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Il y a quelques années, les scientifiques considéraient que le trou dans la couche d'ozone devait
se résorber totalement dans environ cinquante ans. Cependant, en 2015, l'Organisation
météorologique mondiale indiquait que la couche d'ozone devrait être, en grande partie,
reformée vers le milieu du XXIe siècle, et sans doute pas avant 2070 au-dessus de
l'Antarctique. "Le Protocole de Montréal est en place et fonctionne bien. Toutefois, il se peut que
nous continuions à observer des trous d'ozone étendus au-dessus de l'Antarctique jusqu'en
2025 environ, en raison des conditions météorologiques régnant dans la stratosphère et parce
que les substances chimiques subsistent dans l'atmosphère pendant plusieurs décennies après
avoir été stoppées", a déclaré M. Braathen, scientifique principal à la Division de la recherche
sur l'environnement atmosphérique relevant du Département de la recherche de l'OMM.
Il fallu attendre fin 2017 et début 2018 pour que deux études confirment enfin que le trou dans
la couche d'ozone se résorbe bien, en parallèle avec la diminution des concentrations en chlore
(- 0,8 % par an).
Toutefois, la couche d'ozone ne retrouvera probablement pas son état originel (des années
1950, d'avant l'arrivée des SAO anthropiques). En effet, ce sont maintenant les gaz à effet de
serre (GES) qui prennent le relais de la destruction de l'ozone. Dans tous les cas, le trou dans
la couche d'ozone ne sera plus un problème majeur d'ici 2060-2080 environ.
Le trou d'ozone
Le danger des rayons ultraviolets
La couche d'ozone est essentielle à la vie sur terre car elle absorbe partiellement les UV B qui
sont des rayonnements ultraviolets très énergétiques et destructeur de l'ADN.
Il existe différents types de rayons UV regroupés en trois grandes classes : les rayons UV-C,
UV-B et UV-A :
95 % du rayonnement UV est constitué d'UV-A, les moins énergétiques avec des longueurs
d'onde comprises entre 315 à 400 nanomètres.Les UV-B sont compris entre 280 et 315
nanomètres.Les UV-C, compris entre 280 et 100 nanomètres, sont les plus dangereux de la
gamme.En effet, l'impact des UV sur les organismes vivants dépend de leur longueur d'onde :
plus cette longueur d'onde est courte, plus le danger est grand. Heureusement, ils sont arrêtés
presque en totalité par la couche d'ozone. Or, cette couche protectrice s'est amincie
dangereusement, particulièrement à une altitude comprise entre 14 et 20 km.
Sur le même sujet :Canicule sans précédent de juin 2019 : record absolu de chaleur battu sur la
France
Le 15 mars 1988, la NASA diffusait un rapport mené par une centaine de chercheurs dans le
monde qui indiquait que la concentration en ozone stratosphérique avait diminué en moyenne
de 1,7 à 3 % dans l'hémisphère nord entre 1969 et 1986 malgré les variations naturelles
constatées de 15 à 20%. De surcroît, le rayonnement moyen mondial des UV-B au niveau de la
surface terrestre s'était élevé de 10 % entre 1986 et 1996.
La dégradation de la couche d'ozone implique une moindre filtration des rayons ultraviolets les
plus nocifs et une élévation des risques pour la vie terrestre :
Par exemple, à Punta Arenas, au sud du Chili, la quantité d'ozone diminue de 30 à 50% durant
le printemps Austral (notre automne au pôle Nord), obligeant les habitants à se protéger la pea
Le "trou" dans la couche d'ozone au dessus des pôles
Septembre est le mois où le "trou" dans la couche d'ozone est le plus important au dessus de
l'Antarctique. Nous vous proposons de comparer le trou du mois en cours avec le mois de
septembre précédent.
Comparaison du trou dans la couche d'ozone, au dessus de l'Antarctique entre le 30 septembre
2019 (à gauche) et le 23 novembre 2019 (à droite)
Crédit : NASA
Les données pour l'Europe montrent des baisses de 5,4% par décennie depuis les années 80
en hiver et au printemps, avec une tendance à l'amélioration sur la période 1995-2000. Et
pourtant, en 2000, 2001 et 2003, le trou dans la couche d'ozone a atteint une superficie jamais
observée avant 2000, alors que celui de 2002 était le plus petit qui ait été observé depuis 1998.
Selon l'Organisation Météorologique Mondiale ces "fluctuations aussi marquées sont dues aux
variations interannuelles des conditions météorologiques régnant dans la stratosphère et non à
la quantité totale de susbstances destructrices d'ozone dans cette couche de l'atmosphère."
(OMM, 2004)
Evolution de l'étendue du "trou dans la couche d'ozone" au-dessus du pôle Sud, en millions de
km2 et en unités Dobson
Crédit : NASA
En Arctique (pôle nord), les températures hivernales sont en moyenne plus élevées qu'au pôle
Sud et les conditions météorologiques varient beaucoup d'une année à l'autre. Les conditions
ne sont donc pas toujours réunies pour qu'une diminution importante d'ozone y soit observée
(INSU, 04/2011). Toutefois, une étude publiée dans la revue Nature souligne que les trous
d'ozone dans l'Arctique sont possibles même avec des températures beaucoup plus douces
que celles de l'Antarctique.
Début 2011, pour la première fois dans l'histoire des relevés, un trou comparable à celui
observé annuellement au dessus de l'Antarctique, s'est formé au dessus des régions boréales.
Au plus fort du phénomène, la perte d'ozone a dépassé 80 % à plus de 18-20 km d'altitude.
D'une taille d'environ 2 millions de km², ce trou, d'une taille inégalée, s'est déplacé durant une
quinzaine de jours au-dessus de l'Europe de l'Est, de la Russie et de la Mongolie, exposant
parfois les populations à des niveaux élevés de rayonnements ultraviolets, selon les
chercheurs.
Suite aux travaux de l'expédition scientifique de 1986 en Antarctique, Susan SALOMON puis
James ANDERSON ont démontré que les teneurs en chlore étaient nettement supérieures aux
"normales" dans les régions les plus affectées par la disparition de l'ozone.
Paul CRUTZEN, Mario MOLINAS et Frank SHERWOOD ont ensuite établi que les
responsables sont des molécules chimiques produites par l'Homme : les ChloroFluoroCarbones
(CFC) et les halons.
Ces composés très stables montent lentement vers la stratosphère où ils catalysent la
destruction de l'ozone. En effet, au contact des rayons ultraviolets (UV), ces gaz libèrent leur
chlore par photolyse. De plus, les cristaux de glace présents dans les nuages d'altitude
transforment les composés chlorés de l'atmosphère en chlore actif susceptible de détruire
l'ozone.
"Le chlore et le brome s'accumulent dans le tourbillon polaire où ils restent chimiquement
inactifs dans l'obscurité. Les températures dans le vortex peuvent descendre en dessous de -78
degrés Celsius et des nuages stratosphériques polaires peuvent se former, qui jouent un rôle
important dans les réactions chimiques. Lorsque le soleil se lève au-dessus du pôle, des
atomes de chlore et de brome chimiquement actifs sont libérés dans le vortex et détruisent
rapidement les molécules d'ozone, provoquant la formation du trou", explique le Service pour la
surveillance de l'atmosphère de Copernicus.
Comme ces molécules chimiques introduites par les activités humaines persistent longtemps,
leur action n'est neutralisée qu'après des dizaines d'années. En effet, une molécule de CFC met
environ 25 ans avant d'atteindre la stratosphère et a une durée de vie comprise entre 60 et 100
ans... Ainsi, leur concentration ne diminue que très lentement même si ils sont bannis de toute
utilisation et production.
Les composés chimiques responsables du trou dans la couche d'ozone
Les substances à l'origine de la perdition d'ozone stratosphérique sont des halocarbures. Ils
s'agit de composés halogénés synthétiques, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas produits par la nature
(chlore, brome, iode et fluor). Ils regroupent toutes les Substances Appauvrissant la Couche
d'Ozone (SAO ou SACO), soit :
En se décomposant sous l'action de la lumière, ces composés libèrent le chlore qui casse alors
les molécules d'ozone.
L'atome de chlore avec une durée de vie pouvant atteindre la centaine d'années, détruira
plusieurs milliers de molécules d'ozone avant de disparaître.
Le protoxyde d'azote (N2O)
Depuis que les émissions des SAO sont contrôlés, le N2O, un puissant gaz à effet de serre, est
maintenant le premier gaz responsable de la destruction de la couche d'ozone.
Or, un tiers des émissions de N2O sont liées aux activités humaines. L'agriculture est de loin la
plus grande source d'émissions de N2O causée par l'être humain et représente 2/3 de ces
émissions. Cependant, les autres sources importantes de N2O incluent la combustion de
carburant industriel et fossile, les opérations de combustion et les eaux usées.
Si l'ensemble des SAO diminuent significativement, la NASA a détecté, avec suprise, mi-2014
qu'un important gaz destructeur de la couche d'ozone, le tétrachlorure de carbone (CCL4) était
encore très abondant dans la couche d'ozone, alors qu'il devrait tout simplement avoir disparu.
En effet, officiellement, entre 2007 et 2012, aucun pays n'a émis de CCL4 et pourtant, les
mesures satellites, les avions, les capteurs au sol et les ballons-sondes météorologiques
détectent bien le fameux composé chimique, principalement utilisé dans les extincteurs et le
nettoyage à sec.
le cycle des tâches solaires (11 ans) influe de 1 à 2 % entre le maximum et le minimum d'un
cycle typiqueles émissions volcaniques d'aérosols de sulfate (Ex. juin 1991, l'éruption du mont
Pinatubo aux Philippines)la vapeur d'eau contribue également à la destruction de l'ozone
stratosphérique via les nuages (A. NICOLAS, 2004)les émissions de protoxyde d'azote (N2O)
d'origine naturelle (Stratospheric ozone depletion due to nitrous oxide: influences of other gases
- The Royal Society ; 12/2011)
Cependant, mis à part quelques émissions volcaniques exceptionnelles, les facteurs naturels
influent relativement peu sur les changements de la couche d'ozone.
Face à ce phénomène global et d'une extrême gravité, les pays industrialisés ont adopté un
traité international : le protocole de Montréal en 1987 qui fait suite à la Convention de Vienne de
mars 1985. Ce premier prévoyait de réduire la production de CFC de moitié pour l'an 2000 et
est entré en vigueur en 1989.
Cependant, avec l'urgence du problème, il est décidé en 1990, avec l'amendement de Londres
puis celui de Copenhague en 1992, l'arrêt total de la production de CFC pour l'an 2000. Il a
également été amendé en 1995 à Vienne, en 1997 à Montréal et en 1999 à Beijing.
Le protocole de Montréal
Le 16 septembre 1987, 24 pays, dont la France, signent le Protocole de Montréal relatif à des
substances qui appauvrissent la couche d'ozone, sous l'égide du Programme des Nations Unies
pour l'Environnement. Son objectif est d'éliminer progressivement la production et l'utilisation
des produits les plus néfastes pour la couche d'ozone.
Depuis le 16 septembre 2009, le protocole de Montréal est ratifié par l'ensemble des 197
membres de l'ONU, ce qui en fait le seul traité universel.
Le protocole vise à protèger la couche d'ozone des dommages occasionnés par certaines
substances chimiques industrielles connues sous le nom de Substances Appauvrissant l'Ozone
(SAO). Le protocole a progressivement interdit la production de réfrigérants et de solvants
contenant des chlorofluorocarbones (CFC), ainsi que la fabrication d'extincteurs contenant des
halons. Il a fixé un calendrier précis aux fins de l'élimination progressive d'autres substances
nocives telles que les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) et le bromure de méthyle.
Au total, 8 SAO sont réglementées par le protocole de Monréal :
Suite au Protocole, à ses amendements et à l'arrêt total de la production de CFC depuis 1994,
les concentrations de produits appauvrissant l'ozone dans la basse atmosphère (la troposphère)
ont atteint leur point culminant en 1995 et sont depuis en baisse dans la troposphère et la
stratosphère. Les scientifiques estiment que les gaz ont atteint leur pic de concentration dans la
stratosphère antarctique en 2001.
Grâce au Protocole, entre 1988 et 2010, les émissions des SAO ont ainsi baissé de plus de 80
%. Depuis la fin des années 1990, au dessus de la plupart des régions du monde, la couche
d'ozone n'est pas devenue plus mince : elle semble se reconstituer. Pour les Nations Unies, le
Protocole de Montreal est le "traité ayant eu le plus de succès dans l'histoire des Nations
Unies".
Les concentrations des composés chlorés et bromés provenant de la dégradation des SAO
dans la stratosphère décroissent. En 2012, les niveaux combinés de chlore et de brome
(exprimés par la charge en chlore effective stratosphérique) ont décru d'environ 10-15 % par
rapport à leur maximum atteint il y a 10-15 ans. Cette diminution est due à part égale à la
décroissance des concentrations du méthylchloroforme (CH3CCl3), du bromure de méthyle
(CH3Br) et des chlorofluorocarbures (CFCs).
Les CFC sont remplacés progressivement par d'autres gaz moins nocifs comme les
hydrochlorofluorocarbures ou HCFC et hydrofluorocarbures ou HFC. Pour autant, l'abandon de
toute substance chlorée et fluorée devra s'échelonner jusqu'en 2030 (IFEN, 2002).
Ces composés (HCFC-22, HCFC-141, HCFC-142b) ont une durée de vie limitée à quelques
dizaines d'années dans l'atmopshère. Cependant, ils contiennent encore du chlore qui
contribue, certes plus modestement, à la diminution de la couche d'ozone.
Le HCFC-22 est le plus utilisé et ses concentrations ont progressé plus d'une fois et demie plus
vite en 2007-2008 qu'en 2003-2004.
Suite à l'interdiction des CFC, les HCFC ont été massivement employés, ce qui a conduit, en
2007, à un accord visant à accélérer l'élimination des HCFC contenus généralement dans les
systèmes de climatisation. En effet, "Les HCFC sont à la fois des substances qui appauvrissent
la couche d'ozone et de puissants gaz à effet de serre : le plus utilisé est 2 000 fois plus
puissant que le dioxyde de carbone du point de vue du réchauffement de la planète" a déclaré
le Secrétaire général des Nations Unies M. Ban Ki-moon.
Ces HFC (HFC-23, HFC-32, HFC-134a) ne contiennent pas de chlore, ils ne participent donc
pas à la destruction de l'ozone atmosphérique.
Déclin de la consommation de CFCs par grandes régions mondiales depuis 1988 avec
l'adoption du protocole de Montréal. La consommation a été divisée par 8 passant de près de
800 000 tonnes en 1988 à 100 000 tonnes en 2001.
Source : GEO Data Portal, d'après le secrétariat à l'ozone de l'UNEP - 2004
Toutefois, les SAO sont de plus en plus remplacées par des hydrofluorocarbones (HFC), dont le
potentiel de réchauffement planétaire est jusqu'à 14 800 fois plus élevé que celui du dioxyde de
carbone, le principal gaz à effet de serre.
Selon une étude du PNUE publiée en septembre 2014, avant l'application du Protocole de
Montréal, les SAO ont émis dans l'atmosphère l'équivalent d'environ 10 milliards de tonnes de
CO2 chaque