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implications-philosophiques.org
Introduction :
Positionnement du problème :
Quand je dis ici que parler d’une opposition générale entre énoncés
descriptifs et normatifs constitue une confusion, je ne pense pas
avant tout au simple fait que les règles ont des énoncés (descriptifs)
qui leur correspondent, mais plutôt à ce que signifie ce fait, à savoir,
que ce que décrivent ces énoncés, c’est des actions (et non pas,
par exemple, des mouvements de corps, qu’ils soient animés ou
inanimés). Le fait le plus caractéristique quant aux actions, c’est
qu’elles peuvent – de diverses manières particulières – mal tourner,
qu’elles peuvent être accomplies de façon incorrecte. Cela n’est pas
là, en aucun sens restreint du terme, une affirmation morale,
quoiqu’elle indique la morale de l’activité intelligente. Et elle est
aussi vraie de la description que du calcul, de la promesse, du
complot, de l’avertissement, de l’affirmation ou de la définition…
Voilà des actions que nous accomplissons, et que cette exécution
soit réussie dépend de ce que nous adoptions et suivions les
manières dont l’action en question est faite, dépend donc de ce qui
est normatif pour cette action. Les phrases descriptives ne sont
donc pas opposées aux phrases normatives, mais en réalité les
présupposent : nous ne pourrions faire la chose que nous appelons
décrire si le langage ne fournissait pas (si l’on ne nous avait pas
appris) des manières qui sont normatives pour l’action de décrire
(pp.21-22).
Ce qu’il faut retenir ici, c’est la richesse que recèle l’action, richesse
niée – entre autres – par la conception réductionniste du Cercle de
Vienne pour qui toute action est mouvement physique. Comme le
souligne Austin,
Delphine Dubs
originale de l’article)
[5] Ibid, cf. 1.11. Le monde est déterminé par les faits, et par ceci
qu’ils sont tous les faits ; ou 1.13. Les faits dans l’espace logique
sont le monde.
[7] Cf. 2.18. Ce que toute image, quelle qu’en soit la forme, doit
avoir en commun avec la réalité pour pouvoir proprement la
représenter – correctement ou non – c’est la forme logique, c’est-
à-dire la forme de la réalité ; 3. L’image logique des faits est la
pensée.
[9] Cf. 4.023. La réalité doit être fixée par oui ou par non grâce à la
proposition. Il faut pour cela qu’elle soit complètement décrite par la
proposition. La proposition est une description d’un état de choses.
[25] John Stuart Mill, Système de logique, I, 3, §5, trad. fr. L. Peisse,
Mardaga, 1988, p. 58.
[26] Gilbert Ryle, La Notion d’esprit. Pour une critique des concepts
mentaux, 1949, trad. S. Stern-Gillet, Paris, Payot, 2005,
pp.141-166. Ryle soumet trois arguments pour montrer les
difficultés de cette conception : (1) Pour des actions normales ou
ordinaires, on ne peut attribuer des volitions, parce que personne ne
peut soutenir qu’on décrit notre conduite ordinaire de cette
manière. (2) Rien ne garantit l’effectuation de la volition : le lien
entre volition et mouvement physique est contingent. (3) Sachant
qu’il existe des « actions mentales », comme calculer, on peut se
demander si la volition est elle aussi volontaire ou non. De ce fait,
l’analyse nous conduit à une régression infinie, qui rend intelligible
la notion d’action. C’est pourquoi pour Ryle, le problème de
« volontaire » ne doit pas s’articuler autour du partage entre
physique et mental (ou externe/interne) mais réside dans la
question de savoir si une action doit être précédée d’un « acte de
volonté » pour exister. C’est là une question que traitait déjà
Wittgenstein. Doit-on présupposer un acte de volonté derrière
chaque action ? Si mon bras se lève, c’est que je veux qu’il se lève.
Mon corps obéit à une volition. Mais n’arrive t-il pas que mon bras