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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 22 AVRIL 2014 19

AFRIQUE

L’ANALYSE DE LA SEMAINE
Télécoms. Sur le fil de la croissance
RMA WATANYA-BLIC africaine P. 22

LE MARCHÉ DE LA SEMAINE

LES DÉTAILS Algérie, le statu quo se prolonge

CAHIER DE L’INTÉGRATION
P. 23

DU DEAL Financement. Ces nouvelles sources en


développement P. 24-25

L’INVITÉ
Martin Ziguele. Ex-premier ministre
de la République centrafricaine P. 26

P. 21
20 LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 22 AVRIL 2014

NEWS

Gabon Télécom passe


BILLET à la seconde
La filiale du groupe Maroc Telecom et
opérateur historique au Gabon, Gabon
Telecom, lance un système de tarifica-
tion à la seconde de ses services mo-
Safall Fall biles, commercialisés sous la marque
s.fall@leseco.ma Libertis. Ce système de tarification est
fonctionnel depuis le début de ce
mois d’avril. Les abonnés peuvent dés-
ormais communiquer via le réseau de
Bruits de bottes l’opérateur au prix d’un franc/seconde,
ce qui équivaut à 60 FCFA la minute
(0,125 dollars). L’objectif de cette muta-
L’Afrique réussit au Private Equity

G
arantit-on mieux la tion tarifaire est de «proposer une grille
paix en se préparant à compétitive, renforcer l’image de l’opé- 82 millions de dinars tunisiens
la guerre? Cet adage rateur généreux et accroître le nombre 3,2 MMUSD, cʼest ce que les fonds de capital investissement ont en-
pourrait être le parfait de clients», selon Omer Mabika, le di- Ce
gagémontant correspond
en Afrique en 2013.au résultat
Cela net de la
correspond Banque
à la Attijari
réalisation dede98Tuni-
opé-
argument passe-partout, qui ar- recteur des services de Gabon Télé- sie, la filiale
rations dumême
sur la groupeannée,
marocain Attijariwafa
contre bank, àen
1,6 MMUSD fin2012
mars et
2014.
1,1
rangerait tout le monde, idéal com. À fin 2013, Gabon Télécom affi- Le Produitennet
MMSUD bancaire
2011. (PNB) asont
Ces chiffres quant duàcabinet
lui progressé
dʼauditdeErnest
13% pour
and
pour justifier cette ruée vers les chait la meilleure progression annuelle atteindre
Young (EY), 61,75
quimillions
vient dedepublier
DT. Attijari Tunisieintitulé
un rapport est lʼun des principaux
: «Private Equity
armes. Il est toutefois de plus en de chiffre d’affaires des filiales du contributeurs
Africa Roundup». aux résultats financiers du groupe bancaire marocain à
plus difficilement évocable dans groupe marocain, soit 14,5%, pour fin 2013. La filiale a désormais sa place dans le seceur bancaire de
le contexte actuel qui se caracté- s’établir à quelque 1,4 MMDH sur le ce pays dʼAfrique du Nord.
rise notamment par une contrac- même exercice. Cette performance
tion à l’échelle mondiale des dé- est tirée essentiellement par la forte
penses liées à la défense, pour croissance de l’activité Mobile.
leur réorientation vers des postes, 698 millions de dollars Orange, rentabilité haute
disons… beaucoup plus humai- levés pour l’Afrique en couleurs
nement utiles. Si l’Algérie, pre- Ecobank-Sénégal,
mière de la liste africaine en indicateurs au vert Selon des informations du portail Fi- L’opérateur téléphonique français
termes d’importance du budget nancialafrik.com, le fonds Carlyle a Orange affiche une croissance
consacré à l’armement (plus de Le groupe bancaire panafricain Eco- annoncé avoir levé 698 millions de moyenne annuelle très enviée de 20%
10 milliards de dollars en 2013), bank Transnational Incorporated (ETI) dollars dans le cadre de son nouveau de son chiffre d’affaires en Répu-
peut invoquer la menace terro- ne se plaint pas de sa présence au Sé- Fonds pour l’Afrique subsaharienne, blique démocratique du Congo
riste qui gangrène le Sud de son négal. Les responsables de la filiale dépassant de 40% son objectif initial. (RDC) sur les 20 dernières années.
territoire, le Ghana, quant à lui, ont annoncé en milieu de semaine La Banque africaine de développe- Selon Stéphane Richard, le PDG du
semble beaucoup moins défen- dernière un bénéfice net de 6,48 mil- ment a joué un rôle de chef de file en groupe, cité par le portail d’informa-
dable concernant ses considéra- liards de FCFA (9,9 millions d’euros) en investissant 50 millions de dollars tions spécialisé Ecofin.com, le bilan
bles dépenses en armement (tri- 2013. Cela correspond à une excep- dans le fonds. Pour le président de la de la présence de l’opérateur sur ce
plées entre 2012 et 2013, pour tionnelle amélioration de 157% par BAD, Donald Kaberuka, l’explication marché est «globalement positif.
atteindre 306 millions de dollars), rapport à 2012. «Ce résultat repré- est claire : «L’investissement dans le Nous avons beaucoup gagné en qua-
sachant que le pays ne connaît sente un bénéfice record», a indiqué secteur privé permet au continent de lité et nous avons décidé de nous ins-
actuellement aucune menace le président du conseil d'administra- prendre en charge le financement et taller dans d’autres zones où nous
sécuritaire -touchons du bois. tion d’Ecobank-Sénégal, Gabriel Fall, la gestion de son propre avenir écono- étions absents. C’est une bonne dyna-
L’autre lecture à apporter porte repris par plusieurs presses locales. Le mique». Le Groupe Carlyle est un ges- mique de croissance». Le potentiel
sur cette tendance qui relève PNB du groupe bancaire à également tionnaire d’actifs alternatifs de classe demeure important pour l’opérateur
presque du réflexe, développée progressé de 19%, passant de 27,5 mil- mondiale avec des actifs de près de télécoms sur ce marché qui connaît
au fil des années et des crises mi- liards de FCFA en 2012 à 33 milliards 189 milliards de dollars à la date du 31 encore un très faible taux de pénétra-
litaires par les pays exportateurs de FCFA en 2013. décembre 2013. tion des services de téléphonie.
de pétrole, consistant à s’armer
systématiquement dans une lo-
gique de dissuasion. À croire, au
fond, que l’or noir attire souvent AGENDA
des ennuis aux pays qui en sont
les plus dotés, et l’Afrique ne dé-
roge guère à la règle. Toutefois, il Forum Maroc-Gabon Cartes Afrique 2014
ne faudrait pas se tromper d’en- des affaires Le secteur africain de la monétique et de la fi-
nemi. Les «guerres» d’aujourd’hui L’ambassade de la République Gabonaise à Rabat nance dématérialisée se réunit à Marrakech
sont désormais menées contre le et la Fondation Diplomatique co-organisent le du 24 au 25 avril prochains, pour marquer la
chômage, la pauvreté et la préca- «Forum Maroc-Gabon des affaires» qui se tient les 9e édition de Cartes Afrique. Un évènement ré-
rité des populations les plus vul- 21 et 22 avril. Les thèmes abordés permettront de gional des métiers et technologies de la carte
nérables… c’est là la cause qu'il mieux comprendre les relations économiques et organisé par i-Conférences, en partenariat
faudrait faire nôtre. ● commerciales qui lient le royaume au Gabon. avec Mastercard.
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ACTUALITÉ

RMA Watanya-BLIC

Les détails de la prise de contrôle


gement. «Certains dossiers sont
● Quelques jours après son introduction dans le capital de BLIC, l’assureur à l’étude et d’autres en cours de
du groupe FinanceCom s’arrête sur sa stratégie de prise de contrôle progressive finalisation en vue de suivre les
de la compagnie subsaharienne. procédures usuelles de de-
mandes d’agréments auprès

L
entement mais sûre-
ment, c’est le credo sur
lequel semble se fonder
toute la stratégie de
L’objectif est
croissance à l’international de d’assurer, à l’horizon
RMA Watanya, notamment dans 2020, une
les marchés du continent. Le
groupe vient de nouer un impor-
implantation dans
tant partenariat avec BLIC, pré- près d’une dizaine
voyant une première prise de de pays.
participation à 45% du capital de
cette dernière, et une montée
progressive qui sera, selon le top des autorités locales et régio-
management, «un ajustement nales compétentes», complète
technique et mécanique» en la même source.
fonction des développements et
des projets prévus. Les responsa- Diversification
bles de la compagnie se mon- Pour le moment, la compagnie
trent en revanche beaucoup plus compte bien profiter de son par-
discrets quant aux échéances tenariat avec BLIC pour faire ses
qu’ils se sont fixées pour la prise premiers pas sur les marchés
de contrôle de BLIC. Tout cela CEMAC et UEMOA. Dans le dé-
ressemble, de fait, à du «wait and dial avec près de 72 milliards de justement ce contexte fort favo- tail, BLIC opère sur plusieurs mar-
see». En effet, si le groupe Finan- dollars de volume d’affaires. rable qui a poussé le groupe à chés à potentiels du continent.
ceCom est dans une logique se donner des ambitions pana- Au Cameroun par exemple, Be-
consacrée de croissance rapide Potentiels fricanistes. L’objectif est d’assu- neficial Life Insurance Cameroon
et agressive de ses activités ban- Dans une logique de verre à rer, à l’horizon 2020, une implan- opère sur le segment de la Vie de
caires dans le continent, ses en- moitié plein, ce faible dévelop- tation dans près d’une dizaine droit camerounais, avec Benefi-
vies d’expansion semblent beau- pement du marché continental de pays via des acquisitions ou cial General Insurance Came-
coup moins euphoriques -voire des assurances laisse pourtant des opérations en greenfield. La roon (BGI Cameroon), qui déve-
prudentes- sur le créneau africain entrevoir un important potentiel compagnie compte s’appuyer loppe les activités Non Vie de la
des assurances. Le groupe veut de développement. Le taux an- sur le réseau bancaire et les maison mère. En Côte d’Ivoire,
maîtriser le maximum de risques nuel moyen de croissance de ce contacts locaux du groupe pour c’est Belife Côte d’Ivoire qui opère
à ce propos, sachant, en effet, marché est de 9% sur les dix mettre en œuvre cette stratégie. en tant que compagnie Vie de
que le marché continental des dernières années, là où le sec- «Nous avançons dans la mise en droit ivoirien, et Beneficial Life In-
assurances ne pèse, pour le mo- teur, à l’échelle mondiale, tour- œuvre de notre stratégie», as- surance Togo (BLI Togo) couvre
ment, que 1,5% du marché mon- nait à un rythme de 4,4%. C’est sure un membre du top mana- le marché togolais. ●
22 LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 22 AVRIL 2014

ANALYSE DE LA SEMAINE

Télécoms parmi les filiales subsahariennes


du groupe. La variation, en com-
paraison avec l’exercice 2012,

Sur le fil de la croissance


frôle en effet la barre des 10%,
pour s’établir à un chiffre d’af-
faires de 2,6 MMDH à fin 2013. Le
segment du mobile s’accapare

africaine une bonne partie de ces perfor-


mances avec quelque 2,2 MMDH
de chiffre d’affaires. Cette crois-
sance, même positive, a toute-
● Le marché continental est de plus en plus mature aux investissements. fois été beaucoup moins dyna-
Maroc Telecom, le premier investisseur marocain du secteur, renforce mique qu’au Gabon avec 11,1%
son dispositif infrastructurel. Les performances réalisées sur les marchés par rapport à une année aupara-
subsahariens confortent ce choix. vant. Gabon Telecom, justement,
affiche la meilleure progression
annuelle du chiffre d’affaires des

L
e miracle africain des té- filiales du groupe marocain, soit
lécoms se produira-il? 14,5%, pour s’établir à quelque 1,4
Au moment même où le MMDH sur le même exercice.
cabinet d’audit Deloitte
avance que le marché subsaha-
rien du haut débit mobile et fixe Gabon Telecom
devrait croître de plus de 25% en
2014, Maroc Telecom, qui est
affiche la meilleure
encore pour le moment le pre- progression annuelle
mier investisseur marocain du du chiffre d’affaires
secteur à avoir misé sur le conti-
nent, confirme cette donne à
des filiales du groupe
travers les résultats de ses fi- marocain.
liales dans la région. Présent au-
jourd’hui en Mauritanie, au
Gabon, au Burkina Faso et au Cette performance est essentiel-
Mali, IAM est en train d’opérer lement tirée par la forte crois-
une montée en gamme infra- sance de l’activité Mobile dont le
structurelle de son réseau, avec revenu des services progresse
l’inauguration d’un nouveau de 28,5%. Au Burkina Faso, Ona-
câble de fibres optiques dans tel a terminé le dernier exercice
ce dernier pays. D’une longueur avec un chiffre d’affaires de 2,2
de 1.064 km, le projet a été fi- MMDH, en hausse de 7%. Là
nancé par Sotelma, la filiale lo- tallation et un investissement de IAM. Les activités du groupe aussi, les performances sont im-
cale du groupe Maroc Telecom, 13 milliards de francs CFA. Le dans la région ont marqué une pulsées par la croissance soute-
à hauteur de 4 milliards de principal objectif recherché par progression de 9,5% à fin 2013 de nue des services Mobile dont le
francs CFA, soit près de 6 mil- le groupe marocain est de ré- leur chiffre d’affaires par rapport chiffre d’affaires progresse de 9%
lions d’euros. Les travaux de réa- pondre à la forte croissance des à l’exercice 2012, pour atteindre grâce à la croissance du parc
lisation se sont étalés sur une besoins en haut débit de la quelque 7,7 MMDH. Le marché (+19,9%). Chez Mauritel, la filiale
période de onze mois. «L’objectif bande passante internationale. malien reste un grand contribu- mauritanienne du groupe Maroc
est de contribuer à l’amélioration teur aux résultats de Maroc Tele- Telecom, les responsables affi-
de la connectivité des pays de la Performances com. À fin 2013, SOTELMA affi- chent un chiffre d’affaires de 1,4
région et à la sécurisation du tra- Côté chiffres, les investissements chait la deuxième meilleure MMDH, en amélioration annuelle
fic des télécommunications», subsahariens rapportent gros à progression de chiffre d’affaires de 7,4%. ●
selon le président du directoire
de Maroc Telecom, Abdeslam
Ahizoune. Ce projet fait partie Les pays qui font le marché
intégrante -et complémentaire-
du programme international
«Trans Africain» de déploiement Les marchés télécoms de la RDC, du Cameroun, du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal ainsi que celui de la Côte d'Ivoire
de fibres optiques lancé par le présenteront les croissances les plus importantes en Afrique francophone pour l'année en cours, selon un récent rap-
groupe marocain. Il devrait per- port du cabinet Deloitte. La même source indique aussi que le marché du haut débit mobile et fixe prévoit une crois-
mettre de relier le Maroc, la sance de plus de 25% en 2014 en Afrique subsaharienne, accélérant la mutation des usages des services «Voix» vers
Mauritanie, le Mali, le Burkina les services «Données». Le marché des solutions télécoms pour les entreprises en Afrique francophone sera, en 2014,
Faso et le Niger sur 5.698 km de la cible de la majorité des opérateurs et intégrateurs télécoms de la région, notamment dans les marchés atteignant
fibres optiques. L’exécution de des niveaux de pénétration des télécoms élevés tel qu'en Afrique du Nord. Avec une croissance PIB du continent afri-
cet important programme a né- cain qui est la 2e plus importante au monde après l'Asie, doublée de l'émergence d'une classe moyenne estimée à
cessité 24 mois de travaux d’ins- plus de 100 millions de personnes d'ici 2020, le cabinet est bien optimiste quant aux perspectives du secteur.
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EN PARTENARIAT AVEC
LE MARCHÉ DE LA SEMAINE

ÉVOLUTION DES ÉCHANGES COMMERCIAUX ENTRE LE MAROC ET L’ALGÉRIE (EN MILLIERS DE DH) FICHE PAYS
ALGÉRIE
2009 2010 2011 2012 ÉVOL.MOY.09/12 JAN. DÉC.13 JAN. DÉC.13 ÉVOL.13/12

Taille
Importations 5771900 7054697 8687116 9720202 19,09% 9720202 10914430 12,29% 38,8 millions de consommateurs
Part dans les importations globales (%) 2 2 2 3 - 3 3 - potentiels
Exportations 1060758 1163089 1898898 1970886 25,57% 1970886 1736356 -11,9% Monnaie
Part dans les exportations globales (%) 1 1 1 1 - 1 1 - Dinar algérien
Solde -4711142 -5891608 -6788218 -7749316 18,14% -7749316 -9178074 18,44%
PIB
SOURCE : OFFICE DES CHANGES 215,7 milliards de dollars

Croissance PIB
3,1 en 2013, 3,8% en 2014
(prévisions)

Algérie, le statu quo se prolonge Région économique


Union du Maghreb Arabe (UMA)

Doing Business 2013 :


153e mondial sur 189 pays
● Le pays devrait voir sa croissance s’améliorer légèrement en 2014 pour atteindre 3,6%. (151e au DB 2013)
La consommation intérieure et les exportations des hydrocarbures sont les principaux
supports de la dynamique économique.

A
u moment où l’indébou- mise le tout sur le progrès infra- l’investissement privé, sont égale- lation des recettes, puissent fi-
lonnable Bouteflika structurel : renforcement de l’offre ment parmi les facteurs dopant nancer le déficit budgétaire de
s’embarque pour un immobilière, routes et voies fer- cette consommation. l’État sous bonne maîtrise. Les au-
quatrième mandat pré- rées. La forte consommation inté- torités du pays misent beaucoup
sidentiel, les perspectives écono- rieure est également un des piliers Or noir sur une gestion empreinte de
miques pour l’Algérie sont parta- soutenant la dynamique écono- Le pays demeure toutefois en- beaucoup de prudence, à travers
gées entre espoirs et incertitudes. mique du pays. Elle est principale- core largement dépendant de la rationalisation escomptée des
Pour l’année en cours, la dyna- ment «impulsée par une hausse ses exportations d’hydrocar- dépenses courantes et la hausse
mique économique du pays est toujours soutenue des salaires du bures, qui pèsent pas moins de des recettes hors hydrocarbures.
un peu plus enthousiasmante que secteur public et le subventionne- 70% des recettes publiques et «Le déficit budgétaire devrait di-
l’état de santé de son chef d’État. ment des produits de base». Une 95% des recettes en devises. minuer de nouveau en 2014, et le
Pour 2014, la croissance devrait inflation maîtrisée, un assouplisse- Assez, en tout cas, pour que les pays bénéficie d’un faible endette-
ainsi légèrement s’améliorer pour ment attendu des conditions d’ac- revenus des hydrocarbures, mis ment public», selon les conclu-
atteindre 3,6%, contre 3,1% en 2013 cès au crédit, le renforcement de en réserve dans le Fonds de régu- sions des experts de Coface. ●
et 2,9 en 2012, selon les données
du groupe Coface. Les effets né-
fastes de l’attaque terroriste qu’a Risque pays
connue le pays dans une de ses
installations gazières du pays, en
début d’année dernière, ne sem- Défis d'ordres politique, social, sécuritaire et économique : Abdelaziz Bouteflika vient de remporter un quatrième
blent finalement que conjonctu- mandat et compte maintenir son leadership sur les affaires du pays, même si son état de santé demeure instable.
rels. Cette année, la dynamique du Au regard des soulèvements intervenus début 2011 dans d'autres pays arabes, le pouvoir a pris des mesures desti-
pays devrait rester rigoureuse nées à lutter contre le chômage des jeunes et à augmenter les logements sociaux, afin de désamorcer la contesta-
grâce à «l’augmentation modérée tion politique et sociale. Dans ce contexte, les élections législatives de mai 2012 n’ont pas conduit à la prééminence
de la production d’hydrocarbures de partis islamistes, la coalition nationaliste au pouvoir, composée principalement du FLN et du RND, ayant conservé
et au programme d’investisse- la majorité. Si la situation sécuritaire s’est relativement améliorée, l’activisme de groupes islamistes radicaux s’est
ments publics couvrant la période intensifié aux frontières du sud du pays, comme l’illustre l’attaque terroriste, mi-janvier 2013, de l’important site ga-
2010-2014. Le gouvernement zier d’In Amenas. Cela accroît donc la prudence de certaines firmes étrangères.

Retrouvez tous les jeudis


la nouvelle formule en 10 pages
de notre cahier

PME
24 LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 22 AVRIL 2014

CAHIERS DE L’INTÉGRATION

Financement de sources externes est la vente


d’obligations à la diaspora, ainsi que
les transferts de fonds des travail-

Ces nouvelles «sources» leurs émigrés et les obligations sou-


veraines telles que les euro-obliga-
tions. «On estime que près de 140

en développement millions d’Africains de la diaspora


envoient jusqu’à 53 milliards de dol-
lars/an à leur pays d’origine». Par ail-
leurs, l’Éthiopie a été le premier
● En pleine dynamique de croissance, le continent a une grande soif de ressources financières pays africain à émettre une obliga-
tion destinée à la diaspora pour fi-
pour soutenir ses progrès économiques. En plus des sources classiques de financement, les nancer son projet appelé «Renais-
économies africaines ont de plus en plus recours à de nouveaux instruments. Si certains sont sance dam» en 2011. D’autres pays
déjà assez exploités, d’autres demeurent encore très peu répandus. ont suivi le pas. C’est le cas du Cap-
Vert, du Ghana et du Kenya. «Toute-
1Les fonds souverains DÉFICIT DE FINANCEMENT INTÉRIEUR DE L’AFRIQUE, 2007–2011 (PIB EN %) fois, pour que cette opération soit
La méthode est citée parmi les 30 couronnée de succès, il faut des
nouveaux instruments de finance- mécanismes institutionnels pour
ment de la croissance africaine. Au- 25 générer les revenus escomptés
jourd’hui, seuls 10 pays africains dis- 20 pour un projet de développement

SOURCE : UNECA
posent de fonds souverains. Le ■ Épargne donné, et confier au secteur privé
15 ■ Investissement
Nigeria figure parmi les dernières ■ Décit en ressources un rôle institutionnalisé. Les sorties
économies à s’en être doté. Selon le 10 à l’international, sous forme d’em-
rapport de l’UNECA, les sociétés de 5 prunts, sont également de plus
gestion de fonds souverains et les plus utilisées. Selon l’UNECA, en fé-
fonds souverains servant à financer 0 vrier 2013, 10 pays africains avaient
le développement stratégique -5 amassé un total de 8,1 milliards de
pourraient servir au financement 2007 2008 2009 2010 2011 dollars suite à des opérations
de projets nationaux et régionaux. d’émission d’obligations souve-
Cela pourrait être le cas, par exem- étrangers est une condition néces- ment s’est fortement développée raines. Quelques économies
ple, dans le cadre du Programme saire pour libérer des investisse- depuis 2007, avec un marché éva- d’Afrique de l’Est comme le Kenya,
de développement des infrastruc- ments productifs, selon le rapport lué entre 25 et 30 milliards de dol- la Tanzanie et l’Ouganda devraient
tures en Afrique (PIDA). de l’UNECA. lars en 2013. Le Kenya, le Nigeria et prochainement émettre des euro-
l’Afrique du Sud en étaient les prin- obligations.
2Les fonds de pension 3Les plans d’épargne des cipaux bénéficiaires. Bien que l’IDE,
Ce sont des sources de finance- compagnies d’assurance par le biais du capital investisse- 6 Partenariats PP
ment potentiellement porteuses En dépit d’un faible développe- ment, ait progressé dans le conti- C’est l’un des mécanismes inno-
pour les économies africaines. Ces ment, le secteur des assurances nent, l’Afrique n’attire encore vants de partage de risques.
fonds sont surtout adaptés au fi- pourrait constituer une nouvelle al- qu’une faible part des fonds mon- ●●● L’UNECA observe toutefois que les
nancement de projets de dévelop- ternative pour le financement de la diaux de placement, selon le rap- partenariats public/privé (PPP)
pement qui ont du mal à attirer des croissance africaine. Les écono- port de l’UNECA. En 2011, les fonds En 2011, «restent encore trop largement
les fonds
financements à long terme. Côté mistes de l’UNECA pensent que le de capital-investissement étaient de capital- inexploités». Le système PPP établit
état des lieux, «le marché africain secteur a les possibilités de fournir encore relativement peu impor- investissement un mécanisme de partage des
des fonds de pension est encore des capitaux pour des projets à tants et concentrés dans quelques étaient encore risques dans le cadre duquel un
très peu développé, principalement long terme, dans la mesure où la économies africaines. Il s’agit de relativement contrat juridique assigne la respon-
peu importants
constitué par des régimes détenus croissance du secteur a dépassé l’Afrique du Sud, (53%), de l’Égypte, et concentrés sabilité de la prestation d’un ser-
par l’État», constatent les experts de celle de la croissance économique des Îles Maurice, le Maroc (8%) et dans quelques vice public à une entité privée,
l’UNECA. «Seulement 7% de ces ré- du continent entre 2000 et 2011, du Nigeria (5%). Sous une ap- économies comme l’explique la même source.
gimes sont gérés par le secteur lorsque les primes ont atteint 8,8 proche sectorielle, les industries africaines. Dans les pays en développement,
Il s’agit de
privé, contre 16% dans le monde milliards de dollars. De plus, les extractives, l’infrastructure et l’éner- l’Afrique du la participation du secteur privé
entier», poursuivent-ils. L’Afrique du primes d’assurance pourraient dé- gie sont les secteurs les plus inves- Sud, (53%), de dans des investissements dans le
Sud, les Îles Maurice, le Kenya et le passer les 16 milliards de dollars tis par le private equity. Les indus- l’Égypte, des secteur des infrastructures a pro-
Botswana sont, pour le moment, d’ici 2017 et les 25 milliards de dol- tries extractives à elles seules Îles Maurice, le gressé de 30 milliards de dollars en
Maroc (8%) et
les pays qui ont le plus recours aux lars en 2022. Le développement représentent près de 46% de du Nigeria (5%). 1995 à 140 milliards de dollars en
fonds de pension. Le secteur n’est rapide de la classe moyenne et toutes les fusions et acquisitions 2008/2009. En Afrique, l’engage-
toutefois pas sans risques. Le sous- l’émergence de produits innovants transfrontalières par des sociétés ment du secteur privé dans les
développement des marchés des de micro-assurance aux particu- de capital-investissement en projets de développement infra-
capitaux et l’absence de réglemen- liers et entreprises à faible revenu Afrique depuis 2009, selon le rap- structurels reste encore limité.
tation en Afrique constituent des devraient assurer la croissance du port de l’organisme panafricain. «Des signes encourageants de PPP
facteurs peu fiables pour le secteur. marché continental. apparaissent, toutefois, dans des
L’amélioration du cadre réglemen- 5Diaspora, envois de fonds secteurs productifs tels que le cor-
taire et de celui de l’investissement 4Le private equity et obligations souveraines ridor agricole en Tanzanie», in-
pour les capitaux nationaux et L’industrie du capital-investisse- L’une des stratégies de mobilisation dique-t-on dans le rapport. ●
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 22 AVRIL 2014 25

CAHIERS DE L’INTÉGRATION

... Et celles en perte de vitesse


● Avec un déficit de financement estimé à environ 6% du PIB en 2011, le continent a bien intérêt à mobiliser toutes
les ressources qui lui sont possibles. Dans un contexte de resserrement des budgets publics et de la difficile conjoncture
économique, les traditionnelles sources de financement perdent progressivement de leur attrait.

DETTE EXTÉRIEURE, PAR DOTATION EN RESSOURCES ET PAR SOUS-RÉGION, 2010–2014 (PIB EN %) nancement de l’économie afri-
caine. Ces envois sont estimés à
Pays exportateurs Pays importateurs Afrique Afrique Afrique Afrique Afrique quelque 62,5 milliards de dollars
de pétrole de pétrole centrale de l’Est du Nord Australe de l’Ouest en 2012, contre seulement 13,5
100 milliards de dollars en 2001. «Avec
12,4% de frais par transaction en
- 2012, l’Afrique demeure la région
80

60 Les économies afri-


caines ont multiplié
les recours à l’em-

SOURCE : UNECA
40
prunt extérieur pour
20
financer les investis-
sements intérieurs.
0
2010 - 2014 2010 - 2014 2010 - 2014 2010 - 2014 2010 - 2014 2010 - 2014 2010 - 2014

où l’envoi de fonds est le plus cher.


Si ce coût peut être ramené à envi-
ron 5%, les expéditeurs pourraient
économiser, annuellement, envi-

S
i les économies afri- exemples sont nombreux. C’est le lement parmi ces mécanismes sur ron 4 milliards de dollars». Les éco-
caines se montrent de cas des IDE axés sur la recherche lesquels plane la menace de la nomies africaines ont également
plus en plus ouvertes à de marchés, en l’occurrence ceux crise et des resserrements budgé- multiplié les recours à l’emprunt
de nouvelles alternatives opérés dans les secteurs de l’auto- taires. Pourtant, les APD à destina- extérieur pour financer les investis-
en termes de mécanismes et mobile en Afrique du Sud, du cuir tion du continent ont progressé sements intérieurs, en particulier
d’instrument de financement de en Éthiopie, ainsi que de l’industrie de 51,3 milliards de dollars en 2011 dans l’infrastructure, ce qui a porté
leur développement, certaines des produits pharmaceutiques et à quelque 56 milliards de dollars la dette extérieure en pourcentage
ressources demeurent domi- des services dans certaines éco- en 2012, nonobstant une conjonc- du PIB de 22,7% en 2010 à 24% en
nantes. Les investissements di- nomies d’Afrique de l’Est. Par ail- ture économique peu favorable 2013. «L’Afrique de l’Est et l’Afrique
rects étrangers (IDE) destinés au leurs, les investisseurs étrangers en Europe et dans le monde. En australe ont les ratios dette PIB les
continent, par exemple, n’ont en provenance des BRICS et d’au- répartition sectorielle, «une bonne plus élevés (31,8% et 33,5% en 2013
cessé de progresser durant les tres économies émergentes ont partie des APD à destination de respectivement)». D’autres pays du
dernières années. Ils sont passés commencé à explorer le potentiel l’Afrique (40% des engagements continent ont également vu leur
de 20 milliards de dollars en 2001 du secteur manufacturier de en 2011) était destinée à l’infrastruc- dette considérablement augmen-
à 50 milliards de dollars en 2012. l’Afrique, comme le constatent les ture sociale (santé et éducation), ter au cours des quatre dernières
«Bien que de tels apports soient experts de l’UNECA. contre seulement 2% pour l’indus- années. C’est le cas du Ghana, du
concentrés dans les industries ex- trie, le secteur minier et la Nigeria, de l’Angola, de l’Afrique du
tractives, il y a un nombre crois- Aide et transfert de fonds construction». Quant aux envois Sud, du Maroc, du Soudan, de
sant d’exemples de réussite d’in- Parmi les dispositifs de finance- de fonds des travailleurs émigrés, l’Égypte, ainsi que du Kenya et de
vestissements orientés vers des ment extérieur, l’Aide publique au ils sont devenus depuis 2010 la l’Éthiopie, dans la corne de
secteurs jadis peu investis. Les développement (APD) figure éga- première source extérieure de fi- l’Afrique. ●

Le dilemme du «fisc»

Pour le moment, les recettes fiscales demeurent la plus grande source extérieure de financement de l’économie africaine. Toutefois, le rapport de
l’UNECA précise que «les impôts recouvrés en tant que part du PIB n’ont augmenté que de façon marginale, passant de 26,6% en 2009 à 27% en
2011». La situation est plus accentuée dans certains pays où le taux d’imposition ne dépasse guère les 10%. C’est notamment le cas de l’Éthiopie,
du Liberia, du Nigeria, de la République centrafricaine, de la RDC ainsi que du Soudan. «Les défis que posent l’élargissement et l’exploitation de
l’assiette de l’impôt sont toujours omniprésents dans la plupart des économies africaines», pensent les économistes de l’institution africaine. Par
ailleurs, dans la mesure où l’amélioration du recouvrement des impôts devrait être un objectif majeur de la fiscalité, les gouvernements africains
doivent également privilégier une utilisation plus efficace des recettes générées sur le plan tant intérieur qu’extérieur.
26 LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 22 AVRIL 2014

L’INTERVIEW

MARTIN
bonne gouvernance et de la dé-

ZIGUELE mocratie constructive. Il nous faut,


aujourd’hui, dépasser ce constat
d’échec. Il faudrait que nos poli-
tiques aient le courage de prendre
Diplomate, chef de parti, ex-Premier ministre le taureau par les cornes et de
de la République centrafricaine mettre en place des mécanismes
et institutions pour lutter contre la
récurrence des situations de
conflit dans le continent.

La gouvernance aura
son rôle à jouer…
Il faut tout juste promouvoir la
bonne gouvernance et mettre en
place les environnements favora-
bles à la promotion de nos atouts.
Nous sommes un continent
jeune, et qui dispose de beau-
coup de potentiels humains. Il
faudrait que nous capitalisions
sur ces acquis. Il faudrait égale-

«L’instabilité n’est pas dans ment que nous mettions en


place les infrastructures qui per-
mettront une bonne circulation

l’ADN de l’Afrique» des personnes et des biens dans


l’espace continental. Je reste na-
turellement optimiste. Je pense
que le continent a son rôle à jouer
Les ÉCO : Votre pays est en si- jourd'hui dans mon pays, par aux investisseurs et organismes fi- dans le nouvel ordre mondial. La
tuation de crise assez pronon- exemple, et dans d’autres théâtres nanceurs de l’économie du conti- deuxième moitié de ce siècle
cée. L’instabilité, un mal incu- de conflits dans le continent, sont nent. L’Afrique a une image à cul- sera africaine. Tous les observa-
rable en Afrique ? bien malheureuses. Nous de- tiver et à sauvegarder comme
Martin Ziguele : Je ne pense pas vrions nous mobiliser et nous or- destination de choix pour les flux
nous puissions dire cela. Toutes les ganiser, de façon objective et dé- d’investissements. Les politiques
régions du monde, dont certaines terminée à renforcer les capacités africains ont désormais la respon- «Le conflit
sont aujourd’hui parmi les plus
avancées, ont connu des périodes
des structures régionales et sous-
régionales, afin d’œuvrer dans
sabilité de gouverner de sorte à
atteindre cet objectif. Le conflit est
est généralement
de conflits, d’incertitudes et d’in- une logique de prévention antici- généralement l’échec d’une poli- l’échec d’une
stabilités, qu’elles soient politiques, pée des conflits. Le continent doit tique de gouvernance. C’est politique
militaires ou économiques. Si nous
appliquons la même logique au
maîtriser son attractivité et rassu-
rer le monde économique…
l’aboutissement d’un échec poli-
tique et économique qui a engen-
de gouvernance».
continent, je pense que ces crises dré une mauvaise répartition des
répétitives et récurrentes disparaî- Sachant que ces conflits ont richesses, l’accentuation du chô-
tront progressivement pour laisser d’importants coûts écono- mage et de la pauvreté chro- teurs s’accordent sur cette vision.
la place à un autre type de conflits, miques… nique. En Afrique, cela se vérifie Cette opportunité doit être saisie
beaucoup plus sains: la course au Absolument, il est certain que la totalement. Lorsque nous en arri- par les politiques afin d’insuffler
développement économique, à la multiplication des foyers de ten- vons à l’instabilité, c‘est parce une nouvelle dynamique à leurs
compétitivité économique, à la sion envoie des signaux négatifs nous avons raté le virage de la pays respectifs. ●
croissance de PIB, ainsi qu’à la meil-
leure attractivité économique. L’in-
stabilité politique n’est pas généti- Le prix de l’instabilité
quement présente dans l’histoire
de l’Afrique.
Le climat d’insécurité a fortement pesé sur les évolutions économiques de la République centrafricaine. La croissance
Elle pèse tout de même sur le à 3,1% en 2012 a été moins forte que prévu (4,2%), et les perspectives économiques pour 2013 et 2014 se sont détério-
décollage du continent… rées pour devenir très incertaines depuis les attaques rebelles de décembre 2012, qui ont conduit à la chute du régime
Le développement d’un pays, de François Bozizé. En effet, nonobstant la signature des Accords de sortie de crise de Libreville le 11 janvier 2013 et la
d’une région ou d’un continent se formation d’un gouvernement d’union nationale, les rebelles de Seleka ont mené le 22 mars 2013 une offensive sur
fait en plusieurs phases, qu’elles Bangui, la capitale. Le chef rebelle, Michel Djotodia, s’est autoproclamé président de la République, tandis que l’ex-pré-
soient politiques ou socio-écono- sident François Bozizé a été poussé à l’exil. Il s’en est suivi des troubles interreligieux marqués par des exactions, pillages
miques. Il est certain que les vio- et destructions de biens publics, qui ont fini par mettre l’économie du pays à genou. Cette situation a provoqué l’inter-
lences que nous observons au- vention militaire de la France (Opération Sangaris), des Forces de l’Union africaine, et bientôt, de l’Union européenne.
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 22 AVRIL 2014 27

VUE DU CAMEROUN

BILLET Le Cameroun ouvre son


Thierry Ekouti,
4e aéroport international
Dir.pub-Le Quotidien de
l’Économie (Cameroun) ● Depuis mercredi dernier, l’aéroport Maroua est habilité à assurer les vols internationaux.
La première compagnie aérienne à en bénéficier pourrait bien être Turkish Airlines.

Protéger la loi
L’
aéroport de Maroua-Salak,
fondamentale dans l’Extrême-Nord du Ca-
meroun, va désormais assu-
rer des vols internationaux.

P
lus les années passent, Cette nouvelle est tombée le mercredi
plus la démocratie se 16 avril dernier à la faveur d’un arrêté du
désagrège en Afrique ministre des Transports, Robert Nkili.
noire. Au Burkina Faso, Dans cette communication, ce dernier
c’est connu, le mandat du prési- précise néanmoins que «l’ouverture au
dent Blaise Compaoré, arrivera à trafic intercontinental sera constatée
son terme en 2015. Néanmoins, par un texte particulier à l’issue des opé-
l’on sait que ce dernier nourrit se- rations de mise aux normes» de cette
crètement l’intention de faire sau- plateforme. En attendant, apprend-on
ter la disposition constitutionnelle des cadres de ce département ministé-
qui lui interdit de se représenter. En riel s’exprimant sur la radio nationale, le
RDC, la même volonté anime le tout nouvel aéroport international va as-
président Joseph Kabila, dont le surer des vols en provenance ou en di-
mandat actuel s’achève en 2016 et rection des pays d’Afrique centrale.
la loi fondamentale ne lui permet Situé dans la partie septentrionale du
● Le nouvel aéroport va assurer des vols en provenance ou en direction des pays d’Afrique centrale.
par de rempiler. Certes, ces deux Cameroun, non loin des frontières du
présidents n’ont pas encore claire- Nigeria et du Tchad, l’aéroport de Ma-
ment exprimé les intentions que roua-Salak, avec sa piste de 2.100 m de à en croire le service de communica- tique, l’ouverture de l’aéroport de Ma-
l’on leur prête dans les médias, long, était jusque-là un aérodrome de tion de l’Autorité aéronautique, «il est roua au trafic international répond aussi
mais la démarche est classique. catégorie B n’assurant que des liaisons prévu d'allonger la piste de Maroua qui à la demande de certaines compa-
Des associations qui leur sont ac- domestiques. Selon les statistiques de mesure actuellement 2.100 m pour la gnies étrangères qui ont «maintes fois»
quises ou des militants de leur parti l’Autorité aéronautique du Cameroun, il porter à 2.800 m afin qu’elle puisse ac- exprimé leur désir de desservir le Nord
politique respectif font soudain des a enregistré 130 mouvements d’avions cueillir des avions de type Boeing 747 du Cameroun. Parmi ces compagnies,
sorties pour insinuer que la majo- en 2012 pour un total de 11.569 passa- ou Airbus A340». Commentant ces l’on cite Turkish Airlines qui assure, de-
rité de la population souhaite qu’ils gers pour 15,5 tonnes de fret, ce qui re- travaux en mars 2014 lors d’un atelier à puis décembre 2012, des liaisons di-
soient reconduits à la tête de leur présente à peine 1% de l’ensemble du Douala, André Paulin Ndongo, haut rectes entre le Cameroun et la Turquie,
État, moyennant un amendement trafic fret et passagers pour les aéro- cadre de l’Autorité aéronautique du Ca- pays déterminé à développer davan-
de la Constitution. En général, ports camerounais. Pour autant, la mu- meroun, indiquait déjà que «l’aéroport tage ses échanges avec le Cameroun.
lorsque les dirigeants sont enga- tation de cet aéroport n’est pas une sur- Entre-temps, il y a d’ailleurs eu un
gés dans cette voie de la modifica- prise. Elle vient confirmer ce que l’on jumelage entre Maroua et Kayseri,
tion constitutionnelle, plus rien ne subodorait depuis un certain temps, ville natale du président turc, Ab-
peut les arrêter. Ni le bon sens, ni compte tenu des travaux qui y ont été
En mars 2013, dullah Gül. Il y a eu aussi un forum
l’intérêt de la nation, ni l’opposition effectués et des équipements dont il a l’Autorité économique turc dans la ville de
de la majorité des populations. On été doté ces derniers temps. C’est ainsi aéronautique a fourni Maroua en avril 2013. Avec Ma-
l’a vu par le passé au Cameroun,
au Gabon, au Tchad, etc. Cette
qu’en 2007, son unique piste d’atterris-
sage a été entièrement refaite et un ba-
à cette plateforme roua-Salak, le Cameroun compte
désormais quatre aéroports inter-
vulnérabilité des constitutions des lisage lumineux été installé pour per- deux véhicules nationaux (Douala, Yaoundé, Ga-
pays d’Afrique traduit sans aucun mettre les atterrissages et les incendie. roua). Cette dernière ville, située à
doute le peu de respect qu’accor- décollages de jour comme de nuit. En 210 km au sud de Maroua, déte-
dent les dirigeants à l’expression mars 2013, l’Autorité aéronautique a nait en 2012 seulement 4% du tra-
«loi fondamentale». De quoi se de- même fourni à cette plateforme deux de Maroua va s’inscrire dans une pers- fic passagers au Cameroun qui était de
mander s’il ne faut pas que le légis- véhicules incendie de moyenne puis- pective sous-régionale», avant de 1.044.534 passagers au total, avec la
lateur dans chaque pays envisage sance. L’on apprend qu’un ensemble conclure: «De surcroît, cette ville est à première place pour Douala (66%) et la
un mécanisme pour protéger la d’autres équipements sont en cours un jet de pierre de Ndjamena au Tchad, deuxième place pour Yaoundé (29%).
Constitution afin de sauver la dé- d’installation ou en projet pour permet- donc la plupart de nos voisins utiliseront En 2013, cette fréquentation est passée
mocratie sur le continent. Par tre les mouvements des aéronefs en cette plateforme comme aéroport de à 1.119.150 passagers. ●
exemple, fixer une durée pendant toute sécurité, à l’instar de la réhabilita- transit vers leur pays». Toutefois, à en PAR JULIEN CHONGWANG
laquelle la Constitution ne peut tion de sa centrale électrique qui devra croire Joël Wadem, responsable de la Le Quotidien de l’Économie –
pas être modifiée… ● avoir une puissance de 500 KVA. Enfin, communication de l’Autorité aéronau- Douala – Cameroun

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