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Lettre Économique Numéro

30

Pôle
économique
Juin 2019

Sommaire
Pôle
économique
Édito
Les questions
Actu éco et sociale
Page
2 Salaires : Un salaire net médian de

économiques
1 789  €
Égalité femmes-hommes : Index
de l’égalité salariale : premiers

sont au cœur des enjeux sociaux


résultats. De qui se moque-t-on ! 3
Aides aux entreprises : Un

et environnementaux
« assistanat » de mauvais aloi 3
Loi Pacte : Le « partage de la valeur
ajoutée » d’après le gouvernement
4

Ula
Enseignement supérieur : n peu plus de dix ans après impliquent que l’ensemble des
La marchandisation de
l’enseignement supérieur menace
crise dite des « sub- salariés, actifs, retraités, s’auto-
l’économie 5 primes », les économistes les risent le droit de comprendre les
Fiscalité et entreprises : Taxer le plus libéraux évoquent le retour enjeux économiques.
numérique : mission impossible ? 6 au premier plan de la lutte des Une économie repose avant
Démocratie : Les orientations classes. Warren Buffett (pendant tout sur des choix politiques.
politiques du gouvernement un temps l’homme le plus riche Ces choix politiques et sociaux
sont à contre-courant de la volonté
des Français 7 du monde) déclare même : « Il y régissent par la suite la construc-
Entreprises : Les groupes, réalité
a une guerre des classes, c’est un tion et l’organisation de la pro-
essentielle du système productif fait. Mais c’est ma classe, la classe duction de richesse, tout comme
français 8 des riches, qui mène cette guerre sa répartition.
CAC 40 : Nouveau record pour les et qui est en train de la gagner. » Pour la CGT, la réappropria-
dividendes 9
Parce que, contrairement à ce tion des enjeux économiques
Politique : Macron est bel et bien le
président des riches 10
que les plus puissants tentent de par toutes et tous est un objec-
nous asséner à longueur de jour- tif fondamental permettant de
née via la majorité des médias et construire ensemble des alter-
des représentants politiques, il natives replaçant les salariés au
Page Au service des organisations n’existe pas qu’une seule façon cœur des choix d’organisation de
Le Pôle éco. au 52e Congrès de la
de penser et de construire l’éco- la production au service de l’inté-
11 CGT nomie. rêt collectif.
Cycle Éco 2019 11 Les questions économiques Issue du 52e Congrès, la direction
doivent être au cœur des enjeux confédérale a décidé de renforcer
sociaux et environnementaux. la prise en compte de ces aspects
Page À lire La question de la production des au sein de nos activités reven-
Repères statistiques richesses, de leur répartition dicatives. Nul doute que le pôle
12 entre le capital et le travail, le économique de la Confédération
financement de la collectivité, contribuera à aider à la réflexion
des services publics, la finalité collective sur le sujet.
de la croissance économique tout
comme la nécessité de combiner Philippe Martinez,
environnement et droits sociaux Secrétaire général
> 2 Actu éco et sociale

Salaires
Un salaire net médian de 1 789 €

Une publication récurrente de


l’Insee renseigne utilement
sur l’évolution des salaires
dans le secteur privé et les
entreprises publiques.

L’ publication est de s’intéresser


une des particularités de cette

à l’évolution du salaire net moyen


« à structure constante », « obtenue
en calculant l’évolution du salaire
moyen sans modification des effectifs
des groupes de salariés définis par la
catégorie socioprofessionnelle, le sec-
teur d’activité et la condition d’emploi
(temps complet ou temps partiel) »1.
Il apparaît qu’en euros constants, ce
salaire a stagné entre 2001 et 2016
(courbe du bas de notre graphique).
Autrement dit, pour une qualifica-
tion et un âge donnés, un ouvrier ou
un employé ne gagnait pas plus en
2016 qu’en 2001…

Faible évolution
du pouvoir d’achat

Depuis le début des années 2000,


la progression des salaires repose
donc essentiellement sur l’éléva-
tion du niveau de qualification du premiers n’a crû que de 12,2 %, À noter que la publication de l’Insee
salariat, en particulier sur l’essor celui des seconds de 8 %… évoquée ici présente des différences
de l’encadrement et des profes- Autre donnée utile, parmi d’autres, notables par rapport aux précé-
sions intermédiaires (cf. graphique en 2016, le salaire médian s’élevait à dentes. Ainsi, le tableau qui jusqu’ici
ci-après dont les données émanent 1 789 € nets par mois : 50 % des tra- retraçait l’évolution depuis 2002 les
de l’enquête Emploi), ainsi que, phé- vailleurs français gagnaient moins « évolutions annuelles des salaires
nomène en partie lié, sur le vieillis- que cette somme, 50 % gagnaient en EQTP »4 a disparu. Espérons que
sement de la population active2. plus. Indicateur moins pertinent, cette disparition n’augure pas celle
Concernant les salaires bruts ou le salaire moyen net était lui de des informations qu’il contenait,
nets, le constat n’est pas vraiment 2 238 €, supérieur de 25,1 %, écart aujourd’hui reprises partiellement
plus « enthousiasmant » puisque, révélateur d’inégalités situées en dans le corps du texte…
depuis 2001, le pouvoir d’achat des haut de l’échelle salariale3.

1. Cf. Odran Bonnet et Tony Vuillemin (2019), « Salaires dans le secteur privé. En 2016, le salaire net moyen augmente de 0,5 % en
euros constants », Insee Première, n° 1750, avril.
2. Selon les données de l’enquête Emploi, de 1992 à 2016, la part des 50 ans et plus dans l’emploi salarié est passée de 14,8 à 28,8 %.
3. L’existence de hauts salaires tire la moyenne vers le haut.
4. Tableau n° 2 de la livraison 2017 : Emmanuel Berger, Odran Bonnet, Éva Julia et Tony Vuillemin (2017), « Salaires dans le secteur
privé. En 2015, le salaire net moyen augmente de 1,1 % en euros constants », Insee Première, n° 1669, octobre.

Lettre Éco / n° 30 / juin 2019


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Égalité femmes-hommes
Index de l’égalité salariale : premiers résultats.
De qui se moque-t-on !
Conformément au décret avaient rempli cette obliga- hautes rémunérations – les deux
2019-15 du 8 janvier 2019, l’in- tion… Mais de très bons élèves objectifs du gouvernement – que
dex de l’égalité salariale est apparaissent, comme Sodexo ces écarts vont se réduire ?
obligatoire depuis le 1er mars Hygiène et Propreté, la Maïf ou
dans les entreprises de plus CNP Assurances, qui affichent … mais un indicateur biaisé
de 1 000 salariés. un index 98 ou 99/100. D’autres
pourraient toutefois mieux faire… Il est évident que la construc-

L’ comprend cinq indicateurs,


index de l’égalité salariale Et le ministère de « tirer la son- tion de l’indicateur sur l’écart de
nette d’alarme » sur deux indica- salaire est biaisée : lorsque les
dont le premier est le plus teurs non respectés : le nombre écarts sont calculés par catégo-
important : les écarts salariaux de femmes augmentées suite à rie professionnelle, un « seuil de
par catégorie professionnelle et un congé maternité (alors que pertinence » de 5 % est déduit.
par âge (40 points sur 100) ; la c’est une obligation depuis 2006 !) Il y a également un barème : par
part des femmes ayant bénéficié et le nombre de femmes dans les exemple, l’entreprise obtient
d’une augmentation dans l’année plus hautes rémunérations. 25 points (sur 40) pour un écart
(20 points) ; la part des femmes salarial corrigé de 10 % (donc,
promues (15 points) ; le nombre De bons résultats… 15 % d’écart en réalité…). Une
de femmes de retour de congés entreprise peut donc atteindre
maternité ayant été augmentées Quid du premier indicateur ? facilement 80 ou 90 points au
(15 points) et enfin la part des Là, les résultats sont bons : total, avec un écart salarial de
femmes parmi les dix plus hautes les entreprises obtiennent en plus de 15 % ! Il est clair que
rémunérations (10 points). Au moyenne 37/40 ! Mais où sont le compte n’y est pas et que
total, les entreprises ayant un passés les écarts de salaire, qui les milliers de femmes, parmi
index inférieur à 75/100 pour- sont globalement, rappelons-le, les bas salaires, savent à quoi
raient être sanctionnées d’ici de 25 % et de 9 % à postes stric- s’attendre : aucune revalorisa-
trois ans… Selon un premier tement égaux ? Pensez-vous que tion salariale, voire peut-être la
bilan établi fin mars 2019 par c’est en attribuant les mêmes remise en cause des enveloppes
le ministère du Travail sur les augmentations aux femmes de de rattrapage qui avaient pu être
entreprises de plus de 1 000 sala- retour de congé maternité et en négociées…
riés, seules 61 % d’entre elles ayant quatre femmes parmi les Rachel Silvera

Aides aux entreprises


Un « assistanat » de mauvais aloi

Avec plus de 200 milliards d’eu- dingue » que représenteraient Selon la Cour des comptes, elles
ros par an d’aides aux entre- les dépenses sociales et autres représenteraient aujourd’hui au
prises, les « assistés » ne sont dépenses publiques. Or, il est un moins 200 milliards d’euros par
pas ceux qu’on croit. domaine qui échappe curieuse- an. Outre le montant considé-
ment aux censeurs de la dépense rable de ces aides – 10 % du PIB

I milieux financiers et politiques,


l est de bon ton, dans certains publique : le montant et l’utilité – et près de 20 fois le montant du
ou souvent l’inutilité – des aides RSA – beaucoup d’entre elles
de stigmatiser le « pognon de financières aux entreprises. sont inutiles, voire nocives.

Lettre Éco / n° 30 / juin 2019


> 4

Les exonérations de cotisations toute façon pris les mesures que européenne, non plus que les
sociales privent la Sécurité sociale ces aides sont censées favori- « aides non financières aux entre-
de dizaines de milliards d’euros de ser. Enfin, l’extrême complexité prises » que constituent objec-
recettes chaque année et peuvent des milliers d’aides favorise les tivement les investissements et
constituer des « trappes à bas très grandes entreprises puis- les dépenses de fonctionnement
salaires ». La « défiscalisation des samment armées en matière de publics. On objectera que cer-
heures supplémentaires » grève conseils fiscaux et juridiques, au taines de ces aides sont utiles. Oui,
les finances publiques et dissuade détriment des petites et moyennes mais la « charge de la preuve » de
les entreprises d’embaucher. Les entreprises. Cela favorise aussi la leur pertinence incombe aux gou-
incitations aux investissements « délinquance astucieuse » et les vernants qui sont censés les jus-
étrangers en France – exonéra- détournements de fonds. tifier en détail aux citoyens, et ces
tions d’impôts, voire subventions citoyens que sont aussi les sala-
directes – ont souvent pour effet de Des aides nombreuses riés dans les entreprises et leurs
placer plus encore les entreprises et parfois opaques représentants syndicaux, sont en
sous la dépendance de centres de droit d’exiger la transparence sur
décision lointains et volontiers Et on ne compte pas ici les diverses ce qui, jusqu’à preuve du contraire,
prédateurs, voire délinquants. Et formes d’« évitement fiscal » ni constitue un « assistanat » de
il faut mentionner « l’effet d’au- les milliards d’euros alloués aux mauvais aloi et un énorme détour-
baine » : des aides sont allouées banques (qui sont aussi des entre- nement de fonds publics.
à des entreprises qui auraient de prises) par la Banque centrale Alain Gély

Loi Pacte
Le « partage de la valeur ajoutée » d’après le gouvernement

À l’issue de discussions qui Réforme des seuils sociaux consécutifs ou non. Dorénavant,
ont duré près de dix-huit ce sera cinq ans minimum, voire
mois, la loi Pacte (Plan d’ac- Alors que l’objectif affiché était beaucoup plus. Curieuse concep-
tion pour la croissance et la le développement de l’épargne tion du renforcement de l’épargne
transformation des entre- salariale, l’une des mesures salariale et de sa généralisation
prises) a été promulguée le emblématiques de cette loi est dans les PME !
22 mai dernier. la réforme des principaux seuils
sociaux : 11, 50 et 250 salariés. Un Réforme de l’épargne-retraite

N ous revenons ici sur les


m e s u re s co n ce r n a n t
l’épargne salariale et l’épargne-
seuil ne sera réputé atteint que s’il
est atteint cinq années consécu-
tives : il suffira que les effectifs
Une seconde batterie de mesures
concerne l’épargne-retraite. Il
retraite, mesures censées « faire repassent une seule année en permet de mettre en place un
du partage de la valeur ajoutée dessous du seuil pour revenir à la plan d’épargne retraite collectif
entre l’entreprise et les salariés case départ. (Perco) même s’il n’y a pas de plan
un axe majeur de la loi Pacte ». Cette mesure concerne notam- d’épargne entreprise (PEE) dans
Bien sûr, cette loi comporte de ment le dispositif obligatoire de l’entreprise, de sorte que les sala-
très nombreux autres aspects, participation des salariés aux riés seront forcés d’investir leur
comme la définition de l’objet bénéfices, qui ne s’applique qu’à épargne salariale dans un support
social de l’entreprise et de sa partir de 50 salariés. Jusqu’à bloqué jusqu’à la retraite, et non
raison d’être, ou de nouvelles présent, il fallait que le seuil soit seulement cinq ans comme dans
privatisations. atteint pendant trois exercices, le cas du PEE.

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Par ailleurs, un article très impor- de l’épargne retraite supplémen- ment du salarié. Ils bénéficieront
tant réforme l’ensemble des dispo- taire » doit être adoptée d’ici fin juil- d’un forfait social réduit (10 % au
sitifs d’épargne-retraite (retraites let. La CGT sera très vigilante sur ce lieu de 20 % pour l’abondement du
par capitalisation) en favorisant texte, dans le contexte de la réforme PEE). De plus, les représentants des
les passerelles des uns aux autres, des retraites. actionnaires salariés pourront être
notamment entre le Perco, qui est élus au CA dès que l’actionnariat
un dispositif facultatif rattaché à Actionnariat salarié encouragé salarié dépassera 3 % du capital, et
l’épargne salariale, et les retraites leur mode de désignation favorisera
par capitalisation obligatoires appe- Enfin, un troisième volet concerne les cadres les mieux payés.
lées « article 83 », tout en encou- l’actionnariat salarié, qui est très On est très loin des exigences
rageant les dispositifs bénéficiant fortement encouragé par la loi revendicatives portées par la CGT
seulement à certaines catégories de Pacte. Les fonds d’actionnariat dans son document de référence,
personnel, en particulier les cadres. salarié pourront être abondés par « L’entreprise autrement » !
Une ordonnance « portant réforme l’employeur même sans verse- Pierre-Yves Chanu

Enseignement supérieur
La marchandisation de l’enseignement supérieur
menace l’économie

Un an après la première promo- ment privé. D’autres le font par entérinée depuis bien longtemps
tion passée par la plateforme précaution, par peur de ne pas outre-Atlantique et outre-Manche.
Parcoursup, le millésime 2019 être pris dans les filières sélectives
montre une nouvelle fois ses publiques. Cette réforme fait donc Une marchandisation
limites et ses effets pervers. la part belle à l’enseignement privé. aux graves conséquences
Le gouvernement ne s’y trompe

P
our rappel, cette réforme avait pas : dans une note5 du 26 avril Les conséquences de cette mar-
instauré la sélection à l’univer- dernier, le ministère de l’Enseigne- chandisation sont terribles et
sité sous prétexte d’un manque ment supérieur prévoit une aug- menacent l’économie mondiale
de places. Ce manque de places mentation du nombre d’étudiants d’une nouvelle crise financière.
n’est que le résultat de l’atonie des inscrits dans des filières privées Aux États-Unis, la dette étudiante
ministres successifs de l’enseigne- (universités privées, écoles de com- atteint 1 500 milliards de dollars,
ment supérieur qui ont fermé les merce, gestion, vente, école d’ingé- soit près de 8 % du PIB américain.
yeux sur l’augmentation du nombre nieurs hors universitaires) de 20 % Le défaut de paiement est passé
de naissances dans les années 2000 en 2019 par rapport à 2016. Dans de 6 % en 2006 à 11,4 % en 2018.
et qui, dix-huit ans plus tard, se sont le même temps, le nombre d’étu- Actuellement, ce sont donc plus de
réveillés pour bloquer les portes de diants inscrits à l’université aug- 150 milliards de dollars qui sont en
l’université à cette génération. mente de 3,8 % et le nombre total défaut de paiement.
d’étudiants dans l’enseignement Pour les étudiants diplômés en
Des étudiants écartés supérieur de 6,14 %. Ce constat 2018, 69 % avaient dû contracter
de l’université est alarmant en termes d’inégali- un emprunt, en moyen de 29 800 $.
tés sociales, mais il pose aussi de En plus de cela, 14 % des parents
Cette réforme conduit donc à nombreuses questions sur le plan avaient emprunté, et ce pour un
écarter les étudiants de l’univer- économique, notamment au regard montant moyen de 35 600 $. Cette
sité. Certains, non retenus dans des situations britannique et améri- situation asphyxie totalement l’éco-
les filières de leur choix, doivent caine. En effet, la marchandisation nomie et génère des inégalités
donc se tourner vers l’enseigne- de l’enseignement supérieur est inquiétantes, puisque la rentabilité

5. http ://cache. media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2019/25/1/NI_2019_06_1110251.pdf

Lettre Éco / n° 30 / juin 2019


> 6

d’un diplôme dépend fortement France entre 2009 et 2018, il est plan économique. Il est clair que
du capital social de départ. Ainsi, primordial de veiller à ce que la c’est à la collectivité tout entière,
la capacité de remboursement marchandisation programmée par le biais de l’État, d’investir
varie selon l’origine sociale des de l’éducation ne conduise pas dans l’enseignement supérieur,
étudiants. Alors que les frais à une situation similaire. Il s’agit source de créations de savoirs et
d’inscription en école de com- d’un enjeu vital sur le plan des de richesses.
merce ont augmenté de 64 % en inégalités mais également sur le Victorien Paté

Fiscalité et entreprises
Taxer le numérique : mission impossible ?

Une réunion s’est tenue à trente ans – étaient principale- Le cas français
l’OCDE à l’initiative du Tuac6 ment visés. La taxation moyenne
sur le thème de la taxation des entreprises dans les pays du Vincent Vicard, chercheur au
des entreprises. G20 est ainsi passée de 39 % en Cepii (Centre d’études prospec-
1990 à 26 % aujourd’hui. Cette tives et d’informations interna-

L
ors de cette réunion, les diminution s’explique largement tionales), a présenté les résultats
firmes multinationales et les par les stratégies agressives d’une enquête qu’il a menée sur
mastodontes du numérique7 – d’évitement fiscal de ces firmes, les entreprises françaises8. Ses
dont le niveau de taxation effec- et les pertes pour les finances calculs sont édifiants : fin 2015,
tif n’a cessé de chuter depuis publiques sont colossales. ce sont 36 milliards d’euros de
profits avant taxes qui étaient
Évolution du taux de l’impôt sur les sociétés (moyenne des pays du G 20) localisés à l’étranger pour
1 Vella J., SBS, Oxford motif d’évitement fiscal, soit
un manque à gagner au titre
de l’impôt sur les sociétés de
14 milliards. Si les entreprises
concernées payaient leur juste
part d’impôts, c’est près d’un
quart du budget de l’Éducation
nationale qui serait immédiate-
ment financé.

Quelles solutions ?

Les discussions sont en cours à


l’OCDE pour réussir à imposer
cette richesse dissimulée qui
accentue les difficultés budgé-
taires des pays.
La technicité de ces discussions
n’enlève rien de l’importance des

6. Trade Union Advisory Commitee, représentants des syndicats à l’OCDE.


7. Les « Gafam » : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft.
8. http ://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/lettre/abstract.asp?NoDoc=12251

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points qui y sont abordés, et qui • taxer les entreprises selon Les 129 pays de l’OCDE dis-
sont les suivants : une « présence économique cutent en ce moment de ces
• reconnaître la participation significative », pour com- propositions. Le travail continue
des usagers à la création du battre les stratégies d’évite- sur ce dossier majeur pour nos
profit ; ment fiscal ; finances publiques.
• taxer les activités liées au • instaurer une taxation mini- Mathieu Cocq
marketing ; mum au niveau international.

Démocratie
Les orientations politiques du gouvernement
sont à contre-courant de la volonté des Français

Le dernier baromètre d’opi- répartition en système par points. Rien d’étonnant : l’insuffisance
nion de la Drees montre que Ces mesures confirment les constante des budgets entraîne
le gouvernement fait peu de craintes des 55 % des personnes des fermetures de services et
cas des aspirations de ses interrogées qui sont pessimistes accroît la charge de travail du per-
administrés. pour leur avenir : elles vont dur- sonnel soignant.
cir les conditions d’accès à la Les inégalités de revenus sont

Ddernier, Emmanuel Macron


ans son discours du 25 avril retraite à taux plein et conduire à celles qui sont le plus inaccep-
une baisse des pensions, baisse à tables pour les Français, qui
a déclaré avoir « entendu les laquelle 88 % des Français s’op- les citent dans 40 % des cas. Ils
Français ». Après plus de six mois posent. considèrent notamment que
de grogne sociale, on ne peut que le revenu des personnes exer-
s’en réjouir. Pourtant, il a décidé Les politiques austéritaires çant la même profession qu’eux
de maintenir sa ligne politique car prospèrent devrait être plus élevé de 20 % en
selon lui, « arrêter, ce serait faire moyenne, tandis que les PDG des
fausse route ». Un doute persiste : Pour l’année 2019 encore, le bud- grandes entreprises devraient
il a entendu les Français, mais a-t- get de la Sécurité sociale est trop gagner 40 % de moins.
il compris leurs attentes ? Rien faible pour couvrir la croissance
n’est moins sûr… Par chance, le naturelle des dépenses de santé, Refus de la revalorisation
baromètre d’opinion de la Drees tandis que le gouvernement mul- du Smic contre suppression
a été publié le 17 avril dernier. tiplie les exonérations de coti- de l’ISF
La comparaison des résultats de sations patronales, cotisations
cette étude avec les orientations pourtant nécessaires au finance- À l’opposé de ces aspirations,
politiques du gouvernement, per- ment de notre système de soli- Emmanuel Macron refuse la reva-
mettra de lever le doute. darité. Cette politique s’inscrit à lorisation du Smic, pourtant sou-
contre-courant de la volonté d’un tenue par 92 % des Français, et
Retraites : vers Français sur deux, qui est favo- allège la pression fiscale pesant
une diminution des droits rable à l’augmentation des cotisa- sur les plus aisés avec notam-
tions payées par les entreprises. ment la suppression de l’ISF.
Le projet de réforme des retraites Par ailleurs, l’opinion des Français Peut-être Macron « entend »-il
repose principalement sur deux se dégrade fortement à l’égard les Français, selon ses mots…
mesures : l’allongement de la de l’hôpital public (- 6 points), mais manifestement il ne les
durée de cotisation et la trans- des urgences (- 8 points) et comprend pas.
formation de notre système par des maternités (- 6 points). Cassandre Acquier

Lettre Éco / n° 30 / juin 2019


> 8

Entreprises
Les groupes, réalité essentielle du système productif français

Trois publications récentes de fisant par rapport à l’Allemagne. un groupe étranger alors que 29 %
l’Insee amènent, de nouveau, Elle dénombre ainsi 5 629 ETI des grandes entreprises et 5 %
à souligner la place prépondé- non agricoles et non financières. des PME le sont.
rante des groupes dans le tissu 93 % d’entre elles font partie d’un Une dernière publication9 iden-
productif français. groupe. 24 % sont contrôlées par tifie l’appartenance à un groupe

L « Chiffres clés », mise en


a première, de la série
Effectifs salariés en ETP selon la catégorie d’entreprises et le type de contrôle
en 2016 Source : Insee (2018), Les entreprises en France. Édition 2018,
ligne mi-octobre, montre ainsi novembre, p. 67.
que 69,7 % des salariés des sec-
teurs marchands non agricoles
et non financiers – les banques et
les assurances ne sont donc pas
prises en compte – travaillent dans
une firme multinationale, sous
contrôle étranger ou français, ou
dans un groupe franco-français.
Ces « unités » représentent 72 %
de la valeur ajoutée et 77,2 % des
investissements.
Une autre publication de l’Insee
(« Les entreprises en France »,
édition 2018) propose un focus
sur les entreprises de taille inter-
médiaire, lesquelles sont réputées
être au cœur de la dynamique éco-
nomique, mais en nombre insuf-

Caractéristiques des secteurs marchands selon l’origine du groupe en 2016


Valeur ajoutée hors
Nombre de salariés
Nombre d’entre- taxes Investissement (en
Type d’entreprise
prises milliards)
(en EQTP)*
(en milliards)
Firme multinatio-
nale sous contrôle 13 361 1 614 658 187,2 29,0
étranger
Firme multinatio-
nale sous contrôle 8 605 4 316 569 407,7 85,8
français
Groupe franco-fran-
96 883 2 897 544 201,0 35,4
çais
Unité légale indé-
3 783 820 3 838 500 309,2 44,4
pendante
Total 3 902 669 12 667 271 1 105,0 194,6
*Équivalent temps plein

9. Nicolas Bignon, Marc Simon (2018), « Les entreprises en forte croissance. Une hausse de 540 000 emplois salariés en

Lettre Éco / n° 30 / juin 2019


9<

comme un facteur d’emploi. Elle Le système productif français, de start-up, accablé de charges,
montre ainsi que les entreprises même s’il regroupe quatre mil- confronté seul aux contraintes
qui faisaient déjà partie d’un lions d’entreprises, est donc administratives et sociales, doit
groupe en 2012 sont 1,4 fois plus beaucoup plus concentré que ne donc être nuancée, pour le moins.
nombreuses à avoir connu une le laisse à penser l’image qu’en C’est là une réalité méconnue à
« forte croissance en emploi » de donnent les médias, les pou- garder à l’esprit dans l’abord de
2012 à 2015. Ce nombre monte à voirs publics ou les représen- nombreuses questions écono-
2,4 pour celles ayant intégré un tants patronaux. Celle du « petit miques ou sociales.
groupe durant ces années-là. patron » ou de l’entrepreneur

CAC 40
Nouveau record pour les dividendes
Les chiffres attendus avec d’emplois. Les effectifs mon- importe la santé de l’entreprise.
émoi par tous les actionnaires diaux ont quant à eux augmenté La justification des dividendes
et autres inconditionnels du de 2,5 % entre 2010 et 2017. par la prise de risque des inves-
CAC 40 ont été à la hauteur tisseurs s’écroule totalement.
des attentes des grandes for- La délocalisation du travail Chez Engie comme chez Orange,
tunes. est le vrai problème plus de 100 % du résultat net
est distribué en dividendes, et

P
our l’exercice 2018, ce ne sont Le problème n’est donc pas la fin si c’est pour Engie un bel argu-
pas moins de 51 milliards qui du travail mais sa délocalisation ment en vue de la privatisation
ont été distribués aux action- dans des pays où la protection annoncée, on peut toutefois se
naires du CAC 40 soit près de des salariés est réduite à son poser de vives questions sur la
10 % de plus qu’en 2017. Dans le minimum. Lorsqu’il faut arbitrer capacité d’investissement de ces
détail, 28 entreprises ont décidé entre protection sociale des tra- entreprises une fois l’appétit des
d’augmenter les dividendes vailleurs et dividendes, le choix actionnaires satisfait.
versés, huit entreprises offrant semble plutôt aisé…
même à leurs actionnaires Autre indicateur qui vient forte- Un problème majeur
une croissance à deux chiffres. ment noircir le tableau, l’aug- de partage des richesses
Pourquoi gâcher le plaisir des mentation du chiffre d’affaires :
actionnaires ? Ces résultats + 10 % en moyenne sur sept Ce nouveau record de distribu-
records ne devraient-ils pas être ans… Pas vraiment transcen- tion de dividendes pose donc un
une bonne nouvelle, un indice du dant… Alors comment cette problème majeur de partage des
renouveau industriel français ? explosion des dividendes est-elle richesses. La croissance infer-
Pas vraiment. possible ? C’est qu’en réalité, les nale de ces dividendes est en
Alors qu’entre 2010 et 2017, les actionnaires sont les premiers totale déconnexion avec la réalité
dividendes du CAC 40 ont aug- servis, souvent au détriment économique que subit une majo-
menté de 44 %, les impôts versés de l’intérêt de l’entreprise. Par rité de Français. Si Macron veut
ont baissé de 6,4 % sans compter exemple, alors que le résultat net réellement que le travail paie,
le manque à gagner en matière de Vivendi a fondu de 89,7 %, ses il doit comprendre que cela ne
de cotisations sociales lié à la dividendes ont augmenté de 11 % pourra se faire sans toucher aux
suppression de 20 % des effectifs par rapport à 2018. L’objectif revenus indécents du capital.
en France. L’impact sur l’emploi est de rassurer les potentiels (Source : Attac France, Observatoire des
de ces 20 % est colossal : plu- investisseurs que leurs intérêts multinationales)
sieurs centaines de milliers seront toujours protégés, peu VP

trois ans », Insee Première, n° 1718, novembre.

Lettre Éco / n° 30 / juin 2019


> 10

Politique
Macron est bel et bien le président des riches

Près de 16 millions d’euros financement de la campagne11 d’une personne sur cent chez
pour sa campagne, un total d’Emmanuel Macron. Un pré- les 10 % les plus pauvres. Le
de 90 000 donateurs… un sident populaire ? Oui, mais chez constat est éloquent, et soulève
élan populaire pour celui qui ceux dont le portefeuille est le quelques questions. Puisque le
allait devenir président ? Pas plus rempli ! président Macron a d’abord été
vraiment. élu avec l’argent des plus riches,
Un hold-up démocratique des les mesures fiscales prises en

E
n se penchant sur les chiffres, plus riches début de mandat prennent une
on s’apperçoit que la moitié tout autre dimension.
du coût de la campagne a été Dans un ouvrage récent12, l’éco-
supportée par… 800 personnes. nomiste Julia Cagé revient sur ISF, flat tax… une politique
On sait que les plus riches ont les modalités de financement de remerciement ?
quelques difficultés à accep- des partis politiques dans diffé-
ter les règles de vie commune, rents pays européens. Le constat Serait-il possible que la sup-
notamment en matière fiscale10. qu’elle dresse est sans appel : pression de l’ISF, la flat tax ou
De la même manière qu’ils en matière de financement de la les vagues de privatisation ne
« optimisent » leur patrimoine démocratie, et dans l’ensemble soient finalement rien d’autre
pour échapper à l’impôt, ils ont des pays occidentaux étudiés par qu’un renvoi d’ascenseur à ceux
optimisé les règles du jeu électo- l’auteure, c’est la voix des plus qui l’ont fait élire ?
ral pour donner plus au candidat riches qui compte le plus. On comprend dès lors l’intérêt
qui avait obtenu leurs faveurs. En France, la raison tient d’abord pour les plus riches de financer
Il est ainsi possible de donner à la réduction fiscale accordée tel ou tel candidat ; quelques
à un parti politique (jusqu’à aux dons : pour chaque don, milliers d’euros de don contre
7 500 euros) ET à un candi- l’État va déduire 66 % du mon- des centaines de milliers d’eu-
dat (jusqu’à 4 600). Si les deux tant de l’impôt sur le revenu. ros de cadeaux fiscaux, le calcul
conjoints font un don, un couple Autrement dit, l’État subven- est relativement aisé. Difficile
peut donc donner 24 200 euros. tionne les dons des plus riches. de balayer cette hypothèse d’un
Il en ressort que les 10 % les plus revers de main tant les fonde-
800 donateurs pour la moitié pauvres donnent en moyenne ments économiques de ces déci-
du financement de la cam- 0,10 euro par an aux partis poli- sions sont fragiles.
pagne tiques contre 370 euros pour les Il est clair que les règles élec-
0,01 % les plus aisés. Les riches torales devront être modifiées
Grâce à ce cumul des dons, une donnent donc plus, et sont aussi pour lever ces soupçons et
enquête de France Info estime plus nombreux à donner : une garantir réellement l’égalité
que seules 800 personnes sont personne sur dix chez les 0,01 % démocratique.
responsables de la moitié du les plus riches contre moins MC

10. Le manque à gagner pour les finances publiques est estimé à 80 milliards par an.
11. https ://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/comptes-de-campagne-d-emmanuel-macron/campagne-d-
emmanuel-macron-decryptage-du-systeme-d-ons_3426943.html
12. Cagé J. (2018), Le Prix de la Démocratie, Paris, Fayard.

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Au service des organisations 11 <

Le Pôle éco au 52e Congrès de la CGT

C l’Espace revendicatif, ceux du


omme d’autres membres de le stand de la maison confédérale l’in-extenso, soit la commission qui
sur la question du coût du capital. relit la retranscription des débats
Pôle économique ont participé au Le 14, Victorien Pâté lui a succédé du congrès notamment pour s’as-
52e Congrès de la CGT organisé pour débattre des salaires et des surer de sa fidélité. Finalement,
à Dijon du 13 au 17 mai. Pour le exonérations de cotisations. Pierre- durant toute la semaine, Fabrice
dimanche 12, Mathieu Cocq a ainsi Yves Chanu a contribué aux travaux Pruvost a coanimé le stand de l’Ires
préparé, à l’intention de la centaine de la Commission du document où étaient présentées les publica-
de délégués internationaux, « Un d’orientation, sur la deuxième par- tions de l’Institut et les études et
panorama économique de l’état de tie du texte consacrée notamment recherches financées par la CGT
la France », présentation qui avait au nouveau statut du travail salarié dans le cadre des relations qui la
été traduite en plusieurs langues. (NSTS) et à la protection sociale. lient à l’Ires.
Le lendemain, il est intervenu sur Didier Lassauzay a lui participé à

Cycle Éco 2019


Séance 2 : 15-16 octobre 2019 :
L
e Pôle économique organise l’état économique de la France
chaque année un « cycle » pour sans la mettre en perspective aux développement économique et
apporter aux dirigeants des orga- niveaux international et européen. mutations du travail ;
nisations une solide connaissance Le Cycle 2019 se tiendra sur trois Séance 3 : 27-28 novembre 2019 :
des questions économiques en séances de deux jours aux dates financement de l’économie et de
vue de renforcer notre démarche et sur les thématiques suivantes : la protection sociale.
revendicative. Nous avons choisi Séance 1 : 10-11 septembre 2019 : Les inscriptions sont ouvertes
pour ce cycle de partir du plus panorama macroéconomique : auprès de Fetta Sahraoui :
global pour aller progressivement capitalisme financiarisé, crise f.sahraoui@cgt.fr.
vers des questions spécifiques. européenne et conséquences
Il est impossible de comprendre en France ;

Lettre Éco / n° 30 / juin 2019


> 12
Repères statistiques
À lire Salaires
>Salaire net médian en équivalent temps plein (en
L’hôpital en crise : note de lecture 2016)
Juven P.-A., Pierre F., Vincent F., (2019), • ensemble : 1 789 € ;
La Casse du Siècle. • femmes : 1 639 € ;
À Propos des Réformes de l’Hôpital Public, • hommes : 1 899 €.
>Écart de salaire femmes/hommes : 22,7 % en
Raisons d’Agir équivalent temps plein (F : 1 986 € ; H : 2 438 €)

U
n groupe de chercheurs vient de publier un ouvrage mais en réalité davantage, car il y a plus de
retraçant trente ans de casse du service public hospita- femmes que d’hommes à temps partiel
lier. Sa lecture est plus que recommandée pour comprendre >Smic mensuel net : 1 171,34 € (7,72 € l’heure)
les raisons structurelles du mal qui ronge l’hôpital et dont >Salaire mensuel brut : 1 521,22 (10,03 € l’heure)
les diverses grèves en cours sont le résultat. >Pension des retraites : 1 422 en 2017
>RSA « socle » : 559,74 € pour une personne
L’hôpital est un cas d’école de ces privatisations qui ne seule, 839,62 pour un couple ou personne seule
disent pas leur nom, mais dont les conséquences, tant pour avec un enfant (sans aide au logement).
les fonctionnaires que pour les usagers, sont bien réelles.
L’hôpital n’a en effet jamais été officiellement privatisé,
mais les réformes successives l’ont transformé en véritable
Emploi
entreprise. >Emploi total : 27 122 200 en 2018
>Emploi salarié : 23 949 500 en 2018
La première conséquence est la dégradation calamiteuse > Emploi à temps partiel : 4 816 700 en 2018
des conditions de travail des personnels hospitaliers. >Nombre de chômeurs (au sens du Bureau
Flexibilisation des horaires, contractualisation, standardi- International du Travail) : 2 701 700 en 2018
sation des soins, suppression de jours de repos… Les soi- >Sous-emploi salarié* : 1 614 300 en 2018
gnants sont désormais considérés comme des ressources, *Personnes ayant un emploi à temps partiel
interchangeables, substituables d’un service à l’autre. Sans mais qui souhaitent travailler davantage et sont

Conception et réalisation : Espace communication et information – SC – Secrétariat de rédaction : FC – 24/06/2019


disponibles pour le faire. Sont inclus également
surprise, les effets de la « managérialisation » de l’hôpi- les salariés ayant involontairement travaillé
tal sont clairs : selon le ministère du Travail lui-même, les moins que d’habitude (chômage partiel, mauvais
conditions de travail dans la fonction publique hospitalière temps…).
sont parmi les plus pénibles et les plus dégradées, tous
salariés confondus (devant, notamment, les travailleurs du Données générales
bâtiment)1.
>PIB : 2 353,1 Mds € en 2018
La stratégie classique décrite par le philosophe Chomsky >Consommation des ménages : 1 219,8 Mds €
fonctionne ici à plein régime : commencez par sous-finan- en 2018
cer un service public. Plaignez-vous ensuite de la mauvaise >Investissement des entreprises : 293,6 Mds €
qualité du service. Justifiez enfin la privatisation sur la base en 2018
de dégradation de la qualité de service. Voyons quelques >Dividendes versés (par les sociétés non finan-
chiffres fournis par les auteurs : cières) : 171,5 Mds € en 2018
> Budget de l’État : 366,1 Mds dont charge de la
• de 2003 à 2016 : suppression de 13 % des lits à temps dette : 39,1 Mds €
plein ; Recettes de l’État : 325,4 Mds € en 2018 dont :
• en vingt ans, doublement des prises en charge aux • impôt sur le revenu : 78,0 Mds € en 2018 ;
urgences ; • impôt sur les sociétés : 27,3 Mds € en
• l’activité a augmenté de 11 % entre 2005 et 2009 quand 2018 ;
l’emploi n’a progressé que de 4 %. • TVA : 157,0 Mds € en 2018.
>Exportations : 491,6 Mds € en 2018
Ne cherchez pas plus loin les causes de la surcharge de >Importations : 551,5 Mds € en 2018
travail des personnels. >Solde du commerce extérieur : – 59,9 Mds €
On pourrait donner d’autres éléments, mais nous laissons
au lecteur le soin de consulter ce livre, très clair et pédago-
gique, pour un panorama plus précis. Reste que défendre le
service public hospitalier est une priorité majeure à l’heure
où de nouvelles coupes budgétaires sont envisagées.

1. Haute Autorité de Santé, janvier 2016

Lettre Éco / n° 30 / juin 2019

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