Vous êtes sur la page 1sur 17

Bibliographie sur la « Proposition du 9 octobre 1967 » de J.

Lacan,
Suivie des occurrences « passe »1
(document établi avec la bibliothèque de l’elp, novembre 2005)

09/10/1967, J.Lacan, Première version de la Proposition du 9 octobre 1967 sur le


psychanalyste de l’Ecole, in Autres écrits, Seuil, 2001, p 575-591.
(…On trouvera d’abord la première version de la « Proposition du 9 octobre 1967 sur le
psychanalyste de l’Ecole », telle que lue ce jour-là devant les analystes (AE et AME) de
l’école freudienne de Paris. Ce texte a été publié en avril 1978 dans la collection
« Analytica », comme supplément au numéro 13 de la revue Ornicar ?)
et in Pas tout Lacan.
(Cette première version de la proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’école
est parue dans Ornicar ? Analytica volume 8-1978. Elle y est présentée comme celle qui fut
effectivement prononcée par Lacan le 9 octobre 1967. Elle contient 4845 mots alors que la
version dite seconde publiée dans Scilicet comprend 5059 mots.) 2

« La psychanalyse montre en sa fin une naïveté dont c’est une question à poser, si nous
pouvons la mettre au rang de garantie dans le passage au désir d’être psychanalyste.
_
_
[…]
_
_
Retenons pourtant, avant de franchir ce passage, cette alternance dont notre discours se
syncope de faire ainsi l’un l’autre s’écranter. Où toucher mieux la non intersubjectivité ? Et
combien il est impossible qu’un témoignage juste soit porté par celui qui franchit cette passe,
sur celui qui la constitue- entendons qu’il l’est cette passe, de ce que son moment reste son
essence même, même si, après, ça lui passera.
C’est pourquoi ceux à qui ça a passé au point d’en être béats, me paraissent conjoindre
l’impropre à l’impossible en ce témoignage éventuel- et ma proposition va-t-elle être que ce
soit plutôt devant quelqu’un qui soit encore dans le moment originel, que s’éprouve qu’est
bien advenu le désir du psychanalyste.
Qui pourrait mieux que ce psychanalysant dans la passe, y authentifier la qualité d’une
certaine position dépressive ? Nous n’éventons là rien. On ne peut s’en donner les airs, si on
n’y est pas.»

1
Le choix des occurrences a été fait par Viviane Dubol. Un travail plus exhaustif complétera ce premier
document de travail. La bibliographie a été principalement réalisée à l’aide des références de la bibliothèque de
l’elp et des occurrences « passes » indiqués dans le livre de Henry Krutzen, « Jacques Lacan, Séminaires 1952-
1980, Index référentiel », Anthropos, 2003, pp 581.
2
Les parenthèses contiennent les commentaires de l’édition précédant le texte.

1
09/10/1967, J.Lacan, Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’Ecole, in
Scilicet 1, Seuil, 1968, p14-30.
et in Autres écrits, Seuil, 2001, p 243-259.

« Avec ce que j’ai appelé la fin de partie, nous sommes -enfin- à l’os de notre propos de ce
soir. La terminaison de la psychanalyse dite superfétatoirement didactique, c’est le passage en
effet du psychanalysant au psychanalyste. »
_
_
[…]
_
_
Cette ombre épaisse à recouvrir ce raccord dont ici je m’occupe, celui où le psychanalysant
passe au psychanalyste, voilà ce que notre Ecole peut s’employer à dissiper.
_
_
[…]
_
_
Le passage du psychanalysant au psychanalyste, a une porte dont ce reste qui fait leur
division est le gond, car cette division n’est autre que celle du sujet, dont ce reste est la
cause. »


09/10/1967, J.Lacan, Une procédure pour la passe, Appendice n°1, in Pas tout Lacan3.
(Ce texte reproduit un document dactylographié en circulation dans Ecole Freudienne de
Paris intitulé Appendice n°1)

« J ‘y ajoute trois des passeurs définis par la fonction pour laquelle leur médiation nous
semble digne d’être éprouvée, à savoir : recueillir le témoignage qui se présente au passage à
la qualité d’A.E.
_
[…]
_
Cette propriété est simple, et à portée de son appréciation ; de ce que ce soit un
psychanalysant en sa charge et de ce qu’il l’estime être dans la passe où précisément advient
le désir du psychanalyste, qu’il soit ou non en difficulté.
_
[…]
_
Les trois passeurs sont ceux qui recueillent ce que les postulants ont à présenter, à une fin à
définir tout à l’heure.
_
[…]
_
La décision dans le jury plénier se prend selon l’avis de deux sur trois des A.E. qui y ont part.
Le Directeur, ni les passeurs n’y prennent parti que de consultation. »

3
« Pas tout Lacan » est un CD-R de l’école lacanienne de psychanalyse, 29 rue Madame 75006.

2

06/12/1967, J.Lacan, Discours à l’Ecole Freudienne de Paris, in Scilicet 2/3, Seuil, 1970, p
9-29.
et in Autres écrits, Seuil, 2001, p 261-281.
(Présentée le 9 octobre 1967 aux psychanalystes en titre (AE et AME) de l’Ecole Freudienne
de Paris, la « Proposition sur le psychanalyste de l’école » fut discutée par ceux-ci, et
soumise à un vote consultatif, lors d’une seconde réunion tenue au mois de novembre. En
réponse, J.Lacan rédigea pour la troisième réunion, du 6 décembre, le texte qui suit ;il fut
augmenté d’un commentaire daté du 1er octobre 1970 (2000).
et in Pas tout Lacan.
(La proposition de J.Lacan en date du 9 octobre 1967 ayant donné lieu aux manifestations
d’avis qu’elle sollicitait et qui furent enregistrées sur bande, J.Lacan en réponse a prononcé
la 6 décembre 1967 un discours qui fut publié sous la forme ci-dessous dans Scilicet 2/3,
pp.9-29. Des pointillés à la page 24, font la séparation entre la réécriture du discours du 6
décembre 1967 et une suite datée du 1er octobre 1970 (cette date étant vraisemblablement
aussi celle de la réécriture).

« [Qui verra donc que ma proposition se forme du modèle du trait d’esprit, du rôle de la dritte
Person4 ?]
_
_
[…]
_
_
C’est bien pourquoi ma proposition est de s’intéresser à la passe où l’acte pourrait se saisir
dans le temps qu’il se produit.
_
_
[ …]
_
_
Ce qu’il ne peut lui épargner, c’est ce désêtre dont il est affecté comme du terme à assigner à
chaque psychanalyse, et dont je m’étonne de le retrouver dans tant de bouches depuis ma
proposition, comme attribué à celui qui en porte le coup, de n’être dans la passe à connoter
que d’une destitution subjective : le psychanalysant.
_
_
[…]
_
_
La passe, soit ce dont personne ne me dispute l’existence, bien que la veille fût inconnu au
bataillon le rang que je viens de lui donner, la passe est ce point où d’être venu à bout de sa
psychanalyse, la place que le psychanalyste a tenue dans son parcours, quelqu’un fait ce pas

4
note de Lacan : « Ceci a été sauté lors de la réponse d’où les crochets dont je l’encadre : j’indique là cette
structure de ce que personne ne s’en soit encore aperçu… »

3
de la perdre. Entendez bien : pour y opérer comme qui l’occupe, alors que cette opération il ne
sait rien, sinon à quoi dans son expérience elle a réduit l’occupant. »


15/12/1967, J.Lacan, De Rome 53 à Rome 67 : La psychanalyse. Raison d’un échec, in
Scilicet, n°1, Seuil, 1968, p 42-50.

« Pour revenir à nos moutons, la tâche, c’est la psychanalyse. L’acte, c’est ce par quoi le
psychanalyste se commet à en répondre.
On sait qu’il est admis que la tâche d’une psychanalyse l’y prépare : ce pourquoi elle est
qualifiée de didactique.
Comment de l’une à l’autre passerait-on, si la fin de l’une ne tenait pas à la mise au point d’un
désir poussant à l’autre ?
Rien sur ceci n’a été articulé de décent. Or, je témoigne (pour en avoir une expérience de
trente ans) que même dans le secret où se juge cette accession, soit : par l’office de
psychanalystes qualifiés, le mystère s’épaissit encore. Et toute épreuve d’y mettre une
cohérence, et notamment pour moi d’y porter la même question dont j’interroge l’acte lui
même, détermine jusque chez certain que j’ai pu croire déterminés à me suivre, une résistance
assez importante. »


10/01/68 et 21/02/68, J.Lacan, séminaire « L’acte psychanalytique » (version elp).
10/01/68
« C’est là ce autour de quoi doit porter notre question. L’analysant venu à la fin de l’analyse,
dans l’acte, s’il en est un, qui le porte à devenir le psychanalyste, ne nous faut-il pas croire
qu’il ne l’opère, ce passage, que dans l’acte qui remet à sa place le sujet supposé savoir ?
Nous voyons maintenant cette place où elle est, parce qu’elle peut être occupée, mais qu’elle
n’est occupée <qu’au temps>où ce sujet supposé savoir s’est réduit à ce terme, que celui qui
l’a jusque-là garanti par son acte, à savoir le psychanalyste, lui, le psychanalyste l’est devenu,
ce résidu, cet objet a. Celui qui, à la fin d’une analyse dite didactique relève, si je puis dire, le
gant de cet acte, nous ne pouvons pas omettre que c’est sachant ce que son analyste est
devenu dans l’accomplissement de cet acte, à savoir ce résidu, ce déchet, cette chose rejetée.
À restaurer le sujet supposé savoir, à reprendre le flambeau de l’analyste, lui-même, il ne se
peut pas qu’il n’installe, fût-ce à ne pas le toucher, le a au niveau du sujet supposé savoir, de
ce sujet supposé savoir, qu’il ne peut que reprendre comme condition de tout acte analytique.
Lui sait, à ce moment que j’ai appelé « dans la passe », lui sait que là est le désêtre qui, par
lui, le psychanalysant, a frappé l’être de l’analyste.
J’ai dit «sans le toucher », que c’est comme cela qu’il s’engage car ce désêtre, institué au
point du sujet supposé savoir, lui, le sujet dans la passe, au moment de l’acte analytique, il
n’en sait rien, justement parce qu’il est devenu la vérité de ce savoir et, si je puis dire, qu’une
vérité qui est atteinte pas sans le savoir, comme je le disais tout à l’heure, et bien, c’est
incurable. On est cette vérité. »
21/02/68
« Ici, l’ouverture reste, si l’on peut dire, béante, de comment peut s’opérer, - comment allons-
nous l’appeler ?- ce saut, ou encore - comme je l’ai fait dans un texte, à proprement parler, de

4
proposition5 - d’explorer ce qu’il en est de ce saut, ce que j’ai appelé plus simplement la
passe.
Jusqu’à ce que nous y ayons vu de plus près, il n’y a rien de plus à en dire, sinon qu’il est, très
précisément…, ce saut bien sûr, ce saut, beaucoup de choses sont faites…, on peut dire qu’en
somme tout est fait dans l’ordination de la psychanalyse pour dissimuler que c’est un saut.»


11 et 12/01/1969, J.Lacan, Principes concernant l’accession au titre de psychanalyste dans
l’Ecole Freudienne de Paris, in bibliothèque de l’elp.
((texte proposé par J.Lacan aux Assises du Lutetia en janvier 69, annotations au crayon de
JP.Moreigne )
et in 11/12/1969, Jury d’accueil et le directoire, Principes concernant l’accession au titre de
psychanalyste dans l’Ecole freudienne de Paris, (texte dit par la suite Proposition A), in
Scilicet 2/3, Seuil, 1970, p 30-33.
(Au cours des assises de l’E.F.P. tenues les 11 et 12 janvier 1969, le texte suivant a été
proposé à la discussion par le jury d’accueil et le directoire.)
et in Ecole Freudienne de Paris annuaire, 1971

« En l’absence d’une théorie suffisamment élaborée de l’analyse didactique, et afin d’éviter


l’arbitraire qui jusqu’ici en tenait lieu dans la nomination au titre de psychanalyste, le jury
d’agrément a pour tâche d’éclairer le passage qui permet au psychanalysant de devenir à son
tour psychanalyste, c’est-à-dire la passe où se résout une psychanalyse didactique .
La fonction du jury d’agrément est d’authentifier la passe. »


25/01/1969, J.Lacan, Adresse du Jury d’accueil à l’assemblée avant son vote (le 25
janvier 1969), in Scilicet 2/3, Seuil 1970, p 49-51.

« Ce que met en cause la proposition du 9 octobre 1967, c’est de savoir si la psychanalyse est
faite pour l’Ecole, où bien l’Ecole pour la psychanalyse.
_
[…]
_
Or c’est ce dont la proposition tient compte. Car si elle va à décider de ce que l’Ecole
produise ou non du psychanalyste, elle ne méconnaît pas que la psychanalyse ne se produit
pas sans moyens, qui ne vont pas sans de personnes se composer, ni sans, avec elles,
composer.
_
[…]
_
Faudrait-il pour autant contester les personnes, soit les situations acquises ? Ce serait se priver
de l’acquis des situations, et c’est ce que la proposition préserve.
A en partir, nul n’est contraint de se soumettre à cet examen d’un moment, qu’elle marque
comme la passe : ceci parce qu’elle le redouble d’un consentement à cet examen même,

5
J.Lacan, Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’Ecole, in Scilicet n°1. op.cit. Il en existe une
première version, publiée dans Analytica n° 8, Paris, Éd. Lyse, 1978.

5
lequel elle pose comme épreuve de capacité à prendre part à la critique comme au
développement de la formation. »


10/06/1969, J.Lacan, Résumé du séminaire « L’acte psychanalytique », in Pas tout Lacan.
(Annuaire 1968-1969- Documents rapports chronique- Ecole pratique des hautes études-
section de sciences économiques et sociales pp. 213-220)

« L’acte psychanalytique, ni vu ni connu hors de nous, c’est-à- dire jamais repéré, mis en
question bien moins encore, voilà que nous le supposons du moment électif où le
psychanalysant passe au psychanalyste.
C’est là le recours au plus communément admis du nécessaire à ce passage, toute autre
condition restant contingente auprès.
_
[…]
_
Car c’est à partir de la structure de fiction dont s’énonce la vérité, que de son être même il va
faire étoffe à la production… d’un irréel. La destitution subjective n’est pas moindre à
interdire cette passe de ce qu’elle doive, comme la mer, être toujours recommencée. »


03/12/1969, J.Lacan, L’impromptu de Vincennes, in Pas tout Lacan.

« Depuis que Freud – qui savait ce qu’il disait – a dit que c’était une fonction impossible…et
pourtant remplie tous les jours. Si vous relisez bien le texte vous vous apercevrez que ce n’est
pas de la fonction qu’il s’agit, mais de l’être du psychanalyste. Qu’est-ce qui s’engendre pour
qu’un beau jour un psychanalysant s’engage à l’être, psychanalyste ? C’est ce que j’ai tenté
d’articuler quand j’ai parlé de l’acte psychanalytique.
_
_
[…]
_
_
En tout cas, chez moi, elle a une suite, une certaine proposition qui tire les conclusions de
cette impasse si magistralement démontrée. On pourrait dire quelque part, dans une toute
petite note, qu’il y a dans un endroit un extrémiste qui a tenté de faire passer ça dans une
proposition qui renouvelle radicalement le sens de toute la sélection psychanalytique. Il est
clair qu’on ne le fait pas. »


19/04/1970, J.Lacan, Allocution prononcée pour la clôture du congrès de l’Ecole
Freudienne de Paris, in Pas tout Lacan.
(Allocution prononcée pour la clôture du Congrès de l’Ecole freudienne de Paris le 19 avril
1970, par son directeur in Scilicet, 4° trimestre 1970, n°2/3, pp 391-399. Une transcription de
cette allocution fut publiée dans Les lettres de l’Ecole Freudienne, janvier 1971, n°8.)

6
« C’est que passants ne sont ni psychanalysant ni psychanalysé, puisque c’est entre les deux
que ça passe, sauf à ce que rien ne se soit passé. »


06/1970, J.Lacan, Radiophonie Réponse à sept questions posées par M.Robert Georgin
pour la radiodiffusion belge, question 2, in Scilicet, 1970, n°2/3, p 67.
et in Autres écrits, Seuil, 2001, p 415.

« Quand on reconnaîtra la sorte de plus-de-jouir qui fait dire « ça c’est quelqu’un », on sera
sur la voie d’une matière dialectique peut-être plus active que la chair à Parti, employée
comme baby-sitter de l’histoire. Cette voie, le psychanalyste pourrait l’éclairer de sa passe. »


01/06/1972, J.Lacan, séminaire « Le savoir du psychanalyste » (version Guyomard).

« Car même si ce que j’ai appelé « la passe » est manquée, eh bien ! ça se réduira à ça qu’ils
auront eu une psychanalyse didactique, mais en fin de compte, ça suffit pour qu’ils sachent ce
que je dis. La passe- c’est toujours dans Scilicet que tout ça traîne, c’est plutôt l’endroit
indiqué- quand je dis que la passe est manquée, ça ne veut pas dire qu’ils ne se sont pas
offerts à l’expérience de la passe. Comme je l’ai souvent marqué, cette expérience de la passe
est simplement ce que je propose à ceux qui sont assez dévoués pour s’y exposer à de seules
fins d’information sur un point très délicat et qui consiste à, en somme, ce qui s’affirme de la
façon la plus sûre, c’est que c’est tout à fait a-normal, objet a normal, que quelqu’un qui ait
fait une psychanalyse veuille être psychanalyste. Il faut vraiment une sorte d’aberration qui
vaut, qui valait la peine d’être offerte à tout ce qu’on pouvait recueillir de témoignage.C’est
bien en ça que j’ai institué provisoirement cet essai de recueil pour savoir pourquoi quelqu’un,
qui sait ce que c’est que la psychanalyse par sa didactique, peut encore vouloir être analyste.»


14/10/1972, Jacques Lacan à l’Ecole Belge de psychanalyse, in Pas tout Lacan.
(Séance extraordinaire de l’Ecole Belge de psychanalyse, le 14 octobre 1972. Paru dans
Quartor (supplément belge à La lettre mensuelle de l’Ecole de la cause freudienne), 1981,
n°5, pp. 4-22)

« Il faudrait voir comment pourrait s’animer notre mode de reproduction.


_
[…]
_
Quand aux A.E., c’était l’idée d’un travail en flèche, ils seraient spécialisés dans cette
interrogation de la formation, de ce que c’est, comment être sinon s’autoriser analyste ; et tout
donnait le sentiment qu’en effet, c’était une voie, il y en a qui sont de ce registre-là.
_
[…]
_
C’était certainement pas ceux qui étaient déjà plus installés qui se trouvaient en mesure,
comme il fallait s’y attendre, de porter un témoignage chaud de l’expérience qui les avait
amenés là, et c’est dommage dans la mesure où les meilleurs doivent savoir tout de même

7
quelque chose, malgré une certaine distance qu’ils ont pris par rapport à ce moment
justement, à ce moment crucial du passage, du passage à l’acte. C’est de ça qu’il s’agit, pas un
acting-out, mais du passage à l’acte.
_
[…]
[…] cette expérience de la passe était pour tous […] une chose absolument consumante,
brûlante, absolument chavirée, n’est-ce pas, et ça se voit dans des effets qui étaient
absolument considérables.
_
_
[…]
_
_
Ce qui est important, c’est que le discours analytique nous permet d’être sûrs de ça ; à soi tout
seul, c’est justement le témoignage que quelque chose se décante par du réel, n’est-ce pas,
d’une façon qui vaut la peine d’être retenue en sa faveur. »


1973, J.Lacan, Note italienne, in Pas tout Lacan.
et Autres écrits, Seuil, 2001, 307 à 311.

« L’analyste dit de l’Ecole, AE, désormais s’y recrute de se soumettre à l’épreuve dite de la
passe à quoi cependant rien ne l’oblige, puisque aussi bien, l’Ecole en délègue certains qui ne
s’y offrent pas, au titre d’analyste membre de l’Ecole, AME.
Le groupe italien, s’il veut m’entendre, s’en tiendra à nommer ceux qui y postuleront leur
entrée sur le principe de la passe prenant le risque qu’il n’y en ait pas.
_
_
[…]
_
_
Dès lors, il sait être un rebut. C’est ce que l’analyste a dû lui faire au moins sentir. S’il n’en
est pas porté à l’enthousiasme, il peut bien y avoir eu analyse, mais d’analyste aucune chance.
C’est ce que ma « passe », de fraîche date, illustre souvent : assez pour que les passeurs s’y
déshonorent à laisser la chose incertaine, faute de quoi le cas tombe sous le coup d’une
déclinaison polie de sa candidature. »


01 au 04/11/1973, J.Lacan, Congrès de l’Ecole Freudienne de Paris, La grande Motte, La
formation des analystes, in Lettres de l’Ecole, n° 8 et 15, p 113 à 193.
et in Pas tout Lacan.
( Intervention dans la séance de travail « Sur la passe » du samedi 3 novembre (après midi),
parue dans les Lettres de l’Ecole freudienne, 1975, n°15, pp.185-193.

03/11/1973
« Il y a d’autres modes de reconnaissance que la passe, c’est tout à fait clair. La délégation au
titre des A.M.E. est un mode de reconnaissance qui fonctionne dans l’Ecole.
_
_

8
[…]
_
_
Je ne vois donc pas pourquoi, même à supposer quelqu’un placé en position de ce S1 plus ou
moins directeur, de cette position même il ne pourrait pas être apprécié à un certain moment,
qui est celui que j’appelle la passe, pourquoi quelqu’un prend ce risque, ce risque fou, enfin,
de devenir ce qu’est cet objet,
_
_
[…]
_
_
Si je voulais en parler, je dirais d’un mot que j’emprunterais à ce que j’ai entendu, dans une
de ces salles, je regrette de ne pas pouvoir en faire hommage à la personne qui l’a dit, une
personne a dit que la passe c’était quelque chose comme l’éclair.
_
_
[…]
_
_
J’ai très précisément désiré éviter le retour aux vieux usages, à savoir cette espèce de
caractère magistral qui se dégage du fait que quelqu’un est là comme un candidat, moi je veux
bien qu’on appelle ça un candidat ou candide-a, écrivez ça comme vous voudrez, mais
qu’importe, l’important c’est que ça se passe, et que ce qui est essentiellement une expérience
de celui qui vient s’y offrir, eh bien, il y ait quelqu’un qui justement ne soit pas là sur ses
grands chevaux pour l’entendre, et c’est très justement ce en quoi les passeurs, j’avais
demandé pourtant expressément qu’ils ne fussent choisis que parmi de tout nouveaux venus et
choisi par qui ? par leur analyste, et comme je l’ai souligné, indépendamment du
consentement du sujet lui-même. »
04/11/1973
« Seulement à la différence de ce que je vous décrivais hier quand je suis intervenu sur la
passe, et à propos des rats dans le labyrinthe, ce que je pense, moi, c’est qu’en effet, s’il y a un
trou, c’est le trou où nous sommes tous en train de tourbillonner simplement du fait d’habiter
le langage. »


13/11/73 et 11/12/1973 et 09/04/74, J.Lacan, séminaire « Les non-dupes-errent » (version
Nicole Sels).
13/11/73
« Je recommence. Je recommence puisque j’avais cru pouvoir finir. C’est ce que j’appelle
ailleurs la passe : je croyais que c’était passé. Seulement voilà : cette créance- « Je croyais que
c’était passé »- cette créance m’a donné l’occasion de m’apercevoir de quelque chose. C’est
même comme ça, ce que j’appelle la passe. Ca donne l’occasion tout d’un coup de voir un
certain relief ; un relief de ce que j’ai fait jusqu’ici. Et c’est ce relief qu’exprime exactement
mon titre de cette année, celui que vous avez pu lire, j’espère, sur l’affiche, et qui s’écrit : les
non-dupes errent »
11/12/1973

9
« Il y a une chose que j’ai appelée « la passe », qui se pratique dans mon école, uniquement
parce que j’ai voulu tenter d’en avoir le témoignage. »
09/04/1974
« Mais ça impliquerait quand même que cette formule que j’ai faite dans une certaine
Proposition tout à fait axiale, que cette formule reçoive les quelques compléments, les
quelques compléments qu’implique que si, assurément on ne peut pas être nommé à la
psychanalyse, ça ne veut pas dire que n’importe qui puisse rentrer là-dedans comme un
rhinocéros dans la porcelaine, c’est-à-dire sans tenir compte de ceci, c’est qu’il faudrait bien
que s’inscrive, que s’inscrive ce dont moi j’attends que ça vienne à s’inscrire, parce que c’est
pas comme quand j’invente, comme quand j’invente ce qui préside au choix de l’être sexué,
là, je peux pas inventer, je peux pas inventer pour une raison que, qu’un groupe, qu’un groupe
c’est réel. »


12/1973, J.Lacan, Télévision, Seuil, 1974, p10-11 et 50.

« Le croira-t-on ? Il y a un cas où la suggestion ne peut rien : celui où l’analyste tient son


défaut de l’autre, de celui qui l’a mené jusqu’à « la passe » comme je dis, celle de se poser en
analyste.
Heureux les cas où passe fictive pour formation inachevée : ils laissent de l’espoir.
_
_
[…]
_
_
Ce n’est pas que je me décarcasse ! Je profère «l‘analyste ne s’autorise que de lui même ».
J’institue « la passe » dans mon Ecole, soit l’examen de ce qui décide un analysant à se poser
en analyste, - ceci sans y forcer personne. Ca ne porte pas encore, je dois l’avouer, mais là on
s’en occupe, et mon Ecole, je ne l’ai pas de si longtemps. »


08/05/1974, Note de J.Lacan, Analyse Freudienne Presse, in Dossier Passe de l’elp.
(Analyse Freudienne Presse rappelle ci-après, à propos de ce choix des passeurs, la note que
Jacques Lacan adresse, au début des années soixante-dix, personnellement à ceux qui étaient
susceptibles de désigner les passeurs:)

« Il ne suffit pas qu’un analyste croie avoir obtenu la fin d’une analyse, pour que, de
l’analysant arrivé à ce terme, lui, pour l’avoir élaboré, fasse un passeur.
La fin d’une analyse peut n’avoir fait qu’un fonctionnaire du discours analytique. C’est
maintenant souvent le cas.
Le fonctionnaire n’est pas pour autant indigne de la passe, où il témoignerait de ses premiers
pas dans la fonction : c’est ce que j’essaie de recueillir.
Pour le recueillir d’un autre, il y faut autre dit-mension : celle qui comporte de savoir que
l’analyse, de la plainte, ne fait qu’utiliser la vérité.
Avant de s’engager là-dedans la tête la première, témoignera-t-il que c’est au service d’un
désir de savoir ?

10
N’importe qui ne saurait en interroger l’autre, même à en être lui-même saisi. Il entre peut-
être dans sa fonction sans reconnaître ce qui l’y porte.
Un risque : c’est que ce savoir, il lui faudra le construire avec son inconscient c'est-à-dire le
savoir qu’il a trouvé, crû dans son propre, et qui ne convient peut-être pas au repérage
d’autres savoirs.
De là parfois, le soupçon qui vient au sujet à ce moment, que sa propre vérité, peut-être dans
l’analyse, la sienne, n’est pas venue à la barre.
Il faut un passeur pour entendre ça. »


19/11/1974, J.Lacan, Préliminaire au Séminaire R.S.I. (transcription interne elp, 1ère
séance de R.S.I.).

«Il est étrange, étrange au sens proprement freudien, unheimlich, il est étrange que ce soit de
certains –qui ne se trouvent pas à proprement parler encore s’autorisant de l’analyse mais qui
en sont sur le chemin- que vienne cette résistance à ce pourquoi je les stimule. Je les stimule
en somme de rendre effective, -effective quoi ?- dans un témoignage qu’ils apporteraient du
point où ils en sont, de rendre effective cette passe dont peut-être certains d’entre vous savent
que c’est ce que j’essaye d’introduire dans mon Ecole, cette passe par quoi, en somme, ce
dont il s’agit, c’est que chacun apporte sa pierre au discours analytique en témoignant de
comment on y entre. »


04/10/1975, J.Lacan, Conférence à Genève sur le symptôme, in Pas tout Lacan.
(La conférence annoncée sous le titre « Le symtôme » fut prononcée au Centre R de Saussure
à Genève, le 4 Octobre 75, dans le cadre d’un week-end de travail organisé par la Société
suisse de psychanalyse. Elle fut introduite par M. Olivier Flournoy. Elle parut dans le Bloc-
notes du psychanalyste, 1985, n°5, pp 5-23.)

« Quand quelqu’un se pose comme analyste, il est libre dans cette espèce d’inauguration que
j’ai faite alors et que j’ai appelé Proposition. Il est libre, il peut aussi bien ne pas le faire, et
garder les choses pour lui, mais il est libre aussi de s’offrir à cette épreuve de venir les confier
- les confier à des gens que j’ai choisi exprès pour être exactement au même point que lui.
_
[…]
_
Dans l’esprit de ma Proposition, cette opération est faite pour éclairer ce qui se passe à ce
moment. C’est exactement ce que Freud nous dit- quand nous avons un cas, ce que l’on
appelle un cas, en analyse, il nous recommande de ne pas le mettre d’avance dans un casier
_
[…]
_
C’est donc dans cet esprit que j’ai voulu que quelqu’un qui est au même niveau que celui qui
franchit ce pas, porte témoignage. C’est, en somme, pour nous éclairer. Il arrive que de temps
en temps, quelqu’un porte un témoignage qui a le caractère – ça, ça se reconnaît quand même
– de l’authenticité. Alors, j’ai prévu que cette personne, on se l’agrégerait au niveau où il y a
des gens qui sont censés penser à ce qu’ils font, de façon à faire un triage. Qu’est-ce que c’est
devenu tout aussitôt ? Bien sûr c’est devenu un autre mode de sélection. À savoir qu’une

11
personne qui a témoigné en tout honnêteté de ce qu’elle a fait dans son analyse dite après
coup didactique, se sent retoquée si, à la suite de ce témoignage, elle ne fait partie de ce par
quoi j’ai essayé d’élargir le groupe de ceux qui sont capables de réfléchir un peu sur ce qu’ils
font. Ils se sentent dépréciés, quoique je fasse tout pour que ce ne soit pas le cas. J’essaie de
leur expliquer ce que leur témoignage nous a apporté, d’une certaine manière d’entrer dans
l’analyse après s’être fait soi-même former par ce qui est exigible. Ce qui est exigible, c’est
évidemment d’être passé par cette expérience. Comment la transmettre si on ne s’y est pas
soumis soi même ? Enfin, bref.»


24/11/1975, J.Lacan, Yale University, Kanzer Seminar, Universités nord-américaines, in
Scilicet n° 6/7, 1975, p. 7-31.
et in Pas tout Lacan.

« Quand l’analysant pense qu’il est heureux de vivre, c’est assez. Ainsi j’aimerais maintenant
que quelqu’un me dise – et je ne suis pas ici comme pierre de touche de la réponse, je veux
dire, ce n’est pas moi qui suis la pierre de touche – comment quelqu’un se décide à s’autoriser
comme psychanalyste aux USA.
Puisque j’ai cette occasion de rencontrer un certain nombre de collègues, j’aimerais avoir une
idée de ce qui correspond ici à ce que j’ai institué dans mon école et que j’appelle « la passe ».
Ça consiste en ce que, au point où quelqu’un se considère assez préparé pour oser être
analyste, il puisse dire à quelqu’un de sa propre génération, un pair – pas son maître ou un
pseudo-maître – ce qui lui a donné le nerf de recevoir des gens au nom de l’analyse.»


02/12/1975, J.Lacan, Massachusetts institute of technology Conférences dans les
universités nord-américaines, in Scilicet, n°6-7, 1975, p 53-63.
et in Pas tout Lacan.

« La question à laquelle je suis arrivé : qui est capable d’être un analyste ? a conduit un
certain nombre de mon entourage à me quitter (cela à la suite de la mise en place d’une
enquête : comment quelqu’un, après une expérience analytique, pouvait-il se mettre en
situation d’être analyste ?). »


24/03/1976, J.Lacan, Neuvième congrès de l’Ecole freudienne de Paris, Palais des congrès
de Strasbourg, in Lettres de l’école Freudienne, 1976, n°19, p 555-559.
et in Pas tout Lacan.

« Ce qu’on n’a pas assez senti, ce qui aurait pu se faire, en réaction à cette indication de
l’inhibition et de l’acting out, c’est que quelque chose témoigne plus de l’expérience de ce
que j’appellerai l’analyse – pour ne pas parler de l’analyste, parce que je vais commencer
quand même à déballer mon truc : si j’ai institué la passe, c’est quand même pour voir s’il y a
des analystes, et pas seulement des gens qui à ça ne s’autorisent, comme je l’ai dit, que d’eux-
mêmes. Évidemment, qui ne s’autorise pas de soi-même ! Le soi-même, il y en a à la pelle.
Qu’on s’autorise d’être analyste, c’est à la portée de bien du monde pourvu qu’on en ait
pratiqué une certaine expérience. Mais ce n’est pas pour rien que j’ai laissé pointer ceci : c’est

12
que quant à moi, j’en suis encore réduit à faire l’analysant. Ce qu’il y a de merveilleux, c’est
que j’ai trouvé pour ça un alibi : je fais de l’enseignement. »


17/05/1976, J.Lacan, Préface à l’édition anglaise du séminaire XI, in Pas tout Lacan.

«La question reste de ce qui peut pousser quiconque, surtout après une analyse, à s’hystoriser
de lui-même.
Ça ne saurait être son propre mouvement puisque sur l’analyste, il en sait long, maintenant
qu’il a liquidé, comme on dit, son transfert-pour. Comment peut-il lui venir l’idée de prendre
le relais de cette fonction ?
Autrement dit y a-t-il des cas où une autre raison vous pousse à être analyste que de
s’installer, c’est-à-dire de recevoir ce qu’on appelle couramment du fric, pour subvenir aux
besoins de vos à-charge, au premier rang desquels vous vous trouvez vous-même, - selon la
morale juive (celle où Freud en restait pour cette affaire).
_
_
[…]
_
_
D’où j’ai désigné de la passe cette mise à l’épreuve de l’hystorisation de l’analyse, en me
gardant cette passe, de l’imposer à tous parce qu’il n’y a pas de tous en l’occasion, mais des
épars désassortis. Je l’ai laissée à la disposition de ceux qui se risquent à témoigner au mieux
de la vérité menteuse.»


15/02/77, J.Lacan, séminaire, « L’insu qui sait de l’une-bevue s’aile à mourre », in
L’UNEBEVUE, n°21.

« Il y a, pour ce nœud corde… La corde c’est aussi le corps-de. Ce corps-de est parasité par
le signifiant car le signifiant s’il fait partie du réel si c’est bien là que j’ai raison de situer
l’symbolique il faut penser à ceci c’est que cette corps-de nous pourrions bien n’y avoir
affaire que dans le noir. Comment reconnaîtrions-nous dans le noir que c’est un nœud
borroméen ? C’est d’c’la qu’il s’agit dans la passe. Je sais qu’il sait, qu’est-ce que ça peut
vouloir dire sinon d’objectiver l’inconscient à ceci près que l’objectivation de l’inconscient
nécessite un redoublement à savoir que je sais qu’il sait que je sais qu’il sait. C’est à cette
condition seule (tousse) que l’analyse tient son statut.
_
[…]
_
La passe dont il s’agit, je n’l’ai envisagée que d’une façon tâtonnante, comme quelque chose
qui ne veut rien dire que se reconnaître… entre soir, si j’puis m’exprimer ainsi, à condition
que nous y insérions un AV après la première lettre, se reconnaître entre savoir. Y a-t-il des
langues qui font obstacle à la reconnaissance de l’inconscient ? »


14/03/1977, Lettre de Jacques Lacan à Roudinesco, in Pas tout Lacan.

13
« J’ai énoncé que le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même. C’est incontestable, mais
comporte un risque. J’ajoute que ce risque, dans la passe, il n’est pas obligé de le courir. Il s’y
offre délibérément ».


08/01/1978 J. Lacan, L’expérience de la passe, congrès de Deauville, in Lettres de l’Ecole,
n°23, p180-181.
« La seule chose importante, c’est le passant, et le passant, c’est la question que je pose, à
savoir qu’est-ce qui peut venir dans la boule de quelqu’un pour s’autoriser d’être analyste ?
J’ai voulu avoir des témoignages, naturellement je n’en ai eu aucun, des témoignages de
comment ça se produisait.
Bien entendu c’est un échec complet, cette passe. »


10/01/1978, J.Lacan, séminaire « Le moment de conclure » (version Chollet).

« J’ai été un peu surmené parce que samedi et dimanche il y a eu un congrès de mon école.
Comme on préférait que, enfin Simatos préférait qu’il n’y ait que les membres de cette école,
on a été un peu loin et je n’en suis revenu que difficilement. Quelqu’un -c’est quelqu’un qui
parle avec moi- quelqu’un en attendait, vu le sujet qui n’était autre que ce que j’appelle « la
passe », quelqu’un en attendait quelques lumières sur la fin de l’analyse. La fin de l’analyse
on peut la définir. La fin de l’analyse, c’est quand on a deux fois tourné en rond, c’est-à-dire
retrouvé ce dont on est prisonnier. Recommencer deux fois ce tournage en rond, ce n’est pas
certain que ce soit nécessaire. Il suffit qu’on voie ce dont on est captif et l’inconscient, c’est
ça : c’est la face de Réel- peut-être que vous avez une idée, après m’avoir entendu de
nombreuses fois, peut être que vous avez une idée de ce que j’appelle le Réel- c’est la face de
Réel de ce dont on est empêtré. »
_
_
[…]
_
_
Dans cette histoire de la Passe, je suis conduit, puisque, la Passe, c’est moi qui l’ai, comme on
dit, produite dans mon Ecole dans l’espoir de savoir ce qui pouvait bien surgir dans ce qu’on
appelle l’esprit d’un analysant pour se constituer, je veux dire recevoir des gens qui viennent
lui demander une analyse. Ca pourrait peut-être se faire par écrit ; je l’ai suggéré à quelqu’un
qui, d’ailleurs, était plus que d’accord. Passer par écrit, ça a une chance d’être un peu plus
près de ce qu’on peut atteindre du Réel que ce qui se fait actuellement, puisque j’ai tenté de
suggérer à mon Ecole que des passeurs pouvaient être nommés par quelques uns. L’ennuyeux,
c’est que, ces écrits, on ne les lira pas, au nom de quoi ? Au non de ceci que, de l’écrit, on en
a trop lu. Alors quelle chance y a-t-il qu’on le lise ? C’est là couché sur le papier ; mais le
papier, c’est aussi le papier hygiénique. Les chinois se sont aperçus de ça qu’il y a du papier
dit hygiénique, le papier avec lequel on se torche le cul. Impossible donc de savoir qui lit. Il y
a sûrement de l’écriture dans l’inconscient… »

14
09/07/1978, J.Lacan, 9e Congrès de l’Ecole freudienne de Paris sur « La transmission », in
Les lettres de L’école, 1979, n°25, vol. II, p 219-220.
et in Pas tout Lacan

« Ces gens qui viennent me voir pour essayer de me dire quelque chose, il faut bien dire que
je ne leur réponds pas toujours. J’essaie que ça se passe ; du moins je le souhaite. Je souhaite
que ça se passe, et il faut bien dire que beaucoup de psychanalystes en sont réduits là. C’est
pour ça que j’ai essayé d’avoir quelque témoignage sur la façon dont on devient
psychanalyste : qu’est-ce qui fait qu’après avoir été analysant, on devienne psychanalyste ?
Je me suis, je dois dire, là-dessus enquis, et c’est pour ça que j’ai fait ma Proposition, celle qui
instaure ce qu’on appelle la passe, en quoi j’ai fait confiance à quelque chose qui s’appellerait
transmission s’il y avait une transmission de la psychanalyse.
Tel que maintenant j’en arrive à le penser, la psychanalyse est intransmissible. C’est bien
ennuyeux. C’est bien ennuyeux que chaque psychanalyste soit forcé – puisqu’il faut bien qu’il
y soit forcé – de réinventer la psychanalyse.
Si j’ai dit à Lille que la passe m’avait déçu, c’est bien pour ça, pour le fait qu’il faille que
chaque psychanalyste réinvente, d’après ce qu’il a réussi à retirer du fait d’avoir été un temps
psychanalysant, que chaque analyste réinvente la façon dont la psychanalyse peut durer.
_
[…]
_
Je dois dire que dans la passe, rien n’annonce ça ; je dois dire que dans la passe, rien ne
témoigne que le sujet sait guérir une névrose. J’attends toujours que quelque chose m’éclaire
là-dessus. J’aimerais bien savoir par quelqu’un qui en témoignerait dans la passe qu’un sujet –
puisque c’est d’un sujet qu’il s’agit – est capable de faire plus que ce que j’appellerai le
bavardage ordinaire ; car c’est de cela qu’il s’agit. Si l’analyste ne fait que bavarder, on peut
être assuré qu’il rate son coup, le coup qui est d’effectivement lever le résultat, c’est-à-dire ce
qu’on appelle le symptôme. »


15/01/1980, J.Lacan, séminaire « Dissolution » ( bibliothèque elp).

« Je n’attends rien des personnes, (et) quelque chose du fonctionnement. Donc, il faut bien
que j’innove puisque cette Ecole, je l’ai loupée d’avoir échoué à produire des Analystes
d’icelle qui soient à la hauteur.
Auquel des élus à mon jury d’agrément aurais-je conseillé de voter pour lui-même, si
d’aventure il s’y était, au titre de passant, aujourd’hui présenté ? »


24/01/1980, J.Lacan, Lettre au journal le Monde, in Pas tout Lacan.
(Parue dans le journal Le Monde du 26 janvier 1980, sous le titre « Après la dissolution de
l’École freudienne de Paris » et accompagnant la publication du séminaire du 15 janvier
1980.)

« Je remets au Monde le texte de cette lettre, avec mon séminaire du 15, s’il veut bien le
publier entier.
Afin qu’il se sache que nul n’a auprès de moi appris rien, de s’en faire valoir.

15
Oui, le psychanalyste a horreur de son acte. C’est au point qu’il le nie, et dénie, et renie - et
qu’il maudit celui qui le lui rappelle, Lacan Jacques, pour ne pas le nommer, voire clame haro
sur Jacques-Alain Miller, odieux de se démontrer l’au-moins-un à le lire. Sans plus d’égards
qu’il faut, aux « analystes » établis.
Ma passe les saisit-elle trop tard, que je n’en aie rien qui vaille ? Ou est-ce d’en avoir confié
le soin à qui témoigne n’avoir rien aperçu de la structure qui la motive ?
Que les psychanalystes ne pleurent pas ce dont je les allège. L’expérience, je ne la laisse pas
en plan. L’acte, je leur donne chance d’y faire face.

Le 24 janvier 1980 Jacques Lacan »


23/10/1980, J.Lacan, Lettre à en-tête de la cause Freudienne, in Pas tout Lacan.
(Le 24 janvier 1980, Lettre à en-tête de la Cause freudienne, 5, rue de Lille, publiée dans le
Courrier de la Cause freudienne, octobre 1980, n° 3.)

« […] La Cause aura son École. D’où procèdera l’AME, de la Cause freudienne maintenant.
La passe produira l’AE nouveau – toujours nouveau de l’être pour le temps de témoigner dans
1’École, soit trois ans.
Car mieux vaut qu’il passe, cet AE, avant que d’aller droit s’encastrer dans la caste.

Jacques Lacan Ce 23-X-80 »


15/01/1980, J.Lacan, séminaire « Dissolution » ( bibliothèque elp).

« Quelqu’un me demande « qu’est-ce qu’être un AE à la hauteur ? » C’est un AE qui me


demande ça. Qu’il relise ma proposition d’Octobre 67. Il verra que cela comporte au moins
qu’on l’ouvre. »

16
17

Vous aimerez peut-être aussi