Raymond Vaufrey

André Leroi-Gourhan

IIe Circonscription
In: Gallia. Tome 7 fascicule 2, 1949. pp. 241-247.

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Vaufrey Raymond, Leroi-Gourhan André. IIe Circonscription. In: Gallia. Tome 7 fascicule 2, 1949. pp. 241-247.

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 IIe CIRCONSCRIPTION PRÉHISTORIQUE

INFORMATIONS
Antiquités Préhistoriques
IIe CIRCONSCRIPTION lités de synthèse. Après une prospection
d'essai en 1947 dans la petite grotte du
M. Raymond Vaufrey, directeur Loup les travaux ont porté sur deux sites
importants: la grotte du Renne, décou
Yonne verte en 1949 par notre groupe et la
grotte de l'Hyène, signalée et fouillée à
Arcy-sur-Cure. — Les fouilles du Cen l'entrée par l'abbé Parât au début dp ce
tre de Recherches préhistoriques du siècle (fig. 1 et 2).

situation des travaux

la Cure
Fig. 1. — Arcy-sur-Cure. Plan de situation : en noir, les chantiers et sondages
(d'après le levé général de J. Emperaire [1950], complété pour la grotte des Fées
par le levé Parât et pour la grotte du Cheval par le levé H. Pichard [1946]).
Musée de l'Homme qui se poursuivent a) Grotte du Renne,: C'est une cavité
depuis 1946 à Arcy-sur-Gure * ont donné au porche effondré, de dimensions en
lieu cette année aux premières possibi- core inconnues; il apparaît par la seule
prospection de l'entrée (fig. 3) que cette
(1) Gallia, VI, 1, 1948, p. 189-192. station- égale ou dépasse la richesse de
242 INFORMATIONS

ARCY-sur-CURE

195O

(cou pes)

grotte du
grotte de Cheval
ï'
Hyène grotte des
(à 7m.) Fées (à 7Om.)
(à 11Om.) 1////////////A

grotte du "safe
Renne 5«fcS&S*!è*aSï?
grotte du v»
(à l'entrée) Lou p b Mt»NMiMV*%HHttM»VV
Ci l'entrée)

Fig. 2. — Correspondance des

différentes coupes observées
d'après les documents de
P. Poulain (grottes du Renne
et des Fées) et d'A. Leroi-
Gourhan (grottes du Loup,
de l'Hyène et du Cheval).
Grotte des Fées : I argile à
cailloutis remaniée; II séd VI
iments argilo-sableux, dispo
sésen feuillets, provenant
de dépôts sous courant faible VII
et intermittent; III séd ■i-^;
iments graveleux provenant
de dépôts successifs sous cou
rant assez rapide. A la base,
fragments de stalagmite r
emaniée; IV galets et argile de contact du calcaire encaissant; à la base (V), poche
de sédiments sableux à cerf.
Grotte du Cheval : I argiles de décalcification rubannées, sans vestiges, correspondant
à toute la série à faune froide; II couche argilo-sableuse grise correspondant très
probablement au V o de l'Hyène (II des Fées), ravinée par un lambeau d'argile
à cailloutis à faune froide; III probablement IV b de l'Hyène; IV sables et graviers
(Hyène V 6 à /) ; V et VI graviers et galets de la série Hyène V g à m.
Grottes du Loup et de l'Hyène : v. le texte.
 IIe CIRCONSCRIPTION PRÉHISTORIQUE 243

la célèbre grotte du Trilobite située im complets couverts de gravures et de

médiatement à l'est. Sous 4m d'éboulis traits, bâton à trou décoré. L'ensemble
concrétionnés les niveaux suivants ont été parait magdalénien ancien.
atteints successivement: I, surface ac- VI, faible couche dans la blocaille

Illustration non autorisée à la diffusion

Cliché A. L.-G.
Fig. 3. — Arcy-sur-Cure. Grotte du Renne: état des chantiers au maximum d'extension
en surface (niveau V). Au fond : la règle donne l'épaisseur du mort-terrain (4 m.).
Le terrier à droite, au-dessus de la règle horizontale, marque la partie intacte de la
voûte. A la base de la règle verticale, palier du niveau III. A gauche : témoin en
place vers Z et au delà. A droite : paroi. Sol : de gauche à droite : fond du sondage
1949, surface du niveau V, carroyée au mètre, vestiges en place; en plus sombre,
surface ocre-saumon du talus ; contre la paroi : banquette de référence du niveau IV.

tuelle; II, éboulis de pente; III, présumé
magdalénien, n'a fourni encore que peu
de pièces.
IV et V, industrie de silex à burins
plans dominants, nombreux outils dou
bles, raclettes, lamelles à dos et très pe
tites lamelles* retouchées." Poinçons et
fragments d'aiguille« d'os ou d'ivoire. Piè
ces marquantes: base de sagaie à enco
ches, bassin et fémur de mammouth
d'une période de desquamation intense.
Paléolithique supérieur non encore dé
terminé.
VII, belles lames retouchées, un grat
toir caréné, « raclettes » nombreuses, peu
de burins,, très nombreux « microlithes »
sur lamelles. Perles d'ivoire et industrie
d'os peu abondante. Niveau remarquable
par- l'interposition d'une couche ocre
brun-violet entre deux dallages sucessifs
24 i INFORMATIONS

Illustration non autorisée à la diffusion

Clichés N. Dutrievoz.

Fig. 4. — Arcy-sur-Cure. Grotte de l'Hyène (secteur Y 9) : coupe et décapage

du IV 63 (le terrier de garenne a été creusé cette année) , A droite : surface
de la couche, les dallettes recouvrent la surface fertile. A gauche : décapage,
après enlèvement des dallettes, de la surface à vestiges.

de plaques de calcaire et de galets. Mag X, niveau très riche et remarquable

dalénien ancien ou aurignacien supé
rieur.
VIII, industrie de très pauvre qualité,
80 % de chailles taillées, d'aspect assez
voisin du précédent, mais avec lames à
bord abattu de facture médiocre.
IX, industrie mixte de silex et de
chaille, nombreuses lames de Chatclper-
ron, grattoirs, burins (très peu), quel
ques éclats moustéroïdes.
par plusieurs sols aménagés à gros
galets et la présence de 4 défenses de
mammouth. Très nombreuses pointes
de Chatelperron. Peu de burins et pra
tiquement aucun autre outil de silex, sauf
une pointe foliacée épaisse à retouche
bifaciale. Eclats et racloirs moustériens
abondants en chaille.
XI, très peu de silex, outillage de
chaille sur lames et éclats : racloirs, co-
 IP CIRCONSCRIPTION PRÉHISTORIQUE
ches, éclats à retouches grignotées. Allu
re moustérienne; peut être considéré
comme post-moustérien et à peu près
contemporain des brèches 0 et 1 des Fur-
tins.
XII, même industrie, sans lames, avec
de nombreuses « raclettes » (éclats gri
gnotés).
XIII, gros éboulis de blocs.
XIV, niveau identique au IV bl de la
grotte de l'Hyène (moustérien tardif).
Les travaux n'ont pas 'encore dépassé
ce point. Outre l'industrie abondante,, la
station a livré une faune à renne domi
nant de III à X, à cheval dominant de XI
à XIV, et deux dents humaines dans le
niveau X.
b) Grotte de l'Hyène : L'affaissement
du plafond a scellé la grotte au post-
moustérien, de sorte que la série est re
prise à partir du XI de la grotte du
Renne. La cavité est apparue cette année
comme en continuité avec la grotte du
Cheval,, et nous pouvons la décrire sur
plus de 100m de long, jusqu'aux salles
*ies gravures qui, au Paléolithique supé
rieur, n'étaient accessibles que par l'en
trée actuelle de la grotte du Cheval. Il
semble que les grottes du Trilobite, de
l'Hyène et du Cheval appartiennent à un
seul réseau karstique scindé en trois par
le remplissage. La série de la grotte de
l'Hyène complète très heureusement celle
qui a été exposée plus haut (fig. 4) :
III, couche superficielle troublée par
les fouisseurs, mais semblable au XI du
Renne.
IV, série dans les argiles de décalcifi
cationà cailloutis, industrie mixte de
chaille et silex, et faune à cheval ou
renne dominant, divisée en : IVa : post-
moustérien identique au XII du Renne;
IV bl : moustérien tardif identique au
XIV du Renne; pièces marquantes: bolas
nombreuses; limaces de silex. Pour la
245
faune, à noter en IVa et bl, la présence
d'ânes ou poneys assez nombreux; —
IV b2 : stérile sinon un filet à faune
sans industrie encore repérée; — IVb3:
moustérien proche du type de la Quina,
silex dominant dans les formes classi
que»; — IV b4 : (moustérien de silex et
chaille, tendance vers la retouche bifa-
ciale (réaffutage) ; — IV b5: mêmes ca
ractéristiques; — IV b6 : ossuaire im
■
portant d'animaux de chasse; industrie
peu abondante de chaille et quartzite,
d'allura moustéroïde. Plusieurs frag
ments humains: dents, maxillaire supé
rieur et mandibule, péronée,, métatars
ien. Ces- vestiges très importants sont
antérieurs aux néanderthaliens classi
ques et présentent des caractères parti
culiers.
V, série importante de dépôt fluviati-
les (sables, graviers, galets) avec trois
niveaux d'arrêt principaux contenant une
industrie de quartz, chaille et quartzite
à gros éclats de facture pré-mousté-
rienne. Faune tempérée chaude (cerf,
daim, chevreuil).
VI, couche de galets à ciment d'argile
(fig. 2) contenant _ une- faune froide (ren
ne, cheval, éléphant à lamelles étroites)
accompagnée d'une industrie atypique
d'allure plutôt moustérienne, à silex peu
abondants (pièce biface), chailles et gros
outils sur galets de quartzite
VII, couche très ancienne, ayant subi
un court transport : faune 'archaïque à
castor, tortue, daim, hippopotame. Indust
riede gros éclats sur galets.
c) Grottes des Fées et du Cheval: Son
dages de vérification géologique, qui
étendent jusqu'au delà de 100m la con
naissance des conditions de sédimentat
ion. Voir la gravure de la- Grotte du
Cheval, fig. 5.
d) Signalons enfin l'étude d'une stèle
probablement gallo-romaine découverte
il y a quelques années à l'entrée de la
 246 INFORMATIONS

Illustration non autorisée à la diffusion

t■&•ig. 5.c — Arcy-sur-Cure.

. ._ Grotte
_, du Cheval : mammouth
Cliché
gravé,
J. età A.
96mEmperaire.
de l'entrée.

Illustration non autorisée à la diffusion Illustration non autorisée à la diffusion

Cliché A. L.-Lr. Cliché A. L.~G.

Fig.
stele6. gallo-romaine
— Arcy-sur-Cure.
trouvée
Grande
à l'entrée.
grotte: Fig. 7. — Carrière de sarcophages au voi
sinage de la fontaine de Saint-Moré.
 IIP CIRCONSCRIPTION PRÉHISTORIQUE
grande grotte (fig. 6) et celle d'une car
rière de sarcophages mérovingiens s
ituée à proximité des grottes auprès de
la fontaine miraculeuse de Saint-Moré
(fig. 7).
L'ensemble d'Arcy apparaît comme
très exceptionnel puisqu'il offre jus
qu'à présent 22 niveaux fertiles suivis
depuis le Magdalénien jusqu'à un stade
reculé du Paléolithique ancien (fig. 2).
Indépendamment de son étendue strati-
graphique, Arcy-sur-Gure apporte des
éléments intéressants par : l'observation
de « dallages » répétés dans le Paléoli
thique supérieur, structure probablement
fréquente mais rarement observée; —
la confirmation, par six niveaux super
posés, des liaisons entre le moustérien
et le paléolithique supérieur. Le moust
érien évolué se prolonge par un « post-
moustérien » où les lames s? multiplient
progressivement pour aboutir au Cha-
telperronien. Ge post-moustérien est ca
ractérisé par des pièces de dimensions
médiocres ou petites à pourtour grignot
é, à coches ou à dents, accompagnées
de racloirs et de pointes d'allure préso
lutréenne. Le Ghatelperronien conserve
cet apport initial auquel il n'ajoute guè
reque quelques burins et les lames typi
ques à bord abattu. L'Aurignacien typi
que fait jusqu'à présent défaut; — l'exi
stence d'un Moustérien archaïque, à fau
nefroide ancienne sous les dépôts à daim
est non moins intéressante; la découv
erte, immédiatement au-dessus des n
iveaux tempérés, de vestiges humains
d'allure peut-être néanderthalienne, mais
étrangers au type froid classique (Cha
pelle aux Saints-Mont .Circé).
Arcy-sur-Gure, station très isolée au
n.-e. des régions classiques, offre main
tenant une séquence d'industrie et de
faune très étendue, des gravures parié
tales importantes,, de très bonnes condi
tions d'observation géologique; l'intérêt
247
principal de ce jalon septentrional tient
pour une part aux divergences sensi
bles qui apparaissent entre ses industries
et celles du S.-O. : Aurignacien atypi
que, Ghatelperronien pur, post-Mousté-
rien étendu, Moustérien chaud et Moust
érien archaïque à faune froide se subs
tituant à la série Micoquien-Tayacien.
Les fouilles doivent au premier chef
leur réalisation à M.' et Mme Du Sablon,
propriétaires des grottes, qui ont depuis
4 ans, accueilli nos travaux avec la plus
large bienveillance, et à l'équipe de base
du Centre: G. Bailloud, Jean Chavaillon
et Nicole Chavaillon, Dutrievoz, et P.
Poulain qui conduisent la prospection
avec nous depuis le début.
A. Leroi-Gourhan.
IIIe CIRCONSCRIPTION
M. Paul Wernert,. directeur
Côte d'Or
Mont1 Lassois, commune de Vix. — Les
fouilles ont été entreprises par M. René
Joffroy, Conservateur du Musée de Châ-
tillon-sur-Seine.
1° La campagne de 1949 a porté sur
le grand gisement de pente hallstattien,
découvert et exploré avant la guerre par.
J. Lagorgette, puis sur 'le rempart au
« Champ de Fossé »,. découvert par R. J.
a) On s'attaqua d'abord au sommet du
plateau qui couronne le grand gisement
de pente. La couche de surface, peu
épaisse (0m,35), qui recouvre la roche en-
place, contenait, avec des traces d'occu
pation néolithique, de nombreux tessons