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homogène :

• L'Europe des Six s'était constituée autour des pays les plus développés du Vieux Continent.
Quand l'Espagne, le Portugal et la Grèce sont entrés à leur tour dans l'Europe, ces pays étaient
beaucoup moins riches que les autres partenaires, mais ils ne différaient pas très nettement de
l'Italie d'un point de vue économique et social. Le plus gros pays, l'Espagne, avait un revenu
moyen inférieur de 33 % à celui de la France au taux de change+ courant, et de 20 % en
termes de parité de pouvoir d'achat. L'entrée de ces pays dans l'Union n'a pas profondément
perturbé la configuration européenne. Le rapport interdécile de l'Europe des Six était de 3,7.
Avec douze ou quinze membres, ce même rapport avait un peu augmenté : il était de l'ordre de
4, soit autant qu'au Canada. En outre, les mesures de ce rapport au taux de change courant et
selon les parités de pouvoir d'achat donnaient des résultats proches. L'Europe de l'époque, sans
être le royaume de l'égalité, affichait des rapports interdéciles très inférieurs à ceux des Etats-
Unis, par exemple.

• Les nouveaux membres modifient cette image, non pas parce qu'ils sont plus inégalitaires (les
rapports interdéciles internes à chacun de ces pays sont souvent inférieurs à ceux des pays de
l'Europe à quinze), mais en raison de la faiblesse de leur niveau de revenu moyen.Le nombre
d'Européens à très faibles revenus se trouve ainsi mutiplié. Au taux de change courant, le
revenu moyen des Hongrois était 3,7 fois inférieur à celui des Français en 2002, celui des
Polonais 5 fois, et 6 fois pour les Lituaniens. A comparer avec celui des Espagnols qui,
rappelons-le, était un tiers inférieur à celui constaté en France au moment de leur entrée dans
l'Union. Pour les candidats suivants, ce rapport est de 1 à 9 avec la Turquie, 1 à 12 avec la
Roumanie et la Bulgarie.

• Evidemment, ces inégalités sont plus limitées quand on les mesure en parité de pouvoir
d'achat, c'est-à-dire quand on compare les biens et les services que peuvent acquérir les
habitants des différents pays, dans la mesure où les niveaux de prix sont aussi
significativement plus bas dans les pays les plus pauvres. Il n'empêche : dans de nombreux cas
de figure, comme par exemple pour la question des délocalisations d'entreprises, ce sont bien
les écarts de revenus aux taux de change+ courants qui sont les plus significatifs. Les taux de
change+ courants reflètent également en partie des politiques dont le rapport aux
" fondamentaux "(c) économiques n'est pas toujours direct, mais le précédent de l'Europe du
Sud indique que ce rapport monétaire tend à se cristalliser assez vite.

• Au taux de change courant, le rapport interdécile a bondi de 4,2 à 7,4 quand l'Union est passée
de quinze à vingt-cinq. A comparer aux 5,5 des Etats-Unis, aux 10 de la Russie, aux 12 du
Mexique et aux 25 du Brésil. L'Europe à vingt-cinq est donc clairement devenue plus
inégalitaire que les Etats-Unis, même si ce constat peut être nuancé. En effet, cette croissance
des inégalités intra-européennes est moins nette si on mesure les inégalités en parité de
pouvoir d'achat+ - l'indicateur passant alors de 3,9 à 4,7 -, car les niveaux de prix sont
nettement plus homogènes à l'intérieur des Etats-Unis. Si on va plus loin pour évaluer le
niveau d'inégalités d'une Europe à vingt-huit, intégrant les trois candidats suivants que sont la
Roumanie, la Bulgarie et la Turquie, - ce dernier pays ayant évidemment l'impact le plus lourd
sur les évolutions du fait de sa taille démographique -, le rapport interdéciles au taux de
change courant passerait de 7,4 à 16,9. L'Europe à vingt-huit serait alors bien différente du
groupe de départ et commencerait à ressembler furieusement aux pays les plus inégalitaires de
la planète : Brésil, Mexique et Russie.

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