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Rejoindre Yves : Tome 1 : La Cucaracha

Chapitre 12
Des réseaux

Emplettes. Tu achètes le journal du 22 septembre. Tu ouvres le


journal du 22 septembre. En page 21ème, tu lis : « Le lac va
retrouver son eau. » Où tu te frottes d’apprendre
que la vidange du lac et sa rénovation n’ont pas eu les effets
désastreux redoutés sur l’industrie touristique. Voilà bien
comment tu te définis en ces moments déformés : un lac mis à
sec. Zizon démangée du prurigo de la curiosité se permet avec
tendresse d’interrompre une lecture de toute façon dès le
départ ramollie : « Jean-Didier, au fond, je suis assez heureuse
que tu ne sois pas capable d’écrire un bouquin. Car dans ce
processus-là, c’est irrémédiablement le Jean-Didier cynique et
désabusé qui aurait pris le dessus sur le Jean-Didier sensible. »
Tu feintes : « Comment le savoir puisque je ne suis pas capable
d’écrire un bouquin ? » Zizon abat une autre carte: « Tu te

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serais servi de moi pour créer une espèce de nunuche non


grata férue d’ésotérisme. Tu m’aurais désavouée. Tu aurais fait
ton félon. Et tu aurais accordé à ton avocate, madame Lynx,
des qualités excessives, gigantesques, disproportionnées,
clitoridiennes. »
Tu lâches : « Que veux-tu ? Elle aussi a connu Yves. »

Comme à la maison, la prison :


je pue des pieds (rapport aux), je mange mal, je me perds en des
errances philosophiques douteuses, <je passe l’inspection de mon
terrier>. Kafka « dans les labyrinthiques zigzags. » [page 125, je crois]
Je me chante le Purgatoire des Prisonniers, XVIIème siècle :
Les passions de cent douleurs cruelles,
Le prisonnier les endure tout seul.
Car la prison, sa mortelle ennemie,
Le couvre tout de playe et d’infamie.
De loin en loin
me parviennent Il Canti di Malavita, c’est Momo le caïd occupé à me
trouver des preuves dans des détritus - - sur son fumier, le coq ? :
Eru nu picciuteddu ill'onorata
Facivi i cosi a regola d'onuri
Ma un iornu contra e mia ci fu a spiata
Di n'indegnu di sbirru e infami i cori
Cumpagni i cella a tutti bonasira
U nomi meu u canusciti bonu
Fui arristatu propriu stamatina
Rapina a manu armata eccumi cá

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Sapiti puru vui che su innocenti


Chista fu na spiata i carugnuni
Nu testimoni falsu e m'encastraru
M'encollu na galera cá raggiuni
J’imagine ma Zizon, in the middle of our house <la figue ?> :
Je suis seule ce soir
Avec mes rêves
Je suis seule ce soir
Ma joie s’achève
- - des fois, se croit en l’année 41 ! - -
Gauthier, planqué devant
un dessin animé, a encore oublié son journal de classe, a parlé dans les
rangs - -école, bureau, prison :
… puis disparaît
comme un papillon …
En prison, je me suis coltiné
un autre pote semi sédentaire (autre que Momo), sauf que lui allait
retrouver sa belle après le service pour lui écorcer l’orange dehors. Un
doublon schizophrénique de mon moi Jean-Didier, à la longue. Un maton
fienteux à petites lunettes cerclées, chargé de remettre les disquettes de
mon manuscrit aux autorités cintrées et aux lécheurs de bottes<pire que
la prison de Sabaneta au Vénézuela !>, me tournait autour du pif, lors
de mes rares balades au préau - - Ceux-là qui sont condamnez par
justice/Sont secourus par la mort du supplice - - L’ombre de mon ombre,
le gars. Chienchien à son pépère.
Je lui ai parlé
de ma photo de classe : « Je l’ai punaisée au mur de mon bureau, à la
maison. Première année primaire. Debout au second rang : Jean-Didier.

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Premier prix de déclamation : Le prisonnier, dès l’heure donc qu’il


entre/Dans la prison, il est clos dans le ventre/d’un vil cachot
d’espouvantable horreur (Philbert Boyer - - tu connais ? - - envoyé au
Roy.) J’ai les cheveux blonds, presque blancs. Comme toi aujourd’hui. Je
porte des petites lunettes cerclées. Elles sont de traviole.Comme les
tiennes aujourd’hui. L’après-midi de la photo de classe, un con
prétentieux me les a pulvérisées. Tu ne serais pas délégué syndical, des
fois ? Avec ton air d’avoir deux airs ? sale furet ? tes verres ?»
10h du mat’ - Un jour,
cliquetant de clefs de bazar et autres menottes de kermesse, il me colle
au mur, j’en ai encore du ciment entre les incisives : une fouille, parbleu !
- - aime passer des menottes aux autres, pourquoi ? douteux - - Dans
mon dos, la crapule postillonne tout bas de mignons lancers de salive
étudiés: « Mon petit nom c’est Loulou. » Moi, estomaqué : « Non merci,
Loulou, pour la sodomie il faudra repasser. » (faut bien rire !) Il poursuit :
« T’en tiens pas une, Jean-Didier. Je suis de ton côté. « Quel côté ? La
poupe je suppose ? » Lui :
- Mais non, crétin. T’as rien dans le cigare ! Je suis de ton bord !
- Puisque je te dis que je ne suis pas homo ! - - rien contre non plus.
- Ecoute-moi, abruti ! On va nous repérer. Ferme ton claquoir !
Ouais je suis tapette. Et alors ? Drag-Queen même …
- Drag-Queen ?, je fais en italiques. Nom féminin, de l’anglais, passé
dans le français courant. Nouvelle génération de travesti, être de
la nuit qui n’appartient à aucun des deux sexes. Une féminité
exacerbée, tenues d’apparat bariolées…
- Ouais, et des chaussures aux talons de plus de 30 centimètres de
haut ! Jean-Didier, existe aussi le contraire : les Drag-Kings. Moi,
j’ai des bottes bleues avec des flammes blanches … T’es tombé
dans un réseau de bariolés, tu vas voir …

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- Tu être de la nuit, Louloutte ? - - italiques aussi.


Avant de remettre les disquettes
aux coquins du consortium punitif, j’en copie une troisième, qu’il
poursuit. De sauvegarde. Pour toi, Jean-Didier, je t’en fiche ! Pour moi
aussi. J’aime bien ton style rapide. <non, j’arrive à retenir la semence de
ma Tige de Jade> Des fois qu’ils modifient l’original. Parce que : si le
trust te surveille à ce point comme si tu étais le choléra en bottines, c’est
qu’ils t’imaginent gros poisson. Ca sent pas bon, rapport à leurs
combines de concentration horizontale. J’ai lu toute ton embrouille le soir
à la maison sur mon …
- Sur ton wécé ? - - faut bien rire !
- Mon pécé, citron ! - - aime pas rire ?
- Relâche la pression, poltron ! Mon hernie discale ! - - m’écrase le
dos ! cette position !
- J’y crois pas un instant à leur manège de branques. Ils veulent te
daller le cerveau jusqu’à ce qu’un carrelage pète, Jean-Didi. Ils
veulent que tu sois coupable, toi Jean-Didi. <victimologie ?>De
meurtre ou d’assassinat, de toute façon je n’ai jamais compris la
différence entre ces deux mots.
- Assassinat ? Quel drôle de mot ! 1556, de l’italien assassinare …
- T’es pas cap’.
- Merci de me sous-estimer. Cap’ de quoi ? De décortiquer le
vocabulaire ? Je m’y attache depuis mes 3 ans, mon Loulou.
Errances philosophiques douteuses, c’est mon rayon. <lui :
errances nocturnes>
- T’es pas capable d’aligner deux cadavres, pas capable de jeter ce
genre de jus ! Ca sent la magouille à pleins tubes. Ils t’ont plongé
dans la mouscaille, les fêtards.

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- Et pourquoi ne serais-je pas un grand fauve à même de dépiauter


un quelqu’un ou une quelconque, mon Loulou ? Avec ou sans
zoo ?
- Parce que t’as été délégué syndical pendant 16 ans, Jean-Didi, et
que moi, à 25 ans, je suis déjà délégué syndical. On est du même
bord
Là, il a fallu
que je lui remette les idées en place, le puceau. (?!) Les syndicalistes
sont tués en Colombie, emprisonnés en Chine, licenciés aux States. T’es
femme et syndicaliste au Zimbabwe, on te viole aussi sèche. Chez nous,
le mandat s’exerce exclusivement dans le cadre des syndicats officiels.
Donc partout : un sacerdoce mortel. Ici aussi. <que reste-t-il de nos
amours ?> Sauf qu’ici : c’est tes potes du syndicat qui te criminalisent.
<une photo, vieille photo de ma jeunesse> C’est tes potes qui montent
des fichiers sur toi.
Sa prise de ji-jitsu
n’étant pas très fiable, à la Louloutte, je me suis retourné face à face,
bec à bec :
- Tu prononces, en pleine réunion, une phrase genre : « Il ne s’agit
pas que les lois soient bien observées, mais que les citoyens
soient libres » … On te regarde : ?? Alors comme ça tu penses, à
25 ans, qu’un syndicaliste jamais ne faisandera son prochain ?
Fous-moi le camp, sac à menottes ! Moi Jean-Didi, je pense à
contrario et en italiques qu’elles sont extrêmement bien placées et
extrêmement compétentes pour le meurtre réel ou symbolique, ces
raclures beuglantes - - bigophones en italiques ? Mon petit Loulou,
les syndicalistes sont des hommes de pouvoir déguisés en amis du
peuple. Et d’ailleurs : le plus infernal meurtre avec préméditation et
à répétition qu’ils aient commis, c’est celui de l’idée syndicale. Vais

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les expédier dans une machine à remonter le temps ! Andalousie,


1936. Ah ! La perte de la mémoire ! Non mais ! Que sont- ils
devenus, et un raton laveur ? Des sortes de genres douteux de
services aux consommateurs : tu paies ta cotisation, on avance tes
allocs de chômage ? Grands seigneurs avec ça ! Des ambulances
qui arrivent trop tard quand les usines sont déjà dépecées en
rondelles au fond de la cale du bateau ? Nous allons adoucir la
tuerie par un plan social, un emballage recyclable pour la
prochaine faillite, bon chic bon genre quoi ! Et en aval : le projet
collectif, il est où là-dedans, chers ramiers ? Ah pardon, nous
n’avons plus les moyens de nous payer des torches
électriques pour voir où on va nananère ! Où est la réflexion sur ce
qu’est le travail, sur ce qu’est une usine, pourquoi et comment la
société tourne-t-elle ? Ah pardon, nous n’avons plus les moyens de
nous payer une excavatrice pour tracer un chemin nananère !
Tiens, l’environnement pourrait être l’un de nos combats,
crachotent-ils dans des congrès qui n’en finissent plus de ne pas
commencer. Tiens l’énergie aussi, ça pourrait. Tiens les pays
pauvres aussi. Tiens on pourrait créer des synergies. Tiens on
n’est plus radicaux du tout, vous avez vu camarades ?, à table
c’est midi !, ici le vin c’est du pipi d’ange, putain quel bon hôtel !
- T’as pas intérêt à me saper les bases démocratiques, Jean-Didi.
- T’es malheureux, ma louloutte ! Te le dire, c’est te rendre plus
malheureux encore !
- J’ai trouvé le truc pour te sortir de prison en douce, Jean-Didi.
- Evasion ? <Out of the wild wood ?>
- Oui, évasion. Dans notre beau pays, l’évasion n’est pas un délit.
- La complicité, bien. Sauf ton respect, Louloutte !

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- Quand tu seras loin, quand tout sera terminé, quand le point final
aura été écrit, quand tu reverras la rainure de ta Zizon, ta
tignasse de ton Gauthier de gamin, quand tu auras vaincu le diable
et ses acolytes …
- … du grec akolouthos, suivant, serviteur …
- …je te paierai à bouffer.
- Où ça , ma Louloutte ?
- A la cantine du syndicat.
- T’es malade, merdophage ! La bouffe y est crapuleuse. En prime,
alors que la cuisine était gérée par une coopérative, le Syndicat l’a
revendue à une société de restauration privée. Y a pas de petites
économies. Ca ne rapportait pas, de remplir le ventre des affiliés à
un prix convenable, je ne dis même pas : un prix anarchiste, mais
vaguement social-démocrate !

Depuis que tu as aplani le projet d’intenter une action au


tribunal, tu reprends de la bouteille, Jean-Didier. Sans
anxiolytique à l’intérieur. Tu refais surface. Tu exhibes
l’apophyse. Zizon et toi, vous avez à nouveau l’occasion de
vous adonner à l’amour, l’inclination, le sentiment, la passion,
la flamme, la tendresse, l’ardeur, l’idolâtrie, la folie, l’ivresse,
l’aphrodisie, le rut, l’union, l’engouement. Toutes activités
amples, larges, spacieuses, sonores, volumineuses. Puis la
modeste, la petite sonnette retentit. Elle vous interrompt le
coït. Tu enfiles un caleçon. Torse nu tu rejoins le portillon de ta
maison en retrait de la rue : « Oui ? Bonjour monsieur. » Il te
dit : « Léon Maltais, inspecteur de police. »

Pour la première fois de ma vie,

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j’ai eu droit à un traitement de faveur. Oh, pas une amulette boursouflée


<un sifflet de militant> ou un scapulaire à deux sous ! Non ! La soirée
venue, mon Loulou, quand il était de planton, m’invitait à lui tenir
compagnie dans son poste de surveillance 3 étoiles. - - lui être de la nuit,
rappel - - Selon l’administration pénitentiaire, il se serait suicidé au mitard
à l’aide d’un drap. La famille et ses ami(e)s contestent complètement la
thèse du suicide. En effet le corps de Belgacem porte de nombreuses
traces de violences ( coups, bosses, bleues...) qui démontre qu’il a été
battu à mort. De Plus Belgacem faisait l’objet de menaces de la part des
gardiens de prisons. Depuis le décès de Belgacem, trois autres personnes
ont perdu la vie en l’espace d’un mois dans cette Maison d’arrêt dans des

circonstances similaires et inquiétantes. - -

Je l ‘ai à l’œil, le Didi, qu’il disait, le Loulou. Il nous menottait ensemble


pour faire plus médiatique. <allez !> Potiron - - On mangeait la soupe
fraîche de son jardin, on s’empiffrait de tartes aux pommes à sa maman.
<criminaliser les pommes de discorde> On discutait. Syndicat. Toujours
le même thème, avec lui, syndicat (caca) :
- Jean-Didi, rappelle-moi la différence entre un arrêté et une
ordonnance ?
- Il n’y en a pas. <lois scélérates>
- Qu’est-ce que tu penses du nouvel accord interprofessionnel ?
- Cet accord veut donner toutes ses chances à la concertation de
l’automne, c’est à dire aux feuilles déjà mortes (ah ah !)
- Tu es pour l’amélioration du pouvoir d’achat, Jean-Didi ?
- Non, pour la diminution du pouvoir de crachat des pontes
syndicaux sur le dos de la base. <évaporée, la base>
- Comment faire de l’équité entre les sexes un état de fait ?
- Par le commerce amoureux équitable. [je te drag, tu me drag par la
barbichette]
- Sérieux ? Jean-Didi ?

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- Non. En supprimant le travail - - pas possible ? - -


- En 16 ans de syndicalisme, il t’est arrivé de signer des chartes ?
- Ni de baver sur les chattes des collègues - - faut pas rire ! - -
Comme Loulou voyait bien
que je me foutais de sa gueule pas encore maquillée asteure, il se met à
truffer l’interrogatoire de pièges à dix balles, en vertu des articles 131,
132, 133 et 52 bis, et 258, 264, 59 et 32 du Code Pénal et 2, 5, et
23 de la loi n°4 de l'année 1969, du 24 janvier 1969, et 2, 17 et 34
de la loi n°63 de l'année 1996 du 15 juillet 1996 :
- Tu réponds pas tip top à mes questions, je ne te révèle pas mon
plan d’évasion. Quel est le revenu minimum mensuel garanti ?
- De 1210,00 euros à 1258,18 euros. A indexer.
- Exact. Quel est le montant de l’allocation familiale ordinaire pour le
1er enfant ?
- 75,54 euros.
- Juste. Que signifie le symbole Xn.
- Produit très nocif.
- Bien ! Quel arrêté ou ordonnance ou décret fixe les nouvelles
règles pour la surveillance médicale des stagiaires ?
- Arrêté du 21 septembre 2000 et quelques.
- Ouaaais ! Tu es incollable, Uncle Jean-Didi !
Au fait, je n’ai jamais
écrit ça. Devais-je ? <sais pas :> :
Nom
Adresse

Nom de votre employeur


Fonction
Société
Adresse

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Lettre recommandée avec accusé de reception

Monsieur (ou Madame) le Directeur,

Je vous ai remis ma démission le ................... et, conformément aux termes de mon


contrat de travail, mon préavis est de … mois et doit donc s’achèver le ……….
J'ai l'honneur de vous demander de bien vouloir me dispenser d'exécuter ce préavis.
En effet, je viens de trouver un nouvel emploi et mon futur employeur souhaite que
j'intègre sa société le plus rapidement possible.
En espérant que vous prendrez ma demande en considération, je vous prie d'agréer,
Monsieur (ou Madame) le Directeur, l'expression de mes sentiments distingués.

Fait à ………………. Le ../../..


Signature

Chaque soir, Louloutte


compliquait son jeu de valetaille. Un vrai syndicaliste, qui ne donne rien
sans rien et discute bout de gras <Vive Vaillant !>:
- Ce n’était qu’un début, continuons la valse ! De quoi parle le point
507 du Guide de Législation Sociale ?
- De la durée du temps de travail.
- Le point 39 ?
- Du règlement de travail, non ?
- Oui.
- Le point 840 ?
- Des accords médico mutualistes et dento mutualistes.
- Right ! Le point 1333 ?
- Il n’y a pas de point 1333 dans le Guide de Législation Sociale.
- Guide qui compte combien de pages ? Jean-Didi ?
- 468 avec la couverture. Mais où veux-tu en venir, mon Loulou qui
être de la nuit ?
      - A la faute grave. <Faute grave : Fait ou ensemble de faits

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imputables au salarié qui constitue une violation des


obligations découlant du contrat de travail d'une importance
telle qu'elle rend impossible le maintien du salarié dans
l'entreprise pendant la période du préavis. La faute grave est
privative du préavis et des indemnités de licenciement. Le
salarié perçoit seulement les indemnités de congés payés.>
- L’évasion ?
- Non, va-nu-pieds ! L’évasion n’est pas une faute grave, ni même
une faute de goût. Plutôt une faute de trop. Nous le savons. Je
veux qu’une fois ta douce chambrette réintégrée [lights, please !],
tu me pondes claquemuré une jolie rédaction sur le thème de la
faute grave. Après-demain, je la mets en veilleuse, la taule. Je me
barre dans un congrès de syndicalistes où il me faudra rouler à la
vapeur. J’aime tant ton style turbo. A toi de jouer. Si l’évasion te
tente toujours. Après mon congrès. Et à la condition expresse que
ta rédaction lue par moi devant les huiles syndicalisantes sur les
bords (lequel ?) recueille des applaudissements. Je veux du galon,
moi. Un jour et deux nuits pour réfléchir, Jean-Didi.

Tu repères l’amphigouri, Jean-Didier. Tu lances une œillade


entendue à ce Léon Maltais : « Sorry pour la tenue bâclée. Une
infraction du code la route ? » En habitué du classement
vertical et de la taxologie judiciaire, le policier claque : « Non.
Un meurtre. Ou un assassinat. Une mort. Puis-je entrer ? Ne
vous rhabillez pas, monsieur Jean-Didier. Le thermomètre
indiquait 26 degrés au tableau de bord de la voiture. Ce n’est …
hum … pas si mal pour la saison » Ambiance vite corrodée :
« Asseyons-nous quelques minutes sur votre banc de jardin,
monsieur Jean-Didier. Mon dieu, mon épouse a acheté le
même ! » La moisissure de l’anxiété te putréfie déjà le système
nerveux : « J’en viens au fait, monsieur Jean-Didier. Que voyez-

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vous sur cette photographie ? » « Une tenue de plongée. » « En


effet. » « A présent, reconnaissez-vous ce visage ? » « Oh non !
défiguré … comme si … » « Comme si, monsieur Jean-Didier ? »
« Je ne sais pas. Comme si cette jeune femme avait reçu un
réveil sur le coin de l’œil. » « En effet. Le problème de physique
étant, je l’affirme, le suivant, monsieur Jean-Didier : radio-réveil
+ masque de plongée + rencontre planifiée entre les deux
objets = bris de verre = les yeux crevés. » Tu rétorques :
qu’est-ce que j’ai à voir dans tout ceci ? Déperdition. Anémie
émotive. Ton rapport avec la mésaventure de la jeune fille est
le suivant : la jeune fille est une de tes anciennes collègues,
une insomniaque chronique du nom de Marion Petibleu.
Marion ? Vilainement assassinée ? Marion, qui dormait en
combinaison de plongée, pour s’isoler du monde extérieur et
trouver le sommeil, enfin ! Quelle imagination ! Et quel
astreinte ! Chaque soir enfiler une combinaison de plongée !
« Or, votre gamin est féru de plongée, n’est-ce pas ? » Au
grenier ton fils conserve des kilos de magazines de plongée
sous-marine. Tu les donneras à ce Léon Maltais : « Stupide
cadeau que vous me faites là, monsieur Jean-Didier. Supposons
que nos limiers détectent les empreintes digitales de Marion
Petibleu sur les pages de ces revues ? »
Cela révèlerait un possible lien entre Marion et toi-même, Jean-
Didier. Ce qui ferait de toi un suspect potentiel.
Néanmoins, tu te mets à disposition.

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L’évasion, c’est légal

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