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Le disque compact a été inventé par Sony et Philips à la fin des années 1970 3 et il est
apparu sur le marché au début des années 80 ; Dans le numéro de décembre 1994 de
« Wired », cinq experts convenaient déjà que ce produit était appelé à disparaître d’ici
à 2010 4. Il est probable que la sombre prédiction se réalisera bien avant.
Les statistiques sont éloquentes. Au Canada, après avoir atteint $740 millions de
ventes d'albums en 1998, les résultats de 2002 n'atteignent que $614 millions5. Les
données de la CRIA (Canadian Recording Industry Association) indiquent des ventes
de 52 millions d’albums au Canada en 2002, alors que Réseau Circum indique que
plus d'un milliard de chansons ont été copiées au Canada.6 On calcule donc que la
valeur, en dollars, des copies et téléchargements illégaux dépasse celle des albums
légitimes vendus. Les impacts sont donc prévisibles.
Aux Etats-Unis, Nielsen SoundScan rapporte une diminution de 11% des ventes
d’albums en 2002. Nous avons déjà assisté, en février 2002, à la faillite du plus
important grossiste distributeur de musique aux Etats-Unis, Valley Media.7 Et
l’année 2003 s’amorce bien mal : Best Buy (propriétaire de « Future Shop » au
Canada) vient de couper 700 emplois en fermant 107 magasins de sa division
« Musicland ».8 La chaîne planifie la fermeture de 40 autres magasins, suivant ainsi
les conseils d’un analyste de l’industrie de la musique qui avait recommandé à Best
Buy de se retirer entièrement du marché de la musique au détail aussi tôt que
possible. Pour sa part, Wherehouse Entertainment, qui avait acheté « Blockbuster
Music » pour $115 millions US en août 1998, vient de se placer sous la loi de la
protection de la faillite (« Chapter 11 »), invoquant une augmentation des transferts
de fichiers musicaux de l’Internet et la concurrence des « détaillants à escompte ».8
Wherehouse avait déjà fermé 30 magasins; 120 autres subiront le même sort dans les
3
Au grand total, selon les prévisions d’observateurs, c’est près de 500 magasins de
musique qui disparaîtront aux Etats-Unis en 2003. Le Canada pourra-t-il échapper à
cette tendance, malgré les particularités de son marché? Les 5,000 canadiens (dont
1,250 au Québec) travaillant dans le domaine de la distribution et la vente au détail
d'enregistrements sonores devraient-ils s'inquiéter?
Sachant que "les détaillants fonctionnent selon une marge de 35à 40 pour cent et,
généralement, visent à réaliser un profit de 4 à 5 pour cent sur les recettes" 10, il est
facile de calculer qu'ils affichent maintenant des pertes, maintenant que les ventes
baissent d'environ 10% par année. Heureusement, les ventes de DVDs montrent des
progressions spectaculaires, procurant ainsi à certains détaillants des revenus qui
compensent pour la diminution de la vente de disques compacts. Cependant, "la
solution DVD est peut-être très temporaire" affirme Yves-François Blanchet de
Diffusion YFB11.
Son confrère Mario Labbé, de la maison de disques Analekta «Le DVD ne
ajoute que "le DVD ne sauvera pas l'industrie"12 À mon avis, avec sauvera pas
l'apparition des graveurs de DVDs, il faut s'attendre à la l’industrie»
progression du piratage de films et de vidéos sur Internet, ce qui
affectera à nouveau le marché traditionnel.
Copiage et piratage
L'avocate française Anne-Laure Caquet exprime bien les opportunités offertes par
l'avènement des nouvelles technologies, tout en soulignant le danger des utilisations
illégales:
«S
Si on a d'abord perçu la technique numérique comme permettant de faciliter la
création, la circulation ou la distribution des œuvres, on s'est très vite aperçu qu'elle
favorisait également la contrefaçon. L'informatique a permis la création mais aussi
la reproduction assistée par ordinateur et a par-là même multiplié les occasions de
parasitisme. L'accès aux œuvres et aux interprétations est peut-être trop facilité,
engendrant la multiplication des occasions de copiage et de piratage »13
J’aborderai plus loin, en détail, les questions relatives au piratage sur le réseau
Internet, mais pour le moment, examinons les pratiques de copies de disques
compacts, à l’aide des « graveurs ».
Il fut un temps où les disques étaient disponibles en location, ce qui offrait alors "un
précédent en matière de reproduction non autorisée de la musique de qualité
numérique. Selon l'industrie, 90 pour cent des locations conduisent à la copie non
autorisée chez soi".10+15 Dans le rapport final du Groupe de Travail sur l'Avenir de
l'Industrie Canadienne de la Musique présenté à Sheila Copps en mars 1996, on
indique que la protection résultant de modifications législatives récemment adoptées
a permis à l'industrie de la musique d'obtenir un moyen de mettre fin à la pratique
consistant à louer un enregistrement à faible prix pour ensuite le copier.1 Il faut
savoir cependant que certaines bibliothèques continuent d'offrir ce service, mais il
faut également retenir que cela permet, voire encourage, des pratiques de non-respect
des droits d'auteur.
Des politiques visant à restreindre la copie illégale de disques compacts ont aussi été
adoptées par les disquaires. Alors qu'il était autrefois possible d'acheter un CD, de le
copier à la maison et de le retourner au magasin, c'est une option qui est maintenant
rarement offerte. Denis Germain, gérant du Marketing au HMV Megastore de
Montréal confiait à Jean-Yves Girard de l'Actualité "C'est un privilège que nous
accordons à nos clients. Ceux qui en abusent le perdent".16 HMV a depuis cessé
d'accorder ce privilège, précisément le 18 janvier 2002.
Précisons que la copie de CDs est rarement effectuée au Canada à des fins
commerciales. La vente de copies illégales, de disques contrefaits et
d'enregistrements sonores "pirates" ne représente pas ici un problème aussi aigu
qu'ailleurs dans le monde. On parle d’environ 3.1 % des ventes.17 Mais on estime
qu'en 2003, 40% des CD musicaux en Europe de l'Ouest seront des copies.16 Dans 25
pays, les ventes de CD piratés excèdent les ventes de CD légaux.17
J'ai eu l'occasion de constater moi-même l'ampleur du Dans 25 pays,
phénomène en Espagne où de nombreux "manteros" offrent sur les ventes de
le trottoir un grand nombre de titres populaires qui sont CD piratés
visiblement des disques copiés et dont la piètre qualité de la excèdent les
reproduction des pochettes trahit le caractère illégal. J'ai ventes de CD
brièvement capté la scène avec ma caméra, pour être ensuite légaux »
rapidement interrompu par un de ces vendeurs qui ne souhaitait
évidemment pas que son petit commerce à la sauvette soit immortalisé sur vidéo.
C'est en fait le crime organisé qui contrôle là-bas la copie et la distribution de ces
disques, ayant fait passer le taux de "piratage" de 5 pour cent en 1997 à plus de 30
pour cent aujourd'hui dans ce pays de la péninsule Ibérique.
On croit à tort que la copie et le piratage de CDs sont des "crimes sans victime". Que
non! Les pertes économiques encourues sont énormes. Les victimes sont les artistes
dont la créativité n'est pas récompensée, les gouvernements qui sont privés de
millions de dollars de revenus de taxes, l'économie dans son ensemble qui est privée
de nouveaux investissements, et finalement les consommateurs qui bénéficient de
moins de diversité et de choix.18 En général, ces arguments ne font pleurer personne
et mon intention ici n'est pas d'arracher des larmes mais
Les victimes sont les bien d'amorcer une réflexion sur nos comportements et
artistes dont la leur impact. On se justifie souvent en invoquant que
créativité n’est pas les artistes sont déjà assez riches. Je vous illustrerai
récompensée. plus tard la preuve du contraire.
Il est prévisible, comme je l'ai déjà mentionné plus tôt, que le problème s'étende
bientôt aux films et vidéos, alors que nous verrons progresser la pénétration dans les
foyers des graveurs DVDs. L'anecdote suivante démontre que d'autres pays nous ont
déjà précédés: À Singapour, le passager d'un taxi constate que le chauffeur et ses
collègues transportent et vendent des centaines de copies illégales de films de
Paramount et Fox Pictures. Parmi ceux-ci, Star Wars - Episode I, qui venait tout juste
de sortir sur les écrans de cinéma, et ne pouvait donc
être légalement en vente, sous quelque format que ce
soit. Le chauffeur de taxi ignorait sans doute Il est prévisible que le
l'identité de son passager: il s'agissait de Rick problème s’étende bientôt
McCallum, le producteur de Star Wars - Episode I… aux films et vidéos, alors
20
Ici même, Laurence Jalbert a raconté un incident que nous verrons
semblable, où un chauffeur de taxi lui communiquait progresser la pénétration
son admiration, soulignant qu'il avait "gravé toutes dans les foyers des
ses chansons"… Alors que M. McCallum déplore graveurs de DVDs.
cette "insensibilité morale", il devrait tenter
d'inculquer des principes moraux à sa propre fille (une adolescente de 16 ans) qui,
suprême ironie, possède sur son "Ipod" 2,000 chansons copiées.20
6
"Copie privée":
Les adeptes de la copie invoqueront souvent qu'ils le font pour un usage "privé" et
non commercial. Cette notion mérite qu'on s'y attache plus longuement. (Attention,
nous tombons ici dans quelques lignes de jargon légal dont la lecture peut être ardue)
"Toute reproduction non autorisée ou copie d'un article protégé par le droit d'auteur
constitue une violation du droit d'auteur".21 Mais voici que survient, en 1997, une
exemption relative à la copie d'une œuvre musicale pour usage privé. La partie VIII
de la Loi sur le droit d'auteur du Canada précise alors: "ne constitue pas une
violation du droit d'auteur protégeant tant l'enregistrement sonore que l'œuvre
musicale ou la prestation d'une œuvre musicale qui le constituent, le fait de
reproduire pour usage privé [pour son propre usage] l'intégralité ou toute partie
importante de cet enregistrement sonore, de cette œuvre ou de cette prestation sur un
support audio".22 On ajoute que ce paragraphe ne s'applique pas à la reproduction
d'une œuvre musicale pour les usages suivants: vente ou location, distribution dans
un but commercial ou non, communication au public par télécommunication
(j'aborderai plus tard la question de la transmission des œuvres par le réseau Internet),
exécution ou représentation en public. En ce qui concerne précisément l'exécution en
public, la SOCAN nous enseigne que "L’achat d’un CD ou de tout autre type
d’enregistrement ne vous autorise qu’à l’écouter en privé. Toute utilisation publique
est soumise à la Loi sur le droit d’auteur et, par conséquent, doit faire l’objet d’une
licence de la SOCAN." 23 C'est pourquoi les magasins de disques, par exemple, sont
tenus de verser à la SOCAN des frais de licence pour avoir l'autorisation de diffuser
de la musique dans leurs haut-parleurs; Les montants versés par les magasins de
disques ne constituent cependant qu'une infime partie des $147 millions de frais de
licence et de redevances de droits d'exécution perçus par la SOCAN en 2001.24 Par
contre, il est important de préciser que la SOCAN s'occupe des droits d'exécution et
non des droits de reproduction qu'implique la copie privée.25 Revenons donc à nos
moutons.
La copie privée est donc légale et ne constitue pas une violation du droit d'auteur. Un
exemple: vous possédez tous les albums d'Alanis Morissette et vous désirez
construire vous-même un "Best of" réunissant les chansons que vous préférez. Vous
bénéficiez donc de l'exemption conférée par la loi et vous pouvez, sans troubler votre
sommeil, réunir vos pièces préférées sur un seul support audio. Vous pouvez
également procéder à ce qu'on appelle, aux Etats-Unis, le "format shift" (excusez
l'absence de traduction): vous copiez un CD d'Alanis sur cassette, afin de la faire
jouer dans votre automobile, si elle n'est pas équipée d'un lecteur de CD. Jusque-là
tout va bien. Mais là où les choses s'enveniment c'est lorsqu'une enquête révèle que
seulement 10% des copistes d'enregistrements musicaux font des copies d'albums à
partir de pré-enregistrements qui leur appartiennent déjà.26 "La réalisation d'une
copie pour quelqu'un d'autre ou à toute autre fin autre que pour l'usage privé de la
personne qui fait la copie ne constitue pas une activité de copie privée". 27
L'infraction est évidente et elle commandait un ajustement et une mise-à-jour des
législations existantes, pour régir cette pratique et indemniser les artistes et créateurs
lésés.
7
Depuis le début de ce nouveau millénaire, chaque fois que nous achetons une cassette
vierge de plus de 40 minutes, le prix payé inclut une redevance de $0.29. Assez
étrangement, la redevance incluse dans le prix d'un CD-R n'est que de $0.21 alors
qu'il s'agit pourtant du support prédominant sur le marché. On étudie actuellement la
possibilité d'augmenter ces redevances à $0.60 pour les cassettes et $0.59 sur les CD-
R et CD-RW. 26 C'est la SCPCP qui est chargée de percevoir et de redistribuer les
redevances. Établie en 1999, la Société Canadienne de Perception de la Copie Privée
est un organisme à but non-lucratif qui représente les auteurs-compositeurs, les
8
Dan Bigras vous dira sans doute que ce n'est pas en vendant 12,000 copies d'un CD
qu'on met du beurre sur son pain. Ce n'est pas pour rien que, bravant les
commentaires sarcastiques de son entourage, il a accepté de prêter sa voix à une
publicité d'un marchand de pneus bien connu.
10
Qu'en est-il maintenant des maisons de disques? Précisons tout de suite que
seulement "un enregistrement sur dix rapporte de l'argent" 37 "et c'est rarement le
premier disque d'un artiste."21 Deux sur dix réussissent tout juste à couvrir les coûts
d'enregistrement et de promotion.4 C'est donc le revenu généré par 10% des
nouvelles parutions qui sert à éponger les pertes subies sur les autres4 et permet
l'investissement dans de nouveaux talents. Ajoutons que "Les coûts et les risques
rattachés à la production d'enregistrements à partir de bandes originales
canadiennes sont considérablement plus élevés que ceux associés aux
enregistrements faits à partir de bandes maîtresses importées".1 C'est sans doute ce
qui explique que le pourcentage de bénéfice moyen des maisons de disque sous
contrôle canadien est 5 fois moins élevé que celui des entreprises sous contrôle
étranger.1 De toute évidence, on ne roule pas sur l'or.
comparativement à celui des entreprises sous contrôle étranger, que les étiquettes
indépendantes ne peuvent pas générer de capitaux suffisants pour assurer leur
expansion, voire leur survie. Dans l'étude de Ernst & Young réalisée pour le Groupe
de travail sur l'avenir de l'industrie canadienne de la musique, par exemple, on fait
remarquer que "le Royaume-Uni, dont la population est légèrement plus que le
double de celle du Canada, nourrit plus de sept fois plus d'entreprises
indépendantes".1 La même étude révèle que les sociétés indépendantes canadiennes
"n'ont pas les ressources financières nécessaires pour se livrer à des activités
d'envergure en ce qui concerne le marketing, la mise en valeur des artistes et du
répertoire, la formation des cadres, la planification à long terme et d'autres activités
essentielles".1
La concurrence envers les grandes multinationales est donc d'autant plus difficile, vu
leur solidité financière relative, « les
grandes maisons tendent à dépenser plus Le niveau de bénéfice des maisons
que les indépendants au chapitre de canadiennes indépendantes est
l’enregistrement, des vidéos, de la publicité tellement mince qu’elles ne peuvent
et de la promotion commerciale, de générer de capitaux suffisants pour
l’encouragement à la radiodiffusion des assurer leur expansion, voire leur
compositions et de l’appui des tournées. » survie.
Quant aux disquaires indépendants, on observait en France que plus de 90 pour cent
d'entre eux avaient fermé leurs portes, entre 1979 et 1997, indiquant "l'ampleur de la
concentration de la distribution pour l'essentiel assurée par quelques grandes
enseignes".38 Je ne possède pas de statistiques précises qui me permettraient
d'évaluer la situation des disquaires indépendants au Québec et au Canada, mais je
présume que les données doivent être du même ordre. Il serait toutefois opportun de
souligner qu’ici, « à l'exception de HMV, (qui est sous contrôle de la société mère
britannique d’EMI), les magasins spécialisés sont principalement de propriété
canadienne ».21
Une autre statistique où le Canada fait piètre figure : les ventes de « Singles ». Alors
qu’elles comptent pour 15 pour cent des ventes en Europe, le pourcentage observé au
Canada n’était que de 1 pour cent.42 On imputait alors cette contre-performance à la
non-disponibilité de Singles à bas prix au Canada. Afin de « ré-énergiser » le marché
canadien, on annonçait en novembre 2002 une offensive pour accroître radicalement
la disponibilité des « Singles »42, les grands distributeurs s’étant apparemment
concertés pour offrir un grand nombre de titres, à prix inférieur. Les résultats n’ont
pas tardé à témoigner du succès de cette initiative : des données publiées en février
2003 par Nielsen SoundScan indiquent une augmentation de 134% des ventes de
« singles ». À lui seul, le géant HMV a vendu au Canada 117,000 singles depuis le 1er
octobre 2002, dont 28,000 dans les 17 magasins du Québec43.
Le prix des disques compacts, spécifiquement celui des albums, a justement été
invoqué par des internautes pour justifier le recours à la copie, au piratage et aux
téléchargements illégaux. Qu’en est-il exactement au Canada ? Quoique la tendance
actuelle soit à la hausse, il est important de retenir que « le prix des disques... est un
des plus bas au monde ».21 Nous allons étudier ci-dessous cette question qui en irrite
plusieurs.
À ce titre, le consommateur canadien est donc choyé. Les prix de gros exigés au
Canada pour des disques compacts se situent au troisième rang parmi les plus faibles
13
Vous brûlez sans doute de savoir quelle est la part de l’artiste dans tout ça? Entre
$0.50 et $2.10, selon l’étude de Durlacher Research effectuée en 2001.44
On pourrait souhaiter que le prix de détail diminue dans les prochains mois, ce qui
contribuerait sûrement à ramener les amateurs de musique vers les circuits
traditionnels et légaux de distribution et de vente de disques compacts.
Malheureusement, la tendance observée récemment laisse croire le contraire, en tous
cas en ce qui concerne les nouvelles parutions d’artistes ou de groupes établis. Qu’en
pensent les analystes ? Price Waterhouse Coopers prévoit une augmentation du coût
unitaire des disques compacts, entraînant une nouvelle diminution des ventes et
encourageant la transition vers des sites d’abonnement numérique14 et sans doute le
recours aux sites d’échange de fichiers numériques où se transigent quotidiennement
des millions de pièces musicales, sans frais aucun et sans égard aux législations
relatives aux droits d’auteur. Les pertes qui en découlent pourraient logiquement être
invoquées par les maisons de disques pour justifier l’augmentation du prix des CDs.
Vous comprendrez que l’industrie se plonge alors dans un « cercle vicieux » qui
pourrait se révéler suicidaire.
Pour terminer sur cette question du prix des disques compacts, je vous cite ici
l’opinion de la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique (traduction
libre)46 :
«La proportion du prix d’un CD représentée par le coût de fabrication est minime. Sa
réelle valeur se trouve dans les droits et la créativité qu’il protège ».
15
Alors qu'on aurait pu croire que les disquaires traditionnels allaient être sérieusement
affectés par les vendeurs de musique en ligne et les réseaux légaux de distribution de
fichiers numériques, les résultats indiquent que ces derniers souffrent autant, sinon
plus, que leurs confrères qui ont pignon sur rue. Une étude américaine révèle que la
vente de musique en ligne aurait accusé une baisse de 25% pendant les trois premiers
trimestres de l'an 2002, comparativement à la même période de l'année précédente.
On attribue cette dégringolade principalement à l'utilisation de logiciels P2P ("Peer-
to-Peer") d'échange de fichiers54. Parmi ceux-ci: Kazaa, qui compte maintenant plus
de 190 millions d'adeptes, selon l'Institut Français d'Opinion Publique.55
1999, le site avait attiré, en octobre 2000, plus de 38 millions d’internautes à travers
le monde.57 Les statistiques relevées avant et après la fermeture du site en indiquent
bien la popularité: alors qu'on avait recensé 7.8 milliards de téléchargements pendant
le premier trimestre de l'année 2001, ce nombre est tombé à 2.6 milliards pendant le
deuxième trimestre.14 (On estime qu'à lui seul, Napster avait orchestré 3 milliards de
téléchargements dans le seul mois de février 2001).58 Les internautes ayant
rapidement identifié des alternatives (Morpheus, Kazaa, Grokster, Aimster,
FastTrack, Gnutella...), de nouveaux sites obtiennent un succès d'achalandage
comparable, sinon supérieur, à celui qui les avait précédé. Les recherches de
l'ADISQ indiquent que "de mars 2001 à octobre 2001, l'achalandage des sites
Internet offrant des téléchargements gratuits de musique a augmenté de 492%".57
Vous avez bien lu: ils ont pratiquement quintuplé! Quoique tout estimé du nombre
de fichiers disponibles ou reproduits sur Internet soit forcément spéculatif, on évalue
que 99% des fichiers musicaux disponibles sur le Net le sont sans autorisation de
leurs créateurs originaux.18 Ce qui dérange, ce n'est pas vraiment la présence de
fichiers musicaux sur le Web, mais bien le caractère illégal de leur partage sur le
réseau.
Il est donc regrettable de constater que les nouvelles technologies numériques, qui
représentaient pourtant d'extraordinaires opportunités, constituent maintenant une
menace envers le talent créateur et que l'usage premier des réseaux "P2P" est le
piratage débridé d'œuvres protégées par des droits d'auteur; les créateurs de ces
œuvres voient leur travail distribué sur la planète entière, mais ne bénéficient
d'aucune compensation.61 Peu d'artistes ont osé manifester leur opposition à l'usage
effréné de leurs œuvres à des fins pour lesquelles ils ne reçoivent aucune
rémunération. Ceux qui l'ont fait jusqu'à présent ont fait l'objet d'un boycottage.
D'autres ont même été jusqu'à soutenir et encourager le recours aux sites gratuits
d'échange de fichiers. D’autres encore dont les Beastie Boys, Tom Petty et Alanis
Morissette s’étaient opposés à leur maison de disques, manifestant l’intention de
diffuser gratuitement certaines de leurs chansons sur le Net.47 "On peut toutefois se
demander si les artistes qui se positionnent comme défenseurs invétérés de la gratuité
17
sur le net ne jouent pas un double jeu : une façade démagogique qui vise à
s'approprier un capital sympathie en soutenant les jeunes contre le pouvoir de ces
"multinationales" du disque. C'est le cas de Courtney Love, qui derrière ses prises de
position publiques en faveur de la gratuité de la musique, avait exprimé ses craintes
de ne pas toucher un sou des produits de la lutte Universal-MP3.com, lutte faite au
nom des artistes."62 D'autre part, quelques groupes avaient soutenu Napster dans sa
bataille contre les grandes compagnies du disque, notamment Public Enemy, Limp
Bizkit et The Offspring. Ironiquement, The Offspring avait été attaqué par Napster
pour avoir imprimé des t-shirts aux couleurs de leur site Web...
« Toute diffusion non autorisée est un acte de piraterie, et ce n’est pas parce qu’une
technologie rend une opération possible que le procédé est moralement légitime ».62
La Loi sur le droit d'auteur est entrée en vigueur en janvier 1924 66 De rares
modifications y ont été apportées au fil des années, mais un véritable processus de
modernisation a été amorcé en 1988. Depuis ce moment, la première révision
d'envergure (le projet de loi C-32) a reçu la sanction royale le 25 avril 1997 et donnait
lieu, le 4 juin 1998 32 à la ratification de la Convention de Rome sur la protection des
artistes-interprètes exécutants, des producteurs d'enregistrements sonores et des
organismes de radiodiffusion.31 Nous simplifierons ici en parlant de "droits
voisins"67 et il convient d'ouvrir une parenthèse à ce sujet, puisqu'une telle
disposition, promise depuis plusieurs années1, était réclamée à grands cris.
L'adoption de mesures relatives aux "droits voisins" a été faite avec un peu de retard:
Sophie Bernard, cite Robert Pilon (alors Vice-Président aux affaires publiques de
l'ADISQ) dans le numéro du 15 janvier 1997, du Journal du Barreau: "Le dernier
pays en date ayant adopté une loi sur le droit d'auteur comprenant les droits voisins
est la République de Moldavie... Si le Canada ne peut pas faire ce que la Moldavie a
réussi à faire, il y a un problème!".31 (Le Canada était alors le seul pays de l'OCDE
- sauf les Etats-Unis - n'ayant pas ratifié la Convention de Rome, qui constitue "la
20
Le Canada peut donc se vanter maintenant d'avoir précédé les Etats-Unis dans
l'adoption de mesures législatives s'attaquant au "problème" des droits-voisins. Mais
nos puissants voisins du Sud sont connus pour leurs fâcheuses habitudes. Déjà leur
industrie culturelle pénètre et domine la planète entière, voici maintenant que
l'industrie canadienne de l'enregistrement sonore est, à mon humble avis, menacée
d'affaiblissement par l'Accord de Libre Échange et l'ALENA. Nous avons été
témoins de la faiblesse du Canada à faire valoir sa souveraineté dans le dossier du
bois d'œuvre; nous risquons à nouveau des frictions
Le Canada peut se vanter dans celui de l'enregistrement sonore. Le Canada
maintenant d’avoir désire maintenir et renforcer ses mesures
précédé les Etats-Unis législatives, exercer un contrôle des investissements
dans l’adoption de étrangers et assurer une forme de soutien financier à
mesures législatives l'industrie de l'enregistrement sonore (quoique ce
s’attaquant au rôle soit souvent assumé par les provinces), mais
« problème » des droits nous nous buterons à la position ferme des Etats-
voisins. Unis qui considère qu'il s'agit d'une industrie
"comme toutes les autres" .4 Nous entretenons
l'illusion que l'industrie de l'enregistrement sonore sera exemptée de l'ALENA, à titre
d'instrument d'expression culturelle.4 Cette interprétation sera à coup sûr contestée
par les Etats-Unis qui "sont partisans d'une libéralisation quasi absolue de la
circulation des produits culturels et de l'abolition des mesures nationales de
protection et de soutien". Une autre guerre s'annonce donc, peu meurtrière mais
néanmoins dommageable. On peut facilement imaginer, par exemple, que les
exigences imposées par le CRTC pour assurer un minimum de contenu canadien sur
les ondes seront considérées par les Etats-Unis comme une barrière à la libre
circulation du produit culturel et un obstacle à la pénétration déjà envahissante de la
culture américaine sur les palmarès canadiens. Il est important que le Canada
défende farouchement sa position et se prépare à repousser systématiquement toute
tentative du voisin américain visant la désintégration des mesures nationales que nous
21
Il faut applaudir aux efforts de nos législateurs pour conférer aux artistes-interprètes
les droits qui n'étaient pas reconnus jusqu'à présent mais il importe, pour le bénéfice
des artistes interprètes, des auteurs et compositeurs, de clarifier la Loi sur le droit
d'auteur pour assurer que la communication (particulièrement sur le réseau Internet)
et la reproduction d'œuvres protégées ne puissent se faire sans l'autorisation des
détenteurs de droits. La technologie « MP3 » qui permet de comprimer un fichier
pour son téléchargement dans un rapport 12 : 1 « pose de manière aiguë le problème
du transfert dans le cyberespace des modèles traditionnels de droit d’auteur et de
rémunération à la pièce des auteurs et éditeurs.40 « La Loi sur le droit d'auteur doit
préciser clairement que l'acheminement d'un enregistrement sonore par des moyens
électroniques est un exercice du droit de reproduction, sans égard à la question de
savoir si une copie est stockée dans la mémoire de l'ordinateur de l'utilisateur ou si
une copie matérielle distincte est réalisée. »1
Un autre aspect de la révision de la Loi sur le droit d'auteur touche les redevances
relatives à la "copie privée". J'ai déjà abordé longuement ce sujet. Je rappellerai
simplement ici que de nouveaux tarifs sont présentement à l'étude et visent à
augmenter les redevances perçues sur les supports vierges afin de bonifier les
compensations monétaires versées aux créateurs pour la réalisation, à domicile et
pour "usage privé", de copies de leurs œuvres musicales.
Prenons aussi un moment pour évaluer l'efficacité des lois actuelles visant à contrer la
contrefaçon et la vente au détail d'enregistrements "pirates" dont les ventes mondiales
22
La GRC se plaint avec raison du peu de ressources qui sont attribuées pour lutter
contre ce genre de crimes. Les directives auxquelles doivent se plier les agents
fédéraux de police ont pour résultat que les marchés aux puces ou les commerces de
détail sont rarement importunés puisqu'on veut éviter que des les ressources fédérales
ne soient affectées à des saisies de "petite échelle".64 Diverses manœuvres sont
d'ailleurs utilisées, notamment dans les marchés aux puces, pour s'assurer que la
vente d'enregistrements contrefaits ne donnera pas lieu à des saisies ou des
poursuites. On peut donc conclure que les forces policières sont au parfaitement au
courant d'opérations illicites en violation des droits d'auteur, mais elles ont les mains
liées et ne bénéficient pas des ressources suffisantes pour nous permettre de croire à
l'éradication éventuelle de la contrefaçon. Des criminels peuvent donc dormir sur
leurs deux oreilles et continuer d'exercer impunément leur trafic, plantant ainsi une
autre épine dans le pied de l'industrie canadienne dont l'existence dépend pourtant
d'une législation adéquate et de son application sévère.
Pour conclure sur ces questions législatives, je vous transmets ici un commentaire de
M. David A. Basskin, directeur général de l'ACEM (une association professionnelle
fondée en 1949 qui représente les intérêts de la majorité des éditeurs de musique en
affaires au Canada; Les membres de l'ACEM et les 30,000 éditeurs clients de
l'ACDRM représentent environ 85 pour cent de la musique utilisée au Canada). Dans
23
"Le droit d'auteur est notre seule richesse. En l'absence de lois sévères sur le droit
d'auteur, qui permettent aux créateurs d'exploiter de manière équitable et de protéger
de façon efficace et abordable leurs œuvres, on écrirait très peu de chansons. Les
seules paroles que la plupart des auteurs produiraient seraient des chansonnettes
publicitaires ".73
Il est en effet légal au Canada, comme nous l’avons déjà vu auparavant, de faire une
copie d’un disque compact « pour usage privé », ce que certains interpréteront
comme un « usage adéquat » correspondant à la notion de « fair use ». Mais si de
nouveaux procédés viennent empêcher sans discernement les copies de disques
compacts, il est vrai que le consommateur risque de perdre le privilège ou le droit que
lui confère la loi de faire un « usage adéquat » du produit qu’il achète. Tout un
débat se prépare alors, sans doute de nature semblable à celui qui avait été soulevé en
1984 dans la célèbre « affaire Betamax » où la légalité des appareils vidéo était
contestée. «Les juges ont estimé que l’utilisation d’un appareil vidéo était du « fair
use » et ne constituait pas une violation indirecte du droit d’auteur ».28 C’est
pourquoi aujourd’hui nous possédons tous un « VCR » à la maison... (quoique le
format VHS ait fait tomber le « Beta » dans l’oubli). L’affaire Betamax aura-t-elle
créé un précédent qui serait applicable au phénomène de la copie de disques
compacts ou du contournement des méthodes qui visent à en prévenir la copie?
Microsoft prévoient cependant qu’il est peu probable que de tels systèmes deviennent
des outils efficaces pour contrer la piraterie. Ils seraient plutôt condamnés à l’échec,
« aucun système ne constituant une barrière impénétrable ». 56 Ironiquement, malgré
cette dernière affirmation, le géant Microsoft a annoncé en janvier 2003 le lancement
d’une nouvelle méthode de protection contre la copie de fichiers musicaux appelée
« Windows Media Data Session Toolkit ».77 Ce système autorise la lecture dans les
lecteurs de disques compacts et les ordinateurs mais rend impossible la conversion en
un fichier MP3 et par conséquent son partage sur le réseau Internet.77
Un projet de loi déposé aux Etats-Unis le 25 juillet 2002 par le Les tentatives pour
sénateur Howard L. Berman vise à protéger les titulaires de entraver, bloquer,
droits d'auteur et restreindre leur responsabilité lorsqu'ils interrompre,
tentent, par divers moyens, d'empêcher la distribution non détourner ou
autorisée ou la reproduction de leurs œuvres sur les réseaux autrement mettre
P2P.14 Les tentatives pour entraver, bloquer, interrompre, hors d'usage les
détourner ou autrement mettre hors d'usage les réseaux réseaux diffusant
diffusant des fichiers piratés pourraient donc se faire en toute des fichiers piratés
légalité.79+80+81 À ce sujet, des inquiétudes avaient été pourraient donc se
soulevées lorsque des étudiants français avaient annoncé la faire en toute
mise au point d'un "arsenal censé combattre l'échange de légalité... Les
fichiers sous copyright". Le projet avait été baptisé RETSPAN réseaux « P2P » ne
(une anagramme de NAPSTER...) et prévoyait disséminer des sont pas à l’abri.
fichiers dégradés sur des réseaux tels que Gnutella et Kazaa.
L'avenir pourrait prouver que les chercheurs de Microsoft se sont trompés lorsqu'ils
affirmaient, en novembre 2002, qu'il n'existe pas d'entrave technique aux
26
Information et sensibilisation
Il semble que plusieurs utilisateurs de réseaux d'échange de fichiers musicaux ne
savent même pas qu'ils commettent fréquemment un acte illégal. Adéquatement
informés, pourraient-ils être persuadés de modifier leurs habitudes immorales? Peut-
être est-ce exagérément optimiste. Connaissant la nature humaine, nous savons qu'il
subsistera toujours des irréductibles qui continueront sciemment de déjouer le
système, niant ainsi aux créateurs leur droit d'exercer un contrôle sur la distribution
de leurs œuvres. Des étudiants de la Faculté de Génie de l'Université de Sherbrooke
ont avancé que "
la plupart des étudiants sont d'accord
pour dire que c'est immoral de pirater,
mais... ils n'arrêteront pas de le faire...
Il subsistera toujours des irréductibles 83
Pour enrayer le problème, le meilleur
qui continueront sciemment de moyen serait de changer la mentalité du
déjouer le système, niant ainsi aux public de manière à ce que celui-ci
créateurs leur droit d'exercer un prenne conscience de tout le tort qu'il
contrôle sur la distribution de leurs peut causer à l'industrie de même qu'aux
œuvres. artistes. Malheureusement, un tel
changement de mentalité de la part du
public n'est vraiment pas
envisageable".84
"Il manque un joueur... les artistes n'iront pas sur la place publique pour en parler"11
Souhaitons alors que le silence des artistes soit brisé alors que s'amorce - en mars
2003 - la campagne "la valeur de la musique". Cette campagne, lancée par la
Coalition Canadienne pour la Valeur de la Musique (CCVM) s'adresse aux jeunes de
9 à 17 ans et propose "une réflexion sur l'idée que celui ou celle qui achète un
enregistrement musical encourage les artistes à continuer à créer de la musique et
aide la relève à se faire entendre"6.
27
Je ne vais donc pas me noyer ici dans un océan de statistiques. Il devrait être
suffisant de mentionner que l’industrie de la réalisation cinématographique
canadienne reçoit environ 40 fois plus d’aide fédérale que l’industrie de
l’enregistrement sonore. Le secteur des arts littéraires reçoit pour sa part environ 30
fois plus que les producteurs de disques. Ces derniers reçoivent en fait moins de 1%
des dépenses fédérales directes pour la culture.21+1+10+4
28
Les Associés de recherche Ekos Inc parlent d’un financement « très limité », par
l’intermédiaire de FACTOR, MUSICACTION et le Conseil des arts du Canada et de
« prêts modestes d’un secours limité pour des entreprises qui supportent déjà des
dettes excessives ». Ils qualifient l’enregistrement sonore de « parent pauvre au
chapitre de l’aide financière du gouvernement » et ajoute que le niveau actuel
d’appui est « terriblement insuffisant. Il suffit à peine pour permettre au secteur
canadien de survivre ».4
Les entreprises sous contrôle canadien font face à des problèmes fondamentaux de
coût et de concurrence1 et on a accordé peu d'attention à leur viabilité ou à
l'infrastructure qui les soutient.4 Cela constitue une lacune importante "qui limite le
succès actuellement et qui risque de le limiter de plus en plus avec le progrès
technologique".4 Les transformations dont nous sommes actuellement les témoins
exigent une réaction immédiate de l'industrie et des gouvernements pour que des
ressources financières adéquates soient allouées.21 D'un côté, puisque les
investisseurs traditionnels ne croient pas que la propriété intellectuelle constitue une
valeur sûre21, l'industrie a intérêt à générer des profits pour s'autofinancer, ce qui
représente actuellement un défi dans l'environnement hostile que nous connaissons,
d'autant plus qu'il a été démontré que les profits avant impôts des entreprises basées
au Canada sont 18 fois moins élevés que ceux des entreprises basées à l'étranger.4 De
l'autre côté, on souhaiterait que les gouvernements triplent, sinon quadruplent, leur
aide financière. "Le déploiement stratégique de ces ressources amorcerait une
mutation fondamentale".1 Le gouvernement fédéral reconnaît d'ailleurs la
contribution du secteur des arts et de la culture au maintien de l'unité canadienne et
convient que "des mesures visant à protéger et à promouvoir ce secteur sont
indispensables".66
Le passé et l'avenir
Il suffit de retourner 8 ans en arrière pour constater qu'on nageait alors dans l'inconnu
et qu'on sous-estimait la rapide progression des techniques numériques: "Une ligne
téléphonique normale accepterait la musique, mais il faudrait trois jours pour
télécharger un album de 72 minutes"10. Cette affirmation nous apparaît aujourd'hui
risible.
Les études qui concluent que "les détaillants qui suivent l'évolution survivront"
n'arrivent pas à me consoler, surtout lorsqu'elles invoquent que "la fréquentation des
points de vente au détail est une activité sociale. Les magasins jouent un rôle
communautaire dans l'ensemble de la culture des admirateurs".10 L'ennui c'est qu'en
général ceux qui assument un "rôle communautaire" dans la société le font souvent
bénévolement! Je serais donc porté à donner raison à Ernst & Young qui conclut que
"les nouvelles formes de distribution électronique représentent une menace à long
terme pour le secteur de la vente au détail dans sa structure actuelle".21 Cela me
semble plus réaliste.
Il me semble donc clair que la distribution physique, telle que nous la connaissons
aujourd'hui, est vouée à disparaître au profit des deux grandes plates-formes légales
de distribution électronique (Pressplay et Musicnet) mises en place par les cinq
grandes maisons de disque. Je n'ai que peu d'espoir pour la survie des magasins
spécialisés. Il faut vraiment se rendre à l'évidence: l'avenir appartient à la
distribution électronique, à condition qu'on arrive à aplanir certains obstacles
menaçants. Un rapport publié en novembre 2002 par Informa Media prévoit que ce
n'est pas avant l'an 2005 que les maisons de disques réussiront à développer des
méthodes pour contrôler la copie de masse par les pirates et les consommateurs et
pour restreindre la pratique populaire de télécharger des chansons à partir de sites
Web illégaux.86 Les études de Price Waterhouse et de Durlacher Research 44
évoquent aussi une forte progression de
la distribution numérique, qui deviendra La distribution physique, telle que nous
la forme dominante de distribution de la la connaissons aujourd'hui, est vouée à
musique, à partir de l'an 2005 (on disparaître au profit des deux grandes
prévoit que le chiffre d'affaires de plates-formes légales de distribution
Presplay et MusicNet, comparativement électronique (Pressplay et Musicnet)
à 2002, sera multiplié par vingt!)14; le mises en place par les cinq grandes
résultat sera une profonde maisons de disque... Je n'ai que peu
transformation de l'industrie, qui d'espoir pour la survie des magasins
bénéficiera des économies provenant de spécialisés.
l'élimination de la distribution
physique.10
D'ici là, dit-on, le piratage se poursuivra alors que les technologies sophistiquées
continuent d'évoluer. Mais, contrairement à ce qu'avance Informa Media, les
analystes de Durlacher croient qu'il sera impossible d'imposer de nouveaux standards
qui empêcheraient la copie et l'échange de fichiers illégaux. Les efforts et initiatives
de l'industrie pour supplanter et éliminer le format "MP3" seraient alors voués à
l'échec.44
31
Vraisemblablement, nous nous dirigeons vers une disparition des supports audio pré-
enregistrés. Le disque compact survit encore, pour le moment, mais la cassette audio
est déjà victime de l'univers numérique. Des détaillants, tels HMV et Music World (et
je partage leur opinion) ont affirmé que l'on assiste à une disparition prématurée du
format "cassette". Plusieurs titres parus en 2001 l'on été exclusivement en disque
compact. En 2002, les nouveautés disponibles en cassette faisaient figure
d'exception. 2003 s'annonce encore pire, alors qu'un grand nombre de titres existants
seront supprimés des catalogues, accélérant l'évanouissement de ce format. Alors
que les distributeurs canadiens avaient expédié 15 millions de cassettes en 1997, ce
nombre est tombé à 1 million en 2002, selon Solutions Research Group87. Les
détaillants estiment que la rareté relative des cassettes peut avoir contribué au déclin
général des ventes, tous formats combinés.14 Certains consommateurs préfèrent
encore la cassette, notamment en raison de son prix inférieur, et plusieurs utilisent
encore exclusivement ce format dans leur automobile. La conversion forcée au
disque compact et le retrait hâtif des cassettes existantes, loin d'aider à apaiser les
troubles actuels de l'industrie, semble au contraire en accélérer la chute.
Parmi les interventions des "majors" de l'industrie du disque pour assurer leur avenir,
on trouvera sans doute un "lobbying" étroit auprès des législateurs pour l'adoption de
lois plus précises et sévères - assez pour avoir un effet dissuasif 84 - à l'endroit des
contrevenants. Le Canada devra faire sa part en poursuivant la modernisation de son
cadre du droit d'auteur et remplir son engagement d'assurer "un équilibre approprié
entre la protection du droit d'auteur et l'accès aux œuvres dans le nouvel
environnement technologique"29 La prospérité de l'industrie de la musique en
dépend. "Ce n'est que si les compositeurs de chansons et de musique, les interprètes,
les éditeurs et les sociétés d'enregistrement sonore peuvent contrôler l'utilisation qui
est faite de leurs œuvres ou peuvent à tout le moins exiger de recevoir un
remboursement lorsqu'elles sont utilisées, que l'industrie de la musique peut réussir
et que les créateurs et les interprètes peuvent connaître des carrières professionnelles
intéressantes."1
Conclusion
Il me faut conclure que l'industrie de la musique est à la dérive. Son sort pourrait être
celui du Titanic; alors qu'elle semblait promise à un bel avenir, naviguant sur une
source apparemment inépuisable de dollars, l'industrie voguait allègrement sans se
soucier de la présence d'un écueil géant. Elle a donc été éventrée par l'émergence
d'Internet et des technologies numériques. Alors que le bateau prend l'eau, les
officiers affolés courent dans toutes les directions, tentent par tous les moyens de
limiter les dégâts, sortent précipitamment les bateaux de sauvetage et réalisent qu'ils
n'ont aucune chance d'être tous sauvés. Dans le froid et l'obscurité auxquels ils sont
confrontés, les membres de l'équipage constatent qu'ils devront faire des sacrifices.
Leurs cris et leurs pleurs ne seront pas entendus. Il est trop tard pour revenir en
arrière et la brèche est trop importante pour être colmatée. L'histoire se répète: le
vaisseau est condamné et il y aura peu de survivants.
Les amateurs de
Le scénario est apocalyptique mais néanmoins plausible.
musique réclament,
Le sauvetage de l'industrie de la musique passe d'abord par
avec raison, une
une prise de conscience et un auto-examen sérieux. Elle
amélioration de la
devra se transformer, s'adapter aux nouvelles réalités dont
qualité du produit
elle n'a pas su prévoir l'impact, dans sa maladresse et son
musical offert, un prix
insouciance. Un effort synergique est urgent pour d'abord
plus équitable, une
se réconcilier avec les amateurs de musique. Ces derniers
diversité accrue, un
réclament, avec raison, une amélioration de la qualité du
accès facile et pratique
produit musical offert, un prix plus équitable, une diversité
à l'univers musical et
accrue, un accès facile et pratique à l'univers musical et une
une assurance que les
assurance que les artistes et créateurs sont adéquatement
artistes et créateurs
traités par les maisons de disques. Pour ma part, j'ajouterai
sont adéquatement
que les grandes maisons de disques doivent rétablir et
traités par les maisons
maintenir le support qu'ils ont accordé dans le passé aux
disquaires qui constituent encore le dernier chaînon entre de disques.
l'artiste et le consommateur et un circuit privilégié de con-
tact direct avec l’amateur de musique. La Coalition Canadienne pour la Valeur de la
Musique entreprend une campagne de sensibilisation auprès de jeunes. Elle réclame
pour cette campagne l'appui des disquaires en affirmant que "la voix des détaillants
est essentielle au succès..."6 Je souhaite que cet appui soit mutuel et que l'industrie
réalise que les efforts actuels de déploiement des plates-formes de distribution de
musique numérique contournent les circuits traditionnels de vente au détail et
menacent la survie des disquaires.
34
Quant aux gouvernements, il faut féliciter les législateurs pour les efforts visant la
modernisation des textes de loi relatifs au droit d'auteur et la propriété intellectuelle.
Mais la partie n'est pas gagnée. Après avoir accusé un retard gênant, nos lois
cheminent maintenant vers une harmonisation planétaire mais il faut désormais
prendre les devants et s'assurer que la législation ne vise pas uniquement à corriger
les lacunes du passé mais bien à devancer les événements et créer des lois qui
précèdent l'émergence de nouvelles potentialités de violation des droits. Il serait
également opportun de répondre aux besoins criants de l'industrie en offrant un
support accru aux producteurs indépendants, non seulement pour assurer leur survie
mais aussi pour offrir aux nouveaux talents une opportunité de pénétrer un marché
qui s'avère actuellement plus hostile qu'accueillant.
Et je garde le dessert pour la fin: les amateurs de musique, les consommateurs, ceux-
là même qui ont assuré jusqu'à présent le formidable développement de la musique.
J'étais présent lors des 8e Rencontres de l'ADISQ tenues à Montréal en mars 2003.
Les intervenants de l'industrie de la musique ont alors dû constater avec grand
désarroi que les jeunes, qui sont pointés du doigt comme responsables du déclin de
l'industrie de la musique, sont insensibles à tout discours moralisateur et
imperméables aux plaidoiries braillardes des magnats de l'industrie. De toute
évidence, une nouvelle approche, plus conciliante et moins accusatrice, doit être
envisagée pour regagner la faveur des amateurs désabusés. Leur soutien est
indispensable. Pourtant, une clôture s'est élevée entre les membres de l'industrie et
ceux qui les font vivre. Et la bonne
volonté semble être absente dans les De toute évidence, une nouvelle approche,
deux camps. D'un côté l'industrie plus conciliante et moins accusatrice, doit
joue à la police constatant que les être envisagée pour regagner la faveur des
internautes manifestent la ferme amateurs désabusés. Leur soutien est
volonté de continuer à fréquenter, indispensable
tant qu'ils existeront, les sites où se
partagent illégalement des milliards
de fichiers musicaux; de l'autre côté les consommateurs méprisent les compagnies
qui assurent la production des œuvres musicales et soutiennent que la musique
devrait être gratuite. C'est ce que l'on appelle une impasse.
35
Je crois que l'argument des amateurs de musique ne doit pas être totalement et
immédiatement rejeté. Je propose ici une solution qui devrait stimuler la réflexion:
Oui! La musique devrait être gratuite! Mais il y a une condition essentielle et
incontournable: l'artiste doit être d'accord! Si un créateur décide, pour des raisons
qui lui sont propres, d'autoriser la diffusion gratuite de son œuvre sur Internet, qu'il en
soit ainsi. Mais si au contraire il choisit de gagner sa vie en composant de la
musique, en écrivant ou en interprétant des chansons, acceptons de payer pour jouir
du fruit de son travail, comme nous le faisons pour tous les autres biens de
consommation. Respectons ce droit des créateurs de disposer de leurs œuvres comme
ils l'entendent. Cela n'empêchera sans doute pas le Titanic de couler, mais au moins
nous n'aurons pas poussé les passagers et l'équipage à l'eau...
RÉFÉRENCES:
1 - Le Temps d'agir - Rapport final du Groupe de Travail sur l'Avenir de l'Industrie Canadienne de la
Musique - mars 1996 (Document disponible sur le site du Patrimoine Canadien:
http://www.pch.gc.ca/pc-ch/pubs/ic-ci_f.cfm)
(présenté à l'hon. Sheila Copps, Min. du Patrimoine Canadien). - Brian Chater, Coprésident du Groupe
de Travail (est aussi président de la CIRPA "Canadian Independant Recording Producers Association)
& Brian Robertson, Coprésident du Groupe de Travail (est aussi président de la CRIA "Canadian
Recording Industry Association". Les autres membres: Rosaire Archambault (PDG du Groupe
Archambault Inc.); David A. Basskin (Président de la CMRRA "Canadian Musical Reproduction
Agency Ltd"); Claudette Fortier (DG de la SODRAC "Société de Droit de Reproduction des Auteurs,
compositeurs et éditeurs au Canada"); Gisèle Fréchette, (Présidente de la Guilde des Musiciens du
Québec) ; Robert Pilon (Vice-président exécutif de la Coalition pour la diversité culturelle) ; Michel
Sabourin (Président de la Commission du disque et du spectacle de variété); Jason Sniderman (VP
Sam The Record Man); Paul Spurgeon (VP Services Juridiques - SOCAN "Société Canadienne des
auteurs, compositeurs et éditeurs de musique"); Serge Turgeon (Président de l'Union des Artistes).
3 - Evaluating New Copy-Prevention Techniques for Audio CDs - John Alexander Halderman -
Princeton University -Department of Computer Science (Présenté le 18 novembre 2002 à Washington,
à la 9ième conférence de l'ACM [Association for Computing Machinery] - 2002 ACM workshop on
Digital Rights Management). Copyright © 2002 by the Association for Computing Machinery, Inc.
Abstracting with credit is permitted. (http://www.acm.org/pubs/copyright_policy/)
6 - Mise à jour de la campagne "La valeur de la musique" - EMI Music Canada - Release Book 03-08.
Le lecteur est invité à consulter le site keepmusiccoming.com
7 - Annonce publicitaire: Bankruptcy Auction - Valley Media, Inc - Videobusiness - 4 Fev. 2002
8 - Wherehouse files for Chapter 11 - 21 janvier 2003 - Source: cnn.com, publié sur le site de
AudioRevolution.com (http://www.audiorevolution.com/news/0103/21.wherehouse.shtml) . Avec
permission.
9 - Rough year predicted for music industry as retail music stores close - 3 Jan. 2003 - Music Business
Canada.com -
(http://www.cirpa.ca/mbccore.cfm?Page=News&NewsID=294&mark=Newsid&value=294)
(Article dégagé de: U.S. Music Sales Down in 2002, by Jeff Leeds, Los Angeles Times, January 3,
2003; Record Retailers Face Music, Plan Closures, by Jeff Leeds, Los Angeles Times, January 8,
2003; and Sprint, Warner Offer Cell Phones Music Service, by Sue Zeidler, Reuters, January 8, 2003)
10 - Étude sur les incidences des nouvelles technologies sur l’industrie de l’enregistrement sonore au
Canada – Groupe Nordicité Ltée - 12 juin 1995 (Document disponible sur le site de Patrimoine
Canada: (http://www.pch.gc.ca/pc-ch/pubs/ic-ci_f.cfm)
12 - Présentation de Mario Labbé, Analekta, aux 8e Rencontres de l'ADISQ - mars 20023 - Des
initiatives pour ramener l'amateur de musique dans les magasins de disques. Le lecteur est invité à
consulter le site Web: http://www.analekta.com/
13 - Ludiciel, droit d'auteur et copyright - - Anne Laure Caquet - (Thèse soutenue en 1998). Document
disponible au centre de documentation virtuel de l'Institut de Recherche en Propriété Intellectuelle
Henri Desbois - Paris, France) (http://www.ccip.fr/irpi/documentation/theses/resume/1998.htm)
14 - Recorded Music (extrait du document "Global Entertainment and Media Outlook 2002-2006") -
Price Waterhouse Coopers
15 - Canadian Recording Industry Decides not to Authorize Commercial Rental of Sound Recordings -
Brian Robertson, communiqué de la Canadian Recording Industry Association -9 février 1994.
(Extrait de: Étude sur les incidences des nouvelles technologies sur l’industrie de l’enregistrement
sonore au Canada – Groupe Nordicité Ltée - 12 juin 1995 (Document disponible sur le site de
Patrimoine Canada: (http://www.pch.gc.ca/pc-ch/pubs/ic-ci_f.cfm)
16 - CD: Je grave, tu graves, c'est grave! - Jean-Yves Girard, L'actualité (Tiré du site Web de
L'Actulité - décembre 2001) - Avec la permission de l'auteur.
17 - Global Music Disc Piracy continues to grow - Canadian Music Network, No. 55 - Juin 2002.
Avec permission.
19 - http://www.dontbuycds.org/index.html
21 - Rapport soumis au Groupe de Travail sur l’avenir de l’industrie canadienne de la musique – Phase
I – Ernst & Young - mars 1995 (Document disponible sur le site de Patrimoine Canada:
http://www.pch.gc.ca/pc-ch/pubs/ic-ci_f.cfm).
22 - Loi sur le droit d'auteur - Chapitre C-42 Document disponible sur le site de la Commission du
Droit d'Auteur du Canada (http://www.cb-cda.gc.ca/info/act-f.html#rid-30442).
23 - Un aperçu de la loi sur le droit d'auteur. Tiré du site Web de la SOCAN (Société canadienne des
auteurs, compositeurs et éditeurs de musique):
http://www.socan.ca/jsp/fr/music_users/copyright_intro.jsp
25 - Pour des détails supplémentaires, le lecteur est invité à consulter: Le droit d'auteur: ce que vous
devez savoir. Disponible sur le site Web de la SODRAC (Société du droit de reproduction des auteurs
compositeurs et éditeurs au Canada) (http://www.sodrac.com/francais/droit_auteur.html)
28 - Piratage, musique et Internet : la solution se trouve-t-elle dans le modèle américain ? René Pépin -
Professeur, Faculté de droit, Université de Sherbrooke. (Paru dans Lex Electronica, Vol. 7, No 2,
Printemps 2002) - document disponible sur le site Web: (http://www.lex-electronica.org/articles/v7-
2/pepin.htm). Avec la permission de l'auteur
38
30 - Présentation de Claude Brunet, avocat chez Ogilvy Renault, aux 8e Rencontres de l'ADISQ - mars
2003 - Le bouleversement dans le monde de la musique commande de nouvelles mesures législatives
et réglementaires: quelles sont-elles?
31 - L'industrie du disque et de la radio - Le Canada et ses droits voisins - Sophie Bernard - Le Journal
du Barreau, Vol. 29, No. 1 - 15 Janvier 1997 (http://www.barreau.qc.ca/journal/vol29/no1/adisq.html).
Avec permission.
32 - Rapport sur les dispositions et l’application de la loi sur les droits d’auteur – Oct. 2002.
Document disponible sur le site du gouvernement canadien:
(http://strategis.ic.gc.ca/epic/internet/incrp-prda.nsf/vwGeneratedInterF/rp00863f.html) Sauf indication
contraire, l’information contenue sur ce site peut être reproduite, en totalité ou en partie, et par tout
moyen, sans frais et sans autre autorisation de l'Industrie Canada, pourvu qu’une diligence raisonnable
soit exercée dans le but d’assurer l’exactitude de l’information reproduite, que l'Industrie Canada soit
identifié comme étant la source de l’information et que la reproduction ne soit pas présentée comme
une version officielle de l’information reproduite ni comme ayant été faite en association avec
l'Industrie Canada ou avec l’approbation de celui-ci
33 - Oppositions formelles au tarif de la SCPCP. Document disponible sur le site Web de la Canadian
Coalition for Fair Digital Access (http://www.ccfda.ca/subsections/eng_resources.html)
35 - Changements majeurs proposés à la loi sur le droit d'auteur - Jacques E. Labrèche, LÉGER
ROBIC RICHARD, Avocats. /réf. 185.10F - © 1996 LEGER ROBIC RICHARD / ROBIC
(http://www.robic.ca/publications/185-10f.shtml). Avec permission.
37 - The Investors Guide to the Music Industry in Canada (CIRPA - Canadian Independent Record
Production Association, 1994). Cité dans "Examen de la législation, des politiques et des programmes
actuels applicables à l'industrie canadienne de l'enregistrement sonore" - Les associés de recherche
Ekos Inc. - 31 Mars 1995 (Document disponible sur le site de Patrimoine Canada:
http://www.pch.gc.ca/pc-ch/pubs/ic-ci_f.cfm)
38 - Discours d'ouverture des États Généraux du Disque - Catherine Trautmann - Ministre de la culture
et de la communication (France) - 29 juin 1999. Document disponible sur le site du Ministère
(http://www.culture.fr/culture/actualites/conferen/egp99.htm)
40 - Une compagnie de disques adopte le MP3 "copiable" - 3 novembre 1998 - Source: Reuters -
Document disponible: (http://vianet.infinit.net/Nouvelle/Breves/br-9811.htm)
42 - HMV Joins With Major Music Labels To Increase Availability Of CD Singles - 19 Nov. 2002.
Document disponible sur le site de Marketnews.ca
(http://www.marketnews.ca/news_retail.cgi#1037716060). Avec permission de l'éditeur. + Capsule
"Info-Culture" sur la première chaîne de Radio-Canada
43 - Présentation de Jean-Claude Dumesnil, HMV Canada, aux 8e Rencontres de l'ADISQ - mars 2003
- Des initiatives pour ramener l'amateur de musique dans les magasins de disques. Le lecteur est invité
à consulter le site Web: http://www.hmv.com/
44 - Impacts of Digital Distribution on the Music Industry - Durlacher Research Ltd. - 26 Jan 2001
47 - Votre musique (gratuite) par l'Internet - Document didactique disponible sur le site de "Les
Éditions Van In", éditeur scolaire belge
(http://www.vanin.be/nl/html/sec/uitgaven/frans/internetactuel/musinternet.htm)
Source: Articles de Stéphane Davet et Véronique Mortaigne, Le Monde, 15.10.99 (textes adaptés)
48 - Présentation de Philippe Le Roux, V(DL)2, aux 7e Rencontres de l'ADISQ - mars 2002 - Des
solutions d'affaires. Le lecteur est invité à consulter le site Web: http://www.vdl2.com/
50 - La libre circulation du MP3 en danger - 27 juillet 2001 (Commentaire de "Max" sur ID Son.com)
(http://www.idson.com/html/article.php?sid=301)
52 - http://www.ospnewsletter.com/ index_e.asp?let_num=2&rub_num=5
40
53- Présentation de Olivier Trudeau, eworldmusic.com, aux 8e Rencontres de l'ADISQ - Mars 2003 -
La solution eworldmusic.com / Disques RSB: un modèle d'affaires Internet québécois pour les
producteurs de disques - Le lecteur est invité à consulter le site Web: http://www.eworldmusic.com
55 - Présentation de Paolo Galli, Institut Français d'Opinion Publique, aux 8e Rencontres de l'ADISQ -
mars 2003 - Le profil de l'amateur de musique est-il le même ici comme à l'étranger - Le lecteur est
invité à consulter le site Web: http://www.ifop.com/europe/index.asp
56 - The Darknet and the future of content distribution Peter Biddle, Paul England, Marcus Peinado,
and Bryan Willman Microsoft Corporation - 18 Nov. 2002
(http://crypto.stanford.edu/DRM2002/darknet5.doc)
Copyright © 2002 by the Association for Computing Machinery, Inc. Abstracting with credit is
permitted. (http://www.acm.org/pubs/copyright_policy/)
57 - Développement des Technologies – Mise en œuvre d’un plan mobilisateur. Bref Compte rendu
des recherches de l’ADISQ sur l’impact du développement des technologies sur l’Industrie musicale
(http://www.adisq.com/adisq2000/adisq_profil/html/adisq_profil.html). Avec permission de l'ADISQ
58- Replacement Attack on Arbitrary Watermarking Systems- Darko Kirovski and Fabien A.P.
Petitcolas (Microsoft Research) (Présenté le 18 novembre 2002 à Washington, à la 9ième conférence de
l'ACM [Association for Computing Machinery] - 2002 ACM workshop on Digital Rights
Management).
Copyright © 2002 by the Association for Computing Machinery, Inc. Abstracting with credit is
permitted. (http://www.acm.org/pubs/copyright_policy/)
59 - Downloading music from unauthorised Web sites is theft, says Songwriters Association of Canada
- 8 Mars 2002 - Document disponible sur le site de GoodMedia.com
(http://www.goodmedia.com/sac/news/pressreleases.htm)
60 - Le téléchargement et la copie font baisser les ventes de musique (BMG Company Statement on
Copy Control (http://www.bmgcopycontrol.com/france/index.html)
61 - Speech by the Honorable Howard L. Berman to the Computer and Communications Industry
Association Regarding Solutions to Peer to Peer Piracy - 25 juin 2002 (M. Berman, avocat né en
1941, est sénateur démocrate, à la chambre des Représentants, pour le 26e district de Californie -
incluant Los Angeles). (http://www.house.gov/berman/p2p062502.html)
65 - Music and the Internet - RIAA (Recording Industry Association of America) (www.riaa.org)
41
66 - Historique des modifications législatives - Document disponible sur le site de Patrimoine Canada
(http://www.pch.gc.ca/progs/ac-ca/progs/pda-cpb/legislation/hist_f.cfm).
67 - Entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur les droits d'auteur - 25 juillet 1997 - Document disponible
sur le site de Industrie Canada
(http://www.ic.gc.ca/cmb/welcomeic.nsf/92adade4459b5d32852564e4006736be/9a07a4694d15a0de85
25661200779c65!OpenDocument).
69 - Document de consultation sur le droit d’auteur à l’ère numérique – 22 juin 2001 - Disponible sur
le site du Gouvernement du Canada (http://strategis.ic.gc.ca/epic/internet/incrp-
prda.nsf/vwGeneratedInterF/rp01099f.html).
Sauf indication contraire, l'information contenue dans cette publication peut être reproduite, en totalité
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de l'information reproduite ni comme ayant été faite en association avec Industrie Canada ou le
Patrimoine canadien ou avec l'approbation de ceux-ci.
72 - Saisie de disques compacts piratés - 10 juillet 2002 - Document disponible sur le site Web de la
Gendarmerie Royale du Canada - (http://www.rcmp-
grc.gc.ca/on/french/press/2002/2002_july_10.htm). L'information présente sur ce site y a été affichée
afin qu'elle y soit facilement disponible pour une utilisation personnelle ou publique non commerciale
et peut être copiée, en tout ou en partie et par quelque moyen que ce soit, sans frais ou autre
permission.
Également reproduit sur "MesNouvelles.com" (Branchez-vous) (http://mesnouvelles.branchez-
vous.com/communiques/cnw/DIV/2002/07/c4192.html)
75- Présentation de Richard Bélanger, Disques RSB, aux 8e Rencontres de l'ADISQ - mars 2003 - La
solution eworldmusic.com / Disques RSB: un modèle d'affaires internet québécois pour les
producteurs de disques - Le lecteur est invité à consulter le site Web:
http://www.rsbdisc.com/fr/02/02s05.html
77 - Microsoft lance une nouvelle protection contre la copie de fichiers musicaux - Michel Dumais -
Branchez-vous.com - 20 janvier 2003 (http://www.branchez-vous.com/actu/03-01/07-135501.html).
Avec permission de Branchez-vous.com
79 - Un projet de loi américain contre le piratage "peer-to-peer" - Jean Charles Condo - Branchez-
vous.com - 26 juillet 2002 (http://www.branchez-vous.com/actu/02-07/06-256701.html). Avec
permission de Branchez-vous.com
80 - A BILL - To amend title 17, United States Code, to limit the liability of copyright owners for
protecting their works on peer-to-peer networks - (www.songwriters.org/berman.bill.hr.5211.txt.pdf)
81 - Infection des réseaux P2P par la RIAA : un canular - Michel Dumais - Branchez-vous.com - 15
janvier 2003 (http://www.branchez-vous.com/actu/03-01/07-134501.html). Avec permission de
Branchez-vous.com
83 - MP3 et Piratage - Rapport - Équipe No. 09 - Gabriel Hébert, Mathieu Viau, François Duhaime
(étudiants, Faculté de Génie de l'Université de Sherbrooke - Automne 99)
(http://www.sca.usherb.ca/gin555/ex_them/1999-AUT/4A-EQ09R.HTM)
84 - MP3 et Piratage - Rapport - Équipe No. 04 - Steve Lessard, Jimmy Turmel, Pascal Picard
(étudiants, Faculté de Génie de l'Université de Sherbrooke - Automne 99)
(http://www.sca.usherb.ca/gin555/ex_them/1999-AUT/4A-EQ04R.HTM)
86 - Report predicts continuous decline in music sales until 2007 - 12 Novembre 2002 - Music
Business Canada.com -
(http://www.cirpa.ca/mbccore.cfm?Page=News&NewsID=275&mark=Newsid&value=275) (Résumé
de "Net Piracy Will Extend Record Industry’s Recession", by Raymond Snoddy, The Times). Avec
permission de la CIRPA.
87 - Présentation de Kann Ygit, Solutions Research Group Consultants Inc, aux 8e Rencontres de
l'ADISQ - mars 2003 - Le profil de l'amateur est-il le même ici comme à l'étranger? - Le lecteur est
invité à consulter le site Web: http://www.inthenameofcool.com
88 - FAI forcé de révéler l'identité d'un utilisateur de Kazaa - Jean-Charles Condo - Branchez-
vous.com - 21 janvier 2003 (http://www.branchez-vous.com/actu/03-01/07-135702.html). Avec
permission de Branchez-vous.com
89 - Bertelsmann, Time Warner discuss clubs merger - 21 avril 2000 - Indian Express Newspapers
(Bombay) Ltd . - Reproduit sur le site Web de "The Financial Express"
(http://www.financialexpress.com/fe/daily/20000422/fco22064.html)
91 - États financiers consolidés de SONY pour le premier trimestre terminé le 30 juin 2002
(www.sony.net/SonyInfo/IR/financial/ fr/2002-7-25/pdf/03_ophb.pdf)
43
92 - AOL TIME-WARNER - Résultats financiers pour le trimestre financier terminé le 31 Mars 2001
(http://biz.yahoo.com/e/010419/aol8-k.html)
94 - Canadian Music Network, No. 86, 27 Fév. 2003 au 5 mars 2003. Avec permission.
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