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Droit et société

Les langages juridiques : une typologie


Jerzy Wroblewski

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Wroblewski Jerzy. Les langages juridiques : une typologie. In: Droit et société, n°8, 1988. Le discours juridique. Langage,
signification et valeurs. pp. 13-27;

doi : 10.3406/dreso.1988.983

http://www.persee.fr/doc/dreso_0769-3362_1988_num_8_1_983

Document généré le 06/06/2016


Abstract
The author deals with the languages of legal discourse. He analyses the legal language in which one
formulates the statutes, and three juridical languages in which one speaks about law. There are three
types of juridical languages : juridical jurisprudential language in which the décisions of the application
of law are formulated ; juridical scientific language proper to the legal sciences discourse in general,
and to legal dogmatics and legal theory in particular ; juridical common language used in other
discourses about law, e.g. in the specialized language of advocates and in no-specialized audience of
men-of-the-street. Each of the languages in question is presented in a semantical and pragmatical
dimension, and its relations with other languages of legal discourse are discussed.

Résumé
L'auteur travaille sur les langages du discours juridique. Il analyse le langage juridique dans lequel sont
formulées les lois et trois langages juridiques avec lesquels on parle du droit. Dans le langage juridique
jurisprudentiel, on formule les décisions de l'application du droit. Le langage jurisprudentiel scientifique
est propre au discours des sciences juridiques, et surtout à la dogmatique juridique et à la théorie du
droit. Le langage juridique commun est utilisé dans les autres discours sur le droit, par exemple dans le
discours spécialisé des avocats et du public, non-spécialisé. Chaque langage est analysé au niveau
sémantique et pragmatique en définissant ses traits particuliers. Les relations réciproques entre les
langages du discours juridique sont également présentées.
Les langages juridiques: une typologie

Jerzy WROBLEWSKI*

SUMMARY

The author deals with the languages of légal discourse. He analyses the légal language in which one formulâtes the
statut es, and three juridical languages in which one speaks about law. There are three types of juridical languages:
juridical jurisprudential language in which the décisions of the application of law are formulated; juridical scientific
language proper to the légal sciences discourse in gênerai, and to légal dogmatics and légal theory in particular;
juridical common language used in other discourses about law, e.g. in the specialized language of advocates and in
no-specialized audience of men-of-the-street. Each of the languages in question is presented in a semantical and
pragmatical dimension, and its relations with other languages of légal discourse are discussed.

RESUME

L'auteur travaille sur les langages du discours juridique. Il analyse le langage juridique dans lequel sont formulées les
lois et trois langages juridiques avec lesquels on parle du droit. Dans le langage juridique jurisprudentiel, on formule
les décisions de l'application du droit. Le langage jurisprudentiel scientifique est propre au discours des sciences
juridiques, et surtout à la dogmatique juridique et à la théorie du droit. Le langage juridique commun est utilisé
dans les autres discours sur le droit, par exemple dans le discours spécialisé des avocats et du public, non-spécialisé.
Chaque langage est analysé au niveau sémantique et pragmatique en définissant ses traits particuliers. Les relations
réciproques entre les langages du discours juridique sont également présentées.

1 Introduction notre analyse, nous utiliserons une conception


assez restreinte du droit, sans prétention d'identifier
1. Le discours juridique, c'est le discours dans par là notre position théorique dans les
lequel on formule le droit, ou dans lequel on parle discussions concernant le droit, l'infra-droit, le quasi-
du droit: notion plutôt vague, mais néanmoins droit, etc. (2). Par "droit" , on entend ici l'ensemble
suffisante pour la présente analyse qui ne vise pas à des prescriptions qui satisfont les conditions
proposer une théorie du discours(l), mais a précisées par une théorie du droit déterminée, visant
seulement pour but de circonscrire et d'organiser la en l'occurrence les systèmes de droit écrit. Ceci
diversité des langages liés au droit. est important pour la distinction entre le langage
juridique comme production d'actes normatifs et
2. Bien sûr, la notion de droit est elle aussi le langage de l'application du droit(3), distinction
problématique, compte tenu de la diversité des qui n'est d'ailleurs pas valable dans les systèmes
théories ou des philosophies du droit existantes. Pour de common law{4). Plus précisément, par "droit",
nous entendrons ici l'ensemble des prescriptions
* Université de L6dz, Pologne.
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édictées par le législateur et leurs conséquences lois, ou celui à l'aide duquel on parle des lois(ll).
formulées dans le même langage que celui du Le langage dans lequel on formule les lois est le
législateur^). Une certaine conception du système langage légal (LL). En utilisant ce terme, nous ne
juridique est donc sous-entendue ici: en parlant du prenons pas position sur le problème de la relation
droit, on vise les lois. C'est là une réduction entre la loi et le droit, problème auquel renvoie
discutable théoriquement, mais que nous adoptons à l'expression "langage du droit" (cf. supra, 2).
seule fin de délimiter notre champ d'analyse sans
On peut distinguer trois types de langages
engager d'option quant à la conception théorique
relevant du discours du droit et les traiter
de la relation entre la loi et le droit(6). La loi,
ensemble comme langage juridique, c'est-à-dire - au
c'est un texte(7) et il y a évidemment beaucoup
moins partiellement - comme un méta-langage par
de relations entre le droit et le langage(8).
rapport au langage légal. Il s'agit du langage
3. La définition de ce qu'on entend par juridique jurisprudentiel, du langage juridique
"langage" dépend de la théorie sémiotique ou
scientifique et du langage juridique commun. Il n'y a
linguistique que l'on adopte. Ne pouvant discuter ici les
pas de différence syntaxique entre ces types, mais
diverses conceptions sémiotiques relatives au
des différences sémantiques et/ou pragmatiques.
langage juridique(9), nous traiterons notre problème
à partir d'une perspective analytique, à notre sens Le langage juridique jurisprudentiel (LJJ) est
suffisante pour la présente recherche: perspective celui dans lequel on formule les décisions relevant
simple et claire, mais qui ne prétend pas répondre de l'application du droit. LJJ est identifié par le
à toutes les questions posées par les divers facteur pragmatique, à savoir comme le discours
courants de la sémiotique. des organes appliquant les lois. La différence entre
LL et LJJ est liée à l'opposition entre création et
Selon la perspective analytique, l'analyse du
application du droit.
langage est à mener à la fois sur le plan de la
syntaxe, de la sémantique et de la pragmatique Le langage juridique scientifique (LJS) est
bien que, pour certains langages, les différences propre au discours de la science juridique. Sa
entre sémantique et pragmatique soient brouillées, fonction dépend de la pragmatique, à savoir des
la première dépendant alors de la seconde(lO). fonctions du discours de la science juridique.
4. Dans une première partie, nous présenterons Le langage juridique commun (LJC) est utilisé
une typologie des langages utilisés dans le cadre dans les autres discours concernant le droit, et son
du discours juridique; nous donnerons ensuite une identification reste plus problématique (voir infra,
description de chaque type, en analysant d'une 20).
façon plus détaillée le langage légal. 6. Pour tous les langages, LL, LJJ, LJS et LJC
se pose le problème de leur relation avec la langue
naturelle (LN). En sémiotique, les caractéristiques
1.1 Typologie des langages relevant
de la LN font l'objet de considérations dans
du discours juridique lesquelles nous ne pouvons entrer(12). Il suffira
5. Le discours juridique, disions-nous en d'indiquer notre position théorique.
commençant, c'est le discours dans lequel on formule les Dans la culture juridique moderne, LL est une
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spécialisation, un "registre" de LN, qui elle-même tion de la conduite de leurs destinataires (règles
apparaît comme le fond commun des langages de conduite) et/ou la détermination des faits,
juridiques^ 3). situations ou processus ayant une signification
LN est la langue de la communication dans une juridique (règles constitutives). Ce n'est pas ici le lieu
société linguistique; elle est "naturelle" , tandis que de discuter les caractéristiques des types de règles
LL présente des éléments "artificiels" (14), surtout juridiques, ce qui nous entraînerait vers des
dans son vocabulaire(15); pragmatiquement, elle problèmes théoriques très complexes(20). Du moins le
remplit des fonctions plus spécialisées que LN. La législateur doit-il formuler les textes des actes
pragmatique de LL relève également de l'analyse normatifs d'une façon qui assure leur compréhension
socio-linguistique(16). Les propriétés des langages par leurs destinataires, c'est-à-dire en langue
juridiques suivent celles de LL, à l'exception des naturelle (LN), qui est par hypothèse la langue de la
genres particuliers de LJC. compréhension universelle dans le groupe
linguistique considéré. Mais d'un autre côté, LN n'est pas
S'il n'y a pas en général de différences
toujours assez précis pour déterminer les conduites
syntaxiques entre LN et les langues du discours
(les règles de conduite) ou les caractéristiques des
juridique, on peut noter pourtant des différences
objets constitués (dans le cas des règles
entre la façon d'interpréter certains verbes,
constitutives). Le législateur doit en conséquence modifier
certaines conjonctions dans LL et LN(17). Mais nous
LN en créant LL. Dans l'activité de création de
les traitons comme des problèmes sémantiques et
LL, le législateur rencontre donc le dilemme
non pas syntaxiques.
suivant: soit adopter LN et être compris par des
Les différences sémantiques entre LN et les destinataires sans qualifications juridiques spéciales,
langages relevant du discours juridique concernent soit modifier LN en créant LL comme un langage
aussi bien le vocabulaire que la signification des artificiel qui donne la possibilité de formuler les
termes qui y apparaissent. textes d'une façon précise, mais moins
Les différences pragmatiques entre LN et les compréhensible pour un auditoire non préparé. La solution
langages juridiques sont, elles, évidentes. LN est ne peut être qu'un compromis entre les exigences
la langue de la communication générale dans une intrinsèques de la fonction légiférante et les
communauté linguistique donnée, tandis que les facteurs pragmatiques; le texte formulé dans LL doit
langages juridiques ne sont utilisés que dans le être adapté aux caractéristiques de ses
cadre spécifique du discours juridique, donc par un destinataires^).
nombre de locuteurs nécessairement plus restreint
8. Les facteurs pragmatiques de la
que celui des utilisateurs de la langue naturelle.
communication entre le législateur et les destinataires
déterminent ainsi le besoin de créer LL, comme un
langage dérivé de LN. En tant que registre de LN, LL
2 Le langage légal
est créé pour formuler les textes des actes
normatifs d'une façon plus précise que LN ne le permet.
7. Le langage légal (LL) est le résultat de
l'activité du législateur qui formule les textes des actes Ce facteur pragmatique influence plutôt la
normatife(19). Les actes normatifs visent la sémantique que la syntaxe. Certes, la syntaxe de LN
16 JERZY WROBLEWSKI

n'est pas spécialement précise mais, en principe, textes différents. Bien sûr, LL aussi est contextuel,
le législateur ne la change pas et le style de ses car la signification des expressions juridiques
textes n'exige pas de la changer. Le domaine dépend du contexte de leur emploi. La typologie de
décisif des modifications caractéristiques qu'introduit ces contextes, élaborée dans le cadre de la théorie
LL est celui de la sémantique, liée au vocabulaire de l'interprétation juridique, distingue trois types
des actes normatifs. de contextes en tant que facteurs de
Malgré les changements qu'implique la création détermination du sens: le contexte linguistique, le contexte
de LL, les traits sémantiques de LN ne sont pas systémique et le contexte fonctionnel(24). Le
contexte linguistique, ce sont les caractéristiques de
totalement éliminés pour autant: LL reste un dérivé
de LN sans devenir un langage artificiel. LL; le contexte systémique est constitué par le
système du droit formulé dans la LL; le contexte
En particulier, deux caractéristiques de LN sont fonctionnel recouvre les phénomènes de la vie sociale
modifiées mais préservées, à savoir le "flou" et la en relation avec lesquels le droit est créé,
contextualité du sens. appliqué et fonctionne. Le caractère institutionnel du
9. Le flou (fuzziness) (22) caractérise les droit(25), conçu comme loi (cf. supra) s'exprime
expressions dans les processus de communication. dans le contexte systémique et fonctionnel d'une
Le cas paradigmatique pour une sémantique ré- manière manifeste. D'un autre côté, la
férentielle est l'emploi des noms (ou descriptions) contextualité de LL est plus restreinte que celle de LN: le
dans des contextes variés. En règle générale, dans sens des prescriptions juridiques doit fixer les
LN, un nom, utilisé dans des contextes différents, statuts déontiques ou les constructions
est soit applicable sans aucun doute par les institutionnelles d'une manière orientée vers le futur, en
participants du processus de communication (référence garantissant un degré de stabilité du sens suffisant
positive), soit inapplicable (référence négative), ou pour assurer la sécurité juridique et la prédictibi-
bien il y a doute sémantique (obscurité) si la lité des comportements déterminés par les actes
compétence linguistique présupposée ne suffit pas pour normatifs.
trancher. En ce sens, LN est une langue vague, 10. LL n'étant qu'une création partielle du
alors qu'il existe des langages précis (par exemple législateur (puisqu'il ne modifie LN que quand
le langage artificiel des mathématiques) et des nécessaire pour des raisons pragmatiques), la création
langages "soft" (par exemple celui de la peinture). de LL est une opération relativement restreinte
Or, on ne peut pas éliminer le flou de LL sans en de compromis entre l'exigence de précision et le
faire un langage artificiel, précis, mais postulat de la compréhension commune des textes
incompréhensible sauf préparation spéciale de l'auditoire. juridiques (cf. supra, 7). Le législateur précise les
La contextualité d'emploi de LN dans les expressions de LN, change leur signification, dans
actes de communication est un phénomène bien certains cas introduit des expressions nouvelles
connu(23): grâce au contexte, des expressions qu'il crée lui-même ou qu'il puise dans des
vagues et/ou ambiguës ou liées au contexte si- langages spécialisés. Schématiquement, on peut énu-
tuationnel (déictiques) peuvent être utilisées sans mérer trois types d'expressions de LL en prenant
empêcher une communication effective. Les comme critère leur relation avec le sens des
divers genres de communication demandent des expressions linguistiques de LN: (a) le sens est le même,
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(b) le sens dans LL est un sens modifié des 3 Le langage juridique juris-
expressions de LN, (c) l'expression de LL n'a pas de
prudentiel
correspondant dans LN.
11. LL est un langage objet pour les langages
12. Le langage juridique jurisprudentiel (LJJ) est
juridiques conçus comme méta-langages par rapport
le langage dans lequel sont formulées les décisions
à lui. Les méta-langages ont une structure plus
d'application du droit. Le cas typique est
complexe que LL (voir infra, 13 et 15).
l'application judiciaire du droit, mais d'autres organes
Les expressions complexes propres à LL sont d'Etat appliquent aussi le droit. C'est pourquoi
les normes conçues comme catégorie sémantique on peut discuter si l'expression "langage juridique
différente des propositions et évaluations. Dans opératif" ne serait pas la plus adéquate. En tout
la théorie du droit, les normes se définissent soit cas, c'est le langage des décisions de la
comme les règles composées à partir des éléments jurisprudence qui est le plus analysé.
que sont les prescriptions juridiques, soit comme
LJJ est un méta-langage de LL en tant qu'il
les significations de ces règles(26). Les normes
fournit des descriptions et/ou des évaluations des
sont des expressions complexes. Leur structure
textes normatifs en général, et des prescriptions
profonde combine un foncteur déontique et le nom
appliquées en particulier. Dans LJJ, on cite les
ou la description du comportement ou de l'état de
textes des actes normatifs et on les utilise. Mais
choses qui "doit être" (27).
LJJ comporte aussi des énonciations qui ne sont
Le problème se pose de savoir si, dans LL, on pas méta-linguistiques, à savoir celles qui
peut formuler aussi des expressions complexes qui constatent des faits, les qualifient, qui manifestent
ne soient pas des normes: c'est le problème des l'acceptation ou le rejet des preuves, etc. (29). Par
éléments non-normatifs des actes normatifs. conséquent, LJJ est très hétérogène du point de vue
Laissant ce problème de côté, on doit souligner que de ses relations avec LL. Or, LJJ est aussi en
la normativité des textes formulés en LL est son relation avec LN, soit d'une manière directe, soit par
trait spécifique. En fait, selon la sémantique de LL, l'intermédiaire de LL.
même les verbes formulés à rindicatif(28), sauf
13. La structure sémantique de LJJ est plus
ceux qui sont une description des faits
compliquée que celle de LL.
conditionnant les devoirs ou les droits, sont entendus comme
exprimant le devoir-être. Ce devoir-être est Premièrement, la normativité de LJJ pose
spécifique pour les normes comme éléments constituant quelques problèmes. Dans LJJ, on formule les
le discours du législateur formulé dans les actes décisions d'application du droit conçues comme
normatifs. "normes concrètes et individuelles".
Les normes sont des expressions linguistiques Deuxièmement, le discours de l'application du
complexes. Leur parties constituantes sont des droit comprend aussi les motivations des décisions.
noms, descriptions, prédicats, foncteurs et autres On ne peut pas les réduire aux citations des règles
formes linguistiques qui ne diffèrent pas de celles appliquées (expressions méta-linguistiques) , car la
qui existent dans LN. Leur sens pourtant est motivation est plus riche que cela(30). Il y a des
fonction de la normativité du texte de l'acte normatif. "décisions partielles" , à savoir les décisions de va-
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lidité, celles d'interprétation, celles relatives à la de l'organisation de la science et de l'éducation


preuve, au choix des conséquences(31). Comme juridiques et pas seulement pour des raisons
décisions, elles ont le caractère normatif, mais ces purement méthodologiques. Le domaine de la science
"décisions partielles" sont justifiées par des juridique est défini par l'ensemble des problèmes
arguments complexes, parmi lesquels on distingue les qu'elle pose mais l'énumération même de ces
évaluations et les propositions(32). La richesse des problèmes dépend des conceptions méthodologiques
expressions linguistiques dépend de la formulation et de la conception de la scientificité en général qui
des règles de LL qui sont appliquées mais aussi du fondent le modèle accepté. Ne pouvant pas
style des décisions et des particularités attachées aborder ici ces questions, nous nous bornerons? à une
à chaque cas d'application du droit en fonction de description méta-théorique générale des problèmes
l'activité des parties. La décision, avec sa dont s'occupent les sciences juridiques.
motivation, apparaît ainsi comme une narration Ce sont les problèmes suivants: (a) la
complexe articulant plusieurs arguments qui la systématisation du droit en vigueur et la construction des
justifient comme conclusion.
concepts juridiques; (b) l'interprétation et
Troisièmement, les décisions d'application du l'application du droit; (c) les fonctions du droit; (d)
droit ont un style propre, qui détermine le les problèmes de lege et de sententia ferenda,', (e)
vocabulaire et les propriétés sémantiques des expressions l'évaluation extra-systémique du droit; (f) les
qui y sont utilisées. problèmes philosophico-méthodologiques du droit et
Quatrièmement, dans LJJ, on doit formuler des des sciences juridiques. On peut élargir cette liste
traductions de deux genres: d'une part à partir de en y insérant les problèmes de l'Etat, qui relèvent
LN ou d'un langage spécialisé, lorsque les preuves aussi des sciences politiques (34).
ne sont pas données dans les termes propres à LL: Les problèmes énumérés' sont traités selon des
c'est le cas typique du témoignage ou de l'opinion points de vue divers: historique, théorique,
d'expert; d'autre part, dans les cas où il s'agit sociologique, comparatiste, dogmatique, etc. Certaines
d'appliquer les lois dans un système juridique disciplines doivent être considérées comme
bilingue, ou quand on applique un droit étranger typiquement juridiques, par exemple la dogmatique
formulé dans un langage légal lié à une langue juridique ou le droit comparé; d'autres ont un
naturelle elle-même étrangère(33). statut méthodologique mixte: ainsi la sociologie du
droit, traitée tantôt comme science juridique,
tantôt comme partie de la sociologie.
4 Le langage juridique La taxinomie des sciences juridiques est liée au
scientifique problème de leur scientificité, qui présuppose un
modèle de la science. Or ce modèle se transforme
14. Dans le langage juridique scientifique (LJS), aujourd'hui, avec le passage de la conception
positiviste ou néopositiviste à des conceptions non-
sont formulés les discours de la ou plutôt des
diverses sciences juridiques, étant entendu que le positivistes (35).
champ des sciences juridiques lui-même évolue Du point de vue descriptif et méta-théorique,
selon les changements de la régulation juridique, on doit souligner la multiplicité des sciences jurt
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diques qui se reflète dans la diversité des ment de paradigme. Pourtant, sans entreprendre
caractéristiques sémiotiques de LJS. Ici, nous ne ce travail, on voit que, dans les traités de
préjugeons ni d'un modèle de la science en général, ni dogmatique juridique, il y a aussi des expressions autres
de celui de la science juridique, et présentons le que celles portant sur les règles juridiques et leur
LJS qui peut contenir les conceptions des sciences construction conceptuelle. On y trouve des
juridiques les plus étendues. Pour notre propos, propositions sur le fonctionnement des règles et des
il suffit de considérer deux types de sciences institutions juridiques, des évaluations des lois en
juridiques: la dogmatique juridique et la théorie du vigueur et aussi les postulats de lege et de sententia
droit, c'est-à-dire la plus pratique et la plus ferenda. LJD est donc plus riche que ne le laisse
générale des disciplines du droit. Nous allons donc prévoir le paradigme traditionnel: on y constate
envisager maintenant deux genres de LJS: le langage des propositions sur les faits empiriques
juridique dogmatique (LJD) et le langage juridique (sociologiques et /ou psychologiques), des évaluations
théorique (LJT). relativisées d'une manière instrumentale (par exemple
en termes d'efficacité) ou systémique (la justice),
15. La structure de LJD comme genre de LJS
et des normes et évaluations relativisées ou non,
dépend de la définition de la dogmatique
selon les cas (39). Bref, LJD n'est pas seulement la
juridique, qui découle elle-même des idées de l'école
description des textes légaux, et seule une partie
historique allemande et du positivisme juridique
de LJD est le méta-langage de LL.
(36). Selon ce paradigme, la dogmatique juridique
donne la description du droit en vigueur en le LJD et en partie le méta-langage de LJJ en tant
systématisant pour le présenter comme système que la dogmatique juridique analyse les décisions
consistant, cohérent, clos et complet. Pour cette d'application du droit. L'analyse de la
systématisation, on interprète les textes juridiques jurisprudence constitue une partie très importante de la
(c'est l'interprétation doctrinale) et on construit dogmatique des systèmes de droit civil et elle
les concepts légaux (37). En marge de ces tâches, domine dans les systèmes de common law. La
la dogmatique s'occupe des décisions d'application jurisprudence, dans les systèmes de droit civil, est
du droit sous la forme de gloses contrôlant leur traitée comme partie intégrante du droit; c'est le
justification dans l'optique des fonctions du droit et "droit en action" selon la terminologie réaliste.
de son application. C'est un des arguments contre la réduction du
Selon le paradigme traditionnel, LJD vise la droit aux lois écrites.
description du droit en vigueur, explicitement réduit 16. "La théorie du droit", envisagée comme la
à la loi: il ne contient que des propositions sur les réflexion la plus générale sur le droit, englobe la
règles en vigueur et leurs relations, et des thèses philosophie du droit. Dans la littérature juridique
analytiques concernant les concepts juridiques. contemporaine, les thèmes traités dans les
On peut toutefois se demander si le paradigme disciplines nommées "théorie du droit" et "philosophie
traditionnel de la dogmatique juridique n'a pas du droit" sont dans une large mesure les mêmes.
changé, ou n'est pas en train de changer (38). Pour Leur différenciation dépend évidemment des
résoudre ce problème méthodologique, il faudrait postulats méthodologiques et des conventions
définir d'une manière précise la notion de terminologiques qui visent la répartition des thèmes
20 JERZY WROBLEWSKI

entre ces deux domaines (40). réduction, en règle générale, la théorie du droit,
Or LJT, comme langage de la théorie du droit, qui analyse les problèmes méthodologiques, vise
est strictement lié avec le contenu de la toutes les sciences juridiques y compris la
dogmatique juridique.
théorie. Il y a beaucoup d'orientations théoriques
diverses et leur contenu pour chacune détermine LJT est un méta-langage de LJJ en tant que
un LJT spécifique. Le LJT du normativisme est la théorie analyse les problèmes de l'application
complètement différent de celui du réalisme du droit au niveau théorique, soit d'une manière
américain ou Scandinave et, même parmi les directe, soit par des analyses dogmatiques.
conceptions du droit comme texte, il y a des différences LJT est aussi un méta-langage de LL en tant
entre l'orientation analytique et l'orientation que la théorie s'occupe des problèmes de la
herméneutique (41). Les théories unidimensionnelles formulation des textes des actes normatifs. C'est la
du droit utilisent un LJT plus simple que les théorie du droit qui analyse LL sur le plan le plus
théories multi-dimensionnelles. Les théories axiologi- général, visant ses caractéristiques de fond
quement neutres par principe excluent les indépendamment des particularités des LL dans les
expressions évaluatives non-relati visées, tandis que les différents systèmes juridiques.
théories axiologiques formulent des évaluations et
des normes non-relativisées (cf. par exemple les
conceptions standard du droit naturel (42)). 5 Le langage juridique
Le plus ample vocabulaire de LJT, en règle commun
générale, est celui des théories multi-dimensionnelles
évaluatives. On y trouve des propositions sur les 18. LJC est un langage très diversifié. On peut le
règles juridiques, des propositions sur les faits définir d'une façon négative: c'est le langage
sociaux et/ou psychiques liés au droit, des utilisé dans les discours concernant le droit, mais qui
évaluations extra-systémiques des règles du droit,
n'est ni LL, ni LJJ, ni LJS. Cette catégorie
soit relativisées, soit non-relativisées, des résiduelle est complexe car on parle du droit dans
postulats relativisés ou non-relativisés, des assertions et des contextes très diversifiés. La typologie de LJC
postulats méthodologiques pour les sciences
dépend de la typologie des énonciateurs dont on
juridiques, et les thèses philosophiques de l'ontologie, analyse les discours. Nous limitons cette typologie
de l'épistémologie et de Paxiologie du droit.
au discours des avocats, qui constitue un premier
17. Compte tenu de là dépendance de LJT par type de LJC (nous le désignons par LJCA), et à
rapport aux conceptions théoriques qui le sous- celui des locuteurs non spécialistes du droit, mais
tendent, on peut se demander quelle est la relation ayant quelque contact informel avec les problèmes
entre LJT et LJD, LJJ et LL. juridiques (LJCC).
LJT est un méta-langage de LJD en tant que 19. LJCA est un langage utilisé par des
la théorie du droit s'occupe de la dogmatique. spécialistes du domaine juridique, langage soumis aux
En fait, selon certaines conceptions, la théorie du besoins de la profession, c'est-à-dire à la
droit se réduit tout simplement à la théorie de présentation des cas devant les organes juridictionnels
la dogmatique juridique (43). Mise à part cette appliquant le droit. LJCA est donc étroitement lié
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à LL et LJJ et utilise aussi - selon le style et les On peut sans doute choisir une optique
cas - LJS, ainsi que le simple LN, en particulier différente, moins liée à ces présuppositions, et donc
en assises. Le but de l'emploi de LJCA est de plus abstraite. Le choix de l'optique dépend des
persuader et ce but détermine les propriétés de ce buts de la recherche. Ici, on a tenté de démontrer
langage, le mode d'utilisation des autres langages les liens entre l'analyse des langages du discours
du discours juridique. juridique et les recherches de la théorie du droit
20. LJCC est le langage utilisé dans la dans sa dimension logico-sémiotique(45).
société pour parler du droit, des lois et de leur Notre typologie des langages du discours
application. La question se pose de savoir si l'on doit juridique est en conséquence fondée sur la
différencier ce langage de LN, mais on peut pragmatique. Les types de discours y sont identifiés par
argumenter que LJCC est important pour analyser la les personnes qui emploient le langage pour
conscience juridique qui englobe la connaissance formuler les règles juridiques (LL), pour les
commune du droit et son évaluation dans appliquer (LJJ), pour élaborer le système (LJS) et pour
l'opinion publique(44). Cette conscience joue un rôle parler du droit (LJC). Les buts communicatifs du,
fondamental pour le fonctionnement du droit dans discours déterminent les caractéristiques du
la société et LJCC est le registre du LN dans langage, et en particulier leur sémantique et les types
lequel on parle du droit ou de la loi et de son de leurs expressions linguistiques.
application. Reste à déterminer si l'on y trouve des
caractéristiques assez importantes pour permettre
Notes:
d'identifier ce mode d'emploi de LN comme LJCC.
1. Cf. en général A.J. Greimas et J. Courtes,
1979, pp. 102-106; pour le drorô, par exemple
6 Conclusion J. Broekman, 1980.

21. L'analyse des langages du discours juridique a 2. Cf. par exemple A.-J. Arnaud, 1981, chap.
été présentée ici dans l'optique d'une sémiotique 3,2.
analytique. Ce n'est évidemment pas la seule
3. La distinction entre la création et
optique possible, mais elle donne une typologie
l'application du droit dépend des constructions
assez claire des langages du discours juridique, celui
théoriques et est analysée, en particulier pour la
du législateur (LL), celui de l'application du droit
jurisprudence, in G.R. Carriô, 1965, 3e
(LJJ), celui des sciences juridiques (LJS) et enfin
partie, chap. 3; J. Wroblewski, 1968, 1987, chap.
ceux sommairement traités comme LJC.
XV, 1; F. Ost et M. van de Kerchove, 1987,
Cette typologie est strictement liée aux pré- chap. IV. Dans les institutions des systèmes
suppositions théoriques du droit et de son de droit civil, la distinction entre ces deux
application, à celles des sciences juridiques et du activités est présupposée.
fonctionnement du droit dans la société. C'est la
conséquence du type de point de vue sémiotique adopté 4. C.K. Allen 1958, chap. III, IV; L.J. Jaffe,
dans cet essai. 1969.
22 JERZY WROBLEWSKI

5. Sur la typologie des conséquences des 15. B.S. Jackson, 1985, chap. 2.4., 2.6.
prescriptions, cf. J. Wrôblewski, 1983 A, pp. 319-
16. Cf. p. ex. T. Gizbert-Studnicki, 1984, 1986.
322; 1986 A, pp. 156-162; 1987, pp. 136-139.
6. Sur la loi traitée comme une des "sources 17. T. Gizbert-Studnicki, 1976, 1982.
du droit", cf. p. ex. J.-L. Bergel, 1985, Ve
18. A.J. Greimas et J. Courtes, 1979, pp. 7-8.
partie, chap. II; L. Lombardi Vallauri, 1981,
chap. 2.6; F. Ost et M. van de Kerchove, 19. Sur la création de LL comme "grammaire
1987, pp. 450-451. juridique", cf. B.S. Jackson, 1985, chap. 5
7. ". . . Le droit est un texte qui s'écrit et (analyse des conceptions d'A.J. Greimas et
s'inscrit continuellement dans la société" : J. E. Landowski, et de celles de R. Carriôn-
Wam, 1985). Sur les aspects linguistiques
Broekman, 1987, p. 205.
de la législation, cf. J. Wrôblewski, 1985 A,
8. Cf. p. ex. E.P. Haba, 1974, 1975; P. Mou- chap. 11.
nin, 1974; M. Ph. Visser't Hooft, 1974; B.S.
Jackson, 1985, IIP partie; P. Amselek, 1986; 20. Cf. J. Wrôblewski, 1986 B, pp. 103-106.
Ch. Grzegorczyk, 1986.
21. J. Wrôblewski, 1984 A, chap. 5.2.
9. Pour la présentation de la sémiotique grei-
22. J. Wrôblewski, 1983 A, pp. 315-319; 1985
massienne, cf. A.J. Greimas et J. Courtes,
B, pp. 240-243; B. Jackson, 1985, chap. 2.5.;
1979; B.S. Jackson, 1985; E. Landowski,
7.3. Sur l'opposition entre "obscurité" et
1986.
"clarté" ou "transparence", cf. M. Dascal,
10. C'est le cas de la langue naturelle: cf. J. Koj, 1983; J. Wrôblewski, 1983 B, pp. 85-87, 1985
1972; G. Kalinowski et J. Koj, 1972. Sur B, pp. 249-250, 1988.
la pragmatique, cf. M. Dascal, 1983-1984;
H. Parret, M. Sbisà, A. Baddley, 1981; A.J. 23. M. Dascal, 1981; H. Parret, 1985.
Greimas et E. Landowski, 1984.
24. J. Wrôblewski, 1983 B, pp. 40-44; 1985 C,
11. Sur l'identification de ces deux types de chap. 4.2.
langage, cf. B. Wrôblewski, 1949; Z. Ziembinski,
25. Cf. p. ex. N. Mac Cormick et O. Weinberger,
1974.
1986; B.S. Jackson, 1985, chap. 8.2.
12. Cf. A.J. Greimas et J. Courtes, 1979, pp.
205-206, 233-234; P. Ziff, 1969; B.S. Jackson, 26. J. Wrôblewski, 1986, pp. 96-103; R. Guas-
1985, chap. 2.3. tini, 1985, chap. I. En sémiotique, "norme"
a un sens descriptif: cf. A.J. Greimas et J.
13. Cf. p. ex. T. Gizbert-Studnicki, 1986, chap. Courtes, 1979, p. 256.
IV.
27. K. Opalek, 1986, chap. 2 et lit.cit.
14. A.J. Greimas et J. Courtes, 1979, p. 204; P.
Ziff, 1969. 28. Cf. M. Villey, 1974.
DROIT ET SOCIETE 23

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43. Cf. en général W. Krawietz, 1978, §§1-6, 19- du droit), Wroclaw/Warszawa/Krakôw/Gdarisk,
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44. Cf. par exemple M. Borucka-Arctowa, 1978. BROEKMAN , Rechtstheorie,
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DROIT ET SOCIETE 27

L'AUTEUR
Jerzy WROBLEWSKI

Né en 1926. Il soutint sa thèse de doctorat en


1949, sur le thème "norme et évaluation éthique"
à l'Université Jagiellonski. Dès 1951, il dirige la
chaire de théorie de l'Etat et de droit à
l'Université de Lôdz, Pologne.
De 1981 à 1983, il est Recteur de l'Université
de Lôdz; il préside aujourd'hui le Comité des
Sciences Juridiques de l'Académie Polonaise des
Sciences; il est également Président d'Honneur de
l'Association Internationale de Sémiotique
Juridique.
Ses recherches portent sur les problèmes
méthodologiques et philosophiques des sciences
juridiques; la théorie de la création, de
l'application et de l'interprétation du droit; la théorie et
la philosophie du droit contemporaines.
Pour la bibliographie, cf. "Poland. A bibliogra-
phy" par J. Wrôblewski, Légal Philosophical Li-
brary, éd. C. Faralli et E. Pattaro, Milano Giuffrè,
1987, pp. 265-318.

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