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32 boulevard du Port
95 094 CERGY-PONTOISE Cedex
DUVERGE Anne
93ème promotion
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ISTOM
Ecole d’ingénieur en agro-développement international
32 boulevard du Port
95 094 CERGY-PONTOISE Cedex
DUVERGE Anne
93ème promotion
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Remerciements :
Tout d’abord je tiens à remercier mon maître de Stage Moussa Balde pour sa
disponibilité, son écoute, ses conseils et son soutien à mon égard tout au long de mon
travail.
Merci aussi à toutes les autres personnes qui m’ont encadré durant mon stage et qui
m’ont permis de réaliser cette étude : les membres de AVSF : Hassan Kamil, Fabrice
Sanglier, Nocolas Eberhart et Frédéric Laloy, la FAI et plus particulièrement Yves Raffin, Le
Conseil général, le DIRFEL, la MDE et l’association des professionnels du bétail et de la
viande de Tambacounda : Je pense notamment à Dieynaba Sidibé, Issaga Camara, Kaïnou
Sy et Demba Sille Dia qui m’ont réservé en outre un accueil irréprochable.
Le soutien des acteurs extérieurs à la filière a été en outre important pour moi,
notamment l’IRSV de Tambacounda : Merci au Dc Bernard Faye et Mame Mor Fall qui s’est
toujours montré présent et disponible, Bocar Sow du PROGEDE, Semba Gallo Ba de la
Direction régionale de la statistique, Sankoug Diakhite du GADEC, Mamout NDiaye de la
SODAGRI et enfin Baba Diaye de la SOGAS, Abder Benderdouche du Ministère de
l’élevage, Christelle Cornier de l’Ambassade de France et le Dc Didier Bouchel.
.
Merci à tous les acteurs de terrain qui ont consacré beaucoup de temps à m’encadrer
durant les enquêtes à Tambacounda et Dakar : un immense merci au Dc Ibrahima Lo pour
ses conseils, son appui technique et scientifique et sa disponibilité, merci aussi à Kally
Boubane, Cheikh Omar Balde, Kaïnak Gning, Labouda Seck, Salif, Amadou Dia, Ibrahima
Seydi, Dakar Abdou Salam Ly, Abdou, Moustapha Seck, Mansour Fall.
Merci à Malick NDiaye pour son soutien encore dans mon travail.
Merci surtout à tous les éleveurs, les professionnels du bétail et les professionnels de
la viande qui ont accepté de contribuer à la réalisation de cette étude et se rendre disponible
pour les enquêtes. Merci notamment à Ibrahima Dia, Abou Ba, Didier Castes, Issa NDoye,
Baye Guaye.
Enfin, merci à l’ISTOM et Marc Oswald d’avoir été mon tuteur pour la rédaction de ce
mémoire, ainsi qu’à toutes les autres personnes qui de près ou de loin, m’ont aidé dans sa
réalisation.
3
Table des matières :
INTRODUCTION …………………………………………………………………………...............11
4
PARTIE 3. Structuration de la filière 31
5
PARTIE 4: Perspectives d'avenir pour la filière 82
CONCLUSION……………………………………………………………………………………….91
6
Table des illustrations :
Figures :
Page de couverture : marché de Payar (Anne Duvergé, enquêtes 2006)
Figure 2 : Evolution du PIB des sous-secteurs du primaire – Base 1987 (DPS, 2001)
Figure 4 : Apports des différentes espèces dans la production estimée de viande et d’abats
en 2005 (Rapport annuel DIREL, 2005)
Figure 8 : Flux de bétail transitant par Tambacounda (Rapports annuels DIREL, 2004, 2005.
Enquêtes, 2006)
Figure 10 : Les différents systèmes imbriqués dans la filière viande bovine (Enquêtes, 2006)
Figure 12 : Provenance du bétail arrivant sur Dakar de septembre 2005 à août 2006
(Rapports mensuels de l’IDSV de Pikine , 2005, 2006)
Figure 14 : Importations de bétail sur pied provenant du Mali passant par Kidira pour les
années 2002, 2003, 2004 et 2006 (IDSV de Kidira, 2006)
Figure 15 : Evolution du nombre de bovins abattus à Dakar de 1994 à 2003 (Alpha Dianey –
SOGAS, 2004)
Figure 17 : Evolution sur l’année 2003 des abattages contrôlés dans la région de Dakar
(Alpha Dianey, 2004)
Figure 18 : Evolution sur l’année 2003 des abattages contrôlés dans la région de
Tambacounda (Rapports mensuels IDSV de Tambacounda, 2003)
7
Figure 19 : Evolution des importations de viande bovine par rapport au total des viandes
importées de 2002 à 2005 (Rapport annuel DIREL, 2005)
Figure 20 : Evolution des prix de le la viande et du bétail le long de la filière (Enquêtes, 2006)
Figure 21 : Evolution du prix au poids vif (estimations) des différentes catégories de bétail
échangées le long de l’année sur les Loumos (Rapports mensuels IDSV de Tambacounda,
2005)
Figure 22 : Evolution des prix de la viande sur l’année aux différents niveaux (Enquêtes,
2006)
Tableaux :
Tableau 1 : Evolution des productions animales en Afrique subsaharienne (FAOSTAT, 1999)
Tableau 5 : Répartition des activités entre les fonctions principales de la filière (Enquêtes,
2006)
Tableau 8 : Abattages contrôlés au niveau des différentes régions en 2005 (Rapport annuel
DIREL, 2005)
Tableau 9 : Evolution du nombre et des poids moyens des carcasses enregistrées à Dakar
de 1994 à 2003 (Alpha Dianey – SOGAS, 2004)
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Table
Table des abréviations, sigles
sigles et termes
étrangers :
Aïd el Kebir ou Tabaski : Fête religieuse perpétuant le sacrifice d’Abraham
ANPROBVS : Association Nationale des Professionnels du Bétail et de la Viande
AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières
BDD : Base De Données
Bov : Bovins
BTP : Bâtiment Travaux Publics
CFA : Communauté Francophone d’Afrique
Coxeur : Rabatteur ou courtier
Dibitier : rotisseur
Dioula : Commerçant de bétail de brousse
DIREL : Direction de l’Elevage
DIRFEL : Directoire Régional des Femmes en Elevage
Djakore : animal métis issu du croisement entre les races Gobra et NDama
DPS : Direction Prévisionnelle de la Statistique
EB : Excédents Bruts
G : gramme
Gobra : race locale de zébus
EISMV : Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecines Vétérinaires
FAI : Fédération des Alpages de l’Isère
Foirail : Emplacement parqué servant aux échanges de bétail
GIE : Groupement d’Intérêt Economique
Griots : Caste professionnelle
IA : Insémination Artificielle
IAA : Industries Agro-Alimentaires
IDH : Indice de Développement Humain
IDSV : Institut Départemental des Services Vétérinaires
IRSV : Institut Régional des Services Vétérinaires
IVV : Intervalle Vêlage – Vêlage, soit l’intervalle entre deux vêlages consécutifs
Km : kilomètre(s)
Loumo ou Louma : marché de bétail hebdomadaire
MAE : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage
MB : Marge Brute
MDE : Maison Des Eleveurs
Nb : nombre
NDama : race locale de taurins résistants à la trypanosomiase
PACDAOA : Projet d’Amélioration du Contrôle des Denrées Alimentaires d’Origine Animale
PAPEL : Projet d’Appui à l’Elevage
PARC : Projet Campagne Panafricaine de Lutte contre la Peste Bovine
Pds : poids
PMA : Pays les Moins Avancés
PNUD : Programme des Nations Unis pour le Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PR : Petits Ruminants
PRODEC : Projet de Développement des Espèces à Cycle Court
RC : Rendement carcasse
SMB : Système d’Information sur les Marchés du Bétail et de la Viande
SOGAS : Société de Gestion des Abattoirs du Sénégal
Tamba : Tambacounda
Tegaï : frais d’intermédiation
Tefanke : Commerçant de bétail de Dakar
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Tuteur ou NDiantigui : Commerçant de bétail assurant la fonction de garant et d’intermédiaire
lors des transactions
UEMOA : Union Economique et Monétaire de l’Afrique De l’Ouest
UJC : Union des Jeunes Chevillards
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Introduction :
Malgré le manque d’organisation et de structuration des flux et des circuits de
commercialisation, les produits animaux sont source de richesse, d’échange et de
dynamisme importants en Afrique de l’Ouest. Le Sénégal occupe une place importante dans
ces échanges et l’élevage offre une contribution non négligeable à la production de richesse
du pays, en particulier l’élevage bovin qui joue en plus un rôle socio-économique particulier
pour les populations pastorales.
Les systèmes de productions du Sahel sont ceux qui présentent les coûts de
production les plus faibles au monde. Pourtant, la viande présente sur les marchés reste
chère et inaccessible de façon régulière pour la majorité des ménages sénégalais. Les
filières animales restent dominées par le secteur informel, la multiplicité des acteurs et de
leurs rôles. De plus, à cette complexité, s’ajoute dans un contexte de libéralisation des
échanges, la concurrence de l’arrivée du bétail malien et mauritanien et de la viande
congelée sur les marchés de bétail et de consommation. Enfin, le manque de données
fiables sur l’organisation de l’ensemble de la filière viande bovine rend difficile l’intervention
des pouvoirs publics et des différentes projets de développement.
La première partie replacera l’étude dans son contexte national et régional afin de
peser l’importance des productions pour l’Afrique de l’Ouest et l’orientation du secteur bovin
viande au Sénégal par rapport à la demande et aux contraintes spécifiques du pays.
Enfin, la dernière partie de notre mémoire proposera des solutions d’intervention pour
préserver l’avenir de la filière viande bovine. Les points positifs et négatifs de la filière et de
son environnement seront en premier lieu dégagés afin d’évaluer des perspectives d’actions
possibles et formuler des propositions concrètes d’intervention.
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PARTIE 1. Le contexte d’évolution de la filière viande bovine au
Sénégal
En troisième lieu, les pays d’Afrique subsaharienne sont caractérisés par une forte
dépendance vis à vis de l’extérieur qui s’exprime à deux niveaux. Au niveau économique, les
pays subissent des importations massives et l’augmentation de leur dette extérieure. Au
niveau politique, on peut parler de l’ingérence de la communauté internationale dans les
affaires intérieures, du faible pouvoir de négociation des Etats sur l’échiquier international et
de l’épuisement du modèle interventionniste au profit des politiques libérales subies.
En dernier lieu, l’Afrique connaît depuis 25 ans une urbanisation sans précédent, qui
résulte à la fois d’une croissance démographique soutenue et d’une crise des systèmes
productifs. Cette urbanisation a eu pour effets principaux une paupérisation urbaine et une
montée du chômage des jeunes. Mais il faut en même temps noter ses effets positifs sur des
économies qui sont restées fortement agricoles. Les liens entre les villes et la campagne
sont maintenus par les acteurs qui jouent un rôle moteur dans le développement rural. De
plus, il est important de noter la créativité, les initiatives populaires, les nouvelles
organisations et l’esprit d’entreprise qui émergent du milieu urbain et qui permettent aux
acteurs de faire face à la crise. Ce dynamisme est ainsi repérable sur le terrain par
l’importance des économies informelles.
12
12. La place de l’élevage et des productions animales pour les
pays de la sous-
sous-région :
Les animaux de rente des systèmes d’élevage d’Afrique subsaharienne sont surtout
représentés par les bovins (zébus, taurins et métis), les petits ruminants (ovins, caprins), les
dromadaires et les volailles. La répartition spatiale des races de ruminants est bien adaptée
aux conditions écologiques et à la présence de la trypanosomiase qui limite l’élevage de
certaines races dans les zones infestées par les vecteurs du parasite. La Mauritanie, le Mali,
le Niger, le Tchad et une partie du Burkina se partagent le plus gros du bétail.
122. L’importance
L’importance économique des productions animales et
l’évolution
l’évolution de la production :
Par rapport à leur évolution, les productions de lait, de viande et d’œufs ont
augmenté tout au long de la période 1961-1997 mais à un rythme moindre que celui de la
population.
13
Pour la production de viande bovine, avec 15 % du cheptel mondial, l’Afrique
subsaharienne ne produit que 3 millions de tonnes soit 5,5 % du tonnage mondial. La
production a faiblement augmenté au cours des dernières années (+ 7 % de 1986 à 1996)
par rapport aux viandes de petits ruminants et de volailles.
La faiblesse de la productivité est la caractéristiques majeure des productions bovines
d’Afrique subsaharienne. Cette faiblesse est liée à plusieurs facteurs dont une exploitation
réduite du cheptel (12 %), des poids carcasses de plus en plus fables du fait d’un abattage
plus précoce (131 kg en 2000 contre 150 kg en 1984) et une productivité pondérale estimée
à 16 kg carcasse / animal / an (90 kg en France). Toutefois, cette production est réalisée
avec un niveau d’intrants extrêmement réduit, ce qui fait la force des systèmes traditionnels
africains. Rappelons aussi que ces moyennes cachent des variations importantes suivant les
différents pays et les différents systèmes de production.
123. L’évolution
L’évolution de la consommation
consommation en viande :
En Afrique subsaharienne, comme dans tous les pays à faible revenu, les produits
alimentaires d’origine végétale constituent la base de l’alimentation et procurent la majeure
partie des protéines. Cependant, l’apport en protéines animales est insuffisant et en
diminution depuis les années 1980, diminution liée en partie à la baisse de consommation de
viandes due à la baisse de pouvoir d’achat des populations. Il résulte de deux tendances
opposées : Une diminution de la consommation de viandes rouges (petits et gros ruminants)
et une augmentation de la consommation de viandes blanches (volailles et porcs) qui ne
réussit cependant pas à combler la première.
Il faut aussi noter les disparités entre les pays. A l’exception de la Mauritanie, les
pays sahéliens consomment en moyenne 10-12 kg / habitant de viande rouge par an. La
consommation des pays côtiers quant à elle est plus faible et plus variable, de 5,3 kg à 14,2
kg / habitant et comblée en partie par les produits halieutiques. C’est en outre dans ces pays
que se développent les élevages de volailles et de petits ruminants autour des centres
urbains. Certains font aussi appel à la viande rouge importée jusqu’à un tiers de leurs
besoins.
A partir des régions sahéliennes de production, partent les principaux flux pour
approvisionner les grands centres de consommation situés dans les pays côtiers. On
distingue ainsi plusieurs zones :
14
- La zone du « couloir central » : Les animaux partent du Mali et du Burkina Faso pour
alimenter la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et dans une moindre mesure le Bénin.
A titre d’exemple, ces courants ont drainé en 1997 en Afrique de l’Ouest, 267 347
bovins dont 199 880 du Mali et 147 467 du Burkina Faso et 627 740 petits ruminants dont
349 207 du Mali et 278 533 du Burkina Faso.
La diversité des mesures douanières aux frontières vis à vis des viandes extra
africaines et la non coordination des mesures vis à vis des viandes sahéliennes par les
différents pays n’ont pas facilité l’intégration économique jusque là. Sur le plan macro-
économique, la dévaluation du franc de la Communauté Francophone d’Afrique (CFA)
survenue en janvier 1994 a permis de relancer les flux régionaux de bétail entre les pays
sahéliens et les pays côtiers mais cela n’a duré que quelques mois. Cet évènement a eu
aussi pour effet de diminuer le pouvoir d’achat des consommateurs déjà éprouvés par les
programmes d’ajustement structurel. Depuis le début de la crise en Côte d’Ivoire (2001-
15
2002), grande importatrice de bétail sur pied, les flux maliens et burkinabés qui alimentaient
Abidjan se sont tournés vers les autres pays côtiers, notamment le Sénégal.
Depuis les années 1980, la part du secteur primaire dans le PIB total du Sénégal a
baissé pour atteindre 19 % en 2001. Il se caractérise par la forte vulnérabilité de l’agriculture
par rapport à son environnement. Les activités du secteur secondaire ont quant à elles
progressé pour contribuer aujourd’hui à 20,5 % du PIB. Elles sont fondées sur les
phosphates (production d’engrais et d’acide phosphorique à destination de l’Inde
principalement) et sur la transformation de l’arachide (huile et tourteaux pour le bétail). Enfin,
les investissements immobiliers de la diaspora sénégalaise soutiennent l’activité du bâtiment
et la production de ciment. Le secteur tertiaire représentant 50,5 % de la richesse du pays
bénéficie du développement des infrastructures de télécommunications, qui favorise des
investissements dans les téléservices et l’internet. A noter que les services non-marchants
représentent une part non négligeable, soit 10 % du PIB de l’économie sénégalaise.
22.
22. Une urbanisation croissante :
La population sénégalaise était estimée en 2003 à 10,3 millions d’habitants avec un
taux d’accroissement annuel de 2,7 %. La densité moyenne est voisine de 50 millions
d’habitants / km². La répartition est très hétérogène entre l’ouest du pays très urbanisé (145
habitants / km² dans la région de Thiès et 3 000 habitants / km² dans la région de Dakar) et
l’est sous peuplé (10 habitants / km² dans la région de Tambacounda).
Avec 44 % de sa population vivant en zone urbaine, le Sénégal est l’un des pays les
plus urbanisés du Sahel. La région de Dakar concentre à elle seule plus de la moitié des
urbains, soit 25 % de la population sénégalaise.
16
centre du Sénégal, autour du Bassin Arachidier, qui accueille à lui seul plus de 35 % de la
population.
23.
23. Un environnement contrasté :
Pays soudano-sahélien, au relief essentiellement plat, le climat se caractérise par
l’alternance d’une saison sèche d’une durée variable entre sept et neuf mois du sud au nord,
et d’une saison chaude et pluvieuse qui commence fin mai dans les régions méridionales. La
saison des pluies est fortement dépendante de la mousson et très aléatoire avec des
périodes de sécheresse cyclique. Les températures moyennes annuelles oscillent entre 18
et 26 degrés sur le littoral et entre 24 et 30 degrés pendant la saison sèche. Elles
augmentent en saison des pluies avec des maxima de 45-50 degrés à l’intérieur du pays.
L’incertitude induite par l’instabilité des facteurs climatiques joue négativement sur les
activités productives. Elle contribue de plus à la sous utilisation de la main d’œuvre rurale et
au déplacement des populations vers les centres urbains.
De 1960 jusqu’à 1996, le secteur primaire était le deuxième secteur après le tertiaire,
à participer à la formation du PIB. A partir de 1997, il s’est rangé derrière le secteur
secondaire.
17
Figure 2 : Evolution du PIB des sous-secteurs du primaire – Base 1987
450
400
350
PIB (milliards de francs CFA)
300
Agriculture
250
Elevage
200 Pêche
Forêt
150 Total
100
50
0
1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001
Années
Durant la période 1996-2002, la part des produits agricoles dans les importations du
Sénégal a varié entre 18 et 12 %. Les produits céréaliers viennent largement en tête (78 %
des importations de produits agricoles en 2000).
A l’inverse, la proportion des produits agricoles dans les exportations (qui a fluctué
entre 1,5 % et 4 % pour la période 1990-2002) est faible et en baisse. Composée pour
l’essentiel d’arachides de bouche, cette diminution des exportations en produits agricoles
s’explique dans une large mesure par l’évolution non initiative du cours mondial des produits
oléagineux, combinée au mouvement très aléatoire de la production arachidière.
18
d’abats ont doublé en 3 ans pour atteindre en 2005 un volume de 19 692 tonnes (soit 67
milliards de francs CFA) qui se décomposent comme ci-dessous :
10% 2%1%
Volaille
Viande bovine
Abâts
Les exportations de bétail sont difficiles à évaluer. Elles concerneraient surtout des
petits ruminants pour le Mali (chèvre rousse par exemple) et des bovins et petits ruminants
pour la Gambie. Les autres exportations de produits issus de l’élevage concernent
essentiellement les cuirs et peaux. Pour une production de 18 120 tonnes, le Sénégal a
exporté 6 427 tonnes de cuirs et peaux, dont 63 % de cuir de bovin.
Les liens en amont et en aval qui existent à l’intérieur du secteur primaire ainsi
qu’avec les autres secteurs de l’économie produisent des effets de stimulation de la
croissance et de génération de revenus mais l’agriculture a encore un degré d’intégration
assez faible au niveau économique.
4. La contribution et l’orientation
l’orientation de la filière viande
bovine :
41.
41. La contribution
contribution socio-
socio-économique de l’élevage et de la
production bovine :
411. L’importance
L’importance de l’élevage pour les populations pastorales :
19
Au Sénégal, le bétail, en particulier le cheptel bovin, est étroitement associé au tissu
social et sert de réserves stratégiques pour les sociétés rurales. Aussi, l’évaluation de la
contribution de l’élevage, en plus de la production alimentaire directe (viande, lait…) inclut
les cuirs et peaux, les fibres, le fumier (engrais ou combustible), la traction animale ainsi que
l’accumulation de capitaux.
412. La contribution
contribution économique de la filière viande bovine :
En 2005, le cheptel bovin s’élève à plus de 3 millions de têtes, avec une croissance
positive. Sur les 114 260 tonnes de production de viande estimée, la viande bovine
représente 63 % de la viande rouge et 41 % du total des viandes. La production d’abats
représente 17 015 tonnes, dont 69 % d’abats de bovins.
Figure 4 : Apports des différentes espèces dans la production estimée de viande et d’abats
en 2005
8%
22% Bovins
45%
Ovins / Caprins
Volailles
Porcins
25%
20
Figure 5 : Principales régions d’élevage et flux commerciaux :
Note : la taille des ronds verts est proportionnelle à l’importance du cheptel de la région
21
PARTIE 2. La construction de la problématique et la méthodologie
employée
1. Justification de la problématique :
La première partie nous a permis de voir que le Sénégal est un pays encore
caractérisé par l’importance sociale du secteur primaire , même s’il ne pèse plus beaucoup
sur son économie. Le sous-secteur de l’élevage fait vivre aujourd’hui un tiers de la
population sénégalaise. La filière viande bovine en occupe la place première et joue un rôle
socio-économique central. Mais elle reste dominée par une faible productivité des systèmes
d’élevage localisés dans des zones pastorales difficiles et une prédominance des activités
informelles tout au long de la filière.
22
dans l’identification et la formulation d’actions pertinentes en faveur des éleveurs de la
région. Dans cette optique, AVSF a proposé d’encadrer un stage ingénieur de fin d’étude sur
la filière viande bovine, filière où jusqu’à présent les acteurs ont le moins de données.
Professionnels du bétail
M
Commerce du bétail
Professionnels du Distribution
M bétail Dakar
Commerce
du bétail
Consommation
Abattage
Professionnels
de la viande
Distribution
locale FILIERE
NATIONALE
Consommation M : Importations
Consommation : sujet
FILIERE
non traité dans les enquêtes.
LOCALE
23
4. Le cadre de l’analyse :
La plus grande partie de l’étude s’est déroulée dans la région de Tambacounda.
Source : www.au-senegal.com
La gestion foncière est restée très traditionnelle et la loi sur le domaine national est
encore mal connue. La région de Tambacounda a des potentialités intéressantes pour le
24
développement de l’élevage : Ses pâturages représentent une grande partie du territoire
national, la culture du coton et des céréales offre des sous-produits pour complémenter les
rations animales, la disponibilité en eau et en fourrage est bonne et la race locale NDama est
bien adaptée aux conditions climatiques et résistante à la trypanosomiase sévissant dans le
sud du pays.
51. Le calendrier
calendrier de travail :
Tambacounda Dakar
Mai → Août Septembre → Novembre
• Prises de contact avec les personnes
• Bibliographie
ressources (Dakar et Tambacounda)
• Bibliographie • Restitution résultats provisoires
• Récolte des données quantitatives (services
• Mise en place de la méthodologie
vétérinaires…)
• Enquêtes au niveau des éleveurs • Rencontre avec les tuteurs de Dakar
• Enquêtes au niveau des professionnels du • Enquêtes au niveau des chevillards de
bétail (Tamba, marchés primaires) Dakar
• Enquêtes au niveau des bouchers • Enquêtes au niveau des différents réseaux
Abattants-détaillants de Tamba de distribution de Dakar
• Enquêtes au niveau des leaders des
• Restitutions sur Dakar et Tambacounda
organisations professionnelles
Le stage s’est déroulé sur six mois, quatre mois à Tambacounda puis deux mois à
Dakar. Il y a eu quatre grandes étapes dans la méthodologie que nous avons appliqué :
52. La méthodologie
méthodologie des enquêtes :
La phase de terrain du stage avec notamment la réalisation des enquêtes (axes de
travail, rédaction du questionnaire, testage, enquêtes, dépouillement…) a été la partie la plus
longue du stage et la plus enrichissante puisqu’elle a permis de rentrer directement en
contact avec les acteurs de la filière. Elle a fait en outre l’objet d’une méthodologie détaillée
en réponses à des objectifs identifiés et formulés préalablement.
25
521. Détermination des flux de bétail depuis la région de
Tambacounda :
pour la première étape du travail, nous avons d’abord du choisir les emplacements
stratégiques afin de réaliser des échantillons pour chaque catégorie d’acteurs à interroger.
Nous avons décidé de nous baser sur les principaux flux de bétail arrivant sur
Tambacounda ou passant dans la région. Plusieurs axes ont été identifiés (par rapport aux
chiffres des services vétérinaires et des discussions avec les professionnels du bétail et les
agents de développement) :
Vers
DAHRA
Flux à pied
Flux en camions
2’
1 Zone nord (Ferlo)
1
Axes nord est
2
Vers 6 (Kidira)
DAKAR 2
3 Axe est (Sadatou)
3
4 Axe sud est
(Kedougou)
5
4
5 Axe sud ouest
(Vélingara)
Zone ouest (Payar,
6
Koussanar, Maka…)
Le bétail arrive à pied ou en camion (en suivant les routes principales de la région)
des zones d’élevage, voire des pays limitrophes (Mali, Mauritanie, Guinée). L’ensemble des
flux a pour objectif principal Dakar, ou Dahra (plus gros marché de bétail du pays).
26
522. Identification des axes de travail en fonction des principaux
flux de bétail :
Les quatre principaux flux de bétail arrivant à Tambacounda, et Dakar ont été retenu
pour effectuer nos enquêtes :
- L’axe nord (Ferlo) où les animaux sont convoyés à pied des zones de production jusqu’à
Tamba ou les marchés environnants (Payar, Sinthiou Malème, Kothiary et Bala) et chargés
ensuite en camion jusqu’à Dakar.
- L’axe nord est (Kidira) où les animaux sont convoyés en camion des principaux marchés
(Kothiary, Bala) jusqu’à Dakar.
- L’axe est (Sadatou) où les animaux sont convoyés à pied des zones de production
jusqu’à Tamba et ensuite chargés en camion jusqu’à Dakar.
- L’axe sud est (Kédougou) où les animaux sont convoyés en camion des principaux
marchés (Missirah) jusqu’à Dakar.
La partie récolte des données s’est échelonnée sur toute la durée du stage. La
première partie du travail s’est effectué à Tambacounda avec deux objectifs :
- l’étude d’une partie de l’amont de la filière nationale, c’est à dire de l’élevage jusqu’à
l’acheminement du bétail au niveau de Tambacounda.
- l’étude de la filière locale, de l’élevage jusqu’à la distribution de la viande à
Tambacounda.
4 différents types d’enquêtes ont donc été réalisées aux différents niveaux de la filière :
- des enquêtes au niveau des éleveurs (dans les principales zones d’élevage) afin
d’identifier les différents systèmes de production, les stratégies des éleveurs et leurs
relations avec l’aval de la filière.
- des enquêtes au niveau des professionnels du bétail (dans les marchés hebdomadaires
et au foirail grands ruminants de Tamba) pour mieux comprendre leurs rôles, leurs relations
et leurs méthodes de travail.
- des enquêtes au niveau des professionnels de la viande (à Tambacounda et dans deux
villages d’éleveurs) pour étudier la gestion de la distribution locale sur la ville de
Tambacounda.
- des enquêtes au niveau des organisations professionnelles, des services vétérinaires et
des privés chargés du développement de l’élevage (à Tambacounda).
27
- des enquêtes au niveau des professionnels du bétail (au foirail grands ruminants de
Dakar) avec pour objectif de mieux identifier le rôle des différents intermédiaires, en
particulier celui des « tuteurs », que nous détaillerons par la suite.
- des enquêtes auprès des chevillards (aux abattoirs de Dakar) afin de comprendre leur
place au sein de la filière, leur organisation de travail et leurs relations avec les acteurs du
circuit vif et du circuit mort.
- des enquêtes auprès des différents types de distributeurs (bouchers traditionnels et
modernes) afin de cerner la dynamique d’évolution de ces réseaux et leurs attentes.
Niveaux d'étude
Abattoirs,
Villages Marchés Extérieur
Boucheries
Zones d'étude
Professionnels du Professionnels de la Organisations
Eleveurs
bétail viande professionnelles
Axe nord (Ferlo) Kouthiaba Payar Kouthiaba
Axe nord-est (Kidira) Tabanding Kothiary Tabanding
Axe est (Sadatou) Komoty
Axe sud (Kedougou) Kenieto Thiokoye, Kedougou
Axe ouest St Maleme
Foirail MDE-DIRFEL-
Tambacounda boucheries ville
Tambacounda IRSV-privés
abattoirs SOGAS DIREL-IRSV-
Dakar Foirail Dakar boucheries ville et Ministère élevage-
banlieue Privés
- Pour les éleveurs, un village par axe a été choisi par rapport :
Pour chaque village, une petite dizaine d’éleveurs (avec des tailles de cheptel différentes) a
été interrogé (les chiffres varient suivant le nombre d’éleveurs et l’homogénéité ou la
diversité des stratégies possibles au niveau d’un même village ainsi que le temps disponible
pour le enquêtes).
- Pour les professionnels du bétail, on retrouve tous les types d’intermédiaires au sein des
marchés. Pour nos enquêtes, nous avons choisi les principaux marchés stratégiques des
axes identifiés ci-dessus (plus l’axe ouest où St Maleme est un marché important).
- Pour les professionnels de la viande, des enquêtes ont été réalisées à Tambacounda
avec les bouchers abattants-détaillants de la ville ainsi que dans deux villages d’éleveurs. A
Dakar, des enquêtes auprès des chevillards des Abattoirs de la Société de Gestion des
Abattoirs du Sénégal (SOGAS) et au niveau des différents types de réseaux de distribution
dans la ville et dans les banlieues ont été réalisées.
28
Figure 9 : Localisation des acteurs interrogés
MAURITANIE
Ferlo
Payar
DAKAR Tabanding
Kouthiaba MALI
Kothiary
Komoty
St Maleme
GAMBIE
Kenieto
Thiocoye
Kedougou
Tambacounda
Axes bétail (route)
GUINEE
Axes bétail (à pied)
Eleveurs
Professionnels du bétail
Professionnels de la viande
Organisations professionnelles…
29
6. Les limites de l’étude :
Les difficultés rencontrées sur le terrain nous ont sans cesse amené à recadrer les
objectifs, réadapter les méthodes de travail et ainsi ont eu un effet notoires sur les résultats
de l’étude.
Parmi celles-ci, on peut citer :
- L’absence de traducteur : C’est de loin la plus grosse lacune de la phase terrain. Les
enquêtes ont souffert d’un traducteur « neutre » maîtrisant le sujet et la compréhension de la
problématique mise en jeu derrière les questionnaires. Les résultats, surtout pour la partie
commerçants de bétail, s’en sont faits ressentir et le temps impartis pour les enquêtes
(réalisées en fonction de la disponibilité des agents de terrain) était parfois très court et
insuffisant pour réellement rentrer en confiance avec les acteurs interrogés.
- Le temps imparti pour l’étude n’a pas permis de prendre en compte pour la phase terrain :
▪ certains marchés de bétails importants du Sénégal (Darha surtout mais aussi
Kaolack…)
▪ les transformations secondaires
▪ la consommation
▪ l’aspect sanitaire de la filière
30
PARTIE 3. Structuration de la filière
1. La délimitation
délimitation de la filière
11. La définition
définition de la filière et du produit étudié :
111. La définition
définition de la filière viande bovine :
Une filière se compose d’une succession d'actions menées par des acteurs pour
produire, transformer, vendre et consommer un produit. Ces actions, menées
successivement, parallèlement ou complémentairement, peuvent se découper en grands
ensembles ou systèmes, comme la production, la transformation, la commercialisation, la
consommation. Chacun de ces ensembles englobe une série d'acteurs plus ou moins
importants qui permettent de passer d'un ensemble à l'autre, dans une suite logique
d'interventions.
Pour notre étude, les différents acteurs de la filière vont regrouper les éleveurs, les
professionnels du bétail (circuit vif), les professionnels de la viande (circuit mort) et les
consommateurs qui vont faire évoluer le produit de sa production jusqu’à sa consommation
finale.
112.
112. La définition
définition du produit et de ses caractéristiques propres :
2121. Le type
type de produit :
Le produit final de notre étude est la viande, d’espèce bovine seulement. Cela
suppose en outre de s’intéresser aussi aux devenir des autres produits consommables de la
même origine, c’est à dire les abats.
La définition de la viande n’est pas universelle. Le Petit Robert la défini comme étant
« la chair des mammifères et des oiseaux que l’homme consomme ». Il s’agit donc d’une
définition qui prend en compte les usages et donc le mot « chair » peut avoir un contenu
anatomique différent selon les époques et les lieux. En France et au Sénégal par exemple la
peau des bovins n’est pas de la viande alors qu’elle l’est au Nigeria et au Laos. En revanche,
en France la peau des poulets est vendue attenante à la viande et en fait donc partie, ainsi
que les parties adipeuses et les os (Mankor, 2001).
Plus précisément, la viande bovine comme celle des autres ruminants (caprins et
ovins) se classe parmi les viandes rouges, issues d’animaux herbivores nourris d’aliments
grossiers et utilisés le plus souvent à d’autres fins que la production de viande.
Sa périssabilité :
31
Son statut dans l’alimentation :
La viande bovine a statut particulier qui varie beaucoup suivant les régions du
monde.
Elle est d’abord un aliment énergétique. Cette fonction se manifeste par la préférence
accordée aux animaux gras dans toutes les situations ou la couverture des besoins
énergétiques est le souci premier, comme au Sénégal par exemple. La part de la viande
dans les apports énergétiques est très variable selon les régions. La viande peut présenter
jusqu’au quart des apports énergétiques totaux dans les pays les plus riches ou à élevage
pastoral important. Au niveau mondial, la viande n’apporte que 6 % de l’énergie de la ration
alimentaire.
Aujourd’hui, après avoir été un luxe réservé aux élites ou à des occasions festives, la
viande constitue l’élément principal du repas dans la plupart des pays les plus riches. Dans
les pays en développement, la question de l’auto-suffisance alimentaire en général et en
denrées d’origines animales est encore en grand défit (Mankor, 2001)
Consommation
Régions du monde
moyenne
Moyenne mondiale 35 kg
Moyenne des pays développés 76,5 kg
USA 120 kg
Australie 100 kg
France 90 kg
Japon 40 kg
Moyenne des pays en développement 27,8 kg
Amérique Latine, Caraïbes 50,7 kg
Afrique de l'Ouest 11,6 kg
Source : FAOSTAT, 1999
32
La durée du cycle de production :
Plus rarement, on retrouve des animaux embouchés par les professionnels du bétail
ou de la viande dans les marchés, avec un cycle de production qui lui aussi varie (puisque
ce sont souvent des animaux maigres que ces intermédiaires achètent à tous âges pour les
engraisser pendant 3-4 mois avant de les revendre avec un large bénéfice).
Pour la viande en général, selon une enquête réalisée sur 183 ménages à Dakar, les
principaux produits susceptibles de remplacer ce produit dans les habitudes alimentaires
sont : (Mankor, 2001)
Au niveau des différentes viandes, selon une étude sur une centaine de ménagères à
Dakar, il y a plusieurs facteurs qui rentrent en compte dans leur choix :
- Au niveau du facteur goût, la viande bovine est celle qui vient en premier ordre de
préférence (100 %), ensuite vient la viande de volaille (97 %) et la viande ovine (82 %).
- Au niveau du facteur prix et revenu : Plus le revenu des ménages augmente plus ils vont
consommer de la viande en quantité plus importante et de façon plus diversifié. A l’inverse,
plus le revenu des ménages diminue moins ils vont consommer de viande et se tourner vers
les viandes les moins chères.
33
12. Les limites
limites de la filière :
Fonctions Activités
Production Elevage
Commerce des animaux sur pied
Commercialisation
Commerce de la viande
Transport des animaux sur pied
Transport
Transport de la viande
Abattage
Découpe
Transformation
Produits alimentaires traditionnels
Produits alimentaires industriels
Distribution de gros
Distribution
Distribution au détail
Consommation particulière
Consommation
Consommation collective
Source : Enquêtes, 2006
Plusieurs autres systèmes et certaines filières sont inscrits dans la filière bovin
viande.
- Les petits ruminants : Les éleveurs ne possèdent pas que des bovins mais aussi des
petits ruminants qui prennent d’ailleurs parfois la première place dans le troupeau.
L’ensemble des animaux est généralement conduit ensemble, et les stratégies
(décapitalisation, modes de gestion…) des éleveurs doivent se raisonner en tenant compte
34
de l’ensemble des espèces. Il est aussi fréquent que les petits ruminants servent de monnaie
d’échange contre un ou plusieurs bovins.
- Le système cultural : Même si elles sont vivrières pour la plupart des éleveurs, les
cultures font partie intégrante de l’ensemble du système de production. Le système
d’élevage produit des intrants (fumier, lisier) pour le système de culture qui lui même fournit,
grâce aux résidus de récolte (pailles, fanes d’arachide…) une source de compléments
alimentaires non négligeable pour les bovins.
Un animal lui même illustre bien cette intégration entre les deux systèmes de production :
c’est le cas du bœuf de trait qui fait partie du cheptel bovin mais qui fournit un travail pour les
cultures, qui est nourrit avec les sous-produits de ces dernières et qui au final va être
consommé sous forme de viande.
- La filière artisanale avec la valorisation des cuirs de bovins ainsi que des cornes.
Remarque : Au Sénégal, il n’y a pas à proprement parler une distinction entre le troupeau
laitier et le troupeau viande. Les races locales, bien que produisant une quantité
très faible de lait (2-3 litres / jour), sont toutes exploitées en priorité pour cette
ressource (avant la production de viande) qui permet à la famille de se nourrir
(lait frais, lait caillé) et aux éleveurs situés en zone péri-urbaines de tirer un
revenu en vendant leur surplus de lait aux laiteries artisanales ou industrielles.
35
Figure 10 : Les différents systèmes imbriqués dans la filière viande bovine
Intrants, traction
Viande
Bovins De
PR Vivrières
rente
Cornes, peaux
Lait Compléments
Système artisanal
131. La nature
nature des différents partenaires :
36
Enfin, les différents agents devront passer par les services :
- des transporteurs (bergers, convoyeurs de viande, taxis…)
Fonctions Opérateurs
Production Eleveurs
Commercialisation
des animaux sur pied Professionnels du bétail
de la viande Bouchers
Transport
des animaux sur pied Bergers, convoyeurs
de la viande Convoyeurs, taxis…
Transformation
Abattage Chevillards
Découpe Bouchers
Produits alimentaires traditionnels Restaurants traditionnels
Produits alimentaires industriels Entreprise de transformation industrielle
Distribution
de gros Chevillards, bouchers grossistes
de détail Bouchers détaillants
Consommation
Particuliers ménages
Collectivités restaurants, hôpitaux, prisons…
Exportations autres pays
Source : Bibliographie, Enquêtes, 2006
L’éleveur ne peut en aucun cas (sauf les circuits spécifiques de produits de qualité où
certains acteurs détiennent l’ensemble de la filière) vendre directement au consommateur ni
même aux transformateurs ou aux bouchers. Une série d’étapes supplémentaires est
nécessaire qui fait intervenir les intermédiaires spécialistes du commerce du bétail (Dioulas,
Tefankes, Tuteurs) et du commerce de la viande (chevillards, bouchers grossistes).
Les transporteurs seront chargés le long de la filière de convoyer soit les animaux
vivants dans les divers lieux de transaction (bergers) soit les carcasses ou les morceaux de
viande (convoyeurs de camions frigorifiques ou non, taxis, charrettes…). La nature du
transport de la viande varie selon les lieux et les moyens des différents opérateurs qui en
supportent le coût.
37
Pour les animaux sur pied :
- Les marchés primaires ou marchés hebdomadaires (Loumos) : Ils sont situés autour des
principales zones d’élevage et constituent le premier échelon dans les marchés de bétail.
- Les marchés secondaires ou de regroupement : Ce sont des marchés où sont échangés
les animaux élevés dans la zone ou provenant des marchés primaires, en vue
d’approvisionner les marchés tertiaires.
Ces marchés de bétail remplissent des conditions spécifiques : une tenue régulière
dans des endroits identifiés plus ou moins aménagés, un fonctionnement parfois informel
avec une forte densité d’opérateurs et des échanges portant sur des quantités relativement
modestes. A l’intérieur de chaque marché subsiste généralement une subdivision en trois
sous zones constituant des lieux d’échanges de bovins, de petits ruminants et de denrées
alimentaires, y compris des produits spécifiques au domaine pastoral (lait, viande, beurre,
gomme arabique, miel…). Ces trois zones d’échanges sont distinctes sur le plan spatial
même si celles concernant les petits ruminants et les bovins répondent à des logiques de
fonctionnement similaire (A.Wane, 2005).
- Les marchés tertiaires ou de grande consommation : Ils sont localisés dans les grands
centres urbains. Les négociations s’y font à grande échelle dans le but d’approvisionner la
demande des consommateurs des villes. Ils sont le plus souvent situés dans les capitales
régionales, Dakar étant le vrai marché terminal de la filière nationale.
Les marchés terminaux ont leur foirail spécialisé et aménagé spécifiquement pour les
bovins. A Dakar, les animaux et les commerçants sont présents en permanence dans le
foirail, même si les échanges ont plutôt lieu chaque soir. Des vendeurs d’intrants sont aussi
présents autour du lieu d’échange (vendeurs de foin, de fanes d’arachide, de concentrés…).
Pour la viande :
38
15. Représentations de l’ensemble de la filière :
151
151. Graphe général de la filière viande :
Bergers Dioulas
COMMERCANTS DU BETAIL Marchés
Tefanke-tuteurs
Transporteurs de bétail
Circuit vif
Bergers
GROSSISTES Abattoir Chevillards
Circuit mort
Transporteurs de viande
TRANSFORMATEURS
Convoyeurs
Bouchers détaillants
DETAILLANTS GMS
Dakar Restaurants
Ménages
CONSOMMATEURS
Collectivités
La filière part des zones de production (au niveau des villages) jusqu’à Dakar,
principal pôle de consommation et de demande en terme de viande. La production est
réalisée par les éleveurs traditionnels et part une partie des commerçants qui embouchent
les animaux avant de les revendre sur les marchés.
A Dakar se sont les chevillards qui assurent le lien entre le circuit vif et le circuit mort,
en faisant abattre les animaux au niveau des abattoirs et en les revendant aux bouchers
détaillants.
39
Les bouchers détaillants assurent enfin la distribution à Dakar et en banlieue aux
ménages et aux collectivités.
Le cheptel national bovin du Sénégal s’élève à 3 090 720 têtes en 2005. Les
principales zones d’élevage sont le Ferlo nord (St Louis et Louga concentrent 27 % du
cheptel national), le Sénégal oriental (Tambacounda, 23 %) et une partie de la Casamance
(Kolda, 19 %). 201 100 bovins ont été abattus en 2005 sur l’ensemble du territoire. Dakar
représente 41 % des abattages contrôlés. Le reste du cheptel est abattu dans les régions,
pour satisfaire la demande des principales grandes villes secondaires du pays.
Au niveau des échanges, l’évaluation des flux de bétail sur pied est très difficile, vu la
« porosité » des frontières et le manque de contrôle et de centralisation des données
récoltées. En 2003, la DIREL estimait à 100 000 bovins le nombre de têtes provenant des
pays voisins. Mais ce chiffre a considérablement augmenté ces dernières années, surtout
pour le bétail malien et mauritanien qui, ne pouvant plus approvisionner la Côte d’Ivoire, se
tourne vers le Sénégal.
Figure 12 : Provenance du bétail arrivant sur Dakar de septembre 2005 à août 2006
16000
14000
12000
nb bovins
10000
8000
6000
4000
2000
0
sept- oct- nov- déc- janv- févr- mars- avr-06 mai- juin- juil-06 août-
05 05 05 05 06 06 06 06 06 06
mois
Bassin arachidier Zone sylvo-pastorale Sud
Mali RIM Total
40
Nous pouvons, à travers ce graphique, avoir un aperçu de l’évolution des quantités
sur l’année et de la provenance du bétail arrivant sur Dakar. Nous pouvons observer sur
cette période que les flux les moins importants se situent entre janvier et juin (saison sèche
froide puis période de soudure) pour ne vraiment repartir qu’à partir de juillet-août. Nous
avons ici représentées les trois grandes régions d’approvisionnement du Sénégal : la zone
sylvo-pastorale, le basin arachidier et la région sud, ainsi que les importations en
provenance du Mali et de la Mauritanie.
Cheptel estimé
457 800 9 394 Cheptel abattu
15 700
Bovins abattus à Dakar
9 400 59 537
20 160
385 800
82 700 25 300 13 400
24 682
169 110 155 000
25 457
11 500
4 300
21 080
238 500 274 450
16 210
710 700
12 600
98 600
580 600
10 000
41
2. Typologie des acteurs par fonctions :
Le bétail, notamment le cheptel bovin, joue un rôle très particulier pour les
populations pastorales, compte tenu des réalités socio-économiques et du mode de gestion
des risques adoptés par les familles pastorales. Il constitue tout d’abord une réserve de
capital. En plus des petits ruminants qui offrent une réserve de liquidité et que les éleveurs
peuvent vendre lorsqu’ils ont besoin d’un peu d’argent, les bovins assurent des fonctions
d’épargne et d’assurance indispensables qui pallient au réseau bancaire défaillant et à la
faiblesse de la monnaie.
2121. Caractérisation
Caractérisation de l’échantillon d’éleveurs enquêtés :
Les enquêtes ont porté sur une trentaine d’éleveurs répartis sur 4 villages. Les
ethnies représentées sont les peulhs (57 %), les soninkhés du village de Tabanding (27 %),
les Wolofs (10 %) et les Djarankhés (7 %). L’âge des éleveurs enquêtés va de 22 ans à 71
ans mais l’échantillon est caractérisé par une moyenne d’âge élevée (50 ans). 87 % des
éleveurs n’ont pas été scolarisés, hormis à l’école coranique ; et 17 éleveurs ont une ou
plusieurs activités secondaire(s). En moyenne, les chefs de famille ont 22 personnes à
charge dans leurs foyers. Mais ce chiffre cache de grandes disparités entre les éleveurs qui
peuvent avoir de 5 à 80 personnes à charge dans leur famille.
Comme nous l’avons expliqué dans la partie méthodologique, le choix des villages à
enquêter s’est basé sur plusieurs critères :
42
Tableau 7 : Caractéristiques des 4 villages d’éleveurs enquêtés
Point Types
Villages Tamba Goudron Marché bétail Ethnies
d’embarquement d'éleveurs
Goumbayel
Komoty 80 km 80 km Tamba (80 km) Pasteurs Peulhs
(35 km)
Kédougou Pasteurs Peulhs
Kéniéto 250 km 5 km pl. marchés (30 km)
(5 km) Agro-pasteurs Djarankhés
Kothiary
Tabanding 35 km 3 km Kothiary (7 km) Pasteurs Soninkhés
(7 km)
Kouthiaba Koungheul Pasteurs Peulhs
Kouthiaba 140 km 30 km
Payar (30 km) (40 km) Agro-pasteurs Wolofs
Source : Enquêtes, 2006
Avant propos : Il serait trop ambitieux et risqué de généraliser les résultats de cet échantillon
à l’ensemble des systèmes d’exploitations de la région. Ainsi, nous
présenterons d’abord les principaux résultats par rapport à l’échelle de chaque
village enquêté puis nous croiseront les données récoltées sur l’organisation
des systèmes, leurs performances et les relations que les éleveurs
entretiennent avec le reste de la filière.
Komoty :
Contexte : Village situé à environ 80 kms de Tamba, sans route goudronnée ni marché à
proximité.
Pâturage vert disponible : de mi-juin à octobre.
C’est à Komoty aussi que les flux commerciaux sont les plus dynamiques (que ce soit
au niveau des bovins ou des petits ruminants), surtout en terme de vente, pour des besoins
familiaux, les plus gros éleveurs se déplaçant même jusqu’à Tamba ou Dakar pour vendre
leur bétail.
43
Kéniéto :
Contexte : Village situé à 5 kms de Kédougou et à environ 250 kms de Tamba, avec une
route goudronnée et un point d’embarquement à proximité (Kédougou).
Pâturage vert disponible : de début juin à novembre.
Village en deux parties : Kéniéto peulh et Kéniéto Djarankhé
9 éleveurs interrogés
Nous sommes sur un village d’élevage traditionnel, avec des éleveurs possédant en
moyenne (avec un écart-type important) de petits cheptels de race NDama pure (30 têtes) et
petits ruminants ; quelques ha de cultures vivrières. Ce village est caractérisé par les
dépenses très importantes que les éleveurs font en matière d’intrants agricoles (engrais et
herbicides surtout). Pour les éleveurs Djarankhés, ils cultivent en outre le manioc à des fins
commerciales.
C’est dans ce village que les coûts de gestion des troupeaux sont les plus faibles :
Pour l’abreuvement, les animaux disposent en saison sèche du fleuve, aucune
supplémentation alimentaire n’est opérée et les dépenses en santé animale sont minimes.
Pourtant, c’est à Kéniéto que les taux de mortalité sont les plus faibles (9 % en moyenne), ce
qui s’explique par la rusticité de la race NDama, une longue période de saison des pluies et
un pâturage consistant de bonne qualité. Une autre particularité est la gestion commune des
troupeaux bovins des éleveurs de Kéniéto Djarankhé.
Les éleveurs de Kénétio sont enfin les moins dynamiques en terme de flux
commerciaux : Des flux pratiquement nuls au niveau des petits ruminants. Aucun achat de
bovins n’a été effectué par les éleveurs interrogés et ils vendent pour causes diverses très
peu d’animaux, surtout aux bouchers de la région.
Tabanding :
Contexte : Village situé à 7 kms de Kothiary et à environ 35 kms de Tamba, avec une route
goudronnée et un marché à proximité (Kothiary).
Pâturage vert disponible : de mi-juin à octobre
8 éleveurs interrogés
Les éleveurs de Tabanding ont des dépenses en terme de gestion des troupeaux
assez conséquentes, en particulier pour la supplémentation alimentaire des animaux les plus
faibles. Le taux de mortalité est cependant assez élevé (14 %).
On observe aussi dans ce village peu de flux commerciaux, aucun achat de bovin
enregistré et peu de ventes, motivées par des causes diverses et destinées surtout au
boucher du village. Les achats de petits ruminants sont minimes et les ventes sont nulles.
44
Kouthiaba :
Contexte : Village situé à 30 kms de Koumpentoum et environ 140 kms de Tamba, route
goudronnée
éloignée (30 kms), marchés à proximité (Kouthiaba et Payar à 30 kms).
Pâturage vert disponible : fin juin à octobre
5 éleveurs interrogés
Kouthiaba est un village d’agro-pasteurs qui possèdent des troupeaux de bovins (44
têtes en moyenne) et de petits ruminants (26 ovins et 14 caprins en moyenne) assez
importants. La particularité de Kouthiaba est la présence de Peulhs et Wolofs (immigrés
provenant du bassin arachidier) au sein d’un même village et de grandes surfaces de terres
(25 ha en moyenne) héritées des marabouts mourides avec une exploitation à vocation
souvent commerciale. Ainsi, les agro-pasteurs Wolofs retirent tous des revenus conséquents
de mil et d’arachide. Par contre les éleveurs peulhs interrogés ne cultivent que pour l’auto-
consommation.
Une attention particulière est portée à la gestion des troupeaux : C’est le seul village
où l’on trouve des éleveurs avec une stratégie d’alimentation du bétail (au niveau des
animaux choisis) et une attention particulière est portée à la santé animale. Ceci a sûrement
été impulser par la proximité, le travail et les relations entre les éleveurs et les agents des
services de l’élevage, c’est en outre le seul village enquêté qui a aussi bénéficié d’une
campagne d’insémination artificielle (qui a malheureusement échouée pour tous les éleveurs
interrogés).
Au niveau du commerce des bovins, les éleveurs n’achètent pratiquement pas et s’ils
vendent des animaux c’est en quantité limitée et en cas de besoins familiaux. Par contre, ils
se déplacent au niveau des Loumos et des grands marchés comme Tambacounda et
Kaolack.
Note : Se référer aux Annexes 2 à 5 pour le détail des chiffres au niveau des cheptels, des
flux et des ventes.
Les systèmes présents dans la région de Tambacounda ainsi que ceux de notre
échantillon sont proches des systèmes pastoraux (pour les quatre villages) et agropastoraux
(une partie des éleveurs de Kouthiaba et Kéniéto).
Au niveau des systèmes pastoraux (bien représentés par le village de Komoty), les
animaux sont utilisés pour leur aptitude à valoriser les ressources herbagères et arbustives
des zones non cultivées et les troupeaux se déplacent au fil de l’année suivant la
disponibilité en pâture. Les races présentes dans le sud de la région de Tambacounda
(Kéniéto) sont des taurins NDama, caractérisés par leur trypanotolérance, et plus on
remonte au nord plus on retrouve des animaux croisés avec les zébus Gobras, les Djakore.
La production laitière et les cultures vivrières (mil, mais, sorgho, arachide…) sont
uniquement destinées à l’autoconsommation. Les troupeaux peuvent atteindre des tailles
très importantes (121 têtes pour l’éleveur le plus important de Komoty) ; le bétail constitue
une réserve de richesse constituée progressivement et utilisée en cas de coup dur ou pour
faire fasse à de grosses dépenses (mariage, études des enfants, achat d’un bien
d’équipement domestique ou professionnel…).
45
l’autoconsommation et pour la vente. les cultures sont donc à a fois vivrières et
commerciales (mil, arachide, manioc). L’élevage fournit du fumier, de la traction ainsi qu’une
réserve de capital. La production laitière est autoconsommée et permet aussi de rétribuer le
gardiennage du troupeau.
La plupart des éleveurs qui ne possèdent pas assez de main d’œuvre familiale font
appel à l’extérieur pour les travaux des champs ou le gardiennage du troupeau (57 % des
exploitations). Les cultivateurs sont rémunérés de façon monétaire alors que la plupart du
temps, les bergers sont soit rémunérés, soit logés et nourris et peuvent posséder le produit
de la traite une fois par semaine.
Toutes les exploitations possèdent du matériel pour les cultures (charrue, houe,
semoir, charrette…) et la plupart des éleveurs ont des animaux de trait (bœufs, chevaux et
ânes). Le matériel peut être gardé très longtemps sur l’exploitation et remplacé souvent
qu’en cas d’extrême nécessité. L’utilisation d’intrants varie suivant les villages et le type
d’éleveur.
Plus de la moitié des éleveurs (57 % de notre échantillon) ont des activités extra-
agricoles (commerce, activités religieuses, métiers manuels) qui rapportent un peu d’argent,
peu d’entre eux bénéficient d’un crédit. Les principaux revenus extérieurs conséquents sont
ceux apportés par les membres de la famille ayant immigrés en Europe si elle en possède.
La gestion des troupeaux explique les faibles performances enregistrées sur les
exploitations.
Tout d’abord, seulement 10 % des éleveurs que nous avons interrogé ont une
véritable stratégie de complémentation alimentaire. Pour les autres, soit les bovins ne se
nourrissent que des ressources herbagères disponibles lors du pâturage (40 % des
exploitations), soit les éleveurs supplémentent la ration qu’en cas d’extrême nécessité, pour
les animaux les plus faibles voire presque déjà mourants.
46
Pour le village de Kouthiaba, le programme d’IA a entièrement échoué à cause du mauvais
suivi des femelles inséminées et du manque de formation des éleveurs.
Les animaux peuvent rester très longtemps sur les exploitations. Ainsi, 60 % des
éleveurs interrogés gardent les femelles au-delà de 15 ans dans le troupeau.
Les performances de reproduction des femelles sont aussi faibles : l’IVV moyen
estimé par les éleveurs est de presque 2 ans et l’âge au premier vêlage de plus de 4 ans.
Les taux de commercialisation sont très faibles, 5 % pour les femelles et 14 % pour
les mâles. Les ventes peuvent concerner tous types d’animaux, durant toute l’année, en
réponse le plus souvent à des besoins familiaux et la satisfaction de ressources financières
anticipées.
Les éleveurs vont rentrer en relation avec l’aval de la filière lorsqu’ils voudront vendre
leur bétail. Ils ont alors plusieurs choix :
Il est intéressant de voir que près de 70 % des éleveurs des quatre villages enquêtés
sont déjà partis ou partent toujours vendre leurs animaux à l’extérieur. Ce phénomène
dément plusieurs théories qui voudraient faire des éleveurs, des « acteurs passifs et
contemplatifs », dépourvus de volonté commerciale. 33 % des éleveurs sont même déjà allé
au moins une fois jusqu’à Dakar pour écouler leur bétail (surtout les éleveurs de Komoty qui
ont des troupeaux de taille importante). Ces stratégies répondent à une volonté
d’optimisation du prix : plus ils vendront leurs animaux en bout de chaîne, plus le bénéfice
sera élevé, à condition d’avoir assez d’animaux et de bonne qualité pour optimiser les coûts
de transport et d’entretien.
Les conditions de réussite à cette entreprise ne sont tout de même pas faciles.
Comme nous le détaillerons plus loin, les éleveurs qui veulent prendre en main la vente de
leurs animaux se heurtent, au niveau des marchés de bétail, à une série d’acteurs qui
détiennent toutes les informations sur le circuit marchant et se constituent en maillons
indispensables par lesquels passer pour arriver à vendre un animal.
Ainsi, les relations entre les éleveurs et l’aval de la filière sont assez tendues. Les
commerçants de bétail sont ainsi plutôt vus négativement par les éleveurs, comme nous le
verront par la suite.
47
213. Les possibilités d’optimisation de ces systèmes
systèmes :
Bien que peu productifs, les systèmes d’élevage que nous avons enquêté dans la
région de Tambacounda possèdent de nombreux atouts, notamment :
Mais il reste de nombreux points à améliorer pour une optimisation de ces systèmes,
notamment en terme de maîtrise de l’alimentation et d’anticipation des problèmes liés à la
période de soudure, moment le plus critique pour les éleveurs et leur famille ainsi que pour le
bétail.
La filière viande est caractérisée par la multiplicité de ces acteurs, notamment pour le
secteur du commerce du bétail qui se définit par :
Les études bibliographiques et les enquêtes ont eu pour but de décrypter l’ensemble
des professionnels du bétail et de leurs rôles. 28 commerçants ont été interrogés lors des
enquêtes. 89 % sont Peulhs, 7 % Toucouleurs et 4 % Wolofs. Près de 90 % d’entre eux ne
48
sont allés qu’à l’école coranique et 64 % ont une autre activité, en particulier agricole ou
d’élevage (pour 72 % d’entre eux). 46 % des commerçants interrogés vendent à la fois des
bovins et des petits ruminants, 39 % sont spécialisés dans les bovins et 14 % vendent
surtout des bovins et parfois des petits ruminants quand l’occasion se présente (surtout lors
de la Tabaski).
Payar (pour l’axe nord) : C’est le plus gros marché de la région nord de Tambacounda où les
animaux arrivent à pied de la région de Kouthiaba, du Ferlo et même du Mali. Il est situé
dans une zone de transhumance et l’on retrouve différents types génétiques de bovins, en
particulier beaucoup de zébus maures et maliens.
7 commerçants interrogés
Kothiary (pour l’axe nord est) : C’est un petit marché, situé à une trentaine de kms de
Tambacounda, approvisionné principalement par les bovins des éleveurs de la zone. C’est
un point de ravitaillement des commerçants de Tambacounda.
5 commerçants interrogés
Thiokoye (pour l’axe sud) : C’est le plus gros marché de la région sud de Tambacounda où
les animaux arrivent à pied du sud du pays et de la Guinée. C’est le marché où l’on retrouve
essentiellement des NDama pure race.
3 commerçants interrogés
Kédougou (pour l’axe sud) : C’est un point d’embarquement ou les commerçants de bétail
acheminent directement par camion les animaux pour Dakar.
3 commerçants interrogés
St Malème (pour l’axe ouest) : C’est un marché de taille moyenne, situé à une trentaine de
kms de Tambacounda. On y retrouve des animaux venant de plusieurs régions et de
différents types. Une fois vendus les animaux peuvent convoyer directement sur Dakar ou
être revendus sur Tambacounda.
4 commerçants interrogés
Dakar : Dakar est le marché terminal principal du Sénégal. On retrouve l’ensemble du bétail
qui a transité antérieurement part les marchés des régions ainsi que le bétail convoyé
directement des lieux de production. On retrouve tous les types d’animaux, des zébus
provenant de la Mauritanie, du mali et du Burkina Faso, des zébus Gobras, des animaux
croisés et des NDama. Les proportions varient au cours de l’année suivant les saisons et
l’offre disponible. C’est au foirail de Dakar que l’on trouve tous les types de professionnels.
49
2222. Les différents types de commerçants et leurs rôles
rôles :
Les Dioulas dans les régions et les Tefankes à Dakar sont les véritables
commerçants de bétail. Ils partent acheter les animaux en amont de la filière pour le
revendre plus en aval. Leur revenu se constitue du produit de la vente de l’animal, minoré de
son prix d’achat et des différentes charges liées au transport et à l’entretien de l’animal et
des frais d’intermédiation éventuels lors des transactions.
On peut établir la typologie des différents commerçants par rapport à leur localisation
(leur positionnement dans la filière) et leur fond de roulement (qui conditionne leur activité).
Ils constituent le premier maillon de la longue chaîne d’intermédiaires. Leur base est
leur village. Souvent ils sont eux-même éleveurs et agriculteurs.
De manière générale, Ils disposent d’un petit fond de roulement (entre 50 000 et
300 000 francs CFA) qui leur permet d’acheter les animaux au niveau des villages
directement aux éleveurs (voir au niveau des Loumos) pour les acheminer dans les Loumos
les plus proches (quelques kms), voir jusqu’à Tambacounda ou Dakar s’ils ont un nombre
conséquent d’animaux et si les Loumos disposent de points d’embarquement. Certains
peuvent même rester au niveau de leur village, capitaliser un petit cheptel (issu des achats
des villages alentours) et le revendre à un autre Dioula.
Leur activité est réduite au commerce de 5 à 25 bovins par mois environ.
C’est le cas en particulier des Dioulas retrouvés sur les marchés de Kothiary ou St Malème.
Pour les zones d’élevage plus excentrées des axes routiers on peut retrouver un
deuxième maillon qui se compose des Dioulas de brousse qui disposent de fonds de
roulement plus conséquents (de 500 000 à plusieurs millions de CFA) et qui achètent leurs
animaux au niveau des villages (aux éleveurs ou aux Dioulas du premier maillon) ou du
marché où s’effectuent leurs principales ventes. Ils peuvent parcourir de nombreux kms tout
en s’approvisionnant, avant de vendre leurs animaux au niveau d’un loumo, ou souvent
d’autres grands marchés (Tambacounda, Kaolack, Banjoul) et Dakar.
Leur volume d’activité peut varier de 15 à 45 bêtes vendues par mois.
C’est le cas des Dioulas retrouvés sur les marchés de Thiokoye et Payar nottament.
Ensuite, il y a les Dioulas qui disposent de beaucoup de moyens (de 1 000 000 à
20 000 000 de CFA) et partent acheter le bétail à tous les niveaux voire même au Mali ou en
Mauritanie pour le revendre principalement au niveau de leur marché de base et à Dakar.
50
Les Tefankes :
Le rôle du Tuteur est très important. Au niveau de Dakar, les tuteurs sont uniquement
des Tefanke. Ils sont rémunérés par l’aval. C’est donc celui qui va racheter les animaux qui
se doit de donner autour de 2 500 à 3 000 francs CFA / bête vendue au tuteur. L’acteur en
amont n’est redevable de rien, il donne à son tuteur ce qu’il veut pour ses services.
Remarque : Au niveau des marchés de brousse, les Tuteurs sont en général des Dioulas
basés dans les marchés, qui ont une bonne connaissance des prix et des
autres professionnels. Ce sont les éleveurs vendant leurs animaux sur les
marchés ou les Dioulas des villages, des petits Loumos ou de la Mauritanie et
du Mali qui vont le plus souvent faire appel aux Tuteurs. En général ils ont leur
Tuteur attribué.
A Tambacounda, les professionnels du bétail de la viande se sont mis d’accord
sur le fait de ne pas faire supporter les charges d’intermédiation aux bouchers.
C’est donc l’éleveur qui supporte les frais du tuteur qui s’élèvent en moyenne à
1 000 francs CFA / bête vendue.
Les courtiers :
Ce sont les rabatteurs ou encore appelés Coxeurs. Ils sont présents à l’entrée du
marché. Ils sont là pour appâter les clients et les rabattre au niveau des Tefankes. Ils
peuvent ensuite les aider lors de la négociation du prix et même proposer des services
d’abattage et de dépeçage.
Les clients sont libres de donner ce qu’ils veulent, en général autour de 2 000 à 5 000 francs
CFA par animal vendu et jusqu’à 15 000 francs CFA pour les services d’abattage et de
dépeçage. Le Tefanke en retour n’est exigible de rien mais peut donner par exemple 1 000
francs CFA au Coxeur s’il est satisfait de la vente.
N’importe quelle personne peut rabattre.
51
Les bergers :
Ils sont engagés par le les commerçants de bétail. Ils sont chargés de convoyer les
animaux sur pied, d’un point de vente à l’autre et de garder le troupeau au fur et à mesure
qu’il se constitue. Ils sont payés en fonction du trajet (par exemple : Kothiary-Tamba : 2 000
francs CFA / tête) et de la durée du gardiennage.
A Tambacounda, des bergers sont aussi en permanence au niveau du foirail pour garder les
animaux la nuit et les emmener au pâturage.
Les convoyeurs :
Ils sont chargés de convoyer les animaux en camion, des marchés primaires ou
secondaires vers Dakar le plus souvent. Parfois ils sont accompagnés par le propriétaire des
animaux. Le plus souvent les camions ne sont pas destinés qu’au transport du bétail mais
peuvent repartir avec d’autres vivres.
Ils sont payés en fonction de la distance (par exemple : Kothiary-Tamba en voiture : 3 500
francs CFA / tête, Tamba-Dakar avec un camion d’une trentaine de bête : 150 000 à 175 000
francs CFA / convoi, Mali-Tamba avec un camion d’une trentaine de bêtes : 250 000 à
300 000 francs CFA / convoi).
Les « aides » :
Au niveau des marchés, des aides sont aussi là pour charger les animaux lors d’un
convoi, les amener à l’abattoir…Ils sont payés en fonction de l’agressivité des animaux, du
nombre de bêtes (en général pour un embarquement en camion, le coût est de 7 000 à
15 000 francs CFA, soit 200 à 500 CFA / animal).
On pourrait multiplier ainsi les exemples d’acteurs qui vivent de la filière viande
bovine (les vendeurs d’intrants…) mais nous avons cité les principaux.
2224.
2224. Le déroulement
déroulement des échanges :
22241.
22241. Le fonctionnement des foirails :
Pour fonctionner, les emplacements de transaction doivent collecter des taxes et bien
qu’informelles, certaines règles varient selon les endroits :
52
Au niveau de Tambacounda :
Les différents frais au niveau du foirail sont bien établis. Chaque jour les bergers
amènent les animaux du foirail au pâturage. Les commerçants peuvent aussi acheter de la
graine de coton pour complémenter l’alimentation. Le foirail dispose d’un point
d’embarquement : en saison sèche il n’y a que rarement des convois, mais en saison des
pluies jusqu’à 3 camions / jour partent pour Dakar (soit 30-35 têtes / camions).
Frais d’intermédiation : 1 000 francs CFA payés par l’amont (rien n’est payé
par les bouchers)
Au niveau de Dakar :
Le foirail de Dakar concentre tous les types d’acteurs du commerce du bétail. Les
troupeaux arrivent de tout le pays et même des pays voisins et peuvent rester plusieurs jours
voir plusieurs semaines, ainsi que les professionnels les accompagnant. Tous les frais liés à
l’alimentation, l’abreuvement et le gardiennage des animaux sont bien identifiés :
Différents frais : Taxe mairie : 200 francs CFA / animal qui rentre (payée par le Dioula qui
amène les animaux, versé à l’Etat)
Plus taxes d’emplacement des restaurants, boutiques, marchants…du
foirail
Frais d’intermédiation : 2 500 à 3 000 francs CFA payés par l’aval (rien
n’est exigé en amont)
Remarque : Les NDamas sont considérées comme dangereuses, elles sont donc toujours
attachées et restent en permanence dans le foirail. Les frais d’alimentation et
d’embarquement en sont ainsi plus élevés.
Les commerçants sont présents sur tous les marchés où est échangé le bétail. Les
prix d’achat et de revente des animaux sur pied sont fixés à l’estime sans utilisation de
critères objectifs, selon des paramètres, comme nous le verrons dans la partie analyse
économique de la filière, liés à l’animal lui même mais aussi à l’état du marché à l’instant t.
53
Si leur capacité financière le permet, les commerçants vont acheter les animaux au
comptant (25 % des commerçants interrogés payent toujours comptant) mais le plus
souvent, l’achat se fait à crédit, en général sur une partie du prix fixé, que l’intermédiaire
rembourse selon l’accord qu’il a passé avec l’éleveur ou le Dioula ; en général quand il a
reçu le produit de la vente. Pour la vente, 96 % des commerçants de notre échantillon
reçoivent le produit de leur vente soit comptant soit par paiement différé. En général, ce sont
plutôt les bouchers qui prennent systématiquement les animaux à crédit. Les ventes au
comptant concernent plutôt les cessions d’animaux à d’autres intermédiaires ou les animaux
de petits formats (NDama), les zébus étant en général toujours vendus à crédit.
Les commerçants peuvent aussi eux-même accorder des crédits aux éleveurs. En
général ceux-ci ont besoin d’argent lors de la période de soudure. Mais ils n’ont alors que
des animaux maigres à offrir aux commerçants. Si l’éleveur veut vendre en juin par exemple,
le commerçant peut décider d’un prix sur l’animal maigre, avancer l’argent à l’éleveur mais
ne récupérer l’animal qu’en août ou septembre lorsque celui-ci aura gagner en embonpoint
(et ainsi empocher une large plus-value lors de sa vente sur un marché).
Il n’y a pas de règles concernant l’usage du crédit. Celui-ci est géré entre les
différentes parties qui s’entendent de façon tout à fait informelle par rapport aux conditions
de remboursement…Ce système est basé uniquement sur la confiance qui repose sur la
connaissance et les différents liens que les professionnels du bétail entretiennent entre eux.
223.
223. L’importance
L’importance socio-
socio-économique des commerçants au sein de la
filière :
En outre, par le contrôle des marchés, ils se sont constitués en maillon indispensable
par lequel passer pour vendre du bétail. Les éleveurs, n’ayant qu’un accès limité aux
informations concernant les marchés (en particulier au niveau de l’offre et de la demande et
donc des prix), doivent donc passer par des acteurs qui maîtrisent les cours et qui offrent
une sécurité qu’en au paiement de leurs animaux dans de bonnes conditions.
Les commerçants qui endossent le rôle de Tuteur sont des personnes qui
connaissent bien le marché mais aussi qui sont reconnus par l’ensemble des professionnels.
Sur le marché de Dakar, plusieurs Tuteurs expliquent leur importance « Certains chevillards
ne veulent pas acheter à n’importe qui, moi ils me connaissent, si il y a un problème lors de
la transaction, c’est moi le responsable » (Omar Sow). « Nous connaissons tout le monde ici,
tout ce qui peut être source de problèmes » (Semba BARI).
54
224. Leurs relations avec les autres acteurs :
Sur les marchés de bétail interviennent de nombreux acteurs parmi lesquels l’Etat
(qui fournit l’espace, collecte les taxes…), les différents intermédiaires ou professionnels du
bétail (Dioulas, Tefanke, Tuteurs, Courtiers), les professionnels de la viande (Chevillards,
Bouchers) et les éleveurs.
Par contre, il n’y a apparemment pas de relation de dépendance (hormis pour des
causes financières) entre les différents acteurs. Même au niveau des Tuteurs, les Dioulas ou
les éleveurs peuvent changer d’interlocuteur si les conditions d’échange n’ont pas été
bonnes, ou avoir plusieurs Tuteurs sur un même marché (en particulier pour les Dioulas
importants). Mais cette relation reste en général la plus privilégiée et la plus fidèle que nous
avons pu observer entre les différents professionnels du bétail.
Les commerçants de bétail sont vus par les autres acteurs comme « la bête noire »
de la filière. En interrogeant les éleveurs, nous avons pu voir que les avis étaient partagés.
Les professionnels de bétail sont vus d’abord comme « indispensables », effectuant « un
rôle de banquier », offrant « la possibilité d’avoir de la liquidité » en période de crise, et le fait
de ne « pas avoir besoin de se déplacer » pour les ventes de bétail. Mais les éleveurs
évoquent aussi le fait que les intermédiaires « recherchent toujours les prix les plus bas »,
« profitent des éleveurs qui sont dans le besoin », « sont toujours gagnants » et souvent
qu’ ils ont du faire face à leurs « mauvais coups » (par rapport au remboursement des
crédits…) et à « la corruption » de ces derniers. Certains éleveurs restent très critiques et
déplorent le fait qu’ils sont obligés de vendre à des acteurs qui ne recherchent que leur profit
et profitent de leur situation, notamment pendant la période de soudure (Enquêtes, 2006).
225.
225. Les difficultés pesant sur le commerce de bétail :
- Les rôles flous et confondus des professionnels du bétail : Il est difficile à première vue de
savoir pour un agent extérieur quel est le rôle de tel ou tel intermédiaire. Cette difficulté s’est
faite ressentir d’ailleurs dans les enquêtes, les acteurs eux-même s’appelant « Tefanke » ou
« Dioula » suivant les situations, et les dénominations n’étant pas les même dans les régions
et à Dakar. De même, un même acteur peut avoir plusieurs rôles. La dominance du secteur
informel au sein même des métiers exercés par les professionnels complexifie ainsi l’analyse
de la filière.
55
marge, et donc de ce fait, montrés du doigt par les autres acteurs comme la cause principale
de la hausse du prix final de la viande. Ainsi, les prélèvements opérés par les intermédiaires
seraient les plus importants au Sénégal que dans les autres pays sahéliens (étude du
CILSS, 1998).
- La non visibilité des prix sur les marchés pour les acteurs extérieurs et la monopolisation
des informations par les commerçants : Le positionnement des intermédiaires et leur
domination sur les marchés rendent encore plus vulnérables les autres acteurs, en particulier
les éleveurs qui sont obligés de passer par eux et n’ont aucun contrôle sur le déroulement
des échanges.
- Les importations de bétail des pays voisins : Le dilemme aujourd’hui est de savoir si les
importations de bétail du Mali, de la Mauritanie et du Burkina-Faso sont positives ou
négatives pour la filière nationale. Dans tous les cas, elles ne cessent d’augmenter, en
particulier depuis la crise de la Côte d’Ivoire qui était le débouché privilégié des pays
sahéliens en matière de bétail.
56
Figure 14 : Importations de bétail sur pied provenant du Mali passant par Kidira pour les
années 2002, 2003, 2004 et 2006
10000
9000
8000
7000
2002
nb bovins
6000
2003
5000
2005
4000
2006
3000
2000
1000
0
e
ov e
r
ril
s
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t
ie
ie
in
Se oû
ai
ille
br
br
br
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Av
ob
M
Ju
nv
vr
em
em
em
A
M
Ju
Fé
ct
Ja
éc
pt
D
mois
- Concurrence avec l’offre locale : Suivant si l’on est à Dakar ou à Tambacounda, les
réponses par rapport au animaux importés sont très différentes : Alors qu’à Dakar les
importations de bétail sur pied sont vues par les commerçants comme une complémentarité
de l’offre locale, le moyen de réguler l’offre par rapport à la demande et d’avoir des prix
raisonnables : Pour le président de foirail de Dakar, El Hadj Malick NDiaye : « Le bétail
malien et mauritanien n’est pas un frein pour l’élevage au Sénégal qui est trop insuffisant
pour supporter la demande en viande bovine. Si ces animaux n’étaient pas là, le kg de
viande à Dakar passerait à 3000 ou 3500 francs CFA et l’on trouverait des zébus que l’on
échangerait jusqu’à 600 000 francs CFA ». Il note aussi le rôle important du téléphone :
Dans les années 1980 il pouvait y avoir des surplus mais aujourd’hui avec les téléphones
portables, les Dioulas de brousse peuvent avoir à tout moment des informations par leurs
Tuteurs à Dakar et donc savoir quand venir amener leurs animaux lorsqu’il y a de la
demande. Les commerçants de Tambacounda, par contre, expriment les difficultés qu’ils ont,
depuis l’augmentation des importations, à écouler leur bétail sur Dakar : Pour eux le bétail
importé pénalise l’écoulement de leurs propres animaux car les bouchers préfèrent les
animaux de grand format comme les Gobras plutôt que les NDama et le bétail venant de
l’extérieur est en général moins cher que les animaux provenant du pays.
57
23. L’abattage (Chevillards) et transformations secondaires :
Plus de 200 000 bovins ont été abattus et contrôlés au Sénégal en 2005. La région
de Dakar se présente loin devant les autres régions et concentre à elle seule près de la
moitié des abattages du Sénégal.
100000
80000
nb bovinss
60000
40000
20000
0
année année année année année année année année année année
94 95 96 97 98 99 00 01 02 03
années
58
Depuis 1994, le nombre de bovins abattus a augmenté. Il est passé de 64 519 à
81 941 en 2003 pour atteindre 82 700 bovins en 2005, soit une progression de 27 % en 11
ans.
Les poids moyens enregistrés des carcasses à Dakar sont aussi en augmentation.
Sur l’année 2005, ils étaient de 147 kg, ils semblent avoir augmentés surtout depuis 2002,
ce qui correspond aux débuts de l’arrivée forte du bétail malien et mauritanien (de meilleure
conformation) sur le marché dakarois.
Tableau 9 : Evolution du nombre et des poids moyens des carcasses enregistrées à Dakar
de 1994 à 2003
Si l’on revient sur les chiffres du tableau 8, la région de Tambacounda ne produit que
6 % de la viande nationale et possède les poids carcasses les plus faible (96 kg en moyenne
pour 2005), du fait d’un cheptel de petite conformation (NDama et Djakore) et de la
mauvaise qualité des animaux présentés en période de fin de saison sèche et de soudure.
59
Figure 17 : Evolution sur l’année 2003 des abattages contrôlés dans la région de Dakar
7000
6000
5000
nb bovins
4000
3000
2000
1000
0
oc e
dé bre
e
no bre
r
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r
in
ril
ai
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br
br
ile
ie
se oû
ar
m
av
ju
nv
em
m
vr
to
ju
m
ve
ce
fé
ja
mois
Lorsque l’on compare les deux courbes, on s’aperçoit que même à des niveaux
différents, elles se suivent à peu près le long de l’année.
Figure 18 : Evolution sur l’année 2003 des abattages contrôlés dans la région de
Tambacounda
450
400
350
nb bovins
300
250
200
150
100
50
0
oc e
e
no bre
r
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r
in
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ai
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pt t
br
br
br
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nv
em
m
vr
to
ju
m
ve
ce
fé
ja
dé
se
mois
60
2312. Fonctionnement
Fonctionnement et organisation des structures
d’abattage :
Dans la région de Dakar, les abattages contrôlés sont effectués dans les abattoirs de
Dakar gérés par la SOGAS (situés dans la commune de Dalifort) et les abattoirs de
Rufisque, gérés par la commune. En général, ce sont les chevillards de Dakar qui abattent
dans les abattoirs de la SOGAS et les petits bouchers abattants-détaillants de Dakar et de la
banlieue qui font abattre à Rufisque, petit abattoir, où les abattages ont lieu la nuit et les
carcasses sont délivrées tôt le matin (sans ressuyage).
Les abattoirs de Dakar sont fonctionnels depuis 1956. Ils sont dirigés par un corps
vétérinaire, des ouvriers qualifiés permanents et des ouvriers temporaires. Le contrôle
sanitaire est ainsi effectué par l’Etat et les services de la DIREL, qui vérifient l’état des
carcasses et des abats.
Les abattages s’y pratiquent la journée, durant 5-6 heures. La chaîne d’abattage doit
normalement avoir une capacité de traitement de 50 bovins / heure mais la vétusté des
installations et le manque de renouvellement du matériel la fait plutôt tourner autour de 30
carcasses / heure. Il y a ainsi entre 200 et 250 bovins qui y sont abattus tous les jours. Les
animaux sont égorgés le cou tourné vers La Mecque, suivant le rite musulman ; sans
endormissement préalable de l’animal. Une fois les carcasses traitées (saignée, dépouille,
ablation de la tête / des abats / des pâtes antérieures, pesée), elles partent au ressuyage
pour au moins 24 heures.
Le gros problème de la filière reste les abattages clandestins. Il ont été estimés par la
DIREL en 1998 à 30 % des abattages contrôlés chez les bovins (la situation est encore pire
chez les petits ruminants et concernerait 45 % des abattages contrôlés). Une partie de ces
abattages concernent les abattages familiaux où les animaux sont tués dans les familles lors
des cérémonies (baptêmes, mariages, circoncision…). Les autres abattages concernent à la
fois des petits abattants qui évoluent autour et à l’intérieur des foirails mais aussi de grands
bouchers qui tuent à l’intérieur de leurs concessions pour compléter la demande en viande
trop grande. Cette pratique est facilité par une clientèle régulière, attirée par les prix très bas
et ignorante des risques qu’elle encoure face à cette viande provenant souvent d’animaux
agonisants ou de mauvaise qualité bouchère (El Hadj Mallah Mahamat, 1994).
Nous avons pu interroger 7 chevillards, ce qui nous a permis de mieux cerner leur
rôle, leurs méthodes de travail et leur organisation. Ils sont Peulhs (28 %), Wolofs (28 %),
Sérères, Maures ou encore Lébou. 86 % d’entre eux ont étudié au moins jusqu’au CM2 et 43
% ont une ou plusieurs autre(s) activité(s), dans la filière viande ou non.
61
2322.
2322. Leur Rôle et leurs relations avec les autres acteurs de
la filière :
Leur niveau d’activité varie, il peut aller de quelques animaux à une cinquantaine de
bovins abattus par semaine. Après abattage et ressuyage, les carcasses sont vendues dans
la salle de vente dans l’enceinte de l’abattoir, en gros, demi-gros ou détail aux bouchers
détaillants ou aux particuliers.
Des jeunes étudiants chevillards ont d’ailleurs monté en 1997 une association,
l’Union des Jeunes Chevillards (UJC) afin de renforcer les capacités des professionnels de
la viande, formaliser le métier de chevillard, améliorer les conditions d’hygiène et la sécurité
des abattages. Aujourd’hui l’association compte 150 membres (composés de chevillards,
découpeurs, tripiers..) avec comme seule condition d’appartenir aux métiers des
professionnels de la viande. Son intérêt est à la fois de former, de faire comprendre aux
professionnels leur rôle et leur poids au sein de la filière. (propos recueillis du président de
l’association, Bassirou NIANG, enquêtes, 2006)
2331.
2331. Les différents types de produits transformés :
De façon traditionnelle, la viande et les abats peuvent être vendus selon diverses
formes plus ou moins transformées : grillades, soupes…
62
2332. Les acteurs :
- Les rôtisseurs (ou dibitiers) : Ils vendent surtout de la viande de petits ruminants mais
peuvent parfois écouler de la viande bovine (4 %)
- Les vendeurs ambulants (de vente en bol, en pousse-pousse…)
- Les tripiers : Ils écoulent le cinquième quartier acheté en gros aux chevillards de la
SOGAS.
- Les restaurants traditionnels
- Certaines boucheries modernes qui disposent d’installations leur permettant d’utiliser des
procédés industriels
- Les Industries Agro-Alimentaires (IAA)
241. L’organisation
L’organisation de la distribution et rôle des acteurs dans les
régions :
Dans les régions, ce sont des bouchers eux-même (sans passer par le maillon des
chevillards) qui achètent l’animal vivant, le font abattre et revendent la viande au détail au
niveau des points de vente. On retrouve les bouchers abattants-détaillants dans tous les
centres de consommation, des plus modestes au plus importants.
63
froides ne fonctionnent plus donc les bovins sont abattus de nuit et les carcasses sont
directement emmenées au niveau des points de vente où les bouchers disposent seulement
de bacs à glace pour conserver les carcasses et les excédents.
Les abattages comme la vente se font de façon traditionnelle, avec des moyens très
restreints. Dans les villages aucun contrôle n’est en général assuré et dans les Loumos, un
agent de l’élevage est chargé normalement de contrôler la qualité des carcasses écoulées.
2413.
2413. Les liens
liens avec les autres acteurs :
2414.
2414. Les contraintes
contraintes du secteur :
242. L’organisation
L’organisation des acteurs de la distribution à Dakar :
64
distribution importantes (ex : Belle viande, Damel) qui disposent d’une carte de chevillard
leur permettant d’abattre aux-même. Les quantités d’approvisionnement sont très variables,
de 1 bovin pour deux jours (pour les petits bouchers) à 20 bovins par jour (pour la chaîne
« Belle Viande »).
Les bouchers détaillants sont représentés surtout à Dakar et dans les grands centres
de consommation. Ce sont souvent des professionnels de la viande qui n’ont pas les
moyens financiers ou qui ne souhaitent pas acheter les animaux et assurer la transformation.
Ils achètent la viande à la cheville aux abattoirs et la revendent au détail au niveau de leurs
points de vente.
Les enquêtes ont été effectué auprès de 16 distributeurs du centre vile de Dakar et
des banlieues et ont servi à mieux comprendre leur fonctionnement, les dynamiques
d’évolution et comment les caractériser :
- 6 étals de marchés traditionnels (marché Liberté 6, marché Castor, marché Grand Yoff,
marché NDiarène, marché Sahm, marché Zing)
- 1 étal de quartier traditionnel (Pikine)
- 1 étal de marché de type semi-moderne (marché Karmel)
- 1 boucherie semi-moderne (Damel)
- 2 chaînes de distribution de type semi-moderne (Belle Viande et Planet Viande)
- 1 grande surface (Petit’ Score, Liberté 1)
- 3 boucheries modernes (la Boucherie du Djolof, Les trois petits cochons près du marché
Karmel, Top Boucherie au point E)
- 1 importateur de viande et de foie congelés (Keur Mayoro, près du marché Karmel)
A Dakar, hormis les abattoirs, on retrouve tous les types de boucherie, que l’on peut
classer suivant leur emplacement ainsi que suivant le type de matériel à leur disposition (en
particulier au niveau des systèmes de froid) et enfin du type de produit vendu.
65
- les boucheries de quartier ou marché
- les chaînes de distribution
Les importateurs
- La localisation du point de vente qui peut être en centre ville, dans les quartiers ou à
l’intérieur des marchés
- Le système de froid au niveau du point de vente
- Si le produit est vendu en tas de viande (avec ou sans os) ou en découpe moderne
- Si la viande est d’origine locale ou importée (viande sans os congelée)
- Quels sont les clients ciblés (ménages, restaurateurs, collectivités) et quel est leur
pouvoir d’achat
- Quels sont les concurrents directs du réseau de distribution
Boucheries
Etals de Etals de Boucheries
semi- Supermarchés Importateurs
marchés quartiers modernes
modernes
Dakar
Localisation marchés quartiers quartiers Dakar Dakar
quartiers aisés
conservation conservation conservation
inexistant conservation gros
Système de inexistant gros gros gros
conservation conservation
froid (conservation conservation conservation
gros morceaux
morceaux) morceaux morceaux
viande locale
Origine du Viande locale viande
viande locale viande locale viande
produit viande importée importée
importée
ménages aisés
restaurants,
ménages ménages hôtels, Ménages
clientèle ménages aisés
restaurants traditionnels restaurants collectivités Revendeurs
(ambassades,
armée, écoles)
« Belle Viande »
« Belle
Vendeurs ambulants « Belle Importateurs
Concurrence Viande » supermarchés
Importateurs Viande » "fictifs"
Importateurs
SERAS
Les abattoirs :
66
cinquième quartier (abats rouges, abats blancs, tripes, pieds). Il y a tous types de ménages
qui viennent s’approvisionner au niveau des abattoirs, en particulier les ménages aisés qui
ont assez d’argent pour acheter en grande quantité (pour la consommation mensuelle de la
famille par exemple) et des moyens de conservation pour la congeler.
Ce sont des espaces aménagés à l’intérieur des marchés pour la vente de la viande
qui est vendue au kg, avec ou sans os, sans conditions d’hygiène favorables. Les bouchers
proposent de la viande issue des abattoirs mais aussi parfois complètent avec de la viande
importée. Certains marchés sont équipés de frigos ou de congélateurs que les distributeurs
utilisent individuellement ou collectivement pour conserver les invendus. Les principaux
clients des bouchers traditionnels sont les ménages de tous revenus et les restaurants
traditionnels. Leurs principaux concurrents sont les autres réseaux de distribution ciblant le
même type de demande mais pratiquant des prix inférieurs : Les abattoirs, les importateurs
de viande congelée, les vendeurs ambulants (qui vendent souvent de la viande issue des
battages clandestins et donc très peu chère) et la nouvelle chaîne de distribution « Belle
Viande ».
Ils présentent les mêmes caractéristiques que les étals de marchés, sauf qu’ils sont
situés dans les quartiers, donc plus proche de la population. Les prix peuvent être un peu
plus élevés que sur les marchés et en général, les bouchers qui ne bénéficient pas des
installations des marchés ne possèdent pas de systèmes de froid.
Présentes dans le centre de Dakar ou dans les quartiers aisés, les boucheries
modernes ont le même mode de fonctionnement que les boucheries européennes. Elle sont
d’ailleurs en général tenues par des européens expatriés ou des sénégalais ayant été
formés en Europe. Ces réseaux de distribution ont tous les équipements nécessaires
(chambres froides, congélateurs, vitrines frigorifiques…) permettant d’assurer la vente de
tous types de morceaux de la meilleure qualité. Les bouchers modernes s’approvisionnent
au niveau de la SOGAS et vendent leurs produits aux ménages très aisés de la capitale
mais aussi au restaurants et hôtels de luxe et à certaines collectivités telles que les
ambassades, l’armée et les écoles françaises par exemple. Les seuls concurrents des
boucheries modernes sont les supermarchés qui se positionnent eux aussi sur le même
marché de niche, un peu élargit à cause des prix légèrement inférieurs qu’ils pratiquent.
67
Les supermarchés :
Les importateurs :
Il existe de gros importateurs de viande congelée (Inde, Canada…) qui achètent peu
cher en grande quantité (140 tonnes de viande et 70 tonnes de foie par an pour Keur Mayo)
puis revendent les morceaux de viande sans os et de foie (par cartons) aux bouchers
détaillants de la ville ou aux particuliers. Ce sont eux qui pratiquent les prix les plus bas sur
le marché, leurs seuls concurrents sont les autres importateurs non spécialisés dans la
viande (petites supérettes…) qui se permettent de brader la viande à des prix défiant toute
concurrence.
244. L’évolution
L’évolution de la distribution et les contraintes du secteur :
La chaîne « Belle Viande » est ainsi l’exemple d’ascension le plus marquant dans ce
secteur : Crée en 2001, elle compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de points de vente
répartis sur la ville de Dakar et en banlieue. Elle possède de nombreux atouts :
Les bouchers détaillants font ainsi de plus en plus appel à de la viande importée,
qu’ils payent moins cher mais revendent au même prix que la viande locale sans os.
Les importations contrôlées de viande bovine ont d’ailleurs augmenté ces dernières
années et représentent 30 % des importations totales de viande en 2005, soit 5 904 tonnes.
68
Figure 19 : Evolution des importations de viande bovine par rapport au total des viandes
importées de 2002 à 2005
25 000
20 000
tonnes
15 000
Viande bovine
Total
10 000
5 000
-
année 02 année 03 année 04 année 05
années
Cette augmentation des importations en viande contribue à casser les prix du marché
et concurrence directement la filière nationale. De plus, de nombreux commerçants
disposant de petites supérettes en profitent pour importer de la viande congelée et la
revendre à des prix bien plus bas que les véritables professionnels de la viande.
69
3. L’analyse
L’analyse comptable de la filière :
Pour cette partie, nous avons choisi d’illustrer l’analyse comptable par une simulation
mettant en scène un bovin race Gobra de 400 kg de poids vif avec un taux de rendement
carcasse de 52 %. Cet animal a 10 ans et a été élevé dans un village de la région de
Tambacounda. Il sera échangé dans le Loumo de St Malème puis au niveau de
Tambacounda avant d’être acheminé à Dakar.
31. La construction
construction du prix le long de la filière
filière :
Les prix du bétail évoluent tout au long de la filière. Plus on se rapproche de Dakar,
plus ils augmentent. Les prix d’échange du bétail sont variables puisque fixés à l’estime. Au
niveau des prix au kg de la viande, les prix sont fixes et on observe différents niveaux :
Les prix d’échange du bétail se calent ainsi par rapport aux différents niveaux de
construction des prix de la viande tout au long de la filière.
70
Figure 20 : Evolution des prix de le la viande et du bétail le long de la filière :
gros détail
+ 11,5 %
SOGAS 1 350-1 600 F 1 500-1 600 F
1 600-1 700 F
Belle Viande
Dakar Prix d’échange
290 000 CFA Boucheries quartiers 1 800-2 200 F
1 394 F / kg c Semi-modernes
71
De l’éleveur au chevillard, le prix du bétail augmente donc au total de 23 % par
rapport à son prix d’échange initial. Lorsque l’on regarde la décomposition du prix, on peut
voir que plus on avance dans la filière, plus les marges de prix sont importantes.
Lorsque l’on cumule les différents prix d’échange, de l’achat de l’animal vivant à la
vente au kg au consommateur, le prix va augmenter de 50,4 %.
- Le marché :
▪ Le lieu de transaction : Les prix augmentent sur les différents niveaux de marchés
(villages < marchés primaires < marchés secondaires < marchés terminaux – Dakar).
▪ La saison : Lorsque l’offre diminue, les prix ont tendance à augmenter, c’est le cas
de la période de soudure notamment pour l’ensemble des marchés.
- L’animal échangé :
▪ Le poids
▪ L’état d’engraissement : Plus les animaux sont en mauvais état, plus les prix
diminuent
▪ La race, l’origine : En général, les zébus provenant du Mali et de la Mauritanie sont
moins chers que les races locales (Gobras ou Ndama).
- Le type de finalité : Le prix varie selon le type d’acteur qui va acheter l’animal.
72
▪ Élevage
▪ Commerce
▪ Boucherie
- Le mode de paiement :
▪ Comptant
▪ A crédit
Comme nous l’avons vu précédemment, le crédit informel joue un grand rôle dans les
liens entre les acteurs mais aussi contribue à augmenter le niveau des prix tout le long de la
filière (puisqu’un acteur qui va avoir recourt au crédit va payer son animal beaucoup plus
cher que si il le paye comptant).
Nous pouvons voir sur ce graphique l’évolution des prix de chaque catégorie de bétail
le long de l’année.
Figure 21 : Evolution du prix au poids vif (estimations) des différentes catégories de bétail
échangées le long de l’année sur les Loumos
1200
1000
prix au kg (CFA)
800 taureaux
vaches
600
taurillons
400 génisses
200
0
e
e
no re
r
t
ril
ai
pt t
in
br
ie
ie
br
br
û
ille
ar
b
m
av
ao
ju
nv
em
vr
m
to
m
ju
fé
ve
ce
ja
oc
dé
se
mois
- Pour les femelles (« vaches »), la diminution des prix de avril à août peut s’expliquer par
le mauvais état des femelles présentées sur les marchés en période de soudure (femelles de
réforme ou femelles improductives) qui n’offrent pas un prix attractif. En septembre et
octobre, les femelles présentes sur les marchés auront gagné en embonpoint et
commenceront à mieux se vendre. A partir de novembre, c’est la loi du marché qui oriente
les prix, les animaux sont présents en grande quantité et les prix diminuent pour
réaugmenter en avril à l’approche de la soudure.
- Pour les mâles (« taureaux »), de décembre à mai les prix sont à peu près fixes, ils
diminuent un peu en juin du fait du mauvais état des animaux présentés mais après
augmentent jusqu’en octobre ce qui peut s’expliquer par la présence sur les marchés de
73
mâles embouchés par les commerçants de bétail qui se négocient beaucoup plus cher. En
novembre, les prix baissent du fait de l’offre trop importante par rapport à la demande.
- Le marché :
▪ Le lieu de vente : De même que pour le bétail, les prix vont augmenter suivant les
différents niveaux des marchés
▪ La saison : Le prix de la viande évolue aussi en fonction de l’offre, il augmente en
général en période de soudure pour diminuer en saison des pluies lorsque le bétail
est plus abondant et de meilleure qualité.
- Le type de distribution :
▪ Traditionnelle
▪ Semi-moderne
▪ Moderne
- Le type de produit :
Figure 22 : Evolution des prix de la viande sur l’année aux différents niveaux
2 100
1 900
1 700
Village
1 500
lieux
Loumos
1 300
Tamba
1 100
Dakar
900
700
500
e
e
e
r
t
r
in
ril
ai
ie
ille
pt t
br
br
br
ie
br
ar
m
av
ju
ao
nv
em
m
vr
to
m
ju
ve
ce
fé
ja
oc
no
dé
se
mois
74
32. Les comptes des différents agents :
Il est difficile de pouvoir réaliser l’étude des marges des différents acteurs,
notamment du fait que les prix d’échanges du bétail ne se font pas au poids mais à vue dans
un système de marchandage entre les acteurs. De même, l’animal peut suivre des circuits
très différents et passer entre les mains de nombreux acteurs.
Village
DAKAR
St Malème
Tamba
Eleveur
Chevillard Boucher
Notre simulation nous permet ainsi de faire les calculs, à l’aide d’un exemple possible
de commercialisation par le circuit long. Entre l’éleveur et le consommateur, l’animal va
passer entre les mains de 3 Dioulas, un Tefanke-tuteur, un Chevillard et un Boucher-
détaillant, sans oublier les frais de 3 transporteurs en brousse et 2 sur Dakar.
75
321. Comptes des agents :
Dioula St Malème 2j
Charges Produits
achat 245000 vente 260000 A St Malème l’animal va être à
transport 1500 1250 nouveau échangé (J+3) et vendu à un
entretien 300 deuxième Dioula qui l’entretiendra 2 jours
Eau 300 puis fera appel à un berger pour le
nourriture 0 transporter à Tambacounda le lundi.
Total 246800 Total 260000
Résultat 13 200
Dioula Tamba 5j + 3j
Charges Produits L’animal sera échangé le
achat 260000 vente 290000 lundi (J+5) à un Dioula de
gardiennage Tamba 1200 1394 Tambacounda qui va choisir de
Eau 500 l’entretenir 5 jours au niveau de
pâturage 500 foirail avant de le convoyer sur
gardiennage 200 Dakar.
transport Tamba-Dakar 6483
Aides Tamba 200 Il sera transporté en camion
camion 5000 (J+10) avec les autres animaux du
laissez-passer 83 convoi (les frais ont été divisés par
aides Dakar 1200 30). Pendant ce temps, le Dioula
effectue le trajet séparément jusque
gardiennage Dakar 850
chez son Tuteur.
eau 150
pâturage 350
A Dakar , après 3 jours
gardiennage 350
d’entretien, l’animal sera revendu le
tegaï tuteur 3000
mardi (J+13) par intermédiaire du
Total 271533 Total 290000 Tuteur à un chevillard.
Résultat 18 467
76
Note : le Tegaï représente les frais d’intermédiation qui sont versés au Tuteur.
Tuteur
Charges Produits Le Tuteur empoche donc le produit
frais dioula 3000 tegaï dioula 3000 de son intermédiation (les Tegaïs versés
tegaï éleveur 3000 par le Dioula et le chevillard) moins les
Total 3000 Total 6000 frais liés à l’hébergement du Dioula.
Résultat 3 000
Après négociation et
versement du Tegaï au Tuteur, le
Chevillard 52%
chevillard fait transporter l’animal
Charges Produits
jusqu’à l’abattoir (J+13). Il devra
achat anl 290000 vente viande 312000 payer les différents frais à
tegaï tuteur 3000 1500 l’abattage (J+14) ainsi que le
vétérinaire 500 vente 5è quartier 21000 laissez-passer vétérinaire (voir le
transport abattoir 1500 foie, cœur 6000 détail des frais à l’annexe 8).
frais abattage 14512 autres abats 15000
taxes / kg 9984 Après abattage, la
ressuyage 832 carcasse sera ressuyée 48h (24h
stabulation 90 obligatoires + 24h payées en plus
timbre (Etat) 150 par le chevillard). La carcasse et
scie, aides… 2000 le cinquième quartier seront
stockage 24h 1456 écoulés le vendredi matin (J+16)
Total 309512 Total 333000 au niveau de la Salle de vente de
Résultat 23488 l’abattoir ; la viande allant à un
boucher détaillant.
12 kg
Boucher détaillant traditionnel pertes Après transport de la
Charges Produits carcasse en voiture, le boucher va
achat viande 312000 vente viande 333200 pouvoir vendre la viande la journée
transport carcasse 1000 1700 du vendredi à Dakar dans son point
salaires 5000 de vente traditionnel. On peut
entretien boucherie 2000 comptabiliser 12 kg de pertes (6 kg
Total 320000 Total 333200 d’os, 4 kg de ressuyage et 2 kg
Résultat 13200 d’invendus…). Il gagnera le produit
de la vente moins les différentes
charges salariales et celles liées à
l’entretien de sa boucherie.
77
322. Les différents
différents types de coüts :
78
324. Excédents bruts :
Pour un bovin, l’ensemble de la filière dégage 280 905 francs CFA et à partir du
commerce de bétail, presque 76 000 francs CFA. Pour la filière commerce de bétail –
chevillards - bouchers, Les commerçants de bétail se partagent à peu près la moitié de la
richesse produite, suivie des chevillards (24 % de l’EB) et enfin des bouchers (17 % de l’EB).
Dans ces calculs les flux des autres agents de la filière sont comptabilisés dans les
charges des acteurs principaux mais n’oublions pas que la filière dégage aussi des revenus :
Remarque : Pour simplifier, nous n’avons comptabilisé que les agents de la filière viande
proprement dite. Mais à partir du chevillard, se dégage aussi la filière abats
(tête-pieds-foie-cœur-viscères…) qui fait intervenir plusieurs professionnels dont
les tripiers qui jouent aussi un rôle important, en particulier à Dakar.
79
4. Organisation de la filière :
Les rapports de force entre les acteurs se situent des deux côtés de la chaîne, le
crédit informel jouant un rôle central sur les échanges, les relations et les tensions entre les
opérateurs :
De plus, les professions des différents métiers de la filière sont peu structurés et
cumulent toutes les difficultés du secteur informel : analphabétisme, non accès au crédit qui
rend tout investissement impossible, absence de fiscalité adaptée...
La SOGAS est la seule société privée en charge de l’abattage. Ses tarifs sont assez
proches de ceux existant dans d’autres pays africains. Mais ils représentent encore un coût
élevé par rapport au service rendu, ceci du au manque d’entretient des installations (les
chambres froides ne sont pas capables de refroidir complètement les carcasses au bout de
24h). De plus, elle est soumise à la concurrence des abattages clandestins ou des sites
d’abattage construis par les mairies mais ne répondant pas au même standards (par
exemple, l’abattoir de Rufisque).
La filière viande bovine est ainsi un secteur où seules prédominent les questions de
volume et de prix.
L’action de l’Etat dans le sous secteur de l’élevage se fait surtout par des projets de
développement. Le Projet Campagne Panafricaine de Lutte contre la Peste Bovine (PARC),
le Projet d’Appui à l’Elevage (PAPEL) et le Projet de Développement des Espèces à Cycle
Court (PRODEC) sont un groupe de projets qui ont pendant longtemps permis de maintenir
une intervention publique notable dans le secteur de l’élevage (Ly, 1999).
L ‘Etat s’est cependant désengagé depuis 1984 de toutes les activités marchandes
des filières productions animales au profit du secteur privé, tout en conservant les fonctions
de service public telles que l’hygiène et le contrôle des denrées alimentaires d’origine
animale. Un projet a d’ailleurs été monté, le Projet d’Amélioration du Contrôle des Denrées
Alimentaires d’Origine Animale (PACDAOA) avec pour objectif l’amélioration de leur qualité.
80
Mais cette politique de désengagement ne semble pas avoir donné les résultats
escomptés. Depuis 1989, la DIREL a mis en place le Système d’Information sur les Marchés
du Bétail et de la Viande (SMB) pour pouvoir réguler le marché à travers la transparence des
prix pratiqués. De même, l’Etat a entrepris depuis 1995 un plan d’opérations (PLANOV IV)
qui vise un assainissement des circuits d’abattage et une amélioration des circuits de
commercialisation et de distribution à Dakar et dans les capitales régionales. Pourtant,
toutes ces actions ayant pour objectif final la mise a disposition des ménages d’une viande
de bonne qualité à des prix abordables, ne semblent pas avoir encore eu des répercussions
perceptibles sur le terrain (MAE, 2000).
Le sous secteur de l’élevage et de ses filières semble donc caractérisé par une
succession de politiques inappropriées, mises en difficulté par un secteur informel difficile à
cerner.
Les organisations professionnelles font partie de la trame des acteurs oeuvrant dans
le domaine de l’élevage au Sénégal. Elles sont présentes dans les discours internationaux et
nationaux et constituent la cible privilégiée des politiques sectorielles et des programmes,
mais elles sont également une référence sur le terrain pour les acteurs locaux. Depuis 1995,
le développement de la dynamique organisationnelle a favorisé la création de comités
interprofessionnels et depuis 2003, leur nombre augmente toujours, avec la création des
Maisons des Eleveurs (MDE) et des Directoire des Femmes en Elevage (DIRFEL) au niveau
régional et local dans le but de synthétiser les différents groupes déjà organisés dans
d’autres structures. Une des missions assignée aux organisations de professionnels de la
filière est de faciliter l’accès au crédit à leurs adhérents pour palier à l’inadéquation du
système du crédit formel. Cette situation a motivé la création en 1988 de la Caisse Nationale
de Crédit Agricole par L’Etat. Elle est le principal pourvoyeur de crédit formel mais ses
interventions restent négligeables dans les principales zones d’élevage.
81
PARTIE 4. Perspectives d’avenir pour la filière
Cette dernière partie a pour objectif de répondre à la problématique posée et
proposer des solutions permettant d’assurer un avenir à la filière viande bovine. Elle se base
sur les références bibliographiques sur le sujet, sur les réponses des acteurs eux-même et
sur une réflexion personnelle. Les principaux atouts et contraintes évoqués tout au long de
cette étude vont être tout d’abord relevés ainsi que les dangers pouvant menacer l’avenir du
secteur bovin viande du Sénégal afin de pouvoir par la suite réfléchir autour de la question
de l’intervention sur cette filière et proposer des solutions adaptées.
Le commerce de bétail est géré par des professionnels qui connaissent très bien les
marchés et entretiennent des relations sociales fortes avec les autres acteurs de la filière. Ils
permettent l’accès aux zones les plus reculées et offrent une mise à disposition de liquidités
aux éleveurs en période difficile.
82
Enfin, la filière est portée par une volonté politique et la motivation des acteurs de
l’ensemble de la filière. Des professionnels du secteur privé (vétérinaires, commerçants
d’intrants…) commencent à s’installer et la filière dispose d’appuis techniques qualifiés.
La filière bovin viande est caractérisée, comme nous l’avons vu tout au long de cette
étude, par le nombre important d’intermédiaires dont les professions ne sont pas
réglementées et qui peuvent prendre de multiples rôles. La porosité des frontières rend
difficile le contrôle des flux de bétail et des importations. L’acheminement des animaux à
pied entraîne un perte de temps et de poids des animaux considérable. Les opérateurs,
comme ceux de l’ensemble de la filière manquent cruellement de liquidités ce qui les
poussent à acheter les animaux à crédit.
83
Le secteur de la viande est marqué par les abattages clandestins, qui sévissent dans
l’ensemble du pays, les mauvaises conditions sanitaires du transport de la viande et de sa
conservation et le manque d’unités de transformation et de découpe. A Dakar, les
boucheries traditionnelles sont concurrencées par de nouveaux réseaux de distribution
disposant de gros moyens pour casser les prix. Mais la consommation de viande bovine par
habitant, liée aux faibles pouvoirs d’achat, ne cesse de baisser.
Un des gros problème de la filière est le crédit : Le crédit formel étant inaccessible
pour les acteurs, se met en place un système de crédit informel qui, par ses effets de
multiplication, contribue fortement à l’augmentation des prix tout au long de la chaîne et aux
tensions entre les acteurs. Le déficit de l’offre entraîne aussi une hausse importante des prix
en amont de la filière. Enfin les prix ne sont pas visibles pour tous les acteurs, en particulier
les éleveurs, ce qui freine le développement des échanges.
Le premier danger que l’on peut soulever dans un avenir proche au niveau de
l’élevage est le développement de deux secteurs, à double vitesse :
- Un secteur où certains éleveurs vont rentrer dans une logique productiviste en privilégiant
l’intensification des systèmes, la production d’animaux de qualité (par l’embouche) en vue
d’approvisionner les villes.
Peu d’éleveurs sont prêts à rentrer dans une telle logique et ont les moyens pour le faire.
Ces actions seront surtout localisées pour les systèmes péri-urbains et les systèmes
agropastoraux proches des grands centres de consommation (région de Dakar et Bassin
arachidier).
- Un secteur restant traditionnellement extensif, des zones pastorales excentrées qui vont
se marginaliser et où l’élevage va être en dehors de la filière principale.
84
Le deuxième danger est la concurrence à la fois du bétail importé et de la viande. Si
les systèmes de production du Sénégal ne sont pas capables d’offrir des animaux de
meilleure qualité, les importations de bétail sur pied vont continuer d’augmenter et il sera
bientôt très difficile de pouvoir écouler du bétail local à Dakar, comme les commerçants des
régions s’en plaignent déjà aujourd’hui. Pour la viande, il est clair que la filière doit être
réactive par rapport aux importations car leur augmentation ces dernières années sur le
marché dakarois ne laisse rien présager de bon et concurrence directement la filière locale
en terme de prix.
Les consommateurs, face aux prix élevés de la viande sur les marchés terminaux , se
tournent vers d’autres produits de substitution. Le report de la demande en viande de
ruminants se fait ainsi principalement sur la viande de volailles.
Enfin, le dernier danger est de recommencer les mêmes erreurs que les politiques
ont fait depuis plusieurs décennies, c’est à dire des orientations de la filière en contradiction
avec les stratégies des acteurs et donc inefficaces.
Malgré que la filière soit à première vue mal organisée de façon formelle, et que sa
lecture reste difficile pour les agents extérieurs, elle est constituée d’acteurs qui ont
néanmoins des rôles bien identifiés, des connaissances approfondies de leur métier et de
leur environnement et qui entretiennent des liens socio-économiques importants. Même si
l’intervention est nécessaire pour redynamiser la filière, Il est semble dur d’agir sur un
maillon de la filière sans déstructurer les autres.
Il est donc difficile d’intervenir sans une restructuration complète de la filière, une
véritable organisation des activités, une clarification et une réglementation des différentes
professions, et la mise en place de systèmes de contractualisation entre les acteurs. Mais le
coût social est tel qu’il est difficile d’imaginer un tel changement.
85
32. Quelques propositions d’actions à mettre en place :
Tableau 14 : Actions à mettre en œuvre pour améliorer la filière
Le premier facteur de blocage est le déficit de l’offre dont fait preuve la filière et en
particulier la décapitalisation faible et de mauvaise qualité du cheptel. Pourtant, comme nous
avons pu le voir dans nos enquêtes, les éleveurs ne sont pas des acteurs passifs mais au
contraire sont prêts à prendre en main la commercialisation de leurs animaux s’ils sont sûrs
d’en tirer profit. L’enjeu aujourd’hui est de pouvoir leur donner un poids de négociation
suffisant par rapport à l’aval de la filière.
pouvoir de négociation
7% faible (soudure)
13%
remboursement des
crédits
organisation du transport
86
Les éleveurs doivent ainsi obligatoirement s’organiser : Des groupements d’éleveurs
peuvent se former sur plusieurs villages et être spécialisés dans la collecte des animaux à
vendre et la négociation avec les Dioulas, ou organiser le transport en commun sur Dakar.
Des contrats peuvent être signés au groupement pour garantir le remboursement des
crédits. Parallèlement à cela, la capitalisation forte du bétail ne peut être réduite tant que le
système financier (banque et assurance) reste rudimentaire, peu fiable et inaccessible pour
la majorité de la population. les projets axent beaucoup les actions sur le crédit mais doivent
aussi proposer des moyens alternatifs à la capitalisation du bétail comme fonction d’épargne
et de garantie.
marché
6% 3%
Nous avons vu en outre que ce sont surtout les commerçants qui embouchent les
animaux en période difficile pour pallier à la mauvaise qualité de l’offre. Les professionnels
du bétail peuvent avoir un rôle complémentaire à ceux des éleveurs et former des
« banques » de bétail où les animaux maigres sont engraissés en vu d’être commercialiser
sur Dakar. La filière bénéficie ainsi des avantages de cette segmentation : des systèmes de
production extensifs performants (faibles coûts de production), une embouche réalisée par
des professionnels disposant de moyens conséquents et à proximité des intrants et des
marchés et la commercialisation des produits de bonne qualité toute l’année.
87
Tout en améliorant l’offre locale, le Sénégal doit profiter de l’intégration sous
régionale qui offre des produits de bonne qualité à des prix raisonnables, tout en contrôlant
les flux à l’aide de bases données fiables et accessibles.
13% transport
27%
Fd R, Crédit
20%
prix élevés, taxes…
fêtes
20%
20% offre
Le Sénégal aurait intérêt à protéger son marché intérieur, notamment contre les
importations de viande congelée durant le temps où la filière s’adaptera et trouvera des
moyens d’optimiser les prix.
- la mise à disposition de liquidités donc une fluidité des échanges et une baisse des prix
causée auparavant par la multiplication des systèmes de crédits informels.
- le transfert des risques en milieu de chaîne. Les acteurs les plus vulnérables sont les
éleveurs qui ne disposent pas de garantie sur le remboursement de leur bétail. Avec l’accès
au crédit, les risques seront transférés aux commerçants.
Il reste à savoir si des organismes ou l’Etat seraient près à accorder des micro-crédits aux
acteurs de la filière. Il semble aujourd’hui que peu d’entre eux soient volontaires à cause du
peut de garantie que les opérateurs peuvent apporter.
88
professionnels pourrait augmenter l’efficacité des transactions et jouer sur la baisse des prix.
Cependant, cette mesure est compliquée à mettre en place : Il faudrait ainsi que les animaux
soient vendus au poids, donc remettre des bascules sur les marchés (cette mesure avait
déjà été effectuée par l’Etat mais s’est soldé par un échec) et que toutes les transactions
soient notifiées. Enfin, si les éleveurs et les professionnels de la viande ont à disponibilité
ces informations, le rôle de certains intermédiaires perd son utilité, en particulier celui des
Tuteurs. Il convient donc de bien prendre en compte le coût social d’une telle entreprise.
L’ensemble des politiques en appui à l’élevage et aux filières animales doit appuyer la
structuration de la filière en favorisant la création d’organes véritablement aux mains des
professionnels et non plus servant les intérêts d’une élite locale (comme c’est le cas pour les
MDE par exemple). Elles doivent de plus favoriser et rendre accessible la formation pour
l’ensemble des acteurs.
Les informations (des IDSV…) doivent être capitalisées et être rendues accessibles,
et les services vétérinaires doivent disposer de moyens conséquents pour pouvoir réaliser
leur mission dans de bonnes conditions (en particulier dans les zones excentrées).
- Garantir le respect des normes sanitaires le long de la chaîne, c’est à dire réfectionner les
chambres froides au niveau de l’abattoir de Tambacounda, assurer le transport frigorifique
des carcasses sur Dakar.
▪ voir le coût d’une telle entreprise
• l’état de la route (entre Tambacounda et Kaolack) rend pour l’instant « impossible »
le passage et l’entretien d’un camion frigorifique
89
• Si l’on vend aux Chevillards, Il sera nécessaire pour eux de disposer du cinquième
quartier qui se valorise très bien à Dakar, d’où la nécessité d’avoir à Tambacounda et lors du
transport des équipements nécessaires au nettoyage et au stockage du cinquième quartier.
• Si l’on vend aux bouchers traditionnels, le prix devra être attractif et donc moins
cher que la viande proposée par les chevillards de la SOGAS.
• Si l’on vend aux bouchers modernes, leurs exigences vont se tourner surtout vers la
qualité sanitaire et la traçabilité du produit.
• Si l’on vend directement aux consommateurs (de préférence aux collectivités), on
risque de se heurter au monopole des chevillards par rapport aux principales collectivités de
Dakar.
90
Conclusion :
La filière viande bovine du Sénégal est source d’échanges nationaux et sous-
régionaux importants. Dakar constitue le pôle d’attraction de la demande en viande et
l’ensemble des flux commerciaux de bétail sont organisés et dirigés vers la capitale.
Enfin, le marché de Dakar est un marché en évolution, ce qui laisse supposer des
changements futurs pour l’ensemble de la filière, avec notamment l’apparition de nouvelles
structures de distribution et le danger des importations de viande congelée sur la filière
locale.
Nous avons ainsi proposé des solutions d’intervention permettant en particulier aux
éleveurs d’avoir un poids de négociation plus important face à l’aval de la filière, de faciliter
l’accès au crédit des professionnels afin de diminuer les prix et transférer les risques, de
réglementer les professions, protéger le marché de viande locale et accompagner la filière
par des actions en adéquation avec les stratégies des acteurs.
91
Annexes :
Table des annexes :
Annexe 3 : Prix moyens des bovins vendus pour l’échantillon d’éleveurs enquêtés
(Enquêtes, 2006)
Annexe 4 : Types de bovins vendus pour l’échantillon d’éleveurs enquêtés (Enquêtes, 2006)
Annexe 5 : Période de vente des bovins pour l’échantillon d’éleveurs enquêtés (Enquêtes,
2006)
Annexe 9 : Avantages et inconvénients de chaque race et leurs présence sur les marchés
(Enquêtes, 2006)
92
Annexe 1 : Identification de l’échantillon d’éleveurs enquêtés
Activités
Id Village Nom Age Ethnie Etudes extra-agricoles Foyer
EK1 Komoty Ibrahima Pathe Bah 41 Peul CE1 Commerce-Tefanke 13
EK2 Komoty Thierno Soumane BAH 48 Peul Non Marabout-Imam 39
EK3 Komoty Amirou BAH 50 Peul Non non 13
EK4 Komoty Omar MBO 38 Peul CE2 Mécanicien-Guide 36
EK5 Komoty Semba Gay Sidi BAH 60 Peul Non non 8
EK6 Komoty Ibrahima Abdoulaye BAH 54 Peul Non non 37
EK7 Komoty Demba BAH 49 Peul Non Mécanicien 16
EK8 Komoty Djidel DIALLO 22 Peul Non Boulanger-Photographe 16
EK9 Komoty Abdoulaye BAH 29 Peul Non Tefanke-Boucher 12
EKe1 Kenetio P Dibi DIALLE 30 Peul Non Gardien campement 6
EKe2 Kenetio P Mamadou Saliou SOIRE 63 Peul Non non 13
EKe3 Kenetio P Mamadou BOYE 61 Peul Non Maitre école coranique 12
EKe4 Kenetio P Djibril DIALLO 35 Peul Non Maitre école coranique 11
EKe5 Kenetio P El Hadji Sadio DIALLO 71 Peul non non 80
EKe6 Kenetio P Mamadou Korka SOIRE 70 Peul non non 11
EKe7 Kenieto D El Hadji Bemba DIABY 70 Djaranke non non (retraité commerce) 23
EKe8 Kenieto D Ousmane DIABY 37 Djaranke non Maitre école coranique 5
Etab1 Tabanding Hamidou DIAGOURAGA 46 Soninke non non 14
Etab2 Tabanding El Hadji Demba SAKHONE 64 Soninke non non 30
Etab3 Tabanding Oumar CAMARA 48 Soninke non non 48
Etab4 Tabanding Soulemane CAMARA 49 Soninke non non 45
Etab5 Tabanding Lassana BA 30 Soninke non non 40
Etab6 Tabanding Idrissa MARENA 54 Soninke non Forgeron 16
Etab7 Tabanding Abdoulaye MARENA 67 Soninke non non (retraite France) 17
Etab8 Tabanding Seydou TOURE 27 Soninke CM2 Electricien 6
EKou1 Kouthiaba Magett NGOM 66 Wolof non Commerce 32
EKou2 Kouthiaba Magew BA 55 Peul non non 12
EKou3 Kouthiaba Ndourou Walndi SANE 54 Peul non Tailleur 18
EKou4 Kouthiaba Birane BOYE 69 Wolof 5ème non 12
EKou5 Kouthiaba Assane NDIAYE 69 Wolof non Commerce 18
Source : Enquêtes, 2006
93
Annexe 2 : Décomposition des cheptels et flux commerciaux de bovins pour l’échantillon
d’éleveurs enquêtés
EKe1 8 0 1 0 1 Ndama 0 0 0
EKe2 10 0 0 0 1 Ndama 0 1 100 000
EKe3 28 0 0 0 0 Ndama 0 0 0
EKe4 18 0 5 0 2 Ndama 0 1 50 000
EKe5 60 0 0 0 0 Ndama 0 6 150 000
EKe6 85 0 0 0 0 Ndama 0 3 240 000
EKe7 20 14 0 0 1 Ndama 0 1 100 000
EKe8 10 3 0 0 0 Ndama 0 1 85 000
EKou1 60 25 25 4 0 Métis 0 0 0
EKou2 37 12 8 2 1 Métis 0 7 450 000
EKou3 33 28 15 3 2 Métis 0 4 315 000
EKou4 46 52 17 3 1 Ndama + 2 métis 1 0 -150 000
EKou5 0 14 5 4 0 0 0 0
94
Moyennes 35,2 26,2 14,0 3,2 0,8 0,2 2,2 123000
min 0 12 5 2 0 0 0 -150000
Max 60 52 25 4 2 1 7 450000
Note : Les chiffres au niveau de l’éleveur K9 doivent contenir une erreur, non identifiée
Remarque : Au niveau des races, il n’y a que le village de Kenieto qui possède des NDama
de race pure. Sur les villages de Komoty et Tabanding, les éleveurs disent posséder des
NDama mais en réalité leurs animaux sont presque tous métissés même si les races
présentent sont très proches des taurins NDama en terme de conformation.
95
Annexe 3 : Période de vente des bovins pour l’échantillon d’éleveurs enquêtés
96
Annexe 4 : Types de bovins vendus pour l’échantillon d’éleveurs enquêtés
Types d'animaux
♀ ♂ total
Id génisses 5-10 ans 11-15 ans > 15 ans taurillons 5-10 ans > 10 ans
EK1 0
EK2 1 1
EK3 3 4 7
EK4 2 1 3
EK5 2 4 6
EK6 4 4 8
EK7 2 7 9
EK8 0
EK9 20 15 35
EKe1 0
EKe2 1 1
EKe3 0
EKe4 1 1
EKe5 0
EKe6 3 3
EKe7 1 1
EKe8 1 1
Etab1 14 14
Etab2 0
Etab3 1 1
Etab4 2 2 4
Etab5 4 4
Etab6 7 7
Etab7 1 1
Etab8 0
EKou1 0
EKou2 7 7
EKou3 2 1 1 4
EKou4 0
EKou5 0
Source : Enquêtes, 2006
97
Annexe 5 : Prix moyens des bovins vendus pour l’échantillon d’éleveurs enquêtés
98
Annexe 6 : Identification et typologie de l’échantillon des différents commerçants enquêtés
Autres
Id Base Nom Age Ethnie Anc activités Espèces
Dioulas villages 1
IKot1 Village (Kothiary) Sadou DIALLO 40 Peul 10 non Bov-PR
IKot2 Village (Kothiary) Abdou THIONGANE 52 Wolof 10 éleveur Bov
IKot3 Village (Kothiary) Semba DIALLO 25 Peul 4 non Bov
IKot4 Village (Kothiary) Baïdy DEMBELE 30 Peul 10 boucher Bov
IKot5 Village (Kothiary) Ibrahima BA 34 Peul 8 éleveur Bov-PR
ISM3 Village (St Malème) Demba SOW 52 Peul 20 agriculteur Bov-PR
>
ISM4 Village (St Malème) Thiabel BA 67 Peul 30 non Bov
Dioulas villages 2
ITh1 Village (6 Thiokoye) Oumar TOURE 50 Peul 20 agriculteur Bov
Mamadou Salif
ITh2 Village (7 Thiokoye) DIALLO 50 Peul >15 agriculteur Bov-PR
Village (20
ITh3 Thiokoye) Alpha DIALLO 24 Peul 4 agriculteur Bov-PR
IP1 Village (45 Payar) Batche BA 56 Peul 33 agriculteur Bov
agriculteur-
IP2 Village (7 Payar) Sara BA 42 Peul 16 éleveur Bov
IP3 Village (22 Payar) Omar SOW 52 Peul 20 éleveur Bov
IP4 Village (Ribot?) Semba Bouya BAH 55 Peul 30 agriculteur Bov-PR
agriculteur-
IP5 Vilage (reg Matam?) Amadou Bocar SOW 36 Peul >10 éleveur Bov-PR
IP7 Village (30 Payar) Souleymane BAH 49 Peul 25 agriculteur Bov-PR
Dioulas marchés 1
ISM1 St Malème Demba BA 43 Peul >20 non Bov
ISM2 St Malème Idriss SAMBOSSO 49 Peul >21 non Bov-PR
IP6 Payar Amadou KA 40 Peul 7 agriculteur Bov
Dioulas marchés 2
>
IKe1 Kedougou Ousmane NDIAYE 74 Peul 30 non Bov-(PR)
IKe3 Kedougou Abdou FALL 45 Toucouleur 8 boucher Bov-(PR)
Dioulas marchés 3
>
IT1 Tamba Demba Sille DIA 64 Peul 30 non Bov-(PR)
IT2 Tamba Amadou DIA 32 Peul 13 non Bov-PR
IT3 Tamba Dewrou DIOUM 42 Peul >20 non Bov
IT4 Tamba Demba DIOUM 50 Toucouleur 25 bois Bov-PR
IT5 Tamba Omar BA 39 Peul 18 commerce Bov-(PR)
IT6 Tamba Mohamed CISSE 22 Peul 1 non Bov-PR
Dioulas Dakar
médiateur
IKe2 Dakar Cheikh KA 27 Peul 12 terrain Bov-PR
Source : Enquêtes, 2006
99
Annexe 7 : Volume d’activité et fond de roulement de l’échantillon des commerçants
enquêtés
Total
Id
V activité (an) FdR
Dioulas villages 1
IKot2 3-4 à 8-10 /mois 70 125 000
IKot3 6-12 / mois 108 50 000
IKot4 10 / mois 120 300 000
8 / mois + 25
625 000
IKot5 emb 121
IKot1 6-20 / mois 144 125 000
ISM3 15-20 / mois 204 200 000
ISM4 25 / mois 300 300 000
moyenne 152 246429
Dioulas villages 2
ITh2 6-10 / mois 96 450 000
IP3 12 / mois 144 1 000 000
IP2 15 / mois 180 1 000 000
ITh3 15-20 / mois 204 500 000
IP1 40 / mois 480 300 000
IP5 45 / mois 540 1 500 000
IP4 50 / mois 600 3 000 000
IP7 60 / mois 720 600 000
ITh1 80 / mois 960 550 000
moyenne 436 988889
Dioulas marchés 1
IP6 20-25 / mois 276 1 000 000
ISM2 30 / mois 360 4 000 000
ISM1 75 / mois 900 500 000
moyenne 512 1833333
Dioulas marchés 2
IKe3 6 anx / sem 288 ?
IKe1 5 à 50 / mois 360 1 750 000
moyenne 324 1750000
Dioulas marchés 3
IT6 15-20 / mois 216 250 000
14 000
IT5 35 / mois 420 000
IT1 40 / mois 480 5 500 000
IT3 40 / mois 480 1 000 000
20 000
IT4 100 / mois 1200 000
IT2 80 / mois 960 5 500 000
moyenne 626 7708333
Dioulas Dakar
IKe2 200 / mois 2400 6 000 000
Source : Enquêtes, 2006
100
Annexe 8 : Frais d’abattage au niveau de Dakar
Taxes Abattage
taxe abattage 48 F /kg
Stabulation 90 F / tête
Ressuyage (CF) 4 F / kg
Timbre fiscal ~ 150 F / tête
Stockage en plus 7 F / kg / h
Fente carcasse 500 F
Scie 500 F
Aides transport 500 F
Inspection vétérinaire 500 F / carcasse
Source : Enquêtes, 2006
101
Annexe 9 : Avantages et inconvénients de chaque race et leurs présence sur les marchés
102
Bibliographie :
Actes du séminaire sur l’étude des contraintes au développement des productions animales
en Afrique Sub-saharienne, cahier n°3 de l’EISM, 1997.
Diagnostic et recommandations sur les filières animales, PASA, Rapport de fin de mission –
Phylum, 2003.
Etude sur la filière viande dans la région de Kolda , CAMAD Consulting group, juin 2004.
L’analyse des filières laitières, Guillaume DUTEURTRE, Papa Nouhine DIEYE, Mian
Oudanang KOUSSOU, Réseau de recherche et d’Echange sur les Politiques laitières, série
« note méthodologique ».
Le pastoralisme au Sénégal, entre politique « moderne » et gestion des risques par les
pasteurs, Véronique ANCEY, Geaorges MONAS , revue Tiers Monde n° 184, 2005.
103
Situation économique régionale de Tambacounda, Service régional de la statistique à
Tambacounda, édition 2004.
104
Résumé
Résumé :
La filière bovin viande du Sénégal est aujourd’hui encore mal connue et manque de
données fiables et chiffrées. Elle demeure complexe et dominée par le secteur informel ainsi
que la multiplicité des acteurs et de leurs rôles. Pourtant, dans un environnement ouvert et
face à la concurrence émergeante, une analyse approfondie de l’organisation complète de la
filière est indispensable pour trouver les moyens d’action à mettre en œuvre pour assurer sa
viabilité.
Summary :
This paper is based on the study of the long distribution channel from the production
basin of: Tambacounda to Dakar, the main market, and it attempts to describe the activity’s
structure, the role of the different partners, the financial situation and the impact of a range of
aid policies for the industry. It also identifies potential dangers and suggests solutions to
optimise efficiency and the chances of its long-term survival.
Resumen :
La hilera bovino carne de Senegal es mal conocida todavía hoy y falta de datos
fiables y cifrados. Permanece compleja y dominada por el sector informal así como la
multiplicidad de los actores y de sus papeles. Sin embargo, en un medio ambiente abierto y
frente a la competencia émergeante, un análisis aprofundizado de la organización completa
de la hilera es indispensable para encontrar los medios de acción que pone en ejecución a
piojo.
Este informe se apoya en el estudio del circuito largo de la hilera, del estanque
de producción de Tambacounda a Dakar, principal polo de consumo. Pretende comprender
la organización de la hilera y el papel de cada actor, proponer un análisis contable y estudiar
el impacto de las diferentes políticas de sostén de esta hilera. De soltar cuáles son los
peligros que lo amenazan hoy y con ser capaces por fin de proponer soluciones que
permiten
105