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UNIVERSITE DE PARAKOU (UP)

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Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH)
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DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE (DSA)

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Mémoire de MASTER II
Option : Médiation Sociale et Facilitation de Développement
SUJET
LES IMPLICATIONS DE L’UAVIGREF DANS LA GESTION
DES CONFLITS DES VILLAGES RIVERAINS AUTOUR DE
LA RESERVE DE LA BIOSPHERE DE LA PENDJARI

Présenté et soutenu par: Sous la direction de:


KASSA Souska Antoine Dr. AKIYO Rufin
Maître de Conférences des
Universités du CAMES

Membres du jury


Soutenu, le

Note:

Mention obtenue:

Année Académique: 2018– 2019


SOMMAIRE

DÉDICACE

REMERCIEMENTS4

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES6

LISTE DES TABLEAUX8

LISTE DES FIGURES9

RÉSUMÉ10

ABSTRACT10

INTRODUCTION11

PREMIERE PARTIE: CADRE GENERAL ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE14

CHAPITRE I: Approche théorique et conceptuelle de la recherche………………..……………....14

CHAPITRE II: Terrain d’étude et méthodologie……………………………………………….….30

DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION, ANALYSE DES RESULTATS DISCUSSIONS ET


SUGGESTIONS45

CHAPITRE III: Résultats et analyse……………………………………………………….....…….46

Evolution et perspectives des activités internes et externes de la RBP……………………………….

Les activités internes à la RBP : sources de revenus et leurs impacts…………………………………

CHAPITRE IV: Discussion et suggestions……………………………………………......….…….63

CONCLUSION71

BIBLIOGRAPHIE73

ANNEXES77

2
DÉDICACE

Mes parents :

YANI Kassa Michel et YANI Naro

A mon épouse, CHABI MONDJA N’Koupouwê Cathérine

A mes enfants : Barka, Carem et Douonta

3
REMERCIEMENTS

La décision de suivre cette formation a été prise suite à de nombreux encouragements des
amis et parents qui ont cru que j’avais les capacités de le faire. A l’aboutissement de cette
œuvre, je voudrais en retour, adresser mes remerciements à tout ce beau monde.
Mes remerciements vont particulièrement :

 A tous les enseignants de la Faculté des lettres, Arts et Sciences Humaines en général et
ceux du Département de Sociologie et Anthropologie pour avoir contribué efficacement à ma
formation ;
 A mon maître de mémoire, Dr AKIYO Rufin pour avoir accepté de superviser ce travail
scientifique avec rigueur malgré ses occupations ;
 A tous les membres du jury pour avoir accepté de consacrer leur précieux temps pour
juger de la qualité scientifique de ce travail ;
 A mon grand frère, TCHATI K. Antoine qui a créé en moi le désir d’avancer malgré les
obstacles de la vie ;
 A mon maitre de stage, le Secrétaire Exécutif de l’UAVIGREF, DJATO Djaleni, qui est
resté en contact permanent avec moi et m’a accordé toutes les facilités d’accès à la
documentation et l’accompagnement nécessaire et utile ;
 A mon respectable tuteur DEGBOE Emmanuel, homme au cœur généreux, puisse vos
œuvres vous suivre même au-delà de ce monde ; je vous dis merci d’un cœur reconnaissant.
 A tout le personnel de BUPDOS-ONG ;
 A ma petite famille, mon épouse et mes enfants, pour avoir supporté les privations d’une
part liée à mes fréquentes absences du foyer et d’autre part au plan financier. Pendant ces
années d’étude, je vous ai manqué. Trouvez en ce travail, l’aboutissement de votre patience et
prenez l’engagement d’aller au-delà.

A tous ceux qui ont permis la collecte des données ayant facilité la réalisation de ce
document merci pour tout.

4
SIGLES ET ACRONYMES

SIGLES ACRONYMES 
Association Inter-Villageoise de Gestion des Ressources Naturelles et de
AGEREF
la Faune
APN African Park Network
ARCI Association pour la Recherche Coopérative Internationale
AVC Association Villageoise de Chasse
AVIGREF Association Villageoise de Gestion des Réserves de Faune
Before our Time (avant notre temps : référence par rapport à l’année de
BT
naissance de Jésus)
Centre d’Accompagnement des Autochtones Pygmées et Minoritaires
CAMV
Vulnérables
CDD Commission du Développement Durable
CENAGREF Centre National de Gestion des Réserves de Faune
DANIDA Agence Danoise pour le Développement International
Enquête Collective Rapide d’Identification des Conflits et des Groupes
ECRIS
Stratégiques
FAD Fonds Africain de développement
FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
FME Feature Manipulation Engine
GTZ German Technical Coorperation Agency
IDH Indice de Développement Humain
IIDD Institut International de Développement Durable
KFW  Kreditanstalt für Wiederaufbau (Banque Allemande de Développement)
MAB L’Homme et la Biosphère
MARP Méthode Accélérée de Recherche Participative
NCI Natural Conservancy International
NORAD Agence Norvégienne de Développement et de Coopération
ONU Organisation des Nations Unies
PCGPN Programme de Conservation et de Gestion des Parcs Nationaux
PGRN Projet de Gestion des Ressources naturelles
PIB Produit Intérieur Brut
PNP Parc National de la Pendjari
PP Projet Pendjari
PPA Parité de Pouvoir d’Achat
PPP Partenariat Public Privé
ProCGRN Programme de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles
RBP Réserve de Biosphère de la Pendjari
RDC République Démocratique du Congo
REVICA Réserve Villageoise de Chasse Autogérée
RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat

5
SMDD Sommet Mondial sur le Développement Durable
U-AVIGREF Union des associations Villageoises de Gestion des Réserves de Faune
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture
UNSOProjet
UNSO/BEN « Aménagement Participatif des Forêts Naturelles et Reboisement
93/G31 Villageois pour la Réduction du Carbone »
Wolrd Wide Found (Organisation Mondiale de Protection de
WWF
l’Environnement)
ZOC Zone d’occupation Contrôlée
ZOPP Planification des projets par Objectifs

6
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Répartition des membres des cellules interviewés.......................................................................43

Tableau 2: Point des ouvertures et entretien de pistes...................................................................................48

Tableau 3 : Point des espèces animales abattues...........................................................................................77

Tableau 4: Point des infractions....................................................................................................................77

Tableau 5: Point des arrêts de justice rendus.................................................................................................77

Tableau 6: Récapitulatif de la population agricole........................................................................................78

7
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Localisation de la zone d’étude......................................................................................................41

Figure2 :Circuits touristiques du parc de la Pendjari………………………………………………..……….46

Figure 3: Evolution des abattages officiels d’animaux..................................................................................50

Figure 4: Evolution des actes illicites ces quatre dernières années................................................................51

Figure 5: Type de sanctions rendues ces quatre dernières années..................................................................52

Figure 6: Evolution des populations riveraines..............................................................................................55

8
9
RÉSUMÉ

Créée comme aire protégée à partir des années 50 et réserve de biosphère depuis 1986, la Réserve
de la Pendjari n’avait pas échappé dans son ensemble, à une dégradation progressive de ses
ressources fauniques. Toutefois, les deux dernières décennies ont vu naître un nouveau type de
relation entre les gestionnaires des aires protégées et les populations locales : la gestion
participative. Les populations riveraines de la Réserve de Biosphère de la Pendjari ne se sentaient
pas concernées par cette forme de gestion. L’objectif de cette recherche est d’analyser les conflits
liés à la gestion de la Pendjari avec l’avènement de l’UVAGREF dans ce milieu d’étude. Et pour y
parvenir, nous avons recouru une approche méthodologique mixte combinant le qualitatif et le
quantitatif. Au plan politique, la mise en place de la réserve a suscité des conflits non seulement
liés aux perceptions, mais aussi aux intérêts entre les acteurs étatiques et les communautés locales.
Au plan social, il y a eu déstructuration des organes locaux de gestion des ressources et
l’affaiblissement de l’autorité locale par la négation des normes et valeurs. Au plan économique, le
classement n’a pas été suivi d’actions d’accompagnement. Les aspects économiques liés à
l’amélioration des conditions de vie des communautés n’ont pas été pris en compte. Tous ces
facteurs ne pouvaient qu’influer négativement sur le comportement de ces communautés. Les
populations riveraines pauvres, préoccupées par le problème de survie, ne pouvaient pas
durablement gérer leurs ressources naturelles. De plus, certaines conceptions du milieu d’étude
considèrent la terre à l’instar de ses composantes comme la faune comme une ressource gratuite à
exploiter pour satisfaire les différents besoins fondamentaux.

ABSTRACT

Created as a protected area in the 1950 and a biosphere reserve since 1986, the Pendjari Reserve as
a whole has not escaped the gradual degradation of its wildlife resources. However, the last two
decades have seen the birth of a new type of relationship between managers of protected areas and
local populations: participatory management. The riparian populations of the Pendjari Biosphere
Reserve did not feel concerned by this form of management. The objective of this research is to
analyze the conflicts related to the management of Pendjari with the advent of UVAGREF in this
study environment. And to achieve this, we used a mixed methodological approach combining
qualitative and quantitative data to collect data using the questionnaire, interview guide and
observation grid from 94 actors made up of men and women. At the level of the different research
units selected. The results obtained were analyzed using the PSIR (Pressure-State-Impact-
Response) model. At the political level, the establishment of the reserve gave rise to conflicts not
only related to perceptions, but also to interests between state actors and local communities. At the
social level, there has been the destruction of local resource management bodies and the weakening
of local authority through the negation of norms and values. Economically, the ranking was not
followed by accompanying actions. The economic aspects linked to improving the living conditions
of the communities were not taken into account. All of these factors could only negatively influence
the behavior of these communities. The poor riparian populations, worried about the problem of
survival, could not sustainably manage their natural resources. In addition, some conceptions of the
study environment consider the land like its components such as wildlife as a free resource to be
exploited to meet various basic needs.

Keywords : Pendjari, natural resources, populations, management, conflicts.

10
INTRODUCTION
L’impact des activités de l’homme sur l’environnement génère de lourdes répercussions et
affectent dans une grande mesure les populations des pays sous-développés. Le genre humain a
parfaitement les moyens d’assumer un développement durable, de répondre aux besoins du
présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs (G. H.
Brundtland, 1987, p. 14)
Au Bénin, les stratégies sont mises en œuvre à travers différents projets qui, tout en concourant
au bien-être socio-économique des populations, sont sensés réduire les impacts négatifs
qu'impliqueraient les activités de ces dernières sur leur environnement immédiat. Ainsi, le souci
de la conservation de la diversité biologique a donné lieu à des mesures de restructuration au
niveau de l'administration publique et des organisations dans les localités. Dans le secteur de la
foresterie, le Bénin, ne dispose pas de vastes formations forestières. Soumis à la pression des
populations à la recherche de bois de feu, de bois d'œuvre, de produits alimentaires de cueillette
et surtout de terre pour les activités agricoles qui constituent les sources de revenus, le
patrimoine forestier se consume à un rythme effréné.
Ainsi, les impacts liés aux activités économiques sont très grands car la pression des populations
s'est accrue. En effet, les activités anthropiques développées dans le milieu d’études présente de
nombreuses incidences non seulement sur les populations elles-mêmes mais encore sur
l’environnement (O. L. R. AKIYO, 2015, p.162). Au nombre de ces incidences, figurent en
primauté les changements climatiques dont les effets négatifs portent sur les comportements des
cultures, les modifications pédologiques et les baisses de rendements. En conséquence, au plan
alimentaire, de grandes disparités sont apparues entre les départements avec des déficits plus ou
moins importants au niveau des régions les plus soumises aux variations climatiques, notamment
les départements du nord-ouest, dans un contexte de croissance démographique.
Pour y remédier, la gestion participative a été adoptée pour servir de fil conducteur à la politique
de l'Etat béninois en matière de préservation des habitats naturels et des espèces fauniques. Cette
politique est basée sur le principe de la conservation au bénéfice des populations locales et de
toute la nation.
Le Rapport National sur la diversité biologique au Bénin indique que la nouvelle politique de
l’état béninois en matière de préservation des habitats naturels et des espèces fauniques associées

11
est basée désormais sur le principe de la conservation c’est- à-dire la protection raisonnée des
sites des espèces menacées de dégradation ou de disparition et la gestion durable des ressources
fauniques et floristiques au bénéfice des populations locales en particulier et de la nation toute
entière en général. II n’est pas de doute que l’existence même et l’abondance des ressources
fauniques actuellement confinées aux aires protégées sont dues à la vieille politique
protectionniste de l’administration forestière (MEHU, 1998, p 55-56).
Mais cette situation n'est pas sans conséquence sur les activités économiques susceptibles de
contribuer au développement socioéconomique et environnemental des populations dont le
potentiel « terre » se trouve du coup réduit, dans la zone.
Cette inefficacité des différents systèmes de gestion des ressources naturelles s’explique par
l’exclusion des communautés locales et l’emploi de méthodes coercitives qui ont montré leurs
limites (I.E AZIZOU, 1998, p. 1). Pour ce qui est du Bénin, l’implication des populations
riveraines dans la gestion des ressources naturelles a été entérinée par la Loi 93-009 du 02 juillet
1993, portant régime des forêts en République du Bénin. Ainsi dans l’application de ce texte
juridique, il existe depuis quelques années dans les villages riverains des organes de gestion des
ressources naturelles. En ce qui concerne les aires protégées, le Programme de Gestion des
Ressources Naturelles (PGRN) a organisé les populations en différentes structures dont les
Associations Villageoises de Chasse (AVC) (PGRN, 1997, p.1). Dans le souci de garantir une
meilleure conservation et une gestion durable de ces espaces, une réorganisation a été proposée
par le Programme de gestion des ressources naturelles (PGRN), l’Union Internationale pour la
Conservation de la Nature l’UICN (1994) et le Centre National de Gestion des Réserves de
Faune (CENAGREF) créé en 1998 qui met en application une nouvelle approche de partenariat
réel de gestion des aires protégées (AP). Dès cet instant, les AVC ont donc été remplacées par les
Associations Villageoises de Gestion des Réserves de Faune (AVIGREF).
Malgré ces efforts d’associer les communautés à la gestion participative des ressources
fauniques, on enregistre davantage des pressions sur ces dernières avec pour conséquences, des
conflits de tous genres. Au nombre de ces conflits, on peut citer celui ayant opposé les gardes
faunes de ‘‘ African Parc Network’’ et les chasseurs de la ville de Tanguiéta le samedi 17 février
2018. Cet affrontement qui a duré toute une journée s’est soldé par de nombreux dégâts
importants. La Direction de African parc saccagée y compris leurs véhicules, une partie de
l’UAVIGREF ainsi que ses bureaux incendiés et la route inter état est restée bloquée jusque tard
dans la soirée. Il a fallu l’intervention des leaders religieux, du maire et de Madame le Préfet

12
pour qu’un calme précaire revienne et que la circulation soit rétablie sur la route inter état
Natitingou- Ouagadougou. Cette situation est due à l’augmentation de la densité humaine qui
s’est accélérée avec pour corollaire, une intensification de l’exploitation des écosystèmes. Les
interactions entre les populations se sont modifiées et une complexification des réseaux
villageois apparaît. Cette situation se traduit par des relations plus denses entre des communautés
en pleine croissance démographique et ayant une plus grande occupation des espaces des villages
riverains du parc.
La Réserve de Biosphère de la Pendjari est l’un des grands parcs de gibier de l’Afrique de l’Ouest
qui abrite de nombreux mammifères charismatiques dont le lion, l’éléphant, le léopard, le guépard,
le buffle, l’hippopotame, le cob, des bubales, des phacochères, des hyènes, la civette africaine,
l’oryctérope, le singe patas et le babouin olive n’est pas en marge de cette réalité. Cette Réserve de
Biosphère de la Pendjari située dans l’Atacora au nord du Bénin est considérée comme une zone
importante pour les oiseaux et la biodiversité selon Birdlife International. Ainsi, plus de 300 espèces
d’oiseaux ont été enregistrées dans cette réserve forestière, y compris de grands oiseaux tels que le
bec-ouvert africain, la cigogne d’Abdim, le jabiru d’Afrique, la cigogne blanche européenne ou
l’aigle pêcheur africain. En 2007, la rivière pendjari et ses biomes aquatiques associés (la zone
humide de la rivière Pendjari) ont été reconnus comme un site de la Convention de Ramsar, de par
sa qualité de zone humide d’importance internationale. Mais force est de constater que plusieurs
menaces pèsent de plus en plus sur cet important écosystème. Au nombre de celles-ci, figurent le
braconnage, l’empiètement agricole, la transhumance, la surpêche, la pollution de l’eau, les feux de
brousse incontrôlés, les changements climatiques et l’exploitation non durable du bois chauffage.
Ainsi, les villageois vivant à la périphérie de cette réserve pratiquent l’agriculture sur brûlis, qu’ils
complètent avec l’élevage, la chasse et la pêche pour des raisons de pauvreté très répandue dans la
zone d’étude. Cette accoutumance s’est vue interdite d’exercice car, autrefois considérée comme un
don de la nature, la réserve de biosphère de la Pendjari est devenue une aire à protéger et dont
l’accès y est formellement interdit n’est pas sans conséquence sur la vie des populations riveraines.
C’est pour mieux comprendre les déterminants socioéconomiques et environnementaux des
comportements des populations face à la gestion de cette importante réserve que nous avons décidé
dans le cadre de notre travail de Master en Médiation Sociale et Facilitation de Développement de
réfléchir sur le sujet : « Les implications de l’UAVIGREF dans la gestion des conflits des villages
riverains autour de la réserve de la biosphère de la Pendjari ». La présente étude s'articule autour de
deux (02) parties :

13
 La première partie est consacrée à la présentation du cadre général et de la méthodologie
de la recherche ;
 La deuxième partie présente les résultats, les analyses et les discussions assorties de
suggestions.

PREMIEREPARTIE
PREMIEREPARTIE:
: CADRE
PRESENTATION DU
GENERAL ET
CADREGENERALETDELA
METHODOLOGIEDELA RECHERCHE
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

14
CHAPITRE I : Approche théorique et conceptuelle de la recherche

1-Problématique

Depuis l'avènement du renouveau démocratique (en février 1990), le Bénin s'est engagé dans un
régime politique qui a touché les domaines de la vie sociale et économique. Depuis lors, des
notions telles que le libéralisme économique, la décentralisation, la déconcentration, le
développement économique local, le développement humain durable, font partie des discours et
débats entre différents acteurs sociaux, économiques et politiques.
Le secteur agricole tarde à se moderniser et à se diversifier pour permettre un accroissement
durable des revenus pour les 70% de la population active qui y sont employés et contribuer ainsi
à la réduction de la pauvreté. Ce secteur est dominé par la filière coton qui représente environ
40% des exportations mais dont les performances sont minées par des problèmes d’ordre
organisationnel, la vulnérabilité aux conditions climatiques et l'archaïsme des outils de
production. Nonobstant les réformes engagées dans la filière pour pallier ces difficultés, la
production s’est inscrite sur une tendance baissière avec un recul annuel moyen de 25% depuis
2007, pour atteindre en 2010 son niveau le plus bas depuis vingt ans (Le Bilan Commun de Pays
et le Plan-Cadre des Nations Unies pour l’Assistance au développement (UNDAF), Octobre
2012, p. 18)
Or, comme l'économie de la majorité des pays en développement, l'économie béninoise repose
essentiellement sur l'exploitation et la valorisation économique de ses ressources naturelles,
principalement les sols, les forêts, l'eau, la faune et la flore. Cette situation est renforcée par des
facteurs tels que : la pression démographique, les mauvaises pratiques de gestion et
d'exploitation des ressources naturelles, l'absence ou l'inefficacité des outils de planification et de
gestion et l'existence de conflits quant à la possession et l'utilisation de ces ressources qui
constituent des menaces sérieuses pour le milieu naturel dans son ensemble et, en conséquence,
pour les populations qui en dépendent.
Dans le contexte de la décentralisation, c'est au niveau local c'est-à-dire dans les communes, les
villages que se vivent les lourds défis posés par le développement du levier économique qu'est le
secteur agricole, par la gouvernance à l'écoute des citoyens et par l'implantation de services et
infrastructures à la disposition de tous. Le développement économique au niveau de chacune de
ces communautés de base offre une voie privilégiée pour une variété de stratégies et d'initiatives
porteuses et durables.

15
Mais il reste conditionné par l'existence de potentialités et de capacités des différents acteurs
locaux à cerner les opportunités disponibles et à définir des stratégies efficaces de mise en
œuvre. Ainsi, les processus de développement économique au niveau local peuvent
difficilement être laissés à des mécanismes spontanés de croissance. Ils doivent être soutenus
par certains éléments de base comme :
 l'orientation vers les productions qui valorisent les potentialités locales ;
 la création des conditions d'accès au financement ;
 l'amélioration des qualifications du marché du travail et la génération d'un système
d'infrastructure de soutien.
Si l'agriculture est un utilisateur important de ressources en sol et en eau, il lui est
indispensable de préserver la quantité et la qualité de ces ressources afin de rester viable.
Cette utilisation est d'autant plus accrue dans le contexte d'intensification agricole qui
implique l'utilisation, à grande échelle, d'intrants agricoles et de superficies exploitables.
En effet, il convient de souligner qu'il subsiste une relation fondamentalement paradoxale
entre le développement agricole et la préservation de l'environnement car il est difficile de
concilier ces deux contraintes majeures renforcées par la pression démographique qui
engendre davantage de bouches à nourrir dont les besoins ne se limitent pas seulement à
l'alimentation. D'où la nécessité d'une croissance économique fondée, en milieu rural, sur le
secteur primaire tributaire d'un patrimoine foncier disponible et sécurisé.
Globalement le Bénin dispose des ressources en terres importantes pour son agriculture. Cet
avantage en dotation naturelle à l'échelle du pays cache cependant beaucoup de disparités qui
sont relevés entre les départements et à l'intérieur de ceux-ci. Dans les départements du Nord
il existe encore d'énormes potentialités en terre à l'exception de certaines communes de
l'Atacora et de la Donga où le seuil critique de charge agro démographique des terres
(Document de stratégie de réduction de la pauvreté au Bénin 2003–2005, Décembre 2002, p.
33-34)
Cette situation est renforcée, dans la commune de Tanguiéta, par l'existence de l'aire protégée
réduisant, du coup, le facteur de production primordial qu'est la terre pour, non seulement, les
activités agricoles, mais aussi, de pâturage pour les éleveurs. Cet état de chose engendre des
conflits réguliers entre agriculteurs et éleveurs dont la cohabitation s'avère complexe du fait
des pratiques peu conciliantes. Or, accompli dans le seul but du profit, l'élevage est
destructeur pour l'homme et son environnement ; mais accompli avec passion et sensibilité, il

16
fournit des aliments de haute valeur nutritive et contribue à maintenir l'équilibre naturel (S.
Brüschweiler, E. Gabathuler, L. Ortega, 2007, p. 32). La demande alimentaire croissante en
vue de répondre aux questions de la sécurité alimentaire et aux besoins d'exportation favorisés
par les changements technologiques et économiques ont pour conséquence l'intensification de
l'activité agricole occasionnant l'exploitation de terres écologiquement fragiles, d'où les effets
dommageables sur l'environnement.
L'insuffisance ou la non disponibilité du facteur « terre » constitue, d'une part, une source
d'insécurité alimentaire du fait du niveau faible de la productivité agricole et, d'autre part,
réduit le niveau de revenus des ménages agricoles, en l'absence des revenus extra-agricoles
susceptibles d'induire le développement économique du milieu.
Ainsi, il se pose une question du bien-être des populations et donc du développement
économique local.
La faim est un phénomène essentiellement rural qui touche les groupes ou individus en
situation politique ou géographique précaire. La majorité de ces personnes sont de petits
exploitants ou des paysans sans terre dont l‘accès aux ressources productives est limité ou qui
ne possèdent pas les connaissances et les moyens nécessaires pour utiliser les ressources
disponibles. Alors que les catastrophes d‘origine naturelle et humaine peuvent compromettre
la production et la distribution alimentaire, le manque d‘accès à la nourriture, la faim
chronique et la malnutrition résultent de la discrimination et de la marginalisation concernant
les moyens de produire et les possibilités de revenus. (S. Brüschweiler, E. Gabathuler, L.
Ortega, 2007, p. 5)
La volonté de l'Etat béninois de développer son économie est clairement affichée à travers les
grands objectifs assignés au secteur agricole dans la Lettre de la Déclaration de Politique de
Développement Rural (1991), réaffirmés dans la Table Ronde du Secteur Rural de 1995 et
repris dans la Déclaration de Politique de Développement Rural qui constituent la
contribution aux objectifs nationaux.
Mais à quel prix ? On note, de plus en plus, une forte agression des producteurs agricoles sur
leur environnement immédiat à la quête de grandes superficies cultivables renforcée par le
souci d'accroître leur productivité à travers l'usage des engrais et des pesticides qui ne sont pas
sans impact sur cet environnement. Ce comportement s'observe même dans les zones
qualifiées d'aires protégées par l'Etat dans le contexte de responsabilisation des acteurs à la
base. Face à cette situation, de nombreux conflits s’installent au niveau de la population.

17
Certaines structures ne pouvant rester indifférentes à ces problèmes socio-environnementaux
interviennent à travers plusieurs stratégies. C’est le cas de l’UAVIGREF. Mais quels sont les
rôles et les conséquences de cette structure dans la gestion des conflits des villages riverains
situés dans l’emprise des réserves de la biosphère de la Pendjari ?

2. Objectifs
Les objectifs de notre recherche se décomposent en un objectif général et en trois (03)
objectifs spécifiques.

2.1. Objectif général

Le présent travail vise à analyser les implications de l’Unions des Associations Villageoises
de Gestion des Réserves de Faune (UAVIGREF) dans la résolution des conflits pour une
gestion durable des réserves de la biosphère de la Pendjari.

2.1.1. Objectifs spécifiques

Ils sont au nombre de trois (03) à savoir :

Objectif spécifique 1 : Décrire les différentes activités observées au niveau de la biosphère


de la Pendjari et qui sont sources des conflits entre les communautés riveraines et les
responsables du parc ;

Objectif spécifique 2 : Montrer la portée des implications de l’Union des Associations


Villageoises de Gestion des Réserves de Faune (UAVIGREF) dans la résolution des conflits
pour une gestion durable des réserves de la biosphère de la Pendjari;

Objectif spécifique 3 : Proposer des approches de solution pour une synergie d’actions entre
les associations villageoises et l’Union des Associations Villageoises de Gestion des Réserves
de Faune (UAVIGREF)dans la gestion durable des ressources fauniques dans le milieu
d’étude.

3. Hypothèses

Pour atteindre les objectifs spécifiques énumérés ci-dessus, nous nous proposons de vérifier
les hypothèses ci-après :

18
Hypothèse1 : Des activités de pêche, de chasse et d’agriculture développées autour des
réserves de la biosphère de la Pendjari sont sources de conflits.

Hypothèse2 : L’implication de l’UAVIGREF dans la gestion de la RBP à travers l’approche


participative contribue à la réduction des actes illégaux enregistrés.

Hypothèse3 : Une synergie d’actions entre les associations villageoises et l’UAVIGREF est
nécessaire au niveau de la Réserve de Biosphère de la Pendjari pour une gestion durable des
ressources fauniques

4. Clarification conceptuelle

Les concepts sont porteurs de sens et varient selon le contexte ; ainsi pour lever toute équivoque, il
est nécessaire de les clarifier. C'est pourquoi (DURKHEIM 1990, p. 34) suggère que la première
démarche du sociologue doit donc être de définir les choses dont il traite, afin que l'on sache et
qu'il sache bien de quoi il est question. Il s’agit notamment des concepts tels que : Théories sur les
conflits, Gestion participative et Synergie d’action.

4.1. Théories sur les conflits

Ces théories ont la plupart du temps été appliquées en vue d'expliquer le conflit entre les classes
sociales, la lutte des classes du prolétariat contre la bourgeoisie ainsi que, pour les
idéologies, capitalisme contre socialisme. En effet, il n'est pas question de considérer que les
sociétés et les organismes fonctionnent de sorte que chaque individu et groupe joue un rôle
spécifique, comme des organes dans le corps.

Il y a des hypothèses de base radicale (la société est éternellement en conflit, ce qui pourrait
expliquer le changement social), ou de base modérée (la coutume et le conflit sont toujours
mélangés). La version modérée tient compte du fonctionnalisme puisqu'elle accepterait ce même jeu
négatif d'institutions sociales par partie dans l'individu-Beibehaltung de la société. L'essence des
théories du conflit est mieux résumée par la structure de pyramide classique dans ce
qu'une élite dicte des limites aux masses plus grandes. Toutes les positions, lois, et traditions
principales dans la société sont conçues pour soutenir ceux qui ont traditionnellement été dans la
puissance, ou les groupes qui sont perçus pour être supérieurs dans la société selon ces théories.
Ceci peut également être augmenté pour inclure la moralité de n'importe quelle société et par

19
prolongation leur définition de déviance. Quelque chose qui défie la commande de l'élite sera
probablement considéré déviante ou moralement répréhensible. Dans les théories de conflit
d'arrangement, la classe sociale concurrente joue un rôle principal.

Le croisement des approches sociologiques, philosophiques et économiques des conflits permet


d’en distinguer habituellement trois catégories: les conflits de rareté liés à l’accaparement et à la
consommation des ressources non partageables; les conflits pour le pouvoir ou la domination
(économique et politique) qui peuvent recouper les conflits de rareté mais qui renvoient
spécifiquement à l’existence de relations de pouvoir qu’il faut tourner à son avantage ou dont il faut
se libérer et les conflits de reconnaissance, tant au niveau national qu’international qui peuvent
recouper les conflits de pouvoir, mais dont la dimension symbolique propre fait qu’ils ne s’y
réduisent pas.

Ces trois catégories de conflit, qui fonctionnent comme des sortes d’idéaux-types au demeurant
combinables, peuvent être abordés et étudiés au moyen de cadres théoriques très différents :
marxisme, sociologie du conflit, théories de la reconnaissance, théories de l’identité, sociologie
critique, théories du choix rationnel, théories de la mobilisation des ressources, théories morales du
conflit, Théorie Critique… Il est impossible de prétendre confronter tous ces cadres théoriques
quant à leur opposition ou leurs combinaisons, compte tenu de l’immensité des travaux sur ces
sujets, mais il n’est pas impossible de choisir quelques « entrées » importantes qui permettraient une
confrontation plus concrète et une approche de certains de ses enjeux épistémologiques et pratiques.

Pour ce qui est de notre milieu de recherche, on note deux types de conflits. Les conflits internes
entre les communautés riveraines du parc et qui se positionnent dans la conquête des espaces
cultivables et des points d’eau pour le pâturage. Ce sont beaucoup plus des conflits de personnes qui
pour la satisfaction de leur besoin sont confrontés à des antagonismes qui souvent génèrent des
destructions des liens familiaux. Ces types de conflits sont gérés par la communauté elle -même.
L’autre type de conflit concerne celui qui oppose l’administration du parc à la communauté
riveraine du parc. Ce sont des conflits qui sont soit avec la communauté directement ou bien des
structures communautaires qui sont entre temps instituées par l’administration du parc.

4.2. Gestion participative

20
La gestion participative repose d’abord et avant tout sur le travail d’équipe autogérer qui
définissent eux-mêmes les objectifs, les ressources nécessaires et les méthodes utilisées afin
d’arrivée à un résultat innovateur. Travailler en équipe dans une organisation très hiérarchisée
demande cependant de plus grands efforts de concertation.  Ainsi, si l’on veut que la collaboration
soit efficace, il est capital que les membres de l’équipe et les cadres supérieurs de l’organisation
respect des personnes. La gestion participative demande en premier lieu que l’on s’attarde à «
instaurer plus de souplesse et de dynamisme au sein de l’organisation, ce qui oblige à réduire le
nombre des niveaux verticaux de prise de décisions… l'exercice de l'autorité est partagé entre tous
(ce qui permet à chacun de participer), le travail se fait par consensus et la mise en œuvre des
processus est confiée à des équipes multidisciplinaires. » Pour y arrivée, on doit instaurer des
valeurs de prises de pouvoir, d’engagement, de collaboration dans un esprit non-compétitif ainsi
que partage de la connaissance et de l’information.

Il est impossible de dissocier la gestion spécifique des aires protégées des politiques parallèles et
convergentes, parfois consubstantielles, d’urbanisme et d’aménagement du territoire, de tourisme et
d’énergie, de transports et de loisirs. Ces politiques sont de plus en plus fréquemment élaborées et
mises en œuvre dans un cadre territorial largement décentralisé, au niveau régional comme à celui
des collectivités de base, au profit d’un développement délibérément tourné vers les populations
locales. Celles-ci doivent dès lors y être logiquement et nécessairement associées, par des processus
de partenariat et de gestion participative qui procèdent directement des exigences d’une démocratie
de proximité remettant fondamentalement en cause les méthodes et les outils centralisés du pouvoir
politique et administratif, au profit d’une nouvelle « gouvernance » des espaces et des aires
protégés. Une telle gouvernance, procédant d’une gestion « intégrée » des différents paramètres et
composantes des politiques publiques locales et/ou sectorielles, en faveur d’un développement
transversal et multiforme, trouve une illustration significative, entre autres, dans la gestion intégrée
des zones côtières. Ce qui est en cause, à travers la cohérence du processus de conception,
d’élaboration, d’exécution et de suivi d’un développement conçu comme durable tout autant que
viable, réside dans les attentes populaires en termes de crédibilité, d’acceptabilité, d’effectivité et
d’efficience des politiques concernées, par et pour les collectivités et communautés locales. Eu
égard aux attraits qu’exercent les zones concernées à l’endroit des demandes collectives dans le
domaine des activités sportives et de loisirs, la recherche de cohérence entre la conservation
environnementale et l’utilisation des espaces et des aires protégés à des fins « ludiques », au sens

21
large, occupe une place centrale et déterminante. C’est notamment le cas du tourisme, et plus
particulièrement de ses déclinaisons « éco-compatibles » que sont l’écotourisme, le tourisme
responsable et solidaire, et toutes les formes de tourisme « alternatif ».

Il est dès lors impératif de ne pas négliger l’acteur, trop souvent passif et insuffisamment impliqué,
que représentent les populations locales, à la fois en termes de perception des ressources et de
l’activité touristique, et, à certains égards, en tant que source d’une offre qui pourrait constituer (et
constitue déjà) en partie une alternative originale et pertinente à celle, plus classique et stéréotypée,
que proposent les professionnels du tourisme (en termes d’hébergement, de découverte, de
traditions, de modes de vie, d’échanges socioculturels, etc.). Deux directions méritent, semble-t-il,
d’être explorées et valorisées à cet égard, s’agissant d’une part de la perception de l’espace et des
activités touristiques par les populations locales et résidentes lorsque c’est le cas ; et, d’autre part, de
la détermination, à partir de l’identification et de l’évaluation de l’existant comme des potentialités
latentes, de la nature et du contenu de l’offre, sociologiquement et humainement intégrée, dont elles
peuvent être porteuses. Grâce à la maîtrise par celles-ci de l’espace et des ressources touristiques et
environnementales, à caractère éco-touristique et ethnoculturel notamment, il peut émerger une
dynamique forte de mobilisation et d’implication, assise sur une évolution attendue des mentalités,
de nature à réorienter, à adapter, à enrichir et donc à optimiser l’offre touristique. L’équation
dynamique et successive, déjà évoquée, s’exprime, de manière à la fois logique et chronologique,
selon un modèle séquentiel quasi impératif, en termes d’information (éducation-communication-
médiatisation), de sensibilisation, d’implication/mobilisation et de responsabilisation. Elle doit
conduire à transformer les populations en partenaires actifs et primordiaux, et non plus en
observateurs passifs, de la démarche éco-touristique.

4.3. Synergie d’action

Association de plusieurs organes pour l'accomplissement d'une fonction physiologique. Mise en


commun de plusieurs actions concourant à un effet unique et aboutissant à une économie de moyens
: Profiter des synergies entre deux entreprises. La synergie est un type de phénomène par lequel
plusieurs facteurs agissant en commun ensemble créent un effet global ; un effet synergique distinct
de tout ce qui aurait pu se produire s'ils avaient opéré isolément, que ce soit chacun de son côté ou
tous réunis mais œuvrant indépendamment. Il y a donc l'idée d'une coopération créative. Le terme
possède ainsi couramment une connotation positive, et il est utilisé pour désigner un résultat plus

22
favorable lorsque plusieurs éléments d'un système ou d'une organisation agissent de concert. Plus
prosaïquement, il y a synergie positive quand « le résultat d'une action commune est créateur ou
autrement meilleur que la somme attendue des résultats individuels des parties ». Ceci est résumé
très simplement par l'aphorisme un et un font trois. L'appréciation d’une synergie peut néanmoins
être fortement conditionnée par le point de vue particulier (et donc potentiellement partial) de celui
qui s'exprime.

5. Revue de littérature

Cette revue de littérature porte sur les notions essentielles qu'aborde la présente étude à
travers une synthèse des résultats des différentes réflexions menées dans ce domaine. Il s'agit
de :

 la notion de la gestion des aires protégées comme outil de protection et de conservation


de l'environnement mais aussi de développement économique ;
 la notion de conflits déclenchés par des intérêts opposés ne favorise pas une synergie
d’actions entre les associations villageoises et l’UAVIGREF dans la gestion durable des
ressources fauniques
 la notion de gestion durable.

5.1. La gestion des aires protégées : un outil de protection et de conservation de


l'environnement mais aussi de développement économique

Beaucoup d'études ont montré le danger que court l'humanité toute entière si rien n'est fait
quant à la protection de l’environnement ; d'où la nécessité de mettre en place des outils
appropriés pour garantir un cadre de vie agréable aussi bien pour les générations présentes
que futures.
Pour y parvenir, l'un des moyens est la conservation qui constitue un outil important en ce
sens que l'importance de l'intérêt à elle accordé se manifeste par le nombre de plus en plus
grandissant des Organisations Non Gouvernementales (ONG) locales et d'autres structures
dont l'influence sur les politiques nationales de conservation s'est souvent avérée positive.
Les aires protégées d'Afrique avec leurs faunes et flores sauvages sont des produits à haute
valeur commerciale. Ces ressources renouvelables sont une source de revenus à travers les

23
activités touristiques et commerciales puis la production des biens de consommation et
d'autres produits utiles aux communautés rurales.
Cependant, La chasse et le commerce illégaux d’espèces sauvages sont des facteurs qui
contribuent au déclin de certaines populations d'espèces sauvages emblématiques en Afrique.
L'une des principales causes sous-jacentes de ces activités illégales est la pauvreté et
l'exclusion des communautés locales des processus de gestion des ressources naturelles
(Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Mai 2016, p. 98). La croissance
démographique impacte directement l'environnement, en raison des besoins vitaux à
satisfaire.
Selon certaines études, les mécanismes de création des aires protégées ne sont pas exempts de
problèmes en raison des critères de choix des zones. De nombreux aires protégées ont été
désignées comme telles sur la base de critères non liés à leur importance pour la diversité
biologique, mais plutôt en vertu de leur intérêt touristique, récréatif, historique ou culturel ou
simplement parce que les terres qui les composent ne présentent guère d'intérêt pour d'autres
utilisations. Or, la taille, la forme et l'emplacement de nombreuses aires protégées n'offrent
pas les conditions les plus adaptées à la conservation d'où leur vulnérabilité à des influences
négatives telles que la chasse illicite et les empiétements de l'agriculture, etc.
Les premières aires protégées créées en Afrique présentaient de multiples carences. En effet,
la création de ces zones a souvent conduit à l’expropriation de populations vivant sur ces
territoires. Cette situation a provoqué beaucoup d’incompréhension, de révolte et de
comportements prédateurs liés à un très fort sentiment de confiscation de la ressource. Les
espaces protégés ont ainsi fait l’objet de multiples convoitises de la part des braconniers, des
défricheurs, voire des mouvements rebelles et des forces armées (G. SOURNIA 1990 p.12)
Les aires protégées demeurent aux yeux des villageois les seules bonnes terres pour le
développement de leurs activités agricoles et les considèrent comme la seule solution à leurs
besoins fonciers. On note donc une certaine privation des peuples qui ne cherchent qu'à
survivre par la satisfaction de leurs besoins quotidiens.
En général, les classements des aires protégées ne tiennent pas, souvent, compte du partage
rationnel entre espace à protéger et l'espace cultivable nécessaire pour une population en
expansion, ce qui induit des manques à gagner. Pourtant, les politiques de conservation sont
censées être non seulement des actions de protection physique du territoire mais elles
devraient aussi tendre à améliorer les conditions naturelles favorables à la survie des

24
populations locales. Malheureusement, la mise en place des aires protégées n'est pas précédée
et suivie de mesures d'accompagnement telles que l'amélioration des terres cultivables,
l'évaluation des besoins des populations, l'évaluation de leurs modes alimentaires…, qui
devraient permettre aux aires protégées de jouer pleinement leur rôle, qui est, à la fois,
écologique, économique et social.
On constate plutôt que les arrêtés de classement mettent l'accent sur la protection des terres
comme seule et unique finalité. Ainsi, au lieu d'être un moteur du développement économique
des régions qui sont rurales à plus de 90 %, les aires protégées sont devenues, comme des
‘’garde-manger entourés par la faim’’ (A. Saleh, 2013, p. 51).
En dehors des problèmes d'installation engendrés aux populations, par la création des aires
protégées dans une zone, on note que lorsqu'elles ne sont pas exclues des zones classées, ces
populations sont confrontées à de multiples autres problèmes liés à l'augmentation des
troupeaux d'animaux dans ces réserves, troupeaux qui ne sont pas contrôlés par les
administrations locales. Ainsi, les villageois se plaignent régulièrement de la destruction de
leurs cultures agricoles par les éléphants, les phacochères et les singes, qu'ils n'ont même pas
le droit de chasser. Parfois, cela appelle des réactions de la part des villageois qui répondent à
ces attaques par l'organisation de façon clandestine des battues dans le but de s'approvisionner
en protéines animale et pour réduire l'impact des animaux sur leurs plantations. Cette gestion
moniste a entraîné la destruction des systèmes coutumiers d’appropriation et de gestion de
cette forêt et l’inefficacité du nouveau système de contrôle a engendré de fait un accès libre et
une surexploitation des ressources, les populations victimes des expropriations se manifestant
par des coupes anarchiques de bois, des défrichements illicites, une installation illégale des
villages et la destruction de la flore et faune (P. SOUGNABE, 2010, p. 142)
Ce genre de destruction délibérée par les villageois des ressources naturelles au sein des aires
protégées illustre qu'il existe dans les pays africains un conflit entre les programmes de
conservation initiés par les Etats et les besoins de la population locale. Ce qui met en danger
les aires protégées. Un autre aspect de l'hostilité des populations à l'égard des parcs nationaux
et des aires protégées est la revendication visant la réduction ou même l'élimination des aires
protégées, afin de libérer des terres pour leurs besoins. Les revendications dans la réserve
forestière de Mbalmayo suivent deux grandes orientations : le déclassement pur et simple,
attitude qui traduit un rejet catégorique de l’existence du domaine réservé ; et une tendance
plus modérée qui reste favorable à l’existence d’une zone protégée, mais avec des limites

25
réduites, laissant ainsi la possibilité de création d’une zone tampon pour l’agriculture. Les
populations souhaitent ainsi qu’il y ait une nouvelle définition de la vocation de la réserve et
qu’on réduise sa superficie, qui est à leurs yeux excessive vu le manque de terres cultivables
nécessaires pour une population en expansion (F. L. TEMGOUA, 2007, p. 90).

5.2. La notion de conflits déclenchés par des intérêts opposés ne favorise pas une
synergie d’actions entre les associations villageoises et l’UAVIGREF dans la gestion
durable des ressources fauniques

Le financement des aires protégées est assuré par des apports gouvernementaux, de bailleurs
de fonds et des recettes propres découlant des activités touristiques. Un grand nombre de
gouvernements estiment que les zones protégées doivent couvrir leurs propres charges.
Certaines d'entre elles sont hautement rentables et rapportent des recettes élevées grâce au
tourisme. D'une façon plus générale, les zones protégées jouent un rôle économique
important.
Ainsi, en Afrique, il existe une grande disparité entre les budgets alloués, par chaque pays,
pour la gestion des aires protégées, ce qui reflète l'importance que les gouvernements
accordent à ce secteur. Le manque chronique de ressources financières pour couvrir le coût
des mesures requises pour la conservation représente un des principaux facteurs qui limitent
l'efficacité de la conservation de la biodiversité dans la plupart de ces pays. La nécessité
d'améliorer le financement national des aires protégées et d'obtenir des sources de
financements extérieurs fait l'objet de débat et de réflexion permanents et mêmes d'initiatives
novatrices de la part des responsables chargés de les gérer.
Outre le problème de sous financement, les organismes gouvernementaux sont fortement
handicapés par leur fréquente incapacité à conserver les fonds collectés dans les aires
protégées. Leur manque d'autonomie financière limite souvent les initiatives visant à établir
des liens avec le secteur privé. Une modification des structures institutionnelles pourrait être
un autre moyen d'apporter des changements importants aux modes de financement et de
gestion des aires protégées car il est nécessaire de pouvoir compter sur un soutien
systématique et constant pour assurer la conservation de façon efficace et durable, dans un
cadre institutionnel approprié.
Au Bénin, le cadre institutionnel des aires protégées indique que leur gestion ne se fait pas de
manière autonome. Elle est souvent associée avec une structure dominante comme les

26
Ministères de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche ou de l'Environnement et de la
Protection de la Nature. Récemment cette gestion est confiée à un privé, une organisation non
gouvernementale internationale. C’est cette structure indépendante qui gère les réserves de
biosphère de la Pendjari malheureusement sans associer les services forestiers et des anciens
braconniers convertis en garde faunes et impliqués dans la défense des ressources fauniques.
Dans certains pays surtout anglophones, il existe des incitations pour le secteur privé à
posséder leurs propres aires protégées, c'est le cas en Afrique du Sud. Pour ce qui concerne les
capacités humaines à gérer les aires protégées, les écoles formant des spécialistes dans le
domaine de la gestion des réserves de faune sont insuffisantes en Afrique malgré les énormes
atouts dont regorgent ses aires protégées.
Les aires protégées, lorsqu'elles fonctionnent correctement, remplissent trois rôles principaux
à savoir :
 la conservation de la diversité des écosystèmes et des paysages naturels et semi naturels ;
 la création de zones de démonstration écologiquement durables des terres et des
ressources;
 et la fourniture d'un appui logistique à la recherche, au suivi, à l'enseignement et à la
formation en matière de conservation et de durabilité.
Ces fonctions sont liées grâce à un système de zonage consistant à définir :
 une ou plusieurs zones centrales, où l'ingérence humaine est minimale ;
 une zone concentrique qui sert de tampon et accueille davantage d'activités humaines,
comme la recherche, l'éducation à l'environnement et la formation, ainsi que des activités de
tourisme et de loisirs ;
 et une zone de transition située vers l'extérieur sert de lien avec le reste de la région dans
laquelle se trouve la réserve et permet de promouvoir notamment des activités de
développement, par exemple la recherche expérimentale, les établissements humains et
l'agriculture.
Pour rendre plus efficace la gestion des aires protégées, il est essentiel que la qualité de cette
gestion soit encore plus importante que leur étendue, c'est-à-dire que quel que soit la taille la
gestion doit être rigoureuse en vue de son efficacité.
Diverses publications font état des menaces qui pèsent sur les aires protégées du fait des
problèmes concernant leur gestion. Il est établi une liste des menaces et des facteurs qui
compromettent fortement l'efficacité de la gestion des aires protégées à savoir : le manque de

27
fonds ; la pénurie du personnel qualifié ; la faiblesse institutionnelle ; l'absence d'appui
politique ; la faiblesse du cadre juridique et de l'application de la réglementation ;
l'insuffisance de la communication avec les résidents locaux et de leur participation à la
planification de la gestion ; le manque de coordination entre les organisations participant à
cette gestion ; l'absence de plans d'utilisation des sols de portée générale et la délimitation
inadéquate des zones à protéger.
Contrairement au mode de gestion caractérisée, autrefois, par le monopole du gouvernement
central en matière de contrôle à travers le protectionnisme, l'exclusion des populations locales,
et fréquemment, l'interdiction des utilisations traditionnelles de la faune et de la flore, il est
mis en œuvre de nouvelles approches fondées sur l'implication des populations, donc la
gestion participative. La reconnaissance de l'importance de faire en sorte que les populations
rurales vivant dans les aires protégées ou à proximité de celles-ci se sentent directement
concernées par la biodiversité s'est manifestée à travers les projets intégrés de développement
et de conservation dont le CENAGREF au Bénin puis de l’ONG internationale African Park
Network. L'Etat reconnaît le droit aux populations locales de s'organiser pour assurer
progressivement des responsabilités dans la gestion des ressources naturelles. Dans les
localités où il existe déjà des structures organisées, la nouvelle politique recommande leur
renforcement. La création de structures organisées dans les localités où il n'en existe plus
permet de disposer d'un cadre de concertation pour élaborer les plans d'aménagement et
d'exploitation rationnelle des ressources naturelles.

6. Justification du choix du sujet

La perception apparemment « gratuite » des ressources naturelles comme un don de la nature


amène les populations à adopter des comportements assimilables à leur gaspillage sans penser
aux conséquences néfastes susceptibles d'en découler. Ce qui nécessite un changement de
comportement devant contribuer au développement humain durable. Pour y parvenir, les
normes aussi bien nationales qu'internationales imposent, dans le cadre de l'élaboration des
projets, la réalisation d'étude d'impact environnemental en vue de la préservation des
ressources naturelles bénéfiques pour les générations aussi bien présentes que futures. Dans
les pays sous-développés, en vue d'assurer la viabilité du facteur de production « terre », il est
nécessaire d'adopter des comportements qui engendrent les effets bénéfiques sur
l'environnement et réduisent les effets néfastes afin de garantir son utilisation durable.

28
L'atteinte de cet objectif passe par une prise de conscience des différents acteurs à travers des
réflexions susceptibles d'aboutir à la mise en œuvre de mécanismes et politiques permettant
de rentabiliser la gestion des ressources naturelles surtout celles des aires protégées au profit
des populations riveraines capables de s'investir dans d'autres secteurs économiques. C'est ce
à quoi nous tenterons de répondre à travers la présente étude.

7. Difficultés et approches de solution

La collecte d'informations dans le cadre de tous travaux de recherche fait appel à des
difficultés qui confèrent certaines limites aux données recueillies. Et les approches de
solutions utilisées pour contourner ces difficultés.

7.1. Difficultés

Six difficultés majeures sont à mentionner à savoir :

 Les occupations professionnelles qui ne donnent pas assez de temps pour nous consacrer
résolument à ce travail dans les délais retenus.
 Les derniers événements survenus sur le parc et qui ont abouti à l’enlèvement des
touristes et l’élimination physique du guide touristique béninois ont semé la méfiance, la
réticence et la peur autour des villages riverains
 Le changement intervenu au niveau de la direction d’APN où le Directeur a été remplacé
 L’indisponibilité des responsables d’APN qui sont beaucoup plus sur le parc que dans
leurs bureaux
 La réticence des autorités d’APN à accepter la conduite de cette étude,
 Nos limites financières ont réduit notre ambition d'exploration de l'environnement globale
la RBP et les villages riverains.

7.2. Approches de solution

Pour contourner ces difficultés et conduire ce travail à terme certaines stratégies sont adoptées
 Nous avons choisi travailler les week-ends afin de maximiser notre chance de couvrir les
cibles à toucher et tenir dans les délais. Finalement nous avons été obligés de solliciter des
congés administratifs au niveau de notre employeur qui heureusement a été favorable.
 Aussi avons-nous organisé des communications pour rassurer les nouvelles autorités en
leur démontrant qu’en partie c’est pour contribuer à éviter de pareils cas d’insécurités plus

29
grave à l’avenir que ce travail s’effectue. Avec des plaidoyers et l’implication du maitre de
stage une facilitation nous est accordée

30
CHAPITRE II : Terrain d’étude et cadre méthodologique

Cette partie concerne la présentation du milieu d’étude et de la méthodologie de la recherche

1. Présentation du milieu d’étude

La présentation du milieu passe en revue la situation géographique et administrative, les


aspects humains (population, groupes socioculturels, ethnies, langues, religions, etc.), ceux
naturels (relief, sols, végétation, climat, etc.) et économiques

1.1. Situation géographique et administrative

Le parc national de la Pendjari(PNP) est une aire protégée du Bénin située à l'extrême nord-
ouest du pays, dans le département de l’Atacora, sur les communes de Tanguiéta, Matéri et
Kérou à la frontière du Burkina Faso. Ses limites géographiques sont comprises entre 10° 30’
et 11°30’ de latitude Nord, 0° 50’ et 2° 00’ de longitude Est. Elle fait partie du plus grand
ensemble d’Aires Protégées de l’Afrique de l’Ouest, à savoir, l’écosystème W-Arli Pendjari.
Ce grand ensemble regroupe outre la RBP, la Réserve de Biosphère Transfrontalière « W »,
partagée par le Bénin, le Niger et le Burkina Faso ainsi que les Aires Protégées de statuts
divers au Burkina Faso (Pama, Arli, Singou), voire du Togo (Oti, Kéran, Mandouri).
Au total, ces aires occupent une superficie d’environ 50.000 km², dont 12.500 km² au Bénin.
Un 10ème de cette superficie, soit environ 5000 km 2 est constitué par la RBP. En Afrique de
l’Ouest, un écosystème protégé de taille comparable n’existe qu’en Côte d’Ivoire avec le Parc
National de la Comoé.
Créées comme Aires Protégées à partir des années 50 avec l’objectif initial de servir de zones
de chasse à l’administration coloniale, les parties de l’ensemble ont connu des sorts différents
selon leurs statuts, leurs modalités de gestion et leurs réalités socio-économiques dans les
zones riveraines. Favorisé par ces facteurs qui empêchaient une utilisation soutenue par
l’homme, le PNP est aujourd’hui, la partie la plus intacte de ce grand ensemble transfrontalier.
Il est nommé réserve de biosphère en 1986. Néanmoins, Il n’avait pas non plus échappé dans
son ensemble à la dégradation progressive essentiellement anthropogène, provoquée par un
manque de moyens de conservation, par l’absence d’une stratégie appropriée de gestion et par
la non implication des populations riveraines.

31
1.2. Aspects humains (population, groupes socioculturels, ethnies, langues,
religions, etc.)

Les principales Communes riveraines de la Réserve de Biosphère de la Pendjari (RBP) sont


Tanguiéta et Matéri avec une population riveraine de188633 habitants et 27261 ménages
selon le RGPH-4 de 2013.Selon le Rapport du Bénin sur la Convention Cadre des Nations
Unies sur les Changements climatiques (MEPN, 2008), La zone riveraine est définie comme
l’espace périphérique de la réserve où résident les populations dont les activités ont une
influence sur cette dernière, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles. Cette «
Aire de Transition », selon la terminologie de MAB-UNESCO est alors constituée de
l’ensemble des villages limitrophes, élargi aux localités voisines si des raisons d’ordre
historique, culturel et politique leur confèrent également des droits sur les ressources.
La zone riveraine abrite les villages suivants :

 Axe Tanguiéta – Batia : Tanguiéta, Bourniessou, Nanébou, Tchanwassaga, Pessagou,


Tanougou, Tchafarga, Sangou, Kolégou et Batia
 Axe Tanguiéta – Porga : Sépounga, Tiélé, Mamoussa, Tounséga, Dassari, Nagasséga,
Pouri, Firihiun, Wantéhoun, Kani, Daga et Porga
Trois principaux groupes ethniques vivent dans la zone riveraine de la ZCP :

 Les Bialbe (65%), qui parlent le Biali, sont installés dans le bassin de l’Oti dans les
communes de Tanguiéta et Matéri, le long de la piste Tanguiéta Porga;
 Les Gourmantchés (23%) à Tanongou dans la Commune de Tanguiéta et le long de la
piste Tanguiéta-Batia, ainsi qu’à Kaobagou dans la Commune de Kérou située à l’Est de la
chaîne de l’Atacora
 Les Wama (7%) dans la Commune de Tanguiéta et dans la zone de Séri.
A ces principaux groupes s’ajoutent les éleveurs Peulh, plus ou moins sédentaires, auxquels
les autres ethnies confient le gardiennage de leurs bovins.
Tanongou est un centre majeur d’échanges entre les Peulhs et les autres ethnies. A Tanguiéta
et dans d’autres centres ruraux, on trouve en plus les commerçants Dendi dont la langue
devient de plus en plus la langue vernaculaire de la zone
Outre le village de Kaobagou qui est dirigé par un roi, les communautés autochtones
riveraines de RBP n’ont pas une structure d’organisation traditionnelle hiérarchisée. Les chefs

32
de lignage et les chefs de cultes sont les personnalités les plus influentes de leurs sociétés.
Toutes ces ethnies, à l’exception des Peulhs, ont de fortes traditions cynégétiques qui jouent
toujours un rôle important dans la société et dans la socialisation d’un homme. De nombreux
lieux de croyance de la religion traditionnelle se trouvent à l’intérieur de la réserve.
En dehors des religions traditionnelles, on note une forte adhésion au christianisme (environ
40%), tandis que l’islam est relativement peu représenté avec environ 10% de la population.
Si la chefferie traditionnelle joue toujours un rôle important, par exemple dans l’attribution
des terres, les institutions administratives modernes sont également présentes et se trouvent
renforcées avec la décentralisation.
Dans le cadre de ce développement, d’autres formes d’organisation sociale ont émergé sur
l’initiative de projets de coopération divers et sont présentes dans pratiquement tous les
villages. Parmi ces organisations socioprofessionnelles on note les Comités Villageois de
Développement, les groupements villageois, les groupements féminins ; divers comités de
gestion, les groupements de pêcheurs, et surtout les Associations Villageoises de Gestion des
Réserves de Faune (AVIGREF). Ces dernières sont les principaux partenaires de
l’administration du parc dans la gestion des Zones Cynégétiques. L’opérationnalité de toutes
ces structures dépend des activités réelles menées et du profit que les membres peuvent en
tirer. A Tanguiéta et d'autres centres ruraux, on trouve en plus des commerçants yorubas et
surtout Dendi, dont la langue devient de plus en plus la langue vernaculaire de la zone.

Carte 1 : Présentation de la carte de la zone d’étude

33
Source : regnoyovos.wordpress.com/2014/06/05/Safari-dans-le-parc-de-la-Pendjari/

1.3. Aspects naturels (relief, sols, végétation, climat, etc.)


1.3.1. Climat

La RBP est relativement bien arrosée avec des précipitations annuelles moyennes de 1000 à
1100 mm, comparables à celle du Sud du Bénin. La saison de pluies va de mi-mai à octobre,
suivie d’une saison sèche et fraîche de novembre à février, marquée par l’harmattan, et d’une
saison sèche et chaude, avec des maximas de 40°C, de mars à mi-mai. En période
d’harmattan, vent sec et froid venant du nord-est, la température peut descendre jusqu’à 12°et
la visibilité peut être réduite à cause de la poussière. Il entraîne l’assèchement de la végétation
et des mares.

1.3.2. Géologie et sols

Le complexe de la Pendjari est établi sur une pénéplaine2 au relief plat dont l’altitude varie de
105 m à 200 m. Cette pénéplaine correspond à la série sédimentaire formée de grès et de
schistes, appelée le « Voltaïen » ou « zone argileuse du Voltaïen ». Une caractéristique de ces
gisements schisto-gréseux est d’être imperméable. La plaine est bordée au Sud par la chaîne
montagneuse de l’Atacora formée de quartzites et dont l’altitude varie de 400 m à 513 m. Ses
bordures Nord et Est sont occupées par la rivière Pendjari. Une seconde chaîne, le Buem, plus
réduite et parallèle à la première, se trouve au sein même du Parc. En raison de
l’imperméabilité, la pénéplaine est soit inondée en saison pluvieuse, soit encore gorgée d’eau
rendant toute circulation impossible en véhicule hors des pistes chargées en latérite.
Par rapport à d’autres parcs de l’Afrique, la Réserve ne présente pas des reliefs et paysage
impressionnants. La présence des montagnes lui confère tout de même une certaine attraction.

1.3.3. Hydrographie

La rivière Pendjari, qui a donné le nom à la Réserve, est le seul cours d’eau permanent de la
RBP. D’une longueur totale de 300 km dont 200 km dans le PNP, il connaît un faible débit en
saison sèche et tarit à plusieurs endroits. Il reste cependant de nombreuses mares dans son lit
principal et, du fait de la faible dénivellation de la rivière dans le parc, d’autres mares
permanentes occupent les bras secondaires. Des mares circulaires peu profondes existent

34
également dans les bas-fonds mais ces points d’eau tarissent généralement dès le mois de
janvier à l’exception de la mare Bali, située en savane sur terrain exondé, qui retient l’eau
pendant la plus grande partie de la saison sèche. Elle constitue de ce fait un pôle d’attraction
pour les animaux et donc pour les touristes. Le réseau hydrographique du Parc est
généralement contrôlé par les affluents de la Pendjari (Magou, Yatama, Yabiti, Tandjali,
Podiéga, Bonkadaetc.). Les berges de ces rivières sont abruptes et constituées de blocs et
gravillons rocheux pauvres en argile et donc perméables. D’où la faible rétention en eaux de
surface et la non pérennité des écoulements.

En pleine saison sèche, seule la rivière Yatama, venant de la cascade de Tanongou, a un


écoulement pérenne. Elle alimente la mare Bori qui constitue un écosystème à part,
déconnecté du système hydrique de la Pendjari et de ses affluents. Les autres rivières
retiennent de l’eau en chapelet particulièrement au voisinage de la Pendjari.
La zone argileuse du Voltaïen est pratiquement dépourvue de nappes phréatiques, les régions
où le schiste domine en étant complètement dépourvue. Les formations cristallines du Buem
et de l’Atacorien sont aussi imperméables sauf dans la couche d’altération et de fissuration
qui n’excède jamais quelques dizaines de mètres, à la naissance des vallées. Les villages se
situent donc en bordure de la chaîne où se trouvent les nappes les plus importantes ou dans les
formations gréseuses le long de la route Tanguiéta - Porga qui renferment également une
certaine quantité d’eau.
Le manque d’eau souterraine dans la majeure partie de la RBP constitue une contrainte
démographique et explique en partie l’absence de villages dans la pénéplaine ainsi que la très
faible densité de la population aux alentours.
Des forages et puits à grands diamètres réalisés dans les villages périphériques ont montré
l’existence des aquifères entre 15 et 22 m pour les puits et entre 40 et 70 m pour les forages
avec des débits de l’ordre de 0,48 à 4,800 m3/h. Cette ressource pourrait être exploitée pour
compenser les pertes des écoulements de surface et la création de nouveaux points d’eau. La
présence et la répartition spatiale des grands mammifères sont largement déterminées par la
disponibilité en eau qui se concentre à quelques endroits en saison sèche avancée. Leur
gestion, voire augmentation en nombre s’avère donc capitale pour le développement de la
faune.

1.3.4- Relief

35
Ces communes font partie de la zone agro écologique 04 (ouest-Atacora / nord-Donga) qui
couvre les Communes de Tanguiéta, Matéri, Cobly, Boukoumbé, Natitingou, Toukountouna
(Département de l'Atacora), Copargo, Ouaké et Djougou (Département de la Donga) dont les
traits généraux sont :
 Superficie totale : 16 936 km2
 Climat de type soudanais avec une forte disparité de la pluviométrie moyenne, allant de
800 à 1500 mm ;
 Plusieurs types de sols : sols peu profonds souvent dégradés et peu fertiles, sols
colluviaux assez pauvres et souvent concrétionnés, sols fertiles à Djougou et sols inondables
de bas-fonds ;
 Végétation composée de savane arborée, de savane arbustive, ou de savane herbeuse
menacée de dégradation par les feux de brousse et la pression démographique ;
 Principaux cours d'eau : Pendjari, Ouémé supérieur, Yéripao, Sinaïciré et Donga;
 Population totale en 2013 : 875347 habitants dont 421958 hommes et 453389 femmes
Densité de population : 38 habitants / km2.
 Population rurale : 75% de la population totale ;
 Technique de culture : houe et attelage ;
 Production agricole : sorgho, mil, fonio, voandzou, manioc, igname, maïs et coton ;
 Autres activités : élevage, chasse, commerce ;
 Atouts économiques : le bitumage des routes Parakou - Djougou, Savalou Djougou et
Djougou - Natitingou - Porga a offert des possibilités de développement dont la zone ne
disposait pas ;
 Contraintes : réduction des jachères et faiblesse des restitutions organiques ; forte
pression démographique ; insuffisance des pistes d'accès ;
 Organisations sociales : groupement villageois ; groupements de jeunes ; groupements de
femmes ; groupement de tontine ; groupes d'entraide mutuelle ;
 Incidence de la pauvreté 29% ;
 Contribution à la pauvreté nationale 10% ;
 Poids démographique 11% ;
 Zone vulnérable à la pauvreté conjoncturelle mais une pauvreté structurelle faible.

1.4-Aspects économiques
1.4.1- Activités productives de la zone

36
Les activités productives développées, sources de revenus des populations de la localité, sont :
l'agriculture vivrière et l'agriculture de rente, le petit élevage et l'élevage transhumant, la
chasse, la pêche, le travail saisonnier et le commerce. Les petits exploitants agricoles
constituent le groupe social le plus représenté dans la zone. La dégradation des bassins
versants constitue un risque particulier associé à cette zone avec pour conséquence
l'amplification des changements climatiques. Les groupes sociaux économiquement
vulnérables sont constitués de petits éleveurs, de petits exploitants agricoles, d'éleveurs
transhumants, de commerçants et transporteurs. Les petits exploitants agricoles sont
vulnérables aux activités des éleveurs. Ces derniers à leur tour sont vulnérables aux ressources
en eau en raison des bassins versants. D'une manière globale, petits éleveurs et petits
agriculteurs semblent se gêner mutuellement dans la mise en œuvre de leurs activités
économiques.

1.4.2. Ressources de base et moyens d'existence dans la zone

Pour mener à bien les activités ci-dessus citées, les populations disposent des ressources telles
que : les terres et bassins versants, les ressources en eau, les cultures vivrières, de rente et
ressources financières, le bétail, la biodiversité, la main-d’œuvre qualifiée ou saisonnière, les
Organisations communautaires (réseaux sociaux et relationnels), les services sociaux (santé,
éducation, énergie), les habitations, routes et autres infrastructures physiques.

1.5. Présentation de la Réserve de Biosphère de la Pendjari

La Réserve de Biosphère de la Pendjari (RBP), souvent appelée « Parc National de la Pendjari


» (PNP) est située à l'extrême Nord-Ouest de la République du Bénin. Ses limites
géographiques sont comprises entre 10' degrés 30' et 11 degrés 30' latitude Nord, 0 degré 50'
et 2 degrés 00' longitude Est. Elle fait partie du plus grand ensemble d'Aires Protégées de
l'Afrique de l'Ouest, à savoir, l'écosystème W-Arly-Pendjari. Ce grand ensemble regroupe
outre la RBP, la Réserve de Biosphère Transfrontalière « W », partagée par le Bénin, le Niger
et le Burkina Faso ainsi que les Aires Protégées de statuts divers au Burkina Faso (Pama,
Arly, Singou), voire du Togo (Oti, Kéran, Mandouri.)

37
Plan d'Aménagement et de Gestion Participative de la Réserve de Biosphère de la Pendjari,
2005. Au total, ces aires occupent une superficie d'environ 50.000 km2, dont 12.500 km2 au
Bénin. Un 10ème de cette superficie soit environ 5000 km2 est constitué par la RBP.

1.5.1. La flore

La végétation est caractéristique pour la zone soudanienne avec une mosaïque de savanes
herbeuses, arbustives, arborées et boisées ainsi que des forêts claires abritant une strate
herbacée dominée par les graminées. A ces formations bien réparties sur l'ensemble de la
Réserve viennent s'ajouter deux formations strictement limitées à la proximité de la rivière
Pendjari (la galerie forestière et la forêt ripicole de Bondjagou, à l'Est du parc). La végétation
de la RBP est fortement marquée par l'utilisation du feu.

1.5.2. La faune

La faune de la RBP représente la plupart des espèces de grands mammifères typiques pour cette
région de l’Afrique de l’Ouest. On y retrouve 10 différentes espèces d’antilopes ainsi que des
espèces déjà disparues ou menacées dans une grande partie de la région, comme l’éléphant, le
buffle, le lion, le guépard et le lycaon. Trois des « big five » peuvent assez aisément être
observés dans le Parc : le lion, l’éléphant et le buffle, ce qui classe la Réserve dans la bonne
moyenne des parcs africains. Un quatrième, le léopard, est présent mais difficile à observer. Le
5e, le rhinocéros, n’a probablement jamais existé dans la région. De plus, sans être vraiment
abondantes, les antilopes sont assez variées, du moins pour la région : cobe de Buffon, redunca,
cobe de fassa, hippotrague, bubale, damalisque, guib harnaché, céphalophe de Grimm,
céphalophe à flancs roux, ourébi. Les trois dernières espèces citées sont de taille modeste et le
redunca est souvent confondu avec le cobe de Buffon. Il n’empêche que la faune est bien
représentative des mammifères d’Afrique de l’Ouest. Les phacochères, hippopotames, babouins
et patas contribuent également à cette diversité de la grande faune. Bien que les animaux ne
soient pas en grand nombre comme en Afrique australe et en Afrique de l’est, le choix des pistes
principales qui touchent les points d’eau où la concentration des animaux est parfois très élevée,
à la mare Bali notamment, donne une impression de bonne densité, tout au moins en pleine
saison sèche. Dès les premières pluies, la distribution de la faune devient plus homogène, ce qui

38
réduit considérablement la possibilité d’observation des animaux, l’impression étant que ces
derniers seraient disparus.

1.5.3. Les activités touristiques

Les activités touristiques à savoir : le tourisme de chasse, les circuits classiques de vision de la
faune, la découverte pédestre de la faune, les visites nocturnes, les circuits en bateaux aménagés
sur la rivière Pendjari, les circuits flore, les circuits ornithologiques, la découverte des environs
du Parc et l'amélioration de la capacité d'hébergement permettent au Parc de remplir sa fonction
récréative et constituent surtout sa principale source de recettes. Le nombre de touristes de vision
a régulièrement augmenté au cours des dernières années et est en moyenne de 5000 visiteurs
(Plan d'affaires, 2ème Edition : 2007-2011). Selon la même source, le tourisme de vision
concourt à hauteur de 35% aux recettes du Parc. Cette mise en valeur touristique a des retombées
économiques positives pour les populations riveraines par le biais de créations d'emplois.

1.5.4. La chasse sportive

La dénomination « sportive » se rapporte à une chasse qui a pour principal objet la quête du
gibier pour le plaisir de marcher en brousse, pour le plaisir de traquer un gibier, ou pour la
récolte d'un trophée, mais sans recherche particulière de la viande pour l'alimentation. On peut
aussi l'appeler chasse touristique ou chasse safari. Elle est souvent considérée comme la
chasse des touristes étrangers fortunés. Elle peut également concerner des chasseurs nationaux
ou des étrangers résidant dans le pays. A cette activité s'associe celle de la pêche qui se
développe dans les différents plans d'eau, notamment la rivière Pendjari. Elles contribuent à
hauteur de 56% aux recettes globales de la DPNP et elles sont susceptibles d'évolution.

1.6. Présentation de l’UAVIGREF

Les AVIGREF sont des organisations des villages riverains et partenaires directs du
CENAGREF dans la gestion de la RBP. Elles ont été créées en 1996 par les villages riverains
de la ZC de la Pendjari à partir de la capitalisation des actions des anciennes Associations
Villageoises de Chasse instituées par le PGRN (Projet de Gestion des Ressources Naturelles).
L’initiative était née dans le contexte de la profonde dégradation anthropogène dont était

39
victime la RBP du fait du braconnage, du défrichement, des feux de brousse non contrôlés et
du pastoralisme sauvage.

L’AVIGREF exerce ses activités autour et à l’intérieur de la ZCP en étroite collaboration avec
le CENAGREF. Ces tâches sont définies conformément à leurs statuts :
 sensibiliser les populations riveraines sur la nécessité de préserver la faune et son habitat ;
 informer les riverains sur la réglementation de la protection de la nature et de l’exercice de
la chasse au Bénin ;
 aider les services compétents de l’Etat à assurer la surveillance de la Zone Cynégétique de la
Pendjari;
 veiller au respect de la réglementation en matière de chasse et de la protection de la nature ;
 promouvoir une gestion durable de la faune qui soit profitable aux communautés riveraines ;
 participer à la gestion durable de la Zone d’Occupation Contrôlée et de la Zone Tampon;
participer au développement économique et social des villages.
L’association est ouverte à toute personne physique ou morale résidant dans l’un des
villages riverains. L’adhésion est libre et volontaire et se fait au niveau du village. Tout
membre a le devoir de payer un montant d’adhésion unique et une contribution annuelle.

2. Approche méthodologique

La méthodologie retenue dans le cadre de notre recherche est celle relative aux techniques de
collecte de données quantitatives et qualitatives. L'échantillonnage et les techniques de
traitement ont été choisis en conséquence pour assurer la qualité des informations recueillies
auprès des groupes cibles.

2.1. Techniques de collecte d'informations primaires

La présente étude étant à caractère d'abord qualitatif, les techniques de collecte se résument
aux questionnaires devant servir de bases d'entretien structuré auprès de chacun des
responsables de structures de gestion (APN, AVIGREF) ; mais également d'entretien non
structuré avec les Autorités Communales.
2.1.1. L'enquête par guide d'entretien
Elle a consisté à administrer un guide d'entretien aux Responsables de la Direction du Parc
National de la Pendjari et aux Responsables exécutifs des AVIGREF. Des entretiens non

40
structurés ont été menés avec les Autorités Communales, les membres des AVIGREF des
villages riverains et autres organisations professionnelles (commerçants, hôteliers, artisans et
transporteurs). Cette enquête a permis de collecter des informations portant sur les relations
entre acteurs et surtout d'identifier les intérêts respectifs, les conflits et leur mode de
règlement. Quant aux populations non membres des AVIGREF, il s'est agi d'apprécier leur
perception des activités du parc et ses impacts sur leurs activités propres.

D'autres informations recueillies sont relatives à la gestion stratégique et opérationnelle du


parc garantissant non seulement sa pérennité mais aussi et surtout le bien-être des populations
riveraines.

2.1.2. L'observation directe


Elle a consisté à recueillir des informations à travers l'observation des riverains qui, pour des
problèmes précis se présentent au siège de l’UAVIGREF et soit sur convocation des autorités
ou soit librement ; mais également sur le terrain lors de nos descentes dans les villages
riverains du Parc.
2.1.3. Echantillonnage, traitement et analyse des données
Les outils d'analyse utilisés se résument aux tableaux et graphiques confectionnés à partir des
informations collectées portant sur les résultats de la recherche documentaire (Rapports
d'activités, et autres documents) d'une part, et des entretiens avec les acteurs de la RBP,
d'autre part.
2.1.4. Echantillonnage de la population cible et collecte de données
La zone d’étude est la Zone d’Occupation Contrôlée constituant la périphérie de la Zone
Cynégétique de la Pendjari où sont établis 14 villages administratifs dans lesquels ont été
mises en place 22 Associations Villageoises de Gestion des Réserves de Faune (AVIGREF).
Les villages ont été choisis sur la base des critères illustrés au tableau I et sont répartis comme
l’indique la figure 1.

41
Figure 1 : Localisation de la zone d’étude

La figure 1 indique la position de ces villages d’enquête que sont : Batia, Bournissou, Nanébou,
Porga, Pouri, Tchanwassaga, Nagasséga, et Nouari. Le choix de ces villages a été raisonné en
fonction des unités d’observation. Les villages de Dassari et de Tanougou qui sont presque des
pôles urbains ont été d’office éliminés. Les villages dans lesquels l’analyse des critères choisis
n’est pas pertinente ont été également éliminés. Le tableau II résume le processus de choix des 8
villages d’enquête (figure 1).

L'échantillonnage concerne tous les acteurs liés, de façon directe ou indirecte, à la gestion de la
RBP. Il s'agit des structures techniques (APN, administratives et sociales (AVIGREF).

 Les structures techniques et administratives sont composées de l'équipe de gestion


d’APN.

A ce niveau, les Responsables d’APN, le Gestionnaire du parc, le Directeur des actions


périphériques et les autres acteurs précités ont été, systématiquement, interviewés sur la base
d'un guide d'entretien.

42
 Les structures sociales sont composées des responsables du Secrétariat Exécutif de l'U-
AVIGREF et des membres des AVIGREF

Concernant ces acteurs, le personnel technique de l'U-AVIGREF a été interviewé sur la base
d'un guide d'entretien, du fait de leur meilleure compréhension des questions liées à la gestion
de la RBP. Quant aux autres acteurs à savoir les membres d'AVIGREF et d'autres structures,
nous avons procédé aux entretiens, fondés sur un sondage aléatoire élémentaire. Aussi avons-
nous procédé à l'observation directe des membres d'AVIGREF.
Les différents guides d'entretien utilisés ont permis, exclusivement, de collecter des données
qualitatives. La collecte d’informations a été réalisée à travers des entretiens de groupe, des
focus groupe, entretiens individuels (questionnaires) et des observations personnelles au
niveau des populations riveraines. Les informations collectées sont relatives aux problèmes de
gestion des terres agricoles et le rôle de l’administration du Parc de Pendjari ; à l’efficacité de
la gestion participative et les mesures d’accompagnement y afférentes, à l’inventaire des
activités qui sont source de conflits du fait de leur proximité avec le parc, les conflits
récurrents dans les villages riverain et les approches de solution pour une gestion durable des
réserves de la biosphère. Les enquêtes ont été effectuées suivant les deux axes ci-dessous et
les villages ont été choisis sur les deux axes : Tanguiéta-Porga et l’axe Tanguiéta Batia. Ainsi
l’étude a retenu huit (8) villages sur les deux axes :

 Sur l’axe Tanguiéta–Batia : Bourgnissou, Nanèbou, Tchanwassaga, et Batia


 Sur l’axe Tanguiéta-Porga : Porga, Nouari, Pouri et Nagasséga

L’échantillonnage a été aléatoire et quatre-vingt-quatorze (94) membres des cellules des


AVIGREF ont été interviewés. Le tableau 1 présente les statistiques relatives à ces acteurs
interrogés

Tableau 1: Répartition des membres des cellules interviewés

Nombre de personnes enquêtées par sexe


N° Villages
Hommes Femmes Total
1 Porga 6 2 8
2 Nouari 12 3 15

43
3 Pouri 8 2 10
4 Nagasséga 12 4 16
5 Bournissou 6 2 8
6 Nanèbou 6 1 7
7 Tchanwassaga 15 4 19
8 Batia 8 3 11
Total 73 21 94

Source : Résultats d’enquête de terrain, juillet 2019

2.2. Les outils

Les outils de collecte d'informations utilisées pour l'atteinte des objectifs que nous nous
sommes fixés dans le cadre de notre étude sont :

 Outils de collecte d'informations secondaires ;


 Outils de collecte d'informations primaires.
2.2.1. Outils de collecte d'informations secondaires
Nous avons effectué des recherches documentaires dans les centres de documentation de
l’UAVIGREF, d’APN, dans le but de recueillir des informations qui présentent un intérêt pour
nos travaux de recherche. Nous avons également exploré des sources externes à savoir des
ouvrages, mémoires, supports de cours, publications et sites Internet ayant rapport avec notre
thème.
2.2.2. Le traitement des données

Le traitement des données a été réalisé de façon manuelle et informatique à l’aide des
logiciels Word et Excel avec pour illustration des tableaux et des graphiques. Ensuite, les
informations contenues dans les guides d'entretien ont fait l’objet de dépouillement, ce qui a
permis d'extraire les données et de les regrouper par centre d'intérêt.
2.2.3. L'analyse des données

L'analyse des données s'est faite sur la base des résultats obtenus du traitement des données.
Elle a permis de faire ressortir les liens entre les différentes données pour servir de base à la

44
vérification des hypothèses de recherche. Le modèle PEIR (Pression-Etat-Impacts-Réponses)
a permis d’analyser les différents résultats obtenus.
2.2.4. Limites des données recueillies

La limite principale est relative aux informations obtenues auprès des populations riveraines
interrogées (majoritairement analphabètes) qui pourraient contenir des défaillances du fait des
difficultés de traduction des termes techniques du français en nos langues locales.

45
DEUXIEME PARTIE
DEUXIEME : RESULTATS,
PARTIE:PRESENTATION, ANALYSE
ANALYSE DISCUSSION
DES RESULTATS
DISCUSSIONS ASSORTIES DE SUGGESTIONS
ET SUGGESTIONS

46
Cette partie permet de présenter, d'analyser et de discuter les résultats tout en formulant en
dernier ressort des suggestions.

CHAPITRE III : Présentation des résultats et analyse

3.1. Présentation et analyse des résultats de l'étude


3.1.1. Evolution et perspectives des activités internes et externes de la RBP
Il s'agit de faire le point des activités qui ont un impact direct sur le bien-être des populations
riveraines de la RBP. Ces activités sont relatives à la dimension d’exploitation économique et
alimentaire des populations riveraines.

3.1.1.1. Les activités internes à la RBP : sources de revenus et leurs impacts

Au cours des investigations, les informations issues des 94 enquêtés ont été réparties comme suit
: des grands producteurs (dont la superficie emblavée est supérieure à dix (10) hectares) ; des
producteurs moyens (dont la superficie emblavée est entre six (6) et dix (10) hectares) et des
petits producteurs (dont la superficie emblavée est inférieure ou égale à cinq (5) hectares).
En général, les producteurs installés au niveau des villages riverains des réserves de la biosphère
ont adopté les cultures de rente dont le coton et certaines cultures vivrières comme le mil, le
maïs, le sorgho, l’igname, l’arachide et le voandzou. Ils emblavent de grandes superficies et
pratiquent très souvent une agriculture mécanisée. Ils ont une préférence pour les engrais
minéraux qu’ils utilisent en grande quantité et obtiennent de bons rendements. Ces producteurs
se rencontrent le plus souvent sur l’axe Tanguiéta-Porga et plus particulièrement dans le village
de Nouari, Porga, Nagasséga qui cultive le mil et le maïs, ont tendance à ne plus cultiver d’autres
cultures vivrières (l’arachide, le riz). Par ailleurs, ceux qui cultivent l’igname, pratiquent de
longue durée de jachère et sont pour la plupart des producteurs du deuxième axe d’étude du
village de Tchawansaga, Nanébou Batia et Bourgnissou, chez d’autres producteurs de la même
zone dans les ménages de grande taille les femmes produisent du riz (Pouri, Tchawansaga).
Ces cultures nécessiteraient de grandes superficies qui ne s’obtiennent qu’après destruction des
terres forestières du Parc. De par leur proximité ces spéculations sont sources de conflit. Avec les
nouveaux gestionnaires d’APN, il est formellement interdit l’utilisation des engrais chimiques,
dans les zones cynégétiques

47
Les réserves de faune et parcs créés ne pouvaient demeurer une simple curiosité de naturalistes.
Il importait de chercher les meilleurs moyens d'exploiter ce capital. Les parcs et les réserves
offrent d'importantes possibilités alimentaires, économiques surtout par l'exploitation touristique
et dans une certaine mesure par la chasse et la pêche.
Au Bénin, comme dans d'autres pays africains, des statistiques ont été tenues régulièrement sur
le tourisme dominé par les étrangers issus des pays occidentaux tels que la France, l'Allemagne,
l'Italie, les Etats-Unis, etc. L'importance des retombées financières liées à cette activité a amené
les autorités de la DPNP à réviser le calendrier de la saison touristique et cynégétique.
En effet, avant 2007, la saison touristique et cynégétique s'étalait sur une période d'environ six
(06) mois, du 15 Décembre année (n) au 30 juin année (n+1). Elle est consacrée, principalement,
aux activités traditionnelles du parc. Mais, depuis lors, cette période a été étendue sur presque
toute l'année à la seule différence que la saison des pluies est consacrée uniquement au tourisme
de vision et cela aussi dans une moindre mesure, du fait de l'impraticabilité des pistes au cours de
cette période.

48
Figure2 : Circuits touristiques du parc de la Pendjari
Source : Cliché KASSA Souska Antoine

Tableau 2: Point des ouvertures et entretien de pistes

PERIODE
ELEMENTS 2015- 2016- 2017- 2018-
2016 2017 2018 2019
DISTANCE
611,25 535,25 511,031 511
(Km)
COUT
6 856 200 4 469 075 3 612 805 ND
(FCFA)

Source : Rapport d'activité d’AVIGREF Décembre 2018,

Les recettes issues de la vente des billets pour la circulation des véhicules sont destinées à
l'entretien des pistes. Un important projet d'ouverture et de réfection de pistes et de réalisation
d'autres infrastructures est en cours de finalisation et son démarrage est prévu au cours de l'année
2019.
Dans ce cadre, il est prévu la réhabilitation et/ou construction d'environ 600Km de pistes, dont
plusieurs sont carrossables toute l'année permettant ainsi la prolongation de la saison ; la
réfection et/ou construction de 10 miradors ; l'aménagement des postes d'entrée à Batia, Porga,
Konkombri et Arly; l'aménagement de 5 points d'eau en vue de la création de nouveaux points
d'observation et enfin, la mise en place de signalisations thématiques sur toutes les pistes (Plan
d'aménagement et de gestion participative de la RBP, 2019).
Mais en attendant la réalisation de ce projet, l'exploitation se poursuit avec les infrastructures
disponibles avec une clientèle en quête de nouveauté. Ce qui pourrait constituer une limite à la
promotion de la destination Pendjari. Les ambitions favorables à une meilleure attraction des
clients potentiels de la RBP ne manquent pas au niveau des autorités d’APN mais il reste à les
traduire sous forme de projets et à mobiliser les ressources financières nécessaires en vue de leur
concrétisation. Enfin, le nombre et la qualité des infrastructures hôtelières s'améliorent au fil du
temps mais elles sont concentrées au niveau de la ville de Tanguiéta ; la seule installée au sein de
la réserve est en voie de dégradation avancée, ce qui oblige les touristes désireux de passer la
nuit à l'intérieur d'écourter leur séjour.

49
Photo 1 : Siège actuel de African Park Network
Source : Cliché Kassa Souska Antoine

Photo 2 : Siège actuel de l’UAVIGREF


Source : Cliché Kassa Souska Antoine

Photo 3 : Siège actuel de l’UAVIGREF


Source : Cliché Kassa Souska Antoine

3.1.1.1.1. La chasse sportive : évolution et retombées

50
Depuis le classement des Réserves dans notre pays, toute activité non officielle de l'homme dans
ces endroits touchant la faune ou la flore est devenue illégale. D'où tout contrevenant s'expose à
des peines et sanctions de la part de l’autorité. La chasse traditionnelle de subsistance considérée,
depuis lors, comme du braconnage a désormais laissé place au braconnage commercial. Cette
activité illégale, de plus en plus, transfrontalière est une pratique dangereuse pour la faune parce
que très destructrice. Selon les membres de l'organe d'exécution des AVIGREF, son ampleur, ces
derniers temps, est la conséquence de la valorisation de la viande de chasse (amélioration nette
des prix du KG de viande passant de 300FCFA à 600FCFA). Cette vente est organisée dans les
villages riverains et les recettes issues de la vente sont gardées dans les institutions financières de
la place pour faire face aux dépenses d’utilité publique pour le village. En effet, l'exercice de
cette activité illégale nécessite la parfaite connaissance de la réserve ; on pourrait conclure à une
complicité de certains riverains qui au-delà de leur participation active constituent les portes
d'entrée de la réserve et ne peuvent ignorer le passage des braconniers. Ces actes ne sont pas sans
conséquence sur l'effectif des populations animales qui constituent le facteur d'attrait de la RBP.
Or la mise en place officielle de la chasse sportive permet aux populations de s'approvisionner en
protéines de manière très organisée par les dispositifs mis sur pied par l'U-AVIGREF et APN.
Elle constitue également des sources de recettes pour l'animation et le fonctionnement des
différentes associations. Cette activité a favorisé également la naissance du corps de métier des
pisteurs qui, à l'occasion de la saison cynégétique, leur procure des revenus substantiels pour la
satisfaction de leurs besoins. La valorisation et la viabilité de ce corps de métier sont
conditionnées par le potentiel faunique de la RBP d'où l'intérêt des acteurs de veiller à une
meilleure sauvegarde de ce patrimoine. Cette motivation individuelle qui, dans une certaine
mesure, impacte les ménages auxquels appartiennent ces pisteurs (la communauté) couplée à
celle collective matérialisée par la mise à disposition de la viande de chasse devraient constituer
un motif fédérateur pour la protection de la faune par ces populations. Mais, ces éléments de
motivation semblent ne pas être suffisants. Dans le cadre de la chasse sportive, le point des
animaux abattus se présente comme ci-après :

51
Evolution des abattages par la chasse sportive
250

200

150

100

50

Lion
Bubale

Hippopotame
Coba

Cobe de fassa
Buffles

1 2 3 4 5 6 Total

Année 2017 Année 2018 Année 2019 Total

Figure 3 : Evolution des abattages officiels d’animaux

Source : Rapport activité AVIGREF, juin 2019

De l'analyse de ce tableau, il ressort que l'évolution des abattages officiels d'animaux est sous
contrôle au niveau d’APN. Toutefois, la population faunique est menacée par le comportement
des prédateurs de la RBP.
Afin de parvenir à juguler la survenance des activités illégales dans la RBP, les autorités d’APN
ont procédé à la qualification juridique des actes susceptibles de sanction, allant d'une simple
amende à une peine d'emprisonnement, en fonction de l'impact dégradant de l'acte sur le
patrimoine de la RBP. L'évolution de ces infractions au cours de ces dernières années se présente
comme suit :

52
250

200

150

PERIODE 2015-2016
100
PERIODE 2016-2017
PERIODE 2017-2018
50 PERIODE 2018-2019
PERIODE TOTAL
0
E E SE T ES L
AG NC EU EN TR O TA
N A L M U T
CO
N M U HE A
A SHU A UD RIC
BR F
AN EF
R
DE
TR CH
PE

Figure 4 : Evolution des actes illicites ces quatre dernières années

Source : Rapport activité APN, juin 2019

De l'analyse de la figure 3, il ressort une évolution, plus ou moins, stationnaire des différents
types d'infraction. On note la dominance du braconnage, suivi du défrichement et de la pêche
frauduleuse, sans négliger la transhumance. Cela pourrait signifier que la pression exercée sur
le parc est pour répondre au besoin en protéine animale et pour les raisons de la sécurité
alimentaire. La prédominance de ces quatre actes illicites interprétés comme l'absence
d'impact des efforts consentis à travers la cogestion et la dissuasion recherchée par le biais des
sanctions administrées aux contrevenants. Certaines infractions font l'objet de poursuite
judiciaire et le point des arrêts de justice se présentent comme suit :

53
Type de sancti on rendu
Series1 Series2 Series3 Series4 Series5

85
46
36

34
29

24
15

15

15
8
7

7
6

6
5

2
0
0
0
0

0
2 0 1 5 -2 0 1 6 2 0 1 6 -2 0 1 7 2 0 1 7 -2 0 1 8 2 0 1 8 -2 0 1 9 TOTAL
TYP E D E P ER I OD E
SANCTION

Figure 5 : Type de sanctions rendues ces quatre dernières années

Source : Rapport activité APN, juin 2019

De l'analyse de la figure 4, il ressort une tendance nettement baissière, d'année en année, des
types de sanction les plus importants relatifs aux arrêts de justices rendus. Cela pourrait
témoigner d'une réduction, plus ou moins, satisfaisante des actes illégaux exercés par les
populations au sein de la RBP. Mais le rapprochement de ces données à celles du tableau N°3
pose un problème de cohérence du fait que les deux activités préjudiciables à la conservation
(braconnage, défrichement et pêche frauduleuse) et susceptibles de sanctions exemplaires
pour leur éradication se sont accrues. Il y a deux explications possibles de cette situation à
savoir :
 La mauvaise appréciation ou qualification des types d'infractions enregistrées par les
agents d’APN ;
 La conséquence des pressions sociales qui inhibent la volonté de sanctionner les auteurs
de ces actes illégaux par l'administration d’APN, ce qui aboutit à des sanctions moins lourdes.

3.1.1.1.2. La pêche : monopole étranger

Dans la RBP, la pêche est plus développée et mieux organisée. Elle est traditionnelle et
pratiquée par des étrangers ressortissants des pays voisins comme le Ghana, la Mali, le

54
Burkina-Faso et le Togo mais également quelques autochtones. Elle a lieu surtout sur la
rivière Pendjari, la Magou et la Bori sous le contrôle des autorités d’APN.

Les micro-projets mis en place en vue de la promotion de cette activité par les membres
d'AVIGREF attendent un véritable démarrage.

Nous avons pu observer des pêcheurs du Burkina Faso, du Mali et du Niger en pleine activité
aux abords de la rivière Pendjari. Des bénéfices socioéconomiques sont tirés de cette pêche.
Toutes ces activités ci-dessus énumérées génèrent des ressources financières à APN qui
consacre une partie aux populations riveraines à travers les AVIGREF.

3.1.2. Les activités externes à la RBP et leurs impacts

Chaque réserve dispose d'une aire de coopération ou zone périphérique au sein de laquelle,
normalement, les populations s'adonnent à leurs activités productives habituelles. Ainsi, la
gestion des espaces doit, désormais, s'articuler avec les pratiques locales dont le caractère
durable a été reconnu, et qui peuvent alors constituer un véritable outil de conservation.
L'activité prédominante exercée par les populations riveraines de la RBP est l'agriculture,
ensuite le commerce dans une certaine mesure et accessoirement l'artisanat.

3.1.2.1. L'agriculture, source d'alimentation et de revenus des populations

Les principaux produits cultivés sont : le maïs, le fonio, le petit mil, le sorgho, le niébé, le
voandzou, l'igname, le riz, le manioc, l'arachide, le sésame, le tabac et le coton qui est une
culture consommatrice d'espace. Mais à côté de ces cultures, des produits maraîchers tels que
le gombo, la tomate et le piment connaissent un essor non négligeable. Les acteurs locaux, du
fait de la raréfaction progressive des ressources naturelles dans les espaces déjà occupés, se
tournent vers les aires de transition des réserves de biosphère en exerçant une forte pression à
leur périphérie ou en effectuant des incursions illégales à l'intérieur des aires centrales.
Sous la pression démographique, les superficies emblavées augmentent à un taux inquiétant.
Une analyse de cette situation indique l'utilisation peu rationnelle des superficies qui sont
gérées de façon inefficiente. La pression à la périphérie des réserves de biosphère est
l’expression d’une régression progressive des ressources naturelles et productives des
populations riveraines qui est malheureusement doublée d’un accroissement des effectifs des

55
personnes et du bétail. Les ressources naturelles que renferment les réserves de biosphère
deviennent alors des ressources rares et nécessaires pour les usages multiples des populations
(A. Bouraïma, 2008, P. 32). D'où, les ressources naturelles que renferme la réserve de
biosphère deviennent alors des ressources rares et nécessaires pour les usages multiples des
populations. Selon les membres d'AVIGREF, ce mode opératoire induit des problèmes de
manque de terre d'où les occupations frauduleuses de terres dans la zone protégée. Mais
l'argument du manque de terre est rejeté par les autorités de la DPNP qui préconisent
l'intégration des techniques culturales intensives et l'introduction d'autres cultures à forte
valeur ajoutée telles que le coton biologique, le maïs bio, le soja bio le sésame bio et les
produits maraîchers.
Appuyée par la GTZ et HELVETAS en collaboration avec les AVIGREF, l'expérimentation
du coton biologique dénommé « ALAFIA » (coton biologique et équitable) a démarré en
2008 dans les villages riverains de la RBP. Selon les Responsables locaux de ces structures,
cette phase a enregistré un effectif de 220 Paysans volontaires à raison de 1/4 d'hectare par
paysan avec une production globale d'environ 15 Tonnes. Cette initiative est portée par les
AVIGREF d'où la nécessité d'être membre avant toute adhésion au programme. La campagne
suivante a enregistré 310 Paysans avec une possibilité d'extension des surfaces cultivées et la
production s'élève à 37 Tonnes. Cette culture est caractérisée par sa pénibilité et le rendement
faible de la production. Mais ces facteurs sont compensés par la valeur du produit dont les
questions de débouchés sont réglées par les partenaires stratégiques, dans un élan de solidarité
avec ceux des pays voisins. Ce qui explique les initiatives d'élargissement de la culture
biologique à d'autres produits comme le sésame et le soja, dont les débouchés sont déjà
identifiés, selon les Responsables. Mais ces cultures n’ont prospéré faute de cohérence dans la
conduite de ces projets toute chose ayant démotivé les communautés.
Toutefois, ils ont déploré la moindre implication des techniciens de la CeCPA, ce qui ne
faciliterait pas, à terme, l'appropriation du projet et son extension dans toute la zone à travers
la maîtrise de l'itinéraire technique de production.
Il est envisagé la mise en place de mesures d'accompagnement au profit des paysans
volontaires telles que l'octroi de crédits de campagne à compter de la prochaine campagne
agricole par le biais d'une IMF professionnel identifié. Les impacts attendus de ce projet sont :

56
 La biodiversité dans la RBP et la santé humaine sont épargnées des effets néfastes des
pesticides et autres produits chimiques de synthèse ;
 Les producteurs de coton biologique et équitable (y inclus les produits de rotation)
augmentent leurs revenus et améliorent leur cadre de vie par rapport à la production du coton
conventionnel dans la ZOC. La pertinence de toutes les actions mises en œuvre dans le cadre
de la conservation se justifie davantage par la taille de la population agricole dont les activités
ont un impact direct sur la RBP. L'évolution de la population agricole se présente comme
suit :

P o p u l a ti o n d e s p o p u l a ti o n s d e s v i l l a g e s r i v e r a i n s

Total Communes Total Villages Riverains

188,633
126,340

38,216
27,261
26,937
17,937

5,243
3,569

1 2 3 4

Figure 6 : Evolution des populations riveraines

Source : RGPH4, 2013

Malgré toutes ces dispositions, il demeure que l'accès et l'appropriation des ressources
naturelles de la RBP se heurtent à une législation rigoureuse et inflexible malgré l'impérieuse
nécessité des populations riveraines qui s’accroît très visiblement en termes de terres
cultivables limitées par le parc. Cette situation pose à court, moyen et long terme de
problèmes en perspectives si un travail d’accompagnement et d’identification d’autres

57
activités génératrices de revenus pour couvrir les besoins de la communauté. Ce jeu d'acteurs
se matérialise à travers des oppositions, voire des conflits incessants mais aussi des avancées
non négligeables dans la prise de conscience locale de ces populations et dans la rude
recherche des terres cultivables.

3.1.2.2. Le commerce

Ce secteur d'activité implique une grande partie de la population féminine. Les villages
riverains à la RBP sont tous dotés d'un marché qui s'anime une fois par semaine. Les produits
agricoles y sont commercialisés et les acheteurs proviennent du chef-lieu de la Commune ou
d'autres villes plus éloignées, à des fins spéculatives.
En effet, on assiste, lors des périodes de récoltes, à un bradage systématique des productions,
ce qui expose les populations à l'insécurité alimentaire. De ce fait, ces populations se
retournent vers ces commerçants véreux, au cours de la période de soudure, pour
s'approvisionner en ces mêmes produits à des prix très élevés, souvent à crédit remboursable à
partir des récoltes futures. En conséquence, cette pratique renforce la paupérisation des
producteurs en faveur des commerçants qui, de mieux en mieux, avec l'appui des institutions
de micro finance plus tournées vers le financement des activités d'achat/vente, s'organisent
pour disposer de ressources financières nécessaires à la conduite de leurs activités.
Le comportement des prix au niveau des différents marchés illustre l'attitude rationnelle des
commerçants qui juste après les récoltes envahissent les villages aux fins spéculatives.
Selon les Responsables du CeCPA, cette situation est renforcée par le retard qu'accuse la mise
en place des fonds destinés au programme de constitution du stock de sécurité de l'ONASA
qui a cessé de fonctionner dès l’avènement du régime dit de la rupture.
Le petit commerce au sein des villages riverains n'est pas du tout développé. Ces petits
marchés servent surtout dans la vente de la bière locale à base de sorgho communément
appelée « Tchoucoutou ». Les produits de base tels que les condiments, les produits de toilette
et autres proviennent, majoritairement, des villes principales. Le principal marché de la région
est celui de Tanguiéta. Les produits issus du braconnage qui tend à devenir transfrontalière
sont prisés et ils sont écoulées de façon clandestine dans les villes ou destinées parfois à la
consommation domestique.

58
3.2.1. Intermédiation sociale des AVIGREF et des Autorités communales : les
retombées de la cogestion
Les autorités d’APN, ont mis en place un dispositif de gestion axée sur une bonne
organisation des acteurs locaux dans les aires périphériques. Ainsi, ces populations pratiquent
par le biais des dynamiques associatives des activités génératives de revenus ou alors tirent
des revenus substantiels du tourisme et des activités de chasse dans les zones cynégétiques.
Ces revenus sont répartis entre toutes les parties prenantes.
3.2.1.1. Intermédiation sociale des AVIGREF et leurs retombées

Les populations locales, par le biais des AVIGREF, appuient les gestionnaires de la RBP dans
la surveillance et le contrôle. Elles ont à leur actif la mise en place d'une dynamique
associative sans précédent mais aussi l'appropriation progressive de la gestion de leur
patrimoine.
Les AVIGREF réclament une plus grande implication des acteurs locaux dans les différentes
décisions prises concernant la RBP. Elles comptent en leur sein des femmes et des hommes
qui s'impliquent dans la gestion de la réserve qui leur procure des retombées aussi bien
financières que non financières. Au niveau de la RBP, les AVIGREF s'investissent pour que
les populations se sentent davantage concernées par la conservation et la gestion de la réserve
de biosphère. Les recettes issues des activités traditionnelles de la RBP sont réparties entre U-
AVIGEF et les populations riveraines. En dehors de la quote-part (30% des recettes des
activités de chasse et de pêche d’APN) perçue par ces dernières, la viande de chasse est
vendue aux populations et les recettes de cette opération renforcent les ressources destinées à
la réalisation d'infrastructures communautaires et à leur fonctionnement. Rappelons qu'elles
bénéficient également des appuis financiers des bailleurs de fonds qui s'investissent pour un
ancrage qualitatif de la cogestion en vigueur. La gestion des réserves de biosphère renferme
un aspect alimentaire car lorsqu'elle est rationnelle, elle offre aux populations riveraines une
quantité non négligeable de protéines issues des produits de la chasse sportive.
3.2.1.2. Les retombées non financières et leur importance

Les retombées issues des activités de la RBP sont également non financières. Les
populations riveraines exploitent les produits végétaux issus de la cueillette (feuilles et
fruits), du ramassage de bois mort, du fauchage de l'herbe et de la paille. Ces produits rentrent
dans la consommation alimentaire et le traitement sanitaire de ces communautés rurales.

59
Leurs usages se diversifient ce qui favorise leur valorisation. Mais, en dehors des besoins
vitaux dont ils sont l'objet, ces produits deviennent progressivement un fonds de commerce
pour les communautés locales. Mais très tôt cette pratique est interdite par les nouvelles
autorités d’APN
Selon le Chef Service Surveillance les prélèvements importants s'opèrent au niveau des
villages riverains et concernent principalement la paille et les espèces ligneuses comme le
Karité. Elles rentrent dans l'alimentation humaine et animale, servent de produits médicaux et
s'utilisent comme produits cosmétiques. L'huile extraite du karité est consommée, soigne les
maladies de peau et est fortement demandé en période d'harmattan. Le prélèvement de paille
permet le renouvellement des cases. Les cases en paille constituent l'essentiel de l'habitat dans
ces villages. Nous avons observé plusieurs toitures de cases renouvelées et il faut, selon un
villageois interrogé une quantité non négligeable de paille pour la construction d'une case.
Selon les Responsables de l’UAVIGREF, il faut pour une case moyenne « environ six à dix
fagots de paille pour la construction et le prix unitaire varie entre 1 000 et 1 200 FCFA ».
Tous ces acquis sont remis en cause et sont désormais subordonnée à une autorisation
préalable. Ainsi, les zones périphériques ne peuvent pas fournir toute cette quantité de paille
d'où le prélèvement clandestin, de plus en plus, important dans la RBP. Il faut signaler qu'en
plus des besoins pour la construction des cases il y a le renouvellement des greniers et la
commercialisation de la paille dans d'autres villages, notamment ceux éloignés de la réserve.
Les éleveurs opèrent également des prélèvements de fourrage dans l'aire centrale à défaut de
faire paître directement le bétail dans les zones humides. Il y a enfin des prélèvements en
produits de cueillette pour la satisfaction des besoins immédiats des populations, notamment
en période de soudure. Ces prélèvements peuvent concerner, de façon plus restreinte, les
tradithérapeutes. Ceux-ci, dans le cadre de leur profession, opèrent des prélèvements
clandestins d'espèces végétales diverses au niveau de l'aire centrale et s’ils sont surpris
courent des risques d’emprisonnement. Ces activités de cueillette constituent une source
importante de la pression exercée sur la réserve. Les villages contigus à la réserve de
biosphère ont le même profil et par conséquent les mêmes formes de pression notamment le
prélèvement de ressources végétales. Cela est sous l’autorisation d’APN. Dans la RBP, les
prélèvements en bois, en fourrage, en produits de cueillette et en pharmacopée se font de
manière non négligeable et le plus souvent sans autorisation de l'administration forestière. Ce
comportement alimente l'antagonisme entre populations locales et autorités d’APN.

60
Photo 4 : Entrée principale actuelle du parc de Pendjari côté de Batia
Source : cliché Kassa Souska Antoine

3.3.1Alternatives à la réduction de la pression des populations sur la RBP

3.3.1.1. Les initiatives des acteurs traditionnels de la RBP

En vue de réduire la pression des populations riveraines sur le patrimoine de la RBP à la quête
de moyens de survie, des initiatives ont été prises par les AVIGREF appuyées par la DPNP
puis actuellement par APN et les bailleurs de fonds principalement la GTZ pour le
développement d'activités alternatives qui à terme réduiraient les impacts négatifs de
l'agriculture. Mais ces activités peinent à prendre à cause des études et du choix des cibles mal
coordonnées et manquant de professionnalisme. Notamment le les marchés d’écoulement du
soja bio, du sésame bio n’ont pas été bien étudiés avant leur implémentation. Ce qui a créé
une déception au niveau communautaire. Cela pose le problème des montages respectant la
gestion axée sur les résultats.

3.3.1.2. Les collectivités territoriales

Le processus de décentralisation amorcé avec la mise en place des Communes confère des
compétences à ces entités décentralisées. Au nombre de ces compétences, on peut noter que :

61
 La commune concourt avec l'Etat et les autres collectivités à l'administration et à
l'aménagement du territoire, au développement économique, social, sanitaire, culturel et
scientifique ainsi qu'à la protection de l'environnement et à l'amélioration du cadre de vie »
(Article 82 de la loi 97-029) ;
 Au nombre des 3 commissions obligatoires chargées de la gestion des affaires
communales, instituées par l'article 36 de la loi 97-029, figure la commission des affaires
domaniales et environnementales.
A ce titre, la décentralisation impose un rééquilibrage des Conseils d'Administration des
différentes structures à charge de la gestion de la RBP. Cela justifie la place de
l'administration territoriale dans le système de gestion aussi bien en termes d'actions que de
retombées perçues. Ainsi, les Maires des communes riveraines de la RBP sont membres des
instances d'orientation et de décisions des AVIGREF où ils participent à la définition de la
politique de gestion mise en œuvre par le Secrétariat Exécutif qui leur rend compte.
De l'entretien avec le Maire de la Commune de Tanguiéta, il ressort que « les collectivités
territoriales ont vocation à devenir des acteurs privilégiés par leur implication directe ». Or la
cogestion entreprise avec les AVIGREF, qui sont des associations, a démarré bien avant la
réforme de l'administration territoriale et les résultats obtenus sont non négligeables. Il faut
souligner que les collectivités territoriales ont la responsabilité de dynamiser la vie associative
d'où l'intérêt de la recherche d'une symbiose entre les Mairies, APN et les AVIGREF.
Les communes riveraines bénéficient des retombées financières issues des activités de la
DPNP. L'U-AVIGREF attribue 20% du montant obtenu d’APN aux collectivités territoriales
riveraines à savoir les Communes de Tanguiéta et de Matéri. Ces fonds permettent de
renforcer les ressources destinées à la réalisation d'infrastructures communautaires. Ainsi, un
accord de partenariat a été signé entre la Mairie de Matéri et l'U-AVIGREF, ce qui lui a
permis d'encaisser chaque année sa quote-part. Or l'implication insuffisante des populations et
des collectivités locales dans la gestion engendrerait les pressions de plus en plus
grandissantes sur la RBP.

La Commune de Tanguiéta a entrepris un projet touristique dénommé « la case de


l'habitat » dans le village de Tanougou. Il consiste à recevoir les touristes qui séjournent dans
les habitats traditionnels tout en s'intégrant dans leur milieu d'accueil. D'autres activités telles
que le circuit pédestre et l'observation des plongeurs au niveau des chutes de Tanongou sont

62
menées. Ce projet attire un certain nombre de touristes et génère des retombées financières
reparties entre la Mairie et les populations locales.
A ce titre la Mairie a été récompensée aux Trophées de la décentralisation « Prix meilleur
initiative de développement économique local » par « le Municipal ». Mais cette initiative ne
s'est pas opérée dans un cadre intégratif qui favoriserait sa plus grande visibilité car la plus
grande porte d'entrée des touristes demeure la APN.

3.3. Vérification des hypothèses de recherche et recommandations


3.3.1. Vérification des hypothèses de recherche

Au regard de l'analyse des résultats de notre étude, nous sommes, à présent, en mesure de
procéder à la vérification des hypothèses.

Hypothèse 1 : Des activités développées autour des réserves de la biosphère de la Pendjari


sont sources de conflits.

Cette hypothèse est vérifiée par les éléments ci-après :

 Existence des délits et des personnes pris en flagrant délit et des décisions de justice
rendues pour les différents actes illicites commis ;
 Les communautés des villages riverains ne sont pas autorisées à pratiquer la chasse
traditionnelle même dans la zone cynégétique ou même dans les agglomérations ;
 La coupe de paille n’est autorisée que sur une demande préalable introduite à APN et qui
a reçu un accord ou une autorisation écrite avec toute introduction dans les réserves de la
biosphère ;
 L’utilisation des racines médicinales, la coupe de bois, le sciage et la fabrication du
charbon ne sont pas autorisés à l’intérieur de la réserve ;
 La pêche traditionnelle à la nasse, au filet par barrage d’eau est formellement interdite
dans les rivières situées dans le parc ; sauf qu’une fois par an, APN ouvre pour une semaine
une pêche traditionnelle autorisée et supervisée par APN au cours d’une période de sept (07)
jours. Passé ce délai il n’est pas possible d’aller au fleuve pour une quelconque activité liée à
la pêche de quelque nature que ce soit ;
 La récolte des huitres est subordonnée à une autorisation préalable avant d’être autorisée
une fois par an et ce pour sept (07) jours pas plus ;

63
 Le ramassage des amandes des fruits, est subordonné à une autorisation de la part des
autorités d’APN ;
 Les cérémonies, et libation à l’endroit des divinités situées dans la zone du parc après la
délimitation est également subordonnée à une autorisation préalable avant toute pénétration.
Or la conception traditionnelle des rites cultuelles, cultuelles et des sacrifices n’est pas
assujettie à des contraintes extérieures d’autorisation quelconque avant s’acquitter de son
devoir. C’est normalement spontané et immédiat lorsqu’il s’agit de rendre un culte aux
ancêtres. Cette nouvelle donne vient perturber le principe de base qui soutient cette pratique
traditionnelle, culturelle et cultuelle. Cette mesure bien que régulant toute entrée dans le parc
est confligène. La communauté riveraine ne comprend pas pourquoi il lui faut une
autorisation avant de rendre un culte à ses divinités et à ses morts ;
 Le braconnage est également interdit sous toutes ses formes. Car détruit dangereusement
les espèces fauniques et c’est une pratique illégale et répréhensible par la loi. Il en est de
même des feux de brousse qui sont interdits à l’intérieur du parc ;
 Le pâturage et l’abreuvement des bêtes sont de même interdits dans les rivières du parc ;
 L’utilisation des pesticides dans l’agriculture et la pulvérisation intra domiciliaire sont
interdites dans tous les villages riverains du parc.

Hypothèse 2 : L’implication de l’UAVIGREF dans la gestion de la RBP contribue à la


réduction des actes illégaux enregistrés.
Cette hypothèse est vérifiée par les éléments ci-après :
 Les relations entre APN et les AVIGREF s'opèrent dans un contexte de partenariat formel
qui favorise le jeu d'acteurs sur la base des éléments de motivation propres à chaque partie
prenante ;
 Les objectifs de conservation des autorités APN intègrent le gain des populations
riveraines dont leur prise de conscience, à travers l'intermédiation sociale des AVIGREF tout
en favorisant la richesse de la RBP qui fait de la destination Pendjari, une des plus prisée de
notre pays ;
 La quête permanente de l'amélioration de leurs interventions (définition de nouveaux
critères d'appréciation) à travers les différents organes des AVIGREF témoigne de la volonté
des nouvelles autorités de renforcer les responsabilités des membres et par conséquent leur
implication ;

64
 Les acquis du partenariat (retombées financières et non financières), source de motivation
des bailleurs de fonds, favorisent la perception du grand intérêt que représente l'existence de
ce patrimoine dans la localité ;
 Les interventions sociocommunautaires (infrastructures scolaires, paiement des
enseignants communautaires, appui financier aux écoles des villages riverain, excursion
gratuite des riverains et des élèves des villages riverains et autres) mises en œuvre par les
AVIGREF au profit des populations, pour leur bien-être, progressent d'année en année ;
 La réduction significative des infractions et leur prompte détection en collaboration avec
les membres d'AVIGREF témoigne de l'efficacité des actions et conduit à la réduction des
actes illégaux.

Hypothèse 3 : Une synergie d’actions entre les associations villageoises et l’UAVIGREF


favorise une gestion durable des ressources fauniques dans le milieu d’étude.
Cette hypothèse est vérifiée par les éléments ci-après :
 Il faudra accorder une attention particulière aux initiatives en rapport avec i) la
planification appropriée de l'utilisation des terres, y compris l'établissement de zones tampons
autour des aires protégées et de corridors écologiques afin de minimiser les conflits entre
l'homme et la faune sauvage, ii), la reconnaissance du rôle des peuples autochtones et des
communautés locales dans la gestion et la gouvernance des aires protégées, tout en réalisant
leur utilisation traditionnelle des ressources fauniques et en assurant le partage équitable des
bénéfices à travers une organisation bien structurée.
 L’existence des projets récents et existants mis en œuvre avec l’accompagnement de l’U-
AVIGREF et de ses structures déconcentrées est la preuve de leur synergie iii)
 Tenant compte de l'analyse de l'enquête et de l'expérience de la FAO, qui propose de
renforcer ses travaux sur la facilitation de l'échange d'expériences relatives aux initiatives de
gestion de la faune sauvage entre les pays membres, sur le développement de stratégies et
d'outils de prévention et d'atténuation effectives des conflits entre l'homme et la faune sauvage
et de réduction de la chasse et du commerce illicites de la viande de brousse, et sur le
renforcement des capacités des communautés pour la gestion participative de la faune sauvage
en est une illustration.
 Des efforts sont entretenus dans la communication entre les cellules et la structure faitière
qui est élue par ses pairs pour défendre l’intérêt des communautés en respectant la législation

65
en matière de gestion de la faune. Mais on note souvent des attentes ambitieuses pendant la
course pour l’accession aux organes de l’union ou parfois des promesses non réalistes sont
faites. Une fois élu, les représentants se heurtent aux réalités du partenariat. Cela semble créer
un environnement de suspicion entre l’U-AVIGREF et ses cellules de base. Les
communautés ne comprennent toujours pas les difficultés qui sont celles de leurs mandants
dans la lutte pour l’intérêt commun. Il faut forcement beaucoup communiquer afin
d’améliorer le climat de confiances car en toute vérité l’U-AVIGREF se trouve pris dans un
étau.
 On note l’existence d’un Partenariat de collaboration, et le mandat électif facilite la
synergie d’action entre toutes les structures qui accompagne la gestion durable du parc. Il faut
craindre la politisation à outrance de ces structures. Mais la peur d’être sanctionné lors du
renouvellement des organes motive les différents acteurs à œuvrer pour plus de synergie et de
complémentarité dans la gestion de l’association.

CHAPITRE VI : Discussion et suggestions

4.1. Discussion des résultats

Au-delà des succès purement écologiques, ces espaces sont aujourd’hui confrontés à
d’énormes défis tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leurs frontières. Ces derniers sont liés
notamment aux différents changements qui se sont produits dans le monde durant ces
dernières décennies tels que la croissance démographique, l’urbanisation et les changements
climatiques (G. Sournia, 1996 ; UICN, 2005). Comme conséquence, on remarque aujourd’hui
que, dans certaines parties du monde (en Afrique particulièrement), les aires protégées
subissent des pressions sur leurs périphéries du fait de l’expansion des terres agricoles ou sont
en conflits ouverts avec les populations vivant en leur sein ou à proximité ; d’autres sont au
même moment victimes de leur succès dans le domaine touristique ou de leur médiocrité dans
le même secteur. Tout cela montre aujourd’hui que les aires protégées constituent des
territoires où les enjeux sont variés selon les acteurs impliqués dans leur gestion. Pour les
gouvernements, en particulier ceux du Sud, ces enjeux sont à la fois écologiques mais surtout
économiques. En effet, l’internationalisation des préoccupations environnementales les oblige
à s’aligner aux idées des fervents défenseurs de la nature. Cependant, c’est la manne
touristique issue de ces espaces qui les intéresse beaucoup plus ! Pour les populations vivant

66
dans et/ou autour de ces espaces, les enjeux sont surtout socio-économiques. La pauvreté qui
fait rage sur les populations vivant à proximité de ces parcs du fait des différentes restrictions.
De surcroît, certaines parties du monde sont déjà surpeuplées. Par conséquent, la rareté des
terres cultivables entraîne une concurrence redoutable dans l’utilisation de l’espace.
Nos ancêtres nous ont dit que nous avions été les premiers. Les gens qui savent écrire ont
envahi nos terres [le parc national Kahuzi Biega]. Suivant nos ancêtres, toutes ces terres nous
appartenaient, mais nous n’y avons plus aucun droit. Le parc était notre territoire depuis le
temps de nos ancêtres. Lorsqu’un homme partait de son foyer, la lance à la main, pour aller
dans la forêt, sa famille savait qu’elle allait manger. Si l’homme ne sortait pas sa lance, la
femme savait qu’elle devait prendre son panier et sa hache pour aller chercher du bois. Elle
portait ce bois à des non-pygmées, et l’échangeait contre des bananes, et la famille avait à
manger. A présent, nous, les femmes de la forêt, n’y avons plus accès. [...] Nous pleurons
parce que notre vie est misérable. Avant, nous pouvions vivre, nous avions suffisamment à
manger, tous nos besoins étaient satisfaits. Maintenant il n’y a plus rien (Une femme twa de
Buyungula/Kabare, RDC, lors de la rencontre sur les droits des femmes organisée en 2000 par
l’organisation congolaise PIDP). Ce discours montre le degré de précarité dans laquelle
beaucoup de communautés qui vivent dans les environs des parcs nationaux. Mais au cours
des temps ces forêts ont été envahies par des populations d’agriculteurs (les Hutu) et
d’éleveurs de bétail. Cette expulsion leur a causé d’énormes difficultés socio-économiques et
territoriales. Cet acte de dépossession est à la fois politique, socio-économique et territoriale.
Politique parce que les intérêts et les aspirations de ces populations n’ont pas été pris en
compte lors de la création autoritaire et brutale des espaces protégés. C’est ici que les enjeux
écologiques ont pris le dessus sur les enjeux humains. Socio-économique et territoriale par le
fait que l’expulsion de ces populations a entraîné un déracinement et une coupure définitive
380 Une femme Twa de Kinigi raconte sa vie actuelle au bord du PNV (E. Kayijamahe, 2005,
p. 381). Elles ont vécu la même situation en Ouganda (parcs nationaux de Mughinga et
Bwindi, et forêt d’Echuya), au Burundi (parc national de Kibira) et en République
Démocratique du Congo (parcs nationaux de Virunga et Kahuzi-Biega) avec le milieu socio-
économique et écologique auquel elles étaient habituées (A. Nyagahene, 1991, p.234).
Aujourd’hui, les anciens habitants de ces forêts sont pour la plupart sans terres et vivent dans
une extrême pauvreté à la lisière des aires protégées.

67
L’hypothèse de départ de ce type de projets est que la pauvreté des populations riveraines des
aires protégées est un facteur déterminant pour expliquer l’exploitation illégale et/ou la
surexploitation des ressources de ces espaces. L’exploration des méthodologies présentant un
certain attrait dans l'étude de la complexité des socio-écosystèmes, nous a permis de mettre en
exergue la base socioculturelle des populations locales en lien avec l’utilisation des espaces et
des ressources naturelles. La construction des rapports à la nature qui en dérive, ancrée dans la
dynamique historique des sociétés, dévoile la logique unidimensionnelle du raisonnement
systémique nature-culture. La mise en place des stratégies de conservation et d’utilisation
multiple et durable des ressources naturelles passe par l’intégration de tous les groupes
sociaux, les valeurs culturelles et spirituelles des espaces et des ressources, les savoirs et
pratiques endogènes. Quand le passé intervient dans le présent, il peut projeter le futur vers
une convergence d’intérêts mutuels garante d’une gestion durable des aires protégées
(K.Boushaba, 2017, p. 5).
Le choix des modalités d’exploitation du milieu naturel par les populations détermine la
qualité des relations que celles-ci vont entretenir sur le terrain avec les programmes de
conservation. Les terroirs coutumiers par exemple doivent être pris en considération dans les
plans d’aménagement, pour la détermination des relations entre les programmes de
conservation et les populations locales. Pour une optimisation des résultats, les décisions
doivent être prises en tenant compte des populations locales et de leurs aspirations ( G. TOMO,
2012, p. 202)
Le bilan de ces premières tentatives de collaboration avec les populations locales est mitigé et
les critiques à l’encontre des PICD sont nombreuses. En effet, tout en admettant que les PICD
ont apporté et apportent encore aujourd’hui une amélioration en matière de gestion des aires
protégées et ce, par rapport à la politique excluante des années passées, il faut souligner aussi
que ces projets connaissent quelques problèmes tant au niveau de la conception qu’à celui de
la mise en œuvre. Les différentes logiques d’action des Associations Villageoises de Gestion
des Réserves de Faune (AVIGREF) et African Parc Network (APN), expliquent les conflits
permanents entre ces deux principaux acteurs de la cogestion. La loi n° 2002-16 du 18 octobre
2004 portant régime de la faune en République du Bénin prévoit de nouvelles dispositions
plus adaptées à une gestion moderne des aires protégées (AP). Le décret n°2005-550 du 31
août 2005 et la loi prévoient une implication systématique des populations riveraines à la
gestion des AP ainsi qu’au partage des revenus ou produits issus de la mise en valeur des AP.

68
Ce qui constitue un préalable à la participation des populations riveraines à la gestion des AP.
En son article 10, la loi autorise la chasse villageoise. Est qualifiée de zone villageoise de
chasse, une portion du domaine forestier protégé aménagée par les populations riveraines à
des fins d’exercice de la chasse villageoise. L’article118 stipule que "Les populations
riveraines ou limitrophes des zones de tourisme de vision doivent, dans la mesure du possible,
être associées à la gestion des activités touristiques et/ou profiter de leurs retombées socio-
économiques." A l’article 95, la loi prévoit qu’un cahier de charge soit annexé au contrat de
gestion de la faune avec l'amodiateur, spécifiant entre autres "les formes de collaboration que
le bénéficiaire du contrat doit entretenir de bonnes relations avec les populations riveraines de
la zone concernée, y compris les modalités de leur participation à la gestion de celle-ci et/ou
leur intéressement aux avantages socio-économiques qui en découlent." Cependant, à l'article
92, la loi spécifie que "le contrat de gestion de la faune confère à son bénéficiaire l'exclusivité
de l'exploitation du territoire de chasse auquel il s’y rapporte...". Les conséquences de cette
contradiction de dispositions légales et réglementaires sont les conflits enregistrés sur le
terrain. Par exemple, lors de l’établissement des réserves villageoises de chasse autogérées
(REVICA), les concessionnaires des zones de chasse avaient refusé que ces réserves
s’étendent sur les espaces à eux concédés par l’Etat. Il a fallu attendre un an, dans le cadre de
nouveaux contrats d’amodiation, pour reconsidérer les limites des zones amodiées et
permettre le développement normal des REVICA. On note là, les logiques d’action d’un autre
acteur important de la gestion de la RBP à savoir le secteur privé représenté par les
amodiataires qui entrent souvent en conflit avec la population locale. Les possibilités d’une
chasse villageoise contrôlée dans les zones cynégétiques restent donc limitées voire
impossible. Pourtant, l'attribution des quotas d'abattage aux villages riverains de certaines
espèces « peu intéressantes » pour les amodiateurs mais convoitées par la population locale,
présente une possibilité réelle pour associer les populations à la gestion de ces zones. C’est le
cas par exemple du gibier à plume comme la pintade, le francolin ou encore de petits
mammifères comme le lièvre et l’écureuil dont la viande est bien appréciée par la population
locale mais qui ont un intérêt moindre pour les chasseurs de trophées. La loi n’a pas non plus
prévu le droit aux villages de disposer d'un pourcentage garanti des taxes d'abattage (bien que
cela puisse être négocié dans le cadre du cahier de charge). L’article 40 du décret concernant
la chasse villageoise précise que la délivrance d'un permis de chasse villageoise à une
AVIGREF "donne lieu à l'acquittement des redevances et taxes d'abattage légalement dues".

69
En attendant une réglementation, 30% des recettes du tourisme cynégétique sont reversés aux
AVIGREF depuis 2002.A partir de 2011, les 30% s’appliquent à l’ensemble des recettes du
tourisme et de la pêche.
Les populations locales jouent un rôle clé dans le changement. Ce sont elles qui connaissent et
comprennent leurs problèmes et peuvent offrir certaines des solutions les plus pratiques. Vous
devrez utiliser diverses méthodes participatives pour obtenir ces idées et les partager dans
toute la communauté. Une approche participative vous permet d’apprendre en même temps
que les locaux, les aide à se rendre compte qu’ils peuvent résoudre leurs problèmes et suscite
leur intérêt. (S. Ferris R. Best, N. Stalevski et P. Mundy, 2016, p. 15). La cohésion pour un
groupe d’acteurs, la dépendance vis-à-vis d’une ressource, la confiance dans les relations
entre deux individus, la convivialité au sein d’une association de quartier, l’accessibilité à un
décideur public ou encore le pragmatisme d’une mesure de gestion (S. Pennanguer, 2005, p.
27).
Dans la plupart des sociétés traditionnelles en Afrique et au Bénin en particulier, les
croyances ont toujours joué un rôle important dans la protection, la conservation et la gestion
durable des ressources naturelles en général et de la faune en particulier car il existe une
histoire entre les communautés, les fleuves, les arbres et les animaux qui ont souvent une
représentation sacrée et relève des dimensions culturelles et cultuelles.
Pour les communautés rurales, la faune a toujours été la seule source en protéine naturelle. La
pratique de la chasse pour ce faire était réglementée par une série d'interdits suivi d'une
organisation très hiérarchisée et à la fois complexe. L'exploitation et l'utilisation se faisaient
suivant certaines règles et coutumes traditionnelles. C'est pourquoi un grand nombre des
villages qui sont d'ailleurs crées par les chasseurs, certaines espèces animales restent à présent
vénérées et sont soit interdits à la chasse et à la consommation par des familles, certains
membres (femmes et enfants), à des ethnies même toute la contrée ou soit réservée aux initiés.
Les périodes de chasse étaient structurées en fonction des calendriers agricoles dont tout le
monde devrait se conformer sous peine d'être sévèrement puni. Toute personne étrangère
devrait au préalable obtenir l'autorisation des chefs avant d'accéder à certains sites ou prélever
des ressources naturelles. Le non-respect des restrictions sur toutes ses formes est considéré
par la société entière comme un acte de désobéissance, une insulte aux gardiens de la société
aux maîtres des forêts et des eaux. Celui qui aurait déshonoré ou s'exposé aux pratiques
interdites devrait être sévèrement puni et avait alors à choisir entre travailler pour la

70
communauté, payer un bouc, un coq ou verser des colas pour avoir la sanction levée. Dans ce
contexte la personne a commis un acte illicite qu'on appelle justement « le braconnage » c'est-
à-dire : poursuivre chasser, blesser, tuer un animal sauvage, ramasser les œufs ou détruire les
nids des oiseaux et des reptiles, cueillir des fruits, pêcher de manière illicite. (S. OUATTARA
et M. MARIKO, 2005, p.12).

4.2. Suggestions

Au terme des travaux, il convient de formuler des suggestions à l'endroit des différents acteurs
en vue de l'amélioration des activités de la RBP pour une meilleure contribution au bien-être
des populations riveraines, en particulier, et la nation, en général.

Il s'agit des acteurs ci-après :

 Les partenaires sociaux de la RBP (AVIGREF)


 Poursuivre les actions de sensibilisation des populations riveraines afin de mieux faire
prendre conscience à ces dernières de la nécessité de la sauvegarde de ce patrimoine. La
finalité est la progression de l'effectif des membres des AVIGREF et leur implication réelle
dans les actions de protection de la RBP.
 Dénoncer les prédateurs et surtout les récidivistes concernant les activités de braconnage
qui deviennent, de plus en plus, transfrontalières avec la complicité des autochtones afin que
des sanctions exemplaires soient prises à leur encontre pour décourager ces pratiques
destructrices de ce patrimoine.
 Initier et mettre en œuvre des projets de développement communautaires fondés sur
l'existence de la RBP en tenant compte des besoins réels des populations et dont les effets
permettront aux uns et autres de s'impliquer davantage dans sa protection et réduire ainsi la
pression sur la réserve.
 Adopter l'approche gestion par objectif, avec des critères d'évaluation clairs et précis qui
serviront de boussole pour le suivi évaluation des actions.
 Identifier et promouvoir les filières porteuses avec l’appui accompagnement des autorités
d’APN dans un processus participatif (Apiculture, maraichage, Aviculture et les
transformations agroalimentaires)

71
 Signer un mémorandum sur la gestion des activités cultuelles et culturelles dans les
villages riverains du parc pour faciliter l’expression cultuelle des communautés.
 Coordonner la transhumance des éleveurs pour faire respecter les couloirs de passage et
réduire ainsi les risques de conflits entre les agriculteurs et les éleveurs qui généralement sont
catastrophiques pour toutes les parties en jeu.
 Elaborer un plan de communication entre les cellules à la base et APN pour réduire la
crise de confiance entre la structure faitière et ses démembrements.
 Intégrer avec l’appui des UVIGREF l’adoption des itinéraires techniques agricoles afin
de réduire la pression sur les RBP
 La Direction d’PN
 La recherche permanente de l'amélioration du cadre de la gestion participative, instituée
comme mode de gestion, par la prise en compte du contexte de la décentralisation qui fait des
autorités communales les représentants légales des populations à la base. Ce qui implique la
définition de nouvelles règles et rôles qui requièrent leur engagement.
 Impliquer davantage les élus communaux pour une gestion participe et une réduction des
actes illicites.
 L'élaboration et la mise en œuvre d'une stratégie marketing, renforcé par des projets
touristiques, qui favorise l'accroissement du nombre de visiteurs, donc des recettes et par
ricochet des retombées au profit des populations riveraines.
 La gestion de la RBP suivant les normes d'une entreprise qui concilie la performance
sociale, culturelles et celle économique en vue de sa viabilité et de sa pérennité.
 Améliorer la gestion des dégâts d’animaux sur les cultures des riverains
 Réaliser les retenues d’eau pour l’abreuvement des animaux dans les villages riverains.
 Les Communes et l'Etat
 L'implication réelle des autorités communales dans la gestion de la RBP. Elles doivent
intégrer dans leur Plan de Développement Communal, la dimension de la RBP en vue de la
cohérence des différentes initiatives de développement.
 La mise en place d'infrastructures sociocommunautaires favorables à l'épanouissement
des populations et le développement de projets agricoles novateurs à moindre consommation
du facteur de production « terre » et à forte rentabilité.
 Le renforcement du fonds de soutien aux agriculteurs de la zone pour le dédommagement
des victimes d'agressions de leurs cultures par les animaux.

72
 Le renforcement des capacités des différents acteurs directs de la RBP en vue d'une
meilleure gestion et appropriation du patrimoine.
 Il est vital que les nouvelles autorités intègrent les considérations socioculturelles dans la
gestion de la réserve. Les communautés continuent d’avoir leurs divinités, leurs lieux sacrés
pour l’adoration et les cérémonies rituelles qui malheureusement sont aujourd’hui occupés par
le parc. Toute chose ne facilitant pas la gestion durable. Cet aspect socioculturel, s’il n’est pris
en considération, peut constituer des risques confligène. Il faut donc associer les sociologues
et les anthropologues dans l’analyse et des propositions de solutions qui déclencheront des
solutions durables. Ces études spécifiques pouvant permettre de faire des propositions
durables à court, moyen et long terme.

73
CONCLUSION

Le partenariat DPNP/AVIGREF est à la croisée des chemins. La méthode de cogestion


adaptive utilisée au niveau de ce milieu d’étude a permis d’apprécier la capacité réelle de
l’AVIGREF à gérer convenablement la RBP dans une ambition de durabilité. Ce partenariat
est encore à la première étape de la hiérarchie de la méthode de cogestion adaptative, celle de
la collaboration. La protection de la nature est une nécessité, car sa dégradation à des effets
néfastes sur la vie de l'homme qui fait partie intégrante de celle-ci et dont il tire profit. Les cas
de destruction des ressources naturelles et d'hostilité latente face à la conservation de ces
importantes ressources sont la manifestation que les plans de gestion des aires protégées ont
été réalisés sans tenir compte des préoccupations et besoins des communautés locales. Dès
lors, pour éviter les situations conflictuelles, l'aménagement et la gestion des aires protégées
sont fondés sur une approche participative qui prend en compte les besoins exprimés par les
communautés, partie intégrante du devenir de ces patrimoines. C'est le cas de la RBP dont le
mode de gestion offre une place prépondérante aux partenaires sociaux que sont les
AVIGREF avec l'implication progressive des autorités communales. Toutefois, le système de
gestion participative n'a pas permis de régler définitivement les problèmes qui opposent
souvent l'administration de la DPNP et les populations riveraines aux besoins contradictoires
à harmoniser. Cette situation implique l'adaptation permanente du mode de gestion aux
nouvelles situations locales, en particulier lorsque la croissance démographique, l'apparition
de nouveaux acteurs locaux et les nouveaux paramètres économiques émergent.
La persistance des actes de destruction volontaire de la RBP opérée par les populations
riveraines elles-mêmes, mais également, par celles étrangères avec la complicité des
autochtones à travers l'occupation des terres à l'intérieur de la zone protégée, le braconnage et
la pêche frauduleuse est illustratif de la non satisfaction des besoins de ces populations et de
la nécessité de poursuivre les actions de sensibilisation et de répression. La RBP offre
d'importantes possibilités économiques surtout par l'exploitation touristique, la chasse et la
pêche. Les potentialités de la ZOC sont suffisantes pour le développement des activités
agricoles. Mais, tous ces atouts doivent être davantage valorisés pour l'accroissement des
recettes de la RBP et des retombées puis celui des revenus des populations pour leur mieux
être. Ce qui suppose le développement de projets touristiques pertinents par la DPNP avec
l'appui des différents partenaires et acteurs touristiques, d'une part, et la maîtrise des

74
techniques culturales appropriées et la mise en œuvre d'initiatives autres qu'agricoles par les
populations, d'autre part. Les résultats enregistrés sur la régression du front agricole et le
braconnage, indiquent qu’avec la disponibilité permanente des ristournes de la chasse safari,
les actes illicites d’exploitation des ressources naturelles dans la RBP, notamment les
empiètements agricoles ont diminué ; améliorant ainsi la qualité de sa protection. Au total, la
gestion durable de la RBP ne peut être atteinte sans maintenir le cap en ce qui concerne le
partage des bénéfices et des autres avantages issus de l’exploitation et de la valorisation de ses
aires protégées. La mise en place d’infrastructures ainsi qu’un système pour leur entretien
sont de plus en plus en adéquation avec les besoins de surveillance. D’importants
investissements ont été faits dans la même période pour la promotion de la destination
Pendjari. Les programmes de formation proposés aux agents de la réserve pourraient évoluer,
au regard des enjeux actuels de la conservation pour leur permettre de mieux comprendre les
défis de leur métier et de posséder les compétences adéquates pour y répondre, notamment en
termes «de capacités managériales ». Ces programmes pourraient intégrer les nouveaux
champs d’expertise que sont, la gestion participative, les changements climatiques et les
stratégies d’adaptation à développer pour y faire efficacement face. La gestion durable de la
RBP nécessite un financement à long terme pour préserver les acquis.

En termes de perspective, il est nécessaire d’étendre l’étude à l’ensemble du complexe des


aires protégées du W, d’Arly et de la Pendjari qui, à termes, doit être géré comme une entité
unique. Une telle perspective ne peut que renforcer la gestion durable de la Réserve de
Biosphère de la Pendjari et le processus de développement durable qui constitue l’un des axes
phares des Objectifs du Développement Durable (ODD).

75
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La loi n°97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l'administration territoriale en
République du Bénin. Elle détermine la dénomination et le ressort territorial des Départements et
Communes ;
La loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du
Bénin. Il s'agit de la Loi de décentralisation qui répartit les compétences entre l'Etat et les
Communes en définissant la nature de leurs nouveaux rapports ;
La loi n° 98-005 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes à statut particulier ;
La loi n° 98-006 du 09 mars 2000 portant régime électoral communal et municipal en
République du Bénin ;
La loi n° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes en République du
Bénin.

79
ANNEXES

Tableau 3: Point des espèces animales abattues

Année
N Tota
Espèces 201 201 201
° l
7 8 9
1 Buffles 28 38 41 107
2 Coba 17 15 27 59
3 Bubale 9 10 18 37
4 Cobe de fassa 3 4 6 13
5 Hippopotame 3 3 2 8
6 Lion 0 1 1 2
Total 60 71 95 226

Source : Rapport d’activité U-AVIGREF juin 2019

Tableau 4: Point des infractions

PERIODE
TYPE
D'INFRACTION 2015- 2016- 2017- 2018-
TOTAL
2016 2017 2018 2019
BRACONNAGE 28 29 11 16 84
TRANSHUMANCE 17 14 11 10 52
PECHE
17 16 21 20 74
FRAUDULEUSE
DEFRICHEMENT 10 42 15 13 80
AUTRES 9 0 0 1 10
TOTAL 71 59 43 47 220

Source : Rapport d'activité APN Juin 2019

Tableau 5: Point des arrêts de justice rendus

PERIODE
TYPE DE SANCTION 2015- 2016- 2017- 2018-
TOTAL
2016 2017 2018 2019
EMPRISONNEMENT FERME 15 29 0 2 46
EMPRISONNEMENT ASSORTI DE
6 5 7 6 24
SURSIS

80
AMENDE 15 0 0 0 15
TOTAL 36 34 7 8 85

Source : Rapport d'activité d’APN Juin 2019

Tableau 6: Récapitulatif de la population agricole

Année
2002 2013
Division administrative Nombre
Nombre
Population Ménage Population
Ménages
s
Commune Matéri 11 060 79 719 16 262 113 958
Commune Tanguiéta 6 877 46 621 10 999 74 675
Total Communes 17 937 126 340 27 261 188 633
Arrondissement Dassari 2 535 18 969 1 114 7 472
Arrondissement Tanougou 793 6 833 185 1 710
Arrondissement Tanguiéta 1 815 12 583 4 614 27 094
Total Arrondissements 5 143 38 385 5 913 36 276
Villages Riverains Matéri 1 931 14 397 3 063 20 837
Villages Riverains Tanguiéta 1 638 12 540 2 180 17 379
Total Villages Riverains 3 569 26 937 5 243 38 216

Source : INSAE, RGPH- 2013

GUIDE D'ENTRETIEN DES RESPONSABLES DE African Parc Network (APN)

1. Que représente pour vous la Réserve de Biosphère de la Pendjari ?


2. Comment évaluez-vous l'efficacité de la gestion participative fondée sur l'implication des
AVIGREF ?
3. Comment évaluez-vous l'impact de ce mode de gestion sur le patrimoine du PNP en
particulier, et son environnement global, en général ?
4. Quelles sont les activités agricoles et/ou extra agricoles développées par vos services au
profit de ces populations ?
5. Y-a-t-il des mesures d'accompagnement y afférentes ? Lesquels (micro-projets,
financements) ?
6. Comment appréciez-vous l'accès aux ressources (financières et non financières) du parc
par les populations riveraines ?
7. Réalisez-vous des infrastructures communautaires et autres œuvres sociales au profit des
populations ?

81
8. Quelles sont les mesures mises en œuvre, au profit des agriculteurs en cas de destruction
de leurs cultures par les animaux ?
9. Que pensez-vous de la restriction des terres cultivables imposée par l'existence du parc
face à la croissance démographique et la question de l'insécurité alimentaire ?
10. Quelles sont les actes illégaux que vous enregistrez autour du parc par les riverains ?
11. Les AVIGRF contribuent elles à une gestion durable du parc ? Si oui comment ?
12. Comment envisagez-vous l'avenir de la Réserve de Biosphère de la Pendjari et quelle en
est la boussole ?

GUIDE D'ENTRETIEN DES RESPONSABLES D'AVIGREF

1. Que représente pour vous la Réserve de Biosphère de la Pendjari ?


2. Comment évaluez-vous l'efficacité de la gestion participative mise en place par les
Autorités en charge de la gestion du parc ?
3. Quels sont les bénéfices que vous en tirer ?
4. Quels sont les types de micro-projets mis en œuvre par les membres des AVIGREF ?
5. Sont-ils susceptibles de se substituer aux activités agricoles traditionnelles ?
6. Bénéficiez-vous des appuis techniques et financiers des Autorités de APN ? Lesquels ?
7. Avez-vous bénéficié des prêts pour la mise en œuvre de vos micro-projets ? Quelle est la
qualité de remboursement de ces appuis financiers ?
8. Quelle est votre contribution à la gestion de la RBP en vue de sa viabilité et de sa
pérennité ?
9. Est-il nécessaire d’impliquer les AVIGREF dans la gestion du parc ? Si oui pourquoi ?
10. Que pensez-vous de la restriction des terres cultivables imposée par l'existence du parc
face à la croissance démographique et la question de l'insécurité alimentaire ?
11. Y a-t-il des activités qui sont source de conflits du fait de votre proximité avec le parc ?
Si oui lesquelles ?
12. Quels sont les conflits récurrents qui surgissent dans la coordination des AVIGREF ?
13. Que pensez-vous des mesures d'accompagnement mises en place par les Autorités de
APN en cas de destruction de vos cultures par les animaux ?
14. Avez-vous des doléances à formuler à l'endroit des Autorités de APN ?

82
QUESTIONNAIRE
Madame, Monsieur, je suis KASSA Souska Antoine, auditeur en Master à l’Université de
Parakou dans le département de Sociologie-Anthropologie option Médiation Sociale et
Facilitation de Développement. Je réalise un mémoire de fin d’études sur les implications de
l’UAVIGREF dans la gestion des conflits des villages riverains autour de la réserve de la
biosphère de la Pendjari. Dans ce cadre, je vous remercie de bien vouloir consacrer quelques
minutes pour répondre au questionnaire ci-joint.
Vos réponses sont anonymes
Vous êtes □ Homme Femme
Votre âge : _______________
Votre profession: ____________________________________________________________
□ Cadre et profession intellectuelle supérieure □ Employé □ Profession libérale □ Agriculteur
exploitant □ Artisan □ commerçant □ Autorité locale
I- Les activités internes à la RBP : sources de revenus et leurs impacts
1- Pouvez-vous nous préciser le lot dans lequel se situe la superficie que vous avez emblavée ces
deux dernières années ?
1.1- la superficie emblavée est supérieure à dix (10) hectares) □
1.2- la superficie emblavée est entre six (6) et dix (10) hectares) □
1.3- la superficie emblavée est inférieure ou égale à cinq (5) hectares). □
2- Parmi la liste des produits suivants lesquels sont pratiqués sur ces emblavures ?
a- le coton □ b- le niébé □ c- le manioc □ d- le sésame □ e- le tabac □ f- le gombo □ g- la
tomate □ h- le piment □ i- le mil □ j- le maïs □ k- le riz □ l- le sorgho □ m- l’igname □n-
l’arachide □ o- le voandzou □ autres □ Lesquels ?
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………
3- Est-ce qu’il y a eu des aménagements qui ont été faits au cours des quatre dernières années ?
oui □ Non □ sans avis □
 Distance aménagée entre 2015-2016…………. Coût de l’Aménagement………………….
 Distance aménagée entre 2016-2017…………. Coût de l’Aménagement………………….
 Distance aménagée entre 2017-2018…………. Coût de l’Aménagement………………….
 Distance aménagée entre 2018-2019………… Coût de l’Aménagement……………………
4- Y a-t-il eu la réfection et/ou construction d’autres infrastructures dans le parc ?

83
Oui □ Non □ sans avis □
Si oui pouvez-vous nous les citer…………………………………………………
II- La chasse sportive : évolution et retombées
1- Y a-t-il eu au cours de ces 5 dernières années une amélioration des prix de la viande de
chasse ? Oui □ Non □ sans avis □
Si oui c’était à combien ……………… Actuellement c’est à combien ……………….
2- Pouvez-vous nous faire le point des espèces animales abattues ces trois dernières années ?
Nombre de buffles abattus en : 2017…………………..2018………….
………..2019……………….
Nombre de cobas abattus en : 2017…………..…..…..2018………………...…
2019……………….
Nombre de bubales abattus en : 2017…………….…..2018……………..….…
2019……………….
Nombre de cob de fassa abattus en : 2017……...…..2018…………..…….…2019………….
……
Nombre d’hippopotames abattus en : 2017………..2018………………….…
2019………………
Nombre de lions abattus en : 2017………………….…..2018………………….…
2019……………….
Nombre d’éléphants abattus en : 2017…………..…...2018……………..….…2019………….
……
Nombre de buffles abattus en : 2017…………...….…..2018……………..….…
2019……………….
3- Pouvez-vous nous citer les activités qui sont interdites d’exercices à l’intérieur du parc ?
Citez les………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………...
4- Quelles sont les différentes infractions fréquentes qui ont été enregistrées ces 4 dernières
années ?

a) Nombre de cas liés au braconnage 2015-2016..….2016-2017…...2017-2018….…2018-


2019……..

84
b) Nombre de cas liés à la transhumance 2015-2016…………….….2016-2017……………....
2017-2018….…..…2018-2019…………………….…
c) Nombre de cas liés à la pêche frauduleuse 2015-2016………..….…….....................
2016-2017…………………..2017-2018………………..2018-2019………………..….….
d) Nombre de cas liés au défrichement 2015-2016………………..2016-2017…………………..
2017-2018……………..………………2018-2019………….……………….…..
e) Nombre de cas liés à la coupe de paille 2015-2016………………...2016-
2017………………....
2017-2018……………………..…2018-2019…………………………...
5- Y-a-t-il eu des sanctions pour les différentes infractions enregistrées au cours des 4 dernières
années ?
a) Nombre de cas d’emprisonnement ferme 2015-2016……………..2016-2017……………..….
2017-2018………………..….2018-2019………………………..…
b) Nombre de cas d’emprisonnement assortis de sursis 2015-2016…….….…...........
2016-2017…..………..2017-2018……………….…2018-2019…………….………
c) Nombre de cas assortis d’amende 2015-2016………………………....2016-
2017………………….
2017-2018…………………………..2018-2019…………………………….………
6- Avez-vous vous des propositions pour une gestion durable des ressources de la faune à
l’endroit des populations riveraines/UAVIGREF/APN Oui □ Non □ sans avis □
Si oui présentez-les…………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………….
…………………………………………………………………………………………………
………………………………..…………………………

Tout en gardant à l’anonymat toutes vos déclarations je vous remercie pour votre riche
contribution à cette recherche.

85
86
TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE..................................................................................................................2

DÉDICACE...................................................................................................................3

REMERCIEMENTS.....................................................................................................4

SIGLES ET ACRONYMES..........................................................................................5

LISTE DES TABLEAUX.............................................................................................7

LISTE DES FIGURES..................................................................................................8

RÉSUMÉ.......................................................................................................................9

ABSTRACT..................................................................................................................9

PREMIEREPARTIE: PRESENTATION DU CADREGENERALETDELA


METHODOLOGIEDELA RECHERCHE..................................................................13

2.2.1. Outils de collecte d'informations secondaires............................................41

2.2.2. Le traitement des données............................................................................42

2.2.3. L'analyse des données...................................................................................42

2.2.4. Limites des données recueillies....................................................................42

DEUXIEME PARTIE:PRESENTATION, ANALYSE DES RESULTATS


DISCUSSIONS ASSORTIES DE SUGGESTIONS...................................................43

3.1. Présentation et analyse des résultats de l'étude.............................................44

3.1.1. Evolution et perspectives des activités internes et externes de la RBP.......44

3.1.1.1. Les activités internes à la RBP : sources de revenus et leurs impacts....44

3.1.1.1.1. La chasse sportive : évolution et retombées............................................47

3.1.1.1.2. La pêche : monopole étranger.....................................................................51

87
3.1.2. Les activités externes à la RBP et leurs impacts...............................................52

3.1.2.1. L'agriculture, source d'alimentation et de revenus des populations...............52

3.1.2.2. Le commerce..................................................................................................54

3.2.1. Intermédiation sociale des AVIGREF et des Autorités communales : les


retombées de la cogestion..........................................................................................55

3.2.1.1. Intermédiation sociale des AVIGREF et leurs retombées........................55

3.2.1.2. Les retombées non financières et leur importance....................................56

3.3.1.1. Les initiatives des acteurs traditionnels de la RBP.........................................58

3.3.1.2. Les collectivités territoriales...........................................................................58

3.3. Vérification des hypothèses de recherche et recommandations..................59

3.3.1. Vérification des hypothèses de recherche.........................................................59

CONCLUSION...........................................................................................................70

BIBLIOGRAPHIE......................................................................................................72

88

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