Vous êtes sur la page 1sur 25

Collection Technique ..........................................................................

Cahier technique n° 189

Manœuvre et protection des


batteries de condensateurs MT

D. Koch

■ Merlin Gerin ■ Square D ■ Telemecanique


Les Cahiers Techniques constituent une collection d’une centaine de titres
édités à l’intention des ingénieurs et techniciens qui recherchent une
information plus approfondie, complémentaire à celle des guides, catalogues
et notices techniques.
Les Cahiers Techniques apportent des connaissances sur les nouvelles
techniques et technologies électrotechniques et électroniques. Ils permettent
également de mieux comprendre les phénomènes rencontrés dans les
installations, les systèmes et les équipements.
Chaque Cahier Technique traite en profondeur un thème précis dans les
domaines des réseaux électriques, protections, contrôle-commande et des
automatismes industriels.
Les derniers ouvrages parus peuvent être téléchargés sur Internet à partir
du site Schneider.
Code : http://www.schneiderelectric.com
Rubrique : maîtrise de l’électricité

Pour obtenir un Cahier Technique ou la liste des titres disponibles


contactez votre agent Schneider.

La collection des Cahiers Techniques s’insère dans la « Collection Technique »


du groupe Schneider.

Avertissement
L'auteur dégage toute responsabilité consécutive à l'utilisation incorrecte
des informations et schémas reproduits dans le présent ouvrage, et ne
saurait être tenu responsable ni d'éventuelles erreurs ou omissions, ni de
conséquences liées à la mise en œuvre des informations et schémas
contenus dans cet ouvrage.

La reproduction de tout ou partie d’un Cahier Technique est autorisée après


accord de la Direction Scientifique et Technique, avec la mention obligatoire :
« Extrait du Cahier Technique Schneider n° (à préciser) ».
n° 189
Manœuvre et protection des
batteries de condensateurs MT

Denis KOCH

Ingénieur diplômé de l’IEG (Grenoble) en 1979, a intégré la même


année la division THT de Merlin Gerin. Il a ensuite été responsable
technique des disjoncteurs moyenne tension, puis en charge du
marketing opérationnel.
Depuis 1995, toujours dans l’activité Transport et Distribution de
Schneider il est chargé, au sein de l’équipe de marketing stratégique,
des domaines normalisation, technologie et environnement.

CT 189 édition juin 1997

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.1


Manœuvre et protection des
batteries de condensateurs MT

La détérioration du cosinus ϕ due aux charges à caractère selfique


provoque une augmentation significative du courant dans les installations
électriques et donc des pertes dans les lignes et les transformateurs.
Le distributeur d’énergie et les industriels sont donc amenés à mettre
en œuvre des batteries de condensateurs.
Mettre sous tension et hors tension des condensateurs entraîne des
phénomènes très particuliers qui influent directement sur la caractérisation
des organes de manœuvre et de protection. C’est l’objet de ce Cahier
Technique, qui fait de nombreuses références aux normes et essais.

Sommaire
1 Compensation de l’énergie réactive 1.1 Généralités p. 4
1.2 Les techniques de compensation MT p. 5
1.3 Définition des symboles utilisés p. 6
2 Manœuvre des batteries de condensateurs 2.1 Phénomènes électriques liés à l’enclenchement p. 7
2.2 Phénomènes électriques liés au déclenchement p. 9
2.3 Quelques ordres de grandeurs p. 10
3 Problèmes posés aux condensateurs 3.1 Contraintes électriques p. 11
et solutions 3.2 Conception des batteries de condensateurs p. 11
3.3 Dimensionnement thermique de l’appareillage p. 12
4 Problèmes posés à l’appareillage 4.1 Problèmes posés p. 12
et solutions techniques 4.2 Solutions Schneider p. 13
4.3 Normes p. 13
4.4 Tableau de choix de l’utilisation de l’appareillage moyenne p. 15
tension MG
5 Calcul des courants d’enclenchement 5.1 Batterie unique p. 16
et inductance de choc 5.2 Batterie en gradins p. 16
5.3 Les inductances de choc p. 16
6 Protection contre les surintensités 6.1 Protection par fusible p. 18
6.2 Protection par disjoncteur p. 18
6.3 Protection contre les défauts internes p. 19
Annexe 1 : principales caractéristiques de l’appareillage MT p. 20
Annexe 2 : choix de l’appareillage MT, qualification p. 21
Annexe 3 : tableau de synthèse des calculs des courants d’enclenchement p. 23
Annexe 4 : bibliographie p. 24

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.3


1 Compensation de l’énergie réactive

1.1 Généralités
La localisation des condensateurs sur un réseau v réseau BT ➂ d’un abonné BT sur batterie de
électrique constitue ce que l’on appelle le « mode type fixe,
de compensation ». II est déterminé par : c par secteur ; exemple :
c le but recherché (suppression des pénalités, v centre de distribution pour EDF (postes
soulagement des câbles, transformateurs…, source) ➃,
relèvement du plan de tension),
v atelier ou bâtiment pour un abonné BT ➄,
c le mode de distribution de l’énergie électrique,
c individuelle.
c le régime de charge,
c l’influence prévisible des condensateurs sur Cette dernière compensation est techniquement
les caractéristiques du réseau, idéale puisqu’elle produit l’énergie réactive à
l’endroit même où elle est consommée, et en
c le coût de l’installation.
quantité rigoureusement ajustée à la demande.
La compensation de l’énergie réactive peut être Cependant cette solution est onéreuse et conduit
(cf. fig. 1 ) : généralement à une surcompensation
c globale ; exemple : puisqu’elle n’intègre pas les possibilités de
v réseau HT pour EDF ➀, foisonnement des charges.
v réseau MT pour un abonné MT ➁, Exemple : gros moteurs MT ou BT.

Réseau HT de distribution


Réseau MT de distribution

Transfo de
distribution
MT / BT Transfo
Réseau BT MT / BT

JdB BT

➂ ➁

Abonné BT ➄ Abonné MT

fig. 1 : les localisations de la compensation d’énergie réactive.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.4


II est plus économique d’installer des batteries de En France :
condensateurs en moyenne et haute tension pour
c EDF installe des batteries fixes sur les réseaux
des puissances supérieures à environ 1000 kvar.
63 et 90 kV (batteries non fractionnées), et des
L’analyse des réseaux des différents pays montre batteries en gradins (batteries fractionnées) dans
cependant qu’il n’y a pas de règle universelle. ses postes sources HT/MT sur les réseaux 10,15
Le mode de compensation dépend de la et 20 kV. La puissance de ces dernières peut
politique énergétique des pays et des atteindre 4,8 Mvar sous 20 kV.
distributeurs. Aux U.S.A. la compensation est
essentiellement en MT pour des raisons de c Les abonnés MT ou BT doivent compenser
politique tarifaire. De façon opposée, en leurs installations pour obtenir un cos ϕ au point
Allemagne, la compensation se fait en BT car il de raccordement au réseau supérieur ou égal à
est logique de compenser exactement au point 0,928. Ce document ne traite que de la com-
de consommation d’énergie réactive. pensation en moyenne tension.

1.2 Les techniques de compensation MT


Compensation traditionnelle grosses industries (forte puissance installée) et
Les batteries de condensateurs sont en les distributeurs d’énergie (EDF dans les postes
dérivation sur le réseau. Elles peuvent être : sources). II permet une régulation pas par pas
de l’énergie réactive. L’enclenchement ou le
c Uniques (cf. fig. 2 ).
déclenchement des gradins de condensateurs
Lorsque leur puissance réactive est faible et la peut être piloté par des relais de type varmétrique.
charge relativement stable.
c Multiples ou fractionnées (cf. fig. 3 ). Compensations particulières
Ce type de compensation est communément Nota : Ces systèmes sont rapidement rappelés
appelé en « gradins » (back to back en anglais). pour mémoire.
Ce type de batterie est très utilisé par certaines c Compensateurs statiques instantanés.
Dans le cas où une compensation variable et
continue est nécessaire (industries à forte charge
HT très variable et régulation de tension sur certains
réseaux THT) des installations alliant condensa-
teurs, inductances variables et électronique de
puissance sont réalisées (cf. fig. 4 ).
MT

fig. 2 : batterie de condensateurs unique.

HT

MT

fig. 3 : batterie de condensateurs fractionnée. fig. 4 : principe du compensateur statique instantané.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.5


L’ensemble est généralement composé de :
v une batterie de condensateurs fixe, ligne
v un ensemble de filtres d’harmoniques
absorbant les harmoniques du réseau et les
harmoniques générés par l’installation elle-
même (électronique de puissance),
v une inductance variable connectée par
thyristors ; cette inductance absorbe l’énergie
réactive excédentaire générée par les
condensateurs.
Pour une partie, les condensateurs peuvent être
fig. 5 : batterie série.
eux-mêmes commutés par thyristor.
c Batteries séries.
Dans le cas de grands réseaux aux lignes très De telles réalisations existent sur le continent
longues, des batteries de condensateurs peuvent américain. Cette technologie n’est pas utilisée en
être montées en série sur la ligne (cf. fig. 5 ). Un Europe. Un système sophistiqué de court-
tel montage permet une compensation adaptée en circuitage est nécessaire pour éviter le claquage
permanence au besoin puisque l’énergie réactive des condensateurs lorsqu’un courant de court-
fournie dépend du courant circulant dans la ligne. circuit circule dans la ligne.

1.3 Définition des symboles utilisés


Cette étude ne traite que le cas des circuits c La charge.
triphasés. v C : capacité de la batterie.
Les notations sont les suivantes : v Q : puissance de la batterie
( Q = U Cω =
2
c La source. 3 U I capa ).
v U : tension entre phases du réseau. v Icapa : courant capacitif qui circule dans la
v Icc : courant de court-circuit du réseau. batterie.
v Scc : puissance de court-circuit du réseau :
c Les phénomènes transitoires.
2
U v Ie : courant crête de fermeture.
S cc = 3 U I cc =
L 0ω v fe : fréquence propre d’oscillation de Ie.
v Sa : coefficient de surtension amont (côté
v L0 : inductance de court-circuit du
réseau) SA en p.u. = tension crête max amont en
réseau.
v f : fréquence industrielle. U 2
fermeture divisée par .
v ω : pulsation à fréquence industrielle. 3
c Les liaisons. v Sb : coefficient de surtension aval (côté
v L : inductance de liaison (série) avec la batterie condensateur)
(cas batterie unique). c L’appareillage.
v l : inductance de liaison (série) avec chaque v In : courant en service continu.
gradin de la batterie (cas batterie en gradins).
v Iencl. max : courant crête maximum de fermeture.
v L : inductance de choc

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.6


2 Manœuvre des batteries de condensateurs

2.1 Phénomènes électriques liés à l’enclenchement


Dans ce qui suit, le condensateur à coupler au L’enclenchement d’une batterie en étoile isolée
réseau est supposé totalement déchargé. Le sur un réseau (schéma de principe et courbes de
condensateur C étant muni d’une résistance de courant et de tension montrant la surintensité de
décharge R, cette hypothèse est vérifiée lorsque courant et les surtensions amont et aval qui
le condensateur est déconnecté depuis au moins accompagnent l’enclenchement) est représenté
2 à 3 constantes de temps RC. Tout couplage sur la figure 7 .
intempestif avant ce délai serait dangereux. La La fréquence propre des oscillations est égale à
norme CEI 871 stipule qu’au bout de 10 minutes,
la charge résiduelle d’une batterie déconnectée 1
fe =
ne doit pas excéder 75 V. Si l’application 2π L 0C
nécessite une réponse rapide de la régulation
varmétrique, des dispositifs de décharge rapide Les surtensions amont et aval sont égales à
sont à prévoir. SA = SB = 2 p.u.
Le courant crête de fermeture est donné par :
L’enclenchement d’une batterie de condensa-
teurs destinée à fonctionner en dérivation sur un U 2 C S cc
réseau est accompagné d’un régime transitoire Ie = = I capa . 2
3 L0 Q
résultant de la charge de la batterie.
Du point de vue «courant», la mise sous tension Scc = puissance de court-circuit de la source en
provoque une surintensité dont l’amplitude est MVA au point de raccordement.
fonction des caractéristiques du réseau et de la Q = puissance du condensateur en Mvar.
batterie. L’enclenchement équivaut pratiquement
à établir, au point considéré, un court-circuit de
faible durée. En fait le transitoire de tension
SA
auquel est soumis le condensateur provoque un (surtension
tension réseau
phénomène oscillatoire amorti du fait de amont)
l’inductance et de la résistance du réseau.
Du point de vue tension, la charge est accompa-
gnée de la propagation sur le réseau d’une onde
de choc. Ces phénomènes transitoires dépendent
des caractéristiques du réseau, et de l’instant de
fermeture des contacts ou du préamorçage.
Deux cas sont à envisager : batterie unique et SB
batterie fractionnée en plusieurs gradins. (surtension aval)

Batterie ou condensateur unique (cf. fig. 6 ) tension condensateur


Nota : L i L0.
On néglige donc L par rapport à L0 dans les
calculs qui suivent.

Ie
(courant crête
L0 L
de fermeture)

courant condensateur

U C

fe (fréquence
d'oscillation)
fig. 6 : schéma de principe de l’enclenchement d’une fig. 7 : courant et tensions lors du couplage au réseau
batterie isolée sur le réseau. d’une batterie isolée.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.7


Batterie fractionnée (cf. fig. 8 ) Par contre, la surintensité est d’autant plus forte
Remarque : nous ne traitons ici que le cas de que le nombre de gradins en service est
gradins tous identiques (simplicité des équations). important.
Les calculs sont plus compliqués dans le cas n U 2 C n fe
général (voir norme CEI 56.1987 annexe BB). Ie = = I capa 2
n +1 3 l n +1 f
1
fréquence propre d’oscillation : fe =
L0
2π lC
n+ 2
Surtension côté réseau : S A = p.u.
n +1
2n
Côté condensateur : S A = p.u.
n +1
c Ces surtensions atteignant au plus deux fois la
l l l tension du réseau ne posent généralement pas
de problèmes, tous les composants étant
capables de tenir ce niveau par construction.
c Par contre les surintensités nécessitent
C C C souvent de définir des moyens appropriés pour
gradin n°1 …n n+1 éviter d’endommager les condensateurs et
l’appareillage.
fig. 8 : schéma de principe d’une batterie fractionnée.

Lo = inductance source (liaison jeu de barres). SA


l = inductance de liaison série.
tension
n = nombre de gradins en service quand on
réseau
ferme le n+1ème.
L’enclenchement d’un gradin, se faisant en
présence de condensateurs déjà sous tension,
est accompagné de deux phénomènes
transitoires superposés.
1
Le premier très rapide, de fréquence ,
2π lC SB
correspond à la décharge des condensateurs tension
dans le gradin enclenché ; le second, plus lent, condensateur

1
de fréquence , donc très souvent
2π L 0C
négligeable devant l’autre (L0 très supérieur à l),
correspond à la décharge dans le réseau de
Ie
l’ensemble des batteries dont les potentiels
seront égalisés.
L’enclenchement du n+1ème gradin d’une batterie intensité
condensateur
fractionnée (schéma de principe et courbes de
courant et de tension montrant les surintensités,
les surtensions apparaissant lors de cet enclen-
chement en distinguant les deux phénomènes
est représenté sur la figure 9 ). A noter que la phénomène 1 phénomène 2
surtension propagée au réseau SA est d’autant
plus faible que le nombre de gradins en service fig. 9 : courant et tensions lors du couplage au réseau
est important. d’un gradin d’une batterie fractionnée.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.8


2.2 Phénomènes électriques liés au déclenchement
Lors de l’extinction de l’arc de l’appareil de Par contre, si elle croît moins vite que la tension
manœuvre, à un passage à zéro du courant, la de rétablissement, il y a claquage (cf. fig. 10 c ).
batterie séparée reste chargée à la tension crête. La norme distingue le réallumage (claquage avant
Celle-ci est ensuite ramenée à zéro grâce aux le quart de période après la coupure) phénomène
résistances de décharge qui équipent chaque ne donnant pas lieu à une escalade de tension, du
condensateur (temps : de 1 à 5 minutes). réamorçage (claquage après le quart de période).
La tension de rétablissement aux bornes de Dans ce cas (cf. fig. 10 d ) les phénomènes sont
I’interrupteur atteint donc 2 Um en une demi- similaires à ceux rencontrés lors de I’enclenche-
période (hypothèse : temps d’arc très faible). ment, mais peuvent être amplifiés du fait que
Si la régénération diélectrique de l’interrupteur l’amorçage peut avoir lieu sous une tension
croît plus vite que la tension de rétablissement, égale au double de celle sous laquelle a lieu
la coupure se passe normalement. l’enclenchement.

a - Schéma de principe
I L0
a b

Ua Ub
C0

d - Tensions et courants en cas de réamorçage


b - Courbe courant-tension Ub oscillations
ouverture Ub UM de courant
contacts

I Ua

t
Ua
I

UM

c - Phénomène de claquage oscillations


de tension
Uab courant après
2 UM réamorçage

claquage
Ub après
courbe de réamorçage
régénération -3 UM
diélectrique

ouverture
contacts
t
fig. 10 : courants et tensions au déclenchement d’une batterie.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.9


Du point de vue théorique, s’il y a plusieurs Néanmoins, les réamorçages successifs à la
réamorçages, on constate : coupure d’une batterie peuvent conduire à des
c des ondes de choc croissantes : 2 UM ; 4 UM ; surtensions élevées, dangereuses pour le
6 UM … réseau et les condensateurs.
c des surtensions croissantes : 3 UM ; 5 UM ; Par ailleurs, les surintensités entraînées sont
7 UM … proportionnelles à la différence de tension
c des tensions de rétablissement croissantes : existant avant l’amorçage entre le réseau et la
2 UM ; 4 UM … batterie. En conséquence, ces surintensités ont
des amplitudes toujours supérieures à celles
En pratique, les tensions n’augmentent pas aussi
rencontrées à l’enclenchement et sont donc plus
rapidement ni d’une façon aussi régulière à
dangereuses pour l’ensemble des matériels.
chaque réamorçage du fait qu’il n’apparaît pas
toujours lorsque la différence de tension est II est donc primordial d’utiliser un appareillage
maximum et que l’amortissement joue dans une de manœuvre dont la rapide régénération
certaine mesure. diélectrique évite tout réamorçage.

2.3 Quelques ordres de grandeurs


Les surintensités à l’enclenchement sont très 1 ω Ie
variables selon les types de montage. 300 à 1000 Hz ( fe = = )
c Dans le cas d’une batterie unique, l’intensité 2π L 0C 2π 2 I capa
transitoire crête maximum dépend de la puis- c Dans le cas d’une batterie fractionnée
sance de court-circuit au point de raccordement. l’intensité transitoire est beaucoup plus élevée
Ie car l’inductance de liaison l est très faible par
La figure 11 donne le rapport en fonc-
rapport à l’inductance d’une source.
I capa
Sans limitation particulière (inductances
tion de Scc et de la puissance de la batterie Q. d’amortissement), la surintensité est 30 à 50 fois
Compte tenu des installations réalisées, la plus élevée que dans le cas précédent.
surintensité ne dépasse jamais 100 fois le Ces surintensités dépassent en général les
courant assigné (Icapa). valeurs supportables par les matériels. Des
En moyenne, la surintensité est de l’ordre de 10 inductances de limitation (appelées « selfs de
à 30 fois Icapa. choc ») sont donc nécessaires dans la majeure
La fréquence propre du régime transitoire est de partie des cas (voir § 5).

Ie
Icapa

100 Q = 100 kVAr 500 1 000 5 000 10 000

20 000

10

Scc

10 100 1 000 MVA


fig. 11 : surintensité à l’enclenchement d’une batterie unique en fonction de sa puissance et de la puissance de
court-circuit.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.10


3 Problèmes posés aux condensateurs et solutions

3.1 Contraintes électriques


La manœuvre des condensateurs engendre des particulier à condition qu’elle ne soit pas répétée
surintensités et des surtensions qui doivent plus de 1000 fois par an.
pouvoir être supportées par les matériels. Les surintensités à l’enclenchement ne doivent
Si les matériels sont conçus pour supporter les pas dépasser 100 fois le courant nominal de la
contraintes norrmales, des précautions sont batterie de condensateurs.
nécessaires dans le cas où les appareils de Une telle surintensité peut être supportée 1000
manœuvre n’ont pas les performances fois par an, une surintensité de 30 fois In peut
suffisantes. être supportée 100 000 fois par an.
Dans le cas de surintensités supérieures, des
Du point de vue des condensateurs inductances de limitation communément
La surtension transitoire aux bornes de 2UM est appelées selfs de choc sont mises en série avec
supportée normalement sans vieillissement la ou les batteries de condensateurs.

3.2 Conception des batteries de condensateurs


Deux cas sont à considérer :
c batterie unique (cf. fig. 12 )
c batterie multiple ou en gradins (back to back)
(cf. fig. 13 ).

Batterie unique
Le matériel est en général de conception simple
car :
c la Scc du réseau n’engendre pas de
surintensités supérieures à 100,
c le nombre de manœuvres est faible puisqu’il batteries ∆ et Y
n’y a pas régulation d’énergie réactive.
fig. 12 : batterie unique.
Il n’y a donc pas en général nécessité de selfs
de choc. La batterie de condensateurs est
directement raccordée au réseau par
l’intermédiaire de son organe de protection,
choisi selon les caractéristiques de tension,
pouvoir de coupure, courant thermique (courant
capacités + 30 %).
c Ie doit être inférieur au pouvoir de fermeture de
l’appareil de protection pour le nombre de
manœuvres considéré.
inductances
de choc
Batterie en gradins
Les inductances de liaison sont généralement
très réduites entre les différentes batteries de
condensateurs. Une limitation des courants
d’enclenchement par selfs de choc en série avec
la batterie est nécessaire :
c pour ne pas dépasser les 100 Icapa admissibles
par les condensateurs, batteries ∆ et Y
c pour ne pas dépasser le pouvoir de fermeture fig. 13 : batterie en gradins.
de l’appareillage.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.11


3.3 Dimensionnement thermique de l’appareillage
Un appareil est caractérisé entre autre par un Cette surcharge permanente provient générale-
courant nominal qui correspond à une tenue ment d’harmoniques de courants de fréquences
d’échauffement permanent. supérieures à la fréquence industrielle.
Lorsque ces mêmes appareils commandent Les condensateurs de puissance peuvent
et/ou protègent des condensateurs, il doit être supporter 1,3 fois leur courant assigné. Ainsi le
tenu compte du courant réel traversant la courant capacitif maximum assigné à 50 Hz pour
batterie qui peut être supérieur au courant tout appareil sera égal à 0,7 fois l’intensité
assigné. nominale des appareils de manœuvre.

4 Problèmes posés à l’appareillage et solutions techniques

Dans l’appareillage, nous pouvons distinguer c les appareils de protection (disjoncteurs) qui
(cf. fig. 14 ) : sont toujours utilisés dans le cas des batteries
c les appareils de manœuvres (interrupteurs, con- uniques, et en fait assez souvent aussi dans les
tacteurs) utilisés dans le cas des gradins multiples, gradins multiples.

disjoncteur

disjoncteur
interrupteur,
contacteur,
parfois disjoncteur

batterie unique batteries en gradins


fig. 14 : appareils de manœuvre et de protection des batteries.

4.1 Problèmes posés

Les principaux problèmes qui se posent à fréquence élevée qu’à fréquence nominale, pour
l’appareillage sont résumés ci-après : un courant équivalent.

Courant d’enclenchement Coupure


c A fréquence nominale (50 ou 60 Hz), le Les principaux phénomènes en jeu sont décrits
disjoncteur ne voit pas de crête de courant dans le paragraphe phénomènes électriques liés
pendant la période de préamorçage (< 3 ms). au déclenchement (problème diélectrique avant
c A une fréquence de l’ordre du kHz, le tout ; attention aux réamorçages).
disjoncteur est soumis à toute une série de
A cela, rajoutons, au cas où il faut assurer la
crêtes de courant pendant la période de
fonction protection, les contraintes liées à la
préamorçage : cela signifie que l’usure des
coupure de courant de court-circuit.
contacts est nettement plus importante à

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.12


Surcharges dues aux harmoniques
Les générateurs et récepteurs dont les circuits
In (A) Icapa (A)
magnétiques sont saturés (les convertisseurs
statiques) produisent des déformations de l’onde 630 400
de tension : 1 250 875
Il en découle des harmoniques de courant non 2 500 1 750
négligeables puisque, dans le cas des
3 150 2 200
condensateurs, le courant I est proportionnel à
la fréquence, soit pour l’harmonique de rang n, fig. 15 : courant Icapa maximal fonction du courant en
et de valeur relative x %. service continu In.

I = UCnω = I 50 Hz 1+(nx)
2

Si In est le courant en service continu de


2 l’appareil, le courant capacitif maximal à 50 Hz
avec U = U50 Hz 1+ x
qui pourra transiter est donc égal à Icapa = 0,7 In
Le coefficient de surcharge est (cf. fig. 15 ).

1+(nx)
2 2
n −1 Endurance mécanique
2
≈ 1+ x . L’appareillage réalisant la commande et la
2 2
1+ x protection des batteries de condensateurs doit
Les normes UTE 127, C54.100, CEI 70, CEI 871 manœuvrer souvent plusieurs fois par jour ;
relatives aux condensateurs, indiquent un coef- il est donc nécessaire d’avoir, outre une bonne
ficient de surcharge de 30 % (qui correspond à endurance électrique, une bonne endurance
n = 5 et x = 17 %). mécanique.

4.2 Solutions Schneider


Pour répondre à tous ces problèmes, Schneider l’extrémité des contacts pour étincelles et
a choisi la technique de coupure dans le SF6. grâce à l’utilisation du SF6 avec un tamis
La rigidité diélectrique de ce gaz étant très moléculaire qui a pour but de limiter le taux
supérieure, à pression égale, à la plupart des de décomposition du gaz en coupure, à des
milieux connus, la coupure de courants capacitifs valeurs négligeables.
est assurée sans réamorçage, et ceci à une La robustesse et la simplicité du mécanisme
pression relative de SF6 faible (≤ 2,5 bars). des appareils permettent de réaliser, en général,
La tenue diélectrique à l’ouverture n’est pas liée 5 fois plus de manœuvres que n’en exige la
à la crête de l’intensité de fermeture précédente. norme CEI 56.1987, soit 10 000 manœuvres.
L’usure des contacts est principalement due à la L’ensemble de la gamme d’appareils Merlin
surintensité apparaissant à la fermeture (l’usure Gerin est apte à manœuvrer les bancs de
à l’ouverture est négligeable) car elle se produit condensateurs conformément aux normes CEI
à chaque manœuvre : c’est donc la valeur de et ANSI. Les performances sont consignées
cette surintensité crête ainsi que le nombre de dans les fiches techniques :
manœuvres qu’il faut considérer pour nous donnons à titre d’exemple quelques
l’endurance électrique. caractéristiques (valables en 1997) de
Une bonne endurance électrique est obtenue disjoncteurs, contacteurs et interrupteurs MT en
grâce à l’emploi d’alliages de tungstène à annexe 1.

4.3 Normes
Normes CEI pouvoir de coupure nominal en court-circuit du
La norme 56.1987 indique les modalités d’essais disjoncteur,
pour la fermeture et la coupure de courants c circuit B : Impédance telle que le courant de
capacitifs. Deux circuits d’alimentation sont court-circuit est de l’ordre du pouvoir de coupure
possibles : nominal en court-circuit du disjoncteur.
c circuit A : Impédance telle que le courant de Si Icapa est Ie pouvoir de coupure nominal en
court-circuit est inférieur ou égal à 10 % du courant capacitif, on distingue 4 séquences

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.13


d’essais (cf. fig. 16 ci-contre). Chaque séquence
d’essais doit comporter 10 essais (cas triphasé)
ou 12 essais (cas monophasé). séquences circuit courant d’essai
d’alimentation en % de Icapa
En ce qui concerne le pouvoir de fermeture des
batteries de condensateurs à gradins, la norme 1 A 20 à 40
CEI rappelle les méthodes de calcul des courants 2 A supérieur à 100
d’enclenchement et indique l’ordre de grandeur de 3 B 20 à 40
la fréquence propre de ces courants : 2 à 5 kHz.
4 B supérieur à 100
Norme ANSI
fig. 16 : les quatre séquences d’essais selon la norme
Documents concernés :
CEI 56.
ANSI C 37-06 (1987), IEEE C 37-09 (1979),
IEEE C 37-12 (1979)
Définition des paramètres de cette norme : Nombre d’opérations : 24 ouvertures réparties
c V : tension nominale maximale de la façon suivante :
c Isc : courant de court-circuit c 12 O de 0° à 180° avec 2 O tous les 30°,
I sc c 6 O avec temps d’arc 1ère phase qui coupe le
c A = .
I sc − I capa plus court (à ± 7,5°),

Voir figure 17 ci-dessous. c 6 O avec temps d’arc 1ère phase qui coupe le
Dans chaque séquence, un amorçage est toléré plus long (à ± 7,5°).
s’il n’a pas lieu au-delà d’1/3 de cycle après la Valeur de Icapa (cf. fig. 18 ).
coupure (soit 5,5 ms). Paramètres d’essais back to back (cf. fig. 19 ).

séquence n° de tension % capa nombre


séquence d’opérations
banc de capacité 1A 2V.(1+A)-1 30 24 O
isolé ou câblé
banc de capacité 1B 2V.(1+A)-1 100 24 FO
isolé ou câblé
back to back 2A 2V.(1+A)-1 30 24 O
back to back 2B 2V.(1+A)-1 100 24 FO

fig. 17 : séquence d’essai selon norme ANSI.

In (A) Icapa max (A)


disjoncteur intérieur disjoncteur extérieur
1 200 630 400
2 000 1 000 400
3 000 1 600 400

fig. 18 : essais selon norme ANSI - valeur de Icapa fonction de In.

disjoncteur intérieur disjoncteur extérieur


Ie (kÂ) fe (kHz) Ie (kÂ) fe (kHz)
In ≤ 2 000 A 15 ≤ 2,0 20 4,2
In = 3 000 A 25 1,3 20 4,2

fig. 19 : paramètres d’essais « back to back ».

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.14


Règlement EDF c soit sur deux appareils, l’un subissant les
Normes : NF C 64-132, interrupteurs de batteries essais d’endurance mécanique, l’autre subissant
de gradins de condensateurs. les essais d’endurance électrique.
EDF utilise des gradins de condensateurs MT L’interrupteur ISF1 satisfait à la classe 2 qui
sous enveloppe avec interrupteur intégré. requiert 10 000 F/O en endurance électrique
L’interrupteur Merlin-Gerin utilisé est l’ISF1. ( Ie = 10,2 k avec une fréquence de 4400 Hz
Puissance des batteries : 4,8 Mvar soit 160 A et Icapa = 160 A) et 10 000 F/0 en endurance
sous 20 kV. mécanique : ces essais illustrent, pour le
matériel MG à coupure dans le SF6, la parfaite
EDF distingue 2 classes d’interrupteurs maîtrise des phénomènes électriques qui
(cf. fig. 20 ). Les essais peuvent être effectués : surviennent lors de l’enclenchement et du
c soit sur un même appareil, dans l’ordre du déclenchement des capacités sur le réseau,
tableau, ainsi que l’endurance mécanique élevée.

nombre classe endurance endurance endurance endurance


d’appareils électrique mécanique électrique mécanique
à essayer
1 1 3 000 F/O 2 000 F/O
2 5 000 F/O 5 000 F/O 5 000 F/O 5 000 F/O
2 1 appareil 1 5 000 F/O
appareil 2 2 000 F/O
2 appareil 1 20 000 F/O
appareil 2 10 000 F/O

fig. 20 : essais pour EDF.

4.4 Tableau de choix de l’utilisation de l’appareillage moyenne tension MG


Endurance électrique (en fermeture) comportement de l’appareil, (sauf contacteur
Les différents essais qui ont pu être menés en Rollarc 1,6 kHz maxi).
laboratoire, ainsi que les calculs théoriques Les courbes pour chaque appareil sont
d’usure des contacts suivant la loi de Weibull consignées en annexe n° 2, ainsi que des
nous permettent de donner, pour chaque références d’essais, et un tableau indiquant pour
appareil, le nombre de manœuvres maximal chaque appareil :
en fonction de la valeur du courant c le courant crête correspondant à l’endurance
d’enclenchement. mécanique de l’appareil,
La fréquence d’oscillation a peu d’influence c le courant crête maximum et le nombre de
sur l’usure des contacts et donc sur le manœuvres correspondant.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.15


5 Calcul des courants d’enclenchement et inductances de choc

Préliminaires : c En fonction des tensions et courants nominaux


(avec Icapa ≤ 0,7 In), du pouvoir de coupure, etc.
c Définition des symboles utilisés : voir § 1
on suppose choisi l’appareillage pour les calculs
page 3.
qui suivent.

5.1 Batterie unique


c Puissance Q = U Cω =
2
3 U I capa c Calcul de l’inductance de choc l (qui se
rajoute à L0)
c Courant crête de fermeture :
v 1er cas
1 1 S cc Ie > 100 Icapa (limitation du condensateur).
Ie = x I capa 2
L 0C ω Q U  200 10 
2 6
Prendre L u  − 
ω  Q S cc 
2
U
S cc = 3 U I cc =
L 0ω avec L en µH U en kV
Lo : inductance source. Q en Mvar SCC en MVA
Scc : puissance de court-circuit du réseau. v 2ème cas
Ie > Iencl. max courant crête, maximum de
c Fréquence propre d’oscillation : l’appareil (indiqué en annexe 2).
1
fe = 6 2 
2π L 0C 10 2Q U
Prendre L u  − 
(
ω  3 I encl. max ) S cc 
2
En général, il n’y a pas nécessité d’inductance
de choc, sauf dans le cas où Scc est élevée et Q avec L en µH U en kV
faible ; le courant crête doit alors être limité : Q en Mvar Iencl. max en kÂ.
v soit pour les condensateurs ( Ie > 100 Icapa), v 3ème cas
v soit pour l’appareillage ( Ie incompatible avec Cumul du premier cas et du deuxième cas.
courbes en annexes). Prendre pour L la plus grande valeur trouvée.

5.2 Batterie en gradins


c n gradins (identiques) enclenchés quand on c Fréquence d’oscillation :
enclenche le n+1ème.
1
c Puissance unitaire : fe =
2π lC
Q = U Cω =
2
3 U I capa
Les inductances de liaison entre les différentes
c Courant crête de fermeture : batteries sont généralement très réduites
(quelques µH).
2 n C n fe
Ie = Ux = I capa 2 C’est pourquoi une limitation des courants
3 n +1 l n +1 f d’enclenchement par une inductance de choc en
l inductance de liaison : 0,5 µH/m est une bonne série avec la batterie est très généralement
approximation pour les barres ou câbles en MT. nécessaire (cf. fig. 21 ).

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.16


2 2 2
 n  2.10 U
Prendre L u  
 n +1 ω Q
v 2ème cas
Ie > Iencl. max courant crête, maximum de
l’appareil (indiqué en annexe 2).
2 6
 n  2.10 Q
Prendre L u  
 n +1 3ω (I encl. max )
2

avec
n : nombre de gradins enclenchés quand on
enclenche le n+1ème,
C C Q : puissance batterie en Mvar,
Iencl. max : pouvoir de fermeture max de l’appareil
en kÂ,
U : tension en kV,
fig. 21 : les inductances séries limitent les courants L : inductance de choc en µH.
d’enclenchement.
v 3ème cas
Cumul premier cas + deuxième cas.
c Calcul de l’inductance de choc L. Prendre pour L la plus grande valeur trouvée.
On néglige dans le calcul la valeur de I qui se Nota : Une page de synthèse de calculs des
rajoute à L. courants d’enclenchement dans le cas
v 1er cas batterie unique et le cas batterie en gradins
Ie > 100 Icapa (limitation du condensateur). est donnée en annexe 3.

5.3 Les inductances de choc


Les inductances devront être adaptées en Tenue électrodynamique : Icc crête au point de
fonction des possibilités des fabricants et des raccordement.
considérations économiques. II s’agit d’inductance dans l’air sans noyau
Installation : intérieur - extérieur. magnétique.
Courant permanent nominal : 1,3 à 1,5 In . Lee valeurs les plus utilisées sont des
Valeur de l’inductance : 0 + 20 %. inductances de 50,100 ou 150 µH.
Tenue thermique aux surintensités Exemple : EDF 50 µH 200 A pour 3 gradins de
momentanées : 30 à 50 In . 4,8 Mvar sous 20 kV.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.17


6 Protection contre les surintensités

La protection contre les surintensités peut être équipé d’une protection à temps indépendant à
réalisée par un fusible ou par un disjoncteur double seuil.

6.1 Protection par fusible


Le courant d’enclenchement, même limité, peut résistance des fusibles. Il existe des logiciels
entraîner la détérioration des fusibles. Pour permettant de déterminer le calibre des fusibles.
déterminer le calibre du fusible, il faut calculer la En pratique, le calibre des fusibles est de 1,8 à
valeur crête du courant d’enclenchement, 2,5 fois le courant nominal de la batterie de
comme indiqué précédemment, et déterminer la condensateurs.
constante de temps de ce courant transitoire. La protection par fusible est efficace contre les
La méthode est assez complexe. Elle nécessite courts-circuits sur le circuit de branchement de la
de connaître la résistance du réseau amont et la batterie au réseau.

6.2 Protection par disjoncteur


Le disjoncteur doit être équipé d’une protection à Cahier Technique n°152, consacré aux
temps indépendant, à double seuil. perturbations harmoniques, détaille ce cas de
figure qui outre une augmentation de la pollution
Seuil bas Irb harmonique par résonance avec l’inductance du
Il protège contre les surcharges dues à un taux réseau, peut mettre en danger les condensateurs.
d’harmoniques de tension anormalement élevé.
Il doit être réglé à 1,43 fois le courant nominal de Seuil haut Irh
la batterie de condensateurs. Comme les fusibles, il protège contre les courts-
Irb = 1,43 Incapa. circuits. Il doit être réglé à une valeur inférieure
La temporisation Tb peut être réglée à plusieurs au courant de court-circuit minimal.
secondes. Irh i 0,8 Iccb,min
En présence d’harmoniques, la protection contre Le calcul montre que la durée du courant
les surcharges doit mesurer la valeur efficace d’enclenchement est faible (surtout dans le cas
vraie du courant. de batteries en gradins). Elle est inférieure à
Il faut bien noter à ce propos que sur un réseau, 200 ms.
la présence simultanée d’harmoniques et de La temporisation Th pourra donc être fixée à
condensateurs est à examiner de près : le 0,2 seconde.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.18


6.3 Protection contre les défauts internes
Lorsqu’un condensateur unitaire se met en d’éléments condensateurs provoque un
défaut, le courant absorbé par la branche de la déséquilibre, et donc la circulation d’un courant
batterie concernée augmente. Par exemple, et détectable.
en supposant cet élément en court-circuit franc, Le seuil de réglage est donné par le
la variation est de 11% si 10 condensateurs sont constructeur. Il dépend de la structure interne
en série. Ce défaut, indétectable par les protec- de la batterie (association série et parallèle de
tions de surintensité peut entraîner un effet condensateurs unitaires) et de la présence ou
d’avalanche qui conduit à la destruction d’autres non de fusibles internes de protection des
condensateurs unitaires, puis de la batterie. condensateurs.
Il existe des protections basées sur la symétrie
La temporisation est de l’ordre de quelques
du schéma des batteries. A titre d’exemple,
dixièmes de seconde.
l’assemblage dit « double étoile » est
couramment utilisé. Comme indiqué sur la La présence de fusibles internes sur les
figure 22 , un relais de protection contre les condensateurs (cf. fig. 23 ) est une amélioration
déséquilibres entre points neutres permet de qui permet une bonne continuité de service. La
détecter la circulation d’un courant dans la batterie assure encore sa fonction même avec
liaison entre ces deux points. La détérioration plusieurs éléments déconnectés.

In >
fig. 23 : Condensateur avec fusibles internes,
fig. 22 : batterie en double étoile. constitué de 4 groupes en série.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.19


Annexe 1 : principales caractéristiques de l’appareillage MT

Toutes les caractéristiques à jour sont données


dans les fiches techniques. Nous en rappelons
ici quelques-unes (valables en 1997) :

Disjoncteurs (*) Performances Courant en Courant capacitif


en coupure service continu coupé
LF1 Jusqu’à 12 kV - 31,5 kA 630 et 1250 A 400
LF2 50 kA - 7,2 kV 630 à 1250 A 400
40 kA - 12 kV
31,5 kA - 17,5 kV
LF3 Jusqu’à 50 kA - 7,2 kV 1250 à 3150 A 400
Jusqu’à 50 kA - 12 kV
Jusqu’à 34,5 kA - 17,5 kV
SF1 Jusqu’à 25 kA - 40,5 kV 630 et 1250 A 400 à 800 A
SF2 Jusqu’à 40 kA - 36 kV 2500 A 400 à 1750 A
Contacteur (*)
Rollarc R 400 10 kA - 7,2 kV 400 A 240 A
Interrupteur pour
condensateur
ISF1 24 kV 200 A 160 A

(*) Ces appareils peuvent aussi être utilisés en


interrupteur de condensateur.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.20


Annexe 2 : choix de l’appareillage MT, qualifications

Tableau de choix :

Appareil Désignation Nbre maxi de Iencl. à Nbre de man. Iencl. max


man. N max N max - k à Iencl. max kÂ
Disjoncteur SF1 10 000 10 3500 15
SF2 10 000 13 2000 25
LF1 10 000 13 2000 25
LF2 10 000 13 2000 25
LF3 10 000 13 2000 25
Contacteur Rollarc 80 000 2 15 000 4
Interrupteur ISF1 10 000 10 3500 15

a - tensions : 12 - 17,5 - 24 - 36 - 40,5 kV

Ienclenchement (Ie)

25

15 ➁
13
10
➀ SF1
ISF1

Icc ≤ 29 kA
➁ SF2
LF1
LF2
LF3
1
1 2 000 3 000 10 000
nombre de manœuvres

b - tensions : 7,2 - 12 kV

Ienclenchement (Ie)

fe ≤ 1,6 kHz

2
1,5

1
1 15 000 80 000 100 000
nombre de manœuvres
Courant d’enclenchement en fonction du nombre de manœuvres.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.21


Quelques essais de qualification :

c Endurance à la fermeture
v ISF1
Qualification en cours de l’interrupteur de
gradins de condensateurs de 4,8 Mvar classe 2
pour EDF basée sur :
- les essais de fermeture/coupure déjà réalisés
lors de la qualification de l’IFB4 (en raison de la
grande similitude des parties actives des deux
appareils, soit 10 000 F/O sous 23 kV avec
courant de fermeture 11,5 kÂ, fréquence
d’oscillation 3,4 kHz et courant d’ouverture de
160 A (rapport EDF HM51.02.201),
- les essais d’endurance mécanique, soit 20 000
fermetures/ouvertures à vide (rapport LEMT
n° M534b).
c Autres essais en fermeture/ouverture
v LF1
Essais triphasés 440 A / 12 kV
(rapport VOLTA C2200).
v LF2
- Essais triphasés 400 A / 17,5 kV
24 O à 120 A et 80 F/O 400 A
à Î = 5,6 kA et F = 500 Hz
(rapport VOLTA B3995).
- Essais monophasés de manœuvre dos à dos
de batterie de gradins de condensateurs
80 FO à 400 A
à Î = 20 kA et F = 4250 Hz
(rapport VOLTA B4004).
v LF3
- Essais triphasés 400 A / 17,5 kV
24 O à 120 A et 80 F/O à 400 A
à Î = 5,6 kA et F = 500 Hz
(rapport VOLTA B3994).
v SF1
- SF1 630 A 24 kV 16 kA
Essais triphasés 440 A / 29 kV
(rapport CESI GPS 1952 A).
- SF1 630 A 36 kV 12,5 kA
Essais triphasés 440 A / 39 kV
(rapport CESI GPS 1952 B).
- SF1 1250 A 26,4 kV 12,5 kA
Selon norme Hydro-Quebec SN-15.6a
Essais monophasés gradin unique
. 34 F/O à 1040 A / 28,4 kV
. 33 F/O à 196 A / 23,8 kV
Essais monophasés dos à dos de batterie de
gradins de condensateurs
. 24 F/O à 860 A / 27,5 kV,
Î = 20 kA, f = 4250 Hz
. 24 F/O à 184 A / 23,5 kV
rapport CESI GPS-94/011027.
- SF1 1250 A 36 kV 25 kA 50 Hz
Essais monophasés 790 A/29,1 kV
(790 A / 36 kV triphasé).
(rapport ASTA C 2125 b).

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.22


Annexe 3 : tableau de synthèse des calculs des courants
d’enclenchement

Enclenchement de batteries de condensateurs

Batterie unique Batterie en gradins


(cas de gradins identiques)

L0
1 2 n+1

; ; ;
U C
l l l

; ;;; ;;
;
C C C

L0 = inductance de C/C du réseau n gradins enclenchés quand on


Scc = 3 U I cc enclenche le n+1ème
avec U / 3 = L 0ω I cc = U / L 0ω
2
l = inductance de liaison (0,5µH/m)
Q = U Cω = Q = U Cω =
2 2
Puissance batterie 3 I capa 3 I capa
Q = puissance de chaque gradin

Courant crête de
1 1 Scc 2 n C n fpropre
Ie = I capa 2 = I capa 2 Ie = U = I capa 2
fermeture L 0C ω Q 3 n +1 l n +1 réseau

1 1
Fréquence propre fe = fe =
2 π L 0C 2π lC
Courant crête max. Icrête max. batt. = 100 Icapa Icrête max. batt. = 100 Icapa
batterie

Endurance électrique cf. courbe annexe 2 cf. courbe annexe 2


appareillage

Courant nominal I capa I capa


appareillage Inominal u Inominal u
0,7 0,7
Coefficient surtension n+ 2
2 p.u. p.u.
réseau n +1

Coefficient surtension 2n
2 p.u. p.u.
batterie n+1

Inductance de choc en général, pas besoin en général, besoin d’inductance de choc


d’inductance de choc
(sauf si Scc élevé et Q faible)

6  2  6 2
10  2Q U  2.10 Q  n  1
Calcul inductance de Lu − Lu   .
ω  3 I ( )
Scc  3 ω n +1
  ( )
2 2
choc I crête max
 crête max 
L : µH Q : Mvar Scc : MVA L : µH Q : Mvar Scc : MVA
Icrête max : k (*) Icrête max : k (*)

Nota : définition des symboles utilisés : voir §1 page 6.


Icrête max est la plus petite des deux valeurs d’enclenchement suivantes :
- le courant crête maximum de la batterie (soit 100 Icapa)
- le courant crête maximum de l’appareillage Iencl. max. (cf. annexe 2 : courbes ou 2e colonne du tableau récapitulatif)

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.23


Annexe 4 : bibliographie

Normes
c ANSI C37-06 (1987)
Standard for switchgear AC High Voltage Circuit
Breakers rated on a symetrical current basis.
Preferred ratings and related capabilities.
c ANSI/IEEE C37-09 (1979)
Standard test procedure for AC High Voltage
circuit breakers rated on a symetrical current
basis.
c ANSI/IEEE C37-012 (1979)
Application guide for capacitance current
switching for AC High Voltage circuit breakers
rated on a symetrical current basis.
c CEI 56.1987
Disjoncteurs à courant alternatif à haute tension.
c CEI 871-3 (1996)
Condensateurs shunt pour réseaux à courant
alternatif de tension assignée supérieure à
1000 V. Partie 3 : protection des condensateurs
shunt et des batteries de condensateurs shunt.
c NF C 64-132
Interrupteurs tripolaires de tension assignée
24 kV destinés à la manœuvre de batteries de
gradins de condensateurs.
c SN-15.6a (déc. 1993)
Disjoncteurs à 26,4 et 28,4 kV. Spécification
technique normalisée. Hydro-Québec Canada.

Cahiers Techniques
c Les perturbations harmoniques dans les
réseaux industriels, et leur traitement,
Cahier Technique n° 152, décembre 1990 -
P.ROCCIA et N. QUILLON.

Ouvrages divers
c Guide de la compensation d’énergie réactive
et filtrage d’harmoniques HT/MT.
Document technique Merlin-Gerin Rectiphase.
c Electra n° 87
Spécifications concernant les essais de
manœuvres sur courant capacitif des
disjoncteurs sans résistance shunt à l’aide de
circuits d’essais synthétiques.
c Electra n° 155 (Août 1994)
Manœuvres des courants capacitifs. Etat de l’art.

Cahier Technique Schneider n° 189 / p.24

Vous aimerez peut-être aussi