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Cours

L’harmonisation
comptable au sein de
l’union européenne

Mensi Manel Ayari Nour el Houda

Boumessour Azza Boudawara Amina

4 EC 4

Sommaire
Introduction
Partie1 : Harmonisation comptable
I-Définition d’harmonisation comptable
II-Distinction entre harmonisation et normalisation

III-Objectifs de l’harmonisation

Partie2 : Harmonisation européenne


I-les directives
1-Définition d’une directive

2-Processus d’élaboration des directives

3-Lenteur de processus

4-Néfaste de lenteur de processus

II-Réussite relative

III-Passages aux normes IAS/IFRS


1-Les IAS : une solution pour tenter d’influencer la normalisation internationale

 Accord avec l’IASC


 Relation entre accord IASC/OICV et IASC/UE
 Avantages des normes IAS

2-La normalisation sous influence

Conclusion

Introduction :
L’harmonisation de la comptabilité au sein de l’Union européenne a une tout
autre histoire car il existait, et il existe encore, un mécanisme
d’harmonisation légale dirigé par le Conseil des ministres, qui élabore les
directives juridiques que les États membres doivent appliquer. Il est
vraisemblable qu’avec le recul on considérera que l’Union européenne a
mené à bien une expérience unique en matière d’harmonisation. Cette
expérience, qui a eu lieu dans les années 1970 et 1980, a considérablement
modifié la comptabilité en Europe occidentale et fortement influencé celle
des pays en transition vers l’économie de marché de l’est de l’Europe.

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On peut donc se demander Quels moyens l’UE a-t elle mit en œuvre dans sa
tentative d‘harmonisation ?

Ont-ils été adaptés et efficaces ?

A-t-elle une réelle influence dans l’élaboration des normes internationales


-IFRS ?

Partie 1 : l’harmonisation comptable

I-définition de l’harmonisation :

B colasse définit l harmonisation comptable comme suit :

« C’est un processus institutionnel, ayant pour objet de mettre en


convergence les normes et les pratiques comptables nationales et, par
conséquent, de faciliter la comparaison des états comptables produits par les
entreprises de pays différents. »

Selon Colasse

« L’harmonisation comptable européenne devait ouvrir la voie à une


reconnaissance mutuelle de leurs référentiels comptable respectifs par les
Etats membres »

Cependant il convient de différencier la notion d’harmonisation de celle de


normalisation.

II-distinction entre harmonisation et normalisation :

D’après Colasse :

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« On peut distinguer l’harmonisation de la normalisation en considérant que
la normalisation a pour objet l’application de normes identiques dans le
même espace géopolitique et vise à l’uniformité des pratiques comptables au
sein de cet espace. L’harmonisation, au contraire, est censée autoriser une
diversité des pratiques comptables et viser seulement à établir des
équivalences entre elles. L’harmonisation est en principe moins
contraignante que la normalisation. On peut considérer que l’harmonisation
est une première étape vers la normalisation. »

On retrouve d’ailleurs ces deux étapes dans le processus de normalisation


européen. En effet, en 2002, après avoir essayé pendant plusieurs années
d’harmoniser par elle-même les référentiels nationaux, l’UE décida que dès
2005 l’ensemble des sociétés cotées européennes devraient adopter un
nouveau référentiel comptable pour la production de leurs comptes
consolidés, produit par un organisme de droit privé, l’IASB.

III-Les objectifs de l’harmonisation :

Le traité de Rome s’est donné comme objectif la libre circulation des


personnes, du capital, des biens et des services dans toute l’Union.

La Commission européenne, qui constitue le pouvoir exécutif de l’Union, a


adopté un programme d’harmonisation du droit des sociétés visant à
constituer un véritable « terrain de jeu uniforme» pour toutes les sociétés
européennes.

 L’objectif premier était d’éliminer les obstacles à la concurrence et de


créer un marché unique

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 le second d’éviter la constitution de « paradis légaux » susceptibles
d’attirer les sièges sociaux des entreprises grâce à une réglementation
particulièrement peu contraignante.

L’harmonisation est donc nécessaire pour lutter contre le manque


d’uniformité et donc de comparabilité des informations comptables ce qui
constitue un obstacle aux investisseurs internationaux dans la mesure où
ceci conduit à des inefficiences ; en fait ils prennent leurs décisions sur la
base d’informations tronquées ou bien restreignent leurs investissements au
seul marché national.

De plus, l’harmonisation permet aux sociétés multinationales dans un


premier temps de réduire les différences entre les différents jeux de comptes
qu’elles ont à présenter et donc de faciliter leur établissement et à terme de
leur permettre de n’établir plus qu’un seul jeu de compte.

D’autre part l’harmonisation permet unifier les conditions de la concurrence


entre pays. En effet, si un ou plusieurs pays au sein d’une union économique
possèdent un système comptable particulièrement permissif ou favorable,
les entreprises vont être incitées à transférer leur siège social dans ces pays
en faussant la concurrence entre Etats membres.

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Partie2:l’harmonisation comptable européenne
Pour atteindre ses objectifs l’UE émet des directives.

I-les directives :

1-définition d’une directive :

Une directive est un acte normatif décidé par les institutions de l’Union
Européenne ; Elle donne des objectifs à atteindre par les pays mais à la
différence des règlements, elle permet un certain délai, et le choix des
moyens pour y arriver.

Chaque directive existe dans toutes les langues officielles de l’union


européenne (français, Allemand, Anglais, Italien, Espagnol…)

Quatre Directives européennes ont été promulguées et qui ont eu des


conséquences majeures sur le (reporting financier).

*La 4ème directive du 25 juillet 1978 qui traite des comptes


individuels des sociétés de capitaux, à savoir de leur présentation et de leur
contenu, elle insère également la notion d’image fidèle fruit d’une idéologie
anglo-saxonne.

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Elle propose deux options pour la présentation du bilan et du compte de
résultat.

La 4éme directive a commencé en 1969 par une étude exploratoire du


Groupe d’étude présidé par un réviseur allemand, M. Elmendorifi.

Un premier projet a été publié par la Commission en 1971, un second en


1974. La version finale a été adoptée par le Conseil en 1978.

Le Danemark fut le premier pays à la mettre en application en 1980 et l’Italie


le dernier en 1991.

*La Directive pour publier des Etats Financiers Intérimaires,


issue en 1982, requière la publication pour les entreprises cotées des états
financières Intérimaires semestriels au plus tard quatre moins après la
clôture de l’exercice comptable.

*La septième Directive, issue en 13 juin 1983, a étendu les


principes de la quatrième Directive aux comptes consolidés (de groupe).

C’est selon plusieurs auteurs tels que Colasse une extension de la 4eme
directive aux groupes même si elle offre parfois plus d’options que cette
dernière.

*La huitième Directive, issue en 12 mai 1984, couvre plusieurs


aspects de qualification requises des professionnels autorisés ou désignés
pour conduire un audit légal (‘statutory audits’). Cette directive cherche à
faciliter aux auditeurs d’un pays européen l’exercice de sa profession dans
n’importe quel pays membre de l’UE. A cet égard, des structure ont été crées
pour développer un grand marché européen de services pour la profession
comptable. Malgré les bonnes intentions, ce projet n’a pas eu de succès et
l’Europe est restée un marché segmenté pour les services d’Audit.

Remarques :

Il y a lieu de souligner que la quatrième directive européenne demeure la


plus importante. Elle concerne les comptes individuels des entreprises à

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capital ouvert ayant un niveau d’endettement limité, une taille assez grande,
et voulant que les rapports annuels divulguent une information comparable à
celle des entreprises équivalente. Cette Directive cherche à garantir un
minimum de coordination entre les réglementations nationales en matière de
contenu et de présentation des états financiers et des rapports, des
méthodes d’évaluation utilisées et des règles de divulgation.

Par ailleurs, la quatrième Directive exige que les états financiers publiés
doivent refléter une image fidèle.

2-processus d’élaboration des directives :

Le programme d’harmonisation a été réalisé dans les années 1970, un peu


moins dans les années 1980. Lors de la signature du traité de Maastricht en
1992, plusieurs directives étaient encore en cours d’élaboration. Si l’initiative
des projets de directives appartient à la Commission, c’est le Conseil des
ministres qui décide de l’application de ces textes (qui doivent en outre être
soumis au Parlement européen).

En matière de droit des sociétés (la comptabilité est essentiellement


concernée par la 4 et la 7 directive, l’audit par la 8), le processus est le
suivant:

La Commission prépare un projet (qui, dans le cas de la 4 directive, était


fondé sur une proposition d’un groupe d’experts comptables: le « Groupe
d’étude »).

Ce projet est soumis au Conseil des ministres, qui le transmet ensuite au


Parlement européen et au Comité économique et social pour commentaires.

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Commence ensuite une longue série de négociations qui aboutit à une
révision du projet et, finalement, à la rédaction d’une directive qui devra être
appliquée par tous les États membres.

Il faut noter que les directives de l’Union européenne doivent, pour être
opérationnelles, être introduites dans la législation nationale, bien qu’il existe
quelques arrêts de jurisprudence qui montrent qu’un individu peut faire appel
contre une disposition nationale contraire à une directive européenne
existante.

3-La lenteur du processus :


La lenteur du processus (plus de vingt ans entre le concept initial et son
application en Italie) est révélatrice des difficultés de l’harmonisation au sein
de l’Union européenne :

Le nombre considérable de pays et d’institutions impliqués provoque tout


d’abord une altération rapide des concepts initiaux, qui débouche sur un
mélange de principes et de pratiques provenant de pays et de traditions
différents.

Ainsi, le projet de 1971, qui était largement inspiré du droit commercial


allemand, stipulait que la comptabilité devait seulement respecter les
principes comptables généralement admis (ce qu’en anglais on désigne par
GAAP) ;

alors que celui de 1974 reflétait l’entrée du Royaume Uni et de l’Irlande dans
la Communauté en posant comme principe que les comptes devaient non
seulement suivre les GAAP, mais aussi fournir une «image fidèle» de la

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situation de l’entreprise, reprenant en cela la vieille tradition britannique du
true and fair view.

Chaque fois que les États membres ne sont pas parvenus à s’entendre sur un
principe ou une méthode unique, des options ont été permises.

C’est ainsi par exemple que la 4 directive, tout en imposant à chaque


société d’établir des états financiers comprenant un bilan, un compte de
résultat et une annexe, admet plusieurs modes de présentation (deux pour le
bilan et quatre pour le compte de résultat) que chaque État membre peut
autoriser à son tour totalement ou partiellement.

Un autre exemple est celui des immobilisations corporelles qui, selon la


4éme directive, doivent être évaluées au coût historique moins les
amortissements nécessaires, mais pour lesquelles les États membres ont la
possibilité d’autoriser une évaluation au coût de remplacement.

=> Les directives peuvent être considérées comme des «compromis


historiques » entre les systèmes comptables anglo-saxons et
continentaux, réalisés au prix de l’introduction de nombreuses
options.

Dans la plupart des États membres, l’application de la 4éme directive n’a pas
provoqué une révision profonde de la législation comptable. On s’est
généralement contenté d’ajouter de nouveaux éléments à la réglementation
existante, les options s’avérant très pratiques à cet égard.

La 4éme directive exige par exemple que les comptes donnent une «
image fidèle » de la situation de l’entreprise, alors que la loi française
préexistante exigeait seulement que ces comptes soient « réguliers et
sincères ». L’adoption de la 4 directive s’est traduite par la simple adjonction

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de l’expression image fidèle dans la loi, de sorte que maintenant les états
financiers doivent être réguliers, sincères et donner une image fidèle de la
situation de l’entreprise.

4-Néfaste de la lenteur du processus :

Du fait de la lenteur du processus, les directives peuvent être déjà dépassées


lorsqu’elles entrent en application. Elles ne peuvent pas non plus apporter
une réponse rapide aux modifications de l’environnement économique, alors
que la rapidité de réaction est généralement considérée comme une qualité
essentielle du processus de normalisation.

La Commission a bien institué une procédure de mise à jour qui consiste,


dès l’adoption d’une directive, à constituer un comité chargé de veiller à
l’actualisation de celle ci, mais cette procédure n’a pas encore abouti dans le
cas de la réglementation comptable et du droit des sociétés.

II-Réussite relative :

Il est certain que grâce à l’adoption de ces directives et notamment de la


plus ancienne (4eme), les pratiques comptables des différents pays ont eu
tendance à se rapprocher. En effet plusieurs études ont montré d’une part
qu’il existait de nombreuses similitudes entre les traitements comptables
appliqués par les différents Etats membres et d’autre part que la qualité des
rapports de gestion des Etats membres s’est beaucoup améliorée.
Ainsi l’ensemble de ces directives ont permis un réel consensus, notamment
entre les trois pays dominants, la France, l’Allemagne et le Royaume Uni
(depuis son entrée dans la CEE en 1973).

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On peut donc dire qu’il y a eu un réel essai d’harmonisation comptable
internationale de la part de la Communauté européenne apportant des
résultats non négligeables.

Malgré l’effort qui a permis d’évaluer les différences et de les atténuer, elles
persistent et cela prouve une réussite relative.

EXEMPLE : Notamment au niveau du traitement d’opérations qui ne sont


pas spécifiquement abordés par les directives telles que les opérations en
devises, les impôts différés ou bien le crédit bail.

Malgré l’effort de la CEE pour harmoniser les règles comptables par


l’intermédiaire des 4eme, 7eme et 8eme directives, celle-ci n’a pas réussi à
faire évoluer assez rapidement les pratiques comptables alors même que le
degré d’harmonisation et de normalisation produit par les directives était
insuffisant : insuffisant d’une part pour les entreprises qui étaient de plus en
plus nombreuses à lever des fonds hors de leur territoire d’origine et d’autre
part pour les investisseurs étrangers qui arrivaient en nombre croissant sur
les marchés nationaux.

Ceci est du au fait qu’une directive est tout d’abord élaborée afin de trouver
un consensus, ainsi elle ne traite généralement que de problèmes pour
lesquels il est possible de trouver un terrain d’entente et ignore les
problèmes sur lesquels les états membres ont des points de vue différents,
voir conflictuels. Ces problèmes échappent donc à l’harmonisation.

De plus, une directive permet de traiter le même problème de différentes


manières en laissant ouvertes un grand nombre d’options comptables
possibles permettant à chaque Etat membre d’intégrer celle-ci malgré les
différences juridiques, socioéconomiques et culturelles qui existent entre
Etats ce qui minore ses effets d’harmonisation.

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D’autre part, l’élaboration d’une directive prend beaucoup de temps tout
comme son application, par la suite, dans les états membres. La 4eme
directive, par exemple, a été élaborée en une dizaine d’année et appliquée
dans tous les Etats membres au bout d’une quinzaine d’années. Ainsi, une
directive est malheureusement souvent déjà obsolète lorsqu’elle entre en
application.

Afin de remédier à ce problème des comités de conseils ont été mis en place
pour conseiller la commission européenne dans l’élaboration des
compléments ou amendements à apporter. Cependant ceux-ci se sont avérés
peu efficaces.

En effet, dès la fin des années 1980, on peut voir que l’harmonisation
européenne n’avançait plus contrairement aux instances de normalisation
nationales qui se saisissaient de nouveaux sujets. Le premier comité mis en
place par la 4eme directive (comité dit « de contact ») ne prévoyait d’ailleurs
pas une consultation des normalisateurs nationaux puisque celui-ci était
composé uniquement de représentants des Etats membres et de la
commission. Quant au deuxième comité mis en place en 1990 (forum
consultatif de la comptabilité) malgré le fait qu’il regroupait des
normalisateurs nationaux, des préparateurs et des utilisateurs de comptes,
celui-ci n’a pas réussi à influencer le travail des normalisateurs nationaux.

Une autre difficulté réside dans le fait que les directives sont élaborées à des
époques et dans des contextes différents, ce qui entraîne des contradictions
ou du moins des divergences entre elles. Ainsi, les méthodes d’évaluation
préconisées pour les comptes consolidés dans la 7 eme directive (autres
conventions d’évaluation comme la juste valeur) sont différentes de celles
préconisées pour les comptes individuels dans la 4eme directive (modèle
traditionnel des coûts historiques).

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De plus, une des grandes difficultés de l’harmonisation européenne est de
concurrencer l’harmonisation internationale et américaine. En effet, les
entreprises européennes sont amenées à se fournir en capitaux auprès des
marchés financiers étrangers. Pour y accéder elles doivent satisfaire aux
obligations d’information financière, or la réglementation européenne n’est
pas toujours adaptée pour répondre à ces exigences. Ainsi des groupes ont
établis deux jeux de comptes, l’un établis conformément aux normes de leur
pays et l’autre établi conformément aux normes internationales ou bien
américaines.

Exemple d une Sté : C’est le cas de Daimler-Benz : cette société allemande


a du se conformer aux exigences de la commission des opérations de bourse
américaine, la Securities and Exchange Commission qui établit des règles
plus strictes qu’en Europe. Cependant cette double présentation est une
procédure lourde et coûteuse.

Quelles raisons ont poussées Daimler-Benz à se faire coter sur le marché


financier Américain ?

- pour une meilleure liquidité des actions de Daimler-Benz : en effet, en


1992, 90%de l’activité financière de D-B se situait sur le marché
Allemand, et plus de 11% des transactions de la Bourse Allemande
étaient liées aux actions de la société. Il fallait donc développer de
nouveaux marchés.
- Amoindrir la dépendance financière vis-à-vis des banques allemandes,
c'est-à-dire la charge d’intérêts.
- Renforcer l’image de l’entreprise
- Diminuer la dépendance vis-à-vis du marché national.

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Cette première tentative d’harmonisation semble être un échec dans la
mesure où l’union Européenne a décidé aujourd’hui de la sous-traiter, en
passant aux normes IAS-IFRS.

III-Le passage aux normes IAS-IFRS :


1-Les IAS une solution pour tenter d’influencer la
normalisation internationale :
Ainsi dans les années 1990 il devient urgent pour l’UE d’adopter un
nouveau système d’harmonisation notamment pour éviter que les
entreprises à vocation internationale n’établissent plusieurs jeux de comptes.
En effet, ces pratiques sont d’une part des pratiques lourdes et coûteuses
pour les entreprises et d’autre part contribuent à faciliter l’influence des US
GAAP américaines.

Il s’offre alors en 1995 plusieurs choix à l’union européenne (Flower)

 ne rien faire c’est dire maintenir le système déjà en place, ce qui aurait
condamné les Firmes multinationales à établir 2 jeux de comptes.
Cependant il était évident que cette situation ne pouvait durer à long
terme.

 Une seconde possibilité aurait été d’accepter les US GAAP, c'est-à-dire


de permettre aux multinationales de déroger aux directives et d’établir
leurs comptes selon les normes américaines. Les multinationales ainsi
que certains gouvernements nationaux firent pression dans ce sens,

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cependant l’UE refusa de laisser un pouvoir étranger d’établir ses
propres normes sans pouvoir influencer celui-ci.
 Une autre solution aurait pu être la reconnaissance mutuelle des
comptes. L’Europe avait auparavant tenté des démarches auprès des
Etats-Unis pour obtenir cette reconnaissance mutuelle des comptes,
mais ceux-ci se montrèrent peu intéressés notamment par ce que les
normes américaines étaient déjà reconnues comme valides dans tous
les Etats membres contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis pour
les comptes des sociétés européennes conformes aux directives.
(Daimler- Benz en 1993)

 L’UE aurait également pu créer son propre organisme de normalisation


comptable pour rivaliser avec les US GAAP. Ce projet a cependant été
abandonné car le développement d’un tel ensemble de normes aurait
pris beaucoup trop de temps et aurait été trop coûteux.

Ainsi il s’est avéré que ces différentes solutions étaient soit irréalisables soit
en désaccord avec les principes de l’UE qui sont d’une part ne pas laisser le
pouvoir de l’établissement des normes comptables de l’UE à un organisme
sur lequel l’UE n’a aucune influence et d’autre part faire en sorte que les
entreprises européennes restent soumises aux lois européennes.

*Accord avec l’IASC :


Finalement l’UE eu recours à une solution intermédiaire. N’étant pas en
mesure d’établir ses propres normes elle conclu un accord l’IASC, qu’elle
espérait être en mesure d’influencer.

L’IASC (International Accounting Standards Comitte) devenu en 2000 l’IASB


(International Accounting Standards Board) est un organisme de droit privé
imaginé par Henry Benson (associé du bureau de Cooper & Lybrand) et crée
en 1973 à la suite d’un accord entre des organisations de professions

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comptables de différents pays (9 pays). Cet organisme ne disposant pas de
pouvoirs coercitifs a du démontrer tout d’abord sa compétence, son
impartialité et son indépendance afin d’acquérir des soutiens susceptible de
lui donner ce pouvoir.

* Relation entre accord IASC/OICV et IASC/UE :

Afin de mieux comprendre les motivations de l’UE européenne il convient de


se pencher sur les missions de l’IASC ainsi que sur les accords qu’il a conclut
avec l’OICV (organisation internationale de commissions des valeurs)

L'Organisation Internationale des Commissions de Valeurs (OICV, IOSCO en


anglais : International Organisation for Securities Commissions) est une
organisation internationale créée en 1983 dont le secrétariat général est
situé à Madrid,

elle regroupe les régulateurs des principales bourses dans le monde et se


réunit une fois par an.

Dans un premier temps, jusque dans les années 1980, l’IASC a publié des
normes (30 env.), avec un grand nombre d’options car ces normes pour
pouvoir être appliquées dans les Etats membres ne devaient pas contredire
les normes nationales. Cependant à la fin des années 1980, l’IASC entre dans
une nouvelle phase en ce rapprochant de l’OICV. L’organisme change sa
politique : en émettant une déclaration d’intention intitulée « Comparabilité
des états financiers » publié en 1989 (exposure draft E32) et en définissant
son cadre conceptuel il espère devenir le fournisseur de normes de l’OICV.

En 1995, se met en place un programme de travail entre l’IASC et l’OICV


visant à ce que l’OICV avalise les normes de l’IASC en 1999. Dans le même
temps, la Commission européenne revient sur sa position et d’une part
décide de participer aux réunions du board de l’IASC en tant qu’observateur
et d’autre part propose de tenir compte des normes de l’IASC dans sa
révision des directives. Cet intérêt pour l’IASC est du au fait que la SEC étant

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un des membres les plus important de l’OICV, l’UE pouvait compter sur le fait
que les normes IAS seraient acceptées par les autorités américaines ce qui
éviteraient aux entreprises européennes de passer par les US GAAP.

De plus, l’UE et plus particulièrement le Royaume Uni redoutaient que


l’Europe ne perde toute influence sur l’IASC du fait que celui-ci ne se
rapproche trop des Etats-Unis.

Ces rapprochements entre IASC/OICV et IASC/UE ce concrétisèrent en 2000


puisque l’OICV avalisa les normes de l’IASC en mai, suivit par un engagement
de l’UE en juin de soutenir l’IASC en rendant obligatoire l’établissement des
comptes consolidés conformément aux normes IAS à partir de 2005.

*les avantages des normes IAS :

L’UE pressée par la concurrence des US GAAP a donc finalement choisit de


travailler avec l’IASC. Ce rapprochement entre UE et IASC ne s’est cependant
fait qu’à certaines conditions.

Tout d’abord, il fut vérifié que les normes internationales et les directives
étaient compatibles. L’UE était déterminée à maintenir les règles posées par
les directives. Il apparut que l’adoption des normes IAS était possible sans
qu’il y ait de contradictions avec les directives en choisissant les options des
directives qui concordaient avec les IAS. Cependant, il fallut dans un premier
temps faire en sorte que tous les Etats membres intègrent les différentes
options des directives en conformité avec les IAS dans leurs lois nationales.

De plus, afin de maîtriser quelque peu l’introduction des normes IAS, l’UE
s’est doté de 2 organismes chargés de vérifier si les normes sont conformes
à l’intérêt communautaire : l’ARC (Accounting Regulatory Commitee) ou
CRCe (Comité de Réglementation Comptable européen) qui constitue le

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niveau politique et l’EFRAG (European Financial reporting Advisory Group) qui
constitue le niveau technique. Ainsi, à chaque fois que la commission
européenne décide de l’acceptation d’une norme, elle doit tout d’abord
consulter l’ARC. Quant à l’EFRAG, il assure le suivi de l’élaboration des
normes de l’IASB et peu donc intervenir au près de celui-ci à chaque fois qu’il
le juge nécessaire. L’ARC a d’ailleurs très bien joué son rôle, en juillet 2003
lorsqu’il a adopté toutes les normes IAS sauf les normes IAS 32 et IAS 39 qui
traitent des instruments financiers et proposent que ceux-ci soient évalués
en juste valeur et ce malgré un avis favorable émis par l’EFRAG.

2-La normalisation sous influence :

En dépit du fait que l’UE est la principale économie développée à avoir


adopté le référentiel IAS/IFRS et qu’un refus d’adoption d’une norme par
l’Union européenne pourrait nuire à la crédibilité de l’IASB, il apparaît
évident que l’Europe a « perdu la bataille des normes comptables » en
abandonnant son pouvoir de régulation à cet organisme qui, il faut le
rappeler, ne détenait pas, à la base, de mandat public national ou
international, ni de pouvoir coercitif.

D’une part, Flower évoque trois conditions que l’IASB doit impérativement
respecter si elle désire l’approbation de ses normes par l’UE. Mais ces
conditions comme on le verra ne sont pas d’emblées respectées.

La première est la suivante : les IAS ne doivent pas entrer en conflit avec les
directives notamment sur la nécessité de donner une image fidèles des
comptes. Malheureusement, cette notion, déjà imprécise dans le fond ne fait
l’objet d’aucun écrit, dans aucune norme, alors que celles ci ont pour but de
prolonger les directives.

Deuxièmement, les normes internationales doivent respecter la notion de


European public good, c'est-à-dire bien public (bien non excludable et non
rival) encore une fois aucune norme n’en parle, donc l’UE a ses propres

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critères qui peuvent nuire à l’atteinte de cette condition et d’autant plus que
l’UE est composé d’un grand nombre de pays tous différents.

Troisièmement, les critères des normes IAS doivent permettre la


compréhension, la comparabilité, … mais ces normes ne respectent pas
toujours la notion de intendance, cad gestion de la fonction comptable

Par conséquent, contrairement à ce qui est prévu pour garantir l’adoption


des normes internationales par l’UE, certains facteurs font défaut.

Il apparaît peut être finalement évident que celle-ci n’a pas l’influence
espérée dans l’élaboration des normes puisque malgré l’absence de respect
des conditions, elles sont, pour la plupart, quand même adoptées.

En fait, sa faible influence est explicable par les faits suivants : étant la
principale économie développée à avoir adopté ces normes, elle s’est « liée
les mains » en se donnant la capacité d’accepter ou de rejeter une norme de
l’IASB, mais pas celle de l’amender ou de proposer formellement des
modifications rédactionnelles.

Evidemment, on pourrait croire le contraire vu les débats suscités par les


normes IAS32 et 39.

La norme IAS 32« Instruments financiers : information à fournir et


présentation » a pour objectif de définir les instruments financiers et en
donner des précisions, de expliciter comment apporter des précisions au
bilan.

Les difficultés ont commencé à apparaître quand on a parlé de l’évaluation.


L’IASC voulait imposer la JV partout mais suite à certains echaux fourés, on a
du différer la norme.

La norme IAS 39 « Instruments financiers : comptabilisation et évaluation » a


été approuvée en décembre 1998.

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Elle a pour but de présenter les méthodes de comptabilisation des IF,
d’analyser les méthodes d’évaluation et donner des précisions pour les IF de
couverture.

Les deux normes ont été révisées ensemble en octobre 2000 et en décembre
2003.

Les normes IAS 32 et 39 n’ont pas été adoptées par la Commission


Européenne car les banques et assurances reprochaient plusieurs chose à
ces normes telles que: l’utilisation de la valeur de marché comme juste
valeur, l’enregistrement des plus-values latentes dans les capitaux propres,
l’impossibilité de couvrir les dépôts à vue, l’obligation de différer les charges
liées aux commissions assimilables à des intérêts, et l’impossibilité de
constituer des provisions pour risques bancaires généraux.

Ces deux normes combattues par les banquiers et le domaine de l’assurance


auraient pu prouver la capacité de l’UE à influencer les IAS mais cette
influence reste contre toute attente minime. En effet, mise à part pour ces
normes, l’influence de l’UE est toujours est minimisée, très relative et
simplificatrice.

Et même lorsqu’elle croit faire preuve d’un semblant d’influence, notament


comme on vient de l’expliquer pour les normes IAS 32 39, le rapport du
président de l’IASB Sir David Tweedie annonce la controverse sans expliquer
de qui elle émane et surtout coule le travail de révision (car tout rejet en
implique un) dans d’autres demandes de l’OICV portant sur 14normes.

Ainsi, on parle d’opposition à l’IAS 39 par certaines parties,…mais on ne cite


que très peu l’UE.

La raison réside dans le schéma de pensée de l’IASB qui privilégie l’avis du


régulateur à celui du représentant d’un pays ou d’un groupe de pays ;

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d’après Volker, les enjeux cruciaux de l’avenir réside dans le renforcement de
l’indépendance vis-à-vis des pays.

D’autre part, d’après Colasse il existe deux types d’harmonisation celle


imposée (USGAAP), et celle concertée telle que IASC qui permet une
collaboration actives entre les pays signataires.

Cette différenciation implique d’une certaine manière que l’adoption des


normes IAS/IFRS aurait pu être utilisée comme une réponse européenne à la
domination des US GAAP dans la perception des marchés financiers
mondiaux.

Mais, cette présentation mérite d’être fortement nuancée. A plusieurs points


de vue, l’Europe exerce en effet aujourd’hui moins d’influence que les Etats-
Unis sur les travaux de l’IASB, alors même qu’elle a décidé d’adopter les
normes élaborées par celui-ci.

Il existe donc un réel déséquilibre marqué par deux aspects :

*L’aspect le plus visible de ce déséquilibre, et peut-être le plus lourd de


charge symbolique, concerne la prépondérance actuelle du monde
anglophone dans le Board de l’IASB, avec dix membres sur quatorze
provenant des Etats-Unis et des pays du Commonwealth.

Ce déséquilibre est expliqué par l’IASB par le fait que meilleurs experts
comptables mondiaux sont actuellement anglophones même si selon la
plupart des européens augmenter le nombre de non anglophone pourrait
améliorer la qualité du débat.

*Le deuxième aspect concerne la convergence entre le référentiel


IAS/IFRS et celui des US GAAP, en vigueur aux Etats-Unis ; 18 septembre
2002 l’accord Norwalk signé par les deux organismes FASB et IASB, prévoit

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une méthode pour aller dans ce sens ; d’un point de vue politique il n’est
guère possible d’arriver à un alignement pur et simple des référentiels mais,
cela implique obligatoirement une perte d’autonomie acceptée par chaque
partie.

Conclusion :
Après cette étude on comprend toute l’ampleur de la phrase de Colasse
selon laquelle l’harmonisation est une première étape vers la normalisation ;
toute l’histoire de l’harmonisation européenne le prouve.

Passer d’une harmonisation au niveau régional à une harmonisation


mondiale, ou normalisation est une tendance qui s’applique de plus en plus à
travers le monde.

Il apparaît donc évident que les directives comptables ont joué un rôle mais
n’ont pas permis la comparabilité de l’information financière et le
rapprochement des comptabilités.
La CE décida donc pour l’établissement des comptes consolidés des
entreprises européennes de déléguer son pouvoir à l’IASC dans la
prolongation de ce que désiraient les directives européenne.
Aujourd’hui, malgré tout le dispositif mis en place pour garantir son
influence, l’UE ne réussi pas à participer activement à l’élaboration des
normes.
Elle ne peut finalement qu’imposer ces normes sur son espace géopolitique.

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Alors est ce que la CE de l’époque a fait le bon choix en délégant ses
pouvoirs ? Cette question peut rester sans réponse car il n’y a pas de
certitude. L’influence anglophone et le manque d’adaptabilité des normes
dans les différents pays pourraient prouver le contraire.
Quoi qu’il en soit, il apparaît clair que l’UE a su anticipé la convergence des
systèmes comptables au niveau mondial en utilisant ce référentiel.

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