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RÉSUMÉ – Cette communication fait le point sur le renforcement des fondations sur sols
compressibles par la technique des inclusions rigides. Dans un premier temps le principe de
cette méthode et ses principaux éléments constitutifs sont décrits. On présente ensuite un bilan
de l’utilisation de cette technique en France, ainsi que les observations effectuées tant sur
modèles de laboratoire que sur ouvrages réels. Enfin, les principales méthodes et normes de
calcul sont décrites et font finalement l’objet d’une confrontation sur un exemple simple.
ABSTRACT – This communication gives a progress report on the technique of the pile-
reinforcement of earth platform on compressible soils. In a first part the principle of this method
and its principal components are described, then an assessment of the use of this technique in
France is presented, as well as the observations carried out on models of laboratory and on
real works. Finally, the principal methods and standards of calculation are described and are
the subject of a confrontation on a simple example.
1. Introduction
La technique des inclusions rigides verticales est utilisée pour fonder sur des horizons
compressibles des ouvrages tels que les dallages, les remblais, les bâtiments industriels et
commerciaux, les réservoirs et bassins. Cette technique vise à limiter les tassements absolus
et différentiels sans passer par des superstructures rigides et onéreuses ou par des solutions
traditionnelles telles que le préchargement qui allongent les délais de construction. Bien que le
procédé des inclusions rigides verticales soit très ancien (pieux bois), la réalisation d’ouvrages
renforcés par inclusions rigides ne s’est développée que depuis le milieu des années 70,
principalement dans les pays scandinaves ; l’utilisation d’inclusions rigides verticales en France
n’est courante que depuis une dizaine d’années. Après une présentation générale de la
technique des inclusions rigides et de son utilisation en France et à l’étranger, les constatations
expérimentales effectuées en laboratoire comme sur ouvrages réels sont commentées. Les
diverses approches de dimensionnement sont ensuite brièvement présentées. On termine par
une confrontation de quelques-unes de ces approches sur des exemples simples qui montre le
besoin de progresser dans la modélisation du comportement de ces ouvrages complexes
La technique de renforcement par inclusions rigides met essentiellement en jeu deux éléments
ayant respectivement un rôle de renforcement et de respectivement de répartition des charges
(figure 1) :
- les inclusions rigides verticales dont le rôle est de transférer, à travers l’horizon
compressible, l’essentiel de la charge vers le substratum peu compressible,
1
Symposium International ASEP-GI 2004
- une plate-forme de sol granulaire disposée entre les inclusions et l’ouvrage, dont la
fonction est de transférer une part importante de la charge sur la tête des inclusions
rigides.
C’est l’interposition de cette plate-forme granulaire qui différencie cette technique de celle
des fondations mixtes, où la structure repose directement sur les pieux ou autres inclusions.
Limitant la charge transmise au sol compressible, cette plate-forme permet de réduire à la fois
le tassement absolu et différentiel. Interface au rôle mécanique essentiel entre la charge et les
inclusions, il peut être amélioré par traitement ou à l’aide de nappes géosynthétiques
horizontales.
Surcharge
Remblai ou
matelas
Géosynthétique
Dallette
Sol
compressible
Inclusion rigide
Substratum
Il est important de noter que c’est bien la combinaison des inclusions et de la plate-forme
granulaire qui assure la réduction des tassements différentiels sous l’ouvrage tout en évitant
l’interposition d’un élément de structure rigide et onéreux. La désolidarisation entre les
inclusions permet ainsi de simplifier les liaisons et peut apporter aussi une solution efficace vis-
à-vis ses sollicitations sismiques (Pecker et Teyssandier, 1998).
La charge est appliquée à la surface de la plate-forme de transfert. Celle-ci doit permettre le
développement de voûtes prenant appui sur les inclusions et transférant une part importante
des charges sur la tête des inclusions. Le développement de cet effet voûte suppose d’une part
que la plate-forme granulaire ait une résistance au cisaillement suffisante, et que d’autre part
son épaisseur permette à la voûte de se former. Les inclusions peuvent aussi être coiffées par
une tête plus large afin d’augmenter le taux de couverture et optimiser l’efficacité du dispositif.
Par ailleurs, les efforts résiduels sur la couche compressible vont faire tasser celle-ci, induisant
un frottement négatif sur les inclusions rigides qui va transférer ainsi une part supplémentaire
de la charge due à l’ouvrage.
2
Symposium International ASEP-GI 2004
3
Symposium International ASEP-GI 2004
inférieurs à ceux du béton. Diverses variantes ont été développées, couvrant la plupart
des terrains et parmi les plus connues on peut citer :
- le Jet Grouting,
- le Soil Mixing,
- le Deep Cement Mixing (DCM),
- le Deep Soil Mixing (DSM),
- les Lime Columns (LC) et Lime Cement Columns (LCC).
La plate-forme de transfert assure la transition entre les inclusions rigides et les charges
appliquées au sol. Elle doit permettre de passer graduellement d’une charge répartie à un
chargement concentré au droit des inclusions rigides : réduisant les tassements différentiels
entre les points situés au droit des inclusions et ceux situés entre les inclusions, il diminue les
sollicitations des ouvrages ainsi fondés
4
Symposium International ASEP-GI 2004
géosynthétique géosynthétiques
Figure 2a Figure 2b
5
Symposium International ASEP-GI 2004
qS+
6
Symposium International ASEP-GI 2004
2.4.3. Eléments sur l’activité dans le domaine des inclusions rigides à l’étranger
Le renforcement par inclusions rigides est plus développé dans certains pays européens et
asiatiques. Nous présentons ici quelques exemples de techniques plus particulièrement
utilisées dans certains pays :
- Les méthodes de soil mixing : elles se sont développées depuis le début des années
1970 en Suède, en Finlande puis au Japon et commencent aussi à se développer aux
USA. Au Japon, ces méthodes représentent environ 5 millions de m3 de sol traité par an.
Dans les pays scandinaves, les techniques de "Lime Columns" et "Lime Cement
Columns" sont couramment utilisées pour le renforcement de remblais routiers et de
voies de chemin de fer et représentent par exemple une production annuelle en Suède
et en Finlande variant entre 3 et 4 millions de mètres linéaires par an (Holm, 1999).
- Les Vibro Concrete Columns : elles sont utilisées largement depuis les années 90 en
Allemagne pour la construction de nouvelles voies pour des trains à grande vitesse dans
le cadre de l’extension du réseau ferré existant reliant Berlin à l'ex-Allemagne de l'ouest
(Sondermann et Jebe, 1998). Elles sont utilisées lorsque le sol ne permet pas le
renforcement par colonnes ballastées.
- Inclusions rigides avec plate-forme renforcées par géogrilles : l'utilisation de plates-
formes renforcées par une ou deux couches de géogrilles de haute résistance connaît
une importante expansion en Allemagne pour le renforcement des voies ferrées. Ces
plates-formes sont posées sur des inclusions rigides dont l'espacement entre axe peut
être important et sur lesquelles peuvent être disposées ou non des dallettes. Les
premiers concepts ont été analysés en 1993 et un tel système a été dimensionné et mis
en œuvre pour la première fois en Allemagne par les chemins de fer allemands
(Deutsche Bahn) pour des charges lourdes et des trains à grande vitesse, il y a environ
7 ans (Alexiew and Vogel, 2002).
Afin de définir plus précisément les dispositifs de renforcement par inclusions rigides ainsi que
leur efficacité, quelques définitions élémentaires concernant la géométrie et la transmission des
charges sont données ci-dessous.
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Symposium International ASEP-GI 2004
AS
HR
a
HT
a
s
s AP
HR
HT
a/2 a/2
s
La géométrie d’un système de renforcement par inclusions rigides (figure 4) est définie
principalement par l’épaisseur de la plate-forme granulaire, HR, la distance entre axes des
inclusions s, l’aire d’une maille élémentaire A, l’aire de la tête d’inclusion AP et l’aire entre les
têtes d’inclusions AS.
Le taux de couverture est alors défini comme le rapport α = AP / A
Ces deux facteurs étant liés par la relation (4) tenant compte du taux de couverture :
1− E (4)
SRR =
1−α
8
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q P+ (5)
C= *
q
Les mécanismes régissant le transfert de charge au-dessus des têtes d'inclusions et les
mécanismes régissant le comportement des inclusions dans le sol compressible sont
intimement liés en terme de répartition des contraintes ou de compatibilité des déformations.
Malgré cela, peu d'études approchent le problème dans sa globalité ; la plupart d'entre elles se
limitent à l'étude et au dimensionnement du transfert de charge au-dessus des têtes
d'inclusions sans se préoccuper de la réaction du sol compressible.
De nombreux auteurs ont essayé d’analyser les mécanismes à partir d’essais en laboratoire
ou d’expérimentations en vraie grandeur. A partir de ces essais, ils ont défini des paramètres
de dimensionnement de ces renforcements. Parallèlement à ces essais, l’instrumentation
d’ouvrages de références apporte quelques éléments de compréhension sur les mécanismes
développés dans ces renforcements.
9
Symposium International ASEP-GI 2004
10
Symposium International ASEP-GI 2004
Il ressort de ces expérimentations que la plate-forme de transfert de charge mise en œuvre sur
le sol compressible renforcé par inclusions rigides assure une redistribution des contraintes
vers les inclusions. La contrainte appliquée sur le sol compressible est nettement diminuée par
ce type de renforcement. La formation de voûtes dans la plate-forme de transfert de charge
semble être le mécanisme qui permet la redistribution de la charge vers les têtes d’inclusions,
cette redistribution peut être améliorée par le renforcement d’un ou plusieurs géosynthétiques.
L’efficacité de ces mécanismes est fonction des paramètres géométriques (maillage du réseau
d’inclusions, épaisseur de la plate-forme de transfert de charge) et des caractéristiques
mécaniques du matériaux constituant la plate-forme de transfert de charge (angle de
frottement, cohésion, module).
Bien que les essais en modèle réduit apportent des indications sur les mécanismes, leur
analyse reste délicate. En effet, concernant les essais de Demerdash (1996), la modélisation
du sol compressible par une base amovible n’est pas très représentative du tassement réel ;
par ailleurs pour tous les essais en modèle réduit, le matériau de la plate-forme de transfert de
charge est modélisé par un sable, ce qui n’est pas très représentatif des matériaux grossiers
11
Symposium International ASEP-GI 2004
qui sont susceptibles d’être utilisé dans des ouvrages réels ; notons enfin que la modélisation
d’un géosynthétique en modèle réduit n’est pas aisé en terme de raideur.
Plusieurs ouvrages de références ont été répertoriés (Briançon 2002), nous en présentons six
dans cette communication (Tableau 2).
A partir des articles faisant référence à ces différents ouvrages, il apparaît que
l'instrumentation est faite uniquement dans le but de valider la méthode employée mais ne
permet en aucun cas de la situer parmi d'autres méthodes. De plus, l'instrumentation d'un site
unique sur une seule méthode de renforcement ne permet pas d'étudier l'influence sur
l'efficacité du renforcement : de la technique de mise en œuvre, de la nature du sol
compressible, de la nature de l'inclusion (module, matériau, géométrie…), de la nature de la
plate-forme de transfert de charge (dimensions, renforcement, nature des matériaux…), du
maillage (géométrie, dimensions)… Ces instrumentations donnent quelques indications sur les
mécanismes qui régissent ces dispositifs, notamment dans la plate-forme de transfert de
charge, mais des mesures ponctuelles sans variation de paramètres ne permettent pas une
bonne compréhension de ces mécanismes et de leur articulation. Dans certains cas, les
mesures valident une méthode de dimensionnement qui a été largement mise à défaut par
ailleurs.
Dans tous les ouvrages de référence répertoriés, les données géotechniques sont bien
déterminées, le comportement de l'ouvrage est souvent bien suivi mais le renforcement mis en
œuvre est souvent peu ou mal instrumenté de telle sorte que, dans la plupart des cas, on
s'assure de l'efficacité du renforcement sans connaître avec précision les mécanismes qui s’y
développent.
Double voies auto Vibro Concrete 2 géogrilles triang. 1,5 2,1 0,6 Topolnicki
et tramway Columns espacées de (1996)
30cm
Voie de chemin de Pieux 3 géogrilles carré 2,5 2,15 - Gartung et al.
fer métalliques + (1996)
têtes béton
Remblai routier Pieux béton 1 géotextile tissé carré 1,8 1,4 0,8 Forsman et al.
d'accès à un pont sur 30 cm de (1999)
sable
Remblai routier Deep Cement 2 géotextiles triang. 5,6 1,1 0,5 Lin et al.
d'accès à un pont Mixing (1999)
Remblai routier Vibro Concrete 3 géogrilles + 1 triang. 1,85 2,32 0,43 et 0,9 en Quigley et al.
Columns géotextile tête (2003)
De nombreuses expériences ont été réalisées dans le domaine du renforcement par inclusions
rigides. Les essais en laboratoire se focalisent sur les mécanismes de transfert de charge dans
la plate-forme sans prendre en compte les mécanismes développés dans le sol compressible.
Ces travaux permettent de déterminer quels sont les paramètres essentiels pour le
dimensionnement des plates-formes de transfert de charge. Cependant, ils ne permettent pas
d’appréhender le problème dans toute sa complexité ; en particulier l’influence sur l’efficacité du
renforcement des techniques de mise en œuvre des inclusions n’est jamais déterminée.
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Symposium International ASEP-GI 2004
5.1. Présentation
Le renforcement par inclusions rigides verticales peut être caractérisé par l’importance des
mécanismes de cisaillement qui se développent au sein de la plate-forme granulaire et autour
des inclusions (Figure 5). Ceci distingue radicalement ce mode de renforcement de celui
obtenu par l’utilisation de colonnes ballastées, pour lequel on considère généralement qu’il n’y
a aucun cisaillement entre les colonnes et le sol : les tassements sont supposés uniformes à
toute profondeur.
La mobilisation de cisaillements au-dessus et autour des inclusions rigides détermine une
rotation des contraintes principales dans tout le massif support de la fondation.
13
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Cette rotation des contraintes peut conduire à la formation de voûtes au sein de la plate-
forme du transfert quand elle est d’épaisseur suffisante : ceci peut conduire à distinguer
l’application de ce mode de renforcement à des remblais (« piled embankment » où le
développement complet de ces voûtes est probable) ou comme support de fondations
superficielles étendues (dallages ou réservoirs où ces voûtes ne peuvent se développer
totalement sur la hauteur de la plate-forme).
Ces méthodes dont certaines sont préconisées par des textes normatifs (BS8006, 1995 ;
EBGEO, 2004) ne considèrent que le fonctionnement de la plate-forme de transfert, en
négligeant généralement la réaction du sol support sous la plate-forme mais en préconisant
souvent l’utilisation de nappes de renforcement horizontal.
14
Symposium International ASEP-GI 2004
sol compressible est estimé à partir de ce modèle de voûtes établi par Zaeske et Kempfert
(2002). Suite à leurs essais expérimentaux sur modèle réduit, et à des calculs numériques par
éléments finis, ils ont adopté une géométrie de voûte différente de celle retenue par Hewlett et
Randolph (1988). Les voûtes sont de forme hémisphérique et s’appuient sur les têtes
d’inclusions, mais leurs enveloppes supérieures et inférieures ne sont pas concentriques, à la
différence du modèle de Hewlett et Randolph. En dehors de la voûte, les auteurs supposent
que le sol est soumis à la pression des terres au repos. Aucune limite de validité n’est donnée
pour ce modèle, en terme de hauteur de remblai. De manière générale, Zaeske et Kempfert
(2002) conseillent de mettre en œuvre des remblais d’une hauteur minimale de s/2, pour que
les voûtes puissent se développer correctement.
Les méthodes utilisées en France ressortent des trois catégories principales suivantes
(Briançon, 2002) :
Il s’agit d’une part des méthodes qui d’offrent une approche globale du fonctionnement de
l’ensemble plate-forme - inclusions- sol compressible :
- méthode de Combarieu et méthodes dérivées ;
- méthodes des éléments finis ou différences finies ;
15
Symposium International ASEP-GI 2004
Ces résultats s’appliquent à l’origine aux sols entourant les pieux. Ils sont étendus dans le
cas du renforcement par inclusions rigides à la plate-forme surmontant les inclusions en
considérant que celles-ci se prolongent fictivement avec le même diamètre et que le coefficient
Ktanδ associé vaut 0,8 à 1,0.
La méthode de Combarieu s’apparente aux approches de type silo (Terzaghi, 1943) lorsque
les valeurs Ktanδ sont comparables. Elle fournit également des valeurs proches de celles
déduites de l’équilibre de voûtes (Hewlett et Randolph, 1988 ; Kempfert et al., 1999) quand les
hauteurs de remblai sont supérieures aux distances entre inclusions.
La méthode de Combarieu est une approche en contraintes : les inclusions sont supposées
indéformables et fixes et le sol est simplement considéré de compressibilité « suffisante » pour
que se développent les cisaillements.
Dans son extension à la plate-forme, il faut noter qu’elle s’applique même pour une
épaisseur limitée. A l’inverse il n’apparaît aucune limitation du phénomène d’accrochage quand
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Symposium International ASEP-GI 2004
la hauteur de la plate-forme croît. Ce résultat est à l’encontre de l’existence d’un plan d’égal
tassement (Terzaghi, 1943) ou du développement complet d’une voûte dans le remblai.
La déformabilité de la plate-forme n’est pas directement prise en compte dans cette
approche. Elle peut être introduite de manière indirecte en adaptant la valeur Ktanδ. Cette
approche seule ne permet pas d’accéder aux sollicitations dans un dallage.
Pour valider ces calculs, Simon (2001) présente la comparaison des tassements estimés
avec FOXTA à ceux mesurés lors d'un plot expérimental de chargement et conclut que les
calculs menés selon la méthode proposée s'accordent aux observations recueillies.
Cette approche montre l'importance à accorder à la détermination du module du matériau
granulaire formant la plate-forme de transfert, en particulier le module de déformation à utiliser
à l'aplomb des inclusions, qui dépend directement du report des contraintes vers cette zone.
17
Symposium International ASEP-GI 2004
Figure 8. Exemple d’une modélisation d’un remblai renforcé par inclusions rigides avec PLAXIS
Les modèles 3D (Figure 9c) présentent l’avantage décisif de prendre en compte toutes les
interactions, des chargements de type quelconque et des lois de comportement des matériaux
les plus diverses.
Leur limitation tient encore à leur mise en œuvre lourde : les temps de préparation, de calcul
et de dépouillement ne peuvent être ignorés. La complexité du maillage pour les situations de
géométrie ou chargement non uniformes aboutit également à une mobilisation intense des
ressources en calcul et mémoire
Les points nécessitant réflexion concernent :
- le choix de lois de comportement adaptées pour caractériser les propriétés du matériau
grossier constituant la plate-forme (dilatance, dépendance du module avec la contrainte
moyenne) ou celles du sol compressible (pression de consolidation, capacité de
consolidation et aptitude au fluage) ;
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Symposium International ASEP-GI 2004
E P AP (6)
+ E S AS
β
E hom =
AP + AS
Si l’on considère que les tassements du sol et de l’inclusion sont identiques, le coefficient β
est égal à 1. En fait, le tassement du sol et de l’inclusion étant différents, on ajuste le coefficient
β sur le tassement moyen, sur la base de calculs par éléments finis considérant le sol,
l’inclusion et leur interface.
La valeur Ehom diffère nettement de celle qui serait obtenue en négligeant ce glissement (qui
correspondrait à un facteur β=1). Dans les cas examinés les valeurs β obtenues étaient
voisines de 40.
Ematelas Ematelas
EP Ehom
ES
Esol rigide Esol rigide
19
Symposium International ASEP-GI 2004
Q Q Q
w1, QL1 w2, QL2 w3, QL3
HR E0 HR E0 HR E0
E0 E0 E0
L' L' L L'
Q Q Q
w1', QL1' w ,Q
2' L2' w3', QL3'
E0 E0 E0
L' L' L L'
L’étude bibliographique effectuée par Briançon (2002) ayant mis en évidence des méthodes et
normes de dimensionnement considérant des mécanismes et hypothèses variés, une
confrontation de ces différentes méthodes a été effectuée ; cette confrontation a considéré un
cas type simple de renforcement par inclusions rigides sous un remblai de hauteur variable, et
les différentes approches de calcul ont été également comparées aux résultats obtenus par
Laurent et al.(2003), qui a réalisé une simulation numérique tridimensionnelle par différences
finies de ce cas type en utilisant le logiciel FLAC3D d’un massif renforcé sous un remblai.
L’accent a été mis dans cette confrontation sur l’efficacité de la plate-forme de transfert, qui
n’est pas renforcée horizontalement par des nappes géosynthétiques.
La configuration adoptée pour le remblai est représentée figure 12. Il s’agit d’un remblai d’une
hauteur de 5 m édifié sur un horizon compressible d’une hauteur de 5 m qui repose sur un
substratum rigide.
20
Symposium International ASEP-GI 2004
qo
Remblai
HR = 5 m
Inclusions
0,2 m rigides
Sol
5m compressible
Substratum
rigide
L’horizon compressible est renforcé par un réseau d’inclusions rigides verticales qui sont
ancrées dans le substratum. Les inclusions sont de section circulaire de diamètre a=1m,
disposées suivant un maillage carré (le plus couramment utilisé en France) de dimension
s=2,5m, comme le montre la figure 13. On obtient ainsi un taux de couverture de 12,6%.
En surface de remblai, une surcharge répartie qo est mise en place, avec une valeur
maximale de 100 kPa.
21
Symposium International ASEP-GI 2004
Section
transversale du
modèle
s/2
Remblai
Sol compressible
Inclusion
22
Symposium International ASEP-GI 2004
6.2.3. Le chargement
La mise en place des inclusions rigides verticales dans le sol compressible n’a pas été
simulée : les inclusions et le sol compressible sont mis en place en une seule phase. Le
remblai est mis en œuvre en 10 couches successives de 0,5 m une surcharge qo allant de 10 à
100 kPa, par pas de 10 kPa, étant graduellement appliquée en surface.
Outre cette approche numérique 3D, les différentes méthodes de calcul prises en compte dans
une première confrontation sont les suivantes :
- la méthode proposée par la norme britannique BS 8006 (1995),
- la méthode EBGEO (2001),
- la méthode utilisant le modèle de Terzaghi (1943),
- la méthode de Hewlett et Randolph (1988),
- la méthode de Low et al. (1994), avec deux valeurs pour le coefficient réducteur αR (0,8
et 1,0).
Les caractéristiques géométriques et mécaniques de la configuration retenue nécessaires
pour calculer le taux de réduction de contrainte par les différentes méthodes sont :
a = 1m ; s = 2,5m ; HR variant de 0 à 5m ; une surcharge allant de 10 kPa à 100 kPa, φ = 30° et
c = 0 kPa.
Pour la méthode d'EBGEO, en l’absence de géogrille on ne prend en compte que la
formulation des voûtes (sans effet membrane ni réaction du sol compressible).
Les approches de Hewlett et Randolph (1988) et de Low et al. (1994) sont proposées pour
des hauteurs de remblai telles que HR > 0,7 s. Le taux de réduction de contrainte calculé par
ces approches est déterminé pour les deux cas de ruptures envisagés : en clé de voûte et à la
base des arches.
La norme BS8006 (1995) ne permet pas de calculer les taux de réduction de contrainte
(SRR > 1) pour des hauteurs inférieures à 2,8m. Pour cette méthode, nous avons choisi de
faire le calcul avec des paramètres correspondant aux inclusions travaillant essentiellement en
pointe car il donne des résultats plus proches de ceux des autres méthodes. Bien que le calcul
soit possible en deçà, les règles d’EBGEO recommandent un rapport H/s > 0,5.
Le taux de réduction de contrainte calculé par la méthode de Low et al. (1994) est déterminé
pour deux valeurs de φR (0,8 et 1). Rappelons que la méthode de Low et al. repose sur un
schéma 2D.
Pour de grandes valeurs de HR, l'approche de Hewlett et Randolph (1988) comme la
méthode d'EBGEO permettent de déterminer un taux de réduction de contrainte limite. Toutes
les autres méthodes dépendent de HR et ne permettent donc pas de déterminer cette valeur
limite de SRR.
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Symposium International ASEP-GI 2004
entre les résultats de FLAC et ceux de FOXTA pour le couple (1 ; 0,3) si l’on s’intéresse à des
faibles hauteurs de remblai (H < 3m). Pour des hauteurs de remblai plus importantes (H>6 m) il
est nécessaire de diminuer cet effet d’accrochage dans le remblai en adoptant le second
couple (0,45 ; 0,3). Cette constatation met en évidence une limite inhérente à l’approche de
type Combarieu intégrée dans FOXTA qui n’introduit pas de limitation pour l’effet d’accrochage
avec l’augmentation de la hauteur de remblai.
1,200
Flac3D - Cas Remblai
Taux de réduction de contrainte - SRR
1,000
Foxta 0,45 ; 0,3
0,800
Foxta 1 ; 0,3
0,600
0,400
0,200
0,000
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Hauteur de remblai (m)
Figure 15. Confrontation méthode numérique – FOXTA
Les figures 16 à 18 confrontent les résultats de l’étude numérique FLAC 3D aux autres
méthodes de dimensionnement, pour différentes hauteurs de remblai.
0,9
0,8 H=2,2m
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
,8
1
=1
ph
EO
3D
06
)
,3
,3
K=
0,
1,
0,
=0
l
80
Kr
;0
;0
ac
do
K=
=
Kr
hi
EB
Fl
an
BS
(1
ag
hi
ie
,4
u
2D
2D
tR
ag
a
r
ie
(0
rz
ba
xt
r
Te
rz
e
ba
Fo
a
om
Te
Lo
Lo
tt
xt
om
le
Fo
C
ew
C
Pour une hauteur de 2,2m, il apparait que l’approche de type Terzaghi (avec K=1) et de
Hewlett et Randolph donne des résultats très proches des résultats numériques. La méthode
24
Symposium International ASEP-GI 2004
de Low et al. bidimensionnelle (avec αR = 1) est celle qui sous estime le plus l’effet des
inclusions et la méthode de Combarieu (avec Kr = 1) est celle qui le surestime le plus.
0,6
H=5m
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
,8
1
=1
ph
EO
3D
06
)
,3
,3
K=
0,
1,
0,
=0
l
80
Kr
;0
;0
ac
do
K=
=
Kr
hi
EB
Fl
an
BS
(1
ag
hi
ie
,4
u
2D
2D
tR
ag
a
r
ie
(0
rz
ba
xt
r
Te
rz
e
ba
Fo
a
om
Te
Lo
Lo
tt
xt
om
le
Fo
C
ew
C
Pour une hauteur de 5m, il semble c’est l’approche type Terzaghi (avec K=0,8) qui donne
des résultats les plus proches des résultats numériques. Toutes les autres méthodes tendent à
surestimer l’effet des inclusions sauf celles de Low 2D (avec αR = 1) et FOXTA (avec le couple
(0,45 ; 0,3).
0,6
H=7,5m
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
,8
1
=1
ph
EO
3D
06
)
,3
,3
K=
0,
1,
0,
=0
l
80
Kr
;0
;0
ac
do
K=
=
Kr
hi
EB
Fl
an
BS
(1
ag
hi
ie
,4
u
2D
2D
tR
ag
a
r
ie
(0
rz
ba
xt
r
Te
rz
e
ba
Fo
a
om
Te
Lo
Lo
tt
xt
om
le
Fo
C
ew
C
Pour la hauteur maximale du remblai, avec une surcharge (soit Héquivalent= 7,5m.), seule la
méthode de Low 2D (avec αR = 1) sous- estime l’effet des inclusions ; FOXTA (0,45 ;0,3)
donnant des valeurs très proche de FLAC 3D. Toutes les autres méthodes surestiment, parfois
considérablement, l’efficacité des inclusions.
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Symposium International ASEP-GI 2004
7. Conclusions
La technique de renforcement des sols compressibles par inclusions rigides verticales, qui
permet de limiter les tassements absolus et différentiels sans passer par des superstructures
rigides et onéreuses, a connu un grand développement depuis le milieu des années 70,
notamment dans les pays scandinaves. Son utilisation en France n’est courante que depuis
une dizaine d’années
Les nombreuses expérimentations, réalisées tant en laboratoire qu’in situ, ont porté
essentiellement sur les mécanismes de transfert de charge dans la plate-forme granulaire sans
prendre en compte les mécanismes développés dans le sol compressible. Ces travaux ont
permis de mettre en évidence les paramètres essentiels pour le dimensionnement des plates-
formes de transfert de charge. Cependant, ils n’ont pas permis d'appréhender le problème dans
toute sa globalité, qui fait intervenir des interactions complexes entre le sol compressible, les
inclusions, la plate-forme de transfert de charge et les nappes géosynthétiques de
renforcement éventuelles.
Le bilan des méthodes de dimensionnement des systèmes de renforcement par inclusions
rigides présentées dans la littérature ou ayant fait l’objet de normes montre une grande
diversité : certaines ne concernent que les transferts de charge dans la plate-forme granulaire,
d’autres considèrent également les interactions avec le sol compressible. Pour le mécanisme
de transfert de charge, certaines méthodes reposent sur des schémas de voûte, d’autres sur
des approches de type « frottement négatif », alors que pour estimer les tassements, des
méthodes d’homogénéisation plus ou moins simplifiées sont envisagées.
Les confrontations de ces diverses approches sur un exemple simple mettent en évidence
des écarts considérables en termes d’efficacité calculée. Elles confirment la nécessité de
réaliser des recherches tant expérimentales que dans le domaine de la modélisation afin de
mieux cerner les mécanismes d’interaction complexes entre le substratum, le sol compressible,
les inclusions rigides et la plate-forme de transfert éventuellement renforcée par des nappes de
géosynthétiques.
Ce constat a conduit l’IREX, en liaison avec le Réseau Génie Civil et Urbain (animé par les
ministères de la recherche et de l'équipement) à proposer un programme pour un Projet
National de Recherche en cours de montage. Rassemblant des entreprises, des bureaux
d’études, des maîtres d’ouvrages et des centres de recherche, ce projet vise à proposer des
recommandations pour la conception, le dimensionnement et la réalisation du renforcement par
inclusions rigides. Il s’appuiera sur des expérimentations en vraie grandeur complétées par des
essais en laboratoire et en centrifugeuse, en liaison avec le développent de méthodologies de
simulation et dimensionnement à divers niveaux de complexité.
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Symposium International ASEP-GI 2004
8. Remerciements
Les auteurs remercient les personnes suivantes pour leur contribution à l’élaboration de cet état
de l’art : Borel S. (LCPC), Garnier J. (LCPC), Haza E. (LCPC), Thorel L. (LCPC), Combarieu O.
(LRPC), Liausu P. (Menard Soltraitement Inc.), Morbois A. (Scétauroute Inc.), Laurent Y.
(Terrasol). Cette étude a été initiée par le pole de compétences « Sols » de l’IREX et a été
réalisée avec le soutien du Réseau Génie Civil et Urbain et de la DRAST.
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