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D'EMILEBOUTROUX
II r
III
à la manière de la con-
l'unité, maisqui demeurait partagée, quant
celle
cevoir et de la. réaliser, entre deux formules, -contradictoires,
de- Treitechke. La liberté par l'unité celle- de Bl.UB.ts.ehH. L'un ité
par la- liberté. Certes, il est malheureux, pour • rAlkmu^i.e* plus
malheureux encore pour la France, el: pour l'Europe,, que l'esprit
de Treitschke aitpfévaLu. Pourtant) Boutroux demande qu'on ne
se laisse pas, sous la réaction de l'événement, aller- à croire qu'on
de l'avenir Comme il L'avait
pouvait prononcer le mot définitif
écrit en 1&77, comme il l'avait redit aux Prussiens œ-mêmfis-,
au printemps de 1914, l'aspiration-, à l'union, avec, lie tout, qui
est le fond-de L'esprit allemand, et" qui le: rend complémentaire
de i'îrama-
de L'esprit français, jo«ra u» rôle utile dans l'évolution
se concilier avec le
nité, à la condition, qrae cette aspir.ationrsadie.
soAiéi de l'indépendance des- parties, Aussi Boutroax pose-t-il la
et admirée le monde,1,' Aile-
question: « L'Allemagne: qu'a respectée
morte, Eenaitr.a-t.-eUe?» »
magne de Leibniz et de Gœthe, paraît bien,
où n.os
Mêmèr da-os-«la. violation, des lois divines, et humaines^,
ennemis s'acharn-aient d'autant plus, q.trele-ùr&caaneea d'hégémonie
univeffSBlle1 s'éloignaient davantage, il était comme tenté de
chercher un gage d'espérance « 11 est permis de remarquer que
où l'Allemagne voit la plus haute expression de son
l'état-d'esprit
et que les monstres* selon
génie, est, en soi, une chose monstrueuse,
»
les lois de la nature, tendent, d'eux-mêmes, à. disparaître
la lui a, été déelaréer: elle
Quant à la France, depuis que guerre
n'a pas eu à hésiter, elle n'a pas hésité. Les sacrifices tragiques
attestent à quel
qu'elle multiplie pour se. survivre matérielle.menJî,,
elle-même. Et Bou-
point elle est digne de se continuer moralement
« Le patriotisme de J:eanne d'Arc,, de- Turenne, de&
tro.ux- écrit
sur la haine. Il était
armées de la Révolution ne sa fondait pas
essentiellement l'amour. de la France, lie-.de.sk de la voir libre,
les temps que nous
grande, glorieuse et belle, La. France,, depuis
l'union
racontent nos Chansons de Geste jusqu'à nos. jours, c'est
d'an cœur généreux et d'une claire, raison. Et efitLe_ place faite,
élevés et délicats,. ne fut. pas,
jusque dans la guerre, aux sentiments
de- faiblesse. » Au milieu de l'inquié-
pour-nôtre patrie, une cause
tude d'après guerre, à peine moindre que l'anxiété durant -la
se retrouve de droite intelugence et
guerre, la .même inspiration
d'e-ntière universalité, témoin cette- déclaration de février 1920,
Vie à traeer le devoir pré-
lorsque Boutroux fut invité par Foi e-L
L. BRUNSCHVICG. – LA PHILO&OPEIE
-< d'ÉMILE BOUTROUX.
&J"V'a. 279
G111
Le conflit de la science et de la
religion définit, pourrait-on dire,
la pensée moderne en tant que telle. IL ne.lTe résoudra
donc pas du
dehors, par des conseils de prudence et de tolérance. Derrière les
sciences, il y a l'esprit scientifique; derrière les religions, il y a
l'esprit religieux. Et chacun. de ces esprits, pris en soi, veut être
tout pour soi c'est une loi de La vie qu'il faut commencer
par
poser et par accepter, avant de chercher, par delà le plan de. la
loi, ce qui est la raison profonde et peut. devenir la signification
consciente de la vie. « Tous les progrès se font en
développant pour
elle-même une partie qui, en fait, nesubsiste
que parle tout auquel
elle, .appartient. » Et, en effet, au xix* siècle, du côté. scientifique
comme du côté religieux, la tendance
générale a été de pousser la
science. et la religion jusqu'à l'absolu de leur
concept.
A la doctrine-originelle de Comte, dont. Boutroux a maintes fois
souligné l'inspiration métaphysique,, s'est substitué un positivisme
vulgaire (et d'ailleurs, sur l'autorité de Ravaisson,.souvent attribué
au fondateur de la doctrine) qui,. dans touteTé tendue de
l'encyclo-
pédie scientifique, depuis la mathématique jusqu'à la sociologie,
préconise une méthode uniforme. et homogène, en vue de réduire
les phénomènesaux conditions données et. observables. du dehors,
qui fait rentrer dès lors toutes les manifestations de la nature
physique ou morale dans un même cadre de relations quantita-
tives, relevant d'un seul principe de conservation. Or, le méca-
nisme scientifique,, par là même qu'il prend de ce
possession
monde, livré aux disputes des. hommes, ne libérerait-il pas les
valeurs religieuses en permettant de les faire remonter, pour en
préserver la pureté et L'intégralité, à leur patrie céleste, de les ren-
voyer au foyer transcendant de l'éternité? Mais précisément, répond
Boutroux, la philosophie commence au moment où sont abattues
les cloisons que l'on a prétendu établir entre la science et la
280 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORÂ.LE.
Léon BRUNSCHVICG.