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RAPPORT DE MISSION AU YEMEN - DEC 1999. – J-L Dumas.

1 – SYNTHESE DESCRIPTIVE :

Les objectifs principaux de cette mission étaient :


- De répondre à l’attente de nos collègues Yéménites, d’une part en terme
d’enseignement post-universitaire et d’autre part en terme d’échanges médicaux et
techniques sur sites hospitaliers
- D’évaluer de façon prospective les besoins locaux yéménites universitaires et
hospitaliers qui détermineront les orientations futures de notre collaboration selon
les moyens que notre association pourra dégager.

Concernant ces deux objectifs les résultats obtenus ont été jugés très satisfaisants :
- Les conférences ont été suivies dans une ambiance chaleureuse par une assistance
nombreuse et sensibilisée malgré le thème résolument moderne des sujets abordés.
A Taez, les médecins cliniciens présents étant majoritaires les débats ont été
particulièrement riches en applications concrètes. A Sanaa, l’auditoire réunit en
milieu universitaire était majoritairement composé d’étudiants de premier cycle et
de médecins fondamentalistes pour lesquels l’intérêt restait plus théorique.
- Les réunions de travail avec les différents acteurs locaux se sont déroulées de
façon méthodique pour aboutir à des échanges très instructifs.

Les principaux acquis portent sur l’amélioration de notre compréhension des besoins et
attentes formulées envers notre association :
- Entretiens avec monsieur le conseiller culturel de l’ambassade de France. Une
possibilité de prise en charge par notre association du rôle de coordination des
différentes actions de coopération française dans le domaine médical nous est
présentée. D’autre part, compte tenu des difficultés rencontrées dans la mise en
route par le ministère des billets d’avion pour les missionnaires et de l’absence de
couverture de frais locaux, la solution proposée pour l’avenir est le versement
annuel sur la trésorerie de notre association d’une somme équivalente à 4 billets
d’avion au tarif du ministère.
- Entretiens avec le vice-doyen de la faculté de médecine de Sanaa. A ce niveau
institutionnel universitaire le besoin exprimé est principalement celui de la
formation des futurs enseignants de cette université. Cette formation est clairement
désirée dans un double objectif pour chaque individu pressentit. D’une part une
formation en tant que praticien dans le cadre d’une spécialité médicale, et d’autre
part une formation de haut niveau en recherche médicale dans le cadre de cette
spécialité. Le niveau requis souhaité est celui de PHD, soit docteur en science ou
équivalence . Deux candidats futurs enseignants universitaires nous sont
présentés ; l’un se destinant à l’oncologie, le second à la néphrologie.
- Entretiens avec le doyen de la faculté de médecine de Taez. Dans le cadre de la
mise en route du programme médical fondamental de premier cycle qui débutera
pour la première génération d’étudiants en septembre 2000 (à la suite d’une
première année de mise à niveau scientifique générale) le souhait actuel est
d’obtenir une collaboration de la part d’enseignants français. Le but de cette
collaboration serait dans un premier temps d’assurer le programme d’enseignement
dans certaines disciplines pour lesquelles un enseignant titulaire n’est pas présent,
et d’autre part de mettre en route un encadrement assurant la formation
pédagogique d’un futur enseignant yéménite. L’anatomie est une discipline
concernée par cette demande.
- Entretiens avec le directeur de l’hôpital AL-THAWRA à Sanaa. Des collaborations
dans le cadre d’échanges scientifiques sont attendues ; participation à des congrès,
conférences d’enseignement pouvant s’inscrire dans le programme du second cycle
des études médicales (exclusivement dispensé dans les institutions hospitalières),
aide au développement de structures d’enseignement dans les disciplines de soins
para-médicaux, participation à des projets de recherche clinique. L’organisation
des filières d’obtention de diplômes de spécialistes sous l’égide d’un BOARD
régional nous est présentée.
- Entretiens avec le directeur de l’hôpital de la Révolution à Taez. Une forte
demande d’aide matérielle technique est exprimée. Le souhait d’obtenir du
matériel de laboratoire de récupération est en particulier précisée.

2 – ANALYSE PROSPECTIVE :

Les premières impressions des membres de cette mission devront être complétées par des
échanges ouverts avec les membres participant à l’activité de coopération médicale de notre
association. Notre constat initial souligne en particulier :
- L’extrême diversité des attentes rencontrées. Le représentant de chaque institution
ayant une attente tout à fait spécifique et propre à son institution il paraît illusoire
de pouvoir déployer de la part de notre association des moyens aussi dispersés afin
de répondre à chacune des attentes spécifiques.
- La relative faible demande en terme de coopération médicale praticienne sur site
hospitalier. Ce « compagnonage » médical ne semble plus pouvoir représenter la
structure d’actions de coopération de notre association.

Notre analyse prospective permet de dégager deux principaux axes d’actions, ces axes restant
complémentaires :

- D’une part un renforcement des liens d’aide à l’activité médicale et à la formation


de correspondants locaux est tout à fait indispensable. Ce renforcement s’appuie
sur les activités « traditionnelles » de notre association ; aide à l’organisation de
stages de formation, développement d’échanges scientifiques, prise en charge
ponctuelle d’une aide matérielle technique … Ces actions doivent rester
structurantes pour nos échanges médicaux Franco-Yéménites et se développer dans
cet esprit. Elles ne reposent cependant que sur des actes individuels au sein de
notre groupe, dont la richesse devrait cependant permettre de maintenir un certain
dynamisme. Des innovations sont encore possibles et attendues ; envoi d’images et
de données médicales par réseau informatique pour aide diagnostique par exemple.
Cependant de plus en plus de moyens devront être consacrés à ce type d’actions si
notre association se positionne en coordonnateur avec un rôle d’expertise vis à vis
de la coopération technique française au Yémen.
-
- D’autre part une action d’objectif à moyenne ou longue durée, motivante et
répondant à une demande locale structurée et réaliste, doit se dégager. Ce nouveau
champ d’action est nécessaire à la pérennité de notre association et doit maintenant
remplacer l’activité de substitution autrefois moteur à long terme de la Mission
Médicale que nous avions connue. Cette nouvelle activité doit se développer dans
un cadre d’échanges institutionnels largement ouverts afin de s’assurer de
l’adhésion et de la possible participation du plus grand nombre d’entre nous et du
possible recrutement de nouveaux participants non nécessairement membres de
notre association. Seule la demande Yéménite de coopération dans le cadre de la
formation universitaire et post-universitaire (dites « académiques ») peut susciter
de la part de notre association une réponse induisant une action continue,
renouvelée et remplissant les conditions de son propre entretien. Deux niveaux
pragmatiques se dégagent des discussions rapportées dans le premier chapitre
descriptif :
- Le premier niveau concerne un cycle d’enseignement spécialisé de
niveau équivalent à un second et/ou un troisième cycle et devant être
dispensé auprès d’un public médical hospitalier. Cet enseignement pouvant
s’inscrire par convention dans le cadre d’un cursus universitaire ou post-
universitaire. Cet enseignement peut être accompagné de travaux pratiques
(« ateliers ») pédagogiques et devrait reposer sur la qualification médicale
de l’orateur-enseignant pressentit et non pas uniquement sur son
appartenance universitaire. Ce premier niveau correspond donc à un
prolongement, avec réorientation, des conférences médicales qui sont
organisées par notre association depuis de nombreuses années.
- Le second niveau concerne une collaboration de structure réellement
universitaire, en réponse à une demande adaptée aux possibilités de notre
association. Il apparaît que seule une réponse à la mise en route de
l’enseignement, actuellement de type fondamental, attendu à la faculté de
médecine de Taez peut être évoquée. Il ne paraît cependant pas réaliste, par
exemple, de s’engager en anatomie sur la prise en charge substitutive de
l’intégralité d’un programme universitaire, mais plutôt de jouer un rôle
dans la structure et l’initiation de cet enseignement. La participation à
l’élaboration (ou au renforcement) de structures régionales pour la création
de spécialités médicales peut également être envisagée.

J’espère avoir traduit avec réalisme les discussions de notre dernière équipe de missionnaires
envoyés au Yémen, et proposer par cette analyse des premiers éléments de réponse utiles aux
membres de notre association qui seront prochainement en contact avec nos correspondants
Yéménites et les autorités locales de l’ambassade de France.

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