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Géodynamique

Partie 1
De la structure interne de la Terre à la tectonique
des Plaques.
Semaines (2 à 8)
Cours Charles Aubourg (aubourg@u-cergy.fr)

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy 1


Une Terre dynamique ?
Nous essaierons de comprendre pourquoi la Terre est
dynamique. Pourquoi les plaques se déplacent. Pourquoi les failles
présentent des ruptures dévastatrices. Pourquoi le volcanisme est
localisé. En a-t-il toujours été de même ? En sera-t-il de même dans
quelques millions d’années ?

Les deux dernières décennies ont vu l’émergence d’une très


grande quantité de données qui confirment de manière précise le modèle
de la Tectonique des Plaques.

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1.1 Un peu d’histoire

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Un peu d’histoire…

Snider ‘note’ l’emboîtement des


continents

Observables : topographie

Mais Wegener, en ~1915, utilise un grand nombre de données


géologiques. Il ne lui manque que la caution ‘physique’, la plus
dommageable.
Observables : géologie, paléontologie, paléoclimatologie.
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Un peu d’histoire…

Holmès, le père de la convection En ~1950, Runcorn propose les


mantellique, propose en 1944 premières courbes de chemins des
l’hypothèse de l’expansion pôles magnétiques virtuels :
océanique. signature convaincante du
Observables : pétrologie, flux de chaleur. déplacement des continents !!
Observables : paléomagnétisme.

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Un peu d’histoire…
Vine et Matthews (1963), démontrent, grâce à l’utilisation des anomalies magnétiques
océaniques, l’hypothèse de l’expansion des fonds océaniques proposée par Holmès 20 ans
plus tôt…

Observables : Aéromagnetisme, paléomagnétisme

Vine, F. J. and D. H. Matthews. 1963. Magnetic anomalies over oceanic ridges. Nature 199:947-949
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Un peu d’histoire…

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Un peu d’histoire…
Après 1967, le début de la quantification du modèle des plaques :
McKenzie and Parker, (1967) : parallélisme du vecteur glissement de quelques séismes. Le pôle de rotation est estimé
qualitativement.

McKenzie, D.P., and R.L. Parker, The North Pacific: an example of tectonics on a sphere, Nature, 216, 1276-1280, 1967.
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Un peu d’histoire…

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Un peu d’histoire…
Morgan (1968) : Un modèle ‘géologique’ à 20 Plaques et le calcul du pôle de rotation Pa/An

Morgan, J., Rises, trenches, great faults and crustal blocks, J. Geophys. Res., 73, 1959-1982, 1968.
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Un peu d’histoire…

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy [Morgan, 1968] 11


Un peu d’histoire…

Modèle à 6 plaques (Le Pichon, 1968)

• Il utilise un modèle restreint de plaques (6)


• Il détermine le modèle de vitesse globale basé sur les anomalies
magnétiques océaniques (3-4 Ma)
• Il prédit les zones de subduction
• Il propose les premières reconstructions.

LeCours
Pichon, X., Sea
C. Aubourg. floorUniversité
L3 SVT spreading and continental drift, J. Geophys. Res., 73, 3661- 3697,1968.
de Cergy 12
Un peu d’histoire…
Les premières reconstructions.

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Avec les données récentes, on accède à la cinématique instantanée !

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy Vernant (com. Pers.) 14


1.2 La Terre : une machine thermique.

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La Terre est une planète thermiquement active

Cette chaleur provient :

• L ’accrétion (~2x1032 J) : dissipation en


~500 Ma

• L ’impact des météorites (négligeable


car peu d’énergie interne).

• Différenciation du noyau (~1031 J).

• La radioactivité naturelle. Celle-ci


décroît d’une manière exponentielle.

• PAS DU SOLEIL !!

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Les éléments dont la désintégration génère une chaleur importante :

Isotope Taux de production


de chaleur massique
Période (Ga)
235U --> 207 Pb 5,69.10-4 0,70
238U --> 206 Pb 9,37.10-5 4,47
232U --> 208 Pb 2,69.10-5 14,0
40K --> 40 Ar 2,79.10-5 1,35
d ’après Sclater et al., 1980

La Terre est un réacteur nucléaire !

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La Terre est une planète thermiquement active

Le résultat le plus visible de l’activité thermique de la Terre est bien sur le volcanisme

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Mais la morphologie, continents (~30%) et océans (~70%) est elle-même contrôlée par l’activité
thermique de la Terre.

Ou la topographie élevée Par exemple les chaînes de montagnes


Ou encore les dorsales de l’Afrique du Sud

Sans oublier l’absence (quasi) de cratères météoritiques…

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La topographie, et le volcanisme sont différents sur Vénus. On note la quasi absence de cratères

La topographie, et le volcanisme sont aussi différents sur Mars. Certaines régions sont très cratérisées.

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Plus vieux zircon (Jack Hills,
Australia) : 4.14 Ma signe la trace
Origine d’eau liquide Plus vieille roche sédimentaire (3.86
De la Terre Ma) Isua Groenland

-4,6 -4,0 -3,0 -2,0 -1,0 0,0


Le plus vieux
fossile connu

Production de chaleur totale


Chaleur
d’accrétion
Chaleur radioactive

Magmatisme mantellique

Production « irréversible »
de continent

Surface des
continents

-4,6 -4,0 -3,0 -2,0 -1,0 0,0


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Flux géothermique à la surface de la Terre.

La quantité de chaleur dissipée en moyenne : 42.0x1012 W


(Continents : 12.6x 1012 W Océans : 30.4x1012 W)

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Les mesures de températures

profondeur Température

30 km 700 °C base de croûte Continentale


70 km 1000° C
100 km 1350° C base de lithopshère
670 km 1600° C limite manteau Inf/Sup.
2900 km 4700° - 5500° C limite manteau/noyau
5100 km 5500° - 7200° C limite noyau/graine
6380 km 6600° ± 1000° C centre de la Terre

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La température interne est une des données les moins contraintes.

0 2000° 4000° 6000°


0
Température (°C)

Manteau
2000 inférieur
Profondeur (km)

Noyau
4000

6000 Graine
D ’après Jeanloz, 1988

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Caron et al., 2003
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1.3 La convection mantellique.

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a) Structure interne de la Terre.

• Connaissance avant 1900


sans sismologie globale ! (essentiellement grâce aux
moments d’inertie et à la course de la Terre autour du
Soleil)

• Connaissance vers 1935


accumulation de données de temps de trajet sur ½
siècle !

• Connaissance vers 1985


interprétation des formes d’onde

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Modèle de vitesse sismique.
L’étude des vitesses sismiques
(cf PREM) nous donnent
deux informations capitales
sur la structure interne de la
Terre :

1. Il existe une partie liquide,


le noyau externe, qui
permet l’entretien d’un
champ magnétique
terrestre;

2. La progression des vitesses


dans le manteau est
remarquablement
homogène; ceci indique une
homogénéité chimique, et la
preuve d’un brassage sans
cesse remanié suite à la
convection mantellique.

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Structure interne de la Terre

Montagner et al., 2002

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b) L’information tomographique.

Bien que discutée, et encore


définie avec un maillage large,
la tomographie sismique
apporte des informations
cruciales sur le manteau, et la
répartition des masses
anormalement froides (les
slabs) et les zones chaudes
(les panaches).

• Les zones orangées


correspondent à des vitesses
lentes; et donc en admettant
un manteau homogène, plus
chaud;

• les zones bleutées


correspondent dans cette
logique à des parties plus
froides.

Ceci permet la cartographie à une profondeur donnée des


zones chaudes et froides.

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Image tomographique globale du manteau
(vue équatoriale)

Convection
expérimentale

http://www.ipgp.jussieu.fr/francais/rub-terre/profondeur/profondeur-dynamiqueM.html
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Une confirmation éclatante de la tomographie sismique : le couplage
avec les données du géoïde

Utilisation de la tomographie pour détecter Utilisation de la géodésie pour détecter les


les anomalies thermiques. anomalies de la convection à grande
échelle.

Il existe une logique dans la dynamique du manteau

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy Courtillot et al., EPSL, 2003


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Cartographie des slabs

Pourquoi une zone reste froide, et ne se rééquilibre pas à la température du milieu ?

Car les vitesses de la matière entraînée par la convection sont plus rapides que les vitesses de
conduction thermique. Ceci est notamment démontré géologiquement par la présence de roches
métamorphiques HP-BT (schistes bleus).

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Tomographie sismique et points chauds

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Modèle à deux couches
Modèles de convection

Modèle à une couche

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La tomographie,
couplée aux
données du
géoïde, permet de
cartographier la
localisation des
grands panaches
mantelliques : les
SUPERSWELL

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy Courtillot et al., EPSL,, 2003


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c) Points chauds et grandes provinces volcaniques

Hawaii dans le
Pacifique : le point
chaud le plus De plus
étudié. en plus
ancien

actuel
40 Ma

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Localisation des principaux points chauds.

On note la localisation des points chauds et les hauts de géoïdes, qui


correspondent aussi à des vitesses lentes dans le manteau inférieur.

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy (Duncan et Richards 1991). 38


Localisation des grandes provinces volcaniques.

Mise en place très rapide des provinces volcaniques : Deccan 106 km3 < 1.Ma

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Sillage des points chauds et provinces magmatiques.

Carte des principales provinces magmatiques et leurs point-chauds associés


(Duncan et Richards 1991). NATB : North Atlantic Tertiary Basalt; CRB: Columbia
River Basalt.

Problème : les grandes provinces volcaniques ne sont pas associées


aux points chauds les plus actifs. Par exemple Hawaii !
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Lors de son impact à la base de la lithosphère, la tête du
panache subit un étalement qui double grossièrement
l’extension géographique de ses effets :

1. Une première période d’élévation (500-1000m)


2. Une période de subsidence associée à la déflation de
la tête et l’extrusion des produits de fusion.

La flottabilité du panache facilite, si les forces aux limites


le permettent, la rupture lithosphérique et le
développement de marges volcaniques. Le
magmatisme associé présente un pic d’extrusion peu
de temps après l’impact, puis perdure longtemps (~20
Ma) à des taux d’extrusion plus faibles

Structure de panache cavitant, qui souligne l’étroitesse du


conduit par rapport à la tête du panache ainsi que
l’entraînement de matériel environnant par celle-ci (Griffiths et
Campbell 1990). In Callot, thèse.
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Pangée et points chauds.

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Les points chauds, un repère stable ?

Comme nous le verrons, les


points chauds constituent
un repère absolu pour
contraindre le déplacement
des plaques pour des
périodes récentes.

Cependant les données


paléomagnétiques
indiquent une dérive à partir
de 40 Ma.

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy Courtillot et al., EPSL, 2003


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Trace du point chaud et anomalie magnétique

Vitesse :

52-82 Ma :
~150 km/Ma

La dorsale indienne se déplace pour


accommoder le déplacement de l’Inde, et
l’absence de déplacement de
l’Antarctique

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Provinces volcaniques et extinctions des espèces.

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Étude des trapps du Karoo (179 Ma)

laves

sills Point triple.


Impact du
panache ?

Jourdan, 2005

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sills

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy Marvol, Groenland 2005


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Dykes

PICS,
Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy Afrique du Sud 2006 48
Coulées volcaniques

D
yk
e
rh
yo
lit
iq
ue
Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy PICS, Afrique du Sud 2006 49
Les premières coulées : tête
du panache ? Néphélinites
(premier
produit de
fusion)

pyroclastiques

Jurassique
supérieur
(grès rouges)

Cours C. Aubourg. L3 SVT Université de Cergy PICS, Afrique du Sud 2006 50


Les dernières coulées des trapps… hiver nucléaire ?

PICS, Afrique du Sud 2006


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conifères

L’hiver nucléaire n’était sans doute pas aussi froid qu’on l’imagine.
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