VOL. 4 NO.

1 SHAWWAL 1435 AOUT 2014

‫اَﻟﻠ ُﻬ ّﻢ اَ ِرﻧَﺎ اﻟْ َﺤ ﱠﻖ َﺣﻘًﺎ وﱠا ْرُزْﻗـﻨَﺎ اﺗﱢـﺒَﺎ َﻋﻪ‬
ْ ‫ِﻼ وﱠا ْر ُزْﻗـﻨَﺎ‬
‫اﺟﺘِﻨَﺎ ﺑَﻪ‬ َ ‫َواَ ِرﻧَﺎ ا ﻟْﺒَﺎ ﻃ‬
ً ‫ِﻞ ﺑَﺎ ﻃ‬
O Allah, montre-nous la vérité comme vérité
et fais que nous la suivions;
et montre-nous la fausseté comme fausseté
et fais que nous nous en éloignions.

Donner la zakat ul-fitr

Mahram
en argent

le concept de
> pages 6-8

Du’a en voyant
Relations hommes-femmes en Islam le croissant de la lune

Le concept de maḥram a pendant longtemps été mal compris parmi les

musulmans et demande à être clarifié. On compte beaucoup de règlements
juridiques qui dépendent directement de la bonne définition du terme > page 8
maḥram. Dans ce numéro de Mafaheem, nous étudions la définition du
maḥram afin que chaque musulman et musulmane puisse déterminer qui
est maḥram et qui est ghair-maḥram. Nous étudions aussi les règlements y Tafsir Sura 5 Verset 15
relatifs notamment la tenue vestimentaire (se couvrir la ‘awrah), la khalwa,
les interactions comme le regard, le contact physique et la conversation, le
voyage et l’adoption.
> page 8
> page 2
 le concept de
Mahram
Relations hommes-femmes en islam
La définition
La définition de maḥram peut être abordée de
deux angles différents. On peut soit énumérer les
personnes de la gente masculine qui se qualifient
comme maḥram pour une personne de la gente
féminine ; ou énumérer toutes les personnes de
la gente féminine auxquelles un homme peut se
présenter comme maḥram.
Généralement, un maḥram est celui avec qui le
mariage est défendu en permanence, soit par un
lien de sang, ou par un lien de lait, ou par alliance.
Mais la définition contient aussi d’autres details.
Imam Al-Kāsāni v dit: « Un maḥram est celui
avec qui le mariage est défendu en permanence,
soit par un lien de sang, ou par un lien de lait, ou
par alliance ; que ce maḥram soit libre ou esclave,
car l’esclavage n’est pas contraire à la relation
proche (maḥramiyyah) ; ou qu’il soit musulman,
non-musulman ou même polythéiste (mushrik),
car un maḥram non-musulman protège normale-
ment (celle qui est sous sa garde) ; à l’exception
de l’adorateur de feu (zoroastrien), qui considère
le mariage avec elle comme permis. » [Badāi’ as-
Sanāi’ 2/124]
Il est mentionné dans Al-Fatāwa al-Hindiyya: « Un
maḥram (pour une femme) est l’époux ou tout
ceux avec qui le mariage est illicite à titre définitif,
que ce soit en vertu de la relation de sang, de lait,
ou du mariage, comme mentionné dans [le livre]
Khulāṣa. C’est une condition qu’il soit digne de
confiance, sain d’esprit, et qu’il ait atteint l’âge
de puberté (bāligh), peu importe qu’il soit musul-
man ou non-croyant, comme mentionné dans
[le livre] Fatāwā Qāḍi Khān. Toutefois, s’il est un
zoroastrien qui considère le mariage entre les
membres de la famille comme permis, elle doit
alors éviter de voyager en sa compagnie, comme
mentionné dans [le livre] Muḥīt d’Al-Sarakhshī.
Un garçon qui approche l’âge de la puberté sera
considéré comme mature, comme mentionné
dans [le livre] Al-Jawhara an-Nīrat. » [Al-Fatāwā
al-Hindiyya 1/219]
Imam An-Nawawi v nous fait remarquer ceci:
« [Le mariage défendu] « en permanence » exclut
la sœur de l’épouse et d’autres personnes dans la
même condition (comme ses tantes paternelles
et maternelles). » [Fatāwā Imam An-Nawawi 186]
La prohibition d’épouser les femmes mention-
nées ci-dessus est temporaire et non permanen-
te, car si la raison de la prohibition cesse d’exister
(par exemple par la mort de l’épouse), le mariage
avec elles, devient donc licite.
Allah  dit: « Et [il vous est défendu] de prendre
deux sœurs réunies. » [Qurān 4 : 23]
Abu Hurayra  rapporte que le Messager d’Allah
 a interdit le mariage à une femme puis à sa
tante paternelle, ou à une tante paternelle puis
à la fille de son frère, ou à une femme puis à sa
tante maternelle, ou à une tante maternelle puis
à la fille de sa sœur, ou à une sœur puis à sa ca-
dette, ou à une sœur puis à son ainée. [At-Tirmidhi
1045 qui dit: ḥasan ṣaḥīḥ]
Qui est un mahram?
De par ces définitions, il est clair que
la prohibition permanente du mariage
est établie sur trois fondements : par
le lien de sang (qarābah), par le lien de
lait (raḍā’ah) et par le lien d’alliance
(sihriyyah). En d’autres mots, on devient
maḥram si on partage ces trois types de
relation.
1. La relation de famille ou de sang
(qarābah)
Il est à jamais illicite à un homme de
se marier aux femmes suivantes (il est
donc leur maḥram) :
(a) sa mère, la mère de celle-ci, et ainsi
de suite dans la généalogie ascen-
dante;
(b) sa grand-mère paternelle, la mère
de celle-ci, et ainsi de suite dans la
généalogie ascendante;
(c) sa fille, petite fille, et ainsi de suite
dans la généalogie descendante ;
(d) sa sœur, même demie ;
(e) sa tante paternelle ou maternelle ;
(f) sa nièce, qu’elle soit la fille de son
frère ou de sa sœur.
Allah  dit: « Vous sont interdites vos
mères, filles, sœurs, tantes paternelles
et tantes maternelles, filles d’un frère
et filles d’une sœur, mères qui vous
ont allaités, sœurs de lait, mères de vos
femmes, belles-filles sous votre tutelle
et issues des femmes avec qui vous avez
consommé le mariage... » [Qurān, An-
Nisā 4 : 23]
Hormis ces proches susmentionnées, le
mariage avec d’autres membres de la fa-
mille est permis pour l’homme. Il ne sera
donc pas maḥram pour ces dernières.
2. La relation de lait (radā’a)
Un maḥram de lait est considéré à même
titre qu’un maḥram de sang.
Allah  dit dans le même verset men-
tionné en haut:
« Et (vous sont interdites) vos mères qui
vous ont allaités, vos sœurs de lait... »
[Qurān, An-Nisā 4 : 23]
‘Abdullāh ibn ‘Abbās  rapporte que le
Messager d’Allah  dit à propos de la
fille de Ḥamza : « Il ne m’est pas légale-
ment permis de me marier à elle, car les
relations de lait sont considérées com-
me des relations de sang (quand il s’agit
du mariage). Elle est la fille de mon frère
de lait. » [Al-Bukhāri 2502]
Donc, les relations qui sont interdites de
par les liens de sang et de parenté sont
aussi interdites par l’allaitement. De ce
fait, si une femme allaite une fille, son
époux devient le père de lait de celle-ci,
son fils le frère de lait, son frère l’oncle
de lait, son petit-fils le neveu de lait
etc. et seront tous considérés comme
maḥram pour la fille. De même, si un
garçon est allaité, il devient le maḥram
de la femme qui l’a allaité, et aussi le
maḥram de la fille de celle-ci (donc sa
sœur de lait), le maḥram des petits en-
fants de sa mère de lait (ses nièces de
lait), et ainsi de suite.
‘Allāma Al-Alūsi v dit: « La relation de
maḥram, qui permet à une femme d’en
montrer sa parure, peut se former à
travers l’allaitement aussi bien que par
les liens de sang ; il est donc permis à
une femme de montrer sa parure à ceux
qui sont ses pères et frères de lait. »
[Rūḥ al-Ma’āni 18/141]
Il faut cependant noter que ceci est le
cas seulement si l’allaitement a été fait
dans la période qui en est désignée,
notamment [les] deux [premières] an-
nées après la naissance selon la fatwa
majoritaire de l’école hanafite. [Voir: Al-
Baḥr al-Rāiq d’Ibn Nujaym 3/389]
‘Aisha  rapporte: « Une fois, le Messag-
er d’Allah  entra dans ma maison alors
qu’un homme était avec moi. Il dit : « O
‘Āisha ! Qui est-ce ? » Je répondis: « Mon
frère de lait. » Il dit : « O ‘Āisha ! Sois
prudente dans la détermination de ton
frère de lait, car l’allaitement est valide
seulement s’il a été fait pendant la péri-
ode de l’allaitement. » » [Al-Bukhāri
2504 et Muslim 1455]
3. La relation par alliance (sihriyya
ou musāhara)
Le troisième type de relation qui rend
le mariage entre deux personnes illicite
en permanence, et par conséquent qui
établit la relation de maḥram, est celui
qui est formé par alliance (lien de mar-
iage).
Le lien par alliance rend le mariage illic-
ite en permanence pour quatre catégo-
ries de personnes :
(a) La mère de l’épouse (belle mère), sa
grand’mère et ainsi de suite dans la gé-
néalogie ascendante. Le mariage avec
elles, devient illicite de par le fait d’avoir
épousé leur fille ou petite fille, peu im-
porte si le mariage a été consommé ou
pas.
(b) La fille de l’épouse (d’un
mariage précédent), sa pe-
tite fille et ainsi de suite
dans la généalogie descen-
dante. Le mariage avec la
fille devient illicite (en per-
manence) si le mariage avec
sa mère a été consommé.
Allah  mentionne ces
deux cas dans le même ver-
set :
« Et (vous sont interdites)
les mères de vos femmes,
belles-filles sous votre tu-
telle et issues des femmes
avec qui vous avez consom-
mé le mariage; si le mariage
n’a pas été consommé, ceci
n’est pas un péché de votre
part. » [Qurān An-Nisa 4:
22]
Cela inclue aussi la fille du
fils de l’épouse, car elle est
aussi considérée comme
une belle-fille (rabība).
(c) L’épouse du fils, petit-
fils et ainsi de suite, peu im-
porte si le fils a consommé
son mariage ou pas.
Allah  dit dans le même
verset :
« (vous sont interdites) les
femmes de vos fils nés de
vos reins. » [Qurān An-Nisa
4: 22]
Le verset fait référence
spécifiquement aux fils à
part entière; donc le mar-
iage avec l’ex-épouse de
son beau-fils est permis, s’il
lui donne le divorce.
(d) L’épouse du père, la
mère de celle-ci et ainsi
de suite. Référence ici est
faite aux femmes qui ont
été en alliance avec le père
ou grand-père paternel ou
maternel.
Allah  dit:
« Et n’épousez pas les
femmes que vos pères ont
épousées, exception faite
pour le passé. C’est une
turpitude, une abomina-
tion, et quelle mauvaise
conduite. » [Qurān An-Nisa
4: 21]
Quelques masāil relatifs au mahram
1. Se couvrir la ‘awrah
Linguistiquement, ‘awrah ( ‫)ﻋﻭﺭﺓ‬
veut dire un endroit secret ou ca-
ché, et la ‘awrah d’une personne
signifie tout ce qui doit rester
caché. Cela fait référence aussi
à toute chose qui, si cela est ex-
posé, engendra la honte. Donc, la
‘awrah d’un individu est la partie
du corps qui suscite normalement
de l’embarras et la honte si elle
est exposée. [Lisān al-‘Arab 9/370]
Dans la terminologie juridique is-
lamique, la ‘awrah est la partie du
corps qui doit être couverte avec
des vêtements appropriés.
Se couvrir la ‘awrah, pour la gente
masculine et féminine, est d’une
importance primordiale en Islam ;
le Qurān et la Sunnah y ont mis
beaucoup d’emphase.
Il est permis à une femme
d’exposer les parties suivantes de
son corps devant un maḥram: la
tête, les cheveux, le cou, le visage,
les épaules, les mains, les avant-
bras et les pieds en dessous du
genou. Il ne lui est cependant pas
permis d’exposer l’estomac, le dos
and toute la partie qui s’étend du
nombril jusqu’au genou. [Voir: Al-
Fatāwā al-Hindiyya 5/328]
Ce verdict légal est basé sur le ver-
set suivant: « Et dis aux croyantes
de baisser leurs regards, de garder
leur chasteté, et de ne montrer de
leurs atours que ce qui en paraît
et qu’elles rabattent leur voile sur
leurs poitrines; et qu’elles ne mon-
trent leurs atours qu’à leurs maris,
ou à leurs pères, ou aux pères
de leurs maris, ou à leurs fils, ou
aux fils de leurs maris, ou à leurs
frères, ou aux fils de leurs frères,
ou aux fils de leurs sœurs, ou aux
femmes musulmanes, ou aux es-
claves qu’elles possèdent, ou aux
domestiques mâles impuissants,
ou aux garçons impubères qui ig-
norent tout des parties cachées
des femmes… » [Qurān An-Nūr 24:
31]
Il est aussi permis au maḥram de
toucher ces parties qui peuvent
être exposées, à condition qu’il y
ait une absence totale de possi-
bilité de tentation et de désir.
Imam al-Qudūri v dit: « Il n’y a
rien de mal à toucher ces parties là
qui sont permises d’être vues. »
Toutefois, il faut se rappeler que
s’il y a crainte de tentation (fitna), il
sera alors illicite d’exposer ces par-
ties là, même devant un maḥram,
et il ne sera ni permis non-plus au
mahram de toucher ces parties
là. [Voir: Al-Lubāb fī Sharḥ al-Kitāb
3/218]
La ‘awrah (ce que doit être cou-
vert) devant un ghair-maḥram
(non-maḥram) est le corps tout en-
tier hormis le visage, les mains et
les pieds.
Imam Al-Marghīnāni v dit: « Il
n’est pas permis à un homme de
regarder le corps entier d’une
femme non-maḥram (du fait que
c’est la ‘awrah) à l’exception de
son visage et ses mains, car Allah
 dit: « et de ne montrer de leurs
atours que ce qui en paraît.. »
[Qurān An-Nūr 24: 31]. ‘Ali  et
Ibn ‘Abbās  ont interprété dans
ce verset l’apparent comme étant
le kohl et l’anneau, faisant donc
référence au visage et aux mains
[…]. Ceci contient l’évidence tex-
tuelle de l’interdiction de regarder
ses pieds (car ils sont de la ‘awrah),
mais Abū Ḥanīfa dit qu’il est permis
de regarder les pieds par besoin. »
[Al-Hidāya avec Natāij al-Afkār par
Qāḍi Zāda 10/28-29]
Imam Al-Qudūri v dit: « La femme
peut se découvrir les pieds quand
elle marche, tout comme elle doit
montrer son visage et ses mains
pendant les transactions. Donc,
si l’un d’entre ceux-ci est exempt
de la ‘awrah, l’autre l’est aussi. Les
mains sont mieux valorisées que
les pieds, donc, si les mains et le
visage ne sont pas de la ‘awrah,
alors les pieds ne le sont pas non
plus, à plus forte raison.” [At-Tajrīd
2/604]
Les savants hanafites avancent les
arguments suivants pour prouver
que les pieds d’une femme ne sont
pas de la ‘awrah.
(i) Si l’on se base sur le verset où
Allah  dit: “ et de ne montrer de
leurs atours que ce qui en paraît,”
[Qurān An-Nūr 24: 31] pour établir
ce que peut être découvert, alors
les pieds ne sont habituellement
pas des éléments de beauté (ils le
sont peut être pour une minorité,
mais les règles se font suivant la gé-
néralité). Allah  dit : «Et qu’elles
ne frappent pas avec leurs pieds
de façon que l’on sache ce qu’elles
cachent de leurs parures.» [Qurān
An-Nūr 24 :31], c’est à dire la son-
nerie des bracelets de cheville, et
cela démontre que les pieds ne
sont pas de la beauté apparente.
Ceci est renforcé par le fait que la
Mère des croyants, ‘Aishah , a dit
en commentant ce verset que c’est
« un anneau d’orteil, un anneau en
argent porté autour des orteils. »
[Ibn Abi Ḥātim, cité par Ibn Taymi-
yyah dans Ḥijāb al-Mar-ah 17]
(ii) Le Prophète  a dit : « La femme
est une ‘awrah », ce qui établit
l’injonction de se couvrir le corps
en entier. D’autre part, il est aussi
établi que c’est une grande diffi-
culté que de se couvrir les pieds et
d’en éviter l’exposition. Donc, par
analogie (aux mains), les pieds sont
exclus de la ‘awrah de par la diffi-
culté que comporte le fait de les
couvrir. C’est parce que la femme
sera mise en difficulté à chaque
fois que ses pieds s’exposent pen-
dant la marche à pieds nus ou avec
des chaussures, car elle ne peut
pas toujours trouver des khuff
(bottines ou chaussettes en cuir)
ou des chaussettes en toile pour
les couvrir. Il faut aussi noter que
les chaussettes ne suffisent pas
comme couverture car elles sont
moulantes. De plus, voir les pieds
ne réveille pas le désir autant
que voir le visage ; alors, si le vis-
age n’est pas ‘awrah en dépit du
fait qu’il suscite le désir de façon
plus prononcée, les pieds méritent
plus de rester découverts vue la
difficulté qu’il y a pour les cou-
vrir. [Voir: Fatḥ al-Qadīr de Ibn al-
Humām 1/225, et al-Bināyah d’Al-
‘Ayni 2/63]
Imam At-Tumurtāshi v dit dans
Tanwīr al-Abṣār: « La ‘awrah d’une
femme est son corps en entier
à l’exception de son visage, ses
mains et ses pieds. Toutefois, elle
évitera d’exposer son visage dans
la compagnie des hommes par
crainte de fitna. » [Tanwīr al-Abṣār,
voir: Radd al-Muḥtār ‘alā Durr al-
Mukhtār sharḥ Tanwīr al-Abṣār
1/406]
La ‘awrah pour les hommes est par
définition la partie entre le nom-
bril et les genoux, ceux-ci étant
inclus dans les parties à couvrir. La
‘awrah d’un homme doit toujours
rester couvert sauf devant son
épouse.
Abū Ayyūb  dit: J’ai entendu le
Messager d’Allah  dire: « Ce qui
est en-dessus des genoux est [de]
la nudité, et ce qui est en-dessous
du nombril est [de] la ‘awrah. »
[Ad-Dārqutni 1/231 et Al-Bayhaqi
2/229]
‘Ali  rapporte que le Messager
d’Allah  a dit: « Le genou est de la
‘awrah. » [Ad-Dārqutni 1/231]
Il est permis de découvrir et expos-
er certaines parties de la ‘awrah
dans les cas d’extrême nécessité
et de besoin, comme les exigences
médicales. Cependant, il faut faire
de sorte de limiter cela aux seules
parties concernées. Si une per-
sonne nécessite un traitement au
niveau des parties génitales, il est
alors mieux de recevoir le traite-
ment de quelqu’un du même sexe.
Si cela n’est toutefois pas possible,
il sera alors permis de recevoir ce
traitement d’un ou d’une spécial-
iste du sexe opposé, tout en pre-
nant tout le soin nécessaire en
vue de respecter les injonctions et
principes de la Shariah.
> suite page 4
 Mahram
le concept de
Relations hommes-femmes en islam
‘Allāma Ibn ‘Abidīn v dit : « Il est permis à un
médecin homme de voir les parties affectées
d’une femme pour des besoins médicaux,
à condition que cela soit restreint unique-
ment à l’endroit nécessitant le traitement,
car la nécessité est limitée au besoin actuel
uniquement. Si le traitement est requis pour
les parties intimes, alors il doit être effectué
par une femme, car voir quelqu’un du même
sexe est un moindre mal. » [Radd al-Muḥtār,
5/261]
2. La Khalwa
La khalwa ( ‫ )ﺧﻠﻭﺓ‬est la réclusion ou l’isolement
en privé de deux personnes de sexes oppo-
sés.
Être seul(e) en privé avec un/une ghair-
maḥram est défendu (ḥarām) ou tout au
moins détestable de façon prohibitive
(makrūh taḥrīman), et doit être évité.
‘Abdullah ibn ‘Abbās  rapporte que le Mes-
sager d’Allah  a dit : « Un homme ne doit
pas rester seul en compagnie d’une femme,
et une femme ne doit pas voyager sans que
son maḥram ne l’accompagne. » [Al-Bukhāri
2488]
‘Umar ibn Al-Khaṭṭāb  rapporte que le Mes-
sager d’Allah  a dit: «Lorsqu’un homme et
une femme sont seuls en privé, Shayṭān devi-
ent le troisième. » [At-Tirmidhi 2165]
Être seul (khalwa) signifie la situation dans
laquelle un homme et une femme, qui ne
sont pas maḥram, se retrouvent seuls dans
une pièce ou un autre endroit, de sorte
qu’une tiers personne ne puisse pas facile-
ment y entrer, ou qui ne soit pas facilement
accessible aux autres.
‘Allāma Ibn ‘Abidīn v explique que la khal-
wa, qui est défendue (ḥarām), ne serait pas
considérée comme ḥarām dans les cas suiv-
ants :
(a) S’il y a une barrière entre l’homme et la
femme ;
(b) Si un maḥram de la femme (ex. son frère,
son époux etc.) est présent ;
(c) Si une femme pieuse et vieille est
présente, qui ne peut typiquement pas
éveiller le désir sexuel, et qui peut se
protéger et protéger l’autre femme.
Ceci est une opinion de l’école hanafite.
Selon une autre opinion, (comme dans
Muniyat al-Mufti), la khalwa est makrūh
taḥrīmī (fortement détestable à la limite
de l’interdit) même en présence d’une
autre femme ;
(d) Si un autre homme ghair-maḥram est
présent. [Radd al-Muḥtār 6/368]
3. Le regard
Maîtriser le regard est une bonne pratique
qui promeut l’interaction modeste et décen-
te entre les deux sexes. Le Qurān ordonne
les croyants et les croyantes de préserver
leur regard.
Allah  dit: « Dis aux croyants de baisser
leurs regards et de garder leur chasteté.
C’est plus pur pour eux. Allah est, certes,
Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font.
Et dis aux croyantes de baisser leurs regards,
de garder leur chasteté … » [Qurān An-Nūr
24: 30-31]
«Il (Allah) connaît la trahison des yeux, tout
comme ce que les poitrines cachent… »
[Qurān Ghāfir 40: 19]
Jābir  rapporte: « J’ai interrogé le Messag-
er d’Allah  à propos du regard instinctif (qui
est porté) au visage (d’une ghair-maḥram).
Il m’ordonna de m’en détourner les yeux. »
[Muslim 5372]
Abū Hurayra  rapporte que le Messager
d’Allah  a dit: « Allah a décrété pour le fils
d’Adam sa part du zinā (adultère) qui le rat-
trapera inévitablement. Le zinā de l’œil est
le regard et le zinā de la langue est la parole.
Le cœur désire et les parties génitales con-
firment cela ou le renient. » [Bukhāri 6243]
Avant d’avancer plus loin dans l’exposé, il
est impératif de comprendre la définition de
shahwa dans le contexte du regard porté sur
une femme.
Les juristes ont clairement mentionné que
la shahwa dans le contexte de regarder
quelqu’un du sexe opposé est « une attrac-
tion et une inclinaison », peu importe si ce
regard incite les parties génitales ou non.
Imam Al-Quhustāni v dit: « Le fait d’être
sûr et certain que la shahwa n’adviendra
pas en la regardant, est une condition pour
qu’il (le regard) soit permis. La shahwa est
l’inclinaison vers l’autre personne avec le
désir de s’en rapprocher, de le/la toucher
ou simplement de le/la regarder. » [Jāmi’ ar-
Rāmuz 2/305]
Le regard d’un homme, vers le visage ou les
mains d’une femme ghair-maḥram, est clas-
sifié dans trois différentes catégories :
(a) Un regard accompagné de la conviction
qu’il n’y a pas la possibilité d’attraction.
Dans ce cas, le règlement des Imams de
l’école (hanafite) est claire – ce regard
est permis. Imam Muḥammad ibn al-
Ḥasan v dit : « Concernant la femme
libre, tant qu’il n’y a pas de contrat de
mariage entre elle et un homme, il n’est
pas permis à ce dernier de regarder
aucune partie découverte de celle-ci, à
l’exception du visage et des mains. Il n’y
a pas de mal à regarder le visage et les
mains, et rien d’autre que ceux là. C’est
ce qu’a dit Abu Ḥanīfa. » [Al-Mabṣūṭ
3/48-49]
Imam Al-Māturīdi v dit : « Il est per-
mis de regarder le visage d’une femme
ghair-maḥram s’il n’y a pas de shahwa. »
[Ta-wīlāt Ahl as-Sunnah 7/545]
(b) Un regard accompagné de doute de
(suite)
possibilité d’attraction
Ce type de regard est considéré comme
ḥarām.
(c) Un regard accompagné de la forte pos-
sibilité ou la certitude d’attraction
Ce regard est aussi ḥarām comme le
précédent.
Imam Az-Zayla’ī v dit : « Le principe
est qu’il n’est pas permis de regarder le
visage d’une femme étrangère (ghair-
maḥram) avec désir, comme nous avons
mentionné, sauf dans des cas de néces-
sité. Il est de même si le désir est cer-
tain tout comme s’il y a des doutes là-
dessus. » [Tabyīn al-Haqāiq 6/17]
Imam Ar-Rāzi v dit: « S’il craint le désir
(shahwa) ou a des doutes que le désir
peut-être suscité, alors il ne doit pas
regarder le visage sauf dans des cas de
nécessité. » [Tuḥfa al-Mulūk 230]
Toutefois, regarder quelqu’un qu’on a
l’intention d’épouser n’est pas seulement
permis mais aussi encouragé par le Messag-
er d’Allah .
Abu Hurayrah  rapporte : « J’étais en com-
pagnie du Messager d’Allah  lorsqu’un
homme vint et l’informa qu’il avait entrepris
d’épouser une femme des Anṣār. Le Mes-
sager d’Allah  lui dit : « L’as-tu regardée ? »
« Non » répondit-il. Il dit : « Vas et regarde-la,
car il y a quelque chose (de particulier) dans
les yeux des Anṣār. » » [Muslim 1423]
Al-Mughīra ibn Shu’bah  rapporte qu’il avait
demandé la main d’une femme en mariage.
Le Messager d’Allah  lui dit : « Regarde-la,
car cela peut insuffler l’amour entre vous. »
[At-Tirmidhi 1087]
Imam Al-Haṣkafi v dit: « Il est recommandé
… de regarder la femme avant le mariage. »
‘Allāma Ibn ‘Abidīn v explique ceci en dis-
ant : « C’est-à-dire, même s’il y a la shahwa,
mais cela se fait lorsqu’on croit sincèrement
qu’il est possible de l’épouser. » [Radd al-
Muḥtār 3/8]
Imam Al-Haṣkafi dit aussi: « Si quelqu’un
craint la shahwa ou a des doutes là-dessus,
il lui sera alors prohibé de regarder le visage
d’une femme non-maḥram. Donc, la permis-
sion de regarder est limitée à l’absence de
la shahwa, autrement c’est ḥarām. Ce règle-
ment appartient à son époque ; quant à la
nôtre, il sera défendu de regarder une jeune
femme (avec ou sans crainte de shahwa). Il
y a exception pour le regard, sans contact,
lorsqu’il y a besoin, comme pour un juge, un
témoin en court … et celui qui veut se mari-
er, même avec désir mais uniquement avec
l’intention d’implémenter la Sunnah (et de
satisfaire ainsi le but du mariage) et non pas
pour satisfaire ses propres désirs (en regar-
dant sans vraiment vouloir l’épouser). »
‘Allāma Ibn ‘Abidīn v avance les points
suivants dans son commentaire du texte ci-
dessus :
(i) Il n’y a rien de mal à regarder quelqu’un
qu’on a l’intention d’épouser, même avec
désir, de par le hadith d’Al-Mughīra dans
lequel le Messager d’Allah  dit : « Re-
garde-la, car cela peut instiller l’amour
entre vous ». C’est aussi de par le but de
suivre la Sunnah du mariage et non de
suivre le désir.
(ii) Il n’est pas permis de toucher le visage et
les mains de la femme même sans crainte
de désir, car il n’y a pas de nécessité à
cela.
(iii) Le besoin est seulement de regarder la
femme une fois, et plus d’une fois n’est
pas permis, car tout cas de besoin se lim-
ite au besoin actuel. (Toutefois, si l’on est
incertain ou indécis après avoir regardé
une fois, pour une quelconque raison,
comme ne pas avoir vu clairement par ex-
emple, alors on peut regarder à nouveau.
Ceci ne devrait cependant se faire que si
l’on croit sincèrement que le mariage est
très probable.)
(iv) La permission est seulement pour regard-
er les mains et le visage.
(v) S’il n’est pas possible de regarder la
femme ou si l’on veut des descriptions
des parties du corps autres que les mains
et le visage, l’on doit alors déléguer une
parente (mère ou sœur par exemple)
pour la regarder et la décrire après.
(vi) Une femme peut aussi regarder l’homme
qu’elle veut épouser même s’il y a crainte
de désir ; c’est même plus important. La
raison en est que le mari sera en mesure
de la divorcer s’il ressent de l’aversion
pour elle, alors qu’elle ne pourra pas en
faire autant. Il est alors très important
qu’elle le regarde et qu’il plaise à elle.
[Radd al-Muḥtār ‘alā al-Durr al-Mukhtār
6/370]
4. Le contact physique
Il est défendu pour un homme ou une femme
de toucher un/e ghair-maḥram du sexe op-
posé. C’est un grand péché qui entraine châ-
timent dans l’au-delà.
Ma’qil ibn Yasār  rapporte que le Messager
d’Allah  a dit: « Il est meilleur pour l’un de
vous d’être poignardé à la tête avec un pic en
fer que de toucher une femme non permise à
lui. » [At-Ṭabarāni dans Al-Kabīr 16800]
Ce hadith seul suffit pour dissuader de cette
action et pour insuffler l’obéissance exigée
par Allah, car il implique le fait que toucher
une femme peut conduire à la tentation et
l’immoralité.
Bien qu’étant le plus pur de tous les croyants,
l’infaillible et le meilleur de toute l’humanité,
le Messager d’Allah  n’a jamais touché une
femme ghair-maḥram.
‘Urwah  rapporte que ‘Aisha  lui parla du
serment d’allégeance (bay’ah) des femmes
ainsi : « Le Messager d’Allah  n’a jamais tou-
ché une femme de la main. Il expliquait à la
femme ce que le serment d’allégeance impli-
quait, et lorsqu’elle acceptait, il disait : « Pars,
car tu as donné ton serment d’allégeance » ».
[Muslim 1866]
Umaymah, la fille de Raqīqah , dit : le Mes-
sager d’Allah  a dit : « Je ne serre pas la
main aux femmes. » [An-Nasāi 4181 et Ibn
Mājah 2874]
Ibn Nujaym v dit: « Il n’est pas permis à un
homme de toucher le visage ou les mains
d’une femme même s’il n’y a pas risque de
désir car c’est en principe ḥarām et il n’y a pas
de nécessité qui le rendrait permis. » [Al-Baḥr
ar-Rāiq 8/209]
5. La conversation
Les femmes aussi bien que les hommes
doivent s’abstenir de converser avec des per-
sonnes ghair-maḥram du sexe opposé dans
un ton doux et mielleux.
Allah  dit : « O épouses du Prophète! Vous
n’êtes comparables à aucune autre femme.
Si vous êtes pieuses, ne soyez pas trop com-
plaisantes dans votre langage, afin que celui
dont le cœur est malade ne vous convoite
pas. Et tenez un langage décent. » [Qurān Al-
Aḥzāb 33: 32]
Imam Al-Jassās v dit: « Ce verset démontre
l’interdiction pour les femmes d’élever leurs
voix en présence des hommes ghair-maḥram,
car cela peut mener vers la fitna. C’est la rai-
son pour laquelle nos savants ont déclaré
makrūh (détestable) le fait de faire l’adhān
pour la femme, comme elle aura à élever la
voix, qui n’est pas permis. »
Il dit aussi : « Allah a défendu aux femmes
de frapper les pieds par terre quand Il dit :
« Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds
de façon que l’on sache ce qu’elles cachent
de leurs parures… » [Qurān An-Nūr 24 : 31].
S’il n’est pas permis pour elles de laisser
entendre aux ghair-maḥram le son de leurs
chaussures, alors élever leurs voix de façon
incitante est prohibé à plus forte raison. »
[Aḥkām al-Qurān 5/229]
‘Allāma Ibn ‘Abidīn v dit: « Il est permis aux
femmes de converser avec des hommes non-
maḥram dans des cas de besoin, et vice versa.
Toutefois, il est répréhensible d’allonger
la conversation, de s’adoucir la voix ou de
l’élever de façon agréable ou mélodieuse. »
[Radd al-Muḥtār 1/406]
6. Le voyage
Il n’est pas permis à une femme de voyager
pour une durée de trois jours, ou un équiva-
lent de 48 miles, sans être accompagnée d’un
maḥram.
Il y a plusieurs narrations claires du Messager
d’Allah  concernant ceci.
‘Abdullāh ibn ‘Umar  rapporte que le Mes-
sager d’Allah  a dit : « Une femme ne doit
pas voyager pendant trois jours sans un
maḥram. » [Al-Bukhāri 1036]
Abu Hurayrah  rapporte que le Messager
d’Allah  a dit: « Il n’est pas permis à une
femme qui croit en Allah et au Jour Dernier
de voyager une distance d’un jour et d’une
nuit sans être accompagnée d’un maḥram. »
[Al-Bukhāri 1038]
Ibn ‘Abbās  rapporte que le Messager d’Allah
 a dit: « Une femme ne doit voyager qu’avec
un maḥram et un homme ne doit entrer [seul
avec elle] que si elle a [en sa compagnie] un
maḥram. » [Al-Bukhāri 1763]
Selon les juristes hanafites, la distance qui est
considérée ici est d’une durée de trois jours
et trois nuits, car les narrations qui mention-
nent trois jours et trois nuits ont atteint le
niveau de certitude. Tous les saḥabas qui ont
rapporté des narrations mentionnant autre
que trois jours ont aussi rapporté des narra-
tions mentionnant trois jours. Les narrations
mentionnant un ou deux jours sont limitées
à certaines circonstances spécifiques, com-
me la crainte de plus de fitna. Les savants
hanafites ont donc favorisé les narrations qui
mentionnent trois jours et trois nuits comme
base pour l’interdiction. [Voir : I’lā as-Sunan
par Al-‘Uthmāni 10/11]
Les savants ont divergé sur la distance de
cette durée. Beaucoup sont d’avis que c’est
équivalent à 16 farsakh, et un farsakh équiv-
aut trois miles, donnant un total de 48 miles.
[Voir : Fayḍ al-Bāri par Al-Kashmīrī 2/397]
Imam Al-Kāsāni v dit: « Une des conditions
qui permettent à une femme de voyager
pour le Ḥajj est qu’elle soit accompagnée
de son époux ou d’un maḥram. Si aucun des
deux ne l’accompagne, le Ḥajj ne lui sera alors
pas obligatoire. Notre preuve est ce qu’Ibn
‘Abbās  a rapporté du Messager d’Allah 
qui a dit : « Certes, une femme ne doit pas
voyager pour le Ḥajj sans que son maḥram ne
l’accompagne. » Le Messager d’Allah  a
aussi dit : « Une femme ne doit pas voyager
sans que son maḥram ou son époux soit avec
elle. » Aussi, une femme n’est pas en sécurité
si son époux ou maḥram ne l’accompagne
pas. C’est la raison pour laquelle il est même
défendu pour elle de voyager seule [voulant
dire même pas en compagnie d’un étranger],
et cette crainte [quant à leur sécurité et leur
vulnérabilité] grandit lorsqu’elles sont en
groupe. C’est pourquoi il est interdit pour un
homme d’être en réclusion (khalwa) avec une
femme ghair-maḥram même si celle-ci est ac-
compagnée d’une autre femme. » [Badāi’ as-
Ṣanāi’ 2/123]
Il est mentionné dans Al-Fatāwā al-Hindiyya:
« Une des conditions qui permettent à une
femme, jeune ou âgée, de voyager pour le Ḥajj
est d’être accompagnée par son maḥram si la
distance entre elle et Makkah est d’une du-
rée de trois jours, comme [mentionné] dans
[Le livre] Muḥīṭ. Si la distance est inférieure
à cela, elle accomplira alors le Ḥajj sans son
maḥram, comme [mentionné] dans [Le livre]
Badāi’. » [Al-Fatāwa Al-Hindiyya 1/219]
Imam Al-Haṣkafi v fait aussi état du même
règlement, sur lequel ‘Allāma Ibn ‘Abidīn v
a commenté ainsi : « Il n’est pas permis à
une femme de voyager une distance de trois
jours et trois nuits. Cependant, il lui est per-
mis de voyager une distance moindre sans
un maḥram en cas de besoin. Il est rapporté
que Abu Ḥanīfa et Abu Yūsuf ont [dit qu’il est]
détestable (makrūh) qu’une femme voyage
seule même si la distance est d’un jour et une
nuit, et la fatwa doit être sur cette opinion
car l’immoralité est répandue. Ceci est aussi
affirmé par le hadith contenu dans Al-Bukhāri
5
et Muslim : « Il n’est pas permis à une femme
> suite page 8

Donner la Zakāt al-Fiṭr
en valeur monétaire
La Zakāt al-Fiṭr [ou Ṣadaqa al-Fiṭr] est une
aumône que doit verser tout musulman du-
rant le mois de Ramadan et avant la ṣalāt-
ul-‘Eid. Elle est obligatoire (Wājib) d’après la
majorité des savants. [Voir: Fatḥ al-Qadīr d’Ibn
Humām 2/285 et Al-Mughnī d’Ibn Qudāma
4/33].
Il est recommandé de payer la Zakāt al-Fiṭr
avant la ṣalāt al-‘Eid. D’après Ibn ‘Abbās , le
Prophète  a dit : « …celui qui donne cette
Zakāt (al-Fiṭr) avant la ṣalāt, elle sera une
Zakāt agréée ; et celui qui la donne après la
prière ce sera une aumône parmi les aumô-
nes. » [Abu Dāwūd 1609]
Nombreux sont les savants, parmi les pieux
prédécesseurs (salaf), qui ont autorisé le
paiement de la Zakāt al-Fiṭr en valeur mo-
nétaire. Il n’est pas juste de dire que seules
les juristes Hanafites autorisent cela. La liste
suivante fait mention de quelques uns de ces
savants :
(1) ‘Umar ibn al-Khaṭṭāb , deuxième calife
de l’Islam. [Voir : ‘Umdat al-Qāri d’Al-‘Ayni
9/8]
(2) ‘Abdullah ibn ‘Umar , le juriste parmi les
compagnons. [Voir : ‘Umdat al-Qāri d’Al-‘Ayni
9/8]
(3) ‘Abdullah ibn Mas’ūd , le juriste parmi
les compagnons. [Voir : ‘Umdat al-Qāri d’Al-
‘Ayni 9/8]
(4) ‘Abdullah Ibn ‘Abbās , le juriste parmi les
compagnons. [Voir : ‘Umdat al-Qāri d’Al-‘Ayni
9/8]
(5) Mu’ādh ibn Jabal , le juriste parmi les
compagnons. [Voir : ‘Umdat al-Qāri d’Al-‘Ayni
9/8]
(6) Tāwūs , le grand tābi’i. [Voir : ‘Umdat al-
Qāri d’Al-‘Ayni 9/8]
(7) ‘Umar ibn ‘Abd al-Aziz, le pieux calife
Umayyade. [Voir : Muṣannaf Ibn Abi Shayba
6/507-508/10469 et 10470]
(8) Hasan al-Baṣri, le grand tābi’i. [Voir :
Muṣannaf Ibn Abi Shayba 6/508/10471]
(9) Abu Is-ḥāq as-Sabī’i, le tābi’i. [Voir :
Muṣannaf Ibn Abi Shayba 6/508/10472]
(10) Imam Abu Ḥanīfa et tous ses compa-
gnons. [Voir : Al-Mabsūṭ d’As-Sarkhasi 3/107-
108, Tabyīn al-Ḥaqāiq d’az-Zayla’i 1/308 et
Badāi’ as-Sanāi’ d’Al-Kāsāni 2/72]
(11) Imam Sufyān ath-Thawri. [Voir: Al-Majmu’
d’An-Nawawi 6/112]
(12) Imam Abu Thawr. [Voir: Al-Majmu’ d’An-
Nawawi 6/112]
(13) Imam Is-ḥāq ibn Raḥaway. [Voir: Al-Ma-
jmu’ d’An-Nawawi 6/112]
(14) Imam al-Bukhāri [Voir : Fatḥ al-Bāri d’Ibn
Ḥajar al-‘Asqalāni 3/398 et ‘Umdat al-Qāri
d’Al-‘Ayni 9/8]
6 7
(15) Une opinion de l’Imam Aḥmad ibn
Ḥambal [Voir : Al-Inṣāf d’Al-Mardāwi 3/182]
(16) Imam Ibn al-Qāsim, le compagnon
de l’Imam Mālik [Voir : At-Tāj wal Iklīl d’al-
Mawwāq 3/150]
(17) Imam Ibn Ḥabīb, le Malikite [Voir : ‘Umdat
al-Qāri d’Al-‘Ayni 9/8]
(18) Imam Asbagh, le Malikite [Voir : Taḥqīq
al-Āmāl d’Al-Ghumāri 44]
(19) Imam Ash-hab, le Malikite [Voir : ‘Umdat
al-Qāri d’Al-‘Ayni 9/8]
(20) Imam Abul Qāsim al-Anmāti, le Shafi’ite.
[Voir : Al-Majmu’ d’An-Nawawi 6/112]
(21) Shaykh Ibn Taymiyya (Il autorise cela en
cas de nécessité ou en considérant l’intérêt
public (Maṣlaḥa).) [Voir : Majmu’ al-Fatāwa
25/82]
Entre autres.
Ci-dessous, nous présentons quelques preu-
ves mises en avant par ces savants. Il est à
noter qu’il existe 32 preuves qui soutiennent
cet avis. Le Shaykh Aḥmad ibn as-Siddīq al-
Ghumāri a écrit une épitre entière, intitu-
lée « Tahqīq al-Āmāl fi ikhrāj Zakāt al-Fitr bil
Māl », traitant ce sujet et dans laquelle il a
rassemblé toutes ces preuves.
(1) Allah  dit : « Prélève de leur biens une
ṣadaqa » [Qurān 9 :103]
Dans ce verset Allah nous montre clairement
que la ṣadaqa est dû sur les biens, qui sont
l’origine même de la charité. « Al-Māl » (le
bien) consiste de l’or, d’argent et de toutes
choses qui enrichissent l’homme. La Zakāt
al-Fitr est une forme de Sadaqa. Donc il est
permis de la donner en valeur monétaire.
(2) Donner la Zakāt en d’autres valeurs est
prouvé par la pratique du Prophète , ses
compagnons et les pieux prédécesseurs.
L’Imam al-Bukhāri a inclu dans son Saḥīḥ un
chapitre intitulé : « Sur les biens en nature
dans la Zakāt. »
Ensuite, il élabora son opinion en citant un
athar et deux hadiths.
D’après Tāwūs, Mu’ādh ibn Jabal  a dit aux
gens du Yémen: « Apportez-moi des biens
en nature, des pièces d’étoffe Khamīs (vête-
ment long de cinq aunes) ou des vêtements
pour le paiement de l’aumône, et ce à la pla-
ce de l’orge et du millet. Cela est plus facile
pour vous et cela vaut mieux pour les com-
pagnons du Prophète  qui sont à Madina. »
[Al-Bukhāri 2/304]
Dans une autre version, d’après Tāwūs, Le
Messager d’Allah  a envoyé Mu’ādh au Yé-
men et lui a ordonné de prendre l’aumône
(Sadaqa) sur l’orge et le blé alors il a pris
le prix équivalent à l’orge et au blé en vê-
tements. [Muṣannaf ibn Abi Shayba 6/521-
522/10538]
Imam Ash-Shāfi’i dit : « Tāwūs était celui qui
connaissait Mu’ādh le mieux» [Al-Umm 2/9]
Le Prophète  dit : «Quant à Khālid, il n’a gar-
dé ses cuirasses et ses ustensiles que pour la
cause d’Allah. » [Al-Bukhāri 2/304]
Le Prophète  dit : « Faites la charité ! Fût-ce
de vos bijoux. » Imam al-Bukhāri dit : « Ici il
ne différencie pas l’aumône obligatoire des
autres (types de charité). » Et les femmes
se mirent à jeter leurs boucles d’oreilles et
leurs colliers. [Al-Bukhāri 2/304]
Cet évènement a eu lieu le jour de l’Eid al-
Fitr, comme l’a mentionné l’Imam Ahmad ibn
Hambal dans une version du hadith. [Voir :
Fatḥ al-Bāri d’al-‘Asqalāni 3/313 et Taḥqīq al-
Āmāl d’al-Ghumāri 57]
Imam al-Bukhāri dit : « De plus, parmi les
biens en nature, il n’a pas précisé spécifique-
ment l’or et l’argent. » [Al-Bukhāri 2/304]
Dans les hadiths que nous avons cités de
l’Imam al-Bukhāri et de l’Imam Ibn Abi Shay-
ba, la charité (Sadaqa) est mentionnée en
terme général. La Zakāt al-Fitr est inclue
comme une forme de Sadaqa.
Pour plus de détails veuillez vous référer à
‘Umdat al-Qāri Sharḥ Sahih al-Bukhāri d’Al-
‘Ayni 9/8.
(4) La Zakāt al-Fitr a été instituée afin de pu-
rifier le jeûne du fidèle, de toutes les petites
fautes commises durant ce mois, de subve-
nir aux besoins du pauvre en ce jour de fête
et de répandre la joie autour de nous. Nom-
breux hadiths font mention de cela.
Ibn ‘Abbās  a dit : « Le Messager d’Allah  a
prescrit la Zakāt al-Fitr pour purifier le jeûne
de la mauvaise action et de la mauvaise pa-
role et pour permettre aux pauvres d’être
bien nourris (le jour de l’Eid) … » [Abu Dāwūd
2/447-448/1605 et Ibn Mājah 1543]
D’après Ibn ‘Umar  , le Prophète  a dit:
« Enrichissez- les afin qu’ils n’aient pas à
mendier ce jour-là » [Ad-Dārqutni 2133 et Al-
Bayhaqi 7739]
D’après ‘Aisha  et Abu Sa’īd al-Khudri , le
Prophète  a dit: « Enrichissez-les afin qu’ils
n’aient pas à mendier ce jour-là. » [Ibn Sa’d
dans At-Tabaqāt al-Kubrā 1/213-214]
Comme c’est l’aspect de l’entraide matérielle
qui prime, toute méthode d’acquittement qui
permettra de répondre au mieux à cela sera
acceptée et considérée comme valide. Don-
ner de l’argent aux pauvres constitue aussi
un outil efficace pour les mettre à l’abri de la
demande et satisfaire leurs besoins.
Le but de cette Zakāt est donc d’enrichir les
pauvres et pour bon nombre d’entre eux, l’ar-
gent en espèces est plus utile.
La toute première règle de la jurisprudence
islamique est celle qui dit : « Toute pres-
cription est liée à sa finalité (Maqāṣidihā).»
[Voir à titre d’exemple : Al-Majmu’ al-Mudhhab
d’Al-‘Alāi 1/35-37]
Le juriste Hanafite, Abu Ja’far dit : « Il vaut
mieux verser la valeur monétaire, car cela
réalise le mieux, l’intérêt du pauvre qui se
servirait de cette somme pour pourvoir, dans
l’immédiat, à ses besoins. » [Al-Mabsūṭ d’As-
Sarkhasi 3/107]
Sachez que la majorité des savants contem-
porains de l’islam nous dit que la finalité de la
Zakāt al-Fitr est de permettre aux pauvres de
connaître la joie de l’Eid et de les protéger de
la mendicité ce jour-là : donner la zakāt en
valeur monétaire permet donc d’atteindre ce
but. Comment voulez-vous que la joie de l’Eid
soit partagée lorsque le riche garnit sa table
et que ses enfants portent des habits neufs
alors que le pauvre reçoit comme Zakāt quel-
ques kilos de farine, de pâtes ou de riz ?!
(5) Il n’existe aucun texte avéré indiquant
que le Prophète  ou l’un des compagnons
auraient interdit de donner cette Zakāt en
d’autres valeurs.
La règle juridique unanimement accep-
tée est: « L’origine de toutes choses est
l’autorisation (al-Ibāḥa) aussi longtemps que
son interdiction n’a pas été prouvée. » [Voir
à titre d’exemple At-Tamhīd d’Ibn ‘Abd al-Barr
17/114 et Al-Qawāid al-Fiqhiyyah d’An-Nadwi
121-122]
(6) Allah nous ordonne de dépenser les biens
que nous chérissons les plus pour Lui.
Allah dit : « Vous n’atteindrez la (vraie) piété,
que si vous faites largesse de ce que vous
chérissez. Tout ce dont vous faites largesse,
Allah le sait certainement bien. » [Qurān Sura
Āl ‘Imrān verset 92]
L’homme, de part sa nature, chérit l’argent le
plus parmi tous les biens de ce monde. Donc,
les juristes ont compris cette injonction glo-
balement et l’ont appliquée pour tous types
de Sadaqa incluant la Zakāt al-Fitr.
(7) Le Prophète  a mentionné des mesures
différentes de la zakāt-ul fitr pour les diverses
commodités mentionnées dans les hadiths
malgré le fait que la nécessité est la même et
que les besoins seront comblés avec la même
mesure. Il a prescrit la Sā’ pour les dattes et
l’orge et la moitié de la Sā’ pour le blé et cela
parce que le blé était plus cher et rare à Ma-
dina dans son temps [1 Sā’ = 4 Mud = 3.2 Kg].
De ce fait, nous comprenons que le Prophète
 a pris en considération la valeur et non pas
les espèces. Si le Prophète  avait pris en
considération l’espèce, il aurait fixé un mon-
tant égal pour toutes les commodités.
Le Shaykh Ahmad al-Ghumāri a compilé 37
hadiths et Āthār dans lesquels le Prophète
 et ses compagnons ont mentionné la moi-
tié de la Sā’ comme Zakāt al-Fitr pour le blé.
[Tahqīq al-Āmāl 63-65] Nous citons quelques
uns ci-dessous :
D’après ‘Amr ibn Shu’ayb, de son père de son
grand-père, le Prophète  a envoyé un an-
nonciateur aux vallées de Makkah : « Certes
la Sadaqa al-Fitr est prescrite sur chaque mu-
sulman, homme et femme, libre ou esclave,
jeune ou vieux : deux Mud de blé ou un Sā’
des autres nourritures. » [At-Tirmidhi avec
‘Ārida al-Ahwadhi 3/181. At-Tirmidhi dit : ce
hadith est Ḥasan Gharīb]
D’après ‘Urwa ibn Zubayr, Asmā bint Abi Bakr
 donnait la Sadaqa al-Fitr à l’époque du Pro-
phète  pour sa famille, le libre et l’esclave,
en donnant deux Mud de blé, ou un Sā’ de
dattes ou un Sā’ de la nourriture qu’ils man-
geaient. [Aḥmad 6/346-347 et Sharḥ Mushkil
al-Āthār d’At-Ṭaḥāwi 4/342. Al-Ghumāri dit :
Ce hadith est Ḥasan. Tahqīq al-Āmāl 70]
(8) Il a été rapporté que les compagnons du
Prophète  modifiaient le montant obliga-
toire de la Zakāt al-Fitr en se basant sur leurs
Ijtihād (raisonnement individuel). Cela est
une preuve qu’ils ont compris que le Prophè-
te  prenait en considération la valeur et la
Maṣlaḥa (l’intérêt public).
Voici quelques Āthār qui prouvent notre ar-
gument :
Ibn ‘Umar  dit : « Les gens payèrent la Sa-
daqa al-Fitr au temps du Messager d’Allah 
en terme d’ un Sā’ d’orge ou de datte ou de
sel ou de raisin sec. A l’époque de ‘Umar, le
blé abondait. Il décréta la moitié du Sā’ de blé
à la place des autres aliments. » [Abu Dāwūd
2/112/1614]
D’après Al-Hasan , Ibn ‘Abbās  fit une
Khuṭba à la fin de Ramaḍān sur le mimbar à
Baṣra et il dit : « Le Messager d’Allah  a pres-
crit cette Sadaqa : un Sā’ de datte ou d’orge
ou la moitié d’un Sā’ de blé pour l’homme li-
bre et l’esclave, pour les hommes et les fem-
mes, pour les jeunes et les vieux. Et quand ‘Ali
est venu et a vu que les prix avaient baissé, il
dit : « Allah vous a donné la largesse, comme
ce serait mieux de donner un Sā’ de toutes
choses. » » [Abu Dāwūd 2/114-115/ 1622]
Abu Sa’īd al-Khudri  dit : « Au temps du
Messager d’Allah  nous donnions (la Sadaqa
al-Fitr) un Sā’ de nourriture : soit un Sā’ de
dattes, soit un Sā’ d’orge, soit un Sā’ de raisin
sec. Mais au temps de Mu’āwiya, lorsqu’il eut
le blé de Syrie, ce dernier dit : « Je crois qu’un
Mud de ceci équivaut à deux Mud de cela. »
[Al-Bukhāri 2/347/1508]
(9) ‘Urf ou droit coutumier.
‘Urf (‫ )ﻋُ ﺭﻑ‬signifie « us et coutumes » ou
« le convenable ». Dès ses origines, le droit
musulman a pris en considération le droit
coutumier. Les quatre Imams fondateurs des
écoles juridiques (madhāhib), se sont inspirés
des coutumes prédominantes à leurs épo-
ques respectives pour établir la discipline de
leurs écoles. [Voir à titre d’exemple : Rasāil Ibn
‘Abidīn 2/116 et Al-Furūq d’Al-Qarāfi 3/283]
Les juristes autorisant de donner la valeur
monétaire en Zakāt al-Fitr utilisent le ‘Urf
comme argument.
Imam As-Sarkhasi, le grand juriste Hanafite,
dit : « Le texte religieux insiste sur le blé et
l’orge ; car les transactions commerciales, à
Médine, à cette époque, étaient réglées par
ces articles ; contrairement à nous qui ré-
glons nos transactions en argent liquide, qui
est plus considérable pour nous, donc, il vaut
mieux en verser la Zakat. » [Al-Mabsūṭ 3/107-
108]
L’avis que ces juristes ont adopté est confor-
me aux conditions de vie de notre époque,
aux objectifs de la Shari’a, et à l’intérêt des
gens. Il est donc autorisé de verser la valeur
de la Zakāt al-Fitr en argent liquide, comme
le préconise l’école Hanafite.
(10) La pratique des compagnons (Sahāba) et
leurs successeurs (Tabi’ūn).
Imam Al-‘Ayni dit dans son commentaire de
Ṣaḥīḥ al-Bukhāri: «Sachez que le paiement de
la Zakāt, Kaffāra (l’expiation), Sadaqa al-Fitr,
al-‘Ushr, al-Kharāj (types d’impôts) et an-Nad-
hr (vœu) en valeur est autorisé chez nous (les
Hanafites). C’est aussi l’opinion de ‘Umar, son
fils ‘Abdullah, Ibn Mas’ud, Ibn ‘Abbās, Mu’ādh
et Tāwūs. Ath-Thawri dit : Il est permis de
retirer les biens en nature dans la Zakāt s’ils
sont de sa valeur. Et c’est aussi le Madhhab
d’Al-Bukhāri et une de deux opinions de
Aḥmad… » [‘Umdat al-Qāri 9/8]
D’après ‘Atā, Umar  prenait les biens en na-
ture comme Sadaqa (charité) qui consistait
de l’argent entre autres. [Muṣannaf Ibn Abi
Shayba 6/522/10539]
D’après ‘Antara, Ali  prenait la jizya (type
d’impôt) en forme de biens en nature…
[Muṣannaf Ibn Abi Shayba 6/522-523/10542]
Le Athar de Mu’ādh  est cité en haut. [Voir :
Al-Bukhāri 2/304]
Imam Abu Bakr ibn Abi Shayba a intitulé
tout un chapitre à ce sujet : « Donner le di-
rham dans la Zakāt al-Fitr. » Dans ce chapitre,
il cita cinq Āthār des pieux prédécesseurs.
[Muṣannaf Ibn Abi Shayba 6/507]
Qura dit, « il nous est parvenu la lettre de
‘Umar Ibn Abd al-‘Azīz concernant la Sadaqa
al-Fitr: un demi Sa’ pour chaque personne, ou
sa valeur ; soit un demi dirham ». [Musannaf
Ibn Abi Shayba 6/508/10470. Ce Athar a été
authentifié par Ibn Ḥazm. Voir : Al-Muhalla
6/130-131]
D’après Hishām, Al-Hassan al-Basri a dit: « Il
n’y a aucun mal à donner des dirhams pour
la Sadaqa al-Fitr » [Musannaf Ibn Abi Shayba
6/508/10471]
D’après Zuhayr, Abu Is-ḥāq as-Sabī’i a dit: « Je
les ai vus (les compagnons du Prophète  )
alors qu’ils donnaient pour la Sadaqa de Ra-
madan des dirhams de la valeur de la nourritu-
re » [Musannaf Ibn Abi Shayba 6/508/10472]
Pour conclure il faut aussi noter que les co-
mités de fatwa de presque tous les pays mu-
sulmans du monde autorisent aux fidèles de
donner leur Zakāt al-Fitr en valeur monétaire
et cela indépendamment des écoles de pen-
sés à laquelle ils s’adhèrent.
 le concept de
Mahram (suite et fin)
qui croit en Allah et au Jour Dernier de voyager
une distance d’un jour et une nuit sans être ac-
compagnée d’un maḥram. » Cependant, il est
mentionné dans Al-Fatḥ [Fatḥ ul-Qadīr d’Ibn
al-Humām] : « Lorsque l’opinion prédominante
est la première (c’est-à-dire la distance de trois
jour et trois nuits), l’époux n’a pas le droit de
l’empêcher d’accomplir le Ḥajj si la distance en-
tre elle et Makkah est de moins de trois jours. »
[Radd al-Muḥtār ‘alā al-Durr al-Mukhtār, 2/465]
7. L'adoption
Élever un enfant qui n’est pas son propre en-
fant biologique est permis et dans le cas d’un
orphelin ; c’est même encouragé.
Le Messager d’Allah  a dit : « Moi et celui qui
parraine un orphelin seront au paradis comme
ceci », et le Prophète  joignit son index et son
majeur. » [Al-Bukhāri 5304]
Toutefois, l’adoption légale n’est pas permise.
Cela veut dire qu’on ne peut pas changer la
lignée d’un enfant adopté et substituer les
noms de ses vrais parents par ceux des parents
adoptifs. Un enfant doit toujours être attribué
à ses parents biologiques afin que l’identité de
ses parents réels soit connue par les gens.
Allah  dit: « Il n’a point fait de vos enfants
adoptifs vos propres enfants. Ce sont des
propos [qui sortent] de votre bouche. Mais Al-
lah dit la vérité et c’est Lui qui met [l’homme]
dans la bonne direction. Appelez-les du nom
de leurs pères: c’est plus équitable devant Al-
lah…» [Qurān Al-Aḥzāb 33: 4-5]
L’enfant adoptif est aussi ghair-maḥram aux
membres de la famille adoptive. Donc, il ou elle
peut se marier à l’un(e) d’eux, et la famille doit
se conformer aux règles et étiquettes du ḥijāb
vis-à-vis de l’enfant dès qu’il/elle atteint l’âge
de puberté.
Il y a un cas cependant, dans lequel l’enfant
adopté deviendrait semblable aux enfants
biologiques du parent adoptif en terme de
mariage et du ḥijāb (mais pas en terme de
l’héritage) – notamment si la maman adoptive
allaite l’enfant adopté (fille ou garçon) dans la
période couvrant les premiers 24 mois lunaires
de la vie de l’enfant. Si durant cette période
l’enfant ingère n’importe quelle quantité de
lait, même peu, alors les deux parents adop-
tifs aussi bien que leurs maḥārim (pluriel de
maḥram) deviendraient maḥārim pour l’enfant.
Le mariage avec eux ne lui serait donc pas per-
mis, et le ḥijāb ne serait pas obligatoire. [Voir:
Al-Lubāb Fī Sharḥ al-Kitāb 4/77]
Conclusion
Nous avons ici brossé un tableau général sur
la question de maḥram en Islam. Le concept
et l’esprit qu’il porte montrent que l’Islam en-
cadre ses adeptes à vivre une vie chaste et sans
aucun type de corruption et d’immoralité. Cela
est la base de toute société saine et pure.
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Distribution gratuite. Veuillez accorder tout le respect necessaire à ce document car il contient des textes coraniques et prophétiques.
Du’ā à la vue du
croissant de lune
[Ci-dessous est un extrait du livre « Ad-Du’ā al-Mustajāb », qui mentionne trois hadiths au
sujet de l’invocation à faire en voyant le croissant de la lune. Le livre a été écrit par le grand
savant et soufi de Madīna al-Munawwara, le Sheikh Aḥmad ‘Abd al-Jawwād v p.49]
Quand il (le Messager d’Allah)  apercevait le croissant, il disait :
ْ ‫ اَﻟﻠّ ُﻬ ﱠﻢ إ ﱢِﱐ أَ ْﺳﺄَﻟُ َﻚ ﻣ‬.‫َﳊ ْﻤ ُﺪ ﻟِﻠّ ِﻪ َو َﻻ َﺣ ْﻮ َل َو َﻻ ُﻗـ ﱠﻮَة إﱠِﻻ ﺑِﺎﷲ‬
‫ِﻦ َﺧْﻴـ َﺮ‬ َْ ‫ ا‬.‫اَﷲُ أَ ْﻛَﺒـ ُﺮ اﷲُ أَ ْﻛَﺒـ ُﺮ‬
‫ِﻦ َﺷ ﱢﺮ َﻳـ ْﻮِم اﻟْ َﻤ ْﺤ َﺸ ِﺮ‬
ْ ‫ِﻦ ُﺳﻮِء اﻟْ َﻘ ْﺪ ِر َو ﻣ‬
ْ ‫ِﻚ ﻣ‬َ ‫ َو أَ ُﻋﻮُذ ﺑ‬،(‫اﻟﺸ ْﻬ ِﺮ )َﺛـ َﻼﺛًﺎ‬ ‫ﻫﺬَا ﱠ‬
«Allah est plus grand ! Allah est plus grand ! Louange à Allah ! Il n’y a ni puissance ni for-
ce autre que par Allah. O Allah ! Je Te demande du bien de ce mois (à trois reprises) et je
me réfugie auprès de Toi contre le mauvais destin et contre le malheur du jour du grand
rassemblement. » [Rapporté par Aḥmad et At-Ṭabarānī selon ‘Ubāda ibn as-Ṣāmit ]
Lorsqu’il  apercevait la nouvelle lune, il disait :
‫اَﻟﻠّ ُﻬ ﱠﻢ أَﻫِﻠﱠ ُﻪ َﻋﻠَْﻴـﻨَﺎ ﺑِﺎﻟْﻴُ ْﻤ ِﻦ َو ْاﻹِﳝَﺎ ِن َو ﱠ‬
‫ِﻴﻖ ﻟ َِﻤﺎ ُﲢ ﱡ‬
‫ِﺐ َو َﺗـ ْﺮ َﺿﻰ َرﱢﰊ‬ ْ ‫اﻟﺴ َﻼ َﻣ ِﺔ َو ْاﻹِ ْﺳ َﻼ ِم َو اﻟﺘـ‬
ِ ‫ﱠﻮﻓ‬
ُ‫َو َرﺑﱡ َﻚ اﷲ‬
«O Allah ! Que l’apparition du croissant soit accompagnée du bonheur, de la foi, de la sé-
curité, et de l’Islam et de la réussite de ce que Tu aimes et de ce qui Te satisfait entière-
ment. Allah est mon Seigneur et le tien. » [Rapporté par Aḥmad, At-Tirmidhi, At-Ṭabarānī,
Al-Ḥākim selon Ibn ‘Umar ]
Lorsqu’il  apercevait la nouvelle lune, il disait :
ْ ‫ اَﻟﻠّ ُﻬ ﱠﻢ إ ﱢِﱐ أَ ْﺳﺄَﻟُ َﻚ ﻣ‬،(‫اﻟﺸ ْﻬ ِﺮ )َﺛـ َﻼﺛًﺎ‬
‫ِﻦ‬ ‫ِﻦ َﺧ ْﲑِ ﻫﺬَا ﱠ‬ ْ ‫ِﻼ ُل ُر ْﺷ ٍﺪ َو َﺧ ْﲑٍ اَﻟﻠّ ُﻬ ﱠﻢ إ ﱢِﱐ أَ ْﺳﺄَﻟُ َﻚ ﻣ‬
َ‫ﻫ‬
ٍ ‫ِﻦ َﺷ ﱢﺮِﻩ )َﺛـ َﻼ َث َﻣ ﱠﺮ‬
(‫ات‬ ْ ‫ِﻚ ﻣ‬َ ‫اﻟﺸ ْﻬ ِﺮ َو َﺧْﻴـ َﺮ اﻟْ َﻘ ْﺪ ِر َو أَ ُﻋﻮُذ ﺑ‬
‫َﺧ ْﲑِ ﻫﺬَا ﱠ‬
«(Qu’il soit) un nouveau croissant de bonne direction et du bien, O Allah ! Je te deman-
de du bien de ce mois (à trois reprises), O Allah ! Je te demande du bien de ce mois et du
bien du destin, je me réfugie auprès de toi contre son mal (à trois reprises). » [Rapporté
par At-Ṭabarānī selon Rāfi’ ibn Khudayj ]
Tafsīr Sura Al-Māida Verset 15
‫ِﻴﻦ‬ ‫ﱢﻦ ﱠ‬
ٌ َ‫اﻟﻠـ ِﻪ ﻧُﻮٌر َوِﻛﺘ‬
ٌ ‫ﺎب ﱡﻣﺒ‬ َ ‫َﻗ ْﺪ َﺟﺎ َءُﻛﻢ ﻣ‬
« …Vraiment il vous est venu de la part d’Allah une Lumière et un Livre évident. »
[Sura Al-Māida verset 15]
[Extrait de Jāmi’ al-Bayān ‘an Ta-wīl Āyil Qur’ān (4/201) de l’Imam, le chef des Mafassirīn,
Ibn Jarīr at-Tabari (d. 310 H)]
Il [Allah], à qui appartiennent tous louanges, dit à ceux à qui Il s’adresse parmi les gens
du Livre : O Gens de la Thora et de l’Évangile, vraiment il est venu de la part d’Allah une
Lumière (Nūr). Cette Lumière est Muhammad SAW - par qui Allah met la vérité en Lu-
mière, par qui Il manifeste ce qu’est vraiment la Soumission (Islam) et par qui Il anéantit
les cultes associateurs (Shirk). Aussi, il est une lumière pour celui qui y veut être éclairci
car il élucide la vérité. Parmi les choses qu’il remit en évidence figure tout ce que les Juifs
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tenaient scellé et qui se trouvait pourtant mentionné dans leur Livre.
Et Sa parole : « Et un Livre évident. » Il [Allah], à qui appartient tous louanges, dit : Il vous
est venu de la part d’Allah la lumière qui illumine pour vous les paramètres de la vérité.
«Et un Livre évident. » signifie : Un Livre qui mit en évidence tout ce qui a fait l’objet de
divergence entre les gens du Livre et qui se rapporte à l’Unicité d’Allah , au licite, à l’illi-
cite, aux normes légales propres au mode d’obéissance institué par Allah (Sharā’i dīnihi).
C’est le Qur’ān révélé à notre Prophète SAW, qui fait clairement connaitre aux gens tout
ce qu’ils ont besoin de savoir en ce qui concerne leur religion et qui leur apporte les
éclaircissements nécessaires afin qu’ils sachent discerner la vérité de la fausseté.
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