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GEJ6 C144

Les œuvres humaines sont tributaires de la grâce divine

1. Je leur répondis avec une douce gravité : « En vérité, il n'est pas très louable à vous
de Me tenir tout à coup un tel discours ! Y a-t-il donc une vie, une force ou une puissance qui
soient ailleurs qu'en Dieu ? Dieu veut rendre à jamais votre vie aussi libre et indépendante que
possible, et Il vous montre comment vous y prendre pour faire vôtre la vie divine parfaitement
libre et indépendante. Pourquoi vous fâcher de l'amour que Dieu vous témoigne ainsi ?!
2. Votre propre vie physique est-elle elle-même autre chose que le bras qui vous
permet d'attirer à vous la vraie vie, qui est divine ? Et s'il en est ainsi, quelle valeur a-t-elle en
soi, si ce n'est celle que Dieu lui a assignée !
3. Mais si vous vous contentez d'agir en hommes de nature et de rechercher votre
propre gloire dans vos actions, quand vous vous louez de votre bonne conduite, vous êtes
pareils à ce Pharisien qui, au Temple, se justifiait ainsi devant Dieu : "Seigneur, je Te rends
grâces de ne pas m'avoir fait comme tant d'autres, moi qui ai toujours observé la loi à la lettre
et fait tout ce que prescrivaient Moïse et les Prophètes !" Je vous ai déjà cité cette parabole -
mais vous l'avez oubliée ! Si vous vous en étiez souvenus, vous sauriez que ce n'est pas le
Pharisien qui a quitté le Temple en étant justifié, mais bien le publicain qui s'humiliait devant
Dieu.
4. Quand vous dites : "Nous avons fait ceci et cela de bien", vous vous mentez d'abord
à vous-mêmes, et ensuite à Dieu et à votre prochain, parce qu'aucun homme ne peut faire le
bien par lui-même, pour la bonne raison qu'il n'a pu recevoir que de Dieu sa vie physique,
d'abord, et ensuite la doctrine même selon laquelle il doit vivre et agir. Si un homme ne
comprend pas cela, autant dire qu'il ne vaut rien en soi, et il est bien loin d'être autonome,
puisqu'il ne fait pas encore la distinction entre ses propres œuvres et celles que Dieu
accomplit en lui et à travers lui, et qu'il les ressent et les considère comme étant une seule et
même chose ; l'homme n'accède à l'autonomie de la vie que dès lors qu'il perçoit l'inanité et la
futilité de ses propres œuvres, et que seule est bonne l’œuvre de Dieu en lui.
5. Dès qu'un homme comprend cela, il s'efforcera à coup sûr d'allier toujours plus ses
propres œuvres avec celles, bien connues, de Dieu, s'unissant ainsi peu à peu pleinement à la
force de la vie divine en lui, union qui seule permet à l'homme de parvenir à la vraie
autonomie de la vie, puisque ce n'est qu'alors qu'il conçoit pleinement que l'action divine, qui
lui apparaissait jusque-là comme étrangère, est devenue sienne par son humilité et son
véritable amour envers Dieu. Telle est la vraie raison pour laquelle Je vous ai dit tout à l'heure
: même quand vous aurez fait tout ce qu'il fallait, dites-vous pourtant : "Seigneur, Toi seul as
fait tout cela, et nous n'avons été nous-mêmes que des serviteurs paresseux et inutiles[Luc
17.10] !"
6. Quand vous vous direz cela en toute conscience, la force de Dieu vous soutiendra et
vous conduira vers la perfection ; mais si vous ne voulez pas le comprendre et le reconnaître
en vous-mêmes, et si, au contraire, vous vous hissez vous-mêmes sur l'autel de la gloire parce
que vous éprouvez votre propre force, alors, la force de Dieu ne vous aidera pas ; vous ne
devrez qu'à vous-mêmes les pénibles accomplissements de votre vie, et l'on verra bien vite
jusqu'où vous irez ainsi. C'est pourquoi Je vous ai dit aussi qu'hors de Moi, vous ne pouviez
rien faire de méritoire ni d'utile[Jean 15,5.]. Et si Je ne vous dissimule rien de ce que vous
devez faire à chaque instant pour que votre âme conquière sa vraie vie parfaitement libre et
autonome, pourquoi vous fâcher de la sage sollicitude que Je vous témoigne ainsi ?
7. André dit: «Vraiment, cela ne nous fâche pas ; mais il n'est pas précisément agréable
pour nous d'entendre tout à coup, comme cela arrive parfois, une nouveauté qui nous paraît
tout à fait opposée à ce que Tu nous avais dit en quelque autre occasion, surtout quand Tu ne
nous l'expliques pas davantage de Toi-même, mais attends que nous T'en fassions la demande.
Pourtant, Ta véritable omniscience doit bien savoir ce que nous sommes capables de
concevoir et de comprendre ! Et il n'est guère agréable d'avoir à Te demander une explication,
parce qu'on a toujours droit, alors, à une remontrance qui ne fait pas le plus grand bien. A
l'avenir, quand Tu voudras nous donner quelque nouvel enseignement, explique-le-nous sans
tarder, afin que nous n'ayons pas à T'importuner ensuite par toutes sortes de questions ! Tu es
ordinairement d'une bonté parfaite - et nous le savons tous fort bien -, mais Ton enseignement
est parfois bien indigeste !
8. Comme nous tous ici, je sais et je crois que Tu es le fils du Dieu vivant et que la
divinité demeure en Toi, en quelque sorte incarnée dans toute Sa plénitude ; mais cela ne
m'empêche pas de Te dire toujours très ouvertement où le bât nous blesse, lorsque Tu ne veux
pas le remarquer de Toi-même. Car, tant que nous vivons, nous ne sommes que des hommes
et subissons toutes sortes de contraintes ; et puisqu'il en est à l'évidence ainsi, il faut bien qu'il
nous soit permis de formuler, même devant Dieu, ce qui nous oppresse et nous fait souffrir. Si
Dieu le veut, Il nous viendra en aide - et s'Il ne le veut pas, Il Lui faudra bien supporter nos
plaintes tant qu'Il nous laissera dans cette détresse. - Nous comprenons tous à présent Tes
paroles et nous y conformerons fidèlement ; mais à l'avenir, ne nous donne plus de leçons
sans nous les expliquer. »
9. Je dis : « Frères, quand Je fais une chose, Je sais bien pourquoi Je la fais ; mais
vous, vous êtes encore loin de comprendre pourquoi vous faites ceci ou cela ! Mais le jour
viendra où vous comprendrez vous aussi la raison de tous Mes enseignements et de tous Mes
actes.
10. Mais laissons cela à présent, car le moment est venu pour les dix nouveaux
disciples de nous quitter, et il importe de leur donner encore de quoi se fortifier, afin qu'ils
puissent mieux vous ouvrir les voies de cette nouvelle partie du monde ; car, pour ce qui est
de la connaissance de Ma nouvelle doctrine de vie, ils en savent suffisamment pour mener à
bien cette bonne œuvre. »
11. Alors, Je dis aux dix : « Afin que, étant vous-mêmes d'origine païenne, vous
puissiez témoigner pleinement devant les autres païens que Je suis bien, Moi qui vous envoie
à eux, Celui que vous avez reconnu en Moi, Je vous accorde le don de guérir tous les malades,
de même que J'ai accordé ce don au médecin de Chotinodora et à celui de Serrhê.
12. Quand vous imposerez les mains aux malades en Mon nom, ils iront mieux à
l'instant et croiront vos paroles. Vous n'avez besoin de rien d'autre pour le moment ; mais
quand Je serai retourné d'où Je viens, Je ferai descendre sur vous Mon esprit, et il vous
mènera à la sagesse et à la vérité en toute chose. Ainsi soit-il ! »
13. Les dix frères Me remercièrent avec transport, et le capitaine, qui éprouvait une
grande joie de tout cela, Me demanda combien de temps encore Je séjournerais en ce lieu.
14. Je lui répondis : « Ami, cela dépend des circonstances et de la volonté de Celui qui
M'a envoyé en ce monde ; car Moi aussi, en tant que simple humain, Je dois Me conformer
strictement à ce que le Père céleste décide pour Moi ! Il est vrai que tout ce qui est au Père est
à Moi, et que le Père et Moi ne faisons qu'un au fond - et pourtant, l'amour est dans Ma
personne supérieur à sa lumière, la sagesse. C'est pourquoi l'amour seul peut dicter ses lois à
Ma sagesse, mais non l'inverse. Quant à savoir combien de temps Je demeurerai encore ici, tu
l'apprendras bientôt. »
15. Le capitaine Me remercia, puis se leva et, accompagné des dix frères, s'en alla chez
lui, où l'attendaient encore quelques affaires.
16. Ils passèrent cet après-midi chez lui, et, le lendemain matin, il les envoya à Sidon
avec un bon guide et une recommandation toute spéciale à Cyrénius, qui, à leur arrivée, ne se
sentit plus de joie en apprenant qu'ils avaient été avec Moi et avaient embrassé Ma doctrine. Il
les garda plus d'un mois près de lui avant de les envoyer à Rome dans les meilleures
conditions. Là, l'empereur les reçut fort bien à son tour et les revêtit aussitôt de hautes
fonctions militaires. Le géant demeura même un certain temps au palais comme garde du
corps de l'empereur et fit ainsi beaucoup de bien, l'empereur le consultant volontiers dans les
affaires les plus secrètes.

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