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Orient et Ouldent
RENË GUE.NON

OUVRAGES DU MtME AUTEUR

'""~tttM G~irok d 1 ilf1dt- tks d«trJNS Jr,.ttdo,.s.


ORIENT
Ontfll t t OrciJ~111.
ET
Autor,; Jpmtut llt , pou•oir ttmp«t l.
LI SJ•mbolt~''" dt /cJ Crqtx
us ltu11 mul11plt> U. rltrt.
/.A nthJ.)()p/it~ntt hllttmt J "wtt p~lt/Jil()-UIJftOII,
OCCIDENT
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ltiMits sur 1 H11vlo•r.nw
Conrpus rtttthu
L tlOIUI.)ft~ a, D.JJIIt
u Ro1 du Mollt.lt.
Lo CnJt du \loltdt nrodunt.
LI RC'f"' ût lu Quunm; ttlts S il tttJ dt.) Ttntps
L.tJ PnMtptl dw ~lt.J irt/amtilimu/_
Lu Grultl!t Tmmt
Syn1/>oltJ /Oitdumt• tuvx dt lu xrtn<r S«rtt
Aptt('llJ l W r t)OUtüMt /Jkmtu:pl# ~ ft Tœismt
CUY TRÉDANlEL
Ft~rnws trudJtiOfiMilts tt C,cld co.lnuqws.
~OrnONS DE LA MAISNŒ
\liiiJitltl.
76, rue Claude-Bernard
75005 PARIS
A\'ANT-PROPOS

Rudyard Kiplin& a êuit un jour <tt mou : ê01t is


Easr orul IJ7eJt is JFeu. ond na ·er tite tt<'Oin 1/tdJ m«t,
c L'Orirnt eot l'Orient et I'OccideDt eJt I'Oeddeot, et leo
4leax ne 1e rencontreront jamais. • Il e:Jt vrai qu~. C:Ùa.J
la •uito du texte, il modifie cene af&nnation. admenaot
I(Ue c la différente disparaît lorsque dewt hoiDIDes forts
le trou, ·ent face à b ee aprt-J ilre ~caus des e:xtrémiti•
de la terre :t, maio. en ria liti. mtmt relit modific.ttioo
D' <tl pas très sa tisfa isant<. rar il efl fort peu probable
I(U'il ait son&é li i une o: for<< ,. d'ordre spirituel.
Quoi quïl rn •oit, l'babitud< ut d< tittr 1< prtmi<r
\'tri i1olément. C'omme si tout C'C: qui rt l tait daDJ la
peno<e du lecteur était l'idée de la différence in1urmon·
labie exprim<e dans re ''<rt: on ne peut doutrr que rene
idée repréornte l'opinion de la plupart deo Européeoo, et
DD y &<nt percer tout le dépit du ronquéran t qu i eJt
oWîai d'admettre qut ceux qu'il c roi t a\'Oir vaincu• et
NGJnÏI pori<DI <D eux quelque chot& our quoi il ne nu·
nit avoir aucune pr·ise. Mais. quel que 10it le sentiment
ISBN l·ISI2~U·IO .-ï pea.t avoir donné n aina oce à une telle opinion. ce
Tous drol" de craduction, d'adapotlon <t de reproduction .-,i DOUf intéreue avant tout. c'est de savoir si elle
résm'és pour tOUJ pays Ht fondée, ou d an• qu<lle meoure .,ne 1'<11. Auuré-
0 198) • LES 201'1'101<$ VEGA •· Paris -nl, à eonsidé...,r l'ttat actutl de• ch otet. on trou•e
C 1987, l!ditlons de La Maùoic
8 ORJ2NT 2T OOCIDENT 9

de multipl~s indie6 qui oemhl~t la justifier ; et pour· uoea AncuJière. On ue de'tTait jamais parler de Jupério-
taat, ai noua étiont eutjèremeat de cet avi,.. si noua pen· rité on d' ioiérionté d' UJio façon aboolue, aaua préeùer
tiont qu'aucun rapprochement n'est poHihle et ne le - • quel npport ou euTiaeso Ica cboocs que l'on •eut
ura jamai1.. noui n ·aurion.s pu entreprit d•êcrire t"t comparer. en admettlllt même qu' ell6 ooient efJccôYe-
livre. - nt comparablea. n n'y • pa• de civilisation qui ooit
Nou& avonl conscience, plw que personne autre peUt· 10périeoro aux autre& sono tout leo rapporta, parœ 'i"'il
ëtro. de Ioule la distante qui sépare l'Orient et I'Otori· n'cat pas pOllible à l'homme d' appliquer éplemeot, ct à
de.o t, I'Oec.i dent moderne Jortout : du reste. daru notre la foi.a, 100 activité dana toutes 16 clirectiou, et puce
1~ Kinérak à fitulk <k1 docerinu IUNlo~•.1 qu'il y a der déve.loppcments qui appan.iue.n t comme
n ou1 avons particulière ment insisté aur let d ifférence•, à Y~itablement incompatiblea. Seulement, il ett permi• de
td point que certain• ont pu ~roire i quelque ex•&iU· penser qu'il y a nnc certaine himrcbic io obteroer, et
lion de notre part. Now somm6 cepc11dant penuadê que Ica chooeo de l'ordre iDtellectucl par exemple. meat
que n ou.1 n'a,•ons rien dit qui ne fût risoureusement plos que celles de l'ordre matérid ; s'il en eu oinû, UJie
uaet : et noua envisasions en m~me tempt·, dans notre eirilitation qui ac montre îofêrieure 1001 le premier rap·
eondusion. Ica condition& d'un rapproebe.m ent iotdle.,. port, tout etl éeant iocontcatableme.nt IDpttieurc 110w le
tud qui, pou r être vraiaemblablement aues lointain, ne eecoad, 1e trouvera eaoore d.ésavaata&ée dans l'eMem·
nou en apparaît pu moim comme poaaible. Si dour Iole, quelle• que puisJCDt être 16 apparence• extérie11·
D Oat noua élevions contre )es fauues usimiluions qu•ont no ; et tel ett le cao de la civilitatioo occidentale, si on
lcllÛca certain& Occidentaux, c'ell qu'el le& ne lODI pu la compare au cit-iliaationa onentalea. Now aa•ona bi~
Wl des moindres obrtades qui s'oppoocnt à cc rapprocbr· que ceue façon de \'oÎr choque la p-ande majorité des
me~~t ; quand on part d'une conception erronée, let ré· Occidentaux. parce qu'elle cst contraire io tow Jeun pré-
oultats vont souvent à l'encontre du but qu'on o'6t pro- incé• : m.a is, toute quettion de •upériori:é à part.. qu'il•
poaé. En refwant de voir les chotcs telles qu'dlea 10nt naillent bien admettre du moins que les cbooca auxqutl·
et de recon_n aitre «rtaints d iffêrtnees présentement irré- Ica U. auribuent la pins VIDde importance n'intéreaent
ductibles, on se coodamne à ne rie.n comprendre de la paa forcément tous les bommes au mèmc degré, que cer·
mentalité orieotale, et ainai oo ne fait qu'asgraver et taiua peuveat mëme les tenir pour parfaitement n~i·
perpétuer 16 malentendus, alors qu'il faudrait s'attacher ......... et qu'on peut faire preUTe d'ioteJli&et>Ce autre-
avant tout à les diuiper. Tant que les Occide.ntaux s'imo· _ , qu' en eonstnlÏIIDI dca machines. Ce tcrait déjl
fPJ>eront qu'il n'exiate qu'un seul type d'humanité, qu'il q11<lque chose ai IC4 Européen• arrivaient à eomprcntlrc
n 'y a qu'une « civiliution 1> à divers degr·é s de dé,·elop· eela et se comportaieDt en conaéquence ; leur& rclatioaJ
pement.. uuUe entente ne •er• poMible. La vérité. c'est nec 16 autres peup1C4 a' en trouYeraient quelque peu
qu'il y a du civilisations multiples. sc diployant dans IMC!i.fiéec. ct d'Wie façon fort nancacewe pour toul le
dea sens fort différents, ct que celle de l'Ocdde.nt mo- -ode.
derne préseote des caraetèrea qui en fonl une exception H•ia ce n'cal là que le côté le plus extérieur de la
10 ORŒNT ET OCCtDENT AVANT· PaOPOS 11

<JU~otioo : oi ln Occiclelllaox reeoonaiuaieot qu~ toUl euttate, e'ett auui e'dforoer de détoorne:r la ea:tal'tro-
n_'nt pas forcément à dédaiper daru leo aotr.. eiriliaa· phu don t I'Oecideot est menacé par u propre fank ,
t~ooo poor la ~ule raiooo qo'eUn diffèraot de )a leur ces deox hui! ~ tieonent de beaucoup phu prèa qo'oo
n~o oe lu empêd>erait phu d'étudier ca c:i<rilùatioo: ne pourrait le croire. Ce n 'ell doue pu laire œune de
eo~me elle~ doi•eot l'être. DotH •oulona dire oana parti critique va ioe et purement oéptive qoe de déoooeer,
pras de détUP'flDeDt et talll hottiJjté précoo~•e • et aJon comme nous nous le propoaooa ici eoeore e.D premier
ta ,
~er , 1111
d'e~tre eux oe tarden.i eot peut-être ~- '
pu lieü, leo erreura et leo illuoiooo occ:identaleo ; il y a à
• a apercnou , par eette étude, de tout 00 qui leur cette attitude deo ra t.Goo autrement profoudes, et nooa
~oque à eux-mêmn, aurtout au poiot de vue pur0.111eot n'y apportoot aucu.De i.Dtention « oatirique ... ce qui, da
•ote~leetuel. NatureUemeot, oou.o 1uppoto111 que eoux-li re-tt~, convitndrah fon peu à notre caractère ; , ..il en eat
ter~•eo~ parveous, dant D.De œ rtaioe mnure tout au qwi ODt cru VOÎr chez DOUI qaeJqoe chote de ce seore,
mouu, a la comprébentio.D véritable de l'etprit deo d.ilré· ils te ooot étrao,cement trompét. Nous aimeriooa bieo
reotu c:iviliurioru, ce qui deœaude autre cbo.e que deo m.ieax, pour notre part, n' a,·oir pom._oous liner à
travaox de timple éruditioo ; tant doute, tout le moode ce travail plutôt iosrat, et pouvoir oouo contenter d' ex·
n'ott pu apte à une teUe eomprébeotioo, llliÛ, ti quel· poR-r oe:rtaiDa vê.ritês UDJ a,·oir jamais à nous prêocea·
que..U.Dt le aout, comme c:'w probable malsré toul. c:ela per des fa..- ioterprétationJ qui ne foot que oompli·
P•?t. tuf&re pour ameuer tôt ou tard dn réou.hatt i.Dop· qun et emhrooilkr lu queotioDS comme à plaùir ;
pree:~~)~ No.,. •;?Dl. déjà fait allutioo au r:VIe qoe m.ai• force oou.o at de tenir compte de œs cootio~oees,
poun:a.n JOuer U.De ilite 111tellec:tueUe, oi elle arrivltÏt à 10 puû.que, si nous ne eommenço01 par déblayer le ttrram.
CODitllu~r da.Dt k moode occideotal, où elle aprait à la tout ce que nous pourro111 dire rüquero de demeuur
façon d un « ferment • pour préparer et diriser da 111 iacompris. Du reale, li mime où aout eemblons uaJe-
le ~no le ~l~ !avorable une traoslormatioo œeotale qui ment écarter d01 erreura ou répondre i deo objec:tioDJ,
d,.\1-.endra lntYitl ble u_n jour ou t•antrf'. qu'oo le veuille DOU! pouvo111 cependa.Dt trouver l'occ:aDoo d'upo•er des
ou ooo. Certaina oommeoceot d'ailleurs i teotir pluo ou cbo.H.I qui aieot une portée vraiment positive; et. par
moi111 c:onfu.oémeot qoe les cbosea ne peuveot cootiouer exemple. m onlrtr pourquoi certaines tentatives de ra p·
i aller iodé&.Diment daus le même teno, et même i par· procbemeot entr., l'Orient et l'Occident out échoué,
1er. eonune d'U.De pouibilité, d'une « faill ite ., de la c(yj. n'ut-ce pat dEjà faire entrevoir, par contTOote, leo condi·
li01ti~n ~ideol'lll~ ee qoe. oui n'aurait Olé la ire il 7 a lion' au:xquelleo uoe pareille ent.r eprùe oerait anoeepti·
peu d aooeeo ;. ~· ln n1.1eo eau.oeo qui peuveot proYo- ble de réuuir ? Nout eopéroru doue qu'on ne te mépreo·
qner cette _failhte tcmbleot eoeore leur échapper 011 tira pu eur not intentiont : et. sj noUJ ne eberebon1 pu
5r~de partie. Comme eel C&IQOI lODI pr&:ùéml'tll. CD à cliuimuler leo dif&cu.ltéo et les obotaeles, ai oow y iruâ-
meme kmps, eeUea qui empécbent toute entente eJitre IODS au eootraire:, c:"at que, pour pouv-oir les aplaniT oa
I'Orieot et I'Occidenl. ou peut retirer de leur ooD.Dai.. leo ounnonter. il faut avant tout leo connaître. Now ne
unce U.D double béoéliœ : travailler à préparer cette poaYODI a ou anê.tu à dea CODtidérations par trop •~n~
12 OJUENT ET OCODENT 13

daireo, now demander ce CJl'Ï plaira ou déplaira à du. ewt »; or il en est certainement qui ont grand tort de
cun; la CJ1>esbon CJl'C now envioqeom est autr<>Dent penoer ai:noi, d à CJl'i il ne faudrait pas beaneoup d'ef.
&érie-use, même ei l'oo se bome à ce que nous pou"VODI forto, peut-être, pour aCCJ1>érir des cotlllllissanœs qlli font
appeler seo aspecta extérieura, c'est-à-dire à ee qui ne et feront toujoan défaal à ces mêmes orientaliote~ :
eoocerne pas l'ordre de l' intellectnalité pure. r irud_ition est une eh~ Je U.YOÏr réd C-D est une autre.
Nous n'entendoll5 pao. en effet, faire ici un espo1é d, s'ils ae sont pas toajoun i:neompatibles. ilo ne sont
~oetrinal, el ce CJl'" nous d.i rona oera, d' une . manière point néceiPÏrement solidaires. Aaorémeat. si rirüdi·
géné.ral~, acœKible à un plus grand nombre CJl'e lu lion consentait à .., teDir au ran& d'auiliaire qui doit lui
points de ,.,.. CJ1>e nous avono traitéo dans notre l~&~rotkot:~ uve:nir nonna.l e.ment. noUi n"y trouverions plw rien à
lion générak à r~ruk ti... tlodrines ~- Cepen· rediff, puisqu'elle cesoerait par là même d'ëtre dange-
dant. oet ouvra.s e même n'a nu11eme.ot été écrit pour reuoe. et qu'elle pourrait d'ail lean noir quelque utilité;
CJl'CICJl'es « ~alirtes »; •'il en eJI CJl'e son titre a cbns ces limites., nous recoonaitriom doac très voloatien
induit$ en e à cet éprcl, c'est parce CJl'e Cel CJl'el· sa valeur rela tive. U y a des cas où la ct méthode bistori-
tioJU sont d'ordinaire l'apanase des ~ruruu, qui les étu· CJl'O » e51 léptime. r.tais !"erreur contre laquelle now
Went d'une façon pltl1ô·t rebutante et, à nos yeux, sana nous sommes ilevé consistoe à croire qu'elle e5t applicable
intérêt véritable. Notre attitude est tout autre : il o'apl à tout, et à vouloir en tirer autre ch<>&e que ce qu'elle
euentiellement pour now, non d'érudition. mais de peut donner effectivement; nous pensons avoir moatri
compréhension"' ce qui est totalement différent; ce n'ett ailleurs 1, et &a.JU nous mettre le moins du monde en
point parmi les ct spécialisteo » CJl'• l'on a le plus de CGDlrlldiction avec nous-même. qae nouJ aommes capa-
chances de rencontrer les po..U.ilités d'une compréhen· bi~ lorsqu'il le faut, d'appliquer cette méthode tout
•.ion étendue et profonde, loin de là. et, sauf de bien ausai bien qu·un autre, et cela devrait auf6.rc à prouver
rare1 t-xeeptiont.. ce n'est pa.s aur eux qu"il faudrait que noUJ n' avons point de parti priL Chaque question
compter pour former cette élite intellectuelle dont oou1 doit être traitée SUÎ'"aat la méthode qui eoovieu:t à sa
avon& parlé. li en est peut-être qu_i oot trouvé mauvaU uture; e·est u.n singulier pb.éDDmène que cette coafwion
que nous attaquions l'érudition, ou plutôt ses abot et su des divers ordres et dea diven domaine~ dont l'Occident
dangers. quoique now now soyons abstenu soignewe- actuel nons donne habituellement le s pecUde. En
ment de tout ce qui aurait pn prbenter un cuaetère de IOCDIIle. il faut oavoir menre choque chose à sa place, d
polémique; mais une des railona pour lesquelles nou.s aous n'avons jamais rie.n dit d'autre; mÙI, e.n faiaant
l'avons fa_it.. c'est précilémeot que «Ue érudition, al""ec ainsi. on s'aperçoit forcément CJ1>'il est d es ebOkS qui n"
&eo méthode~ spéciale~, a pour elfet de détourner de cer· peuvent être que secondaires d •ubordonnécs pu rap-
tai:nes chooea eeax-là mémes qui seraient le pluo capables port à d'autres, eu dépit des maoie~ ct égalitair~ ,. de
de les comprendre. Bien des geno. voyant CJl''il s'apt des etrtaial d.e DOl CODiemporairu; et c'e1t 8ÙMÎ que rérudi·
doctrines hindoues, et penUDt auKitôt aox travaox de
CJ1>elqueo orientalirteo, oe dioent CJl'e c cela n'eu pu pour
01\J.ENT n OCCIDENT AVANT·P ROPOS 15

tioa, là même où elle eot valable, ne saura.it jama.i• roo&ti· eident et la fauu eté de ma.intea idées qu.i oat coura da~t•
tuer pour a out qu'ua moyen, et noo u·ne 6.o en elle- le moode moderne; c'est là, et là teulement, que nou.s
même. avont trouvé, comme nons avon& eu déjà l'oceasion de le
Ces quelques explica tions aout ont paru oéceüairea dire ailleura, deo cboaea dont l'Ooeident ne nous 1 jarn2ia
pour plusieurs ra iaooa : d'a.bord, noua tenons à dire re offert le moindre équ.ivalent.
que nous pentona d 'une façon aussi netle qu'il nous est Dano cet ouvrage pu plus que dans les autres, nous
pou ible, et i tôUper <ourl i toute mépr ise s'il vieut à n'avon• aucunement la plilêiilÏôii d'tplliJer tootet lu
s'e.n ~r~d~ire malçé nos préoaudooo, ce qu.i est à peu que.ttiona que noua seront amené à enviaa1er; oa ae peut,
pres aneVltable. Tout en retonnai.uaot généralement 13 ~ ee qu'il· noue semble, noua fa.ire çief de ne p.. mettre
clarté de noa expoaés, on nous a prêté padou des inten· tout dana un seul livre, ce qu.i n oua eera.it d'.Ulenro tout
tions que nous n'avon& jamais euea; nous auroos id l'oc· à fait impouible. Ce que nous n e ferona ctu'iodiqner iei,
rasion de diaaiper quelques équivoques et de prériser nous pounon.a peut-être le reprendre et l'expliquer plus
cert.aina poi~ts sur lesqueh nous ne nous .ëtion, peutaëtre eornplètemeut a.illenro, si lea eirconatan- nous le per·
pu .•uf6.~amment ~xpliqué précédemmenL D'autre part, meUent; aino~ ce1a pourra du moint auqérer à d'autres
la davenJt<\ des IU)els que nou.t lra.itons clans nos études des réBexiolM qui suppléeront, d'une façon trèa pro6U·
n'empêche point !"unité de la conception, qui y proftide. ble pour eux, aux développements que nous n'aurons pu
et nou1 tenon• aussi à affirmer expretsém,ent cette unité, apporter nouHDême. D eat dea cbosea qu'il eat parfois
qui pourrait n'être pas aperçue de eeux qui envi&.a«ent intéreaunt de noter incidemment, ..Jors même qu'on ne
leo chotea trop anper6ciellement. Ces étu.des oonl même peut s'y étendre, et noua ne penaona pu qu'il iOit p réfé-
tellement liée• entre eUea que, sur bien dea points que rable de lea puser entièrement tous silence; mais,
n.o"' aborderons ici, nous aurions dil, pour plut de pr<lci· connaisaant la mentalilé de oertai.net se.na, nous croyi:ms
e:ton. renvoyer aux indications compJémentair·e s qui se devoir avertir qu'il ne faut voir là rien d'extraordinaire.
trouvent dans not autres travaux; m•i• n oue ne ~'••ons Nous ne savoru que trop ce que Ya!ent leo aoi-diaanl
fait que là où cela nous 1 par u sttietement indi.spenaa· « mystères :o dont on 1 ti aouve.nt abuaé à notre époque,
ble, et, pour tout le reste, nous nous cootentero<U de cel et qui ne toni teh que parce que ceux qui en parlent
avertisPement dunni: une fois pour toutes et d'uoe façon sont le. premiers i n'y rien comprendre; il n'y a d e vrai
go!nénle, afua de n e pas importuner le Jectear par de mymre qU<: ce qui est inexprimable par •• nature même.
trop nornbrcu aet références. Dans le même ordre d'idëet. Nou-' ne voulons pas prétendre. cependant. que toute
nous devoot encore faire remarquer que. •q ua_n d noa1 ne •ériaé 1oit toojoun ésa1eme.nl boo_n e à di re. e: qu'il n~y
jnseono p .. ~ propoa de donner à l'expreuion de notre ait pu des cas où une eertaine réserve a'impoae pour des
peDtée une tournure proprement doelrinale, nout ne ra.iaons d'epportunité, ou dea cbosea qu'il aera.it plut da.n-
JlOllt en iatpiront pas mo ina eonstammen t des dottrinea letellx qu'utile d'expoaer publiquement; maïa cela nr ae
dont noua avons compris ),. vérité : c'est !"étude de• doc· rencontre que dana certaina ordre• d e eor>naiuanee,
trines OrÏentaJeo qut R OUS & {ait voir let défauts de f'ÜC>- somme toute auez restreint.a, et d'ailleura, a~l uout an"'e
16 O&JUCT ET OCCD>ENT

parfoio de faire ..Ihuion l dea chœea de ce seure ', noua


ne manquont pu de déclarer formdkment ce qu'il en
Cil, una jamaia faire ÏJ>tervenir auCUDe de cet prohihi·
tiooa chimériques que les écrivaint de quelquea écolea
mettent en avant à tout propot, soit pour provoquer la
curioaité de-1eurs lecteun, aoit tout simplement pour dia.-
aimwcr leur propre embarru. De teh artifi«s oouJ toot
tout à lait étransers, non moiJU que lu fiction• pllrtment
littérairea; n oiu ne noua propotona qu.e de dire ce qui

PR.EMIERE PARTIE
en, dant la meture où noua le con.naioaona, ct td que
nou• le connaiuom. Noua ne pouvom dire tout ce que
noua pentolll, parc·e gue ede nous e ntratoe..rait touveot
trop loiD de notre sujet. et auni parce qu.e la pentéc ILLUSIO!\"S OCCJDENTALES
dé-poue toujours Ica limites de l'expression où on veut
l'enfermer ; mais nous n e disoJU jamJOis que ce que noua
peotons réellement. C'eat pourquoi noua ne aaurions
admettre qu'on dénature nos i.ntentiona, qu'on nous
bue· dire autre chose que ce que nous disona, ou qu'on
cherche i découvrir, derrière co que nous diJoo~ noua
ne uvont qudle pensée diuimulée ou dépilée, qui et1
parfaitement imapo.aire. Par cooue, noua seront tou·
jours reconnaisaant à ceux qui noua •isnaleront dea
poinll au r leaquela il leur paraîtra aouhaitable d'avoir
de plus amples édairciasemenu, et nous nons efforcerona
de leur donner utisfaction par la auite; mais qu'ils veuil·
lent bien a.ttendrc que now ayona la pouibilit<i de le
faire. qu'ill ne se hâtent p oint de co:nclure sur du don·
néea insuffisantes, et, sunoul, qu'ils se sardent de rendre
auCUDe doetriDe reapo11.1able dea imperfectiona oa dea
laeanet de aotre exposé.

1
ŒAPITRE PREMIER

CIVILIS~TION BT PROGRÈS

eivilitatioa O«ideatale moderne appanlt dant

L
A
l'hitto!re comme une "éritable anomalie : par-
mi toutes ceJieo qui nous iont conaues plu• ou
- u.. complètement. cette ciolintioa «t la .eule qui te
Mit dé,·eloppée daM un se.u purement matérieL et ce
~Yeloppement momtrueux. dont le début coïncide a\·ec
te qu'on Hl con.-enu d'appeler la ReniÏUADtt, a iié
etcompap~é. comme il deuil ntre fatalemeJil. d'=e
ricreuioa intdlectuelle corrtspondante : nous ne diton•
,.. équi.-alente. car il o'apt là de deux ordr« de cbo.es
ntn leoqueh il ne un rait 9 avoir aucune commune me-
nre. Cette ré,rusion en el! arrivée à un tel point que lu
o.ddentaux d'aujourd'hui ne oa•·eat plw ce que peut
... l"intellectnalité pure. qu'il• ne !OUJ>tonnent mê-
,.. que rien de te-l puiue exilter : de là leur dédaio. non
- toment pour lu dvilisationJ orienllleJ. maio même
.,.ar le moyen ir;e europien. dont l'esprit ne leur
. . .ppe p~ère moin• compl~ttmenL Comment fo ire eom-
f"lldre l'intér~l d'une connaisoance toute opéeulative à
... ,eno pour qui l'intell ir;ence n'est qu'un moyeu d'asir
-la œatihe et de la plier à des fi ru pratiques, er pour
.U la Kience. daru le KIU r~treiut où iiJ l'entendent.
ftut ourtout dans la me$Urt où ..!le est •noeep-
20 OIUE:'rT ET OCCUI.ENT 21

tible d'abouti.r à des applieatious indwtridl.. ? oatila (..C), et d'en varier indé6nlment la fabrieatioo • '.
l'iow n"exaséroiU rien il n'y a qu'à rtpnler Et VM'Ore : c L' intelligence, même quand elle n'opère
autou.r de soi pour se rendre compte que telte plat mr la matière brute, auit le~ babirodes qu'eUe a COD·
nt bien la mentalité de l'immense aujorité de nos con· tractée~ dana eette opération : elle applique des formee
temporaios; et l'examen de la philosophie. i partir de qui sont cellea mêmes de la matière inorpnùée. Elle est
Bacon et de Descartes, oe pournit que coafinner encore faite pour ce senre de trnail. Seul, ce seure de travail
te• constatation~. Now rappeUerono uulement que Des. la utisfait pleinemenL Et e'ttt ce qu'elle exprime en
cart<'l a limité l'intdligence à la raüon, qu'il a ueigné diunt qu'ainsi aeulement elle arrive à la dittinction et
pour unique rôle à ce qu'il croyait pouvoir appeler métaJ i )a darté • •. A cea derniers tniu~ on rt-conoait ianJ
physique de servir de fondement à la phy1ique, et que peine que ce o'eat point l'intelliseoce elle-même qui <JI
cette pby1ique elle-même étùt eueotidlement destinée, en ca~ mail tout ai_mplement la conception ea.rt<ésienne
daM •a penlée, à p réparer la con1titution de~ ecieoe<'l de l'int.Uil!ienee, ce qui est bien différent ; et, à la super·
appliquéu. méeanique,médeeine et morale, dernler terme atition de la raiton. la « philosophie nouvelle • · comme
du eavoir humain td qu'il le concevajt; le~ tendaneu diuot tet adhérena.. en subttitue une autre, plus j!rOt ·
qu'il af6rmait aioJi ne aout-eUes pas déjà odlu-là mêmes aière encore par œrtairu côtés. la superstition de la ri~.
qui caractérieent à premjère vue tout le développement Le rational isme. impuiuant à s·élevu jwqu•à la ,~iritê
du monde modeme? Nier ou iptorer tou !le coanaùaa~~œ aboolae, lùsait du moiot subt iiter la vérité l'dative;
pure et tupra•rationaelle,. c"était ouvrir La voie qui de.-ait l"intuitionnüme contemporain rab.;ne cene vérité à
mener losique-nt, d'une part, au potitivàlme et à aétre plus qu'une repréaentation de la réalité senJible,
l"agnottic.isme. qui preoJJeot leur parti des plw écroitea dana tout ce qu'elle a d'inc:ontinaot et d'inceiiamment
limitatioae de l"intelliseoce et de aon objet, et. d'autre c:~u.o&eant: eo6n. le prap;matitme achève de faire éYa·
part, à toutu lu théories uotimentaliatea et voloataria- nooir la notion meme de '·érité en l'ideotwant à celle
tes. qui a'efJorcent de chercher dam l'infra·ratioaoel ce d"utilité. ce qui re,~ïent à la iupprimer purement et tim·
que la raiaon ne peut leur donner. En effet. ceWt qui, de plement. Si nous 1\0RJ un peu &ehêmatisé les cho~tt,
n ot joun, veu_leot réagir oontre le. ration•1iame, n'en aou ne les avon1 nullement défi.gu.rées, et, queUes
acceptent pu moino l'identi.6cation de l'intelligence qu'aient pu ëtre les phases iotermédiairO$, les teodaocu
tout entière avec la aeule raison, et il• croient ~ celle- fondamentale• sont bien œil es que nous venons de dire;
ci n'ut qu'une facultJé toute prllique, inupable de aortir let prapatillea. en allant jusqu'au bouL se montrent lea
du domaine de la matière; Bersaon a éerit textuellement plat autheotiqutc reprélentanta de la pa>sée occidentale
ceci : « L "intelligence, eovi!asée dam ce qu.i a> para ft moderne : qu'importe la ,-érité dam un monde dont les
être la démarche ofisineUe, est la faculté de fabriqtlft upiratioD.L étant uniquement matérielles et aentimen·
d e• objeta ar1mciels, en p artkulier d<'l outiiJ i fwe dea taka, et non iotellectneUes, trOnTeot toute utitfaction
dans l'industrie el danJ la morale, deux domaines où l'on
( 1) L ' Eoolorioo - -· p. U1. (1) llW. p. 114

1
22 OatE~T ET OCCU>ENT 23

oe paue fort bien. en effet, de concevoir la vérité? SaM dépouillé tonte aotre littératare. n'a pu pu remonur
doute, oa o·~o est pas a.n h•é d"u.o teul eoup à eette utti· plw loin. Aimi le mot ciri.Liaatioa n'a pu plw d '""
mité, et biea des Europôens proteateN>DI qu'ils a 'en toDI •iècle d demi d 'exitunce. D n'a fiDi par en~r d.uu le
poiot encore là: mail nous peosoDJ JUrtout ici aux Amé· dictionnaire de l'Académie qu'en 1835, il y a ua peu
ricains, qui en soat à une pbue plus « a•·aacée ». ti l'o~ mu.in.i de cent aM... L'antiq-uité.. doat oow vivoa.s encore.,
peut dire, de la mime civiliJation : mentalemeat awu n'avait pu non plw de renne pour rendre « que nous
bien que aéocnphiquement, l'Amérique aetuelle est o-œi. n~tendont par civilisation. Si l'on doDOait- « mot·là à
ment l' c Extrime·Occident » : et l'Europe suivra. uns traduire d.uu 110 tbème latin, le jeune élève oenit bien
aucun doute, si rien ne vieut arrêter le déroulement d-' tmburauê ... L.o vie d011 mots n'est pas indépendante de
con•équencet impliquiet dans le présent état des cbouo. la vie des idées. Le mot de civilisation. dont nos ancêtnt
!\lait ce qu'il y a peut·itre de plus utraordinaire, c'est se p&llllient fort bien. pellt-être parce qu'ila noient la
la prétention de faire de cette civiliution anormale le <hoc. t ' ttt répandu an XIX" siècle tout l'iuftuenœ d'idées
type même de tonte chilitation. de Il rtprder comme nouvelles. Les déconnrtes ocienti!iques, le développe-
c la chiliJation » par u«l1ence. ' oire même comme la
4

ment de lïndwtrie. da commerce. de la prospérité et du


aeule qui mérite ce nom. C'est aussi, comme complement hien·ê:l.re, a,·aient créé UJle eorte d"eothouaiaame et même
de cette illusion, la croyance au c progrès», envisagé de propbéù•m•. L.o ~onception du pr~• indwi, appa·
d'u,ne façon non moins absolue. et identifié naturel!~ rue dans la >«<nde moitié du X'fln• .iède. coneonrat à
ment. dant ton uoence. avec ce développement matériel tonnioere l'espèce humaine qu'elle était entrée dau une
qui absorbe toute l'activité de J'Oocidental moderne. D he oounlle, eelle de la eivilitAùon aboolae. C'011t à un
ett curieux de constater combien cert.ainu idéee ar·rive·a t prodipenx utopiote. ~ : ·n oublié aujourd'hui• .Fourier,
promptement à se répandre el à s'imposer. pour peu, é,i. que l'on doit d 'appeler la période coatemporatne celle
dcmment. qu'eUes répondent aux tendances aénéral011 tk la civili.,.tion et de confondre la civilUation avec l'qe
d'un mil ieu el d'une époque; c'tst le cu d~ <es idéel de mod.e rae... La civilitatioa.. c'était donc 1• degré de déore-
c ciwiliution • et de « proçi-s », que tant de &e:• loppement et de perfectionnement t uque! le. natiou
croient volontiers uaiverseUes et néeeNaires-. alors européennes étaieot pan'tnu.. au xiX" siède. Ce terme,
qu'elleJ aont en réalité d"iovention toute récente. et que., tompris par tous. bien qu'il ne fùt dé6ui per personne,
aujourd1lui encore. let troi1 quarts au moins de l'huma· embraNait à la fois le propèt matériel et le progrà
n ité peniltt.nt à les Îp10rtr ou à n'en tenir aucun compte. moral l'a:n portant l'autre. l'u:a uni à l'antre. inl<!pan-
Jacquet Bainville a bit remarquer que. c si le verbe Lles tous deux. L.o civilisa tion. e'était en somme l'Europe
civiliser 1e trou•·e déjl nec la sipificatioa que aout lui e1le·mérne, c'était 110 brevet qne te décerDOiit le monde
prêtono chez lu boat auteurs du XV!n" ti~de, le tUbflan· •uropéen ,. •. C'.. t Il exactement ce que nous pcnsou
tif rivili.solwn ne ae reacontrc que cbez ),. économiste. nou_s...même; et DOU.6 avoD.J ttau l faire cette titatioD,
de l'époque qui a précédé immédiatement la Révolution.
littré cite un exemple prit ehez TursoL littré, qui avait (1\ l.. ,.,..., 4e
rP- $56.)17.
r. ct..il.-h•• : .,..;f c-..-~..,.a, 1.., ~l'ln 11'11.
Oan:NT ET OCODIENT tS
bien qu'die soit Wl peu loftEUe, pour montru que nou! bles, c:'est autre ehose, et, comme c:e ~ est très lé«i·
ne somma pu teul li le penser. lime, on ne peut dire qu'il • ·.p..e en ee cu d'idéel ayant
AiAti. e~ deux idéel de « civiliiation • et de c pro- pria n• i•Ance à un moment détumi.Dé; pe:u import.t
srès ., quJ fOOt fort Ôtroi~ment utocika, De datent qu'dlea aient été exprimée~ d'ut~e façon ou d'une autre.
l'ane et l'outre que de la seconde moitié du xvtn' sitde. et, si un terme est commode. c:e n'at pu paree qu'il e<l
t'uc..à.dire de l'époque qui. entre autres cbo~e~,. vit n~itre de création rétente que nouJ ,·oyom dea incon,-énienu à
auui le matérialiJme' ; et elle; forent iurtout propar;éeo aon e.mploL Alrui.. nouJ disons oou.s--même trê·s ,-.oJontieN
et popularicéeo par les rëveurt soeialiJtes du début du qu'il exùte c de1 eiviliutions • multiples et diverses; il
XJX' oiècle. 11 fout con,·enir que l' histoire des idée• per4 oerait auez dif6eile de définir exactement cel ensemble
met de fi ire parfois du constatations assez •urprenontef. complexe d'éléments de différenu ordre~ qui constitue ce
et de réduire certllines imar;inotiont à leur juste valeur; qu'on appdle une dvilisation. maù néanmoint cbac:un
elle le pennellrait su rtout •i elle était faite e t étudiie Ait auez bien ce qu'on doit entendre par là. Nous ne
comme elle devrait l'être. si die n'étoit, comme l'lùuoire pensons même pu qu'il soit nêcc:üaire d'euayer de rea·
ordinoire d'oilleun. fal•ifiëe par des interprétltions ten· fermer dans une formule riEide J., earac:tèreJ !éaéraax
doneieuses. ou bornée à de• tuvaux de simple érudition. de tou:e civilisation. ou les earKtheo partic:uUen de telle
à d'in1ir;niliontes recherches sur des points de détail. eiviwatioa détermink; c'est là un procédé quelque peu
L'histoire vroie peu t èrre dan,ereu~e pour eertlin1 in té. arti.6cid. et noU< nous délions r;randement de ce< cadres
rèts politiques; et on est en droit de se demander si ee étroits où se complaît l'esprit ayatématique. De même
n·e•t p&l pou_r C'eUe rai.son que eert.inu méthodes.. en te CID 'il y • c deo ciYilisatiouo ,., il y a auai. au coun du
domaine. sont imposée• of6dellement à l'n:dusion de d~eloppemeat de chacune d'elles. ou de c:eruines pério-
toute• les autres : conlCiemment ou non. on écarte n de. plw ou moins restreinte~ de ce dévdoppement. c de•
prWri tout ce qui permettrait de ••oir cloir en bien des prog-ès » portant. non point sur tout iodi.stincte:mmt.
cboses, et c'eot oinoi que se forme l' c opin ion publi· mai; su r tel ou td domaine défini: ee n'est là. en ~<~mme.
que ». Mais revenon• •u~~ dtu"< idées dont noua venons qu'une autre façon de dire qu'une eiviUsation se déYe·
de p~rler. e t pr~cisono que. en leur a5Sir;nant une origine loppe dans un certain te-nt,. dana une certa.ine direction ;
10111 ra pprochee. noua a,·ons uniquement en vue celle aaaio, comme il y a det progrès. il y a aw&i des réç ...
ocuption absolue. et illusoire selon nous, qui eil celle lio01, et parfoil même les deux cboses se o roduùeot
qu'on leur donne le plu! communément aujourd'hui. IÙDuhanément dana de1 domaines düférents. Donc. DODI
Ponr le •ens relotif dont les mêmes mots •ont su~œpti· 1 iasistont, tout cela est éminemment rdatif; si l'on veut
pra~clre les mêmes mo:s dan& un seru ab1<1la. ih ne cor·
-pondent pluo à aucune réoliti. et c'est jastement aJon
qu'ih rtpréeeutent cet idées noDYdles qui n'ont c:oun
. - moins de denx sièdes. et dan• Je .eul Oc:ci-
oieDL Certes. c le Progrès • et e la Ci'l'ilùatioa •· avec
26 OIIŒNT ET OCCIDENT 27'

cka majuaculea, cela peut faire nn excdlent effet dans des :o, 1:1 où il foit pr.,uve de oet esprit antitraditionnel
certaiDeo pbraaea auui cuuaea que déclamatoiret, tna qui est une dea putieuliTitts de J'Occident moderne,
propret 1 impresaionner la foule pour qui la parole aert déClarant que c ceux que noua appelons oncieu• ét.•i.en~
moiDal exprimer la pe&ée qu'à •uppléer laon abaenoe ; vt.ritlblement nouveaux en toutes choses», et qu llnll
à ee t.i tre, cela joue un raie d~ plue importa nil dana l'ar· Ieura opio ion• ont fort peu de poida; et, so~ ce rapport,
&enal do formulee dont les « diriseanto » contemporain• Pa!ell avait eu au moin1 un précurseur, pu11que Beoon
ee aervent pour accomplir la siu~ère œuvre de eugsea· ovait dit déjà avec lo même intention : AntiquitoJ sœcuU,
tion collective nua laquelle la mentalité apécifiquement juventw mundi. Il ell facile de voir le sophi•~e iDcoo·
moderne ne nu rait auboieter bien longtempa. A cet ësard,4 scient sur lequel ae base une telle couceptton : ce
noua ne ttoyons pu qu'on ait jarnois remarqué auf6um· aophismr conoitte i ouppo1er que l'humanité, dant son
meat l'anal011ie, pourtant frappante, que l'a.etion do eo•emhl e. ouit un développement continu et unilinéaire;
l'orateur, notamment, présente avec celle de l'bypuoti· cell là une vue <!minemment « simpliste», qui .., en
seur (et celle du domp:eur est ésalement du mlme contradiction avec tout le1 faiu connUJ. L'bi1toire nout
ordre); noua aip>alous en pasaant ce sujet d'étudea à montre eu effet. i toute époque, dea dviluation• iDdépen·
l'attention dea paycholo!Ues. Sana doute, le pouvoir des dantes lt1 unes des outns, oouvent même divergeutea,
moll a'ell déji exercé plus ou moins en d'autns temps dont c"rtain.. niÏJI<nt ,, ae dtv.,Ioppent pendant que
que le nôtre: .,..;, ce dont ou n'a pa• d'exemple. c'est d'autre• tombent en déeadr nce "t meurent. ou toDt anéon·
cette sl3•nteeque hallucinotion collective por loquelle ries brusquem.,nt dan1 quelque catacl)'Jme; et l"' civili·
toute une portie de l'humouité en est orrh·ée i prendre 01 tioru nonvellea ~ recueillent point toujours l'btritase
les plua vaines chimères pour dïucontestables réolitéJ: des ancien_n ee. Qul oaerait soutenir 1érieusemen~ pa~
et, pormi cea idole• de l'eeprit moderne. celles que nouo exemple, que leo Occidentaux moderne. ont pr~fité, 11
dinonçont préae.nte.ment sont peut--être le.a plus perni· indirectement que ce aoit, de la plupart des connauoa.acu
cieu1e1 de toutes. qu'avaient oceumu.léea lee Chaldéens ou les f.sypttens,
Il noua fout revenir encore sur la senè•e de l'idée de uni parler de• ciriliutiono doat le nom même n'el! pas
progrèa; diaont, ai l'on veut, l'idée de prosrès indéfini. porveou ju8qU'à nou1? Du reste, ~1 n'7. a pa• beJ~ÏD de
pour mettre hou de cause ces progrèa •péciaux et limitée remonter ai loin dans le paué, puuqu tl est deo ••..,nee•
dunt nout n•entendons aucunement contester l"existençe. qui étaient cultivée• daa1 le moy~n ige ~uropé~n; et dont
C'eat proboblement chez Pascal qu'on peut trouver lo on n' 1 plua de no• jours la motndre tdée. St 1 on v~ut
première troce de oette idée, oppliquée d'oilleura i un con..,rver Jo repré1eot1tion de l' «homme collect1f »
1e ul point de vue : on eonnait le pasuge ' où il compare qu'euvisa3e P aacal (qui l'oppelle trèa . improp~~ent
l'bamonité à c un même homme qui oub!i!te toujoura et c homme Wl.Îverael :o). il faudra doue dire que, a il u t
qui apprend continuellement p"ndont le coura drt oii>· dea périodea où il oporend. il en est d'antrea où il oublie,
oa bien que, tan dia qu'il apprend certainu ch01ea, il en
(1) ,.,_,_., d ... 1'urill 4· J'id,, oublie d'aarru ; mois!. réolité eat encore pluo complue,
28 ORIE<T ET OCCIDE:'ôT cmu54TION ET PIOCilÈs

puisqu'il y a simultanément, comme il y en a toujour; eu. No~a ne ponvono sonr;er i faire ici l'hùtoire complète des
det eivili.utions qui ne se pénètrent pas, qui t'ignorent divenea modifications que cette méme idée subit au conn
mutuellement : telle eu bien, aujourd'hui plus que du XIX" siècle, et des complications pseudo-scientifiques
jamais, la situation de la civiliution occidentale par rap· qui y furent apporté<Os Jonque, sous le nom d' c évolu·
port aux civilisations orientales. Au fond, l'origine de tion :1>, on voulut l'appliquer, non ploa seulement à l'bu·
l'illusion qui s'est exprimée chez Pascal est tout simple· manité, mais i tout l'ensemble des êtres vivan~ L'évolu·
ment celle-ci : les Occidentaux, à partir de la Rena is· tionnisme. en dépit de multiples diver~enc<OS plus ou
eance. out pris l'habitude de se considérer exclusivement moins importantes, eJt devenu un véritable dogme o!6-
comme les héritiers et les cont.inu.~~teuu de l'a_tlliquité ciel : on e.,...,igne comme une loi, qu'il est interdit de cfu.
gréco..romaine. -et de mëcoona.itre ou d"ignore,r sy5têmati· enter, ce qui n'est eo réalité que la plus gratuite et la
quement tout le reste: c'est ce que n ous appeloru le phu mal fondée de toutes les hypothèses; à plus forte
« préjugé classique ». L'humanité dont parle Pascal corn· raison en eat·il ainsi de la conception du progrèa humain,
menee aux Grecs, elle se continue avec les Romaini, puis qui n' apparaît plus li-dedans que comme un oimple cas
il y a dans son existence une discontinuité cor~pondant particulier. lllais, ovant d 'en arriver li, il y a eu bien des
au moyen âge. dans lequel il ne peut voir, co aune tous 1•• vieis1itudes, et., parmi les partisans même1 du progrès, il
gens du xvn• siècle, qu'une période de &omme,iJ; enfin <On eat qui n 'ont po s'empêcber de formoler des rése"es
vient 1~ R enaiuance. c'est-à-dire le r éveil de cette huma· asses çaves : Auguii<O Comt"- qui avait commencé par
nité. qui. à partir de ce momenL sera composée de l"en· être disciple de Saint-Simon. admettait un proçès indé·
semble des peuples européens. C'est une bizarre erreur. 6ni en durée, mais non ea étendue ; pour lai, la marche
et qui dénote un horizon mental oingulièrement borné, de l'humanité pouvait être repréoentée par une courbe
que celle qu i consiste a prendre ainoi la partie pour le qui a un<O asymptote, dont elle se rapproche indifiniment
tout: on pourrait en découvrir l'inBuence en plus d'un !IDJ jamais l'atteindre, de telle façon que l'amplitude du
domaine : les psych ologues. par exemple. limitent ordi· proçès ponible. c'est·à-dire la di1tance de l'état actuel
nairemeot leurs obsen·ations à un seul type d'humanité. i l'é~ idéal. représentée par celle d<O la conrbe i
I'Occid<Ontal moderne. et ils étendent ab~aivemeot les l'aoymp:ote, va sana c.- en décroiuanL Rien n ·est plw
réiultats aio.i i obtenu_s jusqu·à préte.n dre en faire. uns facile que de montrer les confusions aur lesquelles rep060
exception. des caractère• de l'homme en général. la théorie (antaisute i laquelle Com1e a donné le nom
JI est esaentiel de noter que Pa•cal n'envisageait encore de « loi des troü états », ~~ dont la principale contùte
qu' un progrès intellectuel. dans les limites où lui-mémt i tuppooer que l'unique objet de toute connaiuance
et aon époque concevaient l'inteUectuaJjté; c"e&t bie.n ,~tri poNible .,.t l'explication dea pbéoomèn<Oo natnreù ;
la 6n du xvm• siècle qu'apparuL avec Turgot et Con do" - e Bacon et Pascal, il comparait le& anciens à des
cet, l'idée de proçès étendue à tous les ordrea d'activité : eafants, tandia que d'autres, i une époque plua récen.t .,
et cette idée était aJon ai loin d'être généralement accep· oat c:n1 mieux faire eo lea uaimilant aux aauvages, qu'il•
tée que Voltaire s'empresaa de la tourn<Or en ridicule. appellent des c primitüa ». alora que, pour notre part,
30 OUI:rfT lET OCCIDE!'fT ll

noua les rqardona au contraire comme d .. d~éaérél •. tiellemat ty110IIytae de c proçèt acieatihque Jt, et elle
D 'un autre eôté, certainJ, ne pounnl faire autrement l'applique aurtout au dévdoppemeat dea acie- apé-
que de cotUtater qu' il y a dea hauta et dea bu datU ce rimeatalea et de leurs applicatioaa. Ou voit doue repa·
qu'iJa counaiNeAt de 11Uatoire de l'bDJD&nité, eD SODI raitre ici cette dép-adation de l'iat~eace qui aboutit
TCUUI à p..ler d'uo c ryt1Jme du proçh Jt ; il aerait à l'idcatifier avec le pla.a restreint et le phu inférieur
peut-être phu aimple et pl01 l.,Pque, daaJ ceJ condi:ioni. de loua ses oaasu, l'action sur la matière eu YUe de la
de ae plna parler de proçà du tout, mail, comme il aeule u!ilit~ pratique ; le soi4isant c prop-èa iatelle~
faut aaungarder à tout pr:U: le dopne moderne, ou aup- tud Jt n'ott plus ainsi, eu déhitive, qu.e le c proçft
pooe que c le proçh Jt exiote quand même comme ritul-1 - térid Jt lui·mê.me, et, si l' iatclliseac:e a 'était que cela,
taule 6nale de toua 1.. prop-èo partielo et de toutet lu il faudrait accepter la dé6aitioa qu' ca do110e B~rJS<~n.
rép-tllioru. Cea rut.r iction• et cea dilcordan- denaieut A t. vérité, la plupan dea Oc:eidentaux aetaelo ne con·
do110er à réfléchir. mail bien peu aemblent s'eu aperee- çowent pu que l' iatdli&eaee ooit autre cbœe ; elle ae
Toir ; lea différent.. écoles ne peuvent oe mettre d'a~rd ridait pour eux. IIOD pl111 même i la raison au 1et11 ear-
entre dies, maio il dem.e ure entendu qu'on doit admeure tésieo, .,..ia à la plus iafune pa<Ûe de cette raiJon, à
le prop-ê.a et l'évolution. oans quoi oo ne uurait proba· ses opératiom l<:t phu élê.mentair<S. à c:e qui demeure
blemeat avoir droit i t. qualité de c civilisé ,._ loojoun en étroit~ limon a vec ce moade sensible doat
Ua autre point ett encor<: diple de remarque : oi l'on U. ont fait le champ uaique ~~ exchuif de leur aetiYité.
reehercbe quelles aout l<:a branchu du préteadu prop-ès Pour ceux qui savent qu·il y a autre cbose et qui per·
doat il est le pluJ souvent qu<:alion aujourd'hui, œlles siotent à d onner aux mots leur vraie ~i6catioo,
au.xquell<:t tout<:a lea autres oemblent u ramener d>n! la ce n'e.t point de c proçès iateUectud ,. qu'il peut
petUée de uoo contemporaim. on s'aperçoit qu'elles "' a'.P. i notre époque. mail bien au contraire de die•·
réduiocat à deux. le c pro;;rès nutériel Jt et le c pro~r~• denee, on mieox encore de déehê•nce iotelledllelle ; et.
moral Jt ; ce aout lea aeulea que Jacquea Baio,.îJie oir parce qu'il Cil d<:t voies de développemeul qui sont
meotioUDéea eomme comprises dans l' idée courante de iaœmpatibl... e ut li précùiment la rançon du c pro-
« civilisation • , el DOUI pensons que c:·ut ave-c: r-..hon. pèt matériel lt, le Knl dont l'exiJteuce an eonu de•
Sans doute, certains parlent bien encore de " proçès 4enûen aiècle• soit un fait réd : proçès JcieutiJjqae •i
iutellectae.l Jt. mois cette expreo•ion. pour eux. etl et;en· l'na nut, mais dam une acception extrê.memeat limitée,

-eu . .,
• proçès iadwtritl bien pl u• eoe<>re <;Ue acicutifiqu~
OC.doppement ntatérid el intel!~tu•lité pare 10n1 vni·
iavtne : qui •'en ron(' dans 1'110 • 'éloipe
~Mc-ai•tment de l'autre ; que l'on remarque bien.
..ailleun, que noUI disoaa ici intellutual ité. non ratin-
•alité, ear le domaine d e l• ro ison n'esl qu'inr~rm.:.
~aire, •n qu•l•tu• far.on. •ntre ~elui de& u ru et ctlu i
32 OIUENT ET OCCDENT 33

do l'iotelltct tapérieur : ai la raiaoa uçoit DA reOtt de -nt rinrell~tnce a la matihe.. ltatut de s'en affra.a·
ce dt.rnier, aJon même qu'die le nie et ee croit la plus dùr iTaide d'un iuJtincl uou mal dê&ni ; telle ut plw
hante faculté de l'ètre h~ c'ett toujoun deo don- oirement encore ..eDt des prapnatistet, pour qui la
nées aeaaihlet que 1<1at tirée! let notions qu'elle élabore.. "tioa d'utilité.. dtitinée à remplacer tdle de vérité, sc
Nout voulon• dire que le t;énéral, objet propro de la rai- pre..oente à la foi. 1<1UJ l'aopect matériel ct l<lut l'upeet
son, et pu suite de la tcitnce qui 011 l'œuvre de celle-ei, -rai ; el aout vo,-ons ~acore id i quel point le praJ·
•'il n'en pu do l'ordre sensîhle.. procède cependant de Dtatisme exprimt le. trndtnces spécialet du monde ~
l' iodhiduel, qui eot perçu par let tcD.I ; on peut dire deme, et turtout d u monde ...,,Jo-saxon qui en ut la
<ru'il ut ou delà du tentihle, mais non au-deuut ; ill f raction la plu• typique. En fait, matérialité et seniη
n'ctt de trantcendant que l'universel, objet de l'intellect JDCntalité, bien loin de t'oppoter, ne peuvent ,;uêre aller
l'"'• au rtt;ord duquel le ,;énéral lui-même renlr< pure- l'ue sans l'autrt. et toutes dtux acquièrtnt enumblt
meat et simplement dana l' iodividuel. C'est là la distioe- lellr développement le plus exlTème ; nous en nono la
rion foodoment•le de la connaiuanoe métaphytique preuve eo Amif'iqu~. oü.. comme nou• avonJ eu l"oœ.uiou
tl de la connai ..ance scientifique. telle que nous l'ltYons 4e le faire remarquer dans no• étudeo lut le thêooo-
exposée plut amplement ailleurs w ; et, ai nout la rappe· p!üame et le tpiriritme, let p ires extranvnces c pMuclo-
lons ici, c'e11 que l'absence totale de l:a prem.ière et le IDyrtique. • naiueat et •• répandent ane U.De incroyable
dfp)oiement dél<lrdoJUlé de la seconde conllituent let facilité.. en m~me tempo que l'iodtlitrialï.me tl h
caractères let plus frappants de la civiliution oeciden· ,....ion deo c affaire• • 1<1nt pouuét i U.D de,;ré qui
tale dans 1<1n état actuel eedne à la folie ; quaed les cbo... co sont là. ce n',..t
Pour ce qui ett de la conception du c proJ<èo m~ plus D.D équilihrt quo ,·.;c.blit entre leo deD.'I tenJaace<.
rai •• elle reprétente l' autre élém.e at prédom.i...,n t de ai oonl delL< d~quilibreJ qui &ajouttnt l'un i l'autre et.
la meo:alité moderoe. noa.s voulons dire la ae.ntimeot.l· aa lieu de se torupenser, s'ow&\enr mutuellement. Lo
lité ; et la prétence d o cet élément n'ut poiot pour nouo raieon de ee pbiooatène ett facile à apercevoir : 18 où
foire modirier le ju,;ement que nous avont formulé en l'iattllectualité <•1 réduite au minimum. il est tout natu·
dioant que la civilisation occidentale til toute maté- rd que la sentùutnC.Iité prennt le deuus ; et d'ailleuro
rielle. Nous nvons hien que eertaino veulent oppooer le Ollle<i, en en~·même, ttl fort prodle de l'ordre mali
domaioe du tentiment i celui de la ma tière, faire du riel : il n'y a rita, dans tout le domaine p•ycholopque.
développement de l'un une aorte de contrepoids à ...i soit plu• étroitement dtptndant de l'or,;aoisme. et.
l'envahitaement de l'autre.. et prendre pour idéal UA f t dépit de Beqson. c'ell le sentiment, el non l'intelli·
équilibre auui stable que p<JUible entre cet dtaX élé- pace. qui now apporait comme lié à la matière. !'iotU
ments complémentaires. Tdle est peut~tre, au fond, la '•Joni bien ee que ~u,~nt «C>Ondre à cela les ÎDLuitioa·
peutée deo intnitioUAitttt qui, utoc:iant iodiuolable- aùtes : l'iur<llittnce. telle qu'ils la ronçoivenL est lik

~~
•. -.._ , ..lnl4 4
(1 1 ~o l'If-'< 4n - ... -
--
· ,. _ ....._
• u matiêrt ;;o~nique (c'til toajoun le méeaniaDt
,.,rtb:ien et ~a dt-rh·i,. fJil ..il-c ont en mel :Je ~ntiment
34 CIVWSATIOI'I J;T PROC&Î:S 35

l'el! à la matière vivante, q ui leur [parait occuper ua dt· teunt, que flut·il penaer de la réalité d u « progrë.l
~ê plut élevé dans l'échelle det exùteaces. Mait, Ïn<>fll· ..nl ,. ? C'e1t là une qutotion qu'il n'eot guère poui·
a.icpe ou •hante, e'est toujouu de la mati_ère. et _il ne Ille do diJœter oérieuoement, pure que, dans ce d o-
•' acit jamaia là-dedans que du choteo oeatiblet ; il est -me K-nrimenta l, tout n'ett q u'affaire d'appréciation
décidément impouible à la mentalité moderne, et au.'< et de préférences individuelle• ; chacun appellera « pro·
philotophlet qui la rtprélentent. de se dégager de eeU< lfÔI » ce qui tera en conformit~ •vte •e• propreo dispo·
limitation. A la rigueur, el l'on lient à ce qu'il Y ait Il olliono, et, en aommc, il n'y a pu à donner u ioon à l'un
une dualité de ltndanceo, il faudra ratUocber l'u ne à la platôt qu'à l'autre. Ceux dont les tendances sont en
matihe, l'autre à la vie. d cette dütinelion peut effecd- ltannonie avee celles de leur ~poque ne peuvent bir"
•emeat tervir à elauer, d'une manière aues lllitfaitante, oatrernent qu e d'être sarimito du présent état dea cho10s.
leo ~edu oupertliliont de notre époque ; mait, nous .l e d c'est ee qu'ils tuduinnt à ltor rnanitre tn disant qu,.
répétont, tout cela eot da mème ordre et ne peut 1e d11· tette époque ell en progrèo aur celles qui l'ont préeédéc ;
toeier réellement ; eet choaes 10nt situées tUr un même 1111i1 souvrnt !"Cltt• utirhcti'm de 1eun :u~ir:Uionll l!~nli·
plan, et non auperpooéeo h iérarchiqutmtnt. Ainai, le ...,talu n'est encore que rtlatin, parce que leo événe·
c m orali1me ,. de not contemporain• n 'ett bien que le •ento ne .. déroulent pas tou jour• au v< de leuro d.;.ir•.
complément néces..ire de leu.r matériali•me pratique' tt e'eat pourquoi il• 1upp01ent que le prop-~s oe conti·
et il oerait parfaitement iUusoire de vouloir exalter 1"11D 10era au court de1 époque• futures. Let fait• vie.nntnl
•u détriment de l'autre, pui1que, étant nécehiÎreme.n t porfoio apporter un dt.nenti à ~eux qui oont perouadts
solidaires, ilo oe développent touo deux •imuiUouément de la réa lit~ actuelle du « progr~a moral 10, suh••nt le~
et dans le même sen•, qui u t celui de ce qu'on ell couve· f'Onceptions qu'on o'tn fair lt plus hobiturllrmenl : uni•
nu d'appeler la « dvi)jution • · • . eeax-11 en sont qu itteo pour modifier qutlque ptu ltur•
Noua veoon1 de voir pourquoa les coneepuonl du loléeo i «t égard, ou pour r<portu dans un ave.n ir plu•
"« pro~a matériel ,. et du « progyèo m.o ral 1t sont in..<i· "" moin• lointa in la rialitation de leur idéal. et ils pour·
parables, et pourquoi la oeconde lient, de façon à pe? n ient tt' tirer d'embu-rat. eux aussi, en parlant d 'un
prèt ausoi eonotante que la première, une place oi cO?Il· « rythme du progrè1 •· D'ailleur1, ce qu i el! en core
dérabl e dano le• préoccupation• de ao1 contemporatnt. lttaacoup pluo ~impie, ils a'cmpresoent ordinairement
N ono n ' n ono nullèment contelté l'exiotenee du « pro- ..oublier la leçon de l'cXpérienee ; tdt oont eu rêveur•
~'"'" matériel •· mala seulement ton importance : oe que .....,rri~ihlu qui, à chaque n ou,·dle sue.rre. ne man·
DOtu aoute:noos.. c'eat qu'il ne veut pu ce qu'il f.it per· .... ni ,,.. dr 1•ropbétiJ<r qu'elle oero la tlr rnitre. Au
dre du côté intellectuel, et que. pour ètre d'an antre fnd, la croyance au prosr,r t ind<fini n'tot que la plus
nit, il faat tout ignorer de J'intell ectualité vraie ; ma iit· aain ct la plus r;ronirre de toutes le• formeo de l' . o: op·
tiiD.ifme » : quelles que toirnt seo modalitét, elle est
.... toujourt d'euenoe tentimentale, même lonqu'il
•'"lit du c progrs matériel •· Si l'on nouo ohjnte que

Il
OIUE~T ET OCCIDENT CIVtUSATtON ET noc;Ù$ 37

uou5 A\'On~ reconnu nous-même l'cxis.tcuce de celui·d. . .tériel et de l'ordre sentimental, <OUI cela r.e tieDI, et
nous r épourlron;; que non.; ue l':woui reconnue que dans e'eet tout cela qui fait de la ci•oilill8tiou oeeideaule ac·
1\'i limites oi1 h~s fait:i uOUi La m,ontrt-nt, e t que nou! hlelle une anomalie, pour ne pas dire une monttruosité.
ft u t·unement p our cela qu'jJ doive ni même
1t 'aecnrc.lont- Voilà eomment les chooes apporai•unt lonqn'on les
qu ïl puiue SI." pouriUÎ\'re inJé6nimeut; du re$ tC, cotnme ..viuge en dehors de tout préjugé ; d c·est ain1i que
il oe nous psrait point ètre ce qu'il )' a de mieux an J. voient les représe.n taou les plw qualifiés dea ci•Uiaa-
monde, au lieu de r appeler progl·è&, nous préférer ion& aloD.s orientales, qui n'y apportent aucun parti pria, ear
rappeler tout :;implemen t dévelops)etnent ; ce n '<'it pas le parti pria est toujouu chose sentimentale, non intel·
par lui·même que ce mot d e progrès ,..eët gênant, mail lectuelle, et leur point de vue est purement iutellectuel.
c'ee.t en rai~on de lïdte de << 'raleu.r » qui n fiui par s' y 'If lea Occidentaux ont quelque p eine à comprendre celle
atwcbt&' prrsque i n var'i ablemeut. Cette remaa·que en altitude, c'est qu' ils sont invinciblement p ortés à iu«er
arnène une autn· : e' est 'luÏI y a &iPn aussi une réaliti J. autres d'après u qu'ils sont eux·mèm« et à leur prê·
qui c:~>- di ~inmlè ;ous le prétendu « progrès moral », ou 1er leurs propres préooc:upations, comme ils leur prê~ot
qui: ~i ron prtfère, en en tretient llllusion ; ceue réalité-e leurs façons de pense.r et n e se rendent même pas compte
,.:1!5l Je dévdovpement de la sentimentalité, qui. tonte ttU' il puiase en exister d'autres, tant leur horizon mental
qu~ti on d'appréciation à pa rt, existe en effet Jans le t'Il étroit ; de là vient leur complète incompré-h eu.sion
monde morltrne, aus5i i ncontestablement que celui de .. toutes Jes conceptions ot·ientale.-. La réC'i1•roqu-.} n.!est
l'industrie et du commerce (et now avoui dit pourquoi point '-'rtie :les Orie-ntaux. fJttand ilt ton ont roccasiou ~";
J'un ne , .• pa• ean e l'autre ). Ce développement, excessif .-nd ils veul ent a'en donner la peine, n 'éprounnt guè-
et anormal selon nou;. ne peut manquer d'appnraitte re de difficulté à pénétrer et à compr~ndce 1~• cotiDais·
comme un progtè-' à feux tjUÏ ntetlteut la s.:ntimcntaJit~ -c:es spéciales de l'Oocidant, car ils sont habitué• à des
a u-dessus de tout ; et peut-être dira-t-on que. en pa rlant epéca.btions autrement vnsles et profonde!, ct qui p-eut
dt- &i mp!es p références comme noui le fo.i:;ions tout à le plus prut le moins : mais. en ~téoéral, iù ne aont gui:re
lïteure, nou~ nous eomrues enle,·é par avance le droit cle IID* de se üvrer à ee travail, qui risq"Uerait de leur
l f>w · donner tor-t. l\{ais il n!en est rien : ce que nocu laire perdr·e dtt vue ou tout au moio! ofgli@:t r, pou.r des
disions alors !·applique ·au sentiment. et au .senùme.Dt ~~ qu' ils es~iment insig-nifiantes. ce qui ect pour eux
seul, daos ses variation.! d'un inrlivid11 à un autre ; a'il r -ntiel. La science occidentole est analyse et ditper·
s'agit de mettre le sentiment. considéré en généra), à 11 llea ; la connais.sance orientale est s~·nthi-&e et concen·
juste l'la er por ropport à t'intellige·nce. il en va tout an· lntion ; mais nous aurons l'oeeasion de r~,·enir là·deuua.
:rement, pa rre qu' il y a là une hiérarchie néeeSfaire 'à Oaoi qu'il en •oit, ce que les Occidentaux appellent eivi-
ob5erver. Le m onde moderne a pro prement renvereé let U..tion, les autres l'appelleraient plutôt barbarie, puee
rnp!>ort~: n:tture!6 des dh·crs ordres ; encore une fois. ..'U y manque prédsé.n'aeni l'essentiel, c'est·.â ·dire un
amoindris>tl,fll! de l'ordre in :ell ec:uel (et même ah- llflocipe d'ordre supérieur ; d e quel droit le• Occiden·
""nce de l'in tr llectualité pure) , exagération de l'ordre liU prétendrai~nt-ils imposer à tous leur pro;>re sppré-
39

ciotion ? llo n~ denoient pu oublier. cfai])eun. 'JUÏI, 4io1Ulent lieu. de port et d'autre. à de& iluerprétatio.,.
ne oont qu' une minorité duu !"ensemble de l"bumanité ~tralemtot oppoûa ; que oeroit-œ ai lta Ori<'lltata
terre1t re ; évide,m ment, cene con.tidération de nombre a t .-oulaieDt au11i, à l'ia1tar deo OccideollUIX, et pu 1..
p rouve rien à no• yeux, mais elle devrait faire quelque -.êmes moyens qu'eW<, impoett leur m1Dière de • oiz ?
impr·f HÎou !Ur de! gens; qui ont ÎD\'t..o.lé Je • su.ffra~e u ai- Mois qu'on se rassure : rien n'est plus contraire à lear
'tut:l » et qui eroi.ent i sa vertu. Si e.ocore ils ne h i· . .rare que la prop11ande, et ce •ont là d« aoucù <pi
..ient que se comploire dans l' af6nruation de la supério- leur ooot porfaitement étran&ers ; IIDI pricher la c Ji.
riti im.ap.naire qu"ils i"=auribuen•. cette illwion ne ferait kné ». ils l1iuent 1« outres penser ce qu'il• veulent, et
de tort qu'à eux-mêmta ; mail ce qui tot le plus terrible 1 -.... ce qu'ou ~·e d'eux leur ..t fort iudilrére:aL
t'eu leur fureur de proûlylilme : cb.. eux, l'taprit d• T - ce qn 'il• demonden:. au fond. c'est qn 'ou lta laiue
conquétt se dé!uise iOUJ d .. prétextt~ • moralistes •· lrallqDÜles ; moil <est ee que refusent d'a~tre les
et test au nom de la c liberté • qu'ils veulent contrain · Occideotlux, qui toDI allés les trounr ehes eux. il -
dre fe monde entier à leJ imiter ! Le plu.& iton.oant. c'at faot pu l'oublier, et quj s'y soat comportés de telle
<rue. daou leur infatuation, ils s'imasinent de bonne foi façon que les bomma les plus paùibles peuvent à boa
qu'Us ont du « prbtise 10 auprès de tous les antru peu· èoi:t e.a être t'Xatpér~a. Nous cous trou von• a inti m pfê..
pies ; paree qu'on les redoute comme on redoute un• - •e d'une 1ituatioa de foit qui ne uuroit durer iodé&·
force bru:ale. ib ernient qu'on les admire ; l'homme qui IIÙDent ; il a'est qu'ua moyen pour les Ocàdcnuoux de
~il menacé d'être éer.asé par une avalanche est·il pollr ee rendre tapportables : e'esL pour employer le ~~~e
tt la f roppé de re!p«l et d'adnùration ? La seule impra· llabitud de la politique coloniale. qu'ils recaoneent à
tion que le! inventions méeaaiqu~ par exemple. p,... r c animila tion • pour prariqo« r • a•H<iatioa •• t't
dui•ent sur la zénérolité des OrientauJ<. c'e<t one impret· eel.a elus tons les domaiaeo ; mah rel• oeul uùe déjà
•ion de profonde répulsion ; tout celo leur poroit auuré· - certaine modifiution de leur mentalite', et la eom-
me.at plu.a 3érnnt qu•a,·antaltUX. et. sÏ!.!i se troU\'Cnt frihensioa de quelques-une• ou moia• da id<e. que
oblish d' accepter certaina nécenitis de l'époque • •· _ , exposon «- ic:i.
tuelle, c·to;t avec: respoi r de s·en di:ba_rra.!se:r Wl jour ou
J'autre ; ce1a ne les intértt\e ou et ne les intér ene:ra
jomoia véritablement. ~ que les Occidentaux • ppellent
prosrèJ, ce n'est pour les Orien:aux que eh.an!!emcnt et
innabilité ; et le besoin de chaOf;ement, si CITietéristique
de l'tpoque moderne, en à leurs yeux une marqu• d'in·
fo!rioritt manifeote : celui qui est parvenu à on iut
d'équilibre n'éprouve plu• ce besoin, de mime que celui
q uj toit ne ehetthe plut. Dons cet conditions, il ~t ouu·
rément d if6cile de s'enttnd re. puisque 1~ mémes foit•
)

CHAPITRE n

L A SUPERSTITION DB LA. SCIBNCB

A dvilisatioa oecide.nt.ale moduue a, utre autrH

L pritentlo~ celle d 1 êtn éminemment c sdmti·


>ttait bon de prieistr un pen ~om·
fique ;o ; il
ment on entend ce mot, mail c'est ee qu'on ne fait pu
d'o·rdinairt, car il Hl du nombre de ceu..,. 1uxquels DOt
coa:emporoos fembkm atbeber une •orte d• rouvoir
my51~rieux. indépend1m.ment de leur """' · La "" Scien·
« », avec une maju...~le. eomme Je « Pro;rù Âl ct la
c Chili.!ation ». comme le « Droit :t, la ., ]Uf-lÏt't • tt
lo c Likrté ». H t eDeore une de eu enl ilt~ q11'il \"alli
mieux ne pas eberd>er à définir, et qa.i ri"'uent de per·
dre loat leur pre~• db qu'on lea e:11amine d"un peu
trop près- Toute- les soi-disant o: eonq11ët.. ., dont le
monde moderne est si 6er se réduisent aiu!i à de çaadJ
mou derriùe le5q11els il n' y a rien oo pu ~and'eb- :
111geoi:Îon collecrive, avon,.nous dit, illusion qui, poor
ku parta«êe par lant i 'indiYidus et pour u maiuteo>r
COIDJDe eDe le fait, ne aaurait être 1pont.anre ; pn~tooêtre
- ieront-nous quelq11e joar d'éeloi.rcir un peu ee côté
à li quution. Maù, pour le moment. œ n'est pas de eela
prillcipal~at qn'il a'apt ; nous constatoaa aeulement
~ I'Oecident ae!Del croit I Ull idko q11e nous •eaoat de
6e, ai bnt est que l'on puiue a ppeler cela dea idées, de
.-f'll'e f.çoa que eette eroyanee lui 10it •enue. C.e ne
-~ pu naiment des idées, car bHueoup de œwc qui
LA SUP E'I\STfTlON DE LA SC:Il~SCE
Oal.PIT ET OCCIDr.NT
toua les propapodistet, les apôtret de la tolérance sool
prononunt ces mor. anc le phu de eooVJcuon n'ont très IOUYellt, CD fait, let phu Îlltolérao~ des b ommes. ll
daot la pelllée rien de bien net qui y eorre&ponùe: au J'est produit, rn det, eene chose qui eat d'une ironie
fond, il n'y a là, da&1a plupart de1 eu , que l'expretJÎon. ~ire : ceux qui ont voulu renvener toua !ea do&·
OD pounait même dir·e la personnifie~tion, d'npiratioo.! mes out créé à leur unse, n oua ne diroua pu un dope
se,n timentales plUJ ou moins v"'"... Ce 1001 de vEritables l'OL ..-eau, ma.iJ u.ne urieature de dope, qu'ils a.oot par·
idole.,)~ diviDitël d'une sorte de c relipoo laiqoe • qui YCJIUS i imposer à la &inérüit6 du monde oecideatsl:
n'ert pu nettement dilinie, sam dou~. et qui ne pent aimi ae sont établies. SOUJ prétexte d' c aff ranebi•e-
pu l'être, m.aia qui n'en a pa• moiau une exilteace trà ment de la pemée », let croyaneea les plUJ ebiauér iques
réelle : ce n'~t pas de la reli;;ioo au tens propre du mot. qll'o.o ait jamais vuea en aucun te.mpt, soua la forme de
mais c'ett ce qui prétend •'y subatituer, et qui mériterait - diverses ido1es dont nous énumérioua toul à l'beure
mi.•?" d'étre ~ppelé c eontre·relî&ion •· La prtu~ihe qndqu«-UDCS des principalea.
onpne de eet etat de eboaes remonte au dibut m<me de De toutes les tuperatitiona préebêcs par ceux·li
l'époque moderne, où l'esprit antitraditionnel ae mani· aaèmet qui font profeation de dêcl8Uier à tout propos
fetta immédiatement par la proclamation du c libre ex•· contre la c superstition,., celle de la c ocienee • et de
men •• e'eat·à·d ire d o l'abaenœ, dana l'ordre doctri.oal, la «ra ison • est la seule qui ne aemble pas, à première
de tout p rincipe supérieur ~wc opinions individuellct. •-ue. reposer aur une base sentimentale; mau il y a par·
L'anarebie intellectuelle devait fatalement en rétulter : {oÎI UA ratiooalùme qui n'est que du aentimentall.me
de là la multiplicité indéfinie dea sectes relipeuaes et ~ comme ue le prouve que trop la pauiou qu'y
f>&eudo-relipewes, dea 1y1tèmes pbilosopbiques Yiaut apportent ses partilana, la baine dont ils témoip>ent
avant tout à l'originalité, des rbéories scienti_6queJ aw!i rootre tout ce qui contrarie Jeurt tcoda.nces ou députe
épbé.mèret que prétentieuses: iuvraiaemblable cboo1 que leur compréhension o ·.weun. en tout cu, le ration•·
rl~nune p ourta_nt une certaine unité, puitqu'il txitte lisme eorreapondant à un amoindrissement de l'ioteller·
bten un esprit •pêcifiquement moderne dont tout cela toalité, il e•t naturel que aoo développement e i.lle de
yroeè~e. mais une unité toute nésa1Î\ e e.a tommt. pu.ia~ pair avec cdui du sentimeotalitme, ainli que oons l'avons
<tue c est proprem ent une absence de principe, se tradoi· upliqué au chapitre précédent ; seulement, ebacune de
•a,o t por cette indifférence à l'égard de la vérité et dr - deWI tendances peut êt.r e repréaeotée piUJ apéciale·
l"erreur qui a reçu. depuis le xvut oiède, le nom de -~ par cer:aines iDdividnalitéa ou par certaÎOJ cou·
c tolérance •• Qu'on nous eomprenDe bien : nouJ n'co· raall de prnfêc. et, rn raison des espretlions plua ou
tendoua point blâmer la tolérance pratique, qui ,·..,ere. 8eÎI1I esdUJives et syatématiquet qu'elles aout amenées
•avera lu individul, moi• seulemmt la tolérance théo· • r~vêtir, il peut même v avoir eotre elin det conflits
rique, qui prétend a·ex:ercer enven let: idées et leo.r rec·OD· appareoll qui dissimuleol leur solidarité profonde aux
rtaltno ~ toutes les mêmes droir.. ce qui denait losique· JWS clea ob&ervateurt auperûcid._ Le ratioualiame mo-
ment •mpliquer un sceptieiome rad ical ; et d'ailleun oler~~e eommence en somme à OesearteJ (il avait mème
noua ne pou,·om nous empècher de conatattt que, commt>
OaoENT l:T OCCIDENT 1. \ SI;PEIIST1TI01' OC LA SOEN Ct: 45

CU quclqutt prtCDfSCUr! l U X~l· siè(,Je ), <1 rou P<UI oui• p ropr-es inttotloot, et on aurait tort de le.s en rendre
\"f'e. sa trac~ i trave.rs toute fa philo•ophie- modcrae, non direC'Itmtnt re1ponoables ou de leur fa ire grief de n'avoir
mo ons qu~ dans le domaine proprement •tienti6qne ; la pu prôvu ruta ints conséquence• pha ou moint lo~t&η
ré.tetion ac1uelle de lïntuilionnùme c: du prap.ati one nes; msis il suffi{ que cea idéu •oient confonneo à 1 noe
contre «" rationalisme nous fourojt l'txtmplc d'u.n de au à l"autrt d.- deux t endance• dont nous parlons pour
cca conAiu, et nous R\'Ons vu cependant fJUt B rr·gson q u'elles soient u tili;able• dans le •ens que nou• ven ons
acceptai! parfaitement la dt6nilion cart<sicnJOe cie l'in· de dire: et. <tant donné ·1'état tl'anuchie intellectuelle
~lliseu~; ce u'e•t pas la nature de cdlt·d qui .,,, mi;e dans ltqutl .,t vlongé l'Occi deut, tout se paose cooun~
ta que~t'Îon. maÎ-5 t culemcnt u suprématit. .-\u xvtn'; a'ils'asi•uit de tirer du dé.ordre ~ème: et do;. tout ce.~'
siècle, il y tut auwi aota,oniu ue entre Je ra tionalil1lle • ·agite dan! lt ebao>, tout lt pull po~11ble . p~ur ~· reah·
dea eneyeloptdistes ~• le stnlimeotali=• de Rousseau; Y.tion d"uu p lan ris;oure·usemt-nt determme.. Nous .oe
et pourtant l'un et !"autre oervirent i pltmtnt à la pré· , ·oulon.s pat in"ister li~deuuJ outre m~sure. maj& il nous
paration du mouvement ré,·olut.ionnairc, rt qui montre u t bien d ifficile de ne pu y re\'cnir de t"mp• ;. autre,
qu'ils rentra itnt bitn dans l'uni t~ nigati\"e de l'eapri t car noua ne pouvons admettre qu·tme n ee tou t entière
aolitraditionotl. Si nous rapprocboou ott e~tlllple tl 11 soit purement tl simplement frappée d'uae sorte de ~?lie
précédent, te n "C"tl pas que nou1 prêrions à Berstoa au· qui dort depui> phnieurs siècles, el il faut bien qu JI Y
cuoe arriè-rc-.p eotie poliriqut i mai• now 11,. pou,·ons ait quelque rbose qui doont, mal~é tout. uoe sipoi6ca·
nous ~mpëchtr de sou!tr à l'utilisation de '•• idée• tlanJ tion à la ci' ilisation moderne~ nous ne trO)'OUS pas au
certains militux t)'ndicaliSiet. t urlout tn An~etttre, h asard, tl now &ommes pcrauadé que tout ce qui exiote
tattd~s q~e, clans d'aulrt! milieu~ du même Etnrr, l'esprit doit avoir uue ta use; Hh re à ce\U qui sont d,un aut-re avit
« scoenlule » til p lus que jamait en honneur..-\u fond, cle J:ai~r .-!t- ('Ûté cet ordre d e considérationt .
il rtmble qu' une des r;raudes habiletés des • cliriseant• :o :11oi nttnonl, diuoeiant let deux tcndancea principale&
de la mentalité moderne consitte- à favoriHr ahtrualÎYt~ de la meotalltë ruodtrne pour mieux les enmiocr. el
ment ou &itnuhanémeot J'une el l'autre dts dt\L\. tend:m · abandonnan t momentaoé.meot le aenlimentati.ame qut
ou en question auhant !"opportunité, à rtahlir tatre noul retrou, ~rons plus loin, nous pouvons nous deman·
elle• une oorte de dosase, p ar un jt u d'équilibre qui d ... ceci : qu'est exac1ement cette « •ciencc,. clont rOc·
rép~nd à dea pr~occupations aunrlment plua politique. eident est si iufatué? Un H iudou . résumant avec une
qu'1Dtellectuellu; cette habileté, du rent, peut n'être extrême coocision ce qu'en penient toUJ let Orientaux
p 11 toujoura vou_lue, et DOW n'entendons mttlrt eD doute q uj ont eu roeCiiÎOn de la eonn.aitre.. 1"1 t'lrlelérisée t.rèJ
la .•iocirité d'a ucun •na nt, historitn ou pbi.l.,.opbe ; justement par cts mots : « La tcienee occidentale est un
mau ce~-ci ne ooot tOU\"ent que de• « dirigeants :o appa· ta•oir ignorant » t . Le rap prochement de ce1 detn termes
renta., et 1l 1 p euvent être eux·même• dirisi• ou ia8uenoé•
uoa a'en apercevoir le moint du lllonde. De plu., l'ou se
qti eal b it d e leurs idêea ne répond pao 1oujouu à leur•
OIUENT J:T O<:ODENT LA SUPE&5Tm0!< DE LA SCBNCJ:

D.'e•t p~iat ~~ eontradic:tioa, et voici ce qu'il veut dire : mait bieD de l' c incouailaable », aui•aot le .,ot de
c e.t bteo, ft 1 ou veut, au ~avoir qui a quelque réllnr SpeDœr et faire d'ae infinoilè intellectuelle aue bome
puùqu'il est niable et e(fi~ce <bus un certain domain~ qu'il n';.t permi1 à perooune de (~ane~ir, voîl;è co; qui
rela•tif; mais c'est un aavoir irrémédiablement borué ue •'était jamal1 vu n11Ue part; et Jlmats ou n antt .,.
Ï3Jiorant de l'eaaentiel, un savoir qui manque d e principe' non pluo dea b ommes (aire d'Me offirmation d'lsnormee
co~e tout ce qui appartient eu propre· à la civiliutio; uu peovamme et uJ>e profeu ion de foi, la prendre ouver-
oeodeotale Moderne. La sdeoce, telle que la eooçoiveo t tement pour étiquttte d'ue prétendue ~octrioe, 10111 le
nos contemporains, ert uniquement l'étude dea pbé110 • nom d' c aptOtticioue •· Et ceux-Il, qu on le rem_arque
mè11es du monde sensible, et cette étude ut eotreprùe el bien., ne aool pos et ne wenleot pu~ d .. toepb~;
?'enée de t<!Ie .ra~on qu'elle ne peut, nous y inJiotoo~. •'ils l'étlie41. U y aurait cbns leur allllnde ~ ~e
~rre ratta~ee a aucun principe d'= ordre rupérieur: ICJ9que qui pourrait la rendre es:cn..&le: ~ ils 1001,
o~o.raot _resolument tout ce qui la dépa:-, eUe 1e rend :ru contraire, lea croyaots les plw eoth.ouaJatlea de •.•
ltDII P!eon~eot ind~peudante dam so n domaine. cela c acience •· leo plw fervents admira:eura de lo c .rao-
e~t vrao: mau cette mdépe11dooee doat elle se slorifie IOn ,_, TI elt aue& étrange, dira-t-on, de mettre la rauon
n es.t Ca ote que de •• limitation meme. Bieo mieux. elle au-dessus de tout, de professer pour elle, un 'éritoble
vo JUiqu'i nier ce qu'elle isnore, parce que c'est là le culte, et de proclamer en m&ne temp• quelle "". ea-:en-
·•~uJ moyen. de ne paa avouer cette ipor.ance; ou, sâ elle tiellemeot limitée: eda eat quelque peu contrad•ctnue.
n ose pu. noer formellement qu'il puine exister quelque en illet. et. si nous le coottatom_ nou, ne nou.a cha11eo~:
ch~te qut ne tombe pu toua son emprioe, eUe oie d u pas de l'el<pliquer; cette attitude dénote uoe mental ote
moont que cria puÎ!!e étre connu de quelque maniërc qui n't&t lo notre à aucun deç~ et ce n'est .P••. à uous d e
que ce toit. ce qui en (oit revient 111 mëme, et elle pr<· jrutifier les contradietiom qu1 tembleot tnbereo_tea on
~~d enslobe~ toute ~on u isunce pouibla Pa:r un 1oartl c rel•tivisme • tous toutei ses formes. Nou.1 aussa. aou.s
f'MI touven t Jnconscu•oa., les c st icn:istes » 1 •im 1g:ioenl disons que la rai.son e!l bernée et relative : mail, bien
comme. Aupste Comte. que J' bomme ne s'eat jamais pro· loin d'en faire le tout de l'inteiHsen ce. nous ne la rqn·
poté d ~utre. objet de connai ..ance qu'une explication doos que comme une de ses, portions i"!é!~e~ea. ~t ?ou•
des pheno.meues n.a~ureh: porti p ri• iocon•cicnt, di•ons· voyons da os l'intelligence d outres po11ibtlote1 quo dep.,.
no?'• ~r. tl1 sont cvod~ent in~ pa bles de comprendre sent immensément eelles de l• raison. En aomme, le5
qu on puoue aller plus loon, et ce 11'e11 pu là ee que nou• modernes~ ou eerl8int d'entre eux du moinJ. consentent
leau reprochons, ma it seulemt.nt leur prétention de u(u, hien à reconnaltre leur lsnorance, et lea rotionaÜ$1es
•er lW< autrer la po11euion ou l'uuse de facultéo qui aetnels le font peut-itre plw •olontien que leurs prédé-
ltur manquent io eux-mèmeo : on diroil des 1 ,.,.1,., qu · c:euea.n. m1ÎJ ee n'at qu'à la condition C:_!'-1• nu_1 n'ait le
nknt . tinon l'e><irtence de la lumière, du moins celle d~ droit de coonoitre ce qu'eux-mêmes isnorent : qu'on pré-
t4DI de J1 \'~f'.,.. pOUr J*uujq-ue tliton qu"ils ~D SOQt prhê,.. u11de limiter ee qui est ou senlemeat limiur radi ..le·
Affirmer qu U Y • · n on pa1 limpltment de l'ineounn. !'llfllt 11 conn1iuaace, c'eJt toujoun une manilest•tio·a dt~:
4& OJUE:-<T ET OCCIOEI<T L.• SUPDSTIT10N DE LA SCttNC:E

l"eaprit d~ llt,aÛOD qui C:SI si CIUCI~ri>Ûqut olu n1ond~ lé6iùme que cbacllD applique son activité i~teUe.:tuclle o
modtrut . Ctt tfprit de népùou, ce n'e.st pas autre choR da objets proportionoêa à us propres ~putudes tt ~DJ<
IIUt l'~prÎI ')Jiift>atlqut, car UD S}'otÙDt tSI tutnlidl~­ IIIOf tDl doat U dispOse. Ce qu~ noas repr~uvoru. c est
lOtnt u..oe ~neeptioo fermée ; et il en eit arrivé à s'id.en· ruclwn i.mr, DOW pourrionJ d1re le ~de C:CW<
tiJiu il l"c•prit l'bilosophiquc lui-même, surtout dcpab qui, çiûa par l"exteœioo quo ..... sdeoee• on,• p~. ru~
Kana. qu_i, voulant enfermer toute conn~is.s.aace daoa le sent d'adm ettre qu'U exhte r i• .: tn debon delle., et pre·
rdilii, a oôé dêclarer elqlreu(meol que « la pbiloJopbie ttade~~t que toute spéeulat ioo, puur ~Ire Vllable. doi~ ••
tlt, nou uu iu.:ruuJt.ut pour étendre la connai.n•a«. sou:DKttre aux mit.bocle:s 1pic.ial~i que œs mlmea sam·
IIII Îi unto diJ.cihli.ne pour la limiter a •,_ce qui rt\'Îe!!t àl ta mettent en œune, co~ si ces métbodè<, faites
dir~ qu~ la fon<tion principale dti pbiiOiOpbu COnJ~ pour l'étude de certains objeu_détermin~, dn~icat é~
à Ïm!HX~r à tou~ ln bornte éLroite' de leuc pr·opre eutt.D· univtrodlemeot opplieabln; 1l eil n-a• que re ~ •'•
d<m<DI. c~.l !>OUrquoÎ la pbiiO \Ophie moderne finit par conçoivent. en C.it d'WJiveualilo. eH qutl~uc eho,e d ~­
subi-til uf'r prt.qut eotièreuu:nl la «critique » ou b uëmemeot resueinl, et qui ne dépasse p~UII le donume
« th~oric de la tonJta.Îisaucc » â la œnnaÎiJ.ance elle- da cou;il'lleoees ~lais OD étooaerait f~rt en « iCÎe~tÎi­
même; e"l"it lllhÎ pourquoi. ehn. beaueoup de u .. reprê· tH • en ltur diant que,. &aDJ même sorti r de « J oma1oe.
StDIIDU, die lit \tUI plw eire que C pbilo;op}~ OCÏeniη il y a une foule de ebooes qui ne !anraicnt <u~ at~~
Gqué' ,._ t'en-à-dort •impie coordination dn résultatJ le; par Jeun u1<ltbodes, t l qui peuvat po~l fa1rt ~nb~
pl~ ;énêr..1u-c d·· la ri'Ï~u~. dont le domainf' ei t le: Je.UI de tcience• toui<S cliffêrenkl de celles qu •'• c:ouu•lSSC.III.
qu'elit rt:t'ounai_tJ~ comme ao«hible à lïnteJiisencf'. mais non moini réelles, ct aou,~eot plus ioté.reuaotet à
PLilo.,ovl.ü.: et _,cie nee, dan_, ~es condition;. n "out plu.a à divers 4arda. Il stmble que lu modera<~ aitol pri~ u~i­
têh \' d~tiogué<,. et. à vrai dire. dtpuii que lt> rl tjona· tnireaxnl. dans le domaine de lo C:ODDalUID« sc:•entili·
li..mt' exùte. elles oe pC'U\('u: avoir qu·w, ~ul tt mê.atc: que, un œrtaio aombrc dt portions qu'il• se soot ·~·
objet. elles ae rtpréoeotenl qu'un .cul ordre de con~ ota à étuditr à l"exdusioa de lODI Je relit. el en fauaul
•ance., ellb . ow anim~u d ·un 1uên1~ espril : c'es1 « qtk comme si C-'C rette était iuea i1t1nt; el~ aux tc.ieoees p3r1η
nous appelons. non rbprü "i~nlifiqu~. m~i.s l"tJprit tulièrn quïh ont ahui cul~i,iei. il ~~ t~ut nato~. d
« lcic oti.Jt~ ». 11011 point étoonoot ai admuable, qu il• *'<Dl donoe un
fi 00:!3 f11u t Î lbÎi"èr Ull ptU I Ur C'ttle decn iêrt d ij:.ÎUC• divcloppemeol beaucollp phu sn_nd que. o"anit?l p~ le
tion .: re que n uu.a \oulom marquer par là.. c'f.it que nou • faire dea bommes qui n'y attacba•tol po101 la meme un-
ne voyODi r ieu dt mau,~a_i, tn soi clatU le dé,eJoppemeu: portau~ q ui souvent même- ne •'.eo so.uc.iai~ot p~ ~
de ctrtaiud iCÎenc-e:t.. mê:o\e Ji nous trou,-on-J t:\:~uin• qui s'oceupaienl en tout Cil de ~·en d autrH cbo.es ~
lïmportaoce qu'on " attache;« n"ut qu'un ili\Oir trèi ltnr Stmblaitol plus sêrieusu. 1'\ow peoaons IUrtOat 1C1
relatif, ll:ljlia. enfin c".:tt uu !&\'OÎr :out de 1nimt. tt il e.Al aa déYelopptm<DI eoDlÎdérable dea ocieoeea tlqlérime o-
talea. domaine où exctllc évidemment I'Oec:idcnt mo-
derne, tt où oui oc 100ft à eooJtslrr u aupêriorité, que


50 O&JEl'I T ET OCCID&l'IT SI

lee Orimtawc trou•·ent d'aill~un peu en•·iablo. pr«A,~· lelti que par les ..,uJs aceptiquee, mais io soutenir quïl
mmt paru qu'elle a dù être achetu par l'oubli Je tout n'y a rim au-deetw d'elle, done pas de connoisunu po•·
~• qui leur puait vniment dipte d'intérét; œpendant. sible au deU de la eonnai... nee tcimti6que; ainti, le
now ne eraiptons pu d'a(6.nn.,r qu"il est du tcien~·· rationalûmo implique né«...irem.,nt la nqation de 1•
même t:rpérimenulu, dont l'Oecident mockn~e n'a pa· métaphysique. Presque toue lee philoaophes modernu
la moindre idée. Il existe de telles sciences "n Orien!. 10at rationalia·te~, d'uoe hcon p1ua ou moin• êtroitt.
parmi edleo au•qudles nous donnons le n om de • sden· pÎue ou moins aplieite ; c.h es ceux qui ne le tODI pu, il
us traditionnelles,. : en Occident même, il r en "''it n'y a que sentimentalieme et volontarieme, ce qui n'est
au..i •u moyen iJe, et qui avaient des caractèreJ touH:• pu moins antimétaphyeique, parce que, si l'on admet
fai ·• ~•t•arablu : et ceJ scienoe1. dont certaines donnen1 alors quelque chose d'autre que Jo raioon. c'est •u-de11ous
m~me lieu ~ dee •pplitations pratiques d'une inconluta· d'elle qu'on le cherche, au lieu de le chercher au·deuus ;
ble ef&cacltt. procèdent par d.. moyens d'inveati&alion l'inteUeclualiame vériteb1e est eu moins au»i éloi~oêe du
qui aont total •ment étransers aux sannL• europunt d• rationalume que p"ut l'être l'iotuitionnûme eontemp:)·
noo jollrt. ~ n··n point ici le lieu d e n ous étendre sur rain. mais il l'est e:ractement en tens in•ene. Dam cu
oe sujet; mais nous devons du moins t l<pliquer pourquoi conditiono, ai un philosophe moderne prétend foire de la
noot di10n1 que certaines eonnaiuanoei d·ord.re Kit.nti· métaphyeique, on peut être usuri que ce à quoi il d onne
&que ont une bu" traditionnello. et en quel seru non· ce nom n'a abtolumeot rien de commun avec. la méta·
rentendona ; d'ailleurc, cela rtvie.n t précisimeat à mort- physique •-rai.,. et il en est effeetivement ainsi; nou1 ne
trer. p1ut clairement encore que nouJ ne l'avonJ h ic jn- · pouYODI acc.order à ces choses d 'autre dénominat.ion que
qu ïc.i. oe qui foi t dHaut io la oeienoe oc.cidentale. celle de c pseudo.métophyeique lt. et, s'il s'y rencontre
Nous n on• dit qu'un du caractères spéciaux de eell• rependant pufois quel'!'••• considérations valablu. elle<
sciC'oce occidentale, e'ett de Je prétendre entièremenl se raU•ch•ut Ht réalité à l'ordre t<"ienti6que pur tt sim·
indépendante et autonome; e t cette prétention ne peut pie. Donc. absen~e complète de la connoissonce métaphy·
se soutenir que !Î J'on ignore s~·S-Cématjquement 1001 .. tique. négation de toute connaiuance autre que scientili·
eouoai.t ta nce d'ordre .\Upérieur à la conna i1aanee ~eient i· que, limitation arbitraire de la connaissance scienti6que
tique, ou mieu• encore si on la oi e formellement. Ce q ui elle·même à eert1ins domainea partit-ulien à l'e~:.dution
,., au-deuue de la ~ience, dan• la hiéruchie néceuoire det autres. CC IOnt Jà des tlriCtèrel &énéraUX de Ja pensée
du eonnai111nce1, c'eat la métaphysique, qui ett la con· proprement moderne; •oill ~ quel deçé d'abai.osement
naieunce intellectuelle pur" et traruœndante. taodit qu< intellectuel en en arrivé l'Occident. depuis qu'il est torti
la science n•ett, par définition même. que la connais .. ott des voies qui sout normoles au retie de l'humanité.
rationneUe ; la métaphysique est essentiellement supro· La mélaphyeique ett la ronnain ance d et princ:ipu
rationnelle, il faut qu'elle soit cela ou qu'elle ne eoit pe•. d'ordre univenel. do ut toutet cho&eS dépendent néceo·
Or le rationol isme consill.,, non pl! à affirmer eimplr · UÎI"<~nt, direc.t..mml ou indirectem.,nt ; là où la mita·
ment que la raison vaut quelque chœe. oe qui n'est con- rbyùque u t absea~. toute connaissance qui subsutr,
-., 53
"- O'RIENT ET OCC:tOENT 1 A SlfPEJUTmO:o< DE LA SCJ~NCE

dan• quelque ordr< que re •oit. wauque doue 'C:riteble· c dimion du trnail », e1t à coup aûr le meilleur moyen
ment de principe, et, ti elle gagne par là quelque chose d 'acquérir cette c myopie intellectuelle» qui sembl"
•n indépendance (non de droit. mai• de feit ) . elle perd faire partie dea queli6catioat requiset du parfait c •cien·
hien dnantege eu portée et en profondeur. C'ell pour· tùte », etl&lls laquelle, d'aUitors,le c icientîime » même
quoi le •denee oeeidentale est, si l'on peut dire, toute en n'aurait suère de prùe. Auul lt• « spécialio~ ». dts
, nrface; te ditpcrtant dons la multiplicité indi.finie de• qu'on les oort de leur domaine, {ont·i4 généralement
conoaiuancu fragmentaires, se perdant dans le détoil preuve d'une incroyable n aïveté; rieu n'est plus facile
innombrable dca faiiJ, elle n'açprend rien de la vuie que de leur en impotler, et c'est ce qui fait une bonne
nature dea cbotCI, qu'elle déclare inaceeuible pour juetit partie da succès dea théories lee plu• oau~enuu, pour
fier son i.mpuiuance à cet égord; aussi son lntérèt est·il peu qu'on ait soin de les dire « 1cientifiquea »; lei hypo·
beaucoup plus pratique que spéculo:if. Sïl )" • quelque· thèoeo leo plus ~atuitea, comme celle de l'évolution par
fois du euaia rt•unification de re sa,·oir éminerument exemple, prennent aJou figure de « lois» et sont t•outt
analytique. ih fOnt purement factice; et ne reposent pour prouvêea; ai ce aucoèt n'est que pasaager, on en e.u
jamais que sur des bypothè•es plus ou moins haaarden· quitte pour trouver eotuite autre chosr, qui eit toujow-s
.ses; auui ,·~croulent-ils tous lei uns aprè1 lts autr~•t tl acœpté avec une ~sale facilité. L.,. bw;e• synth~os. qui
il ue eemhle pat qu'one théorie icientifique de q\telque s'efforcent de tiror le supérieur de l'iufuieur (curieuse
ampleur 10it capable de durer plus d'un demi-siècle 4U lran; pooition de la coneeption démO<:ratique), ne peu·
mnimum. Du reste, lïdée O<:cidentale d'oprè• llquelle vent jam.aiJ ~tre qu'hypothétique~; ao cootraüe, la véri·
ln t)'Dtbtae ut comme un .ahoutin ement et une coaclu· table synth«e, qu i part des princip.,., puticipe de leu.r
•ion de l'analyse en rodicalement faune; la vérité ut certitude; mais, hien entendu, il faut pour cela pertir de
que. par l"enal )'l e. on ne pout jamais arriver à unt s)n· vrais principes, et non de simplet hypothèses philoaophi·
thi:te di~ne de ce nom, pareo que ce sont li des choses ques à la manière de OeecarteJ.. En 10rume, la sc.ieuec:, en
qui ne sont point du même ordre; et il est de la nature mécoooaiuaot les priocjptl et en refuaant de .s·). r alla·
de l 'ana l~·se <le pouvoir !C pour;uine indéfiniment, ti le cher, se prive à la foie de la plus haute garantie qu'elle
clonuine dnns lequel elle s'exerce eJI •usceptible d'une pui~te recevoir et de Jo 11lua sûre d.ireetiou qui pW.se lui
celle e.xtention. uns qu'on en soit p1ul avancé quant i être donnée; il o'ell plus de valable en elle qtW: le• con·
l'acquisitinn d'une vue d'ensemble sur ce domaine; 1\ nainancee de détail, et, dèa qu'elle veut s'élever d'w•
plus forte ra iJon est·e11t parfaitomeut inefficace pour clep-é, elle de,·ieot douteuie et chancelante- Une autre
oi•tenir tut rottochemtnt à du principes d'ordre 1upé· cooaéquence de ce que nou• venons de dire qtuot aux
rieur. Le caracthe eoalyrique de la science modtrne sc n pportl de l'analyse et de la •JDthè•e, c'est q ue le déve·
traduit par la multiplication san! cesse croi11ante de• loppement de la science, tel que le conçoivent lei moder·
« apécialith », doat Auswte Comte lui·m~me n'a p u - , n'~end pas réelloment 100 dom.oine : la •ouune des
s'empêcher de dénoncer les dangers; cette c spécialisa· eoAD.ai.M&Dceo pertiellu peut •'accroître indéfinimut à
rion •· ai ventée de certains sociolopH sous le nom de l'intérieur de ce domaine, - • par approfondiüemeat.
.H OIUEST ET OCODL'"T J.A SUPnnmoN DE l.A 50L"'CE 5S

mois par division et eubdivi!ion polll!êe de phu en plut qui nt toojoon demeun!e cdle det ?rienuoux. t~ o.ne
loin ; c'eat bim vreiment la sdmce de la matièr~ et de Ja iCÏeDœ qodconque pour volable moUJ.S en elle-meme ~e
multitude. D'ailleurs, quand mime il y aurait une uten· daD! la meture où elle uprimait à aa façon particulière
sion rëelle, ee qui peut arrinr ex<epti oon ellement. oe et repréleowt dant llll œriJiio ordre de ~-un ~et
tt"rait toujours daru le même ordre, et cette science ne de la vérité oupirieore. immuable, dont puttCI~ uecu-
serait pu pour et! a capable de •'élenr phu ba ut ; coosti- uircment toul cc qui pottèdc quelque réalité; et, eamme
tuoe comme elle l'est, elle oe trou,·e séparèe de• prioci- l('s c.arecû:ree de ~tte vérité a•inearnaie.nt en que.lque
peo par un ablme que rien ne peut. uout ne dison• pu ;orle dana l'idée de t...,dition. toute tcienee apparaiuait
lui faire franrhir, mait diminuer même dana let plu• oioti coiJliXW! un prolonsemeot de la doctrine tradition·
in6.mee propor1 ion1. nelle elle-mlme, comme une de 5t! applicationt. secoo·
Quand noue ditoot que les seienres, mëmc .xpérimen· dairea et CODlÎnJentes 11DJ doute. accessoires et non
tale•, oot en Orient une bu-e !ra.ditionnelle. nous ' uu· t":Sseot.idlet. tons;ituaat u.oe conoa..iuaoce inférieu.re ti
loot dire q ue, contrairement à ce qui • lieu en Occident , l*on "'eut, mais pour·taat encore u.o e \·(ritable- conna.is·
eU et aont toujours rattachées à eertaim princi~s : Ce\L~­ 40.a.D«, puit.qu:dle eoruervait u.a lien 1 \*eC la connaissance
ci ne sont jamois perdus de vue, et les chotts continsen· pa r exeelleuce. eelle de l'ordre inteUectuel pur. Cette
tet elles·mêmea oemblent ne valoir la peine d 'être étu- t'Onttptioa. comme oo k voit.. ne •aurait à auCW11 prix
diées qu'en tant que conJéquenees et manilutationt esté· $accommoder du p011ier natu ralisme de fait qui eu fenDe
rieures d e quelque ebose qui est d'un au:re ordre. M JUrt· not coatemporahu dan• le teul domaine des continsen·
meat. cooae iM&llee métaphysique et conn•ÎNanee sc.ien· ~.._ et même, plot euctement, dllDI une étroite portion
tifique n'en demeurent pa• moins profondément d iuinc· de ~ dom.aioe ' ; et,. comme IH Oriea:•ux.. noUJ 1• •épé·
tea; mais il n'y a pu entre ellea une d iscontinuité ab6o- toœ, u 'oot po ilu varié li-dtHUJ et ne peuvmt le faire
Jue, tomme celte que ron COD!llle Jorsqu'ou eoviu,e uni reni« let principe• sur luquelJ repose toute leu.r
l'état pré!ent de la cocnaiounce adenti6que che& lu rh Uitation, ltt deW< menulités pa raillent décidément
t)ccidentaW<. Pour prendre un exemple en Occident incompatible. ; mais, puitque c'est l'Occident qui a
mëme. qu e l'on considère toute la di•uonce qui aêpare le rhangé, et que d'ailleun il ebanse uns ceue. peut-~~
point de ••ue de lo cosmologie de l'antiquité et du mc.yen a rrivua·t·il un moment où u meota_lité se modifitra e..n6o
ise. et celui de la pbyoique telle qu e l'entendent ltt daw UJ2 KDI favorable et a'ouvrira à une comprrheDaioo
uvonlt modernes : jamais. avant répoque actuelle. plut voJte, et olors cene incompatibilité s'éTioouira
l'étude du monde tentible n 'avait été re5ardée comme te d"eUe-m!me.
•uffi.oant • elle-même; jamai• la tcience d e cet'e mulripli- Nous ~tout avoir •ul6aamment mon tré à quel point
d t& dlenceante et traruitoire n·•urait été ju.Kée vraiment
diole du DOm de C'ODDIÏUADte IÎ roo o 'al"IÏt trouvé Je
tn""en de la rel ier. à on deçé ou à un autre, à quelque
r boae de etable et de ~rmaoent. lA conception ancitt>Dt.
56 ORIEXT ET O(:CnJI:XT LA St:PEJlst1TtON DE L' SCŒ::'iCE

est iu•liliée l'appréc:iatiou des Orientaux ~ur la ·<Ïenr.~ 6eié de cet état d'esprit, bi~n phu qu'ell~• ne l'out SIU·
occiden tale; et, den1 ces ('Onditiont, jJ n·y a qu"uu«' chosr
qui puiHe expliquer l'admi,..tion aan• '"'""'' M le re<·
cité·.;
' ceux mêmes,..,; '· .
,- sont le moins eapabl~ de les um·
preadre les a-ptent de cou&auce et les reç<nnnt comn•e
ped 1Uperotitieou dont cette 1cience eH l'vl•i<t : c·~t de véril2bles dor;mes (~t ils .ont d'autant plU$ facil.,meat
qu'elle <>1 en parfaite harmorue avec le. betoius d'une iDuoioanés quïls comprennent moins), e'est qu'ils l~• ·
ch,i li~atitm purement matérielle. En eff~t. cr o'«t pu de resudeut, à 10" Oll à U.ÙOU, comme ro)idairel de ttS
$péculation dé.intérusêe qu' il s'agit; ce qui fra ppe dt> iu.-entions pratique• qui leur paraiue!lt si merTeillewes.
esprit' don: toutes les préoeeupatioru: &out tt.lumées ,·ers A ..-rai dire. cette solidarité est beaucoup plus -apparente
l'extérieur, ce sont les 1pplicati oru auxquelles la scienoe que r~elle; lu hypo:h~s phu ou moin• iaeo~U~tt•
donne lieu, c'est &On caractère at'ant tout pratique et nli· ne sont pour rien daM cei dé-couvert~ e& ces apphC;.'IUoos
li taire; et c'eat aurtout grâce aux iu,·ention.è mëca_o_iqut'! i Ur )'intérét desqueliCi les avis pea.-~nt différer, mau qui
que l't»prit « 6Cientiste,. a aoqui• •on dê•doppentent. ont en tout .,.. le mérite dëtre quelque cho.e d'elfec&if :
Ce ;ont ··~s inventions qui ont suseité. depui• le dibut dn et, Ïn\"tuem.ent, tout c:e qui pourra itre r~ali.ié daDJ.: l'or·
XIX' ;i<de, un l'éritable délire d·enùtou;ia•me. pa r~e dre pratique ne prouvera t•mas la .-écité d·un~ hypo·
,ro'ellt! ~o1hJ..ient a\·oir pour objeetif cet at'crousemenr thke quelconque. Du r~ste, d·une fa(On plu! ;ênêr.ok il
du hif"n·étre corporel qui e,st manifettcn.ent la princip:tlt" ne ia.Urait y AYoir, à propren1ent parler, de ,~érifi,·ation
a.spirativ n du momie moderne; et d'ailleuri. i J D.S , ·,. .. exp~rimentale d'une hypotb~••· car il est touj<>Uri poi·
aperr·t\OÎr~ on criait ainsi encore plu! de be.;oiru non· •ible de ttou•er plwiears théorie> par lesqu<lle< lt!
ve1ux quton ne pouvait en utisfaire. de ~ort«" qui'. mënte mém .. faits ie><pliquent également bien; on ptut i limi·
à ce point de vue t.rèi relatif. le pro&rèi c.;t d1oH: fort ner eeruine• hrpoth~..:s loroqu ·on <aperçoit qu.dlto 'Ont
ra
iJlu~oirt ; el. une fois lancé dans cette \·oi ,.. il 11.- rail e:n ~ntradie1ion avec. de5- faiti. maÎ3 edle!- qui .iub.;i-...ttnl
plu, ro~eible de •'arrêter, il faut loujoun du nouv~u. <!<meurent toujours de simples h~ pothè!u et {i•n de
Afai~. quoi qu'il en 5oit, ce sont ces applicatiou.., confon· plu! ; re n'est p-:u ain~i que ron pourra jamaii obtèbir de:
due! ••·ec la oeienee die-même, qui ont fait surtout lo cutitudeo. Seulement. pour du hommes qui u·ace.:pt<ent
crédit et le prutise de cdle-c:i; cette eonfu•ioa. qui n• que le (ait brut. qui n'ont d'autre critérium de •~rité qut
pou' ali .. e p roduire que che& des JteD" i~nor,._nta dt- rr 1" « e>o périence » entendue unique.men·t eoaune la GOD..il~·
qu'ut la , pécuJation pure. mtme. dan.c rordrtt ~tuJifi. lltion dei phénomènes svuibles, il ne peut être quenion
qut, e.t devenue tellement ordinaire que de aoo jour•. ,raller phu loin ou de proeéder autrement. et alors il n·,.
;i l'on ouvre n'importe quelle publi~.otion, on y trou,·e a que deou attitude. poMibles : ou bien p·ren.d re a.>a p3rti
e.oo~;tan\ment dé:lipé sou& le nom de « icience • te qui ,)u ~aractère bypotbétiqu" de• thiories ieîutiiqu~• ct
devrait p roprement a'1ppeler « industrie»; le type dn re.noacer à toute certitude iUpérieure à la Umple ê";df"ne~
« 5a>"aDI ». dana l'etprit d o plu• t;rond DOIDbre. c:'eot l'in· iéiUible; ou bien méc:onnaiu-e ce earaetère hypothitiqu•
~éoiew, l'iuventeur ou le toJUtracteur de macLio('J. et l"roire aveuglément à tout ~,e. qui e&t e:u eipê au n om
Pour tt qui ~•t deo tbéoriu '~111Üqueo, elle• ••nt bror· de la c •cience ,.. La première alli tude, aüu...-....at plu '
58
59
iotelli&ente que la aecoode (en teoaot compte dea li.mitea
de l'intdlïseoee c acieotifique ») , eat celle de œrt&ilù bien qu'elle ne aoit pul'apaaase exdoüf du deçé d'en·
...anta qui, moioo naïfs que la aul.rd, ae relDSeDt à êlle •eïsnemeot qui porte cette détï~DatiolL
dapa de Jeun propres bypotht.a ou de eelles de Jeun :-Jona noa• proaoaeé tout l l'heure le mot de c ,oJ.
coa.lrires; ils en arrinot a.iooi., pour tolll ce qui ne rdèn !JUÜ&tioa •: c'est là eaeore une ebo!e Coat à bit parti·
l'li de la pratique im.méd': te, à une aorte de aeepti<isUJe eulière à la civili.• ation moderne, et l'on peat y nir un
pl ua ou moint complet ou 1ou1 au moios de probabiliame: d .. principaux fac~eun de cet ital d'etprit que oocs
c'eat l' c "&DOIIÎcume » ne s'appUquant plw aeulement e;sayooa prmntemeo :le dêerire. C"eat uae des Cormes
à ee qlli dépuae le domaine acientihque, maù a'étendaot que revèt cet i t-anse besoin de propapnde doat CJt ani·
à l'ordre acienti6que même; et ils oe sortent de cette •né l'eaprit occiden.t.al, et qui ne peut t'expllquoor que par
•ttitade néptiYe que par ua pra;matisme plus ou moin• llnftuence prêpoodénote des ilêmeou 11t0 imeotau ;
conacient, remplaçant, comme ebn B eari Poincaré, la nulle eoaJidératioo intellectuelle ne jwtihe le prnJély.
conaidération de la vérité d'une bypoùa~e par celle de aa tÎJme. daat lequel les Orieatauz ne voient qu'une preun
commodité; o'est·ce pas là ua ...eu d'incurable i(no- d'i&noraaee el d'iocomprihention; ce· lODI deu cbœes
raaee? Cependant, la aeeoode attitude. que l'on peut tntihemeot différeotea que d'apoitr timplemeot la
appeler dos-tique. est waiutenue avec pino ou moim \érÎié telle qu"oo l'a comprùe. en n'y apportant que
de oiocérité par -l'autres sannu, mai> surtout par ceux l'unique préoccupation de ne pu la dénatuur, d de von·
<1ui se croient obli&éa d'affirmer pour la besoins de l'en· loir à toute foree faire partaser par .raal.rd aa propre
4ejpernent; paraître toujoun aûr de toi et de ee que l'on ron•iction. La propa;ande tt la .-ol:ariution ne ooot
dit, diuimultr lea dir6culté• et les incertitudeo. ne jamaù même pouibles qu'au détriment de la vérité : prétendre
rien énoncer IOUJ forme dubitati••t. tell en effel le mettre cdle-c.i c à la portée de tout le monde ,., la rendre
moyen le phu Cacüe de se lake preadre au Jérieou et ae'œ'sihle i tou.a iadïs·ïncce:m~n t. c'"en D~Al~at
d'acqaérk de !"autorité lonqu'on a affaire à un public t'OJDOindrir et la défor~Mr. ur ü est impoôiible l'admet·
&éaéralement ineompétalt el ineapable de dil«memeat, tre que tout les hommes aoient q.lement capablea de
soit qu'ou s'adresu à des élèves, soit qu'on veuille filie comortndre a·importe auo!: tt n'"est PIJ une auNtion
œuvre de vul&aritation. Celle même attitude eat naturel- tlïn!truction phu ou moin e iundu~. e'"Ht une queslion
lement prise, el celle fois d'une façon inconteatahlemeat rt• c horizon iotdlectuel ». et c'est là qut.lque ebo.se qui
tincère, par eeou qni reçoiYtnl un tel enaeipement; ne ~ur t-e modi6er. qui e•t inhireAt à Ja D.ature mime
awoi ett-dle eommuaêment celle de ce qu'on appelle le •le d>aque individu humain. Le préja,é chimérique de
c ça ne! public», el l"eoprit c aeientitte :o peat être r c iplité .. va à l'eueootre des (ait> ••• mieux ë •ablit.
ollservi dans toute aa plénitude, avec ee caractère de tlaa> l'ordre intellectuel au•i bien Que daDJ l'ordre phy·
oroyaace aveosle. ebez la bommea qui ne pouèdenl '\Ïqn~ ; c•e11 le n~•tion de- toute biinrtbie o•torelle, d
qu'une demi-ioatruction, dana Ica milieu où r~ne la t':eat l'abaiuemtnt de tou·e connaiuance au Diveau d,.
mentalité que l'on qualifie aonnnt de c pri.ll'laire 11, l'entendell'lent borné du valpire. On ne veut piUJ ad-
mettre rift! qui dipas..q l• comprébe:DJiou commu..ot', d .
60 ORif:~T tT OCCIDE~T U St/PEMTITIOI< DE LA SCIENCE 61

•ff•cth·em<nl, l<s conc:epûom oeienrifique; tl pbilo•~vhi· ntf.rùe valeur, eat autrement néfœ'itt que l'ignorante pur~
ques de n otre ~poque, quelles que soient leurs pr~ltn· tt !impie ; miew: vaut ne ri~n coooahre da to~t ~e
tiom, 1001 au fond de la plw lamentable wid.i~rit~: ou d'avoir l'esprit encombré d 'idees C..ut~ea, souvent tncléra·
o'e que trop bien réuJJi à éliminer tout ce qui •urait pu cinablu, aortout lorsqu'eU.. ont été i~culqoéea ~è_a -·~
ètre incompat ible avee le iouci de la vuJaarisatioa. Quoi plu• jeune i&•· Lïsnorant sa.rde d~ mo~ la pouih~tc
que c:er1ain1 puiueat en dire, la conllitution d'ua< <lite d'a(•prendre _.'il en trouve 1 oecu~o~:. il _peul pot~der
quelconque til inconciliable tne l'idial démocratique; tut urtain « bon lent,. naturel, qw, JOtiil â br COilleten«
ce qu'exlse celui-ci., c'ut la dittrihution d'un enseipe· quïl a ordinairrroent de 100 iocom~tence, su!6t à 1~i
ment risourcu•emenl identique aux indi•·i<lua 1~ plu1° éviter bien du 10lliaet. L'homme qua a reçu noe demo·
inéJalement douéa, 1.. plus différenta d·aptitud•• <t dè iu~truetioo, au contraire, a presque toujours Wlt men·
tempérament: maJaré tout, on ne peut erupë.·ha cet talité déformée, et ce qu'il croit .. voir loi donne noe tell:
enstipement de produire del réoultat s tré• •·•riobltJ suffiaaoce qu'il oimosine pouvoir parler de tout indi•·
eacore, mais cela est contraire atU intention ~ tlc C<lL'C qui tinctement; il lt fait à torl et à traven. mais d·autaot
l'out in•titué. En tout ca•, un tel t yJtéme dÏnJtruction plu! facilement quïl ell plus incompétent : tou~s choJ<J
eu • •>urément le plu• imparfait de tou•. et la dilru•ion paraiMent iÏ aio1p!u à celui qui ne eonnait rien !
inconsidérée de coonaiuanctt qoelconquu ~t toujour1 D'1illeun, mëme e:o laittant de tôté ln ineon,éoie.t\1·
plu.t oui•ihle qu·uli1e, car eUe ne peut a1nc.oer, d"une de la valllariaaûoo proprement dite, el en enviu:;eant la
manière séuéralt. qu'un .... de déiordre et d'anarchie. science oeeidentale da os 11 totalité el aout se• ">pe<IJ le<
C'tot Ô une telle diffUJion que l'oppoient Jes metbodel plo> authtntiqoe•. la prétention qu'af6chtot les repri·
de l'eou•i&nemeot traditionneL tel quïl exiJte partout unu.nu de cette aeienc:e de pouvoir l'emei;ner à tou•
en Orient. où l'on rera toujour• beaucoup plu• ptr•u adt UD5 aue-une réacne ~·· en~re un sisnr cf\évi~..ente rm.
deJ incon•cDotDU lrH réeJ. de J' « inilruction obliga• dioerité. Au.~ yeux d_e• ~roentau~, ·~. do~ 1 etud e ~·
coire » que de •u bienfait• aupposii. U l coona isuncel requiert aucune qualofica11on parllculoere o~ peut avoor
que le publ ic occidenuol peut avoir à .a diipc;Jitioo ont grande valeur et ue aaurait rie.o contenir de VTaimeat
beau n·a,·oir rien de transcendant, elle• .unt tncore 11rofo>nd: eL eu effet, la acience occidentale est tout ex ti·
•n•oiodriea dans les ouvrages <k vulgari.atioo, qu.i n'en rieure et i n per6<itll e: pour la caractériser, au lieu <k
<xpoaent que lu upecta lu plut inférieur•. et efl le~ dire « sa,·oir i~noraot ~. nous dirionl encore volootiel'l.
r;ausunt ~ncore pour les simplifier; et ce! ou,·ultl in.t.Ît· tt à peu pri-f dao.J le même aeas. c savoir profane •· A
lent complaiaamment sur IrA hypothèse; le; pluJ Canlli· re point de ,-ue pas pluJ qu'aux aulrei, la philosophie ne
olatu, lu donnant audaeiewement pour de• 'èrité1 .., di.itinsue \Taimenl <k ln science : ou a parfoÎI vouho
dêmoulr~ea, et lu aeeompasnant de cu inepte• déclama· la dé6n.ir comme la c saseue humaine •; cel• eat nai.
tiooo qui plaiunt tJnt à la foulo. Une demi-scieare mail à la condition dïnsilte·r .-ur ce qu'elle n'est que cela.
aequile par de tell.. lectures, ou pu un enuipecnent 110e ugess<! purement humaine. da os l'acception la piiN
doat tou. lu èlémtnlt lORI l"'isiJ dan! de- maoud. dt lilllitée de ce mot, ne faitant appel à aucun élément d'un
62 OIUENT ln" OCCJDEl'n'

ordre oupérieur il la raûon ; pour énter route é quivoqve. Kvit ausai à re.st.érieurt comme toutu les aatru varié~
noat l'oppeUerions ouqi « tl(nte profane ,., maia oelo du pr.,..;Jytiome occidenta.L Partout oà 1~ ~uropée~ ••
rerieol i dire qu'elle o'nt nullement one sqeue aa fond 1001 iootaUH, ils ont voulu répandre les so•-duont « bteu·
qu'elle n'en est que l'appareoee illusoire. Nous n'inait· flit5 de l'inttructioa :t, et toujoun suivant leo Dlêmes m.;.
teront p u ici sur les cooréquenceo de ce cau ct ère « pro· tbodeo, sam tenter la moindre adaptation, et uns te d.,.
fane 1> de toul le savoir occidentol moderne; maïa, pour mander t'il n 'es:i&te pu déjil là quelque autre 1eore d'in•·
monteer encore ~ quel point oe uvoir est &uperticiel et teuction; toul ee qu.i ne vient pu d'till! doit ètTe tenu
foc:ice, nouo airnaleront que let méthodet d'inttrucûon pour nul et non ovenu, et l' c éplité • ne permet pa!
en ouse ont pour effet de meiiTe la mémoire pr6CJU" .ou diffiRnlt peuplet et oux différentes n ees d'ovoir
enti~remenl i lo place de l'intelli(ence : ce qu'on de · leur mentalité p ropre: du reste, le principal « b ienfait ,.
monde lUX élèves, il tous let de(rét de l"emeignement. qu'ot:eodent de cette inttruotion «UX qui l'im".""""'·
c•en dtaccumuler da conna ÎNI.DCH, non de les.·aaJi.miJer ; c'est probableme nt. toujoan tl partout., la deotructtoo d~
on t'opplique au:rtout aux cholet dont l'étude n'ml" l'esprit traditionnel. L' « 4alité • ai chère iiUX Occiden·
oucune compréhension ; les foit1 sool substitués au.' toux se réduit d'ailleurl, dès qu'il• sortent de cbea eux.
idéet. et l'érudition est cornmuoément prise pour d e ln i Jo seule uniformité; le relit de ce qu'elle implique n'e!t
tcience réelle. Pour promouvoir ou diocréditer telle ou pas article d'exportation et ne concerne que let ropportt
telle b ro nche de eonoaisunce, telle ou ttll e méthode. il des Occidentaux entre eux, car ils te croient iocompara·
suf6t de oroclamer qu'elle elt ou o'ell pu cr seientüi· blement supérieun il lou• les autres bommH. parmi Je..
que •: ce qui est tenu offieiellemtnt pour c métbod .. qtlelJ ils ne font (Ohe de distinetions : let nèçelles plw
teitoti6ques •· ce soot les procédés de l'érudition Jo plu• barbue& et lu Orientaux les plw cuhhés lODI trait& à
inintelli&ente, la plus exclutive de tout ce qui n"e.t point peu nrès de la même façon. oni'C(UÏI.s soat p•reille-mmt
lo recherche du faita pour eux-mêm... et jusque dans en dd>ora d• l'unique c ch;Jisotion • qui oit droit it
leu~ d~tails les plus insi~fiaott: el. chose- dÎ(De d~ l'existence. Auni lu Européen• se hornent·ill lénéralc-
remarque, ce sont les « littéuires • qui abusent le plu• ment à en5ei!P'er lta plus rudimentaires de toutes leur• /
de celle dénomioalion. Le presti~e dt cette étiquell•• coonaiuancu; il n'est pu d ifficile de •e liJUrer commeny
« &cientifique ». alors même qu'elle n'eat vraiment ri'-" elles doivent être appréciées des Orientaux. à qui même
de plut qu'une étiquette, c'ett bien le triomphe de J'.,. ee qu'il y a de plu• élevé dans cea connaituncet semble·
~rit « tcieotiste • par excellence; et ce re•pect qu'impose rait remarquable su.rtout par son élroitesse et empreint
a Jo foule (y compris les préleodut « intellectuels •) cl'ue noïveté aua vossière. Comme les peoJileJ qui ont
l'emploi d'un simple mot. n'ovonJ·nous pu raiJoo dr IUle civilisation à eux se montrent plutôt réfraetoires à
l'opoeler « auper~tition de la teieare •? eetc• i.n~true" ion tant v:mtée.. tandis qne ln pnJP1e. tarbl
Naturellement, Jo prop•sande « teieorutt ,. ne s'exer..• ...:lture l• tubiuent buueoup plot docilement. IH Occi·
Pli Jeulement à l'iutérieur, 1001 Jo double forme dr tlentoox oe sont peut-être pa• loin de ju,er les seconds
1" «instruction obligatoire • e t de la ,,f!uÎ!a tion: ell~ ~rieun aux premjers; ils résuvent une estime au
OIUE.'iT ET OCCIDENT LA $UPE&STIT10N OE LA SOI:NCE 65

woiu~ r~lali,~e il eeux quïh recardent comme tU!cepti· Fo-hi. symboles ehiDois mystérieux et d'une hante anti·
blu de « s'é-levtr • à ltur nh·eau. ne fût-ce qu'aprè:t quité, dont les miuionnair.. européens et les Chioo~
t(Udqucs si<des du réJime d' c in.strucûon obliptoire • ea:x•mè.mes ne CODDI ÎUIIÏeDt pli Je sens-. ll propoA tl
t l ilin..,nlairf'. ~blheurru.rmtnt, ce que les Oceident.>u.• d'employer cette inter prétation il 1• propasation de l•
oppelltnt c s'ilt<er J>. il en est qui. en ce qui let con· Coi en Chine~ attendu qu:eUe é:ait propre i. do.one.c a w;
rf'rnt. rappeller~itnl « .-~h3ieser •; c'estlà ce qu'en pen· Oûnoi1 one:_ haute idée de b science européenne. et à
!<ul lous les Orit ntaux. même •il•ne le di~nt pat, el montrer l'accord de celle-<'i avec let tradition• véoê•ables
1:il• p r~nrent , tomme r1!13 arri,·e Je plus souvent, a·en· ot uerées de la uge11e ebinoi1e. Il joignit celte interpré-
r..rrntr dan • •• silence le plus dédaisneux. laiuant, telle· j ·u
tation à 1'e.xposé de aoa 1riïhmétique binaire qu envoya
IUetlt CtiD ltur importe l'eU, l"l vanité OCCidentale libre il l'Académie des Science• de Paris»'. Voici. en effet.
•l'interpréta leur attitude comme il lui plaira. ce que noUS WOnS textuellement daoJ le memoire doat
lea Européens ont une si haute opinion de leur science il est ici question : c Ce qu'il y a de turprenant dana ce
'l'lÏI• tn cruien1 Jt pr~sti:e irrési3tible, et ils a'imnaintnl calcul (de l' Ar ithmétique binaire). c'est que celte
•1ue le• outr<o peuples doi•·ent tomber en admiration de· Arithmétique par 0 el 1 .., trouve contenir le atystêre
...ant ltura tlécou,erU·i les plus irui.ra.i&aot.ea: cet état dH lio:ne. d'un 11ncien Roi tt Phii<>Jophe nommé Foh) •
1
or esprit. qui les eonduu v~rfois à de •inguliëres mépriw. qu'on....croit avoir \êcu il y • plw de quatre mille aJU
u"ut pas tout oou,•eau. et nou.s en a,·ons trou'é cbn tt que 1.. Chinois reJlardent <:<~mme le Fondateur de letu
lcillni~• un uemplc as~~ amusant. On .. it que ce phi· Empire et de leurs ICÎ<nees. Il y a plwieurs ~ linéai·
lo..Ïpbe ava it formé le projet d'établir ee ouïl appelait rea qu'on Ju.i auribue. dia reviennent toutes à cette
noe c cat actt"rùtiq-ue unh•erselle ».. c"est-à-dire: une sort,. Arithmétique ; mais il suf6t de metiTe ici la Fiture de
ol'al~ebre s<néral!·é~. 1 eudue 'Opplieab)e aiL• DOÛOib de ltuil Co.:a ' . comme on l'appelle. qui passe pour fonda·
tuut ordre. au litu d'ttrf" rea:treinte aux seulea nolion~ - ntale. et d'y joindre l'uplication qui ell maOÜeilt,
•iuautitalivt' ; cene iJ~e lui avait d•ailleuu été intpi.r t" pourvu qu'on r-ema-rque premièremeol qu"une lipu eo·
par certaine aute:uu Ju moyen ige" noumment Raymontl lière oi,nifit l'un ité ou 1. et serondeme.nt qu'une ligny
Lulle tt Tritbèmt. Or, au cours des étudts qu'il 6t pour llrisée signifie le 1éro ou O. les ChonoiS ont perd~ ..la
tssayer de réa liter ce projet, lcihoita fut amené à se pro· IÎPi ilication des C0t1a ou Linéations de Fohy. peul-etre
nccuper de lu aigni6catiou des caraclères idéo~raphiqa., •puù plus d'un millénoi rt d'années, el ils ont fait d.,.
CIUÎ CODJIÎtuent ric:ritu re ehiDOÏI~ et pJw particuJiè-rl"•
tuent dtt &JUrt• 1)-mholiqtao• qui forment la bue du
Yi-king; on ''o •oir comment il comprit ees deraièr .. :
« Leibaït.z, dit L Couturai.. croyait avoir trouçé Par u
DtUDéraûon bina.ire (uamératiou qui n'emploie que le.
s~ea 0 et 1. et dans uqueUe il voyait une image de la
création u tùllilo) l'interprétation des <'IUI'tè:res d•

'
66 OIU'E:OOT ET OCCIDE:OOT LA SUPE.&STITlON DE LA SCŒ=--CE 67

commentaire. là-dessu!, où ih not cherché je ne s~ai dan• l'écriture chinoise un avantage approchant de celui
quda oens éloign.;., de sorte qu'il • fallu qu e la vraie qui doit être nécessairement dans une Caractiristique
explication leur vint maintenant des Européen•- Voici que je projette. C'est que tout rationnement qu'on peut
comment : ü n'~ a guères plus de deux ans que j'envoyai tire.r des notioru, pourroit être tiré de leurs Caractères
an R. P. Bonvet, J ésu ite f rançais célèbre, qui d emeure à par une manière de calcul, qui seroit un des plus impor·
Pék.i n, ma manière de compter par 0 et 1, et il n 'en faU ut tans moyens d'aider l'esprit bum• in • '. NoU! a'""ons tenu
pas davantage pour lui faire recoouoitre que c'tit la 3 reproduire tout au long ce curieux document. qui per·
clef des &;ures de Fohy. Ainsi, m'écrivant le il4 novem- met de mesurer jwqu'où pouvait aller la compréhension
bre 1701, il m'a en,·oyé la grande figure de c:e Prince de celui que nous regardons pourtant eomme le plus
Philosophe qui va à 64 '. et ne lai;;e plus lieu de douter « intelligent » de tou. 1.. philosophes modtrnes :
de la vérité de norre i nterprétation. de sorte qu'on peut Leibnitz était persuadé à r .,.·ance que ~· « caraetêristi~
dire que ce Père a déchiffré l'énigme de Fohy, à l'aicle de que », qu'il ne parvint d'ailleurs jamais à corutituer {et
ce que je Jui a\'Ois communiqué. Et corome ces 6gurt~ les « logistieiens » d'aujourd 'hui ne 10nt guère pins
sont peut-être le plus ancien monument de oeience qui avanc.;.). ne pourr:lit manqutr d'être bien supérieure i
soit au monde. celte restitution de leur .se.ns~ après un si l'idéographie chinoise ; tt le plus beau. c'e!t qu'il perue
grand inter\·a11e de tems. paroit.r a d~autant plu! carieuse. .. faire grand honneur à F o-hi en lui attribuant un c ..sai
Et ct! accord me donne une grande opinion de 'la profon- d'arithmétique » et la première idée de son petit jeu d•
deur des môditations de Fohy. Car ce qui now paroit numération. li ooœ semble voir d'iri le 10ari re des Chi·
aisé maintenant. ne l'étoit ru tout daus ce.s items éloi· nois~ si on leur avait présw.té cette intt·rprétation qutl·
t;nêo... Or, comme l'on croit à 1• Chine que Fo'hy e&t en· que peu puérile. qui aurait été fort loin de leur donner
oore auteur des caractère3 chino~. quoique fort altéré.s c une haute idée de la science europ~nne :&. mais qui
par la suite des ttm!. son essai d'Arithmétique fait juger aurait été propre à Jtur tn faire apprêci~r tr~.s exacle--
qu•il pourroit bi~n s'y trOU\'t r encore quelque chose d~ meut lo p ortée réelle. La vêrité est que les Chinois n'ont
coruid&rable par rapport aux nombres et au.'< idéei, si jamaii « p erdu la signification », ou plutot les •ignifiea-
l'ou p ouvoit déterrer le fondement de l'écriture chinoise.
d'autant plus qu'on croit à la Chine quïl a ~ ·é gard aux
n ombres en l'établi..ant. Le R. P. Bouvet ert fort porté
à pousser cette pointe. et très capable d'y réUis.ir eu bien
des manière& Cependant je ne sçai s'il y a jamais en
tions des symboles dont il s'agit ; seule.meot. ils oe se

(1) Bql:~IÎiM dl l'.dtitAmltiqw W_..,.e. qwi u M1"f tkJ Mtt4 • I'St'-


lirrJ 0 tf 1, _.,.c du rrau:rqw-• _., ,._ .-t~l. n nr q q.•,.u. ...._,.
t. ..,.. dn ~"" ~~~ ~Ai~ .u Foltr. :u-..oitf':l de PAeaciHLio
... ~ 1703 : Œunots u.t~ de I..ob'lu~itL. Id. OtTb.aNt,
-
L VIT, pp. ::e.!:7. - Voir aaai De .o,.MW!ü : ibW.., c. VU. pp. !;X!.
:M., 0t tf-rte te tt'mt.ÏDO a.iJui : C ft& ainm. aceicfit_ at l'f'S &~te t.fr tt U\.
,.._ (aillia. t) &.A.Do. uta. Ùl ntremo eœtrt coot:ûant.i& orin.W, aao Ùl
..art.. t'j~ e«'i.df>ou. wd trlt'lioribc., ot tptro ag;çic.i.D rmilldt&fttv.
Jl'ua M1l appa.rtt., aatn. anm hja cMr.wttrlmai ad a:QC'ftd&ID D:l:IIDftOo
. . . tcinti&a i.aoocci.ne. 8iDCJrft. ...,., ipti ~ A.ri~ c;:aidotm ~
tinonn dl.td!itee w. DttC'io qvos ~~~;Yitieos tipika.hJJ ia. à Ukterib.l
_.. oa:a.ttalibl.u libi breb&at. ,. ·
68 ORIENT ET OCCIDENT L.\ SIIPEilST'ITtON DE LA SCttNCE 69

croyaient point obligés de les expliquer au premier lopque, qui eùt pa servir davantage au projet de Leib-
,~enu, surtout s'ils jugeaient que ce serait peine perdue ; nita a'il l'eût connue, eomme il y a une application so-
et Leibnitz, en parlant de « je ne oçai quels sens éloi- eiale, qui est le fondement du Confucianiome, comme il
gnés», avoue en somme qu'il n'y comprend rien. Cc y a une application a stronomique, la seule que les Ja po-
sont ces sens~ aoignewement conservés par 18! tradjtion nais aient jamais pu !-aiti_r •, comme il y a même une
(que les commentaires ne foot que suivre fidèlement ) application divinatoire, que lea Chinois reprdent d 'ail-
qui constituent « la vraie explication», et ils n'ont d~ail­ !euro co_tDme une des plus iDférieures de toutea, et doot
leur; rien de « mystique >> ; mais quelle meilleure U. abandonoent la pratique aux jongleurs "rranU. Si
preu ve d'incompréhension pouvait-on donner que de Leibnitz s'était trouvé en contact direct avec les Chinois,
prendre des symbolea métaphvsiques pour « des carac- eew:-.:i lui auraient peut-être expliqué (mais l'aurait-il
tères purement numéraux » ? Des symboles m étaphysi- compri• ?) que mëme les chiffres doat il se se.r vait poo·
ques. voilà en effet ce que sont essentiellement les « tri- vaient aymboliser des idéu d'an ordre beau~oup plus
grammes » et les <c he..'(agramme.s ». représentation ' VD· profond que les idées mathématiques. et que c'est en rai·
thétique de théories susceptibl es de recevoir des dév~­ son d'un tel symbolisme que les oombru jouaient un
loppemeot; illimités, et susceptibl es au>si d'adaptations rôle dans la formation des idéogramme•, non moin1 que
multiples, si, au lieu de !e tenir dans le dom1ine des olano l'expraaîon dea doetrines pythap;orieiennes (ee qui
principes, on en veut faire l'.1pplication à tel ou tel ordre montre que ces choses n'ét.aimt pas iporées de l'anti-
rlétermin ê. On ·aurait for· étonné Ltibnitz si on lui av:nt quité occideotale). Le& Chinoio auraient mëme pa accep·
tli t que son interpréta tion arithmétique trouvait place ter la notation par 0 et 1, ct prendre ces « caractèrel'
aussi parmi ces s.ens qu'il rej~tait sans les connaÎtre. mais purement ownér.aux » pour représenter symboliquement
seulement à un rang tout à hif accessoire e t subordonné; les idées métaphyoiques du yin et du yanl{ (qui n'ont d'ail-
car cette interprétation n ·est pas {a usse en elle·même., et teu_n rien à voir avte la conception de la création e1:
elle est parfaitement compatible avec toutes le.s autrtl, 1ltiiUJ<>l, tout en ayant bien deo rauons de préférer.
mai!' elle est tout à fa it incomplète et insuffisante. insi- comme pluo adéqlate, la représentation fournie par les
gnifiante même quand on l'envisage isolément. et oe c lin&ations » d" Fo-hi, dont l'objet propre et dire~t est
peut prendre d'intérêt qu'en vertu de la correspondance dan' le domaine métaphysique. Nous a vons développé
analogique qui relie les sens inférieurs au aeru supérieur, cet exemple parce qu'il fait apparaître claùement la dit·
conformément à ce que nous avons dit de la nature det fér~n.cr qui exirte entre le systémat isme phUo10phique et
« scie.nces traditionnelles ». Le sens supéri~ur, e'est le la •ynthèie traclitionnelle, entre la science oecidentale et
se.ns métaphysique pur ; tout le res:e, ce ne sont la aagesse ori.,otale ; il n'eu pas di!&cile de reconnaître,
qu'applications diverses, plus ou moins importantei,
mais touiou_rs contin~ente~ : c'est ainsi qu'il peut y avoir
une aonlie.atioo arithmétique comme il y en a une indé-
6ni'é d'autres, comme il y a par exemple une application
70 OIUENT ET OCCDENT 71

our cet exemple qui a pour aout, ltù auni, uue valeur qui domine tout l'ordre sentimental, et dont le c:araetère
de symbole, de quel côté u tnntveut l'iueompréheoJiOTt p ropre det conceptions morales fournit la preuve la plna
et rétroiteue de vuea '. Leibnitz, préttndant compreD· éclatante, car les notions de bien et de mal ne sauraient
dre lu symbolu ebiuoi.s mieux que les Chiuou eux-mê- exi.ste.r que pu leur opposition mème. En r·é alité, l'or·
me!, Ht un \'iritable précaneor des orien.talines, qui gueil et l'humilité •ont pareillement étran,en et indiffé-
ont, les Allemand! •urtout, la mëme prétention à l'égard rent& à la .sa~dJt orientale (nous pourrions auui bien
de toute• les conceptions et de toutes les doctrines orien· dire à b &a!eiie UDi épithète) , parce que celle-ci eat
tales, et qui refu.ieDt de tenir le moindre compte de l'nit d'eueuce purt>meot iuteUectuelle. et entièrement dqa·
des repré!entauli autorisés de ces doctrines : uoUA avon4 !ée de toute sentimentalité : die uit que l'ë:re huma.iu
cité ailleur• le cas de Deuuen s"iDtaginant expliquer est à la foi; beaucoup moins et 1>.-aucoup plus que ne le
Shankarâcbârya aux Hiuùous, et lïoterprél2nt à travers croi~nt lei Ocridtntau:.'t. ct\L"C d·aujourd"hui tout au
les idées de Sebopenhauer ; ce &ont bien là des manifes- JllOi.n! . ~~tU~ sait aussi quïl t'il tnrttmtnt ct quïl doit
tations d 'une seule et mime: mentalité. ~Ire pour oe.·uper b pb ce qui lui ut auigDée dans
r.·o\li Ût\' OQS faire encore â ce propos une dernière l'ordre uni,·erul. L"homme. nou• ,·oulon• dire l'iodivi·
remarque : c'est que les Occidentau.'<. qui al6chent li dualité humain~ u·:~ aucuntmtnt unt ~ituation pri\"ilf-..
i.m:oltmment e:.n toute occasion la croyance à leur propre giée ou exctptionntHt. pas plw dam Wl ! t i l ! que daru
aupériorité et a celle de leur science., sont vraiment Lien l'autre ; il n'est ni en haut ai en bu de lëebeUe dei
mal venu; à traiter la ugesse orientale d' « orgueil· rtre; : il repr~unt~ tout •impltment. dam la hiirarcbi•
leuse », comme certaiD! d'entre eux le foot parfois, .ous de-! e.."lis:re-nc:es.. un itat rommr lt-! autr'f'~- oamù une indi-
prétexte qu'elle ne a' a.streint point &tL'< limitations qui fi.nité d·autref. dont bnuC'onp lui sont s;uo~rie-ur1. et dont
leur sont coutumières, et p3r<:e qu'ils ne peuvent aouf· beaucoup aussi lui sont inférieur•. U n ·ei l pu dif6eile
frir ce qui le& dépa"e ; c'est là un des traven habituels de constater, à ret ~~ard même. que l'humilité saccom-
de la médiocrité, et c'est ce qui fait le rond de l'esprit P•!ne trN ,·olootien d·u_n ctrtain Ftnrt d·orgutil : par
d.é moeratique-. L'orgueil, en réalilé.. est chose bien occi- la fa~on dont on cherche porCoi; en On:ident à abaiuer
dentale ; l'humilité au.si, d'ailleurs, et, si paradoxal que l'bommt. on trouve mo~·to dt lui attributr en même
cela puisse sembler. il y a une solidarité assu étroitt lemps une importante quïl nt n.u.rait al"oir réelltmtnt,
en·t re ces deux contnirea : e' eet un exemple de ]a doalité du moius en tant qu"iDdi•·idualité ; peut~tre y a·t·il là
ua exemple de cette sorte d"h~·pocri•ie inconsciente qui
U) Soa nppell~roa• i~i c• q -ce DOQ:J &TOot d it de la plw-ab tt ~ wu e•t. i. un dtp--é ou à un autrt. in~t:parable de- tout c mo--
dt tocu lM tuta ttsditiouda. tt ~plic:Wn:cat dts i l!o6ottat:U:~.M ebi Doil : ralisme •· et dans laquelle lM Orientau.< voient auez
Jntrorchlct~ 1'-lNU d l ' li'"" d.e• doc:lriu• Amdoutt. 2- fard•. dl~ IX.
- Noas 1 joilulrou t lll«<f'e « tte chattoa tmprvat ~ ' Phi4Jtrt : ~ b paéraltmtnt u:n des carac-tè-re-s t péci(iqutt de I'Oceide:D·
t'bûooif. Je mot (w le earatt• tt) D•a prnqve: ja:nJ.a de ttnJ ata:.olu:=mt
tf.;bi ~ lim.ité ; le HD• riJU'tw très *i:Dfn.luDut dt la potiti q ~ ta!. Du reste. ce contrepoid• de l"humil.ité n"exine pu
la pb.raat, maU &TaCt t CIUt dt .oo t1Dplo1 dau te: ou tt:l li ~ phots ueita toujour1., tant s·c.n (aut ; il y a aus!L chez bon oomhre
~t (1• 1 'icttrpritatioo adm.i_.. 6t.D.J Cie CU- Le aoo:t D 'a ~ nJ!'Qr q"4t pat
.c-. a.eeeptiou tr&4itioaatlla • (Yi.J.._, , 1" pan i~, p. ~J. d'autri:o Occidentaux, une v<ritahle d<i6ntion de la rai·
72 0 8UtNT ET occti)L'(T L4 SUPE&Sii l iON D.E LA SODfCE 73

ooD humaiDe. o'adoraDt eUe-même, soit directemeDI. 1oit ne repose que sur l'ïsnoranee (même a suante a) et sur
Il truen la ICience q1.1i est lOD œuvre ; c'est la forme 1• de vain• prt!jusét ne mérite pu d'être cootidérée autre·
plus extrëme du u tioDalùme et du • seieDIÙme •. mau meat q\le comme une vulsaire superstition.
c·eet auui leur aboutÎJJtmrnt le plu.1 naturel e .. ro:nm~
tolite. le phu losiq1.1e. E11 effet. quand oo De connaît rien
Ill delà de cette t<ience et de - te raiaon, on peut bieo
noir l'ilhuioo de leur auprématie absolue ; quand on
11e con~Mit rieu de 1upt!rieur à l'hamanit~. et plua sp~a·
lement à ce type d'humaoité que représeote l'Ottidenl
mode.rn~ on peut être tt.nté de la diviniser, surtout si le
Knùme.atalisme a'eo mt.le (tt nous avons montré qu'il
etl loin d'être iocompatible avee le ratiooalitme). Tout
eela n'est que la eoDuqueoee iuévitable de cette ip>o-
r:!nrc rfes principes que nous aTODJ déooacée comme le
me capital de la aeitace oceideotale ; et. en dépit de.<
protettations de Littré, nous ne pensons pu q1.1'AupJ~e
Comte ait fait dévier le moins du monde le oositiviame
en voulont inllaa rer une a relipon de l'Humanité a :
ce a mysticisme • spécial o"étoit rieu d'autre qu'un ...,.i
de fusion des dtux tenda aces eanctéristiques de la é•ili·
sation mock.m~ Bien mieux.. il aiste mè.me un pseudo·
mysticinne m.atérialiste : now avons conou des CtDJ qui
allaitut jusqu'à dédorer que. alors mëme qu'il• n'au-
ra_ient aucu.n mot'if rationnel d"ëcre matéri1listea, ils le
demeureraien t cependant encore., uniquement parre qu•il
011 C plus beau a de a fa ire le bien a UDI espoir d"•u·
ca oe réeompenoe poasible. Ces senJ, sur la mentalité de
qui le a moralisme • uerœ uae si puitoonte iuflutnce
(et leur mora l<'. pour s'intilaler a seientilique a. 11'ea est
pas moim partment aentimeotale au food), lODI natu-
n.llemeot de ceux qui profeuent la a relipoo d e la orien-
ce • ; comme ce ne peut êt~ en vé.ritê qu·uae c pseudo--
relision ». il est beaucoup pl ua ju.re. à notre avis. d'ltJ>pe-
ler cela c auperllltion de la sdenre a ; une croyance q1.IÎ
CHAPITRE III

LA S U P E R STITION DE LA VIE

ES Occidentaux r.oprocbent aouvent aux civiliu-

L tions orieutat ea, entre autres chose., leur carac.


tère de fixiti et de .rabilité, qui leur apparait
comme la négation du prop-è5, et qui l'est bien en effet,
nous Je leur accordons volontiers ; mais, pour voir là ug
défaut, il faut croire au progrès. Pour nous, ce earac,t ère
indique qu e ces civil4ations particioent de l'j.nmutabi·
lité des principes aur lesqueh eUes s'appuien t, et c'est là
un des aspects esseotie.Js de rirlf1:e de tradition ; c'est
parce que la civilisation moderne manque de principe
qu'elle e$t éminemment cban!;ea nte. Il n e faudrait pao
croire, d'ailleuro, que la stabilité dont now parlon,s va
jusqu'à e:xclure toute modification, ce qui seTait e:u,éré :
mais elle réduit la modification à n'être jamais qu' une
adapta :ion au._'( circonstloces, par laquelle le.s principes
ne .ont aucunement a.ffec:és~ et qui pan au contraire
~'eu déduire strictement, pour peu qu"on les envi.sa&e
non tn &oi, mais en vue d·une appHeation déterminée ;
et c'..t pourquoi il existe, outre la métaphysique qui
cependant se suffit â elle-même en tant que connaiJSanee
des principes, toute• les « acienees traditionnelle\ » qui
cmhrauent rordre des exitlences coatinsentel, y enmpria
leo ÎDfi't itotions sociales. Il ne faudrait pu non plus eon-
foudre irruuu"'bilité avee immobilité ; les ruéprÎii"" de re
genre aont fréquente• chez le• Occidentaux, parce qn'il•
76 OlltENT ET OCCtDE!<Y LA SVPPSTTnOI< Dl LA VU: 77

ooot !énéralem~nt in.. pablu d~ léparn la ~on~ptioo on simpl~ot touhaitabl" d n jwqu'à tirer vaniti de
de l'imagination. et porec que leur uprit n~ p~at ~ d<p. ton impuiuance. C. c.baa&C&Dfllt où il est enfermé • ·
&tr du représentations aensi.bl~ ; œla se voil trèt nette· dam lequel il se complaît., doat il n'~e poiDt qu'il le
m~nt eh~& deo philosophes tels que Kant, qui ne peu,·eot mène à ua but quelconque, parte qu'il en est • rrivé ;.
pollrtant pu itre ro ngil pumi le.« oeruualistes "· Lïm- l'aimer pour lui-même. c'est là. au fond.~ quïJ appdlt
muabl" e~ a "est pas « qui en eoatrair" au ebaD!ement, c p rosrn "· comme s'il suftinit de m...,ber daru n 'im-
mais ce qui lui e.t oupérieur, de même que le c supr.a· JIOrtt qutlle clireclion pour •'• ncer oùrement : ma i,

ch-·
ratiotUJel • n'est pu l' c irra;ionntl ,. ; il faut se dêfitr
de la tenda noe à arrans~· les ~ oppotitioru el ....
antithèse. arti&ci.,U... par une interprétation i la foio
a'·an~r ven quoi, il a e son&• même pu à u le demaa·
der; et la diJpenion dam la multiplicité qui est lïnivi·
table conûquence de ee ~emeut JaDJ principe el
.c simplist.e ,. el systématiqu" qui proeè<k surtout d~ l'iD· sans but. et mime sa seule eonléquenee dont la rëalit<
capoteité d'alln plus loiD et de r.S.Oudre les eontraocu ne puiue ètr" contest«. il rappelle c enrkbiuemeot ,. :
apparents dana l'aniti harmonique d' ll.De véritabl~ syn· encore un mot qui. par le vouie.r m.atétiali.sme d··
tloèse. Il n'en est pu moiDs vni qu'il y a bien rédlemeat, l'imase qu'il ê,·oque. est tout à bit trpique tl r"priieD·
toaJ 1., rapport qu~ now en~n• ici comme tons tatif de la mentalité modune. Le beaoin d 'aeti,;të exti-
~aucoup d'autreo, une certaine opp<Witioa entre l'Orient rieare porté à un tel dqrë. le •oùt d• l'effort pour
et l'Occident., du moiaa dans l'état actuel dea cbooes : il l'effort, indépendamment des rilultaiJ qu'on peut en ob-
y a diverJence, maio, qu'on ne l'oublie pu. eeue di.-er· tenir. eela n'_,.t poi.At naturel à l'ho~. du moius à
geuee est unilatérale et aon symétriqu" elle est comme l'homme normal. tuivaat l'idée qu'on s'en était fai:t
eelle d' un rameau qui se sépare du tronc ; c'ettla eiriliu· partout et tonjoun ; ma is cela est de,·eou en quelque
lion oecideutale seule qui, en morcbant dans le seDJ façon naturel à I'Oecideutal. peut-être par un tfftt de
qu' elle a suivi au eour~ des dtroiers siides, s'est êloip>ie ce· te habitud e qu'Ariatote dit être comme une •eeonde
des eivilisatioru orientalet au point que. entre cdl~li el natur~. mait surtout par l'atrophie des faculté, .upé·
eelles·CÎ, il aemble n 'y noir pour aiaai dire plw auc:uJ'I riellff'l de l'être. oieeuairement conilatin du dë-·eJop-
élément commun, aucun terme de comp.ar·aiJoo, auc:u pement iotensif .des éléments iD fërieun : eelui qui n"a
:erra in d'entente et de eoDciliation. aueuo moyt.o de se aowtraire à l"a&'ita'ioo peut !eUI s'y
L'Oecideatal, maÎJ spêeialement l'Occidental modune u tida ire. d e la mime manière que eelui dont lïntelli·
(c'e•t toujoun de celui-là que nono vouloDJ parler ). ap· ~nee est bomée i l'aetirité nrio~e troaTe eell...a
parait eom.m e essentiellement changeant et ineoostaot. admirable tl •ublime : pour ê re pleinement à l'ade:
comme voué 1u mouvr.ment unt anët et à rapt.atioo dans une sPhère ferm«. quelle qu'elle JOit. il ne fout
io t el!ante. et n'aspira nt d'ailleun point à en aortir ; &on pu coaee,· oir qu'il pui..., y n oir quelque ebou au delà.
état est, en somme. adui d'un être qui ne peut plr'·enir Les aspiration! de I'Oeideatal, seul entre toaJ les bommti
i trouYer ton équilibre, mais qui, ne le pouvant pao, {a oaJ ne oarlous pu d ..,. uo.,qes. sur letquc4 il est
ref~~~t d'admettre que la chose ooit p<W.s ible en elle-même d'ailleu rs bien dif&cile de u voir au jwte à quoi a"eo
78 LA SVPD.SDT10!< DE U 'f11! i9

tecnir), aout d'ordioaire stric:te-nt limitées au wou<le renoncer à l'objet }>ropre de l"iDtdlice- et l'oa com·
secnaible et à sa dépeJdanœs, parmi letq'llelleo nou.s ~m· prend b ien que. dat1l tes coaditioru, c:eruinJ eA soient
punoru totlt l'ordre •entimental et une bonne partie dt arrivés 6nalement à aupprilDer la notion mime de la
l'ordre rationnel ; usuréJDent, il y a d e louabl« exctp· Térité, ear la vérité ne peut élre conçue que eomme le
tioot, mais nous ne pou-vont envi••&er ici que la mtn· terme que l' on doit atteindre, et ctllX·Ià ne veuleAt point
talité SénéraJe et COIDmODt, celle qui Ut \Taiment arat- de terme à leur recherche ; c:da ne aaurait donc: ~tre
lérùtlque du lieu et de l'époque. ~ho~ inlelleetuelle. même en p~IUot l'intdl~oce dans
n faut encore notu, dana l'ordre intellectuel même. ou son acception la pins étendue. non la plus ba11te et la
plu tot damee qui en .W..i.ste. un phénomène étn~e quj plw pure: et, si noiH nom pu parler de c passion de
n'at qu'un eas particulier de l'état d·esprit que now la recherche •· c"eat quïl s'apt bien. en eHet. d'une inn·
Ytnons de déeriu : e'eat la pusion de la recherche prile rion de la Knûmentalité dam deo domaines auxqod•
pour une lin en dle·mème, sa:ru aucun souei de la voir elle deTTait de:mearer étfll>&ère. Nous ne protestoat pu.
aboutir à une solu tion quelconque; tondU que le; autrt< bien entendu. contre l"cxiotenc:e m~ de la KJ>timen·
homJDel cherchent pour trOUYer et pour snoir. J"Oeei· talité. qui est un fait na lure!. mais seulement contre son
dental de nos jours cherche pour eherehu; la parole ...·'(tension anormale et illêz:iûme; il faut sa~ oir mettre
évansélique, Quœriu et in•-enieris. e.~t pour lui lettre chaque ehooe i SI plate et r y lainer, mait, pour c:c:la.
morte, dam tonte la force de cette expreu ion, pnù qu'il il fau t une comprébe_ntion de l'ordre universel qui
appelle précisément c mort • 10111 ee qui co111titue uu éc:bappe au monde Ottideata!. où le déHNu fait loi :
aboutisument dilinitif. comme il nomme c •ie • ce qui dénoneer le untimeatalisme, c:e n ·.,., poiot aier la sen·
n'est qu'aptation stérile. Le 'oût maJacfjf de la r«Ler• timeatalité. pu pla a que dénoncer le rationalisme ne r~
che. véritable c inquiétude mentale • t ano terme et U th nent i n i~r •• ra iton: aentimmtali:iDlle et n tionalù-me
ittue. se manifeste tout particul ière_ment doJU la plùlo- ne repréfentent pareillement que des abut. encore qu"ils
sophie moderne. dont la p lus srande partie ne repréfente appauis!Cnt à I"Oceident moderne ~mme les dew:
qu'une aérie de problèmes tout arti6cieh. qui .n'e,.i>tent lenne& d' une ahematiYe dont il e!l iaeapable ok sortir.
qu e parce qu'il• s.ont m.al posés, qui ne n-.is.seot f't n,. Nout a vo n• déjà dit que le sentiment est e><trémement
subaistent que par des équiv~s soi,neus~ment entre· proche du monde matEriel : c:c n'est pu pour rien que
tenues; problèJDes insolubles l la Yérité. étant donnée le lan~a,;e un it étroite_ment le aeruible et le sentimental,
la façon dont on let formule, mais qu"on ne tient point et. a'il ne faut pa• aller jusqu'à let «>nfondre. ee ne toni
à résoudre, et dont toute la raison d.étre consiote il ali· que deux modalités d'an seul et mime ordre de eh-.
noenter indéfiniment des c:ontrovenes et deo d5euuion• L'esprit moderne est P"'"'"" uniquement tou rné YttS
qui ne conduisecnt Îl rien. qui ne doivent contluire à , ;..,_ l'extérieur. ve,.. le domaine ..,..iJ>Ie : le Kntinu-nt lui
Sabatituer aiui la reeherebe à la eonnaiuance (et now panit ÎDtiritaT. ,., iJ VtUl $0UVtDl rop~r JOUJ ec np--
avons d~jà ai&nalé, à cet qard. l'abu• •i remarquable de• port à la seDSation: mais c:da est bien u latif. et la Yérité
c thlorlc.t de la connaiaance •). c:"ut tout timplerMnt "' que l' c intr<><pedion • da psyehol~e ne aaiJit dl~
80 01\IE.'IT 1:1' OCC!DENT LA SUPEurtTION DE LA vu: 81

même que dec phénom~es. c'est-à-dire des modi6cscio111 de vu.e , en le parcourant daua n'importe quel sens. le
extérieures et superficie.lles de l'ètre; il n~'esc de vraiment doma.ioe où s·u erce too activité mmtale u·en demeure
intérieur et profond que la partie supérieure de lïotelli· pM moi..a.& toujours le méme ; ai ce domaine iembt~
&<nee. Cela paraîtra étonnant à ceux qui. eomme les s'étendre plus ou moins.. cela ne va jamais bie.n loin, lof'i<o
intoitionnittes contempoui.lu. ne conna.W ant de rintelli· que ce n'est pas purement illwoin. Il y a d'ameuro, à
;ente que le p:a_r tie inférieure.. reprévntée par les fa. o:Oté du monde sen.iihle. divers proloosemcots qui appar·
rulttJ sensiblu et pu la raiMn en unt qu'elle s'applique tiennent eneore au mime degrè de l'existence uuiver•
•ux C)hjets senJibles. la croient plus extérieure que le sen· .elle ; suivant que l'on considère telle ou celle condi·
liment : mais. au resard de l'intellectualisme lranscen• tioo. parmi ccllCJ qui définiueot ce monde, on pourra
riant dea Orientaux. rationa1i!me et intuitionnitmt' tt atteindre parfou l'un ou l'autre de ces proloogemenu.
tiennent s ur un mrme plan et &arrêtent également i mais oa n'en reitera pu moins enfermé dans u_n domaint
l'extérieur de l'être. en dépit du illusiom par lt5quelltf opécial et déterminé. Quand Bergson dit que l'iotelli·
l'une ou l'autre de ctl conceptioiM croit taitir quelque «nee a la matière pour objet naturel. il a tort d 'appeler
chose de •• nature intime. Au food. il ne s'asït jomai•. int.Jiige uce ce dont il veut puler. et il le Cait parce que
tian• tout cela. d'aller au delà des cbooes sen•ible• : 1~ re qui est 'roi mene iotellutuel lui Cil inconnu; mau il
rlifférend ne porte que sur les procéd~ à mettre co a raison au fond s"il vise aeulemeut. sow cetle dénomina·
œu,Te pour atteindre tt's choses., &-ur la mani~re dont i! tion fautive, la partie la plus inférieure de lïntelli!e~>«.
convient de let envifaJer. su.r celui de leu~ dive.rs ou plw précisément rus... qui eu est fait communi·
a•pceu qu'il importe de mettre le plw en ~videnee : meat da.D! I'Occidtnt actuel. Quant à lui, e'.. t bien à
nous pourrionJ dire que lea uns pr-éfèr~ol iositttr JW' le la vie qu'il 1'auaehe CJJeotiellemeot : on sait le rôle que
cOtt- c m~lifort •· les autres tur le cOté c ~ie •· Cc- fOnt joue l' c élan vital » da nt ICI théories. et le sen$ qu'il
là. en effel. le• limitotioos donc la peo;ée occidental& ne doone à ce qu'il appell" la perception de la c durée
peut •a ffranchir : lu Cr~ étaient incapableJ de ae pure»; maU Ja vie, quelle que 10it la « valeur • qu '011
libérer de la forme; lea modernes &emble surtout inaptu lui attribue, n'en e1t pu moins iodiuolublemeot liée à
à se dé8agtr de la matière. et. quand ils uuient de le la matière, et c'e&t coujouro le mème monde qui en envi-
faire, iJ. ne peuvent en tout cas •ortir du domaine de !afié ici 5L1Îvant uoe conception « ors,aniciste :o. ou « vita·
la vie. Toue cela. la vie autant que la matière tl plu• liste», 1illeurs suivant uoe conception « mtc.aDÎ$te •·
encore que la forme. ce ne ~ont que des condition! d'exia· Seulement. quand on doone la prépondér111ce à l'élé·
tence spéciales ou monde •en.sible; cout cela est dooc aur ment vital sur l'élément matériel don• la COD!titutioo de
un même plan. comme nous le disions tout à l"beu_re. ee monde. il .. t naturel que le oeDlimeot prenne le pu
L'Occident moderne...ur des cas e:rceptionnela. oreod sur la &oi-diunt inttlliAe.nee. les intuitionnistes avec leur
le monde stDJible pour unique objet de eoonoiuaoce ; c IA>nion d'esprit •· leJ propatislea nec leur c exs*
qu'il s'attache de préférence à l'one ou à l'autre du con· rieoee intérieure •· foot tout aimplement appel aux puiJ·
dit ions de oe monde. qu'il l'étudie sow rel ou ttf point uneea ohocuret de l'inatinct et du &entimeot, quïli pND·


82 OJUL'IT ET OCCJ>E:\o L \ 5t:PEJISI1T10S DE LA VΠ83

neot pour le fond m~me de rëtre. el, quand ill vont vie toute l'meo•ion dont elle estiDtctptible, on pou mit
joaqu'au bout de leur pensée ou plutôt de kur und~. v faire renlr·t r le mou,·eau_Dl lu ηmf.mt. ~l l"oa t"•per~
ila eo arriven t. comme 'lfilliam James, à proclamer fina- ~t aJon qu• les thiorieo soi-diunt oppoaéeo on ont•·
lement la iUprémaûe du c lu.b<omcieat », par la phu !Oli.Î<~ sont. au food. beaucoup plw équivalentes qu•
Îllcrovable suhverliOD de J'ordre Datutd que r histoin- nt .-enJeol radmettre lturl po.rliJaDJ retpectift': il n''!
dea idiea a it jomoia eu à eorqiltru. a pùe. de p•" et d'autre. qu'un peu plw ou an peu
La vie, coosidérée en elle·méme, est toujours chaJilr- moim d·itroite!Ae de \"UU Quoi quïl en toit,. UDe co&
meDt. modification inceuante: il est done compriheDJible eeption qui te présente comme une c pb.il....,pbie de la
qu'die eaerce uoe telle fuciDation lur !"esprit d~ k vie ,. eil néceuoiremeot. par là mime. une c phii<Hopb~
civiliutioo moderne, dont le chaa.sement est awu le du devenir a ; oow ,-oulon• cfj..., qu'elle est enfermée
earac:ère le pha frappant, celui qui apparaît à preuûère dans le clenoir et n'•n peut sortir (dr·nnir tl cboose·
Y'll<. mlme l i roo s'eu tient à un eaamea tout à b it meal étant fYDOnymes) . Ct qui ramtoe à placer tOUt<
111.per6ciel. Quand on se trouve IÎIIIÎ eafenné dam la réalité dam ee de.-enir. à nier qu'il y ait quoi que tt
vie et da01 les contepûonJ qui •'y rapportent clirectc- !OÎt rn deb.ou ou au delà. puùque ruprit •y.t<'motiqur
meot. oo oe peut rien coonaitre de ce qui ieboppe ou ril •in;i fait qu"il <ÜDapae iodure daas ~ formult" lo
cboasemen . de rordre lriDM!eDdont et immuable qui e-t totalité de l'l' niver>: c'est eorore là une n~tioo for·
celai des principes unh·enels; il ne saurait doue plus melle de la mitaphytique. Tel e•L noumment. rt' olu·
y avoi r oucune coooaiuooce metaphysique pouible, tt t.ionnitme Jou• toutH U'J f ormt'f. depuiJ lti roortPlÏODI
nou tommes toajouu rame.né à cette conetatation, IH plw mè<'ani•te-1. y compris le f'fO"iie-r c tnndor·
comme eonaéqueace inéluctable de chacune deo ean cté- allime '"· ju·quÏ• dH théori<"! du srnre de criiH de
rï.tiques de rOccideot actuel l'tow di<oDI id eban1,.. Ct-r'!..oo : rita d'autre que lt" 4kv-t'a.Îr oe .-.aurait ~ trou·
meo: plutôt que mou,emeot. parce que le premier de çer pla~. et tnf"'rf" n'ra enn•aEt-·1-on. à 'T"I:i dire. qu'une
ceo deux termes eol plw étendu que le •eco nd : le mou· ponion. plut on moi a; r~--lnintt. L"êvolotion. « a \~n tn
vcment n'en que la modalité pbyüque ou mieux méc2· fOmme que le thtn~r-mt"nL pl~ une iUwioo portaot tur
n ique d u changement. et il til des conCtJ•tions qui en• :- le seo• el la qualitt' de ce cbonEtmeot : ë-·olution e t pro-
NStnt d'autres modolités irréductibl.. à celle-li, qui leur vê·• sont une Rul.- tt m~mt> thott'. aux f'Omp1ic1tioat
réeervent mê.ate Je cauetêre ploa proprement c vital a, près. maiJ on préÎe"' .OUVeDI aujourd'hui le prt.tnÎ~r
Îl 1•e:xclwion du mou'"rment entendu lU stnl ord.in.airt. de us dru• nlOII parr.- qu'on lui troun une allure plua
c'eot-à-dire comme an limple ~eut de aitnatioo. ·c iCÏtntifiqut • : l"ivoJutionuÎJmt f'it tomme un produit
U eoeore. il ne faudroit pu eltl-!i"'r certaines opposi· de Cd d~IL'< U<>ndrs soperoriûon. modern.-.;. cellr dt la
riono, qui ne sont telles que d'an point de \'Ue plUi ou &ci.e n«: et tf'llt dt la 'it. f't ('e qui bit son su«it. c"t;tt
moins borné : a iooi, une théorie mécanilu est, p u dé-
&oition • .une théorie qui prétend tout expliquer par l• (l) C 'dl « qw DOCJ &f\la dljl f~t ~ ...twr. ta.- ut~ t«&.t.»'
ra n qc;d C'ON'f:,., lâ ~,_ nn~•.., t~t.,....'\'9 4l: ~ moou=;t;! • · 1"u.t • "-
matière et le raouvement ; mait, en donnant à l'idée d.: ta.&luu tt l "a~trt a.athi~uu.
OIUL"T ET OCCIDE.'<T U St:PnsnT10N DE U YTE

préeùément que le rationalisme et le sentimentalisme y qu a l"éprd de l'oct ion, le pra5mati1me. •'il •·oulait èt r~
t rouvent l'un et l"autre leur aati1faction ; lu proportioat coruéqueot avec lui-mêmt". de\ nit se borner il une si.tn·
, oriables dans lesquelles se combinent cu deux tendan· pie attitude mentale., qu'il ne peut mème ~hercher ;,
c•• fOnt pour beaucoup dans la divenitê dea formes que justifier Jo!Îquement sans s.e donner un démenti ; maU
rtvèt celle théorie. Lu évolutionnutes mettent le chan· il est Jans doute bien dif6dle de •e mainteniT •tnètc!Dftll
1•ment partout. et 1wqu'en Dieu même lorsqu'ils l'ad- <!aDJ une telle résene. L'homme... déchu quïl soi t intel-
mellent : c"ut ainu que Bcr~o a: rt:préiente Oitv leetuellemut, D~ ~t s'tmpêclter toul au moint de r••·
<Onunc c un centre d 'où le. mondes jailliraient. et qni roon.ner. ne- U:taÎt<e que pour nit r la raison ; lu pra&..
n ·rn pa& une cM.e. mait une cont.i ouité de jaillisset mati.;tes. d'ailleurs. ne la nient pu eommc les •ceptiqu~·­
ment ,. :et il ajoute .xpretsément : « Dieu. ain•i dé6ni, mais il~ veulent la rédui re à un uaa;e purement pr1ti·
n·a rien de to ut bit ; il est ''ie inceuante. attion. li· que ; ,·enant apri-1 ceux qui ont \oulu réduire tou le
lxorté » •. Ce •ont donc bi4en ces idées de ~ ie et d"actioa lïnteUigeoce ô la raison. lllliÎ> UDJ roru.>er ;, celle-c:i un
qui corutit·u ent, c.bea 001 eont.empora.in•. une véritablr uu~e théorique, c"est on d~rê de plu. dam l"abai_~­
hantiJe. ct qui se transpor1ent ici dans un domaine qni ru•nt. Il 011 méme un point •ur lequel la n<!ation d•·
•oudr1i1 ètrc op«ulaùf: en {ail, c"ctt la tuppreuion de prapnatistCI va plu; loin que celle de• pun sceptiqur. :
ln •péculation au profit de l"ution qw envahit et ab>Orbe œox.~i oe contestent pas que la ''iritê uiste en dehor.:
tout. C.:ette conception d'un Dieu en devenir, qui n'est de noU!. mmit seulement que- nous puis:;ions raueindn; :
flulrumanent et non trao.sc~ndant, celle auui (qui revient les pragm•tiJ teo. i l'imitation de quelques 50pbi.ites ~rte•
:au mime) d"une vérité qui se fait,. qui n"ttt qu·u.n e sorte (qui du moins ne JO preoaient probablement pu au .é·
J e limite idéale. sam rien d'actuellement réali.é. ne sont riea<t}~ \Ont ju~u·i. supprimer la ' ~rité mêm~.
point exceptionnelles dan• la pensée moderne : les pra~­ Vie et actioa sont itroitement solidaires: le domain("'
n~:~tiJtes. qui ont adopté lïdée d'un Dieu limité pour dca de l"unt ~t IUJ~Ï ttlui de l"autr~. d c"'fit danJ C't d u-
mutift •urtout c moraliate:s •• o 'e.n sont pat ln premiers m.aine limité que u tient aoute la ch;lijatioo O«identale.
În\tnteurs, car ce qui e1t cenié évoluer doit être forcé· aujourd"bw plus que jamaiJ. :-<ou• nons dit aillcur•
ment conçu comme Limité. Le pragmaiÏ!me, par u d.éno- comment les Orientaux cn•·i•asent la limitation de l"ar-
lùination même, se pote .,~ant tout en « phi1o.epbie de tion et de ses conséquen~... eomment iu oppount sou•
)tactioo » ; iOD pojtuJat plus OU moioJ IVOUé:, C~eit que ee rapport la eonnainanee à l'action : la théorie extrême·
l'homme n'a que dca besoins d'ordre putiquc, bcooin• oriontale du c non-asir ». la théorie hindoue d e la c dili-
à la {ois matérieù et aenùmentawc : c'est donc l'aboli- vrance ». ec 50 Dl Ji des cbo.ca inaccUiibleo i la men·
&io o de Jï nteJlectualité ; maÎJ, a''il en Hl IÎASÏ, pourquoi talité occidentale ordinaire. pour la'!"dk il est iooon·
vouloir encore faire du théorica ? Cela IIC comprend ecnble qu"on puiue sou~ i ac libérer de l'action. tl
a»e& mal ; el. oomme le Keptieiunc don t il ne diffère eneere bie.n plus qu'on puine effectivement y pan-enir.
Eaeore l'oction n'est-elle eommunément enviu5éc qut-
aona ses l ormes les plus extérieures, <elles qw eorr-.pon-
86 OIJENT l.T OCCIDENT LA SUPEltSTTTlON DE LA VIE 87
dent proprement au mounmtnt physique : de là ce ~ 00111 pOU\'001 dire ceci : iJ a falla déjà one dépréciation
ooin croiu aot de ''iteue, cette trépidation fébrile. qoi el uo amoindriuement de l•iotellectuali:é pour que le
sont si parlirulicrs à la 'it c:ontempora_ine; a~ir pour Je progrèo matériel arrive à prendre one importance usez
plai1ir d'a~&r. cd a ne peut ;'appeltr qu 'asitaüoo. ca r il yaode pour franchir certaine! limites ; maù, une foù
v a dalu raetioo mêroe ctrlain~ degré!!' à obsener ~· t•e mouvement commeoté, la pr.:oc.copatioa du prop-·~
~ertaints dittinctions à (aire. ruen ne serait plut facile matériel absorbant peu à peu toutes les facultés de
que de montrer eombito eela til ioeompalible a\'tC tout l'homme, l'intdlectualité ,.• encore eo s'a!Faibü~aoi
ce qui t at r( Ot:xion el eooeeotration. doue a\'e.C let graduellement. juaqu"•u point où oou• la \'O)'Oos IUJODr·
moyens rueu tieli d• tou te ,·éritable coooaiasance; c'e.l cl'bui, et peut·~lre plu1 encore. quoique cela parahse
vraiment le triomphe de b di!persion , dans l'exlériorin· •uurément dif6 cil e. Par contre, l'expausioo d< la aenti·
tion la plu t complète qui se puîs:,e con ce~ oi r ; c"tà t la 111entalité n'est nullement incompatib le anc le progrèa
ruine délinith·• du re.te dïotel l<etualité qui t•vuvalt """tériel, parce que ce oont li. au fond, de• choses qoi
.suh!l! :er eocort. si rien ne vient réa~ir à tempt contre soot presque du même ordre : oo ooui excusera d ·~· re•
cea (uneates tendanceJ. Reurtu<tnlent, l'excès du mal "en.ir •i aouvenL car cela est iodi!pensable pour com·
peut amener une réaction, et lt. dangers mème physique& prendre ce qui ~.e pawe au tour de o oua. Cette expaosioa
qui iODt inbéreots i un dé,eloppemeot :au.à~i anormal ,le la aeotimentalité. se produinnt eorTéla~ivHDmt à la
peuvent 6nir par inspirer une crainte 1alu~aire; du re,tt, rqrosoion de l'intellet'tualitt. ••r• d'autant plu$ .. ~..
par là o1ême que le domaine de l'action ne comporte que sive et phu désordoonée qu'elle ne rencontrera rien qui
des po&&ibilités fort re:.treintes, quelles que wieot let pai"'e la contenir ou la diriaer .,(6cacemeot, car ce ..Ole
apparence.. il n'en pa• pouible que ce dé,.eloppemeot ae &aurait êire joué par le « tcientisme 1>. qui. oow
se pounui\'e indéfiniment, et, par la force des thoieJ. l'avoru '\tu. est loin d~èt,re lui·même indemn~ de la COD·
uo changement rle direction s'imposera tüt ou tard. l hii, tagioo sentimentale. et qui u·a plu• qu'une fausse •pp•·
pour le moment, nous a'en 6ommea pas à cnviaager let renee d'intellectuolité.
pouibilitét d'un 1\'tnir peut·être lointain ; ce qu~ noa1 Un des syruptôrnea les plus remarquables de lo: pré·
considérons, c'eu l'état •c· uel de l'Occident, et tout ce pondérancc acquite par le tenti~ntaJia:me, c"est ce qoo
que nous eo voyona confirme bien que progrès wotoriel nous appelons le « moraliame ». c'eo:·i-dire lo tendance
et décadence intellectuelle se tiennent et s'occompagocnt; nettement marquée à tout rapporter à des préoccupa·
00118 n • ,·nulnn• P•' J~('\de r ·~qu~l dli's rt~ux est la t'lUit tioll! d·ordre n1oral. ou du moio• à y eubordoDOer tout
ou l'effet de l'aulre. d'autant olus qu'il s'agit eo somme le ret.t~, et particulièrement ce qui e1t rqa:rdé coJDJDe
d' un ena•mble c:<>mr>l••• où les relaüooa dea divera éli· é: aot du doma ine de l'intelliaeoce. La morale, par elle·
ment• sont oarfoi• rérinroCTUH e.t altemative.a. Sant ehe.r- même. est chose eueotiellement seotimontale ; elle npré-
cber à remonter aux ori~nes du monde moderne et à la iente un ooint de vue auni relatif et œoti_n ,e:n t qae
façon tlont •e m•"t~lité propre a pu se constituer. re qui possible. et qui, d'ailleura. a toujours été propre il l'Oeci-
u rait nêct-uair~ f'l'"'' rétourlre entièrement la quett ioa, deo:: mais le a moralisme» prop remoot dit est une eu·
88 89

8ération de ce point de vue, qui ne ...., produ ite qu'io en 50mm~ repri~ntea.l ùmplement les prifértnct.; parti·
u.ae date uses ré«n~oe. La morale. qt!dle que aoit 1• culi<res de ceux qui les formaient ou qui 1~ adopt~ut :
bue qu'on lui donne. et qodle que soit aUMi l'impor· so'"ent aussi. un intérêt de parti n'y est point étnn.,
• •,.:
toace qu'on lui attribue. ,..•.,., el ne peut être qu'WI< noas n'eu •ouloru pour preove que la b<"On dont la
rqle d'action : pour des bomme< qui ne •'i ntéres&enl c morale lajque ,. (seientili.q ue ou philosophique, peu
plw qu'à l'action, il est évident qu'eUe doit jouer un importe) est miae en oppoailioo aYee la morale _reiÏ!Ï~·
rôle capital, el ila a'y <~ltaeheat d'autant pluJ que lu On reste, le point de vue moral ayant une rollOn d etrc
considération• de cet ordre peuve.o t donner l'illusion de uclD&Ïftlllent aoeiale, lpmtruaion de la politique rn pa·
la peruêe daœ une période de dêeadeoee iuteUectueUet reil domaiae a 'a rien dont on doi'"e a·étonn.er outre
c'est là ee qui uplique la na iuance du c morali•me •· meaw e; eeJ. est peut-itre moinJ choquant que l'utitâu·
Un phénomène aaalo~e o'éuit déjà prodOÎ1 ven la 6o ti.oa. pour du 6us similaiTeo, de théorieo que l'on pré-
de la civilisation 8fe<que. mait uns aueindre. i ce qu'il tend purement seienti6ques : mais. apm tour. l'aprit
•emble. les proportions qu'il a prilet de notre temps : ·c scientiste » lai-même n'a·t·il pai été créé pour servir
en fa it. à partir de Kant. P"•que toute la pbilo•opbio· le~ intérêts d'une certaine polit.i que ? N'ou• doutoru fort
moderne est pênétrée de « moralisme •· ce qui revie.ut que la plupart de. partiun• de l"oholutionni<me soient
ô dire qu:elle donne le pu à la pratique sur la spécu.la· Jibrft de toute arriere-penJée de ce ~nre ; et. poa:r preo·
tion. tette pratique it.ant d"ailleurs enYÏ$aJ;ée IOta un dre un au rra es:e.mple, la soi-<liunt c seien<'e dea rdi·
an cie tpéciaJ; celte ttndanee arrÎ\•e Ï SOD e ntit.r dé\"t· pans • reuemble bien pl01 à uu instrument de pol<f.
loppement avec ces philosophies de la vic et de l'action mique qu'à Wle science 1irieuse: ce soat là de ca ru
dont now: avons parlé. D'autre part. nous avonJ 1i~lé auxqueh nous avons fait alluoion plu• haut. el où r..
l'obseuion. jusque ebn les matérialistes les plus avérés. rationalisme eol iDrtOUt un muque du sentimentaltime.
de ee qu'on appelle la c morale ttienti6que •· ..., qui Ce n'est paJ seulement chn les c Jeil'ntii tel,. el l'h"
repré~le exactement la même teodance: qu'on la di.e les pbilo10ph~ que l'on peut remarquer l"ennbi-ment
oeienti6que ou philosophique. suivonl les !OÛII de cha· du c moraliJme •: il faut noter aosoi. à cel ~rd. la
cun. ce n'est jama is qu'une expre.uion du KDliO"'tala· dégénérescence de l' idée reli~ieuse. teUe qu'on la con-·
lisme. er cette u preuion ne ''arie même pa; d'un<' façon tale dano lt:t innombrable~ sectes inut:t elu prote•tan·
1..;,, appréciable. Il y a en effel <tci de cu rieu."<. qu~ 1~ \Ïlme. Ce aonl là les se.ulea forma ~euseo qui soient
ooneeptiom moral es~ dans un milieu donni.. se rt•tem· spécifiquement modernes.. et elit! .. eanctiriMnt par
bleui toulel a tnordiuai.r ement. tout en prétendant se uae réduction proçeuh e de l'él~lll doetriaal au pro-
fonder sur dea considération• différentes el méme par· 6t de l'ilimenl moral ou aeotimental: ee pbino<Mn e Pit
fois contr-aires : c·est ce qui montre bie.n 1~ tlrld.è~ u cu particul ier de l'amoiadritaement ~éuéral de l'in·
arti6cid de• théoriea par lesquellet chacua s'efforce de tellectualité. et ce n'est pu por uae eoincidence fortuite
justilier des rèsJes pratiques qui sont toujours celles que que l'ipoque de la Riforple est la même que eeUe de
l'ou observe communément autou r de lui. Ces théories. t. Renaiuance. c'est-à-dire p~sément le dibut de la
90 OIUE:-JT ET OCCIDENT LA SUPUSTTTtON DE LA VlE 9l

période moderne. Daru certaines bra.nches du pro~ta.D• tionnel doat le catholicisme. dan• rOccident moderne,
tiune a ctuel, la doctrine est arrivée i se di..ondre COID· est aopanmmcnt l'unique rdu~e. à part leo exceptiODI
piètement, el, comme le culte, oarallèlemenl, s'est réduit indj,i<Juelleo qui peuvent toujoun cx.ister en dchon de
à pen près 1 rien, l'élément moral tuhsiate oew fiDale- toute ors:..aoiia-tioa...
ment : le c protestantiame libéral ,. n'est plua qu'un C'est chez les peuple• aa&)CH&Xono que le c mora·
« morali!me ,. à étiquette religielrn'; on ne peut pu rur.e limte • sévit avec le max.imum d·ioteniité,. et c'eat là
que ce soit encore une religion au sem strict de ce mot. aDiii que le t;OÛt de l'action t'affirme sous les formes les
puiaque, liU les trois éléments qui entrent dans la dé- ptu. extrèiJle& et le• plus brutale•; ces de~ choses .oont
6nition do la religion, il n'en reste p lus qu'un teul. donc bien liêe1 J'une l J'autre comme nous ) avoa. ruL JI
A cette limite, ce aerait plutôt une sorte de pensée pbilo· y a une singulière ironie daas la conception cou~ante qui
aophique spéciale; du reste, aes représentanta s'entendent représente le• Anglais comme un peuple essenueUemeat
t;énéralement INez bien avec les partisans de la «morale attaché à la tradition. et ceux qui peaoent ainsi conloa·
laïque », dite auni « indépendonte », et il leur a.r rive dent tont simplement tradi:ioa avec contume. la facilité
même parfois de se solidariser ouvertement nec eu, a•ec loqu elle on abuse de certains mots est vraiment
ce qui montre q11'ils ont conscience de leur1 af6nitk extraordinaire : il en est qui iOnt arrh·és à appeler c tra·
riellet. Pour dkigoer des cho~e~ de ce genn, nouJ cm· ditioao ,. de• u'"5eo popula.ireJ. ou m.ême des habi:uc!cs
ployons voloatier1 le mot de c pseudo-reli~;ion »;et nous d'orip_oe toute récente. aanJ portée et u .ns sipi6earioo:
appliquona a uNi ce m~e mol à routes les sectu c néo- quant à nous. oouJ nou.J refU&ODI à donne.r ce nom à ee.
spiritualittes •· qui naiuent et prospê:re.nt surlou~ dan• lu qai n'est qu·un reapect plus ou moiaJ machinal de cu·
payo protesta nu. pan:e que le c aéo-<lpiriraalirme,. et le taines formes extirieurea. qui parfoio ne oonl plus que
« protestantisme libéral ,. procèdent des mêmes tenda n· dea c supentitiono,. ao oen• étymologique do mot; 1•
cea et du mème état d'uprit : à la religion oe suh1tirae. vraie trarution el! dans l'etprit d'un peuple, d'une race
par la suppreNioa de l'élément intellecrael (ou son ab· on d't'une civilisation, et elle • des raisons d.être autre·
suee a'il s'agit de créations nouvelles) , la religiosité, ment profoodea. L'esprit anglo-uxoa est antitradi' ionnel
c'ee·-à-dire une timple upiration teatimentale plu• ou ea réalité. au moins autant aue l'esprit français etl'e•orit
moins vecue et inconllistante : ,., ret·e religioaité elt il la sumanique, maio d'une manière peut-être un peu diffé·
religion à peu prh ce que l'ombre e.ot au corps. On ren·e. c1 r , en AHemame. et t.n F r·aoee dans u_n e eu·
peut recon.oa!tre ici l' « expérience religieute ,. de WiJ. taine mesure. c'est plutôt la tendance c ICÎeniÎite ,. qui
liam Jameo (qui oe complique de l'appel au c oub. prédomine ; il importe ueu d'ailleurs que ce ooit le
conocient ») . et a uNi la c vie intérienre • au 1001 que « moralisme » ou le c ICÏtntiaDe ·,. qui prévaut. c:ar,
lui donnen• les modemi.ltea. ear le modemiome ne (at non• le r épétons encore o:ae foio, il serait artificiel de
pas eutre ehote qu•uae tentative faite pou_r iatrodWre -.ouloir ..;parer entièrement ees deœ teadanœo qui
dano le catholicitme meme la me.n talité dont il •' acit. repr~ntent les deax b œ o de l'eol'rit moderne. et qui
tentative qui oe briaa eoa~re la foree de l'eoprit tradi· 10 retrouYent dons deo proportiono diTer - chez to,.. les
O IU~:"'T t:T OCCJDE1"fT LA SUPEASTITION DE LA VI.E 93

~pla oecidenlau.x. Il ~t.mble que la l<ndanee c mou· que cette deruière; et.. aous une (orme ou sous une autre.
lbce • t•emporte 1ujourd'bu i as.rn généralement. tandiJ il eu extrêmement répandu dao• la philosophie modecne,
que la d omination elu c !<'i~nlimle » <hait plu> ar«n· alor. qu'il n'étail autrefois qu'une exception. Cela est
tuée iJ 'f a peu d'ID..Dêea encore ; m.a.i! ee que J"unc !-at;:n' tri:s sipi6eat.i l; e t il r.ut encore ajouter que le nomin.a·
n"Ht P• • nécet.u iremenl perdu flOUr rautrf'. puilqu'tll'' lisme est presque toujoun solidaire de l'empirisme.
cout parfaittment conciloabl~·- .a. t n dépit de lOUit' le• c'e•t·à.cJire de la tendance à rapporter à l'expérience, d
Buctuations. fa mental itê l"'mmune les associe aua plus spêcialemenl à l'expêrience ae.osible. l'origine ct le
étroitement : il y a plaee en elit. à la foi•. pour Ioule• terme de toute conoaiMance : nép.tion de tout ee qu.i
cu idoles dont nous parlions précédemment. Seulement,1 ut véritablement intellectuel , c'tsl toujour& lio ce que
il y a comme une sorte de cristallisation d'~êmeou nous retrouvons, comme élément commun, au fond cie
diven qui t'opère plutô t maintenant en pren1nt pour toutes us tendancea et de toutes ces opiAi.oœ, parce que
eeritre 1•idée de c ''Îe • et ee qui ··r rattache. c'ett là, effectivement, Ja racine de toute déformation
comme rlle s'opérait au xcx" ; iède aotollr de mentale, et que cen e nésuion est impliquée. à titre de
l'idée de c uien« ,._ tt au xvm· autour de ffllt d• prêsuppooition néet~~aire. dans tout ce qui contribue à
c raison •: nou• p1rlon.s ici dïdé.es.. mais nous ftrioaJ fanuer les conceptioo.s de l'Occident modtrne.
mieu.~ Ile parler simpltment de mols, ear e'eat bien lo Nous ~on.s sunouL ju<qu'ici. prétenté uoe vue d'en·
fucioatioo des mou qui s'exerce li dans toute son am· semble de l'état a ctuel du monde occidental envisagé sous
pleur. Ce qu'on nomme parfois c idéoiO«Ïe •· avec uuc le rapport menta.l; c'est par li qu'il laut commencer, ear
nuance péjorative cbn ceu" qui n'en ooo.t pu dupes (ear c'est de li que dépend toul le ""'te. ct il ne peut y ..-oir
il o'en rencontre encore quelques-uni malvé tout), ,.. de chao.sement important et durable qui ne porte d'abord
n'ut proprement que du verba.lisme: eL à ce propos. , ur la mentalité sénérale. Ceux qui soutiennent lo COD•
nOU5 pou,on' reprendre Je mot de « supertHtion •· ov~ traire sont encore lee victimu d"uoe illusion très mo-
l• •ens ê tymolosïque auquel nous faiJiont allusion tout io Jerne : ne voyant que les ma-ni[estationi extérieures, ils
l'heure. et qui dési~ne une chose qui se sun•it à ell•· prennent les effets pour les tauses, et ils croient volon-
mêmt', alors qu ·elle a ptrdu sa véritable rai.son d 'être. En tiers que ce qu'il s ne voient pas n'exi.s·te pu ; ee qu'on
effet, l'unique raiJon d'être de.~ mots. c'ut d'exprimer des appelle « matérialieme b ittoriquc », ou la tendance à tout
idées~ attribuer une valeur aux mot• par eu.x·mêmet. ramener aux laits économjques. est on remarquable
indépendamment de.~ idées. ne mettre même aucune idée exemple de cene illusion. L'étal des cboees est d evenu tel
tous cet mota. et te la iuer influencer par leur seule sono- que les fa its d e cet o•dre ont effectivement ac:quio, dans
rit~ cela ett naiment de la JOpentition. Le c oomina· Phiitoire eonttmporain~ uoe importance qu:il.s n·avaient
14me •· i ses divers devé•. ~tl'expreMion pbilosopbiqut ja.maù eue dans le passé: mais pourtant leur role n'e•t
de celte néptioo de ridée. à laquelle il prétend auboti· pu et n e pourra j1maia étre exdu.sif. Du reste, qu'on ne
tuer le mot ou l'imase; confondant la eoneeptioo avec la s'y trompe pu : les c diriseants :.. coomu ou inconnw,
représentation KJuible. il ne laisu réellement subsiater 5anut bien qu~ pour agir efficaeement. il leur faut avant
94 OIUE:'IT ET OCCIDENT U st;?EllS1Tl10~ DE U \U 95

toot créer et entretmir dcs courants dïdées ou de p5eudo- ...,timeDt. mait de le maintenir da111 •es bornes lér;iti·
idé«, et ils ue s'en font pu flote; aJou mëme que ce< mes, et de même pour toutet lu autret œntins=cee. la
courants sont purement néptifs, il• n'en sont pu moin• restauration d'une •·éritable intelleerualité. ne fût-ce que
de oatore mentale. et c'ett dam l'eoprit des boiDOle< que dans une élite re<treiote, au moint au d&u.t, noDJ appa·
doit d'abord r;ermu ce qui se réalisera entUite ô l'eni- nit comme le seul moyen de mettre 6n à la confw.ioa
rit ar; même pour abolir l'iDtelleetn•lité, il hu.t ~o pre· mentale qui rèpc en Occident ; ee n'est que par là que
mier lieu persuader les esprits d e son inexùtenœ et lollf· peuvent être diso:ipëes tant de .-aines iUurionJ qui
a er leur activité dans une antre direction. Ce a'w pa• encombrent l'esprit de nos contemporain.o, b.nt de tupn·
que n o01 soyons de eew: qui prétendent que lu idéq &titioD&autrement ridicaleo et d énué« de fondement que
mènent le monde directeme.n t ; c'est encore une formule tou te. celles doat te moquent à tort et à traven let s=•
dont on a beaucoup abwé, et la plupart de ceux qui qui veulent p atter pour c éelair~ »; et ee n'est que par
l'emploient ne savent suère ce qu'e.-t une jd~. ti mèm<" li a DS<i que l'on pouru trooYer un tern.in d'entente lftC
ilt ne la confondent pat totalement avec le mot ; en d'au· le& peapleo orientau.x En effet, toot ee que aout non&
tru termes, ce ne sont bien souvent que d.e t c idiolo- clli repritente 6dèlement. non seolemeat notre ;>ropre
sues :o, et le• p ires rive~ -; moralùtcs » apparti~ent peMie. qui n'importe r;uère en ol.le-mème. mait au.ni. u
précitément à cette cater;one : au nom des cbliDen! qui est bitJ> plut dip>e d e contidération. le Ntment que
qu'ils appellent « droit» et c j11.1tice :o, ~~ qui n'on.t ~ien !"Orient porte our l'Occident, lonquïl coo.teDt à s'en
à voir Q\'tc les idées \TIÎtJ.. i11 ont exerce dans 1~ ev~· occuper autrement que pour opposer à 100 action
menti récents une in8ucnee trop nélane et d ont les con· eov•biu• nte eette ri:süt:ance toute pauive que l'Occi~t
téquences se font trop Jourdem=t 5entir pour ~·il so~t ne peut eomprendre. parce qu'elle 1uppose une poÜ!aD"e
atœaaire d'"i..nûster w.r ce que nous vouloas dire ; m115 intérieure dont il a'a pas lëqui.-alenL et coutre laquelle
il n'y a pu que det naift en pareil us. il y • av.ni. aulle (or<:e brutale ne .aurait pr.;..aloir. Cetk puiuanu
comme tonjonu, ceu.x qui les mènent à leur insu. qui lei w au ddà de la vie. die en supérieure à l'utioa et o
exploitent et qui te servent d'eux en vue d'iotérêtt beau· tout ce qui puoe, e41e eu étnnr;ère11a temps et eit comzne
œup plus po•itifs. Quoi qu'il en soit, comme now oom· une participat.iou de l'immutabilité su prème; si !"Oriental
mu tenté de le recllre à tout inllant. ce qui importe avaut peut tuhir p atiemment la domination matérielle de ro,..
tout, c'est de savoir mettre cha que cbote à sa naie place : cident, e'est par<:e qu'il ~it la rcl.tiTité des cbooa tru·
l'idée pure n'a aucun r•e»por1 immédiat avec le domaiur aitoire&, et e'est puce qu'il porte. an pl~» profond de sou
de l'action. et die ne peut noir wr J'extérieur l"influellff ëtre.. la coatcienee de l'ituDité.
directe q u'exerce le tenliment; aW! ridée n'eu Hl po·
moinJ le principe, ce par quoi tout doit COIDOleD«r, SOU5
peine d'être dépourvn de t onte base solide. Le oent iment.
t'il n'ett cuidé et œntrolé par l'idée, n'en~eudre qu'er·
reo.r. d~ordre et obscurité ; il ne &agit pu d'abolir le
CHAPITRE IV

TERREURS CHI.lliiÉRIQU E S
ET DANGE R S RÉBLS

ES Occidentaux, malgré la haute opinion qu'ilo ont

L d'eux-mëmeo et de leur civilisatiott, sentent bien


que leur domination sur le reale du monde eot
JoiD d'ëtre assurée d~une menière définitiv,., qu'elle
peut être à la merci d'événements qu'il leur est
impossible de prévoir et à plua forte raioon d'empëeber.
Seulement, ce qu'il• ne veulent pu voir, c'<;st que la
couse principale des dangers qui les menacent réside dans
le caractère même de la civilisation européenne : tout ce
qui ne s'appuie que sur l' ordre malérid, comme c'eat ]~
cas, ne &aurait a.voÎT qu'une r·éu.saite pasugère ; le chan-
gement, qui est la loi de ce damaine essentiellement in•·
table, peut avoir les pires conséquences à tow éguda, et
cela avec une rapidité d' autant plus foudroyante quo la
vitesse acquise est plus grande: l'excès même du progrèo
matériel risque fort d'aboutir à quelque cataclysme. Que
l'on aon&e à l'inceuant perfectionnement de• moyeno de
destruction, ou rôle de pluo en plu• con1idérable qu'il•
jouent dans leo guerres modernea, aux perspectives peu
rasturantes que etrtaines inventions ouvrent pour )'ave·
nir, et l'on ne aer-a guère tenté de nier une teUe pouihi·
l ité; du reate. les machine~ qui sont expresoément deoti-
néea i tuer ne aont pas les seules dangerewee. Au point
où le• cbooee en sont urivéeo dèa mointenant, il n'eet pu

1
98 OJIIENT t:T OCCIDENT 99

beaoin de buueoup d'ima!matiou pour ao rcpréaeotcr l'accepter avec empre&MmenL Cecte fureur de propa•
l'Oeeideot biuaut par ae détruire Joï.même, soit daut pnde, i JaqueJJe D OW aVOill déjà fait allwion, Olt fort
une suerre P!•ntaque dont la decoière ne doooe encore ~ereuu pour tout le monde. mait tor:ouÎ pour l~s
qu'lllle faible idée, toit par Ica elfeta impréTUI de quel• Occidentaux eux·mêmet. qu'elle fait craindre et détH-
que prodoit qoi, maoipulé maladroitement. terait eapable ter ; r'esprit d~ eoaquêce u~a,~aït ja.m.Jû été polli.ié aaui
de foire uutcr, non piUI une wioe ou une ville, malt loin, et aurtout il ne a'é:ait jama is dé!uisë !<lus Cet dehors
tout un continent. Cert.., il eat encore perml. d 'esplrer hypocrites qui lODI le propre du « moralitme ,. moder-
que l'Europe et meme l'Amérique •'arrêteront daut cette n e. L'Occident oublie, d'oilleuu. quïl n'anit aucune
voie et te reuaitiront avant d'e.n être venue• à de telltf~ wotence historique à une époque où l<$ civiliutioJU
extrémité•; de moindre• catattrophea peuvent leur eu-e orientalet avaient déjà a tteint leur plein .dê•·eloppc-
d'otilet uertiuemeota et, par la crainte qu'eUea iotpire- men·t m ; avee set pr·é te.otiont, il apparait aux: Orientaux
ront. provoquer l'arrêt de cette courte verti«ioeute qui comme llJ1 enlant qui. fier d'noir oeqnis rapidement
ne peut mener qu'à un abime. Cda ett pouible, surtout quf"1quta con.n.a iuanctt rudimentairt-t.. ae croirait e a
•'il a'y joint quelquet déception& sentimentale• uu pen p~s.seuion du ·~,~oir to"a_l et vouduit rensei,-ntr à de.
trop fortel, propret io détruire dana la mane l'iUut iou du ,-,.,Uordt rempl11 de NFCS>e tl d'exp~rience. Cc ne suoit
« proJr" moral »: le d éveloppement exœai{ du tenti· lio qn'uu tra••tn aan inofftruif. tl dont il n'• ounit
:oentaliJme pourrait donc contribuer a11.11i i ee réaultat ~·à sourire, 1i ln Ottidentaux n'•nitnt à leur. disposi·
•alata ire. et ille fou t bien ai l'Occident. livré i loi·même. bon lo force brutale ; mais l'emploi qnÏI• font de
ne doit trou•·er que dans u propre mentalité lea moyelll eelle.ei ehanEe entitrtmtnl la fue des ebOfel. car c'«t
d'one rbction qui deviendra née-aire tôt ou tard. Tout là _qu'ut le véritable dan,;cr pour «ux qui. bien in.-olon·
cela, d'a illeu rt. ne suffirait point pour imprimer à la dn· tauement. eotrtnt en ronta(! a,·~c ru.~ et non <bru une
l iat ion oteideot.lle~ i ce m oment mim.e_. une •ut·r e dirtc- • . ·~•imil•.t!on » ,~·ils sont parfaittmt::o: inrapobles de
tlon. et. comme l'équilibre n'eat suëre réalisable dans d~ rcoloser. n etant no ont~lectuellement ui même physique·
tellea condi:iout. il '1 aura it encore lieu de redouter un ment ~alifiés pour y pu·•·cnir. En effet, les peuples
retour à la barbarie pure et timple, eontéquenee auea euroneens, uns doute parce qu'il• sont formé• d'éli·
naturelle de la négation de l'intellectuaüté. ments hétéro;è:oes et ne constitutnt pas; une rae,. i pro-
Quoi qu'il en aoit de ceo préviaiont peut.etre lointai· premrnt parler, aont c-rux dont les <'lract~re& tlltniquH
Dt!, let Occidentaux d'aujourd'hui en sont encore à ac son t les moins atables et disparaÎitent le plus rapidement
persuader q ue le pro~~;rèt. on ce qu'ilt appellent aiN i. en u- mêlant à d·aatres rat~l : partout où il ~~ produic
peut et doit être continu et indéfini : t'illa•ionn111t p lue de t!'ls mélan~et. c'ttt toujour~ 1'0.-.,idental qui ~t aJ>.
que jamt it aur leur proore compte. ilt te sont donné à to!_hf- bien loin de pou•·oir 1lnorber les autrea. Qua.at
eux-mêmt.l l1 miuion de f1i-re pénétr~r ce pi"'~ris p•r· m .T~ petM*'b&t •• 'D 7 ait ,.. , «ut ..., d'ri&M.t*-a ood4tllta.a.
ut~ md_, f"f'& • ·aojeerd"J• •nt ,.Ut 1rtu Uri.tar.. et .._
tout, en l'jm po.ant au b...,in par la force aux peupl~
~'" Ml.,. Nt Pffll• : --. a "n e u 4Mr: p:a:t l oou a prfocupa
qoi ont le tort. impardonnable i leura yeux. de ne pas
lOO OJUENT ET OCCIDENT TUIIEt:J1lS ClfutÉiliQUES ET DAl'<GEIIS IIÉELS 101

an point de vue intellectuel, lea considérations que nous les idée. qu'on lu.i inculque, elle ne doit pu l'être chez
avoua expo•éeo julqU'ici nous d i4pentent d 'y insi•:er : tow au même degré,. et oou1 ne pouvoM admettre que
une civilisa lion qui est sans ceue en mouvement... qui D'a les hommes d'Etat, en p.trticulie.r , soient dupes de la
ni tradition ni principe profond. ne peut évidemment phruiolope qu'il• emploient. Lorsqu'une nation euro-
ueroer une iolluence réelle •ur cellu qui pOOièdent pré- péenne s'empare d'un pays queleonque, ne fût-il habité
cisément tout ce qui lu.i manque à elle-même : et, $Ï que par del tr'ibus vraiment barbares, on ne noua (era
l'iolluence inverse ne a'exerœ pas davantage en Eait, pa3 croire que c'est pour •voir le plaisir ou l'honneur do
c'est aeulement parce que lu Occidentaux sont ineapa· « civiUaer >) ces pauvres senJ. qui ne l'ont point deman·
bleo de comprendre ce qui leur en étra"'er : leur imp~· d~. qu"on entreprend une expédition coûte~. puis deJ
nétn.bilité, à cet égard. n'a d 'au tre eaase qu'une iolério- tr..-aux de toutes sortes ; il faut êne bien na:ïf peur ne
rité mentale. tandis que celle des Orientaux e~t faite pu se r endre eomp:e que le Vl"ai mobile est tout autre.
d'intellectoalit~ pure. qu'il réside d11ns l'espérance de profil! plru tangibleL Ce
Il ett det véritéa quïl est néeeuaire de d ire et de dont il s'asit nant toul, quels que soient les prétextes
redire avec insiJtance. si déplaiu.ntes qu'eUes soient invoqué.. c'nt d'exploiter le pays. et bien souvent, oi on
pour beaucoup de gens : toutes les aupériontéo doat •• le peu: . .c• habitanu en rnrme tem,-~. car on ne sau.r11t
targuent les Oeeidentaux sont purement t-pnai reo, i tolé:rc.r qu"ils continuent à )' 'ivre à leur ~ube, mên1..,
l'e•ception de la aeule supériorité matérielle : celle-là s'ils iOnt peu Kênant.s : mais. comme ce mot d" c exploi·
n'ett que trop réelle. personne ne la leur contate. et.. au ter " •onne mal. cela •'•ppello. dans le lanpge modern•.
fond. pe.-.onne ne la leur envie n on plw ; mais le « mettre t o valeur » un pa y., : e-est la même cb~ ma..is
rualbeur « t qu'Us en abusent. Pour quiconque a le eou- il suf6t de changer le mot pour que cela ne ehoque plus
ra~;e de voir le~ choses teUea qu'elles •onl, la conquête la .. nJibilitë commune. i'l'oturellement. quand la eon·
coloniale ne peut, paa · plUJ qu"•ueune autre conquête quête est aoeomplie, les Europ~en• donnent libre cou rs à
pa r le• arm<l, reposer rur un autre droit que eelu.i de la leur p rooêlytisme, puioque c'est pour eux un •·éritable
!oree brutale ; qu'on in'· oque la nécessité. pour un peu- beooin ; chaqu e peuple y apporte son tempérament spé•
ple crui l e trouve trop à l'étroit cbn lui, d"éteodre eon eial, les uns le (ont plut brutalement, let aulrei avec
champ d'activité. et qu'on di•e qu'il ne peut le faire p lw de ména~tement.. et cette dernihe attirud e. alor1
qu'au..: d épe ns de ceu..: qu.i sont trop faibles pour lu.i ré- même qu'elle n'est point l'effet d' un calcul, est sans
tiate:r. n ous le vou_looa bit-D1 et noua ne voyon• même pa.s doure la phu habile. Quant aux réiultata obtenw., on
comment on pourrait empêcher que des choses de e• oublie toujours que la civilisation de certa ins peupl u
~eure se produisent ; mais que. du moùu. on ne pré- n'est p.. faite pour l•• autrts. dont la mea talité est d.ilfê-
tend< pas faire intervenir li-dedans les intérêts de la ronte; loraqu'on • affaire à des sauvases. le mal n'e~t
« civili&ntion ». qui n'ont rien à y voir. C'e•t là ce que peut:ètre pu bien ~rand, et pourtant, en adoptant le•
nous appelons l'hypocrisie « moraliste » : ia cooacieote debo.-. do lo eiviUution européenne (car cela re!le b ien
tians la malle, qui no fa it jamaiJ qu'accepter docilemut super6ciel ). ils •ont g~nénrlemeot plw portés à en
102 OIUE:<T ET OCCIDE!'IT TDAEtlllS CHJMWQUE3 ET DANCEIIS ab:u 103

imiter let mauvait côtés qu'à prendre ce qu'elle peut avoir politique qui a leon préfére.ncer, et qui, mëme •n admet·
de boo. Now ne voulons pu insister aur cet upect de la tant qu'il toit le meilleur pour certains peuple•, ne l'ett
quettiou, que now n'en,.;,aseoru qu'incidemment; ee qui pas nkelllirement pour tout; et le plus extraordinaire,
eat autrement srave, c'est que let Européen•, quand ih c'ett qu'il• ont de oem.blllhltt prétentioll.!, non seulement
•• trouvent en prétence de peuple• civilisés, te compor• YÏ ..à·vi• de1 peuple• qu'ilt ont conqui1, mait anui ...u.â·
lent aveç eo.x ço111111e 1'ilt tvtitlll affaire à des ••ovagea, YÙ de etW< chez Jetqoels ilt lODI parvenU! à t'introdnire
et e'ett alora qu'il• oe rendent véritablement inanpporiA· d à t'inataller tout en ayant l'air cie rdp<eler ltur iiiclé-
blet ; et llOUJ ne puJo nt pat teoJement det seru pen pendanee; en fait, ilo étendent ct'S prôtentioru à l'huma•
recommandable• parmi luquelt colont et foo ctionnair.. nité tout entière.
ae recrutent trop touvent, nous parlons des Européent S'il en était autrement, il n\· aurait pu, en géuéral de
pretque unt e:~<eeption. C'est u.u éh'ange état d'etprit, prévention~ ni d'hostilité 1711ématique con:re let 0.,.,;.
eurtout cb6 des hommes qui parlent tans c~ de dentawr;; leurt relations avec les autre. hommet oeraîent
« droit :tet de « liberté », que celui qui les porte à dénier ee que font les relation• normaltt entre peupltt dilfé·
aux eivilitationt autres que la leur le droit à une exittence renta : on les prendrait pour ee qu'ilt Jo nt, avec lu qua li·
indépend~tnte; c'est là tout ce qu'on leur demanderait tés et les défauts qui leur •ont propret, et. tout en regret·
dans hien dea eat, et ee n'en pas te mont.r er trop ex;. tant ptut--ètre de De pou,·oir tntreteair A\'tc eu.x dea reb·
8eanl ; il efllt dee Orientaux qui, i cette seule coadition, tions intellec:tueUta naiment intértuaates., on ne cher·
t'accommoderaient même d•uoe admin.istration étrangère, eherait guère à let changer, car le• Orientau>< ne font
tellement le eouei des continseoces matérielles exi•te peu point de pro•élytitme. Ceu."< memes d'entre les Orien tau."<
pour eux ; ce a•est que lorsqu'elle s'attique à leau iDst itu · '!"; puoent p our .<tr~ le pluJ fermis à tout ce qui ttt
tiono traditionnelles que la domination européenne leur etranser, Jes Ch1nou, par ex~mplet verraient tan•
devient intolérable. Mau c'eot justement à cet eaprit tra· répugnance de• Européen• venir individuellement
clitionnel que lea Oecidentaux e'en prennent avant tout, •:~tablir che~ eu" pou~ 1 faire du eoœmeree.
parce qu'il• le eraisnent d'autant plut qu'il• le compren· • als ne sava•ent lrop h1~o. pour en avoir (a_it la
nent moins, en étAnt eux-mêmea dépourvut; let hommet triste expérience, 8 quoi ilt a'e_,;potent en lta laiu.ant
de cette aorte ont peur instinctivement de tout ce qui let faire, et quels empiètemeota sont bientôt la consé·
dép aue ; ton tet leurt tentatiYet à eet égard demeunront quenee. de_ee qui. au début. semblait le plus iooll'enoif.
toojoora vainet, car il y a li une foree dont Üt ne toup· Le~ Ch.tnOII oontl~ peuple!~ plus profondément paci6qo•
çonnellt pas l'immensité; maio, ai leur incliterédon leur qw ezute; non• d11ons paci.lique et non « paci6ste,. car
attire certaines m~taventurea, lla ne peuvent t'en prendre ila n'éproo,..nt point le beaoio de faire là..Jessut de ~an·
qu'à eax·mêmea. On ne voit pu, do reste, au nom de quoi d.iloqueotu théories bumanitairet : la guerre répup~e ô
lit •culent obUser tout le monde à t'intéreuer e~elusive· leur tempérament, et voilà touL Si e'est là une faibleste
ment à ce qui let intéreue, à mettre les préoccupation• en on certain aena relatif. il y a, dana la nature m~me
ieonomiquet an premier rang, ou à adopter le régime de la race chiooi•e, une force d'un autre ordre qui en
104 OIUENT ET OCCWENT TEIUIEIIl\5 CIIIMÉ1UQliES ET DANCEilS atELS 105

compute le. e.lreta, et dont la eoa.seience coou:ibae N Df étaient ..-..rés de l'impunité ; la population fio.it par eu
doute Îl rendre p061ible cet état d'espcit pacifique : CCli< être exupérée et meaaça d' envabir le territoire de la
race m douée d'un tel pouvoir d'ob..,.-ption qu'elle • légation pou.r s'emparer des malfaiteun qui a'y trou ·
toujoun auio:ülé tow au c:on quéroou •ucceuif•, et ••·er voient ; le ministre d'Allemagne voulut s'y opp-r et "'
une iuc:royable rapiwté; l'biitoire est li pour le proonr. mit à bar•D~D<r la foule, mais il ne réUOIÏI qu'à se faire
Dam de pareilleo c:ooditiom, rieu ne aaunit être pl ua ridi· tuer daru la baprre; pour •·eo&er cet ou~e. a11e expé-
C1lle que la chimérique terreur du c péril jaune •· inventé dition f ut Or!anifée una tarder. el le plw curieux ..,
jadù par Guillaume (L qui le aymboliu même d1.01 uo que tout lu Etals européens, mème l'Angleterre. s'v laù·
de c:es tableaU% à préteotioua myatiqoea qu'il se p[iliai# ~r~n: entrainer à la suite de I'AIIemap>e; le apeetre du
à peindre pour occuper ses loit.i.ra; il faut toute l'il"o· c piril joune,. auit du moim servi i quelque ehooe en
nuee de la plupart dea Occidentaux, et leur incapacité celte ci.rconttanee. Il va sam dire que lee beUigé.r onts
à concevoir combien lee aulru hommet JOu t d_ifférenh retirèrent d'tilleura de leur inlef\ention dea bénéfi-
d'eux. pour en arriver à a'imapner le peup le chinoit •• appréciable.. surtout au point de vue économique: et
levant eu armes pour marc:her à la conquête de l'Europe: méme il n ·y eut pu que les Etau qui p ro&tèrent de
une ioTnioo chinoise. si eUe de, ait jam.aù aH.. ir titu. ne- l'a-vt-nlure : nous conoaiposu du pe.noD.D.IIJea qui ont
pourrait être qu'une pénétration pacifique. et u n'nt p u acquis des tituations fon avant&j!etUes ponr avoir fait la
là, en !OUI Ul, UJl danger bien imminent. 0 eit nai que. p;uen-e. .. dans les enes des légations: il ne faudnit pa<
ti les Chinois avoient la meu' alité O«ideotale, les iuep· all<r dire i ccwc·li que le « péril janne,. o'eet pu une
tiM odieuteS qu'on débite publiquement sur leur réali'é!
compte t.n toute occasion auuient larsement suffi ~lai!. objeetera+oa. il n'y a pu que lea Chinois. il ~·
pour les inciter à envoyer des expédition a eu Europe: a auu i leo Japonait. qui. ewo:. sont bien un peuple guer·
il n'en faut pu tant pour aervir de prét.e xte ~ rier ; cela est vrai. moi• d'abord les ] aponoit. itous d'un
une intervention armée de la part des Ocxidenta:wc. mélan~;e où d ominent les éliments malaù. a'tppartien·
moi• <U ebo•ea lai~Knt les OrientaWt parfaite!Dtnl aeot pu véritablement à la nee jaune. et por coa>êqueat
indifférenta. Ou n'a jamais. l notre coooaisoan«. leur tradit ion a forcément un concti:re diJrérenL Si le
osé dire la vérité aur la geni:ae du é•·éntrutnl& qui tt Japon a maintenant l'ambition d'exercer aoa bép;nnonie
prodo.ieirent en 1900; la voici en quelques mots : le tu· •ur l' Alle tout entière el de r c orp~r,. i '" fa~n.
ritoire des léptiont européenoea à P&io tot oowtrait à c'm précitém<-nt paree que le Shiatoione.. tradition qui.
la juridiction des autoritéJ chinoiJU; or il s'était fo~. à bien des égard., diffêre profondément du Taoüme chi·
dono les dépendance~ de la lép;1tion allemande. un vêri· nois et qui ~<:corde une grande importance awo: ritu
table repaire de voleura, clienta de la misoioo luthérienne. perrier.._ ti6t e.ntré en contact avec le nationaJi.sme.. em·
qui se répandaient de là daru la ville. piHaieot U ni qu'il• prunté naturellement à I'Oc:cident - cor les J aoonai •
pou·nient, puù, OYee leur butin, ae repli•iut daru leur ODI touiou~ exœllê comme imitateu.n - d $at eha03é
refuge où, nul n' ayant le droi t de les pourJUivre, ill eu un impérialisme tout à b it sembl~tble i ce que l'on
TEJlUtni.S ClliMÉaJQUES ET nA.,.C:EIS aÉEU 107
106
agisaemeuu de petites minorités tnrbulentes, formées de
peut voir d1n1 d'1ntre. p1ya. Toutefoia, ai let Japon1i1 !CD! que leurs proprCI compatriotet ignort'lllt touvent to-
t 'CIJ&I&eDI d1na 110e puillle entreprise. ila rencontre- t.lement, et pour ieequelo, en tout cu, it. n'ont pu la
ront tout IDiaDI de réoiatanœ que lea peu pic,. europirlll, moindre considération. Nou> voalono pari~ de quelquH
et peut-ê:re mème dlvtntase encore. En effet, lea Cbinoif inclivid<H éleva eu Europe ou en Amérique, comme il
n'épr<1uvent pour penoDDe l1 mëme hostilité que pour s'en rencontre aujourd"hui plu• ou moint da~ tous .lee
les ] 1pon1it, una doute paree que ceux-ci, éllnt leurs poy 1 orientaux, et qui, ayant perdu par cette edoc:at~o?
voisina, leur aemblent .p1rticuHèrcmcnt dansereux; iltlca le sens traditionnel n ne nchant rien de leur propre cav•·
redo11:ent, comme un homme qui aime •a tranquillité re· liution croient bien foire en affich1nt le « modernio·
doute tout ce qui menace de la troubler, c:t surtout ilt lca1
méprioent. C'est orulemrnt au Japon que le prtôtendu
me » 1; plus outrancier. Cet « jeunes ~ OrientaW<,
comme ilo t 'intitulent eW<·mêmes pour Dlleux marquer
« progr~o » occidental a été accueiJii I>'CC un emprellt· leurs tendances, ne aauraicnt jamais acquéri.t- chez eax
ment d'autant plus grand qu'on croit p-ouvoir le faire une influence réelle ; pufoia, on les utilioe à leur insu
oervir à réaliser cene ambition dont nout pulio11t tout il pour jouer un role dont i.. ne .. doutent pas. et «;la ett
lheureo; et ponr·ant la supériorité dM armement•, même d'outant plus facile qu'ils se prennent fort au sét! CUX ;
jointe 1ux plus remarqu1blet qualités p1errihra, ne pré· mait iJ -arrive auui que, en reprenant contact rtec leur
vaut pat toujours contre ce.rtaines fouet d"un autre or· race, il> sont peu i peu déoabwés, se rendeut compte
dre : let Japontit o'en aout b ien aperçua i Formose, et la que leur préoomption était anrtout fait~ d'iporan ee,. ~t
Corée n'est pu non plua pour em: DDe po.ueuion de :out fi.nUsent par redevenir de •éritablea Onen.ta~ Cea el_e·
repos. Au fond, si let Japonai$ furent trèo faciJement vie· menta ne repréRnte:ot que d~in6mes ex«p~on_s. ~aat.
torieox dans une p1errc dont UJle bonne partie dct Chi· comm~ il~ font quelque bruit 1u dehors, ih aturent
uoit n'eurent connainaace que lonqu·eue fut terminé~. l'attention de1 OecidcntaWt, qui les con.ùdèrent naturel·
c'est poree qu'ilt furent alou favorisé•. pour du raison• lement avec eympathie, et à qui ih font perdre _de we
spéciAles. par certaint élément& hostile• à la d)'llutie let multitudes eil encieo- auprès desquelleo ile sont
m ..ndchoue, et qui ta\"aient bien que d'autre• influtn~• absolument inexietantt. Les vrais Oricnuux ne cher•
interviendraient il tempo ponr empêcher les choses d'aller chtnl guère à se faire connaître d& l'étTangtr, et e'ett ce
trop loin. Da no un pays comme la Chine, bien det é,·éne· qai explique de1 erreurt usez sinsu)ières ; now avons
mentt, perret ou révo)utiom, prennent un aspect tout souvent été fuppé de la facilité avec laquelle se font
différent ouivant qu'on let regarde de loin ou de prrt, ct, accepter, comme d'aulhentiqueo repréaenllnte de la pen·
•i étoooont que cela p araisse, e'e1t l'éloignement qui let aée orieotale, que1ques êcrivaina sans compé~oee d tanl
@TOotit : vue d'Europe, ils semblent COiltidérablea : en mandat, p..-foiJ mime à la solde d'une P_W~unce eur~
Oline même, ilo oe réduisent à de oimplee incident• péeune, et qui n'exl)riment guère que dct ~dee• tout <>«•·
louox. dent.! es ; paroe qu-ùa portent dee noma onenbux, on les
C'est por une illusion d'optique du mëme ~enre que croit volontiers eur parole, et, comme les lermet dr com-
1ts Oceidentau attribuent one importance attniv~ au
108 ORIF~ T f;T OCCIDENT TERJlEUJI.S CHL'ItÉIUQUES ET D.<SCEIIS RÉELS 109

paraieon (ont défaut, on J>llrl de 4à pour attribu er à tou> par• un d é•·eloppement industrid leur permena nt de
leur·e compatriotea des concep lioos ou dee opiaiona qui lutter dê!ormais sans dës.a,,antage avec J,., peuples euro·
n'appartiennent qu'à eux, et qui &ont souvent aux antη (iêe~ ,.ur le terrain même où ceu..-c:·c:i déploient toute
podee de l'e1prit oriental ; bien entendu, leurs produc· leur activ-ité, ces Orientaux, di.s;ons·nous, ne renoncent
tion1 sont strictement réservêe1l au public eut·opéen ou pour cela à rien de ce qui eSt l'uoentiel de leur civiliu·
américajn, et, en Orient, personne n'en a jamais entendu tion ; de plut. la concur,r ence éc·o nomique ne pourra êtTe
parler. qu'UM JOur~ de uou,•eaux confliti. si un accord ne
En dehors des exceptions individuelles -don~ il vient ,· t'labli; pas dans un autre domaine et à un point de vue
d'être question, et ausa.i c.Je l'e~ccptiou collccl.Î\'C qui ~t J>hu élevé. Il est cependant quelques Orient~. bi~
conr~ituée par fe Japon, le progrès matériel n!lintérwe pen nombreux. qui en tont arrivés à penser eec.a : pWi·
véritablement personn-e clans les paya orientau.x, où on que les Occidentaux oont décidément réfraclAires à lïn·
1ui reconnaît peu d'avantagea réela et beaucoup• d'incou· tellectualité, quïl n·en !Oit plus que.tion ; mais on pour-
véniente ; maie il y a, à son égard, deux auitudes diHé- rait peut-itre établir malgré toul, .,..., certairu peuples
rente&, qui peuve.n t même oernhler opposées extérieure· de l'Occident. des relations amicales limitée;~ au domaine
ment, el qui procèdent pourtant d'un même esprit. u; purement économique. Cela aussi eH une illusion : ou
uns ne veulent à aucun prix entendre parler d.c ce pr<· roo commencera par s'entendre iUt Jei printiptf, et tOU·
tendu progTèa et, se ren(ermant dans u ne attitude d• 4të ),.~ difficultés !tcondaires s'aplaniront en:Suite comme
rôei!tance purement pas!Sive, continuent à se comporter cr~lles·même-s. ou ron ne parviendra jamais à s'entendre
com'm e s'il n'exjstait pas ; let <autres prélèrent accepter \raimtnl ! Ut rien ; «:":c'est à rOccident &t'Ul quÏJ appar·
transitoirement cc progr·ès, tout en ne le regardant qut tient de faire, siJ le peut, les premiers pli daM )a voie
comme une néces.sité fâcheuse imposée par des1 circom· <l"un rapprochement dfectif. parce que c'e$t de l'inoom·
tance& qui n 'auront qu~un temps, et uniqueme nt parf:e prihtu!Îôn dont il a fait pr·eU\'e jusqu Ïci que ,~iennent
qu'ile voient, da ns les in&trumcnta qu'il peut m ettre à rn réalité tou~ le' ob~taclt!.
·leur disposition, on moyen de résister plus efficacement 11 iierait à 3ouhai:er que les Oc:citleotalL'~ se résignant
à la domination occidentole et d'en hâter la ·liu. Cc• ramn à •·oir la cau se des plu> d>"1l"reux malentend.u là
deux couNnl& existe nt partout, en Chine, dans l'Iode tl (.IÎI eHe efl, c'est·à-dir~ ~n ewc·m~mes. se débarrlle$-eOt de
dona let paya musulmans ; ti le •econd parait· actueUe· rd terreurs ridicule• dont le trop r.melll< « péril jaune,.
ment tendre à l'emporter assez flénéralemeot •ur le pre· t<t aBurérnent le plus bel exemple. On a coutume awsi
rnier, t) faudrait b ien te garder d'en conclure qw'H y ait d*agiter à tort et à tra,•er't ie spectre. du « pani.s1ami~
aucun changement profond dan• la manièr e d 'êlre de me» :ici. la crainte est saru doute mo• os absolumeot de--
l'Ori ent ; tonte la différence se réduit io une eimple QUOi.· nuée c!e rondement, car les peuples musulmans. occupant
tion d'opportunité, et ce n'est p•• de là que oeut venir une situation intermédiaire entre l'Orient et l'Occidtn~
u.n rapprochement réel ovee ~'Occident, bien au con· ont à la foi& e·e rtains traits de l'un et de l'autre. et ils
traire. Lc1 Orientaux qui veulent provoquer dans leur ont notamment un "•prit beaucoup plus combati( que oe·
llO TDlUtJU ~ ET DA.!(CUS ain.s 111

lai dH pun Ori~tatut ; maïa eafiA il ne faut ri~ eu plw complexe qu'ad•enairet et partisa.nt ne le peJlKD1 ;
1érer. Le Wli paniJiamùme ett I VIDt tOUt une aflizma mais ce qu'il y a de certain, e'eot que ce mouYement est
tion de principe, d'an CJ~roctère euenlielkment doetri· nettement antitraditionnel. donc d'etprit entièrement
nal ; pour qu'il preane la forme d'une re•emdicotion moderne et oceideutal. D est profondémeut ridicule de
politique, il fout que let Européen• oient coDllllÙ bieu prétendre oppo•er à l'esprit oecid~tal la mentali:é alle-
det m.aJadre:11ea; en tout eaa, U n'• rien de eommun avec mande ou mtme rwse, et now ne uvons qud ,..,.. les
Wl « b.alioaalisme ,. quelconque, qui ett tout à fait in· m.o u peuvent noir po11r œtll[ qui soutie~nt 1111e telle
compatible avee ks coacept.io01 foadameataiet de l'ù- opinion. non plw que pour eeax qui qualifient le bol-
lom. En tomme, daru bien de~ ca1 (et aow pemoa 1 anr· chevisme d' c asiatique ,. ; ~ !ait. I'Allemap>e est an
tout ici 1 l'Alrique du Nord ), une politique d' c a..t controire un cleo p•:-• oii l'esprit oecidental est porté à
c~a,tio.a ,. bim ~mprÏie, ~tpeetant intéçalement la lé· •on deçé le pl111 extrême ; et. quant aux Rv.saa. mëme
ps.ouon itloDllque, et unpliquant une reaonc:iarion s'ils ont quelques traits extérieurs des Ori~'an.E, ils en
définitive i toute tentative d' c aui.milotion ,., suf6uir sont owsi iloipéo intellec:tuellcment qu"il est pouible.
proboblement à écOTter le donser, ti don3er ii y a ; quand Il fout ojouter que, d•ns l'Oocideut, nou• comprenon.•
on so~ge par exemple qae let conditions impot<ÜI pour aussi le judaitme, qui n'a jamais exereé d'influtnce que
obterur la naturalisation fronçoise équivalent tout sim- de ce côté. et dont l'action n'a même peut~tre pas été
pltment à une abjurotion (et il y ouuit bien d'outre. tout à foit étransë..., à la formation de lo mentalité mo-
foill à citer dam le même ordre), on ne peut ~>'étonaer derne en sénéral : et. préeioément. le raie prépondérant
qu'il Y ait fréquemment det heurts et de. difficnhét joué daru le bolcheYiame par les éléments ioroélites Cl1
qu'une plw jatte comprébeJUion des choses pourni• m· ponr 1~ Orientaux. et ourtout pour ln Muoulmam, ua
ttr très I ÎJêmt-nt ; maÎJ.. etJcore ODe fois, c"est préciJé- çave moti( de ,.. mifier et de ,.. tenir à l'iart : nons
ment ceue compréhension qui manque tout à !oit o.a ne parlont pu de qudquet aptatears du type c jeune-
Européens. Ce qu'il ne faut pos oublier. c'est Que la eivi ture •· qui tnnt foncièrement •ntimoJalman.l. souvent
Iiution ialamique, dans tout tel éléments essentiels, fl"lt au.s•i ic-ra~lites d·od.-îne, et qui n·ont pat la moindrt' au~
rignureutement tradit ionnellt. comme le sont toatet leo toriré. O.ns l'Inde non plU!, le boleheviame ne peut s'in·
eivilioations orientales ; cette raison est pleinement ouffi. troduire. parce qu'il toit en opposition avre loutea les ina.
11nte pour que le t>anislomisme, quelque forme qu'il tito *inns traditionodle.a. et •·o écialement 1vec l'in&tita·
re•lre. n.e puisse jamais t'idealit.e.r avec u.a mouvement tion des CJ~stec : à ce point de vue. 1~• Hin.fout ne fe-
tel que le bolchevisme. comme ~>tmblent le redouter dt'l n ient p•s de diffé.rf'nœ entre a.on 1ctioo datrueti-ve e:t
'~"' m1l informés. Nous ne voudrions auc:unrmf"nt for-- œlle QUe les Anr;lai1 ont ten·ée d•nuiJ lnnct""''" par
muler ici une appréciotion q11elconque sur le bolrhr..;o- tout .. sortes de moyens, r:t. li où l'une 1 éehnaé. l'aull'e
me I'U5Je. car il est hien difficile de sa•oir exac· ement à ne réueinit pu davantar;e. Pour re qai est de la Chine.
quoi s'en tenir là-dessus : il est probable que la r~alité tout Cf' qui .-•t ruase y es~ ~énéralt.mt'nt fort antip.a.
est ouc. difJér.nte de ce qu'on en dit couramment. tt tbique, et d'ailleurs l'esprit traditionnel n·y est pu
112 OIIIENT ET OCCWENT TEIUIEUIIS CHOIÉJUQUES ET DANCE&S RÉELS 113

moin• oolidement établi que dans tou: le resle de certainement pas à se placer, pour y parvenir, dana d..
rOrieut ; st certaines choses peuvent plus f acilt111ent v conditions telles qu'ils risqueraient de retomber aussitôt
êtr~ tolérée. à titre transitoil'e, c'est en raison de cette soue une autre domination occidentale ; ils ne ~·~­
fHI.Ïsunce d'·absorption qui est propre à la race cllinoiie, r::~ieot rien au ebangement, e-t, comme leur Le'D'lpérament
et qui, Dlême- d' un désordre paa~ager, permet de tirer exclut tout e h.ïte fébril~. ils préféreront toujoun ~tten­
finalement le parti le plu• u an:ageux ; enfin, il ne fau- dre des circonstances v lui favorabln. •i éloigué.-
drai! pas, pour accréditer l11 légende d'accords iow· qu'ellea appauiistnl, plutôt que de i'cxpo&er i !!ll~ eem-
tanu , et imposaihleo, invoquer la préoence en Ruo;sie de hlable éventualité.
<Juelques bii.Dde• de mercenaires qui ne •out que de vul; Cetle dernière remarque permet de comprendre pour·
gaires brigands, et dont le.~ Chinois sont trts heureux de ,1uoi les Orientaux qui &e.mhlent les plus impatients de
~e débarrueer •u profit de leurs voisins. Quand le. bol- · eco uer le joug de l'Angleterre u 'ont pu songé, pour le
chevio;tea ra.oontent qu' il• gagneot de-s partisans à leurs (aire, à p~ofiter de la gutrre de 191 4 : c'eot quïh oa-
idtes parmi les Orientaux, Ht se va·n tent ou s'illusion· ' aient bien que rAJiemagne, en cat de victoire, ne man·
nent ; la vérité, c"est que cert.ains Orie.o taux voient dans c uerait pa.i de leur im()03-tr à tou.t le moins un protecto-
1 4

b Russie, bolcheviste ou non, Wle auxili•ire pouihle con- rat plu.s ou moins déru.i.!i, et qu ih ne voulaient à au-
Ire la domination de cert11ines autres puissances occiden· c'UD prix de cc nouvd asserviue.ment. Au.~un Orien~l
tai M : mais les idées bolcllevisteo leur sont parfaitement •••aot eu l'occa•ion de voir les Allemands d un peu pre•
indifférente&, et mêine, ,$'ils envi:s agent une euleole ou 11~ pense qu'il soit p oosible de $entendre avec eux plu•
une alliance l~mporRire comme acceptable dans certai· qu'avec les Angla is :il ~n eot d'ailleurs d t ~ê~e pour 1~•
ne~ circorutan~es, ctest parce qu'ils savent bien que cel'\ Rwoes, mm l'Allemague, avec son orgaoasattOD fort'Dl-
idêe-5 ne pourront jamais s'implanter chez eux : s il en
4

dable, io•pire généralement. et à boo droit. pius d_e


,;ta-it autrement, ils se garderaient de les favoristr le ('rain:es que la Russie. Les Orientaux ne 1er ont )&mill
moins du monde. On peut bien accepter comme au.xiliai· t•our aucune puissance européenne, mai& ili ~eront tou·
1·t~, en vue d' une a ction détern1inêe~ des gens a'tec qui jo un contre cd les. quelles qu'elles &oient. qui voudront
on n'a aucune pensée commune. pour lesquels on lt>S opprimer, e t contre e~l~s-là seulement ; ~our tout le
n~éprouve ni e11time ni sympathie ; pour les vrai& Orien· reote leur attitude ne peut etre que n eutre. Nous ne par-
taux, le bolchovi!me, comme tout ce qui vient d'Occi- Ione ici bien ~nteudu, qu'au oeul point de vue politi~
dent, ne sera jamaU qu:une force brutale ; si ceue force et en c~ qui concerne leo Etato o':' le• collectiv~téo ;_il
p eut momentanément leur rendre service, ils s'en félici- peut toujours y avoir cks tympatb•eo ou des aoltpathieo
te ront san:1 dou·te~ mRis on peut être assuré que. dèt individuelles qui ,..,.lent en dehors de ces conaidéntiooa,
qu'ils n'auront plus r ien à eo auendre4 ils prendront de même que, quand nous parlons de l'iuco~~ré~e~ioo
toutes les m esures voulues pour qu'elle ne pllÎue leur occidenta1t'. noua ne: vte.on• que la mentaltle senerale,
devenir nuii iblo. Ou reste, les Orientaux qui •• pireut à ..,. préjudice dea exceptions ~Mihl~- ~,exception&
écbapper à une domination occidentale ne eonsentira~nt •ont d'ailleurs des plus ra ret: ueaomotru, sa 1 ou eot per-


lU ORI[:'\"T 1:T OCCmE:'\"T T &UECIU CHUI.Éa.IQCU 1:T D.L'1C&&S a.Ét:U 115

ouadé, comme nout le tomme•, de J"intérèt immtoJe que du présent chapitre, s.ao• d·ailleurs .-ouloir riJquer eu
préoeote le retour à dt~ relations normale• e ntre l'Orient cela la tnoindre prédiction. Surtout., si une telle .,...,.
et I'Oceideut, il fa ut bien commencer dès maintenant à le tu21ité venait à le r~aliur, la ronHi:ution pria1able d·u.ne
préparer avec leo moyen.s dont on d.iJpoJe, si faibleo élite ioteUec:tuelle au qai scnJ de ee mot pourrait seule
ooieot-ila, et le premier de c... moy<ru, c·en de hire com· ~mpieher ie Mtour à la ba_ tbarie : et Dl~me., EÎ cene ~lite
p~dre, à eewc qui tD ooot capablu. qudlu oont leo aTait eu le tempJ d·as:ir aun profondémut aur la men•
eo11ditioDt ind.i!peouble1 de « rapprochœeot. taliré ,ëoirale. elle é\;lenit rabi4rplion ou rulimila-
Cet c:.o nd.iûora, oou.a ra,·on.s dit. sont avant tout intd· tion de J'Occident par d·eutrH ..-;.;Jiutioos. b~ po: bêle
ltc1uelles, et dlea aoot à la Cois né5ativea et poJiti>·eo 1: beaucoup moin• redoutable que la prêttdentc. maiJ qui
d·abord, détruire tout les préjugés qui ·sont autant d'ob•· prê·ieuter-ait cependant qutlqutt inron\·énients au moint
tadet, et c'nt à quoi tendent e..entiellemeot toute! leo transitoires. eo raison dri r~volutiont ethnique• qui prë.-
cootidéutioru que noua a\·ons exposéet juaquïti ; ~D· céderaicot DiC"C"f!airc:mtnt cette auimilation. A ce pr~
ouite, rutaurer la ,-<ri table intellectualité, que J'Occident pos, et avant d"aUer plw loin, nous teoona à préciser
a perdue. et que J(tude de la pen..<ée oriente le, pour peu Dcttemeol notre attitude : now o"attaquoDJ point J'Otci·
qu"elle aoit entreprise comm< dit doit J'ètrt, ptut J'aidee dent eu lui·m<we. m3i! f<'nlement. re qui ,.;t tout diffé-
pwuammcnt à retrou.-er. JI ···~t là, en oomme. d'une renL reJpr'Ît ruod~mt~ d~DS Jc-qud UOUJ ço~·ont Ja C'IU.fe
réforme complète de l'esprit occidental : ttl <•t, du de la Mdaê•oro inl.ll~tluell< dt rOrtidenl ; ri~D Dt te-
moiot, Je but 6 na1 Îl atteindre ; miÏ.$ cette r~formt, a u rait plus oouhaitable, à no•re .,;., que la reconJtilutioo
tlèbut. ne r,ot~rrait évidrntme.o t èrre ri:tlilée que J~n! d 'une ch·iliJation proprement ~tidrotale ror dtt baJU
t1ne élih· reitreintt. ce qui serait d'ajlleur: suffi__,an! p.,ur normales. car fa rli' t>nité dr1 th iliutionJ. qui a toujoun
qu·elle rorte ... Cruiu à une échéance phu ou ruoinJ esi.;té. est la ron..<quente naturellt dH diffêren«s mtu-
Joiol4Înt, par r action quo cette él.ite ne m•nquenit pu 121t.•' qui ('lr~rt~ri:,t nt IH rarn . )Uis la dit"~ui:é d1ot
.ru ercer. même: 1.aos le rechercher exprtuêment. sur les Corme• o·e,dut aUC'UDtmcnl raccord •ur 1.- princi·
tout le milieu occidental. Ce oerait, odon toute Hahem· pe!; tuteott tc harmonie ne 'tultnt point d ire uni!or-
bl aooe, le seul moyen d'épergoer à J'Occident le• doo- mité. tl ptn~r lt rontrairf' ftr:ait UC'rifït>r à ces u :opiH
~u trèt réels qui ne aont point ceux euxquela il cr()it. et égalitaires con tre leoquelleo DOW nous éle\"ODJ préei.O.
qui le mcnaceront de plut en olw t'il continue à auivre ment. Une dviJj11tioo normale, au sens où noua J'en·
1e1 voies actuelle& ; et œ aerait lUlli le tenl moyen ~e tendon!. pourra toujoun u dé,·elopper ianJ être un
uuver de la civili.ution occidentale, au moment voulu, dangu pour lu aulrts cirilù.atioDJ ; ·~·ant coo-cit'ftee do
tout ee qui pourTa-it en être conaervê. c"ert-i.dire tout ce la place nac:e qu'elle doit oceupu daDJ raucmble de
qu'elle peut noir d·avantaseux oous qudquea ropporta l'bum.an.itê ltrrH~.. dJe laur-~ a·v tt-nir e-t ne créera
et de compatible avec l'intellectualité normale, au lieu aurun anti~Oni,mt , parr-e qu.tllt" n ~aura au('Une p rtitt.D·
de la laisser di1pa raitre totalement da1111 quelqu'un de œo lion à rhfsémonie. t'1 parre qu"tJJe s"abJtieodra de lOUt
c:ataclysmt! dont nou.s indiquiono la pouiiJilité au début pro-té-lrtiinlt. Nous n"o$trÎOUI pas affirmtr, c-tptndaot.
116 01\IJ:NT ET OCClDEl'iT

q u'u.n e dvilisation qui tuait pnr=>eDt occi<knt.le pour• en~re â dire ; maÎ.I on doit YoÎT déjà que nou1 ne criti-
rait avoir, intellec:tuellement, l'équivalent de tout ee que quons p u l'Oe<:ident p<>ur le •'aiD plaï.;r de critiquer.
p<mèdent let c:iviliaatio.u orientales ; dan.s le p aué de ni même pour b ire reatortir son inférioriti intellect~telle
l 'Oeei<knt, en remontant awri loin que l'bùtoi re nolll par rapport à ''Orient ; si le travail par lequel il Lou t
le fait coonaitre, on n e trouve pa-s pleio.e.ment Cd équi· eommeD<ltr parait ~W1out né~atil. c:'est qu'il est indit-
valent (saur peut·être dans quelques écoleo; extrêmement peruahle, comme nous le dioiono au debut, de d&laycr
ferméeo, et dont, pour eeiie raison, il e.t diflieile de par· le terrain rout d'abord vour pOU\'Oir ~n1u~ y constru ire.
ler avec certitude ) ; mais il ,~y trouve néanmoint, à oet l::n bit. fi l'Occident rtnon~it io ses prijugés, la ûehe
éprd, det cboseo qui ne sont nullement négligea.b les, y s~rait à moitié actomplie. et même plut qu ·à moitié
que not contemporains ont k plus grand tort d 'ignora' peut--être, car rien nt ,·oproserait plw à la ron.stitution
syttémaLiquement. En outre, si l'Occident arrive un jouo d'une élite in~llectuele, et reux qui pouèdent ln facul·
à ent retenir dea rdl'lions ia:ellectuellea avec l 'Orient, téo requise< pour en ra ire pa rtie, ne voyant plus ae dres-
noua ne voyoo1 pas pourquoi il n'en profilerait pu pour ser devaot eux lu Lorri<r.. pr~que !nf ranc:hiuabln que
aupplrer à ee qui lui manquerait ""COJ'O ; on peut pren• créent les conditioou actuel let, trounraient dès lon bei·
dre des leçon• ou ol~• inspirations chez lea autre• ...,.. lemen t le moyen d'ex..-eer ct de dévdopper eco Iaeuh<.,
abùiqatr ~ou indêvendauct-, surtout si~ au lieu de te eoo· au lieu qu 'elleo oont comprimées et étouffées p ar la for·
tent..- d'emprunh vuu et simple.. on .ait adapter ee mation ou plutôt la drformation menr.le qui Ht impolie
qu'on arquierl de la raçon la plus conrorme i •• prepre prëoenument i quiconque n ·a pu le coun'e de se plaoer
mentalité. i\t ail, encore une fois, ce •ont là des po..ihi· résolumt!nt en dehou d<• ndru con.-enl.ionnel•. Du r.,..
litêa lointaiau ; et, en aueodant que rOccid~nt aoit re· te. pour Jt rf'ndre vrai~nent compte de. lï.u~té de tts
venu à. let propres traditions, il n'eit peut·être pal d'au· préjugé• dont nou• parton•. il raut déji un rertain degri
Lre moyen, poUT p ré-parer ce retour et pour en re-lrou· de compriht n!Jion po .. iti,·~. tl. pour unairu tout au
' er les éléments, que tl: procéder par analo~ie avec lea moin!t. il t"~l veul ..êlrt plu• difficile d·aueindr~ tt de-;ré
ffirmes traditionnelles qui, exi!tant encore actuellement, que d'•lltr pha loin lnr.qu'ih y sont pa rnnu1 ; pour
p euvent ~Ire étudi ée& d'une manière directe. AinJi, la u.ne inttlli«tntt bien con&titu~. la vérité, si haute f.OÎt·
compréhension du ci,~üisations oritniales pourrait con- •Ile, doit itr< plus as•imilable que tout•• 1.. •ubtilitét
tribuer à ramener l'Occident <lUX voies traditionnellea oiseust-5 où 5C rompbit la « !Bgt~.ie prorane » du monde
bo~ deaquellcs il t'eat jeté inconsjdêrément, t.tndia que. occiden:al.
d'un autre côté, le rrtour à cene tradition réali.erait per
Jui·mënoe un ropproebement effeetir avec: l'Ori-ent : c:e
•ont là deu:< rboscs qui oont intimement liées, de quelque
faço n qu'on let ""';••Je· et qui n ou1 app•rainenl
<'Omme EJalcment utiles, voire même néceJiajres, Tout
t'lela pC'urra être mieux compris par u que a.o w avoot
,
DEUXIEJΠPARTIE

POSSIBILITÉS
DE RAPPROCHEM~T
'

CHAPITRE PREMIER

TENTATIVES INFRUCI UEUSBS

s formulant l'idée d·un •apprOC"hement mt•e

E I"Oritnl et I"Oecidtnt, nous n'avons point la p•é-


tention d'émettre une idée nounlk te qui, d'ail·
le.urt, n'ett nullâne.nt nécess.aire pour qu'dJe soit intéfu..
t ante ; J'amour de 1a nou,·eauté. qui n'"Ht pas autre chose
qne le beooin de cha n,ement. et la rechen:he de l'ori,i·
nalité. conséqnenre d'un individJUli!me intellectuel qui
con6nr- à ran•rehi~. ce' sont là d~ caractêr·e s propres i
la mentalité mode.ne et pu lesquels s'aJ6nnent ieS ltn·
danc.,; antitnditionnelles. En (;oit. cette idée de uppro-
chtment a pu venir déjà à l'esprit de bien des ~os en
Occident, ce qui n~ fui PnfrTr rien de sa ,-a leur ni de ron
impor1.a nœ ; mais nou.! devont con:tater qu·tne n'"a pro-
duit jmquïci aucun r~ulta~ que l"oppoaition n'"a même
fait qu·aller en s'"accentw:nt toujou-N, ce qui était inévi·
table dèA Jo~ que rOccident continuait à suine sa li&ne
dh ·ef!ellle. C'eot à rOccident seul. en effet. que doit être
imputé œt êloiz:nement, puisque J"Orieot n·a januis Tarié
qnant à J'essenriel ; et toutes les tentaû"<S qui ne te-
naient pas compte de ce fait de•aient forcément échoue..
Le çand déf1ut de œs tentath·~.. c'ett qu'elles ont tou·
jour• étë (aitet en seru inve~ de ce qu' il au.ait fillu
pour réussir : c•est à l'Occident de oe npp•ocher de
I'Ori~nt, pui$<JUe c'flt lui qni sen est éloip>é, et c:'est en
vai.D qn•iJ •'efforceu de penuader à l'Orient de se np-
)

122
T'ErfTATIVES C"t'TaUC I OieOSES
procher de lui, car l'Orient eat:ime a.'•voir pu phu di
r aioon.o de ~cr aujourd'hui qu'au mura des lièd.. dre parler. Lca Ori.,nt.aax.. qui lons appréciea.t ( on la
p réeédea.u. Dieu. wtendu, il oe a'ett j&II:IÜ ap, pour la politeue, sont choquéa de ce prosilytiune inlempeow
Orientaux, d'exclure les adapt.ation.t qui aoot compati· comme d·une sronièreté ; venant s'exer«r dan• leur
b leo avec le maia.tien de l'eaprit traditiound, mais, si l'on p ropre paya, il e<>nllitu" même, ce qui eat encore plus
vient leu_r p roposer un ebanseme.nt qui équivaut à oDe p-ave à leura ytu.x, un manquement aux lois de l'hospita-
tubversioo d~ 10111 l'ordre éubU. ile llo pan-a~t qu'y lité ; et la politeue Ot"ientale, qu'ou. ne s'y trompe p.o.
oppo..,. u.ne fin de non-recevoir ; et le opeellele que ~ n'e>t point un vain formalisme comme l'o~otiou des
offre l'Occident at bien loin de Lt. cnpser à .., laiJOCr; cautnmca toul a:krieureo auxquelles Ica Ocddent.aux
coovaioere. Même ri~.. Orieot.aux ac troll1'eot œntraio~ do·o oent le même nom : dJe t't'pOse 111r dee n iaoaa autre-
d'accepter daJM u.ne eert.aia.e mcaurc le prop-~ matériel, meat pro(ondca. pan>e qu'elle tient i tout l'eaacmble
cela ne conotituera jamaio pour eux un ~emenl pro- d'une ch iliJOtion traditioun.,Ue. tandis que. ca. Oecident,
food, paree que, comme noua l'avoua déjà dit, il• ae a'r eco ra iaoru ayant disparu avec la tradition. ce qui auboistc
iottreueroot pu ; ila Je subiront oimplemeot colll.ll)e une n'en plus que aupcrstition i proprO!œDt parler. un~
a éeeaailé, et ila n'y trouveront qu'un motif aupplémen· e<>mpter les innovation! dues tout aimplement i la
t.aire de reaaentimeot contre ceux qui let auront obliséa « mode ,. et ;, aes ca priee& injustiJiableo, el avec lesquelles
1 a'y aoumettre ; loin de renoncer i ce qui 011 pou-r eux on tombe dana la pat'odie. Mais, pour en revenir au pro·
l'ou:e leur raioon d'être, ilo le renfermeront w eux· lélytisme, il n'en pour les Orientaux. toute queation de
mému plw at.rietement que jamaia. d ils oe fer,o nt politeoae à part. qu'une pnuve d'ip>oranœ et d'iot'Om·
encore plua diat.aoll et pl1>1 ioacceoaiblea. préhension. le aipte d'un défaut d'intdlectaalité, parce
D'ailleura, la civiliution occidentale étal>t de b..u· ...,.il implique ~~ aappo5e essentiellement la prédomi·
coup la pl ua jeune de toutea, kt ~slea de la plw Némen· nanœ du aenlimentalisme : on ne peut (aire de propa·
t.aire politeNe, ai elles étaient de mioe dut Ica rela tiona pade pour une Klêe que si J'on ! attae:he un iotû-it wu-
dea peuplea ou d .. races comme daoa cellea dea i..adivi· timental quelt'Onque. au détriment de aa pu ret~; pour ce
dao, devraient ou(Jire ponr lui montrer que c'eat à elle, et qui est des idéeJ purca. on se con:ente de lea eapoaer pour
n on aux autrew qui sont aea ainéca. qu'il appartieat de ceux qui aont upables de les comprmdrc. una jamais ae
faire lea prcmiet"a pu. Certea, c'ett bien l'Occiden t qui préoccuper d' entraioet" la oonviction de qui que co aoit.
u t 1Ué tr·o uver lea Orie:ntaUXt mail e.vec dea inteationa Ce jugement défavorable auquel donne prise le p •·oaély·
toatea contraire• : non potll' •*instruire 1wprèt cfea. lieme, tout ce que diacnt ct (ont lea Oecideota.ux cal pour
comme il aif"i aux jeunes ~·r · qui oe rencontrent. a•ec le e<>n.6 nncr; tout ce par quoi ils Q'Oicnl pron•er leur
... vieffiarda. mau pour s'efforcer, t.aotot brutaiCIDellt, supériorité. ce ne aont pour Ica Orieat.aax qu'autmt de
tautot iaaidieuaemea.t, de Ica coa.•·ertir i sa p ropre • • marques d'infériorité.
Dière de voir, pour leur prêcher toatca aortes de dlooec Si l'on ac place m dcb.,.. de l'out prëjusé. il faut bien
d ont ila n'ont que faire ou dont ils De veulca.t pn ent- ae rétipter i admettre CJ1k I'Oecident n'a rien i CDJeÎp!H
i l' Orient, ai ee n'cal duu le domaia.e puremea.t rua té riel,
12S
124 ORIENT ET OCCIDENT
utopies ~ntlmentalet à la ma_ajère d~une c soeiétê dee
auquel rOrient. eneore une foiJ, ne D<!ut pas sïatéreuu. nation s.» quelconque; cela et:t encore moiDJ solide ti c'ut
paree q uïl a à •• dupo•ition det chOOI<$ auprès detquellts po.,.ible. n ·ayant mème pu pour fondement cette réali:é
ceUe;;-là " " comptent guère. et qu'il n'et! pu dispooè à hrutale e.t Arosiiè:re qu·on ne peut du moiua contester awc.
sa<:rifier pour de 'aines et futile• eontin1en.,... Du r~tt. rboses de l'ordre purement sensible; et le •entiment, en
le dév.,loppement induHTiel et économique, comme nous Jui...même, n·eu pas moins va-riable et ineon.sta ot que ce
l'a• on• déjà dit. ne peut provoquer que la concurrence t(UÎ 1ppartitDt au domaine p roprement matériel Du
et la lutt" entre lei peuplei; ee ne saurait donc être un reste. l'humanitari1me. avec toutes se. rë,•crits, n•est
terrain de rapprochement, à moim qu'on ne p rétend e bien 11ouvent qu'un masque d es intérêts matérieh. masque-
que c'eot encore une manière de rapprochu le• bommu impo~ pu l"bypocrï.ie c moraHa~e •; llOUJ *ne ~royons
que de les amener à .., ballre les uns contre lei autre•: guère au dè&intére~ement des ap;hrê5 de la « ri' ilia.a·
m iÎI Ce n ,e.lt J)88 ains i que DOUI reotendon.5, -et C~ ne tjoo ».ret d"ailleurs. à vrai dire, le déiintéressement n'e5t
..,rait lio en wmme qu'un fort mauvais jeu de mou. Pour pas une ,·ertu politique. Au fond. ce n'est ni aur Je terrain
nous. quand nout parlons de ropproehen1ent, il ;'o&it économique ni sur le ter·r ain politique que le.a moyenJ
d'entente cl non de concurrence; d'ailleur~. la seule r.,on d·une entente pourront jam..ai.s être. trouvé•, et c:-e n'ut
dont cer:.aina Oritotawc peuvent être tentés d·admettTt qu "après coup tt ,.econdairffntnt que ractivité éeooomi~
àlez eux le dé,·eloppement économique, IDliÎ que nOU! qne ct politique sero appelée à bénèficicr de cette .•nt~nte :
l'avoiU expliqué. ne laille de ce côté aucun e•poir. Ce ne rt!f moven11. s'ils t'Cisten~ ne rdh rnt ni du doma1ne de la
sont pas lrs facilités apportées parles inventiolli mécani· tnati(:r~ ni de ('~)ui du sen~irmont. mait tt•un domai.nt
quet a nx rdationa extérieure• entre Ica peuples qui don· l>e•oucoup plu• profond et plus gtahle, qui ne peut être
n eront jamais à ceux-ei les moyens de mieux se compr·e n· que celui de l'intelligence. Sculcment. nou• ' oulon•
dr e: il ne peut t n ré!ulter. et cela d'une fa~n tout io fait tntendre iri lïntelli,uce au ~n• vrai ct complet; il ne
gi-no'rale. que de• heurt• phu fr·é quenu et des con8iH ~·q:it aucunement. d11oa notre pcnc..:e. de ces t'tm· rera·
phn t!\endus; qu:ant aux accords b1ié1 sur dtJ iotCrèt.J ÇOftJI dïn telltctualité que I'Occid~nt ..·oh,tine nulbturf'U •
purt"ment eommerriaux., on ne de'V1'11Ît ial'"OÎr que trop ~t.rnf"nt à prê'-e:nter i rOri~nt. et q·ui ;;.ont d'ailltur~ tout
quelle ~•leur il convient de leur attribuer. La matière eil. c~ quï;) peut lui. présenter. ouisrru'il oe ('Onnait ri~n
de u nature. un principe de divi1ion et de .épaution : tout d'autre et que, même pour 10n propre Ull,e-, il n'a p11
ce qui en procède ne uurait se rvir à fonder uDe uoion autre C'llose i ;a ditposition; mait~ qui suffit i contenter
réelle et durable. et d'ailleurs c'e;t le chmgement incci· l'Occident sous ce rapport est parfaitement impropre à
oant qui ett ici la loi. Nout ne voulon• pas dire qu'il ne donner à l'Ori~t la moindre !ltisfoctioD inteUeetuelle.
faille wcuneme11t ae préocxuper det intérêt• éeonomi· dëe Jo~ qu'il ~manque tout l'enentiel. ,
ques; mait, comme nous le répétona un• oeue, il faut La science occidentale. même pour auto nt quelle ne se
mettre chaque choae à aa place. ct eelle qui leu.r revient confond pu purement ct oimplement avec l'induurie et
norm~lemc:nt serait plutôt la d ernière que la première. qu'elle til indépendante des application• protiquu. n'eot
Ce n'est point à dire non ph11 qu'il faille y iuhoti:Oer de<
126 ORIENT r;r OCCIDENT TOI'TATfYES Jl'fFJlUC'TVECSES 127
encore, aux yeux des Orieo:aux~ que ce c sal'"oÎr iJoo- dre d de l'opprécier, mw c'est au eontnire parce qu'ils
raut ,. dont nous avon• pulè, paree qu'~lle ne se ranaebe l'estiment Il u juste valeur, à l'aide d'un tenDe de com-
li aueun principe d'un ordre supérieur. Limitée au monde pu·aùon qui numque aux Occideutaux. La science euro-
aenaible qu'elle prend pour aon unique objet, elle n'a pu péenne, en effet, parce qu'elle n'o rien de profond, parœ
p ar elfe.même une nleur proprement apéculat ive; ai qu'eUe n'est véril4blement rien de plus que ce qu'elle
encore elle était un moyen préparatoire pour aueindre à parait, ut facilement accessible à quicooque veut prend.r e
une coonaiaunce d 'un ordre plus éle•é. les Ori~ntaw: la peille de l'étudier; ..DJ doute, to111e IC.ÏCIIc:e estapécia·
aeraien t fort enclins à la respecter, tout en estimant que kment a pproprH.e à la mentalité du peuple qni l'o pro-
ee moyen est bien détourné. etaurtout qu'il est p eu a daptq duite, maio il n'y a pu là le moindre équivalent dea dif·
Il leur propre men~<tlité; maia il n'en eat point ainsL Cette 6cultéa que rencontrent let Oc:cidentaux qui veulent
acience, au contraire, est conatituée de telle façon qu'elle pénétrer le1 « aciences traditionnellu • de l'Orient , di{fi.
erée fatalement un état d'esprit aboutisaant Il la négation cubés qu.i provie..-meot de ce que œs ae.ie.ncea paracol de
de toute autre eonnaissance. ce que: nouJ 1\00J appelé Je prindp~s doat ils n'ont aucun<: idé~, ~~ de ce qu 'cllea
« acienriame »; ou elle ut prise pour une 6n en elle· emploient de• moye.m d'investi:;ation qui leur oont IOta·
même, ou elle n'a d' i&Sue que du cô.é des anplitation• lemcnt étronseu, parce qu'ils dépuaent les cadres élroit•
pratiques. c'eat·a·dire dans l'ordre le plus inférieur, où où iMfermo l'esprit occid ental. Le défaut d'adaptotion,
le mot même de « connaiuance », a,·ec la plénitud~ de .~at existe d eo deux côtéa. oc traduit de façoœ bien diffé-
aena qu')' anacheot les Orientaux. no saurait plus ëtre rentes : pour les Ocadentaux qni etudient la ac:i~
employé que par la plua abu>ive dt~ extensioru. Les ~rient.ale.. c·e,: une incomprêhm.sion à peu près irrém~
r ésultats théoriques de la tcience analy:ique, si conaidé- diable. quelle que aoit l'application qu'ils y mettenL i
roble• qu'ils poraiuent au• Occidentaux. no sont que dt pan de~ cxeeptioM individuelle~ toujoun pouiblu. mais
b ien petites ehosu pour les Orientaux, à qui tout «la (ail très peu nombreweo; pour les Orientaux qui étud ient Jo
l'effet d 'amusements enfantins. indignes de retenir lons· science oceidentale, c'es: aeulement un monque d'tntértt
temps l'anontion de ceux qui ooot capableo d'appliquer qui n'empëcb<: poiJlt lo eompréhen~ion. mais quL é•i·
leur intolligence à d'autres objets, autant dire de ce.u qui cL.·mment. diapose peu à eonaaerer à cette étude des rorc-eJ
possèdent la véritable io:elligeoee. car le reste n'en u• qni peuvent être mieux employées. Qu'on ne compte olone
qu'un rellot plus ou moiua olucurci. Voilà i quoi se rédui• pu our la propapnde acienti6que. non plu• qu<: aur
la « hante idée • que leo Orientaux peu\·~nt ee la ire de ouenne espèce de propa,ande., pour arriver à un rappro-
la science européenne, au dire des Oceidentanx (qu'on ae chement ovee l'Orient; l'importaoce mëme que IH Oeci·
rappelle ici l'exemple de Leibni~ que nona avo111 cité dt-etaux aari.buent à «a cboteS donne lUX Orie-nt•u,- ue
plus bautl. et cela même ai on leur en pré.ente les pro· · -· pauvre idée de leur mentalité, el, a'ilslea resardent
duction• les plna au:bentiques et les plus tomplèt>ts. non comme inteUeetuelles, c'est qu.e l'intellectualité n'a pas le
p oint soulement les rudiments de la « vuiFuiution •: et même ICDI pour eux que ponr lea Orientaux.
ce n'ut point li, de leur port, incapacité de la compren· T0111 ce qu<: noUI di1001 de lo aeienee oceidutale, nom
128 Ol\IE:NT ET OCCIDENT T E!"JTAn1"'ES t :Srat:CTUct!S.tS 129
1•ouvcm1 le dire auui de la philooophie, et eMnre avtt brauer tou t ITniver• ou de le recGMtruire au çé de u
t'ttte cireonslaoee agravaote que. si sa valeur tpêcula- fantaisie, et qui, lllrlout. polle en principe la oéption
tive n 'ttt pu plw 'rande ni plw rêdle, eUe n'• même absolue de tout ce qui la dëpuR. U but entendre par l•
pli « Ile valeur pratique qui, si relative et si secondaire la néption de la co...,&Uunce môtaphylique, qu.i t! l
qu'elle soit, eat tout de même encore qudque cbose; et, d1 o rdre supra·ntionnel, et qui ell la eonnaia.un('e iotd·
à te point de vue, noua pouvom joindre à la phtlosophie lectuclle pure, la connaiHance par excellence; la pbilow·
tout rt qui, dens la léÎénce même, n'a que le c aucltre de pbie moderne oe peut admettrel'exi>~nce de la méuphy·
pure. l.ypotbèaea. D' aill eurs, dans la penoée modtrue, il 6ique vraie sant ae dé:ruire elle·même, et, quant à la
ne peut y avoir aucune séparation profonde e ntr<: la co"' c p>cudo·mêtapbytiqoe ,. qu'elle s'incorpore, cc n·e, t
naissance ~tcientHique et la conoaiuanee phHoJopbi4ut: : qu'un assembla~e plus ou moins habile d:hypotbè~s
ln prt•mièrt en eat a rrivée à englober tout ce qtUi cil acctl · ex.elusivement rationnelles, dune K.Ïtotifiques en réalirr,
•ihl~ ;, cel te pensée, et la seconde, dans la me•urc oit elle et qui ne repo1ent &énéralement sur rie.o de bien sérieux.
Je10eure vulaLie, n'en est plus qu'u.ne partie ou une En tout us, la portée d e cea hypo:hè:aes eu toujours
modal ité, it laquelle on ne donne une place it l'•rt que e~trémement rutrdote; les quelquu éléments volablu
!Jar un effe t de l'habitude, et pour des raùoru beaueoup qui peuvent y itre mêl<o ne 'ont jamail beau coup plu•
plu.s hiuor:quu que logique• au food. Si la philo•opbie loin que le doma i~ de la teience orcünaire, et leur êtroi:e
• du prétention• p lus p-aod~. c'est tout p~ 110ur die. l.!!ociatioo a•-ec les pluo dEplorables fantawes. non moins
c~u ë-es o rete.otion.s ne p euvent &e f oude.r sur rien: lorf- que ~ forme ay-'éruatique sow l.queUe le tout se pré·
qu'oo veut •'eo tenir à l'état pré$eot de~ men talité otci· aeote, ne peut que let dêcooJidêrer total ement au_x yeu
dent .. le, il r ·y a de lésitime que la eoooeptioo po.itivi•te.. des Ori~n:au_'t. Cewt-ci n'ont pa.s ee mode •~cial de pen•
abouti~~rtmeuc normaJ du ratioaalùme c seien:itle », o u •<e auquel convient proprement le nom de philo-ophie :
la rooception pra&maList~. qu.i laisae J écidément de côté ee n·eft p8i cbn: tUA: qu·on peut rtDCODtrer r~prh If""
toute fo.pcculation pour a·en tenir à :1n aentimcnt:alisme tématique rû lïndividualiime inttUtttud; mlli<, sïls n 'out
utilitaire · ,-«- r.onz toujours' Jes deux t~nd•nees e-ntre let· pas les incoov<rûenll de la philosophie, iù ont, dégoc;é do
'ludlr• n;dll~ toute la civilisation modern.,. Puur les tout allia5e impur, l'équival~nt de tout ce qu'elle peut
Orienllmx~ p•t contre, l'alternative ainsi ex:vrimée n'• contenir d,intêreua ot, et qu i, dans Jeurs « scienc<t tra·
aucun •ens, parce que ee qui lee intéreue vuimco t et ditionndles ,., prend mi me une portée be.a ucoup plu•
usentiellement est bien au delà de ses d eux terrues, de h aute ; et îlt ont, en outre. i:nunensëmeut plus, puÎ!qu ï Ja
même que !euro conception• •ont ou delà de tout let pro- ont. comme principe de tout le reste, la connai Maoce
bli·meo •rtifici•l• de la philosophie, et que Jeun doc:triaro métaphysique, dont le domaine est ab•olomeot iUùnité.
traditionnelle. tont au d elà de toua les oystrmea. inv• n· AUAi la pbilosopbie, avec: - eouis d'explication, ...
tioot purement buma:ioet au ••.,. le plw étroit de ce mot, dêlùnitatiooo arbitraires, .., subtilités inutiles, ... c:oafu·
nous vouloas dire inventions d'une raùoo i.ndividudle liono ineeJUntea, - di$ewuo110 saJII bnt et son nrbia&e
qui, miconnaitlaot set limitatioiU, ae croit capable d'em· ..,. cooaiatanc:e, leu.r apparait-eUe comme un jeu parti·
130 OIIIC<T U OCCIDC<T TENTATn'U IXF1U:lCTlli:USES 131

culi~remet~t puéril; noua avons rapporti aill~n l"appré· cs il n'y anrait pat lien de renoir encore là-deau •i oot
ciation de eet RiDdou qui, entendant pour la premine contemporains n'éprounient le beioin de c pbil-
foio upoo<r 1~ conception• de certain• pbiloeopbet earo- pbcr » à œ 10jet, ce qui montre bien que la pbilo<Oplûe,
péeno, déc:lara que c'étaient là des idieo bo.o..oe. tout au conune ils l'eutendeut. peut ~tre véritablement n~uuporte
pluo pour un enbnt de huit ans. ll faut donc encore fUO Ï, excepté la U!elte naie et la connai..ance intell.ec-
moine compter tur la philooopbie que our la ocienee ordi· 'IDdle puro. Pu.4que cette oocation ae préocnte, nous eu
oai~ pour in1pircr de l'admiration aux Orientaux. ou profiterons pour dissiper tout de luite un maleo.ttodu
même pour leo impressionuer favorablement, et il ne faut possible :dire que la epéculation til supérieure i l'..:tiou.
pu o'imosiner qu'ill adopteront jamaio eco façonl t\e oe n'eat point dire que tout le monde doive pareillemtnl
penser, doat l'absence dans une ehriHution n•a rien dt •e désintêr·e .ser de ~ne dernière: dans une coUectiTltê
r<~Ttttable. et dont l"én-oitesse caraetiristique ut uo de~ ho.maine biérarebique.ment orpoï.ée. il faut aJOiper il
plus p-ando périlt de l'iotelligenee; tout cela n•eu pour chacun la fonction qui COD\'Îent à •• propre natw-e iDdi·
eux, comme noue le düions. qu'une eon:reC.çon d'inttl • iduelle, et e'eotlô le principe aur lequel repooe tf!enricl·
lectualité, à J'uuse exehuif de ceux qui. ioeapablec d• kmenL dans llnde. Jïnuitution des ('a"H- Si doue
•oir plua haut ct plus loin. sont condamnés. par leur rOecident rerieot jamais à une eomtitution hlirarchlque
propre cooJiitution mentale ou par l' effet de leur Muta· et traditionndJe. c'eat-à-dire fondée sur de ..-ériublea
tion. i iporer à tout jamais ce qu'est la ,·éritable intt l· pnnciper.. nout ne prétendons auC'Unt=nt que la ..._
J~tualiti. oeôdentale en de,iendra exdoui..-tn•ent contemplati1'e. ai
Noaa ajouterons encore un mot eD ce qui concune 1pi· lllème qu'elle de.-ra nrre au mime degré que l'eot la
cialement 1~ c pbilooophieo de l'action » : cea théorit< lllllire orienule : la chose Hl tn effet pouible en Oriwt.
ae foot eo somme que consacrer J'abdication complète d• D.Üs il y a. eo Occident, d~ eouditious ~iale• de tl i-
l'inte11istnee: pr:ut-êtTe vaot-il mieux. en un se~ renO tl· uat et de tempérament qui a'y opposent et qui ,·y oppo·
eer franchement à toute apparence d'intellectualité. plu · oeront toujoun. Lu aptitud~ intellectucll« ....-out ,..,.
tôt que de continuer indéfiniment ô o'illufionner avec dt• doute beauroup plu• répandues qu'diu at le aont
tpécuJatÎODI dérUoires ; mais alors pourquoi a·o'b.tiner a aujùurd'bui: mais ce qui eat encore plus important. c'.-ot
vouloir faire encore du théor ies? Prétendre que l'action qne la spôculation sera l'occupation normale de l'élite,
doit être mi.e au-denuo de tout, paree qu'on es.t inc.a p•· •:t que même on ue eoucena pu qu'une é.lite , -éntable
ble d'atteindre i la tpéculation pure. c'eil Il une attitude puisJe ~Ire autre qu'intellft'tuelle. Cela e5t JUffiu.a t,
qui. yyajment, re11emble ua peu trop à celle du renor<l d'ailleurs. pour qu'un tel état de eb01e1 ooil tout le
de la fable ... Quoi qu'il en soit, on ne peut se illatter <le eont:raire de celui qut nout voyons artuellem.e:a~ et où t.
coDvertir i de semblables doctrines lea Orift>torux. pour riebH<e matér~ll~ titnt litu pretqU~ tntièreme:nt de
qui la aptcalation est incomparablement aupéricure il toute oupkiorité effecri.-.. d·abord puct qu'elle eonu-
l'action; du •••••• le soüt de l'action extérieure et J. pond directemeat aux préO«Upatiom et aux ambitioDs
Ndlerebe do prop-èa matériel oont étroitement s.olidaire•. iominantes de I'O«idratal moderne. avec lOD bo..U..a
132 ORI>!NT ET OCCIDENT TENTATrVES fNFIIUC1VEI1$ES 133

purement terrestre, er eo.suite ptrœ qu'elle est bien le nément la forme relisieute, c'est qu'elle n'avait point i
1eu.l r;enre de 1upériorité {li toutefois oo peut ellie la prendre. L'erreur conaille ici à vouloir faire adopter
qu'elle eo est une) d0111 puiue t'accommoder Ùt médio- aux Orientaux des !ormet qui ne sont pu faites pour
crité de l"esprit démoera:ique. Ua pareil reove...-u.t euxL qui ne répondent pu aux exigence• de leur men•
permet de mesurer toute l'étendue de la trana(ormatioD taüté, maïa doDt ils roeoonaiuenl d'ailleun l'excellenee
qui devra s'opérer dan5 la dviliaadon oecidelll.llc poW' pour lu OccidtnlauJc : c'ut ainsi qu'o11 peul voir parfoio
qu'die redevienne normale et comparable aux autre& des Hindous engager des Européen• à revenir au Catbo-
civilisations, e: pour qu'die cule d'être dan• le monde licism~, tl mm.t les aider à le eompre.n dre, u1u aYoir
une cause de trouble et de détordre. 1 la moindre volléité d'y adhérer eax-mimet. Saot doute,
C'C!t avec intention que. jusqu'ici, ôou.s nous 1ommes il n'y 1 pas aDe complète équivaleDce cotre toutes les
ahstenu d e ruentionner Ja relision parmi let di8'é·r entea !onnet traditionnelles. parce qu'ellu corretJ'ODdtnt à
choses que l'Occident peut pré~eoter à l'Orient; e'ett des pointt de vue qui diffèrent réellement; mais, dam la
tJUt , si Jo religion est aussi chose occideatal e, elle n'est meture où elles sont équivalentes, la tub.tituûon de
poi nt cho5e moderne, et e·ett même contee e.lle que l'une à J'au:re 1erait êvidtmment inut;le; et, dao• la
l"esprit n:oderne concentre toute son animosité. parce mesure où elles sont différentes autrement que par
qu'rlle es~. en Occident. le •eul élément qui ait r;ardé un l'exprusioD (ce qui ne veut nullemnt dire qu'ellet
caractère troditionnel. Nous ne porions, bien entendu. IOΫ.:Dt oppo1êe1 ou contradictoires) , cette auhttitu: ion ne
que d~ lo religion a u sens propre de ce mol, et non du p ourra;t étre que nuisible. parce qu'elle provoquerait
déformations ou des imi: ations qui ont pris naiu aoce, i nevitablement un tléfaut d'adoptotion. Si les Orientaux
au ro ntraire. ~ou s rïnAuence de r esprit moderne, et qui n 'nul point la religion au oen• oeeide11tal du mot, ilo en
tn r o!'Unt la mnrque à tel poi nt qu'eUn &Oot presque ont tout ce qui leur convient; en même temos.. ils ont
entièr r ment a"'imilablt'! au c moral isnu~ » philoJophi- p lw au point de vue i11telloetuel, puisqu'ils ont la méta·
qu ... Pour t~ qui t's: de la reH~ion proprement dite. les ph~ · ique pure, dont la théolo!ie n'eot en somme qu'u11e
Orientaux ue peuvent avoir pour elle que du retpect. t raduction partielle, affectée de la teinte tentimentale
précisément en raÎ! On de aon car:actère traditionnel: et qui ett inhérente à la pensée religieuse comme telle; s'il•
même. si les Oceidentoux se montraient plut attachés à ont moi_n t d·un autre côté.. ce n'est qu'lu point de vue
leur rel igion qu'ils ne le aon! d'ordinaire, ilt teraient t entimental, et parce qu'ils D'en ont nul besoi11. Ce que
eert.ainement mieux con.sidêrés en Orient. Seulement. œ DOIU venont de dire montre aussi pourquoi la aolntion
qu·il ne faut ru oublier. c'e•t que la tradition ne r~vêt que ooa• u timoot préférable pour J'Oecide:nt eat le
pas la fnrme spéciliq11emenr relir;ieuse che& let Onen· r etour à 11 propre tradition. eomplétée .~a y a lieu quant
t.au!'t. à rexception des ~fusulnulnf, qui ont encore quel- au domaine de l'intellectualité pore {ce qui, d'ailleun,
que chose de I'OrciJen : ; or ln différence de1 forme• ne concerne que l'élite); la religion ne peut tenir la place
ttxtériMue.! n'es t qu'nne affaire rl"ad..1ptation aux diver· de la métapbyoique, mais eUe n'est 111CUneme11t incom·
tes mentalit~s. et. 1?1 où lo tradition n'a pu pris oponla· palihle ••ec elle, el on eD a la preuve daao le monde
135
134
r.pproc:he elfectivemcot, la bonoe volonté même M
idamiqu~. n~c lu d~ux ••P~Cla eomplém~tairu ....,. a.ait pu aalfioaote., et cc qu'il Ca11drait aurtout, c'eat l.o
le.qod.t te priacote sa doctri.De traditioD.DeDe. Ajoatoas camprélwaioo. Or, j111qu'ià. lco ~dentaux qui ac
cpe.. même ti I'Occidut répudie le scntimutallRDe (cL toDI ellœeéo de eompr~dn I'Oricot. nec phu ou moioo
oona cnu.ndoo• par là la pridominancc aec:ordic au , . . de Kricw< ct de •ioeirité, o ' ont abouti ~niralement
timwt iW' lïutdlis~ncc), la mane occidentale o'~n COD- qu'aux ploa lamcottbJes r«uhaL>. parce qu'ila oot
ten"ert. pas moioa un besoin de uwfactiooa !eotimen- apportiÔ daru Jeun étudu tou• lu prrjusr• dont leur
wca que la (orm~ rdjficuac aculc peut lw doD.Dcr, de esprit u trouuh encombré, d'autiUU plu• qu'il. éujeot
mme qu"eJle COD.JU'YU& Q...Q be.Joi.n d"aeti\-ité: atérieucc clea c op<\c:ialiJlea ,., aya11t acquja pril!lahlcm..u œrt&ines
que o 'ont point lu Ori~ntaux: chaque race 1 aoo t= ... loahitadea mcutales d.o ot il 1~ éwt impouible de
ram~nt propr~. ct ••ïl cot vrai que cc ne aout là que d« •• cléfain. Auluiment, parmi 16 EuropicGt quj out
~:e~oûngence~, il n' y a pourtant qu'une élite aues_ . - •·éco eu eootael direet one l~s Orientaux, il eo efl bien
trei.ote qui pu.iue n·avoir pas à co tenir eompte. Mau 1~ quelquco-uos qui ont pu eomprcodrc ct a'u1imilu œr·
.. tiafactiou• dont il t'agit, c'est dans la religion prop~ taiocs ebO+CS. ju.Hemtnt par« que. n'étant point dea
meat dite que les Ocèd~otaux peuvent ct doi•~ot 1~ • tpécial.iotu ». i4 itaitnt plu! libres dïdée• pré<'oo·
ttoa,·er normalement. et oon daru <:et mtticlao~ plue ~: maia, d'ordiuairec. ceux·là n'ont pu ~rit: œ qu'ils
ou moi~ extra' •!•nb où ,·alimente le c pac.vdo-mystη ont appria, ib l'ont pnli pour wx. et d'aillcon, a'il
cisme » de etrli.ÎDI contemporaiD;, relipoeité iDquïè'te leur eat arri~é d'co parler à d'autre~ Oc:cid~taux,
ct déYoyée quj clt encore un symptôme do l'anarchie lïD<omprébentioo dont ceux-ci font preuve tn pareil caa
mwt.tlc d oat aou ffr~ le monde modern~. doat il rioque était bien faite pour les dieour"!er et pour IH CDP&U
mime d~ mourir, •i l'on n 'y apporte dca rcmèdca cf&ca- à ~"'cr la m~me ré>cr> c que leo Oritotau.<. L'Occi·
<ti ava.nt qu'd soit trop tard. d~t. da.111 aoo ememblec. n'a done jamais pn profit~r de
Ain! Ï. parmi lu marufestatiool de la p~mie oœid~· etttaÏDea exccptiom indi.-idutlles: et. quxnt aux tnva1n
tai~. kt un~• aoot oimplemeat ridic:ale3 aux ,-~ux dea quj oot été fa its sur I'Ori~nt ct '"' doetrinel. il nndrait
Oriwtaux. et ce aoot toutes celle• qui ont oo caractère IOUVC.Dt mÎtlU oe pal mème tU CODOaitre re.ri&tt~
opécialcmeot moderne ; 1~ autres •ont rupcctahlea, ear l'ip>oraoce pure et timple t!l bien préférable aax
_;. .Uea o c aoot appropriico qu'à l'Occident ... clu.siv&- idiea fauaoa. Nom oe vouJonJ pu répéter tout ee que
IDeDI, bien que lco Occidentaux d 'aujourd'bgj aient Q"De DOUI n ono déjà dit ailltura sur lco produdiono de&
~ndaoce à lu déprécier ou à 1~• rejcu.r, aal1l d~te ori~tallstca : elles ont surtout pour ~lld. d'noe part.
JNrce qu'dl.,. rcpriacntent e:oœre ~-el~ d>o~ de tro~ d'épru lea Occidentaux qui y ont reeoun..,.. noir par
élc~é pour eWL Donc, de quelque cote qu oo nwllc ean- ailleun le moyen d'ta rccti6cr les erreon, ct, d'autre
oaccr la qucotioo, il cot tout à fait impo•&ible q~'~o ~p­ part. d.c eootribuer encore à donner aux Oritotaux, par
prnchcmeot a'opèrc ao détrûuent de la mcutahte one,.. l'ineomprébei1Ûoo qw y .. t étolie, la pW. Eàchcwc idée
We • COIIUDe DOUI J'avoru déjà dit, c'eat I'Qecideot qai de l'iDteDec:tDalité ocddeutak Sous « de,micr r"lJporl.
dait' oc rapprocher de l'Orient ; mai.. pour qu'il a'eJO
136 OllniT t t OOCIOE:<T TENTATT'fES l N'FaUCTl.tEUSES 131

cela ne (oit que confirmer l'appriciation que lea on.... a'en trouve quj pourraient comprendre ai on leo r e..a.
•ont déjà portés à formuler par toul ce qu' w eon-
Lau..'< fonrniasait les moyeDJ; pour ce qui Cil des autru, qni
nai•senl de l'Occident, et acœntuer ehez t'la - .ui- Jle ..oient li qu'WI<: affaire de eurioüté et d'éruditioa,
tude de réaen'e d-t aoa:a parHona toat à l'heure; ID&ÎI DODI D ' avOtll pal à DOW e.D préoee:aper. 0n reste., Ja
le premier inconvénient est encore plut vue. anrtont majorité d.et oriutalù.ta oe IODt et ne Teulent être que
ai l"initia.tive d·uo rapprochement d oit veoir do côté deJ éruditt; tant qu'w ac borDent à dea travaux büto-
occidtn:al. En effet, qutlqu'un qui possède uoe eoooaiJ. riquea ou philolopqnes, cela n'• pu vende importance;
tooce direcu de l'Orient peut bien. en lisa.nt la pla:a il CJl évident que dea ouvnses de ce .,..... ne peuvml
nuunise traduction ou le eommeoLaire le pla:a fanLail aervir de rien pour a:teindre le but que now en...U..,eoDJ
1Îite, ~r lu parcelles de vérité qui y suboiatent mal- ici,mou leur •cul Ibn,••• en somme. est celui qui Cil
cri tout. à lï.nau de l'auteur qui n' a fait que trauerire commun à tous les obw de l'érndlûon.. nou• •oaloru
uru co1npreodre. et qni n"ett tombé juste que par _une dire la p ropapûou de cette c myopie in tdl.-.:turUe »
aorte de hasard {cela arrive aurtout dana Ica traduchonl qui borne tout u voir à des reeherçbes de dit•il, et le
aaalai.tes, qui sont faites consciencl~mt e-t 1101 tro~ p•pilla~;e d 'efforu qui pourraient être mi~U'C tœployés
de parti p ris systénuûquc. rnaù a"?' oant aucun. aou~ daJU bien des as. liais ce qui est beaucoup phu ÇflO
de eomprébenaion vraie ); il peut m<me souvent r~Lablir à noo yeou, c'est l'ac.tion exercée par ceux dea orienta·
le aena là où il a été dénaturé, et. en t-out eu. il peut Hstes qui ont la prétcnûon de ~mpren<lrc cl d'i1>terpré-
consulter impunément des ouvrases de ce ,;eure. mime ter les doctrine., et qni Ica trnesûncut cie la b çon la
,·n n·ea retire aucun profit • mait il en va tout autrement plus incroyable, tout en aunraat parfoi• qu'ilo les com-
p ou.r le lecteur ordinaire. Celui~i, n e posaédant .•ucn1> p renne.ot mieu..~ que les Oriea:a-ux eux·mim,.. (tomme
moyen de contTÔie, n e peul uou- que deux. atUtu~es: Leibnill s'imoapzu.it ...oir retrOU>-é le ..,ai unJ des carae-
ou bien il croit de bonDe foi que Ica conceptions onen- tùea de Fo-bi). ct aDJ jamais ao~r à prtodre l'avit
talcs sont teUea qu'on les lui prélent.e, et il en éprocrfe des reprfteataoU: autori.H des ('ivilisationt quïlt Ye•
un dé&oùt trè1 compréhensible. en m~~ Umpa ~ ~oDI lent étudier, ce qui serait ponTiant h p<-tmihe eh-
,., préjuzé• ocçidcntaux en sont fort16ea; ou b1en d sc à h ire., au lieu de •e comporter coDJmc s'il s'osit..it de
rend compte que eu coneeptiona ne peuvent pu, d~tn• recouJÛtuer des ei..ïlisotionJ dispornes.
la réaliti, être auui absnrdcs ou aut~i dépoiiJ'\'UU de Cette invraiaembl.ble pr~tention ne fair que Induire
aena il seDI plw on moins confusâuent qu'il doit T a ..oir la croyance qu'ont Ica Occidentaux en leur propre supé-
antr~ ehose mais il ne sait pu ce que cela peul être. ct. riorité: même lonqu·w coDICDtent ;, preDdre en eoDIη
désespéran; de le savoir j~tmoù, il renouee à en oceuper
a dérotion let idéca des outru. w oc lr<>unnt tdlemcu~
et ne yeat mëme plus y penser. Ainai, le résaltal final illtell.i&ents qu•w doi•eot comprendre u.J idées beoa·
eet toujoun on éloignement, et n on un rapprochement ; coup miewc qu.e ceux qni les ont élaborées. et qu'il leur
n ous ne porlona natur.Uement que dea se.na qui a'int: nfïu de lea reprder do debon pour •noir eoûéremcnl
reuentaoa idéel. car c'est aealemeot pamu ceux-là qu U i quoi a'en tnûr; qDilDd on a =e teUe eonfi::.nce eu .o>-
TL'ITATtT5! tNF&UCTU&VSIS 139
138
qui aont précisément ceux dont lee prétentiono aont let
mime, on pt rd ~énéralement toute• lu oocas.ion1 qu'on phu ~andoo, ot qui en aont arrivéa à monopoliler pr"'
!"'urrait ..oir de a'inotruiro réellement. Parmi let pré· qoe entièrement l'interprétation doo doc:trinu orientales:
J\14\él qui contribuent à entretenir un tel état d'esprit, U av~ leur tournure d'esprit étroitement tyotématique, ilo
eo 011 nn que nous avons appelé le « préju~é ela11ique :o, en font, non ae ulemeot de la philooophio, maia quelque
et auquel noua avo01 déjà {ait aUwion à propos de la ch"'" de tout à fait oernblahle à leur propre pbiloaopliie,
rroyance i la « civilisation • unique et absolue, dont ce 1lon qu'il t'asit do çbo..,, qw n'ont aucun rapport ..ee
n:r~t. ec..•4Jmme _qu'une lorme particulière: parce que )a de tellea coocq>tiooo; évidemment, ilo ne peuvent ae réoi·
ctvililall~n Gee~deotale moderne 1o consid~re corumo pcr à ne pa s comprendre.. ni s'empêcher de tout rame-
r b.:ritièr. de la ci•'Ïlisation ~éeo-romaine (ce qui o'n~ ner à la meoure de leur mentalité, tout eu cr nya nt faire
\rai que ju-.qu"à un certain point), on ne veut rien eon·· çand h onneur ;. e•wr à qw ils attribuent c<>o idée&
t>altro en debors de celle-ci ', on oe perouade 'que tont lo « boonoo pour det eo!aou de huit ooo "' Ou rette, en
reuc o'mt pas intéreuant ou ne peut être que l'objet Allemogue, lee pbilosopbes eux-mèmu t'en s•>nt mêlés
d'IUle aorte d 'intérêt arcbêologique; on décrète qu'il ne directement, et Schopenhauer, en particulier, a certai·
peut .e u.,u, er ailleuu aucune idto valable ou que du nement une bonne oart de ruponu bilité dano la façon
. 1'il i •t:n rencontre par hasard, elle-a devaient
moz.nt.. • uis· dont l'Orient y est interprété; et comhien de geai, même
ter anu i dans l'antiquité gréco·roroaine ; c'est ~core bien en deboro d'Allemagne, s'en vont répé•~nt, arrèo lui et
bf.au quand on ne va pas ju•qu'l affirmer que ce n e peu· ton di•ciplt von Hartmann. de< phrase• toutea faitL.., our
'ent étrt •1ue des emprunte faitt à cette dernière. Cewr: le <.< petaimùme bouddhique :o, qu'ib tupposent même
mbnea qui ne pensent pas expre11émeot ain1i n'ta aubit· volontiero h ire le rond des doc:trinea hindoues ! U y a
•tot p•• moi lU l'influence de t'e préjusé: il en est qui. tout bon nombre d 'Européen• qui sÎ.mlgineut d'ailleun que
en afflcbaot une certaine oympathie pour le> eon..,ptÏODI l'Iode ~ bouddhiste. tant est grande leur ignorance. et,
onent.a!Of. ,·eule.nt à toute foree le• (aire entrer daru lea comme iJ a_rrive toujoun en pareil cas. ceu.x·là oe se
\'IJroo de la peuiée occidenta le, ce qui revient à les déna· font pu faute de parler à tort et i tr.,veu; du rene, ti
turer tora lement, et ce qui prouve qu'au fond ils n'y le pnblic IICCOrde aux formes déviées du Douddhiome uno
comprennent rien; certains, par exemple. ne \'euleut "oir importance démeourée, la faute en es t à la qnantité
<D Orient que religion et philosophie, c'est-à-dire tout inerovable d'orientalistes qui a'y toot t péeialiléa. et qui
l't .qui ae e·y trogve paa, et ils ne voient rien de cc qui y ont ~:Yteote trouv6 moyen de déformer juequ'à cu dévia-
e lU Ile en réa lité. Peraoone n'a jamais poweé pluo loin tions de l'etprit oriental. L.. vérité eot que nulle concep·
ceo fauMea usimilations que leo orientalùtea aUemaodo • tioa orieoulc n'e1t « pessimiste», et que le B ouddhiUDr
mime ne l'ott pu: il est vrai que l'on n'y tron•e pas
davantage d' « optimi.ome », mala cel a prouve tout lim-
plement quo cet étique:tet et ce• clutiftcatioDI ne a'y
•ppliquent pu. non pluo que toute• ceUet qui tont faltet
HO ORIEl'< T ET OCCIDENT TENTAT IVES lo"<FIIUCTUEUSES 141

pareiUemen: pour la philosophie européeun~~ et que ee uuim " (•ic) n'admettent pas le mrracle; qu'il pa rle,
n'en pu de cette façon que les questions se po;ent pour e'il veut. au nom des Allemands modernes:, qui ne fOnt
loo Orien tanx; pou.r envisager les e.hosu ~n termea p.as pour rien les inventeurs de la préttndue « science
d' « optimisme » ou de « peuimitme "• il faut le senti· dea . reJjgions l>; mais qu'il ai t la prétention d'auocier
meotalisme occidental (ce même sentimentalisme ·qui l~s Hindous à ••• négations, qui sont celles de l'•.,prit
poussait Schopenhauer à cherche.r des « consolation• ,. anti:raditionnel, voilâ qui dépasse toute mesure. Nous
dans lea U panûlwds), et la sérénité profond~ q•1e do IUle avom dit ailleurs ce qu'il faut pensor de l'hypothèse de
aux Hindow la pure contemplalion intdlectuelle est r • indo--germ.nitme ». qui n~a ~èt-e qu'une raison
bien au delà de ces contingence;. Nous n'en fuûriom1 d'être politique : l'orientalisme des Allemands, comme
pas si noua vou.liona relever toutes les trreun: du même leur philosophie. esl devenue un innnunent au Eerviee
genre, erreun dont uae &eule suffit à prouver lïncom· de leur ambition nationale, ee quj, d'ailleurs, ne \'eut
préhension totale; notre intention o ~est poinl de donner point dire que a.ea représe.nta_u ts 10ient n~ceuairement
ici un catalogue dea éehecs, germaniques et autrN, aux· de mauvai&e foi; il n'est pas facile de savnir jusqu"où
quel• a abouti l'étu de de l'Orient entrepri•e sur dea peut aller l'aveugleme.n t qui a pour uu;e l'intrusion du
bues faut.ivea et eo dehors de tout principe V'u .i. Noua aentiment dam lea domaines qui tft"vraient être ré~rvés
n'avons mentioiUié Schopenhauer qoe parce qu'il cst nn à l'intdlitence. Quant à l'esprit a.ulitradi; ionuel qui ett
exemple trè.s « représentatü »; parmi leo orientalùtes a u rond d~ la « critique historique )) et de tout ce qui
proprement dita, noua avon.s déjà cité précédemment •'y rattac.be plw ou moins directement, il est purement
Deu53en, interprétant l'Inde en Ion<tioc du ronceptiona occidental et, en Occide.ot même, J'•Urcrueêt moderne;
de ce mëm& Schopenhauer; nous rappellerons encore DOUS D•y ÏDSÎ-Bterons jam2Ïi trop, paoce que C"t-&t là ce
lllax Müller, &efforçant de découvrir « le; f!ermes du q.Ji répugne le plus pro fondémeul atu Oricntau...~, qui
Bouddhisme », c'est·à·dire, du moins suivant la eoncep· 1ont essentitllemtnt traditionalistes et qui ne seraient
rion qu'il s'en faiuit, de l'hélé.r oJoxie, ju$quc dans les plus rien s'ils ne l'étaient pas, puisque tout ce qu.i tODi·
texte~ vëdiques, qui sont les fondemcnli euen tiefs de titue leurs civilisations est ilrictement traditionnel; c·ut
)·orthodoxie traditi,.nuelle hindo·Je2itHIIi pourrion&ronti· donc de cel uprit qu'il importe de se débarrauer avant
nutr ains:i presque indé6.niœent, mènJe eo ue notant tout si l'on Yeat avoir quelque t.ëpoir de a"ea teodre avec
qu·un ou deu~ traits pour ehacuo; mais nous oous bor· eux.
noront à ajouter un dernier exempk pan:e quïJ fiji En dehors des orientalistes phu ou moim « officiels»,
appRra.i tre netttment cert•in p1rti pri• tout à fait carac-o qui ont au moins pour e-ux, à défaut d'au·rea qualités
ttri! tÎque: c'est celui d'Oldeaberg, loçartant n priori tllUI plaa intellectuelles. u.ne bonne foi généralement incon·
l<s !•xtes où snnt rapportés dea fait. quj paraùscnt mira• testable, il n'y a, comme pré•entation occidentale deo
cul•u...: et affirmont qu'il ne fant y voir que dea adjon<· doctrines de l'Orient, que les rêveciu el lu di~tion•
tion• tordiYea, uon seulement au nom de b « critique d u théosophia:es, qui ae &ont qu'un tissu d'erreun grot·
hùtorique », maia sons p rétexte qu.e les « indo-!tr• tières.aggravées encore par les procédés du pluo bas char-
142 OIUENT U OCCWt:NT 1-43

lalal1i.me. Now avons coœaer<i à u aujet toute UDe que bon aen.s. ils ne s'attardent père à ces extra-v•p-=et,
étude spéciale', où, pour faire entièrement j<uûce de maïa le malheur est qu'"Ils se laiuent trop faeilem!!nt
toutes les préteDIÎOIU de cea sena et pour montrer qu'ill persuader qu'elles sont orientales, alors qu'il n'a> e<t
u'out aocnn titre à ae recommander de l'Orient, bien au rien; eu outre, le bou sens méme se rardie rinplière-
contraire, now n' avom eu qu'à faire appel aux faits h.is- meut aujourd'hui eu Occident, le dis<iquilihre mental ~
toriqvea lea plw "&oureuaemeut établia; noUJ ne TOG· sap:~e d., pluo en phü, et c'est u qui fait le succèo acta.el
loot donc pu y revenir, mais ooUJ ne pooviom noDJ di .. du théo10phii1De ct de toutes lea aut.m eotreprilea plul
penaer ici d'en rappeler au m oiru I'W.tenee, puiaqu'uue ou moins aualosues, que nous réuuiuou.s ..,... la déno-
de leura préllentiona eat préciaément d'effectuer it leu mination sénérique de c néo-spirituallime •· S'il n'y •
manière le rapproehement d e l'Orient el de I'Ocx:ideuL pu trace de c tradition orientale • cbez les théooo-
U encore, saru même parler du dessow politiques qui y phiste5, il n'y a p83 davantase de « tradition oecidm-
jouent an rôle considérable, c'est J'ea·prit antitraditioo- tale • authentique chez lea oecultùtes; encore une fou.
n el qui, •oua le couvert d'une poeudo-tradirion de fan- il nty a rien de sérieux d.ans to:a t cela, il n"y a qu"un
taiaie. se donne libre coura da ns ces théorie~ iueon<is- c syucrétisme • coafa• et plu tot incohérent.. au.. lequel
tautes dont ia trame est formée par une conception é~o­ les concepti.ous anciennes 'ont interprétées de la façon
lutionni•te ; sow les lambeaux emprunt& aux doctrine• la plua fau.sae et la plus arbitraire. et qui semblt n'êtr•
le:1 plus variêet, et derrière la terminoloPt san.tcrite lit que pour aervir de désaiaement au c moderuisme •
employée presque toujoun à coutreaens, il n'>· • que des le plw proooucé ; s'il y a quelque « archaitmt ,. li-
idées tout oocideutales. S'il pounit y avoir lit lea élé- dedans. il n'est que dans les formes extérieurea. et let
ments d'tm rapprochement, c'eat en somme l'Orient qui conceptions de l'antiquité et du moyen ise occidenlawc
en ferait tous les fraÎ i! on loi f erait de. conceüiODi iOr y sont à peu prie aussi complètement incomprÏH• que
les mol!, mau on lui demanderait d'aba.u donuer toute• ,,.,nesde I"Orient le •out dans le théo&ophisme. Auuré-
au idéea eaaentiellea, et au•i toutes les inttitution.s aux· rneut. ce n'e<t pu par là que rOccident pourra jaDui•
quellea il eat attaché; seultment, lea O rientaux. >urtoat retrom~er u propre tr-adition, pas plot qu'i_) Df' pourra
les Hindoua qui sont vi&éa plus spécialement.. ae sont rejoindre rïntellectualité orientale, et pour les mëmes
point dupes et savent parfaitement 1 quoi s"en tenir sur raisons; ici encore. CC! deux thoRS sont étroitt'lllellt
le-1 vé.ritables tendances d'un mouvement de çe: s e-ore; Jiéee., quoi qu"eo pu.iuent peo.1er cerbins, qui Yoimt des
ce n'eat pu en leur offrant UDe çouière caricature de oppo,itioo.s et des aotas:onirme. là où il n'en iolnnit
Jeun doetrinea qu'on peut ee ftatter de les ~aire. quand W.ter; parmi les occultistes précisément.. il en est qui
bien même ile u"auraieut pas d"autre~ m.o tifs de se mé&er •• croient obi Ï5éa de ne ~rlu de rOrient.. dont ils isno-
et de ae tenir à l'écart.. Quant a ax Occideut&DJ: qui. rent tout, qu'avec de• ëpithèteo injuriensea qui tralù.eut
même à défaut d'intellïsence naie. ont aimplemeot quel- une vérit.ble haine. et probablement aaui le dëpil d~
sentir qu'il y a lô de• connailunces qu'il• ne pMTi<:D-
dront pmais it pénétrer. Nous ne reprochons poiot allX
144 OJUENT ET OCCJDENT TEN"TATtvU tSFRt:CTUEt:SES 1-1.3

tbéosophi:nea ou ou.'< oecultistu une insuffis.oace do •ornme le cas le plus habituel), mais tout aussi bieu pour
compréhension dont, après tout, ils ne aout pu respon• les ·euaia qui prétendent se buer sur une étude de
u blea; mai a, ai l'on cal occidentol (noua l'enlendona au l'Orient : on ebercbe beoucoup moins à comprendre le•
point de \ ' Ut intelleetuel), qu'on Je recoonaine f ranebe· doctrines o rieot•lu en elfea·mêmM qu'à let réduire M.lX
ment, et qu•on ne prenne pas un masque oriental; si conceptioru oocideotaler, ee qui revient à lts dénaturer
l'on a l'eaprit mode.r ne, qu'on ose du moins l'avouer (il tot.alemenL ~lême si t'on n·a P'' un parti prit conseieat
en est tant qui s'en font gloire!), el qo'oo n'aille pli et avoué de déprécier l'Orient, on n'en surpoce p••
invoquer une tradition qu'on ne po ..ède pu. En dénon• moins implicittmtnt que tout ce que l'Orient pouède,
çant de tellea hypocrisie•, nous ne penaont naturellcl l'Occident doit Je pouéder uuui; or cela est con• piète-
ment qu'aux ebeh des mouvement$ dont il ,~agit, non il ment faux, surtout en ce qui concerne l'Occident actuel.
leurs du pet; encore raut-il dire que l'inconscience s'allio Ainsi, par une incapaci~ de comprendre q ui est due
aouvent à la mauvaise foi, tt qu'il ptut être dHticile de pour une bonne part à leurs préjugés (car •'il tn est qui
dé:errniner e:cactement la part de l'une et de l'autre; ont naturellement eelle incapacité, il en e!t d'autrtt quj
J'hypocriaie « moraliste :o awsi n'ell·elle pu incon· l'acquièrent tf'ulemC!nt à force dïdées préconçues), Ju
aeiente ~h6 le plus g>-and nombre? Ptu importe d'ail· Occidentoux n 'a:teign<nt ri~n de l'intelle<tuolité oriec-
ltu.rs quo nt aux résuh:a.ts, qui sont l'Out ce que noua VOU· tale; lors même qu'il! iima;inent la sai&ir tt en. traduin
loo.J r-e:enir. et qui n-en sont pas moina déplorables: la I"G~reuion, ih ne: fo nt que ln caricalu.rer. et.. cbns It•
mentalité occidentale est de plus en plus huuée. tl textes ou d;rns lu symboJ-. qu'ils croitnt expliquer, ils
de multiplca façons; elle s'égare et ae dùperse en toua nt r·e trouvent que ce qu'ila y ont mis eux·mëmtE. c:·est4·
aeru. parmi lu plus t rouhleJ inquiétudee, au milieu dea dire d~! idérs O<'<'idrn:ole• : c'~il que la Jeure n' est rien
p{u! 8f')mht·~; (ont3Sanagorits d'une imagination tD par el1e-m~mr. et que l'c•prit leur échoppe. D>na cea
délir~: •trAit-ce vraiment «le commencement de la fin
:o rondi;ionc, rOocidtnt ne peut EOrti r des limite• oia il
pour la ci~iliu tion moderne ? Nous ne voulon! hire s'est enf.:rmé; et cnmme~ à l'intérieur de ces limitet au
1ucune supposition ha sardeuse-, mais, tout au moins. bien rlelà d~squcllts il ,·~· n \eri'obltment plus rien pour lui,
des-indioes doivent donner à réRécbir à ceux qui en oont il continue tans ctF"'C ia ~·t' nfoncer dans lu voies maté.
encore capables; l'Occident parviendra-t-il à se re ua lair rielle~ et •entimentalcs à IR fois qui l'éloignent toujours
à temps ? plus de l'intell<etuolité, il ell é\•idt nt que u divergence
Pour nous en tenir à ce qui peut être conatatê pré· avec l'Orient ne peut q-ue ttaecentner. Nous venons de
te.ntemen t. et uns anticiper sar l'a•enir. noua diroDJ voir pourquoi le! ltntativrs orienla1isitf. tt pseurf()oori,.o·
ceci : toutes fts tentative& qui ont été fajtea jurqu'ici pour tales y ron tribu rnt elles·m~mes; encore un~ foi•, c'est
ropprochor I'Oritnt de l'Occident ont été en:r~priset 1 11 l'Ottidtnt qui doit prtndre l'initiative, mai! p<>nr olltr
p ro6t d e l'esprit occidental, et c'est pour cela qu'elle. vr.:rimcnt ,·en l'Orirnt. non pour euayrr d~ tirer rOrient
ont écbon~. Celo e&t vrai. non teulement pou r tout ce qui à bi comme il l'• b it ju1qu 'id. Cette initiative, l'Orient
eat prop•«•nde ouvorttment oecidentole (et ceat eu n'a aueu ne rai!on de la prtnùre, même !iÏ les coodilioll.l

10
146 O&JENT a occmCCT

du -de oocide.ntal n' étaient p-. telles qu'elleo reade.nt


iDutile tont effort dano ee oem; mail d 'ailleurs, .; UIK
tent.tiTe üriewe et bien eomprioe irait Laite du c6tt
de I'Occide.nt, let r eprolsentanta avtori.és de too~ les
cirililatiooa oriental et ne pourraient que • 'y montrtr CHAPITRE U
im.inemment (noraJ>Jeo. 0 DOUI rule m&ÙiteDaDI à indi.
quer comment une telle tentatiTe p~ut ~ en"?~·
aprèe ..,oir YU dano ce c.h apitre la eon&rmauon et lal'!'h· L "ACC:>RD SOR LES PRINCIPBS
cation de tonte• lu eonsidérationo que nont aYODO den'
loppiet au court de la prtmière portie de notze expok. UA.'<D on •·eut parler de prindpe~ à nos eon·
car ce qu& oouJ >. avom mon:·r~ c•ut en tomme que t t
aont leo t.endancea propre• de t'.. prit oocide.nul moderee
qui font l'impo11ibilité d.<> toute rdatiou intellectuelle
Q temponÎD.I·· on nt doit pu: ~pirt"r tf' hire
comprendre uns di&ï.,..h<. ru la pluput
d'entre eu î&oorent totalemeut re que ~lo peut ètre,
av«: POrieot: eL. tant qu'on n'aur-a pu commt.Doé par et De &e doutent mnne pu que cela pUÜie nifler; l dU·
a'eulleDdre .-r ce tenalu intellec!Del, tout le rdte sen a • . , , il• parlent bieo de princip... elU aUYi. fu eu
parfaiteme.nt inutile et voin. parieau meme beaucoup trop. maia toujoun pour appli·
'fOU a: mot il lioUI ce à quoi iJ Dt Uunit eou .-euiz. C'~
ai.uai que, il notre ipoque. on appell.. c prinripu ,. d<~
loio aeienti&quea au peu plou ~iniralH que ltc >u!tu,
.,aï oont exactement le eontroire rn rf'aliti. pni"t""dlet
- t dea eond!lfiou. et dt~ rHulllli ia duc:Üf, qu• ad
d leo ne aout pu de aimplet hypothè>e•- C"«: >Ûbi qu<".
p lus com:munimrnt ~nrorf". on •t>rordt- C'f" nom i. doc ('On·
ecptioas moralu. qui ne 1001 mrme paJ dH idéot1. moi•
respr-ÏOD de quelque& UpÏriiÎOD> ~ntimrntol~ •, <>U io
.... d.éoriel politique•. souvent à bue sentimentale ip·
lemeut, comme le trop bmtnx c principe d H 11ationo·
titéo •· qni a contribué au désordre de I'Earope au ddà
de tout u qu'on peut im.a.p.a.tr; ne va~,t.-co pu jutqU'i
parier eouramm<"llt de c principeo réYolationn.t.ireo ..,
..-....noce ti ec n'était paa là une eoalndicôo11 daru la
ltLtwS ? Q1uod oo abnae d'an mot à td point. c'eot qu'on
ea a entiè:r~axDt oublii l• \Taie .ùpûfication; ce cu ut
~ Îl (ait oemblable Îl echu du mot de c tracl.il:ioa »,
H8 OIUENT ET OCCIDENT L'ACCORD SUII LES Pft.tNCIPES 149

appliqui, comme nous le faitious remarquer pricédem· au même. C'e•c comme un organisme déc~pité qui COD•
ment, à a'imporle quelle coutume purem~.nt utérieu.re, tiouerait à vivre d'une vie tout à la fois ioteoJe et dél·
ti banale et ti iruipi..6aote qu'elfe &oit; et, pour prendre ordoooée; les aoeiolosueo, qui aiment taot à n.similer
en~ore un autre exemple, .si les Occidentaux &\·aient coo· leo collectivités aux orsaoitme1 (et souvent d'une façoo
1ervé Je tenJ reli;ieu.x de leun a.ncêtret, n·éviteraient· tout à fait inju1tifiie), dev..Uent bien réBéehir un peu
ils pu d'employer à toul propoi des exprruiono comme c-ur cette comparaison. L'iotcUectuatitê pure étant sup·
celles de « religioo de la patrie », de « reli~:ion de la p rimée, chaque domaine spécial et contiogeot ~•1 regardé
ocieocc », de « relisioo du devoir », et autres du méme comme indépendant; l'un empiète 1ur l'autre. tout ae
5tnr,. ? Cf.' &Ont fâ, non des nêgJiseocea cfe fuogagt I~U· mële et se confond dans un chaos inextricable ; leo r•p·
granùe portée. mais des symptômes de cette eoofu11oo ports naturela tont inter,·ertia. ce qui devr-ait être subor-
qui est partout dana le moode moderne : on oe uit plus donné s'af6rmo autonome, tou te lùérarchie est abolie au
faire lo distinction entre leo points de vue et les domal. nom de la chimérique égalité, dan s l'ordre mentol comme
nes lu plua différeota, entre ceux qui devraient demeu- daoo l'ordre •oeial: et, comme l'égalité est malgre tout
rer le plus complètement séparés; on met uoe ebooe à imoossible en fair. il te crée de {:au5.!t5 bitrardlies. dan!
la plore d'une autre 0\et laquelle elle n'a aucun rap· le~uellet on rn tt au prtmirr rang n ·importe 'luoi:
port; el le lansage ne fait eo somme que repréoeoter ocitoee, industrie. morale, politique ou finaocr, faute
lidi:lement l'état des espril3. Comme il y a d'ailleuro d'avoir la reule cltose à loquelle puisse et doive norma·
correspondanct cotre la mentalité et le' În6titutionlt les lement reYeni r la suprématie. c'est.à-d.i re. eat"ore une
raisons de cene con fusion &Ont au~i le! rai.sons pour fois. fau:e de principes vroiJ. Que l'on oe se hûte p.. de
l.s<rttlles on s'imagine que n'importe qui peut rem· crier à l'exasération devon! ua tel tableou; que l'on
plir indiff<remment nïmport• quelle fonction; l"éga· prenne plutôt la peiae d"cxamioe:r sincèrement l"ét3t dei
litoritme démocratique n'est que la conséquence et choses. et, si l'on n'Ht p11 a,·cuslê p~r les pr.:jn;té!. on
la monife<totion. dans l'ordre social, de ranorcbie intel· se rendra compte qu ïl est bien tel que nou• le décri·
lecluelle; les Oeeidentau." d' aujourd' hui eonl véritable- voos. Quïl y oit dons le désordre de• de~rës et "es étapei,
ment, à tous égards, des hommes . « sans caste », commo nous ne Je contettont aucunem ent; on n ···n "·t pas
disent r.. Hindous, et même « sons famille ». au leDI a rrivé 13 d'un seul coup, mais on devait y urri,·er fn ta·
où l'entendent les Chinois; ils n'ont plus rien de ce qui Jement, étant donné l'absence tle prinripcs rrni. ~i l'on
fait le fond et l'essence des autres eivilioarions. peut dire, domine le monde modet·ne et le constitue ce
Ces contidérations nous ramènent précisémtot à notre qu'il est; e~ au point où noua en rnmme! ~njnurd"hui,
point de départ : la civilisation moderne souffre d'un les résultats sont déjà assez lpparents pour que quelquel-
ma nque de principet, et elle en oouffre daoo tooo leo unt ~ommencent à t'inquiéter tt à pressc nt!r la menace
domaioes ; porr une procUgieuse anomalie. elle eot. aeole d 'one diuolut.ion fin-.le. Il y 1 des eho•e• <rt'nn oc peu l
ent·r e toulee les autra, une civilisation qui n'a pu do véritablement définir que par une nésation : l'anarchie,
principes, ou qui n'en a que de né!atifo. ce qui revieo t d.os quelque ordre que ce soit, ce o'est qne la o~s•tioa
150 OaJL'IT ET OCCIDE:<T
L'ACOOUI SUll LES Par.fCIPES lSl
de J. hlt!rucbie, et ee o'ut .;.,., de p011itil; civilùation pour c:ide:r à ee """'liu •erti&e de la Yiu.e qui a'CIIt
anarchique ou I&M prineip.-, voilà ee qu'.-t au food J., emparê de tout l'Oc:cident. oa pour arrioer tout de o'Rite
ch;liu:ion O«identll1e actuelle.. e~ c,Ht exaclt'me.at le i oes réfuJtatl ruiblu tt taopb)eo qai iODt tout pour J..
mëme diou que nous up rimons en d 'autr.. t<rmes lon- mode=~ teU~t leur esprit, i force de ee toumer
que oouJ ditont que. contr.irement aux ci<riliutio~n ,·era l"e.xtêri~ur, eet devenu inapte à saiair autre cho.r:.
orient.o!Cf. elle n·.-1 pu une ej,'iJiuûoo tnd.itionDeUe. C ..t p ourquoi now répitoas li souvent, aa rioque de
Ct que nou1 appelons une civiliutioo traditio1111eUe. paraitre enouyeax. qu'il Caut annt tout ~ plaoer daoo
c· est une chiliution qui repose sur d .. prù>cipea ac Je dom.ine de l'intellectualité pure. qu'ou ae fera jamaîa
vrai .ent <le ce mol, c'eat·à-dire où l'ordre intellectu.. rien de valable si l'ou ne commence par là; et tout .,.
domine tou• les autrea, où tout en procède direcumeat qui •• rapporte à te domaine, bien que oe tombant pu
ou indirectement et. qu'il s'agitse d e acieocet ou d 'in• ;ouo les aeos. a dr• rou~uent<> autrement formidables
titutioot tocialeo, n'«t en di6.oitive qu' applications coo- que ce qui ne rdè•·e que d'un ordre cont.ingeat: cela eat
tinaœtet. ~Uondaircs et subordonoéfl des vêritt!o p..,.... peut~tre di!6tile à concevoir pour ttux qui n'y tont pu
me.ot iottllectutUes. Ainsi, retou:r à la traditioo ou babituU, maK c'elt pourtant ainsi. Seulement. il faut
retour au• princip... ee n' .. t reellement q u'une seale bien oe r;arder de confondre l'intell«tuel pur avec le
et mnoe cbooe; mw il faut iridemment commencer par ratioond, ruo_ivernl ave-c Je ziniral, la connaiaa.oce
ratauu.r J• eonn.ai,.nee des princip~!. là oà elle dt metapby!Îque a•·ec la COnDiiUance iCÎeotilique; liU' CC
perdue, a•·ont de tonaer à les appliquer; il ne .. urait !Djel, DOD..I ~0\'trt'OD.I IU.S: upJic.atÏODS que DOD.t IVODJ
être quet:ion de reconstituer une ciriliution troditio• do.11nëea aiUeun ' , tt now ne ptD.IOD.S pu &'\·oir à nout
neUe dao• 10n en~mble •i l'on ne pO!Jêde tout d'abord tD e.'C:CUfU, car iJ ne aaurait ttre: qur-ltion de reproduire
Ica do=<•• premières et fondamentalu qui doh·ent y indéfiniment et aans nklenité les mêmu conaidi,.tiooL
praider. \ '.,uloi r proceder autrement. c'eat encore rë!n- Quand noua parlonJ de prinripco d'une façon abooluo
tn>cluire la confuoion là où on .., propo>e de la fa,rc .:t .san• aucune spêc.i6eacjon. ou de ,~irités purtme..Dt
disparaitr,., ct c'e~t nt pu comprendre ce qu •eat la lr3- intell..:tuelle!, c'ett toujoura de l'ordre unheriel qu'il
dition dan , ~on ttltnce; c'est 1e cas de tous lea ioventeur• ;agit exclu•ivemeol: t'eu là le domaine de la conoai.s-
de p; eudo·lraditions auxquels nou.t avons fait allnfion unce metaphysique. connaitsaoce supra·individueUe d
plut b.aat ; tt. AÏ noua inaistons sur d ea choee:a la.tiÎ éwi,. supra·rationnelle eo 10i, intuich·e et non plue dùc:a.ni•e.
denlet. c'ell que l'êtot de Lo mentalité moderne noa1 y indfpendante de route rela tivité : et il faut e.n core ajou-
oblif'· car aous ne savom qoe trop combien il u t di(fi. ltr que l'intuition intellectuelle par laquelle •'obtient
cile d'obtenir qu'eUe ne renverse P" les rapporU no.- une tdle conaliuance a·. absolameot rie,o de comman
maux. Leo ,;en• les mieux intentionnés, a'ilo ont quelque: nec eco intuition• in(ra·rotionneUu, qu'elles toieDt
cboK de cette mentaliti. même mal,;ré eux et tout en d'ordre KJ>timental. irutinctif ou purement K.Diible, qui
a'• n dédorant les adveruires. pourralen& fort biea être
tentés de commencer par la 6n, quand ce ne ser.it qaoo 1\ la.l,..,iotf..- f~Utw/f • l 'it. J~ 4u fl«triaa ............ " putt-.
·~ v.
ORIE."<T ET OCClDC<T 153

10111 les aeulu qu'eovûa&e la philosophie c:oolemporaÙlc. d:rait mieux. trèt certainement. que dln'f'ent~r u.oe tel'!IÛ·
:\'alurellement. lo cooœption des véritêt mél.a physiquu nologïe compliquée et embroujJJée à plaiiir, 111Ïvaot la
doit èlre diJtin~ée de leur formuJatioo, où la raitoo "?u~wne des philosopbet, qui. il e>t .-raï, &e dooneot
diaeunive peut intervellir te.."''odairement (à la c:ooditioo ·~ le luxe d:uoe orîcioali:é à boo .,ompte. S'il e.D en
qu'eH~ reçoi••e 1111 re8et direcl de I~Ultelleet pur et trRS• q.w trouvent ;eaa~te cette déoomination de c mtt2pby·
eeodanl) pour <ll"primer. daDJ la me;uye du pouiblt, .,.,
vérilés qui dépotsent immeœémeot son domaioe et sa
..
&..~que». on peut diJ"e eaeore que ee do nt il s·a•it esz la
.
~ _conrumhllee • par ucdleoe.-, uns ~piihète. .r les
portée, et dont, ~ cowe de leur univenaJité, toute forme H mdow, _en effet. o'oot point d'autre mot pour 11 dtsi•
•ymboliqur ou verbale ne peut jamais doooer qu'uoe~ !ftot; IDAu, da111 les lao~uu europ<~es, oou 1 oe t•en-
t.raduc1ion incomplète. imparfaite et inadéquate. plutèit sooJ pas que l'utaJe de ce mot toit de nature à éc~rttr lt:l
propre à fouroi r un «support» à la conceptio11 qu'à malenteodu1, pui~qu'on o'e•t hobituë à l'appliquer auaoi.
rendre eff•ctivemenl œ qui est de soi, pour la phu et 11ns Y apporter aucune restriction. à la ~ieote ct à la
:ronde partie. inexprimable et in communicoble, ce qui philosophie. Nota continueroQJ donc purr.meur et 1im·
nt peul êlre qu' « ouenti • direclement et pnS<~nntlle­ plemeot à parler de la métaphy•ique comme nou< l'o•onJ
mtoL R appelons enlin que, si nous tenons à ee terme de toujou.n fa it: mais nous espéronJ qu~on ne rf'!lrde.ra
« mélaphy• ique ». c·e~r uniquetnent parce quïl est le p.u "?mme uoe di&reuioo ioutile les expliatioru que
mitux opproprié de tow ceux que let lancuu oœideo· a_ow UDpD!~ le -~uci d'être toujours aa.ssi clair que 1..,.,
toits mettent à notre cfupositioo; si les philo•nphes en sible, et q~, d a tlleu.-.. oe uow élo~enl qu'en appa·
son: ••tnu• ù l'appliqutr à tout autre eho•e. la confwion rtn_:e du. "'a ,tet que nouJ DOU! .somma propo~i de tnÎI<r .
est de leur f:.it. non du oô:r-e, puisque le ~nt où nouJ • En ra~n de l'utaiversalitë même des orinàpN, t'tfi
l'entendonJ est srul conforme à sa Mrh-.tion étymolo- la que_ latC»rd doit être le plw wémeot réali.ablt, et
~iqut, et «lie conlusioo. due à leur totale isnorance de cela d une fo~n tout à b it immédiate : oo le• eonçoit
ia métaph)tique vraie. est tout à hit ll'naln~~ il c.-Jiea ou on ne lu <»ntoit poJ. mai•. dès lors qu'on les <»oçoôt,
que nous sisnalion• pluJ haut. Nou~ n'e11imons poiot oo oe peut pu faire outremeot que d'être d'aeeoroi. La
avoir à te nir compte de eH abus de loogose, et il sul6t Téri:é .at uo~ et e·i~~oae pareillement à tous c~wr qui la
de mettre tn !arde co!ltre les erreun auxquelles ih conna~S~ent,.- a coodiuon. bien entendu, qu'i!~ la connaiJ..
pourraient donner lieu; dès lors que nous prtnoos ae.nt effectivement et 1\eC certitude; mais une: connaif.
touttc lts prtcautions voulue3 à e~t tgard.. nous ne u:ace intuitive ne peut pu êt.re autre que certaine. Oa.nJ
''oyons aueun inconvénient sérieux à nous u;rvir d·un ce domaine. on ett en debor< tl ou-deosus de tou• 1...
rnot tom mf• ce.lui·ll, et nou.1 n •a.imom point à recourir à poiou de vue particulien; les différences ne ré•ideot
.t.. néologiJmto Jonque ce n'en piJ nrietemeot nt-· jamais que daos les formes pl lU ou moins extéritt.r«,
-aire : du rest~. c'est là uoe ptioe qu'oo s'éviterait bieo qui ne sont qu'uoe adaptation oec:oodain. et non danJies
fOUvent SÏ J*on avait tOÏA de 6xer avec toute la Dtlte.té prineipee mèmes ; il s'apt iei de ee qui est euenl!tlle-
désirable le seoJ des terme• qu'on emploie, ce qui vao· meJtt « inlonoel». La eoo.naisaaDc:e des prindpes est
154 OIIIENT ET OCOIIEI'IT L'ACCOJU) SU& LES PIIJ'NCIPES 15~

rigourcutemeut la mime pour touo leo b ommes qui la iudépenclamment de toute eontidération de race oa
~deot, car les différeucee menta.lea ue peUYeot air- d'époque, et eow la eeule eoodition d'noe capacité de
ter que oe qui eat d'ordre individuel. doue eonliDs=t. et comprébaMion suliWaute; c' eot, eu effn, ce qui eot
elles u'aueip>eut pat le domaine métaphysique pur; dips6 ~ touteo leo coniÏDgeuces. Pou.r tout le ~ au
sa. . doute, cbacuu exprimera à • fa<;ou ce qu'il aura contraire, pour tout ce qui cet c sciences tradltlonuel·
co:apri<, <Ùot la muure où il pourra l'exprimer, mai• lca ,. notamment, il faut une préparation •péciale, p~
~dui qui aura compris vraiment uu.ra tou jour!, derrière ralemeut - pénible lonqu'ou n'e•t poiut oé tÙDa la
la divenhé dea expretsionJ~ reconnaître la vérité a.ne. tt cirilioatioo qui a produh u. acien-; e'ett que leo dif.
aio."\ cette dJvertité ÏntVÏtobJe De Url jamais liDO caUJ<I (êreuc.. mentales iotervicnoeot ici, du eeul fait qu'il
de désaccord. Seulement, pour voir de celte maDière, à o'agit de ~hosea cootin&eutea, tl la façon dont lee bom-
trners lu formee multiples, ce qu'elles voileot plua meo d'une certaiue race en>'Ùagtnl eco c:h..et, qui eot
eneore qu'elles ue l'esprimeut, il b ut posséder celte pour e~ la miewc 1ppropriêe. ne coo•ieut poiut épie-
ia tellecrulité vraie qui est deveoue ti eompl~temeut - ut à ceux deo autre• raeeo. A l'intérieur d'uue ciTili-
étra.o&ère au monde occidental; on ne saurait croire u tion donoêe, il peut même y avoir, dano cet ordre, de•
combieu paraiueut aloro f utileo et mioérablu toutes leo adaptation& va_rié.es tui,·ant lu tpoque!l, mait ne coua..
di•cuniODI pbHo•ophiques. qui portent our lu moll bieu taut d'ailleurs que dao:.1 le dé•·eloppement rigoureca de
pl~ que tor les idées, si mime les idées n'en sout pu ce que e<>nt~t eu priucipe la doc:trioe fondaauntale,
towement aboeutea. Pour ee qui est des ,..;ritéo d'ordre et qui cet ainti rendu aplicite pour rq,oodre a1a
eoniÏDgent, la multiplicité des poiull de vue iodlYÎduelo beaoln.t d 'uu momeot dtterminé, "Dl qu'ou puisse
qui a'y appliquent peut douner lieu l des différ·e ucel jam.aù dire qu'aueu_o élément nouveau toit ven a a·y
réelleo, qui, d'ailleurs, ne sont poiut oéceMairement des ajouter du debort; il n e saurait 1 aYoir rieu de plus ni
contradieriooo; le tort des u prito oyotématiquro ett de oe d'autre, dt. lon qu'il s'a!lit, romroe c'eot toujours le eu
r~onnaitre comme lqitime que leur propre poiut de en Oricot. d'uue ci~iiU.tioo eu tntiellemeot traditioo·
vue, et de dédorer fawt tout ce qui ne s'y rapporte pO!; a t! le.
maïa enfin. déo lora que lu différeocu oout réelleo, 0Aot la civilisation occideutale moderne, au contraire,
euoore que couciliableo, l'aoeord peut ue pao te faire Ica cbo.es eootinsenteo oeulet eoot euvi!lgées, et la fa.,on
immédlatemeut, d 'autant plus que chacuu éprouve uatu· tloot diu le sous ett véritablement désot'donnée, paree
rd:ement quelque dif6wltê à .., placer au poiut de vue t(U' il y maoque la dlreetion que peut tenle donner ODe
du autreo. u eonolitution mentale ne 1'1 prëlaot pao doetriue poTement intelleeNeUe. et à laquelle rieu ne
uno répugnance. Dant le domaine dee priucipeo, il u'1 uurait suppléer. Il ne s'agit point, cela va de eoi, de
• , ;.,a de tel, et c'ett là que rétide l'explicatiou d e ce eonteoter lea rétultalt awtquelt on arrive cependant de
paudose apparent, que ce qu' il y a de plus élué dao• cette fa.,on, ni de leur déuîer toute valeur rd1tive; et il
nn~ tnoditioo qudrouque peut être eu même tempo ce aemble même oaturel qu'ou eu obtienne d'autant ploa,
qu'Il y a de pluo faciltment 11ÏÂIIable et a•imileble. d•n• ua domaine déterminé, qu'ou 1 lim.ite plus étroite-
156 O&Ull'<T ET OCClDE!''IT L •ACCORO SU& L.ES PAlNOPU l.:i7

ment ton ac1 ivité : ai les scieace.t qui intér-e uent tant Je.a le suici<le de l'intdlicenu; et p.eut-étre n'est-ce lio, poar
Occideotlux o"avaient jamaU acquis 111térieureme.ot uu eerùina. que le pr8ude de ee morutrueux suicide eoa·
développement eomparable à œlui qu'ils leur ont donnê. mique rêvé par quelques peuimilles qui, n'ayant rien
ctst qu'on n'y attachait pas 110e importanu alllwADte eompri• io u qu'il• ont entrevu de l'Orient, ont pri• pour
pour y tontacrer de te.ù effort&. Mais,. Ji les ré1uha 1 aout le néant la suprème réalité du c aon-ëtre ,. méllphyti·
valable• louqu'on les preod chacun à pari (ce qui coD• que, et pour l'inertie la s uprème immutabilité de l'éter·
corde bien avec le caractère tout analytique de la sdence nel « non·agi r • !
moderne ), l'enstmhle ne peut produir.e qu'une impr.,. L'unique cause de tout ce désordre, c'est l'ignorance
eion de désordre et d'anarchie; on n e a' occupe pas de Jal des principe• ; qu'un rcltaure la connaissance intellec·
qualité des connaiasances qu'on accumule, mait ~eule· tueiJe pure, et toul le reale pourra redevenir normal :
ment do leur quantité; c'est la ditpersion dana le détail on pourra remeUTe do J'ordre dans tous let domaines,
indé6ni, De plut, iJ n'y a rien au·deu u s de ces scie nces ~ta.hlir le définitü à la place du proviooire, éliminer
analytique• : ellea ne se rattachent à rie n et. intellectuel· toutes les vaines hypothèses, éclairer par la synthè11e les
lement, ne cooduitent à rien; l'esprit moderne se re.o· réoultots fragmentaires de l'analyse, et, en r·e plaçaDt oeo
ferme dans une relativité de plus en plut réduite, et. rhultat&: dans rcnsc-mblr d·une conn:a:i~unce ,-raimcnt
dan5 ce domaine si peu éteudu en réalité. bien qu'il le di,one de ce nom. leur donner. b ien qu'ils n'y doi~eot
trouve immense, iJ oonJood tout, aHicnile lea obje•s les occ:npe.r qu ·un raa5 aubordol'lné. une portée incompara·
plu s distincts, veut appliquer à l'un les méthodes qui blement plu• baule que celle à laquelle ils peuvent pré•
e:oov·i enoent exdusivement à l'autre, tran1porte dana uoe tendre actuellement. Pour cela, il faut d'abord chercher
science ICJ conditions qui déJini!Senl u ne sdtnre dilrb la mé:aphysiqu e vraie où elle existe encore. c'e.t·i-<lire
rente, tl 6nalemtnt •'1 perd ct ne peut piUJ s'y recon· en Orient ; et a près, mait après Kuleme.n t, tout en con·
naltre. poret qu'il lui manque les primcipes direclcura. tervant let ltiencet occidental es daru œ qu'elles ont de
De là le chaos des théories innombrables. des hypothèses valab!e et tle légi timt>, on pourra songer à leur donner
qui se l ae urtent. s·enlrtchoquent. se conlredi•ent. ae ane base traditionnelle, e n les rat~achant aux principes
détruiaent et te remplocent lea unea leo autres, jusqu'à do la façon qui convient à la nature de leurs objets, et en
ce que. renontant à savoir, on en arrive à déclarer qu'il ltar assignant la place qui leur appartient dan• la hié-
ne feu t chercher que pour eherrher, que la vérité est nrchie des eonnaiuaoees. Vouloir commencer par cons·
inacceuible i l'bomnte, que peut·ë·re même elle n'existe lituer en Occident quelque chose de comparable aux
pu. qu'il n'y a lieu de se préoccuper que de ce qui est c sc.ienc.eo traditionnelles,. de l'Orient. c'est proprement
utile ou avant•!tllX. et que. après tout. oi l'on t rouve bon YOUioir une iropoui.bilité ; et, s'il est vrai que l'Occident
de l'appeler vni. il n'y a à eela aucun inconvénient. • eo jadis, aortout •u moyen ise, teS c sciences tu di·
L'intelli8eoce qui nie ains i la ~érité nie •• propre raitoo lionndles », il faut reooaaaitre qo'eUes sont à peu pris
d'être. c'eat·à-dire au'elle se nie elle-même: le demirr entièrement perdues pour la p luparl. que, mime daoa
mot de la teienee et de la philosophie o.eddentoles, c'e1 t œ qui en subsiste. oo n'co a plw la eld, et qu' elle~
158 OtŒ!(T ET OCCJDE.'<T l.ï 9

oeraieot tout ouNi iDaNimllobles aW< Oceldentau li que tout dépend et dérive; mois, quond nooa tœ ·
actoels que peuvent l'être œUea qoi oont ~ ru~e du ployono .cette expre11iou de c connaiuanee métapbJii·
Orientaax ; les élucubratioDJ du occultistes qui ont que,., boen pen nombreax aont, parmi let Occidentanx
-..oulu te mêler de rccorutituer de tell« sciences en 10at d' aojo1Udàui, ceux qui peuvent soupçon.n er , m&be
biea une preave oul6unte. Celo ne veut pu dire que, vasu-.nt, tout ee qui 1 eot impliqué.
louqu'on oara le& donnéu indiopenoables pour compren· Lea Orientaux (noua ne parlons que de ceux qui
dre, c'eaW.-dire lorsqu'on pouédero la connaiaoance deo comp :ent Yftiment) ue conoentiront jamalo à pre.n dre
pri.o cipet. OD ne pourra p11 a'iotpirer daru uoe certaine en con•idiration qu'une dvi iiu.tion qui eu.ra, eomme 1~ 1
mesure de 001 sciences ancienne., aUSfi bien que cleJ leurs,_ un caroellère trocl.itionnel; mai• il n e p<llt être
sciencea orientale&, puùu diDI les unes et da.n1 les queobon de donner ce earoctère, da jou r au lendemain.
outra certai.oo êllmen t• ntilioobles, et surtout 1 trouver et uno prépuation d'aucune aorte, à une eivili;ation qui
l'exemple de ee qu'il faut foire pour donner ~ d"outre> en eat totalanent dépourvue ; les rêveries et let ut<>pies
•cieoetc un caractère •analogue; mait il t'agira toujoun ne aout poiot n otre fait, et il convient de loùaer aux
d 'odopter, ct non d e copier purement et oimplemenL enthouai~otea irréllécbis eet ioeorable « optimi•me » qui
Comme now l'avoDJ déjà dit, les principee teuli lODI loo rend oncapableo de recoonaitre ce qui peut on ne P"OI
ri;oare~ment iov•riobles ; leur connaÎIIoaco eot la pal être occompli d101 telleo concl.itionJ déterminée<.
eeule qui ne 10it suseeptible d' oa cune modi6utioo. et Les Orieorau.x. qui n'or:cordent d'ailleur• au teœpl
d'oilleurt eUe renferme en 10i tout ce qui Cil nétt....,ire qu'one valeur très relative, aaveot bien ce qu·il co eor.
pour rulioer, dons tous lu ordrea du relatif. toutes , .. et ila ne commettn.ient point de ces mépriaeo où le~; Occi·
odopt.atiooa p-ibles. Auui l'élaborotion tecondaire dont dentoox peuvent être entralnéa par le bàte mel•dive
il •'.Pt poorra•t-<~lle s'accomplir comme d'ell....,ême dès qu'il• opportent à toutet leurs entrepriaeo, et qui en
que cette t"Onnaiaance y pritidera: et. si cttte <"'no.a.is-. compromet irrémédiabltment la atabilité ; quand c.11
u nce est poaaldle par une élit< usu puiuant,• pour . . lU ttnne.. tout 1'êaouJe: c'nt C'Omm~ 1i r on
croJt lrnver
d éterminer l'état d"uprit sénéral qui con••itnt. tout 1< voulait Wtir un édilice sur un terrain tDouvant Mn•
retlle te fera avec une apparence de apootantitê, comme prendre lo peine de commencer par établir d e soliJu
paraiMeDt rponta.nles les prodactiono de l'eoprit actuel; fondationa, 1001 prétexte que les fondations ne se voi•nr
u n'est jama.Î I qu'une qpareoce, cu la ma..e est tou· poo. Certee, cew: ·qui entreprendraient uoe œavu COGIIIIe
joan illlloeueée et ~ée à aou insu, moio il eot tout ceDe dont nous perlon• ne devraient pos •'•ttendn i
a a,.i ponible de la diriser dans un ton• normal qu< de obtenir immédiatement deo réaultata apporenta; mai•
p rovoquer et d"entretenir eh~ die une dé•iatiou mn>· leur travail n'en oerait pu moino réel et efficace, bion au
tale. La tâche d 'ordre purement intellectuel, qui devra.it contraire. et. tout en n'ay1nt oul eapoir d'en "·oir jamaio~
itre accomplie eu premier lieu, eot donc b ien ,.érita!J',~ l'é~•noni•ement utérieur, Ua n'en recueilleraient pn~
m ent la première soua ton• let ntpporta. étant ~ la foi~ ...,101 pe..annellement bien d 'autres aatiofoctiono et d••
Jo plus n....._••irt N 1~ plu• ;mportante. pui·qu• et?t dr loéaé6oeo inappréeiat.I~L Tl n'y a même aucune rommuae
160 OIUI:l\"T ET OCO IJE!<T 161

m esure e.n!re ln rélultats d"u:n tr• vail tout intérieur, et pu:mi toa.lel ca voi<:a. il faut eboUir œllc qui eouricat
de l'ordre le plus ilevé, el tout œ qui peut être obtenu le aùeo:s aDJt etprùo alll<q1ltb on o' adreoae. Au dd>ut
daQI le d omaine des eon~enœs: Ji les <Xcidenuux aartout, u'importe quoi. ou pruque. peut aerri.r dt
r entent autremen t d re.n v r rsea t encore ici lu u pporU c aupport ,. el d'oœuioA: là où aul enoeip<mCAI tndl-
na: urelc. e't n p:.rce qu'ils ne savut p:.s a'éleTt r au· tio.Dilel A'eot orpnW, t i un divcloppemeut i.Dtcllectvcl
d eJ.!us des eboaes sensibles ; il ••ttoujoun aisé de dépré- riœt à .., prodtÜre exceptionacllecne:DI, Ü oerait parfois
cier ce qu'o n ne <'Oonait r~ eL quand on u t inupahle bien difficile de dire par quoi il a été déterminé, et lco
de l"a:teiodre, c'est même Je meilleur moyen de •e conso- eb- les phu différente• el l.a plus inattenduu ODI pw
ler de son impuiuanee, moyen qui ~~ d 'ailleurs à li en fait lw oervir de poi.Dt d o départ, aa.ivaDI let natureo
p ortée de tout le monde. Mais. d ira·I·OD peut-ètre, t'il en iDdividuclleo, et alüli auinot let cireoD.IUnœo a1é-
est ainti, et t i ce tra,~a il intérieur par lequel il fa ut com- rieurea. En tout cu.. ee a'ett pu parce qu•on te eoo..Cft"
mencer est en somme le seul vraiment eu entiel pourquoi a.entiellement o la pure intelleehalité qu'on eot obJisi
lC: préoccuper tr nutre tho;.C' ? C'~est QUf". $Ï fu COOI ÏD· de perdre do nae l' i..Sueoce qu' elle peu t el d oit exercer
s eocea ne tont auurémeot que sccoa dairta. ellts e.-~ i.stent clau toua let domaineo. ai i.Ddirtttemenl que cc toit, el
eept ndanl : dos lo.s que noUJ !ommn dans le monde qw.and bien mëme ce«e in.8uenee n' lllnit pu baoiD
manif esté.. n ou.J a e pou\ on.s nous ea désintére•v r cntiè-- .rê.tn vouiGe upreeaéme.nL Noua ajea:tero111 encore.
remen!: <• d 'ai lieur!., puisque t'OUI doit dériver de! rrin· loicu que œei toit ..,.. doute un pen plu clil&eile à
ci prs. le resle peut être obt~nu en q ue.lque sorte c par DIIGip reodre. qu'oneune tradition n' a i•maù i.Dtadit, i
a:ortroit •· tt o n aurait t rand tort de s' izuerdire d·ea Yη ...,.. qu'elle a eondwu à eertai.Do tommeto. de dir~r
lq'-'r ce t~ pfh,.•ibilit~. LI y a cnto re une autre u ison, c;am i te -re_n le. d<KU i.Del ialirie.~ IADi rie.n pe:rdn
plut p•rt iculière atL~ conilitior~ actu elles de l"c.pril O«Ï· pour cela de ce qu'ilt ont aequjo et qui ne peut leur ë :.e
dent•l : cet c1prit ~tant ce quï l eH, il y aura it pt u de eDievé. lco c in.8neoceo tpiritutlle• » qu~lll oDI eooc:cA-
ebanees d'intéreu er mêant l"ëli e po..iblc {nou • ' ou lon• t.tées e.n eus·mêmn. et qui,. ae rip• rtinant s :u due.UemeDt
ilire ceux qui possèdt nt les a ptitudes intellectuelles clau œo dh·e.n domaineo tuivant Jeun rapports h iiror·
rcquisu. m1i1 rion dch·eloppée1) i u ne ré.ali, ation qui chiques, y répandront eomme un reftet ct une participa ·
d e\·rai t resh: r purement intérieure. ou que d u mnin t on tioa de J' iate11ii<-Dot eu prime •.
ne lui p résen 1er1i: q ue scus ce tc ul -asp« t; on peut Entre la coonaiuance du priocipeo et la reeootiÎI:u·
beaucou p mieux ry intéreu e r t.D. lui mo n trant qur cette tioa dtt c ac:ic- troditiooncllca ,., il tf1 Ulle outre
réa1iu tio n même d oit produire. ne fût~t ((Ue Joi ntai ne-- tiche, ou UDe autre pa rtie de la œ<me tàebe, qui ponr·
mt nt. de• réta !ta. ' dln.i rex térieur. ce qui, du rett t , est nit prendre p lace. et do11t l'action ae ferait plu directe-
u stricte vérité. Si le but ut toujour, le mèmt. il y a meut aeatir dana l'ordre toeia1; eUe est d' ailleun la oeul~
b ien des voies difl'érenltJ pour r aneindre. ou plutô: pour
en opprocher. car. d<s qu'on est :-unna dont le doanoine
transcendant de la n1él~phy>ique, toute di~u11i 1é s'clfoee: c.a.= ---.. . . ,. ._ . -·
(l) t ' "
. ,..

Il
l6t OIIIE!<T ET OCCIDIE:!n 163

Qat l'Occideat poomoit eac:ore, .WU 11110 a- larp a emeptrü et que eu mocluue. falri&at.<un ac peu·
IJia1ll'e, rdloanr 1.. moyeJU eu lai....c!me; ...U ceci Tealpa.r veair à diaa:ï.nalu e.o.IÎÙ'o.ma~L D faut dire. du
demode quelquu explieatious. Au moyeu ir. la cm· rate. que, daoa la doctrine teolutiqae, il r ,. toat • •
liaatioo oeddeatale anit 1111 earac:tm iDeoatHUblemeat moio.a Olle p an de mit.apb)roique vnie. peat-ëtre illlllfli·
tradltioaMI: l'anlt-dle d'noe façoo aDIIÎ eompltte que ..IDIDent déc~&ée des eoatîaceaœs plùlo.oph.iqaes, t t
1.. ciYili..tiooa orieau.Ies. e'ut œ qu' il elt dilficiie d e trop peu oettemeat diotîacaée de la théolosïe ; certeo. re
décider, IUttoat ea appo~at dea preuvu formdlu duu a'..t pas la méeaphyaique tolale, mais enfi.o ,,-.,, de la
UD leDI ou d a ua l'autre. A •'ea teair à œ qui elt ctam- métapbyoique, alon qu'il a'y ea a pu trace cb.e a 1~
lement con.ou, la tradltion oecidentale, telle qu'elle es» • oderoeo ';et d ire qu'il y a li de la DJétapbylique. c'e!l
uit à cette époque, tllit une tradltioo de forme reli· dl~ que cette doctriae, pour tou t cc qu'eUe -.brlllt,
siewe: mait cela oe veut pa• clin qu'il n'y ait p8t e a dott ae troa"Yer aleetuiremeat d'accord a.-ee toute autre
autre eboae. et ee a'est pu pour <:da que, cbes aoe cu· doc:trine métapbyaique. Let doc:riaes orieo.bles •·ont
taioe élite, l'iotdleetualité pore, wpêrieure à toatu 1.. bi~ pla_s loia, et de plasicurs laço01; mais il se peut
foMD.., devait être oéee..airemeut abaeote. Noua noot qu il 1 an eu, dam le -yen as• oc:cidental, des C'OIDpli-
déjà dit qu' il u'y 1 là aUC\IDe ÎDcompatibililé, tl DOUI me.t>ll à « qai éu.it eoaeipé atêrieuremoenL et que en
avo01 cité à ce propos l'exemple de l'Islam; ai DA>US le compl~u. à l'wa~ cxdwif de militwc trè; lerméf.
uppelooJ id. c!elt que la ci,-iliutioo ialam.ique t« prë. a 'aie.at jamais éti formulé~ daao aueun texte écrit, ck
eiaémeot eell~ dont le type oe rapproche le phu.. à maioiJ 10rte qu'ou a e peut retrouver tout aa piDJ. à cet Osnd-
éprdJ. de ~lui de la dvilisation européeane do moyea que dea allwioru symboliques.. uses d &irei poar qui sa tt
ip; il y a là uae aoaiO«ie doat il aerail peut-ëtre boo de par ailleu:n de quoi il a'apt, mais pufaittmeat ioiattl·
ttair eomptot. D' autre parL il ne faut pu ou.bliu que le< liFbl.. pour tout autre. l'iow onoa.t bien qu'il ) 1
viritèa relicituJes ou théologiquei. o'étaot pu . eomm~ ICbleUemeaL daos he-ueoup de mili<"U.'< reli&îeux. a n•
telles, envi•acét! d'un poiot de vue purement iotelltctuel. t~~e m. Deite à aier tout « &.otéritmt- •. pour If'
l':t n'aye ot p1s Punh·erulité qui appartient u tluiÎ'f'e· p-.é I DIIÎ b ita que pour le prüe.at; mais oou. croyooa
meat à la aeule métapbyaique, ae sont eocore des prin· .,ae cette teudaaœ, outre qu'die peut impliquer qud·
cipes que dao a un sen• rda til; ai let prioeipeo propre·
meDl dits. dont ceux-là tonl une applieation. n'aYaie:ot
pao été eooous de façoo pldoemeut cou.scieute par qwl·
cr--ons au moin•. ti peu ao...bnax qu'ils fa-aL il
no111 paralt dlffieile d'admettre que la tradlùon. extérieu·
quea coaceaflODI fa ites ia•·oloa~t à l'f'f prit
moderoe, provient pour llll<' bonoe part de ce qu'on
peille au peu trop au faax éaotiriome de eertaiaa
poraias. qui a 'a abtolamcat rieu de tommun n ee le
co-
..witable èaotiria~ que aotU noD! en .,. et doat il est
reaeat relipellle, ait pu avoir toute l'iaBaenee qu'elfe a
etfeeti•ement exer<ie au coon d'une ai loacae période.
d produire, daoa diven domaiaes qui ae sembl~at pa•
la eoaeUDU directemeaL tout lu rél:ultats que l'lliatoire
164 OIUENT ET OCCf'DEI'<T 165
encore pouible de découvrir b ien des ùutieea quaDd OJl qui permettrait de ne recourir qu' à des moyena puremu1t
n' en affecté d'ouenne idée précooçuo. Quoi qu'il en ooit, ocddentaux (et seul, on fond. an certain tentùoentalùme
il .., un fait incontestable : c'est que l'Europe du moyen pourrait les y incliner), ib feront saru d oute eene objec-
ile eut à divertea reprises, ainon d'une bçou continue, tion : pourquoi donc ne P••
revenir purement et &impie-
dec relation! avec les Orien:aux~ et que cel relatioDI ment, en apportant d'aillcu,.. touteo lea modilicationo
t urent one action cootidé.rable càn1 le domaine des !!~aire~ I OIU le npport BOCial, i la tradiiioo ~~eooe
idéea; on uit, mais peut-être ineomplètemeut eoeore, ~ du moyen i!e ? En d'a utre~ termes. pourquoi ne se eon·
qu'elle dut aux Arabes, intermédiaires uatureù entre tenterait-on pu, sana cberd.er plus loin. de redon uer au
l'Occident et les régions plut lointain~ de l'Orient ; et Il Catbolidsme la préémin enee qu'il avait ô cene époque.
y eut aui$i des rapports directs avec l'A.io ce.~tnle et la de reconstitutr sous u_ae forme appropriée l'anc.ienot
Chine même. D y aurait lieu d 'étudier plue puticulière· c Ou-é:ienté •· dont l'uuité !ut briüe par la Réforme et
ment l'époque de Cbarlemap>e.. et ouui celle des croi· par Je.s événements qui lOÏvil'"~D~ ? (~rtel._ SÎ. t.-eJa êt~Ït
•~dea, où, s'il y eat des luttes à l'exté.rieur, il y eut qa,. immédia~meut réali .. ble. ce =•it bien quelque cbo! e
lement de• e.~tentes su r un plan plus intérieur. s'il e.n déjô. ce •erait même be.oueoup pour remédier à J'effroy•·
permis de s'exprimer ainai; et now de·vons faire remar· ble dé•ordre du monde moderne; mojs. malbeureu..~·
quer que leo luttes. suscitée• par la forme pareillement ment.. ce n tttt p~ si brife que C"ela (tf'ul ~e.:::-:bler à r~r­
religieuse des deax tradi;ions en présence. n'oa.t aucune tains théoriciens. loin de )à, et des obstacles de toutti
ra_iaon d'être et ne peuvent se produire li où existe une fOrtes ne t:1rdera.ien.t p.u i se d resser devant ceux qni
trAdition qui ne re,·êt pas cette fo.rme, aimi que cela a voudraient exercer dans ce aena une action effective...
lieu p our lei C:Ï\"Ïliutions pla:s orientales; dan.s ce dernier Nous n'a,·oo.a pas à énumérer toute& ce• d if6cultét. mai·
('38, il ne peut y avoir ni anlagonisme ni même !.impie nous ferons remarquer que la mentalité ac:uelle, dan•
concurrence. Noa.s aurons d•ailJeun, par la suite.. roe. ton e n!emhle, ne pa..rai:t guère de,·oir se prëte.r à un~
c.asioo d e revenir aur ce roi nt ; ce que noua vou.lons fa ire transformation de ce genre; il faudrait doue, li encore,
rwortir pour le moment, c'est que la civiliution occi· tout un t ravail préparatoire qui. en admettant que ceux
dtotale du moyen i~e. avec ses eonna.i!.sa_oees vra:meo t qui voudraient l'entreprendre en ajent '~aiment les
spécu latives (même en ri~trvant la question de uvoir moyens à leu r dis position. ae serait peut.-ê!re pu moi..n..tl
joiCJU'oit eUea a'étendaieot), et avec sa conatitntion loq ni moins pén ible que cdui que nous envisa,;eoos
sociale hiérarcbisée, était tuffisamme.~t comparable aux pour n otre part. et dont les résultats ne seraient i•m•is
civiJiaationt orientales pour permettre certains échanr~ l ussi profonds. En outre, rien ne prouve qu'il n 'y ait eu.
intellectnelt (avec la même réserve), que le caractère de dans la ci~;lisotioo troditiooodle du moyeu is-e. que le
la civilisation moderne, par contre. rend actuellement eôté extérieur et proprement rdi&ieux; il y a même eu
impouihles. eertainemeut autre cbo.e, ae serait-ce que la scolutiqut,
SI certaùts, tout en admeltaot qu'une ri!~nératiou de et DOW venom de dire pourquoi nou1 peooooa qu'il a
l'Occident a'ùnpose. •ont tentés de préférer une solution i6 y aYoir plut encore, car cela~ malgr.; .son iotéri t
166 167

oocoatatabk n'at toujouro que de l'exterieur. EnliD. 1i tiCIJI rédie '. D peut y noir aiJUi. d.a.as une tndition
l"on s'enfermait a.u w da.,. une forme apécial~ I'entute cœap1ête, deru aapecta complim•Dtairu et superpooés,
avec lta autru civilisatioDS ae pourrait 1e réaliler que qui ae aannimt aliCIUiemeDt ae eontred.ire ou entrer ~D
dant uae me1ure usea limitée, au lieu de &e faire anal con8i• piiÎlqu'ils .. rouent à du domaines eMeDtiellt·
tout aur «qu'il )' a d.e phu fondamental, tt ainti. pum.i lllent distiacu ; l'aapec:a intelledUel par. d' aillean. ne
lt· quenioo- qui a'y rapporttat, il en ett encore beau· COl>Cenle dircctem~Dl que l'élite, qui ~ule doit foreé-
coup qui nt seraient pa.J ré&.oluu.. aant compter que lu - t ~ con•cie:ote de la communication •'établ.iuant
tseh du vrosél yti.l me oc.:idental aeraient toujourt i tmre Jea deux domaintt pour &Murer l'unité totale de la
redouter et risqueraient perpétudlemeat de tout compr't cMc:trine tracl.itioDnelle.
mt ttre. re prosélyti1me ne pouvant être dé6.nitivemeat En tomme, nou1 ne voudrions pu H re exclusif le
arrêté que par la p leine compréhe1u ioa des principe• et moW du monde. et DOUI esrimone qu•aucu_n tranil n"ut
par l'accord eueatiel qui. sans même avoir beloin d'~tre mutile, pour peu qu' ilaoit dir.é dans le sens •·onl u : IH
upre&ann~t formulé, en réaulterait immédiatemenL efforts De portant que IDr lea domaine& les plw aeœn·
Cependant, il va UUJ dire qut, si le trava il à accomplir daires peu•·ent encore donner quelque choae qui ne aoit
dan, le. d rus domaines métapby•ique et relipetu poli· paa en:ièrement néaHaeabl~ et dont les conJéquen- ,
voit •'eff..:tutr parallèlement et ea mème tempa, a o11.0 &auu être d'une application immédiate. ponrrent ae
n'y verri.ons que dea avanla!es, étant bien pe:nuadé que, l"droUYe-r p•r l• l'Dite et. en te coordoDJlUlt avee tout
raème ai lea dtux choJ« étaient me:néea tout à fait indé- le reste, coaeourir ~ur lear part, ti faible aoit.eJie, i
pt'tldammtl,t l'une de l'autre, la réiul tat1, 6.Dalemen t, la constitution de cet en.anbk que noas e:n~aa
ae pourraitot être que concordants. De tout~ faço" . du paar 1lll annir u n• cloute bita lointain. C'est ainsi que
reatt. ai Je. p ouibilité:J que nous .,·o ns en vue doive,at l'itude dea « aciencn tr.aditionnelles •, quelle que aoit
u réali1er. la rénovation proprement relipeu1e a'impo· lear provenanœ, t'il en eat qui .-eulent dêa maiot...,ant
aera tot ou tard comme un moyen tout 1péeialement reatreprendre (non dans leur int~ral ité. ~ qlJi eat pr~
approprié â l'Occident ; elle pourra être une partie de aeatement impoHible, ma i• dana certaim iléme:nu tout
l'touvre rétervée i l'élite intellectuelle. louque cellc-ei W moina), DOW parait une chooe djp>e d'être appron·
:oura été constituée, ou bien, ii elle i 'til faite préalable· Y'e. mala à la double concl.itioD que cette étude aoit faite
meat, l'élite y trouver3 un appoi convenable pour aoa avec dea doDJila anr&..ntea ~ur ne ~int a'y épnr, ce
action propre. La forme rel.ipeUJe contient tout ce qu'il qui IDppose déjà beaucoup phu qu'on ne ponrrait le
faut à la maue occidental e, qui ne peut Yéritablement -~ et qu'elle Dt fuae jamaiJ perdre de YUe l' _ , .
trouver aille·Dt$ la sawfactÎOJU qu'exi!O son tempéra· lid. Üt d eQX condition-, d'ailleura, ae t:ieDJient de prêa :
meat ; cene maue n' aura jamai! beioin d'autre cbo•~ et œlai qui poMMe nne inteii<'Clnalité ..... di•eloppée
c·eet à tra•tn ce.Ue foru:te qu'elle devra rtceYoi_r l"ü:t· pear le livrer avtc t6.reti à Wlt telle étude ne riaque
8u~aee d et principct 1upérit11rs, inBu~Dce qui, ~ar
{l) n ~ • ,....,.. Ici . . r&ppM:t'm CO( a.-.e • 'futi:b::.û.cla . .
ëtre • ùni i.adireere, a"eo i era pat m.o io• une part icipa· , . . . d.s. .&oc- deal ... ,.,...,,.Dea j. la t:tù:bu 7 " ' ~
l68

11 hu d 'être te~~ té de u<rifier le aapériev.r à l'uolé~~-;


da1a quelque domaiDe qu'il ait à eurur ooa aeonte.
il a 'r •erra jam.aio à faire qu'un tranil aaxiluire dt
celui qui a' aecomplit daru la r,;pon dea p riDeipeo. D~n•
lea mèmea eondition&, s'il arrive pufoil que la c philo- CHAPITRE Dl
oophie ocienti&que,. rejoisne accideutdleme~~t, pu «r·
taioel de tet cond·uaionJ, les ancittnnet « tcienea t.racli-
tionnellea ,., il peut y avoir quelque intérêt à 1~ h ire re•· CONSTITUTION BT RÔLE DB L 'SLITE
iOrtir. mail' en évitant aoi:neu.se.me.ot de pa ra&tre rendr,.
oea demièrea oolidaires de n'importe quelle théorie ocien· o~-s avom déji parlé à di••er•cs rcpriaes. dau·
ti.6que ou philosophique particulière. car toute théori-.
dt~ u sen re chans• et passe. tandis que tout re qui repooe
, ur ua.e ba•~ 1:-aditionneUe en reçoit one ,~aJeur perm• ·
N ce qui précède, de ce que oous appclont l'élitt
intelleC'luelle; on aura probablement rompri•
aaru peine que u que nous entendon.o par lô n'a rien
ne~~te. iodépeodante des résnltau de tout,. reebtrdle de commun nec oe qui, dans l'Occident acftlel u t par
ultirieure. En&n. de ce qu'il y " du reneoatru ou def fou dëoisné aoot le mème nom. Les ""aoa et le~ philo-
analOJÎU.. il ne faut jamaiS condure à da accimilatÎOD.! ooph« !01 plus émioellu dans lean tpécialitës peuvent
impouiblea. étaat donné qu'il a'apt de -.!ea de pensée n'être auCUDement quali6éa pour faj,e partie dt eent
•taentiellement différenu: et l'ou ne uuu it être uor élite; û y a mème beaueoap de chances pour qu"ùs M
~ tteat.if il ne rita dire qui pDÏAe ëtre interprété deos t~ le soient pu, eu railon dea habitudea menta.les qu'il$ ont
•en-. car la plupart de nos contemporaim. par la fo~n acqui..-. des multiples prëju&is qui en sont intëpara·
mèm e dont est borné leur bori&ou mental, De ooot que bles, tt ourtout de cette c myopie intellectuelle ,. qui
trop portia i ces usimilation• inj1Uti.6ées. S<lus ce• réter- ~a est la phu ordia•ire eon1éque.oce; il pe.ut toujoun !
vea. DOUI PouvonJ dire que tout ce qui ut rait dans QD •voir d11ooorah!tt exception!. assurême·n t. maÏi il n'y
eqrit wai.ment traditionnel a 51 rai1oo d'êlr~. tt mèo:'e faudrait pu trop .:ompter. D'une façon sénèrale. il y a
une raiaon profonde; mais il y a pourtant un certain piUJ de reuourcet avre un i'nonot qu'aTec celui qui
"rdre qu'il eonvient d'ob1erver. •u moina d~a.oe maoièl"'f' t'eat rpécialiaé da01 un ordre d'étudea euentiellement
s ëoérale, en conformité avec la hiérarelùe ~éeeu~ire d.u limi:é. et qui a subi la déformation inhérente à ODe eer·
difl'érenta domaines. D'ailleun, pour avolf ple1oement w :ae éducation : l'ïsnoraat peut a voir eu lai des potai·
l'eaprit tr.ditionnd (et non pu oeulemen: c tradition~· lrilitéa de compréheotioo awrqueUu il n' a ID&Dqur
liate •· u qui n'implique qu'une teuda.n ce ou u~e a.Jpl· . .·aue occa~on pour ae d~velopper. et ce eu peut t!:n
ration), il faut déjô noir pénétré dam le cloma1_ne d .. d'aata.n t plot fréquent que la manièrr dont <N dùtriba.é
pri:ac:ipes. auJ&samment tout au -in• pour U~lf ~~~ 1 ' -isnement ocx:idental at plot diftetneuoe. Les apti-
la direeûon intérieure dont il n'ut plm potuble d• ladea que noUJ avo01 ~n ,,.e quud noUJ parlona do
,'éc.artu j • .,.;. l'élite. ita:at de l'ordre de l'intdleewalité pare. ae peu·
170 OIU:ENT ET OCCIDJ:NT CO~S iliUIJO:-f ET RÔLE DE L"Ét.n"E 171

not èlre détermillées par aacmt eritériu.m extérieur, et lemeat tronYent d 'aillcnn toutea {aciliûs pour dévelop-
ee aout là dee ch-. qui n'out riea à Yoir nec J'itutnoe- per leon aptito<ko; en Occident. au comraire, il1 De
tioo c profaae •: il y a daDS eerlaim pay1 d 'Orieat <ko peDYeDt rencontrer p.UC..t-..1 que dca obauda.

JeDI qui, ne ••chut ni lire ni écrire. u 'eu parrieD.De..t &otrYent iDinrmoatabla. et ce n'eat 'l'le grâce à da cir·
pu moin1 à ua deç~ fort ileYé da...l'ilite i..oldlectudle. conat.&Deee alleS es.eeptionn..Uca que l'on peul 10rtir det
fl De faut d'a.iJJeuro rÎeD eDJénr, pu pJw danl UD MJll cadrH impo.éa par Ica conventio111 t.&Dt meDtala qu~
que d101 l'autre : de ce que dewc cb.oses lODI incUpeo· sociales.
douta, il ne •' eMuit pu qu'ellea aoient inoompati.ble.; A notre époque, J'élite intdlecwdle. tdle que now
et ti, da ns leo conditioru du monde occidental tartou!. l'enteodoDI, Cil doue véritablement inexistante eu o...;.
1•.wtrucuon
.
c profane • ou extérieure peut fournir dt1
1 dent; loo eu d'exception 1001 trop rarea et trop iloléa
moyem d'action tupplémentairet, on aurait eertaineme.at pour qu'ou let regarde comme conttituant quelque ch-
tort de la déclaip>er outre metUre. Seulement, il ut ur- qui puÎilt. porter oc nom. et eocore tout-iù eo réalité
lainee étudoa qu'ou ne pettt faire impDDément 'l"• pour la plupart, tou t à faü étrangen au monde occidtn
quand, ayaat déjà aequil celle innriable direetioo inlé- tel. ear il s'apt d 'indindnalitét qui. devant tout à
ri~ à J.'l"eJJe DOUI aYOI>S fait aflUiiOD, OD ett délùù· I'Orieot toua le rapport iatellecwel, oe trouvent à peu
tiYemeot ÎmmllAÙé contre tonte déformation mentale: prèo. à cet ép.rd, dana la mème Jilllatioo que les Orien·
quaDCf OD ell &rnYé à CC point, il n'y a plot IDCDD da.r taux vivant en Euro~ et qui ne s...-ent que trop qutl
à ndoatu, ou oD tait tou:joun où l'on ,. : on pent abîme les sépare mentalemeDt da homme~ qui les entou-
aborder n'importe 'l" el domaine l U I rùquu de •'r rt.nL D&DS eca eonditio01, on est ururément lient<! de ~e

éprer, n.i même de a'y aniter plua qu'il ne contient, renfermer .,. aoi-mème, plutôt que de r:iaqu~. en cher-
car OD en CODD&lt cfnaace J'importance exacte ; OD De chut à exprimer cutaiDea idéeo, de ae hettrter à l' indi!·
peat plut ètre ~uit par l'errettr, aow quelque forme féreoce SiDérale OU méme de prOTO'I"ef des rfaeti0111
qu'eUe ae prétente-. ni la confondre •vec la vérité,. ai bortiles; pourtant, li l'on cal pcnu:adé de la néecatit<! de
?'~1er le contïnaeot à l'~aolu; si aow voaliool employ<r certain• chusemenll, il faut bien commencer à faire
••• un lanpge a,-mbolique, noa1 pourrions dire qu'on quelque cboao en ce lt.DI, et tout au moins doDller. à
pouède à la foit uno botUiole inbillihle ct une eairuae ceux qui en 1001 capable~ {car il doit y '.D aYoir maJcré
impénétrable. Ma it, uant d'ea arriver là, il faut lOU· tout) , l'occaaion de déYeloppu lcDrl facultét latulel.
vent de loup eft'orts {aout no dûo01 pu tonjo~~n, le La première dü&CD!té cat d'atteiDdre cewc qui toni ainri
temp1 n'élut pu à cet égard - facteur ~tiel), t t qualifiéa, et qui ptDYCDl DO IODJ>ÇODDt.r anCU:OemtDI
o' ut aJon que lee pl111 padea préeantio,.. toDI aéca· leon proprH potlibilitéa; nne aecoode düliealt<! aen.it
••irH pour étiter toute confution, da ll.l la conditiooa OJUDÎte d 'opérer u:ne aélectioo el d'écuter eeux qui pour-
actnellee tout au moina, car il cat étident que la màloft nieD! 10 croire qualiiét II DI J'«r.J eJfecbTCIDCDI, ~Mil
dusen ne taoraient t.:li.oter cÙJu mae ciYil.ù atioa tredi· DODI devo111 dire 'l"t.. trà pi'Gllablemcnt, cette ilicoina-

tionnelk ofl ceax qui tont vraiment dooéa intdlec:toel· tion 10 fenil Pret'l"e cl'cllo-m&..e. Toutea oes quetti.o n•
172 OtllmT ET OCCIDENT 173

o'oot pu 1 ae poou li où il uiJIIe UD ellldp>tmeot tu- ti.ennent euhui.-ement claA. le domaine de la p11R
ditioonel ursaruaé, que chacun peut reet\'OÏZ ttlon la ia:elleetuali.ti. ue peuveot p~ te douter, au p~mier
m ..ore de .. propre capacitê, tl jwqu' au deçê prkU abord, de tout ee que eela implique; qu'ou ne •'y trompe
qu'il at eu.uptible d'obt~r ; il y e , ea dl'et, de• pu : il s'apt là dea d l - le. plua formidables qui
111oyene de ditermiDer uaetement la zooe dan! laqueUe aolent. et aupris detqueUea tout le rate n' el! qu'Wl jeu
peuvent e'éteoclre ln po•ihilitée ÏllteDCC~UeUee d'lUI< d'enfauu.. C'ut pourquoi. d 'allleun, œa:x qui veulent
individualité donnée ; mais c'ell li uo 1ajet qui eal nr- abordu ce doauioe lltlt posaêdcr lœ qualiliea tiou
tout d'ordre « pratique », !i J'ou peut employer ce mvl requioee p our parvenir au moina aux premien degrés de
en pareil cu , ou c teehnique :o, ti l'ou prHère. et qu'il la compréhe.naion •raie, ae retirent apouta.oémeot dè.
n'y aurait autun intérêt à traiter daoa l'état actuel du qu'il• se t·rouvent mie eo demeure d'entreprendre un tri·
monde oeeideutal. Ou r .. te, uouo ne ,-oulous en ec vail sérieux et efl'eeill ; lu véritablea mystèret ee dHen·
moment que faire preu entir. ol!t z Joinuillement, quel· deot d'eWt-mêmea coutre toute curiotité profane. leu.r
queo-unes du dif&cultéo qu'il y aurait à turmo oter pour Dature même 1.. prantit coutre toute atteinte de la IOI·
arriver i un oommencemeJlt d'organisation, à une co.,.. tiae humaioe. non moiDJ que du p UÏSiao<d d'illwioo
tirution même embryoDDaire d e l'élite ; il oerait par trop que l'ou peut quali6e.r de « diaboliquea »(libre à chaeuu
primaturé d'easayer dèt maiotenant de dé&nir les de mettre 1001 ce mot tow lu tena qu'il lai plaira, au
moye no de eene coootitution, moyena qui, t'il '! a lieu de propre ou au fisuré). Auatï terai:-il parfaitement puiril
1.. eovi..ser uo jour, dépendront foreémeat dea eir· de recourir ici à det iuterdictioDS qui. eo ou td ordre
cootta ne.. daot nne larse meaure. comme tout ee qui de dloses, ne uuraient n oir la moilldre raiaou d'être ;
eot proprement une affaire d'adaptation. La s<eule dlooe de pareillts inter&ctiom t out peut-être lqitimH en
qui soit réalitable jusqu'à u ou•·el ordre, e'eot -de douuer ri'" antret caJ, CfU" a.ouJ a'a•onJ pu l'iotentioa de dU·
eu quelque torte la couoeie,u ee d'eux-mèmeo aux élém.e ntt curer. mai• dleo ue t>eu•ent eonœ roer la pure intellec·
poNiblet de la forure ~lite, et œla ue peut te faire qu'en tualité; et, aur lee pointe qui, députant la timple tbéorit .
e:xposa.nt eertai.nea conceptions qui, loraqu'eUta att~in · exigent uoe certaine réten~e. il n'ett point beaoin de
clront eenx qui •ont capablea de compnnclre, leur mon· faire prendre, à ceux qui .. vent à quoi s'en teuir, det
tceront l' u illeoce de ce qu'ils isuoraient, et l<eur feront togagemeoll queJcooquet pour Jea obliser à 11rder l OU•
en même tempt entrevoir la poaaihilité d'aDer plue loin. joan la prudence et la dloerétion néceaairet ; tout edo
Tout ce qui oc rapporte à l'ordre métaphytiqne ell, en ett bien ao delà de la portée d .. formolea extérieoru.
t oi. tuteeptible d 'ouvrir, à qui le conçoit vraiment, deo quelles qu'dlet puiueot être. et n'a aoeun rapport avec
horizon• illimitét ; ee n' eu pu 11 une hyperbole Di un~ tel c tetre-U • plue ou moint bi..u..rttt qu.,..mvoque.Dt tur·
façon de parler, mait il faut l'enteudre tout à fait liUé- toat ceax qui u'oot rien l dire.
N lement, comme une conléqueooe immédi.ote de I'UDi· Puitque nou• n oDJ été amené à perler d'o~anÎU·
•eralité màue dea prirlci.pea. Ceux à qui l'ou parle tim· tion de l'ilite. nou de•oDJ aip.aler, à ce propot. llll~
plemeat d'étud .. méta.phyuquet, et de dio..., qui .. J:DiprÎie que DOIU AYOD.I eG Ole& aouYali l'oceuÎOD de-
174 Omsln ET OCCIDI!fl CONSIIIU&Jœl ST IIÔLE DS I...Î::UT't: 115

courater : bieD dea r;e111, <D eDteDdam pro11o-.r ee mot remplir - rile où a..,.; (oiaoa paremar:t illtell~
d' C orslllli..tiOD », t'imapD<Dt tuaitit qu'il t 'agit cJe cm IIJDÙOI CO.D6eUJl à l~muUeetualilé) ai ellea ••aieat
quelque eb- de eompaub)e l la formatioD d 'DD SfOU• ...rri la Upe qni lev &Tait été tracée l l'oripre, u'O.Dt
pllllebt ou d'u.b e uaoeiatiob quelcoDque. C'eat là Due père tard6 à d*cé!lérer ainJi, jaaqu'à asir l l'oppooé de
erreur eomplète. et eeux qnj to foDt de tellea Hléea prou· la direction premiêre <loot ellea conlilluellt pourtallt Ir
veDt par là ~·ila De compteDDODt Di le oeua Di la portée po..- lea muquea, fort ,Uiblea eacore poar qui ..it les
~e le ~·~?n; ee quo notll •eaoDt de dire eD denùer eomprendre ! C'e1t a.ÎIIIÎ que a'ett perdu loWemcDI,
heu dort dqà en faire aperee•oir lea raùoJU. Pu phu depgjo le rn" aiède, ce qui aurait pu kre ..n•é de l,.&i.
que la métaphyaique vraie De peut s'enfermer dalla leo' ~a«e l.aiué par le moyt.n i«e; el eou ae pariou pu de
f~ul.ea d'un sywtème ou d'UDe théorie pa.rrieulière, toua les i.Dconéo.iato acceaoirea : ambitiono wsqW.
1 ilite IJitelleetDelle ne oaurajt o'aceoDUDoder dea fo.-, ...., rin]jréa perooudla et autru cauaeo de dU.....ïoDJ
d'IUle c oociété • CODStituk nee des otatuts, deo rècfe- qnj ou.P..Dt fatalemt.nt claus les Sf011pemt.nto aûW
meD~, dea réuDiobo, et toutea leo autrea mmHeotatiobt CODJtituéa. ourtou.t ai l'on tient compte. eomme il le faut
erténoureo que ce mot hnpllque néeeuaire~Mnt . il bien, de l'iudiridualûme occ:idental. Tout cela montre
t 'apt de bien tutTe cboto quo de oemblobleo oo~tln· aMe& d airement ce qu'il11e faut pu faire ; oa •oit peut·
gence~. Qu'on ne dUe pu que, pour commemcer, pour être moi.Ds bien ce CJU'il faudrait faire. et cela ell oaturd .
forme,r e.u qu,elqu_e oorte llll premjer noyau, il pourra it pUÎMI\Je. aa ooiat où nous en sommee.. out De uurait
Y a v~rr ltea d eavuaJ<r une orgaDintioD de ce J<Dre; ~ dtte au ju•te comm<Dt l'élite teri CODJùtuée. eu admet
te~ JI là on fort maaniJ point de déport, et qui ne p our· tut qu'eUe le IOi:t jamaù ; il a'apt llr probablement d'u•
raJt ~ère condDire qu'à un éebee. Eo ell'et, IIOD oeule· a veDir loint&ie, et l'oa ue doit pa1 oe faire d·ill m oaa i
m~t cette fo"?'e de c toeiité • eot inutile en pareil cu. ::ct éprd. Quoi qu' il ur ooit, aout diroaa ~ ..., Oriat!.
mau ~Ile terllt ertrêmement daagerevJe, en raioon dea let orsaai.. bon~ lts phu pUÏJaa!ltea, cel.leo qui tranil
d~riatiooJ qui ne maoqueraieot pao de oe produire : si leut vraiment daDt l'ordre profond. ne aont aueCJJMment
•:sou~se que ooit la oélectioa, il oeroü biea dif6cile 3ea c oociétêa • au ...,. européen de ce mot; il oe form,
d empêeber,,.'urtout, ·~ débat et dana nn mjJieu ti peu par!ot.. 1001 leur iuBueoce. des sociétb plus ou moÏ.Di
p~époré, qu il ne • y 111troduito quelqueo uuitét dont extirieureo. en .,.. d' DII bot priciJ et dt.&Di, maù ctt
~'rncompr~e?oion •uf&rait pour tout comprom ettre; t l aociétéa, toujours tem.p orairet. disparoiueat <lë. qu'dl••
ri eot l P_revou ~e. de tels r;roupemento rùqutraiellt fort oDt rempli la fonction qui leur était u&ipée. La aociélé
de ~ 1~•-r. ~utre· par la penpeetive d'=e aetion extérieure o'eat donc àci qu'1DJe mauife~taûon aeàdell·
•oca•l.e ~édrate. peut~tre mème poljtique au oeu1 le telle de l'orsaniaatioo i.Dtérieure pr6eaiataate. et celle-à.
pluo etroct de u mot. u qui aerait bieo la plus Uebeusa claus lODI ee qu'elle a d'eaaem:iel, at toa(eon aba.lll·
de tonteo )., éventualités, et la phu contratte au but mea.t i.Ddépeudute de ed.k-li ; rélite .... paa à .. mèler
P~o~"!é. On n'a que trop d'ezempleo de Kmbla:ble1 à dea luttea qui. quelle qu'Cil 10it l'importa!loe, aoot Cor·
•I<VIatlo!IJ : combien d'auoc:iationJ, qui auraient pu céme11t étraochea à ooa domaine propre ; ton .Ole aoc:iel
-
176 OIIŒNT ET OCCIDENT CO~SnTtJnoN ET a ô LE DE L'i:UTE 111

oe peut étre qu 'iodi.r ect, maio Ü n'en est que plui efll· dro compte en di,·en;ea oeeasions dea difficultéo qu' on
cace, ear, pour diriger vraiment ce qul ae meu~ ü ne re.acootre à la {ah-e eompr·e adre ; peut-être trouveronJ·
faut pas être enl raioé iOÏ·mê,m e dant le mou-vement '. nollJ le moyen d'y revellÙ quelque jour, <ar deo exp li·
C"eet donc là exactement l"invene du plan que 1ai· eatiom lrop étendues aur ce aujet ne rentrer1ient P• •
vraieut eeux qu.i voudraient former d'abord des soeiét~! dano le cadre de la prÔitDit étude, OÙ ROUI D'y bUOO<
acérieurea; eellet-ei ne doivr.nt être que J'eft'e~ non la .Uwioo qu'incidemment et pour couper court à un ..,.1.
c~uae; ellce nt pouruirnt 1\0ir d'utilité et de vuie n i· ~ntend~&.
son d'étre que si l'c:li te existait déjà au IJréalable (confor· Cependant, nous o'eoleodon• lerroer la porte i aucun~
Dlément à raÙI!t ocolutique: C pour 15ir. il faut être »)1 1, 01 sihilité, sur ce terrain pas plut que .au_r aucun au~r~~
e t •i elle était aue• rortemen t orsa nitée pour empêcher ni d éeourattt r aucuoe initia tive. pour peu qu'eUe puu1-e
sGrement toute déviotion. C'eat en Orient i coultment qu'on 11
roduite d u réoullot.s valablu et qu' elle n'aboutiue pao
peut lrou~·er acluellemeol. les exemples dont il convit..u· à uo 1 imple p i pillage de rorees; now ne ,·oulon• que
.ir1it dt- sïn&pirer; noua avoDJ bien dea raUons de pru· meu~e en prde contre dtf opioiom fa uuea et dea coa·
~r Cjoe 1'0•-c:rdeot a eu auui, au moyen ise- quelque• c:huion• trop hâtive•. U va de soi que, •i quelquea per·
o~ao itations du mêmt type, maÎJ il tet au moins· doo· sonnet. au lieu de tra-vailler i.Jolêmeot, préféraient te rêu·
tru~ quïl en ait su_
bsislé des traces auffisante1 pour qu'on nir pou r eon>tituer d eo oortea de c voupel d'érudeo ,.,
puiue arriver à a'eo hire une idée exacte autrement que ce o ·.eat pat là que no u&verriooa un danger ni ~ème .UA
par analog ie a,·ec c~ qui existe en Orient, analogie baséf· iocoavéoieat. mais à )a condition qu'elles 1 01e.Dt btt-D
d"aillrun, non 1ur des ouppositiont gratuitea. mais tor persuadé•• qu'elles n'ont nul be•oin de recourir. ce ror·
ole• sisnu qui ne trompent pu quand on eon naît déjà cer· rnaliame extérieur auquel la (llupart de nOJ COotempo•
taine' ebe>Fu; encore hnt·il. pour Jta t'ounailre, a·adru· rairu ottrib...,nt tant dïmporunee. préci..;ment parce que
•er là où il tot poosible de les trouver p réaentement. ear le. c.hoaee extérieures Jont tout pour e~D.. Du reatc... même
il •'•&it. non de curiositéo arehéolosiqueo. mais d'une pour rormer limplement des c ,rouptt d'étudtt ~· ci
connaisuooe qu i, pour être pro6l.lble, ne peot être que l'on " oulait y faire un travail aériewt et le p ounurvn::
directe. Cette idée d"orpnisa:ions qu i ne revêtent poÎD I a..ez: loin, bien del précaution• aeraient oéce11.airea, ~r
la rormc de « sociétés », qui o'oot aucun du élément! tout ce qu.i ,·accomplit dont ce domaine met en JOli
ntérieun por le1quels celle....,i se earactérioent, et qai dtt pui11anceo intoupçonnéet du vulpite. et, ai l'on
n'en aont que plu• effectivement con,tiruéet, part<e manque de prudence, oo •'cxpoae à d'étra"'u réacti~no,
qu'elles sont fondées réellement our ce qu'il '1 a ela m oùu tant qu~un cutaju deçé n'a pas été all~IJ1t.
rlïrmuuable et n'admettent en soi aucun mélanse ok D' autre part, leo quc•tion• de méthode. ici, dépendent
transitoire, cette idêe, disona·now., est tout à f.a_it étra.u· étroitement du principea mémes: c'eot dite qu'elle~ oat
@"j.re i la meDtal ité moderne, et nous aYont pu nons re11 · une importance bien pl01 eonoidérable qu'en tout autre
dom• ine, et det eonséquencet autrement çavea ~e e~r
le terrain seieotilique, où eUeo tont pourtant dé)l lo"'

1!
178 Oa.JENT ET OCCmEST 1~9

d'êtr<o né&Jiseoblu. Ce n 'eat pu le lieu de d6veloppu aucuoe orsaniulian occidentale, quelle qu'elle ooit, ear
toutea cea cooJidératioDJ; aow u~exaséroa.s rie.o., aaa.ù, elle ne pourrait le faire qu'av~ J'élite conJtituét eoof<><·
comme now l'avom dit au début, n ou• ne •·oulona pa.s mémœt aux .-Tais priDcipea.. Oooe. juaque là. on ne peul
non plu a di"imuler les difficulté>; l'adaptation à tell t i demander aw: Orientau rien de plw que de• iaJpin·
ou ~U u <'Onditiona dé6.niea eat toujoun eJCtrêm.e ment Ilona. œ qui est déjà beaoeoop, et ~ iDJpirati~oi. o~
délicate, et il faut ponéder du données théoriquea i.né- peuveat être traosmiteJ que par dea ia.8ueaoea Ul~VI·
bunlablt' ct fort é<codues annt de iORKtr i tenter b duelleJ aefYIIDt d' interm!diairea. oôo par une action
moindre réaliutioo. L'aequùitioo même de cea donnêes direc:e d'orpniutiooe qui, à moias de boulev~~menll
n'eat pu une lâebe ai a i&ée pour du OcddentaaJt; t:d impréYUa, o'enps croot jamait leur reapooubtl.ile dans
tout eat. e l nous a ·,- i.n.ti.Jte.roaJ ja.maîs trop, eUe est ce les affai.rea do moode occidental. et ttla le eomprtod.
par quoi il faut nécesuinmeat débuter, die coo>titur Clr cH affaires, aprtJ tout, n e les ~D(tmtnt pu ; ln
l'unique préparation iadiapeouble, uas laquelle rien oe Occidentaux soot ~ult à t e mèlu t rop •·olootien de «
peut ê: re fait, et dont dépendent eueotiellemeat toutes qui se van e ebez 1.. autret. Si penoone eo Oecideot ne
lea réa lintiont ultérieure-. dont quelque ordre que ce fait preu•e l b foit dt lm •·olonté et de l• r3r>dté dt
soiL eompre.odrt tout ct qui Hl nrtt'uaire pour ~~ rapp.ro·
0 ell tDCOrt UD IUlt'f' point lur J~ueJ DOU.l dtYO.US aber vnoiment de I'Orieat. <'tlai<i ~ ~ardeno lntn
nou1 expliquer: nou.1 açons dit ailleun que l'appui dei d' inteneair, uebant d'ailleuro que ee tenoit iautilt. et.
Orientaux a e ferait pas défaut à l'élite intellectuelle quaad bita mème I'Ocddrol devrait ae précipiter à ~n
daaa l'accomplisoemeot de u lâche, rarce qu e, nattutl· c•t•clyome, il ne pourra it faire autrement que de le lan·
!emeut, ila leroat toujouu favorablœ à ua rapproche· ser abondonu~ à lui·m<me; tL effet. rommenl agi r sur
ment qui tera ct qu~iJ doit être normale.zuent; mais cd a l'Ocddtut. à •uppo>cr qu'on Ir ··euille. oiron n·r lrOU\t
auppoae uae ~lite occideotale déjà eonatituée. et. pour pu le moindre point d·oppui ? De toute Iowa. noot le
sa eonatitution mime.. iJ faut que rinH.ùti,-e parte de redisonJ eoto~. c:·ar awr Ocddmtau" qu•it app1rtif"nt
I'Occidea L Dans le• ronditioa• aetueUea, lea repréaen· de faire let premiert pu : natorellemtnt. ce D•..,, pu
taoU autori sét det tra<litiona orientalet ae peuveat pa• de la mane oecidentale qu·il peut èt.r t quttrioa, ni môme
t'intéreu<r intellectuellemtol à I'Occideot: du moiol, ils d'ua nombre eousidéroble d 'iadi..-idus. ee qui 1erait peut·
ne peuve nt t"i ntérr-~ ser qu·au'C: rare.s individualités qW êrre phu ouioihle qu'utile à eertaint éprda : pour rom·
viennent à ew:. directemeat ou iadireetemeot. et qui meocu. il auffit de qudques-un..<. à la tooditiou qu'ill
ae sont que dea ea1 trop t:'C:ctptÏfUiof:'!s pou : pennen-tre 10ient capableo de eomprendre rraiment et profonde·
d"e.ovi..t.qer une l ('l ion sénêraliJ~ Now pohYODJ affir. ment tout re doot il •'•pt. D r a encore autre ebose:
mer ceci : jamais aueune or~aoiu:ion orienllle n"i:ta· cewt qui ae iODl u >imil.l diree:ement lïnttllectualiti
bUra do « branehea » eo Occideat; jamai~ mën>e. orieatal e ne peunn t préteadre qu'à jouer re rôle d'ioltr·
tant que let eondilions ne uront pu entiêreœe·nt médiai rn doa t noua parliona tout à l'beure ; il a soat, du
c.h la!éet. e lle nt pourra e_ntretenir de rela tions avec: fait de ~ne oaimilatioo. !Top p~ de I'Oritol pour foire
180 OIIŒl'IT ET OCCWEN T 181

plw; il a peuvent aUQérer de. idées, u pooer dea coneep· dent, ,,. de fair• rtuortir les p~ihilitéa de rapproch.-
tiooe. iadiquer ce qu'il to.u viendra.it de faire, m1 if non menr qu i s·atuebcat à leur comprélun.rion: eacoce UDf'
prendre par eux-mèmea l'io.i tiative d 'une or&aniution foù. ils doivent •e contenter d'ë,tre les in:ermédi.aire-
e-tui, \~Gant d"eux. ne &erait pas vralmeat occ.ident•l~. doot la préitliCC prUU\r que IOUI espoir cf'entt11te n'~l
S'il y avait ueore, en Occident, dea individualité-. p:u ÏtTêmêdiabltment perdu.
même i;olée., ayant con~ervé intact le dép0~ de la tradi· Qu'on veuillo bion oo pu prendre'"" réllaicuu pour
lioo purcmt ot iol.elle<:tuellc qui a dû exiller au moyen autr~ choie que ee qu ·elles aonL ni en tirer du ronai·
ige, tout ~erait grandement simplifié; malt~ e'e11 ii œ • queoces qui ritqueraient d•t.tre fort ôtran1ère• à notre
indhidwolités d'affirmer léur exiatenee et de produir4 pen•ée: si trop de point& restent impréci•, c'eit qu'il ne
leuN titres, et, tant qu'elles ne l'auront pas bit, il ne nous ~•t pas pu.tilile de bire autrement, et que le• cir·
nous appartient pu de résoudre la question. A defaut eonstancts sou loi ptmltttront par la tuile d• lt~ ;lucidor
dt cette éventuaJitê, malheureusement assez imprùhable, peu à p~u.. Daot tout ce qui n ·en ;las purement ct t t rit ·
c'eat teulemeot ce que nous pourriOni appder une aui· temeot dodrinat let eoatingta ces interviennent f orcé:·
aùlation au teeood degré des doctrines oden~le• qui meat. et c:'rct dttlltl que peuYtnt itre tird les mo,·e~
poutTait •U·citer les premiers élément! de l'élite fu ture; secondairea dt tout.: réali1:1tion qui suppo.;e un~ adapla·
noUA voulons dire que lïnitialh•e devrait vco.ir triadi- tion préalahlt>: nou.s 11i;.o•u lt• mo~·tnt sect.lada.irtt.
viduali té• qui u seuient d éveloppées par la compréhen· c:ar le seul tJ.Kntiel~ il nt faut pu roublier. ré!ide
•ion de CeJ doctrines, mais sana avoir de Liens trop directs dan• l'nrdre dt la connaiuan~e port (en tant que
avec l'Orient, et en r;ardant an contraire le contact &\'CC connaiuanee timplcment théorique. prépuation dt la
tout ce qui peut encore suluùter d e valable dans la civi. COD.tliÎNAD« pleinemt.nt effectiYe. car retie-ci t"' L non
litation occiden~le, et spécialement avec lea •·eatiges un mono. mais une &n en 10i. par rapport à laqutlle
d'e1prit traditionnel qui ont pu t'y mainttoir, to depit toute ;ppl i<ation n'a que le eara<tère d'un « aeeident •
de la mentalité modorne. priocipalemont IOUI la forme qu_i ae uurait ui l"affuttr nj la dttermi.Der) . Si nou~
relîpeuse. Ce n'eat p .. à dire quo ce con~et dohe être avons. dan • des questions comme eeU ...Ià. lt •ouci d•
nêeeiN irement rompu pour ceux dont l'intellectualité eat n'tn dire ni trop ni trop peu. c"til qat. d·une part. noua
devenue tout orien1..ale, e.t d'a utant mohu que. en aomme, tenont à nous faire comprendre auui clairement qur
i.h 1001 euentielle•nent des repréaentants de l'e1prit Ira· po!!ihle. et que eep endant, d'autre part. oout dtvons
dir.ionnel; mait leur aituation est trop par1iculihe pour toujoura réaer1·er lu po-ai1Jilité5, aetuellement ÎD•pri·
ttn'i1t ne soient pns :t!tre!n:& ii unr tr~c: ç1nde ré.terve. vues. que lu circonnancea peuvont faire apparaitrt uhé·
•nrtout taut qu'oo ne fera pu u pretaêment appel à rieuroment; lei éllmtnts qui sont sul<ltptibleo d'en!Nr
leur collaboration; il• doivent se teiÙr dano l'expeelll · e.'l l jeu sont d·une prodiPeuse complrxité. el. d:~n• un
tive. comme let Orientaux de oawanee, et tout ce qu'ils toiüeu auni instable que le monde occidental. on n,.
pa.veat faire de plw que ••• derruen. c'ut de prêleote.r •ou rait (aire trop la"'e la part de cet impréru. que nou•
let d octrine• toua une forme mie111 appropriée l I'Oeei· ae di!ons pas abtOiument impré>isible. ruai! rur lequ•l
182 OJUJ:NT ET OCCIDE!'IT 113

nous o~ oou& reeonnaiuom pu le droit d' aaûciptr. per leoquels une élite ùnellecmdk poar:ra p1rn11Îr à
C"~t pourquoi leo pridsioru '!ll'on !'eur donner lODI aar· ae eooatituec en OceiH.st; même en 1dmettaJ1t leo ~
tout Diptivtl, ~D C'! ltDI qu'eUe~ têpoDdeut à du oh~«' eeœtaJl- lu pl,.. fnorables, eette eoœtitutioD eot lnm
tioru, soit effecrivcm~Dt formDiie&, soit KUitra~Dt eu'ri· d'~pparu"lre comme immédialtrDenJ pouible. ce qui De
u tgéu comme po!!iblt•, ou qu'illeo éurtent dea trreura, .-eut pu dire qu·il nt faille pa; JOQ!er à la pn!partr
dct maltnlcndUJ, dts formes dinnu de ri.Dcompréhen· dêa maiJltuant. QuaJIIID rôle qui s<ra dë,·olu a e<tle ~.
lion, i meiure qu'on a l'oecuion de lea conatatcr : mail. il se déga5e aue oeUem<ot d< toul ce qai 1 été dit i-
tn procêdanl ainti par élimination, oo anive ~ uoe pOti· qu'ici: c'u t e"eoriellement le rttour de rOocideot à wor
üoo plus nette de la que!lion, ce qui, aomme toute, Ui civiliution tnditionnelle. daoJ 1e0 priDcipea ct dant tout
déjà un réaultat appréciable et, qu~llu que aoient 1.- I'CDKmhle de ses inJtitutious. Ce retour de,-ra ,·effectuer
apparmce•, ,·éritabl~ment pooitif. Noua aavono bien qDe par ordre, en aiiiDt deo principes aux couoéquenceo. cl
lïmpatience occidentale a' accommode .:irrïcilement d·· eD dCJCtDdant par deçés juaqu·aax 1pplicarioD> lu plw
aemblable• méthodu, et qu'elle ><:rait plutôt diapoJée à conlÎ.D5eDlts: et il ne pourra se faire qu·en utiliu.o t
ucrificr lo ailreté a a profit de la prompti:ude: mait no ru à la foio 1« d oJlJléU oriutales et cr qui r~te d•étémcnl•
n ·a"·ons pac il tenir COmpte de «i txlstncd, qui De pf"r• traditionnels cD Occident ~nëme, le& unes eomplttant lu
mettent à r ien de •table de •'édifier, et qui 1001 tout i autrto ct o·y nperpounl sant les modifier t n ewr·mèmes.
fait cont ra ires au but que now enVÎia5eollJ. Cewt qui ne mais en leur donnant. ovee le sent le plu; profond doDt
toni pu même ~pahlt< de réfréner leur impatience le il& 1oient IUI«ptihlef. toute l1 pléuitude de leur propr<
t eraieot encore bi~n moiru de mener à biea le moindre ra.iaon d'ëtrt. Il fout, notu l'avons dit, t'en reoir toDI
travail d ·ordre métaphysique ; qu·ils eo...iut limplemcnt. d"al>ord au point de n•e pur<meDI intdl<etuel. et. p1r
ia titre d 'exercice prélim.io!tire ne les e.n1•!eant à ri'!n. oae ré:p~rcu!~i-,u toote aatureU~ lt'$ coo~tn«J sëltD,..
de conre ntrt r leur attention ëur une idée uoique.. d•ail· dront ensuite de proche en prO<he. tt plus ou moÎJIJ
Jeun quelconque. pendant une demi·minute {il ne 1emble rapidement. ô tOUl les autrt'S dom1ines. y compriJ celui
pu que ce 1-0Ît trop exiger), e-l ib verro nt ai DOUf 1\'0ni du OllplicltionJ socialea: si quelqu.e traYail valable a déjl
lori de mettre en doute leurs aptitud6 '. été accompli por ailleurs dans ce& aotrca domainea, il
Non• n 'aj11uterons donc rien de plUJ sur let moytAJ n'y al1ra évideauneot qu'A a't n féliciter. mait ce n'ttt pel
à cela qu'il conoient de a•lttlebtr en premier lieu. car
-TJ; J:; ;tr.\ttt..nt ~ l '&'lea trh e~u 4t liu liGI~r : c fA eoa.ua·
tra.hOft ct- • P"• tk, a.p_pt14,1o par ta E!.i!ldoa..t
lllgr~l
(ou ,...,.,.) , tilt ·~ lUI il donner li'ICCCIIOire le pu lut ru.entiel. Tant

àl-
ct~ca dioN CfiSJ ftfNJ ut prts;-:e baeou:&. N'os ttpri t.t ..at ((laee du qu' on o'tn ura pu •rri•~ au moment Toalu. la couJidi ·
kal.!ul~.Ptt de JM!•~ .., aoa~c t coa«a.at ; tt fe,.., 80f 1eu
Mthtao l t.M te . .ttt doote en ooos Au.a1 cr . . . ~ -~ ration• q\li te npporttDI lUI< poinU de ,.,e aecondairn
,.,, .W..• u pMr 1~ ptopa.t1 d 'u:t~ taOIU ~ peu prù .... t.l*ii!IW. qM
4t Milfr ... ai:IU a.;k tlot til" HS ~ A...: t. .W: 4'M ......
- u j.,...d'hl.- U ~W.. o u , _ ..,_.._
ft "'arri"" j.Laa.ts ' eet:~> b.~té de ~ qoa let B~.t .,..........,.,
~ ...,,.,J. tt.~ · ·~bOa
. . . . ' " " mkaktlc;:•
bA prMlf tut. c.4ldee ,..,.,.......
plitleole~ • rt:Üt',Îftll • (l'Tl/ ... • ~
:J«•d ..._.. -'' -,,.~ , ..... Pi' X 'On-XXI'\"). o. • ,...-.., awa ",..
134 Ollœi<T lET OCCIDENT COS$1T1VTIOS U a ÔU' D& t..' ÉlJTL 185

ne dnroDt ptre i.Dtuveuir qu'à titre d'eumpleo, ou plu· tioo fortement eot~~tituée, ce qui ne .-eut pat elire 'l"e
tôt d' • illwtratio01 »; dlec peunut en dJd 1i elleo dec résaltau partid1, dfji apprêcioble&. ue pa usent être
aoot prtaeDtées à propo1 et ooua uoe forme oppropriée. obtenu• ovaot qu'oc en 10it orrivé à ee poiat. Si dif~·
a•·oir l'avoDIOJe de faciliter lo compréhen1ion d et •·iritë. tuewt et ti i.oeompleu que soieot les moreus doat on elia..
plw eaacntidleo en fourniuaot uoe aorte de point poOe. il fout pourtant eo~eueer por .les m~nre . ~
d'appui, et ouui d'éveiller l'aUention de J<DI qul. par œ UTH telt queb, Ill Dt quoi 1 ou ne porvoendra Jam8U •
IIDC appriciation erroné# de Jeun propret fae~~lt&. ae en aequénr de plu• parfailt ; et now ·~~terotU qa_e la
croiraient incapables d'otteindre à lo pure intellectualité. moi.Ddre eh.,.. oeeomplie eD coolorDllle b ormoDupe
•anJ d"ailleura savoir c.e qu'elle e!t: qu"on se souYieur ane l'ordre de• priocîpea porte virtuellement en toi del
de ce que nouo avon• dit plw hou t aur ces moyeo1 inot· pouibilîtil dont l'espoMion est upable de déterminer
h:odus qui peu,·eot déterminer oec::uiooneJJeraent un let plut prodigiewu eonséqueo.- . d ~· d~n< .tow leo
.!ivdoppement i.DteUectud à - débutt>. n ett néœwairr domaio~, :. mesure que ~et. rcpUOllltOD.& 1 Y ekDdr:at
<le marquer d 'une façon abaolue La dutinetion de reuen· <don leur répartition b iënrcbique et pa r ' oie de pro-
tiel et de l'occidentel; mau . cette diarinetion étaot êlo· ~ioD indéfinie '.
blie. nous ne voulon& auiper aucune délimitation res· Notur·e llement, en parlant du rûle de rélit.:. D O U$ tOp•
triclive au rôle de l'élite, daru laquelle chacun ponrra poiODJ que rien ne viendra interrompre brwquemem.t
loDjoun trouver à employer se• facultél apéciaJes comme lOD oction. e·est-â-dire que nou• nous plaçon• da01 l'by·
par surcroÎt ~t sans que œ 10it aucunement •u détriment pothtae la plus favorable : il u pourrait oussi•. eor il Y •
ole l'csteDtiel. En somme. l'élite tn .. îllero d'abord poar dea dioconti.Duitél daDI let •hénements billoroqueo, que
o•lle·même. puiaque. naturellemeDt. aes membret recueil· la cî,~Jîaation occîdeDt aJe "iDt à sombrer dans quelque
leront de leur propre développement un bénéJice immé- uudyune avant que cene action fùt acc~~lîe. ~": .s!
ruot el qui ne saura it h ire défaut. bénéfiee CODII;taont reilJe eboae ac produiu it a vant m~me '(De 1elue a llt de
oJ'ailleUU ODe acquÏ.ition permaoeDle Cl inoJiéDible; pleinement comlitu<e. les rétultoh du tra ...il aotwur
n11ÎI. en même temps et par là même. quoique moûu se borneraient évi<iemmeot aax bén.ë 6cu iDtdled>Uls
immédiatement.. elle tra,•aillera auui nêœss.airement qu'eo IUfiÎe Dt recueÜ.I ia ceux qui y auraient VfÎS: pari !
pour l'Occident CD sénérol, car il eJt impouilile qu'unr mait ces béoi6ces oont, por ewr·mèmu. qud que eboae
éloboralioc comme celle d ont il *•9t •'effeetue d101 11n d'inappréciable, et a iaai, ne dùt·îl y n oir ri~n tl'~utre.
milieu quelconque aaJU y produire tôt ou tud de• modi· il vaudrait ~neo~ la peine d'eatrtprcndre ee tr. .aiJ; leo
fieotiooa eoruidënbles. De plw. les coonnu tDeDtllD
'"{i)N- r....._. .n...t. ' u~ tWotw ~~ Clt1f·cr.act i:a-

-- .. -
•oDt ooumia à des lou pufaitement déJinies. et la con· ......__~ ' ~ .ou ......_. le Ma M c t.Worit' ft c-t• •• d Ci"
nai11aoce de ce• loiJ permet uae action bien autrement ~Uupoeer6U Pf'•l-'-lre • • jO"Or elut ".. ftod! r a.rtttv1ttN. lA.~
t P•IIC'" "oa • • pri• ki W• •u a.«<ffld• ~t •t . ...... ~~~
ete _..
er&coce que l'usa«• de moyen• toul empiriques ; moio
ici, pour en venir à l"opplîcotioo et la réalï.er da111 tonte
•nn ampleur, il faut pouvoir s'appuyer sor une OliiDÙI·
~
.......
'CM .ca
_.tWeat~q. . ~n• J. ,...

r.,.. ~ C'lP' .......--


- ·---. t &)-"
tiu;a ct r~ ~ :t : ldi84wt:.. lftbel4 • l '. - ~n
·-·· ...
.
•- QC'.' ·~...
t ap
-".- 4us le :..- ...,.._ .. la qu-"'t.6. - Vei~
... -
..-
..
- -"""'· ....,..... ,. pt..rtk.. ô.. xru.
-
)86 C0!'45liiUiiO:'C U
. ..
&oU DE L EUTS 117

fruitt en demcareraient alors rëtu-r& l q~Mlqaet-UJM, avaotqe coosidénble, en ce MU que e"eat U. ce ~ pez'"
maia eem:-là auraieat, pour lear propre eomp~ obteou meltrait A J'Occident de eooaerYU lOD IUlODOIDJe ~~
l'eaeeotiel. Si l'élite, tout en étant dép eoottih:l~ n'nait même de prdu, pour 1011 dénloppemellt fuc_m,
lu éle-
pas le tempa d'exercer u.ne aetioa t ali•amment r;én&.- menb valable~ qu'il pent aYOU acquîi malçe IOUl ~
liaée poar ~ profondi:ment l.o mentalité oc:cidea- 11
rivilitation ac:tnelle. Ea&o, ti cette hJPOthèac IY&Jl le
tale dllJU oou ..,..mble, il y aarait quelcpe eh- dt lcmpt de 10 rhlit«· elle éYiter~ la ea~?~ '!"e 0 .,.._.
phu : eeue élite aerait véritablement, pendaot la période eaYilaPoDJ en prunier lieu. plUique la c:ivilioabo~ -~­
de trouble et de bouleveraement, l' c arche ,. IJlllboli- da>tale red.e venue nonDale, aurait sa place lepbale
que Oottant sur lea eaux do dél~e, et, par la ao.ite, eiJe 1 parmi ies autrea. et qu'elle ae serait pha, cotnm<> elle
pourrait aervir de point d'appui à une aetioo par la- J'ut aujourd'hui, u.ne menace pour le reste .de l'huma·
t{DeUe l'Occident, tout en perdant probablement 10u o.ité., UA facteur de d~ilibre et d'oppre111011 daru le
exitteoee autonome, recevrait cependant, dea antrea üri- 010
nde. En tout cas, ü faut faire comme li le b~t qu~
liutioDJ suhs;rtantea, let priocipea d'1111 nouveaa déve- noo. indiquoDJ ici devait ëtre atteint, puiaql>e. DKtiM "
loppement. ~elle foio rér;ulier et normal. Ma ia. dam ce les <cÏCCO>nttaaea oe perme.Uent pu qu~d le toit. rien _d e
•eeood cu.. il y aW"ait en~re, au moins trautitoiremœt. «qui a an été aeeompli dao• le telll qui doit 1 condu~
de ficheuaes éventualitéa à en•ua~er : les rivolutioJ» ne wn perdu; et la eoosidéut.ion de ce_but peu,t. f_oarrur.
• thoiques auxqueUea nous avons déjà hit allwion ae- · ux nui oont eapablu de faire parlle de 1elate. ua
• ce , - -"- · d
raient as•urémeot fort r;raves: de plua, il aerait bien pré- motif d'appliquer Jeun efl'ortJ i la comp~eDJton ~
férable pour l'Occident, au lieu d"ë;re absorbi purement la pare intdlcdualité., mot.if qui ne sen po111t A ~~­
et simplement. de pouvoir se tranaform~r de façon i sa taot qu' Us o'auront pu pris eDÛtftmeDl COtUCI~C<
•~quérir u.ne d vilintion comparable i cellea de l'Orient, d quelque ehose de moina coat~nt, noos .-oalooo dire
mai• adaptée à sea CO>nditioru propre&, et le diJpenaaat, d: ee que l'intdlecrualité nut en iOÏ, indépeadamment
quant à sa masse, de a'uiÏmiler pluo ou moinJ pénible- dUtes · nltats ...,'elle ~ut produire par ourcroit dan• 1~
,- r- ·•~- . d
ment des formes traditionnellea qui n'ont pu été faiteo lw ou moins extérieurs. ~ conll<~e<abon e cea
ordru P d • t
paar lui. Cette tramformation, s'opéra_n t 1101 beurt et réeuh•ll. ai seeond•inl qu'ils soieot, peut on~ e~ tou
comme spontanément, pour restituer i J'Oceide.nt u_ne au moio.t un • adjan_n t •, e.t eUe ne uur&ll d. eutn
riviJiution tuditionoelle apprupriêe, c'at ce que nou part étte un obstaele oi l"on a aoin de la ~~ttn
\eDODJ d'appeler l'hJPOthHe Ja plu• f..-orabJe ; telle eu~-
--ent A aa pbce d d"obterver eo. tout __.. lu
_ dhierar·
seuil !"œuvre de l'ilite. a•ee !"appui dea détenteun des ehiea n"'-airea, de façon à no jamau ~~ç e YDe
trad.itiona orieataln, aaru doute, maiJ nee une initiatiTe 1'-tntiel ni le aacri6er l l"aeeidentel ; oous DO~ ~­
occidentale comme poiot de départ; el l'on doit eom· - déjl eq>liqn~ là-de-•• .,f&.aJDJDe~tt pour Ju•tili~.
preodre œainteoant que celte dernière condition. mëzoe aux yeux de ceux qui comprennent cet e h - _te r.'t11t
si olle n'était pu auui r;,oareuaement iodiopemable de vue que aous adoptooa pr&entement. et qw, s tl ne
<Ju'dle l"eat eHecti•ement. n'en apportera it pao moine u.n con..pond pu à toulll notre ren•ie (et il ae le peut P"'·
1118 Otii:NT ET OCC!IDENT CONSnnJTION f:T llÔL.E DE L'É UTE 189

d~e lor4 que les considérations purement doctrinalu et ··Ile uurait à l'avance que ce oerait peine perdue. et que
apéculativee aout pour nous au~ea.uo de tootea lea an- lu efforts qu'elle y d épe nserait pourraient re~v.oir un
t res ), en représente cependant une partie très réelle. bien meüleur emploi. Nous oe conteotons pas, d ailleuri .
Nous ne prétendons envieager :ici rien de plw que le da~tj;er ou l' inopportunité de certaines divulga ti~DA .'
dea possibilités très éloignées selo.n toute vraiaemblan~. b ien de1 a ens pourraient être tenté!. ! Î on l tur en todi·
mMs qui n'en sont pu moins des po11ibilit~s, et qui, li qR&it le! ~qyena, de s'essayer à des réalisation• aox-
ce eeu] titre, méritent d'être priaee en conaidération; ~t rpteU .: ~ rien ne les aurait préparés, uoiquemeot « pour
le fait même de les envisager peut déjà contribuer, cb11s voir » &am en connaître la véritable raison d~être et sans
une certaine mesure.. à en rapprocher la réali•ation. :iti.\*OÎ; où elles pourra ient les conduire: et ce ne .serait là
D'aiHeurt. dans un miJicu essentiellement mouv1nt qu' une cause supplémentaire de deséqu ilibre, q~ïl ne
C·o mme J'Occident moderne, lei é ,·éo e me nts pe.uveol . con,·ieo t nuJiement d"ajouter à toutes celles qu1 trou-
sous l'action de circonsta nces que lconques. se dérouler blent aujourd' hu i la mentalité occiden tale et la trouble-
a vec une rapidité dépassant de beaucoup toutes lee pré· ront • an! doute longtemps encore~ et qu i serait même
visioo s; on ne saurait donc s'y prendre trop tôt pour 8 e 1l"autan t plus redoutable quïl !:t:;it de_ cho~e; d'une
pr_épa rer à y fai~e face. et il vaut mieu~ vo ir de trop n>ture p lus profonde; mais tous ceux qu• po•sedent eer·
lo•n que de se Ja,.ser surprendre p ar l' irréparab le. San < taine&con nuisian ces a;ool. par là mëme, pleàoement qua·
<foute, nous n e nous faisons pas d.. iJJusions sur les chan· li.6ée p our apprécier de semblable• dongen. et _il• ·~ ~ ­
tee qu'o nt des averti ssements de ce genre d'être enteodu! ront toujo urJ se comporter en conséquen~~ sa~s etre ltef
de la majorité de nos contempora ins: mais. com_O'Ie nvu~ por d'autre• obligations que celles qu tmpltque tout
l'~von• dit, l'élite intell ectu ell e n 'aurait pas besoin na turellement le den~ de dé,.eJoppement intellectuel
d·etre fort nombreo•e., au début • urtout, pour que •on auquel ils EOOt pa rv:nus. D u reste. a
faut nécei i 3Ïre·
inllu ence pu iue s'ex_e reer d'une manière très elft'ctiv~. ment c·o mmence r par la prépar~tion théorique. la seule
mème sur ceux qui ne se douteraie nt au cunement de tnn t oseotielle et vraiment indispensable. et la théorie peut
~xistenee ou qui ne soupçonnerai~nt pas le moin 8 du toujo urs être expoEée sa os réserves. ou d~ moi~1 &OUi la
monde la portée de ses travarur. C'est là qu'on pourrait seale ré3e-rve de ct qui est proprement tne:<pnmab1 \" ~t
~e rendre compte de l'inutilité de ces « secrete » aux- incommunicable; c'est à ch acun de comprendre dans la
_q uele nou• faisions allusion plus h:aut : il y a des action' m e•ure de ses poe6ibilitéo, et, quant à eeu" qui ne com·
ryui. par leur nature même, demeur-ent p arfaitemenr prennent pas, sïl~ n'en retir~nt aucun a\·a ntagc, ils u'tn
ignorée.s du vul~ire~ non paree qu'on te cache ile Jaj. éprnuve-nt no n plus au cun inconvén ient et demeureot
maïa parce qu'il est incapable de lee comprendre. L'f lit• aimplement tels qu'ils étaient auparavant. Peut-è:re
! 'étonnera·t-on que nou s i.o~istions ta nt sur dea chose•
n'aurait point à faire eonnaitce publiquement Jeji;
?'oy~nF de 80n action . m ait surtout parce que ~e ~~rait
•nuiLle, et parce que, le voulût-elle, elle ne pourrait le•
. .
n ui _ en aommc 1ont ex trêmeœent i implet et ne de-
,~

vraient sou]e,·er aucune difficulté; mai3 l'expérience


rxpliquer en un langage intelligil>le au ~and nom.ll~ : noua a montré qu' on n e !aurait prendre trop de précau-
190 OIUENT 1:1' OCCIDENT

tioat à cet . .rd, et aout aimoaa aùeuz doft~-


b ' . ~ Nr Où'-
~ po1.0t1 Ua excès d'uplicatioa l que de ruquer d.~
' 'ou noire peaaée mal Ïllterprétée; le. préeùioaa qu'il
:o"' ~ete en~re i apporter proeèdeat ea vande partie
u. mem,e lOue•, et, OOIIUDe eUeo répondent i une i.Dcom·
préb.enllon. que noua avoDJ elfectiv-ent coiUtalée en ~PITRE IV
plulleure etrc.onotanceo~, eUeo prouveront tuffitanuntnl
que notre cramte dea malentendw .n'a rien d't:ta;;ü~.
ENTENTE 8T NON FUSION

OUTES les civüioationt orientale~, malçi la uèt

T çande dilrérence det formes qu'dies revitent..


tolU oomparahlea entre eUe~, parce qu'ellet ont
toures un canctirc euentiellement traditionnel: chaqu<
tradition a aon expreuion et let modalité! proprts. JD.Üf,
partnut oil il y a tradition., au aeru vrai et profond de ce
mot, il y a niceaoairement accord sur J.,. principet. U l
dilférencet résident uniquement dant les formet ex~·
ritiU'et, dam lu applicatioDS cont.i~~&entea, qui toni
naturellement eondhionnéet pu let circonttancea, apé·
cialcment par les carac:èrea ethaiquet. et qui. pour une
dvilitation donnée, peuvent mime varier da111 eerlainei
IÎIIIilet, pnioque c'ett li le domaine la.i.ué io l'adaptation.
Mai&, là où il ne sub.We plut quo det formet extérieuru.
qui ne tradui~ot rien d' u11 ordre plut profoad, il ne peut
pluo 111ère r avoir que des différences par rapport aw:
alllrea civilitat.ioDJ; il n'y a plut d'accord poaaible. deo
lora qu'il n'y a plut de principes ; et c'e8t pourquoi le
défaut de rattachement effectif à une tudition oou1
apparaît comme la raciae m&ne de la déviation oeci·
clutale. At•lli .lkla•oDS·nout formellement que le but
~ntiel que l'élite ÏDteJieotuelle, ai elle arrive à ~ con,.
tituer un jour, deTI"a ...-ipu à aon aetivit~ e'eet le
ret4ar de l'Occident à une civilisation tuditioonelle; et
noua ajoutont que, s'il 1 a jamais eu IID dévdoppement
proprement oecide11tal en ce tens, c'eot le moyen ise qui
noua e.D offre l'exemple.. de iOrte qu'i.J •'agirait ea IO&Dmt .
192 OJUE:OT ET OCCIDa."T 193

non de copier ou de rttOD.JOtÎtue.r pu:remeat et iÎmple· En raiton de l'wûnrulité det principes. comme nous
ment ce qui exiila i celle époque (c:hote monifalemeal l'avon• dit, toutet let doc:trinet traditioa.ndl"' acutt
impotaible, c:ar, quoi qu'~n pré:endeot certaioo, l'lùa- d'eosenoe iden:ique; il n'y a et il oc peu t y noir qu' un•
toire ne ae répète pu, et il n'y a dant le monde que du méu pbyoique, qu<.llu qne soient let flçoot divenu
chotts aruloguti, non dti tho•e• identiques), mai• bieo. dont on l'uprime, dam la mesure où eUe etl uprima·
de •'en ùupirer pour l'ad1ptation néce,.itée par leo cir· ble, &wvant le lan'"'" qu"on a i "' dilpotition, et qui
coo•l&ncu C'est la. leJ<tuellemeot, ce que nou• avoua n'a d'ailleuu jamaia qu'wo rôle de tymbole; el, s' il eu
to~joura di~ et c'est IYec intention que oous le upro. eal ainsi, c"eat tout limplem"-D: paree que la vérité est
dUIJOOJ da.DJ Jet ttrmH mêmt.~ dont D OUI DOW IOIIXDtt l une. et p•~• que, êtlnt "" soi absolument indépendante
déji aen i ' ; œ la nou; parait ·~ net pour ne laisNr de nos coouptio111. <.Ile s~uopose poreiUement â tou.
place i. ·~cune ëquivoqu~. Pourt.ant, il en e!l qui 1'y ceu qui la compunoeo:. Do oc. deu:.~ tradition• 'éric.
iH>at mepn• de la f•çon l1 pluo •insuJi<re. et qui ont cru bln ne peuvent ea auco:a a.s , ·oppuu r comme contra~
poo•·oir nou• attribuer le~ intention• leJ plut foou i1 &.. dictoireo; o"il nt deo doctrinet qui sont incomplète~
1-.o, por exemple celle de • ouloir reotaurer quelque (qu"dlet l'ai ent toujours é. é ou qu"une portie • • a ooil
cbote do comparabl e • u <1 •rocrétiame ,. alexandrin· p erdue) et qui vont plus oa moio.J loin, il o·eo est pat
nou• y reYÎeodrons toul à l'heure, m1it préei•o01 d"abord moinJ vrai que. j:.nqu'au poiat olt tti doetrints s·arré--
qu~. q>und oow porion• du moyen i ge, nous avooJ 111r• tent. l'aceord avec IOJ autrei •ubtilte. quo nd même leun
tout en vue lo pé.r iode qui a' étend du rôple de Charle· reprdeataa·a actuda n·eu auraient pat corucieoœ; poa.r
m•&ne •u début du Xl\'" tiêcle: c ett a~ loin d'Al~ toal ee qui tt:t au de.là.. il oe uur.ait êlre question d·ae--
drie ! Il M vraiment curieW< que. loroque oouo of6rmoaJ cord n i de dé..ccord. m•is oeul l"tc~prit de •y•tême pour·
l"uiÜté fo ndamentale de toutet lc:J d<Xtrinc:J traditioa- rait bi re contester l"exù:"oce de cet « au ddâ • · et.
nelleo: on puùte comprendre qu'il t"apt d'opér"r Wle uu! ..,ue nê~lion de parti pris qui ruoemble un peu
• luiiOD • entre dea tnditionJ d ifférent"• et qu•oa uo trop à cellet qui sont œutumièr-e. à rapril moderoe..
oe rende pu compte que l"occord our les priocipeo ne tou: re que peul faire la doctrine tlui e.at ioeomp lète.
•nppoae aucunement l'uniformité: cela ne neodrait-il c'ett de a"avouer incompélente à l"isard de C'e qui la
P~• encore d e ~e défaut trèt occidenul qu'OJt l"incap•eité dépau e. En tout caa. 1i J'on trouvait une contradiction
tl •,'.1er plu~ l?•n qu e let apporencu extérieures ? Quoi •ppartnle entre dcu• :n ditions. il faudrait "-D conclure.
qu il en t oit, il ne noua pa rait pu inutile de revciÜr tor non point que" rune est vn.ie et que r.utre etl {a~,.
0"-lta queation et d'y inliottr dlnata&e, de maiÜère i ee ma i!! qu"il y .-n a au moint une qu"on ne comurend
quo DOt intentio01 ne soient pla• dénatonleo p•reille· qe''imJ••rraitt"mc:nt: et. en ex2minant lf"t cb0Sf"5 dt plu.!
meat: et d'ai!Jeor-o, meme ~D dehors de cene conndéft. près. o n s·apf:n~vrait qaïl y a~ail dfec:ti,eavnt o ne dt
tio·a , la ehoee n'ett pat••D• lDtê:rèL ces trreura d'"interoritalion auxque11e-• les tlifféren~
d,e.."Corn.s.ion Pf'UYent donner lieu trè:f facilement quaad
012 '! ,..t in•uffu1mmeot habitué. Quint à oou.•. d"ail-

u
194 \95

Jeun, DOUJ d~VOIU dire que, ea fait, DOIU DC lteUYODJ aeeord, il faut olon drectutt Jo truspo.;tioe qui ....ci-
pu de telles coatradirtioœ. lalldia que, par eoatre, DOIU Ille à ceo véritéo leur ~a~a le plas proJ011d, et le aoiD-
Yoyoao apparaître fort ehinmeat, ooaa lea fMmea les phyaiciea oeal peut le faire, parce qa'il ae place •• delà
plaa dinne.o. l'UJlÏté doctriDale eueatielle; ce qui DCHh cie toaleo les formes pu:iculiêreo et de toua la points
é:oane, e'at que ceW< qui pooeal ca pTÎDciJN' l'exiott.~~ee cie ..-ae apéc:iau. Métapbyaique ct reüpou ae aoat p11 et
d'=e c tradition primordiale ,. UDique, comma.ae à toute ae aeroat jam.aù sur lem~ plu; il rémlte de là, d'ail·
l'hlllll.tniré i aea origine., ne 'l'Oient pu la eo~Uéqae<>Ca lcars, qu' ane dodri.ae pu~mt liiiuphysi~ ct mte
qui ooat impliquées dano cette affirmation oa ae oacheat doc:riae relisieuae z:e p~uYcnl ai se faire c:onc:aJTCDce ai
pu lea ea tirer. et qu'ilo soient parfois tout aalli ochat1 entrer en eoaftit, puisque leurs domaines sont aettea>cat
néo que d'outrea à doleouvrir des oppooitioao qui 10at diHéreau. Mois. d'autre put, il en résulte ouui que
parement imapnairea. Nouo ne parloaa, bien eateada. l'existence d'une doctrine UJlÏquement relipeaae etl
que des doctrine• qni sont véritablement troditioaaell... ia:mfliuate p<>ur permettre d'établir une entente pro-
« or' bodoxea:. ai l'on veut; il y 1 dea moyeaa pour foAde eomme celle que a ouJ avoaa en YD.e quand aow
reeoon•it.re, aana •uea:ne erreur pouible. cet doctriDes parloDJ du upproebemut intdlec:tuel de l'Orient et de
pormi toutes Iea outrea, romme il y ea a aaaai p011r I'Oc:cident ; e'eat p<>urquoi a ou• avoaJ iruiaté 111r la
déterminer le dqré cxoet de compribeaoioa oaqurl aéceuiti d'o«e~mplir cu premier lien un travoil d'ordre
cort'Cipoad une doctrine quelconque : moio ee a 'est pu méuph)'>iqae. et ce n'at qu'ensui:e que la tnditioa
là ee dont il s'•sit présentem.e n:. Pour rétamer a.o tre reJi&iea..e de l' Occident, re.-iTi&ée et restaurée dana aa
peaoée en quelqu., mot&, noua p<>UTOn& dire ceci : toate plénitude, p<>urroit devenir atilisoble à cene b. çice
vérité ~lt excluûve de l'erreur. noo d"ane •at:re •éritê à l'adjonetioa de l'élément intérieur qui lui fait aettlel·
(on. uour mieux aouo uprimer. d'un outre upeet de la lement défaut, maù qui peut fort biea .-eair s'y 111per•
vëri 'ë): et. now le répito~ t.out autre u d utivieme qae p<>aer liDI que rien toit cbaDié extérieurement. Si aae
crlui·là n' est qu'esprit de oystème. incomporible ovec: lo enten te eat pouible eatre let représeatanta des diJJérea·
compréhension des principeo univenels. teo traditions. cl aous &IYODI que rien ne a'y opp<>ae CD
L'1ccord, portant usentiellement su r lu principe•. principe, cette entente ae pourra oe foire que par CD
ne peut être vniment comcie:nt que pour lu doe:rinu haut, d e tdle (oçoa qae choque tradition 1ardeu 1011·
qui renferment au moins une part de métaphysiqu~ ou jours ton entière indt.peadaoce. O'Vee leo formes qui lai
d'inteiJecluaJité f>Urc: iJ ne J'est pu pour celles quo lODI oont proprea: et Jo muae. tout en participant awt bhob
limi "éet ttrietement à une forme partic:ulië.re. par uem· fiee• d e cene entente. o 'ea oara pu directement COD·
pie io lo forme rdirieuJ&. Ce!H'ndant. cet accord n'en <Ôeace, car c:'clt là ODe chose qui De COnc:erne qae
•.xiUe pu moino réellement en pareil cu. ea ce aenJ que l'élite. et même c l'tlite de l'él;te ,., ..U.-ant !"expression
1., vérités tb~olociqueo oeuveat itre rf'Prdéea cc.~ qu'emploient eertaiaea écol.. i<lamiqu~
uac traduction. Îl un point de vue JPd:ΕI. de «.ruia~ OD voit combitn tout cri• f'St éloi!Jiê d~ ooo• ~~~
,·ôri:~ métaphy•iqueo: moia, p<>ur faire opparaitre c•t qT011J quel• projeto de c fuoio11 • que nous nprdooJ
191 O&ŒNT ET OCCIDEl'IT 197

comme pufoi~meat irruliuhles : aao lnclidoa a'esl oc:cideotolo elle-même dans ooo intéçal.ité, comme elle
pu une eboae qui peut a'invea:er ou te créer arti.ficid · peut permettre de comprendre les civili.11tioo.1 di•p•·
leme nt; en rauem.blant Unt hien que mal dt.t élér:nmu rues : ces dewt cas aoul tout à fait comparable., puisqu'il
emprun.té:s à det doctrinea diverus, on ne eonrtitnen faut hien admettre que, pour J. plw va.odo partie, la
jamaia qu'ane ~oeudo-traclitioa una •aleur e1 una por· tradition oec:identa.le es1 préoeo~ment perdue.
1ft. et ce aoat la des fonta~es qu·il con,jeat de loiaer Là où now eovïsa&eoaJ une t)'llthèae d'ordre tr.,..
' "". ~cultùtes et ~wt th~sopbittes: pour a,ir ainù, i! u
w;dul comme aul point de déput pomble de toute.
fau •snorer ce qu ut vraJ.ment one tradition. et ne pa. les r&liaatioa• ultérieure~, certoim ,·imapaeot quïl ne
oomprendre le aena réel et profond de. cea éléments Cf<l~ peut ëlre question que d·un c syoerétiame,. plus ~>u
~'on •:efforce d·uaocier en un ensemble plus ou moins moinJ confut; pourtant, ce aont là da ehoae:e qai o'oat
meoherenL Tout cela, en a-omme.. a 'ut qa · uae sor1e rien de eomma.n, qo:i n'ont p11 le moind.r e rapport eor~
d' • êdtttisme •· e:t il n"e:Jt rien à quoi ... ous 1 oyon! ohu elles. De même, il en est qui oe peuTeot p•• entendre
r~!Oiume:nt oppo1é. préeiséme.nt par-ce que oous vo}om prononcer le mot d. c ésotérisme,. (dont nous a 'ohuJon•
1 accord profond aout la diveni.é d~ formes. et paru pu, on eo ..,...,..;eodra) saas peJUU immédiatement à
q'Ut DOUI VOYODJ I UJIÎ.tn même trmpt. Ja raison crëtre l'oceultisme 0 11 à d'agtreo choses du meme p;eare. d&DI
de ffi fortJ)u muhiplu dam la variété dea coaclitiona lesquelles il n·y a pu troee de >éritahle éoo•érisme: il
auxquelles ellea doivent ëtre adantée•. Si l'iturle ""' eol incroyable que lee prétentions les plus injuatiliée•
~ifférontea do.etriae• tradi:ionnellea a une très grao.L. &oient si facilement admise• p•r ceux mêmes qui eu nient
Jmnr,rtanc~ test pa ret> qu'elle permtt de eon.st.ater eette le plus l'rand intérêt à lei réfuter; le seul moyeu ef6eace
concordance que nou1 af6rmon.s id: mais il ne !au rail d.e eombaure l'oceultilllle. c'est de montrer quïl o·a
a'aEÎr de tirer de ce'te érude une d()('trine nouvelle.. ~t: rien de aé.rie~ qui) o\~t.t qu'one invention toute
q ui. lnin d"itre eon forme à J•e!prit tuditionnd, Jui serait moderne. et que l'éso:érismt. eu vrai leDI de f t mot. est
a h"'lument contrair~ Sans doute:~ quand lu i:limenb tout autre chose que eela en réalité. D en eat oDJJÏ qui.
t~•un l'~'rtain ordre font défao:. eomme c•est le eu daru par unt autre eooJu.sion .. troient pouvoir traduire c êso·
J'O,.riti~nt actutl pour tout tt qui est purtment mét:a. t.êrtame • o1r « snosticisme a: id .. il t'agit de conception•
ph~•''lue. il fant hi•n les ch<rcher ailleurs. là où ils •• •oth eo'iquement plo.t ln('iennes.. m•i• J'interprilation
trnu•·•nt : maïa il ne h ttt pu ouhlier que la métaphy•i· n'en est pu poor cela plw eu de ni plu• justo. Il est
qu,. ~'t e~ntiellement uni~,.r-RIIe. de sorte que ce n'm U8U difficile de savoir aujourdnui d'ane mooière pré-

P•• la même those que s·il était qot§IÎon d ..élé.ments •• CÏR ce que forent les doctrines aua ... ri~ qui ooat
réfrr:lnt à un ordre par·iculil'r. En outr~ rexpr,..!"ÎOD réuni« toUJ ~ttt· dénomination ,:énêriqae de c puMti-
orif'nla 1e n'aurait jamiÎ.J it être ac~imil« que par rc.Hite, eùme 10. et parmi leoquellea il 1 aurait 1101 d oute hinl
qn: ,f,..,·rait ens-uit,. faire n-rn·n"" rl'atfaptatinn; et la co~ 4.ea dittioctioot à hire ; mait.. dao• l'enKmble. i1 aPOI •
Da ··~=-~~~ ~~~ d~trin~· de rOri,.nt perme:lr2Ît. par UD rait qu·il v eut là d03 idées nrientalea plus oa moins défi.·
f'm ., ·"• JUdtr.u'•ux tftt 1 ena1ns;if>_ •le rf"~taurt'r la tr~ditioe prée., probablement mal eomprÎieo pa.r les Cre«, et
198 199

r.:vêtw:1 de formea im.asiaativeo qui ne 10ut ~èn com· oemento d'érudit&; si la connai..aoee de l'aotiqui:é peut
patibles avec la pure iuteiJeclualité; on peut uourém~nt '1 jouer Wl rôle., c:e n 'est que cl.ana la mesure oà elle aidera
trouver ...,. peiue des cboua plu• clipes d'iutént, à comprendre YT&iment eertainea idée&, ~~- oà dl~ appo~·
moiuo mélanséeo d'éléments hétéroditea, d'une val_. tera encore la confumation de cette Ulllte doc:nnale oa
beaucoup moius doot.eu•e et d'une oipüication ~auconp te re~~con.trent toatea let ci vilisatioo_s.. à l'exœption dt

plw aûre. Ceci nous amène à dire quelques moto en œ la aeule ciYiliu.tion moderne, qui, n' ayant ni doctrine ni
qui concerne la période alexaodriue en général : que 1.. principes. eat en dehors des voies norlilàlèi de l'huma•
Greca se aoieat trouvés alon en eontaet auez: direct avec ni té.
l'Orient, et que leur eoprit oe ooit ouvert aÎDii à des • Si l'on ne peut admettre aucune tentative de fœion
conception• auxquelles il était resté fermé jwque là, entre dea doctrines différentes. il ne peul pu daYan~
cela ne nous puait pu contestable; mais, malheurenK- être question de la substitution d'une tradition à uc~
men:, le résultat semble être demeuré beaucoup phu antre: non seulement la mul"iplicité des formes tradi·
prés du « •yncrétisme » qu.e de la •éritable I}'Dthèse. tioandle& o'a aucun inconvénient.. mais elle a au eoa··
Nouo ne voudrions pas dépréeitr outre mesure des doc- t.r aire des avantages très certaÎDI; aJon même que cu
trines comme ceUea d.,. néo-platonieieD$, qui sont, en fo.r mes aout pleiuemenl équivalentes ou fond, chacone
tout cu, iucompara.b lement supérieures à toutes le1 pro- d'ellet a a raison d'~tre, n e serai:..:e que parce qu'elle
dac:ions de la philosophie moderne; mais enliu il vaut est mieux eppropriée que toute autre aux eonditions
mieux remonter d.irecte.me.nt à Ja sou.roe orienta.Je que d'au milieu dooné. La tendance à tout uniformiser pro·
de pauer l>Or de• intermédiairc'B quelconque•, et, de plua, eèd•. eomme now l'avons dit. des préjo&és éplitaires:
cela a l'avantage d'ëtre beaucoup plus facile, puisque les , 0 uloir l' appliquer ici. ce &erait done faire à l'eoprit
civilisations orientales exittent toujour&, taudis que la modero.e une conee:ssioo qui. même involonuire, n'en
th•ilis:a.tioo çecque n'a réellement pa• eu de cootinua- serait pa! moin1 réêD~ et qui ~~~ pou.rrait. a:oir .q ue dt:!-
teun. Quand on coonait le• doctrines orientalea, oo peut con;;équenees déplorables. Ce n est que •• 1Oeadent oe
s'e..o sen:r vour m.ie.u.x comprendre celJes des oéo-.plato- montrait dé6ni~ement impuiuaot i. revenir 3 uoe c:i\rj.
niciena, et même des idées plus purement grecques que lioa "ion nortMie qu'une tradition étrangère pourrait lui
celles·là, car, malgré deo difl"érences comidérablea, l'Oc· être impoaée: mai& alnn il n'y •.urail pas fusio·n: p~·
cidont était alors bien plus rapproché de l'Orient qu'il que rieo de 1péci6quement OCCJdental ne aubsisteraH
ne l'e&t aujourd'hui; maïa il ne oerait pu p~ible d e plu•; et il n'y aurait pu aabstitutioo non pluJ, car. po1t~
faire l'iuvene, et, en voulant aborder l'Orient par la en arrh~er it une telle ex_:,rimit~ il bndrait que l'Occi-
Grèce, on a'exposera_it à bien de. erreare. Du rette, pour dent eût perdu jn"'U'aux d•rniers vestiges de l'esprit
~üppléer à ee qui nauque à I'Oecident. oo ne peut traditionnel, à l'e:<<eptioo d'ont petite élite uns laquelle.
s'adruaer qu'i. ce qui a eon.servé une exisuaee effeeti•e: ne pouvant même recevoir ce"te tradition étnostte. il
il ne •'agit point de faire de l'archéolope, et les cboau !'eofonœr-ait inévitablement dan$ la pire barbarie.. MaiF-
que nous m\·ingeon.s ici n'ont rien à voir avec dea amu· nom le répétons. il ell eocore pertuis d'etpérer que ]f"s
200 Olllr.'IT ET OCODEl'IT ~ ET NON FCSION 201

choses n 'iront pu jwqu"à ce point. que l'élite pourn oe ..,OYOlll iotlrea>d an oort de l'Occident pu la préKJoce
constituer pleiuemeut e: accomplir soo rôle juJqo"au Blême de cette <.lite, ne aaaquenieo! pu de répondre l
bout, de telle CaÇ<>n que l"Oa:ident ne soit pu seulemeot cet appel. car la seule condition qu'ils exiselll, e'at b
sauvé du chao• et de la diuolution, DUIÏI qu'il retrouve compréhelllioa (el cette eonditioa unique ut d'ailleurs
les prinripes tt la moyens d'un développemeu: qui lu.i impo•ie par la (oree dea choseo) ; aona poo•om af6n:ou
'Oit propre. tout en étaut t11 lurm<>nie avee celui det que now u'a•oDJ jamaiJ YU aucuo Orieo:al peni.tte:r à
tlilres civiliutionL t'enfermer dont u réatrve habituelle loNqU'il se trou•'e
Quant au rôle de l'Orient en tout cela. rélamo...Je en (ace de quelqu'lU) qu'il jase su.s ceptible de le com·
encore. pour p)u.s de dar:ê, d'one manière ao.,i prée~ prendre. C'eat dont la aecoade période que l'•ppoi des
que pouible; nou• pouvoD! distillguer a oui. soua ee Oritlltaux pourTait ac maolfetter a.imi effectivement;
npport, la période de COD!titution de l'élite e t •• période nous ..·oru d it pourquoi cela suppouit l'élite déjà eon·
d'action tffeetive. Dans la prtmière, c'est pu l'étude d.,. tituée, c'at·à-.d_ire... e n somme. une orgaaùatioo occidea·
doctrine& orien:ales, plus que o•r tout autre moyen, que ta.l e capable d' entrer en relatiom avec lea orsaaiutionJI
eeux qui aeront appeléa à faire portie de cette élite pottr· ocientalts qui trava.illent dau l'ordre intelleetoel pur, el
ront acquérir et développer en eux-·mêmea la pure intel· de recevoir de celles-ci, pour lOD action, l'aide quo J>"O•
lectualité. puisqu'il• ne •auraient la trouver en Oeeidut ; TeJtl p rocurer dea (orees Kcamllléea depuis oo temp.
ee n'ut que par Iii ~alement qu'Ua ponrTont apprtndrt immémorial. Eo pareil cu, Ica Orientaux auoot loo-
f'e qu·r:ft. daot st:J divers éléments, une ei•ilU.atioa ti'01· jours. pour let Occideotaux, dea gu.idet et dea c (rèrra
ditionae:Ue.. car one connaiuaace au•i dirtcte qut po. ainé! •: maia J"OeeideDl, u oa préttlldre i traiter nec
riblt ea: oeult valable tn pareil Cl5. i l'exdouion de toul ea:s dëp_l il qal, a 'en mérit~n pas moiUJ dtêtre cooJ.η
u•oir aimple.rne.nt « livrelq'Ue », qu.i. par Jui--më.me.. n'at déré comme une puiounee ao:oaome.. dès lon qu'il poa-
pas util i11ble pour le but que noua enviaaseooa. Poor aédera une t.Ue orpniutioo: et la répusoanœ pro(ooJe
que l'étude dea doctrines orientalea soit ce qu'elle doit dea Orie:ntoux pour tout œ qui r-emble i du proaély·
être. iJ est oêceuaire que certaines iodjvidaali ét .eo·ent ti.sme aera pour son indépendance une sarantie sul6·
d'intermédiaires. ainsi que OOU& ravODi ex pliqué. enl t< aaate. Let Orientaux ne tieoneot nullemtnt à e'auimiler
let détenteurs de ces doctrines et l'élite occidentale en l'OeeideDt. et ih préféreront toujoa n de beaucoup Cavo-
format ion: c'est pourquoi nou• parlons t rulement. pour rùer UJl développe:meDI oceide:otal eoaJorme aux pria·
eette dernière, d·uoe eonnaisunce auai directe que pOi· cioea. pour peu qu'il• en •oient la pos.ribllité; ee:te poa-
tihle, et non abtolument direct~ pour commeacer ton i IÏhilité. c'est précisément l ctJŒ qui feront partie de
l a moin1. ~b it ensu ite~ qu.aod un premier tn•ail d·a.u·i · rwte qu'il appartieDI de la leur montrer, en prou•ant
mil1tion 1urait été aioJi accompli, ri6 oe a·oppoteuit par leur propre uemple que la déchéance iu:elleeta eUe
i ce que l'élite elle-mime (poiJque c'eat d'elle que devrait de l'Occident n'at pu irrémédiable. D o'agit donc, DO:>
noir l'initia ti•e) fit appel, d'une (aÇ<>o plna immédiate. d'imoo~r à I"Oeeidtal une traditioo orientale, doat le.
au repria.entaata det traWtiona orieD:ala ; et ceu<i. _. fonnea ae eorreapondC1lt pal il A mentalité., maia de rea·
202 OIUE:-o'T ET OCCIDE.S T 203

laurer Wle tndition e>«idental e avec l'aide de l'Orient : lité oceideatale. commencer pu l'êtude des doetrine& de
aide indirecte d'abord, directe emuite, ou, ti l'on vent, rOdtDl (nons parlons d'Wle étude naie Cl profonde,
ùupiration d&ll! la première période. appui effectif dans avec tout ce qu'elle eomporte quant au dé,•tloflptment
la !•;onde. M~is ce qui n'est pu pouihle pour la r;éné· J>ONIODnel de ceux qui sy linent. et nou d'une étude
rallie ?e• ~cc1d~n~aw: doit l'être pour l'éli:e ; pour que ex~érieure et superficielle A la mani~rt dt' orieutaliites).
oelle·c• pu1sse reah•er lee adaptations né<:cuairee, il (aut nouo devoue indiquer les motifs pour luqud& il con,·ient.
d'abord qu'elle .Ut pénétré et compria lu (ormet lrtdi· d'une t'açoo r;éntrale. de s'adreutr ~ tdle tle ct! doc•
rionnelle• qui eris:ent ailleurt ; il faut aussi qu'eUe aille trina de or~férence aux :2utret. On pounait. rn tffet.. se
au deli de toutes les formes, quellet qu'elles •oient, polir demander pourquoi nou~ preuonJ pour point d'appDJ
.. i•ir ce qui conetitue l'eueoce de toute tradition. Et principlll 11nde plutôt que t. Chin~. ou •nror~ pourquoi
c'eat par là que, lor•que l'Occident •cra de nouve~u en uoth ne res-ardon• pAl c:omme ploc Al"&nllf-CU:ot de- DOW
roueuioo d'une civiJiJatioo régulière et traditioooeJlc., Joa •.,r sur,,. qui ..: le plu• proeb• de l'Occident. c'eit·à·
le rcile de l'élite de,.,.a encore oe pounaivre : elle eera ,lire- su r !t- côlé r-so·~ri(JUe dt l:t doctrint i•larnique.
aJou ce 1••r quoi la <iviliution occidentale oommurù· Now nou# born•·:-on! d·a~illf"nr! it cuntidirer f'f'"'" troiJ
quert1. d"unf' fa':on ptrml'nente Avec les autre. civiliu · :.trouJdr" li\,·i,irm, dt rOrit.•nt; tOul ft rr:-tt t~t. OU Jt
tioot, ca r one telle commuoica:ion ne peut ,'êt.ahli r et ~uoin:irt" unporl!lace. ou. rommè Id dol'lrinu thibé'ai·
~• mointenir que par ce qu'il y a de plus élevé en ch•· n~.:- tr1l. •utnt i!'!Uoré dt~ Euroué~·ui quïl ~t'rait bi~n dif·
cune d'elle.; pour n'être pu eimplement accidentelle. ficil~ d• leur tn parltr d'un~ r.~on inl•lli<=ihle a,·ant
elle ouppo~e la préoence d'hommes qui soient.• en ce qui 4.1u Jh aie ac compru dei cho::e-" mo•n~ tou!rmtrat i'n.a·
1~ concerne. dégagés de toute forme particulière, qui aêt<'" 3 leur man!;·cr- b::tbituc-11~ ,,,. v :on .. rr Pour c~ qui
••ent la !)leine consc:ienee de ce qu ïJ y a derrii:re le. ~!l d(' ln Chinr. il ' 3 dt-J rai .. on" .. imila irr• ""' llt" 02... ~·~
formee, d qui, •e plor,ant don• )., domoine d .. princiP'• att.ftt'hrr "'" prrmier lieu : lri fvrmn par lt>ique:le~
let pJu~ trao!ce.odanu. puissent parriciper iodistinctt· . ·e"i•rÎmt'nt ~~! doctrines aout "r;~imf'nt lrop loin dt" la
ment à toute• les traditioo1. En d'au :reo termes. il fau. tOc>lllali.cé ~~~~id.:nt.ale . .:t le~ m-.:1hoclrt d"t>o"eipuentent
tirait que I'Ocddent porvint finalement à avoir de1 qui ~· 1oat eu u~•Ft !lODI dt> n;\'ure à tl~roura,-t"r prompt!"·
repréeeotanu dan• c• qui ut dé•igné oymholiquem~l UltiH lt"d ruic ux douétt dt3 f.urofl~fnè: hitn rc-u nntn·

comme le «centre du monde" ou p•r toute autre hh·u~ ~traitot ceux qui oourrAitot réaitler à un tra\~ail
exprel!ion équ.i valente (ce qui ne doit pu être entendu entrf'rri.J •uivaat dr Kmhlahlt"-1 m~d,orlf"J. rt. ~ ï1 ~· a
lit ' éralement comme indiquant ua lieu déten11iné. quel Heu auurimtnt d'tn,-is3~tr en •oui ca .. une S-éltttioa
qu'il puiuc être); maiJ, ici, il s'apt de cboaes trop loin· fort ricourf"uS«". il faut ttptnd2nt ë"ittr aul3nt qur po..
tliDt!. trop inaeceuihles présentement et uns doute J,il•lr Je.. difricultét qui ne: titnduit"tU quÏ1 d ..~ contio·
pour bien longtemps encore. pour qu'il pui<3e être vrai. St.Dt"c"!. tt qui pro,·i,.ndrai~n· p1utt•t du t~moiram~nt
men• utile_d•y inaiater. inhfr,•nt à l• rart <JDt d'un dHaut .,:,) de bcult~• int•l·
l\hinten•nt. puisqu'il faut. rour rê•·eiller l'intelleetoa· lectuc:H,··· Lt.. rormf"!C d"t X!'ft'UÎOn titi ..lo('trine-• hio·
...

2M O&JL"'T ET OCCIDENT zos


douea, tout co é.taDt encore utrème.meut d.ifréreatea de laiDe metlUet )•élite t..n •oie de ~o.~Utita'liou aura biea
toutes celles auxquelles est habituée la !'<'n.oée oc:dden· _ .,. à faire pour n incre l'hostilité à laquelle elle M
tale. lODI relativement plus aseimibblea. et eUe. réler· heurtera f<>«ément de di•en côtéi. SlllS l'oceroitre ioo.
nnt de plut lar&el pouibüités d'adaptation ; now poar· ti.kmut en donnant lîr,u à de fauues •uppositiona que
rion• dire que, pour ce dont il t' apt, l' L>de. occupant la souiae ct la mal•eillonœ combinées ne maoquerainll
ue position moyenne dans !'en~emble oriental, o'e•: ai pao d'accréditer ; il y r,n auu pro!'"~l~ent de l?uu,
trop lola ni trop pr~• de I'Ocddeot. En erFet, il y ourait bçun., maïa. lonqu'on peut les p_revotr. il ~aut nu~
auui, à 1e buer 1ur cc qui eo est plw rapproché, du faire en aorte qu'ellea ne ae prodw.sent paa, 11 da m01111
ioconvénienu qui, pour être d 'on outre o:rdre que ceal la ehooe cat pouible una entraîner d'autres coruéqueJ>o
que noue tignoliont tout à l'heure. n'e111 aeraient P•• ..,, encore plua fiehewet. C'est pour cet:e n iaoa qu'il
moina auez vavea; et peut-ëtre n'y aurai t·il pli beau · :te nouo parait pao opporton de s'appuyer prind p aJe.
CCiup d'ovantage1 réell pour lea compen.e.., cor la cîYîli· men~ &ur )'étotériJme idamique; mail. natureflement,
utioo b lomique es t à peu prèa auuî ma l coa nue deo eela n'empêche pu que cet éiotérisme. étant d'eaaeoc~
Oecidentoux que les cîviliutîooa plw orientale•. et tor· propnmeot métaphyaique. offre l'équivoltnt de ee Cf"'
tout • • partie m~taphytique, qui Hl cdJe CJliÏ a ow iulE. .e trouve dan.t le:t auLrea doctrines; il oe •'.Pt doac en
ftsle ieî, leur éch oppe entièremenL fi est VTii que een< tout ce.ei. DOOJ le répétoaa. que d"une aimple quntioo
civil iutioo islomique. avec aes deux fiees éso:érique tt d'opportunité. qui ne ae pose que parce qu'il con•ienl
exotérique. et avec lo forme relipeuae que rnèt eeue de ae placer daiU Ica conditioru les plw fa•orahlca, el
tlernière. etl ce qui ressemble le plw à ee que .eroit une qui ne met pat en jeu les prineipu m~mes. .
civilisation traditionnelle oceidentole : m1i 1 lo présen« Du rcate. ai now prenons la doctnne !ûndooe po11r
mên•e de cette forme religieuse. par laqndte 11 alom :ien t oentre de l'étude doat il •'&&ît, eelo ne veut pu dire que
ea quelque aorte de l'Occident, risque d' éve iller certaiou oous enteadion• now '1 référer exdwivemtnt; il ûnporte
auaceptibilitë. qui, si p eu justi6ées qu 'ellea toient au a11 con raire de h ire rtaor1ir. à son occ..asion. et chaque
fond. ne teraient pu oans danger : ceux qui aont inco· foio que leo c.irconttannet a'y prëteront. la concordance
pahle1 de dia:inguer entre leo différenu <loma ioet crot· et l'équivalence de tootea les doctrines métaphyaiquca. n
raient feu11ement à une concone.nce Il. : le terrain reli· fa ut montrer que. aow dea expreuioiU diveraeo, il '1 a
peux; et i.l y a certainement. dan• la maue occidentale des conceptionl qui aont iden:ique1. paree qu'elle• cor·
{où nous comprenons la plupart deo p.eudo-intellee· retpondent à la meme Ytrité: il 1 a meme porfoi• del
tnelo), beoncoup plua de haine à l'égard de toat ce qu i aual o~ea d'aotaut plot frappanteo qn'ellea oortent aur
est ialamiqu e qu'en ce qui concerne le reot e de l'Orient. des ooinll trèt particuliers, e: aoui one certaine comma ·
La peur entre pour noe bonne part dona l es mobilu ck nauté de symbolca entre dea traditiom différentes; ce 1011&
oette ha ine. et cet état d"eoprit n'est dil qu'à l'incom· là dea eh-. aur leaqueUea oD ne •aorait trOp at iru
préhr,naion, maïa, tont qu'il exia:e. la phu élémentaire l'•ttt.Drion. et ce a'H.t point laire du c syac:rêtinae • oa
p rndcnce exice qu' on en tienne compte dana ..., • .,.... de la c htioo • qne de coottater cet reasemhlonnet réel-
206 0 1\ŒNT ET OCCDIENT 207

lee. u:te aorte de pu aDéli.tme qui existe CD!re toute. lu est partout sous la di''~nité; elle y dl comme cool~
. .
cinliutiont pourvuet d'= can etère m clitioDDd et .....
De peat etonner que let homme• qui ae eroie.at ê aaœae
,-; queace de l'universalité des principes : que la vérité
o'impose pareillemeot il des h ommes qui n'ont entre eux
Yérité trameendante. à la fois utérieure e l aupérieare aot:Dlle relation immédiate. ou que des rapportJ iatelleo-
aDJ< eonceptiont hom.aioes. P oor notre part, noua ne todt effectifs.., ma.iatienneat entre lu représtolloll de
peDJona pu que dea cinliu tiooa comme cellea de l'Inde civilila:ionJ diverses. c"est toujours par cette u.oiver·a.a·
et de la Chine oient dû néceouiremeot eommaniquu lité que l' une et l'aulre ehose oont rendues pouibles: el .
entre ellea d'une façon cli reC:e a u cou rs de leur d h e· si elle n•était conteiemment anentie par quelquei·UD.I
lo~pemeot; ce.la .n'em.pêehe P"' que, il coté de clifféreoceo1 au moànt, il ne taurait y avoir d·aecord vr·a iment Jtablè
trea ne lies quo 1 t><phquent pa.r lea eoo ditiona ethn.iques et profond. Ce qu'il y a de commun à toute eivilisation
et autr·e t, elles prêtentenl d .. similitudes remarquables: normale. cc sont les principes; si on leo perdait de vue,
e.'. oo.us ne parlonJ ~u ici de l'ordre métaphysique. où il ne resterait ~u<re il thacuoe que les caractères parti·
1 equovaleote ell toujoora parfaite et absolue, mois de 1 cnlieu par leaquelt die se cliffêreocie dei autret, et lu
~pplicatioru il l'ordre det eoolin!eDeeL Nall.J rellemenl. res..mblaatet mëme• deviendraient purement 1Uper6·
il faut toujours réserver ce qui peut appartenir à la cidles, puisque leur ' éritable raitoa d'être ••rai: ip>o-
«. t~adition .P.rimorclialelt: maU., cdle-ei étant, par d~. rée. Ce n·ett p.aJ qu·oo ait absolument tort d'invoquu.
ruDoo, an:eroeure au développement tpéeial dea civili· pour expliquer certaines reuemblanceo !énérales. l'un.iti
utiona en question, son existence ne leur enlêYe rien d• de la aall.Jre bum.• ine: mais on le fait ordin•iremeut
leur indépendante. Ou r ..te. il faut eoooidérer la cIra· d'Wle façon trës >15t1e et tout io fait inlufiiunte, et d'ail·
dition primordiale » comme concernant eueatidlemc.ut leurs le• différentet mentales sont bien phu sraod.. e t
les priocioea: or. ! ur œ ternio. il y a toujours eu ue vont beaucoup plut loin que ne peuvent le wppa.er
certaine communication permlllleote. établie de J'mté· ceux qui ne con naÏI!~nt qu·un uul type d'bumaniti.
rieur et pa~ en haut, ainsi que noua l'iod.iquiona tout i Cene uolté même ne peut ê:re nettement comprite d
l'beure: ma11 cela non plu• u'offecte pu l'indépendante rece,· oir 11 pleine sls:ni6C';Uion sans une certaine eon.nai:t·
det différente• ch·ilisa:ions. Seulement. quand ou •• sance de• prÙ>eip~s. en dehors de laquelle elle e•t quel·
trouve en présente de certain& •ymholes qol sont les que p eu illwoire: la vraie na ture de l'espèce et sa réa·
mèmu partout. il e11 évident qu'il fa ut y reconnaltre lité profonde 10nt eiet choses dont nn empirlime que!·
une maoifeetation de ce:te on.ité traditionnelle fonda· f'Oaque nt saurait rendre eompte.
mentale: •i ~ônérale.ment méconnue de ua. jo...., et que Ma i$ rt\"tnonJ il la quettjoo qu_i nou.J a conduit à œ •
lee c leltDhttt:l » 1 acharnent i nier eoatme a-ne cho.e rom idér-atioas : il ne s.aurait ··•!ÏT en aaeune façon dt
parli~ufièr~me~t ~ên.ante: de tellet reneon'ret ae pe·u · oe c opo'd aliur lt dao• l'étude de la doctrine hindoue.
•·eot etre fortwtee. d aatllllt pla• que lee modalitéo d'ex· pnioqoe l'ordr< de lïntelleetoalité pure ut ce qui
pr... ioa ooat. <D elle•mêmes. ID.tcepïhleo de va riu ~ppe il toute spécialisa' ion. Toutes 1.. doc:triaeo qui
indëliniment. En somme. l'unité, polll" qui aait la Yoir, •ont mitaphy•iqut.m<nt ~ompli:t.. •out pleinement éqoi·
208 OIIJENT ET OOCID&NT 209

Ya_lenteo, et D OUJ poUYoDJ mème dire qu'elle. 1001 oéce. comme a out o tavom pu la préteatioo cfavoir atteint
oa•nmeat iden.ique. au food; il n' y a donc qu'à ee par aou•mème e.t U1lS aaea.ae aide lea idé:a que DODI
dtmaoder quelle eet celle qui préaeote le. plw çancls .......... être naies, nous estimons qu'il ett boo de dw
• :•ntaau ~aot . à . l'expoeitiua. et oooa peneoo1 Qlle. par qui ellea nous ont i:é tnmmües, d'autant plus que
dune mantere geaerale, c'..t la d octrine hindoue; c'ut nou• indiquon• ainti à d'autreo de quel côté ila peuvent
p our cela, et p~ur eela eeulemeol, que aow la prenoDI 1e dir i&er pou_ r le& tr-ou-Yer ê.Jal~ent; el~ en fait,. c:est
eo.III.IDe bue. S, pour. aot il arrive que ceruiDJ pointa aux Orientaux ._,dwivtm~nl que DOUJ devOnJ Cet tdcca.
IOttDt trajtéa par d'autree dOdrinu aow IUle forme Q·~ot à la qac•:ioo d'aocieooetê. ~i on Dt l~ eo~d.è~e
~•ra •su. o_t pl~ uai:milable, ü n'y a évidemmeat aucaa qu'biJtoriquement, e!lc n'til pu nOD pl ua dun 1nteret
lDcoaveJUeJu a 7 recourir; e •ett même là eu core 1UI capital; e'ett .. ulement qu.:u:td oo la raU>cbe â r:idêe de
moyen de rêadn matilleate cette coneorclonee don: 00.., tradi ion qu'elle prend on tout autre a•pect. mau aJon.
Y_tnoo!_de parler. Noua irone plu• loin: la trad;tioo, aa .. l'on comprend ee qu'eH •-n!ment la trad;tion. cettr
li.eu d etre un obstacle aux adaptation• ezjgéu par Jea q-a(-:stion &e réc,out d"une façon immédi•te. parce cyu·on
cu~ont~neu, • toujours fourni au contraire Je principe ~il que toot .e trou' ait impliqué en princire~ dët l'ori·
adequa •. de toutee eellee qui ont été oéc~e5, et ca 5Îne. dons CC \]Uj est J'es&ente même de Jo doctrine. el
adapt~h~os aout absolument lésitime•, dè1 lon qu'ellea qu'il n'y avait dëe Jo.- qu'à l'eu tirer par un développ~
oe mamUellDeot d&lll la lipe llrictemeot traditionnelle, ment qui, pour le food. oinon pour la forme, ne nurall
d~n• ce que oow avoDJ appelé a usai l' c or:hodo>tie ,._ comporter aocu.n e iuaovatioo.. Saas doute. Wlt œr.ituck
S• d?oc de ooavelleo adaptatiooe aoot reqoües., ee qa:i de ce ,en re n"etl père eommu..aic.ahle; mad.. 'i etrtairn
~t d aut~nt plw naturel qu'ou a affaire â uo milieu di(. la postèdeat. po11rquoi d'autres n'y parviendraient·il~
l~rtot. r•en ne t'oppose à ce qu·oa les formule en ,·u.. pas tout au).JÎ bie.u pour leur propre compte.. 1urtou:. P
ptra~t de ceii~.CfW e>ti•teot déji, mait en tenon: eomptt les moy~ns leur to sont fournis danJ toute la m~ure oà.
IUJJf des coodJtJons meatafH dt ce G:Jilieu, pourvu qu'oa ila oeuvl' nt d•être ? l..a c t.baine de la tradition • at
le ,faue. ave~ la prudence et la eompétence voulues. et renoue p•rloi1 d·uoe mao_ière bieD inat:e:ndue; et il CAl
q.u on ••t d abord comprie profondément l'esprit :radi· des hom.mc.s qui, tout en croyant I\OÏr conçu ~:pont~ni:··
!'-'onne l avec tout ce qu'il comporte; c·eat ce que rëHtc 10ent cerhioes idi~. ont pourtant re(U uoe •ide qui..
•ntell.ectuell~ devra faire tôt ou tard. pour toul ce dont ü pour a·a voir pat élé. conse.i emment aeu:ie par eu~ n·en
teu. ·~pou•hle de re · rouver uoe expreuion occidentale a pu moin• été efficace: à pluo forte raiaon IUle telle
anteneure. On voit combien eela est éloi.,é do · aide n~ doit-elle pu faire défaut â eeuJ< qui >< mettent
.d e vue d e.J"tru d"JlJoo
· : la pro,-enanee d"une.,..
idie ne: pooDt
0001
csp~ié-nt daru leo dispotitiolll •·ouluu pour l'ob'e-
uotéres~ paJ en elle-même, car <ct e idie. dès lon qu •elit nir. Bien eatt adu, noo ne: nioru point id la pouihili:i
es~ vraoe. eat indipendJOnte des h ommes qa; J'ont npti. de l'iatwtioo i.at<llectudle directe. puj~que uous P"-
mee tous.
telle ou ..telle
.
forme; les <on•;n•eoees
--o
L'·t . ·.
u..q on
teadoDJ ao contraire qu'elle est al.J(IIameat ind;tptJ>-
qaes n ont pas a toterYenir là.cJeclolll. Seulemen!. sable et qut, saDI elle, il n' y • pu de eoneeptioa métJO-

..
!10 OJW:NT ET OCCIDENT 2U

pbysiq~e elfcc:tive; ~·i• il hut y être préparé, et, quelles snprime (et q W, d iso.u-le en pat60nl, n'• absolumeat
'l"<' •o•ent le. faculte• laten:eo d'un indh·id u. nou1 dou· rien à voir avec le « sommeil quiétiJte », interprétation
tons qu'il ~uiue le~ développer par se. seula moyenl; bioarre que nont ovont rencontrée quelque part., et quj
to~t ~u m~ms faul·tl une circonttance queleoaque qui ne se justifie certaiaemeat par rieu de ce que a.ous ea:
~011. 1 o~c.. ton de ce développement. Celte circons:ance, avonl dit). De phu, là où la réaliiOÛOn n'a pao été pré·
~nd~eot. variable oelon les cu particuliero, n'el! cédée d'une préparation théorique ouf&..nte, de multi·
Jlm~t~ forlutle qu'en apparence; en réalité, elle eat ~u eonfutiotU peuvent oe produire. et il y • toojoan
IUJCtlee )l~r une 7•
lon tlont lea rnodalitêo, bien qu'éebap. la p ouibili.é de s'éprer donJ quelqu' un de c:et domaiaes
~•at Corcem~nt il toute obse.rvalion utérieu,re.. peuvent intermédia ire~ où l'ou n'eat point pranti coatre l''illa·
cire preuenhes par ceux qui comprennent q·u e Ja c IJOI· •ion; e'eot oeulement dallS le domaine de la mitaphyoi-
tf-ri"ê spiri~u~!le » eat autre ch He qu ·un vain Clot. que pure que ron peut avoir une teUe sarantie, qui,
Cependant, tl unporte de dire que lea cos de cette sorte ét•nl aequioe une fou pour toutes, permet euauite cfabor·
IOnt, toujours exceptionnels, et que, s·ils s;e produi,ent der aan• ù~nser n'importe quel autre domaine, ainsi que
t,n J abtenee de tou:e transmiujon continue tt régulière nous l'avon• indiqué pr-écédemme.ot.
~effectuant par un enseignement traditiounel oraaui~é La vérité tle fait peut parai:re preaque uét;IÀJeable a u
(~n _POU~rait en tro~ver que!quea .exemples en E~ropt. rega rd de la vérité de• it.lé~s: eepeadont., même datU
•mu 'fU ou Japon ), iols ne peuv<ot J•m•i• suppléer entiè· l'ordre dt:~ conûut;en~ il y a dea dearé• à ohterver, d
rem~nt à .cet:e absenu. d'abord parce qu'ils sont rares it y a ur:c rrnnûèrc d'enviaaaer les ebo~ea. en les ra:ta·
c.l _dttpertu, et ensuite v•rce qu 'ils aboutiM-enl à raequt. ch.a nt • '"' principes. qui leur confère une tout autre
11hOo d~ co~aiuanct! fiUÎ. quelle que St~it leur valeur. importonee que celle qu'elles ont por eUeo·mêmes; "'
ne 1001 JIDuns que frasmentaires; c.neore faut-il ajou:er que nous &\' ODI dit dea ,. oeienees traditjon.n elleo,. doit
<rue les moyens de coordonner et d'exprimer ce qui ..t surli .. à le Caire comprendre. Il n'est voint besoin de
conçu de eette façon Dfl' oruvent être fourni.~ en minte a·embarrauer de f)Ues:ions de ehrooolo1je. qui tont $00·
temp.!, et qu'ainsi Je profit en demeure nre.~•:ue exelulli· ,ent insoluble-, au moins par lea méthode• ordinaires; de
' 'emeot p~r~onnel '. C'est déjà quelque chose, • ssuré· r h illoÎre; rnaÏI il 011~1 Uai iodiffirent de savoir qut
ment. mats il ne fant pas oublier que, même ~u point •~Iles idéel appartiennent à une d oetriue tradiûounellr,
de ~ue de ~e profit per&<>noel. une réeliution partielle et même IJUe tdle bçoo de lea préunter a un aract~
et •~ complete, comme celle qui veut être obtenue e11 êpleme.at tuditionnel; oou• peJUoot 'JU•a n ·est pat
pareil. eaa, n'':'t _qu'~a fai~le riauJ·at eD comp•rai"m de néceu aire d'y in5ister davantas_e aprè• toutea leo conoi-
le. véritable reah>atll>n metaphysique que touteo 1.. doc- dêratioru que aoua 1\"''IH déjà upotêc.t F.n tout cas. si
tronet orientalu auip>ent li l'homme comme son but la "érirê de fa it, qui est l'•ecaHÏre-. ne .Joit pu faire-
(1) Il 1 auab id n r&PPf"udilt:IIIWftt • t. ,,.. A pqdre de 'ue la vérité dea idées. ')UÏ «t l'eo5elltiel, on
~!~~~~=· : PrtP,Ol 4u c ltau a,-.dqt~tt • : œ ::~~.~:~= ~': aurait tort de oe refruu à tenir compte de• a.,.otat;eO
. .• .. • ~--'.:'!:"'!'' COll'lp&rt.b l.n ; 10•• ._m.. " "' d·····
• ,,... ~u. _..,.. • 1 ••ff•i r
~
•upplêmentaireo qu'el le peut apporter, et qui, pour it.rr
212 O&ŒNT ET OCCtUKNT El'fTL"'tTE ET NO!"f FO!ION 2 13

~~~~enta co~e elle, ne iOot ponrtant pu toujoura à comme ..,ue.Jà ont dans leur ordre relatif, ellea peuvent
dédaigner. Savo1r que certaines idéeo noua ont été four· ~e le moyen de réaliutiooa qui ne aout ploa do domaine
.aies par les Orie.o:aux, c'e1t là u.ne vê·r itê de fait· cela contin&ent, et qui, pour tou• ceux qui y participeront
importe moias que de comprendre ces iàée·e et de :econ- ,ürec.ement ou même indirutemtot.. auront det con.eé·
nair_re qu' elle• sont vraies eu ~oj ; et, si eUes oou.s étaient quences devant lesqnellea toute chose tranaitoire a"efface
veuues d~aiUeun:, nous n'y verrions point uae raison de ftt diaparaiL U y a à tout cela des raioon• multiplea, doat
lo:t ~carter u prwri; mais, puisque 110ut 11'1V6ru lroovt lu plus profo11du 11e sont peoi•êlre pu cdlet sur ICI•
nulle part en Occident l'équivalent de cu idées orien · •{Uelleo nous avons inoiaté le plus, parce que no.u ne
tales, noua estimons qu'ii couvient de le dire. Auur~­ pou v ions IOD"er à ex'p oaer présentement le.a théori~
~ .
ment~ on pou_ r rait ae f aire un i UCcès facilt en présentaal métaphysiques (c.:t mèmc cosmoloz:iquea en cer tam,s c lll.3,
ur~.ame~ ~conceptions comme 1i on les avait eo queique par exemple e o ce qui concerne let « loi& cydiquea ,. )
tor.e creee.a de toutes pièce!-. et en dissimula nt leur ori- sana lesquelles elles ne peuvent être pleine.m nt compri·
Poe_ réelle; maù ce sont ià des proet:dés que nous M ~ t Q0\18 aVODI rinteotÎOD de le faire dftn • d'autru é U•
taur•o.n.s 3..1mt:lt~e.. et, de pius, ceJa reviendrait pour dr:a qui viendront en leur temp!.. Comme noo• le disiol's
cons o enlev~r. a ~ conceptiotu leur vé ritable portée •u début, il ne nous est pao possible de tout expliqut r 1
d leur AUlon te_. car 00 )M réduirait ai_nsi â 0 •è .re en la foi&; mais n oIlS n ·affirmons rieu gra tuitement, et noua
apparen"" qu'n:1e « pbiiosopbie », Diors qu'elles sont .1v~u .. conscience d'avoir da moin~ i défaut de bien
tout ~utr~ c.hos~ en réalité ; nous touchons ici, une (oit ·t'autres mér'ites, celuj de ne parle.r jamais que de ce que
de. plus, n la que.tion de l'individuel et de l"uni,·ersel, ••oua connaisson$. Si donc il en est qui a' é:touent de cer-
que. est atl fond dr :outt"i iu d!:l'l inction5 de ce senre. taine. considération-S auxquelles ils ne aonr pa& h•bituiF,
MaJa reato~ pour Je mom~ni, &ur le terra in des cootio- qu'ils veuillent h ien prendre la peine d'y réfléch ir phn
senc.s : eu d oiclarant hautement qu• c"ut en Ori ent qu.e ~Uentivement, et p eut-être s'ape.rce•ront-ila alors que cc.&
la conna:••a nce intellet'tuelle pure veut être ohtenut .. o\osidé:rations, loin d~être inutiles ou aupe.r 8ut.d, soot
r_o ut_e?' s e~1>rçant en même temps de réveiller 1'iatellfe- pr.;cisémt nl parmi les plus importaotee, ou que ce qui
tn~hte occJdentale, on prépare, de la seule manière qni leur a:e.m blait à première vue a·écar:er de ootre sujet eat
Sc>1t efficace. le rapproch ement de !"Orient el de I"Occi. ,<O contraire Ce qui a"y rapporte le plus ditectement. fi
dent ~ et ~~u.s . espéro•.•s qu'on aura compris pourquoi c:6t en effet tles choaes qui aont liéea ent·r e elle& d'w•c
~ue poS!thlltte ne dort t'as être né&ligêe, paiJque c' ett u;ut autre façon qu~on ne le pense d'ordinaire~ et ta
• . ce~•. que tend principalelllent tout ce que noua avon• vérité a bien de3 aspect• que la plupart dea Oecideutaa_'<
dn I C I. La rec· aurar.ion d'une civilüation normale en ne s.oupçonneot guère; aus.si traindriooa-now plutô~ en
Occide~t peut n'être qu'one continsenC"e ; mais.. enr-o.n: toate occasion, de paraj· re trop limiter les chose• par
D.De fota.. est-ce uue r a i! OD pour a:'en déaintéres.ser tota· l'expre.uion que nons en donnons qu e de lai ~F"'er entre-
lement.. même si l'on est métaphy,icien ava_n t tout? Et voir de trop vastes p ossibilités.
d'ailleors, outre l'importance propre que des cho-
CON CLUSI ON

ous pourriom presque oous ditpeiUU d' a jourer.

N à l'exposé qui précèdt, DAC coudu•ioo qui


DOUI semble a'= dêpJtr &lUZ DCitemt:lll, rf
dans f•queJie DOUI DC pOUrrÎOnt suère foi.r e 2Uire ch06C
que de ré~ter, 5001 UAe forme phu ou moio• résu.m ëe.
UD ee.ruin oomhre de considératiooa que oous ji;Yoœ
déjà développée• eo y iDOistaor ouf&ammeot pour en
Caire ressortir tou e l'importaoct. Noua penilln~ en
effel~ avoir montré auasi clairement et au.t si explicite-.
meol que po.. ible quela sonl les principaux p réjusb-
qui éloi5nent préaenleme.nl I'Occidra: de l'Orient; eL
•'il• l'eo ëloipenl. c'eat puee qu'iù 5001 op~ à l•
véritable inrellectualilé, que rOrieal a CODOervée ÏD!é·
vaJemenl, •• ndit que rO.Xident est . rri.-é à en perdn
IOule notion. ti v•pe el n confu~ qu'dl.. wit. Ceux qui
a aront compria cela auront saisi ëplemeclt, par là mème,
le caractère c accidentd », dam tow lea &eth dhe.I"S qut>
pouède re moa. de l• divtr!ence de I"Oerideni ,,., np·
pori à l'Orient; le rapproehement de ru deu~ partie. de
lnum•nité et le retour de I'Oceideot à UAe d• iluatioa
nor·m ale ne tonr, en somme, q u•une aeule et même ch~,
e: c'elt biea là cc qui fait le plw cr•nd intérêt de ce
r• pproebe-Dl dont non• avoDO envi0&8é la pngibilitl
pour un •~ta i r plu ou ruoiru iloipé:. Ce 4ue aout appe-
lons une c:iviliution nona•le. c~n:t aae ('Î\ ilisatioo ~
rtoo.se .-ur dH o riocioes_ au vr•i ~Ill de- ee terme.. et où
toot est flrdnunê: et hiérauhi4é en conforrniti a \"ec cet
prinripr~~.. d,. 1t•llc ..ortf"' qu,. tout ) appa raît C'f'lmme
216 OIU ENT ET OCCIDE NT CO!<CLUSIOI'i 217

l'application et le prolou~ement d'une doctrine pure- elle eat de l'ordre iadi,iduel et rationnd, et ce qu'on
meut intellectuelle ou métaphysique en oou usencc: ~ppdle ses principes. ee oc •ont d es principes que dan•
ceat ce que DOW voulons dire awsi qua.ud DOUI pa rl<>nt un sen• relatif; nous voulon• dire qu'il• De peuvent être.
d'une civi_liution traditionnell6. Qu'on n'aille p11 croir·t . comme eeu.x dea mathimatiques ou de toute autre seie.ace
d'aillturt. que la tradition pui~&e appor:er la moind re par:icalière, que l' opplication et la spéc:ification del véri-
enlrave à la pensée, à moins qu'on ne préteade que c~ tables principes dani ua domaine déterminé. La méta·
soi! lirniler celle-ti que de l'empêcher de •' 4-re r. ce que pby•ique domine donc aécesuirement la logique comme
nout ne pouvons admettre:; eat·il p ermit de dire que elle domine tout le relle; ne pas le reconnaître , c'e•t ren·
l'exclusion de l'erreur soi t u ne limitation de la vériul ? verler let rapports hiérarchique• ']Ui &ont inbêrenle io la
Rejc:er d es lmpossiiJilités, qui ne sont qu'un pur néa oL na:ure des choses; maia, ti évident que cela aout
ce n'eat point apporter des restrictions li la po11ibilitt' paraia.ae, nous avoua dù c:on!Ute r qu'il !' a là quelque
totale et universelle, nécessa irement infinie; l'erreur choae qui étonne beaucoup de not contemporains. Ceua·
auui n'eat qu'une ntgation, une « pri•a:iou » dant r ec·· ci i~orent totalement ce qui est de l'ordre métaphyai·
eepùon :ui.!totélicienue de ce mot ; elle n'a. eo tant que ct « aupra-individuel 10; ils oe conoaisaeat que dea
'lu'errenr (car il peut a'y trouver des parcelle• de vérité cbo1e1 qui a ppar:ieooent à l'ordre rationnel, y comprit
incomprise). ritn de po~itif, et c'e&t pourquoi on peut la « pseudo-métaphytique 10 du pbilooopbes modernes :
l'exclort> ' '" ' (aire aucunement preuve d'eaprit ly&téma- et. dao• œt ordre ratioooe.l, la lopque oecnpe effective-
tique. u trorlition, par contre, admet toua lu upeeu ment le premier ran!- tout le reste lui eat tubordoooé.
de la vérité : ~lie ne •'oppose à aucune adap:atioa lési- )laia la métaphysique -.aie ac peut paa plw ê:re dép<n·
time: elle t>t rmet. à ceux qui la comprennent. det COll· dante de la losique que de n'importe quelle autr··
ceptioo• autrement vostcs que toua les rêvtA dea philo- ~denee:. rerreur de Ct\U qui pensent le contraire prO•
•ophea qui P"lf4'nt pour lea pins hardi~ mait au1.1Î vient de ce qu"il.s ne conçoiv~nt la connaÏJ!anc,e qut
autremtnt •olirles e: v• lahle•; enfin, elle ouYTe à l'inte.lli- etant le domaine de la raison et n'ont oas le moindrt.
gence du l•on ibili tt s illimitées rommt la • rritè elit· soupçon de ce qu'est la conn aiuan re in:ellectuelle pure.
mêmf". Cela. o out l'avon a déjà dit; et oous avons eu soin auui
T ou t tfla rè~ulte imméd iatement du corac!èrct de la de faire remarquer qu'il fallait distinguer entre lo con-
coonaiuance mrt•phy•ique, ecule al>snlument illimitée ception dea véritét métaphy&iques. qui. en toi. échlp po•
en e ffet. parce qu"elle est de l'ordre unil·er&el ; et il oou1 à I()Ute limita:ion individuelle. et leor expooition for·
parait hon de revenir ici sur la questi,.,n. que nous 1\o'ODJi molée, qui, dans lo mesure où elle est pOt!sible. ne peut
déjà traitée ailleure. dea rapporu de J. métaphysique et ~onsister qu'en one t orte de traduction en mode diacur·
de la lorique '. C:eue dernière. te référant aux coaditioni •if "'' rationnel: si donc ce: te expoaitioa prend une form<
propr·e • à rentencftoment humain. e!t chose eontiosentt : de raiooaoemeoL une appareoee lopque et même dia-
(1\ h t.rHvt tt.o• f l llk•t. 41 l 'l!ti4• flu Joc.t--.u AlN&oct•~ 1" ,.._n;.., lectique. c·eat que. étant doD.Dée la constitution du lao ·
~~ VTt1 ~ humain, o n ne pourrait rien dire un.1 ct-la : mait
218 OIU&:<T ET OCCWENT CONCLCSIO:< 219

ce n'esl là qu'une for me extérieur~ q'u i n'affecte auca · peut p•• nous le reprocher comme une ('On tu diction. car
nement lee vérités dont il s'agit, puisqu'elles •ont eileD· ee n'est point lia, pour nouo, faire dt 1~ philotophie. Du
tiellement supérieuru à la raison. D'autre par:, il '1 1 rtlle, lon mëme qu'il s'ogit •pécialement de rHut~r 1«
deux façons tr~s différente< d'en•'iJaser l1 logique : il y coneeptions d .. philooophu. on peut ë:re auure que
a la façon oec:identale. qui comiste à la troiter en mode aout savons toujours cooK"'tr ltt dbtantt-1 u i1ér• pa.r
philosophique. et à s'tfforcer de la rattacher à une coo- l1 différence dts points d~ \'lie : noui nt nout oii(OD'
eeptioa tyilématiqu• quelconque: el il y 1 l1 f1çoll pa• lllr le même terroio. comme le font ceu~ qui criti-
orientale., c·est·Î:·dire la logique coo•tieuée comme one quent ou combattent une philo.ophie 1u nom d'utte
« edence trad i:ionnelle,. et reliée aux principe. mé\4· au re philosophie; ce que nous di•on•. nout le dito~·
phy•iques, ce qui lui donne d'a illeuro, comme il tout• parce que let doctrineo traditionnellts nous ont permt'
autre acience, une portée ioeompa nblemeot plu• de comprendre l'absurdité ou l'inanité de certaine•
rrande. Il peut te hire. auurémenl. que le'l rêsnhatJ thé.orit~~ t-Lt qutU~ que .oirat lts imperfcrtioaJ qu~
•tmhlent pra: iqnement les mêm<& en bien deo us. m1ÏI oou, ~- apportons iué,~i:abltnlf'Dl (tt qui n t- doi,·rot ~tn
la différe·o ee du d eux poinu de '"Dt o ..en til ouu ....nent imputées qu'i nollli-même). le nr1ctère de «• dO<"trtnet
t1moiodrie; on ne ptut pas plus contester eela qu'on ne eot tel qu'il nou• interdit toute eompromi.uion. Ce que
peut. de ce que les action s de divers individus se ru· nous a"•on• de commuo avec lrs pbilo$0pbu. ce nt peu·t
uothlent e:xtérieuremen ;, conclure qu'elles ont ttt êtrt que la diale<" iquc-: to:~it rtllt-ti n'r~t. cÙt& oons.
t.ccomplies avec l c11 même• intentiont. Et voici où nou1 qu·uu instrument au service dt prinripe.s (JU.ilt ÎfnOrent:
"'''u'•"~nç en venir : la logique n't~l pat. rar eiJe.mêmt. cette ~utmblance même rtl doue tout extëriture tt
qu,.Jt.~uf" chose tlui prtleote un caractère ipëciaJ,.m.-nt t uper6delle, comme celle que l'on ptut cons:1ter p or·
• philosoobique •• ruitqu "elle existe I UIJÏ )à OÙ )'on ne foit ent r~ Ici muhots de l• Jritnr.- mo.lnnr tt «"-" def
t rouve pas le mode de pen.s.ée lrèt particulier auquel c scirnce-1 tr<Jditionoclld •· A 'rai dirt'. uf'tu• a)tmpr·u n·
cette d~nominllion convient propre-ment ; si les , ·éritêt tont ua• mC:tnc eo cd a lr• m~thodu d<"! philo40pht·. car
mélaph~sique:A peuvent. jusqu: à un certain puint. et ce• m~ÙuHI<i. don; ce qu"dlt• unt de nlahle. ne leur
:ou jour , sous la réaer,v e de ce qu ·eu,., contieJwt>ot appart iennent pu en propre. tuai• reprétcntent tintple-
tfiut-x~rJmable. être revêtues d'une (orme lo:ique-. •:ett m~nt qudque chose qui eu la po&u!.!Îou rowmune de
lo lo!ique tradition nelle. non l1 logique philoaophique, tous let hommes, m~me de CtUX qui >ODt le plut rloisnés
qui ut apte à cet uuge ; et comment pourrait·il en être du point de \'Ut philoooph iqut: l1 l"l!ique phiiO'ophi·
lU nruent. alort que la philo•ophie est devenu• tcllt que n'est qu"un amoindrûte'tntnl de b lopque tr1dition·
qu'elle ne peut •uh•i!ter qu'i la condition de nirr l1 n.lle. et erlle-ci 1 la priorité our cell~li. Si nous iuiU·
D'l#laoby&ique vraie? On d oit voir par cette explication tont iri sur tttte distioclion qu i noOJ oarait t-Utntie1lt~
("(lmmenl nous comprenon1 la lo!ique : ai nou,, ,.,. ce n'eu ~>•• pour notre oatisbction personnelle. maïa
1•loynns uoe certaine dialectique, ,a na quoi il ne noa& parce quïl imporlt de maintroir lf' earact~re traoa.cea·
•erait pos possible de parler de quoi que ce soit, on ne dant de la métapbyoique pur<. et parce que toul ce qui
220 OIWJ'<T ET oc:auEST COS CLOSIO!'f

procède de celle-ci, même ucondaùemeat et cl.oru lUI esuroaa d.e prénair aout l A a comparabl.. à celle-Li.
ordre continse.o t, reçoit comme IUle participation de toe S'il en eat qui SODI tenté» de formoler certaiau eritiq11«
cauctère. qui en fait tout outre cbooe CJ11e leo coanll.- basées aa r de pareiUes coolwionJ, nous les avertiuon<
u~cu pu~e?'ent « probneo • du monde occidentol Ce qu•ellta porteraient à f aa.x.. et, ai nous arrivon.i â 1~
qw caracteriSe un ~en re de connais&auce et le difféceneie éparper ainai quelques ~rreun. noua en suiont fort
dea a utc·e s, ce n·«t pu seuJemeat aoa o.b jet, maïa c'etl he.ureux; m.ais nous ne poovon.1 rico C.i.r·e de plu.s-. car
surtou t!• foçon dont cet objet eat en~ ; et e'etl iJ n'est pu en notre pouvoir, ni d'ailleul'i til œloi dr
pou.rquo• d .. qu~tioru qui, pac leur nature. pourraient ptr»>DJlO, de doi1Der la comprébcnJioa à cew< qui a 'ca
IYo.a.r une certatae portée métapbytique. b perdentl ont pa• lee moyuu e,n eax·mèmef. Si donc: ees critique§
~ota~remea~ lo~'ell~• te troaveat iocorporëe. à un mal foDtl6ea ac pr<>dui!ent m•lsré touL nous auroos lt
ay&te~e pbilo•opb.ique. Mois Jo cllitinctioa de la méta · •froit de a·ea te.oir aoom compte: mai•. par eontre. ti
pbyllqllC et de la pbilotopbie. qui H l po4UUDI fonda· noua noua apercevo uA que DODJ n ·a, ota p.a.i encore m.u•
mentale, el que J"oo ne doit jamaia oublier IIÎ J'on YCDt qaé eeruioet diatioctions 1 \ CC une net:cté aufrl.!snte..
co~pre?dre quelque cbote aa.x doetria eo de l'Orient ftODI y rt YÏtndrODJ jusqo'â ce que rëquivoque ne IOÎl
{pwtqu on ."e. p~ut échapper uot cela aa d a.ager des plus po..ible. ou que du moint elle ne pui&Se plu• être
fa u'.'"" altlm•lallons ), ell teUcmeat inuai:éc pour lcf attribuée qu'i u n aveu&Jemeat incurable ou à une évi·
O~ctdentoux que beaucoup oc peinent arriver ;, la dente n1auvaite foi.
aartir : c·est ainsi que aou.a l YOns eu la surprite de voir IJ en ut de même e..a toe qui coot~rue les moye:aJ p•r
af~rm~r çà ct là que now aviooa parlé de la c pbiloto- leoqudJ I'Occidtat pour<» ~ rapproebtr de I"Orical en
pb•e. hi~d:"'c • • a lors que oous nous étioao p rüùiment revenant à la Yéritable inttUeetualité : noUJ croyons qae
»pphque • mon:rer que ce qui es ille daru l'ladc Hl toni lu eoaaidtrationa que a ons a• 001 exposées da.os b pré-
autre cbose que de la pb.il.,.opbic ! Pcut-ètre en ura·t·il sente itudc •ont pr<>prn i diJliper beaueoup dt confn·
encore de même pour ce que nous ,•eoon.s de dir~ ac rion.t i c~t é~1rd. aiori qoe- sur fa bçon dont DOUJ ea1'i 4

•ujet de la l~gique, et. en dépit de toutes nos p récaotiono. -aseons l '~tat altécieur du monde oeeidcJ>:al. tel qu'il
a~~ n e 1erroos pa.s au trement é:onné que, dans ctrtairu eerait 1i lee poHibiHti-1 que no ut avont en ,,..e •eoaienl
miJ1e~x, on . nOU! fit SfÏef de « pbiJoaopber » <lODtn à 1e rëaH~er un jour. Cependant. ooUJ n e p ...,uvons é"ri-
~ .Ph•lo•oph• e. tandis que ce que noas fo isoao ca réa · dcmm~nl ..oie la prétention de pré••oir tons les G~Aitn·
lue e..t pourtant quelque Ùl<>te de toat dilférenL Si non • ~adUJ; a'iJ s'en présente qui aient uac importaaee réeDe.
txp.GO~oa~ par ext:"ple une tb*ie mathématique. ct a'il nou• nooa elforc:noa• toujoora de les di..iper de mime.
p!alJ~ll a qucJqu u a de !"appeler c phyaiqae JI, DOU• et aoas le ferons d' autant p las volontiers q11e ce peut
D annooa. c:e~es. aucon moy~a de l'en l'mpêc.ber. mai,. mt là une c:xc:elleate ~oa dt préciur notre pensée
to~J ceu_x qu1 connai!U'Dt la aip1i6cation dea moll .. a . m _r œrtaias poiDts.. Ea rout c:u. nout ae 0 0 111 la:i.ue.ro·u
~•.•c••t bic~ oe qu'jJ_, doivent en pen•er: quoiqa~il t'qi»e janu io dé:ounter de la lip.e qui oona eat tracée pu toa\
10 de D GhOo• lDOÎDJ CODriDICI. les mepriSet que DODI ee qne Dons &YODI compris Fi•• aux d<>etri.a es tradition-
:!22 OIUE ~T ET OCCiDENT CONCLGSIOS

nelles de l'Orient; nons noœ ad,....vni à eeux quj peu· peut ëue obtenue par la connais!~nce métaphy~que pare.
vent tt veulent eompreadre à leur tour, que-Ji qu'i!.ii Qua_ot aux autres, i ceux qui n ose~t ~lier 111 ~op haut
soient et d'où quïls ,·iennent, maie: non à ceux que rob&· ni tro·p ba:t, c'ett qu'ils ne peu~tDt '\ Ote au de~a de œr-
tacle le plus in•ignüiant ou le plut illu&oire •uffh à arrê- taines bornes. hors desquellu a. ne sa<ent meme plu&
ter. qui ont la phobie de certaines cbo•e• ou de certains distinguer le supirieur !!l lïnfirieur. le '"Tai et .1~ !•~
mots. ou qui !e croiraient perdus s'il leur arrh·ait le pouible et l'i•nposaible; •:m:agina~t que la \"trll~ doll
de franchir cer:ain~ limiuiiona eonventionnellu tt être à leur mesure et se tenu a un nl\·eau moye~ as al
arbitraires. l'ions ne voyons pa!. en effet, quel parti trouvent à l'aise daru lu cadre& de l"espri: philooopbiqur.
l'élite intellectuelle pourrait tirer de la collaboratio"' et.. alors même qu~ili .e a.eroni: auimilé c~rtaines _vërit~
de eu espriu craintifs et inquietl! eelui qui n ·~t pu partielle~, ÜJ n e pou.rront jamais s "e.o ,un~u ~our e:t~odn~
capable de regarder tou:e vë.rité en faee. celui qui iJ>définim~nt leur comprébe05ion; qu eUe 0011 due a leur
ne &e sent pas la force de pénétrer dans la c grande propre natu_re ou reultmen: à l:édu~alion quïh ont
tolitude ». suivant rt-xpression consacrée par Ja tra· reçne, la limitation de leur ~ horuon Jutellec~el :> eo~
dition extrêrae-orieDtale (et dont rinde aus.oi a l"iqui· déanrmais irrémédillble. de oorte que leur partt pru. tl
valent ), celui-là ne pourrait all er bien loin dam tc e"e.n est un. est \Taimt nl in"·olontairt, sinon tout à fait
travail métaphysique dont nous avon& parlé. el dont tout inconscient. Parmi «:ux-lia._ il en est assurément qui son\
Je reste dépend Strictement. ll semble q u'if y ait. chea • ictimes du milieu où il> vinnt. ~! c'est bieD ce qu"il )
certain~ comme un p3rti pria d'inco.m préheasion: ma..i._ a de plu• regre:tabie; Jeun facultés, quj au~";i:Ot _pu
au food. nous ne croyon• pas que ceux qui ont des poo· avoir rocca!ÏOn de .!t dil-·rJopper dan.s ODe CJVI_I UitiOD
sibilitës intellectuelles vraiment étendues soient •ui•~< normale ont été au conlraire atrophiées et comprimêo
à eea \'aines terr~urs. car ih sont -aut-z bi ta êquilibrii iuJqU'à i ·an_n ihi1atioo ~ et. lëdu~tion mo~erne étant et
pou_r avoir. pres:que instiocth•eme·o t, l'•saurance quïh: oe qu'die es:. on en a.rri,~e à penser ~e 1~ Jp!o~a?t.s eoot
counont jamai' Je- ri~ue de céder à aucun vertige meu· ceu:oc: qui ool le phu de Wance-s d avo1r !arde_ antactei
tai: celle assuranre, il faut bien le dire. n'u t pas plein,.. leon possibilité• intelleeludles. _En com~ar~uon lk<
ment justifiée tant qu Jb a "ont pa! aneint un certain déformations mentole$ qui •ont 1 effet ordinaue de la
degré de développement. effectif. mais le seul fait de la fausse •denee, lïgnoranc~ pore et •impie nous apparait
pos1éde r, sana même s'en rendre compte très nettement.. "éritableme.nt comme un moind.re mal: eL bien que noiU
leur donne déjà un avantage coMidérahle. Nous ne vou· mettions la eonnai!sanee au-dessus de tout, tt n'"est
lom pas, CD cela. parler de ceux qui ont eu eux·raême5 poin: là de notre part ua par3doxe_ ni un~ inco!lSé-
une confiance plus on moinJ e-xceFsive; ceux dont il s'agit quence:, car la u.ule connaissance "~raUDent d1pe ~e «
mettent en réa_lité. même s'ils ne le savent pa.i encore- nom à uo• yeux diffè•e entièrement de edle que culuven.t
leur conJlance dans quelque eboae de plus hant que lenr leo Occidentaux moderne&. Et qu'ou n'aille pas nou1
individualité, parce qu'ils preeaenteol en quelque AOrte reprocher, ~ur ~ point ou tUr d"autr~ une .•t"itade
ces é:ats aupérieora dont la conquête totale et dé6niù•c trop in r~e.aule; cette attitude nous est UDpO&ee par la
224 OaJ~..T 1':1' OC011ENT CONCWSIO:< ..._,-
pa~té de la doc:rine. par ee que aoao noa1 a ppelé d e-:1 tireon.ttancn qui ~U'l"""en peut~u-e DOUI aider qarl~
l' « orlhodoxie ,. ou oeo! intellec:tu <l; et. étont d"aillean qu~ peu. parce qu'il en multe une espèce d"ineer1itude
eaempte de tout préj"!;é, eUe oe peut iar:uiJ aouo ec>D· qui permet auJt etpritJ de >env!•• NOS autant de rétU.
duire à ét~ iojut·e à l'é&ard de quoi qu< ee ooiL Noao Utltt dan\ df"t v oiH d iffi.rentn : m..i.! c:'f'St toat ee qu·il
odmettooJ toni< la •érité. sow quelque atpec:t qu"eUc now NI pouiblf> d·en dire.. et let t~d~ntts nou~,.u,..,.
ae préteate; maia~ o*étaot ni !cepriqoe ni éclectique. uoo • que no UA 1\0n.t ('On•lltéec jusqu•ic:i a·ont rien de f'hU
ne pouvons adme:tre r ie:o d'autre que la ''érité. .·ncour.osuot que celle. qu' dies ~aient de liiJ•planle..
Nous aavona bien qu e ootre point de ,--ue n"e•t pas an Ratinna li ·mf' ou inwitionni.&m~. po.:oiti ,~ipn~ ou pra~a·
•le ctux où l"on lt place babituell•ment eu Occident, ·~ IÏî!me. anatiriali.tm~ ou cpir-itoali!mt:. « fC Îe.nrism f" • ou
que. por tuile. il pflH; re a!<e:t difficile à comprendre du « rnorali•mt •· f"e sont là rl~ tbO~! quL à notre poio.
premier eoup; mais il va sa ru dire que noua ne dema_a· f'lf" 'ue• ..,. val tnt exaet('mt:nl: on n~ !!a~ne ri~n en pa,aant
doos i rereonne de l"adoptn ••m examen. Ce que aoao ,,.,. runr i l'auirt.. tl.. tant qu'on ne c'tn sera pa~
\"OuJoot, t 'est teulemenl inciter à la réflexion ceox qui f' D Oira~é t-ntii'rtmtnl. on n ·aura pl~ fait mê!M' le prtmif"r
sont encore capableo: cboeun d"eu.x compreodro c, qu'il pa• dans lt domaint de la vériuble intellmualité
pouna. er. ai peu qae ce aoi•. œ tua toujoun quelque 'iou.s ttnnn• à If' dêcllrer e""Cp«9~._. œm~ nou«
cbo~: du rnte. oou.t 1uppœoru bita qu"il a"en trou.-en lf"nnn~ i rt'diff ont' foi! de- plu~ que toate êtudt d~·
quelqu ... uno qui iront plus loin. Ce que bOUS OYODI (ai: dOt'trÎn~ nrirot.ll,.e: f'Dl~price_ C de rntiritar. ttt
"?UJ·même. iJ n·) a pa-1 de raiso~ m Y>mm.e. pour q'Ut> parfaittmt'n inutilt pour Ït hut qur nom a,·on• f"D \"tif"
d au · Mil ne le fanf'ot pat auni ; dao.s rëtat a ctuel de h cr dont il s·a.p t a UDf' tout J~nlrt por1tt et ~~ d un nr'ffrr
mcntolité occidental~. re ut seront unJ doute que det aolffmt n1 profond.
~'eeptiont, ma i! il @:uffit qull se rtnt"Ootre de t~Het En.fi.n. noUJ feroDJ o bu r'"' à nm ('()ntradicteur;: ;"•n
excep inn•. mi-mt peu nombreuses. pour que n o.s préri. tu,.J.s quP. t i nout •ommes tout i fait à )..aise pour • rrri·
1ion5 ,.oirnt justiti êea tt que les poe;Jibilifés que nou_a ~i~r en rl•in~ iodiptndan ff 1..- <coien.-.. et 1~"< rh il"e<>-
indiquon< soient susceptibleo de >e réoliaer tôt ou urd. phit! dr I"Orddent. rest qu~ nou• a•oM C1>o!c:Îenr. ~~~
D'ailleurs. tout ce que oow feron! et dironJ aora pour "" r ien 1f'ur rle\oi r : t t que non! 8CM1'UDet int~llf"thltflt-­
effel de donner, à ceux qui vciendront eoouite, des faci- ment. ,.·,.. , à I"Ori,.nt •l'ut que nou~ le devons. tt ttin•i
lités que nous o'1vo·n s p1s trouvées pour nor-re proprt nn-u;; n•aqm;: tl,.rrif r,. nou! r ien qui !OÎl !~eptiblt flr
compte; en cela comme en toute autre ehote. le pla• nous ~êner le moint du monde. Si now aYoD.J f~arlir fa
pénible etl de commencer le travail, et l"efron il aceo• phiiO'ophif'. nnnt r.~on' fait à un mome-nt oô not idm
pl ir doit ë:~ d'autant plat çand que leo conditiont aoat étoi~nt rlrjâ M>mpl~t~m~n1 furies wr tout l'euenriel. ~
plat dérnorableo. Que la croyance à la c c:iviliNtion ,. qui ~ rrl'hlbltm•nt 1~ _. mQ!en de n~ ~··nir d r
.oit plua ou moins ébranlée c:be:t des ~DJ qui no,:uèrt ~tl.!e ~rutf4'" aoMJn,. inAuenœ fichea.w : et t:"e 'f'lt' nou•
n'auraient paa Olé la di.a.c:ater, que le c scient isme • eolt •'"onJ n1 alnr- n·a b it que ron6rme:r trèl exactt'ftN'nt
•cruellement en déelin daao eertaino milieu, ce aoot là tout f f qt1t' n nnc ~DJÎOM IDlê-rÎeuremmt à l'tort! fit
226 CONCLUSION 227
la philotophie. Now oaviono n'avoir ancun b.;néfice tommes tour dispoté à le reconnaître eo toute imputia·
intelleetuel à en at:endre: et, en fait. le oenl avan!a&e lité. maja nous n' y avons jama is vu rien de phu ni d'au·
que noua en ayon.s retiré,. c•e.st de mieux noua rendre lte qu·une ltè:. petite partie de ce que now eonnaiWom
compte dei précautiona oécelhirea pour éviter l~t con- Jéjà par aiJieurs., et. là où lei mêmes ebosK toDt e.DVÏN:·
fuaion~, et dea inconvénient$ qu•iJ peut y avoir à IJêei de façont différente~ la compar-aiaoo n' a jamai_.
employer certains termee qu.i ri&quent de faire oaitre été avaotas<use pour leo points de vue occidentaux. Ce
dt~ équivoques. Ce 1401 li du cliôoea dont leo Ori•ntaux, n' at qu' après y avoir loll!ueme.o1 ré8éd:û que now nom
parfois. no se méfient pas anez; ec il y a. dana ce.t ordre. somme& décidé à expOJer de1 con5idéraù.o os com.m e cdlett
bien deo difficnl~ d'expre11ion que now n 'auriooo pu qui font l'objel du présent ouvrage. el nous avo01 indi·
soupçonnées avant d'avoi_r eu roeeasioa d"examiner de qué pourquoi il now a paru nicuuUe de le faire avant
prè:. le lan~age spécial de la pbiloaopb.ie moderne, av« de développer des eonceptiono ayant un earactère plus
toutes ses inoohérenees et toutes ses aubtili:és inutilet. pro prement doctrinal, rintérêt de eei dernière& pouvant
Alai.s cet avantage o"en en u_n que pour rexpo!ition. en ainsi appa.r aitce à dts rent qui, autrement. n'y auraient
ce seni q·ue., tout en nous for ça_n : d ~aiJleurs à introduire pas prêté une attention suffiunte-~ a ·y élant aucunement
des complications qui n'ont rien d'ei.ient~l, cela noua préparés. el qui peuvent eepeodant être parfaitement
permet de prévenir de nombreu.1es erreurs dïnterprét.a- rapables de les comprendre.
tion crue commettraient trop facilement ceux qui ont Dans un rapprochement avec I'Oritnt., l'Occident a
l"babitude excJuaive de la pen,iée occiden :ale; pour nous rout io sa&ner ; si l'Orient y a aUSii quelque intérêt. ce
ptr.soone.Utmen~ ce n "es.l nullement un avantage, puÎ.!· n'est point un intérêt du même ord.r e, ni d-une impor·
que cela ne now pi"'C:ure aucun uvoir r éel. Si now tance comparable. et cela ne suffirah pu à justifier lo
disons œs chosea. ce n'est point pour noua citer en exeœ- moindr·e conGeS-~ ion sor le& choses Hle.n tielle-s; d'aiJle·u n.
ple. mais pour apporter un témoignage dont ceux mêm~ rien ne •aurait primer les droits de la vérité. Montre-r
qui ne partageraien: aucunement notre manière de voir à rOccident st:! tlêfa ut.!-. se! trreur! et ses inroffi.une:e!..
ne pourront du moins twpecter la Jiocérité; et. si nou.t re n ·est Jloint lui témoi;ner de IDostilité. bien au con·
insis ons plus particulièrement su '" notre indépendance traire, puisque c'ett la seule façon de remédier au mal
a.b !olue à l'é;ard d e :out ce quj est occidental. c~est C{1Jot' dont il souffre. et dont il peut mourir t'il ne oe r«<ai!il
cela peut contribuer auui à faire mieux com.p rendre not à ttmps. La tiehe eot ardue, certes. et non exemple d~
véritables intentions. l'ious pentooJ 8\'0Îr le droit de dé&a!'fim~ots; mais peu i.mport~ si l~on ett oonvainro
dénoncer r erreur partout où elle •e trouve, oeloo que qu'elle e.t nécessaire; que quelqua·uns comprennent
nous jugeono opportun de le faire: mw il est des que- qu~elle l"eost vraiment. c:'eat tout c:c qut noue !Ouba_ h oru.
relles auxque!les nous ne voulora être mêlé à aucun Du reste. quand on l'a eomprU.. on ne peut s'arrêter là,
prix. e' nous e-s timon& n'a·\ 'oÎr point à prendre parti pour de même que. quand o n s'est auimilé certaines vérités..
telle ou telle conception occidentale: ee qui peut se reo· on ne peut ni la perdre de vue ni te refu~r à en aceep-
contrer d'intéres,ant dans quelques-unes de œUes.-ci.. noUJ ter toute!' J_.s ronaéquencH ; il y a des oblipt.ion.J qui sont
:!28 ORit.NT ET OCCIDEN r t ONCl.IJSION 229

~n~•f.rente. ;. iOUle vraie conuaissa.nce. et auprêt de:MJUC'I· devenu t•llemeul é,-idenl que de plu• en plw nombreux
;: -·~~J let tns~~e:mcnu e:ctiri~' apoar.t.iumt va_iru d 3unl ceux qui c.ommenceat i. mettre en douu la ,«aJeur
cn~oares: ces obli~ ioru. préci.Kmcat parce qu",.lle. de Jo civiliution moderne. Mail. bien que ee toll là. daœ
..o~t p~rc:m~nt • intérieure~. sont les ltules dont on ne une cert.2ine mesure. un s~gnt- UKZ. favorable. le ri.,u.itat
('llltt5e Jlmaaa J affranchir. Quand on a pour soi la P • • inai atteiot o ·eo demeure pu moi nt purement oégatif:
s::uwe
1 tl~d la vérité. n 'cùt·on rien d"au•-~
""' po ur va.u-.cre
. u,''"
H beaucoup émettent d"exee.llentes er itiquu our le préoeDI
p "• r~ uuuble~ ob1~arl( . on ot p~ul céder au .tét-ouu·- étal de ebolef. mais ilo ne •aoe.nl au juate qu.l remêdr
~f'me-n
· 1· .• car
fi cette puauaoce d-t tdle nu~
,_..,. n· en Dt> .
s-uraat lui appliquer. el rieo de ce qu"ilo ougèrenl oe dip....-
p~e,·a nar n~Jement contre elle; il n'y a. pour en douter. la opbère de• contin~«>. de oor1e que !OUt cel• eo:
q e ·ceux
1 qua ur• save • n' na~~; q·u e tout Jes d eaeqeu
· · ·1·b
1 rtot
l manifestement UD.I aucune efficacité.. Nou• oe pouvom
p:trl•e • e t tranJatoares dohent nécf'Uaireme 1 . que redire que le seul remède véri.tahle coo..i.lte dan•
au 1 • "l"h n concouru
ç :m r equ• • re total •le rGniven.. uoe restauration dr la pure in&.e.Uf'Ct ua1i\é. malbeurtUH·
ment. de ee poinl dt vue. les dlaoees d"aoe réut.ion
venant de I"Occideot tu;.,m éme ,emble.nt diminuer eb.a-
'lue jour davanta5~, car ce qui tuhsis'lt comme tradi..ioo
en Occide.at est de plut en plw offecté par la meoulit<
moderne. et par co~quenl d"auUlnl moi01 eapable de
servir de bue •olide à une •elle reouuration. oi bien que.
AOOE~DL")f .ans écarter auc·u oe dee pouibilitét qui peu~·eot eocore
e~isttr. il parait plut v'aitemblable que jamai• que
-~u! n_e ,•ons~ra à. Cfmtr~ ter que, d(puis que ce li vr,. I"Orif"nt a!t i. intervenir plu• ou moin1 direC'tvneoL, dt
a e tc ecrat • la iatu~t•on t·l tll"\tnue pire que jamais. non la façon que oo\11 avoo• apLquêe. ri cette reilau_ratioo
\e~l~m~nt .e? ÛCCJdr ot.. ma ii da_Oi le monde tnti,.r. « doit 1• réaliser quelque jour.
q~u ela.• d atlleun la Sf'U! e chose à attendre à dé faut o·autrt part. eD ce qui ooocerne rOrie.nt. DOUI COD'\ !t"'
d"un r~ta~las-:e-ment de l'ordre dan• le se ns que nou• nonJ que )e& r ava5e1 de la modttnÎ.UlÏOD se IODt OODS.η
a ~ on:t m~•qu~. et. du reate. il ""a uns dire que nous dirablement étendul. du moi as extérieuremeol; dans le<
n :tvoni . c qu·un te 1 rtta
_. ff Jam••• auppo.s-:. • bi"auement aurait rqionJ qui lui ovaienl le plos lo~temp• résaté. le eb.ao·
pu ·• c ctluer
m • dans un déloi alli!i oourL [J n •eft Ul p11 ~emtnt paroit aller détoruuia à allure octtlérie. •1
o u"d
H ""' que 1e désordre ~· 1 11'e en •••W•"4ant P 1u_. !"Inde elle-même e.D " ' uo exemple lrappaot. T outdoi'-
rapt ~wt en~ore qu'on aurail pu k prévoir. et il Îm· rien de toul cela o"oueiol e.oeore le oœor de lo Tradi·
porte d en ~enn compte. bien •JUC c:eJ. ne ebange rieo tion. ce qui !tul impor~e à ootre poi.u t de vue.. et ce
aux conclutaoru que nou' avon; formule·,.. suait a.ant doute une erreur d·accorder uoe trop v-aade
E 0 cc•~ cnt, le déJOrdre dam IOUJ leo ·domaines est
-~n- importance à des appareoceo quj peuveot o"Cu-e que
1) 19!4.
truuitoires; en toul ea1. il oul61 q~ le poÎlh de vue tra·
230 OIUL~T ET OCCIDENT

ditioanel, avec tout ce qu' il implique. ooit entièrement


.prUenré ea Orient da111 quelque retraite inaceesoible il
l'aptatioa de notre époque. De plu•, il ae faut pu OU· T &BLE D E S JU.T~
blier que toat ce qui eot moderne. même ea Orient, n'ut
ea réalité rien d'autre que la marque d·aa empiètemen:
de la meatalité occidentale; l'Orient véritable, le seul
qui mérite vraime11t ee 11om, Mt et ~ra toojoul'l l'Orient
traditionnel, quand bien même •os représenbaU eu
seraient réduiu à a·ëtre plus qu·u.ne miaorité~ ce qui. ~ A..-&JI'l'-Pl&oi'OII •••••• • •• ••• • 4 • • 4 .. . . . . . . . . .. 4 ........ ... . . . . . . .. 4

encore aujourd'hui. ett loin d'itre le cas. C' eat cet


Orient-là que nous avoDJ en vue, de même qu'en parla_n t
de J'Occident, ncrus avons en vue la meataiMé occiden-
tale, c'est-à-dire la mentalité moderne et antitradition· PBElüER.ll PABTIE
nelle, où qu'eUe puitJe 1e trouvtt, dès lon que nous ea- I LUJSIO.VS OCCID~,VTAUS
visageona avant tout l'opposition de cee deux pointo de
~&& (S.Nii!IJ,t- d pnlg'rÔ •••••• lt
:rue et non pu •implemeat celle de deux termu ~éogr•·
( 4 - 4 4 • • • • • • • • • • • • • •

phiques. (.;H.A.rtTac n. - w ....,..,..,.,~ " &o ~ •••••••• •• •• •• 4 • u

Enfin. nou• pro6·t eroru de ceue oce:;uion pour ajontrr '~'KA I'tTU w . - lA ...,v.tt:~ 4< '- ,.v . .. . . .. . . .. . . . .. . . . . f .S

que nous sommea plus que jnmais endiD à C"Ontidért'r t:\u.t'l!'U IV. - TnTtwr• eAial:riqwo .-1 lug4:T• rlf:ù • . •• . •• . t7
resprit traditionnel. pour autant quïl e!l encore vivaol.
comme demeur~ intac·t uniquement danJ 1e' formr oS
orientaleo. Si l'Occident po;sède encore en lai-même le• DE(]X] &YE PABTTE
n1oyens de rtvenir à ~• tradition et de 1a r~taurer plt'i-
n~meot.. c"eat i lai qu·a appartient de le prouver. En
allendant. nous sommes b ien obligé de déclarer que jus· f"UAI'ITU 1. - TNI.(oti" ' i•f ractV'S.#Q . • 4 ............. ·.. . 1!1

qu'ici nous n'avons pas aperçu Je moindre indice qui t'n"r-rn._" JI. - L 'OCOO>rd....,. tc. ,~ • .......... .... .. 4.00 14f
nous autoriserait à suppo!er que rOccident livré à lui- t)JAr-rTU 10. - Co«<l\t&C'" d riU 4.e l ' l&te .. .... • .. ..... .. l tlt
même >~>it réenement rapable d·accomplir cette t.ich<. ~T"N IV. - 8 d n tt " ao. f tUÎIM ........ 4 00 44 . . . . . . 400 ltl
avec quelque f~>rce que s'imp~>•• io lui l'idée de aa né~<!·
aitO.
C'owc:Lc.-.t~OIII •••••• , ••••••• 4 • 4 .... , .... , ••••• , , ..., , ••• , • • • • • • • t l .S
•\DO ~IlM • • • • , , , , , , • , , ........ , .... . , ............... 4 .. . 4 •• 4 . ftl

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