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CHAPITRE IV

Hydrochimie et Vulnérabilité des aquifères souterrains


Mohamed EL WARTITI, Amina MALAKI & Nezha EL MAHMOUHI

I. INTRODUCTION

L'eau, au contact des terrains qu'elle rencontre, se charge en divers


éléments qui vont influer sur sa qualité. Certains de ces éléments sont
présents naturellement dans le sol, et vont définir la qualité
« naturelle » de l'eau brute. Ainsi l'eau à l'état naturel peut contenir :
- des matières organiques,
- des matières dissoutes provenant des terrains traversés (calcium,
magnésium, sodium, potassium, bicarbonates, sulfates, chlorures,
métaux lourds, …),
- des particules en suspension.

D'autres éléments sont d'origine anthropique. La qualité des eaux


continentales est dépendante d'un certain nombre de paramètres, dont
la quantité en présence (concentration en éléments traces) va définir
l'état de la qualité de l'eau.

II. MINERALISATION DES EAUX SOUTERRAINES

L'eau de pluie est légèrement acide du fait de sa teneur en CO2


dissous. Au cours de son infiltration dans le sol et le sous-sol, elle se
charge en ions et acquiert des propriétés physiques et chimiques qui
caractérisent l'eau de la nappe qu'elle forme. Les eaux souterraines
sont plus ou moins minéralisées en fonction:
* de la nature des roches traversées et des minéraux rencontrés au
cours de l'infiltration;
* du temps de contact de l'eau avec les minéraux, donc de la vitesse de
percolation de l'eau dans le sous-sol;
* du temps de renouvellement de l'eau de la nappe par l'eau
d'infiltration.
On voit l'importance des minéraux solubles des roches et de la
perméabilité de l'aquifère dans la minéralisation de l'eau.

• Dans les réservoirs calcaires, les eaux sont dures, moyennement


à fortement minéralisées en sels de calcium et magnésium; elles
entartrent les conduites.

• Au contact du gypse, l'eau se charge en sulfate de calcium et


devient dure et impropre à la consommation.

• En bordure de mer, les aquifères peuvent être en contact avec


l'eau de mer: échange au niveau du biseau salée, contamination
de l'eau d'infiltration par les embruns salés. L'eau de la nappe
devient plus ou moins saumâtre. L'invasion de la nappe d'eau
douce par l'eau salée est accélérée par les pompages et le
rabattement de la nappe (cas de la nappe de la plaine du Sous au
Maroc).

* L'eau des nappes alluviales a une qualité qui dépend de celle de la


nappe qui l'approvisionne et de celle de la rivière.

III. PRINCIPAUX PARAMETRES DE POTABILITE

La qualité d'une eau souterraine est caractérisée par un certain nombre


de paramètres physiques et chimiques, déterminant à leur tour des
caractères organoleptiques seuls immédiatement perceptibles pour
l'usager.
Les paramètres pris en compte sont:
* la dureté de l'eau correspondant à sa minéralisation en calcium et
magnésium
* le pH qui dépend de la teneur en ions;
* la teneur en gaz dissous issus de l'atmosphère (O2 et CO2);
* la teneur en substances minérales dissoutes généralement sous forme
ionique: anions (bicarbonates, chlorures, sulfates, nitrates, fluorures)
et cations (calcium, magnésium, sodium, potassium, fer, manganèse,
ammonium);
* la turbidité, produite par des matières en suspension (argiles) dans
les aquifères karstiques.

A ces paramètres physico-chimiques s'ajoutent des paramètres


microbiologiques souvent déterminants dans les aquifères calcaires.

Une teneur trop élevée d'un ou plusieurs composants chimiques cause


des désagréments au consommateur (saveur, risques sanitaires) et aux
canalisations (corrosion, entartrage...) L'eau est alors jugée impropre à
la consommation (et à sa distribution) à moins de subir au préalable un
traitement approprié (cas des eaux chargées en nitrates).

Les paramètres qui déclassent une nappe pour l'eau potable ou


impliquent un traitement correcteur pour sa potabilisation sont dans la
pratique: la dureté, le pH, la teneur en sulfates, la turbidité, la teneur
en Mn et en Fe.

La dureté
La dureté totale d'une eau est produite par les sels de calcium et de
magnésium qu'elle contient.
La dureté est mesuré par le titre hydrotimétrique exprimé en °F (degré
français); 1 °F correspond à 10 mg de carbonate de Ca dans 1 litre
d'eau..
Des valeurs faibles correspondent à des eaux douces (titre
hydrotimétrique compris entre 5 et 20 °F). Les eaux dures ont un titre
compris entre 20 et 35 °F. Des valeurs supérieures indiquent des eaux
très dures.

Le pH
Le pH de l'eau conditionne les équilibres physico-chimiques, en
particulier l'équilibre calco-carbonique et donc l'action de l'eau sur les
carbonates (attaque ou dépôt). Le pH est acide dans les eaux des
aquifères sableux ou granitique. Il est alcalin dans les calcaires. Le pH
est corrigé selon le cas par élimination du CO2 dissous en excès ou
par correction de la dureté carbonatée.
La turbidité
La turbidité peut être importante dans les aquifères karstique. Elle
occasionne des désagréments dans l'aspect de l'eau et sa saveur (goût
de terre). Les pics de turbidité suivent les fortes précipitations. La
vitesse de circulation de l'eau dans le réseau souterrain en crue ne
permet pas leur décantation.
Toute aménagement augmentant le ruissellement superficiel et
l'érosion des sols accentue la turbidité: pratiques agricoles laissant les
sols à nu pendant l'hiver, drainages des eaux superficielles vers les
gouffres et bétoires.

Le Fer
Le fer est un élément assez abondant dans les roches. Le fer est
soluble à l'état d'ion Fe++ (ion ferreux) mais insoluble à l'état Fe+++
(ion ferrique).. La présence de fer dans l'eau peut favoriser la
prolifération de certaines souches de bactéries qui précipitent le fer où
corrodent les canalisations. L'eau ferrugineuse nécessite un traitement
spécifique.
La présence du fer dans l’eau provient principalement : du lessivage
des sols, avec dissolution des roches et minerais, des rejets industriels,
de la corrosion des canalisations métalliques

Le Manganèse
Le manganèse accompagne généralement le fer dans les roches .
Le manganèse est présent, en quantité moindre que le fer, dans les
roches. Son origine dans l’eau provient essentiellement de la
dissolution des roches, et d’éventuels rejets industriels.

La présence de manganèse est gênante car elle peut donner à l'eau une
couleur noirâtre, provoquer des dépôts d'hydroxyde, lui conférer un
goût métallique désagréable et tacher le linge.

Les sulfates
Comment le sulfate se retrouve présent dans l'eau
Certains sols et certaines ROCHES contiennent des minéraux de
sulfate. Comme l'eau souterraine se déplace à travers ceux-ci, certains
sulfates sont dissous dans l'eau.
Parmi les minéraux qui contiennent du sulfate on peut citer le sulfate
de sodium, le sulfate de magnésium et le sulfate de calcium (gypse).

Sulfate de magnésium le sulfate de calcium (gypse).

Le gypse est un sulfate de calcium hydraté qui est faiblement soluble


(7 g/l dans les conditions normales (250 mg/l valeur limite
admissible). Les nappes captives en terrains calcaires sont
moyennement à très sulfatées (30 à 200 mg/l, parfois supérieures à
250 mg/l).

Problèmes causés par le sulfate


Le sulfate donne un gout amer, un gout médical à l'eau s’ il dépasse
la concentration de 250 mg/L. Cela rend désagréable la consommation
de l'eau.
Des importantes concentrations en sulfates peuvent être corrosives
pour les tuyauteries en particulier les tuyauteries en cuivre. Dans les
endroits où l'on retrouve des concentrations importantes en sulfate, il
est commun d'utiliser des matériaux résistants à la corrosion, comme
des tuyaux en plastique.

Le Fluor

Le fluor n'existe pas dans l'eau à l'état libre, mais sous forme de
fluorures liés à d'autres ions : calcium, sodium, aluminium …
Les fluorures de l'eau proviennent de la dissolution des roches pour les
eaux souterraines, et de rejets industriels pour les eaux de surface.
La teneur en fluor dépend beaucoup du temps de contact de l'eau avec
les minéraux fluorés de l'aquifère. Elle est plus élevée dans les nappes
captives. Sa teneur ne doit pas excéder 1,5 mg/l .
Les fluorures à faible dose préviennent la carie dentaire, la
concentration minimum efficace étant de 0,5 mg/l. En fonction de la
quantité d'eau ingérée, les fluorures peuvent provoquer une fluorose
dentaire (taches sur l'émail) pour des concentrations se situant entre
0,9 et 1,2 mg/l. La fluorose du squelette (douleurs osseuses et
articulaires accompagnées de déformations) s'observe lorsque l'eau de
boisson contient de 3 à 6 mg de fluorures par litre. Il n'existe pas de
preuve suffisante du caractère cancérigène des fluorures chez
l'homme.

IV. DETERIORATION DE LA QUALITE DES EAUX


SOUTERRAINES

La qualité naturelle des eaux souterraines peut être altérée par


l'activité humaine. La détérioration de la qualité de l'eau est
appréciée par mesures des paramètres physico-chimiques et
bactériologiques. Dans le cas d'une détérioration jugée
importante, l'eau ne sera plus considérée comme potable pour la
consommation humaine. Elle pourra être utilisée à d'autres fins
(irrigation...) ou devra subir un traitement appropriée pour
retrouver sa potabilité. L'eau des nappes n'est donc pas à l'abri de
la pollution et l'auto-épuration naturelle n'est pas complète dans
toutes les nappes et vis-à-vis de certaines substances.

1. Altération « minéralisation et salinité »


La minéralisation correspond à la quantité de sels minéraux contenus
dans l'eau. Elle est évaluée à partir des paramètres suivants : chlorures,
sulfates, dureté de l'eau, calcium, magnésium, potassium, sodium... La
présence de minéraux dans les eaux souterraines est souvent d'origine
naturelle, et peut même être recherchée (elle est à la base de
l'exploitation des eaux embouteillées), mais en excès, ils peuvent
provoquer des inconvénients (altération gustative) et des maladies
(maladies rénales...).

2. Altération « matières organiques et oxydables »


L'origine principale est la décomposition des êtres vivants qui entraîne
une consommation d'oxygène et une prolifération bactérienne. L'un
des paramètres est le carbone organique dissous -COD.
3. Altération « particules en suspension »/« fer et manganèse »
L'altération est définie par la turbidité (l'aspect trouble de l'eau), elle-
même liée soit à la présence de fer et manganèse, qui peut être une
altération à elle seule, soit à la présence de matières en suspension
(MES). Les matières en suspension, constituées de micro particules
(argiles, plancton...) proviennent le plus souvent des eaux de
ruissellement après des épisodes orageux : la pluie s'engouffre par des
voies de cheminement préférentiel, rejoint les nappes. La turbidité
étant souvent liée à la pluie, les mesures réalisées à dates fixes ne sont
pas forcément représentatives de l'altération réelle...

4. Altération « micropolluants minéraux »


A l'exception des métaux lourds (mercure, plomb, cadmium), les
métaux sont utiles au développement des êtres vivants. Ils sont
toutefois toxiques à de fortes concentrations. Leur origine peut être
naturelle ou anthropique, d'origine agricole (engrais chargés en
cadmium ou en zinc, déjection animale chargée en cuivre, manganèse
ou zinc), mais surtout d'origine urbaine (boues de stations d'épuration,
chargées en plomb et mercure, corrosion des canalisations en plomb)
et d'origine industrielle (métallurgie, industrie chimique). Quinze
micropolluants sont pris en compte : l'aluminium, l'antimoine, l'argent,
l'arsenic, le bore, le cadmium, le chrome, le cyanure, le mercure, le
nickel, le plomb, le sélénium, le zinc.
DÉFINITION DES DIFFÉRENTS PARAMÈTRES ET LEURS EFFETS

• La présence de COLIFORMES TOTAUX indique le contact de l'eau avec des végétaux en


décomposition et favorise la venue de bactéries pathogènes.
• La présence de COLIFORMES FÉCAUX indique le contact de l'eau avec des matières
fécales et peut générer des problèmes de santé. Cette eau ne doit pas être consommé avant
d'être bouilli de 1 à 5 minutes.
• La présence de STREPTCOQUES FÉCAUX indique le contact de l'eau avec des matières
fécales et peut générer des problèmes de santé.
• Une trop grande quantité de NITRATES/NITRITES peut entraîner une méthémoglobinémie
(diminution de l’oxygène dans le sang) chez les nourrissons et provoquer une inflammation
des muqueuses intestinales chez les adultes.
• La CONDUCTIVITÉ (SDT/TDS) élevée est due à la présence de sels et minéraux dans l`eau.
• ·Une ALCALINITÉ ÉLEVÉ donne une saveur salée à l’eau et ce, dû à la présence des
carbonates, bicarbonates et ions hydroxyles contenus dans l’eau.
• La DURETÉ TOTALE élevée diminue l`efficacité des savons (les savons moussent moins) et
crée des problèmes d`entartrage dans les réservoirs d`eau chaude et les bouilloires.
• Les teneurs élevées en FER et en MANGANÈSE modifient la saveur et l`apparence de
l`eau.
• Le pH est bas (acide) ce qui rend l’eau plus corrosive.
• Le pH est élevé (alcalin), ce qui rend l’eau plus agressive.
• Une teneur élevée en SULFURES procure une odeur nauséabonde (oeufs pourris).
• Une teneur élevée en TANINS crée un problème de dépôt d’une pellicule brunâtre. Les tanins
proviennent de sous-produits de la décomposition végétale, les acides humiques.
• La TURBIDITÉ rend l'eau brouillée à cause des matières en suspension et donne à l'eau une
apparence de saleté.
Normes
LIMITES DE QUALITE DES EAUX DESTINEES A LA
CONSOMMATION HUMAINE
PARAMETRES UNITES France et Europe
valeurs limites
B-PARAMETRES PHYSICO CHIMIQUES
Température °C 25
pH Unité pH 6,5<<9
Chlorures Cl mg/l 200
Sulfates SO4 mg/l 250
Calcium Ca mg/l -
Magnésium Mg mg/l 50
Sodium Na mg/l 150
Potassium K mg/l 12
(180°C)
C-SUBSTANCES INDESIRABLES
Nitrates NO3 mg/l 50
Nitrites NO2 mg/l 0,1
Fer Fe µg/l 200
Zinc Zn µg/l 5000
D-SUBSTANCES TOXIQUES
Arsenic As µg/l 10
Cyanures CN µg/l 50
Plomb Pb µg/l 50
E-PARAMETRES MICROBIOLOGIQUES
Streptocoques fécaux u/100 ml 0
Germes pathogènes (salmonelles, staphyloccoques......) absence
F-PESTICIDES ET PRODUITS APPARENTE
0,10µg/l pour chaque pesticides (sauf aldrine,
diédrine,heptachlore, heptachlorépoxyde: 0,03µg/l ) µg/l 0,5
V. VULNERABILITE DES NAPPES A LA POLLUTION

La vulnérabilité à la pollution d'une nappe d’eau souterraine


matérialise la facilité avec laquelle elle peut être atteinte par une
pollution. Cette pollution peut être engendrée par une source
ponctuelle (ex. décharge, cimetière, rejet d'eau usée brute domestique
ou industrielle, etc., ou diffuse (engrais chimiques, pesticides,
herbicides).
La vulnérabilité d’une nappe à la pollution est une notion relative, non
mesurable et sans dimension. La précision de son évaluation dépend
essentiellement de la nature, de la quantité et de la fiabilité des
données utilisées. Sa caractérisation est basée généralement sur
l'estimation d'un certain nombre de paramètres plus ou moins
important, relatifs notamment à la couverture de la nappe (sol et zone
non saturée) et à la zone saturée proprement dite.

La vulnérabilité dépend du type de nappe, libre ou captive, et du mode


de circulation de l'eau dans l'aquifère. Les nappes libre sont les plus
vulnérables: les polluants d'origine superficielle peuvent diffuser
librement dans le sol et la zone non saturée jusqu'au niveau
pièzométrique; d'autre part, la fluctuation verticale saisonnière du
niveau piézométrique aboutit à 'rincer' les particules de la zones non
saturée et entraîner les substances qui y sont adsorbées. Les nappes
captives en revanche sont mieux protégées par les couches
imperméables qui les surmontent. Leur alimentation en eau
superficielle est plus circonscrite, donc plus aisée à protéger. Leur
pollution apparaît lorsque le niveau protecteur imperméable est percé
par un ouvrage (ancien forage, fouille profonde...) Enfin, la
percolation de l'eau dans un milieu poreux peut produire une fixation
des substances sur les particules et donc une épuration de l'eau. Ce
phénomène n'existe pas dans les milieux fissurés où la circulation est
bien plus rapide.
Pour atteindre une nappe libre en milieux poreux, les polluants
transportés par les eaux d'infiltration doivent franchir de nombreux
obstacles:

* le sol
L'activité chimique et microbiologique est intense (oxydation,
réduction...) De nombreux corps sont modifiés chimiquement, les
polluants organiques peuvent être métabolisés et minéralisés.. Les
complexes argilo-humiques peuvent fixer de nombreux corps
minéraux et organiques par adsorption.
Le sol constitue un puissant moyen d'épuration et de recyclage des
eaux. Les argiles, les hydroxydes et la matière organique adsorbent les
cations ( Ca, Mg, K, Na, métaux lourds) et certaines molécules
organiques.
Le contenu microbiologique du sol peut épurer le sol de ses
substances indésirables

* la zone non saturée


Comme le sol, elle joue un rôle dans la filtration et la rétention de
certaines substances. Cette action est d'autant plus efficace que la
granulométrie est plus faible.

* la zone saturée
La filtration se poursuit dans le milieu poreux de la nappe; le polluant
est diluée dans la masse d'eau.
--Auto-épuration biologique des eaux souterraines
Les organismes vivants et non toxiques (bactéries, petits invertébrés)
sont présents dans les eaux souterraines même à grande profondeur.
Ils peuvent métaboliser les polluants introduits dans la nappe. Les
polluants organiques toxiques comme les polychlorobiphénols (PCB)
sont lentement transformés. Les nitrates sont détruits en milieu
anaérobie (cas des nappes captives).

La protection de la nappe sera d'autant meilleure que le sol et la zone


non saturée sont épais, que leur granulométrie est fine, que la vitesse
de percolation de l'eau dans la nappe est faible. En revanche, ce type
de nappe une fois contaminée par un polluant le reste longtemps.

- Indice de vulnérabilité

L’indice de vulnérabilité des eaux souterraines reflète le niveau de


risque de contamination de l’eau due à l’activité humaine.

La méthode DRASTIC est une méthode couramment utilisée pour le


déterminer

Plus de 24 méthodes d’évaluation de la vulnérabilité des nappes à la


pollution sont recensées dans la littérature internationale. La méthode
la plus utilisée actuellement dans le monde est la méthode DRASTIC.
C’est une méthode qui a été élaborée par L. Aller et al en 1987 et fait
partie du groupe des méthodes d’évaluation (de la vulnérabilité des
aquifères) pondérées, basées sur l’attribution d’une notation aux
différents paramètres utilisés (variant généralement entre 1 et 10). Une
pondération est également attribuée selon l’importance relative de
chacun des paramètres utilisés.
La méthode DRASTIC est basée sur l'estimation de 7 paramètres
relatifs à la recharge, au sol, à la zone non saturée et à la zone saturée
de l’aquifère.

[D] : Profondeur de la surface de la nappe (ou


Depth);
[R] : Recharge nette;
[A] : Nature lithologique de l’Aquifère;
[S] : Sol (granulométrie et faciès);
[T] : Topographie des terrains;
[I] : Impact de la zone non saturée (lithologie et
épaisseur);
[C] : Conductivité hydraulique (perméabilité) de
la zone saturée.

Le système de cotation numérique DRASTIC intègre sept paramètres


physiques différents qui interviennent dans les processus de transport
et d'atténuation des contaminants : profondeur de l'eau, recharge
efficace, milieu aquifère, type de sol, topographie, zone vadose et
conductivité hydraulique du milieu aquifère.

Étape 1
Une valeur numérique variant de 1 à 5 est attribuée à chacun des 7
paramètres (Poids paramétriques Dp, Rp, Ap, …)

Paramètre Poids

Profondeur de la nappe 5
Recharge efficace 4
Milieu aquifère 3
Type de sol 2
Pente du terrain 1
Impact de la zone vadose 5
Conductivité hydraulique 3

À chacun de ces paramètres correspond un poids (valeur


prédéterminée) compris entre 1 et 5, qui traduit l'importance du
paramètre dans les processus de transport et d'atténuation des
contaminants. Un paramètre prépondérant est affecté d'un poids égal à
5 alors qu'un paramètre ayant moins d'impact sur le devenir d'un
contaminant se voit assigner un poids de 1.

Étape 2
À chacun des 7 paramètres est associée une cote variant de 1 à 10,
définie en fonction d’intervalles de valeurs. La plus petite cote
représente les conditions de plus faible vulnérabilité à la
contamination (Dc, Rc, Ac, …).
Pour chaque unité hydrogéologique, les sept paramètres doivent
ensuite faire l'objet d'une évaluation afin d'attribuer à chacun, une cote
pouvant faire varier entre 1 et 10. Une cote de 1 correspond aux
conditions de moindre vulnérabilité alors qu'une cote de 10 reflète les
conditions les plus propices à la contamination.

Étape 3

ID : DpDc + RpRc + ApAc + …

En dernière étape, le calcul de l'indice DRASTIC propre à chaque


unité hydrogéologique est obtenu par la somme des produits de
chaque cote par son poids. L'indice ainsi calculé représente une
mesure du niveau de risque de contamination de l'unité
hydrogéologique à laquelle il se rattache. Ce risque augmente avec la
valeur de l'indice. Il peut prendre une valeur maximale de 226 (100 %)
et une valeur minimale de 23 (0 %).

Exemple : carte de vulnérabilité des eaux souterraines de la plaine du


Gharb.
17° 3°
36°
0 50 Km
Casablan ca

N
Oued
gha
Maroc

21°
Gharb
Kénitra

Mamora
Rabat

Paléozoïque Mésozoïque
Cénozoïque Quaternaire

Dépôts récents du Gharb


Basalte

(Lias)
Calcarénites et sables de Mamora Calcaires et dolomies

Grès, marnes et schistes argileux


Marnes et marnes calcaires Schistes, quartzites et calcaires
400000 420000 440000 460000

N
460000 460000

440000 440000

420000 420000

10000 0 10000 mètr es

400000 420000 440000 460000

LEG ENDE

Zone N otation DR ASTIC Pro fondeur à la na ppe (en m)

1 > 30
2 2 3-30
3 15-23

5 9 -15

7 4.5 -9

8 3-4.5

9 1.5 -3
10 0 -1.5

Fig. 1. Carte de la répartition des profondeurs


400000 420000 440000 460000

460000 460000

440000 440000

420000 420000

10000 0 10000mètres

400000 420000 440000 460000

LEGENDE
Zone Notat ion DRASTIC Recharge (mm/an) Recharge en %
1 0 - 50 10
3 50 -100 15
6 100 - 175 20

Fig.2. Carte de la recharge de la nappe du Gharb


400000 420000 440000 460000

460000

440000

420000

440000

400000 420000 440000 460000

LEGENDE
Zone Notation DRA STIC Nature
1 Argiles, argiles limoneuses et marnes
2 Limons fins et sables limono-argileux
6 Sables et grès fins
8 Formations perméables : grès et sables grossiers dunaires,
galets et graviers

Fig.3. Carte de la répartition du faciès lithologique de zone


saturée
400000 420000 440000 460000

460000 460000

440000 440000

420000 420000

10000 0 10000 mètre s

400000 420000 440000 460000

LEG ENDE
Zone Notation DR ASTIC Type de sol
1 Sols à textures argileuse à dominance smectitique (Tirs)
2 Sols à texture limneuse plus ou moins sableuse (Dehs)
4 Sol limoneux
7 Sol sableux
9 Formations detritiques (roche mère)

Fig.4. Carte des textures des sols


400000 420000 440000 460000

460000 460000

440000 440000

420000 420000

10000 0 10000 mètres

400000 420000 440000 460000

LEG ENDE
Zone Notation DRASTIC Pente en (%)
9 2 -6
10
0 -2

Fig.5. Carte de répartition des pentes


400000 420000 440000 460000

460000 460000

440000 440000

420000 420000

10000 0 10000 mètres

400000 420000 440000 460000

LEGENDE
Zone Not ation DRASTIC Nature
3 Formations peu perméables (argiles, limons et marnes)
6 Formations semi-perméables (sables argileus, grès argileux et
galets plus ou moins argil eux)
8 Formati ons détritiques perméables (sables, grès et calcaires)

Fig.6. Carte de répartition de la lithologie de la zone non saturée


400 000 420000 440 000 460 000

460 000 460 000

440 000 440 000

420000 420000

10 000 0 100 00 mèt res

400 000 420 000 440 000 460 000

LEGENDE

Zone No ta tion DRASTIC Conductivité hydra ulique (m/s)


-7 -5
1 1,5 10 - 5 10
-5 -5
2 5 10 - 15 10
-5 -5
4 15 10 - 33 10
-5 -4
6 33 10 - 5 10
-4 -4
8 5 10 - 9,5 10

Fig.7. Carte des conductivités hydrauliques


460
440
420

0 5 10 Kilometers

40 0 42 0 44 0 46 0
LEG END E
Zone Index DRAST IC degré de vulnérabilité
60- 84 Vulnérabilité très faib le
84- 108 Vulnérabilité faible
108- 132 Vulnérabilité moyenn e
Vulnérabilité forte
132- 157 Vulnérabilité très forte
> 175

Fig.8. Carte de vulnérabilité de la nappe de Gharb


EXERCICE
La pollution des réseaux hydrographiques proches des centres
urbains prend en maints endroits des proportions alarmantes. Le
cours d'eau Bouskoura, unique réseau superficiel de la ville de
Casablanca se trouve actuellement menacé par les activités
humaines, industrielles et agricoles ainsi que le montre la
détermination de paramètres physico-chimiques. Interprétez les
graphes ci-dessous.

Figure 1. Situation géographique des sites de prélèvement.


Figure 2. Évolution des teneurs moyennes en O2
dissous Figure 3. Évolution des teneurs moyennes en
nitrates

Figure 4. Évolution des teneurs en matières en suspension


(MES) totale.

Figure 5. Évolution des teneurs moyennes de la Figure 6. Évolution des teneurs moyennes en
conductivité. cadmium.

La conductivité électrique traduit la


capacité d’une solution aqueuse à
conduire le courant électrique. Cette
notion est inversement proportionnelle à
celle de résistivité électrique. L’unité de
mesure communément utilisée est le
Siemens (S/cm) exprimé souvent en
micro siemens/cm (µs/cm) ou
millisiemens (mS/cm). La conductivité
est directement proportionnelle à la
quantité de solides (les sels minéraux)
dissous dans l’eau. Ainsi, plus la
concentration en solide dissout sera
importante, plus la conductivité sera Figure7. Évolution des teneurs moyennes en
mercure.
élevée.

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