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Hobbes ou les fondements incertains de la théorie économique à propos du


livre de Pierre Dockès
par Jean CARTELIER

| Éditions L’Harmattan | Cahiers d’économie politique

2009/1 - N° 56
ISSN 0154-8344 | ISBN 9782296086289 | pages 167 à 178

Pour citer cet article :


— Cartelier<renvoi id="re2no2" idref="no2" typeref="note">2 J., Hobbes ou les fondements incertains de la théorie
économique à propos du livre de Pierre Dockès, Cahiers d’économie politique 2009/1, N° 56, p. 167-178.

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HOBBES OU LES FONDEMENTS INCERTAINS
DE LA THÉORIE ÉCONOMIQUE
À PROPOS DU LIVRE DE PIERRE DOCKÈS

Jean Cartelier12

S'il est vrai que "le spectre de Hobbes […] hante l'économie contemporaine"
(p. 16), c'est sur un mode bien particulier. La théorie moderne est stratégique certes
et, utilisant massivement la théorie des jeux, elle semble traiter du pouvoir – à
l'instar de Hobbes et à la différence de la théorie de l'équilibre général concurrentiel.
En outre, avec Rawls et "the reemergence of contractarian theory as a respectable
option in moral and political thought"3, la théorie économique est devenue celle des
contrats4. Une telle évolution rend plus ou moins inévitable une réflexion sur le lien
social en termes de contrat et donc sur l'auteur du Léviathan pour qui contrat et
pouvoir sont étroitement liés. Mais Hobbes ne paraît pas pour autant inquiéter
véritablement la plupart des économistes d'aujourd'hui qui, depuis longtemps, se
dispensent de s'interroger sur les conditions auxquelles leur discipline est possible.
Plus précisément, il semble que les théoriciens contemporains qui s'en sont
inquiétés aient rendu fréquentable Hobbes comme l'avait fait Adam Smith en son
temps, en n'en retenant que ce qui ne remettait pas en cause les fondements de la
théorie économique. Réduire le pouvoir selon Hobbes au pouvoir sur le marché
(Smith) ou le Léviathan à une question de loyauté (Binmore) relève plus d'une
logique de la vaccination que de la greffe.

C'est, en outre, ne pas vouloir reconnaître que Hobbes, en affirmant rendre


compte de l'existence de la société de façon axiomatique, est le véritable fondateur
des sciences sociales en général et de l'économie en particulier5. A ce titre, sa
démarche, qui peut être qualifiée de genèse logique de la société, doit être discutée.
Elle est ce par quoi la pensée moderne tente de se dispenser de la religion ou du

1. Université de Paris X-Nanterre, EconomiX.


2. Il m'est particulièrement agréable de remercier Pierre Dockès pour ses remarques et ses suggestions
après lecture d'une première version de ce texte. Il n'est pas pour autant responsable de l'usage que j'en
ai fait ni des erreurs et insuffisances de cet article.
3. David Gauthier, "Taming Leviathan", Philosophy & Public Affairs
4. Une référence importante est : Patrick Bolton & Mathias Dewatripont, Contract Theory, MIT Press,
2004.
5. En tant qu'elles se proclament sciences et non simplement commentaire raisonné d'une observation
empirique.

Cahiers d'économie politique, n° 56, L'Harmattan, 2009


Jean Cartelier

mythe pour se représenter l'origine de la société. Mais cette genèse logique apparaît
bien problématique, aujourd'hui comme hier.

La parution récente du livre de Pierre Dockès6 (PD par la suite) nous donne
une excellente occasion de faire retour sur cette question en forme d'énigme. Dans
les termes de l'auteur, elle s'énonce : "comment la Cité (ou l'État) peut-elle être
instituée par des contrats entre individus alors que les contrats sont sans force hors
de la Cité (ou de l'État) ?" (p. 187). Hobbes qui prétendait avoir résolu la quadrature
du cercle – Quesnay aura plus tard la même prétention – a-t-il vraiment élucidé
l'énigme de la genèse logique de la société ? A-t-il bien montré au moyen de la
raison (et non de la foi ou du merveilleux) que ce sont les individus eux-mêmes qui
instituent la société ? Tel est l'enjeu majeur du Léviathan, pour les contemporains
de Hobbes comme pour les lecteurs d'aujourd'hui. C'est sous cet angle que le livre
de PD va être examiné et discuté dans les pages qui suivent7.

La proposition centrale du Léviathan est la constitution de la société comme


"One Person of whose Acts a great Multitude, by mutuall Covenants one with
another, have made themselves every one the Author, to the end he may use the
strength and means of them all, as he shall think expedient, for their Peace and
Common Defence"8.

Les remarques suivantes permettent de préciser cette citation et de signaler ce


qui peut faire problème:

(i) Les individus de la multitude sont-ils ceux de Commonwealth ? Ou, pour


le dire autrement, est-il possible de définir les individus indépendamment
des relations qu'ils ont entre eux, guerre de chacun contre tous dans la
multitude, relations contractuelles dans le Commonwealth ? Seule une
réponse positive à cette question semble rendre raisonnable l'idée d'une
genèse logique de la société se faisant à partir d'éléments constitutifs
pensables antérieurement à toute socialisation. Est-ce bien ce qui ressort du
texte de Hobbes et, plus généralement, de la théorie économique ? Les
analyses fouillées de PD semblent montrer qu'il n'en est rien et que la

6. Pierre Dockès, "Hobbes, Économie, Terreur et Politique", Paris, Economica, 2008.


7. D'une certaine façon c'est être injustement réducteur car l'ouvrage de PD est plus large et évoque
d'autres aspects de la pensée de Hobbes en soulignant ses nombreux paradoxes. Mais l'auteur lui-
même reconnaît que l'unité de cette pensée est "en partant d'un individualisme radical de penser
l'institution de l'État et de la Cité" (p. 45). En outre, en s'en tenant à cet axe essentiel on indique assez
que ce livre n'appartient pas seulement à l'histoire de la pensée, ce qui aurait été une façon encore plus
injuste d'en limiter la portée.
8. Hobbes, Leviathan, Penguin Books, 1976, p. 228. Une traduction française est: "une personne une
dont les actes ont pour auteur, à la suite de conventions mutuelles passées entre eux-mêmes, chacun
des membres d'une grande multitude, afin que celui qui est cette personne puisse utiliser la force et les
moyens de tous comme il l'estimera convenir à leur paix et à leur défense commune" Hobbes,
Léviathan, Folio, pp. 288-289.

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Hobbes ou les fondements incertains de la théorie économique

démarche de Hobbes n'est pas celle de l'individualisme méthodologique


interprété comme contractualisme. Par là est entendue une conception assez
sommaire que David Gauthier résume ainsi "to hold that our thoughts and
activities, insofar as they concern ourselves and our relationships, are best
understood by supposing that we treat all of these relationships as if they
were contractual. Only the relation of hostility is excluded from the scope of
contract, and only is natural to man. All other human relationships are
treated as essentially similar in character and all are conventional, the
product of human agreement"9. Contrairement à ce qui est souvent admis
sans discussion, PD fait entrevoir que la pensée de Hobbes ne peut être
interprétée de cette façon.

(ii) Les individus ne contractent que les uns avec les autres et jamais avec
une entité préexistante qui serait un Souverain ou un "tout social" ; à ce
stade logique les individus ne forment qu'une "multitude" ; dans ces
conditions, on ne voit pas pourquoi le Souverain peut se faire obéir puisque
personne n'est lié contractuellement avec lui ; ce problème de souveraineté
est soulevé par Warrender10 ; sa solution éventuelle passe par la distinction,
mise en avant par Dalgarno11, que l'on doit faire entre contract et covenant,
ce qui conduit à s'interroger sur ce qu'est le contrat social pensé par Hobbes.
PD adopte résolument la position défendue par Jean Hampton12 selon
laquelle le "contrat social" selon Hobbes relève du contrat d'agence. Il
semble bien qu'une telle position ne soit pas tenable même si elle rend
compte d'une partie du texte du Léviathan.

(iii) La façon dont est figurée la genèse logique de la société est décisive pour
la représentation que la société se donne d'elle-même ; pour ce qui concerne
l'économie politique l'opposition entre la vision de Smith, fondée sur
l'instinct naturel d'échange et d'amélioration de sa condition, et celle de
Hobbes, fondée sur la peur de la mort, est classique; il n'est pas sûr que la
vision de Hobbes puisse être assimilée par l'économie politique ; interroger
l'état présent de la théorie économique du point de vue de cette opposition
paraît du plus haut intérêt13 ; une lecture rétrospective de Hobbes est non

9. David Gauthier, "The Social Contract as Ideology", Philosophy & Public Affairs, 1977, 6, 2, 130-
164, p. 135.
10. Howard Warrender, The Political Philosophy of Hobbes, Oxford, 1957.
11. M. T. Dalgarno, "Analysing Hobbes's Contract", Proceedings of the Aristotelian Society, New
Series, Vol. 76, (1975 - 1976), pp. 209-226
12. Jean Hampton, Hobbes and the Social Contract Tradition, Cambridge University Press, 1986.
13. Ainsi Rubinstein et Piccione établissent un parallélisme étonnant entre une économie d'échange
(équivalence) et une économie de prédation : dans les deux cas l'équilibre général existe et est optimal
(voir Michele Piccione & Ariel Rubinstein, Equilibrium in the Jungle, Economic Journal, 117, pp.
883-896, 2007)

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Jean Cartelier

seulement inévitable mais également souhaitable. Le livre de PD nous y


invite à juste titre.

1. Genèse logique de la société ou défaut de coordination ?

Un des grands mérites de PD est de bien voir que Hobbes ne fait nullement la
genèse logique de la société comme le voudrait une interprétation simpliste de
l'individualisme méthodologique. La tentation est pourtant grande de lire le
Léviathan comme une construction en deux étapes (si on néglige les parties 3 et 4
traitant des conceptions chrétiennes et des conditions de pérennité de la société), la
première (Of Man) traitant des individus en général, la deuxième montrant
comment ces individus instituent librement la société (Of Commonwealth). PD suit
d'ailleurs un plan analogue mais n'en est pas dupe. Il sait et il montre qu'il n'est pas
possible de décrire les individus indépendamment des relations (ou des désirs
inaboutis de relation) qu'ils ont entre eux. Débattant du point de savoir si les
individus sont foncièrement méchants, accusation fréquemment portée contre
Hobbes, PD rappelle que ce sont les "passions comparatives" qui sont responsables
de ce que les individus sont dans un état de guerre de chacun contre tous. De telles
"passions comparatives" n'ont de sens que pour des individus socialisés, pour des
individus qui tiennent compte les uns des autres et qui ne sont nullement "isolés
dans la nature". Plus fondamentalement, il comprend que les individus de l'état de
nature de Hobbes sont "des Anglais de son temps" (p. 63) et non des individus
intemporels. Hobbes adopte ce que Macpherson appelle la "méthode galiléenne"
s'appliquant aussi bien à la nature qu'à la société : "one had to begin, then, by
assuming that the observable thing to be explained was the compound effect of
some simple unobservable factors, and then search in one's imagination for such
factors as would, by strict logical combination, necessarily produce the result"
(introduction à Hobbes, Leviathan, p. 26). Hobbes considère la société de son temps
et en abstrait les individus en les imaginant privés de liens contractuels. Le
problème qu'il se pose est alors de savoir à quelle(s) condition(s) ces individus vont
pouvoir les rétablir. Une telle démarche se lit aussi dans la théorie économique
contemporaine. Cette condition est la mise en place d'une institution – le Léviathan
– qui garantit l'exécution des contrats. L'existence de l'équilibre, et notamment de
l'équilibre monétaire, joue ce rôle dans la théorie d'aujourd'hui.

Les individus de la multitude et ceux du Commonwealth sont identiques non


parce qu'il serait possible de les définir indépendamment de toute relation sociale
mais, bien au contraire, parce qu'ils sont les individus d'une même société – la
société moderne – saisie dans deux états différents, sans ou avec le Léviathan.

C'est dire que l'état naturel de Hobbes, la multitude, n'est pas un état asocial ou
primitif mais plutôt un état social misérable auquel on comparera avantageusement
l'autre, celui dont on est parti. Comme le remarque justement PD au sujet de
Hobbes, "sa géométrie lui interdit toute "ethnologie" à la Montaigne ou du moins

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Hobbes ou les fondements incertains de la théorie économique

finit par ne laisser subsister que d'infimes parcelles d'une […] optique historique"
(p. 63). On pourrait même être plus radical et soutenir que l'histoire que nous conte
Hobbes n'est nullement celle d'individus instituant la (première) société mais bien
plutôt celle d'individus vivant dans un certain équilibre (dégénéré diraient les
théoriciens d'aujourd'hui) et décidant de passer de cet équilibre à un autre,
supérieur. Il n'y a rien d'historique ni d'ethnologique dans l'état naturel de Hobbes14
et les individus qui le peuplent ne sont tels qu'en raison d'une impossibilité à
conclure des contrats.

2. Quelle souveraineté ?

PD voit dans l'ensemble des contrats bilatéraux établissant le Léviathan une


analogie avec le contrat d'agence de la théorie moderne des contrats (p. 159) : "On
vérifie que le contrat social n'est ni un pacte d'association, ni un pacte de
soumission, ni l'un suivant l'autre, mais une convention d'autorisation très
spécifique. […] Même si, en définitive, ce pacte d'autorisation fait que chacun est
soumis à l'autorité (l'autorisé) et bénéficie d'un espace de paix à l'intérieur de la
coalition (chacun a autorisé un agent-souverain pour obtenir une protection contre
la conflictualité généralisée, contre l'agressivité des autres) et d'un pouvoir accru sur
ceux qui restent extérieurs (les étrangers), il n'y a pas de contrat de soumission entre
la multitude et le souverain" (D. p. 180).

PD a certainement raison de souligner que le souverain n'est pas partie au


contrat mais cela pose la question de la souveraineté : pourquoi les individus
doivent-ils obéir au souverain ? (Ce qui est connu comme le Warrender's problem),
quel est le type d'engagement que prend chacun des n individus lorsqu'ils concluent
entre eux simultanément les n(n-1)/2 contrats bilatéraux formant le contrat social ?

La discussion de ce point est difficile et il a déjà fait l'objet de nombreux


commentaires. La critique de Warrender est la suivante : en ne faisant pas du
souverain une partie au contrat, Hobbes se trouverait dans l'incapacité de fonder ses
droits sur ses sujets (il ne pourrait arguer de l'inexécution du contrat) et de justifier
l'irréversibilité du contrat politique (rien n'empêcherait les sujets de conclure entre
eux des contrats annulant les précédents). Dalgarno réfute la position de Warrender
en rétablissant le sens des termes employés par Hobbes, notamment dans le chapitre
XVII du Léviathan. Les relations bilatérales en vertu desquelles les individus de la
multitude déclarent renoncer à leur liberté ne sont pas de véritables transferts de
droits même s'il s'agit bien d'engagements à terme (covenants). Dalgarno prend
l'exemple de l'engagement que A prend vis-à-vis de B de livrer une certaine

14. On ne se méfie jamais assez des fondements anthropologiques invoqués par les économistes. Il
s'agit presque toujours d'une réécriture commandée par les besoins de la théorie économique. Un cas
exemplaire est celui de Smith, étudié par Marouby (voir également la note bibliographique que l'auteur
de ces lignes lui a consacrée dans le n° 48 des CEP).

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Jean Cartelier

quantité de biens à une tierce partie. B a certainement un rôle à jouer, ne serait-ce


que d'acquiescer, mais il n'est pas partie à ce qui n'est nullement un contrat entre A
et B. "A covenant is a particular sort of transfer of right, and contracts consist in
mutual transfers whether these are covenants or not" (p. 211). Mais Dalgarno
remarque que l'expression transfer of right est trompeuse car celui à qui on transfère
le droit ne l'a pas pour autant. L'auteur imagine que A s'engage vis-à-vis de B à faire
l'action x, action à laquelle il n'était pas obligé avant cette déclaration, tandis que B,
de même, s'oblige à faire y, ce dont il pouvait se dispenser auparavant. Quelle
analyse peut-on faire de cette relation entre A et B ? Certainement pas, nous dit
Dalgorno, que A (ou B) ait acquis le droit que B (ou A) a abandonné (celui de faire
respectivement x et y). "The consideration for B is A's doing x and the contract
gives him the right correlative to A's obligation to x" (p. 213). Les droits à la liberté
de A et de B sont distincts et, semble-t-il, non transférables en tant que tels.

C'est cette argumentation qui est adoptée et développée par PD dans la


discussion de l'autorité dans le Léviathan (pp. 167 et suivantes). L'individu n'a pas
besoin de s'autoriser mais il peut autoriser un autre individu à agir en son nom. "Le
contrat de mandatement et la représentation juridique étaient devenus courants bien
avant le XVIIe siècle", note l'auteur (p. 170). Mais, ajoute-t-il, "c'est seulement dans
la mesure où le représentant est une personne unique que les individus représentés
deviennent collectivement une personne" (pp. 172-173). Dans ce cas, l'autorité, qui
vient de l'autorisation, permet au souverain d'exercer le pouvoir auquel ont renoncé
les individus. Le problème de Warrender ne se pose pas car "le représentant qui
résume dans sa volonté unique toutes les volontés individuelles ne signe, lui, aucun
contrat et, par conséquent, ne souscrit aucune obligation à l'égard des individus" (p.
178). La souveraineté est totale, limitée seulement par le droit naturel de chacun à
préserver sa vie et son être (ce qui peut s'entendre de façon plus ou moins étendue).
"L'Etat institué par la peur engendre la terreur et donne ainsi force à la convention
qui l'instaure. La convention n'étant plus fondée sur la confiance, mais sur la terreur
que l'Etat inspire à chacun, elle n'est plus une convention, mais un contrat" (pp.
173-174).

L'argumentation de PD soulève néanmoins deux difficultés. L'une est


secondaire pour son projet mais importante dans une optique critique : on voit mal
comment à partir de relations bilatérales une unanimité peut être obtenue15. Cette
difficulté a été rencontrée par Marx avec l'équivalent général et par Walras avec
l'arbitrage qu'il "résout" par l'hypothèse du numéraire. On n'insistera pas ici sur un
problème familier aux économistes mais toujours non résolu si ce n'est a minima
par la démonstration de l'existence de l'équilibre, c'est-à-dire de la simple possibilité
du résultat et non de la façon dont on l'obtient (problème dit de la stabilité globale

15. S'il est possible que les individus s'entendent sur une règle de simple majorité pour déterminer la
forme du souverain (monarchie, démocratie représentative ou démocratie directe), cet accord doit être,
lui, unanime.

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Hobbes ou les fondements incertains de la théorie économique

de l'équilibre). L'autre difficulté concerne directement le projet de PD qui est de


montrer que le contrat social est un contrat d'agence. Cette thèse a également été
défendue par une grande experte de Hobbes, Jean Hampton16. En fait l'analyse de
Hampton est double, d'une part les individus ne s'engagent pas à faire quelque chose
qu'ils ne feraient pas sans contrat, mais uniquement à ce que leur propre intérêt leur
dicte, d'autre part ils n'aliènent pas leur liberté, ils se contentent d'un mandat. C'est
la différence entre un self-interested agreement et un social contract. A partir du
moment où chacun a intérêt à respecter le mandat – et donc à reconnaître la
souveraineté de l'agent – si tous les autres font de même, il pourrait sembler qu'il ne
soit pas nécessaire d'ajouter quoi que ce soit à cet ensemble de self-interested
agreements. Mais, comme le souligne David Gauthier, il faut distinguer d'une part
les contrats et d'autre part tous les purs accords de coordination sur la base
suivante : tous sont caractérisés par le fait que les individus préfèrent le résultat de
l'accord à l'absence d'accord (ici le Commonwealth est unanimement préféré à la
multitude) mais dans les seconds chacun a intérêt à respecter l'accord si les autres le
respectent (ce qui est la définition de l'équilibre adoptée par les économistes) alors
que dans les premiers, soit chacun s'attend à ce que les autres ne le respectent pas,
soit, dans le cas contraire, chacun a intérêt à ne pas le respecter. Les contrats
n'assurent donc pas à eux seuls la coordination entre les individus. Pour cela il
faudrait que la paix et la sécurité de tous soient garanties. C'est précisément ce qui
fait problème pour Hobbes et ce à quoi répond le Léviathan. L'intérêt seul des
individus ne suffit pas pour expliquer leur collaboration avec le souverain pour le
maintien de l'ordre. Cela suffirait si, comme le pense Hampton, la valeur attendue
par chacun des individus collaborant avec le souverain au maintien de l'ordre
correspondait précisément à celle attendue du maintien de la sécurité. Mais David
Gauthier objecte justement que si une fraction a des individus est requise pour une
telle opération, il faut que le bénéfice social total de cette intervention soit 1/a fois
le coût17. Rien ne garantit donc que le souverain trouvera toujours des individus
pour assurer l'ordre public. Et, c'est bien parce que Hobbes est conscient du
problème du free rider qu'il ne peut se contenter d'un contrat d'agence. "Authorizing
the sovereign commits the subject to more than self-interestedly assisting him in his
punishment and enforcement activities. It commits the subject to accept the
sovereign's judgment in place of his own, so that when the sovereign requires his
active assistance, he obeys directly and not only if a self-interested calculation
shows obedience to be advantageous" (Gauthier, p. 77).

Du même coup n'est plus tenable la thèse de l'agence, qui voudrait que le
pouvoir des individus soit seulement mis à disposition et non pas totalement
abandonné au souverain (toujours avec la réserve concernant le droit de défendre sa
vie, entendu plus ou moins largement). Non seulement ceci est démenti par la lettre

16. Jean Hampton, ouvrage cité.


17. Voir le raisonnement détaillé dans David Gauthier, "Hobbes' Social Contract", Noûs, 1988, pp. 75
et suivantes.

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Jean Cartelier

du texte mais, contrairement à ce qu'écrit Jean Hampton, la simple mise à


disposition n'est nullement suffisante d'un point de vue logique. Il faut que les
individus renoncent définitivement à leur pouvoir propre (toujours dans les limites
de leur droit inaliénable à se préserver eux-mêmes et leurs conditions de survie).
Autrement aucune souveraineté permanente ne saurait exister18.

Renoncer à ce que l'on est en état de multitude permet d'accéder à ce que l'on
est en état de Commonwealth. Admettre que ceci relève d'un choix individuel est
problématique mais ce point ne sera pas abordé plus avant. Le Commonwealth ainsi
institué est unique en ce qu'il est irréversible et logiquement premier par rapport à
tous les autres contrats interindividuels possibles. Il est ce qui permet que des
contrats soient conclus (parce que réputés exécutables). Il existe donc un ordre
logique nécessaire et pas seulement des relations réciproques entre le
Commonwealth et les contrats conclus entre les individus ; cette récursivité semble
invalider l'interprétation de Hobbes en termes d'équilibre de Nash, voie explorée par
PD après d'autres (voir Binmore), qui s'inscrit dans la droite ligne des tentatives
faites par les économistes pour ôter le venin contenu dans le Léviathan.

Le contrat d'agence ne rend pas compte de la rupture avec l'état de multitude


que représentent les n(n-1)/2 contrats bilatéraux d'autorisation qui instituent un
véritable pouvoir, pouvoir fondé en droit sur l'acquiescement des individus (il n'y a
pas de pouvoir sans droit pas davantage que de droit sans pouvoir). Le pouvoir de
chacun des individus, potentiellement illimité et pour cela quasi inexistant, se
transmue en un pouvoir de l'Un, autorisé par tous, sur chacun. Cette transmutation
est la condition pour que des contrats soient conclus mais elle n'est pas elle-même
un contrat. Elle est la condition d'existence de la société en même temps que celle
de l'opacité absolue de son origine.

Les économistes ont une bonne raison de vouloir domestiquer le Léviathan.


Cette raison n'est pas seulement idéologique (le doux commerce) mais aussi
rationnelle. Le Léviathan ruine potentiellement le projet d'une science sociale tout
en le fondant. Le caractère absolu que la souveraineté a chez Hobbes s'oppose à
l'idée que la société obéit à des lois objectives : c'est le souverain qui édicte les lois,
c'est lui qui institue le marché. Il n'y a pas de norme au-dessus de la loi positive qui
la justifierait. PD le souligne : "la loi positive, pour [Hobbes], dit ce qui est juste et
ce qui ne l'est pas, le bien et le mal, ce qui est utile et ce qui ne l'est pas, ce qui est
vrai et ce qui ne l'est pas" (p. 223). Comment pourrait-il y avoir une science en
présence d'une telle indétermination ? Nous sommes loin de la liberté entendue par
Quesnay comme la soumission d'un esprit éclairé au droit naturel "naturellement le

18. On laisse ici de côté la question de savoir laquelle des trois formes de souveraineté distinguées par
Hobbes est préférable (monarchie absolue, assemblée représentative ou assemblée totale). Dalgarno
évoque ce point de façon convaincante indépendamment de la préférence évidente de Hobbes pour la
monarchie absolue.

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Hobbes ou les fondements incertains de la théorie économique

plus avantageux au genre humain" ! Les économistes ne peuvent souscrire


totalement à la pensée de Hobbes car, ce faisant, ils s'interdiraient de rechercher les
lois objectives auxquelles est soumise la société.

C'est peut-être ici que se révèle le paradoxe le plus remarquable de la pensée


de Hobbes : elle est à la fois ce qui autorise une attitude objective vis-à-vis de la
société – du fait que la société apparaît autonome car auto-instituée – et ce qui
interdit d'en déduire des lois de fonctionnement obéissant à une norme supérieure.
L'économie politique ultérieure ne suivra pas Hobbes sur ce point. Les économistes
inventeront des normes auxquelles le marché est censé se conformer plus ou moins
spontanément pour peu que le souverain ne s'en mêle pas. C'est ainsi que Quesnay
inventera la productivité exclusive de l'agriculture, Ricardo les prix de production,
Walras-Pareto l'optimum. Rien de tel chez Hobbes qui nous laisse confrontés à un
souverain ne se distinguant pas clairement d'un tyran. PD résume bien la situation
lorsqu'il énumère ce qui est, aux yeux de Hobbes, des opinions séditieuses (voir pp.
244-245). On y trouve pratiquement toutes les convictions implicites aux sciences
sociales en général et à la théorie économique en particulier.

Bref, l'histoire que nous raconte Hobbes ne se laisse pas facilement traduire en
un conte merveilleux tel que les affectionnent les économistes. PD, bien que très
conscient du caractère scandaleux du Léviathan au regard des présupposés de
l'économie politique, ne paraît pas y voir un obstacle à sa présentation en termes de
théorie des jeux et, au-delà, à sa discussion au sein même de la théorie économique
même s'il note justement que le domaine contractuel chez Hobbes est assez large
pour comprendre le paiement d'une rançon ou l'esclavage.

3. Hobbes et la théorie économique

La relation de Hobbes à la théorie économique n'est pas simple. L'attitude


adoptée par PD révèle bien l'ambiguïté de ce rapport. D'un côté il voit bien que les
fondations que Hobbes donne à la société ne sont pas celles des économistes mais
d'un autre il accepte de rationaliser le Léviathan dans les termes de la théorie des
jeux. Ainsi, il propose d'interpréter le passage de la multitude au Commonwealth
comme une tentative de transformation d'un jeu non coopératif en un jeu coopératif.

Il ne s'agit pas de faire à PD le procès d'une lecture rétrospective. Une telle


lecture est de toutes façons inévitable même si la culture de l'auteur l'autoriserait
plus que d'autres à tenter une "lecture archéologique" du Léviathan19. Nous ne
pouvons pas ne pas être des lecteurs du XXIe siècle et on ne voit pas très bien au
nom de quoi il faudrait s'interdire des interprétations anachroniques. Daniel Arasse
évoque ce problème en histoire de l'art : "c'est une caractéristique de toute histoire,

19. Ce qu'il fait partiellement d'ailleurs en discutant les hypothèses de Hobbes dans les termes mêmes
du droit naturel et des lois de nature.

175
Jean Cartelier

et aucun historien ne se réclamera de l'anachronisme en disant qu'il en fait et qu'il


en est fier. Un artiste […] en a le droit, c'est même peut-être son devoir que de sortir
l'objet du passé, de son temps, pour le faire vivre à partir des questions
d'aujourd'hui"20. Ce qu'il dit de l'historien et de l'artiste peut être transposé à notre
problème, en acceptant que l'artiste soit le théoricien d'aujourd'hui

PD a donc raison en principe de nous offrir une discussion de Hobbes en


termes de théorie des jeux. Il a sans doute tort de ne pas rechercher plus
précisément les hypothèses qui légitimeraient une telle lecture à propos du choix
entre multitude et Commonwealth et en quoi l'histoire contée par Hobbes se trouve
ainsi dénaturée.

Une discussion de Hobbes en termes de théorie des jeux serait précieuse si


Jean Hampton avait raison. Dans la situation de self-interested agreements, qui n'est
pas autre chose qu'un équilibre de Nash, personne n'a intérêt à dévier si tous les
autres maintiennent leur stratégie. La société peut alors être pensée comme issue
d'une série de contrats auto-exécutoires conclus entre des individus libres et
rationnels conscients de leurs intérêts à long terme. Un autre équilibre de Nash
serait l'état de multitude21. Mais si Jean Hampton a tort, ce que paraît montrer le
raisonnement de David Gauthier évoqué plus haut, alors la société ne se comprend
que comme la conséquence d'un pacte de soumission22. Que ce pacte ait la forme
particulière de n(n-1)/2 covenants n'empêche nullement les n individus de renoncer
définitivement à cette portion de leur liberté qui est aliénable et donc de se
soumettre à une institution qu'ils fabriquent. Le fait que le Léviathan soit "fabriqué"
est au demeurant secondaire, ce que montre la quasi équivalence établie par Hobbes
lui-même entre le Commonwealth by institution et le Commonwealth by dominion.
La soumission est plus essentielle ici que l'idée d'auto-institution.

Dans les deux cas les individus se mutilent d'une partie au moins de leur
fonction de préférences (celle qui ne concerne pas leur survie) pour adopter celle
que leur imposera le souverain ou le conquérant. Considéré ainsi, le passage de la
multitude au Commonwealth est aussi un changement de la nature et de la définition
des individus. Comment peut-on rendre compte d'un tel changement à partir d'une
combinaison même particulière de décisions individuelles volontaires sans une
intervention extérieure ad hoc? Comment des individus précisément définis par une
fonction de préférences pourraient décider d'adopter une fonction de préférences
inconnue, c'est-à-dire de se soumettre à l'arbitraire d'un souverain (ou d'un
conquérant) ? La réponse donnée par Hobbes – la crainte d'autrui et la peur de la

20. Daniel Arasse, Histoires de peintures, Denoël, 2004, p. 145.


21. Ken Binmore ("The Origins of Fair Play", page personnelle de K. Binmore) refuse à juste titre la
formalisation en termes de dilemme du prisonnier qui a l'inconvénient majeur de rendre impossible la
coopération.
22. PD nie à juste titre la possibilité d'un pacte de soumission pure (p. 167) qui serait un renoncement à
la liberté de défendre sa vie mais cela n'écarte pas une soumission pour le reste.

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Hobbes ou les fondements incertains de la théorie économique

mort dominent à ce point les préférences que tout est préférable à l'état de multitude
– même exprimée dans les termes de la théorie économique ne paraît pas pouvoir
lui appartenir.

La théorie économique s'efforce d'éviter cette aporie en supposant que les


individus sont définis de façon universelle, indépendamment des liens existant entre
eux, et en passant sous silence la "fabrication" du souverain. Cette prise de position
est nécessaire. Elle a pour fonction de sauver l'idée même de genèse logique. Cette
genèse – que ce soit celle de la multitude ou celle du Commonwealth – serait une
contradiction dans les termes, si on l'interprétait comme l'obtention à la fin du
raisonnement de quelque chose qui n'y était pas implicitement au début. Les
individus socialisés par le Léviathan l'étaient déjà virtuellement auparavant puisque
définis comme multitude à cause d'un manque, précisément celui du Léviathan.

Par rapport à Hobbes, la pensée économique opère donc une réduction qui est
d'éviter l'aspect le plus fondamental du Léviathan, à savoir son aspect
constitutionnel. C'est donc pour une "bonne raison" que les économistes évitent cet
aspect de la pensée de Hobbes. Ainsi, les théoriciens des contrats admettent que
leurs modèles, relevant de la théorie des jeux, présupposent un certain cadre légal,
même s'ils sont peu explicites sur son contenu23. Ce cadre légal est ce qui permet
aux contrats de se conclure et ce qui permet à la théorie d'en parler. L'institution de
ce cadre légal n'est pas le sujet de la théorie des contrats mais c'est celui, au moins
apparent, de Hobbes. Mais, bonne raison ou pas, il faut reconnaître que la théorie
économique ne recouvre pas ce que Hobbes déclare être son projet. Elle permet
sans doute de lui donner une expression plus modeste et plus acceptable car
démontrable. Mais c'est au prix de l'évacuation du problème que Hobbes s'efforce
de résoudre.

Lorsque les théoriciens modernes ont l'ambition de rendre compte des


institutions, ils procèdent non comme Hobbes le prétend mais bien plutôt comme il
le fait effectivement. C'est le cas par exemple pour la monnaie. Bien loin d'en faire
une impossible genèse logique, contraints de laisser en dehors de leur champ la
question constitutionnelle, les économistes vont lui substituer une autre question,
celle du choix entre deux équilibres, entre économie de troc et économie monétaire
en l'occurrence. C'est également la lecture que l'on peut faire de Hobbes, une fois
écartée l'aporie de la genèse logique de la société. Le choix est ici entre le
Commonwealth et la multitude. Par construction, le premier est unanimement
préféré à la seconde. Mais le problème est que ce classement en termes de bien-être
ne garantit pas, contrairement à ce que Hobbes semble penser, que le
Commonwealth soit adopté. La théorie moderne des défauts de coordination nous a
enseigné que si chacune des situations d'équilibre était micro économiquement

23. Voir, par exemple, l'introduction de P. Bolton & M. Dewatripont, Contract Theory, MIT Press,
2004.

177
Jean Cartelier

fondée, il n'en allait pas de même du choix que les individus font entre elles. En fait,
il n'existe pas de théorie convaincante pour la sélection d'un équilibre en cas de
multiplicité (qui est le cas général). Ceci n'est pas dramatique dans le cas de
l'équilibre général concurrentiel où tous les équilibres sont optimaux. Cela l'est, en
revanche, dans le cas de défaut de coordination.

C'est bien entendu dans cette double zone aveugle – celle de la constitution et
celle du choix de société – que vont se loger les différentes histoires que nous
content les économistes. Comme il n'est pas possible de recourir ici aux armes de la
démonstration, ce sont les intuitions, les convictions philosophiques ou les préjugés
qui vont être décisifs. Ainsi, les théoriciens les plus rigoureux dans leurs modèles se
laisseront aller à "expliquer" l'existence de la monnaie par son essentialité alors
qu'en toute rigueur on doit se contenter d'énoncer cette dernière24. De même
Binmore va suggérer qu'au-delà de la diversité des sociétés, les individus ont en
commun un "fairness program [that] runs well below the level of consciousness"
(p. 4) et que "that fairness evolved as a means of balancing power rather than as a
substitute for power" (p. 5)25. A propos de la rationalité du tit for tat et de la
réciprocité faut-il rappeler que toutes les présomptions tirées d'observations
empiriques sont vaines car ce qui est socialement observable, dans l'optique de
Hobbes, ne l'est qu'en vertu du mythique contrat instituant la société. Ce qui se
passerait en l'absence du Léviathan est condamné à rester hypothétique, prix
inévitable à payer en raison de la "méthode galiléenne" adoptée par Hobbes et par
les économistes.

Il n'est besoin que de rappeler les différentes versions du contrat social qui sont
ou qui ont été proposées par Locke ou Rousseau pour comprendre que l'importance
des enjeux de philosophie politique est inversement proportionnelle à notre capacité
de démonstration. Si la version de Hobbes est la plus effrayante – il y est question
de vie et de mort, de terreur et de pouvoir insatiable – ce n'est pas seulement en
raison du démenti qu'il inflige par avance à toutes les versions idylliques –
sympathie, sociabilité naturelle, etc. – de la genèse de la société, c'est aussi parce
qu'elle est la plus radicale au sens propre. C'est à la racine même de la relation entre
individus qu'il se situe. Alors que Locke, par exemple, présuppose déjà la propriété,
alors que Smith et les autres admettent que la famille est une relation naturelle,
Hobbes entend se situer en amont de ces institutions et montrer en quoi elles sont le
résultat du contrat social.

24. Ainsi, Shouyong Shi ("Viewpoint: A microfoundation of monetary economics", Canadian Journal
of Economics, 39,3, 643-688) écrit : "a monetary equilibrium that is inferior to a non-monetary
equilibrium could not have survived the test of time" (p. 644) alors même que les résultats du modèle
sont en état stationnaire.
25. Ken Binmore, article cité..

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