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Actes des congrès de la Société

des historiens médiévistes de


l'enseignement supérieur public

Animal et vie quotidienne en France et en Italie d'après les vestiges


ostéologiques (XIe-XVe siècles)
Madame Corinne Beck

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Beck Corinne. Animal et vie quotidienne en France et en Italie d'après les vestiges ostéologiques (XIe-XVe siècles). In: Actes
des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 15ᵉ congrès, Toulouse, 1984. Le
monde animal et ses représentations au moyen-âge (XIe - XVe siècles) pp. 103-120;

doi : 10.3406/shmes.1984.1440

http://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1985_act_15_1_1440

Document généré le 04/06/2016


Corinne BECK

ANIMAL ET VIE QUOTIDIENNE EN FRANCE


ET EN ITALIE D'APRÈS LES VESTIGES
OSTÉOLOGIQUES (Xl-XVème siècles)

C'est aux sources écrites - comptables ou littéraires - et iconographiques


que l'on fait appel généralement pour étudier la place de l'animal dans la vie
médiévale. Cependant, une troisième source s'offre à l'historien pour
décrire l'animal en lui-même et saisir son rôle dans les structures
économiques, sociales et mentales. La faune et son exploitation ont en effet laissé de
nombreux vestiges matériels que toute fouille d'habitat restitue par les
trouvailles de restes osseux. Mais trop récente pour avoir déjà démontré
l'originalité de ses informations et convaincu de sa validité ou restée enfermée
dans un langage de spécialistes, la recherche ostéologique demeure encore
largement étrangère à la réflexion historique. Pourtant l'apport des données
archéologiques paraît d'autant plus fondamental qu'elles révèlent des
aspects souvent méconnus des sources habituelles ou en offrent une image
différente. Ainsi, l'étude des vestiges osseux, témoins directs de l'animal,
permet d'observer sa morphologie, d'esquisser son apparence physique et de
jeter alors quelques lumières sur l'évolution historique des espèces.
Reflétant les choix, les sélections opérées par les différents groupes sociaux selon
leurs moyens et leurs besoins, elle rend compte également de la vie
commune de l'homme et de l'animal. Aussi, l'étude des mobiliers ostéologi-
ques, révélant les diverses modalités de l'exploitation de la faune,
constitue-t-elle une nouvelle voie d'approche des rapports qu'entretient la
société médiévale avec le monde animal.
Certes, comme toute documentation, un certain nombre de lacunes
inhérentes à la nature même du matériel étudié peuvent en rendre l'étude
malaisée. Rappelons seulement que toute analyse ostéologique est tributaire de la
nature des contextes archéologiques qui peuvent procurer des ensembles
faunistiques largement différents. Les conditions d'enfouissement et l'état
de conservation des vestiges affectent aussi la composition de l'échantillon
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osseux. Enfin, soulignons que dans leur immense majorité, les ossements
recueillis ne sont que des rebuts de consommation et que la finalité
alimentaire de la faune occulte en partie les autres aspects des relations de
l'homme avec l'animal.

Depuis une dizaine d'années des analyses ostéologiques ont été


entreprises pour la période médiévale, en France et en Italie. Mais peu nombreuses
encore sont celles qui ont fait l'objet d'une publication, complète ou
partielle. Une quinzaine de sites, totalisant toutefois plusieurs milliers
d'ossements, constitue l'essentiel des sources utilisables. Dans l'ensemble, cette
documentation paraît sociologiquement équilibrée : elle reflète tant les
milieux seigneuriaux (laïcs, ecclésiastiques) et urbains que le monde paysan.
Elle l'est également au niveau de la chronologie : les habitats actuellement
étudiés s'échelonnent régulièrement du Xlème au XVème siècle. La plupart
d'entre eux présentent même une chronologie relativement longue : ce qui
permet de suivre plus précisément l'évolution de la faune en des lieux
donnés. En revanche, elle montre des décalages géographiques certains : la
zone méditerranéenne est effectivement mieux couverte par les études fau-
nistiquesque la France du Nord (1).
Le caractère ponctuel et peut-être hétérogène de l'échantillonnage peut
rendre surprenante notre démarche et en limiter son intérêt. Mais c'est là
l'état de la recherche, le résultat du retard qu'accuse l 'archéozoologie
historique en France et en Italie en regard de son développement dans les pays de
l'Europe du Nord (2). Les informations disponibles sembleront peut-être
insuffisantes pour que l'on puisse légitimement brosser un tableau de la faune
médiévale. Néanmoins, comme nous y incitait le sujet de ce colloque, il
nous a semblé d'abord indispensable de faire état des ressources d'une
documentation encore largement mal connue. Et en dépit des réserves
évoquées précédemment, si ces études de mobilier ostéologique n'offrent pas
une image absolument fiable de la faune, de sa composition et de son
évolution, elles permettent au moins de mesurer le chemin parcouru et de
suggérer des orientations de recherches. Elles permettent également quelques
appréciations sur les rapports quotidiens avec l'homme dès l'instant où les
sources archéologiques laissent entrevoir aussi la place de l'animal dans
l'espace bâti et dans la maison. Cette présentation vise donc uniquement à
faire le point des principaux résultats, étant entendu que ces données ne sont
que de simples indications et demandent à être enrichies par de nombreux
autres exemples, voire à être remises en question.

1 . Voir en annexe la répartition chronologique et sociologique des sites étudiés.


2. Beck C, «Ostéologie et alimentation carnée», in Matériaux pour l'histoire des cadres
de vie dans l'Europe Occidentale (1050-1250). Centre d'études médiévales de Nice. Nice,
1984, p. 17.
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Un élevage marqué par la progression des ovins


Du XIe au XVe siècle, la faune domestique est évidemment
prédominante, constituée pour l'essentiel du petit et gros bétail. Celui-ci peut
quelquefois recouvrir tout le stock animal identifié. C'est ainsi le cas sur certains
sites de Ligurie (Castel Delfino au XIIIe, Monte Zignago et Molassana au XVe
siècle) où mouton-bœuf-porc sont les seules espèces animales rencontrées.
Le développement des cheptels ovicaprins est l'un des traits les plus
importants mis en lumière par les premières analyses. C'est dans le domaine
français que l'évolution est la plus évidente : les effectifs font plus que
doubler, passant en effet de 15 à 20 % en moyenne entre le XIe et le XIIIe siècle
à plus de 50 % aux XIV et XVe siècles. A cet égard, le site bourguignon de
Saint-Romain, occupé durant trois siècles consécutifs, constitue un
excellent exemple de la progression rapide des ovins au premier rang de
l'élevage, au bas Moyen Age (voir tableau I). En Italie, leur essor ne peut être
aussi spectaculaire. Car, dès les XIe et XIIe siècles, les petits ruminants sont
déjà les plus répandus (en nombre de restes osseux comme en nombre
minimum d'individus), sur la plupart des sites étudiés. Mais à partir du XIIIe
siècle, leur suprématie semble s'accentuer encore. S'ils représentent en
moyenne 42 % du bétail au début du Moyen Age, ils forment plus des deux
tiers des troupeaux aux XIVe et XVe siècles. Au Moyen Age finissant, les
ovins sont devenus la pièce maîtresse de l'élevage. Cette situation souffre
cependant une exception : dans l'état actuel de nos connaissances, la
Ligurie, comme nous le verrons, demeure constamment à l'écart de l'évolution
générale.
A l'inverse, l'évolution des troupeaux de porcs se définirait par une
décroissance plus ou moins marquée selon les régions.
Dans la France des XIe et XIIe siècles, l'élevage apparaît comme étant
partout dominé par le cheptel porcin : celui-ci constitue alors entre 45 et 75 %
du bétail. A partir du XIIIe siècle, un renversement s'opère : on observe en
effet une nette régression du nombre des porcs qui affecte, semble-t-il, les
troupeaux de tous les groupes sociaux. Au bas Moyen Age, les porcs,
relégués à la troisième place, forment moins du tiers des animaux d'élevage.
Dans le domaine italien, la situation de ce cheptel apparaît plus complexe.
On enregistre aux XIe et XIIe siècles, de fortes variations selon les sites.
Prépondérant en Ligurie, exceptionnellement important à Scarlino en
Toscane, ce troupeau n'occupe en revanche qu'une place mineure ailleurs dans
cette même région ou en Sicile : le troisième rang, loin derrière les moutons
et les bœufs (entre 10 et 15 %). Au bas Moyen Age, les contrastes se sont
atténués et désormais, à la seconde place dans la hiérarchie des cheptels, les
porcs regroupent entre 15 et 30 % du bétail.
En définitive, malgré des divergences dans leur évolution et dans leur
rang au sein de l'élevage et si l'on excepte le cas de la Ligurie, voire du site
106 Corinne BECK

de Gubbio, les troupeaux de porcs ne paraissent pas quantitativement


différents en France et en Italie à la fin du Moyen Age.
Des changements frappent également le gros bétail : ils s'avèrent
inverses en France et en Italie. En milieu méditerranéen, son importance paraît
avoir été toujours limitée. Du XIe au XVe siècle, il occupe toujours ou
presque le dernier rang dans la trilogie de l'élevage. Ses effectifs décroissent
même sensiblement durant cette période comme le montrent les sites à
chronologie longue tels que Scarlino et Grosseto en Toscane ou Brucato en
Sicile : de 20 % en moyenne aux XIe et XIIe siècles, ce troupeau ne représente
plus que 10 % des animaux d'élevage à la fin du Moyen Age. En France, au
contraire, s'ébaucherait une légère croissance des cheptels bovins,
bénéficiant peut-être de la décadence des porcs. Les bœufs peuvent alors
composer jusqu'au tiers du bétail au bas Moyen Age.
Ainsi, l'accroissement des petits ruminants, processus auquel participe
l'ensemble de la société médiévale en France comme en Italie, a entraîné
comme corollaire la modification de la hiérarchie des troupeaux. Cet essor
se serait alors opéré au détriment des porcs dans les régions septentrionales
et des bovins en milieu méditerranéen. Cependant, nous ne proposons là
que des schémas généraux soulignant les orientations privilégiées. Il ne faut
pas en conclure qu'elles sont systématiques. Certaines régions paraissent
même échapper complètement ou en partie à ces mouvements. C'est le cas
de la Ligurie dont la position semble assez originale. Les ovins occupent ici
une place toujours mineure, les bœufs y sont plus que partout ailleurs sous-
représentés, quelquefois même absents et aucune réduction numérique
n'affecte les troupeaux de porcs qui restent l'élément moteur de l'élevage durant
tout le Moyen Age. Ces tendances ne se dessinent pas non plus au même
rythme en tout lieu. Et les sites à longue occupation permettent de révéler
des décalages chronologiques dans l'apparition et le développement des
phénomènes mis en évidence.
Cause ou conséquence de sa croissance numérique, le cheptel ovin voit
les modalités de sa gestion se transformer durant le Moyen Age. Du XIe au
XIIIe siècle et principalement dans le monde méditerranéen ce troupeau se
caractériserait par une forte proportion d'individus jeunes (moins de un an)
et d'agneaux (moins de six mois). Au bas Moyen Age, le stock des animaux
matures (âgés de trois ou quatre ans) s'accroît et compose la majorité des
troupeaux. Cette évolution de la gestion de l'abattage ovin pourrait être le
signe d'une amélioration des conditions générales de l'élevage : il y aurait
ainsi moins de mortalité touchant les jeunes bêtes aux XIVe et XVe siècles.
Mais c'est plus sûrement le reflet d'une orientation nouvelle dans
l'économie des régions. Au bas Moyen Age, les courbes de l'âge à l'abattage
évoquent un élevage ovin privilégiant la production de lait et surtout de laine. A
quelques exceptions près (Gubbio), la production de viande apparaît comme
un objectif secondaire.
Animal et vie quotienne 107

En revanche, la composition par âge des cheptels porcin et bovin est


demeurée inchangée du XIe au XVe siècle.

Les porcs, qui ne sont élevés que pour la consommation de la viande,


sont partout abattus dans le courant de leur seconde année de vie (3). Les
porcelets sont peu nombreux de même que les individus âgés.
Quant aux bovins, les courbes d'abattage montrent que les troupeaux se
composent en général, d'animaux juvéniles : 18-20 mois à Grosseto, 2-3
ans à Charavines, à San Silvestro, à Gênes ainsi qu'à Tuscania. Toutefois, la
part des individus âgés (8-10 ans), à l'évidence élevés d'abord pour la
production de lait, de fromages et pour leur force de travail avant d'être
conduits à la boucherie, peut ne pas être négligeable, en particulier en
milieu paysan (Brucato, Rougiers). Dans tous les cas, les exemples français et
italiens confirment un phénomène constaté ailleurs dans l'Europe du Nord :
la rareté de la production de veau (moins de un an) durant tout le Moyen
Age (4).

Rareté des animaux «utilitaires» et de basse-cour?

Montures ou bêtes de trait, les équidés semblent peu répandus. Leur


absence même est signalée sur un nombre relativement élevé de sites :
villageois (Charavines, Monte Zignago) et seigneuriaux (Saint-Romain, Castel-
laro di Zignago, San Silvestro à Gênes, Castel Delfino, Grosseto et Molas-
sana). Ailleurs où des restes osseux attestent la présence de chevaux et
d'ânes, les effectifs apparaissent toujours réduits : moins de 2 % de la faune
domestique en France, entre 2 et 5 % en Italie (voir tableau II). Il importe
cependant de manier avec prudence ces taux particulièrement faibles. Les
données osteologiques ne peuvent en effet traduire qu'assez mal la place
véritable de ce cheptel au sein de l'élevage. Ces animaux n'entrant pas
normalement dans la consommation, leur carcasse était vraisemblablement rejetée
hors de l'habitat, échappant ainsi à l'investigation archéologique. Leur
existence sur les sites d'habitat est le plus souvent prouvée par les
trouvail es - quelquefois fort nombreuses - de fragments de fer ou d'éléments de
harnais.
Tous les individus identifiés sont des animaux adultes; quelques uns
sont même très âgés : ce qui laisserait ainsi supposer leur utilisation jusqu'à
la limite de leurs forces physiques. Néanmoins, leur service achevé, les
équidés ne sembleraient pas être pour autant délaissés par l'homme. Des

3. Les pratiques modernes fixent l'âge d'abattage de ces animaux dans le courant de leur
première année de vie.
4. L'abattage des veaux reste exceptionnel jusqu'à l'extrême fin du Moyen Age. Ce sont
des sites à chronologie longue, essentiellement anglais (Exeter, Portchester Castle), qui ont
révélé cette modalité. Voir M. Maltby, The animal bones from Exeter, 1971-1975, Exeter
Archaeological reports, vol. 2, 1979, p. 83.
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traces de découpe relevées sur certains ossements de chevaux indiquent


qu'ils ont été consommés, au moins en partie. En l'état actuel des
recherches, cette pratique demeure occasionnelle : elle n'est attestée qu'en milieu
villageois, à Rougiers. D'autres catégories sociales pourraient y avoir eu
recours, notamment l'abbaye de Saint-Avit-Sénieur mais les données ne
paraissent pas suffisantes pour l'assurer. Dans tous les cas, c'est là un aspect
inattendu de l'utilisation de ces animaux et ces quelques indices laisseraient
supposer que ce phénomène est moins exceptionnel qu'on pourrait le penser.

Quant aux basse-cours, celles-ci se composent essentiellement de coqs


et de poules, secondairement d'oies domestiques. En France, du XIe au XVe
siècle, l'avifaune ne représenterait qu'un élément très secondaire de
l'élevage. En l'état actuel des travaux, on constate son absence à Charavines au
XIe siècle ainsi qu'à Saint-Romain du XIIe au XVe siècle. Ailleurs comme à
Dracy ou à Charny au XIVe siècle, elle est très peu développée. Seule,
l'abbaye de Saint-Avit-Sénieur, par l'abondance de sa basse-cour, fait
exception (5). Mais les difficultés de conservation d'ossements aussi fragiles
peuvent biaiser l'interprétation des résultats, tendant généralement à minimiser
la place de la basse-cour. Pourtant, en Italie, excepté en Sicile et en Basili-
cate où elle paraîtrait très restreinte sinon inexistante, l'avifaune
domestique tient une part importante voire considérable dans l'élevage : jusqu'au
tiers de la faune domestique en Toscane et dans le Latium.

Les animaux d'élevage dans l'espace construit


Rendant compte avant tout des conditions et des orientations de
l'élevage dans le temps et dans l'espace, l'étude de la faune reflète d'abord les
structures socio-économiques dans lesquelles s'inscrit cette activité. L'analyse
de la répartition des vestiges osseux en relation avec les autres éléments
(constructions et mobiliers) mis au jour par la fouille, précise encore ce cadre : elle
apporte en effet des informations sur le mode et le degré d'intégration de
l'animal d'élevage dans les lieux habités. Si la place qui est accordée à ce
dernier dans l'espace bâti est dictée par des considérations d'ordre
économique, nul doute que celles-ci, en instaurant des rapports directs ou distants
avec les animaux, finissent par induire un certain nombre d'attitudes
mentales. L'archéologie ne permet pas de développer ces dernières, en revanche,
elle peut en décrire le support matériel. Cette recherche n'a pu être
envisagée que pour un petit nombre de sites de villages du bas Moyen Age :
Dracy, Charny, Rougiers et Brucato. Des situations fort contrastées se
dessinent, soulignant la multiplicité des modes de vie avec le bétail.
Le cas maximal est représenté par le site sicilien de Brucato. Aucun

5. Pareille constation a pu être faite, concernant le monastère de La Charité-sur-Loire : cf.


F. Audoin, Archéozoologie de La Charité-sur-Loire médiévale. Thèse de 3ème cycle.
Université de Paris I, 1983, p. 159 et sq. Serait-ce alors, comme cela a été observé en Angleterre,
une caractéristique des établissements religieux?
Animal et vie quotienne 109

contact direct, quotidien n'est établi avec la faune d'élevage sur les lieux
mêmes de l'habitat : les bestiaux et les activités pastorales sont totalement
rejetés à l'extérieur de l'agglomération. Ici, n'existe aucun bâtiment destiné
aux animaux et un réseau de construction aux mailles très serrées ne laisse
en dehors des rues, aucun espace permettant d'accueillir les bêtes. Le bétail
ne stationne jamais dans le village, il n'y vient que pour y être abattu.
Ailleurs comme à Rougiers, la situation paraîtrait moins radicale. Les
trouvailles de fœtus ou de morts-nés assurent la présence des animaux sur le
site mais à des moments précis de la vie des troupeaux : lors des mises-bas.
En dehors de ces temps forts, il semble qu'ils ne séjournent pas dans
l'agglomération.
Enfin à l'opposé, à Dracy et plus encore à Charny, l'existence d'annexés
associées ou non aux maisons atteste une cohabitation permanente et par
conséquent des rapports multiquotidiens avec le bétail.
Indépendamment de ces schémas, les équidés occupent généralement
une position privilégiée. Ils sont plus que tout autre animal d'élevage,
étroitement liés à l'homme et à l'habitat. Leurs restes osseux et surtout les ferrures
et les éléments de harnais que l'on retrouve très souvent sur les sols des rues,
des cours voire des bâtiments d'habitation témoigneraient de cette situation
particulière que la fonction et le prix de ces animaux expliquent aisément.

Les animaux commensaux


Bien que vivant à proximité immédiate de l'homme, la faune commensale
est en fait composée d'éléments fort différents : animaux familiers ou
protecteurs comme le chien ou le chat, espèces parasites comme les rongeurs. Ce sont
les plus mal connus des animaux médiévaux. L'étude de leurs ossements
s'avère alors particulièrement précieuse, apportant des informations non
seulement sur l'importance de cette population animale mais aussi sur sa place dans
l'espace quotidien.
La présence du chien et du chat est attestée sur la plupart des habitats
soit par les trouvailles de leurs restes osseux, soit par les traces de leurs
crocs sur les vestiges ostéologiques.
Le chat domestique, repéré dès le XIIe siècle (6), en France comme en
Italie, semble commun tout au long du Moyen Age. Il est même plus
fréquemment rencontré que le chien sur certains sites : ainsi à l'abbaye de
Saint-Avit-Sénieur, à Tuscania aux XIIIe et XIVe siècles, à Gubbio et à Bru-
cato au XIVe siècle. Mais par son mode de vie peut-être encore très proche
de celui de son homologue sauvage, le chat domestique vit relativement

6. Actuellement, nous ne disposons d'aucune étude complète d'ensembles faunistiques


antérieurs à cette date, pour tenter de comprendre la «disparition» du chat entre le VII' et le XIIe
siècle. Aussi attendons- nous avec grand intérêt, l'étude de la totalité de la faune de Charavines.
110 Corinne BECK

éloigné de l'homme; ce dernier peut aussi le maintenir à l'écart en raison


éventuellement du caractère maléfique qu'on lui attribue et de la méfiance
qu'il suscite alors. En tout état de cause, ce petit animal demeure toujours à
certaine distance des maisons. Sur les sites où l'étude a été conduite,
l'examen des modes d'occupation de l'espace montre que le chat ne disposerait
pas du libre accès aux bâtiments d'habitation : jusqu'à présent, on n'a
effectivement jamais retrouvé dans les intérieurs, d'ossements rongés ou
mordil és par ce petit carnassier.
Quant au chien, les analyses ostéologiques viennent corroborer l'image
qu'en offrent les sources écrites et iconographiques. Compagnons de
chasse, gardien des troupeaux, de la maison, le chien est omniprésent dans
la vie quotidienne. Au XIVe siècle à Dracy, une quinzaine d'individus a pu
être dénombrée, se répartissant entre six unités d'habitat. Au XIVe siècle
encore, à Brucato, l'analyse de la distribution spatiale des ossements rongés
par cet animal montre que celui-ci circule partout dans les intérieurs de
maison, jusque dans les zones les plus reculées, zones de repos ou de stockage
des réserves. La vie quotidienne, commune avec l'homme, semble s'être
effectuée un peu partout sans trop de heurts. En effet, on signale peu de traces
de traumatismes sur les squelettes, témoignant de mauvais traitements, sauf
en temps de guerre où il peut être poursuivi et massacré comme l'évoquent
les marques de couperet sur les crânes des individus retrouvés à Brucato.
Signes de l'insalubrité des lieux, menace pour les réserves alimentaires
et pour la santé des hommes, rat noir (moins redoutable que le surmulot),
souris et autres rongeurs ont laissé aussi des traces de leur présence dans les
habitations villageoises et seigneuriales. Des restes osseux et surtout des
marques de dents caractéristiques sur les vestiges démontrent l'existence
d'une population de nuisibles, parfois considérable, vivant aux dépens de
l'homme sur la plupart des sites étudiés. C'est ainsi qu'à Brucato au XIVe
siècle, plus du tiers des habitations révèle la présence de ces parasites. Des
rats, venus s'attaquer à des réserves de céréales, ont même été surpris par
l'incendie et la destruction brutale de certaines maisons : leurs ossements
ont effectivement été retrouvés, associés à des amas de grains brûlés. A
Dracy, leur importance serait plus grande encore : la moitié des bâtiments
de ce village bourguignon a livré les restes osseux de ces petits rongeurs.
Ces quelques exemples donnent l'impression d'une population de nuisibles
abondante. Encore faut-il compter avec la fragilité de conservation des
ossements, abaissant irrémédiablement les estimations. Contre ces parasites
attirés par les réserves alimentaires et les déchets de cuisine, les chats
devaient constituer le plus sûr moyen de lutte, d'où leur nombre sur certains
sites d'habitat.
Quelle que soit l'importance de la faune d'élevage et commensale, les
rapports de l'homme avec celle-ci ne s'inscrivent toujours que dans un
espace connu : l'habitation, l'agglomération ou les champs. La faune des mar-
Animal et vie quotienne 111

ges des terroirs et de la forêt est plus difficile à cerner. On la rencontre


toutefois sur les sites d'habitat : produits de chasses nobles et paysannes ou
résultats de rencontres incidentes.

Vers un appauvrissement de la faune sauvage


Qu'il s'agisse de recherche de gibier ou de lutte contre les animaux
réputés nuisibles ou dangereux pour les récoltes et le bétail, les activités
cynégétiques semblent concerner une faune sauvage à première vue diversifiée
et abondante. L'ensemble des sites fournit un éventail assez large d'espèces
sauvages, comparable à celui offert par les traités de chasse : cerf, daim,
chevreuil, sanglier, lièvre et lapin, loup, renard, belette et blaireau,
oiseaux. Ajoutons dans les zones méditerranéennes, la tortue terrestre qui fait
l'objet de «ramassages». En fait, quelques habitats seulement, villageois ou
seigneuriaux, révèlent une faune sauvage réellement diversifiée : Saint-
Avit-Sénieur, Saint-Romain du XIIe au XVe siècle et Rougiers, Brucato au
XIe comme au XIVe siècle. La majeure partie des sites étudiés ne connaît
qu'une ou deux, au plus trois espèces sauvages.
La variété de cette faune apparaît donc singulièrement restreinte sur les
sites d'habitat. Mais ceci n'est pas vraiment surprenant : les animaux
rencontrés sont avant tout des animaux consommés. La sauvagine, les
prédateurs, les nuisibles sont les plus souvent absents des mobiliers ostéologi-
ques. Sur les deux tiers des sites de l'échantillonnage, gibier et faune
sauvage se superposent exactement. Sur les autres habitats, la proportion des
animaux n'entrant pas dans l'alimentation demeure réduite : moins de 10 %
de la faune sauvage durant tout le Moyen Age.
Cependant, le gibier lui-même n'est guère composite. On discerne
même son appauvrissement qualitatif : les grandes espèces tendent
effectivement à faire place de plus en plus au seul petit gibier. Cette évolution se
perçoit avec assez de netteté pour deux d'entre elles. Ainsi note-t-on la
rareté ou la spécificité géographique du daim et du sanglier. Excepté peut-être
en Sicile, le daim semble être devenu peu commun : ses ossements se sont
raréfiés sur les sites, quelle que soit leur fonction. De même, le sanglier
paraîtrait avoir régressé en Italie, parfois fortement : l'extrême pauvreté de ses
restes osseux au bas Moyen Age laisse supposer qu'il est alors très rarement
traqué par les chasseurs, peut-être même en voie de disparition. En France,
s'il est plus fréquemment rencontré, son importance semble avoir
également beaucoup diminué : s'il formait plus de 50 % du gibier à Saint-Romain
entre le XIIe et le XIVe siècle, il n'en représente plus que 16 % à la fin du
Moyen Age. Un manteau végétal plus ou moins dense, une composition
différente des essences forestières et le climat d'une part, les défrichements, la
concurrence des animaux domestiques et la pratique de la chasse ont
évidemment agi sur l'importance de la population et la répartition
géographique des animaux sauvages.
112 Corinne BECK

Aussi, leur taux de représentation peut largement différer d'un site à


l'autre. Comme le souligne la comparaison des sites bourguignons de
Dracy, Charny et Saint-Romain, une plus grande abondance caractérise
généralement les habitats seigneuriaux (7). Les exceptions à cette norme ne
manquent pas cependant. L'absence de faune sauvage n'est observée que
sur des sites castraux ou monastiques (Castellaro di Zignago, Molassana,
San'Agostino); et des habitats villageois (Bmcato, Monte Zignago) peuvent
présenter, en revanche des taux fort élevés. La part des espèces sauvages
dans les échantillons faunistiques semble n'avoir guère évolué durant le
Moyen Age. Certes quelques sites à chronologie longue (Saint-Romain,
Scarlino, Tuscania) montrent un certain accroissement de celles-ci. Mais ce
développement est de faible ampleur - de 3 à 9 % selon les lieux, du XIe au
XVe siècle - et loin d'être systématique : d'autres sites comme Grosseto
présentent une évolution inverse.
A examiner l'importance que revêt la faune sauvage selon les sites ainsi
que le type de gibier rencontré, on peut voir s'ébaucher une sorte de
géographie cynégétique. Ainsi, une chasse généralement orientée vers la prise des
grandes espèces, en particulier des cervidés, caractérise les habitats
révélant une faune sauvage abondante. C'est le cas de Saint-Romain, de Castel
Delfino et Monte Zignago en Ligurie, de Brucato. En revanche, là où la
faune sauvage occupe une place mineure, le petit gibier à poil ou à plume
est très largement prédominant, l'activité cynégétique pouvant également
dériver vers un simple ramassage de tortues. En témoignent les sites
villageois de Charavines où domine la chasse aux oiseaux, de Dracy et de
Charny où le lapin de garenne est en fait le seul animal chassé. Mais c'est
surtout en Italie que ce phénomène est le plus remarquable et le plus
significatif. Sur un grand nombre d'habitats villageois et seigneuriaux, léporidés et
tortues sont les seules espèces rencontrées. On ne peut manquer, tout au moins
dans ce dernier cas, de constater un lien certain entre une faune sauvage pauvre,
le plus souvent limitée numériquement, et la prédominance des ovins. Ce sont,
en effet, les sites où les activités de chasse sont centrées sur le petit gibier, qui
entretiennent un cheptel ovin particulièrement développé.
La faune sauvage représente aussi un péril dont il faut se défendre.
Outre les cervidés et les sangliers pouvant venir viander dans les terres
emblavées, d'autres espèces - loup et renard, belette et blaireau - peuvent causer
des dommages aux récoltes et aux animaux domestiques, voire à l'homme
lui-même. Reste qu'apprécier le danger que ces prédateurs font peser,
s'avère assez malaisé : les sites d'habitat ne procurent que des échantillons
très restreints de restes osseux leur appartenant. Ces prédateurs nous
apparaissent ainsi très peu nombreux : un, deux, au plus trois individus sur
chacun des sites où leur présence a été reconnue. Ont-ils fait l'objet de chasses

7. Les mêmes observations ont été faites dans les pays anglo-saxons et germaniques. Voir
M. Maltby, op. cit.
Animal et vie quotienne 113

organisées, de battues? Il est difficile de trancher. Certains de leurs


ossements portent des traces évidentes de dépeçage en vue d'une récupération de
la peau - c'est notamment le cas pour le loup rencontré à Dracy et le renard à
Rougiers - mais on ne peut affirmer que ces animaux aient été poursuivis
pour leur fourrure. On peut plus facilement supposer qu'il s'agit d'individus
abattus au hasard des rencontres dans la campagne environnant l'habitat et
que l'on ait profité de l'occasion pour récupérer la peau.
Enfin, tenter d'expliciter les rapports entre l'homme et l'animal,
nécessiterait également que l'on s'attache non plus à l'animal vif mais à celui-ci
mort : à sa dépouille. L'archéologie fournit des exemples de récupération
systématique de certaines parties de l'animal, non pas en vue d'un artisanat
mais pour être simplement conservées dans les habitations : ce sont les bois
de chute ou de massacre des cervidés, les cornes d'ovicaprins. La situation
la plus spectaculaire est sans doute celle qu'offre le site de Brucato au XIVe
siècle. La répartition de ces éléments dans les intérieurs est toujours
identique : au pied des murs ou sur les seuils internes des maisons, indiquant ainsi
qu'ils étaient accrochés aux parois et aux linteaux de porte. Si les premiers
représentent à l'évidence des trophées de chasse, l'interprétation des seconds
demeure des plus délicates : sans doute faut-il leur accorder une valeur magique.
Aussi succint soit-il, ce premier bilan pose déjà quelques jalons dans
l'histoire de la faune médiévale.
L'accroissement considérable du cheptel ovin et la diminution
progressive des porcs principalement dans les pays septentrionaux, apparaissent
comme les deux faits majeurs de l'évolution de la faune d'élevage. Ces
observations convergent avec des données fournies par des études ostéologi-
ques concernant d'autres aires géographiques. Tout en se gardant de tomber
dans un comparatisme outrancier, il faut admettre cependant, l'existence
d'une évolution de l'élevage dans l'Europe médiévale occidentale, s'effec-'
tuant partout selon les mêmes modalités. Parallèlement, la faune sauvage
subirait des modifications dans sa composition. Certes, le mouvement est
lent et graduel mais on ne peut que relever l'étroite corrélation,
essentiellement en Italie, entre le développement de l'élevage ovin et
l'appauvrissement des grandes espèces. A la fin du Moyen Age, quel que soit le milieu
social, du fait d'une réelle diminution de la faune sauvage mais aussi d'une
protection juridique accrue, les activités cynégétiques se concentrent un peu
partout en France et en Italie, sur le petit gibier (lapins et oiseaux). Quant
aux prédateurs, ils sont bien présents dans les campagnes, bien qu'à
l'évidence sous-estimés dans la mesure où, n'étant pas consommés, ils ne
peuvent apparaître qu'incidemment sur les lieux habités.
Enfin, l'archézoologie apporte quelques retouches aux données de
l'historiographie : l'importance du porc serait surtout le fait du haut
Moyen Age et le tabou de la viande de cheval paraît avoir été transgressé,
du moins ponctuellement.
RÉPARTITION CHRONOLOGIQUE ET SOCIOLOGIQUE DES
SITES RETENUS

En France
CHAR A VINES (Dauphiné) - habitat villageois du XIe siècle. Etude partielle.

SAINT-ROMAIN (Bourgogne) - habitat seigneurial connaissant plusieurs


phases d'occupation : XIIe, XIII-XIVe et XVe siècles. Etude partielle.
SAINT-AVIT-SENIEUR (Périgord) - abbaye, XI-XIII6 siècles. Etude
complète.
CHARNY (Bourgogne) - grange seigneuriale du XIVe siècle. Etude partielle.
DRACY (Bourgogne) - habitat villageois du XIVe siècle. Etude partielle.
ROUGIERS (Provence) - habitat villageois des XIV-XVe siècles. Etude
partielle.

En Italie
CASTELLARO DI ZIGNAGO (Ligurie) -habitat seigneurial des XI-XIP
siècles. Etude partielle.
BRUCATO (Sicile) - habitat villageois connaissant plusieurs phases d'oc
cupation : XI-XIIe et XIVe siècles. Etude complète.

SCARLINO (Toscane) - habitat seigneurial connaissant plusieurs phases


d'occupation : XI-XIIe et XVe siècles. Etude partielle.

GROSSETO (Toscane) - habitat seigneurial connaissant plusieurs phases


d'occupation : XI-XIIIe et XIVe siècles. Etude partielle.
SAN SILVESTRO à GENES - habitat episcopal, XII-XIVe siècles. Etude
partielle.
CASTEL DELFINO (Ligurie) - habitat seigneurial du XIIIe siècle. Etude
partielle.
SANT'AGOSTINO à GENES - bâtiments conventuels, XIIIe siècle. Etude
partielle.
TUSCANIA (Latium) — petite ville connaissant plusieurs phases
d'occupation : XIII-XIV6 et XVe siècles. Etude complète.

GUBBIO (Ombrie) - habitat seigneurial occupé au XIVe siècle. Etude partielle.


Animal et vie quotienne 115

SATRIANO (Basilicate) - habitat villageois des XIV et XVe siècles. Etude


complète.
MOLASSANA (Ligurie) - habitat seigneurial du XVe siècle. Etude partielle.
MONTE ZIGNAGO (Ligurie) - habitat villageois du XVe siècle. Etude partielle.

Tableau I

RÉPARTITION PROPORTIONNELLE
DES TROIS GRANDES ESPÈCES ANIMALES (1)

FRANCE ovicaprins bovins porcs


Charavines XIe 18% 11% 71%
Saint-Romain XIIe 16,1% 34,08% 49,8%
Saint- Avit-SénieurXI-XIII6 24% 11% 65%
Saint-Romain XIII-XIV6 14,1 % 44,4% 51,4%
XIVe 52% 31,4% 16,6%
Dracy
XIVe 70% 18,3% 1 1 ,6%
Charny
Rougiers XIV-XVe (2) 57% 14% 23%
Saint-Romain XVe 41,3% 31% 27,5%
116 Corinne BECK

ITALIE ovicaprins bovins porcs


+ ScarlinoXI-XIP 12,15% 7,05% 80,7%
+C.diZignagoXI-XIIe 40,6% 1,01% 58,3%
Brucato XI-XIP 53,9% 36,2% 9,7%
+GrossetoXI-XIIIe 50% 34% 16%
San Silvestro XII-XIVe 69% 9% 22%
+Castel Delfino XIIIe 46,8% 27% 26,2%
+ Sant'Angostino XIIIe 52,94% 19,6% 27,45%
+TuscaniaXIII-XIVe 76,7 % 9,2% 14,1%
+GubbioXIVe 57,41% 2,25% 40,32%
Brucato XIVe 67,5% 16,8% 15,6%
+Grosseto XIVe 67,6% 6,8% 25,4%
Satriano XIV-XVe 50% 21% 29%
+ScarlinoXVe 60,3% 5,3% 34,3%
+TuscaniaXVe 62,5% 14,2% 23,2%
+MonteZignagoXVe 29% - 71%
+MolassanaXVe 39,8% 7% 53,1%

(1) + Certains chiffres ont été établis, par les auteurs, en fonction de
l'ensemble des animaux domestiques ou de toutes les espèces rencontrées
sur le site. Nous avons dû, pour pouvoir comparer entre elles les principales
espèces domestiques, effectuer de nouveaux pourcentages. Ceux-ci ont été
calculés à partir du nombre de restes osseux. Des pourcentages basés sur le
nombre minimum d'individus, éliminant ainsi les aléas dûs à la
fragmentation des ossements, donneraient une image de la répartition des animaux
plus proche de la réalité. Mais le nombre minimum d'individus n'a pas été
établi et cité par tous les auteurs des travaux utilisés.
(2) L'approximation est de rigueur ici : ces données ont été établies
d'après l'étude d'un nombre très restreint de sondages.
Animal et vie quotienne 117

Tableau II :
RÉPARTITION DES ÉQUIDES SELON LES SITES
(en nombre de restes)

Charavines, XIe : absence


Saint-Avit, XI-XIIP : présence attestée mais aucun décompte effectué
St-Romain, XII-XIVe : absence
Charny, XIVe : 1 ,33% de la faune domestique
Dracy, XIVe : 1,88%
Rougiers, XIV-XVe : 1,1%
St-Romain, XVe : absence

Scarlino, XI-XIP 1 ,10% de la faune domestique


C.diZignago,XI-XIIe absence
Brucato, XI-XIP 2,01% de la faune domestique
Grosseto, XI-XIIP 5%
San Silvestro, Xn-XIVe absence
Castel Delfino, XIIIe absence
Sant'Agostino, XIIIe : absence
Tuscania, XIII-XIVe : 1 ,0 1 % de la faune domestique
Gubbio, XIVe : absence
Brucato, XIVe : 1% de la faune domestique
Grosseto, XIVe : absence
Satriano, XIV-XVe : 7% de la faune domestique
Scarlino, XVe : 0,39%
Tuscania, XVe : 3,64 %
Monte Zignago, XVe : absence
Molassana, XVe : absence
118 Corinne BECK

Tableau III
RÉPARTITION DU CHIEN ET DU CHAT SELON LES SITES
(en nombre minimum d'individus)

CHIEN CHAT
Charavines, XIe présent par des traces de dents ?
Saint- Romain, XIIe 1 absence
Saint-Avit, XI-XIIP Présent par des traces de dents 10
Saint-Romain, XIII-XIV6 présent par des traces de dents absence
Charny, XIVe 3 1
Dracy, XIVe 15 5
Rougiers, XIV-XVe présent par des traces de dents présent*
Saint-Romain, XVe présent par des traces de dents 7

Scarlino, XI-XIP ? 7
C.diZignago,XI-XIIe ? 7
Brucato, XI-XIP 1 1
Grosseto, XI-XIIP 1 ou 2 individus absence
San Silvestro, XIIIe absence absence
Castel Delfino, XIIIe ? 7
Sant'Agostino, XIIIe ? 7
Tuscania, XHI-XIVe présent* présent*
Gubbio, XIVe 7
Brucato, XIVe 6 11
Grosseto, XIVe absence absence
Scarlino, XVe ? 7
Monte Zignago, XVe ? 7
Molassana, XVe ? 7
Ruscania, XVe présent* présent*

? : aucun reste osseux appartenant à cet animal n'a été retrouvé dans
l'état actuel de l'analyse,
présent* : le nombre d'individus n'a pas été précisé par l'auteur des travaux.
Tableau IV :
IMPORTANCE DE LA FAUNE SAUVAGE
(en nombre de restes osseux)

par rapport à l'ensemble part du gibier dans


de la faune la consommation
carnée
Chara vines, XIe 6,59% 1,27%
Saint-Romain, XIIe 8,03% 8,08%
St-Avit-Sénieur, XI-XIIP 32,81% 12%
Saint-Romain, XIII-XIVe 15,69% 15,69%
Chamy, XIVe 4,66% 5,51%
Dracy, XIVe 6,25% 4,18%
Rougiers, XIV-XV6 auncun décompte n'a encore
été effectué
Saint-Romain, XVe 17,14% 1,14%

Castellaro di Zignago, XI-XIIe absence


Scarlino, XI-XIP 2,16% 2,16%
Brucato, XI-XII6 20,69% 15,69%
Grosseto, XI-XIIP 24,24% 25,6%
San Silvestro, XII-XIVe 2,11% 2,11%
Castel Delfino, XIIIe 26% 26%
Sant'Agostino, XIIIe absence
Tuscania, XIII-XIVe 10,48% 11,37%
Gubbio, XIVe absence
Grosseto, XIVe 3,63% 3,03%
Brucato, XIVe 20,12% 28,4%
Satriano, XIV-XVe 3,48% 4,23%
Molassana, XVe absence
Scarlino, XVe 5,71% 5,37%
Tuscania, XVe 18,44% 19,4
Monte Zignago, XVe 22% 22%
120 Corinne BECK

BIBLIOGRAPHIE

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