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L’acide nitrique est un composé chimique de formule HNO3.

Liquide incolore lorsqu'il est pur,


cet acide minéral fort (de pKa = –1,37) est en pratique utilisé en solution aqueuse concentrée. Il
était autrefois appelé acide azotique par les chimistes du XIXe siècle, mais aussi jadis esprit
de nitre par les alchimistes, ou encore « eau-forte» ou aquae fortis par les graveurs sur cuivre.
À concentration supérieure à 86 %, il est baptisé « acide nitrique fumant », qualifié de « blanc »
ou « rouge » selon qu'il est pauvre ou riche en dioxyde d'azote NO2. Coupé avec un cinquième
ou un quart de peroxyde d'azote N2O4 et moins d'un pour cent de fluorure d'hydrogène HF, il
donne l'acide nitrique fumant rouge inhibé, plus connu sous le sigle anglophone IRFNA,
comme ergol stockable utilisé notamment comme oxydant (comburant) pour la propulsion des
missiles soviétiques SS-1 Scud dans les années 1956. À concentration supérieure à 95 %, il
développe rapidement à température ambiante une coloration jaunâtre due à sa décomposition
libérant du dioxyde d'azote NO2.
L'acide nitrique a d'abord été obtenu par les anciens chimistes à partir des différents nitrates
naturels, en particulier à la fin du XIXe siècle à partir des nitrates du Chili dénommés
également sels de caliche. Il faut attendre le progrès de la chimie des gaz pour concevoir une
synthèse chimique à partir de l'air en four électrique, par exemple par le procédé Birkeland et
Eyde. Mais le procédé Ostwald a également permis d'utiliser l'ammoniac NH3 synthétisé par
le procédé Haber-Bosch. Ces voies chimiques modernes mises au point à la Belle Époque se
sont révélées cruciales pour l'industrie chimique des dérivés nitrés explosifs, comme
la nitroglycérine, les nitrophénols, l'acide picrique, le trinitrotoluène (TNT), matières demandées
par l'industrie d'armement moderne, mais aussi la fabrication des matières colorantes, comme
le jaune de Martins, ou celle des parfums, tels le musc artificiel.
L'acide nitrique entre dans la composition des pluies acides, où il se forme par hydratation
du dioxyde d'azote NO2, un important polluant atmosphérique issu des différents oxydes
d'azote NOx rejetés par les différentes combustions :
3 NO2 + H2O → 2 HNO3 + NO.

Sommaire

 1Histoire
 2Propriétés physico-chimiques
 3Réactions chimiques comportant l'acide nitrique
o 3.1Action sur les métaux
 4Production et synthèse
 5Utilisations
 6Sécurité
 7Notes et références
 8Articles connexes
 9Liens externes

Histoire[modifier | modifier le code]


afficherCette section ne cite pas suffisamment ses sources (août 2019).

L’acide nitrique a été synthétisé pour la première fois à la fin du VIIIe siècle par
l’alchimiste Jabir Ibn Hayyan qui l’obtint en chauffant du salpêtre KNO3 en présence
de sulfate de cuivre CuSO4⋅5H2O et d’alun KAl(SO4)2⋅12H2O[réf. nécessaire]. Au XIIIe siècle, Albert
le Grand l’utilise pour séparer l’or et l’argent.
Au milieu du XVIIe siècle, Johann Rudolf Glauber obtient l’acide nitrique
par distillation du salpêtre en présence d’acide sulfurique, procédé utilisé en laboratoire
jusqu’au XXIe siècle. Au cours du XVIIIe siècle, Antoine Lavoisier montre que l’acide nitrique
contient à la fois de l’oxygène et de l’azote, la composition précise étant déterminée plus tard
par Henry Cavendish.
La fabrication industrielle d’acide nitrique ne prend son essor qu’au cours du XIXe siècle,
le salpêtre et l’acide sulfurique étant alors bon marché et disponibles en grandes quantités.
En 1838, Frédéric Kuhlmann découvre qu’il est possible de l’obtenir par oxydation de
l’ammoniac en présence de platine. Cependant, l’ammoniac nécessaire demeure d’un coût
beaucoup trop élevé jusqu’à l’invention du procédé Haber par Fritz Haber en 1909 et de
son industrialisation sous la supervision de Carl Bosch de 1909 à 1913 (procédé Haber-
Bosch). Wilhelm Ostwald met alors au point le procédé Ostwald qui permet de fabriquer de
l’acide nitrique par oxydation de l’ammoniac, procédé qui demeure le plus utilisé
au XXIe siècle.

Propriétés physico-chimiques[modifier | modifier le code]


L’acide nitrique pur est un liquide incolore et inodore ; diverses impuretés le colorent souvent
en jaune brun. À température ambiante, il libère des fumées rouges ou jaunes, du fait de sa
décomposition partielle en dioxyde d’azote sous l’effet de la lumière.
L’acide nitrique est un agent oxydant puissant. Ses réactions avec des composés comme
les cyanures, carbures, et poudres métalliques peuvent être explosives.
Les réactions de l’acide nitrique avec de nombreux composés organiques ou certains
mélanges, comme l'essence de térébenthine, sont violentes, le mélange étant hypergolique,
c’est-à-dire auto-inflammable.
C’est un acide fort de pKa = –1,37 : en solution aqueuse, il se dissocie complètement en
un anion nitrate NO3– et un proton hydraté (cation hydronium H3O+). Les sels de l’acide
nitrique qui contiennent l’anion nitrate sont appelés des « nitrates ». La quasi-totalité des
nitrates sont très solubles dans l’eau.
L’acide nitrique et ses sels ne doivent pas être confondus avec l’acide nitreux HNO2 et ses
sels, les nitrites, qui contiennent l'anion nitrite NO2–.

Propriétés physico-chimiques de HNO3 - H2O


à 20 °C et 1,013 bar[réf. souhaitée]

Gew %
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
HNO3

Masse
volumiqu 1,51
1,00 1,05 1,12 1,18 1,25 1,31 1,37 1,42 1,46 1,48
e 3
(g/cm3)

Viscosité
1,00 1,04 1,14 1,32 1,55 1,82 2,02 2,02 1,84 1,47 0,88
(mPa s)

Tfus (°C) 0 –7 –17 –36 –30 –20 –22 –41 –39 –60 –42
100, 101, 103, 107, 112, 116, 120, 121, 116, 102,
Téb (°C) 86,0
0 2 4 0 0 4 4 6 6 0

p(HNO3)
0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,3 1,2 3,9 14,0 36,0 60,0
(mbar)

p(H2O)
23,3 22,6 20,2 17,6 14,4 10,5 6,5 3,5 1,2 0,3 0,0
(mbar)

Molarité 24,0
0 1,7 3,6 5,6 7,9 10,4 13,0 15,8 18,5 21
(mol/l) 1

Réactions chimiques comportant l'acide


nitrique[modifier | modifier le code]
Action sur les métaux[modifier | modifier le code]
L’acide nitrique réagit différemment des autres acides forts (HCl, H2SO4) sur les métaux en
raison des propriétés oxydantes du radical NO3. Ainsi, HNO3 réagissant sur un métal ne
donne jamais de dégagement d'hydrogène H2, contrairement à la plupart des autres acides.
La formule suivante donne l’équation de la réaction globale pour toute réaction chimique
entre l’acide nitrique HNO3 et un métal M de valence n < 4 :
8n HNO3 + 6 M → 6 M(NO3)n + 2n NO + 4n H2O, où n vaut 1, 2 ou 3.
Les métaux tels que le nickel, le cobalt, le cuivre, le mercure, l'argent, le plomb,
le sélénium, le bismuth, le zinc et le cadmium se dissolvent dans l'acide nitrique. D'autres
métaux forment un film de passivation, parmi lesquels figurent l'aluminium, le chrome,
le titane, le zirconium, le hafnium, le gallium, l'indium, le niobium, le tantale, le thorium et
le bore. Les alcalino-terreux se dissolvent dans l'acide dilué, mais passivent dans l'acide
concentré. Les alliages à base de fer se dissolvent mieux dans l'acide dilué10.

Production et synthèse[modifier | modifier le code]


L’acide nitrique dilué est obtenu en mélangeant du dioxyde d’azote NO2 avec de l’eau ;
les solutions commerciales comprennent généralement entre 52 % et 68 % d’acide
nitrique. Les solutions plus concentrées sont obtenues par distillation. L’acide nitrique
formant un azéotrope avec l’eau dans une proportion de 68 % d’acide nitrique et 32 %
d’eau, l’obtention d’acide nitrique très pur impose de le distiller en présence d’acide
sulfurique. Quand la solution comprend plus de 86 % d’acide nitrique, il est dit « fumant »
et existe en deux variétés : blanche et rouge. L’acide nitrique fumant blanc est aussi
appelé 100 % car quasiment (moins de 2 %) sans eau.
La production commerciale de l’acide nitrique est faite par le procédé Ostwald et se
réalise en trois étapes à partir de l’ammoniac :
En premier lieu, l’ammoniac NH3 est oxydé par l'oxygène O2 en présence
d’un catalyseur comme le platine rhodié à 10 % pour former du monoxyde d’azote NO,
étape fortement exothermique qui produit également de la vapeur d'eau H2O :
4 NH3 + 5 O2 ⟶ 6 H2O + 4 NO ; Δ
fH 0
298 = −905,5 kJ mol−1.

Puis le monoxyde d’azote est oxydé par l'oxygène O2 et produit du dioxyde


d’azote NO2 :
2 NO + O2 ⟶ 2 NO2 ; Δ
fH 0
298 = −56,5 kJ mol−1.

Enfin, le dioxyde d’azote est dissous dans l’eau selon la réaction :


3 NO2 + H2O ⟶ 2 HNO3 + NO.
pour produire l’acide nitrique dilué.
Le monoxyde d’azote produit est recyclé, et l’acide nitrique concentré
par distillation jusqu’à un maximum de 68 % (azéotrope du mélange acide
nitrique - eau). Les concentrations plus élevées sont atteintes par traitement
au nitrate de magnésium Mg(NO3)2. Globalement, ce procédé permet
d’atteindre un rendement de 96 %.
L’acide nitrique peut également être obtenu en faisant réagir du nitrate de
potassium KNO3 et de l’acide sulfurique concentré H2SO4, puis
en distillant le mélange à 83 °C jusqu’à ce qu’il ne reste plus dans le milieu
qu’un solide blanc cristallisé composé de KHSO4. L’acide nitrique obtenu est
de acide nitrique fumant rouge. L’acide nitrique fumant blanc peut être
obtenu en éliminant les oxydes d’azote dissous en réduisant la pression à
1/3 d’atmosphère environ durant 10-30 minutes. L’acide nitrique fumant
rouge contient une quantité non négligeable d’oxydes d’azote, d’où sa
couleur rouge, tandis que l’acide nitrique fumant blanc ne peut contenir
qu’un maximum de 0,5 % de NO2.
La production mondiale annuelle d’acide nitrique est de l’ordre de soixante
millions de tonnes.

Utilisations[modifier | modifier le code]


Utilisé communément comme un réactif de laboratoire, notamment pour des
réactions de nitration de composés organiques, il est utilisé pour fabriquer
par synthèse chimique industrielle des engrais comme le nitrate
d’ammonium NH4NO3 et le nitrate de calcium Ca(NO3)2. 75 % de la
production d'acide nitrique est utilisée dans la fabrication d’engrais azotés.
L'acide nitrique réagit avec la roche calcaire ou mieux le
minéral calcite CaCO3 pour former le nitrate de chaux en décomposant
l'anion carbonate.
CaCO3+ 2 HNO3 aqueux → Ca(NO3)2 + H2O + CO2 gaz
L'ammoniaque de synthèse forme avec l'acide nitrique le nitrate
d'ammoniaque monohydraté.
NH4OH ammoniaque + HNO3 aqueux → NH4NO3. H2O
Les autres applications concernent la fabrication des explosifs, des
précurseurs du nylon, et des composés organiques spéciaux,
comme certains ligands tels les imidazoles.
L'acide nitrique dilué chaud oxyde la fonction alcool primaire
des aldoses ou des acides aldoniques en acides carboxyliques. On
obtient ainsi des acides dicarboxyliques nommées acides
aldariques.
Comme il réagit avec la plupart des métaux (sauf l'or, l'iridium et
le platine), il est très utilisé en métallurgie et en microélectronique.
Mélangé avec l'acide chlorhydrique, il forme l'eau régale, l'un des
rares réactifs capables de dissoudre l'or, le platine, l'iridium.
Il a été l'un des premiers ergols oxydants de propergols
liquides pour moteurs-fusée, associé au RP-1, à
l'UDMH (diméthylhydrazine asymétrique H2N-N(CH3)2 et
au MMH (monométhylhydrazine H2N-NHCH3) comme carburants.
Dans cette utilisation, le caractère très corrosif de l'acide nitrique a
été longtemps un problème, résolu par l'addition de 0,5 % d'acide
fluorhydrique qui assure la passivation du métal des réservoirs et
des conduits, dans ce qu'on appelle l'acide nitrique fumant rouge
inhibé. Il est remplacé depuis le début des années 1990 par
le peroxyde d'azote N2O4. Il est aussi utilisé à faible dose avec
des décapants industriels. On obtient de la nitroglycérine en le
mélangeant avec de la glycérine :
C3H5(OH)3 + 3 HNO3 → C3H5(NO3)3 + 3 H2O.
Il a été utilisé au XIXe siècle pour la conservation de la viande.

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