par l’“Académie de
tant laïcs qu’ecclésiastiques), se précise: le religion catholique”, l’un des centres de l’in­
Judaïsme post-biblique devient le symbole transigeance romaine, l’auteur dédie un pa­
de la “modernité” et de la sécularisation de ragraphe entier aux Juifs, mais affirme: “Les
la société, le ver qui a rongé la Chrétienté, le Juifs... ne sont pas nos principaux ennemis.
principal artifice de la conjuration anti-chré­ Nous en avons d’autres plus dangereux,... je
tienne, qui a débouché sur la Révolution veux dire nos pseudo-philosophes” (5).
(“satanique dans son essence”). Joseph de Maistre dans ses Quatre cha­
Le Judaïsme jusqu’en 1870 constitue un pitres sur la Russie, publiés après sa mort en
danger grave pour les polémistes antirévolu­ 1859, mentionne en passant la dangerosité des
tionnaires, mais seulement potentiel; il est Juifs; mais ils ne sont pas la principale cause
l’instrument plutôt que l’agent actif et prin­ des bouleversements actuels, mais plutôt les
cipal de la conjuration antichrétienne. instruments des illuminés de Bavière ou de la

236
SODALITIUM : La question juive

Maçonnerie déchue qui aurait perdu, selon le


penseur savoyard, sa pureté originelle (6).
Même La Civiltà Cattolica jusqu’aux an­
nées soixante-dix ne nommera que fugitive­
ment les Juifs. “Les premiers artisans de la
révolution restent la maçonnerie et les
sectes” (7).

La Civiltà Cattolica: naissance et dévelop­


pement

La Civiltà Cattolica née en 1850 intervint


déjà en 1858 sur la question juive, à propos
de l’affaire Mortara. Environ dix ans après,
en 1869, parut en France un livre de
Gougenot des Mousseaux qui traitait ample­
ment de la question juive Le Juif, le Judaïsme
et la judaïsation des peuples chrétiens.
Si avec Pie IX on commença en 1870 à
entrevoir dans le Judaïsme la cause premiè­
re de la Révolution, ce fut surtout avec Léon
XIII (1878-1903) que le Judaïsme devint
l’objet principal des études et de la polé­
mique de La Civiltà Cattolica.
Il convient de préciser que déjà en 1830
un abbé italien Luigi Chiarini (8), enseignant
d’Antiquités Orientales à Varsovie, avait Frontispice du premier numéro de “La Civiltà Cattolica”
publié à Paris un ouvrage en deux volumes,
intitulé “Théorie du Judaïsme” avec lequel il France entre 1886 et 1887, quand Edouard
montra aux Chrétiens le vrai visage du Drumont publia La France juive à l’occasion
Judaïsme talmudique et c’est sur cet ouvrage de l’affaire Dreyfus. D’après La Civiltà
que se formèrent Giuseppe Oreglia et Cattolica, le XIXème siècle est le siècle du
Gougenot des Mousseaux. complot judéo-maçonnico-libéral, le XXème
De nombreux chercheurs se sont trom­ est celui du complot judéo-bolchevique et
pés sur la date de naissance de l’antijudaïs­ dans sa seconde moitié est celui du complot
me catholique moderne de La Civiltà judéo-anglo-américain.
Cattolica. Renzo de Felice la fait naître en A ce tableau “fait exception L’Eglise ro­
1895, Norman Cohn la situe en 1890, et ils maine en face de la révolution de J. Cré­
soutiennent que la souche de cette bataille a tineau-Joly... La première édition de l’ou­
été l’abbé Chabauty qui en 1882 avait publié vrage fut publiée en 1859… les Juifs ne sont
Les Juifs, nos maîtres. pas mentionnés souvent … Mais un élément
Au contraire, la campagne de La Civiltà important pour les développements futurs
Cattolica est antérieure à la vague antijuive fut mis au grand jour: que la juiverie donne
française et on doit la placer en 1870 avec le mot d’ordre et le salaire aux journalistes,
des prémices en 1858 (affaire Mortara) et les Juifs contrôlent toute la presse... “C’est
avec la source en 1830 (abbé Chiarini) (cf. une revanche de dix-neuf siècles que les déi­
R. T ARADEL - B. R AGGI La segregazione cides complotent contre le Calvaire” (vol. II,
amichevole. “La Civiltà Cattolica” e la ques­ p. 386). C’est la raison pour laquelle les Juifs
tione ebraica 1850-1945, Editori Riuniti, ont pénétré dans les sectes... Mais Créti­
Roma 2000, p. 27). neau-Joly, qui parle toujours de quelques
Léon Poliakov aussi a remarqué que la Juifs, de certains Juifs, a soin enfin de le re­
campagne de La Civiltà Cattolica avait com­ lever explicitement: “Le nombre de Juifs qui
mencé entre 1870-1880 et avait constitué entreprirent ce commerce de haine et de
une sorte de “nihil obstat” du Saint-Siège à vengeance est très restreint” (vol. II, p. 386).
l’antijudaïsme européen qui explosa en Dans sa reconstruction globale les grands

237
SODALITIUM : La question juive

noyaux de conspirateurs naissent et mûris­ central de l’attaque menée par les sectes
sent ailleurs: parmi les hérésies, le jansénis­ contre le catholicisme… La révolution appa­
me, le gallicanisme, le philosophisme, la ma­ raît triomphante, ses objectifs antichrétiens
çonnerie, les différentes sectes. toujours plus manifestes et évidents” (12). Le
Une indication précise cependant avait Judaïsme devient le symbole de la nouvelle
été donnée. Crétineau-Joly l’avait écrit ex­ civilisation sécularisée qui a apostasié de
plicitement: il ne sera pas très difficile à l’Eglise, précisément parce que par elle for­
l’histoire de surprendre la main de certains mée, après de longues années de conjuration
Juifs excitant les révoltes” (9). antichrétienne. “La conspiration antichré­
Encore quelques années et le pas sera tienne devient ainsi l’œuvre éminente des
franchi: d’abord par Pie IX et ensuite par Juifs pour abattre l’Eglise du Christ et les
Léon XIII avec la Secrétairerie d’Etat, qui porter à la domination du monde” (13).
s’exprimait à travers La Civiltà Cattolica. C’est justement à l’occasion de la brèche
Cette revue, à partir de 1880 jusqu’en 1903, de Porta Pia que le complot ourdi dans
commença à s’occuper systématiquement l’obscurité apparaît au grand jour: “Juifs de
des Juifs “devenant ainsi, même pour cette l’étranger, qui accourent dans la nouvelle ca­
question, un modèle et un point de référen­ pitale, en dirigent les journaux, alimentent
ce de premier plan pour l’opinion publique les attaques contre l’Eglise; Juifs de Rome,
catholique pas seulement italienne” (10). qui ont trahi leur souverain, en oubliant les
bénéfices, qui ont accueilli joyeusement les
Le Judaïsme symbole et agent principal de “Piémontais”, qui fréquentent des endroits
la Révolution qui leur étaient interdits auparavant. Le
vrai, le grand scandale est là: les Juifs à
“Ce n’est que lentement, au cours de la Rome, siège de Pierre, capitale de la catholi­
seconde moitié du siècle [XIXème], que les cité, supplantent les Chrétiens, achètent des
Juifs prirent une position toujours plus émi­ propriétés, exercent des fonctions de gou­
nente et une fonction toujours plus décisive vernement. C’est là que réside la preuve de
dans le domaine de cette conspiration sectai­ leur “fusion” avec la “révolution”, et la rai­
re qui, par la culture intransigeante, consti­ son de la future revanche chrétienne qui ne
tuait l’unique vraie clef explicative de tous les pourra pas les frapper: le droit de prendre
bouleversements modernes. (...) Ce pluralis­ dans le futur des “mesures défensives”
me d’opinions concernant les Juifs..., encore contre les Juifs naît en effet de leurs com­
présent… dans les années précédentes, dispa­ portements actuels” (14).
rut ou presque de la scène: dans la seconde A ce propos les pages écrites par les
moitié du siècle, il est difficile de trouver chez frères Lémann, Juifs convertis au catholicis­
les catholiques quelqu’un qui aille au-delà me, sont significatives: “Vos coreligionnaires
des prières pour leur conversion” (11). [juifs]… ont fait très mal à Rome. (...) Le 20
Parmi les auteurs qui dans la seconde moi­ septembre 1870, les zouaves défenseurs de
tié du dix-neuvième siècle comprirent et dé­ Rome..., avaient abandonné les remparts…
noncèrent le péril juif il y eut Mgr Meurin S.J. Leurs amis se dépêchaient de leur apporter
(évêque in partibus d’Ascalona et par la suite des habits civils. Mais à l’extrémité du pont
archevêque titulaire de Nisibi et enfin évêque [Saint Ange]... il y avait des hordes de Juifs
résident de Port-Louis; né à Berlin, expert en qui au milieu des cris... des révolutionnaires
hébreu et en sanscrit) avec le livre La franc­ contre les zouaves, arrachaient à ceux-ci...
maçonnerie synagogue de Satan, de 1893, et les valises, les habits, tout ce qu’ils pouvaient
Roger Gougenot des Mousseaux, né à saisir, et... jetaient tout dans le Tibre, mais
Coulommiers en France, formé à l’école de en-dessous il y avait leurs matelots qui dans
Paul Drach, avec l’ouvrage Le Juif, le Judaïsme leurs barques recueillaient tout ce qui avait
et la judaïsation des peuples chrétiens, de 1869. été jeté dans le fleuve. (...) L’année derniè­
re… à la porte du Gesù… on hurlait contre
La brèche de Porta Pia les Chrétiens, qui pacifiques et inoffensifs
s’étaient réunis pour prier ensemble. A leur
“Le virage se vérifie… au cours des an­ sortie ils furent frappés. Eh bien, derrière
nées Soixante-dix… La chute du pouvoir ces forcenés qui hurlaient et frappaient, on
temporel fut ressentie comme un épisode reconnaissait les Juifs du ghetto. (...) Quand

238
SODALITIUM : La question juive

nous avons demandé des renseignements sur Les frères Lémann, pensent donc, à par­
les scènes ignobles qui se sont produites au tir de la brèche de Porta Pia, aux mesures
Corso… où les choses saintes furent tour­ que les futurs gouvernements chrétiens de­
nées en ridicule, les prêtres insultés, les sta­ vront prendre pour se préserver de la conta­
tues de la Sainte Vierge souillées... on nous gion du Judaïsme, premier artisan et
répondit toujours: les buzzurri [les “péque­ conducteur de la Révolution. “Le concept…
nots”, c’est-à-dire les Piémontais] et les a été formulé, … pour annoncer le futur.
Juifs. (...) Quand le 20 septembre 1870, le Défense, droit de se défendre des Juifs: les
Gouvernement subalpin pénétrait à coups mots clés qui justifièrent l’organisation des
de canon par les portes de Rome, la brèche mouvements politiques antisémites sont
n’était pas encore achevée qu’une foule de ainsi prononcés” (17). Mais il convient de re­
Juifs y était déjà passé pour aller se congra­ marquer que ce sont deux Juifs convertis qui
tuler avec le général Cadorna et le ghetto les ont prononcés, et qu’ils peuvent difficile­
tout entier pavoisait aux couleurs piémon­ ment être accusés d’antisémitisme!
taises (...). En tout cas la tendance qui se profile
Pie IX méritait-il que les Israélites lui avec le 20 septembre 1870 est celle de l’iden­
causent cette double douleur: d’abord passer tification des Juifs à la Révolution. “La né­
dans le camp de ses ennemis, ensuite dévas­ cessité de la lutte de défense contre la “révo­
ter Rome durant sa captivité au Vatican? (...) lution” devenait ainsi lutte de défense
Non! Pie IX ne le méritait ni comme souve­ contre les Juifs. (...) L’étape suivante fran­
rain, ni comme bienfaiteur. (...) Les Papes chie en ces années fut d’en faire les princi­
ont toujours consenti avec bienveillance au paux agents, les authentiques promoteurs
séjour des Juifs dans leur ville. Ce peuple er­ occultes (18).
rant était libre de ne pas y aller. Mais il y est
toujours allé en nommant Rome... Paradis La “Synagogue de Satan”
des Juifs. Les Papes ont donc constamment
protégé les Israélites. Si cependant il y en eut La représentation du peuple juif comme
un qui se soit montré plus spécialement leur rebelle et subversif était très ancienne: la
protecteur, qui ait veillé avec une sollicitude Synagogue talmudique était vue depuis tou­
plus vive sur leur condition temporelle, que jours comme “fons persecutionum”. Donc
nous le proclamions avec la main sur l’histoi­ l’émancipation des Juifs arrivée grâce à la
re et sur notre cœur, c’est bien Pie IX. (...) Révolution française, et les bénéfices que les
Les Israélites étaient relégués dans un quar­ Juifs en avaient retirés étaient devant les
tier séparé, le ghetto… Pie IX a fait détruire yeux de tout le monde. Ces deux aspects:
ces portes et ces murs...” (15). Sinagogæ Judeorum fontes persecutionum,
A partir de ces faits, les frères Lémann, et les bénéfices retirés de l’émancipation
tirèrent la conclusion qu’il fallait défendre la (fille de 1789), ne pouvaient expliquer à eux
Chrétienté du péril juif et que l’on ne pou­ seuls ce qui s’était passé avant et ne suffi­
vait pas accorder aux Juifs l’égalité des droits saient pas à faire du Judaïsme l’artisan prin­
civils: “Nous ne conseillerons jamais, pour­ cipal du long processus de dissolution qui
suivent les Lémann, de vous accorder à avait conduit à 1789. Deux éléments man­
Rome le droit de devenir propriétaires. Nous quaient: le concept de Révolution, tel qu’il
connaissons les tendances de notre nation; fut précisé dans le Magistère ecclésiastique
ses bonnes comme ses mauvaises qualités. Si et dans l’apologétique contre-révolutionnai­
ce droit de propriété vous est accordé, nous re de ces années, et l’idée d’une longue
le parions, dans 30, dans 50 années au plus, conjuration souterraine et secrète.
Rome n’appartiendrait plus aux Catholiques, Joseph de Maistre a bien saisi la nature
mais serait entre vos mains (...). Le suprême de la Révolution française (même s’il ne
danger de Rome... ce ne sont pas les hommes peut être défini comme un penseur contre­
de la révolution, ils passeront. Le suprême révolutionnaire complet, à cause de cer­
danger de Rome c’est vous, ô messieurs, qui taines lacunes, sinon de véritables erreurs de
ne passez pas. Armés du droit de propriété, son système doctrinal. Il est influencé par
avec votre habileté… et votre puissance, l’ésotérisme maçonnique qui ne l’a jamais
avant que le siècle n’arrive à sa fin, vous quitté; cf. sur ce thème l’article paru in
serez les maîtres de Rome” (16). Sodalitium n° 49). Il l’a définie “Satanique

239
SODALITIUM : La question juive

dans son essence, satanique parce que rebel­ a malheureusement trop aujourd’hui à
le à l’autorité, c’est-à-dire à Dieu” ( 19 ). Rome, et nous les entendons aboyer par
L’unique alternative possible, pour de toutes les rues, et ils nous harcèlent par­
Maistre, était la Papauté: si “la Révolution tout”) (23). Et le Pape poursuit: “bœufs”, qui
est l’erreur”, si elle “est satanique dans son “ne connaissent pas Dieu”, et “écrivent des
essence”, elle “ne peut donc être tuée que blasphèmes et des obscénités dans les jour­
par la Papauté, qui est la vérité, puisqu’elle naux”: “mais viendra un jour, terrible jour
est le Christ en terre” (20). Il faut donc réunir de la vengeance divine, où ils devront rendre
à nouveau l’Eglise et l’Etat, le trône et compte des iniquités qu’ils ont commises”
l’autel. (24). “Peuple dur et déloyal, comme on voit
Mais l’année 1870, avec la chute du pou­ aussi dans ses descendants”, qui “faisait de
voir temporel du Pape créa une situation continuelles promesses à Dieu et ne les
nouvelle. Les gouvernements et les Rois, dé­ maintenait jamais” (25).
sormais largement infiltrés par le mal révo­ Le 23 mars 1873, Pie IX, faisant référen­
lutionnaire, n’avaient pas répondu à l’appel ce à Simon le Cyrénéen, revint sur le sujet
en défense du Pape. En 1876 le Père des “Juifs réprouvés”: “En cette circonstan­
Raffaele Ballerini (21), dans La Civiltà Catto­ ce le Seigneur ne permit pas qu’un Juif
lica, écrivait que le péché de l’Europe l’aidât. Cette nation était déjà réprouvée, et
consistait dans la guerre que tous les Etats et dure dans la réprobation, (...) Jésus-Christ
toutes les cours, suite à la politique césaro­ voulut plutôt être aidé par un païen, don­
papiste de la seconde moitié du XVIIIème nant ainsi une preuve de ce qui avait été pré­
siècle, sans aucune exception faisaient à dit, c’est-à-dire qu’à la nation juive dépravée
l’Eglise catholique. “Les degrés du mal va­ d’autres nations se substitueraient pour
rient dans chaque Etat: mais tous ne sont connaître et suivre Jésus-Christ” (26).
pas infectés. (...) Tous, en un mot, se sont Dans le discours du 12 février 1874 aux
entendu pour exclure Jésus-Christ de leur ci­ curés de Rome, le pape Mastai établit, enco­
vilisation, en répétant la parole de la re une fois, un parallèle entre la situation ac­
Synagogue contre le Christ-Roi: “Nolumus tuelle de l’Eglise romaine et celle de ses dé­
hunc regnare super nos” (Lc XIX, 14): nous buts: “Les tempêtes” qui l’assaillent sont les
voulons vivre séparés de l’Eglise… nous mêmes que celles subies à ses origines; elles
voulons la sécularisation universelle” (22). étaient alors “provoquées par les Gentils,
Déjà en 1872, à Munich, les “Historisch­ par les gnostiques et par les Juifs” et “les
politische Blätter”, faisaient des Juifs les pro­ Juifs y sont aussi présentement” (27).
tagonistes absolus de la Révolution et de la «Ce n’est pas par hasard qu’en ces an­
laïcisation de l’Europe. Le Père Ballerini, nées-là Pie IX recourut à la figure de la
bien qu’en ne les nommant pas explicite­ “Synagogue de Satan” (28). Selon Pie IX les
ment, fait une analogie entre le comporte­ actuels révolutionnaires sont les “pharisiens
ment des Etats modernes et celui de la modernes” qui voudraient, “comme les an­
Synagogue pharisaïque: c’est-à-dire le refus ciens”, détruire l’Eglise, ils “répètent les ex­
du Règne Social du Christ et de son Eglise. pressions iniques que les pharisiens répé­
La nouvelle condition de la société, au fond, taient quand le Divin Rédempteur conver­
est ancienne: c’est le même rejet obstiné de sait avec les hommes”» (29).
Jésus-Christ, qui avait été comploté par le Le Père Francesco Berardinelli, dans un
Sanhédrin et fait passer dans la majeure par­ article publié dans La Civiltà Cattolica en
tie du peuple juif. 1872, définit les persécuteurs modernes du
Le cas du Père jésuite Ballerini n’est pas Vatican comme de “nouveaux Juifs”, “rené­
isolé. Les conditions de l’Eglise romaine ces gats et apostats (...) de la race de ceux qui
années sont semblables à celles des trois pre­ ont craché sur Jésus dans l’atrium de
miers siècles: elle est persécutée. Caïphe”, “bande de chiens (...) de la race de
Les discours de Pie IX, après 1870, sont ces bêtes véreuses du Golghota” (30).
significatifs: “Pie IX ne manque pas de pa­ La Civiltà Cattolica, qui exprimait la pen­
roles dures explicites contre les Juifs: sée de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège,
“chiens”, devenus tels de “fils” qu’ils identifiait, à partir de 1870, Révolution,
étaient, “pour leur dureté et incrédulité” Maçonnerie et Judaïsme, et voyait dans le
(“et de ces chiens - ajoute le pontife - il y en Judaïsme talmudique le berceau de la

240
SODALITIUM : La question juive

Maçonnerie et des sectes qui avaient porté toujours reçu l’inspiration d’une même secte
la Révolution en Europe. En résumé la so­ pérenne, cohabitant avec l’Eglise et naturel­
ciété moderne est, pour La Civiltà Cattolica lement son ennemie” (36). Or, pour obtenir
et pour le Saint-Siège une “société judaï­ cette fin, conclut le P. Oreglia, le diable tout
sée”, et Judaïsme est synonyme de seul aurait pu suffire; cependant il a voulu se
Révolution et de Maçonnerie, il en est servir de ses suppôts principaux et préférés,
même la cause. ceux qui ont crucifié Jésus: “Si le diable...,
en plus de sa maligne volonté et puissance...
La conjuration antichrétienne s’était encore trouvé avoir en main dès les
origines de l’Eglise une société et même un
L’approfondissement des concepts de peuple, une race et une nation de gens prête
conspiration, conjuration, complot ou machi­ naturellement et disposée à en suivre les cri­
nation fut décisif pour faire faire le pas au minels desseins antichrétiens: si ce peuple,
Magistère ecclésiastique et aux polémistes cette race et cette nation s’était aussi trou­
contre-révolutionnaires; ils purent ainsi affir­ vée être la plus intelligente, la plus indus­
mer que l’auteur principal de l’assaut infer­ trieuse et la plus obstinée, ce qu’est la nation
nal contre la Papauté et la Chrétienté était le juive, comme en tout le reste ainsi spéciale­
Judaïsme, qui se servait des différentes ment dans la haine du Christ et des
sectes, divisées quant aux “obédiences”, mais Chrétiens: et ce parce que par le Christ ré­
unies quant à la fin: la destruction de l’Eglise prouvée et évincée jusqu’aux derniers
et de la Société chrétienne (31). temps, quand elle se convertira à Lui... Si,
Pie IX lui-même, déjà immédiatement disons-nous, le diable, depuis les débuts de
après 1848 avait lancé l’idée d’une grande l’Eglise jusqu’à nous, avait trouvé prête à ses
conjuration (32). Toutefois “un fil conducteur ordres et services une race aussi apte et aussi
unit les premières élaborations de la fin du disposée naturellement à combattre toujours
XVIIIème siècle aux théories et aux et partout sa guerre antichrétienne, pour­
constructions d’un siècle après. Mais les pro­ quoi n’aurait-il pas dû la choisir comme
tagonistes et les artisans en varient. Ce n’est étant sa propre université perpétuelle et par­
qu’au cours de la seconde moitié du siècle tout diffusée destinée à conserver propager
que les Juifs y jouèrent un rôle toujours plus toujours et partout... tout le corps des doc­
important jusqu’à en devenir les auteurs” (33). trines et des arts antichrétiens favorables au
Le P. Oreglia (34) dans La Civiltà Cattolica but commun du diable et des Juifs?” (37).
exprima avec une grande lucidité ce concept: Ce jugement se fonde sur la “théologie
la Maçonnerie est une fondation relativement de l’histoire” propre à l’Eglise romaine. Elle
moderne, mais “ce complexe de doctrines sa­ a enseigné depuis des siècles que les Juifs
taniquement et savamment antichrétiennes sont les ennemis par excellence du Chris­
[...] qui, depuis les premiers gnostiques et ma­ tianisme comme de Jésus Lui-même.
nichéens aux modernes maçons et libéraux, A partir de 1870 l’Eglise précise que seul
de secte en secte, fut transmis par la Cabale le Judaïsme talmudique peut être le princi­
et la tradition, est très ancien et contempo­ pal inspirateur et le metteur en scène occul­
rain de la fondation même de l’Eglise” (35). te de la conjuration antichrétienne qui a ex­
Les points de départ théologiques sont plosé avec la plus grande virulence précisé­
évidents: l’opposition constante entre Dieu ment à Rome siège du Vicaire du Christ.
et Satan correspond, au temps historique, à L’expérience vécue par Pie IX a représenté
une opposition tout aussi irréductible entre la preuve par neuf de cette théorie. L’Eglise
Eglise et Synagogue, entre Cité de Dieu et invitait donc ses fidèles à une légitime (et
Cité de Satan. Ceci a toujours été l’enseigne­ modérée) défense.
ment des Pères de l’Eglise. Cependant à par­
tir de la brèche de Porta Pia, les blocs sont Antisémitisme et antijudaïsme
clairement distincts. Toutes les sectes, diffé­
rentes quant aux membres et aux rituels, Un des plus grands spécialistes de la po­
fondées par des personnes différentes en des lémique antijudéo-maçonnique et anti-mo­
temps et des lieux divers, ont un unique et derniste fut Mgr Henri Delassus. Né le 12
même but: la haine de Jésus-Christ et de son avril 1836 à Estaires en France, ordonné
Eglise. C’est pourquoi elles “doivent avoir prêtre à Cambrai en 1862, en 1875 il devient

241
SODALITIUM : La question juive

directeur de l’hebdomadaire La semaine re­ se racheter, et qui doit rester telle, la voie de
ligieuse de Cambrai. la conversion au Christianisme. La considé­
S’appuyant sur une doctrine théologique ration de “race maudite”... est une condition
sûre et une documentation abondante, très historique, historiquement datée et histori­
souvent de première main, doté d’une ex­ quement surmontable… n’est pas le produit
ceptionnelle clairvoyance (il fut l’un des de la nature qui emprisonne irrémédiable­
rares antimaçons à ne pas tomber dans le ment dans une condition sans issue” (39).
piège taxilien), disciple du cardinal Pie et de Le P. Oreglia aussi, dès 1880, avait expri­
Dom Guéranger, des représentants de la mé la même théorie (ou mieux la théorie du
pensée ultramontaine la plus pure, formés à Saint-Siège et de la Secrétairerie d’Etat, dif­
l’école de Louis Veuillot, membre du fusée au moyen de La Civiltà Cattolica et re­
“Sodalitium Pianum”, il attaque la Révo­ prise, petit à petit, par les grands penseurs
lution française, en se fondant sur les idées contre-révolutionnaires, parmi lesquels
de Maistre à propos des principes de 1789. Delassus) précisément sur les pages de La
Mais il les intègre avec une sûre doctrine Civiltà Cattolica en écrivant: “Les catho­
thomiste qui faisait défaut au Savoyard et les liques ne demandent pas l’expulsion des
expurge de certaines idées ésotériques Juifs, mais demandent seulement que l’on en
(l’unité transcendante de la Tradition pri­ restreigne l’action dans la mesure où elle
mordiale) qui ont accompagné de Maistre nuit au bien public. Ils veulent conserver le
jusqu’à la fin; il attaque aussi la “démocratie caractère chrétien de l’Etat, de la législation,
chrétienne” et l’Américanisme. Ses ouvrages de l’enseignement et des principes sociaux.
principaux sur le problème judéo-maçon­ Ils veulent l’extirpation des principes ju­
nique, qui représentent une véritable daïques,... rendus dominant par le régime li­
Somme de la pensée contre-révolutionnaire béral, mais non l’expulsion d’un peuple qui,
sont: La conjuration antichrétienne. Le en fin de compte, est du sang d’Abraham, et
temple maçonnique voulant s’élever sur les au sein duquel naquit le Sauveur. Avec une
ruines de l’Eglise catholique en 3 volumes organisation chrétienne de l’Etat, les Juifs
(1910), et Le problème de l’heure présente:
Antagonisme de deux civilisations en 2 vo­ Le Pape Pie IX (image du XIXème siècle)
lumes (1904).
Mgr Delassus fut créé prélat domestique
de Sa Sainteté par St Pie X en 1904 et proto­
notaire apostolique en 1911. Il mourut à
Saméon le 6 octobre 1921.
Il a écrit: “Le Calvaire a séparé en deux
la race juive: d’une part, les disciples qui ont
appelé à eux et se sont incorporé tous les
chrétiens; de l’autre, les bourreaux, sur la
tête desquels, selon leur vœu, est retombé le
sang du Juste, les vouant à une malédiction
qui durera autant que leur rébellion” (38).
Pour Mgr Delassus l’Antijudaïsme coïncide
avec le Catholicisme dans le sens que les ca­
tholiques doivent combattre le Judaïsme,
comme ils combattent la Maçonnerie, le
Socialisme et l’Anarchie, pour défendre la
société civile et l’Eglise.
Sa position est très différente de celle de
l’Antisémitisme biologique ou racial, surtout
en ce qui concerne deux éléments fonda­
mentaux: “La pleine sauvegarde du Ju­
daïsme antique, duquel naquirent Jésus,
Marie, les Apôtres, les fidèles des premières
communautés chrétiennes, et la reconnais­
sance qui reste toujours ouverte au Juif pour

242
SODALITIUM : La question juive

n’inspirent aucune crainte” ( 40 ). Le P. atteint la portée ou la dimension publique et


Oreglia était très critique sur les agitations officielle du retour au “Judéo-paganisme”
antisémites qui avaient éclaté en Allemagne propre à l’époque humaniste), la Chrétienté
à cette période, elles étaient étrangères à et l’Eglise elle-même: le véritable ennemi et
l’esprit catholique, elles étaient en effet la source de toute révolution et de tout
d’inspiration protestante. Mais comme cette désordre était le Judaïsme talmudique.
agitation ne venait pas d’un “pur esprit de Pour le Saint-Siège l’Antijudaïsme repré­
justice - poursuit le Père jésuite - de religion sentait aussi la contre-attaque, ainsi que le
et de défense sociale bien entendue, mais remède et l’antidote pour redonner force de
principalement de la passion de l’envie et de pénétration dans la société civile à la
la vengeance”, elle sera stérile: nihil violen­ Royauté sociale de Jésus-Christ, expulsé de
tum durat! Le critère sur lequel le P. Oreglia l’Etat laïcisé et sécularisé.
se fonde, pour juger de la bonté ou non d’un A partir des premières années du XXème
mouvement, est s’il s’inspire du Magistère siècle, avec le Pontificat de St Pie X, il y eut
de l’Eglise romaine ou non. C’est pourquoi un certain changement dans l’étude de la
l’unique vraie réaction au Judaïsme talmu­ question, dû à la survenance d’un phénomè­
dique est celle guidée par le Magistère de ne très dangereux, le Modernisme, condam­
Pierre, et il est évident que les catholiques né par l’encyclique Pascendi du Pape Sarto,
qui s’engagent dans le domaine social et po­ mouvement qui voulait détruire l’Eglise de
litique devront être en première ligne dans l’intérieur; elle dut réunir ses propres forces
la lutte contre la Judéo-maçonnerie, sous les et raffermir ses rangs pour démasquer les in­
directives du Saint-Siège. En effet avec les filtrations ennemies jusqu’à son cœur, grâce
préjugés libéraux, de “saine” autonomie par à la convergence de tous les catholiques sous
rapport à l’enseignement pontifical, on ne la suprême conduite du Pape et du Magistère
peut gagner la lutte contre le Judaïsme. authentique de l’Eglise.
Selon le P. Oreglia le chemin à prendre est La Civiltà Cattolica, qui de 1880 à 1903
le chemin opposé: “Le Judaïsme se vainc avait étudié constamment et sans interrup­
d’une seule manière, c’est-à-dire en vain­ tion pendant vingt-trois ans le péril juif, ne
quant le Libéralisme... Libéralisme et traitera plus avec la même attention ledit
Judaïsme sont... deux choses tout à fait iden­ problème, pour diriger ses efforts vers la
tiques et en parfaite harmonie... Les libéraux lutte contre le Modernisme, sans aucun
sont impuissants à freiner l’invasion juive changement d’opinion sur les dangers judéo­
parce que ce sont eux-mêmes, bien que maçonniques.
n’ayant pas de sang sémite dans les veines, Certainement si l’on avait cherché der­
qui se sont faits juifs avec les fausses doc­ rière les coulisses on aurait découvert que
trines et les œuvres mauvaises. Ils ont répu­ les promoteurs de l’hérésie moderniste
dié les grandes idées de la charité, du sacrifi­ étaient les mêmes. Mgr Delassus dans
ce et de l’honneur qui constituent la splendi­ L’Américanisme et la conjuration antichré­
de et glorieuse couronne du Chrétien, et en­ tienne (1899) avait démontré comment cette
suite se plaignent parce qu’ils sont tombés forme de modernisme dans le domaine ascé­
dans l’esclavage juif. C’est en vain et injuste­ tique (qui fut condamné par Léon XIII dans
ment qu’ils se plaignent; c’est la peine de Testem benevolentiæ), avait à ses origines
leur péché. Qu’ils redeviennent de vrais L’Alliance Israélite Universelle! Mais il fal­
Chrétiens et la servitude juive cessera” (41). lait ne pas disperser les efforts sans “perdre”
de temps, remonter aux causes et essayer de
De l’Antijudaïsme à l’Antimodernisme débusquer immédiatement les modernistes,
qui s’étaient infiltrés dans les centres vitaux
A la fin du XIXème siècle, surtout avec de l’Eglise, pour les écraser au plus vite,
les pontificats de Pie IX et de Léon XIII, avec des mesures pratiques et disciplinaires:
l’Eglise romaine avait davantage saisi la c’est ce que fit admirablement St Pie X,
cause de la Révolution qui menaçait depuis même s’il ne réussit pas à achever l’œuvre
l’Humanisme, de manière publique et insti­ entreprise du fait de sa mort prématurée.
tutionnelle (même si au cours du Moyen- “Cette relative diminution de la polé­
Age n’avaient pas manqué les mouvements mique antijuive du côté catholique n’en re­
hérétiques ou gibelins mais qui n’avaient pas présenta pas cependant l’abandon; encore

243
SODALITIUM : La question juive

moins sa critique et son refus. La pensée in­ culturelle ou peuple supplanta les termes de
tégriste, à Rome comme ailleurs, continua à race et d’origine. Or la culture juive est la
théoriser le rôle néfaste des Juifs dans l’en­ culture talmudique selon laquelle les Juifs
semble de la société chrétienne. Et on sait sont la race supérieure qui doit devenir maî­
de quel crédit elle jouissait à Rome durant le tresse du monde entier.
pontificat de Pie X” (42). «L’appartenance d’un individu à la “na­
En 1913 le procès Beylis, qui eut lieu à tion juive” ne dépend pas de facteurs ra­
Kiev pour un cas d’homicide rituel “repro­ ciaux... ni... religieux: elle naît, au contraire,
posa dans la presse catholique, dans toute de sa provenance d’une famille juive, et
leur amplitude, les habituelles accusations pour avoir absorbé par son intermédiaire les
contre le judaïsme talmudique” (43). éléments essentiels de la culture juive et
Outre La Civiltà Cattolica se distinguè­ avec elle la solidarité par rapport à sa propre
rent dans cette bataille Mgr Umberto “nation”» (R. TARADEL - B. RAGGI, op. cit.,
Benigni (dans sa Storia sociale della Chiesa p. 102).
et dans plusieurs articles écrits dans la revue Avec la victoire du National-socialisme en
florentine Fede e Ragione de l’abbé Giulio Allemagne en 1933, La Civiltà Cattolica s’éloi­
De Toth) et Mgr Ernest Jouin (dans la gna encore plus du concept de race juive pour
RISS) considérés comme les “représentants élaborer le concept de nation et peuple juif.
de l’intégrisme catholique” (44). Le P. Antonio Messineo en 1938 écrivit
plusieurs articles sur le concept de nation et
Solution pratique du problème juif de race, d’après lui la nation est un ensemble
social naturel qui a comme but celui de dé­
La solution du problème juif consistait, velopper les fondements ethniques et cultu­
pour La Civiltà Cattolica, à abattre l’état li­ rels sur lesquels il se fonde et de promouvoir
béral qui avait accordé l’égalité des droits ci­ le bien-être commun temporel (subordonné
vils aux Juifs et donc dans la ségrégation au surnaturel) de ses sujets.
charitable des Juifs, mis ainsi à l’abri des ré­ Elle doit donc se défendre de ceux (les
actions populaires et violentes des antisé­ Juifs) qui la corrompraient, car ils ne se lais­
mites et mis en même temps en condition de sent pas assimiler et au contraire tendent à
ne pas nuire à la société chrétienne. Les ar­ hégémoniser.
ticles sur le problème juif commencés par le Il faut donc recourir à la ségrégation chari­
P. Oreglia (1870-1880) étaient de caractère table (tel le lépreux placé dans une léproserie,
spéculatif, montraient aux Chrétiens la phi­ pour sa santé et pour celle des autres). Pie XI
losophie, les principes du Judaïsme, ceux du condamna le racisme exagéré et biologique
P. Mario Barbera sont l’application pratique mais déclara: “Voilà ce qu’est pour l’Eglise le
des articles d’Oreglia, c’est-à-dire qu’ils étu­ vrai racisme... le racisme sain... Tous de
diaient à fond comment pouvoir résoudre la même, tous faisant l’objet de la même affec­
question juive au moyen de la ségrégation tion maternelle, appelés à être tous dans leur
charitable. propre pays, dans les nationalités particu­
lières... dans la race particulière, les propaga­
Peuple ou race juive? teurs de cette idée si grande et... humaine,
avant même d’être chrétienne” (28 juillet
La terminologie de La Civiltà Cattolica 1938, Discours aux Elèves du Collège de la
se précisa peu à peu, au début on parlait de Propagande, in Actes de S.S. Pie XI, tome
Race juive, puis d’origine donc de Nation ou XVIII, Bayard, Paris 1939). Le P. Messineo
Peuple juif. Selon le P. Ballerini le peuple s’employa ensuite à ce que le terme “Race”
juif est constitué d’un “mélange de Bible, de fût remplacé par celui de Peuple ou Nation.
Talmud et de Cabale”, c’est-à-dire ce qui
permet de discerner la nature d’un peuple La lutte contre les totalitarismes césaristes
c’est une culture (pas nécessairement et uni­
quement religieuse) commune qui unissait Pie XI condamna les différents totalita­
un groupe de familles. Le Judaïsme est donc, rismes, soit d’origine marxiste (le Com­
pour La Civiltà Cattolica, une nation non au munisme), soit d’origine néopaïenne ou
sens territorial mais culturel et par consé­ mazzinienne (le National-socialisme et, sous
quent est un peuple. Ce concept de nation certains aspects, le Fascisme).

244
SODALITIUM : La question juive

Le racisme biologique préoccupait tou­ Conclusion


jours plus le Pontife, qui chargea un jésuite
de rédiger, avec deux autres prêtres, l’épreu­ Les véritables penseurs, intégralement
ve d’une future Encyclique qui condamne­ contre-révolutionnaires, qui ont écrit sur la
rait le racisme biologique; mais Pie XI mou­ Révolution après 1870, se réfèrent justement
rut peu de temps avant de pouvoir promul­ aux directives du Saint-Siège. Ils voient dans
guer cette Encyclique, dans laquelle cepen­ le Judaïsme la cause (d’ordre naturel) prin­
dant, concernant le problème juif, on réaffir­ cipale de tout désordre; elle se sert dans ce
mait la thèse traditionnelle. but des différentes sectes et surtout de la
Voici une partie du texte: “La préten­ Maçonnerie qui est sa créature.
due question juive, dans son essence, n’est Naturellement il existe aussi une cause
une question ni de race, ni de nation, ni de concomitante (d’ordre préternaturel): le
nationalité territoriale, ni de droit de cité diable, qui tente l’homme, en déchaînant les
dans l’Etat. C’est une question de religion passions déréglées qui logent dans le cœur
et, depuis le venue du Christ, une question de tout fils d’Adam. Le problème consiste
de christianisme. (...) Le Sauveur, que aussi à analyser la nature de la Révolution et
Dieu, ...envoya à son peuple choisi, fut reje­ des mécanismes grâce auxquels elle avance;
té par ce peuple, répudié violemment et mais il serait erroné de minimiser le devoir
condamné comme un criminel par les plus qui nous revient, celui de dévoiler l’identité
hauts tribunaux de la nation en collusion des conspirateurs, puisque sans conspira­
avec l’autorité païenne... Enfin, il fut mis à teurs il n’y aurait pas de Révolution.
mort. (...) Le geste même par lequel le Actiones sunt suppositorum, enseigne la
peuple juif a mis à mort son Sauveur... fut... bonne philosophie. En outre il n’est pas vrai
le salut du monde. - selon le Magistère ecclésiastique - que les
De plus, ce peuple infortuné, qui s’est agents de la révolution changent. Non, après
jeté lui-même dans le malheur, dont les le déicide l’agent naturel et principal, le sup­
chefs aveuglés ont appelé sur leurs propres pôt privilégié de Satan est le Judaïsme, qui
têtes les malédictions divines, condamné, continuera à vouloir détruire l’Eglise et la
semble-t-il, à errer éternellement sur la face
de la terre, a cependant été préservé… de la Ecrit par lequel Pie IX remercie et bénit les auteurs de
ruine totale. (...) “La Civiltà Cattolica”
Saint Paul… maintient la possibilité du
salut pour les Juifs, pourvu qu’ils se détour­
nent de leur péché (...). Israël demeure le
peuple jadis choisi (…).
Nous constatons chez le peuple juif une
inimitié constante vis-à-vis du christianisme.
Il en résulte une tension perpétuelle entre
Juif et Chrétien, qui ne s’est à proprement
parler jamais relâchée (...). La haute dignité
que l’Eglise a toujours reconnue à la mission
historique du peuple juif,… ne l’aveugle pas
cependant sur les dangers spirituels auxquels
le contact avec les Juifs peut exposer les
âmes… Tant que persiste l’incrédulité du
peuple juif… l’Eglise doit, par tous ses ef­
forts, prévenir les périls que cette incrédulité
et cette hostilité pourraient créer pour la foi
et les mœurs de ses fidèles (...). L’Eglise n’a
jamais failli à ce devoir de prémunir les fi­
dèles contre les enseignements juifs, quand
les doctrines comportées menacent la foi.
(...) Elle a pareillement mis en garde contre
des relations trop faciles avec la communau­
té juive...” (45).

245
SODALITIUM : La question juive

Chrétienté, comme il a tué Jésus-Christ, tant mé, Chiarini s’efforce de prouver que les prétendus maux
qu’il ne se convertira pas au Christianisme. du Judaïsme trouvent leur origine principalement dans les
enseignements soi-disant antisociaux et nuisibles du
Parler seulement en passant de sectes se­ Talmud. Il soutient que l’Etat devrait aider les Juifs à se li­
crètes ou même de Maçonnerie qui sont les bérer eux-mêmes de l’influence du Talmud, et qu’ils de­
principaux agents de la Révolution, sans dire vraient retourner à la simple foi mosaïque. Ce but peut
quelle est l’origine et le berceau de la être atteint de deux manières: d’abord par la fondation
d’écoles où l’on donne l’enseignement de la Bible et où
Maçonnerie (c’est-à-dire le Judaïsme post­ l’on étudie la grammaire hébraïque; ensuite par une tra­
biblique) est pour le moins réductif! (46). duction française du Talmud de Babylone avec des notes
En résumé, pour être contre-révolution­ d’explication et des réfutations”.
naires intégraux il faut combattre publique­ 9) G. MICCOLI, op. cit., pp. 1412-1413.
ment la Judéo-maçonnerie. 10) G. MICCOLI, op. cit., p. 1414, note 106. Cf. R. TA-
RADEL - B . RAGGI , La segregazione amichevole. “La
Civiltà Cattolica” e la questione ebraica 1850-1945,
Notes Editori Riuniti, Roma 2000.
11) G. MICCOLI, op. cit., p. 1394.
1) G. MICCOLI, Santa Sede, questione ebraica e antise­ 12) Ibid., p. 1398.
mitismo, in Storia d’Italia, Annali vol. 11 bis, Gli ebrei in 13) Ibid., p. 1399.
Italia, Einaudi, Torino 1997. Il s’agit d’une étude très sé­ 14) Ibid., p. 1400.
rieuse, sur laquelle je m’appuie substantiellement, mais 15) A. ET J. LÉMANN, Lettre aux Israélites dispersés,
dont je ne partage pas les jugements et les conclusions. sur la conduite de leurs coreligionnaires de Rome durant
2) G. MICCOLI, op. cit., p. 1388. la captivité de Pie IX au Vatican, Roma 1873, Libreria e
Il faut préciser qu’avant de Maistre un jésuite, le Cartoleria romana, pp. 5-14.
Père PIERRE DE CLORIVIERE avait eu l’intuition du ca­ 16) Ibid., pp. 19-21. A propos des frères Lémann,
ractère mauvais et diabolique de la Révolution françai­ voir: P. T HEOTIME DE S AINT -J UST OMC : Les frères
se, dans son livre Etudes sur la Révolution, Paris 1793. Lémann juifs convertis. Leur vie - leur œuvre. Lib. S.
3) J.-J. GAUME, La Révolution. Recherches histo­ François, Paris 1937.
riques sur l’origine et la propagation du mal en Europe 17) G. MICCOLI, op. cit., p. 1400.
depuis la Renaissance jusqu’à nos jours, Paris 1856-1858. 18) Ibidem.
4) E. INNOCENTI, La gnosi spuria, Ier vol. Roma 19) J. DE MAISTRE, Considérations sur la France,
1993. IIème vol. Roma 1999. Lyon 1884, p. 67.
F. YATES, Giordano Bruno e la tradizione ermetica, 20) Idem, Du Pape, Genève 1966, p. 23. Il s’agit du
Laterza, Bari 1989 et Cabbala e occultismo nel età elisa­ texte critique avec introduction de J. Lovie et J. Chetail.
bettiana, Einaudi, Torino 1979. 21) R AFFAELE B ALLERINI S . J . (1830-1907), entré
E. GARIN, Lo zodiaco della vita, Laterza, Bari 1976. comme novice au Collège Romain en 1847, a été ordonné
5) Rome 1809, pp. 147 ss. prêtre à Lyon en 1858. Ballerini fut engagé dans le collège
6) Sur Joseph de Maistre, cf. l’article “Joseph de des écrivains de La Civiltà Cattolica en 1868 et il y resta
Maistre ésotérique?” in Sodalitium n° 49, pp. 11-31. jusqu’à sa mort. Parmi ses ouvrages, il faut signaler Della
7) G. MICCOLI, op. cit., p. 1411. questione giudica in Europa, Prato 1891 et Della Mas­
8) LUIGI CHIARINI: “(1789-1832), prêtre italien, orien­ soneria, quel che è, quel che fa, quel che vuole, Prato 1900.
taliste et écrivain antisémite. Invité à venir de Toscane en 22) R. BALLERINI, I peccati d’Europa, in “CC”, 27
Pologne, Chiarini obtint la chaire de Langues Orientales à (1876), III, pp. 388 ss.
l’Université de Varsovie grâce à la protection de Potocki, 23) Discorsi del Sommo Pontefice Pio IX pronun­
ministre de l’éducation. En 1826, il devient membre du ziati in Vaticano ai fedeli di Roma e dell’orbe dal princi­
Jewish Commitee dont les membres sont nommés par le pio della sua prigionia fino al presente, Roma 1874-1878,
gouvernement. Dans sa Théorie du Judaïsme (1830), cit. in G. MICCOLI, pp. 1404-1405.
Chiarini calomnia le Talmud et le rabbinat... et tenta de 24) Discorsi cit. in G. MICCOLI, p. 1405.
raviver la diffamation du sang [meurtre rituel]. Il considé­ 25) Ibidem.
rait que l’Etat devait aider les Juifs à se libérer eux-mêmes 26) Discorsi di Pio IX, vol. II, p. 294.
de l’influence du Talmud. Il commença une traduction On remarque comment le Magistère authentique
française du Talmud de Babylone, avec l’appui du Tsar du Pape Mastai est contredit par ce qui est affirmé par
Nicolas Ier, dont deux volumes ont été publiés (1831)... le Concile Vatican II dans Nostra Ætate 4h: “Les Juifs
Chiarini fut contraint d’abandonner son projet à cause de ne doivent pas, pour autant, être présentés comme ré­
l’insurrection polonaise. Ses autres travaux sont une gram­ prouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de
maire d’Hébreu en Latin; un dictionnaire Hébreu-Latin, la Sainte Ecriture”.
et un article: Dei funerarii degli ebrei polacchi (Bologne 27) Discorsi, vol. III, p. 149.
1826)”. (Voir Encyclopedia Judaica, Gerusalemme s. d., 28) Etsi multa luctuosa, Encyclique du 21 nov. 1873.
vol 5, pp. 409-410). The Jewish Encyclopedia, New York - Cf. aussi la Lettre de 1865, de Pie IX à Mgr Darboy, ar­
London 1905-1912, IV vol., pp. 21-22. “Chiarini né a chevêque de Paris, in La Documentation catholique, t.
Montepulciano le 26 avril 1789, mort à Varsovie le 28 fé­ VI, juillet-décembre 1921, p. 139.
vrier 1832... Il publia Théorie du Judaïsme (1830)... ce livre 29) Discorsi, vol. IV, p. 115 et vol. III, p. 37.
est divisé en trois parties: dans la 1ère, il établit les difficul­ 30) F. BERARDINELLI, Il Golgota e il Vaticano, in
tés pour connaître le vrai visage du Judaïsme, dans la “CC”, 23 (1872), I, pp. 649-50, 654-55.
2ème, il explique la théorie du Judaïsme, dans la 3ème, il 31) A. PREUSS, Etude sur la Franc-Maçonnerie amé­
traite de la réforme du Judaïsme et examine en détail les ricaine (1908), réédition Centro Librario Sodalitium,
moyens de supprimer ses éléments “pernicieux”. En résu­ Verrua Savoia (TO) 1998.

246
SODALITIUM : La question juive

35) G. OREGLIA DA SANTO STEFANO, Di un recente


libro “Pro Judæis”, in “CC”, 36 (1885), I, p. 35.
36) Ibid., pp. 35 ss.
37) G. OREGLIA, op. cit., pp. 37 ss.
38) H. DELASSUS, La conjuration antichrétienne. Le
temple maçonnique voulant s’élever sur les ruines de
l’Eglise Catholique, t. III, Lille 1910, p. 1117. A propos
de Mgr Delassus, voir: LOUIS MEDLER: Mgr Henri
Delassus (1836-1921) in Le Sel de la Terre:
n° 24 printemps 1998. I “Le légataire universel”.
n° 28 printemps 1999. II “Le spécialiste de l’enne­
mi”.
n° 29 été 1999. III “Le combattant”.
n° 30 automne 1999. IV “Coups donnés et coups
reçus”.
39) G. MICCOLI, op. cit., p. 1377.
40) “CC”, 31 (1880), IV, pp. 756 ss.
41) “CC”, 35 (1884), III, pp. 101 ss.
42) G. MICCOLI, op. cit., p. 1549. Je renvoie le lec­
teur aux ouvrages fondamentaux d’E MILE P OULAT ,
Intégrisme et catholicisme intégral. Un réseau secret in­
ternational antimoderniste La Sapinière (1909-1912),
Tournai 1969. Et Catholicisme, démocratie et socialisme.
Le mouvement catholique et Mgr Benigni de la naissan­
ce du socialisme à la victoire du fascisme, Tournai 1977.
43) G. M ICCOLI , op. cit., p. 1549. Cf. P. S ILVA ,
Raggiri ebraici e documenti papali. A proposito di un re­
cente processo. In “CC”, 65 (1914), II, pp. 196-215 et
Le Pape Léon XIII 330-344.
44) G. MICCOLI, op. cit., p. 1550. A propos de Mgr
32) Cf. l’Encyclique Nostis et nobiscum, 8 décembre Jouin, voir: CHANOINE SAUVETRE: Vie de Mgr Jouin, éd.
1849. Et l’Allocution tenue au Consistoire secret du 25 saint-Rémi; Ets Brepols S.A. Belgique 1935.
septembre 1865: Inter multiplices machinationes. 45) G. PASSELECQ - B. SUCHECKY, L’Encyclique ca­
33) G. MICCOLI, op. cit., p. 1408. chée de Pie XI, éd. La Découverte, Paris 1995, pp. 285-289.
34) GIUSEPPE OREGLIA DA SANTO STEFANO (1823­ 46) Je me réfère à PLINIO CORREA DE OLIVEIRA,
1895) était une personnalité notable. Il entra très jeune Revoluçao e Contra-revoluçao, Campos 1959. Là l’au­
au Collège des Nobles aux Carmine de Turin dirigé par teur, parlant des “agents de la Révolution” consacre seu­
les Jésuites. Le 10 août 1842 il était entré au noviciat de lement une demi-page à la Maçonnerie “maîtresse de
Chieri et en février 1850 il avait assisté à la première ré­ toutes les sectes”, sans rien dire du Judaïsme talmudique.
union de La Civiltà Cattolica à laquelle ont participé les Parmi les très nombreux articles que le professeur
Pères Carlo Curci, Matteo Liberatore, Luigi Taparelli brésilien a écrit au cours de sa longue vie, un seul (d’à­
d’Azeglio, Antonio Bresciani et Francesco Pellico. Il peine neuf pages) concerne le Judaïsme (si l’on s’en tient
s’adonna à la polémique antilibérale maçonnique. à ce qu’écrit son biographe Roberto De Mattei): A Igreja
Durant cette période il fut pendant quelques années di­ e o Judaismo, in “A Ordem”, n° 11 (janvier 1931), pp.
recteur de La Civiltà Cattolica. Parmi les œuvres du P. 44-52. C’est pourquoi le titre que lui a conféré De Mattei
Oreglia, il faut signaler “Giovanni Pico della Mirandola de “Docteur de la Contre-Révolution” (Cf. Il crociato
e la Càbala”, Cagarelli 1894. Parmi les autres jésuites del secolo XX, Casale Monferrato 1996, p. 151) me paraît
qui se sont distingués dans l’étude de la question juive, quelque peu exagéré et ne correspondant pas à la réalité.
il faut se souvenir des Pères:
Mario Barbera (1877-1947), entré au noviciat de la Le Père jésuite G. Oreglia da Santo Stefano, un des plus
Compagnie de Jésus à Malte, ordonné prêtre en 1905, il grands experts du problème juif
entra au collège des écrivains de La Civiltà Cattolica en
1910. Parmi ses œuvres, il convient de signaler
Ortogenesi e Biotipologia, Roma 1943.
Antonio Messineo (1897-1978), entré très jeune
dans la Compagnie de Jésus, il fut appelé à faire partie
du collège des écrivains de La Civiltà Cattolica en 1931;
il fut un des plus grands experts de Droit international
et collabora pendant les années 50 à l’Enciclopedia
Cattolica. Parmi ses œuvres, signalons La Nazione,
Roma 1944 et Il problema delle minoranze nationali,
Roma 1945.
Francesco Saverio Rondina (1827-1897), entré en
1842 au noviciat de la Compagnie de Jésus de St André
au Vinimal de Rome. Il était intimement lié à Léon
XIII et il fut appelé à faire partie du collège des écri­
vains de La Civiltà Cattolica.

247
SODALITIUM : La question juive

ASPECTS CONTEMPORAINS
DU JUDAISME: MONDIA-
LISME, PLOUTOCRATIE,
FRANC-MAÇONNERIE
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

Le Judaïsme antichrétien: cause première


des maux d’aujourd’hui

C omme l’a magistralement compris le


professeur Andrea Dalle Donne: «…l’al­
ternative de fond est… celle entre le thomis­
me originaire et l’humanisme gnostico-im­
manentiste. Mais ce combat est spirituelle­
ment participant de celui qui se révèle vrai­
ment le dernier: c’est-à-dire celui entre
l’unique christianisme de toujours et l’anti­
christianisme plus radical» (1).

Panthéisme juif contre créationnisme chré­


tien

Edmondo Fleg résume bien la concep­


tion juive de Dieu et du cosmos: «Je suis juif
parce que pour Israël le monde n’est pas fini,
ce sont les hommes qui le finissent; je suis

248
SODALITIUM : La question juive

juif parce que pour Israël l’homme n’est pas


créé, ce sont les hommes qui le créent» (2).
Cette déclaration n’est cependant pas une
opinion personnelle de Fleg, mais met en
cause le Judaïsme antichrétien dans son en­
semble, puisque «la spiritualité juive …est au
fond une condition de l’être dans lequel…
entre la communion avec Dieu et la commu­
nion avec le monde la seconde est préférée.
Mais… qu’est-ce que la communion avec le
monde sinon la communion avec Dieu?» (3).
L’Absolu et le monde font, pour le Ju­
daïsme, une seule chose; le Judaïsme nie
l’authentique création en tant qu’elle refuse
précisément l’unique vrai Dieu, personnel,
distinct du monde et transcendant.
L’Ancien Testament vit dans l’adoration
de “Celui qui est”, l’Etre lui-même subsistant.
Les citations ci-dessus rapportées offrent la
preuve évidente et apodictique que le
Judaïsme antichrétien ou talmudique a rompu
avec l’Ancien Testament, pour imposer à sa
place le pharisaïsme gnostico-panthéiste de la
Affiche répréhensible antijuive. (Tirée de Elena Romero
Cabale impure et du Talmud, déformation Castello, “Gli ebrei e l’Europa, 2000 anni di storia”,
ésotérique de la dogmatique et de la morale. Fenice 2000, p. 100)
Déjà le prophète Jérémie s’exclamait:
«Comment dites-vous: “Nous sommes sages et la infinie, a accusé les juifs antichrétiens en les
loi de Dieu est avec nous?” Il a vraiment gravé le appelant fils de l’enfer (9), et en leur disant
mensonge, le style menteur des scribes» (4). qu’ils avaient comme père le diable (10). Les
Si pour Orio Nardi la Cabale impure est Apôtres de leur côté s’expriment de maniè­
“l’aberration de la vraie doctrine biblique” re analogue. St Paul soutient que les Juifs
(5), pour Eugenio Zolli, l’ex-grand rabbin de «ont tué le Seigneur Jésus et les Prophètes»,
Rome converti au Catholicisme, «l’opposi­ qu’ils «ne plaisent point à Dieu et qu’ils sont
tion entre juifs et chrétiens se réduit à une devenus les ennemis de tous les hommes» (11),
interprétation différente de la Bible» (6). St Pierre les accuse (tous, chefs et peuple,
Israël, comme on peut le lire dans les excepté les rares qui ont accepté le Christ)
Livres saints, tendait à se former un «Dieu» à d’avoir crucifié Jésus (12) et St Jean condam­
son image et à sa ressemblance, reniant le ne les juifs antichrétiens comme la “Syna­
Dieu personnel et transcendant, distinct du gogue de Satan” (13).
monde, se façonnait une morale utile (talmu­ Contre quiconque soutient que le Ju­
dique) et une vérité contingente (cabalis­ daïsme actuel est fils de l’Ancien Testament,
tique): «Notre bouche et notre cœur ne se mi­ il est facile de démontrer le contraire, en ci­
rent jamais d’accord pour adorer le même tant justement l’Ancien Testament, à com­
Dieu: celle-là applaudit toujours au Ciel, celui­ mencer par Moïse et les Prophètes (14) jusqu’à
ci fut toujours idolâtre de l’or et de l’usure» (7). Osée (15), où le Seigneur accuse de méchance­
«Le Judaïsme n’est pas ce que la Torah a té extrême la majorité du peuple juif plusieurs
promulgué, …même si c’est ce que le peuple siècles avant l’avènement du Christ. Notre-
juif aujourd’hui pense de la Torah… Le systè­ Seigneur Lui-même dit aux pharisiens: «Ne
me judaïque s’identifie au pharisaïsme… Dans pensez pas que ce soit moi qui doive vous ac­
le judaïsme il n’est rien resté de la prédication cuser devant le Père: celui qui vous accuse,
des Prophètes; y domine incontestée, au con­ c’est Moïse.… Car si vous croyiez à Moïse,
traire, l’orientation créée par les pharisiens» (8). vous croiriez sans doute à moi aussi, parce que
c’est de moi qu’il a écrit» (16).
Jésus et le judaïsme pharisaïque Moïse, donc, (comme Adam et les Pa­
triarches) était chrétien puisqu’il croyait au
Notre-Seigneur Jésus-Christ, la Bonté Messie à venir, tandis que le Judaïsme ac-

249
SODALITIUM : La question juive

tuel est antichrétien puisqu’il nie la divinité me plutôt que comme une Religion (qui a la
du Christ. Le juif Pergola, converti au Chris­ tâche de réunir, «religare» l’homme à Dieu).
tianisme, a écrit admirablement: «Il faut… Il est bon à ce point d’ajouter plus
distinguer entre le Judaïsme prophétique d’éclaircissements sur l’intensité de la haine
qui servit de préparation au Christianisme et avec laquelle le système judaïque antichré­
le Judaïsme pharisaïque, professé toujours tien persécute Jésus et Sa Sainte Eglise (19).
par les juifs, qui peut se dire Judaïsme en «Celui qui… ne joue pas au Christianisme,
tant qu’il peut tirer son nom du traître Judas dans la mesure où il y croit sérieusement, est
Iscariote» (17). théologiquement obligé de reconnaître et de
Le drame du peuple élu par Dieu pour ac­ dénoncer… que les juifs antichrétiens, c’est-à­
cueillir le Messie et pour le faire connaître et dire la majorité, sont nos frères les plus sépa­
aimer du monde entier, est celui d’avoir sub­ rés: séparés de Dieu le Père, de Dieu le Fils,
stitué la foi en Dieu à la foi dans le monde, de Dieu le Saint-Esprit» (20). La séparation et
d’avoir préféré le veau d’or à l’Agneau sans l’inimitié en arrivent à mériter l’accusation de
tache, le “dieu argent” au Dieu Trine. fond: «Préférant le Veau d’or à Yahvé, Ba­
rabbas au Christ… et en pervertissant dans un
Les frères les plus séparés et la radicalité de sens matérialiste sa très haute vocation spiri­
l’antichristianisme judaïque tuelle, l’Israël matérialiste s’obstine dans un
péché immense qui lui est encore aujourd’hui
Il faut préciser, comme fait le professeur reproché par le Très Haut: “Mon peuple a fait
Dalle Donne, qu’il est préférable d’appeler deux maux: ils M’ont abandonné, moi, source
le Judaïsme actuel un système plutôt qu’une d’eau vive et ils se sont creusé des citernes…
religion, dans la mesure où il s’est établi qui ne peuvent retenir les eaux” (21)» (22). Et
dans l’histoire au moyen d’une fausse tradi­ contre les Juifs, définis par Mariani “fils du
tion (ou contre-tradition) gnostique pan­ diable” (23), terrible est l’accusation de St
théistico-cabalistique, tendant à étouffer Justin Martyr: «Maintenant encore, en vérité,
l’unique vraie Tradition divine (Ancien et votre main est levée pour le mal; car après
Nouveau Testament), et en se présentant avoir tué le Christ, vous n’en avez même pas
comme son alternative ésotérico-initiatique. le repentir; mais vous nous haïssez et vous
Ce système a pour objectif de corrompre la nous mettez à mort chaque fois que vous en
droite Tradition ou religion, par une tradi­ obtenez le pouvoir...» (24).
tion impure ou “gnose”, transmise par une
voie secrète et réservée aux seuls initiés. La Tradition authentique et la contre-tradi­
«Cette “tradition” très ancienne, débouche tion impure
même dans les antiques mystères du paga­
nisme, infectée de mythes, magie, fantaisies Dieu parlait à Adam comme il parlait
et pesantes aberrations morales… qui en ré­ avec les anges, et il lui révélait les mystères
vèlent l’origine… satanique» (18). de sa vie intime, spécialement l’Unité et la
La connaissance alternative à la Trinité de Dieu et l’Incarnation du Verbe
Révélation divine (ou gnose) s’est dévelop­ (25). Lucifer, par envie et jalousie, fit tomber
pée de manière parasitaire au sein du Adam et Eve dans le péché, et ils perdirent
peuple élu et a explosé à l’avènement du ainsi la grâce sanctifiante et les dons préter­
Messie quand il en a décidé le meurtre. naturels. Mais Dieu, dans son infinie bonté,
Jésus prêchait la distinction entre Créateur accepta leur pénitence et pardonna leur
et créature, le Royaume des Cieux à obtenir péché. Et voici qu’Adam transmit oralement
par la foi et les bonnes œuvres, la conver­ à ses fils la Révélation reçue de Dieu, ou tra­
sion du péché, l’ascèse et la pratique des dition orale vraie, parvenue ainsi jusqu’aux
vertus; la «gnose», au contraire, prêche Patriarches (1900 av. J.-C.) et à Moïse, qui
l’identité entre Dieu et le monde, le paradis reçut à son tour une Révélation qu’il mit par
dans l’homme lui-même, le salut au moyen écrit dans le Pentateuque (tradition écrite).
de la seule connaissance. Le Judaïsme anti­ Moïse consigna cette Révélation écrite et
chrétien est donc la somme la plus raffinée orale à Josué et aux soixante-dix sages, qu’il
et la plus complète de la gnose impure, qui s’était associés dans le gouvernement et ce
tend à déformer la Révélation. C’est une fut ainsi jusqu’aux aux Prophètes et à la
contre-religion et comme nous le disions venue du Verbe. A partir de ce moment
plus haut, il est définissable comme un systè­ Notre-Seigneur Jésus-Christ confia la tradi-

250
SODALITIUM : La question juive

tion orale vraie à ses Apôtres et spéciale­ fait de tirer avantage de n’importe quelle si­
ment à leur chef Pierre, et il en sera ainsi tuation» (27). La génialité juive est capable ­
jusqu’à la fin du monde par le moyen du talmudiquement - de construire un “ennemi
Pape (successeur de Pierre) et des Evêques utile” (28) pour s’ériger en victime et obtenir
(successeurs des Apôtres), unis à lui. ainsi d’énormes avantages, quitte ensuite à
Jésus, par le moyen du Saint-Esprit, confia abattre le faux ennemi suscité “ad hoc”, une
aussi une Révélation qui, mise par écrit dans fois terminée la fonction qui lui avait été as­
le Nouveau Testament, nous a été consignée signée, c’est-à-dire celle de support au suc­
et transmise par le Magistère de l’Eglise ro­ cès mondial du peuple “persécuté”. La tac­
maine (tradition écrite). Le diable a toujours tique enseignée par le Talmud au juif est
tenté de faire surgir entre les hommes une celle d’agir avec prudence et circonspection,
connaissance impure ou «gnose», qui est une s’érigeant toujours en victime innocente
fausse tradition ou contre-tradition, pour ten­ pour susciter sympathie et commisération,
ter de corrompre la droite ou vraie tradition. et pour s’emparer ainsi des leviers de com­
Celle que Dieu nous a transmise par Adam mande de la société, et pouvoir ensuite la
jusqu’à aujourd’hui, au moyen de la vraie gouverner derrière les coulisses.
Synagogue mosaïque de l’Ancien Testament On peut dire que par certains côtés le
d’abord, et de l’Eglise romaine de la Nouvelle Judaïsme antichrétien se sert, en fait de mora­
et Eternelle Alliance, ensuite. le (29), de la doctrine et surtout de la pratique
Nous avons donc une gnose juive, opposée de la double vérité, pour des buts tactiques
au Mosaïsme, et une gnose soi-disant “chré­ précis, pragmatico-utilitaristes. Le Judaïsme,
tienne” qui s’oppose à la prédication ou au moyen de la Maçonnerie, prêche pour les
Tradition apostolique et au Magistère de goyim la démocratie, l’égalité, la liberté, la
l’Eglise. Cette gnose soi-disant «chrétienne», fraternité, le pluralisme, le non-exclusivisme,
mais en réalité antichrétienne et antichristique, tandis qu’il s’applique à lui bien d’autres prin­
n’est rien d’autre qu’une tradition impure et cipes: l’exclusivisme racial et raciste, l’impé­
mensongère, alternative à la révélation divine, rialisme affamé de domination universelle,
une tradition hétérodoxe qui tend à pervertir la l’isolement jaloux à l’intérieur des états.
Révélation divine avec des suppositions d’éso­ Mais quelle est la fin tactique de cette du­
térisme, magie, symbolisme, initiations… plicité talmudico-pharisaïque? Simplement
La gnose hébraïque, pénétra au sein de la la domination d’Israël sur le monde entier.
vraie Synagogue mosaïque la transformant en En effet, alors que la “morale interne” du
Synagogue talmudique et la gnose soi-disant Judaïsme est destinée à renforcer et à main­
“chrétienne” a toujours essayé de s’infiltrer tenir intègre et solide le Judaïsme, l’autre
au sein de l’Eglise, avec la vaine et orgueilleu­ “morale”, la morale “externe” (ou pour les
se prétention d’être une “révélation” secrète, goyim), a comme fin d’aplanir la voie à la
ésotérique, réservée aux esprits plus élevés domination juive du monde.
(ou plus gonflés d’orgueil). Elle prétend car­ La philosophie humaniste, illuministe et
rément être plus parfaite que celle qui nous idéaliste (de dérivation gnostique, en tant
est transmise par la prédication apostolique! que doctrine philosophique ésotérique déri­
La réaction de l’Eglise à la “gnose” fut im­ vée de la philosophie ésotérique et occulte:
médiate; nous connaissons l’affaire de Simon la gnose justement) est l’antécédent du
le Magicien, contemporain de St Pierre (26). Nouvel Ordre Mondial.
La gnose soi-disant “chrétienne” n’est donc Israël s’est servi des concepts de «liberté,
rien d’autre qu’une secte cancéreuse, qui es­ égalité, fraternité» pour arriver lentement à
saye de s’infiltrer au cœur du Christianisme, l’hégémonie sur les peuples chrétiens qui, à
pour le renverser diaboliquement. Les francs­ partir de l’Humanisme néopaïen, avaient com­
maçons et les modernistes (fils du Judaïsme mencé un processus de déchristianisation.
antichrétien) sont les actuels initiés ou “gnos­ Cette hégémonie, dans nos bien tristes temps,
tiques” qui essayent de s’insinuer à l’intérieur est arrivée à appliquer la psychanalyse freu­
de l’Eglise et de la judaïser par l’intermédiaire dienne, de dérivation cabalistique (30), dans le
de la Cabale et de l’ésotérisme. domaine juridico-pénal, pour enlever à l’Etat,
autrefois chrétien, même le droit à la légitime
Psychologie juive défense. Les théories psychanalytiques en
effet, ont imprégné l’école, la musique, la litté­
«Rentre dans la psychologie juive… le rature, les mass media (et parmi eux, en parti-

251
SODALITIUM : La question juive

culier, la télévision, souvent instrument de véri­ «polis» sera en désordre ou sens dessus des­
table lavage de cerveau, surtout pour les sous: révolutionnée et révolutionnaire.
jeunes), ont rendu les personnes hypersen­ Il est vrai que Pie XII a enseigné que «de
sibles, émotives, irrationnelles, incapables de la forme donnée à la société… dépend et s’in­
dominer les instincts et par conséquent tou­ filtre le bien ou le mal des âmes (33)», mais
jours prêtes à justifier le coupable, et tout à fait Pie XII savait aussi que pour mettre l’ordre
incapables d’assumer leurs propres responsabi­ dans la société, pour donner une bonne
lités (31). Le droit de l’individu, des parents, de forme à la société, composée d’individus qui
l’Etat à se défendre a été piétiné à l’époque ac­ s’associent en vue d’un bien commun, il faut
tuelle. Le Judaïsme en effet sait que tant que avant tout que l’individu soit en ordre et
l’homme, la famille, la cité conserveront, ne se­ puisse ainsi porter cet ordre dans la société
rait-ce qu’une ombre, d’ordre (qui autrefois elle-même (“nemo dat quod non habet”).
existait dans les Etats traditionnels et chrétiens, L’éthique naturelle et chrétienne, ou
spécialement dans la Chrétienté médiévale) il saine philosophie morale, enseigne que l’indi­
n’y aura aucune certitude de victoire pour la vidu vient d’abord et ensuite la société, c’est
Révolution. En effet elle est la destruction de pourquoi l’affirmation “politique d’abord”
l’ordre, c’est-à-dire de la soumission de l’intelli­ est très ambiguë et dangereuse, comme il est
gence à la Vérité, de la volonté au Bien, des tout aussi dangereux d’affirmer que le chré­
sens à l’intelligence et à la volonté. Si l’homme tien ne doit pas s’occuper de politique (tradi­
est ordonné à Dieu, et à Sa Loi immuable, la tionnellement entendue comme science mo­
Révolution ne pourra porter le désordre per­ rale appliquée à la société). La politique
manent et constant dans la société, mais sera jusqu’à Machiavel était une science pratique
écrasée par celui qui, maître de lui-même parce qui se servait de la connaissance pour agir
qu’il s’est fait esclave de Dieu (32), n’admet droitement, c’est-à-dire qui avait comme
aucun désordre ou passion déréglée tendant à principes la loi naturelle et la loi divine; prin­
l’éloigner de Lui. Mais Dieu seul sait combien cipes qu’elle appliquait ensuite aux familles
notre époque, désormais presque définitive­ et à la cité, puisque chacun pouvait obtenir
ment cabalisée, est dominée par le désordre, un certain bien-être temporel, subordonné
par l’hégémonie des passions et des instincts toujours au spirituel. Dieu en effet a voulu
sur l’intelligence et la volonté, par le plaisir sur créer l’homme et l’élever à l’ordre surnaturel,
la patience dans la douleur, par la richesse sans le laisser dans l’état de pure nature.
désordonnée sur l’amour de la frugalité, de St Pie X, dont la devise était “Instaurare
l’orgueil sur le mépris réaliste d’eux-mêmes. omnia in Christo” disait «Nous [le Pape et
Eh bien à la source de ce désordre nous l’Eglise] ne pouvons faire de politique» et il
retrouvons les théories qui dans le cours des écrivait: « L’action catholique... se proposant
siècles naquirent de la «gnose», ou fausse de restaurer toutes choses dans le Christ,
tradition parasitaire, laquelle a toujours visé constitue un véritable apostolat à l’honneur
à se substituer à la vraie Religion, tout et à la gloire du Christ Lui-même. Pour bien
comme Satan, son inspirateur direct, a tou­ l’accomplir, il nous faut la grâce divine, et
jours cherché à se faire adorer comme Dieu. l’apôtre ne la reçoit point s’il n’est uni au
Le diable, inspirateur du Judaïsme anti­ Christ. C’est seulement quand nous aurons
chrétien, selon les paroles de Jésus-Christ, a formé Jésus-Christ en nous que nous pour­
réussi à faire pénétrer dans nos familles et rons plus facilement Le rendre aux familles,
dans la société la plus pernicieuse corrup­ à la société» ( 34 ). Donc “sanctification
tion spirituelle et morale, jusqu’à endormir d’abord et ensuite politique”! Dom Chautard
le sens éthique de l’homme moderne, rendu se demandait: «D’où viendra le salut de la
engourdi et incapable d’une réaction saine société?…Quand sera-ce à l’Eglise de triom­
et équilibrée au mal qui l’assaille. pher à son tour? Avec le Maître, il nous est
Celui qui face à une telle dégradation aisé de répondre: “Hoc autem genus [dæmo­
penserait ensuite que la situation actuelle norum] non ejicitur nisi per orationem et jeju­
puisse être assainie par la victoire d’une nium” (Matth. XVII, 20). Quand des rangs
fausse droite politique, se trompe et prend du sacerdoce… sortira une pléiade d’hom­
ses désirs pour la réalité. mes mortifiés faisant resplendir à travers les
La «polis» est formée des familles et des peuples le mystère de la Croix, ces peuples
individus et tant que l’individu n’aura pas re­ contemplant dans le prêtre… mortifié les ré­
trouvé l’ordre avec Dieu et avec lui-même, la parations pour les péchés du monde, com-

252
SODALITIUM : La question juive

prendront la Rédemption par le Sang de cratique” fut utilisée par Caïphe pour faire
Jésus-Christ» (35). crucifier Jésus quand il dit qu’un seul
Même aux laïcs appartient le devoir homme devait mourir (Notre-Seigneur
d’apostolat; comme disait St Pie X à un grou­ Jésus-Christ) pour le peuple (41). Et Pilate,
pe de cardinaux français: «Qu’y a-t-il… de en bon démagogue «voulant contenter le
plus nécessaire aujourd’hui pour le salut de la peuple [et conserver son fauteuil, n.d.r.]
société?… C’est d’avoir dans chaque paroisse remit… en liberté Barabbas et livra Jésus»
un groupe de laïcs très vertueux… et vraiment (42).
apôtres» (36). C’est donc la sainteté personnel­ «Mais quand Dieu approuva-t-Il la majo­
le, des prêtres in primis et des laïcs ensuite, qui rité en tant que telle?… la majorité… du
sauvera la société et aidera les hommes à vivre peuple juif… aurait eu raison, en tant que
mieux ordonnés à leur fin dernière: ce serait majorité, contre Jésus qui était seul» (43).
donc une dangereuse erreur, surtout Mais la vérité n’est pas démocratique, ne dé­
aujourd’hui, de vouloir inverser l’ordre et de pend pas de la majorité! Mais d’où vient
commencer par la politique (c’est-à-dire par la cette “haine des sommets” (comme l’appe­
société) en faisant abstraction de la sanctifica­ lait Giuliotti) typiquement démocratique?
tion personnelle de l’individu. «De la foi dans le monde, pour qui la seule
La politique, ou mieux la politique des humanité ose se dresser… comme “causa
partis politiques, moderne est fondée sur les sui”, en déifiant ce que l’on peut imaginer
idées révolutionnaires forgées par la de plus vaste» (44).
“gnose” pour détruire la société chrétienne Même actuellement le Judaïsme reprend
et l’Eglise (si toutefois c’était possible). la maxime talmudique selon laquelle la ma­
Spécialement la démocratie, qui pour jorité a toujours raison, même contre le vou­
Aristote et St Thomas est une dégéneres­ loir de Dieu, parce que l’homme (le juif)
cence de la “politia” ou forme de gouverne­ étant le complément de Dieu, Dieu Lui­
ment dans laquelle la multitude [à ne pas même doit prendre des leçons de lui. L’ex­
confondre avec la masse indéterminée] la plication que Shalom donne d’une parabole
“sanior pars” du peuple (37) choisit le chef à est intéressante sur l’éthique et la résolution
qui Dieu donne le pouvoir. Ce dernier sub­ des problèmes actuels: «Un rabbin (Eliezer)
siste en lui habituellement, à travers la mul­ pour démontrer la justesse de son opinion
titude qui en est l’instrument ou le canal, demanda à un arbre de caroube de se dépla­
mais dans laquelle le pouvoir ne reste pas; et cer. Le caroube se déplaça et beaucoup
dans cette forme de gouvernement chacun, d’autres prodiges se produisirent ensuite. …
pourvu qu’il soit capable, peut être choisi Mais rien de cela ne fut accepté comme
pour régner. Eh bien, la démocratie moder­ preuve de sa raison. Rabbin Eliezer ne se
ne dit que le pouvoir ou l’autorité dérive de tint pas pour vaincu [et dit] “si la règle suit
la masse, du bas, des hommes et ne vient pas mon opinion, que le ciel le démontre”. On
de Dieu; elle dit que le chef de la société est entendit une voix céleste qui disait:
seulement un député qui représente la “Qu’avez-vous à dire contre Rabbin Elie­
masse qui gouverne; elle dit que la vérité zer? La norme est toujours établie d’après
consiste dans la majorité, quelque soit la dé­ son opinion!” Alors Rabbin Jehoshwa se
libération qu’elle prenne (38). leva et dit: “La Thora n’est pas au ciel!”…
La démocratie est voulue en vue de la [cette parabole du Talmud, Bava’ Mezia’
“massification juive moniste, laquelle, 49b, signifie que, n.d.r.] aucun individu (pas
contre le Christianisme… feint démagogi­ même Dieu) ne peut imposer son opinion.
quement de valoriser la personne, pour l’as­ Etablir les normes revient à la majorité» (45).
servir au totalitarisme sans égal qui est… Cependant, par la loi de la double vérité que
celui de l’unité” (39). Le Talmud décrète: «Il nous avons vu plus haut, ce principe vaut
faut suivre la majorité. Quand la majorité seulement pour les païens, pour pouvoir
déclare qu’une chose est permise, elle l’est; mieux les corrompre également à travers
et quand la majorité la déclare défendue, une forme de gouvernement dans laquelle la
elle est défendue» (40). Cette tactique talmu­ raison revient toujours à la majorité, même
dique est voulue en vue de la domination contre Dieu (c’est ce qui est arrivé avec les
universelle d’Israël sur le monde entier, lois sur le divorce et sur l’avortement). La
rendu, grâce à la démocratie, une masse in­ situation pour Israël est différente, où c’est
forme et amorphe; la même “tactique démo­ le rabbin qui impose à la majorité ses vues,

253
SODALITIUM : La question juive

même en lui donnant l’illusion que c’est elle Les liens entre judaïsme et Islam dans
qui décide, comme cela se produisit pour la un but antichrétien et ceux entre haute fi­
condamnation à mort de Jésus, quand le nance et néopaganisme de la Renaissance se
peuple “librement” choisit de… faire ce que révèlent donc clairement. Déterminante fut
Caïphe et le Sanhédrin avaient déjà depuis l’influence du Judaïsme sur la haute finance
longtemps décrété. des Pays Bas, qui se servirent de la
Maçonnerie pour accroître et consolider la
A quoi devons-nous nous attendre? puissance anglaise en Europe, en opposition
à la puissance de la catholique Espagne, et
Selon Andrea Dalle Donne: «Puisque la pour servir au Judaïsme comme instrument
majeure partie de l’humanité d’aujourd’hui d’expansion mondiale et de cabalisation des
se fait toujours plus esclave… de ces intrus, pays chrétiens. «Londres éclipsa
destructeurs et révolutionnaires, il n’y a rien Amsterdam et s’achemina vers son destin de
d’autre à attendre qu’un châtiment de gravi­ centre de la haute finance mondiale. (…)
té et de proportions effroyables. L’Angleterre devait rester fermement atta­
Les croyants… se plaignent des différentes chée à Israël. Cette union même prendrait
hallucinations autour d’un redressement de la des dimensions mondialistes, avec l’alliance
situation politique actuelle tant mondiale que anglo-américaine de notre siècle» (48).
nationale. Aux rêves… ces croyants substi­ La Maçonnerie anglaise joua un rôle de
tuent la prière afin que la punition planétaire, premier plan dans la formation et l’affirma­
inévitable et désormais presque imminente, tion de l’illuminisme maçonnique français,
soit utilisée par Dieu pour la conversion de la qui fut un des principaux moteurs de la
majeure partie des pécheurs. C’est tout le Révolution de 1789, une des grandes étapes
contraire du troisième millénaire!» (46). de la judaïsation de l’Europe chrétienne.
Le vingtième siècle marque ensuite le dé­
Derniers développements de la révolution gnos­ placement de l’épicentre de la haute finance
tique: judaïsme, haute finance et mondialisme d’Amsterdam-Londres à Wall Street (New
York), avec l’appui duquel Lénine put réali­
Le 29 mai 1453, sous la pression des ser la Révolution bolchevique (1917). La pre­
Turcs (musulmans), tomba l’Empire By­ mière et la seconde guerre mondiale «créent
zantin ou ex-Empire Romain d’Orient. A les conditions pour de nouvelles concentra­
Byzance, quelques années après, à la suite de tions de pouvoir, et se dessinent des orga­
l’expulsion d’Espagne (1492) se réfugiaient nismes supranationaux de pression idéolo­
les juifs qui n’hésitèrent pas à donner «un gique et sociale mondialiste» (49): il suffit de
fort essor à la Marine turque contre l’Oc­ penser au Bilderberg Club (1954) et à la Tri­
cident chrétien, jusqu’à la bataille de lateral Commission (1975), mouvements plus
Lépante (1571). De Byzance [et aussi de ou moins occultes, liés étroitement à la haute
Venise] les Juifs développaient leurs opéra­ finance dont le but caché est la formation
tions commerciales en Europe, faisant d’une société multiethnique, politiquement
d’Amsterdam (Pays Bas) leur principale unie et religieusement œcuménique (50), c’est­
place financière. De Byzance… ils influencè­ à-dire le Nouvel Ordre Mondial qui nous
rent les académies de la Renaissance d’inspi­ rappelle le Règne de l’Antéchrist. «L’union
ration antichrétienne, en répandant à la fin anglo-juive fait de Londres non seulement le
de 1400 des doctrines ésotériques (Cabale) centre du [super]-capitalisme international,
qui alimentèrent les clans rosicruciens… En mais aussi la loge mère de la maçonnerie,
1655 Marrassch ben Israël, grand banquier destinée à propager l’idéal… de la plouto-dé­
d’Amsterdam, obtint du dictateur Olivier mocratie moderne» (51).
Cromwell que les juifs, expulsés trois siècles
avant soient réadmis à Londres, engageant la Les hautes sphères du mondialisme:
haute finance… d’Amsterdam à encourager
l’économie et la politique anglaise. Grâce à a) le Bilderberg Club
l’appui juif, le hollandais Guillaume III En 1954 ont commencé en Hollande les
d’Orange conquit la couronne anglaise… La conférences du Bilderberg Club, ainsi appelé
Maçonnerie anglaise naquit à Londres du nom de l’hôtel où elles se réunirent la
(1688) comme instrument d’expansion mon­ première fois.
diale de l’impérialisme anglo-juif» (47). La presse en parla, cependant il est im-

254
SODALITIUM : La question juive

possible de connaître l’objet de ces discus­ Altiero Spinelli (député P.C.I.), mais son pre­
sions, qui peuvent donc être appelées se­ mier patron est Gianni Agnelli; Guido Carli et
crètes. Parfois on connaît aussi les noms des Arrigo Levi y exercèrent aussi leur influence.
participants (52), qui varient chaque année, La Loge P2
alors qu’immanquablement y paraissent les
représentants des célèbres sommets écono­ La Loge P2 fut fondée par le Grand Maître
miques (Rockefeller, Ford, Rothschild…). du Grand Orient d’Italie Adriano Lemmi en
b) la Trilateral Commission 1875. Depuis le début elle eut pour but d’oc­
Déjà en 1970 Brzezinski «ébauchait les culter l’affiliation maçonnique de ses membres
grandes lignes d’une communauté des na­ (aujourd’hui on dirait une loge couverte); de
tions occidentales évoluées, fondée sur le 1961 à 1970 le Grand Maître Gamberini délé­
triangle [d’où le nom de trilatérale, n.d.r.] gua Ascarelli comme Grand Maître adjoint
Amérique du Nord, Europe occidentale, qui devait procéder à l’admission des membres
Japon» (53). En novembre 1972 après une ré­ de la Loge P2. En 1967 Gamberini en person­
union entre David Rockefeller, Max ne établit que Licio Gelli (55) passerait de la
Konhstan et George Franklin, le program­ Loge Romagnosi à la Propaganda 2 dont, en
me définitif de la Trilateral fut mis au point. 1975, il fut nommé vénérable.
Le 23 octobre 1973, à Tokyo, elle tint sa pre­ « On ne peut… absolument pas soutenir
mière réunion. La Trilatérale, dont parmi que la Loge P2 fût seulement une “soi-di­
les principaux artisans se trouve l’ex-Pré­ sant” loge maçonique. Elle avait toutes les
sident français Giscard d’Estaing, organise caractéristiques nécessaires des 496 autres
des rencontres habituelles et régulières loges du Grand Orient en Italie, et en outre
entre les dirigeants des principales puis­ avait aussi un lien tout particulier avec le
sances d’Europe, du Japon et d’Amérique. Grand Maître, qui depuis plus de cent ans a
Au sein de la Trilatérale sont représentées été en même temps vénérable de cette loge»
les plus puissantes organisations et pour l’Italie (56). En mars 1981 deux juges de Milan per­
on peut citer La Stampa, la Fiat, La Rinascente; quisitionnèrent (durant une enquête sur le
les grands noms de la Trilatérale sont David cas Sindona) la villa de Lucio Gelli, dans les
Rockefeller, Henry Kissinger, Zbigniev environs d’Arezzo, où ils découvrirent une
Brzezinski, Edmond de Rothschild, Olivier partie des listes des affiliés à la P2 (57). Licio
Giscard d’Estaing (frère de l’ex-Président fran­ Gelli était un directeur général de la
çais), et parmi les italiens les plus connus sont: Permaflex. Le 29 mars 1965 fut inauguré à
Giovanni Agnelli, Guido Carli, Umberto Co­ Frosinone le nouveau complexe industriel
lombo, Giorgio La Malfa, Arrigo Levi. La de la Permaflex; le député Andreotti, le
revue de la Trilateral s’appelle Trialogue.
c) le R.I.I.A.
Cesare Romiti, Giovanni Agnelli avec le
grand rabbin de Rome Elio Toaff
The Royal Institute of International Affairs

naquit à Londres en 1919, et est connu aussi


comme Chatham House; la branche américai­
ne du même institut anglais, prit le nom de
Council of Foreign Relations (C.F.R.). Ces ins­
titutions, très influentes sur la politique anglo­
américaine, sont au centre de différents cou­
rants, tels la “maçonnerie écossaise”, la “haute
finance mondialiste” et la “société théoso­
phique” d’Annie Besant et de Mme Bla­
vansky. D’après Nardi «la Chatham House est
le pivot de la politique anglaise» (54). Le Royal
Institute of International Affairs a ses différents
départements; en Italie il s’appelle I.A.I.
(Istituto Affari Internazionali) et I.S.P.I.
(Istituto per gli Studi di Politica Interna­
zionale). L’I.A.I fut créé en 1965 par la fonda­
tion Olivetti, par l’Association de culture poli­
tique “Il Mulino” et par le Centro Studi
“Nord-Sud”, sur proposition du député

255
SODALITIUM : La question juive

maire et Licio Gelli étaient présents. Le “politique” déjà en synthonie avec l’esprit
“père spirituel” de Gelli était un certain du club [ou de la loge, n.d.r.]. Si l’on voulait
Frank Gigliotti, à qui avait été confiée par la donner une image sensible de cette situation
Maçonnerie américaine la charge de re­ «nous pouvons penser à une pyramide dont
coudre l’accroc qui s’était produit dans la le sommet est constitué par Licio Gelli…
Maçonnerie italienne entre le courant de [puis il faut] admettre l’existence au-dessus
droite et le courant démocratique. Gigliotti d’elle d’une autre pyramide qui, retournée,
était un féroce anticommuniste et Gelli, ex­ voit son sommet inférieur dans le visage de
combattant de la R.S.I. frappa justement à Licio Gelli. Celui-ci en effet est le point de
sa porte, se prévalant de l’amitié avec jonction entre les forces et les groupes qui
Andreotti et avec certains prélats postconci­ dans la pyramide supérieure identifient les
liaires. A mesure que Gigliotti vieillissait et finalités ultimes et dans la pyramide infé­
touchait à sa fin, se levait l’astre de Gelli, rieure, où elles trouvent leur réalisation pra­
qui pourra ainsi continuer la carrière de son tique» (61). Il est bon de rappeler que de l’in­
parrain, en entretenant des liens avec la tersection des deux pyramides ou triangles,
“droite” américaine, comme le confirme sa naît l’étoile de David.
présence à l’intronisation de Ronald Reagan Pier Carpi raconte, dans une interview
(58). Dans les états imprimés découverts le 17 accordée à Antonio Socci, que «…en 1977
mars 1981 à Castiglion Fibocchi se trouvent Gelli crée l’Ompam (Organizzazione mon­
les noms de 950 inscrits à la P2, mais pas diale per l’assistenza massonica), qui est une
tous… évidemment. des causes de l’attaque de la P2. (...) L’orga­
Parmi les 950 figurent 52 hauts officiers nisation… est reconnue par l’Unesco, par le
des carabinieri, 50 de l’armée, 37 des FAO et l’ONU envoie des observateurs au
douanes, 29 de la Marine, 11 préfets de poli­ premier congrès… [L’Ompam] a des posi­
ce, 5 préfets, 2 ex-ministres, 38 députés, 14 tions nettement anticommunistes… [Il y a]
magistrats. «Mais les plus inquiétants des un protocole secret, de guerre au communis­
noms publiés dans les listes sont ceux que me, approuvé à ce premier congrès de 77 au
nous ne connaissons pas: d’après la Brésil… [il] finit entre les mains du KGB
Commission parlementaire d’enquête la qui donne des dispositions de détruire cette
liste complète des inscrits à la P2 contenait redoutable organisation qui pouvait dispo­
environ 2500 noms, il en manquent donc ser de moyens énormes, la P2 et la Maçon­
1650» (59). En relisant le projet politique de nerie. Se déchaîne ainsi une guerre souter­
la P2, le soi-disant “Plan de renaissance dé­ raine internationale» (62).
mocratique” on a l’impression que plusieurs
de ses points se sont réalisés dernièrement. Influence mondialiste du Judaïsme antichrétien
Le projet de Licio Gelli prévoyait la créa­
tion d’un état “autoritaire” du type répu­ «Dans la dispersion, qui est la faiblesse
blique présidentielle, l’assujettissement de la de notre race - les juifs ont raison de le dire ­
magistrature (qui pourtant rechigne) au nous avons trouvé notre force, qui nous a
pouvoir politique, l’utilisation d’instruments portés au seuil de la domination mondiale»
financiers pour la naissance de deux mouve­ ( 63). Les juifs ne sont pas réticents à ad­
ments, l’un de gauche ou progressiste et mettre leur énorme influence sur le mouve­
l’autre démocratico-libéral, penchant un peu ment synarchique mondialiste, qui prépare
à “droite”. «Ces mouvements auraient dû le Nouvel Ordre Mondial et la Nouvelle
être fondés par des clubs… promoteurs Maison Européenne.
composés d’hommes politiques et représen­ Déjà au XVIIème siècle Jan Amos
tants de la société civile [les techniciens], en Kominsky (1592-1670) théorisait une nouvel­
proportion d’un à trois. Tous les promoteurs le société multiethnique, raciale, politique,
doivent être fondamentalement disponibles religieuse, tendant à dépasser le Chris­
pour une action politique pragmatique avec tianisme dans l’ésotérisme. Ses théories ali­
renonciation aux habituels et rebattus points mentèrent le Sionisme, conduisant ainsi à
de vue idéologiques» (60). Dans un second l’“Alliance Israélite Universelle”. Le grand
temps il faudra acquérir ou faire naître des Maître de la Maçonnerie Crémieux (juif)
hebdomadaires de bataille… enfin les cir­ soutenait que «cette alliance ne s’attaque pas
constances devront permettre de compter seulement à notre culte mais à tous les
sur l’ascèse au gouvernement d’un homme cultes. Elle veut pénétrer toutes les reli-

256
SODALITIUM : La question juive

gions… [elle a comme but de] faire tomber cri d’alarme. Avec les dernières lois approu­
les barrières qui séparent ce qui doit se ré­ vées presque partout, quiconque ose mon­
unir un jour» (64). Crémieux encore affirme trer la perfidie de la religion talmudique est
que «…Une Jérusalem du Nouvel Ordre… immédiatement accusé d’antisémitisme et
doit se substituer à la double cité des Césars condamné. Si les fautes imputées au
et des Papes. L’Alliance Israélite Universelle Judaïsme se révélaient des calomnies, cette
commence à peine, et déjà son influence se attitude vexatoire serait juste, mais si on
fait sentir loin» ( 65). Dans le même sens réussit à démontrer que la “perfidie” (au
Baruch Levi à Marx: «le peuple juif (…) sera sens théologique) de la religion juive postbi­
lui-même son propre Messie. Sa domination blique est réelle, ces condamnations de­
sur le monde sera atteinte au moyen de l’uni­ vraient inspirer de la crainte seulement aux
fication des autres races humaines, l’élimina­ nigauds ou aux lâches. En 1970 Umberto
tion des frontières et des monarchies… et au Greco (sous le pseudonyme de Verminjon)
moyen de l’institution d’une république écrivait: «Je me propose de dévoiler les cou­
mondiale» (66). lisses que nous ne voyons pas. L’humanité
Isidoro Loeb, secrétaire de l’Alliance se trouve déjà au bord d’un abîme, à cause
Israélite Universelle admettait lui aussi que du Judaïsme manœuvrant dans l’ombre, qui,
«… ce qui est certain, c’est que, avec ou sans comme un marionnettiste, nous agite» (72).
Messie personnel, les juifs constitueront le
centre de l’humanité, autour duquel les non Le danger judéo-massonique
juifs se grouperont après leur conversion.
Les Nations se réuniront pour aller porter Le Judaïsme est une idéologie animée
leurs hommages au peuple de Dieu» ( 67). par le désir de vengeance. Le grand rabbin
Très réaliste est Zur Beer quand il soutient de Rome Elio Toaff déclarait en 1994 à un
que «sans avoir été absorbé, aujourd’hui l’es­ journaliste qui lui demandait s’il n’y avait
prit juif domine là où avant il était tout juste pas une limite de temps à la rancœur: «La li­
supporté… Nous contrôlons le marché de mite de la rancœur est la vie humaine» (73).
l’or… l’esprit juif a conquis le monde» (68). Cette rancœur que les juifs nourrissent en­
Jacob de Haas, parlant de la Révolution vers tout “goy” (non juif) et spécialement
russe de 1917 affirme qu’elle est une révolu­ envers les chrétiens (74) les porte à les brimer
tion juive (69). J. Bidegain s’exprime très ou­ avec toute sorte d’injustices. Marcus Eli
vertement concernant la Maçonnerie. «…La Ravage écrivait: «Nous avons été la cause
Franc-Maçonnerie, qui est incontestable­ première non seulement de la dernière guer­
ment d’origine juive, est, pour les israélites, re, mais presque de toutes vos guerres» (75).
un instrument d’action et de combat dont ils
se servent secrètement... Les juifs ont créé la Historia magistra vitæ
Maçonnerie dans le but d’y enrôler les
hommes qui n’appartiennent pas à leur Avant l’avènement de Jésus-Christ les
race… Les juifs... qui n’ont pas perdu leur foi Israélites étaient le peuple élu de Dieu, mais
en la reconstruction du Temple, cachent, ils se montraient déjà (sauf les rares excep­
sous cette parole symbolique... la volonté, de tions des Patriarches et des Prophètes) un
faire, du monde entier, un temple gigan­ “peuple à la tête dure”, avide d’argent jus­
tesque où les enfants d’Israël soient prêtres qu’à adorer le veau d’or. Eh bien, depuis
et rois, et où tous les hommes... réduits à la l’Ancienne Alliance ils avaient la caractéris­
servitude par l’organisation capitaliste, tra­ tique - qui s’est aggravée avec le déicide - de
vailleront à la gloire de Jahvé» (70). “mettre à côté des personnes qui ont des
Sans commentaire pour leur prégnance fonctions hautement directives, des femmes
sont les mots d’un auteur juif: «Il n’existe de race juive” (76). Sous les Romains, l’em­
qu’un seul problème sur la terre, et c’est le pereur Tibère appela la communauté juive
problème d’Israël» (71). romaine “un péril pour Rome” (77). L’empe­
reur Claude les expulsa de Rome. Sénèque
Dangers prononça la phrase historique: “judei victori­
bus victi legem dederunt” (les juifs même
D’après ce qui est exposé jusque-là, il est s’ils sont vaincus dicteront la loi aux vain­
évident que l’humanité court un grave dan­ queurs) (78). Dioclétien promulgua des lois
ger: il est donc de notre devoir de lancer un restrictives contre eux. Cicéron, dans Oratio

257
SODALITIUM : La question juive

pro Flacco, prétend craindre la cohésion classes suscitée entre pauvres et riches, dé­
juive. Poppée, par exemple, la femme de tiennent un pouvoir de fer sur tous, pourvu
Néron était une convertie au Judaïsme et qu’ils soient goyim. L’origine juive de Marx,
prosélyte de la porte (79). Voici que, de der­ Trotski et Lénine est connue, et celle des
rière les coulisses, on aperçoit l’ombre de femmes de Staline, et de Molotov, qui préci­
celle qui dressait Rome à persécuter les sément en vertu de sa parenté avec la puis­
Chrétiens; Tertullien confirme «Sinagogæ sante famille des Karp, put maintenir de
Judeorum fontes persecutionum» (80). bons rapports avec cette dynastie de la haute
«L’influence juive parmi les Romains de­ finance judéo-américaine (84). Bolchevisme
vint, à un moment donné, si prépondérante et ploutocratie sont unis au sommet du
que l’on voit pour la première fois, monter Judaïsme: la contradiction n’est qu’apparen­
sur le trône des Césars un empereur d’origi­ te, puisque la dictature communiste en dé­
ne juive… Septime Sévère l’Africain… ayant pouillant les goyim de la propriété privée, la
mis à mort ses ennemis introduisit une dan­ rend à l’Etat, unique supercapitaliste ou
gereuse innovation: le service militaire obli­ ploutocrate. Les masses prolétaires sont uti­
gatoire dans tout l’empire à l’exception des lisées à des fins antibourgeoises; souvent
italiens, à qui au contraire il était interdit. elles se font l’illusion d’instaurer un régime
Désormais ils étaient à la merci des légions dans lequel figure la justice distributive, alors
étrangères… le terrain étant préparé comme qu’elles seront dépouillées de la liberté et
on voulait, commença… une période d’anar­ des biens et ensuite brimées par une dictatu­
chie et de désastres; Rome ne tarda pas à re ou tyrannie, celle de l’Etat-patron (et su­
être envahie par des barbares et… anéantie. percapitaliste). A sa tête, même si cachés
S’accomplissait ainsi la vengeance de la derrière de tierces personnes (il suffit de
Synagogue pour la destruction de Jérusalem penser au multimilliardaire américain
opérée par Titus. Aujourd’hui nous voyons Hamer), il y a souvent les juifs qui, dans le
encore trôner au Forum romain l’un contre transfert général des propriétés, s’emparent
l’autre deux seuls arcs de triomphe: celui de ipso facto de tous les biens des non juifs.
Titus et celui de Septime Sévère… Que la
postérité tienne compte que si Rome a vain­ Difficultés
cu Israël, Israël a détruit Rome» (81). Il n’y a
pas eu de peuple dans le passé auprès duquel Cependant à la réalisation de ce plan
les juifs n’aient pas réussi à s’infiltrer, et qui diabolique s’oppose l’intelligence des goyim:
n’ait pas ressenti à un certain point la néces­ c’est alors que la Synagogue talmudique es­
sité de se libérer et de se défendre d’eux. sayera par tous les moyens d’abaisser le ni­
L’unanimité de réaction, comme remarque veau intellectuel des peuples et, avec lui, la
aussi Bernard Lazare (82), provient du fait capacité de discernement du danger immi­
que la religion talmudique est tellement mal­ nent; tout devient instrument dans ce but,
veillante et encline au crime que les autres de la diffusion de l’immoralité qui abaisse
peuples ont été contraints d’en refuser l’op­ l’homme au niveau de la brute, à la presse;
pression, y compris par la force. des spectacles impudiques et obscènes à la
drogue; en somme tout vice est utile pour
Judaïsme, bolchevisme et ploutocratie enlever aux peuples la faculté de raisonner.

Comme nous l’avons vu plus haut le USA et judéo-maçonnerie


Judaïsme a fondé la Maçonnerie pour impo­
ser son “credo” au monde entier, celui des Benjamin Franklin (qui était pourtant
‘goyim’ (83), en commençant sa pénétration à franc-maçon) disait aux Américains à la
travers les classes haut placées, et en sédui­ Convention Constitutionnelle de Boston de
sant les classes pauvres par le marxisme et le 1789: «Si les juifs ne sont pas exclus des
bolchevisme. Etats-Unis… d’ici moins de cent ans ils nous
Communisme et supercapitalisme ne gouverneront et nous détruiront… je vous
sont donc pas essentiellement ennemis, avertis… si vous n’éliminez pas les juifs…
même s’ils semblent l’être ou le deviennent vos fils et vos petits-fils vous maudiront dans
accidentellement dans certaines circons­ vos tombes. Les idées des juifs ne sont pas
tances. En réalité ce sont des tentacules de la celles des américains» (85).
même pieuvre, qui au moyen de la haine des Et quand on parle des Américains il ne faut

258
SODALITIUM : La question juive

pas confondre le peuple américain, première Malheureusement aussi les catholiques en


victime de la judéo-maçonnerie, avec les gou­ Amérique ont accepté la culture protestante
vernants, pour la plupart juifs et francs-maçons. et maçonnique préexistante aux U.S.A. et y
Le problème américain sont tenacement attachés. Ils ont ainsi uni ce
que Dieu avait divisé: la Foi catholique avec le
Il faut cependant savoir qu’en Amérique culte de la liberté absolue. Révéler ces vérités
existe un vrai problème: le culte de la liberté. signifie peut-être dénigrer l’Amérique? Je
La liberté, entendue non comme faculté avec laisse la parole à l’abbé Sanborn (prêtre amé­
laquelle on choisit le moyen le meilleur pour ricain): «Il y a dans le système américain
faire le bien, mais comme “licence” ou liberti­ quelque chose de très imparfait en ce sens que
nage: vouloir faire tout ce qui plaît, même le c’est un Pays qui ne professe publiquement et
mal; la liberté de religion, de culte ou d’ex­ officiellement aucune religion... Il n’est en au­
pression. «L’attachement à la liberté [écrit un cune façon contraire à la justice de son propre
prêtre américain, n.d.r.] représente... l’essence pays, de signaler ses erreurs, en particulier ses
de la culture américaine» (86). Cette idolâtrie erreurs systématiques... Personne ne me
n’est pas seulement américaine; malheureuse­ convaincra jamais que l’indifférence du gou­
ment aujourd’hui toutes les démocraties euro­ vernement américain vis-à-vis de Dieu est une
péennes sacralisent la liberté. Le culte de la li­ chose qui Lui agrée» (87). Que nous sommes
berté est étroitement lié à la Maçonnerie loin de certains “catholiques” italo-brésiliens
(même la Maçonnerie américaine), qui tend à qui bien que se faisant passer pour “inté­
libérer l’homme de la “tyrannie” de l’Eglise gristes” nous proposent comme modèle
catholique et de Jésus-Christ! La culture amé­ l’Amérique, le libéralisme conservateur amé­
ricaine a été imprégnée de principes con­ ricain; l’un d’eux est même arrivé à mieux ap­
traires à la Foi catholique, grâce à l’influence précier la Maçonnerie américaine puisque to­
qu’ont eue en Amérique la Judéo-maçonnerie lérante en matière religieuse et, naturelle­
et le Protestantisme, avant que le Catho­ ment, anticommuniste et philo-latifundiste!
licisme puisse s’y implanter et prospérer.
Même le clergé américain n’a pas été épargné Qui gouverne l’Amérique?
par cette influence. Au XIXème siècle le cler­
gé était divisé en deux tendances: les catho­ En vérité la nation la plus fortement sou­
liques-libéraux et les anti-libéraux. Les pre­ mise aux intérêts juifs est aujourd’hui
miers faisaient leur le culte de la liberté (ou l’Amérique, où ce ne sont pas tant en réalité
mieux de la “licence”); alors que les anti-libé­ les Présidents américains qui gouvernent
raux le réfutaient puisqu’il affaiblissait la pu­ qu’au contraire le Gouvernement central juif
reté de la Foi. Ce furent malheureusement les ou ‘Kahal’, qui à son tour dirige les gouverne­
catholiques-libéraux qui prévalurent. Donc le ments régionaux ou ‘Kehillah’, les loges et les
Catholicisme qui s’est développé en Amé­ gouvernements. Paul Finley a écrit: «Le pre­
rique a fait abstraction (dans la plupart des mier ministre d’Israël a beaucoup plus d’in­
cas, sauf les exceptions valables) du principe fluence sur la politique étrangère des Etats-
catholique de la soumission de l’Etat à Unis au Moyen Orient, que dans son Pays»
l’unique vraie Eglise, celle fondée par Jésus- (88). Alain Cotta: «Aux Etats-Unis, où vivent
Christ, l’Eglise catholique apostolique et ro­ six millions de juifs, leur voix, peut être déter­
maine. Elle seule a droit à la liberté (puisque minante puisque la majorité électorale... peut
seule la vérité a des droits, non l’erreur); les être atteinte grâce à un écart de 3 ou 4%... En
autres confessions peuvent être tolérées pour 1988 les élections américaines pour le Sénat
empêcher un dommage plus grand, mais ne exigeaient un effort publicitaire de 500 mil­
sont pas sujet de droit. Jésus est Roi, non seu­ lions de dollars» (89). Wrofsky affirme: «Le
lement du fidèle pris individuellement, mais lobby le plus puissant officiellement accrédité
de la société dont il reçoit un culte publique, au Capitole est l’American Israel Public
et ce culte est uniquement celui qu’il a insti­ Affairs Comitee» (90). L’ex-premier ministre
tué: le culte catholique-romain. En Amérique anglais Clement Attlee fit en son temps cette
au contraire, le droit à la liberté d’action pour déclaration: «La politique des Etats-Unis en
toutes les écoles de pensée et les différentes Palestine était modelée par le vote des juifs et
confessions religieuses est considéré comme par les subventions des plus grandes firmes
sacro-saint même par une grande partie du juives» (91). John F. Kennedy, lors de sa pre­
clergé (déjà avant le Concile Vatican II). mière rencontre avec Ben Gourion lui dit: «Je

259
SODALITIUM : La question juive

ner le monde!... La vérité est différente: ce ne


sont pas les Américains, le peuple américain,
qui veut dominer la planète, mais les forces qui
régentent l’Amérique» (96). L’auteur démontre
avec de nombreuses citations que la haute fi­
nance contrôle le Parti Démocrate et le Parti
Républicain, et par conséquent la politique
américaine. Les représentants de la haute fi­
nance sont: Lehman, Baruch, Rosenwald,
Guggenheim, Rockefeller, Lewinsohn...
«Bernard Baruch, du B’naï B’rith, était le
numéro un du brain trust du Président
Roosvelt, qui comptait une demi-douzaine
de ses amis, eux aussi étroitement unis au cé­
lèbre Ordre international maçonnique» (97).
«Le Président Gerald Ford, franc­
maçon, avait atteint le 33° degré lorsqu’il
succéda à Nixon.
Carter accéda à la Maison Blanche en
1977... Il avait été choisi et propulsé par la
Trilatérale... En 1978, Jimmy Carter appela
Tombe du P. Tomaso da Sardegna à Damas auprès de lui un nouveau conseiller, Edward
Sanders, qui quitta la présidence de l’Ame­
sais que j’ai été élu grâce au vote des juifs rican Israel Public Affairs Comittee, une orga­
américains: je leur dois mon élection. Dites­ nisation contrôlée par le B’naï B’rith, pour de­
moi ce que je dois faire pour le peuple venir officiellement le conseiller du Président»
juif» (92). Après Kennedy, Lyndon Johnson (98). Quand Ronald Reagan arriva à la Maison
alla encore plus loin. Un diplomate israélien Blanche, bien que n’étant pas affilié à la Tri­
écrivit: «[avec la mort de Kennedy, n.d.r.] nous lateral, ou au C. F. R., ou au Bilderberg ou au
avons perdu un grand ami, mais nous en avons B’naï B’rith et pas non plus à la Maçonnerie, il
trouvé un meilleur... Johnson est le meilleur ne rompit pas avec les habitudes prises par ses
ami que l’Etat juif ait eu à la Maison Blanche» prédécesseurs: en effet son Vice-Président
(93). En effet Johnson appuya largement la George Bush, était membre du C. F. R. et de
guerre des six jours. A ce moment-là 99% des la Trilateral; son Secrétaire d’Etat, le général
juifs américains défendait le Sionisme: «Etre Haig, était un adepte du C. F. R., comme son
juifs aujourd’hui signifie être liés à Israël» (94). secrétaire au Trésor, Donald T. Regan; son se­
Carter aussi continua dans la même voie et dé­ crétaire à la Défense, Weinberger, était de la
clara à la synagogue d’Elisabeth: «J’honore le Trilateral. Pour ce qui est de Clinton le 16 sep­
même Dieu que vous. Nous (baptistes) étu­ tembre 1992 le Jewish Post écrivait: «Sur sept
dions la même Bible que vous... La survivance conseillers de Clinton cinq sont juifs». En 1995
d’Israël... est un devoir moral» ( 95). Paul les conseillers juifs sont neuf sur dix. En dé­
Finley, dans son livre They dare to speak out, cembre 1996 Clinton change de secrétaire
publié en 1985, a décrit le fonctionnement ac­ d’Etat et choisit Madeleine Albright, juive née
tuel du lobby sioniste et son pouvoir. Cette vé­ en Tchécoslovaquie (99).
ritable «succursale du gouvernement israé­ Evidemment les Présidents passent, les
lien» contrôle le Congrès et le Sénat, la Sociétés secrètes restent... «Il y a à Wa­
Présidence de la République, le département shington, une force plus discrète, mais étran­
d’Etat et le Pentagone, tout comme les media, gement plus puissante que le Président de la
et exerce son influence tant dans les République: ce sont les Sociétés secrètes, qui
Universités que dans les Eglises. Aucune déci­ ont infiltré le Gouvernement, le Parlement et
sion concernant Israël ne peut être prise, au qui dictent littéralement leur loi aux repré­
niveau exécutif, sans qu’elle soit immédiate­ sentants du peuple américain» (100).
ment connue du gouvernement israélien.
Georges Virebeau a écrit un intéressant L’anticléricalisme
ouvrage intitulé: Mais qui gouverne l’Amé­
rique? On peut y lire: «L’Amérique veut domi­ L’Eglise catholique est le principal enne-

260
SODALITIUM : La question juive

mi de la judéo-maçonnerie dont le projet que prétendre à l’intelligence et à la réaction


spécifique est de «…travailler sans trêve de nos jours, ne soit complètement impossible,
pour [en] diminuer l’influence. Il convient étant déjà peut-être, réellement, plus temps.
donc d’imprimer dans l’esprit de ceux qui Et ce à cause de la dégradation morale à la­
professent la Religion chrétienne les idées quelle nous sommes arrivés, qui a fait précipi­
de libre pensée, de scepticisme, de schisme ter le niveau de l’intelligence humaine… par
et provoquer des querelles religieuses. terre… Comment sortir de ces ténèbres? Il n’y
Logiquement il convient de commencer par aurait rien d’autre à faire qu’à élever à nou­
mépriser les ministres de cette religion… en veau le niveau de la moralité et de l’intelligen­
provoquant des soupçons sur leur dévotion, ce, mais de cela, aïe! combien nous sommes
sur leur conduite privée» (101). éloignés. Combien de difficultés s’y opposent!
C’est le propre de la Synagogue juive de Que Dieu nous aide!… [Hélas] nous avons
voir dans le clergé son ennemi, comme l’af­ subi un tel lavage de cerveau que nous ne
firme déjà St Jean Chrysostome ( 102); son sommes plus capables d’entendre des choses
but, d’après l’un des plus grands spécialistes sérieuses,… seule une force surhumaine pour­
du rabbinisme, est d’«abattre la Religion rait encore nous ouvrir les yeux… Ou nous
chrétienne» (103). C’est pourquoi Verminjon, crions aujourd’hui à haute voix ou notre
se référant à l’œuvre du juif converti Pèr­ bouche restera fermée pour toujours» (107).
gola (104), soutient que le Judaïsme n’est pas Certainement il faut avoir courage et force
une religion mais une école d’impiété. pour ne pas se laisser intimider par les sys­
tèmes employés par l’ennemi. Par exemple
Le remède d’après Verminjon, souvent ce sont les juifs
qui orchestrent une campagne artificielle d’an­
Face a une conjuration d’une telle am­ tisémitisme pour localiser la plus forte réac­
pleur, le salut dépend avant tout de l’inter­ tion au Judaïsme et pour obtenir des gouver­
vention de Dieu et aussi de notre conduite. nements des lois en leur faveur et pour réduire
Ce n’est que si les hommes, coopérant avec au silence quiconque ose combattre le
Dieu, essayent de réagir en se vainquant Judaïsme, en mobilisant gouvernements, insti­
eux-mêmes et en luttant contre la triple tutions et opinion publique. (Et ici il faut rap­
concupiscence, le monde et le démon, qu’ils peler que l’antijudaïsme n’a rien de commun
pourront changer substantiellement les avec l’antisémitisme et le préjugé raciste). Il ne
choses. Il faut comprendre qu’à partir du faut cependant pas se laisser intimider par ces
déicide le Judaïsme est mû, dans sa haine du manœuvres mais continuer à proclamer la vé­
Christ, par l’envie et par l’orgueil, comme rité, fût-ce même usque ad effusionem sangui­
l’affirmait déjà St Thomas (105), et qu’actuel­ nis, se rappelant que, même si aujourd’hui on
lement aussi il exerce le rôle de tentateur semble perdants et vaincus, la victoire à la fin
des âmes, quand ce n’est pas celui de fouet. ne fera pas défaut, puisqu’elle a été prophéti­
Et nous, que faisons-nous alors que le sée par Notre-Seigneur Jésus-Christ, la Vérité
Sanctuaire brûle? Nous nous occupons hélas infaillible: «Portæ inferi non prævalebunt».
d’une myriade de choses contingentes, et
peut-être même importantes, mais nous ne Un patron dans la bataille contre la Judéo­
pensons pas à nous sauver en éteignant le feu. maçonnerie: le Père Kolbe
«Ah! permettez-moi - écrivait St Louis
Marie de Monfort - de crier partout: Au feu, «Maintenant que la lumière est faite et
au feu! A l’aide, à l’aide! Au feu dans la mai­ que le secret est évident, il est temps d’ou­
son de Dieu, au feu jusque dans le Sanctuaire! vrir les yeux sur l’ampleur du péril et de ras­
A l’aide de notre frère qu’on assassine, à sembler les forces du Christianisme en vue
l’aide de nos enfants qu’on égorge, à l’aide de de la défense commune. C’est une question
notre bon père qu’on poignarde!… Exsurge, de vie ou de mort… Que les orateurs et la
Domine, quare obdormis? Exsurge… Sei­ presse qui ne sont pas liés au maçonnisme
gneur, levez-vous!… pour vous former une juif parlent clairement et fulminent pour
compagnie choisie de garde-corps, pour gar­ illuminer ceux qui ne voient pas la machina­
der votre maison, pour défendre votre gloire tion dénoncée… ne signifie pas offenser ou
et sauver vos âmes, afin qu’il n’y ait qu’un manquer à la charité… mais est légitime dé­
bercail et qu’un pasteur… Amen!» (106). fense non seulement pour les corps mais
Verminjon écrivait: «Mais je crains fort plus encore pour les âmes. C’est suivre

261
SODALITIUM : La question juive

l’exemple du Christ, qui a eu des paroles de


feu contre les dirigeants d’Israël.
Ce qui serait un manque de charité… se­
rait au contraire de maintenir un silence gla­
cial sur l’action de perversion des ennemis
du Christ et de la société» (108).
Face à l’objection répandue et stupide
selon laquelle Jésus-Christ aussi était de
race juive et que par conséquent il faut vé­
nérer le Judaïsme et considérer les juifs
comme des frères aînés, on doit répondre
avec St Thomas que l’on ne doit pas vénérer
les anges rebelles, en haine de Dieu le Père,
par le seul fait qu’ils furent des anges.
Il faut au contraire, dans la charité, mettre
en garde contre les risques du philo-judaïsme
régnant; suivons en cela les traces du Père
Kolbe (109), qui fut infatigable à dénoncer le
danger maçonnique et le danger juif et à atti­
rer tout le monde à la vraie foi en Notre-
Seigneur Jésus-Christ; «…dans ce but il
conçut la résolution de se livrer de toutes ses Le P. Maximilien Kolbe à l’âge de 19 ans
forces à faire barrage contre ces mouve­
ments… [et] dans cette perspective… fonda la Le Christianisme est bien plus en opposi­
Milice de l’Immaculée» (110). Le religieux fran­ tion avec le Judaïsme qu’avec le paganisme
ciscain nous a laissé un enseignement lumi­ ou avec n’importe quelle autre fausse “reli­
neux concernant le danger judéo-maçon­ gion”. En effet le Judaïsme par l’intermé­
nique: «Dans les années précédant la guerre... diaire de la Cabale impure et du Talmud a
à Rome, la mafia maçonnique... faisait la loi. essayé d’ensevelir la Bible et a mis en croix
(...) Elle ne renonça pas... à déployer à travers Notre-Seigneur Jésus-Christ.
les rues de la ville... un étendard... à l’effigie Le Christianisme est la religion qui affir­
de St Michel Archange sous les pieds de me la divinité du Christ, le Judaïsme est le
Lucifer! (...) et même à écrire: “Satan doit ré­ système qui la nie le plus radicalement et la
gner au Vatican”» (111). Et il s’adressa encore crucifie: c’est pourquoi l’opposition entre
aux francs-maçons et aux juifs: «Messieurs les Christianisme et Judaïsme n’est pas seule­
maçons... réfléchissez... s’il n’est pas mieux de ment de contrariété mais de contradiction.
servir le Créateur... plutôt que d’obéir aux De là naît la suprême alternative pour
ordres de la cruelle clique juive, mystérieuse, les individus comme pour les nations: ou
rusée, méconnue et qui vous hait? Et à vous, sainteté chrétienne ou gnose juive.
petite poignée de juifs... qui cachés... avez pro­ Je termine par la citation d’une oraison
voqué consciemment déjà tant de malheurs et du IIIème Dimanche de Carême tirée du
êtes en train d’en préparer encore plus (...): rite ambrosien: «Oh combien perfide, perti­
quel avantage en recevez-vous? ...Ne serait-il nace, l’inique peuple juif, qui ne veut pas re­
pas mieux si vous aussi, maçons... dupés par connaître le Père céleste et se glorifie dans
un groupe de juifs, et vous chefs juifs, qui sa descendance... ô peuple ingrat! …nous au
vous êtes laissés séduire par Satan... recon­ contraire… nous avons pris la place et le
naissiez le Sauveur Jésus-Christ...?» (112). royaume des juifs. Par le Christ Notre-
Que le Père Kolbe nous serve d’exemple Seigneur» (113).
et intercède pour nous en nous obtenant la
lumière nécessaire pour voir le danger immi­ Notes
nent sur la Chrétienté et la force pour agere
contra per diametrum, usque ad mortem. 1) A. DALLE DONNE, Valenze etico-speculative del rea­
lismo metafisico, Marzorati, Settimo Milanese 1993, p. 253.
Conclusion. Christianisme ou Judaïsme: 2) A. C AQUOT - E. G UGENHEIM - L. S ESTRIERI ,
Storia dell’Ebraismo, édité par H.C. PUECH, Laterza,
telle est la suprême alternative! Roma - Bari 1985, p. 264.
3) A. CAQUOT- E. GUGENHEIM - L. SESTRIERI, op.

262
SODALITIUM : La question juive

cit., pp. 242-271 passim. 43) A. DALLE DONNE, op. cit., p. 282.
4) Jér. VIII, 8. 44) A. DALLE DONNE, op. cit., p. 285.
5) O RIO N ARDI , Il vitello d’oro, Linea diretta, 45) Shalom, 30 avril 1994, p. 13.
Milano 1989, p. 53. 46) A. DALLE DONNE, op. cit., p. 289.
6) S ANTANGELO , L’ultima battaglia, Adrano 47) O. NARDI, Il Vitello d’oro, ed. Linea diretta,
(Catania) 1985, p. 27. Milano 1989, p. 24. Voir aussi J. LOMBARD, La cara
7) F. G. DE QUEVEDO, Obras completas, Madrid oculta de la Historia Moderna, Fuerza Nueva, Madrid
1945, cité par GIOVANNI VANNONI, Le società segrete 1979, vol. I, pp. 117-177 et 235-253.
dal ‘6oo al ‘900, Sansoni, Firenze 1985, pp. 44-365. 48) O. NARDI, op. cit., p. 103.
8) A. ROMEO, Il Giudaismo, in Il presente e il futuro 49) O. NARDI, op. cit., p. 25.
della Rivelazione biblica, Roma-Parigi-Tournai-New- 50) Le magistère épiscopal s’est ainsi exprimé
York 1964, pp. 204-242. concernant la société multiethnique: «L’unité du Pays
9) Matth. XXIII, 15 et 33. dans la vraie foi constitue la plus élevée de ses valeurs
10) Jn VIII, 44. spirituelles. Cette unité peut être brisée si l’on ouvre les
11) I Thess. II, 15. frontières à des courants d’immigration qui constitue­
12) Actes II, 14-40. ront des tumeurs religieuses!… Au total détriment spi­
13) Ap. II, 9 - III, 9. rituel des populations catholiques». Mgr ANTONIO DE
14) Deut. XXXII, 1-33; Is. I, 21; X, 5-11; Jér. VI, C ASTRO M AYER , Evêque de Campos, in Problemi
8–19; XVIII, 13-17; Ez. IX, 9-22. dell’Apostolato moderno, Parma 1964, p. 95.
15) Os. X, 15. 51) O. NARDI, op. cit., p. 104.
16) Jn V, 45. 52) On connaît les noms des participants italiens : à
17) D. P ERGOLA , L’antisemitismo e i torti degli Cesme, en Turquie, du 25 au 27 avril 1975, on trouve
ebrei, Torino 1889, p. 4. Giovanni Agnelli, Guido Carli, Roberto Ducci, Giorgio
18) O. NARDI, Gnosi e Rivoluzione, Grafiche Pavo­ La Malfa, Arrigo Levi; à Villa d’Este le 24 avril 1965,
niane, Milano 1991, p. 13. Ugo La Malfa, Giovanni Malagodi, Franco Maria
19) Cf. Sodalitium n° 36, pp. 4-11. Malfatti, Alberto Pirelli; à Megève, en France, du 15 au
20) A. DALLE DONNE, op. cit., pp. 285-6. 21 avril 1974, Enzo Bettiza, Alberto Ronchey ; à
21) Jér. II, 13. Torquay en Angleterre du 22 au 24 avril 1976, Tina
22) O. NARDI, Il Vitello d’oro, p. 250. Anselmi; à Aquisgrana du 10 au 12 avril 1980, Giorgio
23) B. MARIANI, L’ateismo degli Angeli, in AA.VV. Benvenuto, Barbara Spinelli, Romano Prodi.
Ateismo e Bibbia, Assisi 1988, p. 220. 53) O. NARDI, op. cit., p. 204.
24) ST JUSTIN, Dialogue avec Tryphon, 133, 6, trad. 54) O. NARDI, op. cit., p. 215.
di G. Visonà, Milano-Torino 1988, p. 370. 55) Tout le monde ou presque parle de la loge P2
25) Cf. ST THOMAS, Somme Théologique, Ia q. 94 a. comme d’une organisation maçonnique de “droite” en
1- 2a 2æ q. 2 a7. faisant référence au passé de Licio Gelli, d’abord soldat
26) Actes VIII, 18 ss. volontaire dans la guerre civile espagnole contre les
27) P. C. LANDUCCI, Cento problemi di fede, Assisi communistes et ensuite comme adhérent à la RSI.
1962, p. 238. Cependant «en 1944 on le retrouve collaborant
28) Comme il l’avait déjà fait avec Voltaire, par avec les partisans, en particulier avec les hommes du
exemple. PCI de Pistoie. (…) Il s’était donc transformé en déla­
29) Sur la morale talmudique voir les citations de teur de ses anciens camarades, en établissant un contact
Mgr Pranaitis in Sodalitium n° 36, pp. 4-11. avec les services secrets italiens» [M. TEODORI, P2: la
30) Selon Freud il faut se débarrasser de toute controstoria, ed. Sugarco, Milano 1986, p. 19]. Un Gelli
contrainte religieuse, en particulier de la «Thora». Ici donc ambivalent, en même temps fasciste et communis­
on distingue le caractère anti-vétérotestamentaire du te, démocrate-chrétien et informateur des services se­
Judaïsme postchrétien, qui a rompu non seulement crets italiens? Non, simplement franc-maçon et en tant
avec le Christ, mais aussi avec Moïse (comme Jésus que tel “transversal à tous les partis” ou organisations.
l’enseigna dans l’Evangile). On ne s’étonne pas dans ces conditions de le savoir
31) Combien de suicides de pauvres garçons très en contact avec le KGB [PIERRE DE VILLEMAREST in
jeunes, désormais incapables de supporter un reproche Centre Européen d’information, 7 juin 1994, n° 6, p. II], ni
de leurs parents ou une mauvaise note à l’école! d’apprendre que durant son activité de militant dans la
32) “Cui servire regnare est”. RSI il était muni d’une «attestation d’une association
33) Pie XII, Pour l’anniversaire de Rerum juive à l’“héroïque ami” qui a libéré des prisonniers juifs»
Novarum, juin 1941. [GIANCARLO PENNA, in Il Giornale, 22 août 1994, p. 3].
34) ST PIE X, Encyclique aux Evêques d’Italie, 11 «Le premier tour de valse Gelli l’exécuta (…) entre
juin 1905. 1943 et 1945 en se transformant de soldat de la
35) DOM CHAUTARD, L’âme de tout apostolat, Abbaye République Sociale Italienne en collaborateur des par­
de Sept-Fons, Dompierre-sur-Besbre 1934, p. 147. tisans et même protégé par le PCI. (…) Le second tour
36) Ibid. p. 168. de valse Gelli l’exécuta à la Maddalena où, en sep­
37) Du sanscrit “pr-nâm”: plénitude, multitude. tembre 1945, il fut arrêté pour des délits commis par un
38) Si nous sommes dix sur la coupole de Saint- collaborateur. De sa propre initiative, au premier inter­
Pierre et que six décident que nous devons nous jeter rogatoire des gendarmes il fournit une liste détaillée de
en bas, je dois le faire moi aussi, malgré moi, d’après le 56 collaborateurs de la RSI et des nazis, détaillant pour
principe selon lequel la majorité a toujours raison. chacun faits et attitudes» [M. TEODORI, op. cit. pp. 54 ­
39) A. DALLE DONNE, op. cit., p. 281. 55. Le 29 septembre 1950 le Centre de contre-espionna­
40) Sanhedrin Jerosol. 22 a. ge de Pistoie envoie au Sifar [Renseignements
41) Jn XI, 45-53. Généraux italiens de l’époque] central une note sur
42) Jn XVIII, 40. Licio Gelli “agent suspect du Kominform”, le décrivant

263
SODALITIUM : La question juive

comme un personnage “capable d’exécuter n’importe 90) MELVIN I. WROFSKY, We are one! American jewry
quelle action”, qui en 1944 a commencé la collabora­ and Israel, Ander Press-Doubleday, New York 1978, p. 265.
tion avec le PCI et qui aujourd’hui encore exerce des 91) C. A TTLEE , A Prime Minister Remember,
activités en faveur des Pays de l’Est communiste [cf. M. Heinemann, London 1961, p. 181.
TEODORI, op. cit., p. 55]. En outre, d’après Teodori 92) E. TIVNAN, The lobby, p. 56.
vingt-quatre morts suspectes sont liées d’une certaine 93) I. L. KENAN, Israel’s defense line, Prometheus,
manière à sa personne. Buffalo 1981, pp. 66-67.
Méritent attention le livre de ROBERTO FABIANI, I 94) S. AVINERI, The Making of Modern Sionism,
massoni in Italia, ed. Libri dell’ESPRESSO, Milano 1978, Basis Book, New York 1981, p. 219.
[qui met à nu la haine de Gelli pour les prêtres et ses 95) The Time, 21-06-1976.
rapports avec Jimmy Carter, le duc de Kent, Grand 96) G. VIREBEAU, Mais qui gouverne l’Amérique?,
Maître de la Grande Loge Unie d’Angleterre, et la plu­ éd. Henry Coston, Paris 1991, p. 3.
part des politiques italiens], celui d’Enrico NASSI, La 97) Ibid., p. 5.
Massoneria in Italia, ed. Newton, Roma 1994, et celui 98) Ibid., pp. 10-11.
de CECCHI, Storia della P2, Ed. Riuniti, Roma 1985. 99) Il Foglio, 11 décembre 1996. La Stampa, 5 fé­
56) J. STIMPELE, La Chiesa cattolica e la Masso­ vrier 1997.
neria, in “Quaderni di Cristianità”, printemps 1986, n° 100) Ibid., p. 14.
4, pp. 45 ss. 101) Discours-programme tenu par le Rabbin
57) Il y avait presque tout le sommet des forces ar­ Reicborn au ‘Raleb’ de Prague en 1880, et publié par
mées et des services secrets. Sir John Radcliff sur Le Contemporain le 1/7/1886. Cf.
58) M. GAMBINO, La loggia P2: la storia e i docu­ VERMINJON, op. cit., p. 86.
menti, Libera Informazione editrice, supplément au n° 102) ST JEAN CHRYSOSTOME, Contra Judeos, hom. I.
12 d’Avvenimenti, année V, p. 5. 103) BUXTORFIUS SENIOR, Synagoga Judaica, Bâle,
59) M. GAMBINO, op. cit., p. 9. 1603, p. 24.
60) M. GAMBINO, op. cit., p. 17. 104) DANIELE PERGOLA, Gli ebrei popolo reietto e
61) M. GAMBINO, op. cit., p. 13. maledetto da Dio, Torino 1886.
62) De Il Giornale, 14/5/1994, p. 11. 105) ST THOMAS D’AQUIN, Super Matt. XXVII, 18;
63) O. NARDI, op. cit., p. 237. n° 233, Marietti, Torino 1951.
64) H. DELASSUS, Le problème de l’heure présente, 106) SAINT LOUIS MARIE DE MONFORT, Prière embrasée.
Desclée, Lille-Paris 1905, vol. I p. 396. 107) VERMINJON, op. cit., pp. 145-7.
65) Cf. Archives Israélites, 1861. 108) VERMINJON, op. cit., pp. 183.
66) Revue de Paris, ann. 35, n° 2, p. 574. 109) «Il est difficile de retrouver dans l’histoire des
67) I. L OEB , La Littérature des pauvres dans la dernières décennies une figure plus héroïque et plus popu­
Bible, Paris, 1892, p. 218. laire que Maximilien Kolbe». In R. ESPOSITO, Santi e mas­
68) Die Geheimnisse, 3° ed. 1919, p. 17. soni al servizio dell’uomo, Bastogi, Foggia 1992, p. 193.
69) In The Macabean cité par O. NARDI, op. cit. p. 241. 110) Ibid., p. 193.
70) J. BIDEGAIN, Grand Orient, ses doctrines et ses 111) Gli scritti di Massimiliano Kolbe, Città di Vita,
actes, p. 186, cité in DELASSUS, op. cit., p. 363. Firenze 1975-1978, 3ème volume, p. 771.
71) J. IZOULET, Paris capitale des religions, ou la 112) Ibid., p. 299.
mission d’Israël, Albin Michel, Paris 1926, p. 56. 113) “Les juifs - écrivaient Giuliotti et Papini ­
72) VERMINJON, Le forze occulte che manovrano il n’auraient pas pris le pouvoir qu’ils ont et n’auraient
mondo, tip. S.A.T.E.S., Roma 1970, p. 6. pas tant d’outrecuidance, si les chrétiens étaient vrai­
73) La Stampa, 4 novembre 1994, p. 20. ment chrétiens et n’avaient pas adopté les valeurs
74) Cf. MGR G. B. P RANAITIS , Christianus in juives. La conversion des chrétiens au Christianisme
Talmude Judeorum, Pietroburgo 1842. apporterait la fin du sémitisme et donc de l’antisémitis­
75) Country Magazine, n° 3-4, 1928; cité in me et peut-être la conversion des juifs eux-mêmes à la
VERMINJON, op. cit., p. 23. Vérité crucifiée en Judée”. In G IULIOTTI - P APINI ,
76) VERMINJON, op. cit., p. 28. Dizionario dell’omo selvatico, Firenze 1923, p. 190.
77) Cf. SVETONIO, Vite dei Cesari.
78) De superstitione, ed. Bipont, 1782, vol. IV, p. 423.
79) Cf. TACITE, Annales, ch. 61, livre X.
80) TERTULLIEN, Scorp., c. X.
81) V ERMINJON , op. cit. pp. 29-31. Cf. aussi U.
BENIGNI, Storia sociale della Chiesa, cité in Sodalitium
(éd. ital.) n° 43, pp. 29-33.
82) B ERNARD LAZARE , L’Antisémitisme, Docu­
ments et Témoignages, Vienne 1969.
83) Cf. Sodalitium n° 34, pp. 21-46.
84) “Les grands fournisseurs américains à l’URSS
de bateaux, armes, machines, utensiles, etc.… passèrent
tous par la Famille Karp” [VERMINJON, op. cit. p. 43].
85) Cité in VERMINJION, op. cit., p. 73.
86) ABBÉ D. SANBORN, in Sodalitium n° 45, p. 41.
87) Ibid., pp. 54-55.
88) P. FINLEY, They dare to speak out, Lawrence
Hill, Chicago 1989, p. 92.
89) A. COTTA, Le capitalisme dans tous ses états,
Fayard, Paris 1991, p. 158.

264
SODALITIUM : La question juive

“une source historique”, d’après l’avis de l’au­


torisée Encyclopédie Juive! Et est étudié
comme telle.
Il existe ensuite un autre ouvrage très sé­
rieux, qui est comme la reproduction du
LE GRAND KAHAL: UN livre de Brafmann; il s’agit de l’étude de
Kalixt de Wolski, La Russie juive (3). Cette
TERRIBLE SECRET œuvre aussi connut le même sort que celle
de Brafmann; heureusement j’ai réussi à
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia m’en procurer une copie. Enfin Vial, s’inspi­
rant du livre de Wolski, écrivit en 1889 un
INTRODUCTION intéressant ouvrage intitulé Le Juif sectaire
ou la Tolérance talmudique, (4) qui constitue

E n étudiant le problème juif, je suis


tombé encore une fois sur un secret:
celui du Kahal. Peu d’auteurs en ont traité
un excellent résumé de la question.
Ce sont les trois sources principales aux­
quelles j’ai puisé; je citerai au cours de l’article
et tous en restent à l’œuvre fondamentale d’autres études sur ce sujet publiées par la suite.
d’un juif converti, Jacob Brafmann, qui est Dans le présent article donc, j’essayerai
presque totalement introuvable. de jeter un peu de lumière sur le mystère du
Après de longues et difficiles recherches, Kahal, en me prévalant de l’œuvre de
j’ai réussi à en trouver la traduction (manuscri­ Brafmann et d’autres livres ou articles (en
te) en langue française (l’original existe aussi vérité rares, mais sérieux) écrits sur ce
en russe, au British Museum, de même qu’une thème brûlant et de grande importance et
version en polonais et une en allemand). actualité.
Jacob Brafmann, un russe d’origine
juive, se convertit au Christianisme à trente­ EXISTE-T-IL ENCORE UN TRIBUNAL
quatre ans et fut nommé professeur d’hé­ JUIF?
breu au Séminaire théologique gouverne­
mental de Minsk. En 1870 il publia en Chaque peuple, religion et société a ses
langue russe, à Vilnius, son œuvre Le Livre lois et ses tribunaux. Le peuple juif ne fait
du Kahal. Les juifs achetèrent pratiquement pas exception; dans l’Ancien Testament il
tous les exemplaires et les détruisirent. était gouverné par le Sanhédrin. Après la
Cependant un exemplaire fut sauvé et il y destruction de Jérusalem et la dispersion,
eut aussi une traduction française de l’ou­ privé qu’il était d’une organisation étatique,
vrage qui parut en 1873, intitulée: Livre du a-t-il maintenu, sous une forme secrète, des
Kahal. Matériaux pour étudier le Judaïsme
en Russie et son Influence sur les populations Serguei Nilus, auteur des Protocoles des Sages de Sion
parmi lesquelles il existe.
L’Encyclopaedia Judaica écrit à ce sujet:
«Brafmann attaqua l’organisation juive
(Kahal) dans différents périodiques russes, en
la décrivant... comme un Etat dans l’Etat et
affirma qu’elle faisait partie d’une conspira­
tion internationale juive. En 1869, Braf­
mann... publia le Livre du Kahal, une traduc­
tion en russe des minutes de la Kehillah de
Minsk... Bien que Brafmann ait été accusé de
faux, en réalité son livre était une traduction
très consciencieuse de documents, il a servi à
de nombreux chercheurs comme source histo­
rique pour la connaissance de la vie interne
du Judaïsme russe au XIXème siècle» (1). Le
Livre du Kahal n’est donc pas un faux comme
le seraient les Protocoles des Sages de Sion
(même s’ils disent la vérité), ainsi que l’a affir­
mé récemment Norma Cohn (2), mais plutôt

265
SODALITIUM : La question juive

tribunaux héritiers de l’ancien Sanhédrin?


Nous verrons comment d’après différentes
sources on peut répondre affirmativement.
Je citerai avant tout des auteurs connus et
sérieux tels que Monseigneur Jouin, Léon
de Poncins, Hugo Wast (pseudonyme de G.
Martinez Zuviria) et Henry Ford. L’existen­ Léon de Poncins
ce du Kahal sera ensuite confirmée par les (3 novembre 1897-18
auteurs juifs Simon Schwarzfuchs et Israël décembre 1975)
Shahak.

MONSEIGNEUR JOUIN

Dans la très célèbre et prestigieuse secrets, mais ses manifestations extérieures


Revue Internationale des Sociétés Secrètes (5) montrent une autorité et un pouvoir occulte
on peut lire un intéressant article sur le indéniables» ( 8). L’auteur parle aussi «de
Kahal, qui ouvre de vastes horizons et incite l’existence de la direction centrale d’une
à aller aux sources. puissance considérable» (9), qu’est le Kahal.
Dans cet article on apprend que pour les
juifs le Talmud est la loi, mais pour ce qui HUGO WAST ET LE KAHAL
concerne son application, il faut qu’existe un
pouvoir exécutif et judiciaire, et ceci appar­ Gustavo Martinez Zuviria, Directeur de
tient à un groupe restreint de magistrats. Le la Bibliothèque Nationale d’Argentine, et
collège souverain de ces juges est le Kahal, Ministre de la Justice et de l’Instruction
qui signifie: assemblée, réunion, communauté. Publique, a écrit en 1954 un intéressant livre
Le Kahal est donc l’assemblée des repré­ sur le Kahal (10).
sentants d’Israël. Cette institution remonte Il écrit dans ce livre: «Peu de problèmes
aux temps les plus anciens, par exemple au sont aussi difficiles à résoudre que celui du
temps de Moïse (6). Malgré la Dispersion gouvernement interne du peuple juif. Il n’y
(130 après J.-C.) le Kahal ne perdit ni son a pas de mystère tenu plus tenacement se­
influence ni son autorité, mais ne fonctionna cret... Le gouvernement du peuple juif est
plus au grand jour et resta confiné à l’ombre une véritable société secrète. Et comme
des ghettos et des synagogues. dans toutes les sociétés secrètes il y a des
Aujourd’hui comme hier, le Kahal est le initiés qui... ne parviennent jamais aux pre­
régulateur de la vie juive. «Il représente le miers rangs... Ainsi dans le Judaïsme il y a
gouvernement d’une nation sans territoire des circoncis de totale bonne foi qui igno­
[au moins jusqu’en 1948, n.d.a.], mais néan­ rent la constitution et l’existence même du
moins réelle et agissante. Il est un Etat qui Kahal, c’est-à-dire de l’autorité qui gouver­
se superpose, et souvent s’oppose, aux Etats ne dans l’ombre le peuple juif» (11). Etre juif
dans lesquels vivent les juifs» (7). Son but est ne signifie pas tant professer la religion juive
de maintenir intact et isolé le peuple juif dis­ post-templière ou post-biblique, mais sur­
persé dans le monde, afin que d’un côté il ne tout faire partie du peuple juif (12); le juif ap­
soit pas discriminé et de l’autre qu’il ne partient donc à une nation différente de
perde pas son identité par l’assimilation; celle par qui il est accueilli et dans laquelle il
jusqu’au jour où le peuple d’Israël aura la vit et prospère.
domination absolue sur le monde entier. Le Kahal est un “Tribunal mystérieux,
Comme l’écrivait en 1925 Albrecht, ce jour une sorte de Charbonnerie” (13). Les Tri­
d’après les cabalistes devrait commencer en bunaux régionaux sont appelés Kehillah. Le
1966! (Un an après Nostra Ætate). Kahal est le Tribunal suprême qui dirige
tous les Kehillah. Le grand Kahal, d’après
LÉON DE PONCINS ET LE KAHAL notre auteur, résiderait à New York “vrai
Vatican juif” (14). Le Kahal est l’expression
Le célèbre auteur français écrit: «Il n’est concrète du Talmud, c’est-à-dire: le tribunal
pas douteux que les Juifs aient une organisa­ qui juge si les pratiques talmudiques sont
tion très disciplinée. Il est presque impos­ observées ou non. C’est le “magistère
sible à un non-Juif d’en pénétrer les détails vivant” de la Synagogue post-biblique puis-

266
SODALITIUM : La question juive

qu’il applique la doctrine talmudique aux pourront avoir les plaisirs à condition de de­
cas concrets. Avec le Kahal, qui commande mander l’or au juif qui seul le possède!
et juge, il y a, subordonné à lui, le Bet-Dine, «La force des juifs consiste dans le fait
vrai tribunal secret: il évoque à soi toute de savoir cacher leurs intentions propres. Le
cause et détient le pouvoir exécutif, confor­ peuple juif vit encore uniquement parce
mément au Talmud, c’est-à-dire exécute les qu’il a su maintenir un secret durant vingt
sentences émises par le Kahal. Donc le siècles de persécutions» (17). Ce secret est
Talmud est le pouvoir législatif, le Kahal est l’esprit talmudique de haine du Christ et des
le pouvoir judiciaire, et le Bet-Dine le pou­ chrétiens et de désir de domination mondia­
voir exécutif. Les trois pouvoirs agissent au le. La foi talmudique n’est pas dans l’au­
sein de la Synagogue post-templière qui se delà; mais dans la domination en ce monde;
sert de ces deux Tribunaux pour gouverner son “paradis” est la terre.
le peuple juif, disséminé sur la terre ou ras­
semblé dans l’Etat d’Israël à partir de 1948. Le Kahal aujourd’hui

NATURE ET ORGANISATION DU KAHAL Les informations sur le Grand Kahal au­


jourd’hui sont très rares: les plus récentes re­
Le secret du Kahal montent à 1954, avec Hugo Wast et à 1996
avec Israël Shahak qui explique que les Juifs
Le mystère entoure les actes pratiques du en Occident ayant acquis en 1780 l’égalité ju­
Kahal: ils doivent rester secrets; malheur à qui ridique et s’étant peu à peu émancipés, le
ose les révéler: on condamne à l’anathème et pouvoir judiciaire que la Communauté juive
souvent même à la mort. Jacob Brafmann eut détenait alla en diminuant (18), surtout en
cette audace, mais perdit la vite. Occident; alors qu’en Orient l’émancipation a
D’après Hugo Wast, le secret du Kahal été très faible et que le Kahal a maintenu sa
serait ceci: pour conquérir le monde l’épée force. Cependant en Occident il y a eu des
n’est pas nécessaire, mais un livre suffit: le poches de résistance à l’assimilation, et avec
Talmud! (15). Au moyen de l’esprit talmu­ le mouvement sioniste et la fondation du
dique le Judaïsme se propose d’écraser le B’naï B’rith (1843), le courant anti-assimila­
Christianisme, unique vrai bastion qui s’op­ tioniste (et philo-Kahaliste) a repris l’avanta­
pose à la domination universelle d’Israël. ge. C’est pourquoi le Kahal a maintenu un
Les sentiments principaux qui animent certain pouvoir même après l’émancipation
l’esprit talmudique seraient au nombre de des juifs et l’a recouvré complètement à partir
quatre: de la montée du Sionisme, et surtout après la
1°) Une ambition démesurée de dominer seconde guerre mondiale avec le mythe de
le monde. l’“Holocauste”. Shahak écrit toujours:
2°) Une avidité insatiable de posséder «Depuis le Bas-Empire, les communautés
toutes les richesses des non juifs. juives possédaient des pouvoirs juridiques
3°) La rancœur contre le non juif, et spé­ considérables sur leurs membres... même un
cialement contre le chrétien. pouvoir de pure coercition: la flagellation,
4°) La haine de Jésus-Christ. l’emprisonnement, le bannissement, toutes
Or, pour satisfaire ces quatre passions, il sortes de peines pouvaient être infligées, en
faut s’approprier la richesse du monde, par toute légalité, par les tribunaux rabbiniques...
laquelle on pourra tout. C’est ainsi qu’au même la sentence capitale» (19). Et il continue:
moyen de l’or la Synagogue s’emparera de «Beaucoup de juifs d’aujourd’hui ont la nos­
toute chose, et rendra les non juifs ses es­ talgie de ce monde juif [précédant l’assimila­
claves. Ou du moins cela serait son plan se­ tion], ce paradis perdu... Une part importante
cret (qui arrivera à sa quasi réalisation avec le du mouvement sioniste a toujours voulu le ré­
Règne de l’Antéchrist) (16). Mais pour pou­ tablir, et cette part l’a emporté» (20). L’Etat
voir arriver à cela il est nécessaire de cor­ d’Israël et le Sionisme semblent marquer le
rompre les chrétiens, en fomentant en eux retour du pouvoir absolu du Kahal (21).
l’amour des plaisirs, du luxe et d’eux-mêmes. En 1986 Simon Schwarzfuchs a écrit un
Etant donné que l’unique patron de l’or qui intéressant livre (pour la collection “Présence
permette d’avoir plaisirs, luxe et honneur du et mémoire juive”) concernant le Kahal dans
monde sera (selon le plan du Kahal) le l’Europe médiévale (22). Il y soutient que la
Judaïsme, les non juifs une fois corrompus Communauté juive du Moyen Age, appelée

267
SODALITIUM : La question juive

Kahal, apparaît en Europe au Xème siècle.


«Elle est la continuation de la communauté
juive de l’antiquité» (23). Les origines de la
Communauté juive en Europe sont très an­
ciennes; il y en avait une à Rome antérieure
au Christianisme. «Pendant plusieurs siècles,
sans doute jusqu’au début du Vème siècle, les
groupements juifs d’Europe restèrent en
contact avec le patriarche de Terre Sainte et
continuèrent à lui verser leur tribut» (24). Le
Kahal régissait et dirigeait tout.
Le numéro 566 de l’hebdomadaire de la
communauté juive de France “Actualité
Juive”, du 28 mai 1998 nous parle du Kahal et Le serpent symbolique qui représente le progrès de la
du Beth Din dans 4 longues pages. Elles sont conspiration juive
très intéressantes et surtout actuelles. Nous al­
lons les citer: “Avoir recours à un Beth Din (jugement) au regard du droit français? Les
(tribunal religieux) pour qu’il prononce un décisions - répond Katia Szleper, avocat - doc­
Din Torah (jugement) lorsqu’on est en conflit teur en droit - du tribunal rabbinique, pour
avec un autre juif, c’est une procédure à la­ avoir une valeur au regard du Droit français,
quelle peu de gens pensent (...) Pourquoi faire doivent être rendues dans le respect d’un cer­
appel à un tribunal rabbinique? (...) Le Rav tain formalisme. (...) [c’est-à-dire] doivent
[rabbin] Ouziel Amar tente de comprendre pouvoir être assimilées à une sentence arbitra­
pourquoi la halakha affirme la nécessité de re­ le, (...) chacune des parties doit accepter libre­
courir à un tribunal rabbinique quand un litige ment de confier la résolution du litige au Beth
entre deux membres de la communauté juive Din (...) L’acceptation du recours au Beth Din
se présente. (...) La halakha interdit en cas de doit être formalisée par un écrit précisant no­
litiges entre deux membres de la communauté tamment l’objet du litige et le nom des rabbins
juive, le recours aux tribunaux civils” (p. 2). saisis (...) Une position prise par le Beth Din,
Donc l’hebdomadaire de la communauté juive lorsqu’elle en respecte les formes a donc au­
de France admet qu’il y a un tribunal religieux tant de valeur qu’un jugement rendu par un
qui doit prononcer un jugement quand il y a tribunal étatique” (p. 4).
un conflit entre deux juifs, même aujourd’hui! Voilà ce que nous révèle “Actualité Juive”.
Cependant c’est “un choix souvent difficile Il y a donc encore aujourd’hui (1998) un tri­
(...) pour que le Din Torah (jugement) fonc­ bunal rabbinique qui doit se prononcer sur
tionne (...), il faut que les juifs respectent les un jugement rendu par un tribunal de l’Etat.
décisions des instances religieuses. Sinon l’une On voit donc comment le pouvoir du Ka­
des parties se retrouvera toujours flouée” (...) hal grâce au Beth Din a pu perdurer jusqu’à
[il faut donc] “s’engager à accepter la décision nos jours. La Synagogue talmudique légifère
du Beth Din (tribunal rabbinique) et s’y tenir” grâce au Talmud, juge et fait exécuter ses ju­
(p. 3). Rav Mardoché Amaz affirme: gements au moyen du Kahal et du Beth Din
“Première démarche: présenter le problème à et gouverne ainsi encore aujourd’hui le
un Beth Din. La Torah interdit formellement à peuple juif. Et tout cela nous est révélé par un
un juif de soumettre un différend qui l’oppose hebdomadaire juif français et non par des an­
à un autre juif à un tribunal civil. Celui qui agit tisémites ou comploteurs maniaques.
ainsi en dépit de ce commandement cause (...)
une profanation du nom de Dieu. (...) ce qui Le Kahal: sa nature
concerne toute la question qu’un juif peut se
poser dans sa vie civile ou religieuse, où qu’il Le Kahal représente la source de la co­
se trouve face à un problème, il doit alors sou­ hésion que les juifs ont réussi à maintenir
mettre ce problème à son Rabbin (...) afin que pendant deux mille ans, bien que dispersés
celui-ci puisse trouver un compromis ou une dans le monde, sans temple ni sacrifice.
solution. (...) Un juif n’a pas le droit de traîner Aux grands maux qu’il a dû affronter au
un autre juif devant un tribunal non rabbi­ cours de son histoire, le peuple juif a su op­
nique” (p. 4). Mais on s’interroge encore poser un grand remède: le Kahal. Les juifs,
“Quelle peut être la validité d’un Din Thora dispersés dans le monde entier, après le déi-

268
SODALITIUM : La question juive

cide, se sont constitués comme un Etat dans 2°) Les subalternes sont les secrétaires et
chaque Etat qui les a accueillis. Aussi K. de les scribes.
Wolski est-il de l’avis que pour maintenir Parmi eux est choisi le Persécuteur secret,
leur unité et leur cohésion et pour ne pas qui est l’exécuteur des sentences du Kahal
perdre leur identité propre, les juifs obéis­ (26). Il paraît qu’il s’engage par serment à
sent à une sorte de gouvernement occulte, n’épargner personne.
tant judiciaire, le Kahal, qu’exécutif, le Bet- Il y a ensuite les facteurs, qui sont une
Dine. On peut parler, dit l’auteur, d’une sorte d’informateurs et de factotum.
sorte de corporation qui représente tout
Israël et qui, même étant disséminée de “LE JUIF SECTAIRE” DANS SA
corps, est unie spirituellement, par le but et CONDUITE PRATIQUE
par les moyens (25).
L’Eglise catholique est le principal enne­ Vial, dans son précieux livre, soutient
mi du Kahal, lequel s’efforce donc d’en di­ que le gouvernement secret des juifs s’ap­
minuer l’influence en mettant dans les intel­ pelle Kahal et est universel et absolu. «Il ré­
ligences des chrétiens les idées de libre pen­ unit dans ses mains le pouvoir législatif et le
sée, de scepticisme, de schisme, et en provo­ pouvoir exécutif [le Bet-Dine, branche du
quant ainsi les disputes religieuses, fertiles Kahal, a, à proprement parler, le pouvoir
en divisions. Dans leur programme il faut exécutif, n.d.a.]. Il a le droit de vie et de
avant tout commencer à discréditer les mort... Il a, à ses ordres... une magistrature
prêtres, en provoquant des soupçons sur pour les imposer, une police pour en sur­
leur dévotion, sur leur conduite privée, puis veiller l’exécution, un budget pour alimenter
il faut gagner l’estime des jeunes, en infil­ sa police et ses fonctionnaires, et un impôt
trant les écoles par des idées antichré­ pour alimenter son budget...
tiennes. Les décisions du Kahal ne sont suscep­
tibles d’aucun contrôle et n’ont besoin d’ap­
La Moreine probation de qui que ce soit... Ce gouverne­
ment secret, vieux souvenir du tout-puissant
La Moreine est la hiérarchie des charges Sanhédrin, ...a toujours fonctionné, depuis la
chez les juifs. Elle commence tout de suite dispersion d’Israël à travers le monde, dans la
après la destruction du Royaume d’Israël, et mesure où le lui permettait, ce qu’il appelle
a pour objectif la préservation et la conser­ aujourd’hui “l’intolérance moyenâgeuse”» (27).
vation de la nationalité perdue, jusqu’au Son code est le Talmud, qui est véritable­
jour où le Messie restituera au peuple ment la Constitution fondamentale du peuple
d’Israël sa gloire et son pays [ce qui n’est juif, dont il résume la suprême aspiration: la
pas arrivé en 1948, puisque l’entité sioniste a conquête du monde entier. Mais cette
été reconstituée de main d’homme et non Constitution doit être, dans la pratique, inter­
par le Messie, qui est déjà venu il y a deux prétée par le Kahal au moyen de ses lois.
mille ans, n.d.a.]. Brafmann, dans son Livre du Kahal rap­
Durant le long pèlerinage du peuple juif porte plus de mille prescriptions du Kahal,
dispersé dans le monde entier, la Moreine qui représentent ainsi le droit d’Israël, son
est restée toujours la même mais s’est déve­ code de jurisprudence (28).
loppée et a acquis une grande puissance, en
se constituant peu à peu en société secrète, LES AGENTS DU KAHAL
pour pouvoir affronter les difficultés de
l’exil et en arrivant ainsi presque intacte Brafmann dans son ouvrage nous dit que
jusqu’à nos jours. les agents du Kahal sont employés par les
juifs, non seulement dans le commerce, mais
Les membres du Kahal ou la Moreine dans tous les secteurs des affaires. La fin prin­
cipale de tout agent est de prendre note, scru­
Le Kahal comprend deux catégories de puleusement, des moyens par lesquels il est ar­
membres: les dignitaires d’une part et les subal­ rivé à corrompre l’employé de police, en fa­
ternes de l’autre. Kahal enseignant et disciple. veur de son coreligionnaire. Toutes ces infor­
1°) Les dignitaires constituent le Grand mations recueillies avec soin, doivent être dé­
Conseil et jouissent d’une autorité souverai­ posées auprès du Kahal, qui se trouve ainsi en
ne sur la Communauté juive. possession des moyens d’action sur l’employé

269
SODALITIUM : La question juive

corrompu, au cas où il voudrait intenter LA COUR DE LA SYNAGOGUE


quelque action contre le Judaïsme, ou prendre
une décision qui ne lui serait pas favorable (29). Elle consiste en une surface de terrain,
située dans le quartier habité par la popula­
LE KASHER tion juive, où doivent se trouver:
1°) Le Bet-Haknest (la synagogue principale).
La loi sur la cuisine Kasher est d’une im­ 2°) Le Bet-Gamidrasch (la maison de
portance capitale pour maintenir séparée la prière et l’école).
vie des juifs du reste du monde. Elle doit donc 3°) Le Bet-Hamerhatz (les bains à vapeur).
être maintenue intacte; cette charge appar­ 4°) Le Bet-Hakahal (la chambre du Kahal).
tient au Kahal, interprète fidèle du Talmud. 5°) Le Bet-Dine (tribunal judiciaire).
6°) Le Hek-Dech (refuge pour les pauvres).
LES CONFRERIES JUIVES De tous ces lieux celui qui nous intéresse le
plus est la chambre du Kahal, dont nous avons
En recourant à un exemple l’on peut dire déjà parlé, et le Bet-Dine: un Conseil ana­
que les confréries sont les artères de la logue à l’ancien Sanhédrin, qui se perpétue
Société juive, alors que le Kahal en est le jusqu’à maintenant sous la tutelle du Kahal et
cœur. Quel est le fil mystérieux qui enchaîne qui forme sa section de justice exécutive.
et lie entre eux tous les juifs disséminés sur la «...la chambre du Kahal... règle la vie pu­
face de la terre, comme une invisible et blique et privée de ses coreligionnaires des­
toute-puissante corporation? Les confréries! potiquement et presque sans aucun contrô­
Chacune d’elles a son chef et très souvent sa le, n’admettant aucun recours à une autre
maison de prière (succursale de la synagogue autorité. Cette domination... s’étend ...à la
principale); toute confrérie est un Kahal se­ vie religieuse, intérieure et privée des Juifs...
condaire. La plupart des membres appartient Mais lorsqu’il s’agit de prononcer un juge­
à l’élite traditionnelle de la Société juive, qui ment dans un procès entre deux Juifs, ou
forme ainsi presque une légion de combat­ entre un Juif et le Kahal, c’est le Bet-Dine
tants qui entourent et défendent l’étendard (le saint tribunal) qui est chargé de juger.
du Talmud, au service du Kahal. Le Bet-Dine, quoique appelé le saint, est
cependant sous la haute protection du Kahal,
Blâmable couverture antisémite d’une
édition française des Protocoles
et ne forme, pour ainsi dire, que la section ju­
diciaire de cette autorité suprême, à laquelle
tout Juif doit être aveuglément soumis» (30).

LE SIEGE DU KAHAL SELON HENRY


FORD

Où se trouverait le siège central du


Kahal? On ne sait pas.
Cependant dans un article du Dearborn
Independent, écrit dans les années vingt (31) on
lit que: «Le Kahal a établi ses tribunaux dans
la ville de New York... Les juifs s’en remet­
tent au Kahal parce qu’ils préfèrent la justice
juive à celle des pays qui les accueillent».
Henry Ford en 1920 a écrit: «L’organisa­
tion juive la plus importante... vit aux Etats-
Unis d’Amérique. (...) Des loges juives exis­
tent en Amérique... Mais... il est nécessaire
de savoir que dedans et derrière elles fonc­
tionne un centre dominant, avec son admi­
nistration et son gouvernement.
Ses dispositions ont force légale... Deux de
ces organisations, toutes deux intéressantes tant
par leur caractère secret que par leur pouvoir,
sont la Keillha [H. Ford l’écrit de cette maniè-

270
SODALITIUM : La question juive

Schéma récapitulatif sur le Talmud: légifère


pouvoir du grand Kahal (pouvoir législatif)

et ainsi régit et
La Synagogue par l’intermé- Kahal: juge
gouverne le
talmudique diaire du (pouvoir judiciaire)
peuple juif

Bet-Dine [branche du Kahal]:


fait exécuter les jugements
(pouvoir exécutif)

* Kahal et Bet-Dine (branche du Kahal) sont le “Talmud vivant”,


c’est-à-dire mis en pratique au cours de l’histoire, par la Synagogue talmudique

re] new-yorkaise et le Comité judéo-américain. été dirigées contre ce peuple incorrigible,


(...) La Keillha représente le plus important fac­ orgueilleux et fanatique» (33).
teur politique de la vie officielle de New York. La concession des droits civils accordés
Le mot Keillha est identique au mot au peuple juif, avec l’espoir de l’assimiler, a
Kahal et signifie quelque chose comme com­ été, comme reconnaissait Napoléon Ier,
munauté ou réunion ou administration. Le “une illusion”; en effet ce peuple a refusé
Kahal représente la forme authentiquement obstinément le droit commun, et a voulu
juive de gouvernement et d’administration continuer à vivre isolé, pour ne pas perdre
du peuple dispersé. Cela veut dire qu’après son identité, aidé en cela par le Kahal! La
leur dispersion à travers le monde, les juifs cause de cette persévérante obstination est
ont créé partout leur gouvernement propre... dans le Judaïsme même, c’est-à-dire dans
A New York le Kahal possède ses toutes ces institutions prescrites par le
propres tribunaux, décrète les lois, prononce Talmud et protégées par le Kahal et par le
officiellement des jugements et les fait exé­ Bet-Dine, qui dureront jusqu’à ce que Israël
cuter, et les juifs préfèrent leur justice à celle se convertisse à Jésus-Christ.
de l’Etat. (...) La Keillha new-yorkaise est la Les pays chrétiens qui donnent l’hospita­
principale et la plus puissante organisation lité à ce peuple seront toujours considérés
juive du monde entier. A New York, par lui comme “un lac ouvert où tout juif
...prend [naissance] le centre vital et poten­ peut pêcher librement” (comme dit le
tiel du Judaïsme moderne. New York repré­ Talmud), autrement dit: exploiter et dé­
sente pour le juif moderne ce que représen­ pouiller le chrétien.
te Rome pour le catholique... L’actuelle En effet l’esprit du Kahal est un esprit
New York est une réponse vive, latente, à la exclusif, jaloux et fanatique. Le Kahal se
question: est-il possible qu’un groupe de préoccupe de maintenir l’esprit talmudique
personnes numériquement inférieur puisse et en même temps protège les intérêts tem­
dicter des lois à toute une population? Tout porels du peuple d’Israël: il est l’âme et la
à New York répond affirmativement» (32). conscience de ce monde à part, et d’après
Cependant après 1948, avec la constitution les auteurs examinés, prédominerait même
de l’Etat d’Israël, on doit se poser la ques­ sur le rabbinat.
tion de savoir si le siège central du Grand La force d’Israël réside dans le Kahal; elle
Kahal n’a pas été transféré à Jérusalem. a asservi le monde entier, en agissant dans le
secret et j’espère avec cet article avoir fait un
CONCLUSION peu de lumière, qui puisse éclairer les goyim et
particulièrement les chrétiens, sur le danger
«Après tout ce qui a été dit sur la vie in­ qui les menace. Si quelqu’un parmi les lecteurs
time et secrète des Juifs, - écrit de Wolski ­ avait des informations plus récentes (mais sé­
...il est facile de s’expliquer les persécutions rieuses et documentées) à me fournir, je serai
qui, en tous pays et à toutes les époques, ont heureux de pouvoir approfondir le problème.

271
SODALITIUM : La question juive

NOTES 17) Ibid., p. 111.


18) I. SHAHAK, Histoire juive - Religion juive. Le poids
1) Encyclopaedia Judaica, Jérusalem 1971, vol. IV,
de trois millénaires, La Vieille Taupe, Paris 1996, p. 42.
col. 1287-1288.
19) Ibid., p. 42.
2) N. COHN, Histoire d’un mythe, Gallimard, Paris 20) Ibid., p. 50.
1967, pp. 58-59. 21) Ibid., p. 203.
3) KALIXT DE WOLSKI, De la Russie juive, Savine 22) S. S CHWARZFUCHS , Kahal. La communauté
Editeur, Paris 1887. juive de l’Europe médiévale, Maisonneuve et Larose,
4) L. VIAL, Le Juif sectaire ou la Tolérance talmu­ Paris 1986.
dique, Fleury, Paris 1899. 23) Ibid., p. 11.
5) E. JOUIN, R. I. S. S., 5ème, Le péril judéo-maçon­
24) Ibid., p. 17.
nique, deuxième partie, Les actes de la Contre-Eglise I,
25) K. D E W OLSKI , La Russie juive, Savine éd.,
Discipline de l’Impérialisme Juif, IV, QAHAL, édité par
Paris 1887, p. 2.
A. ALBRECHT, Paris 1925, pp. 89-122.
26) Cf. J. BRAFMANN, Le livre du Kahal, fiche n°
6) Josué, XXIII, 2 - XXIV, 1.
148, citée par L. VIAL, op. cit., p. 91.
7) A. ALBRECHT, op. cit., p. 90. 27) L. VIAL, op. cit., pp. 79-80.
8) L. DE P ONCINS , Les Forces Secrètes de la 28) J. BRAFMANN, Le livre du Kahal, fiches nn° 134,

Révolution, éd. Bossard, Paris 1928, p. 254. 170, 146, 148, 149, 177, 57, 261, 239, 260, 284, 21, 33, 37,

9) Ibid., p. 255. 4, 156, 159, 17, 280, 281, 282, 285.

10) H. WAST, El Kahal, editorial Aldecoa, Burgos 1954. 29) L. VIAL., op. cit., p. 116.
11) Ibid., p. 24. 30) K. D E W OLSKI , op. cit., p. 172. Cf. J.

12) A. ELKANN-E. TOAFF, Essere ebreo, Bompiani, BRAFMANN, Le livre du Kahal, nn° 24, 78, 120, 132, 146,

Milano 1994, p. 13. 177, 203, 204, 239, 256.

13) H. Wast, op. cit., p. 43. 31) Dearborn Independent du 26-02-1921.


14) Ibid., p. 44. 32) H. FORD, L’ebreo internazionale, L’altra biblio­
15) Ibid., p. 72. teca ed., sine loco et data, pp. 225-231.
16) Ibid. 33) K. DE WOLSKI, op. cit., p. 303.

272
SODALITIUM : La question juive

La vocation du vrai Israël-spirituel est ir­


révocable (Rom. XI, 9) puisqu’il est uni spi­
rituellement à Jésus sauveur du monde, mais
le faux Israël-charnel, qui s’obstine au­
jourd’hui encore à refuser Jésus, “a été
coupé de l’olivier fécond, pour son incréduli­
LES LOIS RACIALES té” (Rom. XI, 20).
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia C’est pourquoi la vocation, de la part de
Dieu, demeure; mais de la part de l’homme
1ère PARTIE: L’EGLISE ET LES JUIFS elle peut être refusée (Judas et le faux Is­
raël-charnel qui ont renié Jésus) et donc être
Un peuple théologique perdue.
La racine de l’aveuglement juif consiste
dans le fait de changer la race avec le Sau­
L’ Eglise étudie le problème juif à la lumière
de la foi. Dieu a créé Israël pour lui, afin
qu’il préparât la voie au Messie et qu’il le fasse
veur: la race a le primat sur le Christ. Le ju­
daïsme, en ayant cette conception raciste de
connaître au monde entier; la grandeur du l’histoire, est ennemi de tous les peuples (I
peuple juif se fonde sur la promesse que Dieu Thess. II, 15); ennemi des païens qu’il en­
a faite à Abraham de le faire devenir la souche tend dominer comme des bêtes, mais encore
d’une “race” (Gen. XII) d’où naîtrait le Mes­ plus ennemi des chrétiens qu’il voudrait ex­
sie. Abraham a cru, et ses descendants pour terminer comme continuation de Jésus dans
être bénis de Dieu, durent croire en la promes­ l’histoire. «Quand la romanité devint la
se Messianique (qui s’est réalisée par l’Avène­ chrétienté - écrit Mgr Benigni - la haine de
ment de Jésus-Christ). Il ne suffit donc pas la Synagogue redoubla contre elle pour le
d’être descendants d’Abraham seulement motif religieux, puisque l’esprit talmudique
selon la chair, mais il faut avoir sa foi en Jésus- hait plus le christianisme que le paganisme.
Christ. Les “vrais Israélites” - pour l’Eglise ­ Celui-ci représente pour la Synagogue un
sont ceux qui imitent la foi du Patriarche, en troupeau à soumettre, à dépouiller; et à l’en­
croyant au Christ, tandis que ceux qui ne des­ semble des adeptes de Jésus-Christ va l’héri­
cendent que charnellement d’Abraham, sans tage de la haine très spéciale du Sanhédrin
avoir sa foi, ne sont pas de “vrais Israélites”. contre le Crucifié» (2).
«Mais comme alors - écrit saint Thomas ­ Saint Augustin, dans le commentaire du
celui [Ismaël] qui était né selon la chair per­ psaume 58, écrit que les juifs «existent par­
sécutait celui qui était né selon l’esprit tout et sont juifs partout, ils n’ont pas cessé
[Isaac], ainsi maintenant [le faux Israël ou d’être ce qu’ils étaient».
Synagogue talmudique, persécute le vrai Is­ Les juifs seront toujours une nation à
raël ou Eglise du Christ]. Dès le début de l’intérieur de la nation qui les accueille;
l’Eglise primitive les juifs ont persécuté les quand un Etat accorde à un étranger la plé­
chrétiens, comme il ressort des Actes des nitude du droit il le fait en échange de la re­
Apôtres et le feraient encore maintenant, nonciation à ses lois avec son ancienne pa­
s’ils le pouvaient» (1). trie; les juifs au contraire ne veulent pas y
En résumé, pour l’Eglise le peuple juif a renoncer et prétendent obtenir la plénitude
été élu par Dieu pour nous apporter le Mes­ du droit commun de la société qui les héber­
sie, Jésus-Christ, et non parce qu’il descend ge. Pour cela - un Etat confessionnel - accor­
d’Abraham selon le sang; autrement dit, de aux israélites seulement un droit d’excep­
c’est le Christ qui sanctifie le peuple juif. S’il tion ou particulier, puisque les juifs, voulant
lui est fidèle, il est sa fin dernière. Toutefois, rester tels, s’excluent d’eux-mêmes du droit
pour le faux Israël-charnel, qui a commencé commun de l’Etat qui les reçoit (comme les
à dévier de manière officielle à partir de 175 gitans), lequel se voit obligé d’avoir recours
avant J.-C., le Messie est grand justement à une législation spéciale, restrictive ou ex­
parce qu’il est juif selon le sang, et quand ceptionnelle pour les gouverner. L’Eglise et
vint Jésus, et qu’il commença à enseigner les nations autrefois chrétiennes, ont régi la
que ce sont la foi et les bonnes œuvres qui vie civile et individuelle des juifs par des lois
sauvent et non le sang ou la race, ils le mi­ spéciales qui sont théologiques, c’est-à-dire
rent à mort, se tachant de déicide. qui visaient à défendre le chrétien de la

273
SODALITIUM : La question juive

contagion de l’antichristianisme talmudique, assèchent les richesses et les patrimoines


et n’étaient en aucun cas raciales, au sens des chrétiens».
biologique et matérialiste. 9°) Pie IX (1874-1878), Discorsi del
sommo Pontefice Pio IX pronunciati in Vati­
Le Magistère ecclésiastique cano: il appelle les juifs «chiens», devenus tels
de «fils» qu’ils étaient, «à cause de leur dure­
L’Eglise n’a jamais caché l’opposition té et incrédulité». Le Pontife poursuit en les
entre la Synagogue et Jésus. traitant de «bœufs», qui «ne connaissent pas
1°) Innocent IV (1244), Impia judeorum Dieu» et ajoute «peuple dur et déloyal,
perfidia: «Les juifs, ingrats envers Jésus, mé­ comme on le voit aussi chez ses descendants»,
prisant la Loi mosaïque et les Prophètes, sui­ qui «faisait des promesses continuelles à Dieu
vent certaines traditions de leurs aïeux qui et ne les maintenait jamais».
sont appelées Talmud, lequel s’éloigne énor­ De plus le Pape Mastai établit un parallèle
mément de la Bible et est plein de blasphèmes entre l’Eglise de son temps et celle des ori­
envers Dieu, le Christ et la Vierge Marie». gines, en affirmant: «les tempêtes qui l’as­
2°) Jean XXII (1320), Dudum felicis: ex­ saillent sont les mêmes que celles dont elle a
prime la même idée. souffert à ses origines; elles étaient alors pro­
3°) Paul IV (1555), Cum nimis absurdum: voquées par les païens, par les gnostiques et
«Les juifs tant qu’ils persistent dans leurs er­ par les juifs, et les juifs y sont encore présente­
reurs, reconnaissent qu’ils sont esclaves à ment». Il recourt donc à l’expression «Sy­
cause d’elles, tandis que les chrétiens ont été nagogue de Satan» pour mieux les identifier.
faits libres par Jésus-Christ Notre-Seigneur». 10°) Pie XI (1937), Mit brennerder Sorge:
4°) Pie IV (1566), Dudum felicis: exprime «Le Christ a reçu son humaine nature d’un
la même idée. peuple qui devait le crucifier».
5°) Pie V (1569), Hæbreorum: «Le peuple Le même Pie XI dans la fameuse “ency­
juif, autrefois élu par Dieu, puis abandonné clique cachée” (HUMANI GENERIS UNI-
pour son incrédulité, mérita d’être réprouvé, TAS) qui ne fut pas promulguée, du fait de
parce qu’il a avec impiété repoussé son Ré­ la mort du Pape survenue le 10 février 1939,
dempteur et l’a tué d’une mort honteuse. Son écrivait: «la vraie nature de la séparation so­
impiété a atteint un tel niveau que, pour ciale des Juifs du reste de l’humanité, a un ca­
notre salut, il faut repousser la force d’une ractère directement religieux et non racial. La
telle méchanceté, qui, par des sortilèges, in­ question juive n’est une question ni de race,
cantations, magie et maléfices conduit aux ni de nation, mais de religion et, depuis la
tromperies de Satan un grand nombre de per­ venue du Christ, une question de christianis­
sonnes imprudentes et simples». me... Le peuple juif a mis à mort son Sau­
6°) Grégoire XIII (1581), Antiqua judeo­ veur... Nous constatons chez le peuple juif
rum: «Les juifs, devenus pire que leurs pères, une inimitié constante vis-à-vis du christianis­
loin d’être calmés, renonçant aucunement à me. Il en résulte une tension perpétuelle entre
leur passé déicide, s’acharnent maintenant juifs et Chrétiens jamais relâchée. Ses vœux
aussi dans les synagogues contre N.-S. Jésus- ardents [de l’Eglise] pour sa conversion ne
Christ et, extrêmement hostiles aux chré­ l’aveuglent pas cependant sur les dangers
tiens, accomplissent des crimes horribles auxquels le contact avec les juifs peut exposer
contre la religion du Christ». les âmes. Tant que persiste l’incrédulité du
7°) Clément VIII (1593), Cœca et obtura­ peuple juif l’Eglise doit prévenir les périls
ta: exprime les mêmes idées. que cette incrédulité pourrait créer pour la foi
8°) Benoît XIV (1751), A quo primum: et les mœurs de ses fidèles».
«Tout le trafic des marchandises utiles est
exploité par les juifs, ils possèdent des ca­ La législation spéciale de l’Eglise et de la
barets, des propriétés, des villages, des Chrétienté
biens pour lesquels, non seulement ils sont
devenus les maîtres, mais pour lesquels ils Cet enseignement du Magistère devint
font travailler les chrétiens sans répit, en loi pour protéger les Chrétiens d’une telle
exerçant une domination cruelle et inhumai­ “perfidie” (au sens théologique). L’Eglise a
ne sur eux. En outre après avoir accumulé légiféré sur différents sujets dont je résume
une grande somme d’argent par l’usure, ils les principaux:

274
SODALITIUM : La question juive

a) Le mariage: païens pour les sauver» (I Thess. II, 15-16);


L’Eglise n’a jamais pensé interdire le ma­ dans ces versets est enfermée in nuce toute
riage entre les israélites, les premiers qui l’ont la théologie catholique sur le problème juif:
fait ont été les absolutistes et les révolution­ l’israélite est déicide, ne plaît pas à Dieu et
naires anti-chrétiens: par exemple, Louis XVI par conséquent ne doit pas nous plaire à
en 1784 interdisait aux juifs alsaciens de nous non plus chrétiens, et au cours de l’his­
contracter mariage sans sa permission. toire il empêche - au moyen des hérésies et
Benito Mussolini en 1938 déclarait invali­ des persécutions - que soit prêché l’Evangile
de le mariage d’un(e) juif(ve) avec un(e) pour le salut de tous les hommes.
“aryen(nne)”, même si le juif était de reli­ Même s’ils étaient obligés de vivre dans
gion catholique. Alors que l’Eglise, bien que des ghettos, pour qu’ils ne nuisent pas à la
déconseillant le “mariage mixte”, c’est-à­ Chrétienté, les juifs jouissaient cependant
dire entre un baptisé et un non baptisé, peut d’un droit de résidence (même si limité).
accorder une dispense afin qu’il soit canoni­ Il faut spécifier que le ghetto est l’œuvre
quement valide. de la miséricorde de l’Eglise, laquelle ne vou­
b) Les serviteurs chrétiens d’une famille lant pas que le peuple chrétien, maltraité par
juive: les juifs, en arrivât à la violence et aux po­
l’Eglise ne tolère pas que le chrétien groms contre les israélites, l’institua pour le
serve d’esclave aux juifs, puisque le Christ a bien des uns et des autres. Pour circuler hors
libéré ses fidèles, alors que celui qui a renié le du ghetto, le juif devait endosser un insigne
Christ est esclave du péché; surtout concer­ jaune, pour être reconnaissable, pour ne pas
nant la femme qui peut être corrompue plus pouvoir nuire au chrétien et pour ne pas être
facilement et même moralement. Innocent méprisé ou maltraité. En outre l’Eglise leur
IV, Clément IV, Paul IV, saint Pie V, Inno­ interdisait le domaine des affaires et laissait
cent XII, Benoît XIII, ont établi dans di­ ouverte la voie de l’agriculture. La profes­
verses constitutions cette interdiction. sion d’enseignant leur était interdite (possi­
c) La résidence et les professions: bilité de transmettre une science erronée
l’Eglise contrôlait sévèrement la résiden­ aux étudiants et de ruiner leur foi).
ce des juifs, puisque, ennemis jurés du chris­ Il était de même interdit au médecin juif
tianisme, «ils ont tué le Seigneur Jésus et les de soigner le malade chrétien, à cause du
Prophètes, nous ont persécutés, ne plaisent danger d’empoisonnement, tout comme
point à Dieu, sont ennemis de tous les était interdite la profession de pharmacien
hommes, nous empêchant de prêcher aux pour chrétiens, pour le même motif, et à
cause du risque de préparation de potions
magiques.
De la même manière celle de magistrat,
puisque pour le Talmud le magistrat juif doit
favoriser son coreligionnaire (même s’il est
coupable) contre le chrétien (même s’il est
innocent). De même la carrière militaire, qui
se fonde sur l’amour de la patrie, puisque le
juif apatride ne se considère ni français ni al­
lemand, mais toujours juif.
Les chrétiens ne peuvent haïr les juifs, et
l’Eglise a condamné l’antisémitisme en tant
Saint Bernardin que haine raciale (Pie XI, 25 mars 1928),
de Sienne alors qu’elle admet l’anti-judaïsme théolo­
prêchant aux Juifs
(1470)
gique en tant que légitime défense.
Saint Thomas enseigne: «aucune hostili­
té, mais plutôt des mesures défensives, liber­
té surveillée pour les juifs mais protection
pour les chrétiens» (3).
La véritable charité envers les juifs - écri­
vait Mgr Landucci - consiste à les éclairer
loyalement sur leur état actuel de séparation

275
SODALITIUM : La question juive

de Dieu, en outre contre leur anti-christianis­ duisent un lien national juif qui considère la
me actif la légitime défense peut être permise, race israélite supérieure et maîtresse du
exempte de toute haine de malveillance (4). monde. Le judaïsme n’est pas décrit - par le
catholicisme - comme un fait racial et biolo­
Léon XIII, Pie XI et La Civiltà Cattolica gique, mais comme une philosophie qui pro­
duit une culture nationale hyper-raciste; par
De 1878 à 1903, La Civiltà Cattolica, sur conséquent le judaïsme est surtout racisme.
ordre de Léon XIII, étudia l’origine et la Mais vers 1938, sous le pontificat de Pie XI,
cause des maux qui avaient conduit à la face aux lois raciales fascistes, La Civiltà
“brèche de Porta Pia”. Cattolica, avec les Pères Messineo et Barbe­
L’organe des Jésuites, reprenant l’ensei­ ra, précise les termes: le judaïsme est une re­
gnement traditionnel de la théologie catho­ ligion raciste, mais il est préférable de parler
lique sur la dangerosité individuelle et socia­ de nation juive plutôt que de race, pour se
le du judaïsme et sur la nécessité d’une légis­ distinguer du racisme biologique et matéria­
lation spéciale pour le mettre au pas, notait liste du national-socialisme et du fascisme.
qu’après l’abrogation des lois discrimina­ Pour le P. Messineo est de nation juive celui
toires, ayant commencé avec la révolution qui a une famille juive, qui est lié à la com­
française, sa dangerosité était passée à l’ac­ munauté nationale israélite et à sa culture
tion et était devenue une menace vivante raciste-talmudique.
pour toute l’Europe. La reconnaissance des La nation juive est un concept qui inclut
droits avait amené à la prépondérance juive culture et civilisation talmudiques; les na­
et celle-ci avait suscité des réactions antisé­ tions de culture et civilisation chrétiennes,
mites. Il proposait donc la restauration peuvent licitement se défendre contre le ra­
d’une législation spéciale qui empêcherait cisme-talmudique juif qui porte atteinte à
les juifs de nuire (en acte) aux chrétiens, qui leur unité culturelle civile et religieuse, soit
les sauverait du totalitarisme talmudique et ab extrinseco, soit ab intrinseco; ce racisme
qui en même temps préserverait les juifs des en tant que nation judéo-talmudique, à l’in­
pogroms antisémites de type matérialiste et térieur d’une nation chrétienne, non seule­
biologiquement raciste. ment ne veut pas s’intégrer, mais prétend
La solution du problème juif consistait ­ imposer sa propre domination à tous les
pour Léon XIII et La Civiltà Cattolica - soit autres, corrompant leur civilisation, leur cul­
en la conversion du faux Israël post-biblique ture et leur foi; et c’est pourquoi le judaïsme
au christianisme, soit en la “ségrégation ami­ doit être discriminé, par des lois spéciales,
cale et non haineuse des juifs” dans les ghet­ qui l’isolent - sans user de violence - pour
tos. Pour le Pape, les lois d’exception ne si­ empêcher qu’il corrode les nations chré­
gnifiaient pas persécution, mais légitime dé­ tiennes et les corrompe, et aussi pour le dé­
fense des chrétiens et en même temps pro­ fendre, en même temps, des réactions vio­
tection des juifs de l’antisémitisme exagéré lentes de la part des non-juifs.
et violent (5). Pie XI lui-même intervint le 21 juillet
1938, au cours d’une audience accordée à
Catholicisme et “race” 150 assistants ecclésiastiques d’Action Ca­
tholique en disant: «catholique veut dire uni­
Vers 1880 la terminologie est encore im­ versel, non pas raciste, nationaliste, sépara­
précise, on parle - du côté catholique - de tiste; il y a quelque chose de particulière­
peuple (multitude), souche (racine, tronc, fa­ ment détestable, c’est cet esprit de séparatis­
mille), nation (qui doit naître), lignée (em­ me, de nationalisme exagéré qui, précisé­
preinte, caractère, trempe) et race (racine, ment parce qu’il n’est pas chrétien, parce
origine, principe, genre ou nature), indiffé­ qu’il n’est pas religieux, finit par n’être
remment. même pas humain» (6).
Les Pères Oreglia, Rondina et Ballerini Le 28 juillet, le Pape aborda de nouveau
de La Civiltà Cattolica les emploient, à pro­ la question au cours d’un discours aux élèves
pos du judaïsme, pour indiquer le mélange du collège de la Propagande: «avec l’univer­
du Talmud et de la Cabale qui produit une salité, il y a l’essence de l’Eglise catholique,
culture nationale juive antichrétienne, à sa­ mais avec cette universalité il y a certaine­
voir que la famille, avec la culture juive, pro­ ment beaucoup de choses, bien entendu à

276
SODALITIUM : La question juive

leur place: l’idée de race, de descendance;


l’idée de nation, de nationalité... Il ne faut ce­
pendant pas être trop exigeants. De même
que l’on dit genre, on peut dire race; et l’on
doit dire que les hommes sont avant tout un
grand et seul genre, une grande famille...
Ainsi le genre humain est une seule race, uni­
verselle, “catholique”. On ne peut toutefois
nier que dans cette race universelle il y ait
place pour les races spéciales... Voici ce
qu’est pour l’Eglise le vrai racisme, le racisme
proprement dit, le racisme sain. Tous de
même, tous faisant l’objet de la même affec­
tion maternelle, appelés... à être tous dans
leur propre pays, dans les nationalités parti­
culières de chacun, dans la race particulière,
les propagateurs de cette idée si grande et si
magnifiquement maternelle, humaine, avant
même d’être chrétienne» (7).
En résumé, l’Eglise condamne le racisme
matérialiste et dénonce le péril juif, pour
s’en protéger, il faut une législation d’inégali­
té civile, de restrictions et précautions, pour Carte illustrée de propagande antisémite diffusée en
Italie par les nazis
défendre la culture nationale et religieuse et
l’ordre social chrétien. tuellement - leur foi, au contraire les juifs ne
On note que Pie XI a repris le concept de voulurent jamais s’assujettir aux coutumes
race mais l’a spiritualisé, il n’est pas seule­ des peuples chez lesquels ils étaient appelés à
ment matière, “sang et sol”, biologie, mais il vivre. Ils voulurent partout rester juifs,
est genus - gens - stirpis ou nation, comme comme peuple, religion et Etat, fondant ainsi
l’avait déjà esquissé le P. Messineo de La Ci­ un Etat dans l’Etat, dans lequel ils n’entraient
viltà Cattolica. Mais le concept de “seule pas comme citoyens mais comme privilégiés
race” fut abandonné et on lui préféra celui ou non-assimilés en devenant les maîtres de
de nation; et chaque fois qu’il était utilisé il leurs maîtres. En outre, le protestantisme, la
aurait fallu spécifier qu’il n’était pas entendu révolution française, le libéralisme ont affran­
de manière matérialiste et biologique, mais chi les juifs, les ont émancipés et leur ont per­
spirituellement comme un ensemble de civi­ mis de devenir les maîtres des nations chré­
lisation, culture et religion qui forment - en­ tiennes, en faisant éclater violemment le pro­
semble - une nation. blème juif.
C’est pourquoi il est faux de soutenir que
Les causes de l’antisémitisme l’Eglise est la responsable directe du racisme
antisémite; au contraire, elle a protégé les
Un chercheur israélite, mort en 1903, Ber­ juifs et les chrétiens et a essayé d’empêcher
nard Lazare, écrivait: «Partout où les juifs se que la tension théologique entre eux devînt
sont établis, partout s’est développé l’antisé­ réaction violente; alors que le monde mo­
mitisme, ou plutôt l’antijudaïsme, car antisé­ derne, sécularisé et laïcisé, en ayant permis
mitisme est un mot mal choisi... Cette race a que les juifs émancipés oppriment les
été en butte à la haine de tous les peuples au peuples chrétiens, a causé la réaction violen­
milieu desquels elle s’est établie... Les juifs te de ces derniers.
causèrent - en partie du moins - leurs maux,
parce que le juif est un être insociable» (8). De l’antijudaïsme à l’antisémitisme
Selon Lazare, les causes générales de l’antisé­
mitisme résident dans le judaïsme et non dans L’antijudaïsme est la réaction théolo­
les peuples qui l’ont combattu; puisque si les gique de l’Eglise à l’agression du talmudisme
peuples vaincus finissaient par se soumettre juif, qui déjà dans les trois premiers siècles
aux vainqueurs, tout en maintenant - éven- de l’ère chrétienne essaya de l’étouffer dans

277
SODALITIUM : La question juive

le sang et, dans les siècles post-constanti­ tro-orientale ou Ashkénazes (XIXème). Il y


niens, de la détruire par les hérésies. a donc trois rites différents: italien, séfarade
Avec la sécularisation et la laïcisation du et ashkénaze» (11).
monde moderne (à partir de l’humanisme et A Rome, en 70 après J.-C., les juifs
de la renaissance) on assiste à un passage de étaient environ «40 000 sur un total de 800
l’antijudaïsme théologique (qui condamnait 000 personnes. Au moyen-âge le nombre
la haine et la violence gratuite contre les était tombé... à 15 000 juifs dans la péninsu­
juifs, à l’exception de la légitime défense; le. Entre la fin du XIIIème siècle et le com­
mais qui, d’autre part, recommandait la pru­ mencement du XIVème leur nombre était
dence pour éviter la contagion du judaïsme) monté à 50 000 sur un total de 11 millions
à l’antisémitisme racial, de Luther ou de Vol­ d’Italiens. A la fin du XVème siècle, suite à
taire, lequel «dans la mesure où il implique la l’expulsion d’Espagne (1492), 120 000 juifs
haine et fomente la violence - écrit Mgr An­ étaient concentrés surtout dans l’Italie méri­
tonino Romeo - est contraire à la morale dionale et insulaire». Expulsés aussi du Sud
chrétienne. Cependant, ce n’est pas de l’anti­ ils s’arrêtèrent en masse à Rome et dans
sémitisme de parler des dangers du judaïs­ l’Italie centro-septentrionale, laissant com­
me... la justice et la charité n’excluent pas plètement privés de juifs le sud et les îles... le
une défense prudente et modérée... c’est seu­ 31 décembre 1938 ils étaient 45 270 (12).
lement sur ces bases, excluant toute haine Aujourd’hui, en Italie, vivent 35 000 juifs,
personnelle, qu’est permis un antijudaïsme sur un total de 60 millions d’Italiens. Les
dans le domaine des idées, tourné vers la pro­ «sympathisants ne sont pas considérés
tection vigilante du patrimoine social, reli­ comme des juifs: même s’ils voulaient entrer
gieux et moral de la Chrétienté» (9). dans la Communauté en se convertissant, le
La Civiltà Cattolica écrivait: «Si l’on ne chemin ne serait pas facile parce que le ju­
remet pas les juifs à leur place, avec des lois daïsme ne fait pas de prosélytisme, au
humaines et chrétiennes certes, mais d’ex­ contraire, il décourage les conversions en les
ception, qui leur enlèvent l’égalité civile à la­ rendant longues et difficiles» (13). On naît juif,
quelle ils n’ont pas droit... cela ne servira à on ne le devient pas.
rien ou très peu, étant donné leur nature «Aujourd’hui selon la loi juive, doit être
d’étrangers partout... et étant donné le considéré comme juif quiconque est né de
dogme fondamental de leur religion, qui les mère juive... le judaïsme n’est pas seulement
pousse à s’emparer, par n’importe quel une religion, mais est surtout une... vie, le
moyen du bien de tous les peuples; étant juif... est l’élément d’un peuple unique» (14).
donné que l’expérience démontre que la pari­ Les grandes communautés italiennes se
té des droits avec les chrétiens a pour effet, ou trouvent à Rome qui compte 15 000 juifs et à
la suppression de ceux-ci, ou le massacre des Milan avec 10 000, alors que les autres com­
juifs de la part des chrétiens, il s’ensuit que la munautés sont de moyenne importance avec
seule manière d’accorder le séjour des juifs 1000-500 inscrits (Turin, Florence, Livourne,
avec le droit des chrétiens est celui de le régle­ Trieste, Venise et Gênes), enfin il y a celles
menter par des lois spéciales, qui en même de petite importance avec quelques centaines
temps empêchent les juifs de porter atteinte ou quelques dizaines d’inscrits (Ancône, Bo­
au bien des chrétiens, et aux chrétiens de logne, Naples, Padoue, Vérone, Mantoue,
porter atteinte à celui des juifs» (10). Ferrare, Modène, Pise, Parme, Merano,
Vercelli, Casale Monferrato).
2ème PARTIE: LE FASCISME ET LES
LOIS RACIALES Les juifs italiens au début du fascisme
Les juifs en Italie En 1922 la Communauté Juive Italienne
était parfaitement intégrée dans la société ita­
Le plus ancien noyau de juifs est celui de lienne. A partir du Risorgimento, les juifs ont
Rome, «ils s’y établirent au IIème siècle été émancipés et complètement assimilés et ils
avant J.-C. sans jamais plus en partir. avaient pris une part active à l’unification de
A ce groupe de juifs d’Italie s’ajoutèrent l’Italie. Victor Emmanuel III avait dit à Herzl
les juifs provenant d’Espagne (1492) ou Sé­ en visite à Rome en 1904: «pour nous, les juifs
farades, et ceux originaires de l’Europe cen­ sont italiens en tout et pour tout» (15).

278
SODALITIUM : La question juive

sions les dirigeants du judaïsme italien fini­


rent par s’aligner sur les positions du gou­
vernement [fasciste]... et par accepter l’arri­
vée de Mussolini au pouvoir» (16).
Quand en 1929 Mussolini signa le con­
cordat avec l’Eglise, il déclara que les juifs
n’avaient rien à craindre: les accords avec
l’Eglise ne comportaient pas que les autres
cultes, jusqu’alors tolérés d’après le Statuto
Albertino, fussent ignorés; le fascisme parlait
même de cultes admis et le «30 octobre 1930
le Décret Royal donnait aux Communautés
Israélites Italiennes une assiette juridique,
réglant l’organisation interne et les rapports
avec l’Etat» (17). Cette loi de 1930 est restée
Affiche expliquant l’application des lois raciales, publiée
par “La difesa della razza” en 1938
en vigueur jusqu’en 1989, année où elle a été
remplacée par le “nouveau Concordat avec
Il existait seulement l’antijudaïsme théo­ l’Etat”, signé par Bettino Craxi.
logique du point de vue anti-Risorgimento
soutenu par le Saint-Siège à travers La Ci­ Le racisme et l’Italie fasciste dans les années
viltà Cattolica qui voyait dans le judaïsme et trente
dans la maçonnerie (manœuvrée par le pre­
mier) les artisans du Risorgimento de la Quand Hitler arriva au pouvoir en 1933,
Rome des Césars contre celle de Pierre. Mussolini continua sa “ligne fluctuante” à
Mussolini n’avait pas une ligne de l’égard du judaïsme italien.
conduite bien précise sur le problème juif; D’un côté, il condamnait le racisme alle­
depuis le début - comme l’explique De Feli­ mand, publiquement, par une déclaration
ce - il fut même assez fluctuant selon les cir­ amicale à l’égard des juifs et aidait les juifs
constances. allemands persécutés, de l’autre, il critiquait
Dans le climat interventionniste et nationa­ le sionisme-italien (pas celui existant à
liste (1914-1919) d’avant-la marche [sur l’étranger), car il ne pouvait pas tolérer
Rome], il avait fait sien des slogans antisio­ qu’un Italien puisse aspirer à deux patries,
nistes, sur la haute finance juive, sur le judéo­ Israël et l’Italie. Alors qu’à l’égard de l’“Or­
bolchevisme. Dans un article (Il popolo d’Italia ganisation Sioniste Internationale”, il était
du 4 juin 1919), il soutenait que le bolchevisme bien disposé car il voyait dans son aile droite
et la haute finance étaient dirigés par les juifs; (le révisionnisme antibritannique de Jabo­
tandis que l’année d’après, toujours sur le tinsky) un moyen pour établir l’Italie dans la
même journal (19 octobre 1920), il écrivait que Méditerranée orientale et créer des difficul­
le bolchevisme ne pouvait pas être considéré tés aux positions de la Grande-Bretagne.
comme un phénomène juif et concluait ainsi: Quand en 1935 l’Italie attaqua l’Ethio­
«L’Italie ne connaît pas l’antisémitisme et nous pie, de nombreux juifs furent volontaires;
croyons qu’elle ne le connaîtra jamais...», mais «dans l’armée fut institué un rabbinat mili­
à peine dix-huit ans plus tard il promulguait les taire... La proclamation de l’Empire en mai
lois raciales antisémites. 1936 fut... exaltée y compris dans la presse
De leur côté, beaucoup de juifs italiens juive qui mit en relief comment la conquête
s’étaient détachés de l’orthodoxie juive et de l’Ethiopie avait entraîné le passage des
s’étaient laïcisés et assimilés à la vie italien­ falascià... sous l’égide de l’Union des Com­
ne. Lorsque «se forma le fascisme même les munautés Israélites Italiennes» (18).
juifs... n’eurent pas de préventions particu­ Le 2 novembre 1935, la Société des Na­
lières les empêchant d’y adhérer... [environ tions approuva les sanctions contre l’Italie;
300 juifs participèrent à la “marche sur Mussolini, préoccupé par l’isolement dans
Rome”] en outre les assurances de Mus­ lequel il se trouva, envoya plusieurs repré­
solini en 1923 à Angelo Sacerdoti, le grand sentants du judaïsme italien en Angleterre
rabbin de Rome, dissipèrent peu à peu la pour faire ôter les sanctions à l’Italie, mais
méfiance... c’est si vrai qu’à plusieurs occa­ sans résultat; le duce commença donc à se

279
SODALITIUM : La question juive

tourner vers l’Allemagne, avec cependant de juive piémontaise) souhaitait que l’on fasse
nombreuses hésitations, ainsi que vers le une législation raciale spécifiquement pour
monde arabe. les juifs et, avec Almirante, polémiquait
En 1936 éclata la guerre civile espagnole; avec Evola, en défendant le pur racisme bio­
Mussolini soutint Franco - avec Hitler ­ logique et matérialiste allemand; après 1945
contre les rouges, alors que la France soutint Interlandi changea de camp et passa avec le
les rouges; et l’Angleterre, bien qu’étant nouveau vainqueur (19).
contre Franco, n’entra pas ouvertement en Giovanni Preziosi (dans le périodique La
lice. Cet événement rendit impossible tout vita italiana) soutenait que la race est la loi
rapprochement de l’Italie - qui était cepen­ du juif et que pour frapper ce dernier il fal­
dant désiré par Mussolini - avec l’Angleterre lait frapper la race juive. Il fut, de son point
et la France, et la poussait inéluctablement, de vue, le plus cohérent et en 1945 il préféra
même si cela était à contrecœur, dans les se suicider sans demander de l’aide à la race
bras de Hitler. On peut tranquillement affir­ qu’il avait offensée.
mer que Mussolini signa sa condamnation à Mussolini essayait de se délier et de se li­
mort en 1936, en entrant dans la guerre civile bérer de cet étau qui se faisait toujours plus
espagnole aux côtés de Franco; en effet, la serré; si, d’une part, il ne pouvait pas se
France et l’Angleterre qui avaient mal accep­ brouiller avec l’Allemagne (le seul pays dis­
té l’invasion de l’Ethiopie, ne pardonnèrent posé à l’accepter comme allié), il ne voulait
pas à Mussolini de vouloir se faire une place pas non plus rompre totalement avec la
aussi en Europe, en participant à la guerre ci­ France et l’Angleterre, puisqu’il se méfiait
vile espagnole. de Hitler; mais il se faisait des illusions; son
Le traité de Versailles, qui avait enchaîné destin désormais était marqué; l’Amérique,
l’Allemagne défaite et avait humilié l’Italie, l’Angleterre et la France voulaient l’unir à
qui pourtant avait gagné la première guerre l’Allemagne pour le détruire avec elle. C’est
mondiale, ne lui reconnaissait pratiquement la raison pour laquelle il dut s’engager, tout
pas son rôle international; tant que Mussolini doucement, dans la voie de l’antisémitisme,
restait à l’intérieur des frontières italiennes par nécessités de circonstances plus que par
on lui permettait l’expérience fasciste, mais conviction: d’un côté, il essaya de convaincre
s’il en sortait, on n’admettait pas la liberté et les Italiens que le fascisme avait toujours été
l’existence pour la dictature, malgré la démo­ antisémite et raciste, de l’autre, il revendi­
cratie anglo-française (américaine). quait une certaine originalité italienne par
En 1936 se forma l’axe Rome-Berlin qui rapport à l’Allemagne puisque le fascisme ­
peut être considéré comme un accouche­ comme il avait coutume de dire en l’occur­
ment provoqué démocratiquement. Les élé­ rence - veut “discriminer, non persécuter”.
ments extrémistes du Régime (Farinacci, Mais il fut entraîné par les événements.
Preziosi, Interlandi, Bottai) étaient philo-al­
lemands et antisémites, l’antisémitisme ita­ Les lois raciales en Italie
lien commença donc à se répandre, surtout
grâce à trois intellectuels: En janvier 1938 commença en Italie une
Julius Evola (dans la revue Regime fas­ violente campagne raciste et antisémite, au
cista, dirigée par Roberto Farinacci), soute­ moyen de la radio et de la presse.
nait un “racisme spirituel” qui tiendrait Le premier acte officiel du régime contre
compte non seulement du corps et du sang, les juifs en Italie fut Il manifesto degli scien­
mais aussi de l’esprit juif pour pouvoir le ziati razzisti, rédigé par un groupe d’ensei­
combattre. Ceci n’empêcha pas à Evola, qui gnants universitaires sous l’égide du Ministè­
en 1945 était rentré d’Autriche en Italie sans re de la Culture Populaire et publié le 14
subir de condamnations, d’accorder en 1967, juillet 1938 dans Il Giornale d’Italia; il voulait
durant “la guerre des six jours”, une inter­ être la plate-forme doctrinale ou idéologico­
view (voir appendice) dans laquelle il se ral­ scientifique de l’antisémitisme raciste.
liait à l’Etat d’Israël. S’ensuivirent certaines “applications pra­
Telesio Interlandi (dans la feuille La di­ tiques” de la “doctrine raciste”:
fesa della razza, et dans Il Tevere, aidé de a) l’interdiction aux scientifiques juifs de
son “secrétaire de rédaction” Giorgio Almi­ participer aux congrès internationaux (“me­
rante, qui en 1945 fut sauvé par une famille sure restrictive” de juin 1938);

280
SODALITIUM : La question juive

b) l’interdiction aux juifs étrangers de cuments des Archives vaticanes»; ils «offrent
s’établir en Italie et la révocation de la ci­ une histoire presque complète - souvent très
toyenneté italienne obtenue après le 1er jan­ détaillée - de la position du Vatican à l’égard
vier 1919 (“décret-loi” du 1er septembre de la politique fasciste de la race de la mi­
1938); 1938 à la mort de Pie XI» (22).
c) les enseignants et les élèves juifs furent Avec l’encyclique Mit brennender Sorge
expulsés de toute école publique qui ne pou­ (1937), l’Eglise avait condamné - explique
vait pas adopter de livres écrits par des au­ De Felice - le racisme nazi; en outre, La Ci­
teurs juifs (“décret-loi” du 5 septembre viltà Cattolica du 6 août 1938, avec l’inten­
1938); tion de séparer le destin de l’Italie de celui
d) la “Carta della razza”, approuvée le 7 de Hitler, en commentant le manifeste des
octobre 1938 par le Grand Conseil du fascis­ “savants”, écrivit: «Quiconque a présentes
me (qui contenait les fondements de toute la les thèses du racisme allemand, remarquera
législation suivante); elle interdisait les ma­ la différence notable avec celles proposées
riages mixtes d’Italiens avec des non-aryens; par le groupe de chercheurs fascistes italiens.
elle considérait de race juive celui qui nais­ Ceci confirmerait que le fascisme italien ne
sait de parents tous deux juifs ou celui qui veut pas se confondre avec le nazisme ou ra­
étant né d’un mariage mixte professait la re­ cisme allemand intrinsèquement et explicite­
ligion juive; elle interdisait aux citoyens de ment matérialiste et antichrétien» (23).
race juive d’être inscrits au PNF, d’être titu­ Pie XI dans le message radio de Noël
laires d’entreprises de cent employés ou 1938 avait défini la svastica ou croix gam­
plus, d’être propriétaires de plus de cinquan­ mée: «croix ennemie de la Croix du Christ»,
te hectares de terre, et enfin de faire le servi­ insistant sur cette définition - explique Gio­
ce militaire en paix et en guerre. vanni Miccoli - même quand on lui fit obser-
Mussolini, «en vue des mesures pour la
défense de la race, prit des contacts avec le roi
et le Pape. De la part de Victor Emmanuel
III, il n’y eut pas d’opposition substantielle, si
bien que la législation antijuive porta sa si­
gnature; alors que les rapports avec le Saint-
Siège furent plus complexes.
Pie XI avait condamné le racisme alle­
mand... en principe, l’Eglise acceptait une lé­
gislation discriminatoire à l’égard des juifs...
La constante préoccupation de Pie XI fut
d’obtenir du gouvernement la modification
des articles qui pouvaient léser les préroga­
tives de l’Eglise sur le plan juridico-concor­
dataire, en particulier pour ce qui concernait
les juifs convertis. L’Eglise obtint la suppres­
sion de l’article 2 du projet de loi qui définis­
sait “concubinat” le mariage d’un juif même Deux couvertures de
converti avec un aryen. Le Pape montra de la revue “La difesa
della razza” de 1938
fait que le racisme italien était antichrétien
et matérialiste dans une moindre mesure
que le racisme allemand» (20).
Renzo De Felice explique encore mieux
et plus objectivement qu’il fut très difficile
de dépasser l’écueil de Pie XI; l’historien de
Rieti se fonde sur les études, fondamentales
entre toutes, du Père jésuite Angelo Martini,
parues (en plusieurs parties) sur La Civiltà
Cattolica en 1959 et réunies dans un livre
( 21); ces articles «furent composés avec la
précision d’un chercheur et d’après des do­

281
SODALITIUM : La question juive

ver qu’il s’agissait pourtant du symbole d’un disposition allait contre toute logique raciste
Etat avec lequel le Saint-Siège entretenait et favorisa la concussion et la corruption (27).
toujours des relations diplomatiques (24).
Ce qui préoccupait le plus les catholiques La France de Pétain et les statuts des juifs
était le fait que la politique fasciste n’atta­
quait pas le judaïsme comme religion mais Le premier statut des juifs français fut
comme race et même les juifs convertis au promulgué à Vichy - durant l’occupation al­
catholicisme. Comme nous l’avons dit, le lemande - le 3 octobre 1940; le deuxième
Saint-Siège réussit à obtenir la suppression (qui remplaçait le premier) le 2 juin 1941. Le
de l’article 2 du projet, qui assimilait au 7 août 1941 le Maréchal Philippe Pétain écri­
“concubinat” le mariage religieux entre vit, avec prudence et bon sens, à l’Am­
un(e) aryen(ne) et un(e) juif(ve) con­ bassade de France près le Saint-Siège pour
verti(e), «mais il ne réussit pas à obtenir que savoir si la nouvelle législation sur les juifs
l’article 7... reconnaisse les mariages con­ était ou non en accord avec la doctrine ca­
tractés par des juifs convertis au catholicis­ tholique romaine (chose que ne firent pas ­
me. En vain Pie XI déclara-t-il que de cette imprudemment et sans bon sens - Hitler et
façon on violait le Concordat, en vain écri­ Mussolini). La réponse de l’ambassadeur
vit-il personnellement à Mussolini (4 no­ français près le Saint-Siège, Léon Bérard,
vembre) et au roi (5 novembre). Mussolini arriva au Maréchal le 2 septembre 1941; on y
ne lui répondit pas et, même, fit savoir - écrit lit ceci: «Il y a une opposition entre la doctri­
De Felice - qu’il “avait l’impression que le ne de l’Eglise, qui est par définition univer­
Vatican tirait trop sur la corde” et qu’il était selle et professe l’unité du genre humain et
disposé, si le Pape insistait, à engager une les théories “racistes”... mais jamais il ne
lutte à fond contre l’Eglise; quant à Victor m’avait été rien dit au Vatican qui supposât,
Emmanuel, il se contenta de répondre avoir de la part du Saint-Siège, une critique ou
transmis la lettre reçue au duce (7 no­ une désapprobation des actes législatifs et
vembre). réglementaires dont il s’agit... De ces ensei­
Le Saint-Siège n’approuvait pas le racis­ gnements touchant les idées racistes on ne
me matérialiste, «mais, en même temps, saurait pourtant déduire, il s’en faut de
n’était pas opposé à une action antisémite beaucoup, qu’elle condamne nécessairement
modérée, se manifestant sur le plan des dimi­ toute mesure particulière prise par tel ou tel
nutions civiles» (25). Etat contre ce que l’on appelle la race
Renato Moro, professeur d’Histoire con­ juive... Aux yeux de l’Eglise, un juif qui a
temporaine à l’Université de Rome III, écrit reçu valablement le baptême cesse d’être
que «La Civiltà Cattolica (17 mars et 7 avril juif pour se confondre dans le “troupeau du
1934), se refusa à toute défense de la race... si Christ”. Toutefois, il ne faudrait pas se hâter
les méthodes employées étaient opposées à la d’en conclure que, pour l’Eglise, la religion
loi naturelle et divine et condamna sévère­ soit la seule qui distingue Israël au milieu
ment l’idée que la “race aryenne” puisse être des autres nations... Elle reconnaît que
le “bien suprême” de la société» (26). parmi les traits distinctifs de la communauté
Riccardo Calimani, résume le sujet (non israélite, il entre des particularités, non pas
sans préjugés) dans son livre Stella gialla. Giu­ raciales mais ethniques... Nous savons par
dei e pregiudizio, Rusconi, Milano 1993, chap. l’histoire générale que l’Eglise a souvent
XIV Le leggi razziali in Italia, pp. 161-178. protégé les juifs contre la violence de leurs
e) les déclarations du programme du persécuteurs et qu’en même temps elle les a
Grand Conseil du fascisme furent transpo­ relégués dans les ghettos.
sées dans les lois de l’état italien le 17 no­ Saint Thomas d’Aquin dans la Somme
vembre 1938. Elles interdisaient aux juifs de Théologique, question 10 de la IIa-IIae, ar­
publier des livres, de donner des confé­ ticles 9-12 enseigne que: il faut se montrer to­
rences, d’accéder aux fonctions publiques, lérant envers les juifs quant à l’exercice de
d’exercer le commerce ambulant, d’être leur religion; qu’ils soient à l’abri des
concierges dans des maisons aryennes. La fi­ contraintes religieuses; que l’on ne baptise
gure de l’«aryanisé», par laquelle le Ministè­ pas leurs enfants par force, sans le consente­
re de l’Intérieur pouvait déclarer de race ment des parents. D’autre part, tout en pros­
aryenne même un juif, fut introduite; cette crivant toute politique d’oppression envers

282
SODALITIUM : La question juive

les juifs, saint Thomas n’en recommande pas Les juifs italiens sous le gouvernement
moins de prendre à leur égard des mesures Badoglio
propres à limiter leur action dans la société et
à restreindre leur influence. Il serait déraison­ Le nouveau gouvernement, après le 25
nable de leur laisser, dans un Etat chrétien, juillet 1943, «maintint en vie la Direction gé­
exercer le gouvernement et réduire par là à nérale de la démographie et de la race du
leur autorité les catholiques. D’où il résulte Ministère de l’Intérieur et maintint en vi­
qu’il est légitime de leur interdire l’accès des gueur la législation raciale fasciste... Durant
fonctions publiques; légitime également de ne l’été 1943, l’Union des Communautés Israé­
les admettre que dans une proportion déter­ lites Italiennes eut différents contacts avec le
minée dans les Universités et dans les profes­ gouvernement Badoglio, sans obtenir le
sions libérales. (...) Cependant la législation moindre engagement pour l’abrogation des
française du 2 juin 1941 parle de race juive, lois antijuives, ni non plus une atténuation
en outre si un juif prouve qu’il a adhéré, des lois fascistes qui interdisaient encore...
avant le 25 juin 1940, à la confession catho­ l’accès aux écoles... aux jeunes juifs ou pré­
lique ou chrétienne réformée, il cesse d’être voyaient l’expropriation de leurs biens. En
“regardé comme juif”, pourvu, en outre, qu’il réponse Badoglio communiqua aux repré­
n’ait pas plus de deux grands-parents de race sentants du judaïsme italien que “ne pou­
juive. Il demeure qu’un israélite, fût-il dûment vant pour le moment procéder radicalement
converti et baptisé, sera considéré comme juif à l’abolition des lois, celles-ci resteraient in­
s’il est issu d’au moins trois grands-parents de opérantes”; cependant les lois raciales restè­
race juive. Là, il faut le reconnaître, il y a rent en vigueur» (30). Il faut expliquer que
contradiction entre la loi française et la doctri­ les Allemands se trouvaient encore en Italie,
ne de l’Eglise. C’est le point unique sur lequel qu’ils y restèrent environ deux ans, et Bado­
la loi française se trouve en désaccord avec glio (contrairement à Pétain) n’était pas un
l’enseignement de l’Eglise romaine (28). (...) “cœur de lion”.
En outre le Vatican nous recommande de ne
rien ajouter à notre législation concernant le Conclusion
mariage (comme au contraire cela a été fait
en Italie)... et qu’il soit tenu compte, dans L’Eglise ayant toujours été haïe par le ju­
l’application de la loi, des préceptes de la jus­ daïsme talmudique, depuis les temps de
tice et de la charité...» (29). Jésus et des Apôtres, a donc dû prendre des
mesures de légitime défense contre lui. Ces
Le Maréchal Pétain (en compagnie de Pierre Laval)
mesures furent le “Magistère” qui expliquait
l’opposition doctrinale et théologique entre
le vrai et le faux Israël et une “législation spé­
ciale” qui diminuait et restreignait le pouvoir
juif et qui en même temps sauvegardait les
israélites de la colère populaire, qui existait
déjà au temps du paganisme (31). Cette légis­
lation est inspirée par la justice (donner à
chacun son dû ou ce qu’il mérite: la limita­
tion pour empêcher l’expansion, la prépon­
dérance ou l’envahissement; et la protection
pour garantir le droit à l’existence) mais
aussi par la charité surnaturelle (amour de
Dieu et du prochain aimé, propter Deum, en
tant que créature de Dieu et non en soi ou
parce que sympathique naturellement).
A l’ère moderne, avec le protestantisme et
la révolution française, on arriva à l’affran­
chissement, à l’assimilation, à l’égalisation des
juifs qui accédèrent par conséquent à une pré­
pondérance dans les nations de tradition chré­
tienne qui les accueillaient, déchaînant ainsi la

283
SODALITIUM : La question juive

réaction violente du peuple opprimé ou l’anti­ ou le super-racisme judaïque qui ne veut pas
sémitisme racial qui trouve en Luther, Voltai­ se faire assimiler par les peuples d’accueil,
re, Hitler ses meilleurs représentants. Ceux-ci mais veut être hôte tout en restant étranger,
ne sont pas les fruits de la doctrine catholique c’est-à-dire veut tous les avantages sans
mais de la modernité sécularisée, laïcisée et aucun inconvénient, formant ainsi un Etat
matérialiste laquelle a produit le passage de dans l’Etat, pour écraser celui qui offre
l’antijudaïsme théologique (juste et chari­ l’hospitalité (comme il est arrivé en Palesti­
table) à l’antisémitisme racial ou “racisme ne depuis 1948 à aujourd’hui).
aryen” (qui étant laïcisé est privé de justice, Léon XIII, face au retour du paganisme
puisqu’il n’a pas la foi surnaturelle et dépasse gibelin, voulut découvrir la cause de ce mal
souvent le droit pour devenir injustice. De et - en se servant de la précieuse collabora­
plus, puisqu’il n’a pas la charité surnaturelle, il tion de La Civiltà Cattolica - la trouva dans
n’aime pas et persécute en devenant odieux et la secte maçonnique dirigée par le judaïsme­
cruel; l’Eglise au contraire est inébranlable talmudique, qui comme elle avait tué les
dans les principes parce qu’elle croit, mais est Prophètes, Jésus et les Apôtres, voulait de
miséricordieuse dans la pratique parce qu’elle même exterminer l’Eglise de Rome, qui est
aime, ce que la modernité, ayant renié l’ordre “Jésus continué dans l’histoire”.
surnaturel, n’est pas capable de faire). Il indiqua le remède au fléau de la pré­
Le racisme “aryen” du fascisme, qualifié pondérance juive dans le retour à l’esprit
par Pie XI comme “étatolâtrie païenne”, chrétien, à sa doctrine et donc à sa praxis
voulut légiférer sur les sacrements, c’est-à­ (lois restrictives) qui ne peut produire de
dire in spiritualibus, matière qui appartient fruits que si elle est vécue, c’est-à-dire si elle
seulement à l’Eglise, puisque, pour le paga­ est l’expression convaincue de la foi surnatu­
nisme, l’Etat est une divinité immanente, relle et non si elle est utilisée comme instru­
César est divin et donc le duce est aussi mentum regni, comme le voulaient les mou­
Pape; c’est ainsi que Mussolini voulut se vements autoritaires du XXème siècle de
mettre à la place de l’Eglise et du Pape, et, Maurras à Mussolini, lesquels n’ont produit
bien que faisant profession de laïcisme, vou­ que “tribulations et épines”.
lut pontifier en matière sacramentaire: Pie XI, face au totalitarisme communiste
contradiction dans les termes. (Staline a persécuté des milliers de juifs:
Au contraire, dans la France (occupée) c’est un fait, mais presque personne ne le
Pétain, avant de mettre en pratique la légis­ dit) et nazi-fasciste a condamné le racisme
lation sur les juifs, demanda au Pontife si matérialiste et donc antichrétien, mais a
elle était conforme à la doctrine de l’Eglise; continué à mettre en garde les chrétiens
il ne se mit pas à faire le “pape” comme contre le danger dogmatique, moral et social
avait fait le duce, mais avec bon sens deman­ du judaïsme; il n’a pas été écouté par l’abso­
da la lumière au Pasteur universel, au Vicai­ lutisme néopaïen qui a provoqué sa propre
re du Christ. ruine et celle de nombreux juifs.
Quant aux idéologues du racisme italien: Le jugement sur les lois raciales ita­
Julius Evola était un sorcier gnostique dia­ liennes est négatif, parce qu’elles furent ma­
boliquement antichrétien, Giovanni Preziosi térialistes, bâclées et empreintes d’un oppor­
un prêtre moderniste défroqué et Telesio In­ tunisme de circonstances (quoique défavo­
terlandi un opportuniste, adepte de l’à-peu­ rables). Elles furent mal appliquées, par
près, brouillon et girouette. Tous les trois excès et par défaut, elles étaient inoppor­
étaient a-chrétiens ou même antichrétiens. tunes car produites par un mouvement qui
En Allemagne, le racisme biologique accréditait le Risorgimento laïciste et qui en
avait son paladin en la personne d’Alfred le promulguant se mettait précisément en
Rosenberg, l’auteur de Le mythe du XXème opposition avec l’esprit du Risorgimento,
siècle, mis à l’Index (1934) pour son anti­ philojuif, maçonnique et libéral.
christianisme virulent. En résumé, hors de Jésus et de son Eglise
Racisme nazi-fasciste et antijudaïsme ca­ n’existe pas la plénitude de la vérité mais
tholique sont donc deux conceptions diamétra­ l’erreur par excès (racisme matérialiste) ou
lement opposées, qui n’ont rien de commun. par défaut (philanthropisme philojuif qui ne
La cause de la réaction antijuive - écrit veut pas voir les dangers que le judaïsme re­
Bernard Lazare - est l’exclusivisme judaïque présente); alors que la doctrine catholique

284
SODALITIUM : La question juive

9) ENCICLOPEDIA CATTOLICA, Città del Vaticano


1949, vol. I, col. 1502.
10) La Civiltà Cattolica, 1890, série XIV, vol. 8.
11) A. SACERDOTI, Judei italiani. Chi sono, quanti
sono, come vivono, Marsilio, Venezia 1997, p. 17.
12) Ivi.
13) Ibidem, p. 11.
14) Ivi.
15) M. MICHAELIS, Mussolini e la questione ebraica,
Milano 1982, p. 25.
Cf. aussi:
U. CAFFAZ, L’antisemitismo italiano sotto il fascis­
mo, Firenze 1975.
G. DI SEGNI, Ebraismo e libertà religiosa in Italia,
Torino 1983.
U. NAHON, Per non morire. Enzo Sereni, vita, scrit­
ti, testimonianze, Milano 1973.
16) F. TAGLIACOZZO - B. MIGLIAU, Gli judei nella
storia e nella società contemporanea, La Nuova Italia,
Scandicci (Firenze) 1993, pp. 210-211.
17) Ibidem, pp. 216-217.
18) Ibidem, p. 225.
19) Sur la figure discutée d’Interlandi cf.
G. MUGHINI, A via della Mercede c’era un razzista,
Rizzoli, Milano 1991.
F. GERMINARIO, Razza del sangue, razza dello spiri­
to. Julius Evola, l’antisemitismo e il nazionalsocialismo
(1930-43), Bollati-Boringhieri, Torino 2001.
M. T. PICHETTO, Alle radici dell’odio. Preziosi e Be­
nigni antisemiti, F. Angeli, Milano 1983.
G. SALOTTI, Breve storia del fascismo, Bompiani,
Le rabbin Angelo Sacerdoti reçoit le Roi Victor Milano 1998.
Emmanuel III au temple de Rome pour l’inauguration 20) Ibidem, pp. 254-255.

de la plaque commémorative en mémoire des juifs Cf. aussi:

tombés à la guerre F. COEN, Italiani ed judei: come eravamo. Le leggi

razziali del 1938, Genova 1988.


s’élève in medio et cùlmen comme un som­ 21) A. MARTINI, Studi sulla questione romana e la
met entre deux ravins, et enseigne à ne pas Conciliazione, Cinque Lune, Roma 1963.
haïr cruellement mais en même temps à 22) R. DE FELICE, Storia degli judei italiani sotto il
fascismo, Einaudi, Torino, 3ª edizione, 1988, p. 292.
prendre toutes les précautions pour ne pas 23) La Civiltà Cattolica, 1938, fasc. 2115, pp. 277-278.
être écrasés: “simples comme des colombes, 24) Pour l’insistance du Pape à maintenir cette
mais prudents comme des serpents”, en­ phrase cf.
seigne l’Evangile. A. MARTINI, L’ultima battaglia di Pio XI, rapportée
in Studi sulla questione romana e la Conciliazione,
Roma, Cinque Lune, 1963, p. 180.
Notes 25) R. DE FELICE, op. cit., p. 298.
26) R. MORO, La Chiesa e lo sterminio degli judei, Il
1) SAINT THOMAS, Super epistulam ad Galatas lectu­ Mulino, Bologna 2002, p. 77.
ra, lectio VII, n° 249, 271-272, Marietti, Torino 1953, 27) Lire aussi:
pp. 620 ss. R. DE FELICE, op. cit., cap VII La persecuzione fas­
2) U. BENIGNI, Storia sociale delle Chiesa, Milano, cista, pp. 344-440.
Vallardi, 1922, vol. III, p. 24. R. DE FELICE, Mussolini il duce. II- Lo stato totali­
3) Cf. G. DAHAN, La disputa antigiudaica nel me­ tario (1936-1940), Einaudi, Torino 1996, pp. 866-877.
dioevo cristiano, ECIG, Genova 1993. G. MICCOLI, in Annali 11**, Gli judei in Italia, Ei­
4) P. C. LANDUCCI, La vera carità verso il popolo naudi, Torino, Santa Sede, questione ebraica e antisemi­
ebreo, in «Renovatio» n° 3, 1982. tismo, V-1, Antisemitismo cristiano e razzismo, pp.
5) R. TARADEL - B. RAGGI, La segregazione ami­ 1544-1574.
chevole. «La Civiltà Cattolica» e la questione ebraica, M. SARFATTI, Gli judei nell’Italia fascista, Torino,
1850-1945, Editori Riuniti, Roma 2000, pp. 124-155, Einaudi, 2000.
passim. M. GHIRETTI, Storia dell’antigiudaismo e dell’antise­
6) La Civiltà Cattolica, 1938, vol. III, p. 271. mitismo, Bruno Mondadori, Milano 2002.
7) L’Osservatore Romano, 29 juillet 1938. 28) XAVIER VALLAT (autorité en la matière, ayant
8) B. LAZARE, L’antisémitisme son histoire et ses exercé les fonctions de “commissaire général aux ques­
causes, Documents et témoignages, Vienne 1969, pp. 11; tions juives” dans le gouvernement du Maréchal Pé­
13-14; 17. “Centro Librario Sodalitium”, Verrua Savoia tain) a écrit que l’article en question n’a pas été effacé
(TO) 2000. par le gouvernement de Vichy qui cependant «a permis

285
SODALITIUM : La question juive

de discriminer aisément les juifs des non-juifs… [en tiche”, dont nous relatons le passage relatif à
mettant] les seconds en demeure de fournir la preuve Evola, est moins étonnante (à prendre naturel­
que leurs grands-parents avaient appartenu à une autre
des religions reconnues jadis en France […]. Tous les lement sous bénéfice d’inventaire).
enfants étaient baptisés, et les mariages ou les enterre­
ments étaient tous religieux. Il était donc aisé à des Sodalitium
non-juifs de retrouver des documents faisant foi que
leurs aïeux appartenaient à une autre religion que la re­
ligion juive […]. En outre la loi du 2 juin 1941 [art. 7]
spécifie que l’application de la loi aux prisonniers de « R) – Le juif est un déraciné; le judaïs­
guerre ou aux membres de leur famille est suspendue me traditionnel n’est pas dangereux, mais
pendant la durée de la captivité. Enfin, l’article 8 réser­ est dangereux celui qui n’a ni patrie ni point
vait au Conseil d’Etat […] la possibilité de relever cer­ de référence (…).
tains juifs des interdictions prévues par la loi» (X. VAL-
LAT , Le nez de Cléopâtre. Souvenirs d’un homme de
Q) Dans cette accusation contre la race
droite, Paris 1957, pp. 243-245). juive faites-vous rentrer certaines valeurs
On peut donc conclure que bien que l’article n’ait traditionnelles comme la Kabbale?
pas été effacé, en pratique il a été corrigé de façon anti­ R) – Sûrement pas. Sur le plan tradition­
raciale, en effet il était suffisant de démontrer que les
aïeux étaient baptisés pour ne pas être déclarés juifs;
nel, il serait frivole de créer des oppositions
donc ce n’était pas une question de race (comme en Al­ de ce genre. Seules les formulations sont dif­
lemagne ou en Italie) mais plutôt une question de reli­ férentes. A un certain niveau il y a accord
gion - au moins - en pratique. Enfin le gouvernement de entre ‘ceux qui savent’ (…).
Vichy prévoyait des dispenses pour les juifs qui «au­ Q) – Vous seriez donc pour l’Etat d’Is­
raient rendu à l’Etat Français des services exception­
nels» (op. cit. p. 245), et non l’aryanisation comme en raël?
Allemagne et en Italie; pour Vichy il n’y avait pas une R) – S’il existe des juifs dangereux, ce ne
question de “sang” mais une question de civilisation, de sont pas ceux d’Israël, qui travaillent, s’orga­
culture et de religion qui devait être résolue avec des nisent, témoignent d’extraordinaires vertus
lois spéciales d’interdictions.
29) Le texte intégral peut être demandé à:
militaires; ce sont ceux des métropoles occi­
ANEC, B. P. 21 F - 44530 Saint-Gildas-des-Bois. dentales, qui grâce à la démocratie ont les
30) F. TAGLIACOZZO - B. MIGLIAU, op. cit., p. 361. mains libres. Si aujourd’hui quelqu’un veut
Cf. aussi: poser le problème juif, il arrive trop tard, il
L. PICCIOTTO FARGION, L’occupazione tedesca e gli n’existe plus. Comme je vous l’ai dit, le pro­
judei di Roma, Roma 1979.
L. PICCIOTTO FARGION, Il libro della memoria. Gli blème de la race ‘intérieure’ est beaucoup
judei deportati dall’Italia (1943-1945), Milano 1991. plus important à mes yeux; et les attitudes
M. TOSCANO, L’abrogazione delle leggi razziali in pour lesquelles on considérait le juif indési­
Italia (1943-1987). Reintegrazione dei diritti dei cittadini rable étant aujourd’hui répandues chez les
e ritorno ai valori del Risorgimento, Roma 1988.
G. FORMIGGINI, Stella d’Italia. Stella di David. Gli
braves Aryens, il serait injuste et injustifié
judei dal Risorgimento alla Resistenza, Milano 1970. d’opérer une discrimination ».
31) Cf. G. P. MATTOGNO, L’antigiudaismo nell’An­
tichità classica, ediz. Ar Padova-Salerno 2002. De Un’intervista a Julius Evola
(Heliodromos, n° 6, printemps 1995).
APPENDICE:

L’INTERVIEW D’EVOLA

PUBLIEE PAR HELIODROMOS


« En mai 1995, le magistrat de Venise Fe­
lice Casson entra en possession d’une liste
En page 11 du présent numéro de Sodali­ de douze ex-“collaborateurs” de la CIA en
tium, l’abbé Nitoglia fait référence à une in­ Italie (Commission parlementaire d’enquête
terview réalisée par Julius Evola publiée par P2, volume 3, tome 4, partie III, pp. 119-23).
la revue Heliodromos (n° 6, printemps 1995). En plus du penseur d’extrême droite Julius
Comme le précise la revue sicilienne, l’in­ Evola (…)
terview est tirée du livre d’Elisabeth Antébi, (En note: le Procureur Casson a transmis
“Ave Lucifer” (Calmann-Lévy éditeur). Nous au gouvernement américain la demande de
publions de cette interview d’amples extraits pouvoir consulter les archives de la CIA
concernant la question juive et le soutien ap­ pour vérifier l’authenticité de la liste) ».
porté par Evola à l’Etat d’Israël. Dans ce
contexte, la possible collaboration du même De SERGIO FLAMIGNI, Trame atlantiche.
Evola avec la CIA, telle qu’elle est rapportée Storia della Loggia massonica segreta P2,
dans le livre de Sergio Flamigni “Trame atlan­ Kaos edizioni, Milano 1996, p. 85.

286
SODALITIUM : La question juive

Cozbad se fit passer pour le Messie et les


Romains furent chassés de Jérusalem, qui ce­
pendant retomba très vite entre leurs mains;
mais tandis que Titus avait laissé encore cette
maison entière, avec Adrien la ville fut rasée au
LE SIONISME: UN REVE sol et à sa place fut construite Aelia Capitolana,
qui ne reprit le nom de Jérusalem que plus tard.
MAGNIFIQUE OU UN La troisième tentative de révolte, adve­
TERRIBLE FIASCO ? nue sous le règne d’Antonin (138-161), ainsi
que la quatrième sous Marc Aurèle (174­
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia 175) n’eurent de succès et furent réprimées.
Une autre fois - la cinquième - les Juifs,
animés par l’espérance de restaurer politi­
A vec le présent article, à travers l’analyse
de la pensée et des conquêtes du
Sionisme, on entend montrer comment la
quement le Royaume d’Israël, au temps de
Septime Sévère (193-211), conspirèrent en
formation de l’actuel Etat d’Israël ne ré­ Syrie avec les Samaritains contre la domina­
pond pas aux promesses divines. tion romaine, mais obtinrent seulement d’ap­
A l’analyse de l’évolution de l’idée sio­ pesantir le joug auquel ils étaient soumis.
niste suivra l’étude du mouvement sioniste La sixième tentative d’insurrection se véri­
et de ses rapports avec les Superpuissances fia sous Constantin (321-327), mais fut elle
et avec les différents Etats européens, y aussi étouffée et “St Jean Chrysostome dans
compris les nazis et les fascistes, pour arriver le Second discours contre les Juifs, nous racon­
à la question théologique et doctrinale et au te que Constantin, convaincu que les Juifs
rapport avec l’Eglise. n’avaient pas renoncé à leur esprit de révolte,
leur fit couper une partie de l’oreille, afin que,
INTRODUCTION dispersés dans l’Empire, ils portassent partout
avec eux le signe de leur rébellion” (5).
Vers la seconde moitié du XIXème siècle Sous Constance il y eut une septième ré­
se développa le flux migratoire des Juifs volte, mais Gallus passa en Judée, où il bat­
vers la Palestine, qui n’était cependant pas tit les insurgés et rasa Diocésarée, siège de
un phénomène spontané, mais le produit du l’insurrection: les Juifs furent tués par mil­
SIONISME (1), avec le concours de deux liers et de nombreuses villes, parmi les­
cents délégués juifs réunis à Bâle et l’adhé­ quelles Tibériade, furent brûlées.
sion de plus de cinquante mille Juifs, et dans L’ultime tentative de cette première pé­
le but de “travailler au rachat de la Pa­ riode est l’une des plus célèbres et a comme
lestine, pour y créer un Etat israélite” (2). coopérateur Julien l’Apostat, qui non seule­
Mais le Sionisme ne commence pas au ment permit aux Juifs de reconstruire le
XIXème siècle, mais “est l’expression moder­ Temple, mais les aida par tous les moyens:
ne du vieux rêve de mille neuf cents ans, de re­ sur l’issue finale voir ce présent numéro (6).
construire Israël, après que Rome avait mis fin Si un rôle important dans toutes ces tenta­
à l’indépendance juive en terre d’Israël” (3). tives de révolte est à attribuer à la ténacité juive,
le facteur principal est dû, selon le juif converti
DIFFERENTES ETAPES DE L’IDEE Augustin Lémann, à une “interprétation d’un
SIONISTE certain groupe de prophéties bibliques” (7);
même “c’est en se fondant sur ces prophéties
a) Première période: de la chute de Jérusalem que les Juifs ont toujours espéré qu’ils revien­
à la mort de Julien l’Apostat (70-363). draient à Jérusalem, qu’ils y restaureraient le
Sous le règne de Trajan († 117) un faux Temple (8), pour y jouir avec le Messie d’une
Messie, nommé André, excita le fanatisme pleine et inaltérable prospérité” (9).
des Juifs au point que, parmi les Grecs et les
Romains, “deux cent mille hommes péris­ b) Seconde période: de la mort de Julien
sent par l’épée et par la fureur des Juifs” (4). l’Apostat à la Révolution française (363-1789).
Marcius Turbo attaqua les rebelles et leur fit Cette longue période fut marquée par la
payer de leur sang un jour de triomphe. résignation, même si se maintint toujours une
Sous le règne d’Adrien (130-135) eut lieu certaine espérance endormie, comme l’affir­
une seconde tentative, quand un certain Bar- me également l’abbé Lémann: “…avec la

287
SODALITIUM : La question juive

mort de Julien l’Apostat et le triomphe défini­ d’être admis parmi les Nations; par cela le
tif du Christianisme jusqu’à la Révolution parti talmudiste allemand fut blessé à mort.
française, c’est pour les Juifs la période de ré­ La seconde école se forma en France,
signation mais toujours d’espérance” ( 10). sous l’égide de l’émancipation, qui marque
Durant cette période “l’aptitude financière et aussi l’élément diversifiant des deux écoles.
commerciale des Juifs se développe et s’étend En effet en Allemagne, du moment que le
à toutes les nations d’une manière extraordi­ juif n’était pas encore émancipé civilement,
naire… [ils] deviennent les financiers des rois. sa pensée devait être considérée comme har­
Mais, au milieu des préoccupations de leurs die et prématurée: la liberté civile, non enco­
trafics et des calculs de leur négoce, ils ne lais­ re conquise, était la perle pour laquelle on
sent pas que de penser à Jérusalem” (11). était prêt à sacrifier toute chose, même le
Vers le XVIème et le XVIIème siècle les Messie personnel. En France, au contraire,
Juifs amis de la Terre Sainte se déplacèrent les juifs depuis 1791 jouissaient de la liberté
vers Safed, à quelques kilomètres de civile et étaient donc plus modérés dans
Bethsaïde; au XVIIème siècle on dénom­ l’évolution de la foi à propos du Messie. Dans
brait à Jérusalem environ cent familles le Grand Sionisme de 1807 Napoléon avait
juives et, à partir de cette époque, les pèleri­ été honoré et décoré des titres réservés exclu­
nages à la Ville sainte commencèrent à de­ sivement au Messie, même si le parti talmu­
venir toujours plus nombreux. diste était encore assez fort pour contreba­
lancer. Ce fut seulement à partir de 1848 que
c) Troisième période toute “répression” de la part de la Synagogue
Avec le philosophisme allemand du talmudique devint inefficace même en
XVIIIème siècle et avec la Révolution fran­ France. En effet durant le règne de Louis-
çaise on assiste à l’ABANDON de l’idée du Philippe le rationalisme allemand avait exer­
retour à Jérusalem et du dogme du Messie cé une influence notable sur le Judaïsme
personnel. français. En 1846, durant l’intronisation du
Quelles furent les causes de ce change­ grand rabbin de Paris, le colonel Cerf-Beer,
ment? dans un discours de circonstance lui fit com­
La première est justement le philosophis­ prendre qu’il était désormais temps de com­
me imprégné de ce scepticisme du dix-hui­ mencer avec les réformes (“l’aggiornamen­
tième siècle, qui a été l’agent corrosif de to”) également en Allemagne: le parti talmu­
toutes les religions, y compris de la religion diste n’eut plus la force de réagir comme par
talmudique, d’abord avec Spinoza et ensuite le passé. Désormais même le monde juif fran­
avec Mendelssohn, qui peut être considéré çais affirmait que “La Révolution était le vrai
comme le fondateur d’une sorte de néo- Messie pour les opprimés” (12).
Judaïsme, masqué de déisme. Commence “La Jérusalem nouvelle serait la
ainsi à se répandre dans les ghettos l’idée Jérusalem de l’argent avec un banquier pour
que le Messie pourrait être un concept, un Messie, la cote des fonds publics au lieu du
royaume, un peuple, …mais non une per­ Sefer Thora, la Bourse au lieu du Temple”
sonne, et surgit aussi le problème de la dis­ (13). Presque tous les pays de l’Europe occi­
position physique et géographique de ce dentale et des USA dans lesquels les juifs
royaume. C’est la Révolution française qui connurent l’émancipation civile, accueilli­
concrétise ce mythe. L’EMANCIPATION rent ces idées sur le Messie impersonnel,
aux Juifs français fut accordée en 1791; ils avec l’abandon consécutif du dogme du
virent le Messie dans les Droits de l’homme Messie personnel et du retour à Jérusalem.
proclamés par la Révolution.
De la fin du XVIIème siècle à 1848 le BREVE HISTOIRE DU MOUVEMENT
mythe du Messie impersonnel a eu deux SIONISTE
écoles principales, dont la première fleurit en
Allemagne sous l’égide du philosophisme. En Le Canal de Suez et la Grande-Bretagne.
1843 à Francfort-sur-le-Main s’organisa un Le projet d’ouvrir le canal de Suez suscita,
comité juif réformiste, auquel suivirent trois vers la moitié du XIXème, un vif intérêt en
synodes, un la même année à Brunswick, un Europe, parce que la Méditerranée aurait
encore à Francfort en 1845 et un troisième à regagné une notable importance. C’est sur­
Breslau en 1846, dans lesquels on affirmait tout la France, l’Empire habsbourgeois et
que l’unique Messie attendu était la liberté l’Italie qui étaient intéressés au projet.

288
SODALITIUM : La question juive

L’Angleterre au contraire aurait été lésée. surés d’avoir vaincu définitivement l’Empire
Celui qui assuma la charge économique des Ottoman, menèrent une politique apte à dé­
travaux fut, en très grande partie, le pacha tériorer les rapports entre les Turcs et les
d’Egypte Saïd, mais les finances égyptiennes populations de l’ex-Empire Ottoman, «exci­
furent bouleversées par l’énorme quantité tèrent à la révolte contre Constantinople les
des débours. En 1863 lui succéda son neveu populations arabes auxquelles ils promirent,
Ismaïl, à qui «…vinrent en aide les banques la guerre terminée, la séparation de
juives Oppeneim et Rothschild, lesquelles, l’Empire et la pleine indépendance poli­
ayant bloqué tout accès au crédit, étreigni­ tique» (15). Ils contactèrent en outre le chei­
rent en fin de compte le souverain dans un kh de la Mecque, Hussein, descendant de la
embrassement mortel… Le contrôle fille de Mahomet Fatima et pour cette raison
conjoint anglo-français est imposé aux chargé d’un grand prestige spirituel dans le
Egyptiens sur leurs finances; c’est l’anti­ monde islamique. «Comme contrepartie
chambre de l’occupation coloniale… La pour la rébellion aux Turcs, les Anglais ga­
banqueroute égyptienne et les difficultés po­ rantirent à Hussein leur appui à l’ambitieux
litiques qu’elle génère coïncident avec le ré­ projet de donner vie à un grand Etat Arabe»
veil de l’intérêt britannique pour le canal» (16). Ainsi se rompit la solidarité du front
(14). La Grande-Bretagne commença ainsi à musulman. Après trois ans de lutte la partie
changer de politique dans ses rapports avec contre les Turcs est vaincue par les Arabes.
l’Empire Ottoman, et après l’avoir défendu Les Anglais occupent Jérusalem et Hussein
jalousement, du point de vue antirusse et an­ Damas. Le 11 novembre 1918 un communi­
tifrançais, décida de ne pas s’opposer à son qué anglo-français rassure les Arabes en leur
déclin. En 1878 elle occupe Chypre et prit promettant après la longue oppression
possession des douanes turques. La situation turque, l’installation de gouvernements et
au fil des ans dégénère en violents désordres d’administrations arabes. Cependant les
et les anglais décident d’intervenir manu mi­ Arabes durent changer d’avis et constater
litari, c’est pourquoi le 10 juillet 1882 les na­ que la Grande-Bretagne n’avait absolument
vires anglais ouvrirent le feu sur Alexandrie pas en vue la libération des peuples Arabes
d’Egypte. Avec la grande guerre (1914-1918) par l’oppresseur turc, mais plutôt désirait
l’Angleterre saisit l’occasion pour assener le imposer sa propre volonté aux pays du
coup de grâce à l’Empire Ottoman, en pre­ Moyen-Orient. C’est surtout l’Angleterre et
nant le contrôle de la péninsule arabe et de la France qui tirèrent avantage de la dissolu­
la Syrie, s’assurant ainsi la clé d’accès de la tion de l’Empire Ottoman; le traité de
Méditerranée vers la Mésopotamie et le Sèvres (10 août 1920) signe la fin définitive
Golfe Persique. La Palestine aurait mis en de l’Empire Ottoman, la ratification anglaise
sécurité les communications avec l’Inde au de Chypre et des pouvoirs sur le Canal de
moyen du Canal de Suez. Le 18 décembre Suez. Les Turcs éliminés, le destin de
1814 la Grande-Bretagne occupe l’entier tra­ l’Arabie passe aux mains anglo-françaises.
jet du canal. Les Anglais, pour être plus as- Les Arabes ne voulurent pas renoncer à l’in­
dépendance, mais le 24 juillet 1920 les
Réunion de militants du Bétar en uniforme à Lyck Syriens sont écrasés par les Français et
(Empire allemand) en 1935. Sur le mur, au fond, on
aperçoit un portrait de Zeev Jabotinsky Damas est occupée. «La Palestine… est pri­
vée de la liberté et du droit même à la vie:
non seulement l’indépendance lui sera dé­
niée, mais elle sortira des mains anglaises
transformée en une entité ethnique et cultu­
relle absolument méconnaissable» (17).
Pendant ce temps la naissance du
Sionisme, loin de résoudre l’éternelle ques­
tion juive, la compliquera, en la transportant,
dans une optique conflictuelle, dans les pays
arabes, allumera une nouvelle haine entre
Islam et Judaïsme, qui d’abord, théologique­
ment, n’existait pas et qui s’affirme par des
motifs nationalistes et d’indépendance terri­
toriales. Le Judaïsme international mobilise

289
SODALITIUM : La question juive

ses propres coreligionnaires anglais pour ob­ Le “Livre Blanc”. Le 17 mai 1939
tenir l’intervention dans la première guerre l’Angleterre annonça sa volonté d’abandon­
mondiale des USA. La Grande-Bretagne ner l’idée de la disparition de la Palestine et
concéda aux chefs sionistes qui s’étaient en­ le Foreign Office avec un Livre Blanc, s’en­
gagés a faire entrer en guerre l’Amérique, gagera à accorder aux Palestiniens l’indépen­
des privilèges exceptionnels. «Les accords dance; la passation effective des pouvoirs,
prévoient pour le Sionisme, le don d’un toutefois, n’adviendrait que dix ans après.
National Home, en Palestine, base de départ Les Arabes pensaient entrevoir la fin de
du futur Etat hébreu» (18). Le 2 novembre leurs souffrances, mais la proposition anglai­
1917 le ministre des Affaires Etrangères bri­ se est conditionnée par l’issue de la seconde
tannique Lord Balfour adressa au président guerre mondiale. En effet le Livre Blanc suit
de la fédération sioniste britannique Lord de quelques jours les garanties antigerma­
Rothschild une lettre qui affirme: «Sa niques laissées par l’Angleterre à la Pologne,
Majesté voit avec bienveillance l’institution à la Grèce et à la Roumanie, c’est pourquoi
en Palestine d’un National Home pour le il représente seulement une diversion ou un
peuple juif». Ce foyer juif est un mot polisé­ acte expédient pour s’accaparer, dans un
mantique, derrière lequel se cache le concept moment aussi difficile, la sympathie et la
d’ETAT JUIF. Ce projet coûtera cher sur­ neutralité du monde arabe, dont la position
tout aux palestiniens, même si l’implantation est d’une extrême importance stratégique.
juive ne dormira jamais sur ses deux oreilles L’Angleterre en substance avec le Livre
dans ce qui se révélera en Orient, comme Blanc a voulu seulement tergiverser et
cela l’avait déjà été en Occident, une aventu­ congeler la question palestinienne et ren­
re privée de certitude depuis le jour où les voyer toute décision à la fin du conflit. Les
chefs du peuple dirent “Sanguis eius super Juifs de Palestine se voient accorder ainsi
nos et super filios nostros”, assumant une ter­ une trêve providentielle de plusieurs années,
rible responsabilité pour les fils d’Israël tant une prorogation à l’éventuelle expulsion et
qu’ils ne se convertiront pas et ne rentreront peuvent continuer à accueillir de nouveaux
pas dans l’Eglise de Dieu. immigrés. En mai 1942 à New York, à
La Palestine: un pays isolé. «Rompre l’Hôtel Biltmore, se réunit une conférence
l’unité de la Grande Syrie et dégager d’elle sioniste qui réclama la constitution de l’Etat
la Palestine est le premier pas pour assurer hébreu et prétexta l’annulation de toute limi­
le succès du projet sioniste… c’est une poli­ te à l’immigration, et réclama enfin de
tique qui engendre chez les palestiniens une confier la supervision sur l’immigration à la
grande désorientation. Ils se trouvent tout à Jewish Agency. «En Palestine pendant ce
coup dans un pays occupé militairement et temps, l’Haganah, l’organisation militaire of­
coupé à l’extérieur de toute liaison adminis­ ficielle des sionistes qui de 1929 à 1939 s’était
trative et politique antérieure. La nouvelle armée avec la connivence de la puissance
entité territoriale qui avait toujours fait par­ mandataire (la Grande-Bretagne), …renfor­
tie des organisations étatiques plus vastes et ça ses unités et se prépara à la lutte contre
n’avait jamais manifesté d’aspirations auto­ les Anglais pour le cas où ceux-ci insistent à
nomistes, est créée, depuis le début, avec mettre en pratique ce Livre Blanc de 1939
l’objectif de la dégradation ethnique. La po­ par lequel ils avaient promis aux Palestiniens
pulation arabe d’origine est destinée à être l’indépendance. L’Irgun… et la Bande
submergée et remplacée» (19). Stern… déchaînèrent… une campagne terro­
La réaction arabe contre l’immigration et riste qui se proposa de plier définitivement
l’occupation juive (que les Anglais eux­ les Anglais au vouloir du Sionisme. La pre­
mêmes autorisaient) offrira à l’Empire bri­ mière victime illustre de la Bande Stern est le
tannique de vastes possibilités d’ingérence. ministre britannique pour le Moyen-Orient,
Derrière l’alibi du maintien de la paix, Lord Moyne, qui fut assassiné… en no­
l’Angleterre aurait pu cacher facilement sa vembre 1944» (20). Avec la fin de la seconde
volonté de présence militaire en Palestine guerre mondiale nous assistons à la coïnci­
sine die. Seul le processus de décolonisation dence de facto des aspirations du Sionisme
commencé à la fin de la seconde guerre avec celles des deux superpuissances, (USA
mondiale poussera les Anglais à laisser la et URSS). Russes et Américains ont compris
Palestine. Alors au colonialisme anglais suc­ qu’un Etat hébreu en Palestine est un élé­
cédera le colonialisme sioniste. ment valable déstabilisant dans une des

290
SODALITIUM : La question juive

zones géopolitiques les plus importantes du perdre la mémoire… Tel-Aviv construit tou­
monde, qui leur permettra d’intervenir dans jours plus dans ses murs comme une minus­
les affaires intérieures de tous les pays du cule symbolique New York… la ville entière
Moyen-Orient et d’y amorcer un grave pullule de lieux pour gays, pour lesbiennes,
conflit entre l’Europe et le monde arabe. La pour transsexuels… Les passions déchaînées
tâche de l’occupant britannique est désor­ de l’adolescence de nombreux jeunes de
mais accomplie, à elle succédèrent sionistes, Tel-Aviv pour Che Guevara de Hamas sont
USA et URSS. Le 29 novembre 1947 légendaires… Passions en général vécues
l’Assemblée Générale de l’ONU, par la ré­ par de jeunes Palestiniens avec un esprit
solution 181, approuve le plan qui prévoit la prédateur à sens unique: on a pas d’échos
partition de la Palestine en deux Etats: un des malheureux écarts des jeunes Pales­
Etat arabe et un Etat juif. «La décision est tiniennes pour les jeunes soldats israéliens et
prise au siège et par des sujets trompés. les mariages dans les deux sens suivent la
L’ONU, qui ne possède aucun droit de sou­ même loi: mari palestinien et femme israé­
veraineté sur la Palestine, ne peut s’arroger lienne, oui. Mari israélien et femme palesti­
la compétence d’en disposer; elle ne peut la nienne, non. (…)Un homme qui a combattu
diviser…» ( 21). Le 14 mai 1948 le Conseil toute les guerres me dit: “La paix n’est pas
National Juif proclama l’Etat d’Israël, en la fin du cauchemar… Les ennemis qui un
mettant le monde devant le fait accompli. temps étaient incapables de combattre
«La logique de Yalta vainquit donc aussi en contre ceux d’entre nous qu’ils pouvaient
Palestine. Amérique et Russie ont réservé au battre en un instant AUJOURD’HUI
pays le même traitement inique déjà arrivé à SONT BRAVES COMME ET MEME
l’Europe» (22). Alors que USA et URSS der­ PLUS QUE NOS SOLDATS; ils savent
rière l’écran de la guerre froide collaborent pourquoi ils combattent, sont bien armés et
en secret à la partition de l’Europe et du entraînés. Par nous le patriotisme cède le
Moyen-Orient, la presse philojuive présente pas au sens de la faute. Les Arabes nous
Israël comme le bastion contre le communis­ haïssent, mais parlent parfaitement l’hébreu.
me – alors qu’en réalité c’était un état laïque Nous ne parlons pas un mot d’arabe et vou­
et socialiste né avec le consentement sovié­ drions être aimés par eux» (24).
tique - mais en taisant que le communisme
était hors la loi dans tous les pays arabes, et LE SIONISME: NAISSANCE ET DÉVE-
en créant le consensus de la pensée modérée LOPPEMENT DU MOUVEMENT SIO-
et libérale-conservatrice. Avec la guerre de NISTE
1967 toute la Palestine appartient à Israël, y
compris Jérusalem, qui d’après la résolution a) Le premier Congrès de Bâle (août 1897)
181 aurait dû être placée sous administration Les origines du Sionisme actuel sont re­
internationale (23). Les Juifs ne respectent cherchées dans l’ouvrage du journaliste vien­
pas la décision de l’ONU, dont les résolu­ nois Theodor Herzl qui, avec le parisien Max
tions imposèrent le retrait de l’armée israé­ Nordan, organisa trois congrès à Bâle. Dans
lienne et qui restent cependant lettre morte. le premier fut défini le programme du
Le 10 novembre 1975 l’ONU, pour ne pas Sionisme, c’est-à-dire “créer au peuple juif
perdre la face, est contrainte d’approuver un domicile garanti par le droit publique en
une résolution qui assimile Sionisme et racis­ Palestine”. Les réactions furent très fortes et
me, mais Israël ne s’arrête pas, confiante vives, presque “une levée en masse du rabbi­
dans l’indécision de l’ONU, qui à quelques nat contre un pareil projet” (25), au point que
temps de là supprime la résolution. l’on parle de DIVORCE ENTRE SYNA-
Mais la victoire du Sionisme manque son GOGUE ET SIONISME. “La première, sa­
objectif principal, qui est celui de donner vie tisfaite de l’émancipation, ne veut plus être
à un Etat national pacifié et uni même eth­ autre chose qu’une religion. Le second, ré­
niquement, comme l’a aussi révélé le jour­ veillé par l’explosion mystérieuse de l’antisé­
naliste juif Paolo Guzzanti dans un récent mitisme, proclame hautement: Nous sommes
article sur La Stampa de Turin: «Ces jeunes un peuple, et nous voulons reconstituer
[de Tel-Aviv] aussi… euro-américains, aussi notre nationalité… La première n’a plus la
laïques…, n’ont pas du tout l’air de cultiver foi intégrale de Moïse et des prophètes. LE
le patriotisme nostalgique de leurs pères et SIONISME NE CONSIDERE LES JUIFS
de leurs aïeux… Cette ville est en train de QUE COMME UN PEUPLE, AU LIEU

291
SODALITIUM : La question juive

DE RECONNAITRE QU’IL EST LE d’un empire universel. Mais quel rapport y-a­
PEUPLE, LE PEUPLE DE DIEU” (26). t-il entre cet idéal religieux et le projet du
En effet c’est “uniquement dans un BUT docteur Herzl et de ses amis?” (31).
POLITIQUE ET SANS SE RATTACHER
AU PASSE RELIGIEUX D’ISRAEL que b) Le second Congrès de Bâle (août 1898)
le Sionisme voudrait rentrer en possession Durant le second Congrès apparut enco­
de Jérusalem et y ressusciter la nationalité re plus clairement le nœud du problème et
juive” (27). la contradiction immanente avec le
D’autre part le rabbinat occidental, Sionisme moderne, pour lequel le Judaïsme
même en ayant pour la plupart abandonné doit être une nation et non une religion,
l’espérance d’un Messie personnel, refuse de alors que pour le rabbinat il était une reli­
s’associer au Sionisme et de s’acheminer gion plutôt qu’une nation. C’est pourquoi le
vers Jérusalem. C’est le cœur du problème rabbinat occidental émancipé, bien que libé­
sioniste et le principe de sa solution à la lu­ ral ne voulait pas avoir de rapports avec le
mière de la foi chrétienne, comme nous le Sionisme, puisque ce dernier était seulement
verrons ensuite. un nationalisme rationaliste laïciste et natu­
Le grand rabbin de France Zadoc-Fahn raliste qui n’avait aucune racine dans son
explique admirablement que “Le Sionisme… passé religieux: “Nous ne nous imaginons
remonte à la destruction du Temple de pas facilement un état hébreu laïc, dont la
Jérusalem par Titus …Mais il y a une énorme Thora ne soit pas la carte nécessaire… ne
différence entre le Sionisme actuel et celui d’il réussit pas à comprendre l’existence d’une
y a dix-huit siècles. POUR LES FIDELES société israélite qui n’ait pas la foi pour son
DES TEMPS ANTIQUES C’ETAIT LE fondement. Ce nationalisme purement ra­
MESSIE ENVOYE PAR DIEU… QUI DE- tionaliste serait la négation de l’histoire et
VAIT MIRACULEUSEMENT RECONS- des prophéties bibliques!” (32).
TRUIRE SION… PERSONNE N’AURAIT En résumé, le second Congrès marque
JAMAIS NI MEME LOINTAINEMENT l’abandon de Jérusalem de la part des rab­
PENSE A ARRIVER A CE BUT AU bins et l’abandon de la religion, et donc du
MOYEN DES VOIES NATURELLES. Cet passé d’Israël, de la part du Sionisme.
esprit ne pouvait pas résister à l’influence de
la Révolution française… L’idée messianique c) Le troisième Congrès de Bâle (août 1899)
se transforma… Le Messie devint le symbole L’hostilité du rabbinat explosa pour la
du progrès, de la fraternité humaine, enfin troisième fois et la majeure partie des Juifs
réalisée par le triomphe des grandes vérités d’Occident se montra fermement opposée
morales et religieuses que le Judaïsme a ré­ aux projets des sionistes. Cependant les Juifs
pandues partout” (28). orientaux, pas encore émancipés civilement
Si le rabbinat occidental, désormais bien et donc non assimilés, restent fidèles, pour la
intégré en Europe, refusait aussi le PSEUDO majeure partie, à l’idée du Messie personnel
SIONISME LAIC de Herzl, il y avait encore et du retour miraculeux à Jérusalem (33).
une frange juive qui attendait un Messie fils
de David, mais “ne saurait accepter l’idée LA PERIODE DE RESIGNATION
d’un retour à Jérusalem, tant que ce Messie CONFIANTE SUBSISTE TOUJOURS
n’aurait point paru” (29). RETABLIR UN DANS LE JUDAISME ORIENTAL
ETAT D’ISRAEL AVEC DES MOYENS
HUMAINS - comme il est arrivé - N’ETAIT Des milliers et des milliers de Juifs
PAS ACCEPTABLE POUR LES JUIFS d’Autriche, de Roumanie, de Pologne, de
TALMUDISTES. Les Archives Israélites Russie, d’Asie et d’Afrique restent fidèles
écrivaient à ce propos: “Si par Sionisme on au Talmudisme, c’est-à-dire restent étran­
entend ceux qui poursuivent actuellement gers à l’influence du philosophisme, des
avant le temps promis… la reconstruction de idées modernes et n’ont pas connu la révo­
la nationalité juive… nous pouvons affirmer lution émancipatrice; c’est pourquoi ils gar­
que les sionistes de cette espèce… sont rari dent une foi aveugle en un Messie belli­
nantes in gurgite vasto” ( 30 ). Et encore: queux et conquérant qui les ramènera à
“Reconstruire le Royaume de Juda? …Nous Jérusalem. Ils sont plus nombreux que les
juifs orthodoxes, fidèles à l’idée messianique, Juifs occidentaux. “Sur sept à huit millions
croyons à la venue du Messie… fondateur de Juifs, qui existent, en effet, aujourd’hui

292
SODALITIUM : La question juive

[1901] comme à l’époque de Jésus-Christ, le et ashkénazes…» ( 38 ). Le district d’Al­


plus grand nombre réside en dehors des lemagne, initialement hostile au Sionisme se
Etats occidentaux de l’Europe” (34). L’appel rapprocha aussi ensuite des positions londo­
adressé aux étudiants juifs de l’université de niennes philosionistes. En 1897 dans une dé­
Prague par le Conseil élu du Corps des étu­ claration du 27 juin, le Comité général du
diants de la nation juive est significatif: B’naï B’rith allemand, se déclara totalement
“Compagnons Israélites, …les Juifs ne sont opposé au Sionisme, mais par la suite dans
ni allemands, ni slaves, ils sont UN une seconde résolution du Comité général
PEUPLE A PART. Les Juifs ont été et res­ du 22 mai 1921 se rallia à des positions abso­
tent un peuple autonome par unité de race, lument favorables à la création d’un Etat hé­
d’histoire, de sentiments! Assez d’humilia­ breu en Palestine.
tions! Juif, ne sois pas un esclave!” (35). Le B’naï B’rith en Palestine
«L’histoire du B’naï B’rith se confond
LE SIONISME ET LE B’NAI B’RITH avec celle de Eretz Israel» (39). Depuis des
centaines d’années le Judaïsme d’Orient vi­
Si le but du présent article est d’affronter vait dans un état presque léthargique sous le
le discours sur le Sionisme à la lumière des régime ottoman: «ce qui fut le plus utile [à
prophéties de l’Ancien et du Nouveau son renouveau] ce fut la pénétration du
Testament qui lui est inhérente, il faut ce­ B’naï B’rith dans les communautés, au
pendant faire une référence constante au moyen des loges, en particulier la loge
processus historique de la réalisation du Yerushalaim» (40).
Sionisme en Palestine de la fin du XIXème En 1865, vingt-trois ans avant la naissance
siècle à nos jours, en renvoyant le lecteur du Mouvement sioniste de Herzl, le B’naï
pour les thèmes plus spécifiques à la biblio­ B’rith organisa une grande campagne d’aide
graphie indiquée à la fin. aux victimes juives du choléra en Palestine et
Emmanuel Ratier a présenté récemment depuis lors n’a jamais cessé de financer des
une étude très intéressante et riche de docu­ initiatives privées en Israël. Dès que les cir­
ments inédits sur le B’naï B’rith (36), dans la­ constances politiques le permirent, l’ordre
quelle se trouve un chapitre entier consacré s’implanta au Moyen-Orient; deux loges fu­
au Sionisme, dont la documentation servira rent créées en Egypte en 1887 et l’année sui­
maintenant pour analyser quelle influence la vante fut fondée la première loge de Palestine,
puissante loge des “Fils de l’Alliance” aurait dont le premier secrétaire fut Elieser Ben-
eue dans la naissance de l’Etat d’Israël. Yehouda, le père de l’hébreu moderne, alors
Depuis son origine le B’naï B’rith est considéré comme une langue morte, dans la­
d’inspiration sioniste, dès lors que deux re­ quelle il traduisit la constitution et le rituel se­
présentants du B’naï B’rith roumain partici­ cret du B’naï B’rith. «Les linguistes reconnais­
pèrent en 1898 au second congrès sioniste de sent d’ailleurs aujourd’hui que c’est grâce aux
Bâle. Toutefois les loges américaines, à la Loges du B’naï B’rith que l’hébreu est au­
différence des loges européennes, toutes phi­ jourd’hui la langue officielle d’Israël» (41).
losionistes, campaient sur des positions En avril 1925 l’Ordre inaugura la pre­
beaucoup plus modérées; mais l’évolution mière Université hébraïque.
vers une attitude favorable au Sionisme fut La grande Loge de Palestine
rapide et déjà en 1917 le journal officiel du Le B’naï B’rith avait toujours craint que
B’naï B’rith américain affirmait que la décla­ la création d’un district de Palestine alerte le
ration de Balfour était «un événement aussi régime turc, c’est pourquoi le siège du dis­
important que l’édit de Cyrus» (37). Aussi les trict d’Orient avait été placé à Constan­
loges londoniennes exercèrent-elles une in­ tinople. Le mandat anglais et la déclaration
fluence capitale sur le développement du Balfour autorisèrent la création du XIVème
Sionisme, comme en témoigne aussi Paul district dont le premier grand Président fut
Goodman dans l’histoire de la première loge David Yellin. En 1948 le B’naï B’rith comp­
du B’naï B’rith d’Angleterre: «En tait en Israël quarante-huit loges, en 1968
Palestine… le B’naï B’rith a eu un ROLE cent-trente-huit, alors qu’aujourd’hui leur
UNIQUE, avant que le Sionisme n’en fît la nombre dépasse les deux cent.
base du Foyer national juif, ce fut à la Loge Durant le régime turc, entre 1873 et
Yerushalaim et dans d’autres loges que, pour 1917, six loges maçonniques avaient déjà été
la première fois, se rencontrèrent séfarades fondées en Palestine... dont la première, dé-

293
SODALITIUM : La question juive

nommée Loge du roi Salomon, à Jérusalem


en mai 1873; durant le mandat britannique
(1921-1947) la Maçonnerie connut un très
rapide développement.
La loge anglaise du B’naï B’rith et la
Palestine
Le premier président du B’naï B’rith
Herbert Bentwich avait été l’un des premiers
à partager les thèses de Theodor Herzl sur le
Sionisme et en 1897 avait organisé un pèleri­
nage des Juifs en Palestine par l’intermédiai­
re de l’Ordre des anciens Maccabées, au
nom duquel il y avait acquis un terrain, à
Gezer, donnant en outre à la First Lodge une
orientation typiquement sioniste.
Au début de la première guerre mondiale
fut créé un Comité juif d’urgence, composé
exclusivement de membres du B’naï B’rith,
dans le but de faire pression sur les futurs né­
gociateurs de paix, pour obtenir dans l’après­
guerre un Foyer national juif en Palestine (42). Truman et Staline près du berceau du
nouveau-né qu’est l’Etat d’Israël
Henry Monsky
En Amérique l’Ordre fut le principal lieu Monsky fut corapporteur de la résolution
de rencontre et de fusion entre les Juifs en faveur du programme de Baltimore, ap­
d’origine allemande (bourgeois et réfor­ prouvée presqu’à l’unanimité (408 votes
mistes) et les Juifs provenant de l’Europe de contre 3), et devint le président de la nou­
l’Est (plus pauvres, orthodoxes et philoso­ velle structure juive unitaire, la Conférence
cialistes), qui s’opposaient à l’idée de fusion juive américaine, qui prit fin en 1949, mais
des Juifs avec le peuple américain. L’accès qui fut remise sur pied en 1955 par un orga­
au pouvoir d’Hitler en 1933 relança l’intérêt nisme plus modeste, la Conférence des pré­
pour le Foyer national juif en Palestine. «Le sidents des grandes organisations juives,
vieil antisioniste est devenu - écrit Alfred suite à la reconnaissance de l’Etat d’Israël.
Cohen, président du B’naï B’rith américain ­ Samuel Happerin a écrit: «Même en ayant
tout au plus un non-sioniste. Il regarde sans jamais officiellement fait sienne l’idéologie
hostilité l’opération Palestine… Mais il fait sioniste… les actions effectives du B’naï
toujours front au Sionisme politique qui ne B’rith ont compensé toutes les hésitations.
paraît pas pour le moment être une cause Pour évaluer l’accroissement du pouvoir du
pour laquelle on peut s’enflammer. Les brû­ Sionisme américain… il faut tenir compte de
lantes discussions entre sionistes et oposants manière prééminente de la direction, du
se sont refroidies» (43). nombre des membres et de l’assistance fi­
Henry Monsky, élu président du B’naï nancière du B’naï B’rith» ( 44). Le B’naï
B’rith en 1938, profita de la seconde guerre B’rith n’avait en effet pas pris officiellement
mondiale pour relancer l’Eretz Israel et dès position en faveur du Sionisme jusqu’en
1941 resta en contact étroit avec les princi­ 1947, voulant éviter toute division au sein du
paux dirigeants sionistes. Le B’naï B’rith en Judaïsme américain à l’intérieur duquel de­
1942 approuva le programme de Baltimore. meurait une minorité antisioniste.
Le 29 août 1943 se tint une réunion histo­
rique de l’Hébraïsme américain, voulue par LE B’NAI B’RITH FAIT RECON-
Monsky, à laquelle étaient présents soixante­ NAITRE ISRAEL
quatre organisations nationales juives, avec
cinq cent quatre délégués - dont au moins C’est le “B’naï B’rith” qui a provoqué la
deux cents frères du B’naï B’rith - représen­ reconnaissance (de facto) de l’Etat d’Israël
tant un million et demi de Juifs. La réunion fut par le président américain Harry Truman,
cependant boycottée par deux des principales qui était hostile à une reconnaissance rapide
organisations juives antisionistes, le Comité d’Israël, et qui à cause de son “retardisme”
juif américain et le Comité du travail juif. était accusé par les dirigeants sionistes

294
SODALITIUM : La question juive

d’être un traître. Aucun des leaders sionistes victoire miracle va permettre une identifica­
n’était reçu, en l’occurrence, à la Maison tion desJuifs à Israël, tout à fait différente
Blanche. Tous, sauf Frank Goldman, prési­ de celle qui existait déjà à l’origine du nou­
dent du “B’naï B’rith”, qui ne réussit toute­ vel Etat. C’est à ce moment que l’A.D.L. et
fois pas à convaincre le Président. Alors le B’naï B’rith font une véritable pierre de
Goldman téléphona à l’avocat Granoff, touche l’assertion selon laquelle l’antisionis­
conseiller de Jacobson, ami personnel du me équivaut à l’antisémitisme» (45).
président Truman. Jacobson, un “B’naï
B’rith”, bien que n’étant pas sioniste, écrivit LE LAICISME SIONISTE
cependant un télégramme à son ami
Truman, lui demandant de recevoir L’idée sioniste de Theodor Herzl est abso­
Weizmann (président du Congrès Sioniste lument laïque et «s’inspirant du principe de la
mondial). Le télégramme resta sans répon­ séparation entre le pouvoir religieux et le pou­
se, alors Jacobson demanda un rendez-vous voir politique» (46), comme en témoignent ses
personnel à la Maison Blanche. Truman paroles: «Nous ne permettrons absolument
l’avisa qu’il aurait été heureux de le revoir, à pas… que les velléités théoriques de certains
condition qu’il ne lui parlât pas de la de nos rabbins prennent pied: nous saurons
Palestine. Jacobson promit et partit. Arrivé bien les tenir fermés dans leurs temples…
à la Maison Blanche, ainsi que l’écrit Dans l’Etat ils n’ont pas à intervenir» (47).
Truman lui-même dans ses “Mémoires”: «De leur côté les groupes religieux atta­
«De grandes larmes coulaient de ses yeux... quaient le mouvement [sioniste] en se ba­
alors il dit: “Eddie, tu es un malheureux, tu sant sur la tradition qui réunissait le retour
m’avais promis de ne pas parler de ce qui ar­ des Juifs en Israël avec l’avènement de l’ère
rive au Moyen-Orient”. Jacobson me répon­ messianique» (48).
dit: “Monsieur le Président, je n’ai pas dit un Mais l’idée sioniste était très forte, au point
seul mot, mais toutes les fois que je pense de frôler chez de nombreux fondateurs
aux Juifs sans patrie (...) je me mets à pleu­ d’Israël l’indifférence à l’égard du génocide,
rer” (…) Alors je lui dis: “Eddie, ça suffit”. comme le dénonce l’historien israélien Tom
Et parlons d’autre chose, mais de temps en Segev dans son livre Le septième million (49), et
temps une grosse larme coulait de ses yeux comme l’écrit Barbara Spinelli sur La Stampa:
(...) Puis il s’en alla» (13). «Les sionistes qui vivaient en Palestine, mais
Eh bien, peu de temps après, Truman aussi les Juifs américains s’occupaient en ce
reçut Weizmann en secret et changea radi­ temps-là seulement de l’Etat indépendant, et
calement d’opinion, en décidant de recon­ sauver les Juifs d’Europe était pour eux secon­
naître immédiatement l’Etat d’Israël. Ainsi daire» ( 50). De même Fiamma Nirestein
le 15 mai 1948 Truman demanda au repré­ quelques jours avant avait rappelé, sur le
sentant des Etats-Unis de reconnaître de même quotidien, que Ben Gourion avait fait
facto le nouvel Etat. Et quand le Président couler un navire chargé de jeunes militants de
signa les documents de reconnaissance offi­ l’Irgum, parce qu’ils étaient un obstacle à la
cielle d’Israël, le 13 janvier 1949, les seuls reconnaissance de l’Etat d’Israël.
observateurs n’appartenant pas au gouver­ Vaine avait été aussi l’espérance de
nement des Etats-Unis étaient trois diri­ Theodor Herzl d’obtenir une reconnaissance
geants du “B’naï B’rith”: Eddie Jacobson, de la part du Saint-Siège, nonobstant la ren­
Maurice Bisyger et Frank Goldman. contre avec Saint Pie X le 25 janvier 1904,
C’est en outre au B’naï B’rith que revient précédée par celle avec le cardinal Merry Del
le changement de la politique américaine Val le 22. «Le Saint-Siège n’entendait favori­
concernant la question palestinienne: en effet ser ni le mouvement sioniste ni l’implantation
si dans les années cinquante elle avait été glo­ juive à Jérusalem… Selon le Pontife la situa­
balement favorable aux Arabes, elle changea tion aurait pu changer seulement avec une
rapidement suite aux continuelles pressions conversion en masse des Juifs» (51).
de l’Ordre sur le gouvernement américain
pour obtenir d’énormes secours économiques LA CONQUETE DE LA TERRE
et de guerre en faveur de l’Etat d’Israël. SAINTE
Avec la “guerre des six jours” on assiste
enfin à la sionisation définitive de facto et de “Ce plan - écrit Lémann - semble devoir
jure du B’naï B’rith et de l’A.D.L.: «Cette être adopté par les promoteurs …du

295
SODALITIUM : La question juive

Sionisme... C’est ainsi que l’infiltration lente et «Ce qui signifiait que l’internationalisation de
dissimulée préparerait à coup sûr les éléments la Palestine aurait été exploitée par des puis­
constitutifs du rétablissement de l’Etat juif en sances bien plus attentives à la parole du
Palestine, jusqu’au jour où un événement heu­ Pontife qu’à celles du patriarche de
reux et soudain [la seconde guerre mondiale, Constantinople ou de Moscou» (56).
n.d.r.], permettrait au Sionisme, soit par une Le Vatican cependant ne pensait pas que
tentative hardie, soit par une diplomatie habi­ la solution de confier le gouvernement de la
le, de mettre définitivement la main sur le sol Terre Sainte à un gouvernement internatio­
convoité de toute la Judée” (52). nal fût la meilleure; le cardinal Gasparri lui­
Avec la dissolution de l’Empire ottoman même fit le point que au Saint-Siège semblait
(durant la première guerre mondiale) le plus correct de parler de «caractère de natio­
monde catholique commença à espérer que nalité… entendant souligner que les Lieux
la Palestine retournerait aux mains chré­ Saints, bien qu’ils soient soumis au gouverne­
tiennes: «Les cloches de toute la ville de ment de plusieurs nations, auraient dû être
Rome sonnèrent pour saluer l’entrée des soustraits au contrôle de cet organisme poli­
troupes britanniques, le 9 décembre 1917, à tique et confiés à des institutions religieuses
Jérusalem et la libération de la ville de la do­ comme la Custodie de Terre Sainte. Dans ce
mination musulmane» ( 53 ). Et Pasquale contexte pourrait trouver l’explication des
Baldi, l’un des chercheurs les plus connus de bruits - mais non confirmés - relatifs a l’éven­
la question des Lieux Saints, écrivait ceci: tualité d’un gouvernement pontifical en
«Aujourd’hui par un prodigieux concours de Palestine. Cependant la conscience de l’im­
circonstances, que nous considérons provi­ possibilité de traduire en pratique ce projet
dentiel, l’Italie, la France, l’Angleterre, trois en avait empêché une élaboration concrète et
nations qui eurent une si grande part dans avait conduit le Saint-Siège à se rabattre sur
les guerres saintes, tiennent Jérusalem sous l’hypothèse d’un régime international» (57).
leur domination. Aujourd’hui avec raison «Après la première guerre mondiale les
donc les catholiques du monde entier peu­ efforts du Saint-Siège s’étaient dirigés dans le
vent s’attendre que sonne finalement l’heure sens de réaliser un projet de réaffirmation du
de la justice; …que pour les Sanctuaires de la Catholicisme inspiré par la “proposition de
Palestine se renouvellent les splendeurs de procéder à une christianisation non seule­
l’ère constantinienne, les splendeurs du pre­ ment des individus, mais de la société et des
mier siècle des croisades!» (54). Etats à accomplir par tous les moyens” (58).
Ce qui frappa le plus l’attention de l’opi­ La codification canonique de 1917, dominée
nion publique européenne relativement à la par l’image de l’Eglise comme societas juridi­
question des Lieux Saints fut leur libération ce perfecta, et la politique concordataire des
de la domination musulmane et ensuite les années vingt et trente, qui voulait restituer à
controverses des différentes confessions l’Eglise ces fonctions publiques qui lui
chrétiennes à propos de leur possession. Le avaient été soustraites à l’époque libérale,
Saint-Siège agit diplomatiquement en vue de constituèrent les manifestations saillantes de
ces deux objectifs principaux, situer la cette intention, à laquelle était soumise une
Palestine dans la sphère de contrôle des ecclésiologie qui visait à instaurer visiblement
puissances catholiques, et remédier aux usur­ le règne du Christ dans chaque sphère de la
pations accomplies par les Grecs orthodoxes vie humaine, y compris la politique» (59).
en 1757 (55). Quand les Etats de l’Entente, Cependant les espérances du Saint-Siège
désormais sur le point de gagner le conflit, furent de courte durée, puisqu’entre 1917 et
manifestèrent une orientation favorable à 1918 le cadre politique subit des change­
l’INTERNATIONALISATION de la Terre ments radicaux qui conduisirent à mettre de
Sainte, le monde catholique pensa que le côté le projet d’internationalisation.
premier objectif était presque atteint. Il y eut donc la fameuse déclaration
L’idée de confier la Terre Sainte à un gou­ Balfour, qui engageait la Grande-Bretagne à
vernement international n’était pas nouvelle, favoriser la création d’un Foyer national juif
mais ce fut seulement au cours de la première en Palestine. «Elle introduisait un élément
guerre mondiale que ces propositions prirent nouveau et préoccupant pour le Saint-Siège,
un caractère d’actualité. Avec la chute du ré­ d’où prit corps la crainte que la Palestine,
gime tsariste cessa aussi toute possibilité d’in­ depuis peu enlevée aux Musulmans, fût sur
tervention russo-orthodoxe au Moyen-Orient. le point de tomber aux mains des Juifs» (60).

296
SODALITIUM : La question juive

Le cardinal Gasparri, en décembre 1917, tinien avec un air sceptique de compassion.


avait dit au représentant diplomatique de Mais la réalité est seulement celle-ci: les Juifs
Belgique que «… le danger qui nous épou­ travaillent avec un sérieux héroïque de pro­
vantait le plus est la constitution d’un Etat jets… L’éventualité d’une barrière de la part
juif en Palestine», ajoutant aussi: «Nous ne des Arabes n’a aucune consistance. Leur op­
verrions aucun mal si les Juifs entraient dans position d’usage n’arrêtera pas même d’un
leur pays pour y fonder des colonies agri­ pas l’avancée du Sionisme» (67).
coles; mais leur concéder le gouvernement De cette observation naissaient deux
des Lieux Saints est inadmissible pour les lignes interprétatives, l’une privilégiait une
Chrétiens» ( 61). Le Pape Benoît XV lui­ lecture du point de vue religieux du
même intervint publiquement et affirma Sionisme, jugé un point de passage vers “la
qu’il désapprouvait l’éventualité d’un «pro­ conversion des Juifs au Christianisme” (68);
jet destiné à enlever au Christianisme la po­ l’autre, au contraire, insistait plutôt sur les
sition qu’il y a toujours occupée jusqu’ici, dangers qui résultaient de la présence chré­
pour y substituer les Juifs» (62). tienne en Terre Sainte, par le renforcement
Le Pape craignait surtout que «les du Sionisme.
Israélites arrivent à se trouver en Palestine La Civiltà Cattolica se signala pour avoir
dans une position de prépondérance et de donné une vision théologique du problème
statut privilégié» (63). sioniste, en définissant comme chimérique le
Le Conseil suprême Allié réuni à projet poursuivi par le Sionisme: «La réali­
Sanremo en avril 1920 mit définitivement fin sation INTEGRALE du Sionisme apparaît
à l’espérance d’une internationalisation de matériellement et moralement impossible»
la Palestine en confiant le contrôle à la ( 69 ), outre qu’injuste, parce que «…les
Grande-Bretagne, justement à ce pays, c’est­ Sionistes envahissent avec arrogance le
à-dire, dont le Saint-Siège se méfiait particu­ pays, qui est la maison des Arabes, pour y
lièrement, non seulement du fait du soutien implanter leur home, en expulsant les an­
promis à la cause sioniste, mais aussi du fait ciens et pacifiques habitants» ( 70 ). Le
de l’influence que l’église anglicane aurait Sionisme en outre, pour les Jésuites de la
pu exercer en Terre Sainte (64). Civiltà Cattolica, se montre incapable d’ap­
porter une réponse convaincante au problè­
LE SAINT-SIEGE ET LA “THEOLOGIE me juif: «Le Sionisme n’est pas réalisable,
DU SIONISME” ou du moins ni rapidement, ni facilement, et
en tout cas n’apparaît comme une solution
Le Saint-Siège voyait dans la déclaration ni sûre ni entière à la question juive» (71).
Balfour pour la création d’un siège national Surtout il constituait «un mouvement anti­
juif en Palestine la confirmation de la crainte chrétien et anticatholique» (72). Le remède
déjà exprimée par Benoît XV, c’est-à-dire proposé pour ramenerla paix en Palestine
que l’on entendait concéder aux Juifs «une ne sera que «le départ des Juifs, ou au moins
position de prépondérance et de statut privi­ la cessation de leurs progrès et de leur immi­
légié» en Palestine. Le cardinal Gasparri de gration, en un mot, le total abandon de
son côté, ajoutait dans une lettre aux craintes l’idée d’un Etat juif en Palestine» (73).
purement religieuses exprimées par le En 1943 Mgr Tardini, Secrétaire pour les
Pontife, une nouvelle motivation, la défense affaires extraordinaires du Saint-Siège,
des “populations indigènes” et des “nationali­ confirma cette vision théologique sur le
tés” menacées par les aspirations sionistes (65). Sionisme, en affirmant que «…Le Saint-
«C’était la même objection avancée dans ces Siège n’a jamais approuvé le projet de faire
mêmes mois au gouvernement britannique de la Palestine un home juif» (74).
par la délégation arabe palestinienne» (66). La condamnation de l’antisémitisme ra­
L’Osservatore Romano s’occupa abon­ ciste et biologique exprimée par Pie XI en
damment des problèmes de la Terre Sainte et 1928 «n’impliquait en aucune manière
du Sionisme, en ne sous-évaluant pas l’énor­ l’adoption d’orientations plus favorables au
me importance et la portée eschatologique de Sionisme. Elle naissait en effet de la réaction
la question sioniste. «En Europe - écrivait préoccupée du Saint-Siège par l’invasion en
son correspondant de Jérusalem - on regarde Europe de mouvements et doctrines inspirés
trop facilement, avec une superficialité qui ir­ par les principes d’un racisme et d’un natio­
rite, le nouveau phénomène sémitique pales­ nalisme exacerbé, mais ne supposait aucune

297
SODALITIUM : La question juive

révision de la conception traditionnelle ca­


tholique qui déniait au peuple juif, après la
venue du Christ, un quelconque rôle dans
l’histoire du salut, sinon celui de témoigner,
par ses souffrances, la vérité de la Révélation
chrétienne. “Après la mort du Christ, Israël
fut licencié du service de la Révélation”, dit
en 1933 l’archevêque de Munich, le cardinal
Faulhaber» (75).
En 1938 La Civiltà Cattolica confirma
d’une manière plus détaillée sa position:
«Toute la valeur du Judaïsme était dans sa
Vladimir Jabotinsky
seule raison d’être la préparation de
l’Avènement du Messie… Une fois le
Messie venu, en la personne de Jésus-Christ,
cesse nécessairement et automatiquement la
valeur du Judaïsme tout ensemble, et ce gué apostolique à Washington le Secrétaire
peuple “élu” et cette religion» (76). d’Etat du Vatican le 25 mai 1943 soutenait ex­
«Sans une profonde révision de la théo­ plicitement que «les Catholiques du monde
logie de l’Hébraïsme… il était impossible entier… ne pourraient pas ne pas se voir bles­
que les efforts pour restituer au peuple juif sés dans leur sentiment religieux au cas où la
une patrie… en Terre Sainte ne fussent pas Palestine serait donnée et confiée, en prépon­
considérés comme “un arrogant prétexte dérance, aux Juifs» (81). Mgr Tardini écrivait
contraire au vouloir de Dieu” (77)» (78). aussi: «Le Saint-Siège s’est toujours opposé à
Comme l’avait écrit L’Osservatore Ro­ la domination juive sur la Palestine. Benoît
mano «…le Sacrifice du Christ, voulu par un XV s’est employé avec succès pour éviter que
peuple qui s’en proclama responsable pour la Palestine devienne un Etat juif. En effet du
lui et pour ses fils, pour tous les siècles, de­ point de vue religieux (le plus important) la
vant le juge humain comme devant le juge Palestine est une terre sacrée, non seulement
divin, constituait face à l’histoire et à la civili­ pour les Juifs, mais plus encore pour tous les
sation mondiale un telle prescription de ce Chrétiens et spécialement pour les Catho­
droit sur la terre promise de ne pas avoir be­ liques. La donner aux Juifs signifierait offenser
soin d’invoquer vingt siècles maintenant pas­ tous les Chrétiens et violer leurs droits» (82).
sés à son service pour être ratifié par un quel­ L’aversion à la constitution d’un home juif en
conque tribunal politique» (79). Sur ces bases Palestine ne signifiait cependant pas que le
de nature théologique se fixaient ensuite des Saint-Siège fût favorable à une domination
raisons précises d’ordre politique, qui confir­ arabe sur la Terre Sainte, «même si cette éven­
maient l’aversion au mouvement sioniste du tualité était considérée comme un moindre
Saint-Siège, dont l’objectif prioritaire était mal par rapport à l’hypothèse d’un Etat juif»
celui de maintenir aux mains chrétiennes le (83). Toute la politique vaticane concernant la
contrôle de la Palestine tout entière et pour Palestine était inspirée par la crainte que soit
laquelle le mandat britannique apparaissait une domination arabe soit une domination
comme le moindre mal face à la constitution juive se révèlent préjudiciables pour les inté­
de deux états non chrétiens en Terre Sainte: rêts catholiques en Terre Sainte (84).
«de toute façon, si la fin du mandat avait Mais la résolution approuvée par
rendu inévitable le choix entre un Etat arabe l’Assemblée des Nations Unies le 29 no­
et un Etat hébreu, de nombreux indices mon­ vembre 1947 introduisit un fait nouveau
trent que les préférences du Saint-Siège se­ dans le décor du Moyen-Orient: la création
raient allées au premier» (80). d’un Etat juif indépendant, prévu pour oc­
tobre 1948. La perspective de la constitution
LE VATICAN ET LA QUESTION d’un Etat hébreu en Palestine eut un échos
PALESTINIENNE profond dans tout le monde chrétien. La
proclamation de l’indépendance d’Israël fut
Le Saint-Siège continua à confirmer sa accueillie au Vatican avec beaucoup de ré­
ferme opposition à la constitution d’un home serve. L’Osservatore Romano affirma que
juif en Terre Sainte. Dans une lettre au délé- «Le Sionisme n’est pas l’Israël de la Bible

298
SODALITIUM : La question juive

[mais] celui de la déclaration de Balfour, Sionisme, en affirmant qu’il s’agissait d’un re­
…de l’Etat moderne, de l’Etat philosophi­ tour aux thèses d’origine de Herzl. Il soutint
quement et politiquement laïc» (85). ainsi des positions d’un NATIONALISME
ENFLAMME, dont l’unique fin était de
LES RAPPORTS ENTRE SIONISME ET transférer des millions de Juifs en Israël fai­
NATIONAL-SOCIALISME sant de cette manière de la Palestine un Etat
hébreu de fait. Les Arabes, «pour Jabotinsky
En 1922 Vladimir Jabotinsky se retira de n’avaient aucun droit sur la Palestine. Ils de­
l’exécutif de l’Organisation sioniste et fonda vaient en être expulsés. Aujourd’hui encore,
en 1924 le Parti Révisionniste. Le Nouveau pour ses continuateurs... “il n’y a pas de terri­
bloc combattait la politique de l’Exécutif toires occupés en Israël” (90)» (91). Jabotinsky
sioniste trop disponible au compromis avec est convaincu que l’état a la primauté sur l’in­
les Anglais et avec les Arabes et «dans le do­ dividu, c’est pourquoi il n’est absolument pas
maine social… manifestait une certaine sym­ nécessaire de se référer à l’éthique biblique
pathie pour le corporatisme théorisé en mais il faut puiser ses propres forces aux
Italie par le fascisme» (86). théories du NATIONALISME INTEGRAL;
A ce propos Blondet est plus explicite et «ce qui le fera passer, aux yeux de nombreux
riche d’informations: «Vladimir Z. dirigeants juifs, pour un fasciste juif» (92).
Jabotinsky (1880-1940) défendit un Etat Jabotinsky est absolument opposé à la dia­
armé et raciste et voulait qu’Israël se consti­ spora et POUR EMPECHER L’ASSIMI-
tuât comme “Etat autoritaire et corporatis­ LATION des Juifs, IL SERA MEME PRET
te”. Il finit par adhérer au fascisme et sym­ A ACCUEILLIR favorablement LES
pathisa ouvertement avec le Troisième IDEES ANTISEMITES, qui auraient poussé
Reich» (87). les Juifs à retourner dans leur terre et à re­
«Jabotinsky semble avoir subi l’influence trouver l’identité qu’ils avaient perdue. «Pour
d’Ahad Ha’am, grand admirateur - comme Jabotinsky toute assimilation aux goyim est
Herzl - de Nietzsche, à qui il emprunta l’idée non seulement néfaste, mais impossible…
du “surhomme”, l’associant à l’idée de NA- “La source du sentiment national se trouve
TION SUPERIEURE» (88). Il connut ensui­ dans le SANG de l’homme… dans son TYPE
te un ex-officier tsariste, mutilé, un certain PHYSICO-RACIAL… Il est inconcevable
Joseph Trumpeldor et imagina avec lui l’or­ qu’un Juif… puisse s’adapter à la vision spiri­
ganisation d’une “légion juive” à l’intérieur tuelle d’un Allemand ou d’un Français”» (93).
de n’importe quelle armée alliée. Pré­ En outre il élimine l’idée d’un Dieu transcen­
cisément Trumpeldor a donné son nom à la dant et la remplace par celle de nation, mi­
principale organisation de jeunesse sioniste nant à la base le fondement même du
révisionniste, le BÉTAR ou B’RITH Judaïsme orthodoxe. A tout cela il unit une
TRUMPELDOR (Alliance de Trumpeldor). haine viscérale pour le socialo-communisme,
Bétar est aussi le nom de la forteresse d’où alors qu’il voit, en conséquence, la force prin­
Bar Kochba conduisit la révolte contre les lé­ cipale du Sionisme dans le supercapitalisme.
gions de Rome au deuxième siècle.
Durant le douzième Congrès sioniste de a) Le Bétar (94)
septembre 1921 à Karlovy Vary, Jabotinsky, En 1923 Jabotinsky fonda le bras armé du
sans informer les dirigeants sionistes, signa Révisionnisme sioniste le Bétar B’rith
un accord avec Maxime Slavinsky, représen­ Trumpeldor, dont les membres «portent la
tant du leader du gouvernement ukrainien en chemise brune, et seront dénoncés comme
exil, Simon Petlioura (accusé aujourd’hui fascistes par leurs adversaires» (95). De 1934 à
d’antisémitisme). Cet accord avec un régime 1937 une école navale du Bétar fonctionnera
qui favorisait les pogroms, fut justifié par en Italie, à Civitavecchia, avec 153 cadets di­
Jabotinsky avec l’affirmation que si l’Armée plômés. Pour Marius Schattner «toute la phi­
Rouge lui avait fait la même proposition, il losophie du Bétar tient dans ce mouvement:
l’aurait également acceptée (89). L’alliance de la fosse à la lumière, du ghetto au pays
avec l’Ukraine contraignit Jabotinsky à se dé­ d’Israël. Elle entretient le mythe d’une race
mettre de l’Exécutif sioniste et de l’Orga­ spirituelle juive …Sautant par-dessus dix-neuf
nisation sioniste. En 1923 il publia une série siècles de diaspora, le Bétar annonce le retour
d’articles dans laquelle il visait à entre­ du type hébreu antique» (96). Le Bétar est une
prendre une sorte de REVISION du organisation rigide, avec un rituel strict et sé-

299
SODALITIUM : La question juive

vère: tout bétarim doit s’employer à consacrer parti de Begin était «un parti politique très
les deux premières années de son établisse­ proche, quant à son organisation, à ses mé­
ment en Palestine à l’activité militante à thodes, à sa philosophie politique et à sa doc­
temps complet dans le Bétar, lequel se fonde trine sociale, des partis nazi et fasciste».
substantiellement sur le mythe de la force, sur Begin ne reniera en rien ses vieilles idées ex­
la puissance du cérémonial, sur une structure trémistes: après lui deviendra premier mi­
paramilitaire. nistre d’Israël son ami (et terroriste) Yitzhak
Dans les années 1931-32 Jabotinsky Shamir, pour qui «Eretz Israel appartient au
vécut à Paris, «où il semble avoir été initié à seul peuple d’Israël et à lui seul» (99).
la Loge Etoile du Nord du Grand Orient de
France» (97). En 1935 il fonda à Vienne, du­ c) Révisionnisme et nazisme
rant un congrès, la Nouvelle Organisation Au printemps 1936 un couple de juifs, les
Sioniste (N.O.S.), qui inaugurait une poli­ Tuchler, envoyés par la Fédération Sioniste
tique très discutée avec tous les gouverne­ d’Allemagne, et un couple de nazis, les von
ments (même antisémites) A CONDITION Mildenstein, envoyés par le N.S.D.A.P. et
QU’ILS AIENT L’INTENTION DE RE- par la S.S., se retrouvèrent à la gare de
GLER LA QUESTION JUIVE DANS LE Berlin d’où ils prirent le train pour Trieste et
SENS SIONISTE, c’est-à-dire en consen­ s’embarquèrent sur la Martha Washington
tant à l’émigration juive en Palestine. Cela pour la Palestine. Le but du voyage était de
n’empêchera pas d’ailleurs Jabotinsky de se faire une enquête la plus complète et la plus
prononcer, dans les années de guerre, en fa­ documentée possible sur les POSSIBILITES
veur de la création d’une armée juive desti­ D’IMPLANTATION DES JUIFS ALLE-
née à combattre l’Allemagne hitlérienne. MANDS EN PALESTINE. «Malgré ses dé­
clarations de principe et diverses mesures
b) Menahem Begin spécifiques (boycott des Juifs allemands à
Jusqu’à la victoire de Begin en 1977 à la partir du 1er avril 1933), tous les historiens
tête du Likud, formation politique héritière s’accordent pour admettre qu’Hitler n’eut
du Bétar de Jabotinsky, la majeure partie aucune politique d’ensemble précise sur la
des historiens du Sionisme avaient relégué question juive jusqu’à la Nuit de cristal du 9­
le Révisionnisme dans le ghetto spirituel des 10 novembre 1938. Cela laissa le champ libre
fanatiques ou carrément des lunatiques au Bureau des Affaires juives de la S.S., pour
exaltés. Mais en 1977 le “fasciste” Begin ac­ explorer les politiques diverses envisa­
céda au pouvoir en Israël et, dès son pre­ geables. Le voyage du baron von Milden­
mier discours, se référa explicitement aux stein en fut une. A ce moment, Mildenstein
idées de Jabotinsky, même s’il avait fait par­ était officier supérieur de la S.S. … il s’était
tie de l’aile la plus radicale du Révisionnis­ intéressé depuis longtemps à la question
me, la plus proche du fascisme et associée juive… Fervent sioniste, il passait au sein de
au B’ritj Ha Biryonim (le groupe des bruts), la S.S. pour l’un des rares spécialistes du
débordant à droite Jabotinsky lui-même! Judaïsme. C’est lui qui vit en premier l’inté­
Après la seconde guerre mondiale Begin rêt qu’on pouvait tirer des organisations sio­
comme leader du parti Hérout (Liberté) fera nistes, en particulier révisionnistes… Il de­
travailler au quotidien du parti son ami vait écrire une série de douze longs articles
Abba Ahimert, idéologue extrémiste révi­ très documentés dans le quotidien berlinois
sionniste, qui avait écrit: «Oui, NOUS LES Der Angriff de Goebbels, sous le titre Un
REVISIONNISTES NOUS AVONS UNE nazi voyage en Palestine. Il y exprimait son
GRANDE ADMIRATION POUR admiration pour le Sionisme… et concluait
HITLER. Hitler a sauvé l’Allemagne… ET que “le foyer national” juif en Palestine
S’IL ABANDONNE SON ANTISEMITIS- “…indique un moyen de guérir une blessure
ME, NOUS POURRONS FAIRE UN vieille de plusieurs siècles: la question juive”.
BOUT DE CHEMIN AVEC LUI» (98). Une médaille fut frappée, à la demande de
Quand Begin se rendit pour la première Goebbels pour commémorer cette visite.
fois aux USA en 1948, certains intellectuels Elle était ornée d’une face de la svastika et
juifs, parmi lesquels Einstein, Hannah de l’autre de l’étoile de David… La S.S. était
Arendt et Sydney Hook, écrivirent une lettre devenue la composante la plus sioniste du
ouverte au New York Times (4 décembre parti nazi» (100). Suite à ce voyage le journal
1948) dans laquelle ils affirmaient que le de la S.S. Das schwarze Korps proclama offi-

300
SODALITIUM : La question juive

ciellement son appui au Sionisme (101). Le 26 victoire sur victoire. Ces succès impressionnè­
novembre le même quotidien renouvelait rent Stern, qui se lança dans une aventure
son appui au Sionisme: «La reconnaissance folle et sans issue: former une alliance avec
de la communauté juive comme COMMU- l’Allemagne hitlérienne. Stern travaille
NAUTÉ RACIALE FONDEE SUR LE jusqu’en février 1941 (quand il fut tué par les
SANG et non pas sur la religion conduit le Anglais) à concrétiser cet objectif, se fondant
gouvernement allemand à garantir sans ré­ sur une analyse insolite de la situation du
serve l’intégrité raciale de cette communau­ Judaïsme. Pour lui l’Angleterre est le vrai en­
té» (102). Encore, en mai 1935 Heyndrich dans nemi, tandis que l’Allemagne est seulement
un article distinguait les Juifs en deux caté­ un OPPRESSEUR qui appartient à la lignée
gories démontrant une forte prédilection des PERSECUTEURS que le peuple juif a
pour ceux qui «professaient une conception rencontré durant son histoire. Ceci est l’er­
strictement raciale» et Alfred Rosemberg reur le plus grande de Stern: il voit dans le
écrivait que «le Sionisme devait être vigou­ Nazisme un mouvement animé par un antisé­
reusement soutenu» (103). Avec l’avènement mitisme raisonnable…» ( 106). Au début de
au pouvoir de Hitler le Bétar fut la seule or­ 1941 Lubentchik, agent secret de la bande
ganisation à continuer à parader en uniforme Stern, proposa un pacte militaire entre
dans les rues de Berlin. Le 13 avril 1935 la l’Organisation militaire sioniste Irgun (un
police de Bavière (fief de Himmler et de scission de la même bande) et l’Allemagne,
Heyndrich) admettait exceptionnellement proposition connue sous le nom de texte
que les adhérents au Bétar puissent endosser d’Ankara (107), transmis à Berlin le 11 janvier
leur uniforme. Ceux-ci essayaient ainsi de 1941 et retrouvé il y a quelques temps dans les
pousser les Juifs d’Allemagne à CESSER archives de l’ambassade allemande en Tur­
DE S’IDENTIFIER COMME ALLE- quie. On y lit: «…Les principaux hommes
MANDS et à les séduire par leur nouvelle d’Etat de l’Allemagne nationale-socialiste ont
identité nationale israélienne ( 104 ). La souvent insisté sur le fait qu’un ordre nouveau
Gestapo fit tout son possible pour favoriser en Europe requiert comme condition préa­
l’émigration vers la Palestine; en septembre lable une solution radicale de la question
1939 elle autorisa encore une délégation de juive, au moyen par l’évacuation. L’évacua­
sionistes allemands à participer au 21° tion des masses juives d’Europe est la premiè­
Congrès sioniste de Genève. Jabotinsky au re étape de la solution de la question juive.
contraire s’était prononcé pour le boycott de Toutefois, le seul moyen d’atteindre cet ob­
l’Allemagne, alors que Kareski, membre du jectif est d’installer ces masses dans la patrie
mouvement révisionniste, poursuivait une du peuple juif, la Palestine, et par l’établisse­
politique de collaboration avec l’Allemagne ment d’un Etat juif dans ses frontières histo­
en vue de pouvoir constituer le Heretz Israel. riques…» (108). L’Etat-major allemand, cepen­
En 1942 restait encore en activité en dant, décida de s’appuyer dans la lutte sur la
Allemagne un Kibbutz à Nevendorf pour Grande-Bretagne, sur les Arabes qui étaient
exercer de potentiels émigrants vers la des millions, plutôt que sur les Juifs, qui
Palestine. «Le Mossad… disposa d’un réseau n’étaient qu’une poignée d’hommes (109). La
d’une quarantaine de camps et de centres véridicité de ce document a été mise en doute,
agricoles, où les futurs colons se préparèrent mais Israël Eldadsnab, l’un des chefs histo­
en vue de leur départ en Palestine» (105). riques du groupe Stern, a confirmé la vérité
des faits (110) et l’hebdomadaire Hotam affir­
d) Un pacte secret entre la bande Stern et le ma que ce document avait été remis person­
troisième Reich nellement par Shamir et Stern. Quand le 10
Les dirigeants juifs du gang Stern - in­ octobre Shamir devint premier ministre de
croyable mais vrai - firent aux nazis une pro­ l’Etat d’Israël après le ministère Begin,
position d’alliance en 1941 pour lutter contre l’Association Israélienne des combattants an­
les Anglais: la chose qui frappe le plus est que tifascistes et des victimes du Nazisme mani­
l’un d’eux était Yitzhak Shamir, futur premier festa son indignation par un télégramme au
ministre d’Israël. «Le faible équipage militaire président Herzog de voir le poste de premier
de l’Italie, tant en Libye qu’en Grèce, ministre occupé par «l’un de ceux qui essayè­
convainquit Stern que l’Italie n’avait pas les rent d’arriver à une alliance avec des repré­
moyens pour conduire à terme sa politique, sentants officiels de l’Allemagne nazie» (111). Si
alors que l’Allemagne en 1940, remportait la bande Stern fut l’unique groupe sioniste ré-

301
SODALITIUM : La question juive

visionniste à négocier avec le Troisième Reich Les dirigeants sionistes non révisionnistes de
en pleine guerre, les organisations sionistes 1922 avaient pris contact avec Mussolini; il
modérées n’avaient pas hésité à le faire avant reçut les premiers sionistes peu de temps
la guerre, en grand secret. «Les cercles natio­ après sa marche sur Rome, le 20 décembre
nalistes juifs sont très satisfaits de la politique 1922, en assurant le grand rabbin de Rome
de l’Allemagne, puisque la population juive qu’il ne tolérerait aucune manœuvre antisé­
en Palestine sera par cette ligne politique tel­ mite (118). Hahimeir, principal leader du mou­
lement accrue que dans un futur très proche vement révisionniste palestinien dans les an­
les Juifs pourront compter sur une supériorité nées trente, réaffirma en mars 1962: «Ce
numérique face aux Arabes» (112). n’était ni Kerensky ni Weimar qui pouvaient
combattre le bolchevisme, mais le fascisme
LES RAPPORTS ENTRE SIONISME ET italien au début de sa route» (119).
FASCISME
b) Mussolini et le Sionisme
a) L’école navale du Bétar dans l’Italie fasciste Il faut cependant préciser avec De Felice
Déjà dans les années précédant la pre­ que «…les avances des sionistes-révisionnistes
mière guerre mondiale Jabotinsky avait dé­ cessèrent immédiatement dès qu’il fut clair
veloppé une théorie sur les FONDEMENTS que Mussolini avait décidé de prendre égale­
RACIAUX DES NATIONS (Race et natio­ ment en matière d’antisémitisme la route de
nalité), dont les postulats coïncidèrent avec la l’adaptation absolue à l’allié nazi» (120).
Doctrine de l’Etat de Mussolini ( 113 ). Par ailleurs «…Après les sanctions… vo­
«Dépourvu d’animosité à l’égard des Juifs, tées par la Société des Nations contre l’Italie,
Benito Mussolini considérait les organisa­ Mussolini coupa les rapports qu’il avait en­
tions sionistes révisionnistes comme d’au­ tretenus jusqu’alors avec les dirigeants sio­
thentiques mouvements fascistes. C’est ainsi nistes et se rapprocha des Arabes, dans la
qu’il fit entraîner à partir de novembre 1934, tentative de faire sauter les positions britan­
suite à la demande de Jabotinsky, un esca­ niques et françaises au Moyen-Orient» (121).
dron complet du Bétar à la Scuola Maritima Pour mieux comprendre l’attitude de
de Civitavecchia, dirigée par des chemises Mussolini envers le Sionisme il est bon de lire
noires. Lors de l’inauguration du quartier gé­ l’intéressante Storia degli ebrei italiani sotto il
néral des escadrons italiens du Bétar, en mars fascismo de De Felice, dans laquelle on voit
1936, … un triple chant ordonné par l’officier comment la position de Mussolini a été fluc­
commandant l’escadron résonna; “Viva tuante, selon qu’il s’agissait du Sionisme en
l’Italia, Viva il Re, Viva il Duce!” suivi de la Palestine ou de la participation de citoyens
“bénédiction” que le rabbin Aldo Lattes in­ italiens au mouvement sioniste (122).
voqua, en italien et en hébreu, pour Dieu, le «Envers le SIONISME ITALIEN Mus­
Roi et pour le Duce… “Giovinezza” solini nourrissait tous les préjugés et les mé­
(l’hymne du parti fasciste) fut entonné par fiances répandues entre nationalistes et fas­
les bétarim avec beaucoup d’enthousiasme. cistes… La conviction que les sionistes au­
Mussolini devait en outre recevoir officielle­ raient eu deux “patries” qui n’étaient même
ment les promotions de bétarim en 1936» pas sur le même plan entre elles, que donc la
( 114). Mussolini fut aussi le premier Chef dominante aurait été la palestinienne, heur­
d’Etat à proposer la division de la Palestine tait profondément son concept monolithique
et la création d’un Etat juif (115). Jabotinsky et exclusif de la patrie et lui rendait automa­
toutefois, au contraire de ses lieutenants, ne tiquement antipathiques et suspects les sio­
se proclama jamais fasciste ou nazi, même s’il nistes… Envers le SIONISME INTERNA-
prit la défense de Mussolini dans une série TIONAL Mussolini nourrissait au contraire,
d’articles écrits aux USA en 1935 (116), alors sinon de la sympathie… du moins une certai­
qu’il était considéré comme tel par de nom­ ne bienveillance… il voyait dans le Sionisme
breux chefs israéliens, au point que Ben (en particulier dans ses groupes de droite
Gourion l’appelait Vladimir Hitler. En 1935 plus enflammés et anti-anglais) un précieux
Mussolini confia à David Prato, futur grand moyen pour intégrer l’Italie dans les événe­
rabbin de Rome que «…le Sionisme pour ments méditerranéo-orientaux et surtout un
réussir a besoin d’un état juif, d’un drapeau moyen pour créer des difficultés dans ce sec­
juif et d’une langue juive. Un qui l’a vraiment teur à l’Angleterre… La carte “Sionisme”, à
compris c’est votre fasciste Jabotinsky» (117). partir d’un certain moment puis celle des

302
SODALITIUM : La question juive

“Arabes”… était pour Mussolini surtout un transforma la communauté juive de


élément de son jeu méditerranéen... Que les Palestine en un organisme plus fort,
sionistes, de leur côté, ne refusèrent pas le conscient, tendu vers l’affirmation concrète
“rapport” avec l’Italie fasciste est évident. de ses idéaux… Les années de guerre
Avant que Mussolini “tombe sous l’influence avaient rendu l’opinion publique américaine
de Hitler”, l’Italie était l’un des pays euro­ extrêmement sensible au drame de
péens les plus libéraux envers les Juifs» (123). l’Hébraïsme européen et avaient transformé
notablement la communauté juive qui s’était
ANTISEMITISME PAIEN ET SIONISME faite plus homogène, influente et ouverte au
Sionisme. En quelques années l’intérêt pour
Hannah Arendt, philosophe juif allemand ce mouvement d’un sentiment purement
(1906-1975) a écrit des considérations d’un philanthropique se transforma en une forme
grand intérêt sur la nature du Sionisme: «En de participation concrète» (127).
ce qui concerne l’organisation sioniste… qui Paul Johnson a affirmé récemment
décida de traiter avec Hitler …elle rencontra que… «L’holocauste et la nouvelle Sion sont
peu d’opposition dans la patrie nationale organiquement associés… La fondation
juive» (124). Et encore: «Ce consentement à d’Israël fut comme la conséquence des souf­
l’accord nazi-sioniste… n’est que l’un des frances des Juifs» (128).
exemples parmi les nombreux prouvant la fai­ Après la guerre le jeu décisif était aux
blesse politique de l’aristocratie des Juifs en mains des grandes superpuissances (USA et
Palestine» (125). Arendt critique la définition URSS). L’Amérique présentait l’Etat
même du Sionisme donnée par Herzl, selon d’Israël comme rempart du monde occiden­
lequel une nation «est un groupe de per­ tal au Moyen-Orient. La politique myope
sonnes… tenues ensemble par un ennemi des libéraux-conservateurs voyait (et conti­
commun» et affirme que «la conclusion à la­ nue à voir) comme UNIQUE danger le dan­
quelle arrivèrent ces sionistes fut que SANS ger communiste (qui est certainement énor­
L’ANTISEMITISME LE PEUPLE JUIF me et ne doit pas être sous-évalué même au­
N’AURAIT PAS SURVECU… raison pour jourd’hui), mais ne réussissait pas à voir la
laquelle ILS S’OPPOSERENT A UNE portée apocalyptique et théologique de la
QUELCONQUE TENTATIVE DE LIQUI- fondation de l’Etat d’Israël, et peut-être
DER L’ANTISEMITISME A UNE LAR- ignorait que: «Dans l’immédiat après-guerre
GE ECHELLE. Au contraire, ils déclarèrent Staline se présenta plusieurs fois comme le
que “NOS ENNEMIS, LES ANTISEMITES, défenseur des peuples frappés par la domi­
AURAIENT ETE NOS AMIS LES PLUS nation nazie, en se montrant enclin à consi­
SURS ET LES PAYS ANTISEMITES NOS dérer les instances des Juifs qui avec six mil­
ALLIES …L’antisémitisme était une force ir­ lions de victimes revendiquaient leurs droits.
résistible et les Juifs AURAIENT DU Le représentant soviétique aux Nations
L’UTILISER ou en auraient été dévorés… Unies, Andreï Gromyko, soutint que l’on ne
(L’antisémitisme) était la force motrice res­
ponsable… de toutes les souffrances des Juifs,
et aurait continué à causer de la souffrance Escadron du Bétar en uniforme dans les rues de
TANT QUE LES JUIFS NE SE SE- Civitavecchia, dans les années 30
RAIENT PAS PREPARES A L’UTILISER
A LEUR AVANTAGE. ENTRE DES
MAINS EXPERTES CETTE FORCE MO-
TRICE SE SERAIT DEMONTREE LE
FACTEUR LE PLUS SALUTAIRE DE
LA VIE JUIVE… Tout ce qu’il fallait faire
était d’utiliser la FORCE MOTRICE de l’an­
tisémitisme qui comme l’onde du futur aurait
porté les Juifs dans la terre promise» (126).

LES RAPPORTS ENTRE SIONISME


USA ET URSS

«La période de la guerre [1939-1945]

303
SODALITIUM : La question juive

pouvait pas dénier au peuple juif le droit muniste qui prit le pouvoir en Tchéco­
d’avoir un Etat… Il approuva donc le plan slovaquie en février 1948, gouvernement
UNSCOP à la surprise générale» (129). Selon sous l’œil attentif et vigilant de Staline. Dans
Johnson «si complot il y eut pour fonder les mois qui précédèrent la déclaration d’in­
Israël, CE FUT L’UNION SOVIETIQUE dépendance d’Israël (mai 1948), les services
A EN ETRE MEMBRE INFLUENT. secrets militaires des Etats Unis découvri­
Durant la guerre, pour des raisons tactiques, rent l’existence d’un pont aérien régulier
Staline avait suspendu… sa politique antisé­ pour le transport des armes entre Prague et
mite, en créant même un Comité juif anti­ le Moyen-Orient (134). (…) A l’automne de
fasciste. Dès 1944, pour une courte période, 1948… pas moins de cinquante mille mili­
il avait adopté une attitude philosioniste en taires israéliens furent entraînés dans les dif­
politique étrangère…en mai 1947, Andreï férentes bases tchécoslovaques et quand ils
Gromyko… surprit tout le monde en annon­ partirent pour Israël, leur unité prit le nom
çant que son gouvernement était favorable à de Klement Gottwald, le dirigeant commu­
la création d’un Etat juif» (130). niste tchèque» (135). Israël rendit en outre
Ceux qui au contraire comprirent très service à la Tchécoslovaquie, en lui fournis­
bien la portée de la fondation de l’Etat sant de précieuses informations sur les plus
d’Israël furent justement les Juifs: «Dans modernes armes américaines, véritables
cette circonstance [la résolution de 1948, joyaux d’un secteur de technologie de guer­
n.d.r.] les Juifs de Rome, qui traditionnelle­ re hautement avancée, dans laquelle les
ment s’étaient imposés de ne plus passer sous Soviétiques étaient encore très arriérés. «En
l’Arc de Titus, témoin de leur asservissement, 1948, à la faveur d’au moins deux occasions,
lors d’une cérémonie solennelle rompirent les Israéliens confièrent aux Tchéco­
cette défense symbolique, en traversant l’Arc slovaques des exemplaires d’armes mo­
de Titus dans le sens opposé à celui du dernes américaines… Quand et comment
triomphe de l’empereur romain» ( 131 ). les Israéliens eurent obtenu ces produits de
«Jusqu’à la moitié des années cinquante ­ la technologie occidentale, puis confiés aux
puis - la presse occidentale de gauche présen­ Soviétiques, on a jamais pu le savoir, mais
ta Israël comme la réalisation concrète des évidemment pour l’Etat hébreu il s’agissait
principes socialistes et démocratiques en op­ d’une opération qu’il valait la peine d’ac­
position à la reculade du monde arabe» (132). complir» (136). Cependant le rapport privilé­
Cependant avec 1949 les rapports entre gié avec l’Est soviétique ne devait pas être
URSS et Israël commencent à se gâter. exclusif puisqu’il n’était pas seul suffisant à
Andrew et Leslie Cockburn, dans un fournir au Sionisme «le troisième élément
livre récent et bien documenté, jettent une essentiel dont avait besoin Israël: l’argent…
lumière nouvelle sur les rapports entre L’unique endroit où trouver ces moyens fi­
USA, URSS et Sionisme: «Après plusieurs nanciers étaient justement les Etats Unis
décennies et une guerre froide, Andreï d’Amérique», à la tête desquels se trouvait
Gromyko, levant une main aurait déclaré: le président Truman qui initialement ne se
“Avec cette main j’ai créé l’Etat d’Israël” montra pas enthousiaste à soutenir la créa­
…L’éloquence de Gromyko se manifesta tion d’un état juif en Palestine (137). Ce fut
sur l’ordre de Joseph Staline, qui, en ce qui seulement au cours de son second mandat
concerne la fondation de l’Etat d’Israël, ne que Truman reconnut formellement l’Etat
s’était certainement pas fait influencer par hébreu: «Pousser le président américain
des sentiments… Les Russes avaient de très dans le camp philo-israélien avait été une
bonnes raisons pour soutenir tant la résis­ initiative importante, mais cela ne comporta
tance armée juive contre la domination bri­ pas pour Israël la rupture de ses liens avec
tannique en Palestine, que la création de les pays de l’Est et son passage dans le bloc
l’Etat sioniste, du moment que l’Etat arabe occidental… [en tant que]… Israël voulait
était alors résolument dans la sphère d’in­ tant les capitaux américains que les deux
fluence de l’Occident. (…) Le soutien diplo­ millions de Juifs de l’Union soviétique, mais
matique… ne fut pas l’unique forme d’en­ il ne semblait pas possible de les obtenir en­
couragement que Staline donna à la lutte semble en même temps. Et d’autre part l’ar­
d’Israël pour se construire et survivre gent servait tout de suite. La communauté
comme Etat» (133). L’Etat d’Israël en outre, juive américaine avait contribué de sa
reçut des aides de guerre «du régime com­ poche, et avec des sommes considérables, à

304
SODALITIUM : La question juive

des opérations comme l’acquisition d’armes tout et principalement spirituel et céleste.


tchécoslovaques» (138). Si l’Union Soviétique Déjà aux temps de la venue du Christ les
se contentait de la neutralité d’Israël, au docteurs, les scribes et les pharisiens, en in­
cours de la guerre froide les Etats Unis terprétant à la lettre les prophéties, se fai­
n’étaient pas du tout satisfaits de cette posi­ saient une idée tout à fait terrestre et maté­
tion. Cependant les Israéliens «de crainte de rielle du royaume du Messie, et c’est pour
s’aliéner complètement les Soviétiques, ten­ cela qu’ils condamnèrent à mort Jésus, qui
tèrent de maintenir quand même un profil prêchait un royaume principalement spiri­
bas et une certaine neutralité… Israël se tuel (l’Eglise sur terre et le Ciel dans l’au­
trouvait dans une impasse: d’une part il delà) pour tous les hommes. Les sionistes
n’osait pas s’engager trop ouvertement avec d’alors ne furent pas contents et éliminèrent
les Américains par crainte de couper tous le vrai Messie. Et c’est encore avec cette
les liens avec l’Est… d’autre part, il se trou­ fausse interprétation des prophéties messia­
vait face au problème de comment conti­ niques que les Juifs, depuis la destruction de
nuer à traire la “vache” américaine sans être Jérusalem (70) et jusqu’à nos jours, conti­
disposé ni capable de donner quoi que ce nuèrent à espérer dans la reconstitution du
soit en échange (139). …En réalité il y avait royaume d’Israël.
quelque chose qu’Israël pouvait donner à la La cause de ces fausses interprétations
“vache” américaine, mais cela devait rester est, pour la théologie catholique, la mécon­
secret» (140). S’il était très difficile pour les naissance du double objet de ces prophéties:
USA et la C.I.A. de contacter directement l’un temporel, concernant la restauration de
les habitants de l’Est et d’en avoir de pré­ Jérusalem et de l’Etat hébreu après la capti­
cieuses informations, «il ne restait rien vité de Babylone (586 avant J.-C.) et non
d’autre qu’à trouver un endroit où il y eut après la mort du Messie et la destruction de
beaucoup de gens qui eussent vécu récem­ Titus (70); l’autre spirituel et concernant la
ment dans un territoire contrôlé par les fondation de l’Eglise, l’Israël spirituel qui
Soviétiques. Puis tant mieux si ce pays doit conduire les hommes de tous les
(Israël) avait aussi une expérience consoli­ peuples au Ciel (la Jérusalem céleste).
dée du travail clandestin dans cette partie L’insigne théologien et exégète Mgr
du monde et une organisation de services Lémann écrit à ce propos: “C’est après
secrets hautement efficace et impatiente de avoir… méconnu le double objet des pro­
collaborer avec les USA» (141). Cette thèse phéties messianiques, l’un temporel, relatif à
trouve confirmation également dans le livre l’ancienne Jérusalem terrestre, et l’autre spi­
de Ostrovsky, qui soutient que le Mossad rituel, relatif à la Jérusalem des âmes, œuvre
dépend totalement des Juifs qui vivent hors du Messie, que le peuple juif s’est trompé et
d’Israël, ceux qu’on appelle les Sayanim, et se trompe encore. (…) Malheureusement…
ne pourrait pas fonctionner sans eux (142). le peuple juif s’est attaché et s’attache enco­
re aux IMAGES qui revêtent la VERITE
LE SIONISME ET L’ANCIEN TESTA- des prophéties… Et c’est une seconde et
MENT nouvelle réédification de Jérusalem et du
Royaume de Juda que beaucoup parmi eux
Mais quel est le plan de Dieu? Jérusalem persistent à vouloir. CHIMERE! Le double
est-elle destinée par le Seigneur à redevenir objet des prophéties s’étant avéré, il y a
la capitale d’un Etat hébreu? La façon dont vingt-cinq siècles, grâce à la réédification
s’est réalisée la formation de l’Etat d’Israël matérielle de Jérusalem après l’exil babylo­
correspond-elle à ce que doit être le royau­ nien, sous Esdras et Néhémie; l’autre, il y a
me de Juda d’après les prophéties? Ceci est dix-neuf siècles, grâce à la fondation de
la clé de la question sioniste: est-ce une chi­ l’Eglise: Jérusalem spirituelle…
mère ou est-ce une réalité? L’étude théolo­ Chercher à reconstruire une Jérusalem ter­
gique du plan de Dieu donnera une réponse. restre est la même chose que vouloir édifier
La réponse se trouve dans les prophéties l’ombre de la réalité. Or depuis dix-neuf siècles
bibliques, mais qui doivent être bien interpré­ et pour toujours la réalité, qui est l’Eglise, a
tées, au sens spirituel (et non temporel); en dissipé l’ombre. Umbram fugat veritas!” (143).
effet elles ne prédisent pas le rétablissement du Déjà St Alphonse Marie de Liguori avait
royaume temporel d’Israël, mais annoncent la découvert ces erreurs: «Deux furent les erreurs
fondation de l’Eglise romaine, royaume sur­ des Juifs au sujet du Rédempteur qu’ils atten-

305
SODALITIUM : La question juive

daient: la première fut que quant à ce que pré­ son de MON PERE, mais VOTRE maison.
dirent les prophètes des biens spirituels et éter­ Une seconde fois Jésus prédit la destruc­
nels, avec lesquelles le Messie devait enrichir tion de fond en comble du Temple: “Ils ne
son peuple, ils voulurent l’entendre des biens laisseront pas (tes ennemis) en toi PIERRE
terrestres et temporels: Et erit fides in tempori­ SUR PIERRE” (Lc XIX, 41-44).
bus tuis, divitiae salutis, sapientia et scientia, Une troisième fois Jésus prédit que le
timor Domini, ipse est thesaurus eius (Is. Temple sera rendu comme désert: “Voilà
XXXIII, 6). Voilà les biens promis par le que votre maison vous sera laissée
Rédempteur, la foi, la science des vertus, la DESERTE” (Matth. XXIII, 37-38). Ceci est
sainte crainte: telles furent les richesses salu­ une nouvelle annonce, plus solennelle, que
taires promises. En outre Il promit qu’Il aurait Dieu abandonnerait le Temple où Il habi­
apporté le remède aux pénitents, le pardon aux tait. Jésus répète deux fois cet abandon du
pécheurs et la liberté aux captifs du démon: Ad Temple, parce que les Juifs avaient la folle
annuntiandum mansuetis misit me, ut mederer espérance que le Temple, étant la maison de
contritis corde et praedicarem captivis indulgen­ Dieu, Il l’aurait épargné de toute calamité.
tiam et clausis apertiorem (Is. LXI, 1). C’est pourquoi Jésus voulut leur enlever
L’autre erreur des Juifs fut que ce qui cette confiance, en répétant l’annonce de
avait été prédit par les prophètes de la secon­ l’abandon et même pour faire mieux com­
de venue du Sauveur, quand Il viendra juger prendre la gravité de cet abandon Il ajouta
le monde à la fin des siècles, ils voulurent que le terrible mot déserte, signifie que le
l’entendre de la première venue. Tandis que Temple est destiné à tomber en ruine.
David écrit du futur Messie qu’il doit vaincre Jésus enfin s’est prononcé une quatrième
les princes de la terre et abattre l’orgueil de fois, en jurant carrément que le Temple serait
plusieurs et, par la force de l’épée, détruire détruit même avec ses ruines: “En vérité je
toute la terre: Dominus a dextris tuis: confre­ vous dis: il ne restera pas là pierre sur pierre
git in die irae suae reges. Iudicabit in nationi­ QUI NE SOIT DETRUITE” (Matth. XXIV,
bus… conquassabit capita in terra multorum 2). Eh bien Dieu ABANDONNA le Temple
(Ps. CIX, 5 et 6). Et le prophète (Joël II, 11) quand Jésus fut mis à mort et le voile du
[voir Jérémie XII, 12] écrit: Gladius Domini Temple se déchira en deux (Mc XV, 38; Lc
devorabit ab extremo terrae usque ad extre­ XXIII, 45). Le Temple fut DETRUIT par
mum eius. Mais ceci s’entend déjà de la se­ Titus, qui fit démolir par des soldats les murs
conde venue, quand Il viendra comme juge du Temple incendié. Restaient les
pour condamner les mauvais; mais en parlant FONDATIONS, qui, au temps de Julien
de la première venue, dans laquelle il doit l’Apostat, FURENT ARRACHEES précisé­
venir pour consommer l’œuvre de la ment par les Juifs eux-mêmes qui les avaient
Rédemption, trop clairement prédirent les déterrées dans l’espoir d’en creuser de nou­
prophètes que le Rédempteur devait faire sur velles et de reconstruire le Temple, chose qui
cette terre une vie pauvre et méprisée. Voilà ne fut pas possible à cause des feux souterrains
ce qu’écrivit le prophète Zacharie en parlant et des tremblements de terre, “qui englou­
de la vie abjecte de Jésus-Christ: Ecce rex tirent…ce qui restait du Temple” (145). Voilà
tuus venit tibi iustus et salvator: ipse pauper et accomplie la quatrième promesse, les ruines
ascendens super asinam et super pullum fi­ elles-mêmes du Temple ont été détruites:
lium asinae (Zach. IX, 9)» (144). “Lapis super lapidem qui non destruatur”
(Matth. XXIV, 2). Cette destruction, d’après
LE SIONISME ET LE NOUVEAU TES- la Tradition, n’est pas seulement totale, mais
TAMENT FINALE! St Jean Chrysostome dit: “personne
ne peut détruire ce que Jésus-Christ a édifié,
Jésus, quatre fois, a prophétisé concernant aussi personne ne peut réédifier ce qu’Il a dé­
l’avenir du Temple de Jérusalem; une première truit. Il a fondé l’Eglise et personne ne pourra
fois Il a annoncé son abandon de la part de jamais la détruire; Il a détruit le Temple et
Dieu (Lc XIII, 34-35): “voici que votre maison personne ne pourra jamais le réédifier” (146).
vous sera laissée ABANDONNEE” (l’adjectif
deserta cité dans la Vulgate ne se trouve pas CE QUE JESUS A PROPHETISE
dans le texte grec). Cette phrase annonce CONCERNANT JERUSALEM
l’abandon du Temple de la part de Dieu: Jésus
n’appelle plus le Temple MA maison ou la mai­ Jésus a prophétisé deux choses: la destruc-

306
SODALITIUM : La question juive

les Lieux Saints, en 1242 le souverain


d’Egypte Nedjmeddin, en 1382 les Mamel­
ouks et enfin en 1516 les Turcs avec Séhim I.
Sur le verset évangélique qui suit la pré­
diction de l’assujettissement de Jérusalem
aux païens “jusqu’à ce que les temps des na­
tions soient accomplis” on donne deux inter­
prétations: pour la première, soutenue par
St Jean Chrysostome (Discours contre les
Juifs) les paroles du Christ signifient
“jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de nations”,
c’est-à-dire JUSQU’A LA FIN DU
MONDE, et donc exclut la possibilité que
Jérusalem puisse jamais devenir la capitale
d’un Etat juif. Pour la seconde, au contraire,
Jérusalem sera foulée aux pieds jusqu’à ce
que la plénitude des nations soit entrée dans
l’Eglise avec la conversion d’Israël, d’après
les paroles de St Paul (Rm. XI, 25-26): “Une
partie d’Israël est tombée dans l’aveuglement,
Rome 1948 proclamation de l’Etat d’Israël: les Juifs de
jusqu’à ce que la plénitude des gentils soit en­
la ville défilent en sens inverse sous l’arc de Titus,
trée, et qu’ainsi tout Israël soit sauvé”. Cette
enfreignant une tradition de 2000 ans puisque cet arc

était le symbole de la victoire des anciens Romains sur le


thèse exclut aussi, avec l’entrée progressive
peuple juif. Sur la photo, le premier à gauche est le grand
des nations dans l’Eglise et le salut final
rabbin d’alors, David Prato, le troisième est Settimio
d’Israël, la reconstruction du royaume
Sorani (qui écrivit un livre sur le B’naï B’rith) et à côté
d’Israël, comme le démontrent aussi l’abbé
de lui se trouve Raffaele Cantoni, premier président de

l’Union de l’après-guerre

Lémann et Mgr Spadafora (147).


(photo Karnenu terra e popolo)

JESUS ET LE ROYAUME D’ISRAEL


tion de Jérusalem et son sort après la destruc­
tion, quand elle devra être “foulée aux pieds Le jour de l’Ascension les Apôtres, non
par les gentils, jusqu’à ce que les temps des na­ encore remplis du Saint-Esprit, étaient
tions soient accomplis” (Lc XXI, 24). imbus de rêves de gloire et de félicité tem­
Après la destruction, opérée par Titus en porelle, comme tous les Juifs de cette
70, Jérusalem fut effectivement encore occu­ époque qui attendaient un Royaume ter­
pée, saccagée, foulée aux pieds et dominée restre du Messie guerrier et conquérant. Et
par différents peuples païens. Vingt fois elle comme Jésus leur avait parlé en ce jour du
connut l’invasion et le saccage! Les légions Royaume de Dieu et de la descente du
d’Adrien commencèrent en 130; en 613 ce fut Saint-Esprit, voilà que leurs espérances de
le tour des Perses, auxquels suivit en 627 royauté temporelle se réveillèrent et ils de­
Héraclius et en 636 le calife Omar. Une cin­ mandèrent à Jésus: “Seigneur, est-ce en ce
quième et une sixième fois elle fut occupée temps que vous rétablirez le Royaume
entre 643 et 868, quand la dynastie des d’Israël?” ( 148). Dans la réponse de Jésus
Omeyades tomba et fut remplacée par les [“Ce n’est pas à vous de connaître les temps
Abbassides. En deux cents ans environ elle et les moments que le Père a réservés en sa
subit neuf invasions: en 868 par le souverain puissance; mais vous recevrez la vertu de
égyptien Ahmed, en 905 par les califes de l’Esprit-Saint, qui viendra sur vous, et vous
Bagdad, en 936 par Mahomet-Ikhschid, en serez témoins pour moi à Jérusalem, dans
968 par les Fatimides, en 984 par le turc toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux ex­
Ortok, et ensuite par le calife d’Egypte, en trémités de la terre” (149)] il y a un enseigne­
1076 par le turc Meleschah, puis par les ment indirect concernant le rétablissement
Ortokides et encore en 1076 par les Fatimides. du royaume d’Israël, dans la mesure où Il
La seizième fois ce furent les croisés qui entrè­ choisit les disciples comme ses témoins
rent à Jérusalem le vendredi 15 août 1099, à jusqu’aux extrémités du monde, Notre-
l’heure même de la mort de Jésus-Christ. En Seigneur Jésus-Christ leur faisait com­
1188 ce fut Saladin qui enleva aux chrétiens prendre qu’il NE S’AGISSAIT PAS pour

307
SODALITIUM : La question juive

Lui DE RENDRE A LA NATION JUIVE dans lequel ils jouiront de la paix la plus pro­
SON ROYAUME TEMPOREL, mais de fonde, puisque le retour d’Israël dans la terre
fonder, au moyen de leur ministère aposto­ promise doit être interprété dans le sens spi­
lique, le Royaume d’Israël spirituel, l’Eglise rituel et métahistorique, c’est-à-dire comme
(Verus Israël) qui de Jérusalem aurait du se la conversion et le retour d’Israël dans
répandre dans le monde entier. l’Eglise du Christ, le Verus Israël.
Tel est le Royaume d’Israël que Jésus- D’autres exégètes soutiennent au
Christ est venu fonder, Royaume des âmes, contraire qu’Israël sera rétabli en Palestine
Royaume des Cieux: l’Eglise ici in via, et le et qu’il y formera un Etat [chrétien, du mo­
Paradis in Patria! Aucune allusion à un Etat ment qu’il s’agit d’Israël converti] (151).
d’Israël qui réapparaîtra à Jérusalem. La conversion future des Juifs est admise
A l’objection spontanée qu’actuellement communément par les théologiens catho­
Jérusalem est à nouveau la capitale d’un liques, parmi lesquels certains affirment que
Etat hébreu, que la Palestine est le les Juifs, retournés au Christ et incorporés à
Royaume d’Israël il faut donner une répon­ l’Eglise, seront reconduits providentielle­
se ample et articulée. ment en Palestine où ils restaureront
Le fait que Dieu ait permis le retour d’une Jérusalem et même le Temple, mais en
grande masse de Juifs en Terre Sainte non l’honneur de Jésus-Christ. St Bède affirme,
seulement ne contredit pas les prophéties de par exemple: “Quand Israël se convertira il
Jésus-Christ mais LES ACCOMPLIT, en tant n’est pas téméraire d’espérer qu’il retourne­
que les Ecritures nous parlent même de la ra sur le sol de ses pères, qu’il reprendra la
conversion d’Israël au Christianisme. Et Mgr possession de Jérusalem pour y habiter” (152).
Lémann lui-même voyait dans ce mouvement Cette opinion cependant, même si elle re­
vers la Palestine une PREPARATION AU prend les prophéties qui annoncent le réta­
REGROUPEMENT imposant des Juifs qui blissement du Royaume d’Israël et est suivie
sera nécessaire puisque LEUR CONVER- par certains exégètes, semble renouveler
SION EN MASSE apparaît EVIDENTE AU dans le fond l’erreur du Judaïsme talmu­
MONDE ENTIER. dique, qui s’arrête à la signification littérale
Et le retour en masse du peuple juif dans la des prophéties sans en saisir la signification
Terre Sainte implique-t-il vraiment la réalisa­ spirituelle. Aussi l’opinion que les Juifs
tion STRICTE ET FORMELLE du convertis reconstruiront le Temple en l’hon­
Sionisme? Avant sa conversion au neur de Jésus-Christ est repoussée par Mgr
Christianisme le peuple juif retrouvera-t-il la Lémann en tant que contraire à toute l’éco­
possession COMPLETE ET INDEPEN- nomie du Nouveau Testament: en effet le
DANTE du pays de ses ancêtres? L’histoire Temple avait, outre la destination immédiate
jusqu’à maintenant a répondu. La possession au culte divin de l’Ancienne Alliance, - dé­
n’est pas PLEINE, COMPLETE et EX- sormais révoquée - une signification symbo­
CLUSIVE. En outre l’Etat d’Israël pour être lique ( 153), c’était la figure du TEMPLE
VRAI ET LEGITIME Royaume d’Israël de­ FUTUR fondé par Dieu Lui-même, l’Eglise
vrait être théocratique et donc avoir le troisiè­ romaine. Le Saint représentait l’Eglise mili­
me Temple. Or, comme l’affirment tous les tante et le Saint des Saints l’Eglise triom­
Juifs orthodoxes, le Sionisme actuel n’a pas phante. Maintenant que la réalité a remplacé
réussi à faire revivre cet état de choses, ou plu­ la figure il n’y a plus de motif de reconstruire
tôt n’a même pas voulu l’essayer par principe; un Temple qui était éminemment figuratif.
c’est pourquoi l’Etat d’Israël est seulement
MATERIELLEMENT, mais non FORMEL- LE SORT DE JERUSALEM JUSQU’A
LEMENT, le Royaume rêvé des talmudistes. LA FIN DU MONDE
En outre les Juifs n’ont pas encore la pleine
possession de la Terre Sainte, qu’ils doivent Sur ce sujet deux thèses sont en présen­
partager, en état de guerre continue, avec ce; la première soutient que quand les temps
l’Etat palestinien (150). des nations seront accomplis Jérusalem ne
Selon Mgr Lémann, même APRES LA connaîtra plus la cohabitation avec l’Islam et
CONVERSION AU CHRISTIANISME, deviendra une capitale chrétienne, tandis
les Juifs ne pourront pas rétablir le Royaume que l’autre, plus sûre, soutient que JERU-
d’Israël, c’est-à-dire qu’ils ne seront pas SALEM SERA FOULEE AUX PIEDS
remis par Dieu dans le pays de leurs ancêtres JUSQU’A LA FIN DU MONDE à cause

308
SODALITIUM : La question juive

du déicide. jusqu’à la fin des siècles le siège indestruc­


Aussi les paroles de Jésus “Jérusalem tible du royaume du Christ et de la Papauté,
sera foulée aux pieds par les gentils, jusqu’à Jérusalem, par contre, ne redeviendra jamais
ce que les temps des nations soient la capitale ni le siège d’un nouveau royaume
accomplis” ( 154), sont expliquées de diffé­ d’Israël. Une marque divine a été également
rentes manières: pour certains, elles signi­ imprimée sur elle, celle du châtiment. Ni les
fient que Jérusalem cessera d’être foulée aux combinaisons humaines, ni aucune violence
pieds quand l’Evangile sera prêché partout ne sauraient la faire disparaître» (157).
dans le monde entier et Israël se convertira
en devenant un Etat chrétien; la majeure LE SIONISME ET L’ANTECHRIST
partie des exégètes, toutefois, soutient que
Jérusalem sera foulée aux pieds jusqu’à la Il est une sentence commune des Pères
fin du monde, selon la thèse de St Jean de l’Eglise (158) que les Juifs doivent recevoir
Chrysostome: «Jamais Jérusalem ne jouira et acclamer l’Antéchrist comme leur Messie
de cette complète et tranquille splendeur… et que Jérusalem ne redeviendra la capitale
Elle présentera toujours des signes de la dé­ d’un état juif (parfaitement et complètement)
solation décrétée. S’il advient même que, ni sous le Règne de l’Antéchrist ni grâce à
dans l’avenir, l’Antéchrist, réussisse à lui im­ son aide. Pour bien comprendre la portée de
primer soudainement une splendeur anti­ cette affirmation il faut d’abord résoudre la
chrétienne, cette splendeur antichrétienne question de ce que sera le siège de
ne sera que FACTICE ET PASSAGERE. l’Antéchrist, pour laquelle existent deux
Croire le contraire serait s’illusionner… Que opinions.
cet “homme de péché, fils de la perdition”(II Selon la première, l’Antéchrist aura
Thess. 2,3), tente de lui rendre, pour faire comme siège de son royaume Jérusalem; les
mentir les prophéties, sa splendeur passée, partisans de cette thèse sont nombreux,
immédiatement il se trouvera sous le coup parmi lesquels: St Irénée (159), Lactance (160),
d’une malédiction semblable à celle que pro­ Sulpice Sévère ( 161), St Robert Bellarmin
nonça Josué contre quiconque tenterait de ( 162 ), Cornelius a Lapide ( 163 ), François
reconstruire les murailles de Jéricho: “mau­ Suarez (164). Elle se fonde sur l’Apocalypse
dit soit devant le Seigneur”… Ainsi en ad­ dans laquelle St Jean affirme que Enoch et
viendra-t-il de la tentative de l’Antéchrist… Elie, adversaires de l’Antéchrist, seront tués
Pour faire disparaître une splendeur que «dans la grande cité où même le Seigneur a
Jérusalem ne doit plus connaître [et ici l’on été crucifié» (165), c’est-à-dire à Jérusalem où
voit la gravité du plan de Jean-Paul II dans donc l’Antéchrist, aura d’abord placé le
Tertio Millennio Adveniente] (155) un miracle siège de son royaume.
de vengeance divine aura subitement frappé La seconde opinion affirme au contraire
l’Antéchrist et arrêté son bras» (156). que la capitale du royaume de l’Antéchrist
sera Rome, parce que, pour les partisans de
ROME CONTRE JERUSALEM cette thèse, le texte de l’Apocalypse ne se
réfère pas nécessairement à Jérusalem
«Il y a deux villes ici-bas à l’égard des­ comme siège de l’Antéchrist, lequel pourrait
quelles les combinaisons humaines resteront ordonner la suppression des deux témoins
impuissantes: Rome et Jérusalem… Rome, dans cette cité, mais en ayant ailleurs son
siège du Vicaire de Jésus-Christ, ne cessera siège; même pour mieux faire opposition au
jamais de l’être. Léon XIII vient de le pro­ vrai Christ «N’EST-CE PAS LA QUE
clamer une fois de plus dans son Encyclique L’ANTECHRIST S’EFFORCERA DE
relative au Jubilé de 1900: “La marque divi­ SUPPLANTER SON VICAIRE, LE
ne, qui a été imprimée à cette ville, ne peut PAPE?» (166). Ceux qui préparent son règne
être altérée ni par les combinaisons hu­ (les anticléricaux de toute sorte), semblent
maines, ni par aucune violence. Jésus-Christ, l’avoir très bien compris, en effet «c’est
Sauveur du monde, a choisi, seule entre CONTRE ROME que se sont coalisés, de­
toutes, la ville de Rome pour une mission puis des années, les efforts des francs-ma­
plus élevée et plus haute que les choses hu­ çons et des Juifs, ces formidables prépara­
maines, et Il se l’est consacrée. Il a décidé teurs de la puissance de l’Antéchrist. Une
que le trône de son Vicaire s’y dresserait fois établis dans cette terre de gloire qu’est
dans la perpétuité”. Mais si Rome doit rester Rome, rien ne sera plus facile à l’Antéchrist

309
SODALITIUM : La question juive

que de se rendre à Jérusalem. C’est là, en sa propre gloire et pour se faire adorer» (173).
effet, que l’attend, d’après la prophétie de CONCLUSION: L’ACTUEL ETAT
Daniel, le bras vengeur de Dieu» (167). D’ISRAEL EST-IL LE ROYAUME MES-
Mais même au cas où l’Antéchrist s’éta­ SIANIQUE?
blirait à Jérusalem, ce n’est pas pour cela
que se réalisera le rêve du Sionisme, parce Le Sionisme qui se réalise actuellement
que celui-ci n’aura pas comme fin celle de est-il l’accomplissement d’un BEAU REVE
rétablir le Royaume d’Israël et de réaliser ou est-il une CHIMERE? Après avoir vu la
ainsi les prophéties, mais seulement de se réponse du juif converti Augustin Lémann
faire adorer comme Dieu, pour cela «…le en 1901, examinons ce qu’affirment aujour­
peuple juif, tout en l’acclamant, devra, d’hui des historiens et des politologues de
comme les autres peuples, se courber sous différentes extractions de pensée. Pour Paul
son joug: nulle indépendance nationale en Johnson la nouvelle Sion avait été conçue
face de son empire» (168) et les yeux ouverts comme réponse à l’antisémitisme du
se convertira à Jésus-Christ regardant Celui XIXème siècle et n’avait donc aucun fonde­
qu’ils ont transpercé. ment ni fin religieuse, mais était seulement
Concernant le Temple, ensuite, ici l’on «un instrument politique et militaire pour la
peut se demander si l’Antéchrist arrivera à le survivance du peuple juif… L’essence du
reconstruire par haine des prophéties de Judaïsme était que l’exil finirait par un évé­
Jésus-Christ et pour essayer de les démentir nement métaphysique, en un moment établi
ou de les discréditer; certains Pères et exé­ par Dieu, non par une solution politique
gètes, parmi lesquels St Irénée, St Cyrille de imaginée par l’homme. L’Etat sioniste était
Jérusalem, Suarez, l’affirment, en interpré­ simplement un nouveau Saül, sous-entendre
tant à la lettre les paroles de St Paul «jusqu’à qu’il fût une forme moderne du Messie était
s’asseoir dans le Temple de Dieu, se faisant non seulement une erreur, mais un blasphè­
passer lui-même pour Dieu» (169). Beaucoup me. (…) Il pouvait seulement engendrer un
d’autres Pères au contraire entendent méta­ autre faux messie» ( 174 ). Pour Gershom
phoriquement le mot Temple, qui n’est pas Scholem, grand chercheur de mystique
celui de Jérusalem. Pour St Jérôme «s’assié­ juive: «L’idéal sioniste est une chose et
ra dans le Temple de Dieu: veut dire ou à l’idéal messianique en est une autre, et les
Jérusalem, ou dans l’Eglise et cela me paraît deux choses n’ont pas de points de contact
le plus vrai [vel in Ecclesia, ut verius arbitra­ sinon dans la phraséologie ronflante des ras­
mur]» (170). St Jean Chrysostome (171) est éga­ semblements de masse qui souvent inspirent
lement de cette opinion ainsi que Théodoret dans nos jeunes l’esprit du nouveau shabba­
qui explique aussi la manière dont cela arri­ tisme destiné à tomber» (175).
vera: «Ce que St Paul appelle le Temple de «Dans le Sionisme il n’y avait pas de place
Dieu, ce sont les églises dans lesquelles cet - selon Johnson - pour Dieu comme tel…
impie prendra la première place, en essayant parce que depuis le début la majeure partie
de se faire reconnaître comme Dieu» (172). des Juifs pratiquants considérèrent le
Mais même en admettant que l’Antéchrist Sionisme avec soupçon ou avec une hostilité
essaye de reconstruire le troisième Temple, déclarée et certains …pensèrent que c’était
ce n’est pas pour cela que se réaliseront les l’ŒUVRE DE SATAN… La création de
espérances du Sionisme, puisque le but ne l’Etat sioniste n’était pas un retour juif dans
sera pas la gloire de Jahwé, mais son culte l’histoire, un Troisième Etat, mais le com­
personnel à la place de celui de Dieu. De plus mencement d’un nouvel exil et beaucoup plus
«cette tentative sera tellement imparfaite, dangereux… Le Sionisme était ‘rébellion’
que le Temple, à proprement parler, ne sera contre le Roi des rois …l’Etat juif finirait dans
pas alors rétabli AU SENS STRICT ou pro­ une catastrophe pire que l’holocauste» (176).
prie loquendo… Le Temple ne saurait être Les tout derniers massacres ont fait écri­
relevé FORMELLEMENT, puisque l’entre­ re à Fiamma Nirestein: «DESARROI.
prise aura pour objet non pas le culte du vrai Israël, qui a pour pierre angulaire le concept
Dieu, mais celui de l’Antéchrist. Car bien de la sécurité de l’Etat juif, qui est né décidé
qu’au début, l’Antéchrist, pour tromper les à délivrer pour toujours l’histoire juive du
Juifs, simulera de vouloir rebâtir le Temple sentiment de danger inévitable et continu,
pour le culte de Dieu, en réalité et dans le se­ se trouve peut-être pour la première fois de­
cret de son âme il n’agira de la sorte que pour puis 1948, année de sa fondation, à ne pas

310
SODALITIUM : La question juive

savoir que faire, à percevoir, à cause des at­ accorder les droits civils… C’est donc la pos­
taques homicido-suicidaires qui se succèdent sibilité que ces facteurs [USA et Europe,
implacablement, un sens de vide, de perte, n.d.r.] contribuent à empêcher que les parti­
de DESARROI précisément» (177). sans du code religieux déchaînent une guerre
Toujours sur La Stampa, Avraham Ben civile aux issues DIFFICILEMENT PRO-
Yehoshua met en évidence le même malai­ NOSTICABLES» (178).
se: «LE CAUCHEMAR: Juifs contre Juifs: «Israël le lendemain du grand malheur
L’antique spectre de la guerre civile revient. [la mort de Rabin, n.d.r.]… la grande peur
Dans ces derniers temps la presse israé­ des Israéliens a un nom blasphématoire:
lienne consacre beaucoup de place à l’éven­ guerre civile. Inutile de se voiler la face.
tualité d’une guerre civile. Le traumatisme Israël court et courra ce risque monstrueux,
d’une guerre fratricide… s’accompagne du dévastant, si celui qui a recueilli le témoi­
souvenir de la perte de la souveraineté… En gnage n’agit rapidement» (179).
1970… Jérusalem fut conquise… mais à la Il semble presque comprendre le doute
défaite militaire contribua une guerre fratrici­ ou la crainte que le Sionisme, loin de repré­
de… combattue entre ceux qui avaient choisi senter un magnifique succès, puisse se trans­
pour nom ‘zélotes’ et les ‘sadducéens’. Cette former en un TERRIBLE ECHEC.
guerre interne affaiblit l’Etat hébreu et pré­ Au terme de l’analyse du Sionisme on re­
para le terrain à la défaite militaire définitive, tourne au point de départ: tout ce qui
et c’est pour cette raison que tout symptôme concerne le problème juif est un problème
de lutte possible de ce genre réveille un sou­ exclusivement religieux: déjà St Grégoire le
venir doublement traumatique… Au fond les Grand affirmait que «ceux qui refusent de
motifs de division étaient les mêmes qui se croire au Rédempteur se donneront ensuite
rencontrent aujourd’hui dans la société israé­ …à l’Antéchrist» (180). Le motif peut être
lienne. Il s’agit de la lutte entre deux codes trouvé dans les mots de Nirenstein: Israël a
différents… le code religieux et le code natio­ rejeté la vraie pierre d’angle Notre-Seigneur
nal… On est retourné [aujourd’hui] en un Jésus-Christ (qui aurait du réunir les Juifs
certain sens à l’ancien conflit entre les deux aux païens dans l’unique Eglise de Dieu,
codes… on ne doit donc pas s’étonner si comme la pierre d’angle sert de base aux
parmi les plus violents opposants au gouver­ deux murs de la maison) et y a substitué une
nement actuel se trouvent de nombreuses autre, le concept de la SECURITE de l’Etat
personnes qui exhibent leur religiosité. Ce hébreu; mais jamais l’homme ne sera sûr s’il
sont eux les représentants de pointe d’une ne fonde pas toute son espérance en Dieu et
opposition qui risque de devenir violente. en Son Fils Jésus-Christ (181). Alors la substi­
C’est pourquoi le code religieux, qui s’expri­ tution d’un Messie personnel par une idée
me dans la sacralisation de la terre d’Israël, abstraite est à la base de l’échec du
l’emporte sur le code national… Comme Sionisme, c’est la raison profonde de la si­
pour les zélotes il n’était pas absurde de se ré­ tuation de DESARROI constatée par
volter contre l’Empire romain. Ainsi pour les Nirenstein, nonobstant l’opulence et la puis­
religieux contemporains il n’y a rien de mal sance actuelle de l’Etat d’Israël, puisque le
dans le fait de continuer l’absurde domina­ cœur de l’homme ne trouvera pas la paix
tion sur un peuple qui représente environ tant qu’il ne se reposera pas en Celui qui l’a
cinquante pour cent de sa population sans lui sauvé et qui dans l’Evangile avait prédit:
«La pierre [le Christ] qu’ont rejetée ceux qui
Des membres de la Brigade Juive arrêtent des soldats al­
lemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale
bâtissaient [les Juifs] est devenue PIERRE
(photo tirée de l’Encyclopedia Judaica) ANGULAIRE [qui unit en une seule Eglise
les deux peuples, le païen et l’israélite].
Quiconque tombera sur cette pierre sera
brisé, et celui sur qui elle tombera, elle le ré­
duira en poudre [c’est-à-dire celui qui par
mépris aura voulu l’enlever]» (182).

BIBLIOGRAPHIE

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Italia, Milano 1972. tion d’Israël, Jérusalem 1990.
- A. E BAN , Storia dello Stato di Israèle, 4) A. LÉMANN, op. cit., p. 11.

312
SODALITIUM : La question juive

5) A. LÉMANN, op. cit., p. 21. 1955, p. 77.


6) Cf. ce n° 42, pp. 70-73 et n° 40 (éd. ital.) pp. 54-56. 48) F. TAGLIACOZZO- B. MIGLIAU, op. cit., p. 115.
7) A. LÉMANN, op. cit., p. 26. 49) T OM S EGEV , Le septième million, éd. Liana
8) Cf. M. BLONDET, I fanatici dell’Apocalisse, Il Levi, Jérusalem 1991 (1993).
Cerchio, Rimini 1992. 50) BARBARA SPINELLI, in La Stampa, 27 avril 1995,
9) A. LÉMANN, op. cit., p. 26. pp. 1-6.
10) Ibidem, p. 41. 51) F. TAGLIACOZZO-B. MIGLIAU, op. cit., p. 120.
11) Ibidem, p. 43. Voir aussi, sur ce sujet: L. 52) A. LÉMANN, op. cit., p. 136.
POLIAKOV, I banchieri ebrei e la Santa Sede, Newton 53) S. FERRARI, Vaticano e Israèle, Sansoni, Firenze
Compton, Roma 1974. 1991, p. 9. Cf. H. F. KÖCK, Der Vatikan und Palestina,
12) Archives israélites, année 1862, p. 309. Wien-München, Herold 1973, p. 40.
13) A. LÉMANN, op. cit., p. 65. 54) P ASQUALE B ALDI , La Questione dei Luoghi
14) P. SELLA, Prima d’Israèle, ed. L’uomo libero, Santi in generale, Bona, Torino 1919, pp. 85-87.
Milano 1990, pp. 19-21. Cf. A. B AUDRILLART , Jérusalem délivrée, Beau­
15) P. SELLA, op. cit, p. 25. chesne, Paris 1918 et E. J ULIEN , La délivrance de
16) P. SELLA, op. cit, p. 26. Jérusalem, Imprimeries réunies, Boulogne-sur-Mer 1917.
17) P. SELLA, op. cit, p. 36. 55) S. S AYEGH , Le Statu quo des Lieux Saints,
18) P. SELLA, op. cit, p. 162. Pontificia Università Lateranense, Roma 1971.
19) P. SELLA, op. cit, p. 169. 56) S. FERRARI, op. cit., p. 11.
20) P. SELLA, op. cit, p. 224. 57) S. F ERRARI , op. cit., p. 12. Cf. aussi: S. I.
21) P. SELLA, op. cit, p. 234. M INERBI , Il Vaticano, la Terra Santa e il Sionismo,
22) P. SELLA, op. cit, p. 240. Bompiani, Milano 1988, p. 39.
23) A ce propos, l’interview accordée par Fini au 58) G. VERRUCCI, La Chiesa nella società contem­
JERUSALEM POST et rapportée par le Secolo d’Italia poranea, Laterza, Bari 1988, pp. 10-11.
sous le titre Abbiamo un amico a Roma, par Dennis 59) S. FERRARI, op. cit., p. 13. Cf. également: G.
Eisemberg et Uri Dan, ex-agent du Mossad et auteur ALBERIGO-A. RICCARDI, Chiesa e papato nel mondo
de Mossad, 50 ans de guerre secrète (Presses de la cité, contemporaneo, Laterza, Bari 1990.
Paris 1995) ne peut pas surprendre. A la déclaration de 60) S. FERRARI, op. cit., pp. 13-14.
Fini selon laquelle «Jérusalem doit et peut être seule­ 61) S. I. MINERBI, Il Vaticano, la Terra Santa e il
ment aux Israéliens» [4 juillet 1995, p. 5] les intervie­ Sionismo, Bompiani, Milano 1988, p. 189. Du même au­
weurs commentent: «Il est vraiment rare de trouver un teur voir aussi Il Vaticano e la Palestina durante la
homme d’état européen qui ne soit pas tenu à deman­ prima guerra mondiale, in Clio 1967, pp. 433-435, et E.
der à Israël de renoncer à une partie de sa souveraineté FARHAT, Jerusalem nei documenti pontifici, Città del
sur Jérusalem… ou d’internationaliser la ville. Le tout Vaticano 1987, Libreria editrice Vaticana.
sur le fond de pressions du Vatican». 62) Allocution Causa nobis, 13 juin 1921, Actes de
24) P. GUZZANTI, Tel Aviv, anima ribelle d’Israèle, Benoît XV, tome III, Bayard, Paris 1926, p. 85.
in La Stampa. 15 /7/1995, p. 9. 63) Ibidem.
25) A. LÉMANN, op. cit., p. 70. 64) Sur cette question voir G. C ASTELLI C A -
26) A. LÉMANN, op. cit., p. 71. Voir aussi Le Réveil VAZZANA , L’opera per la preservazione della fede in
d’Israël, juillet 1898. Palestina, ed. Cavalieri del Santo Sepolcro, Milano 1933;
27) A. LÉMANN, op. cit., p. 71. C. CRIVELLI, Protestanti e cristiani orientali, ed. La
28) Archives israélites, 23 septembre 1897. Civiltà Cattolica, Roma 1944, pp. 397-429;
29) A. LÉMANN, op. cit., p. 77. Osservatore Romano, 20 novembre 1924.
30) Archives israélites, 20 septembre 1897. 65) Cf. Osservatore Romano 30 juin 1922.
31) M. Dreyfuss, grand rabbin de Paris, in Archives 66) S. FERRARI, op. cit., p. 16.
israélites, 23 septembre 1897. 67) L’Osservatore Romano, 14 novembre 1924,
32) Archives israélites, 15 septembre 1898. “Dalla Palestina. Le avanguardie dei missionari”.
33) Cf. Le Réveil d’Israël, octobre 1899. 68) Cf. L’Osservatore Romano, 15 novembre 1924,
34) A. LÉMANN, op. cit., p. 122. “Come divenni cattolico. Hans Herzl, figlio del fonda­
35) La Croix, 10 mars 1895. tore del Sionismo, racconta la sua conversione dal giu­
36) E. RATIER, Mystères et secrets du B’naï B’rith, daismo”. Cf. aussi: La Civiltà Cattolica 1937, III, p. 37,
éd. Facta, Paris 1993. “La questione giudaica e l’apostolato cattolico”.
37) E. RATIER, op. cit., p. 180. 69) La Civiltà Cattolica 1938, VI, p. 78, “Intorno
38) B’naï B’rith, The first Lodge of England, 1910­ alla questione del Sionismo”.
35, Paul Goodman, imprimé par la Loge, Londres 1936. 70) La Civiltà Cattolica 1922, III, p. 117, “Il
39) M. Honigbaum, B’naï B’rith journal, juin 1988. Sionismo dinanzi all’opinione dei non ebrei”.
40) B’naï B’rith Magazine, supplément, février 1925. 71) La Civiltà Cattolica 1937, II, p. 431, “La ques­
41) E. RATIER, op. cit., p. 183. tione giudaica e il Sionismo”.
42) E. RATIER, op. cit., p. 188. 72) La Civiltà Cattolica 1934, IV, p. 136, “La ques­
43) E. RATIER, op. cit., p. 190. tione giudaica e l’antisemitismo nazista”.
44) S AMUEL H APPERIN , The Polittical World of 73) La Civiltà Cattolica 1938, II, p. 81, “Intorno alla
American Zionism, édité par Informations Dynamics questione del Sionismo”. Voir aussi La Civiltà Cattolica
Inc., 1985. 1924, IV, p. 487, “Un episodio del Sionismo in Palestina”.
45) E. RATIER, op. cit., p. 202. Cf. E. CAVIGLIA, Il Sionismo e la Palestina negli articili
46) F. TAGLIACOZZO-B. MIGLIAU, Gli ebrei nella dell’Osservatore Romano e della Civiltà Cattolica, in Clio
storia e nella società contemporanea, La Nuova Italia, 1981, pp. 79-90; R. DE FELICE, Storia degli ebrei italiani
Firenze 1993, p. 114. sotto il fascismo, Einaudi, Milano 1961, pp. 60-61.
47) T EODORO H ERZL , Lo Stato Ebraico, Roma 74) Acta Diurna Sancta Sedis, IX, p. 184, 13/03/ 1943.

313
SODALITIUM : La question juive

Sionistes révisionnistes] le 5 décembre 1929 sous le nom


de Berich Trumpledor-Jeunesse sioniste révisioninste,
est né du Mouvement sioniste révisionniste fondé en
1923 par Jabotinsky à Riga. «Le Bétar… est
aujourd’hui pour la jeunesse la structure militaire du
parti HÉRUT, qui dérivait à son tour du TAGAR, or­
ganisation qui a la charge de protéger manu militari les
communautés». (L’événement du jeudi, 26 septembre
1991). Tagar en hébreu signifie défi; en France il repré­
sente l’organisation la plus militante du Bétar et réunit
exclusivement des étudiants de dix-huit à vingt-trois
ans. Son siège parisien est dans le même bâtiment que
le Bétar, 59 Boulevard de Strasbourg, Xème arrondis­
sement, et sur son papier à en-tête figure une autre or­
ganisation, le Mouvement des étudiants sionistes (qui est
en réalité le Tagar lui-même). D’après Emmanuel
Uri Dan, le journaliste qui interviewa aussi Fini, en Ratier c’est une organisation paramilitaire dont les
compagnie du fondateur et premier chef du membres ont le droit d’endosser l’uniforme; elle possè­
“Mossad”: Isser Harel de en outre son journal, le Cactus, qui ne sort que de
manière sporadique et auquel collabore le journaliste
75) S. FERRARI, op. cit., p. 20. ultrasioniste Paul Giniewski, auteur du livre La croix
76) La Civiltà Cattolica 1938, II, p. 76, “Intorno alla des Juifs (éd. MJR, Genève 1994 dont a traité M. l’abbé
questione del Sionismo”. F. RICOSSA in Sodalitium n° 41, pp. 12-28). A partir de
77) M. J. D UBOIS , The Catholic Viecu, in septembre 1992 le Tagar publie aussi L’Etudiant juif; il
Encyclopedia Judaica Yearbook, Jerusalem 1974, p. 168. entretient en outre de très bons rapports avec le Tsahal,
78) S. FERRARI, op. cit., p. 21. l’armée israélienne. LES ARGUMENTS DU BÉTAR
79) L’Osservatore Romano, 20 septembre 1921. SONT SYMETRIQUES A CEUX DES ANTISE-
80) S. FERRARI, op. cit., p. 22. MITES: LES JUIFS NE POURRONT JAMAIS
81) Lettre du cardinal Maglione au cardinal ETRE FRANCAIS (OU ALLEMANDS OU ITA-
Cicognani, 18 mai 1944, in Acta Diurna Sanctae Sedis, LIENS…) COMME LES AUTRES. CE POINT EST
IX, p. 302. TRES IMPORTANT POUR LES ULTRASIO-
82) Acta Diurna Sanctae Sedis, XI, p. 509. NISTES, PARCE QU’IL DETRUIT COMPLETE-
83) S. FERRARI, op. cit., p. 42. MENT TOUTE IDEE D’INTEGRATION OU D’AS-
84) On peut consulter à ce sujet: SIMILATION ET SEMBLE CONFIRMER COM-
G. VANZINI, Il Sionismo e la divinità di Gesù Cristo, MENT LE SIONISME ET L’ANTISEMITISME BIO-
Artigianelli, Pavia 1933; A. GRASSI, Contributo alla so­ LOGIQUE COINCIDENT IDEOLOGIQUEMENT.
luzione della questione dei Luoghi Santi, Tipografia dei L’HERUT français est le représentant en France du
Padri francescani, Jerusalem 1935; parti de Begin et Shamir et réunit les sionistes révision­
dans la Civiltà Cattolica: La rivoluzione mondiale e nistes partisans de Jabotinsky. Il fut érigé en association
gli ebrei, 1922, IV, pp. 111 ss; Il pericolo giudaico e gli légale en 1905 et est la maison-mère du Bétar-Tagar.
Amici d’Israèle, 1928, II, p. 342 ss; La questione giudai­ Le LIKUD (alliance de divers partis d’extrême-droite)
ca, 1936, IV, pp. 37-88; la questione giudaica e il a comme élément moteur propre l’Hérut. Celui qui
Sionismo, 1937, II, p. 418-99; contrôle au plus haut niveau l’autodéfense juive est le
G. DE VRIES, Cattolicesimo e problemi religiosi nel MOSSAD, dont le fondateur Isser Harel a déclaré en
prossimo Oriente, Roma 1944, La Civiltà Cattolica. 1992, suite à certaines manifestations des nazis alle­
85) L’Osservatore Romano, 28 mai 1948. Déjà le 14 mands, que si les autorités allemandes sont incapables
mai, jour de la naissance d’Israël, il avait écrit: «Le d’arrêter la montée du néonazisme: «… pourquoi le dé­
Sionisme moderne n’est pas le vrai Israël biblique, mais partement action du service secret israélien n’élimine­
est un état laïc… c’est parce que la Terre Sainte et les rait-il pas lui-même - discrétement - partout où ce serait
Lieux sacrés appartiennent au Christianisme, vrai nécessaire les nouveaux adeptes de la peste brune?»
Israël». (Le Monde, 26/XI/1992). Harel explique également
Voir également: J. PARKERS, Il problema ebraico comment il a organisé des groupes d’autodéfense dans
nel mondo moderno, Nuova Italia, Firenze 1953 et G. toute l’Europe: «Nous avons décidé de secourir toutes
L O G IUDICE , L’essenza dell’Ebraismo liberale, in les communautés juives dans les pays où les gouverne­
Civiltà Cattolica, 1952, III, pp. 411-15. ments ne pouvaient ou ne voulaient pas freiner la vague
86) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 192. antisémite. Nous l’avons fait en Europe et dans le
87) M. B LONDET , I fanatici dell’Apocalisse, Il monde entier… en créant des organisations juives de
Cerchio, Rimini 1992, p. 26. défense. (…) Ceci n’a pas été fait en coordination avec
88) E. RATIER, Les guerriers d’Israël, éd. Facta, les autorités locales, nous avons pris cette initiative uni­
Paris 1995, p. 29. latéralement» (Tribune Juive, 26/I/1993).
89) Cf. J. SCHECHTMAN, The Jabotinsky-Slavinsky 95) E. RATIER, op. cit., p. 46.
agreement, Jewis Social Studies, octobre 1955. 96) Cit. in E. RATIER, op. cit., p. 49.
90) Cf. P. GINIEWSKI, in Cactus, mai 1991. 97) E. RATIER, op. cit., p. 50.
91) E. RATIER, op. cit., p. 39. 98) Cit. in RATIER, op. cit., p. 58.
92) E. RATIER, op. cit., p. 41. Cf. Y. SHAVIT, Jabotinsky and the Revisionist move­
93) E. RATIER, op. cit., pp. 41-42. ment, Franck Cass, 1988;
94) Le Bétar, présenté officiellement à Paris [où le A. DIELHOFF, L’invention d’une nation, Gallimard,
25 avril 1925 avait été fondée aussi l’Alliance des Paris 1993.

314
SODALITIUM : La question juive

99) Cit. in RATIER, op. cit., p. 60. 138) A. et L. COCKBURN, op. cit., pp. 49-55, passim.
100) E. RATIER, op. cit., pp. 75-77. 139) Cf. U. B IALER , Between East and West,
Cf. L. BRENNER, Zionism in The age of dictators, Cambridge University Press, New York 1990.
Corcum Hell, 1983; 140) A. et L. COCKBURN, op. cit., p. 59.
E. BEN ELISSAR, La diplomatie du Troisième Reich 141) A. et L. COCKBURN, op. cit., p. 67.
et les Juifs, Julliard 1969. 142) V. OSTROVSKY, Mossad. Un agent des services se­
101) 15/III/1935, p. 1. crets israéliens parle, Presses de la Cité 1990. Le livre
102) Cit. in E. RATIER, op. cit., p. 77. d’Ostrovsky, bien qu’il soit un agent des services secrets,
103) Cit. par E. RATIER, op. cit., p. 78. semble être digne de foi, en tant que - comme l’écrit
104) Cf. F. N ICOSIA , The Third Reich and the Actualité juive - «Un ex-agent du Mossad, Vistor Ostrovsky,
Palestine Question, Tauris [London] 1985. condamné à trente ans de prison par contumace, poursuit lé­
105) E. RATIER, op. cit., p. 93. galement une chaîne de télévision canadienne… “pour inci­
106) A. D IECK H OFF , L’invention d’une nation, tation à l’homicide” Vistor Ostrovsky est l’auteur de deux
Israël et la modernité politique, Gallimard 1993 cit. in E. livres à succès sur le Mossad, basés sur cinq années passées
RATIER, op. cit., pp. 97-98. dans les services israéliens… Ladite chaîne de télévision dé­
107) Le texte original a été publié par D. YISRAELI, noncée par Ostrovsky recevait le 5 octobre 1994 le journalis­
Le problème palestinien dans la politique allemande, te israélien Yosef Lapid qui, quelques jours avant avait écrit
Bar Ilan University, 1974. sur le quotidien israélien Ma aziv que Ostrovsky ne devrait
108) Cit. in E. RATIER, op. cit., p. 98. pas avoir le droit de vivre. Durant l’interview télévisée
109) Cf. N. YAHIM-MOR, Israël, La Renaissance, 1978. Lapid a déclaré que le Mossad n’assassinerait pas Ostrovsky
110) Cf. Yediot Aharonot, 4/II/1983. pour ne pas compromettre les relations israélo-cana­
111) Cf. Jerusalem Post, 18/IX/1983. diennes.» Cf. Actualité Juive, n° 417, février 1995, p. 13.
112) L. B RENNER . Zionism in the Age of the 143) Ibidem, pp. 165-169.
Dictators, Corcun Hell, 1983. 144) ST ALPHONSE MARIE DE LIGUORI, Passion de
113) Cf. M. COHEN, Du rêve sioniste à la réalité is­ Notre-Seigneur Jésus-Christ, Alfonsianum, Roma 1934,
raélienne, La Découverte, 1990. pp. 188-189.
114) RATIER, op. cit., p. 66. 145) A. LÉMANN, op. cit., pp. 177-178.
Cf. la revue L’idea sionista, in L. Brenner, Zionism 146) S T J EAN C HRYSOSTOME , Homiliae contra
in the Age of the Dictators. Judeos. Cf. V. MESSORI, Pati sotto Ponzio Pilato, Sei,
115) Cf. B. M USSOLINI in Il Popolo d’Italia, Torino 1992 et M. BLONDET, I fanatici dell’Apocalisse,
8/IX/1933 et 17/II/1934. Il Cerchio, Rimini 1992.
116) Cf. Jewish Daily Bulletin, 1935. 147) F. SPADAFORA, Gesù e la fine di Jérusalem,
117) M. B AR Z OHAR , Ben Gourion, le prophète Istituto Padano di Arti Grafiche, Rovigo 1950.
armé, Fayard 1966. 148) Actes, I, 6.
118) Cf. E. RATIER, op. cit., p. 68. 149) Actes, I, 7-8.
119) Cit. in E. RATIER, op. cit., p. 70. 150) Cf. J. PIGNAL, Le Sionisme palestinien et son
120) R. DE FELICE, op. cit., p. 174. attitude religieuse, in Christus, Lyon 1935, pp. 482-507.
121) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 198. 151) Cf. T. DE SAINT JUST, Les frères Lémann juifs
122) «Mussolini n’a jamais été antisémite, au moins convertis, Duculot, Gembloux 1937, p. 442.
jusqu’en 1936. Il avait traité avec le Sionisme avec une 152) St BEDE, In Luc XXI, 24 In Rom. XI, 25-26.
grande ouverture et indépendance d’esprit, toutes les 153) St THOMAS D’AQUIN, Somme Théologique, 1a
fois qu’il lui avait été utile dans sa perspective de péné­ 2æ q 102 a 2.
tration au Moyen-Orient et d’opposition à la prépondé­ 154) Lc XXI, 24.
rance anglo-française. Il avait exalté… la contribution 155) Jean-Paul II dans la Lettre Apostolique explique
des Juifs au Risorgimento…». G. SPADOLINI, Gli anni que nous entrons dans le troisième millénaire de l’Ere
della svolta mondiale, Longanesi, Milano 1990, p. 250. Nouvelle et que le Concile Vatican II a été l’événement
123) R. DE FELICE, op. cit., pp. 159-161. qui a marqué le début de la préparation du Jubilé du se­
124) HANNAH ARENDT, Ripensare in Sionismo in cond millénaire. «Avec le Concile a été comme inaugurée
Ebraismo e modernità, Feltrinelli, Milano 1993, p. 26. la préparation immédiate du grand Jubilé de l’An 2000»
125) HANNAH ARENDT, op. cit., p. 87. (Tertio Millennio Adveniente, n° 20). Le Concile est une
126) HANNAH ARENDT, op. cit., pp. 98-134. espèce d’“Avent” qui nous prépare à la venue du Messie
127) F. TAGLIACOZZO, op. cit., pp. 405-413. (comme si le Messie n’était pas déjà venu en la personne
128) PAUL JOHNSON, Storia degli ebrei, Longanesi, de Jésus-Christ!). La préparation de l’an 2000 est une clef
Milano 1987, p. 580. herméneutique pour comprendre les encycliques de
129) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 419. Jean-Paul II, pour qui «le Jubilé consistera à visiter tous
130) PAUL JOHNSON, op. cit., pp. 587-588. ces lieux qui se trouvent sur le chemin du peuple de Dieu
131) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 421. de l’Ancienne Alliance» (Ibidem, n° 24), qui pour Jean-
132) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 438. Paul II «n’a jamais été révoquée» (cf. N. LOHFINK, L’al­
133) ANDREW E LESLIE COCKBURN, Amicizie per­ leanza mai revocata, Queriniana, Brescia 1991). L’an
icolose, Gamberetti editrice, Roma 1993, pp. 45-46. 2000 devra être soigneusement préparé par une phase
134) Cf. S. GREEN, Taking Sides, William Mozzow, PREPARATOIRE (après la phase IMMEDIATE du
New York 1984. Concile Vatican II) articulée en deux phases: a) «…une
135) A. E L. COCKBURN, op. cit., pp. 46-47. première phase de sensibilisation des fidèles», de 1994 à
136) A. E L. C OCKBURN , op. cit., p. 47. Cf. S. 1996 avec un caractère ANTE-PREPARATOIRE (n°
GREEN, Living by the sword, Brattleboro, VT, Amana 31), qui «devra servir à raviver chez le peuple chrétien la
Books, 1988, pp. 217-219. conscience de la valeur et de la signification que le Jubilé
137) Cf. M. J. S TONE , Truman and Israel, de l’An 2000 revêt dans l’histoire humaine». Dans cette
University of California press, Berkeley 1990. période non seulement est créé à cet effet un Comité

315
SODALITIUM : La question juive

d’étude, mais « …il est juste que… l’Eglise prenne en 182) Lc XX,17-18.
charge… le péché de ses enfants… dans le souvenir de
toutes les circonstances dans lesquelles ils se sont éloignés
de l’esprit du Christ… Parmi les péchés qui requièrent…
un plus grand effort de conversion, il faut compter… ceux
qui ont porté atteinte à l’unité voulue par Dieu pour son
Peuple». (Comme si l’Eglise n’était plus UNE comme le
proclame le Credo!). Cette période servira à dépasser les
divisions du second millénaire de l’histoire de l’Eglise.
L’autre péché dont on doit demander pardon est le re­
cours aux «méthodes d’intolérance… dans le service de la
Vérité» (n° 35). Ces péchés des catholiques «en ont défi­
guré son visage [de l’Eglise], l’empêchant de refléter plei­
nement l’image de son Seigneur» (n° 35). L’Eglise ante­
conciliaire n’est donc pas pleinement l’Eglise du Christ et
cela depuis au moins un millénaire!
La seconde phase proprement préparatoire va de
1997 à 1999. Au cours de la première année (1997) on
réfléchira sur Jésus-Christ, dans la seconde sur l’Esprit-
Saint et dans la troisième sur le Père, le tout à la lumière
du dialogue spécialement avec les Juifs et les
Musulmans (qui nient le Père, le Fils et le Saint-Esprit!).
Sont ensuite prévues des rencontres communes à
Jérusalem. 1999 [et il suffit de renverser les chiffres pour
avoir le chiffre de la Bête 666] est le tremplin du saut
pour le Jubilé de l’an 2000 «qui aura lieu simultanément
en Terre Sainte et à Rome (n° 55). «La dimension œcu­
ménique du saint Jubilé pourra… être mise en évidence
par une RENCONTRE PAN-CHRETIENNE significa­
tive» (n° 55). Si on lit Tertio Millennio Adveniente à la
lumière de ce que la Tradition a enseigné sur la conver­
sion d’Israël, précédée de l’avènement de l’Antéchrist,
on ne peut pas ne pas être terrifiés.
156) A. LÉMANN, op. cit., p. 333.
157) Ibidem, pp. 333-334.
158) Cf. Sodalitium, n° 21, pp. 3-22.
159) ST IRENEE, Adversus Haereses, lib. V, cap. 25.
160) LACTANCE, Institutiones, lib. VI, cap. 15.
161) SULPICE SEVERE, Vita Sancti Martini, dial. II.
162) ST ROBERT BELLARMIN, De romano Pontifice,
lib. III, cap. 13.
163) C ORNELIUS A L APIDE , In II ad Thessa­
lonicenses, Ii in Dom., IX, 27.
164) F RANÇOIS S UAREZ , Disputationes LIV, De
Antichristo, sectio V, obj. VI.
165) Apocalypse, XI, 7,8.
166) A. LÉMANN, op. cit., p. 220.
167) A. LÉMANN, op. cit., pp. 220-221.
168) A. LÉMANN, op. cit., p. 222.
169) ST PAUL, II Thess., II, 4.
170) ST JEROME, Ad Algasiam, q. II.
171) II ad Thessalonicenses, II.
172) THEODORET, in II ad Thessalonicenses, II.
173) A. LÉMANN, op. cit., pp. 229-230.
174) P. JOHNSON, op. cit., p. 611.
175) ‘With Gershon Scholem: An Interview’ in W.J.
Dannhauser, G. S.: Jesus and Judaism in crisis, New
York, 1976.
176) P. JOHNSON, op. cit., pp. 612-615.
177) La Stampa, 10/IV/1995, p. 7.
178) La Stampa, 22/VIII/1995, pp. 2-3.
179) I GOR M AN , Contro la grande paura, in La
Stampa, 6/11/95, p. 1.
180) Comm. in I Reg., II.
181) «Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain tra­
vaillent ceux qui la bâtissent. Si le Seigneur ne garde la
cité, inutilement veille celui qui la garde [l’homme]»
Ps. CXXVI.

316
SODALITIUM : La question juive

CONCLUSION DE L’INTRODUCTION
A LA QUESTION JUIVE:

“VOUS AVEZ LE DIABLE


POUR PERE”!
Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

PROLOGUE

E
n 1991 je commençai de traiter dans
Sodalitium la “question juive” d’un
point de vue catholique, en me réfé­
rant à ce qu’avaient enseigné les Pères de
l’Eglise, les Docteurs, les Saints, les théolo­
giens qualifiés, le Magistère pontifical et des
auteurs sérieux ( 1) sur les rapports entre
Judaïsme (tant vétérotestamentaire que
post-biblique) et Christianisme. Je suis
convaincu, que ce “problème” représente le
cœur de notre Sainte Religion. En effet on
ne peut comprendre complètement l’Evan­
gile, si l’on a pas compris le rapport qui exis­
te entre l’Ancien et le Nouveau Testament,
entre la Synagogue talmudique et l’Eglise
romaine.
J’ai affronté le “problème” qui est surtout
une question de Foi, mais qui a aussi des consé­
quences “politiques”, en n’étant aucunement
animé par des sentiments de racisme biolo­
gique et matérialiste. En effet les Catholiques
tendent à former une Société chrétienne,
conformément à leur Credo et à leur Morale,
individuelle et sociale; alors que le peuple juif,
qui s’est obstiné dans le refus du Messie Jésus-
Christ, tend à régner sur le monde entier,
conformément à l’esprit talmudique et phari­
saïque, qui rêve d’une ère messianique de pros­
périté matérielle et temporelle.
Mgr Mattioli écrit: «Du peuple juif de­
vait naître le Messie... Israël avait une mis­
sion historico-salvifique à accomplir. Or
avec la naissance du Christ cette mission a
été remplie... A Israël, peuple des pro­
messes, a succédé l’Eglise chrétienne,
peuple de la réalisation. Cette élection divi­
ne a eu lieu, mais les motifs pour qu’elle
subsiste encore n’existent plus. L’on ne peut
pas confier un privilège usque ad finem,

317
SODALITIUM : La question juive

quand il n’était que usque ad tempus... C’est et relative aux fins dernières) se constate en
par rapport à cette “prédilection” que dans étudiant le rapport entre Judaïsme, Super­
le passé le peuple juif s’est considéré “diffé­ capitalisme et Socialo-communisme. Le rab­
rent” des autres... c’était le peuple de Yahvé. bin Baruch Lévy, dans une lettre à Karl
Aujourd’hui encore, en n’acceptant pas que Marx, augurait une République universelle,
la mission historique soit achevée, l’attitude en ces termes: «Dans cette nouvelle organi­
continue dans la même ligne. Ce fait en soi sation de l’humanité, les fils d’Israël, dissé­
n’aurait pas eu de conséquences sur le plan minés par le monde, deviendront partout,
politique si n’avaient pas mûri dans l’esprit sans rencontrer aucune opposition, l’élé­
des Juifs deux attitudes: celle de supériorité ment dirigeant, spécialement s’ils réussissent
à l’égard des autres peuples et celle de ne à imposer aux masses ouvrières la direction
pas se confondre, ne pas s’identifier avec les d’un Juif. De cette manière, avec l’aide de la
populations limitrophes... Ce sont ces deux victoire du prolétariat, les gouvernements
styles de vie qui ont empêché l’harmonisa­ des nations qui s’intégreront dans la
tion et fait considérer les Juifs aux yeux des République Universelle, passeront facile­
populations les accueillant comme un “corps ment aux mains israélites. La propriété pri­
étranger”» (2). vée pourra alors être supprimée par des diri­
Le chercheur juif Bernard Lazare lui fait geants de race juive, qui administreront la ri­
écho lorsqu’il décrit parfaitement l’attitude chesse publique sous un tout autre aspect.
constante des Juifs au cours de l’histoire: Ainsi s’accompliront les promesses du
«Les Juifs émancipés pénétrèrent dans les Talmud, selon lesquelles les Juifs, une fois
nations comme des étrangers... Ils formaient venus les temps du Messie, auront en mains
un peuple parmi les peuples, un peuple spé­ les richesses de tous les peuples du monde»
cial conservant ses caractères grâce à des (5). Le Socialisme n’est donc pas ordonné à
rites stricts et précis, grâce aussi à une légis­ l’élévation du prolétariat et à l’adoucisse­
lation qui le tenait à l’écart et servait à le ment des injustices sociales, mais à la domi­
perpétuer. Ils entrèrent dans les sociétés mo­ nation juive dans le monde entier.
dernes non comme des hôtes, mais comme
des conquérants... il leur fut facile de s’em­ Représentation du diable bandant les yeux à un juif

parer du commerce et de la finance» (3). (Bréviaire d’amour de Ermengaut de Béziers, XIVème

Mgr Mattioli ajoute: «Ce comportement siècle, St Laurent de l’Escorial,

uni à un certain état d’esprit de supériorité, Bibliothèque Laurentine)

d’avidité d’argent poussé parfois jusqu’à


l’usure et au désir de ne pas “se contaminer”
avec les autres, a souvent exacerbé les es­
prits des populations les recevant... De
Vries... en décrivant les causes de l’antisémi­
tisme perçoit un cheminement constant, in­
dépendant de la religion et de la civilisation
des Etats où vivaient les Juifs.
L’auteur met en évidence cinq phases:
d’abord ils furent accueillis par la population
sans préjugés; ensuite ils obtinrent un traite­
ment de faveur qui consolide leur condition;
dans un troisième temps leur fortune dans la
richesse et le prestige de la culture commence
à susciter un sentiment d’envie et d’aversion
à leur égard; s’ensuit une période d’opposi­
tion et de lutte... avec des périodes de calme;
enfin le cinquième stade, le peuple exaspéré
rompt les freins et la rivalité ouverte éclate
jusqu’à en demander l’expulsion» (4).
Le fait que la “question juive” ait aussi
des conséquences politiques et sociales (en
plus d’être une question surtout théologique

318
SODALITIUM : La question juive

La Civiltà Cattolica (6) explique que deux


faits apparemment contradictoires, coïnci­
dent en réalité dans le Juif disséminé dans le
monde entier: la domination sur l’argent et
la prépondérance dans le Socialo-communis­
me. L’influente revue des Jésuites cite de
Poncins: «D’un côté, [les Juifs] ont été parmi
les fondateurs du capitalisme industriel et fi­
nancier et ils collaborent activement à cette
centralisation extrême des capitaux qui faci­
litera sans doute leur socialisation; de
l’autre, ils sont parmi les plus ardents adver­
saires du capital. Au Juif draîneur d’or...
s’oppose le Juif révolutionnaire... A
Rothschild correspondent Marx et Lassalle»
(7). Concernant la domination du Judaïsme
sur la finance, de Poncins la démontre par
de nombreuses citations d’auteurs juifs, Représentation de l’Eglise et de la Synagogue (à droite),
comme Lazare qui affirme: «[A partir de aveugle et conduite par la main par le Diable (Missel de
l’émancipation des Juifs avec la Révolution l’abbaye St Pierre de Gand, XIIIème siècle)
française] en un seul siècle ils sont devenus
les maîtres de l’argent, et, par l’argent... ils mico-matérialiste du monde, d’origine judéo­
sont devenus les maîtres du monde». puritaine. 2°) Il faut distinguer entre le pro­
De Poncins démontre aussi avec autorité priétaire (de la terre ou de l’industrie) et le fi­
la prépondérance juive dans le Socialo-com­ nancier ou l’affairiste, qui vit de spéculation.
munisme: les deux “prophètes rouges” Marx Le désordre social et la Révolution, sont fatals
et Lassalle étaient tous deux juifs, comme la aux premiers, mais sont occasion de profit
plupart des chefs du Bolchevisme russe, pour les seconds. 3°) Le Socialisme n’est pas
Trotsky, Sverdloff, Zinovef, Kameneff, la fin de la Révolution, il peut être parfois un
Uriski, Sokolnikoff et Lénine lui-même, moyen de destruction qui favorise la Finance
comme on s’en est aperçu récemment: «Le internationale. La Civiltà Cattolica poursuit:
père de la Révolution bolchevique était juif «Les Juifs sont riches, mais d’une richesse dif­
par ascendance maternelle... Quelque chose... férente de celle des autres hommes, laquelle,
avait filtré dans les années de la perestroïka... plutôt que de leur faire craindre le Com­
mais l’autorisation d’en révéler la preuve do­ munisme, leur en fait espérer le profit. Ils sont
cumentée n’a été accordée que récemment. capitalistes au sens moderne du mot, c’est-à­
(...) Les spécialistes... ajoutent que Lénine dire spéculateurs et trafiquants d’argent...
avait été informé par sa mère de ses origines Leur prototype est le banquier. Toute sa pro­
juives, mais qu’avec ses proches il a toujours priété se réduit, en somme, à un coffre et à un
maintenu le secret» (8). En Allemagne, les di­ portefeuille» (9). Le moyen le plus rapide pour
rigeants du spartakisme Liebknecht, Rosa arriver à la domination du monde pour le
Luxembourg, Kurth Eisner, Eugène Levine Judaïsme est dans certains cas le Socialo-com­
étaient juifs; de même en France Léon Blum, munisme, qui en enlevant la propriété aux
chef du Socialisme français, et en Espagne le goyim et en la centralisant toute entre les
maître absolu de Madrid dévastée par la mains du Parti, dirigé en grande partie par des
guerre civile était Heinz Neumann, juif d’ori­ Juifs, réalisera le projet talmudique de rendre
gine allemande. Israël le Roi et le Prêtre du monde, de toute
«Ce double aspect, apparemment contra­ maison, bourse... Synagogue et Loge.
dictoire, coexiste dans le Judaïsme, et est Toujours La Civiltà Cattolica, dans un autre
conscient et voulu», poursuit La Civiltà fascicule, corrobore la thèse ci-dessus, en sou­
Cattolica à la page 38. Mais comment expli­ tenant: «Les gouvernements... passeront... aux
quer ce lien entre haute Finance et mains israélites, au moyen de la victoire du
Révolution? 1°) La mentalité socialiste et su­ prolétariat. Alors la propriété individuelle
percapitaliste se ressemblent, parce que toutes pourra être supprimée par les gouvernants de
les deux se fondent sur une conception écono- race juive, lesquels administreront partout la

319
SODALITIUM : La question juive

fortune publique. Ainsi se réalisera la promes­ DIABLE POUR PERE, ET VOUS VOU-
se du Talmud selon laquelle... les Juifs tien­ LEZ ACCOMPLIR LES DESIRS DE
dront sous leurs clés les biens de tous les VOTRE PERE. Il a été homicide dès le com­
peuples du monde... Les ouvriers sont donc mencement, et il n’est pas demeuré dans la
l’instrument dont doivent se servir les Juifs vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui;
pour devenir les maîtres du monde... la lorsqu’il parle mensonge, il parle de son
Révolution socialiste ou communiste est la propre fonds, parce qu’il est menteur et le
voie la plus courte et la plus sûre pour la tota­ Père du mensonge. (...) Celui qui est de Dieu
le concentration des capitaux entre les mains écoute les paroles de Dieu. Et si vous ne les
des Juifs, constituant une espèce de écoutez point, c’est parce que vous n’êtes
Supercapitalisme d’Etat» (10). point de Dieu”» (11).
Dans cette série d’articles, qui ont voulu Ceci est ce que Jésus nous a révélé, mais
être une sorte d’introduction à la question quel est le sens exact des paroles divines?
juive, au cours desquels j’ai abordé les Eh bien, c’est dans l’interprétation que nous
thèmes les plus importants, je suis arrivé fi­ en donnent les Pères de l’Eglise que nous
nalement à ce qui me semble en être la devons chercher le sens de l’Evangile.
conclusion: d’où vient et où va le Judaïsme
post-templier? Qui le guide et qui l’inspire? SAINT JEAN CHRYSOSTOME
Naturellement j’ai cherché la réponse
dans l’Evangile et dans la Tradition, qui sont Dans la Quarante-quatrième homélie sur
la source de la Vérité révélée. l’Evangile de St Jean, St Jean Chrysostome
écrit: «De quoi la vérité les rendra-t-elle
L’EVANGILE libres? de leurs péchés. Et que répondirent
ces insolents? “Nous sommes la race
Dans le quatrième Evangile nous lisons: d’Abraham et nous n’avons jamais été es­
«Jésus disait à ceux des Juifs qui croyaient en claves de personne”. (...) Ils ne se donnent
Lui: “Pour vous, si vous demeurez dans ma pas la peine d’avoir perdu la Vérité et la
parole, vous serez vraiment mes disciples; et grâce de Dieu; l’unique chose qui les tou­
vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous ren­ chait et les affligeait était la perte des biens
dra libres”. Ils lui répondirent: “Nous matériels. (...) Quoi ? Tu as appelé esclaves
sommes la race d’Abraham et nous n’avons ceux qui sont de la RACE (on remarque que
jamais été esclaves de personne; comment ce sont eux qui parlent de RACE, non pas
dis-tu, toi: Vous serez libres?”. Jésus leur ré­ nous! n.d.a.) d’Abraham... Tel est l’orgueil et
partit: “... quiconque commet le péché est es­ la vanité des Juifs: “Nous sommes la RACE
clave du péché. (...) Si donc le Fils vous met d’Abraham, nous sommes Israélites”. Ils ne
en liberté, vous serez vraiment libres. Je sais parlent jamais de leurs actions (...)» (12).
que vous êtes fils d’Abraham; mais vous Mais pourquoi Jésus ne les reprend-il pas,
cherchez à me faire mourir, parce que ma pa­ du moment qu’ils avaient été esclaves des
role ne prend pas en vous. Pour moi, ce que Egyptiens, des Babyloniens, et de beaucoup
j’ai vu en mon Père, je le dis; et vous, ce que d’autres? Jésus essayait de leur faire com­
vous avez vu en votre père, vous le faites”. Ils prendre qu’ils étaient esclaves du péché, plus
répliquèrent (...):“Notre père est Abraham”. que des hommes! Puisque le véritable escla­
Jésus leur dit: “Si vous êtes fils d’Abraham, vage est celui du péché, dont Dieu seul peut
faites les œuvres d’Abraham. Mais loin de là, nous libérer, dans la mesure où Lui seul a le
vous cherchez à me faire mourir, moi homme pouvoir de pardonner les péchés. Mais Jésus
qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de veut que les Hébreux le reconnaissent et le
Dieu; c’est ce qu’Abraham n’a pas fait. Vous confessent, avant de les libérer de cet odieux
faites les œuvres de votre Père”. Ils lui répli­ esclavage, en leur accordant son pardon.
quèrent donc: “Nous ne sommes pas nés de la Puis le Sauveur continue: “Je sais que
fornication; nous n’avons qu’un père, Dieu”. vous êtes fils d’Abraham; mais vous cherchez
Mais Jésus leur répartit: “Si Dieu était votre à me faire mourir”. St Jean Chrysostome
père, certes vous m’aimeriez; car c’est de commente: «Doucement et presque insensi­
Dieu que je suis sorti et que je suis venu; ainsi blement il les exclue de la famille
je ne suis point venu de moi-même, mais c’est d’Abraham. (...) Puisque ce sont les œuvres
lui qui m’a envoyé. (...) VOUS AVEZ LE qui rendent l’homme libre ou esclave, ce

320
SODALITIUM : La question juive

sont toujours elles qui forment une vraie pa­ vôtre. En effet “Vous cherchez à me faire
renté. Il ne leur a pas dit immédiatement: mourir”. Jésus leur montre qu’ils se sont ex­
Vous n’êtes pas fils d’Abraham, homme clus de la filiation d’Abraham [Rien à voir
juste, mais vous êtes homicides; il leur accor­ avec “Frères aînés dans la Foi d’Abraham”]
de une certaine filiation et dit: “Je sais que et qu’ils ne doivent pas compter sur une al­
vous êtes fils d’Abraham; mais vous cherchez liance charnelle pour pouvoir se sauver,
à me faire mourir, parce que ma parole ne mais sur une alliance spirituelle, produite
prend pas en vous”. Mais alors comment se par la bonne volonté et par les bonnes
fait-il qu’il leur ait dit plus haut qu’ils ont cru œuvres. C’était justement ce qui les empê­
en Lui? Oui, ils ont cru, mais ils n’ont pas chait de rester unis à Jésus: ils s’imaginaient
persévéré: et c’est pourquoi il les répriman­ que la parenté charnelle, le sang et la race,
de. Si vous vous glorifiez de cette filiation, il suffisaient à les sauver!» (13).
faut que votre vie lui corresponde. Puisque Jésus les avait dépouillés de la
“Pour moi, ce que j’ai vu en mon Père, je filiation d’Abraham, alors ils prétendent
le dis; et vous, ce que vous avez vu en votre monter encore plus haut et s’arrogent la di­
père, vous le faites”. Ce qui veut dire: de gnité de fils de Dieu, mais Jésus les dégrade
même que je fais connaître mon Père par encore une fois en disant: “Si Dieu était
mes paroles et par mes œuvres; ainsi vous, votre père, vous m’aimeriez... MAIS VOUS
par vos œuvres vous montrez qui est le AVEZ LE DIABLE POUR PERE, et vous
voulez accomplir les désirs de votre père”.
Le Démon prend l’âme de Judas qui s’est pendu
(Giovanni Canavesio, N.-D. des Fontaines, St Jean Chrysostome commente: «Je ne
XVème siècle) laisse pas cette accusation sans preuve; au
contraire je la démontre: tuer, leur dis-je, est
une action de malice diabolique... qui
montre que les Juifs comme le diable, sont
portés à l’homicide, par envie. Puisque le
diable a tué spirituellement Adam, unique­
ment pour satisfaire son envie... Tandis
qu’Abraham n’a pas fait le mal; au contraire
ses œuvres ont été la douceur, la modéra­
tion, l’obéissance: vous au contraire vous
êtes inhumains et cruels» (14).

SAINT AUGUSTIN

Le Saint Evêque d’Hippone, dans la


Quarante-deuxième homélie sur l’Evangile
de Jean, affirme: «Jésus a promis la liberté à
ceux qui croient en Lui. Mais les Juifs, qui
s’enorgueillissaient de la liberté qu’ils
croyaient avoir, refusèrent dédaigneusement
de devenir libres alors qu’ils étaient les es­
claves du péché. Ils déclarèrent qu’ils étaient
libres puisqu’ils étaient la descendance
d’Abraham» (15).
Le Sauveur répondit: “Je sais que vous
êtes fils d’Abraham, mais vous cherchez à me
faire mourir”. St Augustin commente: «“Je
reconnais l’origine de votre chair, mais non
la foi de votre cœur. Vous êtes fils
d’Abraham, mais selon la chair”. (...) Les
Juifs même en étant fils d’Abraham...
étaient des hommes iniques. Ils tenaient en
effet de lui leur race charnelle, mais ils
avaient dégénéré en n’imitant pas la foi de

321
SODALITIUM : La question juive

celui dont ils étaient les fils. (...) Mais eux, nous ne pouvons pas imiter un saint, un
où donc ont-ils vu le mal qu’ils font, que le juste, un innocent, un homme si grand; di­
Seigneur leur reproche et dont il les re­ sons que Dieu est notre père et voyons ce
prend? Auprès de leur père. Quand nous qu’il va nous répondre (...).
entendrons dire plus clairement qui est leur Jésus leur dit donc: “Si Dieu était votre
père, nous comprendrons ce qu’ils ont vu père, vous m’aimeriez sans aucun doute; car
auprès d’un tel père. Pour le moment en je suis sorti de Dieu et je suis venu”. Vous
effet, il ne nomme pas leur père. (...) Il va dites que Dieu est votre père, reconnaissez­
leur parler de leur autre père qui ne les a moi au moins comme un frère» (18).
point engendrés et qui ne les a point créés “Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon
pour qu’ils soient des hommes, mais pour­ langage? Parce que vous ne pouvez pas en­
tant ils étaient ses fils en tant qu’ils étaient tendre ma parole”, continua Jésus. L’évêque
mauvais, et non point en tant qu’ils étaient d’Hippone commente: «S’ils ne pouvaient pas
des hommes, parce qu’ils l’imitaient et non reconnaître, c’est qu’ils ne pouvaient pas en­
pas parce qu’il les avait créés» (16). tendre. Mais pourquoi ne pouvaient-ils pas en­
Bien plus, Abraham est loué par Jésus et tendre sinon parce qu’ils NE VOULAIENT
ils sont condamnés; Abraham n’était pas un PAS SE CORRIGER en croyant. Et quelle
homicide et au contraire ils veulent tuer en était la raison? “VOUS AVEZ POUR
Jésus et c’est pourquoi ils ne peuvent être PERE LE DIABLE”. (...) Comment les Juifs
fils spirituels d’Abraham. Leur chair descen­ étaient-ils donc fils du diable? Par l’imitation,
dait d’Abraham, certainement pas leur vie. non par la naissance. (...) “ET VOUS VOU-
«La chair des Juifs tient son origine de sa LEZ REALISER LES DESIRS DE VOTRE
chair, mais non la chair des chrétiens; nous PERE”. Voyez comment vous êtes ses fils:
descendons, nous, d’autres peuples et pour­ c’est parce que vous avez les mêmes désirs, et
tant, en l’imitant, nous sommes devenus des non parce que vous êtes nés de lui.
fils d’Abraham. (...) Nous sommes donc de­ Quels sont ces désirs, à lui? “Il était ho­
venus par la grâce de Dieu la descendance micide dès le commencement”. (...) Voyez,
d’Abraham. CE N’EST PAS EN PAR- frères, le genre de cet homicide. Le diable
TANT DE LA CHAIR D’ABRAHAM est appelé homicide: ce n’est pas le glaive à
QUE DIEU LUI A DONNE DES COHE- la main ou l’épée à la ceinture qu’il est venu
RITIERS; CEUX-LA, IL LES A DESHE- vers l’homme, il a semé en lui une parole
RITES, il a adopté les autres...» (17). mauvaise et il l’a tué. (...) Il était homicide à
Quand les Juifs allèrent à Jean-Baptiste l’égard du premier homme» (19).
pour lui demander le baptême, il les appela:
“race de vipères” (Matth. III, 9). Ils se glori­ SAINT THOMAS D’AQUIN
fiaient de la noblesse de leur origine, et il les
accusa d’être une race de vipères, pour le Le Docteur Angélique dans son Com­
venin qu’ils portaient dans le corps. C’est mentaire sur l’Evangile de St Jean explique:
pourquoi il les invita à faire pénitence pour «La présomption des Juifs apparaît dans une
leurs péchés, en leur disant qu’il était inutile interrogation: “Nous sommes la race
de se vanter d’avoir Abraham comme Père d’Abraham et nous n’avons jamais été es­
charnel, puisque Dieu pouvait faire surgir claves de personne. Comment toi, dis-tu:
des pierres les fils spirituels d’Abraham, Vous serez libres?”. Ils affirment être la race
ceux qui en imiteraient la foi et les œuvres. d’Abraham, ce qui montre leur vaine gloire;
Les pierres symbolisent les païens, qui ado­ car ils se GLORIFIENT DE LEUR SEULE
raient les idoles de pierre, et desquels Dieu a ORIGINE CHARNELLE. (...) Ils font de
tiré les Chrétiens. même, ceux qui cherchent à être tirés d’une
[Pour les Juifs], poursuit St Augustin, noblesse selon la chair: “Toute leur gloire
«déjà Abraham a perdu de sa valeur; ils se vient d’un enfantement, d’un sein et d’une
sont repliés en effet, comme ils devaient se conception” (Os. IX, 11).
replier, devant cette parole véridique, car Ils nient ensuite leur condition d’es­
Abraham était ce qu’avait dit le Seigneur, claves; en cela, ils se montrent stupides et
lui dont ils n’imitaient pas les actes, mais à la menteurs. Stupides, parce que ce que le
race de qui ils se glorifiaient d’appartenir. Ils Seigneur dit de la liberté spirituelle, ils l’en­
eurent recours à une autre réponse... Nous, tendent d’une liberté matérielle (...). Et ils

322
SODALITIUM : La question juive

sont menteurs, parce que s’ils nient ici être gnait qu’il était consubstantiel au Père.
esclaves d’une manière matérielle, ou bien Abraham au contraire avait désiré voir Son
ils l’entendent de l’ensemble du peuple juif, jour, “je l’ai vu et je m’en réjouis”. Et juste­
ou bien ils parlent tout particulièrement ment le fait qu’ils n’accomplissent pas les
d’eux-mêmes. S’ils parlent de l’ensemble du œuvres d’Abraham, signifie qu’ils ont un
peuple juif, ils mentent manifestement, car... autre Père, dont ils font les œuvres!
leurs ancêtres ont été esclaves en Egypte... Spirituellement parlant, le Seigneur dé­
Et si les Juifs parlent ici à leur propre sujet, montre qu’ils ne tiennent pas leur origine de
on ne peut même pas les disculper de men­ Dieu. En effet quand les Juifs affirment:
songe, car eux aussi à ce moment-là payaient “Nous, nous ne sommes pas nés de la prostitu­
des tributs aux Romains» (20). tion”, ils veulent dire: «Si autrefois notre
Avec la phrase suivante: “Je sais que mère la Synagogue, s’éloignant de Dieu, s’est
vous êtes fils d’Abraham”, Jésus commence prostituée avec les idoles, nous cependant,
à traiter de leur origine. «D’abord, le Christ nous ne nous sommes pas éloignés de Dieu,
révèle leur origine selon la chair, puis il leur et nous ne nous sommes pas prostitués avec
fait découvrir leur origine selon l’esprit: les idoles» (24). En effet Dieu est spirituelle­
“mais vous cherchez à me tuer”... Il dit que ment l’époux des âmes. De même que l’épou­
leur origine selon la chair, c’est Abraham... se se prostitue quand, outre son mari, elle ac­
Par l’origine de la chair seulement, et non en cueille un autre homme, ainsi une âme ou un
lui étant semblables par la foi... Le Seigneur peuple sont accusés de prostitution, quand
leur montre donc que spirituellement ils abandonnant le vrai Dieu, ils se tournent vers
sont issus d’une souche mauvaise, et c’est les créatures en une espèce d’idolâtrie.
pourquoi il les blâme ouvertement de leur Et nous voici arrivés au point clef: le
péché. Et passant sous silence tous les autres Seigneur, après avoir montré que les Juifs
péchés par lesquels les Juifs étaient entra­ avaient une certaine origine spirituelle et
vés..., il rappelle seulement celui qu’ils après avoir exclu l’origine divine, à laquelle ils
avaient constamment dans l’esprit, c’est-à­ prétendaient, démontre finalement ici leur vé­
dire le péché d’homicide, parce qu’ils vou­ ritable origine, en leur assignant la paternité
laient le tuer... Et c’est pourquoi le Seigneur du diable. Voici l’affirmation de Jésus:
dit que la cause de l’homicide n’est certes “VOUS FAITES LES ŒUVRES DU
pas une faute de sa part, ni leur justice, mais DIABLE, VOUS AVEZ LE DIABLE
précisément leur manque de foi à eux: POUR PERE”, c’est-à-dire vous lui apparte­
“Parce que ma parole ne prend pas en nez par imitation! En effet Jésus poursuit: “Et
vous”» (21). vous voulez accomplir les désirs de votre
Le Seigneur conclut ici à leur origine spi­ Père”, cela revient à dire: vous n’êtes pas fils
rituelle: “VOUS AVEZ LE DIABLE du diable en tant que créés et amenés à l’être
POUR PERE”, dont ils étaient les fils, non par lui, mais parce que, L’IMITANT, “VOUS
en tant qu’hommes, mais en tant qu’ils VOULEZ ACCOMPLIR LES DESIRS DE
étaient mauvais. VOTRE PERE”. Et l’Angélique commente:
«Plus haut, le Christ a affirmé qu’ils sont «Comme lui-même a jalousé l’homme et l’a
fils d’Abraham selon la chair; mais ici, il leur tué [spirituellement], ainsi vous aussi, me ja­
refuse le titre de fils d’Abraham parce qu’ils lousant, “Vous cherchez à me tuer, moi un
n’imitent pas ses œuvres, et en premier lieu homme qui vous ai dit la vérité”» (25).
sa foi. De cette même manière, les Juifs Il y a un autre passage de l’Evangile de
étaient bien la semence d’Abraham, ...mais St Jean qui mérite d’être étudié. Jésus dit à
ils n’étaient pas ses fils» (22). ses Apôtres: «S’ils m’ont persécuté, ils vous
Les œuvres des Juifs étaient différentes persécuteront aussi... Si je n’étais pas venu, et
de celles d’Abraham: elles étaient en effet que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient
mauvaises et perverses, puisqu’ils étaient point de péché; mais maintenant ils n’ont
homicides: “Vous cherchez à me tuer”. point d’excuse de leur péché. Qui me hait,
«Mais cet homicide était un péché D’UNE hait aussi mon Père... Ils vous chasseront des
GRAVITE SANS MESURE, PARCE synagogues,... quiconque vous fera mourir
QU’IL ETAIT CONTRE LA PERSONNE croira rendre hommage à Dieu: et ils vous fe­
DU FILS DE DIEU» ( 23 ). Ils voulaient ront ainsi, parce qu’ils ne connaissent ni mon
même le tuer précisément parce qu’il ensei­ Père ni moi» (26).

323
SODALITIUM : La question juive

Saint Thomas commente: «Parmi les dis­ Juifs haïssaient le Christ et la vérité qu’il
ciples [les Juifs] persécutaient le Christ... prêchait. C’est pourquoi puisque la vérité
Mais puisque l’ignorance de soi n’excuse pas que le Christ prêchait s’inscrivait dans la vo­
la faute, il démontre ici qu’ils sont inexcu­ lonté du Père, tout comme les œuvres qu’il
sables... 1°) par la vérité de son enseigne­ accomplissait, puisqu’ils haïssaient le Christ,
ment, 2°) par l’évidence de ses miracles... ils haïssaient aussi le Père, bien qu’ils igno­
“Mais maintenant ils n’ont point d’excuse de rassent que ces choses s’inscrivaient dans la
leur péché”; 3°) il indique de quelle racine volonté du Père. (...) Il montre ensuite par
naît leur persécution: “Qui me hait, hait aussi quelle cause profonde ils sont tombés dans
mon Père”. Il affirme donc: “Tout ce que le péché d’incrédulité: au motif de la haine...
vous ferez à cause de mon nom”; mais ils ne Leur péché ne provient donc pas de la fragi­
purent en être excusés, “si je n’étais pas venu, lité, ou de l’ignorance, mais uniquement
et que je ne leur eusse point parlé”; c’est-à­ d’une délibération» (27).
dire si je ne m’étais pas présenté personnelle­
ment à eux et si je ne leur avais pas enseigné LE MAGISTERE DE L’EGLISE DE 1244
directement, “ils n’auraient point de péché”. A 1937
(...) Le Seigneur parle ici... du péché d’incré­
dulité, par lequel ils ne croient pas au Christ. Les Constitutions des Papes sur ce problè­
(...) C’est pourquoi si le Christ n’était pas me sont nombreuses; j’en citerai quelques­
venu, les Juifs ne seraient pas tombés dans le unes en renvoyant le lecteur au texte que je
péché d’incrédulité... Mais il leur manque ces projette de publier. Après avoir écouté les
excuses, puisque le Christ s’était montré et Pères de l’Eglise, interrogeons le Magistère
leur avait parlé personnellement. C’est pour­ Pontifical. Il nous montre lui aussi comment
quoi il déclare: “Mais maintenant”, par le fait l’Eglise, fidèle à l’Evangile, n’a jamais caché
que je suis venu et que j’ai parlé, l’ignorance l’opposition entre Jésus et la Synagogue, qui
est exclue, “ils n’ont point d’excuse de leur depuis le temps des Evangiles jusqu’à au­
péché”. Voir Rom. I, 20s.: “Ils sont inexcu­ jourd’hui, n’a pas diminué.
sables; parce qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont IMPIA JUDEORUM PERFIDIA, du
point glorifié comme Dieu”. Il ressort donc Pape Innocent IV (1244): «L’impie perfidie
de cette parabole... que les Juifs ont connu le des Juifs... commet d’énormes crimes... Les
Christ (Mc XII, 7): “Celui-ci est l’héritier; Juifs, en effet, ingrats envers Jésus-Christ...
venez, tuons-le” (...). en négligeant et en méprisant la Loi mo­
Ils n’étaient donc pas excusés par l’igno­ saïque et les Prophètes, suivent certaines
rance: c’est pourquoi ils firent cela [le traditions de leurs ancêtres... qui en langue
Déicide] non par ignorance, mais par un hébraïque sont appelées Talmud, lequel
autre motif, c’est-à-dire par haine et par pour les Juifs est le plus grand livre. Ce
vraie méchanceté. Voilà pourquoi le Christ Talmud s’éloigne énormément du texte de la
ajoute aussitôt: “Qui me hait, hait aussi mon Bible et il s’y trouve des blasphèmes expli­
Père”; comme pour dire: ce n’est pas l’igno­ cites envers Dieu, le Christ et la Bien­
rance qui leur est imputée à faute, mais la heureuse Vierge...».
haine qu’ils ont contre Moi, et qui se tourne DUDUM FELICIS, du Pape Jean XXII
en haine contre le Père. En effet, le Père et (1320): «Après avoir examiné certains de
le Fils étant une seule chose dans l’essence... leurs livres... qu’ils appellent Talmud et
quiconque aime le Fils aime aussi le Père; et après avoir trouvé qu’ils contenaient d’in­
quiconque connaît l’un connaît aussi l’autre; nombrables erreurs, abus, outrages et blas­
et celui qui hait le Fils hait aussi le Père. phèmes... Nous avons réfléchi que l’on ne
Cependant personne ne peut haïr ce qu’il ne doit pas sous-évaluer cette maladie si pesti­
connaît pas. Or les Juifs ignoraient le Père: lentielle et si dangereuse... mais qu’il faut
“Ils ne connaissent pas Celui qui m’a plutôt intervenir par une action empressée
envoyé”. Ce qu’il dit ici ne semble donc pas pour couper à la racine ses vrilles mortelles
être vrai: “...hait aussi mon Père”. On ré­ pour qu’ils ne se répandent pas... En outre
pond toutefois, avec Augustin, que quel­ par les Juifs... faites-vous remettre intégrale­
qu’un peut aimer ou haïr un être qu’il n’a ja­ ment le livre qu’ils appellent Talmud...
mais vu, seulement par la bonne ou la mau­ Réduisez ensuite en cendres par le feu ledit
vaise réputation qui le concerne. (...) Or les Talmud... [il cite ensuite Clément IV, 15

324
SODALITIUM : La question juive

juillet 1267, n.d.a.]: “L’exécrable perfidie des magie et aux maléfices, ILS [les Juifs]
Juifs, condamnée à cause de l’ingratitude et CONDUISENT AUX TROMPERIES DE
le mémoire de répudiation ayant été remis à SATAN DE TRES NOMBREUSES PER-
la Synagogue, pour avoir ignoré le temps de SONNES IMPRUDENTES ET FAIBLES.
la visitation du Seigneur, ce peuple Enfin nous sommes informés... qu’avec ces
aveugle... est devenu errant... par toute la tromperies ils dressent des embûches à la vie
terre, comme le fratricide Caïn... En vérité, des Chrétiens».
ce peuple... non seulement nia de manière ANTIQUA JUDEORUM, du Pape
inique que Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils Grégoire XIII (1581): «L’antique iniquité
du Père éternel... était venu les appeler pour des Juifs, à cause de laquelle ils opposèrent
les faire coparticipants de l’héritage éter­ toujours de la résistance à la bonté divine,
nel... en disant avec mépris: Il n’est pas est d’autant plus exécrable dans les fils dans
Dieu; mais ils le tuèrent carrément... en in­ la mesure où, pour combler la mesure des
voquant... son sang sur eux et sur leurs des­ pères, ils péchèrent encore plus gravement
cendants... Nous pensons que tous les exé­ en rejetant le Fils de Dieu et EN COM-
crables blasphèmes contenus dans le PLOTTANT POUR LE TUER d’une ma­
Talmud, sont la cause principale pour la­ nière criminelle. Pour cette raison devenus
quelle le peuple de prédilection... persiste pire que leurs pères... absolument pas cal­
obstiné dans sa perfidie”». més... ne renonçant en rien à leur crime
CUM NIMIS ABSURDUM, du Pape passé, ils s’acharnent encore maintenant
Paul IV (1555): «Il est vraiment absurde... dans les synagogues et partout contre N.-S.
que les Juifs... en répondant par l’offense à Jésus-Christ... et très hostiles aux Chrétiens
la faveur [qui leur est faite] et à la place de ils osent encore commettre... d’effroyables
l’esclavage dû, soient si ingrats à l’égard des crimes contre la religion chrétienne».
Chrétiens qu’ils cherchent à dominer. (...) CÆCA ET OBTURATA, du Pape
L’Eglise romaine les tolère en témoignage Clément VIII (1593): «L’aveugle et sourde
de la vraie foi chrétienne et dans le seul but perfidie des Juifs non seulement est ingrate
qu’ils... reconnaissent finalement leurs er­ envers Jésus-Christ... mais ne reconnaît pas
reurs et parviennent à la vraie lumière de la non plus la grande miséricorde à l’égard de
Foi Catholique. Tant qu’ils persistent dans la Sainte Eglise qui attend patiemment leur
leurs erreurs, qu’ils reconnaissent qu’ils sont conversion».
asservis par l’effet de leurs actions, alors que A QUO PRIMUM, du Pape Benoît XIV
les Chrétiens ont été libérés par Jésus-Christ (1751): «En outre, tout trafic de marchandises
Notre-Seigneur...». utiles... est géré par les Juifs eux-mêmes... en
DUDUM A FELICIS, du Pape Pie IV outre ils possèdent des cabarets, des proprié­
(1566): «La Sainte Eglise... tolère les Juifs en tés, des villages, des biens pour lesquels, deve­
mémoire de la Passion du Seigneur, afin nus les maîtres, non seulement ils font tra­
qu’ils... reconnaissent leur erreur et se conver­ vailler sans répit, en exerçant une domination
tissent à la vraie Lumière qu’est le Christ». cruelle et inhumaine, les pauvres Chrétiens
HEBRÆORUM GENS, de St Pie V employés aux travaux agricoles et les contrai­
(1569): «Le peuple juif, le seul UN TEMPS gnent au transport de poids énormes; mais ils
ELU DE DIEU... dépassa d’abord tous les leur infligent aussi des peines: ceux qui sont
autres en grâce et sainteté, puis ABANDON- soumis aux coups de fouet en ont le corps
NE POUR SON INCREDULITE, mérita blessé... En outre les mêmes Juifs, étant adon­
d’être REPROUVE, puisque venue la pléni­ nés spécialement à l’exercice du commerce,
tude du temps, ce peuple perfide et ingrat a après avoir de cette manière accumulé une
repoussé avec impiété son Rédempteur et grande somme d’argent, par la pratique im­
L’A TUE d’une mort honteuse... Toutefois modérée de l’usure assèchent les richesses et
son impiété, instruite de toutes les pires as­ les patrimoines des Chrétiens».
tuces, est désormais arrivée à un point tel MIT BRENNENDER SORGE, du Pape
que, pour notre salut commun, il faut repous­ Pie XI (1937): «... Tel qu’il est apparu dans
ser la force d’un si grand mal, par un prompt la chair,... le Christ… a reçu son humaine
remède. (...) Ce qui porte le plus préjudice est nature d’un peuple qui devait le crucifier».
le fait que, étant adonnés aux sortilèges, aux Enfin, après avoir cité ces Bulles plus an­
ensorcellements, aux superstitions de la ciennes et peu connues je voudrais traiter de

325
SODALITIUM : La question juive

la question de l’“Encyclique cachée”, ainsi fidélité est donc bien le plus grand de tous les
que l’ont appelée les historiens. péchés» (29). C’est le dernier des péchés, au­
En juin 1938, Pie XI demanda à trois quel l’homme est parfois conduit par les
jeunes jésuites une épreuve pour une autres péchés (30). Les théologiens concluent
Encyclique contre l’Antisémitisme biolo­ donc que: «La perte de la foi est... toujours
gique (HUMANI GENERIS UNITAS). conditionnée par un péché: très souvent c’est
Cette épreuve fut remise au Vatican à la fin toute une série de fautes et de transactions
de septembre 1938. Pie XI mourut le 10 fé­ graduelles qui prépare l’apostasie» (31).
vrier 1939 et le document ne devint jamais
Encyclique; il garde cependant une impor­ L’infidélité coupable des Juifs
tance historique considérable, et c’est dans
cette optique que je me permets de le citer. St Thomas se demande si l’infidélité des
«... La vraie nature, la base authentique Païens est la plus grave, et répond que: «Les
de la séparation des Juifs du reste de l’hu­ Gentils n’ont pas connu la voie de la justice;
manité... cette base a un caractère directe­ mais les hérétiques et les Juifs, la connais­
ment religieux [et non racial ou biologique, sant de quelque manière, l’ont désertée: leur
n.d.a.]. La prétendue question juive, dans péché est donc plus grave» (32).
son essence, n’est une question ni de race, ni Dans l’Evangile nous lisons: «Mais quoi­
de nation... C’est une question de religion et, qu’Il eût fait de si grands miracles devant eux,
DEPUIS LA VENUE DU CHRIST, UNE ils ne croyaient pas en Lui» (33). Le peuple juif,
QUESTION DE CHRISTIANISME. (...) dans son ensemble n’a pas cru. Les Chefs de
Un seul peuple a été favorisé, à proprement la nation n’ont pas cru, la majorité de la foule
parler, d’une vocation. C’est le peuple juif, n’a pas cru. Et il n’est pas permis de dire que
choisi par le Tout-Puissant, pour PREPA- l’unique et ultime cause de la culpabilité de la
RER LES VOIES A L’INCARNATION de foule a été seulement l’influence des chefs,
son Fils unique en ce monde... Le Sauveur, bien qu’il soit certain que leurs insinuations
que Dieu... envoya à son peuple choisi, FUT malignes, montrèrent sous un jour défavo­
REJETE PAR CE PEUPLE, répudié vio­ rable la figure de Jésus auprès du peuple. Et
lemment et condamné comme un criminel ainsi derrière l’exemple des chefs, la foule ne
par les plus hauts tribunaux de la nation... correspondit pas aux premières grâces.
LE PEUPLE JUIF A MIS A MORT SON La foule apparaît d’abord incertaine et
SAUVEUR... De plus, ce peuple infortuné, dubitative en face de Jésus, mais les chefs in­
qui s’est jeté lui-même dans le malheur, dont terviennent immédiatement pour étouffer
les chefs aveuglés ont appelé sur leurs tout éventuel enthousiasme. En effet si des
propres têtes les malédictions divines... Nous mesures n’avaient pas tout de suite été
constatons chez le peuple juif une INIMI- prises peut-être que tous (ou la majeure par­
TIE CONSTANTE vis-à-vis du Chris­ tie) auraient cru en Jésus. Les chefs «accep­
tianisme. Il en résulte une tension perpétuel­ tèrent ainsi d’avance toutes les responsabili­
le entre Juif et Chrétien, qui ne s’est à pro­ tés de l’apostasie de la nation élue» (34).
prement parler jamais relâchée. (...) ses
vœux ardents [de l’Eglise] pour sa conver­ Jésus condamne l’infidélité des Juifs: leur
sion, ne l’aveuglent pas cependant sur les aveuglement est volontaire
dangers spirituels auxquels le contact avec
les Juifs peut exposer les âmes. (...) Tant que L’infidélité des Juifs est un péché formel.
persiste l’incrédulité du peuple juif... l’Eglise Plus grave chez les chefs, mais volontaire et
doit... prévenir les périls que cette incréduli­ donc coupable (même si moins gravement)
té... pourrait créer pour la foi et les mœurs chez les fidèles (35). Jésus Lui-même a dit:
de ses fidèles» (28). «Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse
point parlé, ils n’auraient point de péché;
LES MOTIFS DE L’INFIDELITE JUIVE MAIS MAINTENANT ILS N’ONT POINT
D’EXCUSE DE LEUR PECHE... Si je
L’infidélité en général n’avais fait parmi eux les œuvres que nul
autre n’a faites, ils n’auraient point de péché;
Pour St Thomas l’infidélité «est le péché mais maintenant, et ils les ont vues, et ILS
dans lequel sont englobés tous les autres. L’in­ ONT HAI ET MOI ET MON PERE» (36).

326
SODALITIUM : La question juive

s’approche de la lumière, n’a aucune excuse.


C’est pourquoi, en faisant abstraction des
cas individuels, l’ignorance fut en général
coupable chez les chefs et parmi la foule.
Mais chez les chefs elle fut plus coupable
que parmi la foule.
Selon St Thomas, le Docteur commun de
l’Eglise, les chefs connaissaient explicite­
ment la messianité et la divinité de Jésus:
«Les notables connurent, COMME AUSSI
LES DEMONS, que Jésus était le Christ
promis dans la Loi» (41). Mais ils voulurent
ignorer par ignorance affectée et donc enco­
re plus coupable! Et voilà que nous reve­
nons à l’analogie entre le diable et le peuple
déicide, qui a imité son Père “homicide dès
le commencement”!
La foule, qui était ignorante ne connut
pleinement et explicitement ni la messianité
ni la divinité de Jésus. Et même si certains ont
cru, le peuple cependant ne crut pas; qui plus
est il fut trompé par ses chefs. C’est pourquoi
le peuple juif «a commis le péché le plus
grave, si l’on regarde le genre de leur péché [il
a crucifié Dieu]: néanmoins, ce péché est DI-
MINUE QUELQUE PEU à cause de son
Deux scènes de la légende de Théophile dans laquelle un
ignorance» (42); qui bien que n’étant pas affec­
juif sert d’intermédiaire entre le diable et l’archidiacre

qui veut lui vendre son âme pour racheter le prestige


tée comme celle des chefs, était cependant
perdu (Lambeth Apocalypse, 1260,
vincible et par conséquent coupable.
Londres, Lambeth Palace Library)

Différentes causes de l’incrédulité juive: la


«La condamnation explicite et répétée Volonté divine, l’action de Satan, l’influence
frappe tant les chefs que la foule. Tout le des chefs
peuple juif apparaît, en général, gravement
coupable de son incrédulité. La culpabilité La foule des Juifs (chefs compris) a eu de
des chefs ressort... Ils sont en grande partie Dieu la grâce suffisante pour croire et si elle
coupables de l’incrédulité de la foule. Eux n’a pas cru cela a été de sa faute.
plus que les autres pouvaient comprendre...» Satan, comme à son habitude, a dirigé,
( 37 ). Leur ignorance est déterminée par organisé et mis en mouvement les forces
l’envie et la jalousie à l’égard du Sauveur. Ils d’opposition au Christ. En effet dans tout le
sont aveuglés par la haine, mais l’aveugle­ Nouveau Testament il apparaît comme l’ad­
ment a été volontaire, Jésus les condamne versaire, l’ennemi du Messie.
donc: “Si vous étiez aveugles, vous n’auriez Les chefs ont influé sur le jugement de la
point de péché. Mais vous dites au contraire: foule, avec leurs calomnies et leurs intrigues
Nous voyons. Ainsi votre péché subsiste” (38). ils ont au moins mal disposé l’âme du peuple
St Pierre parlant aux Israélites, après leur à l’égard de Jésus. La foule suivra les chefs
avoir montré de quel crime horrible ils se (excepté un petit reste), bien qu’ayant la
sont souillés, veut trouver (poussé par la mi­ grâce suffisante et les motifs de crédibilité
séricorde) une sorte d’atténuation à leur pour suivre Jésus; c’est pourquoi quiconque
péché: l’ignorance: “Mes frères, je sais que a résisté est coupable.
c’est par ignorance que vous avez agi, aussi
bien que vos chefs” (39). Mais leur ignorance La cause ultime de l’incrédulité juive
fut vincible et coupable. Les Juifs “avaient
fermé les yeux de l’esprit” ( 40). Celui qui Les difficultés de la part de la foule (qui
veut rester dans les ténèbres même quand il normalement a le devoir de suivre les chefs) à

327
SODALITIUM : La question juive

croire à Jésus étaient graves et objectives. qu’elle démasquerait leur perversité inté­
Mais nous savons que Dieu quand il se révèle, rieure et cachée! Jésus Lui-même a affirmé:
donne aux hommes, avec la Révélation, égale­ Celui qui fait la volonté de Dieu, connaîtra
ment la possibilité de la connaître comme si la doctrine que J’enseigne est divine ou
telle. Le peuple juif fut donc coupable si à tra­ non (45). Ce qui signifie: la doctrine de Jésus
vers les Prophéties de l’Ancien Testament qui apparaîtra divine à tout esprit loyal, à tout
se sont accomplies en Jésus, les miracles opé­ esprit qui est de Dieu et non du diable, et
rés par le Sauveur, la grâce suffisante que qui veut ce que Dieu veut et non ce que veut
Dieu ne refuse à personne, il ne reconnut pas le diable: le péché!
le vrai Messie. Il y a donc une cause subjective Revenons donc à St Jean chapitre VIII.
qui détermina l’incrédulité juive: Jésus dit: “Celui qui est de Dieu écoute les
paroles de Dieu”, c’est-à-dire: quiconque
a) Les œuvres mauvaises cherche la vérité avec pureté d’intentions et
L’Evangile nous révèle: «La lumière a s’inspire dans sa vie pratique de cette vérité,
paru dans le monde, et les hommes ont mieux sera disposé à écouter la parole de Dieu. Si
aimé les ténèbres que la lumière, PARCE donc les Juifs (dans leur majorité) n’écou­
QUE LEURS ŒUVRES ETAIENT MAU- tent pas la parole de Dieu c’est parce qu’ils
VAISES. Car quiconque fait le mal hait la lu­ ne sont pas de Dieu, mais que LEUR PERE
mière, et il ne vient point à la lumière, de peur EST LE DIABLE!
que ses œuvres ne soient découvertes» (43).
Cette infidélité envers le Christ est cou­ b) L’orgueil des chefs
pable, puisque le monde pouvait croire: “La Le Sauveur «démasquera ses adversaires,
lumière est venue dans le monde... et a brillé en mettant inexorablement à nu la passion
dans les ténèbres”: aux hommes fut donnée cachée qui les corrode. (...) Ils n’ont pas
la possibilité et adressée l’invitation à sortir l’amour de Dieu: “J’ai reconnu que vous
des ténèbres et à venir à la lumière. Mais à n’avez pas l’amour de Dieu en vous” (Jn V,
la lumière ne parvient que celui qui le veut 42). La véritable et plus profonde raison de
librement, et les hommes ont préféré les té­ leur incrédulité est ailleurs: elle est en eux­
nèbres à la lumière. mêmes, dans leur volonté: “Vous ne voulez
Mais quelle est la raison de ce choix er­ pas venir à moi” (Jn V, 40)» (46). Donc l’am­
roné? La véritable raison doit être recher­ bition les aveugle et fut pour eux un grand
chée dans les ŒUVRES MAUVAISES, obstacle à croire et à venir au Christ. «C’est
dans la VIE, dans l’ACTE DE LA VO- donc avant tout L’ORGUEIL qui a tenu la
LONTE qui peut même être seulement inté­ classe dominante dans l’incrédulité... N’est­
rieur (comme l’orgueil de l’esprit). Les ce pas un fait qui confirme que la superbe
œuvres mauvaises ne sont pas seulement est la passion qui tient éloignés du Christ les
l’IMMORALITE GROSSIERE: attache­ hommes de la manière la plus tenace?» (47).
ment aux plaisirs des sens, mais aussi l’IM-
MORALITE SUBTILE: l’exaltation du c) Espérances politiques et trop ter­
moi, la recherche de la gloire humaine et de restres
l’honneur du monde. Eh bien celui qui fait le La foule, dans les miracles de Jésus, voit
mal fuit la lumière intérieure de la vérité qui la réalisation de ses espérances messia­
lui reprochera, comme le voleur fuit la lu­ niques; espérances d’une libération politique
mière du soleil et cherche les ténèbres pour du joug romain; espérances d’une ère heu­
ne pas être vu. Celui-ci ne viendra pas à la reuse de prospérité matérielle.
lumière, ne s’approchera pas d’une doctrine En résumé LES MAUVAISES DISPO-
(même quand il l’a connue comme vraie) qui SITIONS DE LA VOLONTE SONT LA
condamne sa vie. «Il est impossible de ne CAUSE ULTIME QUI EMPECHE A LA
pas penser à ceux qui prêchent l’observance FOULE DE RECONNAITRE LE VRAI
de la Loi... et dont la vie ne correspond pas à MESSIE EN JESUS de Nazareth, dans la
cet idéal. C’est précisément ce qui est arrivé mesure où elle veut un roi terrestre, réalisa­
en Israël» (44). Les pharisiens aiment donc teur de ses aspirations matérielles. L’ultime
les ténèbres non pour elles-mêmes, mais raison de l’incrédulité ne doit pas être re­
parce qu’elles justifient leur conduite exté­ cherchée dans l’intelligence, puisqu’elle
rieure, et ils haïssent la lumière, parce n’est pas dans le fait de n’avoir pas pu croi-

328
SODALITIUM : La question juive

re, par manque de motifs objectifs et intelli­ ayant échoué... lui succéda le Radicalisme,
gibles de crédibilité, mais dans le fait de pour ne pas dire plus exactement l’Anti­
N’AVOIR PAS VOULU CROIRE, à cause christianisme. D’où ont pris naissance les
d’une mauvaise volonté mal disposée mora­ Francs-Maçons. Le Radicalisme à son tour
lement. Leur incrédulité est donc volontaire causa le Socialisme et celui-ci le
et par conséquent coupable. On peut donc Communisme... Contre toutes ces néga­
conclure que LA MAUVAISE VIE EST tions... seule l’Eglise Catholique... peut résis­
LA CAUSE DE TOUTE INCREDULITE! ter efficacement, parce qu’elle seule possède
Comme le diable est un Ange déchu pour la Vérité sans erreurs. C’est la raison pour
mauvaise volonté (il a préféré s’affirmer lui­ laquelle le Nationalisme ne peut efficace­
même, même en se damnant, que de se sou­ ment résister [à la Révolution]» ( 48). Ces
mettre à la volonté de Dieu), de la même ma­ idées furent reprises environ quinze ans
nière les Juifs dont le Père est le diable (en après (en 1959), par un penseur brésilien,
tant qu’ils en ont imité la mauvaise volonté) Plinio Correa de Oliveira, dans un livre inté­
ont préféré refuser le Sauveur et le salut, ressant mais incomplet intitulé Revolucao e
pour pouvoir satisfaire leur volonté perverse. Contra-Revolucao (49).
La Révolution est une œuvre diabolique
Epilogue de déchristianisation inspirée par Lucifer et
conduite en premier lieu par le Judaïsme an­
Comme je disais au début de l’article, à tichristique et antichrétien, qui dirige plu­
la question: “D’où vient et où va le Judaïsme sieurs autres branches, parmi lesquelles la
post-templier? Qui en est le chef et qui l’ins­ Maçonnerie, l’Esotérisme, la Haute Finance
pire?”, on peut répondre que derrière les et le Communisme. Combattre seulement et
forces occultes (Judaïsme, Maçonnerie, d’une manière excessive le dernier d’entre
Esotérisme, Haute Finance) qui manœu­ eux sans s’adonner à une étude approfondie
vrent le monde, il faut voir l’action du et vaste de la question juive est erroné et...
diable, leur Père et leur maître: en effet une sent le... brûlé!
explosion aussi vaste de passions malsaines,
d’idées perverses et de faits déplorables, ne Que faire?
peut être expliquée sans une intervention
préternaturelle et diabolique. L’on ne peut La divine Providence a voulu nous don­
oublier ni sous-estimer la part prise par le ner “un Secret”, pour ramener les âmes au
diable dans la marche de la Conjuration an­ Catholicisme et pour combattre ses ennemis
tichrétienne et de la Révolution, ni oublier invisibles et ténébreux, c’est la Vraie
que l’instrument principal dont le diable se Dévotion à Marie, spécialement telle qu’elle
sert pour subvertir le monde et l’esprit hu­ a été enseignée par St Louis Grignion de
main est le Judaïsme, déicide et réprouvé Montfort, dans le “Traité de la vraie dévo­
par Dieu. Qui donc voudrait combattre la tion à la Sainte Vierge”, qui peut être défini
Révolution sans en combattre le principal comme l’uranium du Christianisme, pour
agent humain, le Judaïsme talmudique, développer une énergie spirituelle compa­
échouerait et ne serait qu’un “semi-contre­ rable à l’énergie atomique, surtout en ces
révolutionnaire”. tristes temps d’Apostasie générale. La lutte
Comme le Père Garrigou-Lagrange contre le diable, le Judaïsme et ses dériva­
l’écrivait déjà avec perspicacité en 1945: tions secrètes, est une lutte essentiellement
«Les erreurs très dangereuses, aujourd’hui religieuse, qui a besoin de l’aide de la grâce
les plus répandues tendent à la déchristiani­ de Dieu. Or Marie est la Médiatrice Uni­
sation complète des peuples. Le mal a com­ verselle de toute grâce, elle en est la tréso­
mencé avec la Renaissance païenne du rière et la dispensatrice! La vraie dévotion,
XVIème siècle, qui fut la renaissance de la en qualité d’esclaves de Marie, est absolu­
Superbe et des Sensualités païennes chez les ment nécessaire pour vaincre la bataille
Chrétiens. Le Protestantisme l’accentua... contre les forces du mal. La Révolution et le
Vint ensuite la Révolution française... avec Judaïsme talmudique, étant sataniques dans
son Déisme et son Naturalisme... Puis l’es­ leur essence, ne peuvent être combattus et
prit de la Révolution conduisit au vaincus que par une réaction qui soit surna­
Libéralisme... Le Libéralisme [conservateur] turelle dans son essence. Lucifer, symbole

329
SODALITIUM : La question juive

du Judaïsme rebelle à Dieu et déchu de sa 19) Ibid. 9-11.


vocation, sera vaincu par Marie qui lui écra­ 20) ST THOMAS, Commentaire sur St Jean, VIII,
Leçon IV, 1201.
sera la tête, comme avait promis le Seigneur: 21) Ibid. 1211-1215.
“IPSA CONTERET CAPUT TUUM” (50). 22) Ibid. 1222.
Dans cette optique notre victoire contre le 23) Ibid. 1227.
Judaïsme révolutionnaire dépend de Marie 24) Ibid. 1232.
25) Ibid. 1241.
et de notre union à Elle. St Louis Grignion 26) Jn XV, 20-XVI, 3.
de Montfort, avait prophétisé cette victoire 27) S T T HOMAS , Commentaire sur St Jean XV,
dans la “Prière embrasée”, en demandant au Leçons IV-V, 2039-2067.
Seigneur des armées un déluge de feu du 28) G. PASSELECQ - B. SUCHECKY, L’Encyclique ca­
pur amour qui purifiera l’humanité et sera: chée de Pie XI, éd. La Découverte, Paris 1995, pp. 283-293.
29) S. T., II-II, q. 10, a. 3.
«Si doux et si véhément, que toutes les na­ 30) S. T., II-II, q. 162, a. 7, ad 3um.
tions, les Turcs, les idolâtres, les Juifs même 31) F. R OBERTI - P. P ALAZZINI , Dizionario di
en brûleront et se convertiront». Teologia morale, Studium, Roma 1968, Vol. I, p. 802.
32) S. T., II-II, q. 10, a. 6, sed contra.
33) Jn XII, 37.
34) A. C HARUE , L’incrédulité des Juifs dans le
Nouveau Testament, Gembloux, Duculot, 1929, p. 246.
Notes Il faut préciser que si objectivement parlant le péché de
la masse des Juifs (considéré comme objet d’étude) fut
1) Parmi lesquels: Augustin Barruel, Emmanuel grave, subjectivement considéré (c’est-à-dire en chaque
Barbier, Umberto Benigni, Paul Boulin, Pierre de personne en particulier) seul Dieu “qui sonde les reins
Clorivière, Augustin Cochin, Paul Copin-Albancelli, et les cœurs” sait s’il y a culpabilité grave, légère ou s’il
Jacques Crétineau-Joly, Henri Coston, Henri Delassus, n’y en a pas.
Nicolas Deschamps, Vittorio De Bernardi, Andrea 35) Cf. Sodalitium n° 28, pp. 29-41.
Dalle Donne, Paul Drach, Raymond Dulac, Bernard 36) Jn XV, 22-24; XVI, 8-9.
Fay, Florido Giantulli, Réginald Garrigou-Lagrange, 37) A. DAL COVOLO, La psicologia dell’incredulo,
Roger Gougenot des Mousseaux, Ernest Jouin, les Vita e Pensiero, Milano 1945, pp. 21-22.
frères Lemann, Léon Meurin, Julio Mienvielle, Albert 38) Jn IX, 41.
Monniot, Charles Nicoullaud, Jean-Baptiste Pitra, Léon 39) Actes III, 17.
de Poncins, Antonino Romeo, Emmanuel Ratier, 40) A MMONIO A LESSANDRINO , Fragmenta in S.
Francesco Spadafora. Joann., P. G. LXXXV, 1478.
Les personnes désirant plus d’informations sur la 41) S. T., III, q. 47, a. 5. c.
vie et les œuvres de ces auteurs peuvent consulter: M.- 42) S. T., III, q. 47, a. 6, ad. 3.
F. JAMES, Esotérisme, Occultisme, Franc-Maçonnerie et 43) Jn III, 19-20.
Christianisme aux XIX et XX siècles, NEL, Paris 1981. 44) A. DAL COVOLO, op. cit., p. 37.
2) V. M ATTIOLI , Gli Ebrei e la Eglise, Mursia, 45) Cf. Jn VII, 17.
Milano 1997, pp. 11-16. 46) A. DAL COVOLO, op. cit., p. 43.
3) B. LAZARE, L’antisémitisme, son histoire et ses 47) Ibid., p. 49.
causes, Paris 1934, vol. II, pp. 45-46. Ce livre a été édité 48) R. GARRIGOU-LAGRANGE, Santificazione sacer­
en italien par le Centro Librario Sodalitium dans la col­ dotale nel nostro tempo, Marietti, Torino 1945, pp. 7-9.
lection “Il Mistero d’Israele”. 49) Campos 1959.
4) H. DE VRIES DE HEEKELINGEN, Israele, il suo 50) Gen. III, 15.
passato, il suo avvenire, Ed. Tumminelli, Milano 1937,
pp. 103-118. Cité in V. MATTIOLI, op. cit., p. 17. Marie est notre refuge
5) Cit. in J. TALLANDIER, Les origines secrètes du
Bolchevisme, Salluste, Paris 1930, p. 33.
6) La questione giudaica, vol. IV, 1936, pp. 37-46.
7) L. DE PONCINS, La mystérieuse Internationale
juive, Beauchesne, Paris 1936, pp. 179 et 193.
8) La Repubblica, 1er avril 1997, p. 38.
9) La Civiltà Cattolica, cit., p. 39.
10) La Civiltà Cattolica, La questione giudaica e il
Sionismo, vol. II, 1937, p. 421.
11) Jn VIII, 31-47.
12) ST JEAN CHRYSOSTOME, Commentaire sur Jean,
Homélie LIV, 1.
13) Ibid., 2.
14) Ibid., 3.
15) ST AUGUSTIN, Commentaire sur Jean, Homélie
XLII, 1.
16) Ibid. 1-2.
17) Ibid. 5.
18) Ibid. 7-8.

330
Table des matières
Foi, morale et rites de la religion juive, p. 1

La condamnation à mort de Jésus, p. 12

La question du messie, p. 17

Les toledoth jeshu: l’anti-évangile juif, p. 29

La cabale, p. 40

Rapports entre judaïsme et franc-maçonnerie, p. 58

L'homicide rituel, p. 75

Encore sur l’homicide rituel, p. 94

Lettre ouverte aux juifs pour leur conversion, p. 102

La vie du R. P. Pio Edgardo Mortara, juif converti, p. 116

Le problème des marranes, p. 121

Infiltrations judéomaçonniques dans l'église romaine, p. 137

Le complot judéomaçonnique contre l'église romaine, p. 151

Jean XXIII et les juifs. Jules Isaac. p. 164

Suite: de jules Isaac à Nostra ætate, p. 181

Christianisme et judaïsme. “L’ancienne alliance jamais révoquée”, p. 198

Islam et judaïsme, p. 219

Contre-révolution et judéo-maçonnerie, p. 236

Aspects contemporains du judaïsme: mondialisme, ploutocratie, franc­

maçonnerie, p. 248

Le grand Kahal: un terrible secret, p. 265

Les lois raciales, L'Eglise et les juifs, p. 273

Les lois racieles, le fascism et les lois raciales, p. 276

Le sionisme: un rêve magnifique ou un terrible fiasco ? p. 287

Conclusion de l’introduction à la question juive:

“Vous avez le diable pour père”! p. 317

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