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La tête haute : position de la tête lors des

Swings et des Snatches avec Kettlebell


By Pavel Tsatsouline
Posted on 31/03/2017. Pas de commentaire.
Il y a quelques années, une idée étrange a vu le jour dans le monde clinique : la « tête d’insecte ».
Les blouses blanches ont déclaré que les athlètes doivent « verrouiller » la tête sur le torse lors des
exercices de flexion des hanches (Soulevé de terre, Swing, ainsi que les Cleans et les Snatches,
aussi bien avec la barre olympique qu’avec Kettlebells).
Plutôt que vous laisser impressionner par l’apparence scientifique (ou pseudo-scientifique) de leurs
arguments, posez-vous les deux questions suivantes.

Y a-t-il une épidémie de problèmes de cou causés par la technique traditionnelle


(la tête relevée, le cou en extension) parmi les haltérophiles, les athlètes de force
et les gireviks hard style ?
La réponse est « non ».
Bien entendu, certains athlètes, quelle que soit leur discipline, ont des problèmes de cou, mais de là
à établir une relation avec la position de la tête dans les mouvements cités… Certains pratiquants de
la Force Athlétique ont aussi ce genre de problèmes, mais cela vient surtout de leur manière
d’enfoncer la nuque dans le banc lors des Développés couché. Certains haltérophiles et gireviks se
blessent au cou, mais là aussi, la vraie cause, ce sont des mouvements de la tête brusques et
techniquement inappropriés.
Démonstration du Swing par Pavel
Brett Jones, Chef SFG, souligne que certaines personnes peuvent avoir des problèmes de cou si leur
extension au niveau du thorax est limitée. Dans ce cas-là, le cou est obligé de compenser pour qu’on
puisse « garder la tête relevée et les yeux sur l’horizon ». Il se met donc en hyper-extension. En
effet… Alors, quelle est la réponse ? « Réparer » le manque de mobilité thoracique avec des
exercices correctifs sous contrôle professionnel. Et si le problème est d’ordre médical, alors il faut
envisager une aide appropriée, voire une intervention.

A ne pas faire
En tout cas, la réponse ne consiste pas en un « aménagement » de la technique classique pour
« accommoder » le dysfonctionnement. Ce serait comme si notre gouvernement baissait les
standards du niveau physique pour les militaires ou les pompiers parce que de moins en moins de
recrues sont capables de passer les tests.
En effet, il peut y avoir une condition médicale particulière où le médecin dira au patient que pour
lui/elle garder la tête et le cou dans une position neutre dans les exercices de flexion des hanches est
absolument nécessaire. Si votre médecin vous le dit, écoutez-le. Mais si c’est une prescription pour
un autre patient ? Ne pensez-vous pas que prendre les médicaments de quelqu’un d’autre est
dangereux ? La prescription médicale pour un patient particulier ne devrait jamais être considérée
comme la « procédure opérationnelle standard » pour tout le monde.
Et maintenant, la deuxième question : est-ce que cette nouvelle technique, cette nouvelle position de
la tête a amélioré les performances des athlètes de haut niveau ?
La réponse est : oui, pour certains. Mais la technique est loin d’être nouvelle.
Aspect « lent » : la Force Athlétique
Hugh Cassidy et Franco Columbu l’ont utilisée il y a déjà quarante ans. Si on passait en revue les
positions de la tête des athlètes lors des championnats de Force Athlétique, on constaterait une
variété remarquable. Andy Bolton a franchi la barrière mythique de 1000 livres [453,5 kg] avec le
cou neutre. En fait, au démarrage il fixe un point au sol 2-3 m devant lui. Quant à Lamar Gant, le
premier homme à soulever le poids égal à cinq fois son poids de corps (661 livres [299,76 kg] à 132
livres [59,86 kg]), il l’a fait avec son cou en hyper-extension extrême.
Mettre son corps dans une position ou une autre est souvent « donnant-donnant ». Relever la
tête et mettre le cou en extension aide à activer la chaîne musculaire postérieure, mais affaiblit
quelque peu les abdos et les quadriceps. Un athlète consciencieux, avec l’aide de son coach et/ou
par biais de l’écoute attentive de son corps, devrait déterminer le « donnant-donnant » optimal pour
lui. Pourtant, ce conseil n’est valable que pour les compétiteurs en Force Athlétique. Les amateurs
et les athlètes d’autres disciplines devraient suivre les recommandations pour les exercices avec
Kettlebells et avec la barre olympique détaillées ci-dessous.

Les Rois du Soulevé


de terre : Lamar Gant (à gauche) et Andy Bolton (à droite)

Aspect « rapide » : l’haltérophilie et le Kettlebell « hard style »


A la différence du Soulevé de terre, un mouvement « lent », les mouvements « rapides » (avec barre
ou avec Kettlebells) ne tolèrent pas cette « variété » dans les positions de la tête. Il n’y a qu’une
façon : la tête haute !
Quand un champion d’haltérophilie épaule 500 livres [~223 kg], vous imaginez bien qu’il est
capable de faire un Soulevé avec une centaine de kilos de plus. Ce qui veut dire que ses abdos et ses
quadriceps ne sont pas pleinement sollicités par le premier tirage (la partie « Soulevé » de l’Épaule).
Donc, voler Pierre (la chaîne postérieure) pour payer Paul (les quadriceps et les abdos) serait du
gâchis puisque c’est Pierre qui fait la majeure partie du travail dans les mouvements rapides.
La position du cou lors des mouvements rapides est
l’extension. La légende de l’haltérophilie Soviétique, l’Arménien Yurik Vardanian, vous montre la
bonne façon de faire. Son record du total (Arraché et Épaulé-Jeté) datant de 1980 reste intouchable
encore aujourd’hui.
Cela s’applique tout autant au girevik hard style. Il n’a pas de problème d’arracher le Kettlebell au
sol et sa colonne vertébrale n’est pas écrasée sous des charges énormes. Sa mission est d’accélérer
la charge relativement légère (le Kettlebell) jusqu’à 10G. C’est le travail pour sa chaîne postérieure,
donc il doit l’activer au maximum. Et c’est exactement l’effet produit par l’extension du cou.
Relevez la tête (sans mettre le cou en hyper-extension) dans la position basse et alors, votre « face
postérieure » toute entière se mettra sous tension, vibrant avec l’énergie élastique accumulée.

Revenons aux classiques


Voici un extrait de Supertraining, un texte fondamental sur le renforcement/développement de la
force :
« La position de la tête a un effet très puissant sur la posture globale… Il est bien connu qu’en
gymnastique l’inclinaison de la tête en avant amorce le salto avant. A son tour, l’inclinaison vers
l’arrière amorce le flip arrière en gymnastique ou en plongeon… Il est vital d’utiliser une nette
extension du cou pour faciliter une contraction puissante des muscles posturaux lors de tous les
mouvements de soulever du sol. Cette action « facilitatrice » de la tête ne devrait pas être poussée
au point de causer un « creusement » trop prononcé du dos… [Son objectif est de] maintenir le dos
aussi près que possible de la position neutre avec ses trois courbures naturelle.
Le positionnement correct de la tête assurera la position du dos où la stabilisation du tronc est
partagée entre les muscles extenseurs et les ligaments de la colonne vertébrale… L’action des yeux
est étroitement liée à l’action de la tête. Il est donc essentiel d’utiliser les yeux pour « guider » la
tête dans la position la plus appropriée pour chaque étape d’un mouvement donné pour faciliter la
posture correcte. De manière générale, la position neutre de la colonne vertébrale est maintenue le
plus facilement quand le regard est dirigé directement vers l’avant et fixé sur un objet distant. »
Nous acceptons ces recommandations en tant que standard technique de notre curriculum.
(Incorrec
t – Correct)

Exceptions
La seule personne que j’aie jamais vue exécuter un parfait Swing hard style, puissant et gracieux,
tout en gardant son cou quasiment neutre est le Chef SFG Brett Jones. Il ajoute quelques nuances à
la recommandation standard et offre quelques options :
« Si votre tête subit un coup sec vers l’arrière quand vous « rattrapez » le Kettlebell dans la
descente, alors c’est une mauvaise chose. Si vos bras sont connectés au corps et si vous choisissez
de maintenir l’extension, cela peut être une bonne chose. Quand j’essaie de fixer mon regard sur le
mur en face, j’ai la sensation d’être brusquement tiré dans une extension au niveau des cervicales,
ce qui n’est pas agréable. Pour moi, il est bien mieux d’avoir un point [pour fixer le regard]
beaucoup plus près (1,50 à 2 m devant). »
Brett ajoute que son cou est en réalité dans une légère extension, même s’il regarde le sol à 2 m
devant lui. Il note également que la plupart de ceux qui pensent que leur cou est neutre, sont en
réalité en flexion.
Le Chef SFG nous met en garde par rapport à l’hyper-extension. Il est facile de tomber dans ce
piège quand on fait ses Swings avec les jambes presque tendues. Si vos genoux sont à peine pliés
dans la position basse, votre torse est forcément parallèle au sol (ou presque). Dans ces conditions-
là, regarder droit devant va automatiquement mettre votre cou en hyper-extension. Rappelez-vous
que le Swing hard style est un mouvement de la même famille que le saut. De ce fait, il
demande une certaine flexion de genoux. Pas au point de se transformer en Squat, mais
suffisamment pour activer les muscles fessiers.

Points de repère
1. La recommandation standard pour les Swings est de fixer les yeux sur l’horizon. Cela relèvera
votre tête et mettra votre cou en légère extension dans la position basse. Cela, à condition d’avoir
une extension thoracique saine et de ne pas garder les jambes tendues. Cet « horizon » peut être, par
exemple, la jonction entre le sol et le mur (si vous êtes suffisamment éloigné). Notez que
« l’horizon » est plus bas que le niveau de vos yeux.
2. Vous n’arrivez pas à regarder droit devant dans la position basse du Swing sans mettre le cou en
hyper-extension ? Il se peut que le haut de votre dos soit trop « raide ». Dans ce cas-là, trouvez un
professionnel pour corriger ce problème avant d’aborder un programme basé sur des Swings.
3. Disons que vous possédez la mobilité nécessaire et pliez les genoux, mais que votre cou n’est
toujours pas « à l’aise » dans la position basse du Swing. Alors, assurez-vous que ce sont les
dorsaux qui absorbent les forces lors du mouvement du Kettlebell vers l’arrière. Ce n’est pas le
travail des trapèzes, ni du cou. Si votre cou n’est toujours pas « à l’aise », expérimentez en baissant
légèrement la tête. Fixez votre regard sur un point un petit peu plus bas (typiquement, au sol, 1,5 à 3
m devant vous).
4. Ne projetez jamais votre tête en arrière dans la position basse (cou « cassé ») ou en avant dans la
position haute (« tête de poulet », chicken head) du Swing.
En conclusion
Gardez la tête haute et faites vos Swings, mesdames et messieurs !

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