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Sommaire
Introduction
Les origines de la géomancie
Les procédés
L’utilisation magique des (...)
Introduction
Ce qui suit est le fruit de mes expériences personnelles avec les esprits de
la géomancie et comme tel, ce travail est entièrement subjectif ; j’espère
cependant qu’il permettra de fournir quelques repères au lecteur sur la
façon d’aborder ces figures. Comme toujours avec les symboles, plus
nous les utilisons et plus ils se mettent à nous parler. Les méthodes que
j’ai utilisées pour ce projet sont notamment le rêve d’incubation, le seidr,
l’évocation, le scrying et l’enchantement.
Il est important de noter que le terme « géomancie » dans cet essai fait
référence au système de 16 Figures composées chacune de quatre lignes
d’un ou deux points et non au Feng Shui ou à la géobiologie.
J’ai choisi de travailler avec ces énergies après les avoir utilisées de
temps en temps en divination et les avoir appréciées. Par ailleurs, je n’ai
pas connaissance d’autres travaux œuvrant dans ce sens à partir des
Figures elles-mêmes. Bien sûr, toutes les seize sont étroitement associées
1
aux planètes et aux signes zodiacaux (dans la perspective de la
géomancie astrologique), mais je voulais expérimenter par moi-même ce
qu’elles étaient capables de faire. J’étais également désireux de me
familiariser avec un certain nombre d’outils pour ainsi dire prêts à
l’emploi, mais encore mal connus, qui pourraient se révéler très utiles
pour l’avenir de la pratique magique.
Ce qui est certain, c’est que leur usage s’est répandu, lors de l’expansion
de l’Islam, à l’ouest de l’Afrique où la géomancie est connue sous le nom
d’Ifa, et au Dahomey sous le nom de Fa. En outre, la géomancie a
traversé la mer Rouge pour arriver à Madagascar où elle est devenue le
Sikidy, tout en gagnant par ailleurs le nord de l’Espagne pour donner
naissance à la géomancie européenne. Quant aux États-Unis, ils furent à
la fois peuplés d’Européens et d’esclaves africains qui ont chacun
apporté leurs propres cultures avec eux.
Les méthodes de tirage des figures et leurs significations varient selon les
contextes culturels. Dans le monde arabe, il est de coutume de tracer des
marques dans le sable, ce qui a valu à ce mode de divination son nom
« raml », qui signifie « sable ». C’est cette méthode qui a été transmise à
l’Europe, bien qu’ultérieurement le stylo et le papier aient remplacé le
bac à sable et le bâton. Dans l’Ifa et le Fa, ce sont 16 noix de palme qui
sont ramassées rapidement avec la main droite. Comme ces noix sont
assez volumineuses, inévitablement certaines chutent durant la
manœuvre. La Figure est obtenue en le nombre de fruits restants. Une
autre alternative consiste à utiliser un chapelet constitué d’une corde
d’une certaine longueur sur laquelle sont fixés des coquillages.
Les procédés
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Une figure géomantique est composée de quatre lignes d’un ou deux
points. Dans l’art du « raml » le devin, tout en se concentrant sur la
question, dessine avec un bâton une ligne de marques dans le sable. Il
considère ensuite le nombre de marques dans cette ligne. Un nombre
impair de marques donne un point, tandis qu’un nombre pair donne
deux points. Cette opération est répétée quatre fois de façon à produire
une figure composée de quatre lignes.
Les lecteurs qui le souhaitent peuvent trouver plus de détails sur ces
techniques dans l’ouvrage de Stephen Skinner déjà cité, ou dans A
Practical Guide to Geomantic Divination, d’Israël Regardie. Les médiévistes
peuvent consulter les traités d’auteurs tels que Cornélius Agrippa ou
Gérard de Crémone.
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Ces correspondances sont celles de la Golden Dawn telle qu’Israël
Regardie les rapporte dans son ouvrage. Les attributions élémentaires
suivent celles des signes. Ainsi, Le Bélier étant associé au Feu, le Taureau
à la Terre, par conséquent Caput Draconis sera une figure de feu et
Cauda Draconis une figure de Terre.
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communiquer avec l’Éther/ l’Univers, mais également en tant qu’outils
prêts à l’emploi pour les talismans, sorts, etc.
Je les avais déjà employées pour la divination et j’en avais même fait
mon support favori, aussi bien pour répondre à des questions simples
appelant un « oui » ou un « non », qu’en mettant en œuvre les
sophistications de la géomancie astrologique pour obtenir des
informations.
J’ai ensuite cherché à contacter l’esprit de chaque Figure. Pour cela, j’ai
utilisé le rêve d’incubation et un rituel évocatoire destiné à rendre visible
ce qui se trouve derrière les apparences. Comme vous pourrez le voir
dans la liste ci-dessous, ces travaux ont permis de mettre en évidence
certaines associations autres que les classiques attributions planétaires.
Après une phase de siedr, j’ai utilisé des galets colorés pour dessiner les
Figures sur le sol et j’ai évoqué l’esprit de chaque Figure en vibrant
simplement son nom latin, en alternance avec de simples appels et/ou
une conjuration. Une fois cela effectué, je me suis contenté de fermer les
yeux et de contempler les images hypnagogiques qui se formaient
derrière mes paupières, en vibrant parfois le nom de la figure jusqu’à ce
que l’esprit se manifeste.
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En général, les évocations montraient les différentes nuances de chaque
figure et les esprits semblaient satisfaits d’être sollicités. Ils peuvent être
très directs ! Lors de ces explorations, il est arrivé que je sois rapidement
informé que j’avais dessiné la figure la tête en bas ! J’ai ouvert les yeux et,
en effet, j’avais mal disposé les galets.
PUER : Cette figure est positive pour les hommes qui désirent attirer le
désir sexuel ou ouvrir leur esprit à de nouveaux horizons érotiques. Elle
est également favorable à ceux qui aiment prendre des risques, la
concurrence, l’aventure, les escapades, etc.
Puer m’est apparu comme un petit garçon debout près de la mer, ses
cheveux coupés en frange retombant sur ses yeux. Il a cette hardiesse
typique de la jeunesse et l’envie de tout essayer. Il peut s’emporter mais
ne sera jamais ennuyeux.
ALBUS - Son nom signifie « blanc » et comme telle, cette Figure régit
toute chose blanche, la neige, le lait, la farine, le sperme, etc. Elle
gouverne également ce qui est associé à des idées de Lumières, de clarté,
de légèreté et de dispersion des ténèbres. Son esprit m’est apparu comme
un ours polaire.
VIA – Cette Figure peut être inscrite au dos des billets de train ou
d’avion afin de faciliter les voyages (bien que je propose de le faire avant
de partir. J’ai tenté de recourir à cet esprit lors d’un retard en raison de
travaux sur la ligne London - Liverpool. L’esprit, plutôt exaspéré, m’a
déclaré qu’il était un peu trop tard… Pour être honnête, je pense que
même des esprits goétiques auraient du mal à accélérer les trains Virgin).
Via accorde la protection durant les voyages et sur les chemins, au sens
littéral comme métaphorique, y compris la purification des voies
énergétiques, etc.
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POPULUS - Cet esprit peut être utilisé pour créer ou renforcer l’esprit de
groupe d’une équipe ou d’une société ou pour solidariser des gens
autour d’un projet. Elle pourrait être utilisée pour influencer les opinions
ou les sentiments d’un groupe. Durant un rêve d’incubation, j’ai vu trois
bébés baptisés du même nom, ce qui révèle la tendance de cette figure à
entraîner la conformité à une norme.
CONJUNCTIO – Cette Figure peut être utilisée pour invoquer des entités
dans l’intention de s’identifier avec elles. Elle peut être également utilisée
pour retrouver des objets perdus, pour favoriser la mise en place de
relations entre des personnes, la transmission d’idées, d’impressions ou
d’informations à distance. Cette Figure m’est apparue comme une forme
géométrique comportant deux tétraédriques pyramidaux se touchant au
sommet.
PUELLA - Cet esprit m’est apparu comme une petite fille aux cheveux
blonds âgée d’environ 3-4 d’âge. Cette Figure peut être utilisée pour tous
les problèmes relatifs à la féminité. En outre, elle peut être employée
pour induire une aura de charisme ou de charme.
RUBEUS – Cette figure véhicule une énergie sombre liée à la guerre, aux
conflits, à la violence. Elle convient donc aux malédictions et aux
vengeances, ainsi que pour tout ce qui est considéré comme mauvais ou
pervers par l’opérateur. Elle peut également être utilisée pour des
problèmes relatifs à l’industrie lourde en particulier la métallurgie.
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récupérer ou retrouver ce qui est perdu. A noter qu’elle est soumise aux
cycles du temps et des saisons.
CARCER - Cette figure peut être utilisée pour piéger les esprits dans le
but de fabriquer des talismans, des fétiches ou tout simplement pour les
confiner. Il peut servir à asseoir une nouvelle habitude, une convention,
une contrainte. Il peut également être employé pour les questions
relatives à la mort, il apparaît en effet sous la forme d’une tombe ou d’un
objet en forme de tombe.
TRISTITIA – Cette figure m’est apparue comme une femme sans visage.
Elle est manifeste dans les lieux mélancoliques et humides. Son esprit
régit les ruines, la nostalgie, le passé. Il peut être utilisé pour provoquer
un sentiment de tristesse ou déclencher un travail de deuil. Elle
décompose les choses complexes en leurs éléments les plus simples pour
qu’ils retournent la terre ; de là la forme de cette figure pointant vers le
bas.
Martin Goodson
Suggestions de lecture :
8
A Practical Guide to Geomantic Divination, Israel Regardie, Editions The
Aquarian Press
2 Messages de forum
Bonjour,
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rituels plus traditionnels, avec mode d’emploi étape pat
étape et la bonne façon de pivoter sur un pied en chantant un
cantique à la lune, je vous conseille d’aller voir du côté de
l’occultisme - Cornélius Agrippa, Papus, Levi, etc.
Cette science s’appelle de nos jours sîmîa [1], terme qui, employé d’abord
dans l’art talismanique, fut détourné de son acception primitive pour
être introduit dans la technologie employée par cette classe de Soufis
qu’on appelle les gens qui ont le pouvoir (d’agir sur les êtres créés). On
l’a employé de cette manière, ainsi qu’on emploie l’universel pour
désigner le particulier. Cette science prit son origine, après la
promulgation de l’islamisme, quand les Soufis exaltés commencèrent à
paraître dans le monde et à montrer leur inclination pour les pratiques
qui servent à dégager l’âme des voiles des sens. Ils firent alors des choses
surnaturelles et exercèrent un pouvoir discrétionnaire sur le monde des
éléments ; ils composèrent des livres, inventèrent une technologie et
prétendirent reconnaître comment et dans quel ordre les êtres qui
existent procédèrent de (l’Être) unique. Ils enseignèrent que la perfection
(de la vertu) des noms provient du concours des esprits qui président
aux sphères et aux astres, que la nature des lettres et leurs propriétés
secrètes se communiquent aux noms (qui en sont formés) ; que les noms
font sentir de la même manière leurs vertus (secrètes) aux êtres créés, et
que ceux-ci parcourent, depuis leur création, les diverses phases de
l’existence et peuvent en indiquer les mystères. De là est sortie une
science, celle qui traite des vertus secrètes des lettres et qui forme une
subdivision de la magie naturelle (sîmîa). Il est impossible de désigner
exactement son objet ou d’énumérer tous les problèmes dont elle
s’occupe.
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Nous devons à El-Bouni [2], à Ibn el Arebi et à d’autres écrivains qui ont
marché sur leurs traces, un grand nombre d’ouvrages traitant de cette
science, et, d’après ce qu’ils y exposent, nous voyons qu’elle a pour fin et
pour résultat de donner, aux âmes parfaites en science et en religion, le
pouvoir d’agir sur le monde de la nature, et qu’elles y parviennent à
l’aide des noms excellents (ceux de Dieu) et de certains mots à vertus
divines, (mots) qui se composent de lettres renfermant des qualités
occultes lesquelles se communiquent aux êtres (créés).
Ils (les Soufis) ne s’accordent pas entre eux quand il s’agit d’expliquer
comment il se fait que les vertus secrètes des lettres puissent donner à
l’âme le pouvoir d’agir (sur les êtres). Les uns, supposant que cette
qualité dépend du tempérament même des lettres, les rangent en quatre
classes, correspondant aux (quatre) éléments. A chacun des
tempéraments naturels, ils assignent une partie de ces lettres, lesquelles
donnent (à l’âme) la faculté de s’immiscer, soit comme agent, soit comme
patient, dans la nature de l’élément qui leur correspond. D’après ce
système artificiel, qu’ils nomment teksîr (fractionnement) et qui
correspond aux (quatre) espèces d’éléments, ils divisent les lettres en
quatre classes : les ignées, les aériennes, les aqueuses et les terrestres.
Ainsi ils attribuent l’élif ( )ﺍau feu, le ba ( )ﺐà l’air, le djîm ( )ﺝà l’eau, et le
dal ( )ﺪà la terre. Prenant alors les autres lettres, ils continuent l’opération
jusqu’à la fin de l’alphabet. De cette manière, l’élément du feu obtient
sept lettres : l’élif ()ﺍ, le hé ()ﻩ, le tha ()ﻁ, le mêm ()ﻢ, le fa ()ﻒ, le sin ( )ﺲet
le dhal ()ﺬ. L’air en reçoit autant ; ce sont : le ba ()ﺐ, le ouaou ()ﻮ, le ya ()ﻯ,
le noun ()ﻥ, le dhad ()ﺾ, le ta ( )ﺖet le dha ()ﻅ. L’élément de l’eau en
ob¬tient sept : le djîm ()ﺝ, le za ()ﺯ, le kaf ()ﻚ, le sad ()ﺺ, le caf ()ﻖ, le tha (
)ﺚet le ghaïn ()ﻍ. A la terre en appartiennent sept : le dal ()ﺪ, le ha ()ﺡ, le
lam ()ﻞ, l’aïn ()ﻉ, le ra ()ﺮ, le kha ( )ﺥet le chîn ()ﺶ.
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et dont la valeur a été déterminée conventionnellement, ou par leur
propre nature [3]. Or, puisque les nombres ont un rapport les uns avec
les autres, les lettres doivent en avoir aussi entre elles. Il y a un rapport
entre le ba, le kaf et le ra, vu qu’ils indiquent les deuxièmes des trois
premiers ordres ; car ba exprime deux dans l’ordre des unités ; kaf
indique deux dans celui des dizaines, et ra représente le deux de l’ordre
des centaines. Ces lettres ont encore un rapport avec le dal, le min et le ta,
puisque celles-ci désignent les quatrièmes (des trois premiers ordres), et
entre les deuxièmes et les quatrièmes il y a un rapport du double.
Les noms ainsi que les nombres ont servi à former des amulettes ; chaque
classe de lettres en fournit un qui lui correspond en ce qui regarde le
nombre, soit des chiffres [4], soit des lettres. Le rapport qui existe entre
les vertus secrètes des lettres et celles des nombres donne à la faculté
d’agir sur les êtres un tempérament particulier. On saisit difficilement les
rapports cachés qui existent entre les lettres et les tempéraments des
êtres, ou entre les lettres et les nombres ; de tels problèmes ne sont pas
du domaine des sciences positives et ne se laissent pas résoudre au
moyen de raisonnements syllogistiques. Selon les Soufis, il faut s’en
rapporter au goût et au sentiment éprouvé par l’âme quand elle se
dégage du voile des sens pour avoir la solution de ces questions. « Il ne
faut pas s’imaginer, dit El Bouni, qu’on puisse connaître les vertus des lettres
en se servant du raisonnement ; on n’y arrive que par la contemplation et par la
faveur divine. »
Les mots, ainsi que les lettres dont ils se composent, procurent à l’âme la
faculté d’agir sur le monde de la nature et, par conséquent, de faire des
impressions sur les êtres créés. C’est là une influence qu’on ne saurait
nier, puisque son existence est constatée par des récits authentiques qui
nous sont parvenus relativement à des prodiges opérés par beaucoup de
Soufis. On s’est imaginé, mais à tort, que l’action exercée sur les êtres de
ce monde par l’âme est identiquement la même chez les Soufis et chez les
gens qui opèrent avec des talismans. S’il faut s’en rapporter aux
vérifications que ceux-ci ont faites, l’influence des talismans dépend en
réalité de certaines puissances spirituelles (provenant) de la substance de
la force. Elle fait sentir sa domination et sa puissance à tout ce qui
consiste en une combinaison d’éléments, et cela au moyen des vertus
occultes qui se trouvent dans les sphères célestes, des rapports qui
existent entre les nombres et des fumigations qui attirent (en bas) la
spiritualité à laquelle le talisman est consacré. On lie (cette spiritualité)
au talisman par la puissance de la pensée, et l’on attache ainsi les natures
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du monde supérieur à celles du monde inférieur. « Le talisman, disent-ils,
est comme un levain composé des (mêmes) éléments terrestres, aériens, aqueux
et ignés qui se trouvent dans la totalité des (êtres composés, levain) capable de
changer toutes (les substances) dans lesquelles il entre, et d’agir sur elles de
manière à les convertir en sa propre essence et leur donner sa propre forme. On
peut l’assimiler à la pierre philosophale [5], levain qui transmue en sa propre
essence les corps minéraux dans lesquels on le fait entrer. »
Partant de ce principe, ils enseignent que l’objet de l’alchimie est (de faire
agir) un corps sur un autre, puisque toutes les parties élémentaires de
l’élixir sont corporelles, et que l’objet de l’art talismanique est (de faire
agir) un esprit sur un corps, puisque, par cet art, on lie les natures du
monde supérieur à celles du monde inférieur ; or les premières sont
spirituelles et les dernières corporelles.
Il y a, entre les gens qui pratiquent l’art talismanique et ceux qui mettent
en œuvre les vertus secrètes des noms, une différence réelle en ce qui
regarde la manière de faire agir l’âme (sur les êtres). Pour l’apprécier, il
faut d’abord se rappeler, que la faculté d’agir dans toute l’étendue du
monde de la nature appartient à l’âme humaine et à la pensée de
l’homme. Cette âme tient de son essence le pouvoir d’embrasser la
nature et de la dominer, mais son action, chez ceux qui opèrent au
moyen des talismans, se borne à tirer d’en haut la spiritualité des sphères
et de la lier à certaines figures ou à certains rapports numériques. De là
résulte une espèce de mélange qui, par sa nature, change et transmue ce
qu’il touche, ainsi qu’opère le levain sur les matières dans lesquelles on
l’introduit. Nous disons ensuite qu’il en est autrement de ceux qui, pour
donner à leur âme cette faculté d’agir, se servent des propriétés secrètes
des noms ; ils n’y parviennent qu’à la suite d’une grande contention
d’esprit ; ils doivent être éclairés par la lumière céleste et soutenus par le
secours divin. La nature (externe) se laisse alors dominer, sans offrir de
la résistance et sans qu’on ait recours aux influences des sphères ou à
d’autres moyens, vu que le secours divin est plus puissant qu’une
influence quelconque. Ceux qui opèrent avec des talismans n’ont besoin
que d’un très léger exercice préparatoire quand ils veulent procurer à
leur âme le pouvoir de faire descendre la spiritualité des sphères.
Combien il leur est facile de donner à leur esprit la direction convenable !
Combien leurs exercices sont peu fatigants, si on les compare avec les
exercices transcendants des hommes (les Soufis) qui emploient les vertus
mystérieuses des noms ! Les talismanistes ne cherchent pas à agir sur les
êtres au moyen de leur âme, parce qu’un voile s’y interpose (celui des
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impressions des sens) ; et, si cette faculté leur arrive, ce n’est que par
accident et comme une marque de la faveur divine. S’ils (les Soufis)
ignorent les secrets de Dieu et les vérités du royaume céleste, — ce qui
ne s’apprend que par la contemplation et après l’écartement (des voiles
des sens) ; — s’ils se bornent à étudier les rapports qui existent entre les
noms, les qualités des lettres et celles des mots ; si, dans le but qu’ils se
proposent, ils emploient (uniquement) ces rapports, c’est à-dire s’ils font
comme les personnes que l’on désigne ordinairement par le nom de gens
de la sîmîa (ou de la magie naturelle), — alors, rien ne les distinguera de
ceux qui opèrent au moyen de talismans ; et, en ce cas, nous devrions
accorder plus de confiance à ceux-ci, parce qu’ils s’appuient sur des
principes justifiés par la nature (des choses) et par la science, et qu’ils
suivent un système de doctrine bien ordonné.
Quant à ceux qui opèrent au moyen des vertus secrètes des noms, s’ils
n’ont pas pour les seconder la faculté d’écarter (les voiles des sens), afin
d’obtenir la connaissance des vertus réelles qui existent dans les mots et
des effets résultant des rapports (qui existent entre les noms, etc.), — ce
qui leur arrive quand ils n’y donnent pas toute leur attention, — s’ils
n’ont pas étudié les sciences d’après un système de règles qui soit digne
de confiance, — ces hommes occuperont toujours une place très
inférieure.
Celui qui opère au moyen de noms mêle quelquefois les influences des
mots et des noms à celles des astres ; il assigne aux noms excellents (ceux
de Dieu), ou aux amulettes qu’il a dressés avec ces noms, ou même à
tous les noms (indistinctement), des heures (favorables à leur emploi,
heures qui participent aux) qualités bienfaisantes de l’astre qui est en
rapport avec le nom (dont il s’occupe). El Bouni a suivi cette pratique
dans son ouvrage intitulé El Anmat. Selon (les Soufis), ces rapports
émanent de la présence amaïenne, laquelle est la même que celle du
berzekh de la perfection nominale [6], et ces vertus ne descendent des
sphères que pour être distribuées aux êtres, selon les rapports qu’elles
peuvent avoir avec eux. Ils disent aussi que, pour apprécier (les vertus
des mots), on doit avoir recours à la contemplation ; donc toute tentative
faite dans ce but par une personne qui, étant dépourvue de la faculté
contemplative, accepterait les opinions d’autrui à l’égard de ces rapports,
doit se mettre sur la même ligne que les opérations d’un talismaniste. On
peut même dire que celles-ci méritent plus de confiance, ainsi que nous
l’avons déjà fait observer.
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Les personnes qui dressent des talismans combinent quelquefois dans
leurs procédés les vertus des astres avec celles des invocations,
composées de paroles qui ont avec les astres un rapport spécial. Mais, à
leur avis, les rapports de ces paroles aux astres ne sont pas du même
genre que ceux dont les individus qui étudient les vertus secrètes des
noms prennent connaissance lorsqu’ils sont absorbés dans la
contemplation. Ils dépendent (disent-ils) des principes fondamentaux du
système des procédés magiques que nous employons dans le but de
déterminer la manière dont les influences des astres se répartissent
parmi les diverses catégories des êtres créés, c’est à-dire les substances,
les accidents, les essences et les minéraux ; à ces catégories il faut ajouter
les lettres et les mots. A chaque astre appartient spécialement une partie
de ces êtres.
Il ne faut pas s’imaginer que toute science réprouvée par la loi doive être
regardée comme non existante ; la magie est défendue, mais sa réalité
n’en est pas moins certaine. Quoi qu’il en soit, les connaissances que
Dieu nous a enseignées suffisent à tout, et vous n’avez reçu, en fait de
science, qu’une bien faible portion. (Coran, sour. XVII, vers. 87.)
15
les magiciens (qui composent l’autre classe) opèrent au moyen d’une
faculté psychique qui leur est innée. Les hommes saints peuvent acquérir
cette faculté par la vertu de la profession de foi ; c’est, chez eux, un des
résultats amenés par le dépouillement (des sentiments mondains qui
préoccupent l’âme) ; elle leur naît sans qu’ils aient cherché à l’obtenir et
leur arrive comme un don inattendu. Ceux qui sont bien affermis (dans
les habitudes de la vie ascétique) tâchent d’éviter cette faveur quand elle
se présente à eux ; ils prient Dieu de les délivrer d’une faculté qu’ils
regardent comme une tentation. On raconte qu’Abou Yezîd el
Bestami [8], étant dans un état très misérable, arriva un soir au bord du
Tigre. Ayant voulu traverser le fleuve, il vit les deux rivages se
rapprocher jusqu’à se toucher devant lui. Au lieu de profiter de cette
faveur, il pria Dieu de le délivrer de la tentation : « Non ! s’écria t-il, je ne
veux pas abuser de mon crédit auprès du Seigneur dans le but d’économiser un
liard. » S’étant alors embarqué dans le bateau de passage, il traversa le
Tigre avec les bateliers.
Bien des personnes, ayant voulu procurer à leur âme la faculté d’agir sur
le monde des êtres créés, entreprirent d’acquérir cet art en suivant une
voie qui devait les éloigner des pratiques entachées d’impiété ; et, dans
ce but, elles donnèrent à leurs exercices un caractère légal, en y
remplaçant (tout ce qui blessait la religion) par des litanies et des
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cantiques à la louange de Dieu, et par des invocations tirées du Coran et
des traditions sacrées. Ces individus, voulant connaître les prières qui
convenaient à leur but, se guidaient d’après une considération que nous
avons déjà indiquée, savoir, que le monde, avec tout ce qu’il renferme
d’essences (êtres), de qualités et d’actes, est partagé entre les sept
planètes et soumis à leurs influences. Avec cela, ils recherchaient
scrupuleusement les jours et les heures qui correspondaient aux
influences ainsi réparties, et, par l’emploi d’exercices autorisés par la loi,
ils s’abritaient contre les imputations auxquelles les pratiques de la
magie ordinaire les auraient exposés, pratiques qui, si elles ne sont pas
des actes d’infidélité, doivent nécessairement y porter. Ils s’attachaient à
suivre la voie légale, parce qu’elle était assez large et n’offrait rien de
répréhensible. C’est ainsi que fit El-Bouni dans plusieurs de ses
ouvrages, tels que l’Anmat, et d’autres écrivains adoptèrent le même
plan. Évitant avec un soin extrême de donner le nom de magie à l’art
qu’ils cultivent, ces gens l’appellent sîmîa (magie naturelle) ; mais, bien
qu’ils le pratiquent en suivant la voie légale, ils ne peuvent s’empêcher
de tomber dans l’emploi de la magie véritable. Malgré la direction licite
qu’ils donnent à leurs pensées, ils ne s’éloignent pas tout à fait de la
croyance en certaines influences qui ne procèdent pas de Dieu ; ils
cherchent aussi à se procurer la faculté d’agir sur le monde des êtres, ce
qui est défendu par le législateur divin.
Il ne faut pas se laisser tromper par le terme sîmîa que les magiciens
emploient pour dérouter le public. La sîmîa (chez eux) est réellement une
branche, une conséquence nécessaire de la magie, ainsi que nous l’avons
déjà déclaré. Dieu, dans sa bonté, (nous) dirige vers la vérité.
17
qu’à une suite de casse-têtes et d’énigmes. Ils ont beaucoup discouru sur
cette matière, et ce qu’ils ont avancé de plus détaillé et de plus curieux se
rapporte à la zaïrdja (ou tableau circulaire) de l’univers, qui a pour
inventeur Es Sibti, et dont nous avons déjà parlé. Nous allons exposer ici
ce qu’ils ont dit sur la manière d’opérer avec la zaïrdja, et nous
reproduirons en entier la cacîda (ou poème) qui se rapporte à ce sujet, et
dont l’auteur, à ce qu’ils prétendent, fut Es Sibti lui-même. Nous
donnerons ensuite la description de la zaïrdja, avec ses cercles, son
tableau et tout ce qui s’y trouve inscrit ; nous indiquerons ensuite le
caractère de cette opération, laquelle n’a aucun rapport réel avec le
monde invisible et consiste uniquement à trouver une réponse qui soit
d’accord avec une question, et qui, étant prononcée, offre un sens
raisonnable. C’est un procédé très curieux : la réponse se tire de la
question au moyen d’une opération qui se pratique comme un art et
qu’on appelle tekcîr (décomposition) ; nous avons déjà donné des
indications au sujet de tout cela. Quant à la cacîda (qui accompagne la
zaïrdja), nous n’en possédons pas une copie dont l’authenticité nous
semble bien assurée ; le texte que nous en donnons ici est celui que nous
avons choisi entre plusieurs autres, parce que, d’après toutes les
apparences, il est le plus correct.
Ibn Khaldoun.
P.-S.
Notes
18
nous est pas parvenu, mais tout ce que ce livre renfermait d’important se
trouve dans un autre livre du même auteur, le Chems el Maaref (soleil
des connaissances), dont la Bibliothèque impériale possède plusieurs
exemplaires. Cet auteur mourut, selon Haddji Khalifa, l’an 622 (1225-
1226 de J. C.). A en juger par son surnom, il était natif de Bône, ville de
l’Afrique septentrionale.
[4] En arabe chekl. Ce terme doit désigner ici les chiffres qui servent à
exprimer les nombres.
[6] Cette expression paraît désigner le lieu (berzekh) qui est situé entre le
monde matériel et le monde spirituel, et dans lequel se trouve en
puissance la vertu complète et parfaite de chaque nom. C’est encore là
un résultat des rêveries auxquelles les Soufis se livrent en poursuivant
des chimères.
[8] Ce célèbre thaumaturge mourut en l’an 261 (874 875 de J. C.). (Voyez
le Biographical Dictionary of Ibn Khallikân, vol. I, p. 662.)
Rabbi Joseph Tzayach est né en 1505 et est mort en 1573. Il fut l’un des
kabbalistes les plus mystérieux du 16e siècle et nous disposons de peu
d’informations sur sa vie. Selon Aryeh Kaplan : « Rabbi Joseph Tzayach fut
influencé, semble-t-il, par l’école kabbalistique d’Aboulafia, et de nombreuses
idées discutées par lui semblent être reprises des écrits d’Aboulafia ». Il était
également un théologien et une figure majeure de l’enseignement
talmudique à Jérusalem et à Damas (même Joseph Caro invoque son
autorité dans son Abkat Rokel). Tzayach était un mystique porté, sans
doute sous l’influence des œuvres d’Aboulafia, vers le prophétisme.
19
Ses œuvres kabbalistiques principales sont : Even Hashoham (La Pierre
d’Onyx), Tzeror Hachaïm (Le Lien de la Vie), Tzaphanat Paneach et le Sherith
Yoseph.
Le premier de ces carrés est, bien sûr, celui d’ordre 3 dont chaque ligne
horizontale et verticale donne une somme de 15 (selon la formule
3*((3²+1)/2)=15). Il contient les 9 premiers nombres auxquels on associe
généralement des lettres :
20
qui représente Kether (la Couronne) en tant que Premier principe, ou
première cause, la première « pièce » de la première maison est « 1 », la
seconde est « 2 », la troisième est « 98 » et la quatrième est « 97 ».
Carré de Kether
21
D’autres références aux carrés magiques concernant leur implication
dans les mystères de la Création peuvent également être trouvées dans
les écrits des contemporains de Tzayach tels Rabbi Joseph Tirshom et son
Shoshan Yesod Olam (la Rose, Fondement de l’Univers, 1550), Rabbi Eliahou
Baal Shem Tov et son Toledot Adam (Générations d’Adam) et Rabbi Isaïe
Horowitz et son Shneï Luchot HaBrit (Les Deux Tables d’Alliance). On en
trouvera encore dans le Shorsheï ha-Shemoth de Moïse Zacuto (voir
l’article de Jacobus Swart).
Les amulettes arabes sont des sachets de cuir ou de toile cousus avec du
fil généralement jaune ou vert dans lesquels se trouvent, enveloppés
dans un morceau de papier ou d’étoffe cirée, soit quelques grains de
sable ou de terre blanche, soit des versets du Coran ou des invocations à
Dieu.
Les amulettes ne doivent pas être ouvertes devant un profane, car alors
l’influence du mauvais œil détruirait toutes leurs qualités. On ne peut les
ouvrir que lorsque l’on est seul, et dans ce cas le protégé doit réciter des
prières et faire des ablutions avant.
22
Les femmes arabes ornent les amulettes avec quelques grains d’ambre,
de verre, d’émail ou de corail, y ajoutent quelquefois des pendeloques en
argent, et s’en servent comme parures.
Les caractères employés pour ces écrits sont un peu différents de ceux de
l’écriture ordinaire. Ils revêtent un caractère spécial, sacré. Aussi la
lecture de ces papiers est-elle très difficile et exige-t-elle beaucoup de
connaissances. La principale difficulté provient de l’omission de la
ponctuation.
II
Les amulettes portent différents noms suivant leur usage, leur grandeur
et les pays. Les plus connues portent le nom de Hourze ; elles servent à
guérir les maladies et renferment un verset du Coran.
Celle qui préserve des sorciers contient une terre blanchâtre provenant
de la tombe d’un marabout célèbre. On y ajoute aussi quelquefois un peu
de benjoin ou du musc.
23
Le D’jouchan donne l’inspiration.
Les sachets destinés à guérir les maladies contiennent dans leur intérieur
une pâte de préparation spéciale étroitement enveloppée dans du
parchemin.
Ces sachets sont luxueux : ils sont en soie verte à bandes jaunes et
rouges, et coûtent très cher.
Enfin signalons également les écrits enveloppés dans une chemise de fer-
blanc et destinés à préserver contre les accidents.
Cinq jours après, le jeune homme peut revenir, la belle tombera dans ses
bras !
24
carré et le rectangle. Je n’ai jamais vu le croissant (fig. 4) employé comme
préservatif.
III
Je reproduis ici les versets du Coran les plus généralement usités, et je les
fais suivre de la traduction de quelques amulettes qui m’ont été données
par des thalebs de Mascara et de Sidi-Bel-Abbès.
25
3. Dieu des Hommes.
4. Contre la méchanceté de celui qui suggère les mauvaises actions et se dérobe.
5. Qui souffle le mal dans les cœurs des Hommes.
6. Contre les génies et contre les Hommes.
Sourate XVI. Verset 100. — Je cherche un refuge auprès de Dieu contre Satan
le lapidé.
IV
Dans la magie, disent les astrologues, c’est un esprit qui s’unit à un autre,
et, dans la talismanique, c’est un esprit qui s’unit à un corps.
Dieu est lui-même témoin de ce qu’il n’y a point d’autre Dieu que lui ; les anges
et les hommes doués de science et de droiture répètent : Il n’y a point d’autre
Dieu que lui, le puissant, le sage (Coran, sourate III, verset 1 6.). La religion
de Dieu est l’Islam (Coran, sourate III, verset 17) ! l’Islam ! l’Islam !
Celui qui était mort, et à qui nous avons donné la vie, à qui nous avons donné la
lumière pour marcher au milieu des hommes, sera-t-il semblable à celui qui
marche dans les ténèbres et qui n’en sortira point ? C’est ainsi que les actions
26
des infidèles ont été préparés d’avance (Coran, sourate VI,). Accordez votre aide
(ô mon Dieu !) à qui porte cet écrit.
Suit un carré de cinq cases sur cinq. Dans chacune est un fragment de ce
passage du Coran : « L’assistance vient de Dieu et la victoire est prochaine
(Coran, sourate LXI, verset 13) » Ce passage se trouve cinq fois répété
dans l’ensemble du carré.
En plus des mots que l’on lit dans la première rangée de cases, on
remarque dans chacune un chiffre. Groupés et lus de droite à gauche, ces
chiffres donnent : 56 247, ce qui signifie : L’assistance (appartient) à
(Dieu).
Et de Miséricorde.
O mon Dieu, ô Dieu tout-puissant ! exaucez la prière que je vous adresse en vue
des mérites des « oui îles El âjana et Ez-zelzala et des mérites aussi, des fidèles
croyants, qui, nuit et jour, courbait le front devant votre majesté, et couvrez-
moi du manteau de votre divine protection.
O Dieu, ô Dieu, ô Dieu, ô maître des maîtres et source première de toute chose.
O créateur des mers et trône de puissance, qui avez rendu Moïse à sa mère et
Joseph à Jacob, écoutez, je vous en conjure, mon humble prière.
Veuillez, par la vertu de ces caractères, ô mon Dieu ! m’accorder les richesses de
ce monde, écarter de moi les embûches, me mettre à l’abri des attaques
calomnieuses, me rendre invulnérable et encore éloigner toute catastrophe de
mon chemin.
27
Ne m’abandonnez pas, ô mon Dieu ! ne me faites pas périr et épargnez- moi le
châtiment et les tourments de l’enfer ; n’avez-vous pas la toute- puissance ?
Et que les grâces divines soient sur le Prophète, ses compagnons et les membres
de sa famille.
Cette amulette a, par elle-même, des vertus magiques : elle préserve des atteintes
du fer des flèches et des canons, et met à l’abri des coups du sort ; au besoin
encore, elle rend invisible son heureux possesseur. Elle lui permet en outre de
braver sans crainte les ténèbres de la nuit, et le protège contre les événements.
Cette amulette, enfin, assure à celui qui la porte un bon accueil partout où il se
présente et a le pouvoir d’épargner toute disgrâce à celui-ci.
En un mot elle est si puissante, que son heureux possesseur est entièrement
sauvegardé, et dix mille canons seraient-ils braqués sur lui, qu’il n’aurait rien à
craindre.
Puisse Dieu nous épargner aux uns et aux autres la vue de semblables
malheurs, et déjouer les complots des méchants !
Sidi Krélid dit, autre part, que l’on peut suspendre à une bête un papier
contenant le nom de Dieu, mais il ajoute qu’alors ce papier doit être
renfermé dans une étroite enveloppe.
Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! Que Dieu répande ses grâces sur
notre seigneur Mahomet, sur sa famille et ses compagnons, et qu’il leur donne la
paix, la paix !
28
Louange à Dieu, maître de l’Univers, le clément, le miséricordieux, souverain
au jour de la rétribution.
C’est toi que nous adorons, c’est toi dont nous implorons le secours. Dirige-
nous dans le sentier droit, dans le sentier de ceux que tu as comblés de tes
bienfaits, non pas de ceux qui ont encouru ta colère, ni de ceux qui s’égarent
(C’est la première sourate du Coran).
Il connaît ce qui est devant eux et ce qui est derrière eux » et les hommes
n’embrassent de sa science que ce qu’il a voulu leur apprendre. Son trône
s’étend sur les cieux et sur la terre, et leur garde ne leur coûte aucune peine.
Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! Dis : Dieu est un. C’est le Dieu à
qui tous les êtres s’adressent dans leurs besoins. Il n’a point enfanté et n’a pas
été enfanté.
29
L’usage des amulettes est universel : il se trouve dans tous les pays et à
toutes les époques. Chose curieuse, la forme des amulettes est aussi la
même partout à fort peu de chose près. Les sachets de cuir des Arabes
sont semblables à ceux des indigènes du Cap Vert, du Çomâl et de
l’Afrique centrale, Les campagnards français et les paysans espagnols
font aussi grand cas des amulettes religieuses avec cette différence que
sur l’enveloppe sont brodés des symboles chrétiens. Toutes ont les
mêmes usages et la même destination : ils servent à procurer les faveurs
divines.
Paul Pallary
Sommaire
Chapitre XVI du Magus, p1
Étude du système, p2
Bibliographie pour aller (...), p5
30
hermétistes de la Renaissance, il rédigera son The Magus qui est
largement inspiré par la Philosophie Occulte d’Agrippa. Ce livre, publié
à Londres en 1801, est une compilation des livres III et IV d’Agrippa
ainsi que de la traduction de l’Heptameron de Pierre d’Aban effectuée
par Robert Turner en 1655.
Par les quelques pistes que nous offrons ici aux lecteurs, nous espérons à
nouveau éclairer l’occultisme contemporain et ses pratiques ataviques.
Car, comme l’écrit Donald Tyson : « Plus près de nous, l’Aïq Beker devint
une forme d’écriture secrète utilisée par les francs-maçons et les sociétés
ésotériques. Par son utilisation intensive, cette méthode devint si connue qu’elle
a aujourd’hui dégénéré en un jouet pour des enfants... Cependant, cette méthode
recèle un pouvoir immense et elle est toujours considérée avec sérieux par les
kabbalistes et les magiciens » [2].
Il y a ainsi chez eux une écriture qu’ils appellent « céleste », car ils la
voyaient figurée et placée parmi les étoiles. Il y a une autre écriture qu’ils
appellent Malachim, ou Melachim, c’est-à-dire angélique ou royale ; il y
31
en a encore une autre qu’ils nomment « passage de la rivière ». Toutes
ces écritures sont visibles sur la planche qui suit.
Il existe encore une autre méthode chez les Cabalistes, autrefois tenue en
grande estime, mais aujourd’hui si commune qu’elle fait partie des
choses profanes, je veux parler de la répartition des vingt-sept lettres de
l’alphabet hébreu en trois classes dont chacune contient neuf lettres. La
première classe comprend אבגדהוזחט, ces lettres étant les sceaux ou les
marques des nombres simples et des choses intellectuelles distribuées
selon les neuf ordres angéliques. La seconde contient יכלמנסעפצ, les
marques des dizaines et des choses célestes dans les neufs orbes des
cieux. La troisième contient les autres lettres avec les finales, קרשתףםןךץ,
qui sont les marques des centaines et des choses inférieures : les 4
éléments, les 5 sortes de composés parfaits.
Ils rangent ces trois classes dans neuf chambres. La première est celle des
unités. La seconde est celle des binômes, la troisième celle des trinômes
32
et ainsi de suite ; ces chambres sont compartimentées par l’intersection
de quatre lignes parallèles qui se croisent à angles droits comme on peut
le voir dans la Fig. A.
33
(The Magus, page 65-67, par Francis Barrett, Londres, 1801. Traduction
française par Spartakus FreeMann, février 2009 e.v.)
12345
Notes
[2] http://www.donaldtyson.com/index.html
p5
Étude du système.
« Il y a une bonne raison pour laquelle le secret sort lorsque le vin entre. ײןle
vin a pour valeur numérique soixante-dix, de même que le mot סודsecret : 70
entrent, 70 sortent ». – Tanchum Sheminee.
« L’Aiq Beker était utilisée dans divers buts par les kabbalistes et les magiciens
hermétistes occidentaux. Essentiellement, il s’agit d’une manière de relier
occultement les lettres hébraïques. Les lettres de chaque cellule sont censées être
connectées à un certain niveau ésotérique et, par conséquent, être équivalentes
les unes aux autres. Lors de la manipulation kabbalistique des noms et mots de
pouvoir, une lettre dans une cellule peut être substituée à une autre, permettant
des interprétations différentes et des utilisations pratiques des mots ainsi
concernés » (Donald Tyson, « Aiq Beker »).
34
trace de l’Aïq Bekar dans le Midrash Tannaïm (Tanhumah) et dans les
procédés herméneutiques décrits par l’Haggadah.
Ces lettres sont disposées selon le schéma suivant qui fut utilisé, entre
autres, par Abraham Aboulafia dans ses écrits (comme dans le Sepher
ha-Oth ou le Imre Sepher) :
35
que celui du Yod. Et ainsi de suite jusqu’aux milliers et dizaines de
milliers.
Kircher, dans son Oedipus Aegyptiacus (1652), donne, quant à lui, cet
arrangement :
36
Athanasius Kircher, Oedipus aegyptiacus (1652), CLASSIS IV - CABALA
HEBRAEORUM, Page 229.
« Faisons donc quatre échelons des nombres. Le premier et celui des doigts, le
second des dizaines, le troisième des centaines, le quatrième des mille. Le
premier échelon de l’alphabet est marqué par les figures de Aleph à Teth ; il y a 9
signes référant chacun aux nombres 1 2 3 4 5 6 7 8 9. Etc. »
« De Aleph à Yod sont signifiés les ordres ou les chœurs angéliques que les
philosophes appellent intelligences séparées… De Caph à Tsadé sont désignés
les ordres des cieux, qui dotés par la vertu de leur créateur, sont gouvernés par
l’influx des anges. Puis, de Tsadé à Tav interviennent les quatre éléments avec
leurs formes, et, ensemble tous les mixtes, tant vivants que non vivants. »
3) Les lettres de valeur 100 à 900, קרשתףםןךץ. Elles représentent les choses
inférieures.
37
J’ai inscrit la numération de chaque lettre au-dessus pour montrer les affinités
entre les lettres dans chaque chambre. Parfois, elle est utilisée comme code en
prenant les chiffres pour montrer les lettres qu’elles contiennent, en mettant un
point pour la première lettre, deux pour la deuxième, etc. Ainsi, l’angle droit,
contenant איק, répondra pour la lettre קs’il y a trois points dedans. De la même
manière, un carré répondra pour נ, הou ךselon qu’il y ait un, deux ou trois
points placés respectivement dedans. Mais il y a bien d’autres façons d’utiliser
la Kabbale des Neuf Chambres que je n’ai pas le temps de décrire ici » [4].
« Cette grille a également été utilisée comme outil de cryptage. Les magiciens
représentaient les lettres dans les cellules au moyen des lignes cloisonnant les
cellules. Par exemple, une lettre dans la cellule centrale aurait été substituée par
un carré fermé ; une lettre dans la cellule supérieure gauche aurait été
substituée par un angle ouvert sur la gauche ; et ainsi de suite. On indiquait
laquelle des trois lettres de la cellule l’on voulait signifier par ce symbole
graphique à l’aide de points placés au-dessus et aux angles. Un point signifiait
la lettre à droite, deux points la lettre du milieu et trois points la lettre du côté
gauche dans la cellule en question. ». (« Aiq Beker » par Donald Tyson ).
Nous ne pouvons achever notre voyage dans les neuf chambres sans
parler de Blaise de Vigenère qui, dans son Traicté des Chiffres (1586) page
38
276 nous dit (nous modernisons la langue) : « Il ne faut point encore oublier
cette invention que touche Agrippa dans son livre 3, chapitre 30, autrefois en
très grande recommandation envers les anciens Cabalistes ; depuis l’on en a fait
« lictiere » (bassine de toilette ou pot de chambre). Ce sont quatre lignes
s’entrecroisant à angles droits ; deux sont perpendiculaires, et deux traversières,
qui par ce moyen viennent à établir neuf caractères différents, qu’on accommode
à autant de lettres que l’on diversifie par un point assis au milieu, des autres
neuf qui en sont vides, en résulteront dix huit lettres de cette manière.
MAIS vous pouvez les transposer : et si, gardant néanmoins toujours leur
figure, vous voulez varier l’étendue des lignes en chaque caractère de deux
manières, comme il se peut voir, et non davantage, vous aurez pour chacun trois
lettres ; qui avec les espaces d’entredeux, comme dessus, seront quatre. Ajoutez
des nombres, ou autres notes servant de lettres dans les espaces, ce sera un
chiffre à cinq ententes toutes ensemble ; dont vous révélerez, et réserverez ce
qu’il vous plaira » [5].
12345
Notes
39
nombre 1 à 9 » [6]. Le pseudo Hippolyte dans ses Réfutations de toutes les
hérésies (IV, 14) nous expose, en effet, une méthode utilisée afin de
découvrir la « racine » d’un mot à partir de sa valeur numérique. On
répartit les lettres selon neuf « monades » afin d’en extraire la valeur
unitaire. Par ce procédé, que l’on peut rapprocher de la « règle de neuf »,
on obtient une valeur numérique d’un mot que l’on peut réduire encore
à l’unité (de 1 à 9) en se référant à la table ci-après (reprenant les lettres
grecques). Ce procédé est encore utilisé aujourd’hui dans ce que l’on
nomme la « réduction arithmosophique » où l’on réduit la valeur d’un
mot à un nombre unitaire.
40
« chambre » (par exemple Aleph, Yod et Qoph) pouvaient être
interchangées. Ainsi, le Qoph de valeur 100 ou la Yod de valeur 10
pouvaient être réduits à 1. Les mots ainsi réduits aux unités permettaient
de trouver des sympathies entre des mots de faible valeur numérique.
Nous retrouvons ici une forme du pythmen grec. Ainsi, si l’on peut être
redevable à Barrett et Agrippa pour avoir transmis dans leurs écrits une
forme de procédé kabbalistique, mêlé possiblement à la mystique des
chiffres pythagoricienne, il ne faut pas oublier que « la place d’honneur
accordée à la Kabbale pratique dans l’imposant compendium d’Agrippa
qu’est le De Occulta Philosophia… fut largement responsable de
l’association erronée de la Kabbale avec la numérologie et de la
sorcellerie dans le monde chrétien. » et que « le troisième livre du De
Occulta Philosophia contient, en fait, un si grand nombre de références à
des idées prétendument kabbalistiques qu’il n’est pas approprié de
considérer ce livre comme étant une « somme » de ces idées » . Ces mises
en garde à l’esprit, nul ne peut douter de l’apport et de l’utilité de la
« Kabbale des Neuf Chambres » dans les matières hermétiques et nous
espérons l’avoir dépouillée par cette ébauche historique de certains
fantasmes inutiles.
41
François Secret, Les Kabbalistes Chrétiens de la Renaissance, Arma Artis &
Archè, 1985
Dans la Rota, j’ai donné une idée de la formation des carrés magiques
que l’on trouve également dans la Philosophie Occulte d’Agrippa ainsi
que dans différents ouvrages sur la Magie. Comme je l’ai déjà dit, pour
qu’un carré soit réellement magique, c’est-à-dire pour qu’on puisse en
tirer des combinaisons déterminées, il ne suffit pas qu’il réponde
seulement aux conditions mathématiques exigées de ce genre de figures.
De tels carrés sont nombreux pour chaque planète et ces combinaisons
augmentent avec la quantité de chiffres qui les composent. L’appellation
« magique » ne saurait s’appliquer à ces carrés. Il serait plus correct de
les nommer autrement. Ils sont curieux, mais c’est tout. Le seul « carré
magique » qui, d’ailleurs, présente les mêmes particularités
mathématiques que les autres, est formé d’après une loi précise dont le
schéma est indiqué par Agrippa et reproduit par les occultistes qui ont
suivi cet auteur, mais sans y rien comprendre.
Dans les carrés ci-après, j’ai employé des chiffres et non des lettres
hébraïques pour faciliter l’application de la loi et les transpositions
42
qu’elle comporte. Mais il faut toujours se rappeler que le nombre n’est
qu’une expression de la lettre hébraïque et que pour pouvoir sortir le
nom (combinaisons des forces particulières à ces carrés) il faut remplacer
les chiffres par les lettres qui leur correspondent.
CARRÉ DE SATURNE
CARRÉ DE JUPITER
CARRÉ DE MARS
Les chiffres placés sur les axes AB et CD ne bougent pas (13, nombre à
l’intersection de AB et CD est inscrit dans un petit cercle). Les demi-
circonférences E F G H indiquent les trois nombres qui se transposent
symétriquement. Leur mode de placement est indiqué par la demi-
circonférence E.
43
CARRÉ DU SOLEIL
CARRÉ DE VÉNUS
44
CARRÉ DE MERCURE
CARRÉ DE LA LUNE
Les nombres placés sur les diagonales restent en place ainsi que le
nombre central, entouré d’un petit cercle.
Les arcs triples montrent que les trois rangées de chiffres débordant
chaque coté du carré changent respectivement de place en gardant entre
eux leur ordre relatif.
45
De ce qui précède, le lecteur se rendra compte que les figures nommées
(« Intelligence du carré ») n’ont aucune force symbolique. Elles ne
représentent que des schémas de transposition et seraient sans valeur
aucune si on les adaptait à des pantacles ou des talismans. Elles se
rapportent uniquement au mécanisme de la construction des carrés.
Ainsi que je l’ai dit ailleurs, le carré magique étant constitué d’après son
schéma, on en tire une force bonne ou mauvaise susceptible d’être
utilisée dans une opération magique.
La succession des opérations qui précèdent est basée sur l’ordre des
planètes tel que l’indique le Sepher Yetsirah et non sur celui adopté par
Ptolémée et le Talmud (voir Essai sur l’Astrologie Cabbalistique, IIIe
partie, chap. IV, 6).
Enel.
Portfolio
46
L’Astrologie
LE SENS PROFOND
47
le thème est l’instant promis au déroulement du courant des instants
dans l’actualité qui conduit vers l’éternité. C’est tout le problème de
l’astrologie, du thème astrologique qui n’est pas du tout quelque chose
qui appartient à l’histoire avec quoi on doit faire des compromis ; mais le
thème astrologique est le thème de l’instant qui va circuler avec son
personnage à travers l’actualité vers l’éternité, c’est-à-dire le passage par
la mort. L’instant est ici l’entrée en scène. Cet instant, cette actualité ne
sont pas dans l’histoire et le thème astrologique n’appartient en rien au
temps historique de la personne. On ne peut donc rien prédire avec
l’astrologie sur le plan du temps historique. Car le temps historique
appartient à la conscience, c’est-à-dire aux choix, au conditionnement de
la personne dans son milieu social et dans son existence. L’instant n’est
donc pas un moment ni LE moment, ce n’est pas non plus un instant,
mais L’instant ; c’est le visage comme étincelle de l’éternité dans le
présent ici/maintenant.
On sait maintenant que l’instant est une étincelle d’éternité, mais quelle
est la définition exacte du lieu ? Le lieu non plus n’est pas un endroit, le
lieu est une étincelle fixe d’infini.
Cet instant de l’explosante fixe est l’instant du naître qui contient tout le
voyage, jusqu’à la mort par-delà le mourir. Comme il y a en-deçà du
naître, la naissance. Par rapport à la mort, visage de tout ce qui bouge le
plus dans ce qui ne bouge pas (la momie) qui est la présence de
l’absence, la naissance est la présence tout court. La naissance est le
voyage de la présence qui atterrit dans le naître.
48
La carte astrologique du naître, on l’appelle le thème. Or un thème est le
passage d’une langue d’ici à une langue du lointain et le thème
astrologique est le passage de l’existence qui a commencé au naître, et
qui passe par le mourir vers la mort. Le thème astrologique est
l’explosante fixe de l’entrée dans l’existence qui conduit à la mort qu’il
faut épouser.
49
et surnaturellement épouse de la réalité physique de la Terre et de
l’homme.
PRATIQUE DE L’ASTROLOGIE
50
électronique avec l’analogue de l’ordonnance du monde, le minimum de
polarité et un maximum d’efficacité.
Il faut remarquer également que pour chaque sujet il faut faire une
confrontation entre le thème qui part de la terre (qui part du Bélier et de
la 1ère Maison) et le thème de l’esprit (qui part du Capricorne et de la
Maison X). Il y a donc 4 thèmes qui sont à considérer, qui sont depuis le
Bélier, depuis le Capricorne : la maison 1 et la maison X. Ce sont les
quatre thèmes de la proportion du Logos.
51
demeure, et son expression est : l’assurance. La certitude est l’essence
dégagée à travers l’existence, et la sécurité est l’existence dégagée d’une
essence. La certitude se trouve être en rapport avec l’infra et l’ultra,
l’infra-rouge aux Gémeaux et l’ultra-violet au Sagittaire, l’infra-son aux
Poissons et l’ultra-son à la Vierge.
52
problème de se débarrasser pour se perfectionner (une chose est parfaite
quand il n’y a plus rien à enlever). Ce-qui-nous-concerne, c’est le thème
astrologique, et ce-que-nous-concernons c’est le choix ; mais le choix
dans la démesure. Alors que ce-qui-nous-concerne c’est le déterminisme
dans la démesure.
53
Il ne faut pas oublier, en résumé, que ce-qui-nous-concerne c’est la
naissance et que ce-que-nous-concernons c’est la mort. Ce qui montre
assez qu’il s’agit d’une architecture où ce-qui-nous-concerne et ce-que-
nous-concernons sont donnés en même temps mais qu’il ne s’agit que
d’un rapport d’idées, car il y a entre les deux propositions un
changement de plan.
MANCIE ET LOGIE.
Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais deux fois le même ciel. Infinité de
l’astrologie à laquelle s’oppose une certaine rigidité dans le Tarot avec le
nombre limité d’arcanes et dans le Y-King avec les 64 combinaisons.
54
degré le plus simple comme un cerveau électronique de polarité et
l’astrologie est alors le contraire de la magie.
P.-S.
55
extrêmement rares. Ce qui reste de ces sciences ne se trouve que dans les
livres composés par les Nabatéens, les Chaldéens et autres peuples qui
existaient avant la mission du prophète Moïse ; car les prophètes qui
parurent avant lui ne promulguèrent pas de lois et n’apportèrent pas aux
hommes des maximes de droit ; ils se bornèrent, dans leurs écrits, à faire
des exhortations, à enseigner l’unité de Dieu et à parler du paradis et de
l’enfer.
Après Djaber Ibn Haïyan parut Maslema Ibn Ahmed el Madjrîti (de
Madrid), le plus grand maître, en fait de mathématiques et d’opérations
magiques, qui ait existé chez les musulmans espagnols. Il résuma le
contenu de tous ces livres, en rédigea les principes dans un ordre
systématique et réunit ensemble les divers procédés qu’ils renferment.
De cette manière il forma le volume qu’il intitula Ghaïat el-Hakîm.
Personne après lui n’a écrit sur ces matières.
56
distinguent les unes des autres par leurs qualités individuelles. On peut
donc les classer par catégories ayant chacune son caractère spécial et
devant à une organisation naturelle et primitive les qualités qui la
distinguent. Dans la classe des prophètes, les âmes ont la faculté de
pouvoir [se dégager de la spiritualité humaine, afin d’entrer dans la
spiritualité angélique et de devenir ange pendant l’instant passager que
dure cet état de dégagement. Voilà en quoi consiste la révélation, ainsi
que nous l’avons indiqué en son lieu. L’âme qui se trouve dans cet état
possède la faculté de] participer aux connaissances propres à Dieu, de
converser avec les anges, et d’obtenir, par une conséquence nécessaire, le
pouvoir d’exercer une certaine influence sur les êtres créés. Chez les
magiciens, l’âme a pour caractère distinctif la faculté d’influer sur ces
êtres et d’attirer en bas la spiritualité des astres afin de s’en servir pour
l’accomplissement de ses desseins. Cette influence s’exerce soit par une
puissance appartenant à l’âme, soit par une puissance satanique : tandis
que, chez les prophètes, elle dérive du Seigneur et se distingue par son
caractère divin. Quant aux gens qui pratiquent la divination, leurs âmes
ont, de même, un caractère spécial, celui de connaître les choses du
monde invisible au moyen d’une puissance satanique. Ainsi chacune de
ces classes a sa marque distinctive.
57
Les qualités distinctives que nous venons d’énumérer existent
virtuellement chez les magiciens, de même que toute faculté humaine
existe virtuellement dans chaque homme ; mais, pour les mettre en
activité, il faut avoir recours à des exercices préparatoires. Dans la magie,
ces exercices se bornent à diriger la pensée vers les sphères, les astres, les
mondes supérieurs et les démons, en leur donnant diverses marques de
vénération, d’adoration, de soumission et d’humiliation. Cette direction
de l’esprit vers un objet qui n’est pas Dieu, ces marques d’adoration
qu’on donne à cet objet, sont des actes d’infidélité. Pratiquer la magie est
donc un acte d’infidélité, car l’infidélité est une des matières, un des
moyens que cet art met en œuvre.
Nous assurons le lecteur que les hommes les plus intelligents n’ont
jamais eu le moindre doute relativement à l’existence de la magie. Ils ont
remarqué les effets qu’elle produit et que nous avons indiqués.
D’ailleurs, il en est question dans le Coran (sour. II, vers. 96), où Dieu
parle en ces termes : Mais les démons furent infidèles : ils enseignèrent
aux hommes la magie et ce qui avait été révélé aux deux anges de Babel,
Harout et Marout. Ceux-ci n’instruisent personne sans dire : « Certes,
nous sommes ici pour te tenter ; ne sois donc pas infidèle. » On apprend d’eux
les moyens de mettre la désunion entre la femme et son mari, mais ils
sont incapables de nuire à personne sans la permission de Dieu. Nous
lisons aussi dans le Sahîh que le Prophète avait été ensorcelé au point de
s’imaginer qu’il faisait ce qu’en réalité il ne faisait pas. Pour le fasciner
ainsi on avait mis un charme dans un peigne, dans un flocon de laine et
dans une spathe de dattier, et on l’avait caché dans le puits de Derouan
58
(à Médine). Dieu envoya alors au Prophète les deux sourates
préservatrices (la CXIIIe et la CXIVe), avec le verset : Et contre la
méchanceté des (sorcières) qui soufflent sur des nœuds. — « Il prononça
cette formule, dit Aïcha, sur chacun des nœuds qui avaient servi à l’ensorceler,
et chaque nœud se défit aussitôt de lui-même. »
59
disparu. Ils font le même geste en regardant une grenade ; on ouvre
ensuite le fruit et l’on n’y trouve pas un seul grain. Nous avons entendu
dire aussi que, dans le pays des Noirs et dans celui des Turcs, il y a des
enchanteurs qui obligent les nuages à verser leurs pluies sur tel endroit
qu’on veut.
60
pièce) dans de l’eau de rose saturée avec du safran, (puis) on (la) retire
(après l’avoir enveloppée) dans un chiffon de soie jaune. Selon les gens
du métier, celui qui tient ce talisman (dans la main) acquiert sur l’esprit
du prince qu’il sert une influence sans bornes, s’empare de son affection
et l’assujettit à sa volonté ; les princes acquièrent, par le même moyen,
une influence énorme sur leurs sujets. Il est fait mention de ce talisman
dans le Ghaïa et dans d’autres ouvrages qui traitent de ces matières.
L’exactitude du fait est, du reste, constatée par l’expérience.
61
leurs méfaits et je tiens d’eux-mêmes qu’ils donnent à leur pensée une
direction particulière et se livrent à des exercices d’un genre spécial, tels
que des invocations impies et des tentatives pour associera leur œuvre la
spiritualité des génies et des astres. Ils étudient un livre qui traite de leur
métier et qui porte le titre d’El Khanzeriya (porcinarium). Au moyen de
ces exercices et de la direction qu’ils donnent à leur pensée, ils
parviennent à faire les actes dont nous venons de parler. Leur pouvoir ne
s’étend pas sur l’homme libre, mais il atteint les effets mobiliers, les
bestiaux et les esclaves. Ils désignent ces objets par l’expression les
choses pour lesquelles l’argent a cours, c’est à-dire les diverses espèces
de propriétés qui peuvent se vendre et s’acheter. Je tiens ces
renseignements de quelques-uns de ceux que j’ai interrogés. Leurs actes
sont manifestes et réels ; en ayant vu un grand nombre, je ne conserve
pas le moindre doute à cet égard. Voilà pour ce qui regarde la magie, les
talismans et leur influence sur les choses de ce monde.
62
Voici, selon les philosophes, comment la magie se distingue de l’art
talismanique : le magicien n’a pas besoin, dans ses opérations, d’un
secours (extérieur), tandis que le talismaniste est obligé de se faire aider
par les spiritualités des astres, les vertus occultes des nombres, les
qualités essentielles des êtres et les positions de la sphère céleste, qui,
selon les astrologues, exercent des influences sur le monde des éléments.
« Dans la magie, disent ils encore, c’est un esprit qui s’unit à un autre, et
dans l’art talismanique, c’est un esprit qui s’unit à un corps. » Par ces
mots, ils donnent à entendre que les natures supérieures et célestes se
lient avec les natures inférieures. Les natures supérieures, ce sont les
spiritualités des astres ; aussi, les personnes qui composent des talismans
ont elles ordinairement recours aux pratiques de l’astrologie.
On trouve quelquefois chez les Soufis qui opèrent des prodiges par la
faveur de Dieu, la faculté d’exercer une influence sur les choses de ce
monde, influence qu’il ne faut pas confondre avec la magie. Elle se
manifeste avec le concours de la divinité, vu que la profession et la voie
(ou pratique) du soufisme est un reste et une suite du prophétisme. Dieu
accorde aux Soufis un abondant secours ; il les aide selon la hauteur
qu’ils ont atteinte dans la vie mystique, selon l’intensité de leur foi et leur
63
attachement à la parole divine. Si quelqu’un d’entre eux avait le pouvoir
de mal faire, il ne l’exercerait pas : soit qu’il agisse, soit qu’il s’abstienne,
il est lié par l’ordre de Dieu. Le Soufi ne fait jamais rien sans en avoir
reçu l’autorisation ; s’il agissait autrement, il s’écarterait du sentier de la
vérité et, décherait très probablement du degré de spiritualisme auquel il
était parvenu.
64
nuisibles, la magie, par exemple, qui produit réellement le mal ; l’art des
talismans, dont les effets sont identiques avec ceux de la magie ; et
l’astrologie, art dangereux par son caractère parce qu’il enseigne à croire
aux influences (des astres) et porte atteinte aux dogmes de la foi en
attribuant les événements (de ce monde) à un autre que Dieu. Toutes ces
pratiques sont condamnées par la loi à cause de leur affinité avec le mal.
Quant aux actes qui ne nous intéressent pas et qui ne renferment rien de
mal, l’homme qui s’en abstient ne s’éloigne pas de la faveur divine : le
meilleur témoignage qu’on puisse donner de sa soumission à la volonté
de Dieu, c’est de s’abstenir des actes qu’on n’a aucun intérêt à accomplir.
La loi a donc rangé la magie, les talismans et les prestiges dans une seule
catégorie, à cause du mal qui leur est inhérent ; elle les a spécialement
défendus et condamnés.
Les effets produits par le mauvais œil se rangent parmi les impressions
qui résultent de l’influence de l’âme. Ils procèdent de l’âme de l’individu
doué de la faculté du mauvais œil et ont lieu quand il voit une qualité ou
un objet dont l’aspect lui fait plaisir. Son admiration devient si forte
qu’elle fait naître chez lui un sentiment d’envie joint au désir d’enlever
cette qualité ou cet objet à celui qui le possède. Alors paraissent les effets
pernicieux de cette faculté, c’est à-dire du mauvais œil, faculté innée, qui
65
tient à l’organisation de l’individu. Ces effets diffèrent de tous les autres
qui se produisent par l’influence de l’âme : ils dérivent d’une faculté
innée qui ne reste pas inerte, qui n’obéit pas à la volonté de celui qui la
possède, et qui ne s’acquiert pas. Les autres impressions produites par
l’âme dépendent de la volonté de celui qui les opère, bien qu’elles
procèdent d’une faculté non acquise (c’est à-dire innée). La disposition
innée (de l’individu) est (donc) capable de produire certaines
impressions, mais elle n’est pas (toujours) la puissance qui les effectue.
Voilà pourquoi l’homme dont le mauvais œil a causé la mort de
quelqu’un n’encourt pas la peine capitale, tandis que celui qui ôte la vie à
son semblable par l’emploi de la magie ou des talismans est condamné
au dernier supplice. En effet, un malheur causé par le mauvais œil ne
provient pas de l’intention de l’individu, ni de sa volonté, ni même de sa
négligence ; cet homme est formé par la nature de manière que ces
impressions procèdent de lui (sans le concours de sa volonté). Au reste,
Dieu le Très Haut en sait plus que nous.
P.-S.
Notes
[1] On sait que les Arabes représentent quelquefois les nombres par des
lettres de l’alphabet. Dans un de leurs systèmes, celui qu’on a suivi ici, la
lettre ﺮvaut 200, ﻚvaut 20, 80 ﻒet 4 ﺪ.
[2] Les parties aliquotes de 220 sont 110, 55, 44, 22, 20, 11, 10, 5, 4, 2 et 1.
La somme de ces nombres est 284. Les parties aliquotes de 284 sont : 142,
71, 4, 2 et 1. Ces nombres additionnés donnent 220. Thabet Ibn Corra fut
le premier qui signala cette propriété de certains nombres ; Descartes en
a parlé et Euler y a consacré un traité spécial dans son recueil intitulé
Opuscula varii argamenti, t. II. M. Wœpcke a abordé le même sujet dans
le Journal asiatique d’octobre novembre 1852
66
[4] Vénus est dans son exaltation et jouit de toute son influence quand
elle est dans le vingt-septième degré du Poisson.
[6] Le mot hind s’emploie dans le dialecte arabe marocain pour désigner
l’acier. Le mot asbâ signifie doigt. Je ne sais à quelle substance les
alchimistes ont donné le nom de hind asbâ. Il désigne peut-être l’espèce
d’acier indien qui, dans le commerce, s’appelle wootz.
[8] Le mot « ﻖﻓﻮouifk », que je rends ici par amulette, désigne plus
particulièrement ces tableaux numériques qui s’appellent carrés
magiques. Chacune des sept planètes avait son ouifk particulier. Le
Chems el Maaref d’El Bouni fournit un grand nombre d’indications sur
cette matière et sur les procédés de la magie.
[9] Le soleil est dans son exaltation quand il entre dans le dix-neuvième
degré du Bélier. Les équivalents français des termes astrologiques
employés dans ce chapitre m’ont été fournis par l’ouvrage intitulé
l’Usage des Ephémérides par Villon, 2 vol. petit in 8°, Paris, 1624.
[10] Ces mots sont persans et signifient l’étendard de Gavé, forgeron qui
délivra la Perse de la tyrannie de Zohâk. (Voy. les mots Dirfech et Gao
dans la Bibliothèque orientale de d’Herbelot.)
67
La magie et la science des talismans
« Les Mages nous ont transmis les sceaux et les nombres des sept planètes que
l’on appelle aussi tables sacrées, car elles possèdent de grandes et nombreuses
vertus célestes dans la mesure où elles représentent l’harmonie des nombres
célestes. Ces nombres, nous l’avons vu, sont communiqués aux choses célestes
par l’esprit divin au moyen de l’âme du monde. Il faut y ajouter l’harmonie
parfaite des rayons célestes qui descendent, captés par les signes, les nombres ou
proportions attribués aux Intelligences célestes. Cette harmonie ne peut
s’exprimer que par des chiffres et des caractères. En effet, la représentation
matérielle des nombres et des signes n’est rien d’autre dans les mystères des
choses cachées que la représentation des figures et des nombres essentiels qui
68
dirigent et forment les choses à partir des nombres divins par l’intermédiaire des
Intelligences.
Ces signes contribuent à unir la matière à l’esprit et à l’âme pourvu qu’elle soit
animée d’une forte volonté et d’une grande concentration. Ainsi, par la vertu de
l’opération des corps célestes, il est possible d’arriver à Dieu à travers l’âme de
l’univers et les aspects célestes. Il est possible de fixer cette énergie sur une
matière de forme convenable, préparée selon les règles de la science et de l’art
magiques » .
Le carré de Saturne.
Agrippa nous dit : « La première est la table de Saturne, c’est un carré divisé
en trois colonnes contenant trois nombres dans chaque colonne et en trois
registres horizontaux. Ces nombres ont la propriété de donner toujours une
somme égale à quinze, quel que soit le sens dans lequel on les additionne. Leur
somme totale est de quarante-cinq. Les noms formés par ces nombres font partie
des noms divins avec une Intelligence pour le bien et un génie pour le mal ».
69
Noms divins correspondant au nombre de Saturne tels que donnés par
Agrippa :
70
Les Sceaux ou Caractères de Saturne.
Sceau de Saturne
Le carré de Jupiter.
71
Noms divins correspondant au nombre de Jupiter
Sceau de Jupiter
72
Le carré de Mars.
5 Hé ( – )הHe=5
73
325 Graphiel Intelligence de Mars ( – )גראפיאלGuimel, Resh, Aleph, Phe,
Yod, Aleph et Lamed = 3+200+1+80+10+1+30=325.
Sceau de Mars
Sommaire
I. Carrés pairs
II. — Carrés impairs
74
Christ. Son traité était édité au Caire à la Librairie commerciale
Mahmoudieh, sans date. Il contenait une solution générale du problème
des carrés magiques ; on sait en effet que ces carrés sont appréciés des
Orientaux comme talismans.
I. Carrés pairs
Les 8 premiers nombres garderont cette position quel que soit le nombre
n des côtés du carré à construire. Dans les 8 autres cases viendront se
placer d’une façon analogue les 8 plus hauts chiffres du carré : n², n²-1,...
n²-7, pris en descendant.
75
Cela fait, on construit la première « enceinte » ou le premier pourtour (le
mot arabe est tauq, collier) qui aura 6 cases de côté. On part de l’angle
supérieur droit où l’on met le 9, nombre impair ; on passe à l’angle
opposé en haut où l’on met ce dernier nombre augmenté du nombre des
cotés de l’enceinte moins 1, soit 9+6-1 ou 14, un pair. On descend à la
case à gauche de l’angle inférieur droit, et l’on y met l’impair qui suit le
9 : 11. On remonte en haut à l’opposé de la case du roi (la voisine du 11)
où l’on inscrit le 13 ; on redescend à l’opposé de la case voisine où l’on
place le 15. (C’est le mouvement de zigzag.) Ainsi l’on continue jusqu’à
ce que les nombres d’impairs placés soit égal an nombre du côté du
pourtour moins 2 : ici 6-2 ou 4 ; pour le second pourtour 8-2 ou 6, etc.
En disposant ainsi les pairs on rencontre celui qui est déjà placé à l’angle
supérieur gauche (ici 14) ; il ne faut pas le répéter : on passe au pair
suivant (16) qui prend sa place dans le zigzag.
76
Les deux derniers nombres à placer donnent lieu à une distinction : « Si
le nombre du pourtour est pair-impair, (6, 10, 14...), tu continues à disposer les
pairs dans le pourtour, à droite et à gauche, jusqu’à ce que tu arrives au dernier
pair à placer, que tu mettras au-dessus du pair précédent, qui est toujours à
droite.
« Si le côté du pourtour est pair-pair (8, 12. 16...) tu places le pair qui suit celui
de la case supérieure gauche dans la case indiquée par le zigzag, qui est toujours
du côté gauche, puis tu mets le pair suivant dans la case voisine au-dessus, sur
ce même côté gauche ; ensuite tu te transportes à l’opposé de la case du roi (la
case voisine à droite. tu y mets le pair suivant puis le suivant dans la case
voisine au-dessus sur ce même côté droit ; s’il te reste des pairs à placer,
tu te transportes à l’opposé de la case du roi, à gauche à la manière
ordinaire, jusqu’à ce que tu en aies placé le nombre du côté du pourtour
(n) moins 2 comme nous l’avons dit.
La méthode pour les carrés impairs est moins nette dans le texte publié
d’el-Bouni, mais il est facile de la rétablir en partant du carré de 3 et en
procédant par la différence de carrés.
77
chiffres supérieurs à 5, on ajoute la différence 25 - 9 ou 16 ; les 3 premiers
chiffres ne sont pas touchés.
78
Deux nombres placés vis-à-vis l’un de l’autre sur un même pourtour
donnent ensemble 101.
79
Le premier pourtour les nombres de 1 à 10 et de 78 à 72.
J’ai appelé cette solution « arabe » parce que je l’ai trouvée dans un livre
arabe ; mais est-elle vraiment d’el-Bouni lui-même ? Je ne le pense pas.
D’abord il ne le prétend pas ; ensuite cet auteur est surtout connu pour
des travaux sur les talismans, la cabbale, les vertus des noms divins ou
d’oraisons diverses : il est peu probable qu’un « spécialiste » de ce genre
ait été capable de résoudre un problème aussi difficile et exigeant une si
rare ingéniosité.
80
persans : skâk, le Roi ; roh-h. la Tour ; ferzâneh, l’intelligent, le sage, chez
nous le fou.
Faut-il aller plus loin H des Persans remonter jusqu’aux Grecs, comme
on a souvent occasion de le faire quand on s’occupe des sciences
orientales ? El-Bouni lui-même semble nous y inviter. Il a des
expressions comme wa gis, et mesure, et compare, à la fin d’une
explication, que l’on trouve dans des traités grecs antiques. Plus
précisément il termine son chapitre sur les carrés magiques par cette
recommandation : « Sache que le mieux est d’écrire ces carré numériques avec
le qalam naturel, car c’est le qalam des sages antérieurs, et tous leurs livres et
toutes leurs œuvres sont tracés avec lui. »
Le mot pour sages est hukama qui s’applique d’ordinaire aux savants de
la Grèce antique ; l’épithète motakaddimount précédents, antérieur, nous
reporte à la même époque. La solution des carrés magiques a dû être
tenue secrète dans quelque société de savants, car à la fin de l’opuscule
on relève cette apostrophe : ajuhâ lakha, ô frère !
Pour les Byzantins, on peut voir le mémoire de Paul Tannery sur Nicolas
Rabdas (t. IV de ses Mémoires).
Carra de Vaux.
1 Message
81
20 janvier 09:19, par bouziane lakhdar
Le carré du Soleil.
82
Noms divins correspondant
au nombre du Soleil
83
666 Sorath Génie du Soleil ( – )סורתSamekh, Vav, Resh et Tav =
60+6+200+400=666.
Sceau du Soleil
Le carré de Vénus.
84
Noms divins correspondant au nombre de Vénus
85
175 Kedemel Génie de Vénus ( – )קדמאלQoph, Daleth, Mem, Aleph et
Lamed = 100+4+40+1+30=175
Sceau de Vénus
86
Les carrés magiques dans la Talismanie d’Agrippa
Le carré de Mercure.
« La sixième table est celle de Mercure consacrée au nombre huit : c’est un carré
divisé en soixante-quatorze cases, les nombres qui y figurent additionnés par
colonne ou par registre donnent deux cent soixante, leur total est de deux mille
quatre-vingts. Des noms divins y correspondent ainsi qu’une Intelligence pour
le bien et un génie pour le mal. De ces nombres l’on peut tirer les caractères de
Mercure et de son génie ».
87
Noms divins correspondant au nombre de Mercure
88
Sceau de Mercure
Le carré de la Lune.
« La septième table est celle de la Lune, c’est un carré basé sur l’ennéade
divisé en quatre-vingt-une cases et portant des nombres qui, additionnés
par colonne ou registre donnent trois cent soixante-neuf : leur somme est
de trois mille trois cent vingt-et-un. Des noms divins lui correspondent
avec une Intelligence pour le bien et un génie pour le mal. De ces
nombres on peut tirer les caractères de la Lune et de son esprit ».
89
90
Noms divins correspondant au nombre de la Lune
91
91+1822+74+216+1018=3221. Une remarque est ici nécessaire. Notre
résultat est de 3221 au lieu de 3321. Il nous faut examiner le manuscrit
d’Agrippa pour comprendre. Il nous donne « Malkha betharsiSim hed
beruah shehakim » que nous avons rendu fidèlement en hébreu ci-
dessus. Cependant, si nous regardons de plus près la version en lettres
hébraïques donnée par Agrippa nous lisons : שחקים ברוח עד בתרשיתים מלכא.
Nous lisons donc BetharshiTim en lieu et place de betharsisim. En
remplaçant le Shin par un Tav nous obtenons alors bien le résultat de
3321. Nous ne pouvons déterminer ici s’il s’agit d’une erreur volontaire
ou non de la part d’Agrippa.
Sceau de la Lune
92
Sceau du Génie des Génies : SCHEDBARSCHEMOTH SCHARTATHAN
Cet article est issu de l’ouvrage Les Carrés Magiques dans la Talismanie
d’Agrippa disponible à l’achat :
93
artificiels sur chaque support. En tout, cela fait douze nœuds, le nombre
du feuillet.
94
la charmeuse Maïa, si éblouissante dans l’éclat de sa parure mensongère,
et si désirable aux : hommes dans l’imposture de sa souriante beauté !
C’est l’adepte parfait que nous peignons lu, l’être surhumain qui,
parvenu au sommet du triangle de sapience, n’a plus rien à recevoir de la
terre, mais peut avoir encore beaucoup à lui donner : ce que figurent les
pièces d’argent, tombant en pluie sur le sol. Ses bras, liés pour le mal,
sont encore libres pour la bienfaisance et l’amour.
La Roue du Devenir
L’Équilibre et son Agent
La Force
Chapitre IV
La volonté ! Le Tarot des bohémiens porte inscrit, sur son feuillet onze, le
simple et majestueux emblème de cette déesse.
On y voit une jeune fille, debout dans les plis d’un manteau d’apparat, et
coiffée du signe cyclique de la Vie universelle, dompter sans le moindre
effort un lion en fureur, dont elle clôt des deux mains la gueule
rugissante. Sur son, visage transparaît la sérénité de la Force consciente
d’elle-même ; l’attitude est si calme qu’on y lirait l’indolence, si la virilité
de l’acte n’infligeait un démenti à l’expression placide des traits.
Son genou fait saillie sous la robe, il semble ployé1. Cet indice donne à
penser que l’hiéroglyphe original la peignait assise. Sans doute un cartier
malhabile, reproduisant l’emblème primitif, aura cru pouvoir supprimer
95
le fauteuil, sans prendre soin de redresser entièrement la posture du su-
jet.
96
Qui ne connaît, au moins de nom, ce perruquier gendelettres,
contemporain de Mesmer et de Cagliostro ? Peu enthousiaste de son
gagne-pain cosmétique, il s’en élut un autre, et cultiva fructueusement
les hautes sciences, en particulier celle du Tarot, que le savant Court de
Gébelin venait de mettre à la mode : bref, le digne coiffeur, qui se nom-
mait tout simplement Alliette, s’établit astrologue, devin et philosophe
hermétique, sous son nom inversé d’Etteilla. Il ne manquait ni de
clairvoyance naturelle, ni d’une certaine érudition tumultueuse et mal
digérée. En son domicile de la rue de l’Oseille, au Marais, Etteilla,
« professeur d’Algèbre (comme il s’intitulait), astrophilastre et
restaurateur de la cartomancie pratiquée chez les Égyptiens, » donna,
moyennant salaire honnête, des consultations et des leçons particulières.
La vogue lui fut bientôt acquise ; il fit fortune et roula carrosse. Mal-
heureusement, il se mêla d’écrire, et ses œuvres, — qu’on réunit
d’ordinaire en deux forts volumes, ornés de figures en taille douce, — ne
donnent pas l’idée de ce que pouvaient être ces fameuses consultations
divinatoires, qui ont fait courir tout Paris. — Doué d’une perspicacité
peu commune, et d’une grande aisance dans le maniement des nombres
et des figures, il étonnait chez lui, le crayon ou le compas à la main,
parmi les bizarreries de ses diagrammes et le bariolage de ses tarots.
Mais l’illusion tombe, en face de son œuvre écrite. Cette pénible
compilation, sans ordre ni clarté, trahit le, manque d’instruction
première et ne soutient pas la lecture... Etteilla fit pis encore : il publia
une édition expurgée du Tarot ! On peut dire que la fantaisie laborieuse
mais biscornue de ce singulier correcteur a bouleversé de fond en comble
les arcanes du Livre de Thoth, intervertissant l’ordre des lames, et
parfois substituant aux vieux symboles magiques les caprices d’une
imagination superlativement brouillonne et déréglée. Une fois ou deux,
néanmoins, il a rencontré juste, — et c’est, en vérité, le cas du feuillet qui
nous occupe.
Le lion, qui symbolise ces dernières, figure aussi leur milieu nourricier,
la lumière astrale, dont il est un des plus antiques hiéroglyphes. À ce
point de vue, le pentacle exprime l’empire qu’exerce la Volonté sur les
fluides hyperphysiques, les Esprits élémentaires et les Lémures qui
hantent la région sans limite.
97
L’apocryphe des Oracles de Zoroastre, que nous avons déjà cité, à
propos des mirages errants, désigne le lion comme la figure synthétique
en quoi se résument, quand le voyant prolonge son extase, toutes les
Puissances hallucinantes du royaume astral. « Cernes omnia leonem2 »,
dit le texte latin.
98
Ces choses remémorées succinctement, car le Lecteur les connaît déjà,
notifions encore ce fait que nous atteste l’unanimité des traditions
sacerdotales : qu’en la sphère d’Eden, avant la chute, la volonté d’Adam-
Eve était créatrice, sans restriction ni tempérament à ce pouvoir quasi-
divin. L’homme universel exerçait la souveraineté dans toute l’étendue
de l’enceinte organique dont il occupait le centre ; il y régnait au même
titre que les autres dieux, — consubstantiels au Verbe comme lui, — ré-
gnaient chacun dans sa sphère propre ; au même titre enfin, s’il le faut
dire, que ce Verbe divin lui-même régnait au plérôme intégral de la
Divinité.
La Roue du Devenir
Chapitre III
Plus bas, une vaste roue, entée sur un axe mobile, que deux supports
maintiennent à la hauteur voulue.
99
Tel est l’admirable emblème que nous présente la dixième lame du Livre
de Thoth.
100
Typhon, descendant à gauche, symbolise l’exode involutif des sous-
multiples verbaux, qui sombrent dans la matière, entraînés au poids de
leur chute, et qui donnent ainsi le branle à la grande roue du Devenir.
Au point de vue du total Cosmos, envisagé non plus dans les principes
de sa genèse, mais dans le fait de son gouvernement et les ressorts de son
déterminisme occulte, notre pentacle ne sera pas moins significatif : le
sphinx deviendra l’emblème de la Providence, le cynocéphale, celui de la
Volonté, et le démon celui du Destin.
101
correspondances non moins essentielles. Que si nous passons en effet de
la Cosmogonie à l’Ontologie, la dixième clef du Tarot nous révélera la
constitution ternaire de tout être : Esprit, Âme, Corps.
Mais c’est loin d’être tout. — Nous sommes amené à faire connaître ici
les principes d’un système de polarisation double et sextuple, applicable
à tous les êtres vivants, depuis les Puissances constitutives de l’Univers
envisagé comme tel, jusqu’au plus humble exemplaire individuel qu’on
veuille choisir, soit chez l’homme, soit même dans la série animale4.
Cette loi d’universelle polarisation des êtres constitue l’un des arcanes
les plus occultes de la Magie. Sa révélation précise s’adresse aux seuls
initiés... C’est un joyau qu’on détache en leur faveur de cet écrin
magnifique où l’Antiquité sacerdotale entassa les trésors de son
ésotérisme : profonde réserve scientifique du passé, où l’avenir peut
longtemps puiser à mains pleines, sans nul risque d’en tarir les richesses.
Nous ne sachions pas que cette théorie ait jamais été divulguée. Le
docteur Adrien Péladan lui-même n’en fait pas mention dans son livre
génial de l’Anatomie homologique5. Du moins est-il certain qu’il la
connaissait. Joséphin Péladan transcrit en effet, dans l’introduction qu’il
a mise en tête du livre posthume de son frère, une page très remarquable
d’une brochure antérieure, où le docteur Adrien fait une allusion directe
à la loi de polarité cérébro-sexuelle, et déduit ingénieusement l’une de
102
ses conséquences. Quant aux autres ouvrages du même genre que nous
avons pu consulter, il ne s’y trouve pas vestige de cette théorie.
103
positif pour la poitrine, et la main quelquefois négative pour le pied,
quelquefois positive.
Chapitre I
104
l’élaborer et de la condenser en d’éphémères modes de matière
diversement spécifiée, vivante et protéenne à l’infini).
Ce mystérieux agent compte ses noms par centaines. — C’est, au dire des
Kabbalistes, le serpent fluidique d’Asiah. — Les vieux platoniciens y
voyaient l’âme physique du monde, qui tient enclose la semence de tous
les êtres, et les Gnostiques Valentiniens le personnifiaient en Démiurge,
« l’ouvrier inconscient des mondes d’en bas ». — Au gré des
hermétiques, c’est, suivant le point de vue, la ), ouQuintessence des
éléments, l’Azoth des Sages (ou 3 fécondé par encore le Feu Secret,
vivant et philosophal. — C’est, pour les magiciens, l’Intermédiaire des
deux natures ; c’est le Médiateur convertible, indifférent au Bien comme
au Mal, et qu’une volonté ferme peut plier à l’un comme à l’autre. —
C’est le diable enfin, si l’on veut ; c’est-à-dire la Force substantielle que
les sorciers mettent en œuvre pour leurs maléfices.
105
Il a la peau d’un rôt qui brûle,
Le front cornu,
Le nez fait comme une virgule,
Le pied crochu,
Le fuseau dont filoit Hercule
Noir et tordu,
Et, pour comble de ridicule,
La queue au cu.
Notes
[2] Le français n’étant pas une langue sacrée, la plupart des mots de cet
idiome sont arbitrairement dévolus aux genres masculin ou féminin ; or
le hasard et l’intuition vague ne peuvent toujours tomber juste. Il ne faut
donc pas trop s’étonner qu’il soit question des noces de la Sagesse et de
l’Intelligence, et plus bas, de l’union féconde de la Miséricorde et de la
Justice. Ce sont là termes kabbalistiques. Or, dans la classification des
ternaires séphirothiques polarisés, que nous visons en ce passage,
Hochmah, חכמה, (la Sagesse) est marquée du signe mâle et positif, comme
aussi Hesed ( חסדla Miséricorde) ; — et ce, par opposition à Binah, בינה
(l’Intelligence) et à Geburah ( גבורמla Rigueur, la Justice), qui sont
marquées du signe féminin et négatif. (Voir n’importe quel traité de
Kabbale).
[3] Ésotériquement, Hylé, Υλη,veut pas dire matière brute, sens très
restreint qui lui est vulgairement dévolu. — Hylé des philosophes grecs,
et des rabbins initiés, signifie : substance en fermentation, matière subtile
en travail. (Consulter Fabre d’Olivet, La Lang. hébr. rest., II, 77 ; —
Drach : l’Harmonie entre l’Église et la Synagogue, I. 56 — et l’Hist. du
Manichéisme de Beausobre, II, 268).
L’Ermite
106
La neuvième clef du Tarot ouvre à l’intelligence affranchie les mystères
de la solitude.
107
Cet homme vit seul d’habitude. Redouté des uns, bafoué des autres,
odieux à tous, la vie commune lui est un supplice ; il s’en affranchit le
plus qu’il peut.
Les paysans vénéraient Gassendi, connu pour ses bienfaits dans tout le
pays d’alentour. Ils n’eurent garde de rien objecter à cet ordre, et quand
ils se furent retirés :
— Fais ton choix, dit Gassendi : tu vas tout avouer et je te baille la clef
des champs. Si tu refuses, la justice aura son cours...
108
L’homme, tout tremblant d’une si chaude alerte, ne témoigna nul goût à
lier connaissance avec Nosseigneurs du Parlement : on brûlait encore, à
cette époque-là, pour crime de sorcellerie. Il commença donc, sans
hésiter, la plus étrange confession.
Qu’à cela ne tienne, mon maître ! J’y dois aller ce soir-même ; nous
cheminerons de compagnie.
109
reconnu grand clerc, pour vous avoir, dès la première fois, concédé
l’insigne honneur de lui baiser le derrière...
110
Partout où la perversité corrode les pauvres âmes jusqu’à dissoudre les
liens intimes de solidarité qui les rattachent l’une à l’autre ; partout où le
scepticisme déprave les consciences, jusqu’à confondre en elles les
notions du juste et de l’injuste, - en vérité, Satan est là sous la forme
psychique : l’Egoïsme.
Le Diable
Tiré du Temple de Satan de Stanislas de Guaita.
111
lointaine qu’il prend pour la lampe du seuil n’est que le reflet anticipé du
bûcher d’expiation.
112
La suite du chapitre en document Adobe Acrobat PDF :
Salut,
Amitiés
Spartakus
Répondre à ce message
113
Temple de Satan - Chapitre III - Le Serpent de la Genèse
Mais après la synthèse, dont le rôle est de noyer les détails dans
l’harmonieuse fusion d’une vue d’ensemble, doit venir l’analyse qui,
ramenant ces objets divers l’un après l’autre au premier plan, restitue à
leurs contours la fermeté, le trait ; à leurs surfaces, la variété des teintes
qui les nuancent... Bref, nous avons dû réserver pour cette heure
l’examen des sortilèges par le menu et la spécification scrupuleuse des
rites usuels au magicien noir.
Ce n’est point lecture folâtre que celle d’un Rituel, - et résumer le rituel
du plus triste des pontifes, telle est, en somme, notre tâche présente.
Faisons des vœux pour que la bienveillante attention du public ne se
lasse pas trop à l’implacable monotonie d’une telle nomenclature. Du
moins tâcherons-nous d’en rompre l’ennui didactique, au hasard de
quelques anecdotes.
114
Est-il besoin de rappeler que nous répudions pour l’instant tout
commentaire explicatif ? La Clef de la Magie noire (1) ouvrira pour nous
ces arcanes : nous distinguerons alors ce qu’il peut y avoir de réel et de
terrible dans le pouvoir presque illimité que le consensus unanime des
peuples a prêté constamment aux sinistres praticiens de la Goëtie ; la
raison d’être de ce pouvoir nous sera révélée en même temps que le
mécanisme de ses effets.
II semble que d’ici là, toute réserve s’impose à lui. Il n’en saurait être de
même pour l’écrivain, dont le premier devoir est de sacrifier la logique
même de son plan à l’intérêt et sur toutes choses à la clarté.
Voter
115
A l’heure où nous traçons ces lignes, le monde intellectuel est en plein
désarroi. Le triomphe de la pire épidémie - l’Agnosticisme - se laisse
augurer par trois symptômes alarmants entre tous : le délire de
l’irrespect, la monomanie du relatif et la fièvre de l’individualisme.
116
Spinosa l’a magnifiquement définie, en disant qu’elle envisage les objets
sous un caractère d’éternité.
Ainsi, le Futur s’alimente du Passé ; ainsi notre Mère Céleste fait germer
et fleurir la vie incorruptible sur le fumier de la mort - terreau fertile et
qu’engraisse l’universelle voirie des existences éphémères, accumulées-
de jour en jour.
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UN dernier mot aux curieux de la Magie noire. Penchés avec nous sur
l’abîme, dont ils ont pu saisir l’escarpement et sonder la nuit
vertigineuse, peut-être n’ont-ils pas vu sans surprise s’épanouir, sur-les
bords et jusque dans la ravine qui mène au gouffre, certaines fleurs
d’une beauté sauvage et fatale, d’un capiteux et troublant parfum...
Ignorent-ils que le Mal a sa poésie ? - Du mystère d’abomination même
se dégage un idéal fantastique, attrayant et funeste, où plusieurs se sont
laissés séduire de tout temps.
117
Que les curieux y prennent garde ! C’est là le grand péril des excursions
excentriques, dans les mondes interdits aux caprices profanes. Qui
s’aventure sans guide sur la piste des émotions inédites foule déjà le
sentier de sa perdition prochaine : tout, autour de lui, conspire sa ruine
et la présage. Sur la porte qu’il va franchir, Dante aurait pu graver le
tercet menaçant de l’Inferno :
Tels, il est vrai, ne demandent à la Sorcellerie que le charme d’art qui lui
est inhérent (2) : pour ceux-là, bien moindre est le danger. Ils s’en
tiennent au pittoresque assez superficiel du Grimoire ; leur dent ne mord
qu’à l’écorce du fruit défendu.
118
et les yeux perdus dans l’azur de son rêve ! Les initiés savent pourquoi
l’inconscience est l’élément propre de Satan-Panthée, le point central où -
fatalement - l’inflexible, logique de la Goëtie ramène ses fidèles directs
ou indirects, ses sectateurs de faits ou d’intention. Que si l’on nous
invitait à préciser par quels symptômes se manifeste, chez les adeptes de
la Goëtie - conscients ou non - ce processus vers l’inconscience, nous
répondions qu’il se décèle d’abord par l’abolition des facultés logiques ;
par le prosélytisme des philo-phies négatives du libre arbitre et de
l’immortalité ; enfin, après la mort, par la rétrogression vers les formes
les plus infimes de la nature élémentaire.
Le satanisme pur, avoué, voulu et militant (si l’on peut dire), est un mal
d’exception. Les Gilles de Laval, les David de Louviers, les chanoines
Docre (1) sont très rares, Dieu merci ! Mais les cas de sorcellerie indirecte
ne se nombrent pas.
Fleurs de l’abime
Cet article est écrit sous la forme d’une plaisanterie, comme une sorte de
checklist de sociologie basée sur un ordre magique, plutôt qu’une société
secrète au sens large. Il est à noter que cet article est basé sur une
véritable Organisation de Training Occulte qui existe dans le milieu de la
magie. Mais ils ont tendance à intenter des procès…
Sommaire
De quoi une société secrète
Comment une société secrète
Pourquoi certains groupes (...)
Qu’est-ce qui peut causer (...)
Un société secrète est-elle
Quelle est la relation de (...)
Quel est le but premier (...)
119
De quoi une société secrète est-elle constituée ?
120
contrôle effectif ou que les dirigés ont une volonté collective
suffisamment forte, alors, le changement se produira. Lent, le
changement pacifique est évolutionnaire ; soudain, le changement
violent est révolutionnaire. Des batailles juridiques pour les copyrights
des rituels, des diffamations, des calomnies, des guerres magiques & des
bagarres de rues sont tout aussi possibles.
121
Machiavel avait raison : (Un prince,) « doit examiner en profondeur
toutes les peines qu’il peut être nécessaire d’infliger, & de les infliger
toutes en un seul coup afin de ne point avoir à les répéter journellement,
& donc en ne brusquant pas les hommes il sera capable de les rassurer &
de se les gagner à sa propre personne pour son bénéfice. »
Réciproquement, John Stuart Mill qui n’aurait jamais pu diriger un
groupe de tricot, si ce n’est un groupe magique : « l’individu n’est pas
redevable à la société de ses actions pour autant qu’elles ne concernent
que ses propres intérêts. Des avis, des instructions, de la persuasion & la
mise à l’écart par les autres personnes si cela leur semble nécessaire pour
leur propre bien, sont les seules mesures par lesquelles la société peut
exprimer de manière justifiable sa désapprobation ou son aversion de sa
conduite. »
122
& (sur une base journalière) immuable peut modeler les individus. Ceci
n’est pas une nouvelle perspective, plus de 2000 ans avant Durkheim,
Aristote était arrivé aux mêmes conclusions au sujet des besoins du
groupe : « Toutes les communautés sont comme des parties de la
communauté politique... on croit également que les associations
politiques ont été constituées & continuent à être en activité pour le bien
de tous, car c’est cela que les légistes ont pour objet, & le peuple dit que
ce qui est pour le bien commun est juste. »
La principale implication est qu’une société secrète est une « chose » très
statique avec des séparations entre elle & les individus ; d’où il y a peu
de chance que quelqu’un puisse avoir un impact sur elle... au pire cela se
résume à une science de l’inaction & à des attentes réduites. Comme avec
toutes théories sociétales, une grande part dépend de l’opérateur qui le
premier les a mises en application ; peut-être que les russes ont été
malchanceux d’avoir Staline comme développeur du marxisme de la
même manière que l’Aube Dorée avait à la fois Mathers & Yeats en
compétition, quand advint Crowley. D’une certaine manière, il y a des
corollaires avec le voyage inaugural du Titanic ; un navire similairement
insubmersible & un ensemble similaire de formidables moyens de
libération pour la majorité de l’humanité. Et un résultat similaire dans
tous les cas.
P.-S.
BÉLIER
123
Zodiaque. Le premier signe est le Bélier ; onze autres le suivent dans
l’ordre suivant :
Ces quatre métaux doivent être fondus ensemble, le Soleil entrant dans
le Bélier - cela arrive le dix mars - au point d’entrée du Soleil ; il faut
opérer la fusion avec un feu puissant et fort. II est nécessaire que les
métaux soient réduits en limaille, autrement leur liquéfaction s’opérerait
moins bien. Toutes les matières fondues et préparées, le jour de Mars, la
Lune dans le signe du Bélier (ce qui n’arrive qu’une fois) aux environs
du neuvième ou dixième degré du Bélier, il faut graver et achever ce
sceau dans la même heure, et le suspendre enfin quand Mars se trouve le
neuvième jour du domicile céleste dans le huitième ciel. Ce sont les sceau
et caractères ci-dessus.
TAUREAU
124
Ces métaux doivent être réunis et liquéfiés ensemble, à l’entrée du Soleil
dans le Taureau, chaque année aux environs du 8 d’avril. Il faut le faire
directement à l’entrée du Soleil dans ce signe. Au même instant, il faut
avoir commencé, gravé et entièrement achevé ce sceau. Autrement, il
serait sans efficacité. La Lune dans 10° du Taureau, c’est l’heure de
suspendre ce sceau. Il faut fabriquer des matrices de fer semblables à
celles dont on se sert pour frapper les monnaies. Sur ces matrices seront
gravés les signes qui conviennent : c’est afin que, de suite après la fonte
du sceau, en quelque sorte sur le moment, l’on puisse imprimer les
caractères ci-dessous prescrits. De la sorte, l’œuvre avance plus vite. On
peut faire de même pour les autres sceaux. Les heures, en effet, coulent
quelquefois trop rapidement pour pouvoir préparer les sceaux. D’où
résulte un grave inconvénient : il faut tenir compte que le moment précis
est d’une très grande efficacité en ces matières.
Figure :
GÉMEAUX
125
ensemble, à l’entrée du Soleil dans le signe des Gémeaux, suivant
l’année, vers le 10e ou 11e de mai, date qui peut varier. On fera donc
attention à la condition (astrologique) de l’année, pour l’exécuter
efficacement. Tu graveras les signes et les caractères suivants, quand la
Lune traversera le signe du Lion et des Poissons.
CANCER
126
LION
Le sceau du Lion se fait d’or pur et fin pendant le seul mois de juillet et,
quand le Soleil entre dans sa propre maison, à savoir celle du Lion et
vers le 13e ou 14e du dit mois : il convient toutefois de le fondre dans le
premier degré dudit signe et dans la même heure. Puis, la planète Jupiter
étant dans sa propre maison, à savoir dans les Poissons, ces figures
doivent être gravées d’un seul côté. Mais, dans ce cas, la signature de
l’autre côté doit être faite, la Lune versant dans la maison de , savoir les
Poissons. Il convient d’y veiller avec soin afin de ne pas remettre de
nouveau au feu le sceau après la fusion. Autrement les opérations et le
travail seront inutiles.
LA VIERGE
127
de la Vierge, et à battre au marteau en lame mince à la même heure, de
suite après la fusion. S’il y a un bon aspect de Mercure avec quelque
autre des Planètes et que, de plus, ce soit son heure selon l’indice des
heures inégales des Planètes dans le ciel, tu graveras sur le sceau susdit
ces figures et ces noms, de telle façon que cela soit achevé dans la même
heure.
LA BALANCE
128
Ce sceau est fort efficace contre toutes incantations féminines qui
enlèvent aux hommes leur virilité. Il sert même contre toutes maladies
des parties honteuses, etc.
SCORPION
129
LE SAGITTAIRE
CAPRICORNE
Ce signe nous met en rapport avec Saturne, et son sceau se fait avec de
l’or. Le plomb ne donne aucune puissance d’opération aux autres
métaux. L’anneau doit être de cuivre.
130
Ce sceau guérit totalement - c’est certain - ce qu’on appelle un lupus aux
jambes. Les anciens l’ont ignoré : ils tenaient pour assuré qu’il n’y avait
aucun remède contre cette maladie, et pourtant il était un remède assuré
en dehors de tout autre.
VERSEAU
POISSONS
131
La même heure doit le voir fondre et apprêter. Puis, quand Jupiter est
favorable dans la huitième maison du ciel, on suspendra ce sceau au jour
et à l’heure de Jupiter. Cet objet est d’une très grande efficacité pour
réprimer et dompter la colère, qui occasionne les Paralysies, l’Apoplexie,
la Colique et autres maladies. Le port de ce sceau détourne toutes ces
choses, chez l’homme comme chez la femme. Il adoucit la goutte, le
spasme et les autres douleurs des pieds.
132
Hiérarchie
• Le Turcopolier.
• Le Sous-Maréchal.
• Le Gonfanonier.
133
à la chapelle où ils prient jusqu’au lever du soleil. Au matin, le
Commandeur de l’Élection et son adjoint désignent deux autres Frères.
Ils élisent alors deux autres Frères et ainsi de suite jusqu’au nombre de
12 (en rappel des Apôtres) puis un treizième qui doit être un chapelain
de l’Ordre. Parmi ce Chapitre, il doit y avoir 8 Chevaliers et 4 Sergents.
Les treize électeurs se retirent et quand l’accord semble se faire sur deux
noms, le Commandeur met aux voix et c’est celui qui recueille la majorité
qui est désigné en tant que nouveau Maître de l’Ordre.
134
1.4. Liste des Grands-Maîtres
1. Hugues de Payens
2. Robert le Bourgignon
4. Bernard de Tramelay
135
5. Bertrand de Blanquefort
6. Philippe de Napelouse
7. Odon de Saint-Amand
8. Arnaud de Toroge
Jean Bricaud, né le 11 février 1881 à Neuville sur Ain, a été élevé dans un
séminaire catholique où il étudia pour devenir prêtre, mais il renonça à
sa poursuite religieuse conventionnelle dès l’âge de 16 ans pour suivre la
136
voie de l’occultisme mystique. Il s’impliqua dans divers mouvements
chrétiens et rencontra Papus en 1899 pour entrer ensuite dans son Ordre
Martiniste.
137
Martiniste. Doinel était un Martiniste,
Bricaud était un Martiniste, mais Fabre des Essarts ne l’était pas. Bricaud,
Fugairon et Encausse, dans une première tentative, nommèrent leur
branche de l’Église « l’Église Catholique Gnostique ». On l’annonça
comme la fusion de trois églises « gnostiques » existantes en France :
l’Église Gnostique de Doinel, l’Église Carmélite de Vintras et l’Église
Johannite de Fabré-Palaprat.
138
sorties les différentes religions, d’établir et de répandre une Religion conforme à
la tradition universelle et par là véritablement catholique.
Basée, d’une part, sur la tradition universelle (de tous les peuples civilisés) et
non pas seulement sur la tradition hébraïque de la bible, et, d’autre part sur la
philosophie et la science moderne, ses vérités ne se présentent pas comme objets
de foi, mais comme objets de démonstration philosophique et scientifique ; elle ne
s’adresse qu’à la raison qui est la même chez tous les hommes.
L’Église Gnostique est large et tolérante. Elle respecte les coutumes et les lois de
tous les peuples, ce qui lui permet d’admettre tous les hommes, de toutes
nationalités, de toutes langues, de toutes races, nés et élevés dans n’importe
quelle religion.
Elle recommande à ses adeptes que dans toutes les circonstances de la vie, ils se
prêtent un mutuel appui et se traitent en frères.
ADMISSION
Pour être reçu membre de l’Église Gnostique (section exotérique) il suffit d’en
faire la demande à la direction du RÉVEIL GNOSTIQUE, 8, rue Bugeaud, à
LYON.
Joanny Bricaud
139
Le « Réveil gnostique » paraissait tous les deux mois. C’est dans sa revue
qu’il donne une version assez étonnante quant à l’originalité de son
Église : « Nous devons dire aussi que nous ne sommes en aucune façon le
successeur de S.G. Doinel qui sous le nom mystique de Valentin II tenta de
rénover une Église gnostique Néo-valentinienne. Nous n’avons jamais connu le
patriarche Valentin II. Sa tentative de rénovation Valentinienne ne donna pas
de résultat pratique et fut en grande partie désorganisée par suite de sa
conversion à l’Église romaine... Quant à l’Église Gnostique Universelle
(catholique gnostique), qui date de trois ans à peine, elle n’a par conséquent
jamais eu aucun rapport avec l’ancienne Église Néo-Valentinienne. » Voilà
donc, prenons acte, l’Église de Bricaud est originale et se démarque ainsi
de Doinel et de sa filiation spirite.
140
Archon terrestre, et ainsi de permettre notre retour au monde
pneumatique notre patrie, comme lui même y est retourné après sa mort.
8 - Qui donne l’amour avec la vie, qui nous met sur la voie de la vérité et
de la sainteté, qui unifie tous les êtres, et qui est adoré et glorifié avec le
Père et le Fils ;
10 - Nous confessons les deux baptêmes et les trois autres mystères pour
la purification et la transmutation de l’homme ;
141
En 1911, Bricaud, Fugairon et Encausse déclarèrent que l’Église
Gnostique Universelle est l’Église officielle du Martinisme. Cette même
année, Bricaud était initié au Rite ancien et primitif de Memphis-
Misraïm, et était signé entre le suprême Conseil de l’Ordre Martiniste de
Papus et le Suprême Conseil du Haut Synode de l’Église Gnostique
Universelle un traité d’alliance entre les deux puissances.
142
Constant Chevillon devint le patriarche de
l’E.G.U. sous le nom de « Tau Harmonius » (« Patriarche néo-gnostique
Tau Harmonius »). Chevillon sera assassiné par la milice en mars 1944.
Seconde partie
143
HOMÉLIE DE S.G. + JOAHNNÈS BRICAUD (JEAN II)
Par vos désirs et par le vouloir du très Saint Plérôme, me voici élevé au rang
suprême de la hiérarchie gnostique. Je viens de gravir les marches du siège
patriarcal de la Sainte Église du Paraclet.
C’est, j’aime à le croire, davantage à mon zèle religieux qu’à mon expérience de
la vie que je dois d’avoir été désigné par vos suffrages.
Tous ceux qui voient clair dans la situation religieuse des peuples européens ont
pu se persuader que le catholicisme tel qu’il est compris et enseigné aujourd’hui
ne répond plus aux besoins de la société moderne. Il leur apparaît comme une
force oppressive qui retient le peuple dans l’ignorance pour le dominer. Aussi,
répudient-ils l’héritage religieux de leurs pères, et l’on peut prévoir le moment
où l’orthodoxie catholique sera morte parce que désertée par tous les esprits
religieux qui osent penser, quelles que soient d’ailleurs les quelques exceptions
qu’on puisse citer. Et si les penseurs religieux, si les hommes de science
abandonnent l’orthodoxie catholique, celle-ci doit infailliblement tomber, car
c’est d’eux que relève le mouvement des esprits. Qu’est d’ailleurs, une
confession religieuse qui s’attire le mépris de tout ce qu’il y a d’intelligence dans
la société moderne ?
L’évolution religieuse à laquelle nous assistons nous montre qu’il faut une
religion nouvelle.
144
Savoir cela, c’est savoir les seules choses nécessaires.
« Mon âme, d’où viens-t-il ? Disait Saint-Basile. Qui t’a chargée de porter un
cadavre ? Si tu es quelque chose de céleste, ô mon âme ! apprends-le-moi. »
« La Gnose, a dit Éphrem le Syrien, tresse une couronne à ceux qui l’aiment et
elle les fait asseoir sur un trône de Roi. »
Les docteurs et les évêques de cette Gnose ont reçu en dépôt le sens ésotérique du
christianisme.
C’est à nous, pontifes selon l’ordre de Melchisedech, que les anges ont confié le
pectoral où flamboient l’Urim et le Thumin.
C’est nous qui lisons dans le livre de la vraie loi. C’est de nous qu’il est écrit :
« Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où sont-ils venus ?
Ce sont ceux qui ont souffert de la Grande Tribulation et qui ont lavé leurs
tuniques dans le sang spirituel de l’Agneau, et qui sont vierges des superstitions
et des souillures du monde Hylique ! »
La Gnose est l’essence même du Christianisme. Voilà, nos bien aimés, la plus
juste définition du Gnosticisme.
Notre Église est l’antinomie de celle de Rome. Le nom de celle-ci est Force ; le
nom de la nôtre est Charité.
Notre Souverain Patriarche n’est pas Pierre, l’impulsif, qui renia trois fois son
maître et usa de l’épée, mais Jean, l’ami du Sauveur, l’apôtre qui reposa sur son
cœur et en connut le mieux le sentiment immortel, l’oracle de la lumière,
l’auteur de l’Évangile Éternel, qui n’usa que de la Parole et de l’Amour.
Notre Église est la Cité Céleste sur terre et dans les cieux, ce royaume de la
Justice dont il est parlé dans le livre de la Révélation.
145
Elle est aussi l’Église du Paraclet dont elle a les vertus. Elle est pure et
pacificatrice, sainte et sanctifiante, consolante et consolée dans l’exil du monde.
Avec votre concours, très chers Coopérateurs et Frères, notre Sainte Église
s’épanouira et développera ses branches, comme le grain de sénevé dont parle
l’Évangile, et deviendra un arbre immense sur lequel les oiseaux du ciel
viendront se reposer.
Mais pour que l’œuvre de Dieu s’accomplisse, il faut que nous restions unis
dans l’amour de la Gnose, comme les Saints Eons sont unis dans la volonté du
Père. Il faut que dispersés à travers le monde, nous ne laissions fuir aucune
occasion de faire éclater la vérité, de détourner nos frères égarés du chemin des
ténèbres, d’affirmer qui nous sommes, ce que nous voulons et où nous allons.
Les temps sont difficiles, nous le savons ; les forces occultes sont liguées contre
nous, nous ne l’ignorons pas. Mais il ne se peut que l’idée pour laquelle tant de
martyrs sont morts demeure improductive. Aussi, mes très chers Frères, levez
vos yeux vers les hauteurs, tournez vos regards du côté de la vraie Lumière,
enivrez-vous des ineffables délices du Plérôme spirituel, et vous acquerrez la
force de parachever l’œuvre sainte, l’œuvre véritable, l’œuvre divine.
Ah, mes Frères, à travers toutes les tempêtes et tous les orages qui sont
déchaînés sur notre monde hylique, alors que les fausses doctrines essaient de
perdre les âmes, ne perdez pas de vue les hautes cimes, et si vous touchez terre,
que ce ne soit comme la colombe de l’Arche que pour y rester un instant et y
cueillir le pacifique rameau d’olivier !
Á vous, mes très chères Soeurs, j’adresse un appel plus particulier. Je sais
combien est précieux votre concours en matière d’apostolat et je sais combien
notre monde féminin cache dans ses salons et ses retraites mystiques de nobles et
courageuses émules des Maximille et des Ésclarmonde de Foix.
Mieux que nous, vous savez trouver le chemin des âmes ! Nous ne sommes,
nous autres, que le verbe qui convainc ; vous êtes, vous, le cœur qui persuade.
146
ceux que dévore le zèle de la maison de Dieux ! Et Bénédiction aussi sur nos
ennemis, afin que la lumière d’en haut les éclaire et qu’ils sachent qui nous
sommes, et que par ainsi ils se prennent à nous aimer, comme nous les aimons.
Amen.
STATUTS
147
est simplement primus inter pares et il ne peut prendre aucune décision
importante sans l’approbation du Saint-Synode.
La Table d’Emeraude
Introduction
Voici la véritable explication, sur laquelle il ne peut y avoir aucun doute. Elle
atteste : l’en-haut est comme l’en bas, et l’en bas est comme l’en-haut – l’œuvre
du miracle de l’Unique. Et les choses sont émanées de de cette substance
primordiale par un acte unique. Combien merveilleuse est cette œuvre ! C’est le
principe majeur du monde et son conservateur. Son père est le soleil et sa mère
est la lune. Le vent l’a porté en son sein, et la terre l’a nourri. Le père du
talisman et le protecteur des miracles dont les pouvoirs sont parfaits, et dont les
lumière sont homologuées ( ?). Un feu qui vient de la terre. Sépare la terre du
feu, et tu atteindra le subtil encore plus inhérent que le grossier, avec soin et
sagacité. Il s’élève de la terre jusqu’aux cieux, afin de tirer les lumières des
hauteurs à lui, et les descendre jusqu’à la terre ; ainsi en son sein sont les forces
de l’en-haut et de l’en bas : du fait de la lumière des lumières en son sein, ainsi
148
les ténèbres s’enfuient à son approche. La force des forces, qui vainc toute chose
subtile et pénètre dans toute chose grossière. La structure du microcosme est en
accord avec la structure du macrocosme. Et de la même manière procède
l’intelligible.
Et à cela a aspiré Hermès qui fut trois fois grand en sagesse. Et ceci est son livre
qui est dissimulé dans la chambre. » - Apollonius de Tyane : Le Livre du Secret
de la Création et de l’Art de la Nature ou Livre de Balinus le sage sur les causes,
vers 650 - 813 de notre ère.
Dans le Journal des Savants (1709) ceci : « Hermès Trismégiste vient à son
rang dans la liste. L’inscription de la Table d’Émeraude n’est pas un des
moindres morceaux qui nous soient restés de lui, si l’on en veut croire les
alchimistes. Ce précieux monument fut trouvé, disent-ils, par Sara femme
d’Abraham dans le sépulcre d’Hermès qui était dans la vallée d’Hebron. Le
cadavre d’Hermès tenait l’émeraude dans ses mains, et l’inscription phénicienne
qui y était gravée, se voit ici en latin. L’auteur convient qu’elle est très
ancienne, et répond avec Borrichius à une partie des objections de ceux qui la
croient supposée ».
Hermès.
149
Selon le Dictionnaire de Dom Pernetty il est « Mercure ou Hermès
Trismégiste. Le plus ancien des Philosophes connus. C’est de son nom grec
Hermès que ceux qui savent le Grand Œuvre, ont pris le nom de Philosophes
Hermétiques ».
150
parlent sans cesse des œuvres d’Hermès, comme de la source de toute science.
voici comment s’explique Jamblique :
« Hermès Trismégiste a écrit, selon Séleucus, vingt mille volumes sur les
principes universels. Mais selon Manethon, c’est trente-six mille cinq cent
vingt-cinq volumes qu’il a composés sur toutes les sciences ». [Jambl., de
Mysteriis Aegypt., VIII, 1] ».
Un peu d’histoire
151
en haut pour former les merveilles de la chose unique. » Puis vient la révélation
et la description savante de l’agent créateur, du feu pantomorphe, du grand
moyen de la puissance occulte, de la lumière astrale en un mot. « Le soleil est
son père, la lune est sa mère, le vent l’a porté dans son ventre. » Ainsi cette
lumière est émanée du soleil, elle reçoit sa forme et son mouvement régulier des
influences de la lune, elle a l’atmosphère pour réceptacle et pour prison. « La
terre est sa nourrice. » C’est-à-dire qu’elle est équilibrée et mise en mouvement
par la chaleur centrale de la terre. « C’est le principe universel, le TELESMA du
monde. » Hermès enseigne ensuite comment de cette lumière, qui est aussi une
force, on peut faire un levier et un dissolvant universel, puis aussi un agent
formateur et coagulateur. Comment il faut tirer des corps où elle est latente,
cette lumière à l’état de feu, de mouvement, de splendeur, de gaz lumineux,
d’eau ardente, et enfin de terre ignée, pour imiter, à l’aide de ces diverses
substances, toutes les créations de la nature. La table d’émeraude, c’est toute la
magie en une seule page ».
Fulcanelli voyait aussi le mot Kloros, qui signifie vert dans les lettres Khi
(Χ) et Rho (Ρ) du Chrisme. Il est à remarquer que si le texte est censé être
d’origine grecque ou égyptienne, jamais la version originale n’a été
retrouvée.
152
prend ainsi le caractère d’un discours prononcé par le mercure des sages sur la
manière dont s’élabore l’Œuvre philosophal. Ce n’est pas Hermès, le Thoth
égyptien, qui parle, mais bien l’Émeraude des philosophes ou la Table isiaque
elle-même ».
Il est vrai, certain et sans mensonge, que tout ce qui est en bas est comme
ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas :
pour accomplir le miracle d’une seule chose. De même que toutes choses
tirent leur origine de la Chose Unique Seule, par la volonté et le verbe de
l’Un, Seul et Unique qui l’a créée dans Son Esprit de même toutes les
choses doivent leur existence à cet Un par ordre de la Nature et peuvent
être améliorées par l’Harmonie avec cet Esprit.
Son Père est le Soleil, sa Mère la Lune, le Vent le porte dans son sein et sa
nourrice est la Terre. Cette Chose est le Père de tout ce qui est parfait
dans le monde. Son pouvoir est le plus parfait. Lorsqu’elle a été changée
en Terre, sépare la Terre du Feu, le subtil de l’épais, mais soigneusement
et avec beaucoup d’intelligence et d’industrie.
C’est le plus puissant de tous les pouvoirs, l’Énergie entre toutes les
énergies, car il triomphe de toutes les choses subtiles et pénètre tout ce
qui est solide. Car, c’est ainsi que le monde fut créé et que sont réalisées
des combinaisons rares et des merveilles de toutes sortes.
Le dossier complet :
153
Dossier Table d’Emeraude
Un dossier sur la Table d’Emeraude avec divers documents et
diverses versions
« Le seul exemple connu de carré magique en hébreu est celui qui est attribué à Abraham ben
Meïr ibn Ezra » (Fishwick, Sur l’Origine du Carré ROTAS-SATOR, 1964).
Abraham ben Meir ibn Ezra, né vers 1090 à Tolède, dans l’émirat de Saragosse, décédé vers
1165 à Calahorra, était rabbin, poète, grammairien, traducteur, commentateur, philosophe,
mathématicien et astronome. Il fut l’un des plus éminents érudits juifs de l’Âge d’Or
espagnol, et l’une des sources d’inspiration de Baruch Spinoza (source Wikipedia).
George Sarton (1884-1956), le fondateur d’History of Science, dit d’Ibn Ezra que son « esprit
était un étrange mélange de rationalisme et de mysticisme. Ses écrits montrent son profond
intérêt dans les carrés magiques et dans les propriétés magiques des nombres ».
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C’est par son Sepher ha-Mispar qu’Abraham ibn Ezra a introduit le système numérique indo-
arabe en Europe. Il y utilise des lettres hébraïques – de Aleph à Teth – comme équivalent des
chiffres arabes de 1 à 9, et se sert du cercle afin de marquer le zéro. Les autres chapitres
traitent des opérations mathématiques ainsi que de la résolution des carrés magiques simples.
On retrouve d’autres références aux carrés magiques dans son Sepher ha-Echad (page 25), et
dans son Sepher ha-Shem (page 49) où il discute du carré d’ordre 3 et en fait quelques
commentaires mystiques.
Le premier carré magique connu en Europe était le carré de rang 3 (voir Cammann, Schuyler
(1969) Islamic and Indian Magic Squares, Part II. History of Religions 8(4) : pages 271–299).
C’est le « Zahlenquadrat » ou carré magique formé par une série de nombres selon une
progression arithmétique, disposés en rang et en ligne dont les sommes horizontales,
verticales et diagonales sont identiques (Jewish Magic and Superstition, Joshua Trachtenberg,
1939, page 142).
On remarquera que la somme de ce carré est 5. Nombre associé au nom divin YAH (Yod He)
dont la valeur en guématria est 15. En outre, le nombre 5 – qui représente la lettre He qui est
une forme raccourcie du Nom de Dieu – est toujours au centre de ce carré.
Voici, pour conclure cette note, deux palindromes – qui constituent un carré magique -
attribués à ibn Ezra :
« Nous avons expliqué que le glouton qui est dans le miel a été brûlé et incinéré ».
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A laquelle ibn Ezra répond par un palindrome-carré magique :
« Sache de ton père : je ne serai pas en retard, je reviendrai car les temps sont venus ».
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Introduction
Soit que la question les a réellement obsédés, soit que la postérité n’a conservé d’eux que cet
acte de bravoure, les philosophes présocratiques sont célèbres pour avoir essayé de deviner
l’essence de l’univers, ou si vous préférez la materia prima à l’origine de tout le reste.
Pour résoudre l’énigme, chacun y va de son élément. Héraclite pense que le feu pourrait bien
être à la source de tout, Anaximène y verrait plutôt l’air, pour Thalès, ce sera l’eau, puis c’est
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au tour d’Empédocle, au début du Ve siècle avant notre ère, de postuler que le feu, l’eau, la
terre et l’air se serrent les coudes pour composer l’univers. Et voilà, plus d’jaloux.
Malgré la concurrence, notamment celle de Démocrite qui pense que la matière pourrait être
bien être constituée de trucs tout petits tournant dans le vide [1], la théorie des quatre éléments
va passer à la postérité.
Reprise par Platon, puis Aristote, elle inspirera à la médecine sa doctrine des humeurs,
gagnera à sa cause l’astronomie, la physique, la philosophie & tandis qu’elle est passée de
mode en science, nos modernes ésotériciens continuent d’ajouter des saveurs élémentales
dans tous leurs exposés en son honneur.
Pourquoi un tel succès ? Chez les historiens des sciences, la théorie est couramment présentée
comme une simple fausse note dans la symphonie du progrès. Si Empédocle n’avait pas
ramené ses 4 éléments, peut-être que Démocrite, leur poulain à posteriori, aurait eu plus de
suffrages dans la pensée grecque. La galerie d’ancêtres aurait eu meilleure figure.
Mais voilà, Empédocle est passé par là & surtout, malgré ce que répètent les manuels, sa
théorie n’est pas une simple erreur d’aiguillage d’une vingtaine de siècles, si elle a bénéficié
d’autant de crédit, c’est qu’elle a séduit son monde par ses implications mystiques,
implications qui flottent toujours dans l’air dès lors que l’on passe la porte de l’ésotérisme.
Empédocle d’Agrigente est un disciple de Pythagore. Qu’il se soit fait éjecter à coups de pieds
de l’école du maître pour une histoire de vol de discours est un détail. D’ailleurs ne dit-il pas
lui-même que tout est mélange et qu’aucune génération de substance n’est possible ? Il
applique son postulat à la lettre : il touille.
Chez Pythagore, il prend la manie du quaternaire de même que cette conviction que le monde
est « cosmos », c’est-à-dire ordonné.
Tandis que Démocrite discourt sur le rien qui entoure les particules, Empédocle refuse par
principe les trous du gruyère. L’idée de bouts de matière tournoyant dans le vide plus ou
moins au hasard, lui déplaît considérablement. Les constituants de la matière sont incréés,
impérissables et ils remplissent tout. Voilà.
Et pour être bien sûr que ses éléments-racines ne soient pas confondus avec de vulgaires sacs
de sable ou une bouteille de Badoit, il les associe à des divinités : Le feu sera Zeus, la terre
Héra, l’eau Nestis et l’air Aïdoné.
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« Apprends d’abord les quatre racines de toutes choses, Zeus le luminescent, Héra porteuse de
vie, puis Aidoneus et Nestis enfin qui nourrit les mortels par ses larmes.
... Non-engendrés.
Je te dirai encore : il n’y a de naissance pour personne parmi tous les mortels et pas non plus
de fin en relation avec la mort pernicieuse, mais seulement mixtion puis réconciliation de ce
qui a été mélangé. En ce qui concerne les hommes, on parle de naissance » [2].
Cependant, il faut bien rendre compte du caractère changeant du monde terrestre, Empédocle
va donc invoquer des lois d’affinités et d’inimitiés entre les choses. Si les 4 racines ne se
modifient en rien, par contre elles se réunissent ou se séparent sous l’influence de forces
cosmiques, le duo Amour & Haine :
« Aucun de ces échanges continus ne cessent, Tantôt sous l’effet de l’Amour, tout converge
vers l’Un, Tantôt au contraire chaque chose est emmenée séparément par la haine de
Discorde » [3].
Au Veme siècle, la théorie des quatre racines est encore une hypothèse parmi d’autres, qui
vaut bien celle de Thalès où l’on apprend que la terre est une bulle posée sur un immense
océan ou celle d’Héraclite postulant une guerre totale de la matière, appuyée sur le feu.
Sur celles-là cependant, elle a l’avantage du quaternaire, un nombre qui marque des points au
box office mystique notamment grâce à Pythagore, & celui de fournir une explication
unificatrice du monde assaisonnée d’immanence.
Ainsi que l’écrit Jean-Pierre Riffard, « Empédocle est une synthèse. Il résume l’ésotérisme
passé, en intégrant dans sa pensée les Mystères, Pythagore, Héraclite ; il annonce le futur en
donnant, en quelques vers, les bases de la pensée ésotérique » [4].
Mais si on y trouve en germe tout ce qui fera plus tard les joies de l’ésotérisme, à savoir l’idée
d’un monde ordonné, d’essences communes à toutes les manifestations, les lois d’affinités et
de sympathies & même le panpsychisme (« Toute chose a conscience et part à la pensée »,
nous dit Empédocle), son plus grand mérite sera de séduire les philosophes de la génération
suivante, Platon et Aristote, qui vont la faire passer à la postérité en la modifiant quelque peu.
La théorie d’Empédocle sera d’abord récupérée par Platon qui nous expose sa cosmogonie
dans le Timée : Le Démiurge aurait créé l’univers à partir des 4 éléments puis l’aurait doté
d’une âme pour mouvoir le tout :
« Le Dieu a disposé ces éléments les uns à l’égard des autres, autant qu’il était possible dans
le même rapport, de telle sorte que ce que le feu est à l’air, l’air le fût à l’eau, et que ce que
l’air est à l’eau, l’eau le fût à la terre. De la sorte, il a uni et façonné un Ciel à la fois visible
et tangible » [5].
Il apparie ensuite ces éléments à des polyèdres connus pour leurs propriétés géométriques
remarquables, le tétraède, l’icosaèdre, le cube, l’hectaèdre et le dodécaèdre, qui sont dits
« réguliers » car toutes leurs faces sont des polygones réguliers identiques.
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Pythagore en a lui-même découvert un, le dodécaèdre. Plus tard Euclide démontrera qu’ils
sont bien 5 et pas un de plus. C’est néanmoins au nom de Platon que la postérité les associera
sous l’appellation de « solides de Platon » (solide = figure en trois dimensions).
« D’abord, que le feu, la terre, l’eau et l’air soient des corps, cela est sans doute évident pour
quiconque. Or, l’essence du corps possède aussi toujours l’épaisseur. Mais toute épaisseur
enveloppe nécessairement la nature de la surface. Et toute surface de formation rectiligne est
composée de triangles » [6].
Les 4 premiers solides seront associés aux 4 éléments. Pour cela, Platon s’appuie sur leur
physionomie :
« A la terre attribuons certes la figure cubique. Car la terre est la plus difficile à mouvoir des
quatre espèces et c’est de tous les corps le plus tenace. Et il est très nécessaire que ce qui a
de telles propriétés ait reçu, en naissant, les bases les plus solides. Or, entre les triangles que
nous avons supposés à l’origine, la base formée par des côtés égaux est naturellement plus
stable que celle qui est formée par des côtés inégaux. Et la surface équilatère quadrangulaire
composée de deux équilatères est nécessairement plus stable, soit dans ses parties, soit dans
sa totalité, qu’une surface triangulaire. Par suite, en attribuant cette surface à la terre nous
nous conformons à la vraisemblance.
De même en attribuant à l’eau la figure la moins mobile, au feu la plus mobile, et la figure
intermédiaire à l’air. Et le corps le plus petit au feu, le plus grand à l’eau, l’intermédiaire à
l’air. Et le plus aigu au feu, le second par ce caractère à l’air, et le troisième à l’eau. Ainsi,
entre toutes ces figures, celle qui a les bases les plus petites doit avoir forcément la nature la
plus mobile : c’est toujours la plus coupante, la plus aiguë de toutes, et en outre la plus
légère, puisqu’elle est composée du plus petit nombre des mêmes parties.
Et la seconde doit tenir le second rang en ce qui touche ces mêmes propriétés, et la troisième,
le troisième rang. En conséquence, à la fois selon la droite logique et selon la vraisemblance,
la figure solide de la pyramide est l’élément et le germe du feu ; la seconde selon l’ordre de la
naissance, disons que c’est l’élément de l’air et la troisième, celui de l’eau.
Or, toutes ces figures, il convient de les concevoir si petites, que dans chaque genre, aucune
ne puisse jamais, à cause de sa petitesse, être perçue par nous individuellement. Au contraire,
lorsqu’elles se groupent, les masses qu’elles forment sont visibles.
Et, pour ce qui touche les rapports numériques concernant leur nombre, leurs mouvements et
leurs autres propriétés, il faut toujours considérer que le Dieu, dans la mesure où l’être de la
nécessité se laissait spontanément persuader, les a partout réalisés de façon exacte et a ainsi
harmonisé mathématiquement les éléments » [7].
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Quant au cinquième polyèdre, on lui délègue l’univers : « Il restait encore une seule et
dernière combinaison ; le Dieu s’en est servi pour le Tout, quand il en a dessiné
l’arrangement final ».
Oui, moi aussi, quand je monte un meuble en kit, il me reste toujours un ou deux boulons.
©Lysianne 2008
Notes
[1] Hypothèse faisant de lui, si on réfléchit, le digne inventeur du bidule.
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[6] Platon, Timée, Traduction Émile Chambry
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