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Discours de Madame Sandrine Salerno

Remise du prix de l’artisanat,

le 5 mai 2010 - 18h00


Palais Eynard

Monsieur le Conseiller d’Etat,

Monsieur le Président de l’Associations des communes genevoises,

Messieurs le Président et Mesdames et Messieurs les membres du Jury

Mesdames, Messieurs,

C’est avant tout à vous, Monsieur Laeser et Monsieur Lenoir, que je


m’adresse ; vous, qu’au nom du Conseil administratif de la Ville de
Genève, je tiens à féliciter chaleureusement !

En effet, le Prix de l’artisanat a beaucoup d’importance pour la Ville et


beaucoup de prestige à mes yeux ; il est un symbole de notre inventivité
et de notre richesse humaine !

Le prix de l’artisanat nous offre, chaque année depuis 1991, l’occasion


de consacrer cette richesse particulière, en distinguant un métier, et à
travers lui, des hommes et des femmes qui lui ont dédié leur vie.

C’est un prix à l’honneur de l’objet et souvent de l’objet unique qui


transforme et enrichit concrètement la vie des gens! Un prix à l’honneur
de l’artisan-e qui façonne et transmet ces objets. Et, à travers l’objet
fabriqué et vendu, c’est une partie de vous-même que vous offrez.

L’artisan-e défend tout d’abord la tradition et, dans la tradition, le geste,


le « beau geste », la « belle facture ».

Et, dans le même temps, par curiosité, par expérimentation et par goût
du perfectionnement, l’artisan introduit l’innovation. Il fait donc le lien
entre le passé et l’avenir, entre le respect de la tradition classique et la
nouveauté.

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L’artisan-e fait reposer son savoir, son savoir-faire, son savoir-être et son
savoir-transmettre sur une technique à la fois ancestrale et locale, sur la
tradition familiale, et vous en êtes un bon exemple M. Laeser !

En vous entourant d’une belle équipe, en formant et en fidélisant des


apprentis, vous savez que votre œuvre vous survivra. Tradition familiale
et compagnonnage : c’est aussi cela que nous saluons aujourd’hui.

Depuis 1976, Messieurs Leaser et Lenoir, vous mettez, en Ville de


Genève, votre art et vos compétences techniques au service d’autrui.

Votre activité, bien au-delà de son aspect technique, est profondément


humaine. Elle porte une part de compassion en offrant, à celles et ceux
qui n’en auraient pas eu la possibilité, ou qui ne l’ont plus, la chance de
marcher, de pratiquer un sport ; la chance de mener, en quelque sorte,
une vie normale : prothèses, orthèses, supports plantaires, fauteuils,
toute une panoplie d’objets qui permettent de pallier, ce qui seraient
sinon de graves handicaps.

L’artisan-e, par définition, celui ou celle qui met son art au service
d’autrui. Jusqu’à la fin du XVIIème siècle, les mots artisan-e-s et artistes
étaient synonymes. Puis, ils ont été séparés : on a nommé
« artisan-e-s » ceux et celles qui utilisaient leur art pour le mettre au
service des autres et « artistes » ceux et celles qui utilisaient leur art
pour le plaisir.

Mais quel plaisir de mettre son art au service des autres ! Et quel service
l’on rend aux autres, à mettre à profit son art pour augmenter leurs
capacités, leur bien-être, leur accès à l’autonomie, leur joie de vivre.

Votre travail exige une technicité pointue, une grande spécialisation et


un esprit d’humanité : l’art dont vous êtes maîtres, illustre la diversité de
notre tissu économique.

A l’heure où tout, ou presque tout, est produit à l’échelle industrielle, y


compris dans votre domaine, vous avez un grand mérite de perpétuer
votre savoir-faire au sein d’une petite entreprise d’une dizaine de
collaborateurs, bien ancrée localement. Il est crucial que des artisan-e-s
comme vous tiennent bon. Le prix que nous vous décernons ce soir
récompense aussi votre persévérance et votre confiance en l’avenir.

Le rôle de l’artisan-e est de créer du lien, de rester proche des

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habitant-e-s, de leur mettre à disposition un produit qui corresponde
parfaitement à leurs besoins. Ayant pignon sur rue au centre-ville,
proches des citoyen-e-s, vous contribuez à renforcer ce lien social, à
rapprocher l’activité économique de l’être humain. C’est d’autant plus
apprécié qu’aujourd’hui, l’offre de biens et de service, souvent confinée
dans des bureaux ou des usines, s’éloignent toujours plus des
personnes, des quartiers. Les petits commerces, petites entreprises,
ferment les uns après les autres. A mes yeux, Messieurs Laeser et
Lenoir, vous remplissez à merveille ce rôle d’artisans, proches de la
population, et Genève a besoin d’entrepreneur-euse-s comme vous.

Le rôle de l’artisan-e est aussi celui de perpétuer un savoir-faire. Vous


attachez, Messieurs, une grande importance à la formation
professionnelle : par la transmission de vos compétences, vous
garantissez la pérennité de votre entreprise. Vous voyez plus loin que
l’horizon de votre propre carrière. Témoignant d’une volonté d’offrir la
possibilité à d’autres, notamment dans votre famille – votre fils est déjà
sur les rails –, de continuer votre œuvre en maintenant, créant des
emplois.

Entre transmission de savoir par la formation que vous proposez à des


apprentis et innovation afin de rester « compétitifs », vous avez su
trouver un parfait équilibre, développant aujourd’hui des produits qui
sont, m’a-t-on dit, techniquement parmi les meilleurs.

Enfin, une dernière qualité mérite d’être soulignée et c’est peut-être l’une
des plus importantes : vous êtes Messieurs Laeser et Lenoir, des gens
passionnés. Passionnés par la technique, passionnés d’aider des
personnes physiquement diminuées, passionnés de transmettre votre
savoir.

J’aimerais conclure en redisant tout mon attachement au soutien des


petites entreprises locales, durables, innovantes, proches des gens.

Votre entreprise combine ces qualités et je suis donc en ce sens


particulièrement heureuse, ce soir, de vous décerner le prix de
l’artisanat.

La Ville de Genève se fait un point d’honneur à défendre et à développer


une « économie locale de proximité ». C’est-à-dire, à accueillir et à
maintenir les petites entreprises, qui défendent et transmettent un savoir
faire local, tout en offrant leurs services, aussi bien dans les quartiers de
Genève qu’à l’échelle internationale.

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Voilà votre richesse, Messieurs Laeser et Lenoir. Et c’est la nôtre ! Je
vous remercie !

Je vous remercie,

Sandrine Salerno

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