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45 fautes parmi les plus courantes (suite)

45 fautes courantes dans un texte de moins d’une page ! C’était


dans mon billet précédent : je vous avais proposé de retrouver ces 45
fautes… histoire de ne plus les refaire ! En effet, il est impossible pour
les écrits de travail d’échapper à l’injonction orthographique quand on sait
que 70 % des salariés rédigent quotidiennement des documents et que 31
% consacrent le quart de leur journée à l’écrit (chiffres communiqués par
la chercheuse Christelle Martin-Lacroix, enseignante-chercheuse à l’IUT de
Toulon-Var, qui consacre sa thèse en sciences de gestion à l’orthographe).
D’ailleurs, cette chercheuse confirme que la non-maîtrise de l’orthographe
est un signe de laxisme, de défaut de politesse, voire de manque
d’intelligence !

S’il en était besoin, voici donc de bonnes raison de s’améliorer. Je vous


propose d’en apprendre un peu plus sur les les fautes les plus
courantes que l’on puisse trouver dans un écrit de travail.

Les fautes les plus courantes d’un écrit de travail

Vous pouvez retrouver l’intégralité de la lettre au 45 fautes ici.

1. A l’intention est incorrect. La formule qui désigne le destinataire est à


l’attention.
2. Mr est l’abréviation anglaise de Monsieur (soit Mister). L’abréviation
correcte est M. (M majuscule avec un point immédiatement collé). Pour
rappel Messieurs, c’est MM. (et non Mrs qui signifie « Mistress » en langue
anglaise) et Madame, c’est Mme.

3. Général n’a pas besoin de majuscule, par contre Directeur oui.


Contrairement à ce que l’on pense, la langue française n’utilise les
majuscules que de façon exceptionnelle. Ainsi, pour un courrier (formule
d’appel et formule de politesse), on utilise une majuscule seulement au
premier mot du titre ou de la fonction. C’est alors une marque de
déférence, de considération. Ici, M. le Directeur général.

4. Je m’excuse : impossible ! On s’excuse pas soit même. En revanche, on


présente ses excuses avec la formule » je prie de m’excuser (« Je vous
présente mes excuses » ou « Excusez-moi », « Veuillez m’excuser », « Je
vous présente mes excuses » sont aussi corrects).

5. sensé est incorrect. Comme souvent, il y a eu confusion avec son


homonyme « censé« . En effet quand on peut remplacer le mot [sɑ̃se]
par « qui est supposé être« , alors il s’écrit « censé » comme dans « il est
censé être sensé« .

6. déja est un mot invariable qui s’écrit toujours avec un accent grave sur
le a : déjà.

7. Suite à n’existe pas. La formule correcte est « Pour faire suite à » ou


« A la suite de »

8. éxcellents : il n’y a jamais d’accent sur un « e » lorsqu’il est suivi par


un « x » : « excellents« .
La règle est la même quand le e est suivi par un groupe de deux
consonnes (comme dans « ellipse« ) … sauf si la deuxième est un « h »,
un « l », ou un « r » : échafauder / éclectique / écrire.
A noter qu’il n’y a pas d’accent sur le deuxième e de excellent parce qu’il
n’y a jamais d’accent, quel qu’il soit sur un e suivi de deux consonnes
identiques. Attention : la règle change quand le e est suivi d’une consonne
puis d’une voyelle ; dans ce cas il faut un accent comme
dans épave ou électricité.

9. quand est incorrect. C’est quand on peut remplacer « quand » par


« lorsque » ou « au moment où« qu’il s’écrit avec un d à la fin. Quand
[kɑ̃] est suivi de « à », « au » ou « aux » où que l’on peut le remplacer
dans la phrase par « en ce qui concerne« , il s’écrit quant.

10. quoi que est incorrect. Il s’écrit en deux mots quand on peut le
replacer par « quelle que soit la chose que ». Plus simple : si dans la
phrase, vous pouvez remplacer « quoique » par « bien que« , c’est à
coup sûr qu’il s’écrit en un seul mot.
11. est n’est pas le temps de conjugaison correcte. En effet, « quoique’
introduit une subordonnée qui est toujours au subjonctif (pour rappel,
c’est également le cas avec « afin que », « pour que », « jusqu’à ce que »,
« bien que »).
Pour en revenir au texte : « le temps est ingrat (présent de l’indicatif) /
« quoique le temps soit ingrat (présent du subjonctif) / « quoique le
temps ait été ingrat (passé du subjonctif)

12. se est incorrect car il ne peut pas être remplacé par soi-même ou moi-
même ou elle-même ou lui-même dans cette phrase (ce qui est le cas
avec : « ils se sont demandés » : ils demandent à eux-mêmes). En
revanche, on peut le remplacer par cela … même si « cela sont » est
troublant, à cause du pluriel. Il suffit alors de passer la phrase au singulier
: « cela est une journée » et sans hésitation : « ce sont des journées ».

13. éffervescence : mêmes règles que le point 8. Jamais d’accent sur


un e suivi de deux consonnes identiques : effervescence.

14. vécu : il y a un problème d’accord entre le verbe « vivre » au participe


passé (vécu) et le verbe avoir.
Avec « avoir », le participe passé est invariable :

 quand il n’y a pas de complément d’objet direct (un QUOI ou un QUI). Par
exemple : « nous avons longtemps discuté« . Nous avons longtemps
discuté QUI ou QUOI ? Rien donc pas d’accord.
 quand le COD est placé après : « Elle a invité tous ses collègues« . Elle a
invité QUI ? Tous ses collègues : le COD est placé après le verbe donc pas
d’accord.

En revanche, s’il y a un COD placé avant le verbe, le participe passé


s’accorde en genre (masculin/féminin) et en nombre (singulier/pluriel)
avec le nom auquel il se rapporte.

Explication en image :
15. , (virgule) : il n’y a pas de virgule entre le sujet et le verbe, excepté
pour séparer les différents sujets d’un même verbe. Par exemple : « La
bonne humeur, le dynamisme, le courge et l’engagement de tous ont fait
de cette journée un vrai succès« .

16. pallier aux est une expression inexacte. En effet, on pallie une
difficulté, un problème.

17. ressenti. Le participe passé employé sans auxiliaire a valeur d’adjectif


et s’accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. Ici,
au féminin pluriel : « des difficultés ressenties« .

18.,(virgule) : erreur d’espace. Pas d’espace avant et un espace après la


virgule.

19. A-prioris : c’est un mot latin qui s’écrit a priori, c’est-à-dire sans tiret,
sans accent et jamais au pluriel (même règle pour a posteriori ou a
minima). A noter que s’agissant de locutions latines non francisées, il est
préférable de les écrire en caractères italiques.

20. j’organiserais : erreur de conjugaison. « Si », quand il exprime une


condition, ne doit jamais être suivi du conditionnel mais de l’indicatif. On
dit « Si j’avais su » et non « Si j’aurais su« . On obtient donc : « Si cela se
confirme, j’organiserai un nouveau challenge ». « J’organiserai » est
au futur de l’indicatif.
21. fatiguant est ici orthographié comme un participe présent. Or, dans la
phrase, « un parcours fatigant », « fatigant » est un adjectif verbal. Si,
en général, le participe présent et adjectif verbal s’orthographie de la
même façon, ce n’est pas le cas pour les verbes en –guer. Exemples :

 participe présent : fatiguant / naviguant / intriguant / divaguant /


déléguant
 adjectif verbal : fatigant / navigant / intrigant / divagant / délégant

Pour savoir si un participe présent est en réalité un adjectif verbal,


remplacer le par un autre adjectif. Dans le texte « Au terme d’un parcours
fatigant » pourrait devenir « Au terme d’un parcours difficile / ardu / long
/... ». C’est donc bien un adjectif verbal. Tandis que dans la phrase « Tout
exercice fatiguant trop ses articulations est mauvais pour sa cheville », on
peut remplacer fatiguant uniquement par d’autres verbes : « usant »,
« exploitant ». Dans ce cas, on a bien affaire avec un participe présent.

22. a est incorrect. Ce n’est pas le verbe avoir, mais la préposition « à« .


Remplacer le a dans la phrase par avait. Si la phase a un sens : à coup
sûr, c’est le verbe avoir, donc pas d’accent. Sinon c’est à comme dans « à
commencer par … ».

23. C’est n’est pas correct. Le sujet est au pluriel (Emma et Adélaïde),
donc le verbe s’accorde : ce sont Emma et Adélaïde.

24. laché a perdu son accent circonflexe, ce qui donne : lâché. L’accent
circonflexe sur le â (ainsi d’ailleurs que sur le ô) indique en phonétique un
son plus long.

25. Démené est mal accordé. « Se démener » est un verbe pronominal


par nature (c’est-à-dire qu’il n’y a pas de conjugaison possible sans le
« se » : je démène, tu démènes n’existent pas). Donc il s’accorde toujours
en genre et en nombre : elles se sont démenées.

Et vous, avez-vous repéré des fautes qui m’auraient échappé ? Si oui,


n’hésitez surtout pas à m’alerter via la boîte commentaires ci-dessous.

Sinon, à la semaine prochaine pour la suite de notre chasse aux 45


fautes !

45 fautes parmi les plus courantes (fin)


Sophie 12/06/2016 2
« 45 fautes parmi les plus courantes » : suite et fin. Ce billet est en
effet le dernier de ma mini-série. Si c’est votre première visite sur ce blog,
je vous recommande de lire mes deux précédents billets : ici et ici.

Pourquoi ce coup de projecteur sur l’orthographe ? Parce que dans les


écrits de travail, on n’échappe pas à la nécessité d’un écrit sans faute.
La norme orthographique, les conventions rédactionnelles, véhiculent des
valeurs implicites qui peuvent rapidement devenir des marqueurs sociaux
(voir les vidéos de mon précédent billet).

Inutile d’imaginer de plus jamais pouvoir faire de fautes : la langue


française souffre de trop de difficultés et d’exceptions, où les codes
arbitraires ne riment pas toujours avec la logique. Cependant, il en est
quelques-unes, courantes dans les écrits de travail, que nous pouvons
éviter… au moins les 45 fautes que je vous ai propose de continuer à
passer en revue.

Revue des fautes d’orthographe les plus courantes


Fin de la revue des fautes d’orthographe et autres (lexicales,
grammaticales, expression, syntaxe) de notre texte. Après avoir explicité
les 25 premières, je vous invite à découvrir les suivantes.

Examinons de plus près ces fautes si fréquentes dans nos écrits de travail.
26. souligné s’écrit à l’infinitif car il est précédé de « à ». Quand un verbe
est introduit par une préposition comme « à » ou « de », il est toujours à
l’infinitif.Ici : souligner.

27. vrai est mal accordée : un adjectif s’accorde toujours en genre et en


nombre avec le nom qu’il qualifie. Ici avec « leçon« , donc féminin
singulier : vraie.

28. savoir vivre : il manque un trait d’union à savoir-vivre. Le trait


d’union sert à réunir, à associer deux mots pour n’en faire qu’un seul qui
devient un mot composé (nota : le pluriel de savoir-vivre est savoir-vivre
; s’agissant de deux verbes, ils restent invariables).

29. aient été est au subjonctif. Or, après « après que », le verbe est à
l’indicatif : « après que les scores ont été proclamés ». En revanche,
on emploie le subjonctif après « avant que ». Pourquoi ? Parce que le
subjonctif contient une part d’incertitude, ce que ne contient pas
l’indicatif. L’incertitude existe bien avant que les faits se soient produits
(subjonctif), mais pas après (indicatif).

30. félicité et 31. échangées. Ces deux fautes concernent les verbes
pronominaux au participe passé. Un verbe pronominal est un verbe
accompagné d’un pronom personnel complément qui représente la même
personne que le sujet (se).
La difficulté avec ces verbes quand ils sont au participe passé, c’est que
parfois ils s’accordent et parfois ne s’accordent avec le sujet.
Pour le déterminer, il y a un principe à retenir (qui a aussi des exceptions,
mais bon …) :

 verbes essentiellement pronominaux : il y a TOUJOURS ACCORD du


participe passé avec le sujet.
 verbes accidentellement (occasionnellement) pronominaux : ACCORD du
participe passé en fonction de la place du complément d’objet direct.

Exemples de deux cas avec un verbe accidentellement pronominal :


On
retrouve ici la règle du participe passé avec AVOIR.
Petit rappel, un COD se trouve uniquement avec la question QUI ou QUOI (ne
pas confondre avec « à qui » ou « à quoi » qui renvoient à un complément
d’objet indirect. Dans ce cas, le participe passé ne s’accorde pas).

Et maintenant un exemple avec un verbe essentiellement pronominal (cf.


mon billet précédent) :
Dans ce cas, c’est la règle de l’accord systématique avec le verbe ÊTRE.

J’espère que c’est plus clair pour vous. Pour finir, les deux phrases que
j’utilise personnellement pour m’aider à mémoriser cette règle :

 Elles se sont maquillées MAIS Elles se sont maquillé les mains

Recherchez la place du complément d’objet direct et vous ne vous


tromperez (presque) plus !

32. 1200. Par convention, en France et dans quasiment tous les pays, les
nombres doivent être partagés en tranches de trois chiffres par un espace
(jamais séparées des points, ni par des virgules). Il faut écrire 1 200.

33. euro : ne pas croire nos billets de banque : euro est un nom qui prend
un « s » au pluriel ; il n’est pas invariable. A noter aussi qu' »Euro » ne
prend de majuscule qu’en début de phrase, comme tout autre nom
commun.

34._______. Le soulignement est à utiliser avec beaucoup de précautions.


C’est une façon de mettre en valeur un mot ou une phrase qui date de
l’époque des machines à écrire (le temps de la dactylographie).
Aujourd’hui, dans une économie où l’écriture est accessible via toutes
sortes d’écran, le soulignement d’un mot marque l’existence d’un
hyperlien. Vaut mieux donc le réserver à ce seul usage.

35. Enfin, pour terminer est un pléonasme, c’est-à-dire l’emploi d’un mot
ou d’une expression qui ne fait que répéter celui/celle qui le précède. Il
faut choisir, soit enfin, soit pour terminer. Le pléonasme peut être
volontaire, dans le cas d’un auteur qui voudrait donner plus de force à ces
écrits. Mais il est à réserver pour l’écriture journalistique ou littéraire.
Dans un écrit de travail, il n’apporte rien. Quelques exemples : à partir de
dorénavant, ainsi par conséquent, différer à une date ultérieure, voire
même, etc… (qui est un pléonasme : soit etc., soit … mais jamais les
deux, voir aussi ici).

36. rapelle : ce verbe (comme appeler d’ailleurs) prend toujours 2 « p »,


pas d’exception. En revanche, la question se pose le plus souvent avec le
nombre de « l ». La règle la plus « simple » que j’ai trouvée est celle du
projet Voltaire :

 deux « l » quand on entend le son « è » : « je rappelle« , « nous le leur


rappellerons« , etc. ;
 un seul « l » quand on entend le son « eu » : « tu appelais« , « nous
appelions« , etc.

37. est prévu : mauvais accord du verbe « être ». Cette règle là est facile
à retenir : le participe passé s’accorde toujours en genre et en nombre
avec le verbe « être ».

38. Samedi : les jours de la semaine (comme les mois de l’année


d’ailleurs) sont des noms communs ; ils ne prennent pas de majuscule,
excepté s’il sont placés en début de phrase ou si la date est utilisée
comme symbole d’un événement historique : « le Jeudi noir de 1929« ,
« le 14 Juillet« .

39. et 40. Etant donnée : deux fautes ici. D’une part l’expression « étant
donné » est invariable (mais attention, le verbe « donner » s’accorde :
« les résultats étant donnés à la fin de la compétition« ), et d’autre part, il
faut une majuscule sur le E. En effet, les majuscules doivent être
accentuées : son absence ralentit la lecture, fait hésiter sur la
prononciation, et peut même induire en erreur : Étant donné (pour
mémoire : À = alt 183 / È = alt 212 / É = alt 144).

41. De façon à ce que existe mais est incorrect. On (en fait, c’est
l’Académie française qui le recommande fortement) lui préfèrera la
formulation « de façon que/qu’on« . Il faut ainsi mieux écrire : « […] de
façon qu‘on organise au mieux […] ».

42. acceuil : après « c » ou « g », le son » euil » s’écrit « ueil »


: accueil, orgueil.

43. Je vous serais gré : l’expression réelle est « savoir gré » et non « être
gré ». On écrit donc : « Je vous saurais gré« .

44. -. est une erreur de ponctuation. Quand le tiret final est aussi la fin
d’une phrase, il fusionne avec le point : « […] vouloir me confirmer votre
participation – de préférence, par retour de mail. » Voir plus de détails ici.
45. je vous prie d’agréer l’expression. La formule comporte une erreur
fréquente, mais comme peu de gens la connaisse, ce n’est pas vraiment
une faute grave ! En effet dans une formule de politesse, le terme
« l’expression » (tout comme « l’assurance » d’ailleurs) doit être suivi d’un
nom désignant un sentiment. Il faut donc :

 soit supprimer le mot expression : « je vous prie d’agréer, […] mes


salutations distinguées » ;
 soit remplacer « salutations distinguées » par « sentiments distingués »
ou » parfaite considération » : « je vous prie d’agréer, […] l’expression
de mes sentiments distingués ».

Et voilà ! 45 fautes que vous ne ferez plus ! Vous l’aurez compris,


certaines fautes sont plus « graves » que d’autres, en ce sens qu’un
lecteur attentif y accordera plus ou moins d’importance. Comprenez que
plus il y accorde de l’importance et plus vous, auteur ou scripteur, vous
perdez en crédibilité. Vous ne me croyez pas ? Écoutez cette chronique de
Quentin Périnel, sur Radio Classique au titre éloquent de « Ne vous fiez
pas à quelqu’un qui fait des faute d’orthographe » (émission du
27/05/2016 visible ici).

Si vous le souhaitez, vous pouvez télécharger ci-contre la lettre


entièrement corrigée.
Si j’y ai oublié une faute qu’elle soit d’orthographe lexicale, d’orthographe
grammaticale, d’expression ou de syntaxe, surtout n’hésitez pas à me le
signaler !

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