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Questions de communication

22 | 2012
Patrimonialiser les musiques populaires et actuelles

Jean-Michel ADAM, Genres de récits. Narrativité et


généricité des textes
Louvain-la-Neuve, Éd. L’Harmattan-Academia, coll. Sciences du langage :
carrefours et points de vue, 2011, 324 p.

Jacques-Philippe Saint-Gerand

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/6988
DOI : 10.4000/questionsdecommunication.6988
ISSN : 2259-8901

Éditeur
Presses universitaires de Lorraine

Édition imprimée
Date de publication : 1 décembre 2012
Pagination : 331-334
ISBN : 978-2-8143-0130-6
ISSN : 1633-5961

Référence électronique
Jacques-Philippe Saint-Gerand, « Jean-Michel ADAM, Genres de récits. Narrativité et généricité des textes
», Questions de communication [En ligne], 22 | 2012, mis en ligne le 08 janvier 2013, consulté le 01 mai
2019. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/6988

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questions de communication, 2012, 22

réalité et iction semble trop limité et il convient de servir des causes nationalistes. À cet égard, l’auteur
resituer les textes dans leur contexte pour comprendre présente quelques exemples de l’utilisation du mythe
en quoi le mythe de l’Atlantide et ses nombreuses dans l’Allemagne nazie.
réécritures sont évocatrices de problématiques liées
à leur temps. L’intérêt de l’ouvrage va donc bien au-delà de l’Histoire.
En revenant sur le mythe que constitue l’Atlantide et
Le troisième chapitre s’intéresse aux mythes des ses nombreux développements et en mettant en
paradis perdus et des âges d’or dont l’Atlantide fait lumière les enjeux idéologiques qui le sous-tendent,
partie : « Une des raisons de la résistance du mythe l’auteur offre une rélexion pertinente sur un problème
de l’Atlantide est qu’il se rattache à un ensemble pouvant être abordé de différentes façons : de sa
plus vaste, qui est celui des paradis perdus et des naissance du mythe, sa circulation, ses réutilisations sous
âges d’or » (p. 67). D’abord, René Treuil présente de nombreuses formes et les enjeux qui en découlent.
les caractéristiques de cette période des débuts de Ce volume constitue donc une très bonne entrée en
l’humanité. L’abondance est de mise, et les valeurs matière pour toute personne désireuse d’explorer ce
principales sont la simplicité et la facilité de la vie. L’âge mythe, ou d’autres, ses nombreuses réécritures mais
d’or est un « objet de désir » (p. 71) qui va de pair avec aussi les raisons qui font que, encore aujourd’hui, il
une forme de nostalgie des origines. Parallèlement, igure parmi les plus populaires qui ont su traverser
une autre conception de l’humanité va circuler, celle les époques. Et comme l’écrit Suzanne Saïd à propos
du progrès et de la projection du bonheur dans le de la mythologie grecque : « On peut tout faire avec
futur. Ici, c’est le progrès qui doit emmener vers le des mythes, les raconter, les réduire à des schémas, les
bonheur. La découverte de l’Amérique, le nouveau réécrire ou les rêver », en revanche, on ne peut pas les
monde, a alimenté de nombreux écrits et la igure du « tuer », ils ont la vie bien trop dure » (p. 93). Alors, ce
sauvage vivant proche de la nature a, elle aussi, servi petit ouvrage est d’un grand intérêt à notre époque
la critique à l’encontre des peuples colonisateurs, où se multiplient les formes de récits fantastiques et
comme chez Michel de Montaigne, ou parfois la imaginaires qui puisent leurs inspirations dans des
justiication de la colonisation. Le bon sauvage se mythes traditionnels et se déploient sur différents
retrouvera ailleurs dans le monde comme à Tahiti où supports médiatiques.
les représentations de l’amour libre accompagnent les
récits des voyageurs. Certains ont également vu un Laurent Di Filippo
âge d’or dans différentes périodes de la préhistoire CREM, université de Lorraine
où, contrairement à l’idée d’une lutte constante pour Nordistik, université de Bâle (Suisse)
la survie, les premiers hommes avaient peu de besoins laurent@di-ilippo.fr
et vivaient dans une forme d’abondance relative.
Communication, langue et discours
Le quatrième et dernier chapitre de l’ouvrage traite
des utilisations variées qui ont été faites du mythe Jean-Michel aDam, Genres de récits. Narrativité et
de l’Atlantide et propose trois catégories pour les généricité des textes.
comprendre : prescrire, distraire et gloriier. Prescrire Louvain-la-Neuve, Éd. L'Harmattan-Academia, coll. Sciences
revient à organiser le monde en catégories de du langage : carrefours et points de vue, 2011, 324 p.
pensée. Ainsi les utopies repérées dans la littérature
servent-elles souvent de modèles à la critique des Qui se souvient encore de Guy Michaud et de
sociétés d’origine des auteurs. Le mythe peut aussi L’Œuvre et ses techniques (Paris, Nizet, 1963) ? Avec
servir à distraire et à faire rêver. René Treuil revient, les instruments dont il pouvait disposer en son temps,
notamment, sur quelques productions culturelles Guy Michaud souhaitait rendre compte des processus
dans lesquelles se retrouve le mythe de l’Atlantide. langagiers fonctionnels à l’œuvre dans les genres de la
En effet, il igure dans la littérature, les bandes poésie, du théâtre, du roman. Et ce n’est qu’en 1966,
dessinées, le cinéma, les jeux vidéo et jeux de rôle, avec la huitième livraison de Communication, que la
la musique et de nombreuses productions culturelles narratologie, parmi d’autres études de linguistique
contemporaines. Bien sûr, les exemples auraient pu textuelle, commença à s’introduire dans le champ
être encore plus nombreux. Enin, la gloriication sert, des recherches en sciences du langage. Depuis 1984,
le plus souvent, à proposer des valeurs positives ain Jean-Michel Adam, qui a choisi Lausanne comme
de créer un sentiment d’appartenance à un groupe et poste d’observation des débats franco-français et
une identité commune. Ce type d’emploi peut nourrir internationaux portant sur les aspects linguistiques de
les aspirations de nombreux individus et, parfois, la littérarité, à travers plus d’une dizaine d’ouvrages

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Notes de lecture

et d’innombrables articles, a édiié sur cet objet une suite de cette (re)mise en perspective, cinq chapitres
œuvre critique considérable qui se signale par son donnent à Jean-Michel Adam les moyens de balayer
acuité et sa densité. Une œuvre qui, prenant en compte un large espace de discours narratifs et d’en spéciier
les travaux développés sur les mêmes objets par les caractéristiques textuelles au moyen de ce concept
d’autres chercheurs, se signale aussi par sa cohérence de généricité. Ce sont d’abord la légende et l’histoire
intrinsèque et sa cohésion formelle, qui pourrait tragique qui sont illustrées dans des textes d’Albert
donc être déinie comme une « entité autonome Camus (une pièce de théâtre de 1949 : Les Justes) et
de dépendances internes », c’est-à-dire comme une de Jean-Pierre Camus (un extrait des Récits historiques
structure selon la déinition de Louis Hjelmslev. de 1643). Jean-Michel Adam, après avoir déini les
bases sémantiques et compositionnelles, puis les
Cette dimension du travail de l’auteur est marquée composantes pragmatiques de la narrativité, y détaille
ici par le retraitement ou le recyclage de textes les mécanismes de leur effet sur le lecteur, ce qui lui
antérieurement publiés, sur lesquels se pose un regard permet de poser ses principes d’une narratologie
autocritique à des ins mélioratives. Sous cet aspect, et textuelle et discursive à fondement linguistique
sans préjuger des travaux futurs qu’il entend encore en approfondissant la position de Dominique
mener, Jean-Michel Adam propose dans son nouvel Combe (Poésie et Récit, Paris, J. Corti, 1989). Le second
ouvrage une synthèse de la rélexion qui l’amène à chapitre aborde le genre des récits de presse, par la
dépasser les cloisonnements doxiques selon lesquels brève, le fait divers et l’anecdote, et se compose de
il existerait des textes littéraires (romans, poésie, trois études. La première traite des « Nouvelles en
théâtre, etc.) et des textes non littéraires (faits divers, trois lignes » de Félix Fénéon.
publicités, discours politiques, etc.). Ainsi propose-
t-il un « décloisonnement raisonné des sciences Jean-Michel Adam récuse les retraitements éditoriaux
humaines et sociales » (p. 12) puisque c’est par le dont ces textes aussi admirables que compendieux
discours que se développent ces deux branches de ont été l’objet depuis Jean Paulhan et consorts. En
la connaissance. Et l’on voit ici l’auteur revendiquer prenant ces écrits pour ce qu’ils sont originairement,
le même « remembrement » du savoir que celui que dans leur brièveté et leur décontextualisation,
Tzvetan Todorov réclamait en 1978 dans Les genres Jean-Michel Adam étudie d’abord les fondements
du discours (Paris, Éd. Le Seuil). intentionnels de leur action narrative, puis les
désordres du récit causés par le choc de la causalité
Ce point de départ, clairement signalé dans une événementielle et de l’action intentionnelle, ce qui lui
introduction qui pose la question des rapports des permet d’envisager le passage du genre de la brève
textes et des genres discursifs, permet à Jean-Michel (« molécule de base de l’information narrative »,
Adam de retracer ensuite l’itinéraire de sa navigation p. 122) à celui de l’article de fait divers. La seconde
parmi les œuvres de Mikhaïl Bakhtine, de la Textlinguistik étude s’attache aux manières de raconter une
allemande, de Dominique Maingueneau et de François catastrophe naturelle et au passage de l’événement
Rastier, et de mettre en place sa conception de la au récit. L’auteur y détecte l’importance de la
généricité, c’est-à-dire du degré d’appartenance d’un construction passive, dont il se demande si elle ne
récit à tel ou tel genre. De même que, pour nous, il constituerait pas une matrice narrative, d’autant
existe dans le langage une rhétoricité fondamentale que trois quarts d’entre elles (p. 128) comportent
que le discours met en œuvre, évaluable d’un l’expression de l’agent en in de phrase, ce qui
degré zéro jusqu’à sa saturation igurale, pour confère une mise en valeur immédiate à ce dernier.
Jean-Michel Adam : « Les textes réalisés se situent Le quart restant, phrases passives avec ellipse de
sur un gradient de typicalité allant d’exemples qui l’agent, accentue l’état résultant de la catastrophe.
actualisent maximalement la catégorie déinie à des Dans les deux cas, Jean-Michel Adam constate que
exemples périphériques qui ne sont que partiellement « les possibilités offertes par la construction passive
conformes » (p. 26). C’est donc à un relativisme permettent micro-linguistiquement d’agir […]
classiicatoire (et déinitoire) de bon aloi qu’invite sur la perception “motionnelle” des faits par le
l’auteur, et qu’il illustre par ailleurs fort bien en montrant lecteur » (p. 131). La troisième étude, bien plus
qu’un même schéma syntaxique peut convenir à brève, porte enin sur le genre de l’anecdote
plusieurs genres et que leurs marques sont donc envisagé entre journalisme et littérature grâce à
polyfonctionnelles (ainsi des intensives consécutives Guillaume Apollinaire (journaliste) et Albert Camus
étudiées en détail dans l’argumentation publicitaire et (L’Étranger, Le Malentendu). Le troisième chapitre,
des insultes rituelles, les « vannes », qui s’échangent dans lequel Jean-Michel Adam retrouve Dominique
dans certaines communautés sociales (pp. 34-42). À la Combe, Franck Neveu et s’écarte d’Yves Bonnefoy,

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met en question poème, récit et narrativité. En Au terme de ce parcours si fermement argumenté


notant le « double jeu d’hybridation générique et précisément illustré, la conclusion peut surprendre
et compositionnelle » dont le poème peut être par sa brièveté et sa concision. En à peine trois pages,
l’objet, l’auteur récuse l’assertion selon laquelle le Jean-Michel Adam résume le sens de sa démarche
poème ne serait que narratif et illustre son propos et en subsume les résultats dans une formule d’une
par des textes de Raymond Queneau, de Francis rare pertinence et d’une acuité tranchante : « Toute
Ponge et de Charles Baudelaire, ce qui l’amène à forme textuelle narrative doit nécessairement
poser les conditions et degrés de narrativisation du s’inscrire dans un genre alors que les genres n’ont pas
poème (p. 165), notamment dans le Spleen de Paris l’obligation d’adopter la forme narrative de mise en
opposé à deux textes des Petits poèmes en prose, texte » (p. 297). Certes, comme l’auteur le reconnaît
et aux Fleurs du mal (« À une passante »). pour lui-même, les pages précédentes n’ont pas saturé
illustrer le statut du poème entre récit et tableau, l’ensemble des genres narratifs possibles, mais les
Jean-Michel Adam choisit d’étudier deux poèmes analyses et conclusions auxquelles il a abouti permettent
de Paul Verlaine (« Promenade sentimentale ») et de tirer de l’ensemble observé ce relativisme de bon
de Guillaume Apollinaire (« Automne »), avant de aloi, évoqué en introduction de ces lignes, auquel, en
s’intéresser au collage de faits divers dans le poème notre époque hyper-technicienne et sans véritable
surréaliste. En s’appuyant sur des textes d’André conscience critique, il serait bon que tout un chacun
Breton (« Le Revolver à cheveux blancs », « Violette souscrive. Si la dénomination de sciences du langage
Nozière(s) », « Une maison peu solide » ou les a un sens aujourd’hui, c’est bien celui-là : « L’analyse
clausules de Nadja (1928) et L’Amour fou (1937)), de discours ne s’applique pas plus uniformément que
il montre comment, par des effets de « désancrage la stylistique ou quelque autre démarche analytique
référentiel » du titre, notamment, se mettent en à toutes les pratiques discursives. L’approche doit
place des « procédures de recharge sémantique être différenciatrice et contrastive » (p. 298). Et ce
d’un récit, en apparence platement informationnel n’est certainement pas le rédacteur de ces lignes
qui s’inscrirait en faux contre une formulation aussi
et journalistique » (p. 195). Le quatrième chapitre
forte que ce qui suit : « On reproche trop souvent
traite du récit dans le discours politique à travers
et justement à la linguistique d’être une boîte à outil
des exemples – oraux et écrits – empruntés à un
destinée à des usages indifférenciés. La démarche
général américain (Vernon Walters) qu’interviewe
d’analyse textuelle a précisément pour but de fournir
Pierre Desgraupes, à Laurent Fabius, Jacques Chirac,
une théorie d’ensemble minimale, permettant de lier
et Valéry Giscard d’Estaing. L’auteur y développe l’analyse du général (procédures de textualisation
sa conception tripolaire des discours politiques, et genres de discours) et l’analyse du particulier
dans lesquels logos (raison), pathos (passion) et (singularité de chaque texte) dans l’espoir de rendre
ethos (moeurs), assurent tour à tour la dominante compte de ce qui importe prioritairement : la
énonciative de la narration. Le dernier chapitre aborde production co(n)textuelle de sens » (ibid.). Une seule
le genre du théâtre et la question du monologue remarque, pour inir, et nuancer notre appréciation,
narratif : comment raconter en co(n)texte dialogal ? en prenant en compte le regret exprimé par l’auteur
Molière, Pierre Corneille, Jean Racine et Samuel de laisser de côté un certain nombre d’autres textes :
Beckett (à titre de contre-exemples) sont ici à l’appui l’ensemble d’objets ici envisagé soutient parfaitement
de la démonstration à l’issue de laquelle, reprenant la thèse développée par Jean-Michel Adam, qu’en
à gros traits les conclusions anciennes de Jacques serait-il cependant à partir de textes de Gédéon
Schérer (La dramaturgie classique en France, Paris, Tallemant des Réaux, Robert Challe, François de
Nizet, 1966), Jean-Michel Adam peut poser les « trois La Rochefoucauld, Saint-Simon, Alain-René Lesage,
lois du genre du monologue narratif classique » : la Alfred de Vigny, voire Alphonse Allais ? Question
loi d’information ou de pertinence référentielle ; la loi rhétorique probablement, mais qui rend compte
d’économie ou d’homogénéité textuelle ; et, enin, la des dificultés de modélisation d’objets scripturaux
loi de motivation ou de pertinence interactionnelle. aux stratégies fonctionnelles ininiment variables et
Si Molière, Pierre Corneille et Jean Racine illustrent variées. Complété par des références bibliographiques
bien ces trois lois qui font essentiellement de la mise de plus de 400 titres, auxquelles il serait indélicat de
en scène de l’événement une mise en récit, Samuel reprocher quelques rares omissions (Pierre Larthomas,
Beckett propose l’exact contrepied de ce modèle en Bernard Dupriez, Hans Robert Jauss, Peter Szondi ?),
faisant des « échanges verbaux » et de « l’aventure du soigneusement typographié et corrigé, à l’exception
langage » « la trame événementielle » de ce théâtre de quelques non moins rares et inexplicables macules
de l’absurde (p. 295). (« Bordon », au lieu de « Bordron », p. 305), l’ouvrage

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Notes de lecture

de Jean-Michel Adam se recommande d’ores et déjà Dans une première section, « Rectiication et
comme une somme d’expériences et une synthèse de ajustements énonciatifs », sont regroupés des textes
connaissances très dense et utile dont tout analyste qui interrogent la rectiication sous son aspect interactif
de texte ne peut se permettre aujourd’hui d’ignorer et dans ses dimensions de négociation et d’ajustement.
l’existence. Laurent Danon-Boileau distingue la rectiication de
la correction et montre que la première peut se
Jacques-Philippe Saint-Gerand réaliser de manière non verbale par la posturo-mimo-
CERES, université de Limoges gestualité. Mary-Annick Morel montre que, dans des
jacques-philippe.saint-gerand@unilim.fr dialogues avec des personnes autistes de haut niveau
éprouvant de la dificulté à mettre en place un système
de co-énonciation, l’intersubjectivité ne peut se réaliser
Maria CanDea, Reza mir-samii, éds, La rectiication à de la même manière que dans des dialogues « tout
l’oral et à l’écrit. venants ». Maria Candeda et Dominique Delomier, en
Paris, Éd. Ophrys, coll. L’Homme dans la langue, étudiant un corpus d’interactions entre professeurs et
2010, 246 p. élèves (entraînement à l’oral), posent la question des
limites entre malentendu et contestation d’autorité
Au carrefour des recherches en syntaxe de l’oral et dans le cadre des rectiications suscitées par le dialogue
des textes littéraires ou journalistiques, en énonciation oral. Danièle Dubois, Caroline Cance, Gaëlle Delepaut,
et co-énonciation dans le domaine de la prosodie et Luiza Maxim et Séverine Morange présentent quatre
de la posturo-mimo-gestualité, la rectiication, sans être corpus portant sur l’évaluation du subjectif et arrivent
une catégorie rhétorique ou argumentative spéciique, à la conclusion que la rectiication repose sur des
émerge actuellement comme une opération linguistique processus d’ajustement permettant de concilier les
suscitant de plus en plus l’intérêt. Le présent volume représentations subjectives du locuteur et le consensus
offre de cet objet une vue panoramique en hommage dénominatif en langue. Daniel Luzzati, s’intéressant au
aux travaux de notre collègue de l’Université de la traitement automatique des langues, montre que, dans
Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Mary-Annick Morel, l’état actuel des connaissances, les machines ne peuvent
qui, depuis ses travaux sur la concession (Étude sur les produire des énoncés que d’« un bloc » référentiel
moyens grammaticaux et lexicaux propres à exprimer une rendant la co-énonciation impossible. Il fait l’hypothèse
concession en français contemporain, thèse de 3e cycle que l’on pourrait imaginer des machines produisant
de Lettres, Paris 3, 1980 ; La concession en français, Paris, des énoncés comparables à ceux de l’oral spontané
Ophrys, 1996) n’a cessé de trouver sur son chemin et susceptibles d’analyser leurs propres énoncés, ce qui
la question de la rectiication du propos, soit dans ses les amènerait à prendre en compte les processus de
recherches sur la reformulation (« La reformulation dans modalisation, subjectivation et rectiication des propos ;
le dialogue inalisé en français. Propriétés intonatives et mais ces machines sont encore pour lui du domaine de
mimico-gestuelles », Recherches linguistiques, 29, 2007, l’utopie, quoique certaines recherches dans le secteur
pp. 123-144), soit dans celles qu’elle a partagées avec de la robotique intelligente comme l’assistance à la
Laurent Danon-Boileau sur les rapports de l’intonation personne puissent modiier la donne...
et de la gestuelle (« L’intonation et la gestuelle d’un jeune Une seconde section est organisée dans le but de
adulte autiste au cours d’un entretien thérapeutique » clariier la distinction « Rectiication et reformulation »,
in : M. Grossen et A. Salazar Orvig, éds, L’entretien sous leurs aspects syntaxiques ou sémantiques. Claire
clinique en pratiques. Analyse des interactions verbales d’un Blanche-Benveniste, dont ce fut là une des dernières
genre communicatif hétérogène, Paris, Belin Sup, 2006, expressions de son talent d’analyste, montre qu’à
pp. 233-250). l’oral le constituant grammatical l’emporte sur le
constituant lexical et que les reformulations ne sont
Composé de 18 articles, le présent ouvrage recueille le pas des « échecs de la communication », mais plutôt
fruit des communications présentées en septembre 2008 des modes de multiplication des perspectives de
à l’occasion d’une journée de travaux de l’équipe l’énonciation. Sur l’exemple de l’allemand, Colette
d’accueil Recherches sur le français contemporain. Tout Cortès montre très inement que la reformulation et la
en concédant que d’autres regroupements auraient correction sont du ressort de l’énonciateur, tandis que
été possibles, les éditeurs proposent une présentation les rectiications supposent une réelle connivence entre
quadripartite de ces recherches qui, outre le français, les co-énonciateurs. D’après un corpus de quotidiens
s’intéressent également à l’anglais, l’allemand et le nationaux et régionaux et de magazines, Reza Mir-Samii
japonais. aboutit à la conclusion que la rectiication se réalise

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