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Philippe Hugon
2013/3 n° 59 | pages 34 à 48
ISSN 1293-6146
ISBN 9782352400851
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2013-3-page-34.htm
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p. 34
La croissance de l’Afrique
peut-elle durer ?
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L
[1] Derniers ouvrages ongtemps l’Afrique a été caractérisée par les termes
parus sur l’Afrique :
L’Economie de l’Afrique, de « retard » ou de « marginalisation ». Les indicateurs
La Découverte, « Repères », normés en faisaient un mauvais élève de la classe
2013 (7e éd.), et
Géopolitique de l’Afrique, internationale en matière de croissance économique.
Sedes, 2012 (3e éd.). Or elle est définie aujourd’hui comme un continent émergent,
voire une « nouvelle frontière » de l’économie mondiale [Boillot
et Dembinski, 2013]. Au-delà des effets de la crise mondiale et
du trou d’air de 2009, le taux de croissance moyen est supérieur
à 5 % pour l’ensemble de l’Afrique, même si les trajectoires sont
contrastées selon les pays et les régions. Des facteurs exogènes
et endogènes expliquent ces ruptures de trajectoire. La question
demeure de savoir si cette croissance moyenne peut durer.
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d’institutions spécifiques. Elles demeuraient des économies peu p. 35
articulées et hétérogènes sur le plan productif, peu diversifiées et
exportatrices de produits primaires à faible valeur ajoutée, carac-
térisées par l’importance des rentes prélevées sur les ressources
naturelles et les différentiels entre les prix mondiaux et nationaux.
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D’une part, le calcul du produit intérieur brut (PIB) intégrant p. 37
les activités non enregistrées ou partant des enquêtes sur les
niveaux de vie des ménages (équipements, conditions de loge-
ment, nutrition, santé, éducation…) conduit à relativiser forte-
ment l’« exception africaine » et à doubler le taux de croissance
de longue période [Young, 2009]. En raison de l’importance des
activités « informelles » fonctionnant sans cadre comptable et
hors du regard de l’Etat, d’une part, et des activités parallèles
contrôlées par les pouvoirs privés et publics, d’autre part, la par-
tie enregistrée statistiquement ne constitue que la partie visible
de l’iceberg. Par ailleurs, du fait des négociations internationales
et de la défaillance des systèmes nationaux, de nombreuses
statistiques sont construites pour les besoins de la cause.
secteur pétrolier a, certes, enregistré une croissance annuelle de [4] Les 500 premières
7,1 % durant la décennie 2000, mais le tourisme, la construction, entreprises du continent
africain ont presque triplé
les transports et les télécommunications ont connu des taux de leur chiffre d’affaires
(environ 700 milliards de
progression proches ; la croissance dans les services a été supé- dollars en 2010) et leurs
rieure à 6 %, celle de l’agriculture à 5,5 % et celle des industries bénéfices (60 milliards de
dollars) depuis le début
manufacturières à 4,6 %. Les télécommunications et la distribu- de la décennie 2000. Elles
tion comptent parmi les secteurs à plus fort taux de croissance et ont en revanche connu
une croissance de 3,4 %
profitabilité [3]. Entre 1960 et 2007, la part dans le PIB de la valeur de leur chiffre d’affaires
en 2011 contre 17,7 % en
ajoutée agricole est passée de 41 % à 22 %, celle des industries 2010. L’Afrique australe
est passée de 17 à 32 % du fait des mines et des hydrocarbures, concentre deux tiers de ces
entreprises.
et celle des services de 42 à 46 % [CEA/UA, 2010] [4].
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Déficit
- 4,6 - 1,8 + 60
budgétaire/PIB
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harienne et du Sud. On observe des zones à la fois d’intégration p. 39
régionale et mondiale, en Afrique orientale et australe, et des
zones peu intégrées en Afrique centrale, de l’Ouest et dans la
Corne de l’Afrique. La croissance économique est contrastée
entre les pays exportateurs de produits du sous-sol et les pays
importateurs de pétrole et/ou de produits alimentaires. Ces der-
niers restent vulnérables aux chocs extérieurs (prix des aliments
ou du pétrole). La croissance du PIB entre 2001 et 2011 a été de
80 % en Angola ou en Guinée équatoriale, pays pétroliers, contre
- 17 % au Zimbabwe. Plus fondamentalement, on peut différen-
cier plusieurs régimes de croissance et modes de développement
selon différents critères : pays ayant mis en place ou non des
réformes, modes de spécialisation internationale, diversification
du système productif et accroissement de la demande intérieure.
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Elle permet un accès à des biens manufacturés low cost pour les p. 41
catégories à faible pouvoir d’achat et réduit le coût des biens
d’équipement et des technologies. Il y a certes concurrence sur
des segments permettant une remontée en gamme des produits
dans les chaînes de valeur internationales et risque de primari-
sation des économies. Mais en même temps, les économies se
sont diversifiées, et les zones économiques spéciales anticipent
une délocalisation d’activités dans des secteurs ayant perdu de
leur compétitivité dans les pays d’origine ou sur des marchés
croissants.
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constituer un cadre favorable à la prise de risque de l’investis- p. 43
sement et de contrôler les territoires nationaux.
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climatique, au stress hydrique, à la perte de biodiversité, à la p. 45
désertification ou aux pollutions des villes.
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la corruption voire la conflictualité autour de la convoitise des p. 47
ressources du sol ou du sous-sol. L’Afrique affronte de nombreux
défis démographiques, environnementaux, sécuritaires, de créa-
tion d’emplois pour les 200 millions de jeunes dont le nombre
doit doubler d’ici 2050. Mais en même temps, les cartes sont
aujourd’hui principalement dans les mains des acteurs africains,
qui peuvent bénéficier de la sortie de relations postcoloniales
pour négocier des transferts de technologie et des formations
de compétences de la part des firmes ou des relations de parte-
nariat entre PME africaines et grandes firmes internationales, ou
encore des accords commerciaux permettant des remontées en
gamme dans les chaînes de valeur internationales.
Bibliographie
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Programme des Nations unies Le Moniteur du commerce
pour le développement. international, déc.
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Bibliographie
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